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Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 4 - Témoignages du 3 décembre 2002 


OTTAWA, le mardi 3 décembre 2002

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 18 h 30 pour étudier l'impact du changement climatique sur l'agriculture, les forêts et les collectivités rurales au Canada et les stratégies d'adaptation à l'étude axées sur l'industrie primaire, les méthodes, les outils technologiques, les écosystèmes et d'autres éléments s'y rapportant.

Le sénateur Donald H. Oliver (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Je déclare ouverte la quatrième séance que le comité consacre à l'étude sur l'impact du changement climatique sur l'agriculture, les forêts et les collectivités rurales au Canada et les stratégies d'adaptation.

[Français]

Honorables sénateurs, aujourd'hui nous continuons notre étude sur les effets de changements climatiques.

Laissez-moi d'abord vous souhaiter la bienvenue, chers collègues, ainsi que nos observateurs. Je voudrais également souhaiter la bienvenue aux Canadiens et aux Canadiennes qui nous regardent et qui nous écoutent sur la CPAC et Internet.

[Traduction]

Au cours des deux dernières semaines, le comité a entendu les représentants d'Environnement Canada et de Ressources naturelles Canada, qui nous ont expliqué les assises scientifiques du changement climatique et l'orientation de notre gouvernement national dans ce domaine.

Ce soir, nous concluons notre ronde initiale de séances d'information ministérielles. Nous allons entendre Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Jeudi, nous allons entendre une nouvelle série de témoins en mettant l'accent sur les impacts au niveau régional et l'adaptation au niveau local. Au cours des deux prochaines semaines, le comité rencontrera les représentants du Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l'adaptation. Nous allons examiner les changements dans le nord du Canada, en Ontario, en Colombie-Britannique, dans les Prairies, dans la région de l'Atlantique et au Québec.

Honorables sénateurs, nous accueillons trois représentants d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. M. Gordon Dorrell est le sous-ministre adjoint intérimaire de la Direction générale de la recherche. M. Wayne Lindwall est le chef du programme national — Environnement. Michele Brenning est la directrice du Bureau de l'environnement. M. Phil Adkins appartient pour sa part à l'Administration du rétablissement agricole des Prairies.

M. Gordon Dorrell, sous-ministre adjoint intérimaire, Direction générale de la recherche, Agriculture et Agroalimentaire Canada: Honorables sénateurs, je vous remercie beaucoup.

C'est avec plaisir que nous sommes ici ce soir pour débattre de l'impact du changement climatique sur l'agriculture de même que pour discuter d'un certain nombre de défis et de possibilités qui s'offrent à nous.

J'aimerais commencer par un transparent raisonnablement complexe, qui montre que les variations climatiques ont été extrêmes au fil des ans et que la science nous a aidés à atténuer les conséquences du phénomène. Les variations à partir du point zéro illustrent les fluctuations des rendements en blé de la Saskatchewan au cours des dernières années. Les bonnes nouvelles, c'est que, malgré un certain nombre de hauts et de bas, les variations ont diminué. Dans une large mesure, la situation s'explique par le fait que les agriculteurs adoptent des moyens de production nouveaux et novateurs, sans parler de la stabilité accrue attribuable aux nouvelles méthodes scientifiques. Autre facteur dont le transparent ne rend pas compte, les rendements liés aux manipulations génétiques ont, au cours de la même période, été en hausse constante. S'il existe certaines variations, certaines données permettent donc de conclure que les pratiques technologiques et agricoles peuvent en atténuer les effets.

Le transparent 3 rend compte de certaines des pressions auxquelles le secteur fait face. De toute évidence, nous devons lutter contre un certain nombre de problèmes éventuels. En ce qui concerne les cultures, les stress liés à la sécheresse et à la chaleur auront une incidence sur les rendements. L'arrivée au Canada de nouveaux parasites venus de climats tempérés, jusqu'ici inconnus au Canada, représente un autre problème. Dans le domaine de la transformation des aliments, les fluctuations de la température s'accompagnent de risques de nouvelles maladies et exercent des pressions sur l'approvisionnement en eau de qualité, et ainsi de suite.

Sous la rubrique des ressources, nous commençons à constater la perte de certaines terres précieuses. De toute évidence, nous ne disposerons pas, aux fins de la production, de la même quantité d'eau et de ressources hydriques que par le passé. Nous risquons de perdre d'autres ressources, par exemple au titre de la biodiversité. En ce qui concerne les collectivités rurales, une telle situation aura manifestement un effet sur la stabilité des collectivités et le revenu qu'elles génèrent.

Je vais maintenant passer au transparent de la page 4. Il s'agit d'une modélisation effectuée à partir du modèle canadien de circulation générale de l'atmosphère. Elle s'appuie sur un dédoublement de la production de dioxyde de carbone d'ici 2050. Il s'agit simplement de l'un des nombreux modèles que nous pourrions utiliser, mais la communauté scientifique le considère comme crédible et précieux pour le Canada.

Une conjugaison de facteurs contribue aux degrés-jours de croissance réelle. On fait ici référence à la durée de la saison, ce qu'on appelle les «degrés-jours», soit une température supérieure à cinq degrés, la durée du jour et divers autres facteurs. On obtient ainsi une idée de l'importance du changement. Nous avons choisi l'exemple de la région de l'Atlantique pour illustrer le changement possible au Canada entre aujourd'hui et un horizon de 50 à 70 ans. Dans les Maritimes, en particulier le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse, vous constaterez une augmentation considérable du nombre de jours de croissance effectifs ou utiles. Il s'ensuit que la région pourra introduire des cultures aujourd'hui inexistantes. Dans cette région, par exemple, le maïs et le soja ne poussent ni assez bien ni de façon assez régulière pour être cultivés de façon intensive. Selon ce modèle, de telles cultures pourraient être implantées. Vous constaterez que la situation n'est pas aussi attrayante pour des secteurs du Labrador.

Le transparent suivant vous donne un aperçu de ce qui, selon le modèle, attend la région des Prairies de l'Ouest canadien. Le graphique qui occupe la portion supérieure illustre la situation d'aujourd'hui. Les zones en vert foncé et en vert pâle correspondent aux secteurs de production caractéristiques de l'Ouest canadien d'aujourd'hui. Le graphique inférieur fait état d'une augmentation marquée du potentiel de croissance de la région dans le sud. C'est un peu comme si on se déplaçait d'environ 1 000 milles vers le sud. À cet égard, les nouvelles ne sont pas toutes bonnes.

Le transparent suivant donne une idée de ce qui pourrait arriver du point de vue des ressources hydriques. On fait ici référence au déficit hydrique, soit les précipitations moins l'évaporation. Un résultat négatif indique que l'évaporation est nettement supérieure aux précipitations, ce qui peut entraîner des problèmes.

La région représentée en jaune et en beige pour la période de 1961 à 1990 représente le triangle de Palliser classique. Je viens tout juste de demander à mon collègue, M. Lindwall, qui est originaire de Swift Current, l'état du déficit hydrique actuel à Swift Current. Il s'établit aujourd'hui à environ 375 millimètres. Il s'agit d'une région qui produit bon an mal an une récolte relativement importante. Même s'il s'agit d'un déficit énorme — en fait, un tel déficit hydrique fait peur — il survient au bon moment de la saison, ce qui est une bonne chose.

À l'examen du tableau qui occupe la portion inférieure du transparent, on constate cependant que des territoires importants s'approchent de la barre des 500 millimètres. Malgré une augmentation du nombre de degrés-jours propices à la culture, nous avons sous les yeux une assez bonne indication du fait que nous ferons vraisemblablement face à un grave déficit hydrique.

Certaines personnes sont d'avis que le changement climatique, qui a en réalité pour effet de repousser vers le nord les régions qui se prêtent à l'agriculture, ne constitue pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour le Canada. Cependant, le tableau de la page 7 rend compte des zones climatiques. Il ne s'agit pas de conditions de sol et de croissance réelles. En fait, on illustre plutôt une zone climatique éventuelle. On pourrait en venir à la conclusion que le tableau de la portion inférieure a de quoi réjouir, en raison de la présence de nombreuses zones en blanc, qu'on considère comme propices aux cultures sans restrictions liées au climat. Malheureusement, le sol qu'on trouve dans ces zones est mince, peu fertile et mal structuré. Il ne se prête pas à l'agriculture. Dans cette région, les arbres tendent à être moins vigoureux. Même si la température et les ressources hydriques sont favorables, le sol de ces secteurs ne se prête pas à de bonnes récoltes. La région de la rivière de la Paix dans le centre-nord de l'Alberta est la seule exception. Selon le modèle, la production pourrait y être accrue.

Dans le tableau 8, nous utilisons une fois de plus des chiffres complexes. Un indice de gravité de la sécheresse n'est jamais qu'un indice. On doit le mettre en relation avec un certain nombre d'autres facteurs. Dans le graphique, on constate un certain nombre de variations très extrêmes ces derniers temps. À partir de la ligne du milieu, qui correspond à moins un, on a affaire à une sécheresse modérée. Au fil des ans, comme vous le constaterez, nous avons eu affaire à une série considérable de sécheresses. En réalité, au cours des 200 dernières années, la situation est demeurée raisonnablement stable, mais on constate que les événements extraordinaires ne sont pas si rares. Selon de nombreuses projections, leur nombre augmentera à l'avenir.

Je vais maintenant dire un mot de certains facteurs atténuants. Pour une bonne part du Canada, des ressources hydriques, des réserves en eau et une gestion de l'eau adéquates revêtent une importance absolument critique. Bon nombre d'activités scientifiques en cours aujourd'hui visent ces facteurs. Dans certaines régions du Canada, comme je viens tout juste de l'indiquer, les sécheresses ne sont pas rares. Nous nous employons donc à élaborer, par exemple, des pratiques d'irrigation efficaces. À titre d'exemple, mentionnons de petits tubes qui laissent tomber de l'eau à la base d'une plante, une goutte à la fois, utilisés dans la vallée de l'Okanagan. On peut faire pousser de la vigne et des arbres fruitiers avec une quantité d'eau minimale. Bien qu'efficace, la technologie ne donnerait pas de bons résultats dans un champ céréalier.

Au fil des ans, en particulier dans les régions sèches de l'Ouest canadien, les producteurs ont massivement adopté des pratiques minimales de préparation du sol. L'idée des rotations, soit laisser des terres en jachère tous les deux ou trois ans, a presque disparu. Pour diverses raisons logiques, par exemple conserver l'eau, éviter l'érosion du sol et passer moins souvent sur les terres, puisqu'on ne les cultive pas, les agriculteurs ont opté pour la culture sans labours. Un certain nombre de mesures ont été prises, et nous espérons que la technologie produira un certain nombre d'autres méthodes susceptibles d'améliorer la situation.

Le transparent 10 fait état de certains des risques auxquels font face les producteurs et de solutions qui pourraient permettre de les réduire ou de les atténuer. Au nombre des risques, mentionnons le réchauffement, l'accentuation des variations climatiques, la disponibilité réduite de l'eau, la dégradation du sol et l'un des aspects auxquels nous n'avons pas suffisamment porté attention, c'est-à-dire qu'un climat potentiellement plus chaud entraînera l'apparition de ravageurs, d'agents pathogènes, de mauvaises herbes et d'espèces envahissantes auxquels nous n'avons pas encore été confrontés au Canada.

Nous pouvons citer l'exemple des fausses-teignes des crucifères, qui remontent parfois du sud des États-Unis et du Mexique, charriées par les vents. Il s'agit d'un grave parasite pour le canola. Les pertes correspondant aux récoltes et aux insecticides peuvent se chiffrer entre 50 et 100 millions de dollars. L'espèce ne passe pas l'hiver au Canada, parce qu'il fait trop froid dans les Prairies, mais un changement climatique important pourrait se traduire par l'enracinement de certaines de ces espèces.

