Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 7 - Témoignages du 13 février 2003
OTTAWA, le jeudi 13 février 2003
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 8 h 38 pour étudier l'impact du changement climatique sur l'agriculture, les forêts et les collectivités rurales au Canada et les stratégies d'adaptation à l'étude axées sur l'industrie primaire, les méthodes, les outils technologiques, les écosystèmes et d'autres éléments s'y rapportant.
Le sénateur Jack Wiebe (vice-président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le vice-président: Honorables sénateurs, notre président est à Toronto, ce matin, où il assiste à une réunion importante. C'est donc moi qui présiderai la séance.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à la plus récente membre du Comité de l'agriculture. Le sénateur Ringuette-Maltais est notre toute nouvelle recrue du Nouveau-Brunswick. Nous sommes heureux de l'accueillir au comité. Son expérience législative sera pour nous un formidable atout.
Nous étudions l'impact du changement climatique sur l'agriculture, les forêts et les collectivités rurales du Canada. Nous examinons également les stratégies d'adaptation axées sur l'industrie primaire, les méthodes, les outils technologiques, les écosystèmes et d'autres éléments s'y rapportant.
Ce matin, deux groupes comparaîtront devant le comité. Le premier, que représente M. Cory Ollikka, président sortant du Syndicat national des cultivateurs, et Mme Janet Duncan nous viennent du Syndicat national des cultivateurs.
M. Cory Ollikka, président sortant, Syndicat national des cultivateurs: Honorables sénateurs, je suis un éleveur de bétail et un producteur de divers types de céréales dont les produits sont certifiés biologiques. Je viens du centre de l'Alberta. À mes côtés se trouve Mme Janet Duncan, qui est elle aussi éleveuse et productrice de divers types de céréales dont les produits sont certifiés biologiques. Elle est de l'Ontario. Nous sommes heureux d'être ici ce matin.
Au Canada et dans la société occidentale, nous avons créé le régime de production et de distribution alimentaires dont le rendement énergétique est le plus faible de l'histoire de l'humanité. Avec chaque année qui passe, nous augmentons notre consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre imputables à notre circuit alimentaire. Inefficient sur le plan de la consommation d'énergie et de nombreux autres secteurs de l'économie et de la société, ce circuit risque maintenant de déstabiliser les systèmes naturels sur lesquels s'appuie la production d'aliments. Il menace également de réduire de façon draconienne la quantité d'aliments auxquels auront accès les Canadiens et les habitants de la planète.
On ne saurait trop insister sur l'importance que revêt la prise de mesures rapides pour lutter contre le changement climatique. Votre comité est sensible à la différence entre l'atténuation et l'adaptation. Les membres du Syndicat national des cultivateurs hésitent à entamer avec le gouvernement et l'industrie des discussions portant uniquement sur l'adaptation. S'ils avaient l'impression que les mesures critiques d'atténuation étaient bien engagées, les agriculteurs manifesteraient beaucoup plus d'intérêt pour l'adaptation. Autrement dit, il est troublant de discuter de l'utilisation de la technologie de l'information pour adapter l'agriculture au changement climatique, tandis que, dans les pays industrialisés, on fait la queue pour acheter de gros véhicules loisirs-travail, et que nous continuons de démanteler des tronçons de chemin de fer, de remplacer le transport ferroviaire par des camions et des avions à réaction.
Il est impossible de dissocier l'adaptation de l'atténuation. Sans mesures d'atténuation énergiques, les efforts que nous déployons au chapitre de l'adaptation n'auront jamais de cesse et se révéleront probablement infructueux. Nous mettrons en joue une cible aux mouvements erratiques. L'absence de mesures d'atténuation efficaces sapera tous nos efforts au titre de l'adaptation.
Malgré ce préambule, le SNC formulera des recommandations sur l'adaptation au changement climatique, mais notre organisme prie instamment tous les ordres de gouvernement de déployer des efforts immédiats et surhumains pour ralentir et renverser le phénomène du changement climatique.
Mme Janet Duncan, agricultrice, Syndicat national des cultivateurs: L'agriculture canadienne peut beaucoup faire pour l'adaptation au changement climatique. Elle peut utiliser les eaux souterraines et superficielles de façon plus efficiente, ce qu'elle devrait faire de toute façon. Elle devrait modifier ses pratiques de manière à conserver l'eau de pluie et à optimiser la production dans les régions arides, projet que les agriculteurs canadiens vivant dans des régions arides mènent depuis plus de 100 ans. Nous pouvons utiliser la technologie et la politique gouvernementale pour maintenir la production malgré un climat plus variable et moins propice. Voici quelques mesures d'adaptation possibles proposées par le SNC dans le domaine agricole.
M. Ollikka: Les sols sont à l'origine de la vie sur terre. Malgré les percées technologiques, les humains dépendent fortement des processus biologiques qui ont lieu dans le sol. D'innombrables organismes vivent dans les sols en santé. Les pédologues admettent volontiers que nous ne comprenons qu'une petite fraction des organismes complexes qui vivent dans le sol et des processus qui s'y déroulent. Tout au long de l'histoire, les civilisations qui ont ignoré le sol ont périclité.
Dans de nombreuses régions du Canada, le changement climatique se traduira peut-être par des précipitations réduites et moins prévisibles. Lorsque les précipitations deviennent erratiques, la capacité du sol de retenir et d'entreposer l'eau entre les pluies devient plus importante. Les sécheresses prolongées, comme celle que connaît l'Ouest canadien, risque de s'autoperpétuer. Quand le sol devient moins productif à cause de la sécheresse, sa capacité de retenir l'humidité diminue, et on s'engage dans un cercle vicieux.
Les pratiques agricoles peuvent appauvrir le sol, la matière organique et l'humus. Les rotations inadéquates et un travail du sol trop poussé peuvent réduire la matière organique et la capacité du sol d'absorber et de retenir l'eau. Les sols en santé retiennent l'eau et peuvent soutenir des récoltes jusqu'à la précipitation suivante.
Prévenir l'érosion du sol est le plus important aspect de la gestion. L'érosion peut rapidement et radicalement détruire la productivité du sol. Il existe de nombreux moyens de conserver le sol et d'en gérer l'humidité.
