Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 7 - Témoignages
OTTAWA, le jeudi 6 avril 2000
Le comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit ce jour à 9 h 02 pour étudier l'état actuel et les perspectives d'avenir de l'agriculture au Canada.
Le sénateur Leonard J. Gustafson (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président: Ce matin, nous avons le plaisir d'accueillir M. Pletz, du Saskatchewan Rally Group.
Je vous demanderais, monsieur Pletz, de nous parler un peu de votre ferme, d'où vous venez exactement en Saskatchewan et de l'organisation que vous représentez, et ensuite, nous écouterons votre exposé et passerons aux questions. Allez-y.
M. Lloyd Pletz, directeur, Saskatchewan Rally Group: Au nom du Saskatchewan Rally Group, je vous remercie et vous dis bonjour, honorables sénateurs. Nous sommes un groupe agricole populaire, issu du Pro-West Rally Group. Bob Thomas et moi avons mis sur pied le nouveau groupe de rassemblement en Saskatchewan parce que nous voulions nous rapprocher du c<#0139>ur afin de rencontrer des gens comme vous et les députés fédéraux et provinciaux.
Je cultive six quarts de terre, soit un peu moins de 1 000 acres, mais je suis menacé de faillite et de saisie à cause de la crise agricole. Je suis ici aujourd'hui surtout à cause du visage humain de la crise chez moi, c'est-à-dire les divorces et les nombreux suicides, surtout depuis le dernier budget fédéral, en raison du manque d'aide fédérale aux agriculteurs.
Je pense que notre province est la plus touchée parce que nous représentons le plus important secteur céréalier et oléagineux. Notre province pourrait être en faillite d'ici un an ou deux à cause de la crise agricole. En effet, il y a des faillites et des reprises, des cultivateurs qui ne peuvent pas se permettre de semer cette année, des agriculteurs qui ne sèmeront pas parce qu'ils ont fait leurs calculs et savent qu'ils ne feront pas un sou, d'autres qui feront plus de cultures sur jachère et d'autres qui prévoient ne semer qu'à moitié, à peu près sans intrants. Tout cela cognera si dur en Saskatchewan, créant un tel manque à gagner sur le plan des richesses et des impôts, que la province pourrait, d'après moi, faire faillite d'ici la fin de cette année. La province ne peut pas se permettre une telle perte de richesses et d'impôts; à vrai dire, le gouvernement fédéral non plus.
Je vous ai remis des tableaux et des graphiques. Le principal graphique que j'aimerais présenter est celui du revenu de la Saskatchewan. Je parlerai surtout des données pour ma province. Ce graphique provient du bureau du Parti réformiste sur la Colline. Je l'ai modifié un peu pour montrer et expliquer où nous en sommes en Saskatchewan. Comme vous pouvez le voir, le graphique montre le revenu agricole en Saskatchewan par rapport à nos dépenses. J'ai dessiné quelques flèches vers le coin inférieur droit où j'ai écrit «comptes créditeurs». Voilà où en j'en suis, tout comme des milliers d'autres agriculteurs. Je vous présente ces chiffres parce que les comptes créditeurs ne figurent pas dans les résultats nets des déclarations d'impôt préparées par la méthode de comptabilité de caisse.
À la fin de 1998, je n'avais plus de marge de crédit, et maintenant mes comptes créditeurs, y compris ma marge de crédit, ont triplé pour 1999. Voilà où en sont la majorité des agriculteurs. Pour ce qui est des comptes créditeurs, nous sommes en train de tomber en bas de la page. Les comptes créditeurs ne sont pas pris en considération dans les déclarations d'impôt préparées par comptabilité de caisse, parce qu'ils ne font pas partie des articles déductibles d'impôt.
J'aimerais dire à ce point-ci que d'après moi, tous les agriculteurs devraient remplir leurs déclarations d'impôt selon une comptabilité d'exercice afin que nos comptes créditeurs figurent dans les résultats nets. Ainsi, la province et le fédéral ne pourront plus se lancer la balle sur la question des chiffres.
Certains cultivateurs ont couvert une grande partie de leurs comptes créditeurs. Voilà où se trouvent nos pertes, honorables sénateurs, dans nos comptes créditeurs, qui ne paraissent sont pas dans les déclarations d'impôt. Par exemple, d'après les chiffres nets donnés pour la Saskatchewan sur l'autre graphique, il nous faudrait seulement à peu près 12 $ l'acre pour revenir à notre moyenne quinquennale. Cependant, d'après le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de la Saskatchewan dans un article paru dans The Star Phoenix, les cultivateurs perdent en moyenne 65 $ l'acre sur trois récoltes. À partir de ces données, soit 12 $ et 65 $, il est clair que moins de 20 p. 100 de nos pertes figurent dans les données nettes. Plus de 80 p. 100 de nos pertes sont dans les comptes créditeurs. En d'autres mots, 80 p. 100 de la crise agricole ne paraît pas dans les nombres, et la crise est à peu près cinq fois pire que ne l'imaginent les deux niveaux de gouvernement.
Si vous vous reportez au premier graphique, vous verrez que j'ai fait un trait en haut de la page. Voilà où se situent nos coûts de production. Nous devons réduire nos dépenses pour être viables. Nos dépenses correspondent à vos frais de production. Vous remarquez nos nombres nets en bas de la page. J'attribue la majeure partie de la crise agricole non pas à la guerre des subventions, mais à l'effet multiple des taxes. Ce que je veux dire par l'«effet multiple» est le fait que le fabricant paie des taxes, tout comme le grossiste et le détaillant, et chaque fois, cette charge fiscale est transmise. Rendues à moi, simple cultivateur, la quatrième personne de la chaîne, les taxes ont été multipliées et augmentées. Quand j'achète quelque chose du fabricant, du grossiste, du détaillant, la taxe a triplé et, en tant que cultivateur, je ne peux pas passer cette charge au suivant. Elle s'arrête net à la porte de mon exploitation. Je suis l'utilisateur final de tout cet impôt.
Un autre grand coupable de la crise, selon moi, est le profit des banques. Quand j'ai commencé à cultiver en 1973, il n'y avait qu'un écart de 2 p. 100 entre l'argent que j'économisais dans un compte d'épargne et l'argent que j'empruntais pour payer l'hypothèque ou l'équipement. De nos jours, cette différence est cinq fois plus grande. L'écart entre l'intérêt que je pourrais percevoir sur l'argent que j'économise et l'intérêt sur mes paiements d'hypothèque ou mes prêts d'équipement atteint 10 p. 100.
La plus grande faute incombe au profit des entreprises. J'ai avec moi un manuel du Syndicat national des cultivateurs qui montre que les profits des entreprises peuvent atteindre 222 p. 100 lors de la transformation. Certaines compagnies d'équipement font du 25 p. 100. Voilà ce qui a fait gonfler nos coûts. Ce ne sont pas les guerres de subventions qui font exploser nos dépenses, mais ces guerres empêchent nos revenus de suivre l'augmentation des dépenses.
Je vous ai aussi remis une feuille de données provenant du département américain de l'Agriculture. Vous pouvez voir à la ligne 3 que 52 milliards de dollars ont été versés en paiements de soutien agricole en 1997. Si vous suivez cette ligne, vous verrez que les paiements de soutien en agriculture varient entre 52 milliards à 63 milliards de dollars et qu'il y a même des estimés pour 2004. Les États-Unis versent donc à leurs agriculteurs des paiements de soutien dans la fourchette des 54 000 $ à 56 000 $. Et pourtant les cultivateurs américains font quand même faillite puisque, comme vous le voyez, les niveaux de soutien sont stables d'une année à l'autre; le soutien ne suit donc pas les coûts de production ou les dépenses, qui sont en pleine explosion.
Si vous revenez maintenant à la page qui présente les dépenses fédérales et provinciales de soutien, vous verrez que le soutien fédéral à la Saskatchewan en 1991-1992 s'élevait à environ 2,8 milliards de dollars. Il est maintenant d'environ 8 millions de dollars, ce qui est une forte baisse. Il y a une guerre des subventions et en même temps le soutien diminue. Le coût porté est double. Au lieu de maintenir le soutien étant donné la guerre des subventions, ils ont fait marche arrière, multipliant par deux la crise agricole partout au Canada.
Vous voyez qu'au bas de la page j'ai calculé des totaux pour le Canada. En 1991-1992, le soutien fédéral et provincial dépassait 9 milliards de dollars. En 1998-1999, il n'était que de 3,9 milliards de dollars, soit moins de la moitié de ce qu'il était en 1991-1992, au terme de la dernière guerre des subventions à la fin des années 80.
Le soutien qu'on nous accorde en plein milieu d'une vaste guerre des subventions a été réduit de plus de la moitié. Voilà pourquoi notre revenu est inférieur à zéro d'après la feuille. Si l'impôt sur le revenu était déclaré selon une comptabilité d'exercice, les chiffres nets auraient été inférieurs à zéro depuis plusieurs années. Si vous revenez en arrière pour voir où les chiffres nets ont commencé à s'écarter des dépenses, vous constaterez que les agriculteurs n'ont pas tiré un sou de leur exploitation depuis 1975. Voilà quand les dépenses et le revenu net ont divergé. En ce moment, mes dettes ne figurent même plus sur la feuille. Pour réduire mes pertes en frais de production, juste pour reprendre mon souffle et sortir la tête hors de l'eau, il faut une injection de fonds considérable.