Qu'allons-nous faire? Dans le cadre stratégique pour l'agriculture auquel travaillent les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, on propose de nouveaux programmes de gestion des risques qui contribueraient à atténuer certains de ces extrêmes. Au ministère et dans les provinces, nous nous sommes employés à accroître l'efficience des pratiques d'irrigation pour utiliser efficacement les ressources en eau dont nous disposons. Nous allons également nous attaquer au complexe problème de l'allocation des ressources en eau.

Depuis la formation du ministère de l'Agriculture, la recherche, de façon générale, s'est concentrée sur les stress dans l'Ouest canadien et dans certaines régions plus nordiques. On ne doit pas non plus perdre de vue la question des nouvelles récoltes. Dans l'Ouest canadien, on observe aujourd'hui des cultures inexistantes il y a 20 ans. À titre d'exemple, les pois chiches, qui affectionnent les régions arides, servent aujourd'hui de cultures d'assolement dans des régions de la Saskatchewan. Depuis des années, on tient compte de la résistance à la sécheresse dans le domaine de la production de blé et de céréales. Voilà pourquoi nous avons des centres de recherche dans des lieux secs comme Swift Current. Les phytogénéticiens font face à de fortes pressions à leur travail, et ils se sont tirés d'affaire avec brio. Nous allons devoir mettre au point de nouvelles méthodes de contrôle antiparasitaire et de nouvelles méthodes de surveillance pour détecter les espèces envahissantes dès leur arrivée afin de les contrer rapidement. On doit également modifier la gestion des ressources au sens large.

Sur le transparent suivant, on voit des photographies qui illustrent les mesures prises par les agriculteurs, et nous allons poursuivre dans cette voie. Sur cette photo, on voit un semoir pneumatique, ce qui, il y a 15 ans, aurait constitué un événement rare dans l'Ouest canadien. Aujourd'hui, il s'agit de la méthode de semis habituelle, qui a l'avantage de ne presque pas perturber le sol. La photo du coin inférieur droit, où tout est vert et joli, donne une idée de la diversité des cultures qui existent aujourd'hui. Si je me rappelle bien mes notions de biologie, on a ici affaire à une culture horticole, phénomène inusité dans les Prairies. Imaginons qu'il s'agit d'une récolte de légumineuses.

J'ai fait brièvement allusion au cadre stratégique pour l'agriculture, c'est-à-dire la nouvelle plate-forme que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux utilisent pour aller de l'avant. Ce qu'il faut retenir à ce sujet, c'est qu'il existe un certain nombre d'éléments absolument essentiels, mais, plus encore, le fait qu'ils sont liés entre eux. Aucune de ces activités ne peut fonctionner en vase clos. Il en était peut-être ainsi par le passé, mais on ne pourra progresser que si la situation change.

Je vais passer rapidement en revue les principaux éléments. Dans le domaine de la recherche, l'innovation scientifique est notre chouchou. Nous allons devoir faire davantage au chapitre de la modélisation, améliorer et multiplier les activités de surveillance pour détecter les changements biologiques et intervenir. Depuis des années, nous travaillons à des méthodes de production viables; nous allons devoir les généraliser. Les cultures devront être plus résistantes. Même si, outre le réchauffement et les sécheresses, le changement climatique donne lieu à des événements extrêmes, on ne peut se contenter de produire des cultures entièrement résistantes à la sécheresse; les bonnes années — c'est-à-dire celles où les pluies sont abondantes —, on ne pourrait, en effet, profiter des rendements additionnels. Par conséquent, la résistance des cultures aux variations est critique, au même titre que les nouvelles pratiques d'utilisation efficiente de l'eau. On devra modifier les modèles de risque économiques en prévision de divers événements. Des régimes d'assurance-production améliorés, qui aideront les producteurs à faire face aux événements extrêmes, seront l'un des nouveaux éléments du cadre stratégique agricole. On reconduira les programmes de stabilisation, de report d'impôt et d'autres programmes analogues.

La capacité de se renouveler fait partie de l'adaptation aux changements. Nous allons devoir déployer davantage d'efforts pour concevoir et transférer des technologies pour faire face à des problèmes uniques. Nous espérons être en mesure de mettre au point, en collaboration avec d'autres ministères, de meilleurs systèmes d'aide à la décision qui permettront la planification et l'analyse des risques prospectives. Dans un tel cadre, les compétences et la formation revêtent de toute évidence une importance critique.

Nous sommes ici pour parler de l'environnement. Or, un certain nombre de programmes sont en place, et d'autres sont en voie d'expansion. Un peu plus tard, M. Adkins dira peut-être un mot de la sécurité de l'approvisionnement en eau. À l'heure actuelle, il existe d'autres programmes relatifs à l'eau, qu'on s'emploie à mettre en œuvre au niveau national.

Le Service national d'information sur la terre et les eaux réunira sous un même toit les connaissances relatives à l'hydrologie, aux sols et au climat pour permettre aux intéressés de prendre des décisions à long terme sur la planification et l'utilisation du territoire. De toute évidence, nous devons parfaire notre connaissance du climat et des événements climatiques. Nous devons être mieux en mesure qu'aujourd'hui de les prévoir.

Avec l'avènement de pratiques de gestion bénéfiques, nous nous efforçons d'adopter des pratiques qui ont fait leurs preuves à divers endroits et de les introduire dans des régions du Canada où des changements s'imposent, au lieu de tout miser sur les «meilleures» pratiques. Dans le cadre stratégique agricole, on fait également la promotion des plans environnementaux en agriculture. Les agriculteurs doivent comprendre les risques comme la salinité de leur sol et les pratiques culturales pour tenir un registre des pesticides utilisés. Ces méthodes permettent non seulement de gérer l'environnement de façon durable, mais aussi de produire de façon sécuritaire.

Par ailleurs, on introduit des programmes de couverture verte pour soustraire des terres marginales à la production, stabiliser le sol et contribuer à la séquestration du carbone.

Nous devons savoir les progrès que nous réalisons — sur le plan international et national — grâce aux programmes dont nous disposons. Les indicateurs agroenvironnementaux sont des zones témoins où le changement est reproduit, qu'il s'agisse de matière organique ou de certains organismes biologiques présents dans le sol qui réagissent au changement. On met de tels indicateurs en place; dans certains cas, ceux qui existent déjà sont élargis. Ailleurs, ils existent depuis un certain temps. Nous pouvons mesurer les changements que le Canada apporte du point de vue de l'atténuation et de l'adaptation.

Il s'agit d'un effort à long terme. Nous allons devoir parfaire nos connaissances et continuer de le faire. Nous allons devoir collaborer avec des partenaires de divers domaines, industriels tout autant que gouvernementaux. Pour aller de l'avant, nous devrons miser sur de nouveaux programmes et de nouveaux rajustements.

Malgré les événements majeurs susceptibles de se produire, nous pensons, monsieur le président, que, grâce aux sciences, à la technologie, à la coopération et au partenariat d'un certain nombre d'intervenants, nous réussirons à nous adapter aux changements, dont les effets seront atténués.

Le président: Merci beaucoup de cet excellent exposé. L'un des aspects de vos propos qui m'a intéressé concerne la notion d'adaptation. Or, la page 13 de votre mémoire porte le titre: «Comment Agriculture et Agroalimentaire Canada aide-t-il le secteur à s'adapter au réchauffement planétaire et à la variabilité climatique?» Pendant votre exposé, vous avez affirmé que nous avons notamment pour tâche de mettre au point des cultures plus résistantes. Vous avez dit que les cultures doivent mieux résister aux fluctuations des récoltes et que cette question revêt une importance critique. Vous semblez laisser entendre que les semences génétiquement modifiées pourraient permettre la production de récoltes résistantes. Le Japon et l'Europe, nous le savons, sont réticents à l'idée d'accepter les produits génétiquement modifiés. Ma question est donc la suivante: lorsque vous dites que nous devons opter pour des cultures plus résistantes, faites-vous référence à des cultures issues de semences génétiquement modifiées?

M. Dorrell: Non. J'ai reçu la formation en phytogénétique classique, et je fais tout à fait confiance aux phytogénéticiens pour apporter des modifications à l'aide de méthodes traditionnelles. Cependant, vous soulevez un point important dans la mesure où certaines plantes, par exemple, possèdent en surface des structures et des tissus intéressants au titre de la préservation de l'eau. Avec un peu d'imagination, on pourrait imaginer le transfert de ces caractéristiques à une récolte céréalière, mais nous sommes encore à des années de tels développements, et je prends acte de vos commentaires au sujet du marché.

Le président: Nous vivons avec le changement climatique depuis des années, et nos agriculteurs canadiens ont fait preuve de résistance. Au fil des décennies, ils se sont adaptés au changement climatique grâce à une meilleure génétique, une meilleure gestion agricole, à de nouvelles technologies et à l'innovation dans le domaine des produits.

La contrepartie négative, cependant, c'est que les véritables défis, qui s'expliquent par des saisons de croissance prolongées, plus de parasites, des événements climatiques extrêmes et ainsi de suite, auront une incidence sur la situation économique des agriculteurs. Les modèles sont l'une des méthodes utilisées pour étudier cette question. Que pensez-vous des modèles utilisés pour vérifier les effets économiques du changement climatique sur l'agriculture canadienne? Faites-vous confiance à ces modèles? Où le Canada se situe-t-il par rapport à d'autres pays en ce qui a trait aux modèles en question?

M. Dorrell: Je ne suis pas modélisateur, et les modèles ne sont jamais que des modèles. Il n'y a donc pas de vérité absolue. Peut-être pourrais-je inviter un de mes collègues à répondre.

Mme Michele Brenning, directrice, Bureau de l'environnement, Agriculture et Agroalimentaire Canada: Comme vous le savez, le plan sur le changement climatique qui a été publié s'appuie sur certains modèles. Aux fins des modèles, on s'est intéressé au secteur agricole de façon très générale. Il y a quelques années, nous nous sommes adonnés à la modélisation de façon plutôt intensive, dans le cadre de ce qu'on a appelé le «processus sur les changements climatiques». À cette occasion, nous avons discuté avec des intervenants pour tenter de comprendre le genre de décisions qui devaient être prises au stade de la modification des politiques. Nous poursuivons présentement les travaux de modélisation. Nous n'avons pas encore terminé, mais nous espérons disposer de modèles plus précis qui s'inspireront des travaux publiés plus tôt ce mois-ci.

Le sénateur Wiebe: Je tiens à vous remercier tous les quatre pour ce que je considère comme un exposé remarquable. Je l'ai trouvé passionnant. Je ne devrais pas le dire, mais je crois que c'est le meilleur exposé auquel nous ayons eu droit depuis le début de notre étude.

Ma première question, qui porte sur la mise au point de nouvelles plantes, fait probablement suite à la première question du président. Cette activité est à mes yeux essentielle pour l'agriculture de demain, en particulier dans le contexte du changement climatique. Nous avons toujours vécu avec le changement climatique, mais je crois que le comportement adopté par les humains au cours des dernières années a fait en sorte que le changement climatique s'est accéléré. Voilà pourquoi, dans l'intérim, votre tâche et la nôtre seront encore plus importantes — créer les outils nécessaires pour l'agriculture et l'adaptation.

La création de nouvelles plantes sera l'un des secteurs les plus prometteurs. Vous avez fait allusion aux pois chiches. Dans ce cas précis, nous pouvons emprunter à l'expérience d'autrui, mais nous allons aussi devoir effectuer des recherches et des travaux colossaux en relation avec la mise au point de nouvelles plantes adaptées aux régions concernées.