L'agriculture biologique mise sur des rotations adéquates, l'enrichissement du sol et la constitution de substances nutritives et de matières organiques à partir des ressources de la ferme. Selon une étude réalisée en Pennsylvanie, des rotations biologiques intégrant du fourrage et des légumineuses produisent des niveaux de matière organique de trois à 5,5 fois supérieurs à ceux que génèrent les rotations conventionnelles plus courantes faisant appel au maïs et au soja. De nombreuses autres études montrent que l'agriculture biologique favorise une croissance spectaculaire du sol et de la matière organique. L'agriculture biologique peut accroître la santé du sol et sa capacité de rétention de l'eau. Certains types d'agriculture conventionnelle faisant appel au travail réduit du sol et à l'ensemencement direct peuvent également contribuer à la croissance de la matière organique et à la rétention de rares ressources en eau.
Dans l'Ouest canadien, la majorité des agriculteurs opte pour des méthodes d'ensemencement direct pour réduire le travail du sol. Ces méthodes sont avantageuses dans la mesure où elles réduisent l'érosion du sol et préservent l'humidité. Cependant, l'ensemencement direct exige le recours accru à des pesticides, ce qui entraîne de nombreux coûts directs et indirects pour la santé humaine et l'environnement.
Fait plus pertinent dans le contexte du débat sur le changement climatique, les méthodes d'ensemencement, conventionnelle et directe, font appel à des combustibles fossiles, en particulier des engrais chimiques. À moyen et à long termes, les systèmes qui dépendent trop d'engrais chimique comme l'ammoniac et les combustibles fossiles ne sont pas viables. À moins d'augmentations spectaculaires de l'efficience, des coûts énergétiques supérieurs font en sorte que ces systèmes ne sont pas rentables. On doit adopter des systèmes agricoles qui consomment moins de combustible fossile et plus de ressources d'énergies renouvelables. Dans ce domaine, l'agriculture biologique et l'ensemencement direct se sont traduits par des percées technologiques majeures, mais on doit effectuer plus de recherche pour assurer la viabilité de ces systèmes. La connaissance est la clé de l'établissement d'une agriculture viable. La réduction des émissions de gaz à effet de serre d'origine agricole exige le remplacement d'intrants extérieurs à la ferme par une gestion agricole davantage axée sur la connaissance. À titre d'exemple de gain de productivité que la gestion de la connaissance peut produire dans le secteur agricole, mentionnons le pâturage en rotation. Cette pratique améliore le sol et favorise la production fourragère sans ajout d'intrants extérieurs à la ferme. Le résultat, c'est qu'on peut nourrir plus de vaches sur une superficie réduite. Je le sais d'après une expérience anecdotique.
Le Syndicat national des cultivateurs recommande au gouvernement du Canada d'investir dans des recherches visant à perfectionner des systèmes agricoles viables fondés sur la connaissance, par exemple l'agriculture biologique et d'autres régimes agricoles à faible niveau d'intrants. Cette stratégie devrait également s'accompagner de programmes de formation visant à aider les agriculteurs à comprendre l'importance de la matière organique et de la santé du sol comme moyen de faire face au changement climatique.
Nous allons maintenant nous intéresser au phénomène des méga-porcheries. Malgré une menace claire et imminente, certains secteurs agricoles sont en voie de se «mésadapter» rapidement au changement climatique. Ils renoncent à des régimes à faible utilisation d'eau au profit de régimes où l'utilisation d'eau est extrêmement élevée. À titre d'exemple, mentionnons le secteur des méga-porcheries. Partout au Canada, les entreprises porcines reproduisent les méthodes d'élevage industriel venues des États-Unis. Ce faisant, elles acculent les fermes familiales à la faillite et font en sorte que la production porcine, jusque-là fondée sur des méthodes traditionnelles faisant appel à la paille sèche, se tournent vers une méthode axée sur la boue liquide, qui fait une grande consommation d'eau. Les complexes de production porcine produisent souvent jusqu'à 50 000 bêtes par année et, au cours de la même période, consomment des dizaines de millions de gallons d'eau. Nous installons ni plus ni moins une toilette à chasse d'eau pour chaque cochon, ce qui est un gaspillage.
La solution de rechange à cette méthode axée sur l'eau consiste à élever des porcs dans des fermes familiales faisant appel à la méthode de la paille sèche. En outre, on devrait inciter les agriculteurs à aérer et à composter le fumier pour réduire les émissions de méthane et d'autres gaz à effet de serre. La manipulation du purin liquide augmente les émissions de méthane, et les effets de piégeage de la chaleur du méthane sont 21 fois supérieurs à ceux du dioxyde de carbone. Les porcs peuvent polluer l'eau d'autres façons, qu'il s'agisse des eaux de surface ou des eaux souterraines. Comme le changement climatique a pour effet de rendre les sources d'eau douce encore plus précieuses, le risque de pollution que représentent ces méga-porcheries deviendra intenable. En orientant la production porcine vers la méthode sur paille sèche, non seulement réduira-t-on l'utilisation de l'eau dans les installations, mais en plus on réduira les risques que les installations industrielles en question pollueront des rivières et des réserves d'eau souterraines précieuses.
Le SNC recommande au gouvernement du Canada d'inciter et même d'obliger les producteurs porcins à s'adapter au changement climatique et aux réserves en eau de plus en plus rares en se tournant vers un système de production sur paille sèche.
Nous allons maintenant dire un mot de la production et de la transformation d'autres animaux. L'élevage du bétail pourrait permettre aux agriculteurs d'utiliser des terres qui, en raison du changement climatique, deviendront trop arides pour se prêter à la production de céréales conventionnelles ou d'autres cultures. De telles transformations ne constituent toutefois pas la solution ultime puisque la capacité des marchés d'absorber plus d'animaux est limitée. Pour obtenir plus de renseignements à ce sujet, nous vous prions de consulter les suggestions que nous formulons dans notre mémoire sur les mesures d'atténuation.
Pour assurer la survie financière des agriculteurs malgré un climat plus extrême et moins prévisible, on doit mettre à la disposition de ces derniers un meilleur filet de sécurité. Le climat de plus en plus imprévisible causé par les émissions de gaz à effet de serre est un problème créé par tous les Canadiens, tous les citoyens des autres nations et d'autres secteurs de l'économie mondiale. Malheureusement, ce sont les agriculteurs qui font les frais de la plupart des coûts qu'entraîne l'échec d'une récolte. Les Canadiens doivent assumer une part plus grande du coût du filet de sécurité agricole.