Chez nous, il y a des milliers de fermiers qui ne peuvent pas semer et qui ont par conséquent des problèmes de liquidités. Nous Il nous faut continuer de payer l'hypothèque, le loyer, l'équipement et ainsi de suite, mais nous ne pouvons pas le faire. Dès que nous ne pouvons pas semer, et c'est ce qui se produit en ce moment, nous sommes en faillite. On en voit déjà les conséquences dans les petites villes de la Saskatchewan. En une seule journée, trois commerces ont fait faillite dans un village. Mon groupe de ralliement est en train de dresser une liste des noms des agriculteurs et des entreprises qui font faillite ou qui sont saisis. J'essaierai de vous la fournirai la semaine prochaine.
Il y a eu environ une demi-douzaine de suicides dans un rayon de 50 milles autour de moi et je sais qu'il y en a eu d'autres. Il y en a sans doute aussi dont je ne suis pas au courant. Certains agriculteurs cultivent depuis 20 ou 30 ou 50 ans et ont tout perdu. Les suicides ne sont pas seulement un résultat de la situation financière.
Nous n'avons pas droit au bien-être social au niveau provincial en tant que cultivateurs parce que nous avons des avoirs ou des pièces de machinerie en notre nom ou que le service de bien-être social se penche sur nos déclarations de revenu, selon lesquelles nous avons fait de l'argent l'an dernier. Je n'ai pas encore préparé mon rapport d'impôt de 1999, mais en 1998 ma marge de crédit a disparu et j'avais utilisé la totalité des 20 000 $ qu'elle m'offrait. Pourtant, d'après mon rapport d'impôt, j'avais gagné de l'argent et, en 1998, j'ai dû payer de l'impôt même si j'avais perdu des milliers de dollars. Je pense que ça sera pareil même cette année.
La méthode de comptabilité de caisse ne fonctionne pas pour le secteur agricole. J'aurai probablement encore un paiement à faire pour 1999, et pourtant mes comptes créditeurs s'élèvent à quelque 60 000 $. C'est là que se situent nos pertes et, selon moi, aucun niveau de gouvernement ne connaît ces chiffres. Aucun niveau de gouvernement ne connaît mes comptes créditeurs. Ils ne connaissent pas le niveau de ma marge de crédit. Il y a des fermiers qui ont une marge de crédit de 150 000 $ ou 250 000 $ mais dont les stocks sont à zéro. Ils ne peuvent pas rembourser cet argent. Les gouvernements ne savent pas combien de versements d'hypothèque et de paiements sur les prêts d'équipement j'ai manqués; ils ne savent pas combien d'argent je dois sur mes factures d'engrais, de semence, de produits chimiques et d'autres. Les gouvernements ne connaissent pas ces chiffres. Ils connaissent peut-être ceux du crédit agricole, mais ce sont à peu près les seuls comptes créditeurs ou arriérés auxquels ils ont accès.
J'ai réussi à couvrir certaines de mes dettes. J'ai perdu environ 100 $ l'acre au cours des deux dernières années. En d'autres mots, j'aurais dû perdre 100 000 $, mais j'ai réussi à réduire mes comptes créditeurs pour les ramener à 60 000 $ puisque j'ai vendu du bétail. Je connais des voisins qui ont vendu tout leur troupeau, et qui ont donc perdu le revenu des années à venir. Ils sont à toutes fins pratiques ruinés, et font face à la faillite ou à des saisies d'ici un an ou deux. De nombreux agriculteurs ont vendu leur équipement. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai remboursé certaines de mes dettes puisque j'ai vendu des machines pour 10 000 $ ou 20 000 $. Je me suis aussi privé d'épicerie et j'ai coupé les coins chaque fois que possible.
Cette crise a aussi un aspect humain. Mon mariage est fini, j'ai divorcé il y a environ un mois. Deux de mes trois enfants ne me parlent plus parce que je n'avais pas d'argent à donner à leur mère pour qu'elle se réétablisse en ville, et ainsi de suite. Je pourrais vous raconter toutes sortes histoires d'horreur, mais j'ai pensé simplement vous parler un peu de la mienne aujourd'hui.
Je me suis résigné au fait que les politiques agricoles fédérales et provinciales en place nous acculent délibérément à la faillite, le gouvernement fédéral en particulier. Les agriculteurs qui ne peuvent pas surnager ou accepter ce fait se suicident ou plongent dans des dépressions profondes. Je ne peux pas croire que nous, les agriculteurs, sommes le seul secteur au Canada qui génère des richesses et pourtant, à la fin de l'année, ne pouvons même pas nous permettre de payer l'épicerie pour nos propres familles. Même les assisté sociaux ont droit au coût de la vie.
Il est incroyable que le gouvernement force la majorité des fermiers à occuper deux ou même trois emplois alors que dans la plupart des secteurs, un seul emploi suffit. Certains agriculteurs travaillent pratiquement sans arrêt, 20 heures par jour, à l'extérieur et sur la ferme, pour en l'exploitation. C'est ridicule et fou. Pourquoi faudrait-il qu'à cause de la politique agricole, nous, les fermiers, soyons obligés d'avoir deux ou trois emplois? Dans certaines familles, les conjoints ne font que se croiser: un travaille le jour et l'autre la nuit et ils n'ont jamais de temps ensemble, ce qui a une grave incidence sur leurs enfants. Les enfants ne voient ni leur mère ni leur père, ou alors les parents ne peuvent pas passer de temps avec eux à l'extérieur de la ferme, pour faire les activités normales à cet âge. Ces enfants n'ont pas de vie. Ils vont à l'école, reviennent à la maison et donnent un coup de main pour les corvées ou quoi que ce soit, sinon ils ne voient pas leurs parents. Dans de nombreux cas, les enfants s'élèvent tout seuls, ce qui n'est pas bon pour notre société. C'est ce qui fait que de nombreux enfants tournent mal de nos jours. Ils n'ont pas de parents pour les élever ou les guider pendant leurs jeunes années.
Il faut que le gouvernement fédéral fasse sa part dans cette guerre des subventions et qu'il nous appuie à des niveaux comparables à ceux des États-Unis et de l'Europe. J'ai apporté un autre tableau provenant du bureau de M. Proctor, sur la colline. Je crois qu'il a obtenu ces chiffres alors qu'il était en Europe, pour des secteurs comme le blé, le lait, le b<#0139>uf et le veau et tous les produits de base. Comme vous le voyez, dans le secteur laitier, le Canada soutient l'industrie laitière canadienne à peu près au même niveau que le font les États-Unis et l'Europe. Les données pour le b<#0139>uf et le veau sont suffisamment explicites. Le pire secteur est celui du blé, et vous connaissez tous les données: neuf cents d'appui pour l'agriculteur canadien, 56 cents en Union européenne et 38 cents aux États-Unis. Une des principales causes de faillite des agriculteurs est le fait que nous soyons seuls pour faire face aux trésors américain et européen. Voilà pourquoi nous sommes acculés à la faillite. Le gouvernement fédéral doit nous débarrasser de ce fardeau, sinon nous serons tous ruinés.
Je m'attends à laisser en jachère le quart de mes terres en Saskatchewan cette année. Si on étend cette estimation à l'ensemble des agriculteurs, il est garanti que le quart des fermiers feront banqueroute ce printemps. Et s'ils sèment, au prix que sont les céréales aujourd'hui, un quart encore fera face à la faillite ou à la saisie cet automne.
Tout s'écroule dans ma province. Comme je l'ai dit, je crois que c'est parce que c'est la plus grande province productrice de céréales et d'oléagineux au Canada. Tout va de travers et entraîne une réaction en chaîne. Je peux constater autour de moi qu'à la vente d'une tonne d'engrais, les fabricants s'en prennent aux grossistes, ceux-ci s'en prennent aux détaillants et les détaillants s'attaquent à nous, les fermiers.
Il y a deux semaines, environ 250 lettres d'intention ont été envoyées dans la ville de Wingard; les détaillants essaient de percevoir les comptes agricoles en souffrance. Ils font cela parce que les grossistes exercent sur eux des pressions. L'engrais est tout acheté à crédit et à cause des politiques agricoles, le crédit ne s'arrête pas à la ferme. Nous cultivons à crédit depuis des années. Or le crédit a disparu, la plupart d'entre nous l'avons utilisé au maximum et c'est pourquoi nous n'avons pas un sou pour semer. Le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de la Saskatchewan affirme que nous avons perdu 65 $ l'acre l'an dernier. D'après le ministre de l'Agriculture précédent, nous avons perdu 40 $ l'acre en 1998. Voilà le 100 $ l'acre qu'a perdu chaque cultivateur de céréales en Saskatchewan, moi y compris.
De cette dernière injection de 1 milliard de dollars dans l'agriculture en Saskatchewan et au Manitoba, je ne toucherai probablement que 5 $ l'acre. Je recevrai 5 000 $ alors que j'en ai perdu 100 000 $ au cours des deux dernières années. Ce 5 000 $ ne permettra même pas de payer l'épicerie pour un an. Cet argent ressemble plutôt à de l'aide sociale ou à un montant de transition.
Le président: Qui recevra cet argent, vous ou votre banquier?
M. Pletz: Je ne sais pas. Il se peut que des gens, des banquiers ou des créanciers, mettent la main dessus. L'injection de fonds est censée être calculée en fonction des comptes du CSRN de 1998 et des années précédentes, pour lesquelles ils ont déjà nos demandes, afin de la verser le plus rapidement possible. Le tout s'élève à environ 5 $ l'acre, versé directement du compte CSRN aux agriculteurs. Mais qu'est-ce que 5 000 $ quand j'ai des arriérés de 60 000 $ à payer? C'est une insulte; ce n'est même pas assez d'argent pour l'épicerie d'une année.