Peut-être vaudrait-il mieux faire part de cette préoccupation au ministre. Premièrement, nous, du gouvernement, allons devoir affecter à la recherche les sommes nécessaires à ces activités de développement. Si nous en laissons le soin au secteur privé, la situation n'évoluera pas aussi rapidement que nous le souhaiterions parce que les entreprises tiennent à obtenir un rendement rapide sur leur investissement. Deuxièmement, en ce qui concerne la mise au point de nouvelles plantes, j'aimerais avoir l'assurance que les brevets applicables appartiendront aux agriculteurs du pays et que, pour profiter des avantages, ils n'auront pas à débourser des sommes colossales pour faire l'acquisition de plantes et de semences. La seule façon d'en avoir l'assurance consiste bien entendu à laisser au gouvernement lui-même le soin d'effectuer les travaux de R-D relatifs à ces nouveaux produits.

Dans le domaine de l'agriculture, cela n'a rien de nouveau. En effet, la Station de recherches de Swift Current, située à environ un demi-mille de là où j'habite, a déjà mis au point bon nombre de ces plantes. Une bonne part des travaux de recherche qui ont gardé l'agriculture en vie ont été effectués par les centres de recherche qu'exploite Agriculture Canada partout au pays. Ce n'est pas une question. En fait, il s'agit plutôt d'un petit message à l'intention de certains agriculteurs qui ont sans doute certaines inquiétudes.

Le changement climatique ne portera pas préjudice à toutes les régions du Canada, comme vous l'avez bien expliqué, en particulier dans les transparents de 3 à 7. Dans certaines régions, le changement climatique aura même des avantages. Le transparent 7 montre que les ressources hydriques se concentreront au centre de ma province plutôt que dans le sud. Les ressources hydriques seront suffisantes. Le problème, naturellement, c'est le sol dans lequel les plantes s'enracinent. À ce propos, il faudra peut-être mêler des substances nutritives au sol pour profiter des avantages. Le sol de la région méridionale a la propriété de retenir l'humidité. Lorsque la chaleur est excessive, même cela ne suffit pas. À la suite du changement climatique, le véritable problème auquel nous serons confrontés tiendra-t-il surtout à la quantité ou à la qualité d'aliments que nous produirons?

M. Dorrell: Vous posez une question provocante. Je vais fournir une réponse en deux volets, après quoi j'inviterai mes collègues à vous faire part de leurs commentaires.

Je suis tout à fait d'accord pour dire que nous devons nous engager à long terme, comme vous l'avez déclaré dans vos propos liminaires. Vivant près du centre de recherche en question, vous savez pertinemment bien qu'il faut de huit à dix ans pour mettre au point une nouvelle variété. En cas d'introduction de quelque chose de radicalement nouveau, il faut encore plus de temps: en fait, on doit arrêter les pratiques agronomiques et travailler sur la lutte antiparasitaire. On ne peut, dans les régions arides du monde, se contenter de ficher une espèce en terre. Vous avez parfaitement raison: cela ne fonctionne pas toujours.

En ce qui concerne la question de la qualité par rapport à la quantité, ma réaction est que les agriculteurs font preuve d'esprit d'entreprise, d'invention et d'innovation. Ils tiennent à bien faire les choses; ils s'intéressent à la production à valeur ajoutée, et j'ai l'impression que nous pourrions être témoin du passage d'une culture axée sur les produits à une culture très spécialisée grâce à laquelle il sera probablement possible d'utiliser les ressources en eau sur des superficies plus petites sans pour autant sacrifier ses revenus. Il faudra pour ce faire miser sur une transformation radicale de l'agriculture de l'Ouest canadien.

Monsieur Lindwall, souhaiteriez-vous répondre?

M. Wayne Lindwall, chef du programme national, Santé de l'environnement, Agriculture et Agroalimentaire Canada: Je vous remercie. Vous avez tout à fait raison de dire que les sols, non seulement dans le nord et dans le centre de la Saskatchewan, mais aussi dans d'autres secteurs des Prairies, ne se prêtent pas bien à l'agriculture. Si les précipitations et les températures sont parfaites, mais que le sol ne se montre pas propice, la production d'une récolte fait peser trop de pressions sur des intrants pourtant adéquats. J'ai eu l'occasion de travailler et de séjourner dans de nombreux pays en développement du monde de même que dans des pays qui ont eu le malheur de faire l'expérience de sols considérablement dégradés. Une bonne part de la production agricole se tourne vers la culture hydroponique parce qu'il est possible de faire pousser un plus large éventail de produits, à condition d'avoir accès à de l'eau pour l'irrigation et à des substances nutritives en abondance.

Au Canada, nous nous faisons une fierté d'avoir les plus faibles taux d'utilisation d'engrais et de produits chimiques pour la production d'aliments de tous les pays du monde, à l'exception peut-être de l'Australie. À l'examen des cultures sur pied dans les meilleures régions agricoles, vous prendrez la mesure des défis dont s'accompagne la production durable et constaterez que des sols de moins bonne qualité exigent plus de substances nutritives. Vous avez rappelé que c'est dans le sol que les plantes s'enracinent. En fait, nous tirons une telle fierté de la qualité de nos sols que nous avons tendance à considérer qu'ils grouillent de micro-organismes. Nous avons de la chance dans la mesure où le Canada est probablement le seul pays — ou l'un des seuls pays du monde — où le carbone dans les sols est à la hausse. Dans un pays où les niveaux de production sont aussi élevés qu'au Canada, l'augmentation des niveaux de carbone dans le sol constitue en soi un formidable indicateur de viabilité. Dans la plupart des pays du monde, où le carbone dans les sols agricoles diminue, la situation est toute différente.

On doit toujours tenir compte de cet équilibre. Si on est disposé à dépenser et à subventionner l'achat d'engrais et de produits chimiques, comme le font de nombreux pays pour nourrir leur population, on peut toujours exploiter les terres agricoles. Il est étonnant de constater tout ce qu'on peut faire pousser, mais est-ce viable? À long terme, les risques pour la qualité de l'eau et la sécurité alimentaire revêtent une importance capitale pour nous, qui sommes une nation exportatrice. Nous exportons au moins 70 p. 100 de notre production agricole. La qualité et la sécurité de nos produits alimentaires nous assurent une remarquable réputation internationale. Cette situation s'explique en partie par le fait que nous sommes le pays du monde qui utilise le moins d'engrais et de produits chimiques.

Nous devons peser le pour et le contre de ce qui est viable. Les indicateurs environnementaux auxquels M. Dorrell a fait référence peuvent aider à positionner les protéines produites par le Canada en relation avec l'utilisation d'engrais et de produits chimiques et la production de gaz à effet de serre. À maints égards, il s'agit d'une occasion en or pour le Canada, non seulement à cause de son climat, mais aussi de l'innovation dont ses agriculteurs font preuve et de la qualité des sols des Prairies.

Le sénateur Wiebe: J'aimerais poser une bonne douzaine de questions à propos de chacune des diapositives. Toutefois, j'aimerais bien, avec votre permission, revenir plus tard pour en poser une de plus. Je vous remercie.

Le sénateur Hubley: Je vais tenter de regrouper mes questions, qui portent toutes sur les diapositives, dans une seule, afin de toucher un certain nombre d'aspects.

Je vais m'intéresser à la question de la sécurité du système d'approvisionnement en eau, de façon à ce que ceux qui ont travaillé dans ce domaine puissent nous faire part de leurs idées. Le deuxième aspect concerne le transparent no 3, sous la rubrique «Transformation des aliments». Pour mettre les choses en contexte, je précise que nous, de l'Île-du- Prince-Édouard, sommes les principaux producteurs de pommes de terre. Il y a deux très importantes usines de transformation à l'Île-du-Prince-Édouard, qui ont besoin de beaucoup d'eau non seulement pour la production, mais aussi pour les méthodes de transformation utilisées.

Disposez-vous de recherches ou de modèles précis mettant l'accent sur ces grandes usines de transformation et de meilleures méthodes d'utilisation de l'eau? Vous avez fait mention de l'irrigation, mais êtes-vous à la recherche de méthodes précises pour assurer la viabilité à long terme dans le domaine de la transformation? Sur la côte Est, nous envisageons d'un œil favorable la prolongation de la période de croissance. En l'absence d'un approvisionnement en eau suffisant, l'avantage risque de ne pas être à la hauteur de nos attentes.

M. Dorrell: Je vais faire deux ou trois commentaires rapides, après quoi mes collègues voudront peut-être ajouter quelques mots.

La plupart des grandes usines de transformation mènent des études poussées pour assurer la sécurité de leur approvisionnement en eau. Qu'on ait affaire à des transformateurs de viande ou de frites, tous utilisent des quantités d'eau phénoménales.

Nous commençons à nous intéresser davantage à la question du recyclage de l'eau, histoire de nous assurer que la qualité de l'eau est en hausse. En effet, une bonne part du cadre stratégique agricole porte sur le mariage de l'environnement et de la sécurité alimentaire. À quoi bon avoir de l'eau qui ne soit ni pure ni propre? À quoi bon se contenter de rejeter de l'eau souillée dans le système pour que d'autres s'en servent? Par conséquent, nous allons consacrer davantage de ressources au recyclage et aux moyens de réduire la consommation d'eau par ces grandes usines puisque, pour elles, il s'agit d'une activité très coûteuse.

Je partage vos préoccupations à ce sujet. C'est une question à laquelle nous devons nous intéresser dès maintenant.

Monsieur Adkins, vous vouliez ajouter quelque chose?

M. Phil Adkins, gestionnaire intérimaire, Section de l'agroclimat des Prairies, Administration du rétablissement agricole des Prairies, Agriculture et Agroalimentaire Canada: Je n'ai pas grand-chose à ajouter, sinon — et l'exemple que je vais citer sera familier au sénateur Wiebe — que l'usine de transformation du poulet de la ville de Winyard, dans le centre de la Saskatchewan, est très consciente de ses besoins en eau. On pourrait tant faire du point de vue de la conservation et du recyclage de l'eau. Tôt ou tard, cependant, on arrive à un seuil au-delà duquel on doit utiliser une certaine quantité d'eau pour la transformation des aliments, ne serait-ce que du point de vue de la propreté et de la sécurité alimentaire. Par conséquent, nous sommes assurément confrontés à un défi. Dans ce cas, on a dû se tourner vers de nouvelles sources d'approvisionnement en eau et se mettre en quête de sources d'eau plus profondes, plus sûres, mais aussi plus coûteuses à exploiter et à traiter. Il est certain que les coûts entreront dans la balance de façon très concrète.

Le sénateur Fairbairn: À l'instar du sénateur Wiebe, j'ai la chance d'avoir dans ma cour un merveilleux centre de recherches à Lethbridge, en Alberta. Je suis au courant du genre de travaux qu'on y effectue. Je sais que toute la région, de concert avec l'université, cherche une solution au problème de l'approvisionnement en eau en raison non seulement des problèmes très graves que nous avons connus au cours des dernières années, mais aussi de ceux auxquels nous avons été confrontés au milieu des années 80. Puis, cette année, la pluie et la neige sont venues soudain, et nous avons été victimes d'inondations. On a là une illustration de formidables variations.

Le week-end dernier, j'ai passé beaucoup de temps accompagné de résidents de petites villes du sud-ouest de l'Alberta. J'y ai entendu des propos plutôt alarmants — j'ignore d'où ils viennent — selon lesquels, détail curieux, le sud-ouest aurait été, cette année, la seule région de la province à recevoir des précipitations conséquentes. Un de mes interlocuteurs a même fait référence à des recherches selon lesquelles, l'année prochaine, quelque chose comme 90 p. 100 des terres arables de l'Alberta ne pourront être cultivées au printemps prochain en raison de la situation que nous avons connue cet été. Nous qui sommes assis autour de la table savons que le changement climatique s'étire non pas sur des décennies, mais bien plutôt sur des millénaires. Cependant, nous sommes sans cesse témoins de phénomènes très bizarres, et notre communauté agricole subit de formidables pressions. Ce n'est pas normal. Le sud de l'Alberta a connu de graves sécheresses, les plus graves sécheresses dont nous avons été témoins de notre vivant.