Le SNC recommande au gouvernement fédéral d'accroître le financement du filet de sécurité agricole en fonction des risques accrus auxquels les agriculteurs sont confrontés et des causes communes de ces risques accrus.
En ce qui concerne les prix agricoles, les agriculteurs canadiens ont, au cours du dernier siècle, adopté avec enthousiasme un éventail de technologies et de pratiques nouvelles. Quiconque s'adonne à l'agriculture ou visite régulièrement une exploitation agricole sait jusqu'à quel point l'exploitation agricole s'est transformée d'une décennie à l'autre. De plus en plus, cependant, des pressions financières empêchent les agriculteurs d'apporter à leur exploitation certaines modifications qui seraient bénéfiques non seulement pour leurs activités, mais aussi pour l'environnement.
Pour faciliter le changement au niveau des exploitations agricoles, des prix suffisamment élevés pour assurer la stabilité à long terme des exploitations agricoles et des capitaux suffisants aux fins du réinvestissement constituent le facteur unique le plus important. Pour que nos exploitations agricoles s'adaptent au changement climatique, les prix des produits justes et adéquats sont essentiels. Pour faire augmenter les prix des céréales, le gouvernement fédéral pourrait notamment s'efforcer de convaincre quatre autres exportateurs majeurs — les États-Unis, l'Union européenne, l'Australie et l'Argentine — de soustraire une petite partie des terres arables de chacun des pays à la production. Dans le domaine des céréales, les ratios stocks-consommation mondiaux en sont presque à leur plus bas niveau en 25 ans, et la croissance démographique se poursuit. Tout le monde sait ce que veut dire l'expression «se nourrir au jour le jour». Du point de vue de ce que nous consommons quotidiennement, nous sommes près de notre limite de production. Une petite diminution de la production entraînerait d'importantes majorations des prix. Une étude gouvernementale récente a confirmé que de modestes programmes de retrait des terres en culture de 10 p. 100 dans les pays en question entraîneraient une majoration des prix mondiaux de 20 à 30 p. 100. En plus de faire grimper les prix, de tels programmes assureraient aux agriculteurs les capitaux et la stabilité nécessaires pour mettre en œuvre d'autres changements nécessaires pour s'adapter au changement climatique et en atténuer les effets. En retirant des terres marginales de la production, un programme de retrait contribuerait directement à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le SNC recommande au gouvernement fédéral de collaborer avec le gouvernement d'autres importants exportateurs de céréales pour obtenir le retrait de terres en culture afin de stabiliser les prix mondiaux à des niveaux nettement supérieurs.
En ce qui concerne la recherche, le démantèlement de réseaux de recherche publics et leur remplacement par un réseau privé subventionné par le secteur public a porté préjudice aux familles agricoles du Canada. On a fait breveter de nouvelles variétés, lesquelles sont vendues au prix le plus élevé que peut soutenir le marché, ce qui a entraîné une hausse des coûts pour les agriculteurs. On a peine à croire qu'un régime axé sur la recherche de profits entreprendra les recherches nécessaires pour l'adaptation au changement climatique ou l'atténuation de ses effets. Le secteur privé oriente la recherche vers la mise au point de méthodes de vente. Dans ce contexte, qui effectuera des recherches sur la réduction du recours à des engrais? Qui effectuera des recherches sur la création de circuits alimentaires locaux à faibles intrants et donc à faibles émissions?
Le SNC recommande que le Canada rétablisse le réseau de recherche publique indépendant qui a fait du Canada un des chefs de file de la production alimentaire.
À mesure que le climat change, de nombreux spécialistes prédisent que les cultures agricoles canadiennes se déplaceront vers le Nord. Des régions nordiques aujourd'hui recouvertes de forêts deviendront aptes aux récoltes, tandis que certaines régions du Sud risquent de s'y prêter de moins en moins bien.
Le SNC recommande au gouvernement fédéral de prendre des mesures pour faire en sorte que les jeunes agriculteurs bénéficient d'un accès prioritaire aux nouvelles terres situées à la frontière septentrionale de la région céréalière. Nous recommandons de plus que le gouvernement fédéral indemnise les agriculteurs établis dont les terres sont de plus en plus dégradées par les effets du changement climatique imputables à l'activité humaine.
Disons maintenant un mot de l'irrigation. Si, dans certaines régions du Canada, le changement climatique se traduit par des précipitations réduites ou des précipitations plus erratiques, l'irrigation constitue la mesure d'adaptation la plus évidente. Cependant, le fait de trop miser sur l'irrigation ne va pas sans danger. Des précipitations de pluie et de neige réduites entraîneront une diminution du débit des cours d'eau. Un tel phénomène risque de limiter les recours viables à l'irrigation. On ne peut utiliser les eaux superficielles et souterraines à un rythme supérieur à leur taux de recharge. Croire le contraire, ce serait miner les ressources en eau.
On ne devrait pas établir le volume des eaux octroyé à l'irrigation en fonction de la quantité maximale d'eau disponible chaque année ni même de la quantité moyenne. En fait, on devrait plutôt tenir compte de la quantité minimale réaliste dont on disposera dans les années arides à venir.
À l'heure actuelle, les droits que les agriculteurs paient en contrepartie de l'eau qu'ils utilisent ne rendent pas compte de la valeur véritable de la ressource. Plus l'eau se fera rare, et plus les sommes exigées des agriculteurs augmenteront. Les projets d'irrigation jugés financièrement viables pour les agriculteurs d'aujourd'hui risquent de devenir non rentables à l'avenir.
Comme il est possible que le changement climatique altère radicalement les réserves en eau souterraines et superficielles du Canada, le SNC recommande au Canada de se doter d'une politique et d'un plan nationaux d'utilisation et d'allocation de l'eau.
Nous recommandons en outre que les nouveaux projets d'irrigation et l'expansion des projets existants soient évalués à la lumière de ce plan national à long terme.
Dans de nombreuses régions du Canada, les niveaux d'humidité généraux diminuent, mais il arrive que les chutes de pluie et de neige soient lourdes. Au moment où ils s'adaptent à des terres plus arides, de nombreux agriculteurs aménagent des systèmes de drainage par canalisations en poterie pour faire face à des printemps parfois pluvieux et à d'abondantes précipitations.