Je n'ai pas un sou pour semer, tout comme des milliers d'autres agriculteurs. Un effondrement total se prépare dans tous les villages de la Saskatchewan. J'ai entendu parler d'entreprises à Regina, dont trois importantes, qui veulent fermer leurs portes. Nous avons déjà perdu des concessionnaires automobiles qui ont fait faillite. D'ici la fin de l'année, toute la province aura fermé ses portes. L'effondrement est en voie de se produire et la seule façon de l'arrêter est une injection massive de fonds. Or elle n'est pas venue, et elle ne semble pas prête à venir.
L'assurance-récolte est un échec total. Au début des années 90, la couverture a cessé de viser les terres et a plutôt été accordée aux cultivateurs individuellement. Depuis, Mère nature s'est occupée de réduire la couverture par boisseau. Au début des années 90, j'ai commencé avec une couverture d'environ 30 boisseaux à l'acre. De nos jours, la couverture a diminué en moyenne de 50 ou 60 p. 100. En d'autres mots, la couverture est loin de correspondre aux coûts de production. L'assurance-récolte est un échec parce qu'elle offre une couverture individuelle. Elle devrait revenir à une couverture en proportion des terres.
Le plus gros problème que comporte le CSRN est qu'il ne contient jamais assez d'argent pour couvrir nos pertes ou nous permettre de garder la tête hors de l'eau. Le CSRN me donnerait 1 000 ou 2 000 $ alors qu'il m'en faut 60 000 $. Une partie du problème du CSRN est que je n'ai pas eu accès à mon argent quand j'en avais besoin, la raison étant que les comptes créanciers ne sont pas pris en considération, seulement les résultats nets. Si la comptabilité d'exercice était utilisée pour déclencher le CSRN, cela fonctionnerait très bien, mais pour l'instant nous utilisons la comptabilité de caisse et les chiffres nets sont utilisés, et les dettes n'entrent pas en considération. Je ne peux probablement pas avoir accès au CSRN pour l'an dernier et je n'ai pas pu y avoir accès au printemps 1999 pour mes pertes de 1998. Le déclencheur pour le CSRN devrait être complètement supprimé; je devrais y avoir accès librement, quand j'en ai besoin.
Un autre problème lié au CSRN est le fait que les agriculteurs riches continuent de s'enrichir et les pauvres s'appauvrissent. Les pauvres fermiers qui ont vraiment besoin d'argent n'ont rien à verser dans leurs comptes ou alors seulement des montants minimes, comparativement au coût des pertes de production, ou alors ils n'ont pas accès à l'argent. Les grands agriculteurs, qui sont libres de dettes, peuvent se permettre d'y verser de l'argent. Ce sont eux qui ont les gros chiffres de CSRN dont parle M. Vanclief régulièrement. Ils peuvent se permettre de verser de l'argent dans leurs comptes et toucher des taux d'intérêt plus élevés, et cette situation est amplifiée.
Il faudrait un plafond. Il faudrait imposer un plafond plus bas aux intérêts ou aux contributions correspondantes pour les cultivateurs importants. Il faudrait mettre plus d'argent à l'intention des agriculteurs pauvres, ceux qui sont plus jeunes ou qui sont plus endettés ou qui ne peuvent pas se permettre de mettre de l'argent dans le compte. Ce serait une amélioration possible.
L'ACRA -- le Programme d'aide en cas de catastrophe liée au revenu agricole -- est la plus grosse blague de l'agriculture au Canada. J'ai parlé à M. Steve Dunnigan du cabinet de M. Vanclief ces derniers jours. Il est impossible de corriger l'ACRA. Par exemple, Murray Downing, agriculteur du Manitoba, est venu ici. Il connaît beaucoup mieux que moi les calculs du programme ACRA. Nous avons ajouté 50 000 $ de dépenses à sa propre demande d'aide, et cette augmentation des dépenses a réduit de 25 000 $ l'aide à laquelle il avait droit, ce qui démontre que l'augmentation des dépenses n'entraîne pas l'augmentation du soutien. L'ACRA est calculée d'après le revenu plutôt que d'après les dépenses.
Quand j'ai parlé à M. Dunnigan hier, je lui ai demandé ce qui arriverait si nous ajoutions 50 000 $ de recettes, puisque ajouter 50 000 $ de dépenses ne semble pas bonifier l'aide. M. Dunnigan a indiqué que certains agriculteurs pourraient parfois obtenir plus, mais parfois moins. Autrement dit, peu importe que nous grossissions les revenus ou les dépenses dans les demandes ACRA. Le programme n'est pas fait pour que la plupart des agriculteurs puissent obtenir l'aide. Ses critères sont illogiques.
J'ai fait une suggestion à M. Dunnigan. Les règles du GATT permettent au fédéral de nous soutenir à hauteur de 70 p. 100. J'ai suggéré que le gouvernement conserve un seul programme et assume 70 p. 100 de nos dettes. M. Dunnigan a indiqué que nous pouvons jouer avec nos sommes à payer. Nous le pouvons, mais pourquoi ne pas revenir un an en arrière? Cela vient après coup.
L'aide devrait être calculée sur 70 p. 100 du coût de production. Le problème des trois programmes -- assurance-récolte, CSRN, ACRA -- est qu'ils ne sont pas liés au coût de production, lequel correspond essentiellement aux dépenses. La seule façon de corriger l'ACRA est de lui appliquer une formule fondée sur le coût de production. Même chose pour le CSRN et pour l'assurance-récolte. Quelqu'un doit faire le rapprochement avec le coût de production, pour que nous autres, agriculteurs, atteignions le seuil de rentabilité, pour que nous puissions inscrire zéro sur notre formule d'impôt chaque année et pour que nos exploitations demeurent viables et que nous puissions encore semer ce printemps et l'an prochain.
C'est la seule solution pour sauver l'agriculture d'un bout à l'autre du Canada. La seule et unique solution. Celle qui permet au jeune agriculteur de reprendre l'exploitation et à celui qui se fait vieux de prendre sa retraite. C'est la seule solution. Sans une formule fondée sur le coût de production, c'est la fin de toute l'industrie agricole, et surtout du secteur des oléagineux.
J'ai prédit cette catastrophe il y a un an. M. Thomas et moi avions organisé un rassemblement à l'Agridome de Regina, et je l'ai prédit à ce moment-là. La réaction en chaîne se fait déjà sentir chez les détaillants, les grossistes et les fabricants. Elle atteint les villes plus grandes de Saskatoon et de Regina, où des commerces ferment. À Regina, le concessionnaire Massey Ferguson a fermé ses portes il y a quelques mois. Maintenant, quiconque a besoin de pièces Massey doit parcourir 200 milles de plus dans une direction ou une autre.
J'ai inclus dans la documentation que je vous ai fournie un sondage des membres de la PIMA, la Prairie Implement Manufacturers Association. Le questionnaire a été envoyé aux concessionnaires. Il y a deux pages comportant chacune cinq questions. L'une a été envoyée récemment, l'autre il y a quelques mois. Je n'ai pas les dates exactes. Je ne passerai pas en revue les questions avec vous, elles se passent d'explication, mais vous pouvez comparer les réponses aux mêmes questions sur les deux pages. Par exemple, il y a quelques mois, quand on leur parlait d'agrandir, 12 entreprises disaient oui, 14, non. Maintenant, une seule dit oui, les 23 autres ne l'envisagent pas.
Des entreprises parlent de quitter la Saskatchewan. D'après le gouvernement provincial, de nombreux concessionnaires d'équipement agricole et fabricants secondaires ont été invités à s'installer aux États-Unis, et certains y songent. Je tâche de vérifier un nom ou deux et d'obtenir la permission de les donner aux sénateurs et aux députés ici, sur la colline. Je connais quelques personnes qui déménagent aux États-Unis. Les Saskatchewanais vont s'exiler.
En Saskatchewan, les soins de santé sont un grand enjeu. Notre premier ministre m'a dit que nous avons besoin de 160 millions de dollars pour maintenir le système dans ma province. Coincé entre la crise agricole et la crise du système de santé, il nous impose à mort dans son dernier budget. Nous avions l'habitude de payer 100 $ pour profiter d'un parc provincial. Il nous en coûte maintenant plus de 400 $. Les permis de pêche sont passés d'entre 10 et 15 $ à parfois 45 $. Notre premier ministre est forcé de nous imposer à mort. Les gens fuient, les entreprises fuient -- en réalité, toute la province étouffe, par la faute des politiques fédérales en matière de soins de santé et d'agriculture.
J'ai parlé du désespoir. J'ai faxé une lettre très chargée à l'ambassadeur du Canada aux Nations Unies. Le plus grand problème des exploitants agricoles est que nous venons en bout de chaîne -- nous subissons le contrecoup des impôts prélevés en amont, des profits des sociétés et des bénéfices des banques. Le plus gros problème est le régime fiscal canadien. Comme j'ai essayé de l'expliquer plus tôt, celui qui a une entreprise a des frais généraux, des bénéfices et des charges fiscales. Ces trois éléments se répercutent du fabricant au grossiste, puis au détaillant. Ils sont compris dans le prix de la tonne de fertilisant, et s'amplifient, du fabricant au grossiste puis au détaillant. La plus grande partie de nos intrants ont doublé au profit de l'État, des sociétés et des banques. M. Goodale, s'adressant à mon Pro-West Group, a indiqué qu'en moyenne, environ 49 p. 100 du prix de nos intrants vont à l'impôt. C'est pourquoi les dépenses s'emballent par rapport à nos recettes, ainsi que les bénéfices des sociétés et des banques.