Avez-vous des commentaires à faire sur l'idée selon laquelle le reste de la province pourrait avoir été touché au point où les terres ne pourraient être cultivées cette année?

M. Dorrell: Je sais d'où l'information est venue. Je vais demander à M. Adkins de réagir.

Nous avons affaire à une situation particulière puisque, comme vous le savez, j'ai travaillé à Lethbridge pendant un certain temps. Cette année, le sud a connu des précipitations inhabituelles. La région centrale, celle des terres noires, l'une des plus productives de l'Alberta, a pour sa part souffert de sécheresses sans précédent, au même titre que la région de la rivière de la Paix.

Le sénateur Fairbairn: De la même façon, les pluies et les inondations ont frappé le sud de l'Alberta au moment où les agriculteurs tentaient de semer. Elles sont arrivées à un moment où on avait besoin de chaleur pour les pommes de terre, les betteraves à sucre et le maïs. Pas plus tard que le week-end dernier, on m'a dit que des tonnes de produits pourrissaient dans la terre au moment où nous nous parlons.

M. Dorrell: Lorsqu'il y a une moissonneuse-batteuse sur le terrain, c'est vrai que la dernière chose dont on a besoin, c'est de cinq ou six pouces de pluie. Vous avez raison.

M. Adkins: Sénateur Fairbairn, il est sûr que l'information que vous avez citée est exacte. Un article paru dans l'édition de samedi du Calgary Herald portait la manchette suivante: «Selon des rapports, 90 p. 100 des terres de l'Alberta sont trop asséchées pour être ensemencées». On faisait référence à un rapport publié par le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et du Développement rural de l'Alberta. On a mis en place une stratégie de gestion de sécheresse qui, nous l'espérons, sera un jour étendue au reste du pays, en particulier la Saskatchewan et le Manitoba. Dans le cadre de la stratégie provinciale de gestion des sécheresses, on mène des études sur l'humidité du sol. C'est la carte constituée à partir des études sur l'humidité du sol cet automne qui est à l'origine du chiffre avancé.

On a constaté un faible taux d'humidité dans un pourcentage très élevé de la région agricole de l'Alberta. En fait, on demeure confronté aux séquelles des sécheresses que cette région du pays a connues en 2000 et en 2001. Il est intéressant de remarquer que le sud de l'Alberta et de la Saskatchewan, en particulier, c'est-à-dire le triangle de Palliser qui fait habituellement les frais de sécheresses récurrentes, a cette année connu des précipitations nettement supérieures à la normale. La variabilité ou le changement climatique est certes l'une des explications que nous pouvons avancer. Dans cette région particulière, on a bénéficié d'une reprise post-sécheresse sans précédent.

Lorsque, en revanche, on étudie le nord de l'Alberta, jusqu'à dans la région d'Edmonton, le nord de Calgary et la région de Kindersly-Rosetown-North Battleford en Saskatchewan, où l'on n'a pas traditionnellement été victime de sécheresse, on constate la persistance du problème: là les précipitations n'ont pas été au rendez-vous. En l'absence de chutes de neige substantielles et de précipitations supérieures à la moyenne au printemps, la situation dans ces régions ne paraît pas particulièrement prometteuse pour la prochaine année. Une très grande partie des Prairies fera les frais d'un déficit hydrique.

Le sénateur Fairbairn: Tous simplement à cause de la nature du phénomène, ce ne sont pas des choses qu'on peut corriger rapidement en pleine saison de croissance. Si les conditions persistent, on n'y parviendra pas en une saison et probablement pas non plus dans plusieurs.

M. Adkins: Oui, particulièrement pour ce qui est des pâturages. En ce qui concerne les récoltes annuelles, des pluies substantielles et opportunes permettent parfois de se tirer d'une situation difficile liée au déficit hydrique. Cependant, il est certain qu'on note un effet cumulatif à long terme sur l'humidité du sol, ce qui a une incidence sur la croissance des pâturages.

Le sénateur Fairbairn: À la page 13, vous parlez des solutions à apporter sous la rubrique «Science et Innovation». La semaine dernière, je me suis rendue au Collège Olds pour parler d'un projet gouvernemental lié à la science et à l'innovation.

Je ne suis pas tombée sur le week-end idéal pour faire la manchette. En effet, un article troublant faisait état de la diminution massive du nombre de jeunes disposés à rester sur la terre, sans doute à cause de la perpétuation du stress qui pèse sur leur famille et des questions qu'ils se posent au sujet de leur avenir dans l'agriculture. C'est extrêmement inquiétant dans la mesure où on n'a pas uniquement affaire à un problème agricole. Comme vous l'avez indiqué dans un autre transparent, la question qui se pose est celle des collectivités rurales et de leur survie.

J'étais donc au Collège Olds, où le gouvernement du Canada investit dans un centre d'innovation. J'étais là pour parler du principal champ d'activité du centre en question, soit le développement de fibre naturelle. Je songeais à toutes les nouvelles dont nous avions discuté ici. On avait déjà lancé le programme — qui fait appel à la très haute technologie — dans le cadre duquel on utilise la laine de lamas, d'alpacas, de chèvres ou de moutons. En regardant les étudiants réunis, je me suis soudain fait réflexion que nous avions affaire à un projet porteur d'espoir. Premièrement, on analyse la terre et ce qu'elle est en mesure de soutenir, et les animaux en question diffèrent de ceux qui composent les grands troupeaux traditionnels. Deuxièmement, on a affaire à un bien de consommation mondial. Il y a un marché mondial attrayant pour la fibre naturelle. D'après ce que j'ai compris, on entreprend la production de fibre, et on utilise pour ce faire des installations présentes dans de petites collectivités, ce genre de choses. C'est probablement l'un des moments les plus chargés d'espoir que j'ai connus depuis longtemps.

Je me demande dans quelle mesure nos centres de recherche, nos collèges et le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire s'intéressent à ces questions. La seule chose qui m'ait frappé, c'est que pour de tels projets il faut parfois beaucoup de persuasion et d'encouragement pour convaincre des agriculteurs traditionnels, à qui le climat venait tout juste d'asséner une gifle, de recourir à la haute technologie dans un genre de marché fort prometteur.

M. Dorrell: Lorsque vous avez commencé, je m'attendais à un récit déprimant, mais vous avez terminé sur une note très positive.

Le sénateur Fairbairn: Oui, j'ai d'abord été déprimée, mais je suis ressortie de là le cœur léger — surtout après avoir été témoin des incroyables travaux scientifiques en cours et avoir côtoyé des étudiants convaincus de ne jamais s'être trouvés dans un meilleur endroit. Je me suis cependant demandé s'il ne s'agissait pas d'une initiative trop isolée ou si des entreprises de ce genre sont réellement populaires.

M. Dorrell: Je ne le pense pas. Je partage votre optimisme parce que d'aucuns sont à la recherche de solutions de rechange. De plus en plus de personnes évoquent la possibilité de trouver un créneau dans la chaîne de valeurs, et d'obtenir un rendement sur leur apport intellectuel plutôt que sur leur seul travail. Nous misons sur un groupe de personnes nettement plus scolarisées qui comprennent mieux les risques et la technologie. Le cadre stratégique agricole s'inspire dans une large mesure d'initiatives de ce genre. On s'efforce de contribuer à la gestion des risques dans la perspective d'un modèle d'assurance — de mettre au point un moyen plus prévisible de tenter d'aider les intéressés à faire preuve d'innovation.

C'est pourquoi le transparent montre l'interaction de nombreux éléments. Au bout du compte, nous espérons être en mesure de doter le Canada d'une marque. Pour ces productions — qu'il s'agisse de blés biologiques ou spécialisés ou des fibres naturelles dont vous avez parlé —, on n'utilise pas beaucoup de produits chimiques, comme M. Lindwall l'a indiqué. Notre pays n'utilise pas d'énormes quantités de produits chimiques: nous disposons donc d'un bon point de départ pour donner l'impression et confirmer que nous produisons de façon durable et responsable. Dans le contexte des efforts accrus déployés au titre de la sécurité alimentaire, le consommateur devrait avoir la certitude que les produits mis en marché sont non seulement de qualité, mais aussi sécuritaires.

Nous sommes témoins, me semble-t-il, d'une segmentation du marché, ce qui est une très bonne chose. De moins en moins d'étudiants s'inscrivent aux facultés des sciences de l'agriculture des universités de l'Ouest canadien, et c'est l'une de mes inquiétudes. Voilà pourquoi vous avez attiré mon attention en faisant allusion à l'âge des étudiants. Bon nombre de sujets dont il a été ici question ce soir exigent de l'innovation et une éducation plus poussée. Je pense que le volet du cadre stratégique agricole portant sur l'adaptation et l'ajustement pourrait contribuer au perfectionnement des compétences. Cependant, le fait que la population agricole vieillit plus rapidement que les autres conjugué à celui qu'un nombre insuffisant de jeunes s'inscrivent dans les universités pour adopter la technologie m'inquiète toutefois un peu.

Mme Brenning: Je vais simplement soulever une question qui va peut-être vous intéresser. Aux termes du volet du cadre stratégique agricole portant sur le renouvellement, nous avons notamment réuni les collèges communautaires. Une réunion se tient d'ailleurs aujourd'hui et demain. On profitera de l'occasion pour s'attaquer à ce problème. Les représentants se sont réunis il y a environ six mois; ils en sont à leur deuxième rencontre. Il est clair que la question est dans l'air du temps, et je sais que nous amorçons des discussions, dans le cadre du volet du cadre stratégique agricole axé sur le renouvellement, afin de déterminer les options qui s'offrent à nous.

Le sénateur Fairbairn: Je sais que le collège communautaire de Lethbridge a été très actif dans la conclusion de partenariats avec des stations de recherches agricoles et d'autres initiatives de ce genre. Lorsqu'on m'a interrogée sur les agriculteurs qui occupent le territoire, je me suis sentie mal à l'aise. C'est à l'heure actuelle une question très gênante. Pour les gens qui ont fait toute leur vie là-bas, la situation est difficile — dans certains cas, on vend les troupeaux et les chevaux. Dans ce contexte, il est difficile de leur remonter le moral ou même de les convaincre qu'il existe des solutions de rechange. Elles sont peut-être difficiles à saisir, mais elles n'en existent pas moins. Je crois savoir que ce collège en particulier a été victime d'une légère baisse de fréquentation il y a deux ou trois ans, mais j'ai posé la question, et on m'a répondu que le nombre d'inscriptions était à la hausse. Les étudiants ne viennent pas que du Canada; j'ai aussi rencontré des étudiants du Mexique. Ils sont tout simplement emballés par tout ce qui arrive, et c'est peut-être un signe encourageant.

Sinon, et je pense que le sénateur Wiebe sera d'accord puisque le phénomène avait été beaucoup plus marqué en Saskatchewan que partout ailleurs, nos petites villes éprouvent énormément de difficultés à entretenir leurs infrastructures et leurs réseaux d'approvisionnement en eau, là même où par le passé tout allait comme sur des roulettes.

Le président: J'aimerais, avant de revenir au sénateur Wiebe pour la deuxième ronde, poser deux questions d'éclaircissement au sujet de propos qui ont été tenus ici. Pendant qu'elle était ici, le sénateur Hubley a posé un certain nombre de questions au sujet de l'eau et s'interrogeait sur les mesures d'adaptation que les agriculteurs doivent envisager pour régler certains problèmes touchant l'eau à l'Île-du-Prince-Édouard. En réponse, monsieur Adkins, vous avez commencé à parler d'une usine de transformation du poulet en Saskatchewan et de son utilisation innovatrice de l'eau, mais vous ne nous avez pas dit ce que l'usine en question faisait pour s'adapter. J'aimerais clarifier cette question aux fins du compte rendu. Puis, monsieur Lindwall, en réponse à une question du sénateur Wiebe, vous avez souligné que le Canada avait ceci d'unique que le carbone dans le sol est à la hausse, sans nous préciser pourquoi. Pourriez-vous tous les deux nous fournir ces renseignements?