On doit également améliorer et repenser les systèmes de drainage. Souvent, l'eau récupérée par de tels systèmes est perdue pour les cultures et non conservée pour de futures utilisations. Peut-être pourrait-on modifier les pratiques agricoles ou les systèmes de drainage de manière à conserver le plus d'eau possible sur les terres ou dans des réservoirs, lorsqu'il convient de le faire. Le SNC recommande que l'on consacre davantage de recherches aux systèmes de drainage et aux techniques d'emmagasinage de l'eau et d'aider les agriculteurs à faire face à des conditions plus arides ponctuées de précipitations de plus en plus concentrées.
Je vais maintenant dire un mot de l'utilisation, de l'allocation, de la privatisation et de l'exportation de l'eau. À l'heure actuelle, on autorise l'industrie à utiliser l'eau à des fins discutables. Bon nombre d'entre vous avez vu les manchettes récentes en Alberta au sujet de l'utilisation d'eau douce dans des puits de pétrole. Des sociétés pompent de l'eau douce dans des puits de pétrole pour faire sortir jusqu'à la dernière goutte de pétrole. Cette eau est par la suite perdue. D'autres industries polluent les eaux superficielles et souterraines.
Le SNC recommande que le Canada, pour s'adapter au changement climatique, mette un terme au gaspillage industriel de nos ressources en eau de plus en plus précieuses. Une façon de lutter contre le gaspillage consiste à augmenter les droits imputés pour l'utilisation de l'eau. En même temps, nous mettons le gouvernement en garde contre la tentation de faire de l'eau un produit. Le prix seul n'assurera pas une allocation adéquate des ressources en eau. Si on fait de l'eau un produit, les agriculteurs et les Canadiens qui vivent en milieu rural ne pourront soutenir la concurrence dont ferait l'objet une ressource de plus en plus rare.
Enfin, l'eau doit demeurer un bien public distribué par des services publics. On ne doit ni la privatiser ni l'exporter. Le SNC recommande que l'eau demeure un bien public qu'on ne doit ni transformer en produit, ni privatiser, ni exporter, ni échanger.
Je vais maintenant me tourner vers la question des brise-vent et des boisés. En plantant des arbres dans un brise- vent, on contribue à l'atténuation des effets du changement climatique. Les arbres absorbent et emprisonnent le carbone, ce qui favorise l'adaptation. Les arbres retiennent une partie de la neige et font obstacle aux vents asséchants.
Les précipitations plus intenses se traduiront par une aggravation du phénomène de l'érosion vers les cours d'eau. En plantant des arbres dans les secteurs riverains, on protège les rivières, les ruisseaux et les lacs contre les écoulements de produits chimiques et de sol. Le SNC recommande au gouvernement fédéral de reconduire son soutien à l'excellente Administration du rétablissement agricole des Prairies, d'en faire un programme national et d'accorder des incitatifs fiscaux aux agriculteurs qui établissent ou préservent des brise-vent ou des boisés et qui s'occupent de la reforestation de secteurs riverains.
Je vais maintenant dire un mot de la question du soutien à des fermes agricoles et des fermes mixtes. Si, en raison du changement climatique, nous ne savons pas quels seront les avantages économiques de la production céréalière par rapport à l'élevage du bétail dans une région donnée du pays, est-il sensé de remplacer des fermes familiales qui s'adonnent à une production mixte adaptable par de grandes sociétés spécialisées? Autrement dit, le changement climatique risque de rendre la production porcine industrielle impossible à l'avenir, en raison de restrictions imposées à l'utilisation de l'eau, des pénuries d'aliments pour animaux ou de prix plus élevés des aliments pour animaux. Si nous abandonnons la production porcine aux méga-porcheries, les grandes sociétés seront-elles en mesure de s'adapter et de se lancer dans les cultures céréalières ou l'élevage des vaches laitières? Le plus probable, c'est qu'elles plieront simplement bagage.
Les petites et moyennes fermes familiales sont adaptables. Elles sont résistantes et vouées à la terre. Au cours de la dernière génération, nous nous sommes adaptés aux forces du marché en axant la production sur un large éventail de cultures et de formes d'élevage. Nombreuses sont les exploitations qui ont effectué de grandes transitions, passant de la production céréalière à la production fourragère ou encore de la production laitière à la production bovine.
Au fur et à mesure que la variabilité et l'incertitude grandissent dans le secteur agricole, l'agriculture fondée sur les fermes familiales adaptables revêt une importance encore plus grande. Le SNC recommande que l'on protège et soutienne la ferme familiale: c'est la mesure unique la plus importante que le Canada puisse prendre pour assurer l'adaptation de son système alimentaire au changement climatique.
Mme Duncan: Quel est donc notre avenir? De gigantesques méga-porcheries qui utilisent une grande quantité d'eau pour la production porcine et menacent de polluer l'eau qu'elles n'utilisent pas? Les mêmes producteurs qui débarquent dans une collectivité, produisent pendant 15 ans et plient bagage dès que les ressources en eau sont épuisées ou que le prix des céréales augmente? La production à plus petite échelle axée sur les fermes familiales qui s'adaptent au changement et s'accrochent avec ténacité à la terre? Allons-nous prendre les mesures pour mettre un terme à la crise du revenu agricole et donner aux agriculteurs la stabilité économique dont ils ont besoin pour faire face à l'instabilité climatique croissante, ou allons-nous tolérer le statu quo et ajouter une crise climatique à une crise du revenu?
Le changement climatique risque de détruire le système alimentaire du Canada si ce dernier est friable, s'il repose sur des exploitations surdimensionnées et surspécialisées, s'il manque de diversité ou s'il est fragilisé et épuisé par le labeur incessant qu'exige une éprouvante crise du revenu agricole.
Le moment venu d'évaluer la capacité de l'agriculture canadienne de s'adapter au changement climatique, nous ne devons pas adopter un point de vue trop technique ou étroit. La société Monsanto réussira-t-elle à mettre au point un blé génétiquement modifié qui poussera dans le désert? Une telle perspective nous a plongés dans la crise. Nous devons plutôt voir notre système alimentaire comme un réseau complexe de systèmes humains et naturels interreliés. La santé économique de la ferme familiale et la structure de notre système alimentaire auront un rôle décisif à jouer: le Canada croîtra-t-il et prospérera-t-il au cours des 50 prochaines années, ou déclinera-t-il sous les assauts d'un climat inhospitalier et imprévisible?
Le reste de notre mémoire porte sur les questions relatives à l'atténuation. Avant de conclure, je voulais mentionner quelques points saillants et formuler quelques recommandations.