Une des raisons pour lesquelles nous ne pouvons répercuter une grande partie de nos frais et dépenses aux sociétés ou aux intermédiaires est que ceux-ci veulent une grande latitude pour pouvoir faire un profit sur nos fruits et légumes ou sur nos oléagineux avant qu'ils aboutissent dans l'assiette du consommateur. J'ai un livre du Syndicat national des cultivateurs qui montre que General Mills a dégagé des bénéfices de 222 p. 100. Il faut que notre gouvernement fédéral redistribue les profits. Il y en a assez dans l'ensemble de l'industrie agricole pour nous rendre tous riches ou rentables.
J'ai assisté aux témoignages de M. Vanclief ces deux derniers jours devant le comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes. Il a indiqué que l'industrie rapporte énormément, que les marchés augmentent et que tout baigne. Je crois que dans ce tableau peint en rose, il manque monsieur l'agriculteur. M. Vanclief ne croit pas que nous, agriculteurs, participons à l'industrie agricole, il ne tient pas compte des 90 milliards de dollars de bénéfices que nous produisons ni des 90 milliards de dollars de richesse que nous générons, sans compter les taxes que cela rapporte aux deux paliers de gouvernement.
Le président: Je vous remercie de ce rapport très détaillé de la situation. Que pensez-vous de la place occupée par les offices de commercialisation en agriculture? Ils ont une garantie, c'est indiscutable. Vu la façon dont les offices sont organisés pour les producteurs de lait, les producteurs de volaille et le secteur avicole en général, ils obtiennent une marge.
M. Pletz: Ils obtiennent leur coût de production. Le grand problème dans le secteur céréalier est que nous exportons environ 80 p. 100 de nos grains. C'est un peu difficile pour le gouvernement fédéral de nous donner le coût de production. Mais s'il ne le fait pas, si l'agriculteur s'en va, alors tous les autres suivent, y compris l'intermédiaire avant et après l'exploitation agricole. L'industrie tout entière fond et disparaît. Si nous disparaissons, ils seront les prochains.
Le président: Certains soutiennent que si tous les offices de commercialisation sont supprimés, le Canada se rendra compte de ce que sont des règles du jeu équitables. Autrement dit, dans l'industrie céréalière, actuellement, l'Ouest canadien ne se trouve pas sur un pied d'égalité avec l'Ontario, le Québec ou les provinces de l'Est en raison des offices de commercialisation. Et nous ne sommes pas sur un pied d'égalité avec les États-Unis à cause de leurs subventions.
Le sénateur Robichaud: Je ne suis pas d'accord. C'est discutable. Vous ne devriez pas faire de telles affirmations.
Le président: Avec tout le respect que je vous dois, étant agriculteur moi-même, je crois que nous avons une certaine expérience de ce qui se produit. Si le gouvernement du Canada ne reconnaît pas la situation, nous sommes dans de beaux draps.
Le sénateur Robichaud: Je ne suis pas d'accord. Je ne crois pas que les gens de l'Ouest aimeraient que les agriculteurs ontariens et québécois se retrouvent dans la même misère qu'eux dans les cas où les offices de commercialisation seraient éliminés.
Le président: Je n'ai jamais dit ça.
Le sénateur Robichaud: J'ai cru comprendre que vous disiez que si nous éliminions les offices de commercialisation, nous aurions des règles du jeu équitables. Je vous demande pardon si j'ai mal compris, mais je voulais mettre les choses au clair.
Le président: Nous en prenons acte. Je ne veux rien enlever aux producteurs laitiers, mais il faut qu'on nous porte la même attention.
M. Pletz: Tout à fait. L'inégalité en agriculture vient de ce que les commissions de gestion de l'offre ou les offices de gestion des produits laitiers, du poulet et du dindon obtiennent le coût de production. L'Ontario a un programme d'assurance-revenu du marché. Il a un tel programme alors que le reste du Canada en est privé, parce que l'Ontario n'exporte pas 80 p. 100 de ce qu'il produit. Il consomme le gros de sa production. C'est pourquoi il n'est pas question là de mesures compensatrices. Il est plus difficile de réinstaurer un programme d'assurance-revenu au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, parce que nous exportons 80 p. 100 de ce que nous produisons. Pour cette raison, les mesures compensatrices feraient tiquer. Toutefois, si nous n'obtenons pas une assurance-revenu ou le coût de production, les agriculteurs continueront de faire faillite. Ma province va s'enherber et le bison va revenir y paître.
Les autorités fédérales et provinciales ont tiré une ligne entre Regina et Saskatoon. Les deux gouvernements ont indiqué qu'à l'est de cette ligne, tous les producteurs de céréales doivent passer à l'élevage intensif du bétail. Savez-vous ce qui se produira si nous intensifions l'élevage et doublons, triplons ou quadruplons le nombre de porcs, de poules et de bovins? Les prix vont chuter et nous reviendrons à la case départ. Nous serons confrontés à la faillite et à la saisie comme nous le sommes maintenant avec les oléagineux.
La raison de cette ligne entre Regina et Saskatoon est qu'à l'est, le coût du transport est le plus élevé. Après encore un an ou deux de ces guerres de subventions, le secteur des oléagineux de ce côté-là de la ligne Regina-Saskatoon ne sera plus économique non plus, parce que le prix des céréales continue de baisser ou se stabilise au niveau actuel, qui est trop bas. Essentiellement, jusqu'à ce que le gouvernement fédéral se mêle des guerres de subventions et nous appuie, nous coulerons. Les guerres de subventions ont fait baisser notre revenu net ou le prix des céréales, et elles continueront de le faire.
Le sénateur Robichaud: Vous avez commencé votre exposé en disant que les guerres de subventions n'étaient pas la cause du problème.
M. Pletz: Elles le sont en partie, mais j'attribue l'essentiel de la crise agricole à l'explosion de nos dépenses. Ce ne sont pas les guerres de subvention qui sont à l'origine de l'explosion de nos dépenses. Ce sont les impôts prélevés par le gouvernement, les bénéfices des sociétés et ceux des banques qui nous ont mis dans cette situation. Les guerres de subventions ont fait passer notre revenu en dessous de zéro, selon la méthode de comptabilité de caisse utilisée aux fins du calcul de l'impôt. Elles ont donc eu un effet, mais j'estime malgré tout que les trois quarts du problème sont attribuables à la montée en flèche de nos dépenses. Ce ne sont pas tant les subventions qui ont fait exploser nos dépenses que les politiques fiscales appliquées par notre propre gouvernement et les man<#0139>uvres des banques et des sociétés pour nous extorquer sur le prix de tous nos intrants ou sur les prix à la ferme.
Le sénateur Robichaud: Vous nous avez brossé un tableau très sombre de la situation. Peut-être y a-t-il quelque lueur d'espoir, mais dans l'ensemble, l'avenir semble plutôt sombre. Je ne doute pas de vos dires, puisque c'est vous qui vivez la situation.
Avez-vous dit que vous aviez moins de 1 000 acres?
M. Pletz: J'ai six quarts de sections, c'est-à-dire 960 acres.
Le sénateur Robichaud: Vous prévoyez ensemencer?
M. Pletz: Non, je ne peux pas. Je dois déclarer faillite, si je ne fais pas l'objet d'une reprise par ma banque.
Le sénateur Robichaud: Qu'est-ce qui pourrait vous sauver?
M. Pletz: Une injection de fonds. J'ai besoin d'à peu près de 60 $ l'acre pour arriver à payer mes dettes et à surnager un peu. Si j'arrive à me débarrasser de mes dettes, je pourrai obtenir un autre contrat de production de mon silo-élévateur et je pourrai de nouveau obtenir du crédit pour ensemencer en vue d'une autre récolte. Pour l'instant, il m'est impossible d'obtenir du crédit de ma banque ou de mon acheteur de céréales. Ces dernières années, la majorité de nos agriculteurs ont obtenu des contrats de production qui leur permettaient de reporter le paiement de leurs intrants jusqu'à l'automne dans l'espoir que la récolte leur rapporte suffisamment pour rembourser ces dettes. Beaucoup d'entre nous, dont moi-même, n'avons pas été en mesure de le faire. Jusqu'en octobre, je n'ai pas eu d'intérêt à payer, mais ensuite j'ai dû rembourser rétroactivement tous les intérêts courus depuis le 1er mai 1999. Cela m'a coûté un autre 3 000 $, 4 000 $ ou 5 000 $ en intérêts.
Pour que nous restions sur nos terres, il faudrait injecter d'importantes sommes d'argent pour nous permettre de payer nos dettes et éventuellement d'avoir les liquidités nécessaires pour partir une récolte. Si nous n'ensemençons pas, nous allons tous faire faillite.
Le sénateur Robichaud: Mais vous dites que même si vous ensemencez, vous perdez de l'argent.
M. Pletz: Oui. C'est une situation sans issue.
Le sénateur Robichaud: Ce l'est effectivement.
M. Pletz: Nous sommes perdus si nous ensemençons et nous le sommes aussi si nous n'ensemençons pas. Pourquoi ensemencer, si c'est pour perdre de l'argent? C'est ce qui explique que j'ai mentionné au début de mon intervention, qu'un autre 25 p. 100 des agriculteurs allaient probablement faire faillite cet automne simplement parce qu'ils ont perdu de l'argent en ensemençant leurs terres. D'un autre côté, si nous n'ensemençons pas, nous perdons nos exploitations. C'est cette impasse qui rend notre situation tellement désespérée.