M. Adkins: En ce qui concerne la transformation du poulet, l'usine a étudié deux options pour réduire au minimum sa consommation d'eau: privilégier la conservation de l'eau dans toute la mesure du possible et, de concert avec la collectivité, envisager la mise au point d'un réseau d'approvisionnement en eau plus sûr. Dans ce cas, il s'est agi d'un substrat rocheux plus profond — une couche aquifère souterraine, moins sensible aux variations climatiques et météorologiques que ne le sont les eaux souterraines superficielles. Le problème, c'est que l'eau demeure enfouie sous terre pendant un long moment. Elle a donc le temps de dissoudre les minéraux des sols qui la contiennent. Il s'agit donc d'une source d'approvisionnement en eau dont l'exploitation est plus coûteuse, à cause de sa profondeur et des difficultés supplémentaires qu'entraîne le traitement nécessaire à l'élimination des minéraux. Cependant, c'est la seule autre possibilité d'adaptation dont on disposait. Nous allons observer le même phénomène dans d'autres régions du pays où les eaux souterraines ne sont pas pleinement utilisées. Avec le changement climatique, nous constaterons que des sources d'eau jusque là inexploitées seront mises en valeur à des coûts additionnels.

Le président: À vous entendre, j'ai l'impression qu'il s'agit non pas d'une solution axée sur l'adaptation, mais bien plutôt de coûts additionnels qui entraîneront une majoration des frais de mise en marché du produit.

À quelle profondeur se trouvent certains des puits dont vous parlez?

M. Adkins: À environ 200 mètres de profondeur, par opposition à de nombreux puits d'eau souterraine de la région, qui sont plus superficiels. La qualité de l'eau y est bonne, mais, en temps de sécheresse, ces sources sont moins fiables. La profondeur de ces puits est de 20 mètres environ.

Le président: L'exemple de l'usine de transformation que vous citez n'a rien d'une histoire de réussite. Au bout du compte, les coûts de production de l'usine ont augmenté à cause des coûts associés à l'eau.

M. Adkins: C'est exact, et nous allons devoir nous faire à l'idée que le coût de notre eau va vraisemblablement augmenter. Il est juste de généraliser et d'affirmer que les Canadiens, pour la plupart ne valorisent pas l'eau selon sa véritable valeur économique.

Le président: L'eau est un bien précieux, au même titre que l'or.

M. Adkins: Au fur et à mesure que nous serons contraints d'exploiter des sources d'eau de plus en plus coûteuses, nous allons devoir faire face à la réalité Nous allons devoir attacher un prix réaliste à nos ressources en eau.

Le président: J'espérais entendre que les usines de transformation du poulet de la Saskatchewan s'adaptaient en prenant des mesures précises pour conserver l'eau et contrôler leurs coûts. Malheureusement, vos réponses dénotent exactement le contraire.

Pourriez-vous nous dire un mot du carbone dans le sol puisque votre réponse, j'en suis certain, sera positive?

M. Lindwall: Je m'excuse de ne pas avoir donné suite. Si les niveaux de carbone sont à la hausse dans les sols canadiens, en particulier dans les Prairies, c'est parce que, au cours des 15 à 20 dernières années, on a assisté à une révolution des pratiques de gestion agricoles, qu'on pense à l'adoption des techniques d'un travail de conservation du sol, d'un travail réduit du sol et de cultures sans labours, auxquelles s'adonnent plus de 30 p. 100 des agriculteurs de la Saskatchewan.

Cultiver le sol, c'est un peu comme ouvrir la porte d'une chaudière sur des matières organiques. Plus on travaille le sol, plus le carbone et la matière organique dans le sol s'oxydent. Lorsqu'on réduit le nombre d'interventions, le sol demeure plus frais; la minéralisation et l'oxydation des matières organiques demeurent minimales. Ces mesures ont un effet tampon, du point de vue de la tension hydrique, de la capacité de rétention d'eau et de l'atténuation des effets des parasites.

L'augmentation du carbone dans le sol aura pour effet d'amoindrir une bonne partie des effets de l'activité humaine. Grâce à l'adoption de la rotation des cultures et à la réduction du travail du sol, on observe depuis quelques années une augmentation des niveaux de carbone dans le sol. Nous sommes probablement le seul pays que je connaisse où les niveaux de carbone dans le sol sont à la hausse. Il s'agit d'un bon indicateur de viabilité. Jusqu'ici, les scientifiques n'ont pas trouvé de meilleurs indicateurs de la viabilité que les niveaux de carbone dans le sol.

Lorsqu'on parcourt le monde, on voit des sols grossièrement dégradés où le carbone est minime, voire inexistant. Essentiellement, les sols sont du sable auquel on ajoute de l'eau et des substances nutritives. Nous savons que la présence d'humus dans le sol est nettement préférable pour la capacité de rétention de l'eau et la limitation des effets des sécheresses et des stress. Les agriculteurs ont, à cet égard, accompli un remarquable travail d'adaptation.

Je sais que le sénateur Wiebe a été témoin de formidables changements dans le sud-ouest de la Saskatchewan, qu'on pense à l'adoption des semis directs, du travail de conservation du sol, de la culture de graines oléagineuses comme le canola et les légumineuses dans la région. On a eu affaire à une véritable révolution dont le mérite revient à l'adoption de méthodes culturales de conservation du sol. Nous sommes fiers de ces résultats sur le plan international.

Pendant les négociations de Kyoto, nous avons eu l'occasion de faire la promotion de notre feuille de route. Au fil des ans, nous avons réussi à documenter nos progrès, grâce à la prévoyance de nos scientifiques, qui ont organisé des rotations des cultures à long terme à Lethbridge, Edmonton, Indianhead et Brandon. Nous avons ainsi été en mesure de prouver à l'aide de chiffres concrets que, au cours d'une période de plus de 80 ans, le carbone dans notre sol est à la hausse. C'est tout à l'honneur des agronomes pédologues qui ont introduit les rotations des cultures à long terme dans l'ensemble des Prairies. En plus d'assurer le maintien de la rotation des cultures, ils prélèvent tous les cinq ans des échantillons de sol ayant fait l'objet de rotations, ce qui nous permet de répéter les analyses et de faire la preuve de la qualité du travail effectuée par nos producteurs.

Le président: Voilà une réponse incroyablement stimulante. Le Canada vend-il une part de l'expertise qu'il a acquise dans le domaine des cultures sans labours? Enseigne-t-il aux agriculteurs d'autres pays à profiter des avantages du travail réduit du sol?

M. Lindwall: En ce qui concerne la vente de la technologie, il est certain que le processus de transfert de technologies s'effectue plutôt bien. Une bonne part du matériel utilisé pour le travail de conservation du sol a été conçue à cette fin dans les Prairies. Plus tôt, M. Dorrell nous a montré un transparent sur lequel figuraient les semoirs pneumatiques. Il y a de nombreux fabricants au pays, et le matériel est mis en marché en Australie et dans d'autres régions du monde. J'ai vu des machines canadiennes en Afrique, en Amérique du Sud et en Chine. Dans le domaine de la technologie, l'activité est constante. Nous avons un projet en cours en Mongolie intérieure, où on fait l'essai du travail de conservation du sol à l'aide de ces technologies, mais, bien entendu, à une échelle plus petite.

Le sénateur Wiebe: J'aimerais revenir sur certains des effets du réchauffement planétaire. Pour qu'il pleuve, il faut qu'il y ait une certaine évaporation: la chaleur n'est donc pas nécessairement un mal si absolu. La question peut paraître idiote, mais, si je la pose, c'est parce que je ne connais pas la réponse. En ce qui concerne notre planète, nous n'allons jamais manquer d'eau, à moins de la gaspiller bêtement. Est-ce une hypothèse fondée?

M. Dorrell: La masse absolument gigantesque que représentent les eaux océaniques qui circulent est tellement supérieure aux besoins de la terre que j'aurais tendance à vous donner raison. Cependant, mes collègues en savent beaucoup plus que moi à ce sujet.

Le sénateur Wiebe: Voilà pourquoi je dois poser la question. Je ne connais pas la réponse. La terre obéit à un cycle, et l'eau que nous consommons pour garder notre corps en état de fonctionner est tôt ou tard réintégrée dans le système. Le réchauffement planétaire risque d'avoir une incidence sur l'endroit où les ressources hydriques se déposeront. C'est de cela que nous devrions nous inquiéter le plus, et non de la pensée que nous risquons un jour de vivre sur une planète aride. Est-ce une hypothèse fondée?

M. Adkins: Oui, tout à fait. Il est certain que le cycle hydrologique nous apprend que l'eau sera toujours présente dans le système, mais la question est de savoir où, quand et comment. Où retournera-t-elle sur terre sous forme de précipitations? Comment retombera-t-elle sur terre sous forme de précipitations? Sur une période de cinq jours, sous la forme d'une pluie d'un million de dollars, comme nous le disons dans les Prairies, ou en l'espace de 15 minutes? Le changement climatique nous fait prendre conscience du fait que nous risquons de faire les frais d'un nombre beaucoup plus grand d'événements extrêmes. Selon les modèles, certaines régions seront plus arrosées. Le problème, cependant, c'est que les précipitations risquent de venir à un moment de l'année inopportun pour l'agriculture ou encore de prendre la forme d'événements catastrophiques plutôt que d'une pluie régulière.

Le sénateur Wiebe: Deviendra-t-il plus difficile de prévoir le temps qu'il fera? Si je pose la question, c'est parce que, à mes débuts dans l'agriculture, un vent du sud-est signifiait la venue d'une belle pluie dans les deux jours. Depuis 12 ans, il aurait beau venter du sud-est tout le temps, la pluie ne vient jamais. Il est donc difficile de prédire des phénomènes comme El Niño et d'établir ce que présagent les traces laissées dans le ciel par les avions à réaction. Une partie des précipitations que nous recevons vient des montagnes. Par conséquent, l'eau vient des océans, des montagnes et, bien entendu de l'évaporation locale, ce qui cause des orages et tout le reste.

Allons-nous être en mesure de prédire la température à laquelle les agriculteurs peuvent s'attendre pour les aider dans leurs exploitations?

M. Dorrell: Je vais faire un commentaire général, après quoi nous pourrons aller plus en détail. Honorables sénateurs, nous serions tous d'accord pour admettre que des progrès considérables ont été réalisés ces derniers temps. Je parie qu'il y a 20 ans la plupart d'entre nous n'avions jamais entendu parler d'El Niño. On a maintenant disséminé des bouées thermomètres dans tout le Pacifique pour suivre le phénomène en permanence et prévoir le cycle. Nous ne sommes pas encore passés par de nombreux cycles, alors nous apprenons.

Nous disposons d'un éventail sans précédent de satellites météorologiques partout dans le monde. Nous connaissons tous la nature locale de la température. Les blocs étranges qu'on observe aujourd'hui dans l'Ouest canadien — je me demande si on les appelle «méga-blocs» — mais il y a une zone de haute pression au-dessus de l'Alberta, laquelle provoque la création d'une zone colossale et massive de basse pression au-dessus de l'Ontario, et on observe le phénomène depuis quelques semaines. Le bloc en question devrait disparaître. Les scientifiques s'expliquent mal sa présence.