En ce qui concerne l'atténuation et l'interruption du changement climatique, nous avons des recommandations précises à faire: le gouvernement devrait rapidement donner suite à l'Accord de Kyoto en plus de négocier et de mettre en œuvre de nouveaux accords pour établir plus rapidement un équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et le système mondial. Nous avons également des recommandations précises au sujet des transports.
Les politiques canadiennes dans le domaine du transport des céréales, par exemple le démantèlement de tronçons et le transport des céréales et des aliments par camion, ont pour effet d'accroître les émissions de dioxyde de carbone et d'autres gaz qui contribuent au changement climatique. Les accords commerciaux mondiaux qui ont pour effet de mondialiser les marchés et de stimuler le commerce inutile d'aliments ont un effet analogue.
Les trains sont de deux à trois fois moins énergivores que les camions. Sur des distances comparables, les émissions des trains ne correspondent qu'à la moitié ou au tiers de celles des camions. En 2003, six ans après la rédaction de l'Accord de Kyoto, le démantèlement et la fonte des rails de chemin de fer ne se justifient pas. Il s'agit peut-être des politiques les plus ruineuses des 100 dernières années.
Le SNC recommande que le gouvernement fédéral modifie ses politiques en matière d'alimentation et de transport au profit d'une production alimentaire «localisée» et qu'elle optimise l'efficience lorsque les aliments doivent être exportés ou importés. À ces fins, il devrait mettre un terme au démantèlement des tronçons de chemin de fer et à la fermeture des élévateurs à grain, soustraire l'alimentation à l'accord de l'OMC, rechercher la souveraineté alimentaire en collaboration avec divers pays du monde, renverser la tendance à la concentration des entreprises dans le système alimentaire en plus de mettre un terme à l'industrialisation de l'agriculture et à la destruction de nos fermes familiales.
En ce qui concerne les pratiques agricoles, nous recommandons au gouvernement d'appuyer l'agriculture biologique et d'autres formes d'agriculture à faibles intrants afin de réduire l'utilisation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre. En ce qui concerne l'élevage du bétail, nous recommandons au gouvernement du Canada de réglementer le secteur pour encourager la production communautaire décentralisée. Nous recommandons au gouvernement de réglementer la concurrence pour accroître le nombre d'entreprises dans le secteur de la transformation de la viande au Canada et d'accroître le nombre d'installations qu'elles exploitent. Nous recommandons au gouvernement du Canada de faire en sorte que les entreprises de transformation de la viande demeurent enracinées au niveau local et qu'il réglemente ce secteur d'activité de manière à protéger la santé de tous les Canadiens, mais aussi de favoriser la création d'abattoirs locaux plus petits dans les collectivités des quatre coins du pays.
Mme Duncan: En conclusion, des réseaux de production alimentaire localisés et l'évolution vers l'agriculture biologique peuvent réduire la consommation d'énergie et les émissions de CO2.
La rationalisation des réseaux de transport et l'utilisation des rails existants peuvent avoir un effet analogue. Ces politiques peuvent contribuer simultanément à réduire l'instabilité du gouvernement, à aider le Canada à respecter ses engagements dans le cadre de l'Accord de Kyoto et à augmenter les revenus nets des familles agricoles. Malheureusement, nos politiques nationales nous conduisent dans le sens opposé. Pour survivre au changement climatique, nos nations et nos cultures devront compter sur toute l'ingéniosité et toutes les technologies d'adaptation dont nous serons capables. Fait plus important encore, nous devrons mobiliser toute notre sagesse pour modifier radicalement les bases de nos économies et de nos cultures. L'adaptation nous permettra peut-être de gagner un peu de temps en vue de cette transition.
Le sénateur Gustafson: Merci de votre excellent mémoire. Cependant, il me pose un problème. À titre d'exemple, on a déjà abandonné des tronçons de chemin de fer, et ce sont des camions qui transportent le grain, du moins dans les Prairies. On a érigé de nouveaux terminaux céréaliers, et ils sont de grande taille. Vous avez tous entendu parler du Syndicat du blé de la Saskatchewan qui n'arrive plus à financer ses activités. Les tronçons sont disparus, et les terminaux sont là. Une bonne part de ces événements sont survenus après le débat entourant le Nid-de-Corbeau que nous avons eu il y a une quinzaine d'années. À l'époque, nous passions nos soirées à débattre de cette question.
Je ne vois pas comment la situation pourrait changer. En fait, les phénomènes de cette nature se multiplient. Sur le tronçon Regina-Minneapolis sur lequel je vis, les camions se suivent à la queue leu leu, plus qu'il y a dix ans. Le transport ferroviaire, c'est de l'histoire ancienne.
L'approche biologique était celle de mon grand-père. Il utilisait peu de produits chimiques. Les animaux parcouraient les champs librement. On ne recourait pas systématiquement à la jachère, et donc la terre produisait. Une fois de plus, nous nous sommes dirigés dans la direction tout à fait opposée. Nous misons sur des exploitations de plus grande taille. Nous nous adonnons à la monoculture. Nous devons recourir à des arrosages.
Votre analyse est tout à fait exacte. À titre d'exemple, nous procédons à des pulvérisations contre la plaie des sauterelles dans les Prairies. Certains disent que nous serons infestés à l'extrême. Nous sortons donc les pulvérisateurs pour tuer les sauterelles et, du même souffle, nous tuons tous les insectes présents dans le champ. L'effet sera contraire à celui que vous recommandez.
Aller dans le sens que vous proposez obligera la participation de tous les Canadiens. Vous dites que nous devrions soustraire des terres à la production céréalière. Comme un SM l'a dit ce matin sur les ondes de CNN, le monde a faim, et nous devons le nourrir. La banque de céréales vivrières du Canada affirme que la demande de céréales en provenance de l'Éthiopie et de pays de ce genre est supérieure à ce que nous sommes en mesure d'offrir. Je ne vois pas d'autres solutions que la transformation de toutes nos méthodes.
Je suis d'accord pour dire que nous devrions nous adresser à des pays comme ceux de l'Europe et les États-Unis et d'autres producteurs d'aliments. Tant et aussi longtemps que c'est à l'agriculteur qu'il incombera de payer la note, nous irons dans la direction opposée à celle que vous proposez.