Le sénateur Robichaud: Ceux d'entre vous qui occupent d'autres emplois pour nourrir leurs familles utilisent une partie de cet argent pour pouvoir continuer à exploiter leur ferme. C'est donc dire que si vous ensemencez, vous devrez alors utiliser une partie de cet argent pour perdre encore plus d'argent.
M. Pletz: C'est exactement cela. Tout l'argent gagné à l'extérieur est englouti en pure perte dans la ferme. Même ceux qui cumulent deux ou trois emplois ou dont les conjoints travaillent à l'extérieur sont quand même au bord de la faillite parce que leur exploitation est devenue un puits sans fond. Nous n'arrivons pas à récupérer notre coût de production en raison des guerres de subventions et du fait que nos dépenses, c'est-à-dire le prix de nos intrants, ont doublé. Nos dépenses ont littéralement explosé. Personne n'a de contrôle sur quoi que ce soit. Personne ne contrôle la fiscalité et personne ne contrôle non plus les bénéfices des sociétés.
Il faudrait limiter les bénéfices des sociétés. Il devrait y avoir une certaine participation aux bénéfices. Ainsi, plutôt que de laisser une société réaliser des bénéfices de 222 p. 100, limitons ceux-ci à 100 p. 100 de façon que la différence puisse de nouveau profiter à l'agriculteur.
Les agriculteurs n'ont que trois sources vers lesquelles se tourner pour aller chercher l'argent dont ils ont besoin: les consommateurs, mais il est inutile d'y penser parce que ceux-ci bénéficient d'une politique qui leur permet de se procurer des aliments à rabais; le marché, mais celui-ci est hors d'atteinte en raison des guerres de subventions qui ont tout bouleversé; et le gouvernement. Pour le moment, nous ne pouvons rien espérer ni des consommateurs ni du marché et notre seule option reste le gouvernement. Or, le gouvernement ne fera rien. Nous sommes donc perdus. Essentiellement, j'estime que le gouvernement fédéral accule délibérément les agriculteurs à la faillite.
Le sénateur Robichaud: Vous avez fait allusion aux agriculteurs riches et aux agriculteurs pauvres.
M. Pletz: C'est une expression que j'ai utilisée à propos du compte du CSRN. Il y a une poignée d'agriculteurs de 65 ou 75 ans qui ne sont probablement pas endettés. Même eux commencent à se plaindre parce qu'ils puisent dans leur capital, leurs biens et leurs économies et que, d'ici un an, ils vont eux aussi être en difficulté comme la majorité des autres agriculteurs qui, à l'heure actuelle, sont endettés ou n'ont personne vers qui se tourner.
Ce ne sont pas tous les agriculteurs de la Saskatchewan qui sont touchés. J'estime entre 70 et 80 p. 100 le pourcentage d'agriculteurs en difficulté. Environ 20 p. 100 des agriculteurs n'ont pas de dettes, sont plus âgés, ont même parfois quelques économies et n'ont peut-être pas de versements hypothécaires à faire.
Le sénateur Robichaud: Il ne s'agit pas de sociétés.
M. Pletz: Non, ce sont de vieux agriculteurs.
Le sénateur Robichaud: Vous dites que 70 p. 100 des agriculteurs sont en difficulté?
M. Pletz: Oui. Je crois qu'entre 70 et 80 p. 100 d'entre eux le sont. Nous obtenons tous le même prix en échange de notre grain, de sorte que nous perdons tous de l'argent. Le problème avec le CSRN, l'ACRA et l'assurance-récolte, c'est l'inégalité. Nous perdons tous le même montant d'argent sur un boisseau de blé. Nous perdons tous le même montant d'argent sur un boisseau de canola. Pourtant, il n'y a pas d'égalité au niveau des prix à la ferme et des politiques agricoles. Dans tous les autres secteurs, les gens sont traités également. Par exemple, lorsque les sénateurs, les députés provinciaux ou fédéraux ou encore les syndicats obtiennent une augmentation, tout le monde y a droit. Tout le monde est traité également. Toutefois, dans le cas du prix à la ferme, ce qui se produit actuellement, en particulier avec le programme d'ACRA, c'est qu'environ 25 p. 100 des agriculteurs obtiennent quelque chose, mais ce montant ne représente qu'une infime partie de leurs pertes sur le coût de production. Les trois quarts d'entre nous n'obtenons rien. Où est l'égalité dans l'industrie agricole? Il n'y en a pas. Nous sommes victimes de discrimination.
Le sénateur Fairbairn: Je vous remercie d'être venu nous rencontrer aujourd'hui, monsieur Pletz. Je pense avoir eu l'occasion de vous rencontrer il y a un an à Regina. Il semble que la situation s'est détériorée depuis.
Pendant que vous êtes parmi nous aujourd'hui, je crois savoir, sauf erreur, que le comité sur la protection du revenu agricole, coprésidé par M. Friesen, de la Fédération canadienne de l'agriculture, se réunit ici, à Ottawa, vraisemblablement -- et c'est à espérer -- pour se pencher sur l'incroyable énigme que sont devenus les systèmes d'aide aux agriculteurs. Comme vous dites, un faible pourcentage d'agriculteurs semblent obtenir de l'aide, mais une proportion beaucoup plus grande n'obtient strictement rien, quel que soit le montant investi dans ce programme. On y consacre pourtant beaucoup d'argent, mais il ne semble rien y paraître en raison de la façon dont le système est appliqué. Il semble qu'une majorité d'agriculteurs de votre province, qui sont pourtant les plus mal pris, ne reçoivent pratiquement rien.
Ce comité va sans doute discuter de questions comme les marges d'incorporation, et cetera. Croyez-vous que cette réunion permettra d'élucider ces questions?
M. Pletz: En fait, M. Friesen et le comité sur la protection du revenu agricole se réunissent à Winnipeg aujourd'hui. Ils ont cinq ou six propositions de programmes différents portant sur l'assurance-revenu ou quelque chose de semblable, ou établis en fonction du coût de production. Je n'entretiens aucun espoir à cet égard parce que le gouvernement fédéral refuse de s'immiscer dans les guerres de subventions et de soutenir les agriculteurs jusqu'à concurrence de leur coût de production.
Tant que le gouvernement fédéral ne décidera pas de mettre un peu d'argent sur la table et d'intervenir dans les guerres de subventions, on peut bien lui proposer autant de programmes que l'on veut, il ne les prendra pas en considération ni n'en retiendra aucun. En fait, le gouvernement fédéral dit aux agriculteurs: «Regardez, nous mettons tant d'argent dans la cagnotte». Il divise ensuite ce montant entre trois programmes -- l'assurance-récolte, l'ACRA et le CSRN -- et le montant qui reste est si minime comparativement à nos pertes sur le coût de production que rien ne peut nous aider tant que le gouvernement fédéral ne consentira pas à nous offrir suffisamment pour compenser la perte de 65 $ l'acre que nous subissons.
J'ai les chiffres du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de la Saskatchewan concernant les prévisions de pertes au boisseau ou à l'acre. Ce sont les mêmes encore une fois. Nous allons perdre encore une fois cette année 60 à 70 $ l'acre.
Le sénateur Fairbairn: Selon vous et vos collègues et amis, quelle somme le gouvernement fédéral devrait-il engager dans les guerres de subventions? Je crois comprendre, d'après ce que vous nous avez dit aujourd'hui, qu'il y a plus qu'une guerre des subventions. Cette guerre ne se joue pas simplement au niveau international, mais aussi niveau national. Avez-vous un montant approximatif en tête qui, selon vous, suffirait pour vous tirer d'embarras?
M. Pletz: Moi et des milliers d'autres agriculteurs avons subi d'énormes pertes. Nous avons perdu la majorité de notre capital et de nos biens. Nous avons vendu de l'équipement et des terres simplement pour ne pas couler à pic. Je dirais que pour moi-même et pour mon groupe, le montant nécessaire se situe entre 60 et 100 $ l'acre, et nous aurons de nouveau besoin de ce même montant à la fin de cette année. On parle ici de milliards de dollars.
Le sénateur Fairbairn: Dans l'ensemble, avez-vous une idée de ce que pourrait être le chiffre total?
M. Pletz: Dans ma province, un paiement de 60 $ l'acre représenterait un coût total de 3 milliards de dollars. Essentiellement, nous avons perdu 3 milliards de dollars l'an dernier et nous allons perdre un autre 3 milliards de dollars cette année.
Nous avons des arriérés dans nos comptes créditeurs et les intérêts nous étouffent. Beaucoup de mes comptes sont assujettis à des intérêts composés de 2 p. 100 par mois, ce qui représente 28 ou 29 p. 100 par année. C'est ce que nous facture bon nombre de nos fournisseurs de produits chimiques, de carburant et d'engrais. Le montant de 5 $ l'acre auquel j'aurai peut-être droit grâce à cette dernière injection d'un milliard de dollars en Saskatchewan ne sera pas suffisant pour absorber mes pertes en intérêts. Pour certains agriculteurs, le montant de 5 000 $ ne suffira pas à payer l'épicerie et pour d'autres, il ne paiera même pas la facture additionnelle attribuable à l'actuelle flambée des prix du carburant.
Le sénateur Fairbairn: Cette prochaine question m'a toujours beaucoup dérangée et je sais qu'elle vous dérange aussi beaucoup, parce que je ne crois pas que les Canadiens soient vraiment conscients du fait que -- quelle que soit votre situation -- il vous est impossible de vous prévaloir du système d'aide sociale, même pour satisfaire à des besoins fondamentaux, en raison des biens-fonds que vous possédez. C'est comme si on prenait pour acquis que notre système d'aide s'applique de façon générale d'un bout à l'autre du pays. Je ne crois pas qu'il y a bien du monde qui sont conscients de cette situation, en dehors de ceux qui en souffrent le plus.