M. Lindwall: De toute évidence, la technologie a, au cours des dernières années, transformé radicalement notre capacité de colliger et d'analyser des données à l'aide de superordinateurs, d'instruments et de satellites améliorés. Nous avons été témoins de nombreux extrêmes — qui s'expliquent par le changement climatique, des taches solaires, de simples anomalies des schémas habituels ou les courants océaniques. En raison de la vaste quantité de données que nous recueillons et de l'impact connexe sur tous les secteurs de l'économie, on accorde une importance renouvelée à la capacité de prédire les effets potentiels non seulement du changement climatique, mais aussi de la température. À cause des préoccupations touchant les assurances, du coût de cette variabilité et de notre capacité de colliger des données, on manifeste un intérêt renouvelé non seulement pour la modélisation, mais aussi pour la capacité de valider les modèles à l'aide de chiffres concrets. Nous avons aujourd'hui la capacité de colliger un grand nombre de données pour valider les modèles. Par le passé, bon nombre de modèles ont été vilipendés pour avoir été validés à l'aide de chiffres concrets.

Si nous avons aujourd'hui la capacité d'éprouver ces modèles à l'aide de chiffres réels, c'est en raison de la variabilité que nous avons observée dans la température et le climat au cours des dernières années. Nous comptons parfaire notre compréhension des phénomènes afin d'être en mesure de faire des prédictions à plus court terme et de réagir plus efficacement pour atténuer l'impact des incroyables variations météorologiques dont j'ai été témoin de mon vivant.

Il est difficile de croire que ces modifications ont été de simples accidents ou encore des erreurs de la nature tant ils ont été spectaculaires. Je parle non seulement des sécheresses qui ont affligé les Prairies, mais aussi de celles qu'on a observées ailleurs au Canada et dans le reste du monde. Nous avons affaire à des phénomènes météorologiques extrêmes, y compris les inondations. On a observé des sécheresses dans les Maritimes et dans des régions différentes de l'Ontario et du Québec. La variabilité est tout simplement incroyable.

Je ne suis pas certain d'avoir répondu à la question. Cependant, nous avons la capacité de faire du meilleur travail. Les impacts économiques de cette variabilité et notre capacité de colliger et d'analyser l'information nous incitent à le faire.

Le sénateur Wiebe: Il s'agit d'une question accessoire. En d'autres termes, nous ne devrions pas nous fier autant à l'Almanach du peuple.

J'aimerais maintenant dire un mot de la lutte antiparasitaire. À cause du réchauffement de la région, vous avez dit que de nouveaux programmes de R-D s'imposaient. Cependant, ne s'est-on pas suffisamment intéressé aux problèmes que représentent les parasites venus d'autres pays, sans parler de la question de savoir où ils ont été auparavant et où ils risquent de se retrouver à l'avenir? Selon vos prévisions, le réchauffement planétaire se traduira-t-il par l'apparition de nouvelles souches de parasites ou de parasites dotés d'une résistance nouvelle?

M. Dorrell: Honorable sénateur, la réponse est que nous serons touchés par l'un et l'autre phénomène.

Le Canada accueille régulièrement de nouveaux parasites. Citons à titre d'exemple le dendroctone du pin en Colombie-Britannique et l'agrile du frêne dans le sud de l'Ontario. En Alberta, nous avons connu pour la première fois une infestation du charançon de la graine du chou qui s'attaque au canola. Il s'agit de phénomènes sans précédent. Si on connaît suffisamment bien leur cycle de vie, on peut lutter contre eux à l'aide de produits chimiques. Au pays, il faut un certain temps pour obtenir l'homologation des produits en question puisque le phénomène était jusque là inconnu.

Les entomologistes préfèrent lutter contre le problème par des moyens naturels — déterminer s'il existe des prédateurs naturels. Lorsqu'un insecte arrive de la sorte, il n'a normalement pas d'ennemis naturels. On doit alors se rendre dans les régions où le parasite est endémique et déterminer s'il est possible d'importer des parasites pour contrôler le phénomène de façon biologique. Cela exige du temps.

Normalement, nous n'avons pas d'expertise dans la lutte contre les nouveaux parasites. Cette situation représente un défi pour les scientifiques. Nous tentons de préserver une vaste capacité, qu'il s'agisse des agents pathogènes, de l'entomologie ou d'autres facteurs, de manière à pouvoir réunir un groupe de scientifiques et qui, en s'inspirant de leurs travaux en cours, seront en mesure de s'attaquer assez rapidement à l'espèce en question. Nous avons donc obtenu des résultats raisonnables. L'inquiétude, cependant, c'est que la prolifération des parasites imputables à la hausse des températures nous mettra face à un défi intéressant.

M. Lindwall a indiqué que nous pouvions désormais compter sur le pouvoir des ordinateurs. Nous avons maintenant la capacité d'établir les endroits du monde où tels ou tels parasites sont présents et de modéliser par où ils sont susceptibles d'entrer au Canada. Il y a six ou huit mois, j'ai assisté à une démonstration. On procédait à rebours, après l'occurrence du phénomène. Dans ce cas, il s'agissait du petit longicorne du thuya qui a fait son apparition dans le sud de l'Ontario. Il est venu de Chine à bord de navires de charge transportant des palettes de bois. On a effectué le modèle à rebours. Sachant que le parasite avait fait son apparition, les scientifiques ont tenté de déterminer son aire de distribution et de déterminer les frontières de cette dernière. À partir du climat et de l'aire de distribution, ils ont laissé au modèle le soin de déterminer où le parasite s'établirait en Amérique du Nord à supposer qu'il arrive un jour. Ce qu'il y a de beau, c'est qu'ils sont arrivés à quelques centaines de milles de l'endroit où l'épidémie s'était déclarée. Détail préoccupant, toutefois, on a trouvé de nombreuses autres régions où le parasite pourrait s'implanter.

Nous allons devoir commencer à prévoir les phénomènes qui risquent d'avoir une incidence sur nos récoltes économiques, qu'il s'agisse des arbres, du maïs ou d'autres choses.

Le président: Avec le changement climatique, il y aura cependant différentes régions du pays où de tels phénomènes pourront se produire. Par conséquent, le changement climatique aura pour effet de modifier tous ces modèles. Vous allez devoir procéder presque au hasard.

M. Dorrell: Les modèles sont relativement robustes. L'un des principaux problèmes tient au fait que nous ne savons pas toujours avec exactitude où étaient tous les autres insectes. Nous procédons maintenant à des échanges de bases de données colossales sur les secteurs où les insectes sont présents, que nous croisons avec la structure du commerce: en l'absence d'une forme ou d'une autre de véhicule, en effet, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. On consacre beaucoup de temps à l'étude des parasites autour des ports. Des progrès à ce chapitre seront utiles.

Le même raisonnement s'applique aux agents pathogènes. Pendant des années, nous avons avec diligence tenté de devancer le problème de la rouille du blé. Le cycle de la rouille débute dans le nord du Mexique et du sud des États- Unis et se déplace vers le nord. Si les vents sont favorables, elle monte assez rapidement; dans le cas contraire, elle reste bloquée. Ces souches commencent à muter aux États-Unis deux ou trois ans avant que nous ne les détections.

Les pathologistes, de concert avec leurs collègues des États-Unis, observent les changements qui se produisent là-bas et tentent de prévoir ce qui arrivera au Canada. Ils insèrent alors des gènes résistants, à l'aide non pas de la technologie des OGM, mais bien plutôt à l'aide de celle de la technologie classique. À une seule exception près au cours des 50 dernières années, peut-être, nous n'avons jamais connu une épidémie grave de rouille. On déploie des efforts massifs pour devancer l'organisme. Il y a eu une petite éclosion, mais nous étions au courant, et les phytogénéticiens ont été en mesure de modifier le profil de résistance de la récolte, ce qui a permis de prévenir une épidémie.

Le sénateur Wiebe: J'aimerais en revenir à la question de l'eau. Je ne sais pas si elle relève de votre ministère ou de l'ARAP. Vos projections jusqu'en 2040 laissent croire que la région centrale de l'Ouest canadien recevra des précipitations suffisantes. Si ma mémoire est bonne, le transparent indique que les précipitations se concentreront plus au nord.

La Saskatchewan, le nord de l'Alberta et le nord du Manitoba sont célèbres pour la surabondance de lacs qu'on y observe. Dans des lacs de la Saskatchewan, on pratique l'une des meilleures pêches au monde, même si la situation n'est pas aussi rose au Manitoba et en Alberta.

A-t-on jamais songé à la possibilité de faire descendre l'eau du nord vers les régions plus arides du sud afin de pouvoir l'utiliser en cas de périodes de sécheresse prolongées dans le sud ou même fait-on du travail à ce sujet? Les résultats des travaux effectués en ce sens au barrage Diefenbaker dans le triangle de Palliser sont on ne peut plus convaincants. L'eau sera toujours là; seulement, elle tombera ailleurs.

Le ministère de l'Agriculture a-t-il étudié la possibilité de faire descendre cette eau vers le sud? Je sais que les Américains se sont tournés vers nous pour obtenir de l'eau, mais c'était en Colombie-Britannique.

M. Dorrell: L'échange d'eau entre bassins et provinces est un sujet très intéressant, que je vais demander à M. Adkins d'aborder.

M. Adkins: Sénateur Wiebe, vous posez une excellente question. Dans les années 60 et 70, on a consacré d'abondants travaux à l'étude du transfert de l'eau des régions riches en eau du nord vers les régions pauvres en eau du sud. Une bonne part de ces travaux ont été effectués par les Américains, mais on s'est aussi intéressé à la question au Canada. On n'a pas réactualisé ces travaux, du moins pas à Agriculture et Agroalimentaire Canada, mais, comme M. Dorrell l'a indiqué, l'une des raisons qui font qu'on n'a pas retenu les projets avancés dans les années 60 et 70 est que la société est devenue beaucoup plus sensible à l'impact environnemental de projets comme le transfert de l'eau entre bassins, provinces et pays. Les besoins en eau n'étaient peut-être pas suffisants pour justifier la poursuite des travaux de recherche.

Je ne crois pas qu'il s'agisse de spéculations ni d'une question d'opinion. Je suis d'avis que la société doit revenir sur certaines de ses décisions passées et examiner toutes les options possibles pour l'acheminement de l'eau vers là où on en a besoin. Nous devons réétudier l'analyse coûts-avantages du transfert de l'eau, y compris tous les impacts environnementaux et la valeur de l'eau. Je pense que nous y viendrons, mais il est certain que nous n'en sommes pas là pour le moment.

Le président: Monsieur Dorrell, je m'intéresse à la notion d'adaptation. Je vous saurais gré de bien vouloir élaborer sur un commentaire que vous avez fait au passage. À propos des petits tuyaux utilisés pour l'irrigation, vous avez dit que la Colombie-Britannique et d'autres régions vinicoles adoptaient une nouvelle méthode d'arrosage de façon à pouvoir produire sans utiliser beaucoup d'eau. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet? Pourrait-on adopter ces méthodes à de nombreux autres types de culture? Jusqu'où avez-vous poussé vos recherches dans ce domaine?

M. Dorrell: À notre centre de Summerland, certains travaux portant sur des cultures fruitières — surtout les raisins, les pommes et les cerises — sont en cours. Les pays où l'eau est très rare font massivement appel à cette technologie. L'idée est simple. Il s'agit de libérer de façon contrôlée de petites quantités d'eau au niveau de la pelote racinaire plutôt que sur une grande surface. À Phœnix, les résidents arrosent de cette façon quelques arbres autour de leur maison.