Notre président abordera probablement la question de la production porcine, mais, dans les Prairies, les méga- porcheries sont une réalité. Dans ces établissements, il y a trop d'animaux pour qu'on puisse recourir à la paille sèche. Nous sommes allés si loin dans la mauvaise direction que nous avons peut-être atteint un point de non-retour. Ce n'est pas un commentaire réjouissant dans le contexte de ce qui est arrivé à l'agriculture du point de vue du changement climatique et de toute la situation à laquelle nous sommes confrontés.
M. Ollikka: Nous ne proposons pas un retour en arrière. Je ne partage pas votre sentiment de désespoir. Si tout a évolué et que rien ne peut être changé ni modifié, je perds mon temps ici, à l'instar de toutes les autres personnes présentes. Chaque fois que je respire, je rejette du dioxyde de carbone. Inutile de parler d'une cause désespérée, et c'est vrai pour vous, sénateur, comme pour moi. Ce que je veux dire, c'est que rien ne va changer à moins que, collectivement, nous n'abordions ces questions en société. Tout ne va pas changer du jour au lendemain. Nous nous sommes engagés sur cette route il y a une quinzaine d'années, depuis l'époque du débat sur le tarif du Nid-de-Corbeau. De nombreux problèmes ont mis du temps à se poser, et nous allons mettre du temps à les régler. C'est inexcusable, mais cela ne nous dispense pas de l'obligation qui nous échoit de prendre des décisions difficiles, non seulement pour nos exploitations agricoles, mais aussi dans l'ensemble de l'industrie et du gouvernement. Nous devons tous prendre le taureau par les cornes.
Une partie de la réponse réside dans la recherche désintéressée. Dans notre exposé, nous avons souligné de nouvelles solutions qui pourraient être mises au point grâce à des recherches désintéressées. À l'heure actuelle, c'est le secteur privé et spécialisé qui effectue presque toutes les recherches. Ces gens s'intéressent en particulier à l'ammoniac comme engrais: une conduite de gaz naturel entre à une extrémité d'une usine et une autre conduite de taille identique ressort à l'autre bout avec de l'ammoniac. On parle ici de combustible fossile. Notre système agricole en dépend chaque jour davantage. Nous devons commencer à nous défaire de cette dépendance. Il s'agit de modifier les attitudes tout autant que les politiques, et c'est une responsabilité qui nous revient à tous.
Le sénateur Fairbairn: J'ai tenté de me maîtriser. Ce que vous avez dit ici correspond presque point pour point à la situation qui existe dans la région où je vis, c'est-à-dire le sud-ouest de l'Alberta. Votre compte rendu est un reflet fidèle sur presque tous les plans. Ce qui est menacé, c'est non seulement notre communauté agricole, mais aussi la survie de nos villages et de nos petites collectivités. Partagez-vous le même point de vue? Devrions-nous également nous efforcer de prévoir des utilisations de rechange pour les terres où on ne pourra plus s'adonner aux cultures traditionnelles? Je pense notamment aux fibres naturelles d'origine animale — alpaga, lamas, moutons, laine angora. On est ainsi en passe de créer une importante industrie d'exportation mondiale. Devrions-nous nous intéresser à ce genre de solution ou d'innovation?
Vous êtes jeune, et vous vivez toujours sur la terre. Ce qui m'inquiète, c'est que les enfants des agriculteurs, en voyant leurs parents à ce stade-ci de notre histoire, se disent: «Juste ciel, pourquoi faudrait-il que je passe par là?» Nous devons leur fournir un élément de réponse. Il faudra probablement qu'elle ait quelque chose de nouveau. Peut-être devrons-nous lorgner du côté de ces industries parallèles qui comportent une dimension technologique attrayante pour de plus en plus de jeunes Canadiens.
Nous faisons peut-être face non seulement à une crise climatique, mais aussi à une crise de la population agricole, faute d'une volonté de mener de vieux combats. Pouvons-nous donner aux habitants des régions agricoles de nouvelles options qui leur permettent de garder nos territoires et nos villages en vie?
M. Ollikka: Oui, de telles options existent. La discussion ne doit toutefois pas se limiter aux seules régions rurales. Le débat doit également mobiliser toute la population urbaine, qui doit adopter un point de vue holistique sur la provenance de ses aliments, de tous les aliments que nous consommons et des types de production nécessaires à leur alimentation qui sont à la fois bons pour l'environnement et l'économie de ces petites collectivités.
On en revient au point soulevé par le sénateur Gustafson au sujet de la nécessité de nourrir le monde. Si nous abordons un moment ces notions romantiques, la ferme familiale et l'économie communautaire tangible du Canada rural et des collectivités rurales du monde sont importantes. On a bel et bien affaire à une notion romantique. Cependant, ce sont des éléments tangibles qu'on doit expressément nourrir au moyen de politiques. Nous avons besoin de politiques et d'incitatifs de toutes natures pour faire tourner ces économies communautaires.
En ce qui concerne l'autre notion romantique selon laquelle il faut nourrir le monde, l'époque où nous pouvions nous concentrer sur cette idée est bel et bien révolue. En fait, cette attention a fait partie du problème. Un peu partout dans le monde, l'agriculture axée sur les exportations a eu pour effet de déplacer des agriculteurs des pays en développement. Depuis les tout premiers temps de cette agriculture, nous les avons acculés à la faillite.
On doit stimuler les économies rurales et les systèmes de production. Il y a des régions du monde incapables de se nourrir elles-mêmes. Dans ces cas, nous devons continuer d'exporter. Cela ne fait aucun doute. Cependant, nous devons mettre l'accent sur les économies et les moyens de production à petite échelle afin de garder la richesse sur place et de localiser la production le plus possible.
J'ai entendu une analogie établie par une femme du nom de Wendy Holm, que certains d'entre vous avez peut-être rencontrée. Elle faisait allusion aux capitaux. Tout comme l'eau attire l'eau, a-t-elle dit, les capitaux attirent les capitaux. Nous savons ce qui arrive lorsque de grands cours d'eau s'obstruent et débordent. Il suffit de pose la question aux habitants de Winnipeg. L'eau sème la destruction et la pagaille sur son passage et laisse les terres sèches et improductives. Si, en revanche, on la répartit parcimonieusement sur un vaste territoire, tout comme on peut le faire pour les capitaux, les économies locales bourgeonnent ici et là. Dans les régions rurales concernées, les choses commencent à bouger. On doit faire appel aux politiques pour faire en sorte que la production bourgeonne un peu partout dans l'arrière-pays.