Le gouvernement de la Saskatchewan a-t-il envisagé de quelque façon -- même dans le récent budget -- de faire quelque chose pour changer cette situation?
M. Pletz: Non. Mon groupe et moi-même avons pris part à l'occupation organisée à l'assemblée législative provinciale. J'en ai profité alors pour organiser une rencontre avec M. Harry Van Mulligan, du ministère des Services sociaux. Nous étions à peu près 50 agriculteurs dans la salle et la seule solution que nous a proposée M. Van Mulligan est de présenter une demande et de suivre la filière normale. La conclusion à laquelle nous en sommes arrivés à l'issue de cette rencontre, c'est que nos femmes et nos enfants devront se séparer de nous et déménager en ville pour avoir accès à l'aide sociale. Encore là, on contribue à l'éclatement des familles et aux divorces. On détruit des milliers de familles d'agriculteurs et cela, à cause des politiques agricoles.
Tout le monde dit que nos exploitations agricoles sont des entreprises. Or, il y a une grande différence entre exploiter une entreprise agricole et exploiter une entreprise à la ville. Nous sommes directement à la merci des politiques agricoles. Ce n'est pas le cas des exploitants d'entreprises en ville. Pour nous, par contre, c'est une question de vie ou de mort.
La politique du gouvernement fédéral est de laisser croupir les agriculteurs dans leur misère. En fait, je crois que son objectif est de nous acculer à la faillite ou de nous laisser tomber. Quelles que soient les raisons financières ou les intentions cachées -- j'ai ma petite idée là-dessus, mais cela importe peu -- il reste que c'est la réalité.
Le sénateur Fairbairn: Personnellement, je ne peux partager votre conviction, à savoir qu'il existe effectivement une politique dont l'objectif est de vous ruiner. Notre préoccupation et celle du comité est d'essayer de faire tout ce que nous pouvons pour vous aider. C'est pourquoi nous allons préparer un rapport à la fin des présentes audiences. Nous avons entendu un certain nombre de témoins et de gens qui, comme vous, éprouvent un profond désarroi. Nous espérons pouvoir formuler quelques propositions utiles.
Contrairement à vous, je ne perds pas totalement espoir dans la capacité des gouvernements d'offrir une certaine forme d'aide. J'espère que certaines des questions dont nous avons discuté aujourd'hui -- et dont vous avez sûrement discuté avec beaucoup d'autres intervenants -- et certains aspects de votre message permettront d'en arriver à une solution qui vous redonnera espoir. Je l'espère vraiment.
M. Pletz: Avant de conclure, j'aimerais formuler quelques recommandations importantes. D'abord, il faudrait que tous les agriculteurs adoptent la méthode de la comptabilité d'exercice aux fins du calcul de l'impôt à payer. Ensuite, il faudrait revenir à la moyenne régionale aux fins des calculs pour l'assurance-récolte. De même, les seuils d'intervention devraient être supprimés des comptes du CSRN. Donnez-nous librement accès à notre argent. À cet égard, je recommande la mise au rancart du programme d'ACRA et son remplacement par un mode de paiement à l'acre afin que les agriculteurs puissent avoir directement accès à l'argent. C'est la seule façon que les agriculteurs de la Saskatchewan, et la majorité d'entre nous sommes des producteurs de céréales et d'oléagineux, pourront survivre à ce gâchis.
Le président: Monsieur Pletz, votre exploitation a-t-elle reçu de l'argent du gouvernement jusqu'ici?
M. Pletz: Non. Je n'ai pas accès à mon compte du CSRN depuis deux ou trois ans maintenant. Je devrais toutefois y avoir accès maintenant. Je crois que j'ai à peu près 10 000 $ dans ce compte. L'assurance-récolte m'a laissé tomber année après année. J'ai vraiment des réserves à propos de l'assurance-récolte, parce que le gouvernement fédéral a consenti une avance de fonds de 20 000 $ à la Commission canadienne du blé, mais il faut souscrire à l'assurance-récolte pour y avoir accès. L'an dernier, j'ai dû renoncer à l'assurance-récolte parce que je ne pouvais pas payer ma prime, c'est pourquoi je n'ai pas droit à l'assurance-récolte. Je n'ai pas droit non plus à l'ACRA. Je n'ai rien eu de ce programme en 1998. Je n'ai pas encore rempli mes formulaires pour 1999, donc je ne sais pas si je pourrai ou non en bénéficier. Comme je l'ai dit, le programme d'ACRA est assujetti à un seuil. Même avec les quelques changements mineurs que M. Vanclief y a apportés, je pense que 70 p. 100 des agriculteurs n'auront quand même droit à aucune aide de ce programme parce qu'ils n'atteignent pas le seuil. Étant donné que le niveau de soutien est de 70 p. 100, les premiers 30 p. 100 auxquels nous sommes censés renoncer en ACRA correspondent presque exactement au montant de nos comptes créditeurs, où se situent nos pertes; ce sont ces premiers 30 p. 100 qui grugent la totalité de nos comptes créditeurs et c'est ce qui explique que nous ne pouvons atteindre le seuil ou avoir accès à l'ACRA. Il faudrait adopter une formule de calcul en fonction du coût de production qui s'appliquerait à long terme. Nous avons besoin d'une importance injection de fonds ce printemps, sinon nous allons disparaître.
Le président: Il est beaucoup question de règles du jeu équitables dans le secteur agricole parce que nous sommes un exportateur de céréales. Nous devons faire concurrence aux États-Unis et à la Communauté européenne. Or, la production céréalière canadienne représente environ 10 p. 100 de ce qu'elle est aux États-Unis.
Notre pays, en raison de sa culture, devrait autoriser une injection de capitaux. Nous ne pouvons nous permettre de ne pas le faire parce que le pays aura un gros prix à payer le jour où il ne sera plus capable de remettre l'industrie sur ses rails. C'est dommage que ce message ne se rende pas.
Si nos céréaliculteurs recevaient l'équivalent de ce que les Américains injectent dans leur économie, cela réglerait-il le problème?
M. Pletz: Oui, probablement. Historiquement, le Canada a toujours investi 10 p. 100 de ce que les États-Unis investissaient. Donc, si les États-Unis injectaient 50 ou 60 milliards de dollars par année, notre gouvernement devait mettre 10 p. 100 de ce montant, c'est-à-dire 5 ou 6 milliards par année, pour soutenir l'industrie agricole canadienne.
Le président: Les exportations agricoles canadiennes contribuent à l'économie canadienne puisqu'elles représentent 25 p. 100 de notre balance des paiements. C'est là un avantage considérable pour le Canada, et il me semble que les agriculteurs ne reçoivent pas leur juste part.
M. Pletz: Non, ils ne reçoivent pas leur part.
Le président: Selon le syndicat d'agriculteurs qui a comparu devant nous, cette part nette a été l'an dernier de 0,7 p. 100 du rendement du capital investi.
M. Pletz: Ce chiffre est faussé parce que son calcul ne tient pas compte de nos comptes créditeurs.
Le président: Donc, selon vous, cette part est encore plus modeste?
M. Pletz: Effectivement. Selon la comptabilité d'exercice, nos chiffres nets seraient tous inférieurs pour les dernières années, parce que nos comptes créditeurs ont fait en sorte que les chiffres nets sont demeurés sous la barre du zéro. En réalité, nous perdons de l'argent depuis des années. Les chiffres nets ne rendent comptent que de 20 p. 100 des pertes. Les autres 80 p. 100 passent inaperçus aux yeux de tous les gouvernements, parce qu'ils sont cachés. Personne n'a ces chiffres ou n'est au courant de nos comptes créditeurs ou de nos pertes.
Le président: Qu'arriverait-il si l'industrie céréalière avait droit à un rendement sur le capital investi et à des coûts d'intrant équivalents à ceux consentis par les consommateurs canadiens aux producteurs laitiers et aux producteurs de volaille en vertu de la loi? Ils n'exportent pas. La quantité de denrées consommées au Canada est le principal facteur considéré ici. À l'heure actuelle, notre industrie ne peut faire cela parce que nous exportons. Quel est le pourcentage de denrées consommées ici?
M. Pletz: À peu près 20 p. 100, le reste, c'est-à-dire 80 p. 100, est exporté. Ce que j'ai vraiment du mal à comprendre et à m'expliquer c'est comment les deux ordres de gouvernement, fédéral et provincial, peuvent ni plus ni moins, de mon point de vue, nous acculer délibérément à la faillite. Les agriculteurs génèrent de la richesse partout au Canada et paient aussi des impôts. Je trouve triplement scandaleux qu'on veuille transformer les générateurs de richesse et payeurs d'impôts que nous sommes en prestataires d'aide sociale. Quelle est la logique économique de tout cela?
J'ai entendu dire que nous générons pour le Canada des richesses d'une valeur d'environ 90 milliards. Ne serait-il pas logique sur le plan économique d'injecter 5 ou 10 milliards de dollars par année pour conserver cet apport de 90 milliards de dollars? Je ne vois pas la logique pour d'acculer l'industrie agricole canadienne à la faillite ou à la ruine.