Cependant, il ne s'agit pas que de limiter l'utilisation de l'eau de façon physique. Grâce à une bonne planification, on connaît les besoins en eau des plantes, qu'il s'agisse de vignes ou de pommiers. On peut installer des senseurs qui détectent les changements survenus dans la plante, qu'il s'agisse de la pression osmotique de la plante ou de la vitesse à laquelle la tige se dilate ou se contracte. De cette façon, on sait quand la plante a besoin d'eau. On peut aussi doser les applications d'engrais de façon à éviter que ces derniers atteignent le fond de la rhyzosphère. Le pire scénario consiste à appliquer en grandes quantités d'engrais qui se répandent dans les nappes d'eau souterraines. Sans la moindre valeur, une telle activité peut se révéler nuisible.

Tout le système est emballant, et c'est la plante qui est aux commandes. En donnant des signes de stress, elle indique à l'ordinateur qu'elle a besoin d'un peu d'eau. La technologie requise n'est pas si coûteuse. D'accord, la récolte doit être relativement précieuse, mais je pense que nous serons témoins de l'apparition de nombreux phénomènes de ce genre au fur et à mesure que les régions plus arides se tourneront vers des cultures de plus grande valeur.

Le président: Le système serait-il pratique dans les fermes de 5 000 acres qui caractérisent les Prairies?

M. Dorrell: Non. Il pourrait toutefois l'être dans une pépinière établie dans une région aride de la Saskatchewan où, par exemple, les maladies sont limitées, où le problème de la moisissure des neiges est absent et où on produit des thuyas rustiques. On pourrait exploiter une telle entreprise à l'aide de ressources hydriques très minimes, mais il faut que la valeur des cultures soit élevée. C'est la solution pour certains secteurs, mais pas pour beaucoup.

Le président: Poursuiviez-vous les recherches dans ce domaine?

M. Dorrell: Oui.

Le président: Les programmes et politiques du gouvernement comme les crédits d'impôt et les règlements en matière d'assurance influencent grandement les pratiques agricoles et peuvent s'avérer des outils puissants pour aider les agriculteurs à s'adapter au changement climatique. Quels sont les outils ou les mesures que les gouvernements peuvent mettre en œuvre pour favoriser l'adaptation du secteur agricole?

Mme Brenning: Je ne suis pas une spécialiste des divers outils de gestion du risque d'entreprise. Si vous le souhaitez, nous pourrons vous faire parvenir plus de renseignements. Cependant, je suis en mesure de vous citer certains exemples. Dans le train de mesures annoncées pour faire face à la sécheresse, on retrouve certaines mesures fiscales qui permettent aux agriculteurs de vendre des parties de leur troupeau sans avoir à essuyer de contrecoups majeurs au cours d'une année d'imposition donnée.

Le président: On diffère l'impôt à payer sur la vente?

Mme Brenning: Exactement.

L'autre volet de votre question concernait les régimes d'assurance. Dans le cadre stratégique agricole, nous nous affairons présentement au remaniement de tous nos programmes de gestion des risques d'entreprise. Nous étudions la possibilité de nous tourner vers une assurance davantage axée sur l'ensemble de l'exploitation. Traditionnellement, nous avions l'assurance-récolte, dont la portée était relativement limitée. Nous nous efforçons maintenant de couvrir tous les aspects de l'entreprise. Il s'agit bien entendu de s'adapter au changement climatique, mais aussi de faire en sorte que les entreprises soient plus solides et en mesure de faire face à des fluctuations plus prononcées que celles qu'elles rencontreraient au cours d'un cycle commercial normal.

Le président: Monsieur Dorrell, combien d'argent Agriculture et Agroalimentaire Canada consacre-t-il aux stratégies d'adaptation? Quelle somme affectez-vous chaque année à des stratégies ayant pour but d'aider les agriculteurs à s'adapter aux modifications qu'entraîne le changement climatique?

M. Dorrell: Je devrais avoir la réponse au bout des doigts, mais, malheureusement, ce n'est pas le cas. En fait, nous passerions probablement beaucoup de temps au préalable à débattre de la définition de l'adaptation.

Par rapport à d'autres pays, l'agriculture au Canada se déroule en terrain relativement hostile. Par conséquent, faire l'essai de variétés dans de nouvelles régions et tenter de tirer un meilleur rendement de celles qui existent déjà s'est révélé un véritable défi. Si le gel ne vous rattrape pas, ce sont les sauterelles qui le font.

Je dirais que le travail que nous effectuons dans le domaine du contrôle des insectes consiste à adapter les cultures à un environnement raisonnablement hostile. Je ne sais pas si ma définition très générale vous conviendra, mais le ministère dépense des sommes considérables dans ce domaine.

Quelqu'un peut-il apporter une réponse plus précise?

M. Lindwall: Comme M. Dorrell l'a dit, la question de savoir ce qu'est l'adaptation fait l'objet d'un débat continu. Nos programmes de phytogénétique relèvent de l'adaptation en raison du temps qu'il faut pour sélectionner une variété. Les sélections s'effectuent sur une longue période, de sorte qu'il y a toujours là un élément d'adaptation. Le budget de la Direction générale de la recherche se situe aux environs de 250 millions de dollars par année. Mme Brenning dispose de fonds interministériels associés à l'initiative Changements climatiques 2000, et des dizaines de millions de dollars sont réservés à l'adaptation, volet de notre Fonds d'action pour le changement climatique. Nous pourrions débattre longtemps du pourcentage que cela représente.

Je suis d'accord avec M. Dorrell pour dire qu'un pourcentage considérable de notre budget est destiné à l'adaptation. Fait-on expressément référence à l'adaptation dans le titre des études? Probablement pas. Si nous réussissons à définir l'adaptation et à nous entendre sur le fait que nos programmes d'agronomie et de phytogénétique comportent toujours un volet tourné vers l'adaptation, je pense qu'on constaterait que cette activité compte pour une partie très importante du budget. Cependant, je ne voudrais pas être obligé d'affirmer que la proportion est de 25 p. 100 ou de 30 p. 100, mais il s'agit d'un chiffre considérable. Dans les travaux que nous menons en collaboration avec Ressources naturelles Canada et Environnement Canada, il y a des budgets expressément destinés à l'atténuation et à l'adaptation, et nous ciblons des activités reliées à l'adaptation. Nous pourrons vous fournir les chiffres plus tard. Je ne les ai pas en main. Si vous le souhaitez, nous pourrons sans mal vous les faire parvenir d'ici environ une semaine.

Le président: Cela nous serait très utile.

Le sénateur Fairbairn: À la page 14 de votre mémoire, sous la rubrique «Gestion du risque d'entreprise», vous parlez de l'assurance-production, du nouveau Compte de stabilisation du revenu net, des programmes qui s'y rattachent, de l'investissement, de la stabilisation, de l'aide en cas de catastrophe, de l'investissement et du report de l'impôt. À propos des nouveaux programmes attachés au CSRN, faites-vous référence aux programmes les plus récents qui ont accompagné les efforts déployés au cours des deux ou trois dernières années ou de nouvelles conceptions, de nouvelles idées?

M. Dorrell: Je pense que nous avons véritablement affaire à un CSRN remanié.

Le sénateur Fairbairn: Un remaniement complet du CSRN tel qu'il existe aujourd'hui?

M. Dorrell: Oui. On ne peut pas parler d'un remaniement total, mais quelques éléments différents sont touchés.

Le sénateur Fairbairn: Au profit des personnes qui nous regardent, pourriez-vous nous décrire le CSRN?

Mme Brenning: Dans le site Web d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, on trouve un document de consultation sur les nouveaux programmes de gestion du risque d'entreprise. Si vous le souhaitez, nous pourrons vous le faire parvenir. Vous y trouverez plus de détails sur ce que nous avons en tête.

Essentiellement, le CSRN est un programme d'épargne pour les agriculteurs. On constitue une cagnotte dans laquelle ils peuvent puiser lorsque leur revenu descend sous un seuil donné. De cette façon, ils arrivent tant bien que mal à faire face aux fluctuations de leurs revenus d'une année à l'autre.

Par le passé, le gouvernement, dans le cadre du programme, versait des fonds de contrepartie, et nous pouvions bonifier l'assurance lorsque l'agriculteur versait sa cotisation. Lorsqu'il retire des fonds, il obtient une partie de la bonification. Nous espérons que la mesure contribuera à doter les agriculteurs d'une certaine marge de manœuvre. Ils pourront utiliser cet argent pour investir dans leur exploitation, par exemple pour améliorer une structure donnée ou mettre de l'avant un projet qui contribuera à la poursuite de leurs activités.

Bien entendu, ces questions font aujourd'hui l'objet d'un débat, et un document de consultation a été publié. Je m'attends à ce que le document en question fasse l'objet de nombreux débats au cours des deux ou trois prochaines semaines.

Le sénateur Fairbairn: Je vous remercie. Monsieur Dorrell?

M. Dorrell: Je tenais simplement à mentionner que ce document est lui aussi accessible sur le Web. Il vient tout juste de paraître.

Le sénateur Wiebe: Ma question porte sur l'adaptation. De tout temps, l'agriculture et les agriculteurs se sont adaptés. Ils se sont adaptés aux changements économiques, aux changements du marché et ainsi de suite. L'une des difficultés auxquelles le comité est confronté consiste à trouver le moyen de recommander une adaptation encore plus poussée.

Si on se tourne vers le transparent 11, on lit sous la photo qui figure dans le coin supérieur droit, «Une adaptation constante». L'appareil représenté sur la photo coûte quelque chose comme 200 000 $. On a là affaire à une adaptation extrêmement coûteuse.

Lorsque les membres du comité se sont rendus en Europe le printemps dernier pour étudier la situation dans l'Union européenne et à Washington l'été dernier, nos interlocuteurs nous ont dit que les divers pays perdaient 3 p. 100 de leurs agriculteurs chaque année en dépit des subventions considérables allouées à l'agriculture. Ici, au Canada, le chiffre est exactement le même. Nous perdons 3 p. 100 de nos agriculteurs chaque année, et nous ne les remplaçons pas au même rythme par de jeunes agriculteurs.

Le problème s'explique-t-il en partie par le coût élevé de l'adaptation? Le cas échéant, comment y faire face?

M. Dorrell: De toute évidence, l'image rend compte d'une solution possible pour certains agriculteurs: grandir et réduire les coûts de la main-d'œuvre et ainsi de suite. Dans certaines circonstances, cela fonctionne très bien. Ce n'est toutefois pas une solution pour tous.

Pour quelques agriculteurs, la spécialisation est la réponse. Différentes options s'offrent à ceux qui vivent à proximité d'un grand centre urbain. Pendant des années, nous avons eu des fraiseraies offrant l'autocueillette aux résidents des centres urbains. Je pense que le sénateur Fairbairn a fait allusion à certains débouchés offerts aux personnes douées de l'esprit d'entreprise. Nous assistons peut-être à une segmentation des entrepreneurs qui consacreront des trésors d'imagination à la mise en valeur d'un certain marché spécialisé plus petit, mais de grande valeur.

Je n'ai aucune idée du nombre d'agriculteurs qui s'adapteront. Il ne faut pas non plus oublier qu'il ne s'agit pas forcément d'agriculteurs traditionnels. On a aussi affaire à des personnes qui optent pour l'agriculture spécialisée comme mode de vie ou comme source de revenu d'appoint. Peut-être que mes collègues ont-ils des choses à ajouter.

M. Lindwall: J'ajouterais que les économies d'échelle entrent en ligne de compte, et je suis toujours étonné de voir le nombre d'acres ou d'hectares qu'un seul agriculteur des Prairies parvient aujourd'hui à gérer avec ses tracteurs et son matériel. J'ai grandi sur une exploitation de blé du sud-est de l'Alberta. C'était une exploitation de 1 500 acres, ce qui représentait une taille respectable pour mon père, mon frère et ma sœur — même si ce n'était pas suffisant pour que nous restions tous à la ferme. Aujourd'hui, il y a dans le sud-ouest de la Saskatchewan des exploitations de 7 000 à 8 000 acres exploitées, dans certains cas, par un père et un fils. Il s'agit d'exploitations à très grande échelle, grâce à l'équipement, mais, fait plus important encore, d'entreprises complexes.