Le sénateur Day: Ma question a trait à la page 8 de votre mémoire où, sous la rubrique «recherche», vous recommandez l'établissement d'un réseau de recherche public indépendant qui fera du Canada un chef de file mondial de la production alimentaire. Le comité a eu l'occasion de se rendre dans un certain nombre de stations de recherche d'Agriculture Canada. L'une se trouvait dans la vallée de l'Annapolis et l'autre à Fredericton. Nous avons été à même de constater la qualité du travail qu'on y effectue.
Ma question comporte deux volets. Premièrement, avez-vous le sentiment que la recherche publique effectuée par ces stations de recherche en agriculture est inadéquate? Deuxièmement, croyez-vous que la modification génétique des plantes et l'utilisation de la science pour modifier les plantes de façon génétique constitue un mode d'adaptation aux rigueurs du changement climatique?
M. Ollikka: La réponse à la première partie de votre question, c'est que, à maints égards, ces stations effectuent un excellent boulot. Nous préconisons une injection plus grande de capitaux dans la recherche publique, comme notre exposé l'indique de façon explicite.
En ce qui concerne la recherche et les liens entre les établissements de recherche des secteurs public et privé, certains affirment qu'ils travaillent la main dans la main, tandis que d'autres affirment que l'un travaille la main dans la poche de l'autre.
Ce qui compte, au fond, c'est qu'il existe une ligne de démarcation floue entre la recherche publique désintéressée et la recherche privée intéressée. Il faut cerner cette ligne, la faire ressortir clairement, se souvenir des intérêts que l'on sert et des motifs des chercheurs. C'est aussi simple que ça.
Le sénateur Day: Pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté, laissez-vous entendre que le système actuel ne fonctionne pas et que nous avons besoin de plus de recherches publiques?
M. Ollikka: Absolument. Nous avons besoin de plus de recherches publiques et probablement d'un accent moins grand sur des recherches privées obéissant à des motifs précis.
J'en viens maintenant au deuxième volet de votre question, sénateur. Au cours des 20 ou 30 dernières années, on a effectué beaucoup de recherches privées de cette nature. Elles ont produit de précieuses données scientifiques, et les agriculteurs s'y sont adaptés volontairement et énergiquement. Si nous continuons de nous adapter aux nouveaux changements technologiques à tel ou tel degré, nos activités, nous a-t-on promis, allaient être plus rentables.
L'ammoniac, tout comme Roundup, devait concourir à notre rentabilité. Bon nombre de ces technologies devaient concourir à notre rentabilité. Au cours des 30 dernières années, nos exportations ont augmenté de 500 p. 100. Nous avons poussé à fond la production. La réussite a été extraordinaire. Cependant, le revenu agricole net réalisé de toutes les fermes du Canada a chuté au cours de la même période, ce qui nous ramène à la question du réinvestissement dans nos exploitations agricoles. Si elles ne nous donnent rien, nous ne sommes pas en mesure de réinvestir dans la production viable. Faute de pouvoir réinvestir dans la production viable, nous continuerons de suivre ces tendances dangereuses et risquées pour l'environnement. C'est aussi simple que ça. Nous continuons de pomper de l'ammoniac, mais à quelle fin?
J'aimerais vous faire part de données anecdotiques venant du sud de la Saskatchewan. J'ai discuté avec un agriculteur qui n'a pas la certification biologique, mais qui tente de suivre certaines de ces méthodes différentes. Il a utilisé les légumineuses comme culture d'enfouissement. Il a utilisé de la luzerne comme engrais vert. Ainsi, il a introduit de l'azote dans le sol pour sa récolte de l'année prochaine à un coût correspondant à moins de un dixième de celui de l'ammoniac.
La recherche privée consacrée à ces types de technologie s'est révélée fructueuse du point de vue scientifique, mais elle n'a rien fait gagner aux exploitations agricoles. Elle n'a rien fait non plus pour l'environnement. Nous devons donc redéfinir les secteurs où affecter les fonds prévus pour la recherche.
Le sénateur Hubley: À l'Île-du-Prince-Édouard, il y a de grandes et de petites exploitations agricoles. On trouve là- bas les deux plus importantes usines de pommes de terre au monde. Je ne pense pas que cela va changer. L'idée d'un retour à la ferme familiale comme moyen de mieux gérer la pollution me plaît beaucoup, mais je pense que nous devons tenir pour acquis qu'il y aura de grandes exploitations. Elles alimenteront les grandes usines qui produisent de la nourriture. C'est une industrie.
Parce qu'elles sont susceptibles de causer de graves préjudices, les grandes exploitations se prêtent mieux à l'imposition de règles législatives. Elles doivent respecter les lignes directrices imposées par voie législative.
Je vais vous demander votre avis au sujet des moyens de légiférer en ce qui a trait à la consommation d'eau par ces entreprises, mais je veux d'abord dire un mot de l'irrigation. Pour avoir l'assurance de pouvoir produire, ces grandes usines de transformation exercent maintenant des pressions pour avoir accès à des systèmes d'irrigation étendus. On aura affaire à une méga-utilisation d'eau.
En ce qui concerne les grandes usines de transformation, l'Île-du-Prince-Édouard a été touchée par la pollution déversée dans les cours d'eau il y a des années, lorsque les déchets étaient rejetés dans l'environnement. Les deux entreprises se sont dotées de mécanismes perfectionnés grâce auxquels tout ce qui est rejeté dans l'environnement est d'abord purifié. Au moment de cette transition, les entreprises se sont à grands frais procuré les informations nécessaires. Pour faire des affaires à l'Île-du-Prince-Édouard, on doit se doter de systèmes coûteux. Pour cette raison, les insulaires bénéficient d'un certain niveau de confort.
Cependant, même les petits agriculteurs ont une responsabilité. Nous sommes allés en Irlande du Nord, où nous avons visité des fermes réputées avoir adopté des pratiques exemplaires. On a remboursé les agriculteurs qui ont déployé des efforts pour faire en sorte que leurs exploitations respectent davantage l'environnement. Nous parlerions de subventions, mais ce n'était pas un programme obligatoire. L'agriculteur qui prenait l'initiative d'adopter des pratiques exemplaires avait droit à des indemnités financières. C'était de bons systèmes, et on avait affaire à de petits agriculteurs.
Bref, avons-nous besoin de dispositions législatives pour faire en sorte que tout cela se réalise? Les dispositions législatives facilitent-elles la tâche des gouvernements soucieux des pratiques agricoles exemplaires et de l'indemnisation des agriculteurs qui s'efforcent de protéger les réseaux d'approvisionnement en eau? Nous avons toujours autant d'eau, mais les réserves ne sont plus en si bon état qu'autrefois.