Le président: À titre de président du comité, je tiens à préciser qu'à mon avis, il n'y a pas de volonté expresse de la part du gouvernement d'acculer les agriculteurs à la faillite. Je crois cependant qu'il y a effectivement un malentendu au pays quant à l'ampleur du problème auquel nous sommes confrontés. Cela est dû en grande partie à notre culture. À titre de comparaison, par exemple, l'agriculture occupe une très grande place dans la culture européenne, et il y a plusieurs raisons à cela. Peut-être qu'au Canada, nous tenons les aliments pour acquis depuis trop longtemps. Peut-être que nous ne sommes pas pleinement conscients de l'importance des retombées générées par l'agriculture.
Je tiens à souligner qu'à mon avis les Canadiens ne peuvent pas se permettre de fermer les yeux sur le problème qui se fait sentir particulièrement dans l'industrie céréalière en ce moment. L'ensemble de l'économie canadienne en souffrira beaucoup et les conséquences seront lourdes si nous ne posons pas les gestes qui s'imposent -- mais je crois que nous finirons par les poser. Je me demande toutefois à quelles conséquences nous devrons faire face avant que nous agissions.
M. Pletz: Au nombre des conséquences que j'envisage, il y a la faillite de la Saskatchewan d'ici un an. La réaction en chaîne est déjà en train de faire son <#0139>uvre jusqu'au détaillant, au manufacturier et au grossiste. Comment remettra-t-on en marche cette industrie une fois qu'elle aura été détruite? Cela coûtera des milliards de plus pour la remettre sur ses rails, à supposer d'abord que c'est ce que le gouvernement fédéral souhaitera faire.
Il se pourrait que nous soyons éliminés à défaut d'un appui adéquat, parce qu'on nous aura abandonnés. Il se pourrait que nous ne soyons plus un pays exportateur et que le Canada soit à peine autosuffisant, si beaucoup d'agriculteurs sont éliminés, parce que vous n'aurez rien fait, parce que vous n'aurez pas soutenu l'industrie agricole. Le gouvernement fédéral laisse peut-être l'industrie se stabiliser, mais en faisant cela il en détruit une grande partie et accule à leur perte des milliers de familles d'agriculteurs.
Le budget fédéral consacre seulement 1,03 p. 100 au soutien agricole. En Europe, l'agriculture reçoit entre 40 et 50 p. 100 du budget. J'ai obtenu ces chiffres sur la colline la semaine dernière.
Le sénateur Robichaud: Vous dites que vous avez obtenu ces chiffres sur la colline?
M. Pletz: C'est exact. Je les ai obtenus du bureau de M. Proctor. Il est le porte-parole du NPD en matière d'agriculture.
Le sénateur Oliver: Monsieur le président, je m'excuse d'être en retard. Comme vous le savez, j'avais une autre réunion. J'ai tout de même entendu le dernier bout et ce que le témoin raconte est plutôt triste.
Je suis d'accord avec le président et les autres pour dire que le gouvernement n'a pas pour politique, à mon avis, d'écarter des agriculteurs du circuit. Je conçois que vous soyez mécontents, mais je ne crois pas que c'est à cause d'une politique du gouvernement. Il ne suffirait pas, il me semble, que quelqu'un vous donne 60 000 $ aujourd'hui, car, comme vous l'avez dit au sénateur Robichaud, le problème ne serait pas réglé. Ce qu'il faut plutôt, c'est une restructuration systémique de votre industrie, l'agriculture -- elle aurait dû déjà avoir eu lieu.
M. Pletz: C'est juste.
Le sénateur Oliver: Vous avez mentionné quatre aspects à restructurer: passer à la comptabilité d'exercice, et ainsi de suite, et l'assurance-récolte qui revient à la région, et ainsi de suite. Ces aspirations sont légitimes, mais y a-t-il une autre forme de restructuration que vous recommanderiez pour faire profiter immédiatement les agriculteurs de rentrées nettes d'argent? Avez-vous envisagé la culture mixte? Et l'élevage du bison ou du chevreuil? Avez-vous pensé à cultiver des légumes, à utiliser une partie des terres à des fins autres que le blé et les céréales dans le but de restructurer l'industrie de la Saskatchewan?
M. Pletz: Oui, nous y avons pensé, et la majorité d'entre nous se sont diversifiés. Cependant, nous pouvons nous diversifier mais si nous n'avons pas une formule de calcul des coûts de production, ce n'est pas la bonne solution. Certains se sont tournés vers l'élevage de l'élan et du bison, mais les prix ont chuté aussi parce qu'ils sont justement trop nombreux à se lancer dans cette industrie. En d'autres termes, si vous trouvez un créneau intéressant, il dure à peine un an ou deux, puis les difficultés financières commencent. Si tout le monde se met à élever des élans ou des bisons ou à cultiver des légumes, on se trouve de nouveau devant rien parce qu'il n'y a pas de formule de calcul des coûts de production.
Certes, quelques agriculteurs y trouvent leur compte. Ils gagnent un peu d'argent et survivent, mais selon le Guide des cultures de la Saskatchewan, la seule qui permette de faire des profits cette année est celle des lentilles. Toutes les autres enregistrent un déficit de 30 à 80 $ l'acre et ces chiffres ne tiennent compte d'aucun profit. Ils ne comprennent pas le coût de la vie.
Le sénateur Oliver: Pourquoi ne pas tripler la quantité de lentilles que vous cultivez alors?
M. Pletz: Parce que si tous les agriculteurs de la Saskatchewan, ou la majorité d'entre eux, faisaient pousser des lentilles cette année, la loi de l'offre et de la demande ferait chuter le prix au point où personne ne ferait d'argent. La situation semble sans issue: ça ne marche pas dans un sens, et dans l'autre, ça ne marche pas non plus.
Le sénateur Oliver: Revenons à cet intérêt de 28 à 30 p. 100. Ce n'est pas avec une banque canadienne, n'est-ce pas?
M. Pletz: Non, la plupart des banques se situent entre 10 et 12 p. 100, ou à peu près.
Le sénateur Oliver: Le produit plus 12?
M. Pletz: Non, simplement 12 p. 100 -- de 10 à 12 p. 100 par année. Ce sont pour la plupart des entreprises de semences, d'engrais, de produits chimiques. Nous payons plus de 1 et 1,5 p. 100 sur nos arrérages.
Le sénateur Oliver: Il n'est donc pas possible d'en refinancer une partie avec un emprunt et d'obtenir 12 p. 100 pour éviter les frais d'intérêt élevés, n'est-ce pas?
M. Pletz: Non, parce que notre crédit est déjà excédé dans nos banques. Ce serait bien, effectivement, si je pouvais dire à mon banquier: «Nous allons fusionner tous mes comptes payables et mon taux sera de 10 p. 100 au lieu de 2 p. 100 composé tous les mois.»
Le sénateur Oliver: Il n'y a donc pas d'autre institution financière, comme la Société du crédit agricole, qui pourrait vous aider?
M. Pletz: La Société du crédit agricole pourrait peut-être nous aider, je n'ai pas essayé. Mais nous sommes quand même coincés, sénateur. Ce que je constate chez nous, c'est que chaque agriculteur se raccroche pour ainsi dire à son propre mode de survie et que c'est alors que viennent les dépressions et les suicides.
Le sénateur Oliver: Vos terres coûtent-elles quelque chose? N'y a-t-il rien que vous puissiez faire en vendant quelques acres de plus pour obtenir du comptant immédiatement?
M. Pletz: Il n'y a personne pour acheter, monsieur. Les seuls qui pourraient acheter, ce sont les étrangers qui arrivent. Nous ne pouvons pas vendre. Les ventes aux enchères seront plus nombreuses que d'habitude et les ventes d'équipement rapportent 10 cents au dollar, ou peut-être 50 cents au dollar pour l'équipement plus gros ou plus neuf. C'est comme le donner.
J'ai assisté à une vente aux enchères l'automne dernier où un semoir pneumatique de 60 000 $ s'est vendu 7 000 $ -- soit 10 cents au dollar. Je ne peux même pas laisser aller ma ferme avec fierté, parce que si je vends tout l'équipement à 10, 20 ou 30 cents au dollar, je ne peux même pas payer les factures et ainsi quitter ma ferme avec un peu de dignité après avoir payé les créanciers. Je connais personnellement bon nombre d'entre eux, comme mon fournisseur de combustible, l'agent de ma coopérative, le vendeur de semences et celui qui achète mes céréales. Je vais devoir leur faire faux bond en déclarant faillite. La colère et la frustration gagnent tout le monde, pas seulement le fermier.
Le président: Il y a toutefois des précisions à apporter et je suis certain que M. Pletz sera d'accord avec moi. Par exemple, dans une région qui se prête à la fois à l'exploitation pétrolière et agricole, certains fermiers ont fait beaucoup d'argent grâce au pétrole. Ils n'en ont pas fait grâce à l'agriculture, mais leurs droits d'extraction du pétrole ont été lucratifs pour eux. Ces agriculteurs reprennent en main des terres à bon prix et développent leur entreprise, non avec des revenus agricoles, mais des revenus pétroliers.
Il y a probablement d'autres régions où cela peut se produire. À certains endroits, ils tirent des revenus d'autres sources, mais ce sont des monopoles. Cela fait simplement beaucoup grossir certaines fermes qui peuvent faire de l'agriculture avec leurs recettes pétrolières. Il est intéressant de noter que ce sont justement ces personnes qui ont touché l'argent de l'ACRA.
Je puis vous donner des exemples de personnes qui ont reçu 75 000 $, 50 000 $ et 48 000 $ et ainsi de suite parce qu'elles ne se sont jamais diversifiées au fil des ans, parce qu'elles touchaient des revenus du pétrole et se sont dit: «Pourquoi devrais-je changer mon exploitation?» Elles ont donc continué de cultiver du blé. Elles se sont limitées au blé et ont eu trois bonnes années, puis le prix a chuté et l'ACRA est venue à la rescousse. Cependant l'ACRA n'a en rien aidé les pauvres diables qui s'étaient diversifiés et lancés dans d'autres cultures.