Il y a des demandes d'information et de technologie. Les agriculteurs sont branchés au Web pour avoir accès aux marchés internationaux. Ceux qui se tirent bien d'affaire sont toujours à l'affût d'avantages qui leur permettent de demeurer un pas en avant, peut-être grâce à l'accès à l'information la plus récente ou encore à la volonté de parier sur une nouvelle récolte pour être les premiers sur le marché. Par le passé, on a souvent été témoin du phénomène suivant: lorsque la majorité des producteurs optent pour une nouvelle récolte, le marché a été saturé, et les prix chutent. C'est l'agriculteur novateur qui résiste. Nous devons être conscient de la compétitivité naturelle, de l'innovation et des défis qui s'y rattachent.

Tous ne sont pas en mesure de courir de tels risques d'entreprise. Le défi est de taille, je ne crois pas que les subventions soient la réponse. Les agriculteurs canadiens sont en proie à des difficultés parce que nous devons soutenir la concurrence de pays qui continuent de dénouer les cordons de la bourse, par exemple nos voisins du Sud et l'Europe. Je ne suis pas convaincu que la situation va changer. Pour faciliter la prise des meilleures décisions d'entreprise, on devra manifester beaucoup d'intérêt pour l'information. La diminution du nombre d'agriculteurs et l'augmentation de la taille des exploitations s'inscrivent dans une tendance continue. Je n'entrevois pas de changement.

Le sénateur Wiebe: Le fait qu'on puisse affirmer que les Canadiens comptent sur un approvisionnement alimentaire constant ne constitue pas nécessairement le problème. La préoccupation vient plutôt du fait du nombre d'agriculteurs qui produiront ces aliments. Nous devons, me semble-t-il, poser certaines questions clés. Abordons-nous l'agriculture du point de vue commercial ou du point de vue social? D'une façon ou de l'autre, on a affaire à une activité coûteuse. Les membres du comité seront sous peu confrontés à ce dilemme.

Le président: Quelqu'un a fait référence à la couverture verte et à la conversion en couverture verte d'exploitations agricoles d'utilité douteuse. Il y a un certain nombre de mesures que les Canadiens peuvent prendre pour lutter contre le changement climatique et le réchauffement planétaire. Sur le plan scientifique, avez-vous un programme que vous souhaiteriez que l'on mette en œuvre pour créer une couverture verte sur certaines terres autrefois utilisées à des fins agricoles? Le cas échéant, quel effet la présence d'une couverture verte de plus en plus grande aura-t-elle sur les agriculteurs de demain et toute la notion d'adaptation?

M. Dorrell: La question de la couverture verte n'est pas propre aux Prairies. Une telle solution serait avantageuse pour quelques régions du pays. La couverture verte peut prendre quelques avenues différentes. L'une d'entre elles consiste à réensemencer les rives des cours d'eau — les sites riverains — là où vous souhaitez stabiliser le sol. Cette forme de couverture verte contribue à réduire les préjudices causés aux cours d'eau, à l'eau et à l'habitat des poissons.

Dans certaines régions du pays, on retrouve des régions où la salinité extrême exclut presque toute forme de cultures précieuses. Certaines espèces tolèrent des taux de salinité élevée, mais ce ne sont pas des plantes de grandes cultures. La couverture verte pourrait soustraire certaines terres à la production marginale. Il y a d'autres régions où on pourrait agir de la sorte. Nous n'avons pas parlé de la plantation d'arbres, mais il s'agit d'une autre forme de couverture verte. Recourir à la couverture verte, c'est simplement utiliser le territoire d'une façon différente.

Quelles sont les superficies qui pourraient être touchées? Je n'ai pas les chiffres. Je vais inviter mes collègues à spéculer sur l'importance du territoire national qui pourrait bénéficier d'un programme de cette nature.

Mme Brenning: C'est l'été dernier que le ministre Ralph Goodale a fait l'annonce du programme de reforestation. Il est expressément destiné aux producteurs agricoles et à ceux qui souhaitent convertir une partie de leurs terres ou avoir des secteurs riverains. Un volet prévoit aussi la plantation de brise-vent.

Nous avons certaines estimations des territoires visés, mais nous en sommes toujours au stade de la conception du programme, et nous tentons de nous faire une idée exacte ce que seront les paiements pour l'ensemencement.

On ciblera au moins un million d'hectares de terre. J'hésite à vous donner un chiffre exact puisque tout sera fonction de la conception finale du programme. Ce dernier ne sera pas mis en œuvre avant le 1er avril 2003. Nous aurons une meilleure idée au cours des deux ou trois prochains mois.

Le président: Le programme visera-t-il uniquement la Saskatchewan et l'Alberta?

Mme Brenning: Le programme sera conçu dans une perspective nationale. Les producteurs de tout le pays seront admissibles. D'autres partenaires songent à s'associer à nous. Certains districts de conservation observent avec attention ce que fait Agriculture Canada et étudient les modalités d'une éventuelle collaboration avec nous — non seulement un programme de reforestation, mais aussi un programme de plans environnementaux en agriculture dans le cadre duquel nous pourrons nous pencher sur certaines pratiques de gestion autour des bassins versants. Dans ce contexte, il arrive souvent qu'on plante des arbres le long des rives des cours d'eau.

Récemment, nous avons rencontré des représentants de l'Association forestière de l'Ontario, qui s'intéressent à ce que nous faisons dans le domaine des brise-vent. Ils envisagent à coup sûr un programme nettement plus ambitieux que celui que nous avons en place. Il existe de nombreux programmes aux objectifs légèrement différents visant des auditoires cibles légèrement différents. Dans le cadre stratégique agricole, nous étudions la possibilité de réunir le plus grand nombre de partenaires possibles pour obtenir des avantages optimaux. Nous allons étudier la possibilité de recourir à des outils comme les plans environnementaux en agriculture, en vertu desquels les agriculteurs sont en mesure de définir non seulement les mesures qu'ils peuvent prendre sur leur exploitation, mais aussi le genre de programmes additionnels qui s'offrent à eux pour contribuer à certains des programmes auxquels ils sont confrontés sur leur terre.

Le président: Des aspects de ce que vous avez dit me font penser à la doctrine de la multi-fonctionnalité que nous avons observée dans certaines régions de l'Europe — en particulier l'Irlande. Si vous avez des renseignements additionnels à ce sujet, auriez-vous l'obligeance de les faire parvenir à nos attachés de recherche ou à notre greffier? Merci.

Le sénateur Wiebe: C'est l'Administration du rétablissement agricole des Prairies (ARAP) qui se chargera du programme. Ai-je raison? La décision a-t-elle été prise?

Mme Brenning: Nous en sommes toujours au stade de la conception du programme. Il comporte quatre volets, et tout dépend de celui dont vous parlez. Il s'agit d'une option, mais nous ne sommes pas à la recherche d'une solution qui s'appliquerait partout au Canada. En fait, nous sommes plutôt à la recherche d'autres options puisque l'ARAP n'est pas présente partout au Canada. Nous avons eu de nombreuses discussions avec divers partenaires qui pourraient exécuter le programme en notre nom dans le centre et l'est du Canada.

Le sénateur Wiebe: Pendant notre tournée des Maritimes, le printemps dernier, bon nombre d'organisations agricoles ont dit espérer que l'ARAP englobe un jour les Maritimes en plus de l'Ouest canadien. J'ai pensé qu'il serait utile de vous en informer.

L'ARAP jouit d'une très bonne réputation, non seulement dans l'Ouest canadien, mais aussi dans l'ensemble du pays. Elle a fait de l'excellent travail.

Mme Brenning: Au sein du ministère, nous mettons en œuvre le cadre stratégique agricole en fonction de ce qu'on appelle le concept d'«équipes horizontales». Pour l'environnement, nous misons sur une équipe de 1 300 personnes englobant la politique des sciences et l'ARAP. L'un de nos objectifs consiste à utiliser les ressources des équipes pour l'exécution des programmes nationaux. En vertu de notre vision, nous avons l'intention d'élaborer des programmes nationaux pour être ensuite en mesure de déterminer les meilleures conditions possibles de collaboration avec nos partenaires et d'utiliser au mieux nos ressources afin de faire une réalité des programmes nationaux.

Le sénateur Fairbairn: Je suis arrivée avec quelques minutes de retard, et vous avez peut-être abordé cette question avant. À mon entrée, vous parliez des cartes et des programmes nationaux. Il a été question de l'Ouest, de l'Ontario et de l'Est.

Il y a une autre région du Canada dont il n'a pas vraiment été question, et c'est le Nord. À l'examen des cartes antérieures, on constate que le nord verdit. Du point de vue du ministère, envisage-t-on l'exploitation agricole de régions du Nord auxquelles on ne penserait même pas aujourd'hui comme une solution viable?

M. Dorrell: Parmi les initiatives prises par le Canada il y a un certain nombre d'années, sénateur, je pense à l'établissement de fermes expérimentales dans le Nord, comme au mille 1019 sur la route de l'Alaska, à Fort Simpson dans les territoires de l'Ouest, et Fort Vermillion sur la rivière de la Paix, c'est-à-dire, pour ce qui me concerne, au milieu de nulle part.

Oui, nous avons trouvé des sols fertiles. Nous n'en avons cependant pas trouvé beaucoup. Nous avons trouvé des zones propices à l'agriculture dans des vallées isolées, le long des rivières et je ne sais trop où. Les barrages ont entraîné l'inondation de certaines de ces rives.

Même si on pouvait faire pousser des fleurs fantastiques et de gros choux, la conclusion à laquelle on en est venu, c'est qu'il n'y avait pas de marché. Là-bas, on est loin de tout. Malheureusement, la population, un sol de bonne qualité et le climat ne vont pas de pair. La triste réalité, c'est que les terres fertiles n'étaient pas bien nombreuses.

À propos de Fort Vermillion, je me suis montré un peu sarcastique. Fait étonnant, il s'agit de l'un des sites que nous utilisons toujours. Il se situe à l'extrémité supérieure de la région de la rivière de la Paix. Il s'agit d'une région extraordinairement productive. Si le changement climatique se produit bel et bien ou que la température se modifie selon les modèles, on aura affaire, me semble-t-il, à une région productive. On dispose d'un sol d'une qualité raisonnable et d'une lumière formidable, ce qui crée les mêmes conditions qu'une longue saison de croissance. En fait, le lin que nous produisons à notre centre de Morden, situé presque à la frontière au sud du Manitoba, pousse extrêmement bien à Fort Vermillion. Il y a des possibilités, mais elles sont plutôt isolées.

Il y aurait peut-être des retombées. Si nous réévaluions certaines de ces régions, nous découvririons peut-être des poches de terrain propices à une production à petite échelle — la production en serre par exemple — capable d'approvisionner en aliments frais certaines collectivités du Nord. Les résidents du Yukon et des territoires espèrent depuis toujours que cela sera un jour possible, et leurs vœux seront peut-être un jour exaucés.

Le président: Monsieur Dorrell, au nom des sénateurs présents, je tiens à vous remercier d'un témoignage des plus intéressants. Vous nous avez fourni sans vous défiler des réponses qui nous seront d'une aide précieuse. Comme je l'ai dit au tout début, nous allons, à compter de jeudi, prendre un nouveau départ. Nous allons nous intéresser aux impacts au niveau régional et à l'adaptation au niveau local. Si nous avons besoin de vos lumières, je suppose que nos attachés de recherche pourront communiquer par téléphone avec les divers ministères pour donner suite à de nouveaux problèmes à propos desquels nous pourrions avoir besoin de vos orientations et de vos conseils constants.

La séance est levée.


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