Le sénateur Robichaud: Pourquoi les agriculteurs touchant des revenus pétroliers voulaient-ils mettre de l'argent dans des activités agricoles? Pour le perdre plus vite?
M. Pletz: C'est déductible aux fins de l'impôt.
Le sénateur Oliver: Ils peuvent déduire leurs pertes.
M. Pletz: C'est un montant déductible de leurs revenus pétroliers.
Le sénateur Robichaud: Ainsi, ils ne sont pas obligés de semer ou de s'adonner à une autre activité, n'est-ce pas?
Le président: Oh, ils ne seront pas inactifs, et il y a des agriculteurs qui achètent un tracteur neuf à 200 000 $.
Le sénateur Robichaud: Il n'ont pas besoin d'acheter un tracteur neuf. Quelqu'un vendra le sien à environ 10 cents au dollar. Pourquoi en acheter un neuf?
Le président: Ils ne s'intéressent pas à son vieux tracteur usagé. Ils veulent un tracteur neuf et moderne. Je ne dis pas que c'est l'attitude générale mais ça arrive. Je tenais à apporter cette précision et j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
M. Pletz: Je suis d'accord avec vous, sénateur. Ces situations se présentent effectivement, mais rarement. Les agriculteurs qui occupent un emploi à l'extérieur de leur ferme consacrent la majorité sinon la totalité de l'argent qu'ils gagnent à éponger les pertes sans même qu'il leur reste de quoi vivre. J'en connais un bon nombre qui n'ont pas d'argent pour faire l'épicerie mais gardent l'électricité et le téléphone.
Je tiens à signaler que de nombreux agriculteurs menacent de prendre leurs fusils et de s'insurger contre le gouvernement fédéral. C'est ce qui s'en vient. Nos groupes d'appui tiennent en échec bon nombre de ces agriculteurs mais nous sommes rendus au point où nous ne pourrons plus les retenir.
Le sénateur Robichaud: Je ne vois pas quels résultats on pourrait en espérer. La violence engendre la violence. Je ne peux pas être d'accord avec vous. Je vous en prie, découragez ces gens d'emprunter cette voie, car il n'en résultera rien de bon.
Le président: En ma qualité de président, je souscris à cette idée très importante, à savoir qu'il ne faut pas permettre la violence. Ensemble, nous devons veiller à ce que cela ne se produise pas.
M. Pletz: Nous avons essayé, mais je dis qu'en tant qu'organisateur d'un groupe de soutien et membre d'autres groupes, ces agriculteurs n'écoutent plus nos paroles destinées à les dissuader de s'engager dans cette voie. Je dis cela simplement pour montrer le désespoir et l'enfer que ces gens vivent. Ils sont rendus au point de recourir à des mesures de représailles.
Le sénateur Chalifoux: Monsieur Pletz, je trouve vos commentaires très intéressants. Je suis du nord de l'Alberta. Je viens tout juste d'assister à une réunion avec le Conseil de développement du nord de l'Alberta à Grand Prairie. On trouve beaucoup d'agriculteurs là-bas. Cela fait plus de trois ans qu'ils doivent faire face à la sécheresse et une autre se pointe à l'horizon cette année. C'est la même chose dans le nord de la Colombie-Britannique. Je n'ai pourtant pas constaté qu'ils revendiquaient plus d'argent. Ils militent plutôt en faveur d'une restructuration des programmes déjà disponibles afin que les agriculteurs puissent toucher l'argent qui existe.
La même chose s'applique au sud du Manitoba. Le sénateur Fairbairn et moi-même siégeons aux caucus du nord et de l'ouest du côté du gouvernement. La crise agricole est la grande priorité. Le ministre Goodale se livre à une véritable lutte. Il y a aussi le caucus rural qui se démène pour parvenir à une quelconque restructuration.
Le ministre Vanclief et les premiers ministres de la Saskatchewan et du Manitoba se sont entendus pour injecter plus d'argent dans le secteur agricole dans ces deux provinces. J'aimerais connaître votre opinion sur cet argent supplémentaire; si vous n'y avez pas accès, quelle en est la raison?
M. Pletz: Vous avez parlé des programmes de restructuration. Je vous ai parlé du CSRN, de l'ACRA et de l'assurance-récolte. Toute l'industrie agricole réclame une restructuration, mais en fin de compte, c'est d'une formule de calcul des coûts de production que nous avons vraiment besoin. Ce que je crois savoir de cet argent soi-disant neuf, ou de ce programme spécial pour la Saskatchewan et le Manitoba, c'est qu'on s'est avant tout servi du Nid-de-Corbeau comme prétexte pour en faire profiter ces deux provinces. La raison était que 70 à 80 p. 100 de nos agriculteurs de céréales et d'oléagineuses ne pouvaient pas toucher l'argent de l'ACRA. C'est pourquoi on a fait ça.
Le milliard de dollars qui va à la Saskatchewan n'est pas de l'argent comptant; il y a seulement 300 millions de dollars d'argent comptant, ce qui équivaut aux 5 $ l'acre dont j'ai parlé, ce qui est minime. De ce même total, environ 400 millions de dollars correspondent à l'avance de la Commission canadienne du blé; c'est simplement un autre prêt, qui ne nous aide guère parce que nous sommes tous surcrédités. Vous ne pouvez pas régler la crise agricole par un autre prêt. Je crois que des milliers d'agriculteurs vont même refuser de s'en prévaloir, simplement parce que ce n'est pas utile. C'est un autre prêt qui ne fait qu'alourdir votre dette. C'est une autre façon de perdre des capitaux propres ou des biens plus tard cette année.
Quant au programme ACRA, il y a certains changements. Je crois que pour 1999, 70 p. 100 de nos producteurs de céréales et d'oléagineuses n'en toucheront pas un seul dollar. Le seul argent auquel nous aurons droit réside dans les 300 millions de dollars de la somme de 1 milliard dont je vous parlais, soit 5 $ l'acre. Nous avons perdu 100 $ depuis deux ans, alors 5 $.
Le sénateur Chalifoux: Avez-vous rencontré le caucus rural?
M. Pletz: Non. De quel caucus rural s'agit-il?
Le sénateur Chalifoux: De celui du gouvernement fédéral. Le député Larry McCormick en est le président. Il est très préoccupé par cette crise.
M. Pletz: Pourrais-je avoir le numéro de téléphone de M. McCormick?
Le sénateur Chalifoux: Oui.
M. Pletz: Je serai sur la colline pendant encore une semaine et j'aimerais m'entretenir avec lui, d'autres députés et peut-être Jack Wilkinson, de la Fédération canadienne de l'agriculture pour l'Ontario. J'ai déjà rencontré Bob Friesen, de la FCA et d'autres personnes.
Le sénateur Chalifoux: Si vous aviez la chance de rencontrer Reg Alcock, également député du Manitoba, vous verriez qu'il s'y connaît beaucoup, dans le domaine du transport notamment. Il existe un important problème de transport qui a d'ailleurs été soulevé à Grand Prairie. Les frais de transport sont très importants pour la survie de notre industrie agricole. Je vous recommande fortement de rencontrer ces deux personnes.
M. Pletz: Je vous remercie.
Le président: À propos, CP Rail vient d'augmenter ses tarifs de transport de marchandises de 3 p. 100.
M. Pletz: J'ai rencontré les collaborateurs de M. Goodale la semaine dernière et parmi toutes les personnes à qui j'ai parlé, je crois que ce sont eux qui m'ont appris qu'il est question de jeter le rapport Estey-Kroeger à la poubelle et de ne rien faire dans le dossier du transport de marchandises. Entre 30 et 40 p. 100 environ des chèques que je reçois pour mes céréales vont au transport. Ce qui reste ne suffit pas à payer les autres dépenses. Ce qu'il faut, c'est une formule de calcul des coûts de production.
Le sénateur Chalifoux: Les caucus du nord et de l'ouest du gouvernement fédéral ont beaucoup milité en faveur de la restructuration du rapport Estey. C'est pourquoi je vous suggère de parler à Reg.
M. Pletz: D'accord.
Le sénateur Chalifoux: Quoi que vous fassiez, ne recourez pas à la violence; cela ne donne rien.
M. Pletz: Tout ce que je puis dire, messieurs les sénateurs, c'est que les difficultés financières et la vue de votre voisin qui se suicide et laisse derrière lui sa maison, sa femme et ses enfants ne font qu'intensifier la crise.
Le président: Je vous remercie, monsieur Pletz, d'avoir présenté au comité sénatorial ce matin une description sincère et touchante d'une situation aussi pénible. Je tiens à vous féliciter pour le travail que vous faites, et pour la sincérité qui vous anime en ces temps difficiles. Je vous souhaite bonne chance ainsi qu'aux autres agriculteurs.
Ce fut une bonne séance, car nous avons été à l'écoute des difficultés vécues là-bas, et je félicite les sénateurs d'essayer avec loyauté d'aider le gouvernement à régler le problème sérieux auquel fait face l'industrie céréalière.
Je vous remercie à nouveau, monsieur Pletz. Je vous souhaite bon courage et vous invite, comme les autres sénateurs l'ont fait, à ne pas recourir à la violence parce que cela ne ferait qu'aggraver une situation déjà très problématique. Je vous remercie d'avoir témoigné ce matin.
M. Pletz: Merci de m'avoir invité.
La séance est levée.