Mme Duncan: En Ontario, nous faisons face à la Loi sur la gestion des éléments nutritifs. La loi a été adoptée, et nous sommes aujourd'hui confrontés à ses prescriptions. Les agriculteurs donnent leur opinion. La section du Syndicat national des cultivateurs a présenté quelques mémoires au sujet des modalités d'application de cette loi.
En général, nous sommes favorables à la Loi sur la gestion des éléments nutritifs, particulièrement en ce qui a trait à son application aux grandes exploitations agricoles. Nous demandons des mesures d'atténuation pour permettre aux petites et aux moyennes exploitations de se mettre au diapason des nouvelles dispositions, et nous demandons en particulier du financement.
On vous a parlé du revenu des agriculteurs du Canada. Il est inexistant. Pour demeurer sur la ferme et avoir confiance dans ce qu'ils font, les agriculteurs ont besoin d'aide pour faire face à ces dispositions législatives, qui semblent se multiplier sur tous les fronts. Au lieu d'être imputés uniquement aux agriculteurs, les coûts devraient être partagés avec les consommateurs des aliments que nous produisons.
Les dispositions législatives sont-elles nécessaires? C'est possible, oui, peut-être dans tout le Canada, mais on ne doit jamais perdre de vue la question des coûts. Cette question nous préoccupe au plus haut point. Pour ma part, j'arrive dans le dernier droit de ce qu'on appelle l'âge moyen, mais j'ai toujours de l'espoir pour l'agriculture au Canada. Cependant, mon espoir repose sur les petites et moyennes exploitations agricoles qui soutiennent leurs collectivités, évitent de polluer les eaux souterraines et font pousser des aliments pour leurs voisins et leurs concitoyens vivant à une distance raisonnable en voiture.
Il y a des secteurs où la situation agricole pourrait être améliorée. À l'origine, je suis de la Nouvelle-Écosse, mais j'aime notre exploitation agricole à l'Île-du-Prince-Édouard. J'y suis profondément attachée. Elle est dans la famille de mon mari depuis 1820. Nous nous soucions de notre terre, et nous voulons y gagner notre vie, mais c'est difficile.
De nombreuses raisons ont trait au genre de politiques que des organisations comme celle-ci sont en mesure d'adopter au Canada. Vous avez le pouvoir de recommander qu'on nous soutienne au lieu de nous enterrer dans le sol en nous découpant en petits morceaux. Voilà pourquoi je tenais à être ici pour appuyer le témoignage du Syndicat national des cultivateurs, qui se préoccupe sincèrement de la situation des agriculteurs des quatre coins du Canada.
Ai-je en partie répondu à votre question?
Le sénateur Hubley: Oui. Au nom de nos grandes sociétés agricoles, je tiens à préciser que certaines d'entre elles sont valables et qu'il arrive même qu'elles pavent la voie aux pressions publiques exercées sur une entreprise. Pour leur manifester notre appui — à l'Île-du-Prince-Édouard en tout cas —, nous louons le travail qu'elles ont effectué.
Mme Duncan: Je n'ai pas dit que je ne soutenais pas tous les agriculteurs; en fait, c'est le contraire. J'espère que les grandes entreprises agricoles s'orienteront vers des solutions appropriées, mais cela ne signifie pas qu'elles ne bénéficient pas de mon appui.
Le sénateur Ringuette-Maltais: Je vous suis reconnaissante des recommandations que vous avez formulées, du point de vue de la région du nord du Nouveau-Brunswick dont je viens. J'ai écouté avec intérêt vos commentaires au sujet des méga-porcheries. Quand on fait le trajet entre Montréal et la côte Est, on doit se méfier parce qu'il arrive qu'on perçoive des relents de ces méga-porcheries.
Au cours de la dernière année, on a construit de nombreuses méga-porcheries, en particulier au Nouveau- Brunswick. Elles ont été contestées par la population locale et la population provinciale en général; elles ont reçu l'appui des producteurs de pommes de terre; enfin, elles ont été agréées par le gouvernement provincial, qui finance l'infrastructure à même des fonds provinciaux.
Qui a raison et qui a tort? Pour ma part, j'y vois un programme de sensibilisation et d'éducation à l'intention de consommateurs et des producteurs. D'un côté, les Canadiens souhaitent pouvoir se procurer des aliments de qualité au moindre coût possible. De l'autre, certains groupes appuient ces méga-productions.
Je comprends d'où vient votre recommandation, mais dans quelle mesure le milieu agricole est-il sensibilisé à ces problèmes? Votre recommandation bénéficie de l'appui de la population en général, mais, au Nouveau-Brunswick, je ne sache pas qu'elle ait l'aval de la communauté agricole.
M. Ollikka: Au cours des dernières années, toutes les régions du pays ont été confrontées au phénomène des méga- porcheries. Il y a peut-être de petites différences démographiques, mais je peux pour ma part parler de l'expérience albertaine des méga-porcheries. C'est le désespoir qui explique une bonne part du soutien dont bénéficient ces changements. Les habitants des collectivités concernées sont en quête d'initiatives qui leur donneront du travail. Il s'agit d'un investissement dans la collectivité. Dans leur baratin, les promoteurs des méga-porcheries disent œuvrer pour le bien de la collectivité.
La question n'est pas de savoir si une exploitation est une société ou une simple structure organisationnelle. On doit plutôt mettre l'accent sur l'importance et le degré de participation significative dans ces exploitations. La plupart des grandes exploitations industrielles appartiennent à des investisseurs. Certains vivent à l'étranger. Dans une large mesure, la richesse générée par ces exploitations est exportée et non réinvestie dans la collectivité. Les appuis localisés dont bénéficient çà et là les méga-porcheries s'expliquent clairement par un sentiment de désespoir.
Au moyen des lois et des politiques gouvernementales que l'on adopte, on peut instaurer des pratiques exemplaires et prévoir des mesures d'incitation à l'intention des petits et moyens exploitants. Grâce aux politiques, on peut essayer de faire en sorte que les familles agricoles demeurent propriétaires, au sens vrai du terme. On peut imaginer des mesures d'incitation et des récompenses pour les meilleures pratiques écologiques ainsi que pour les techniques originales propices au développement durable. Les cas sont nombreux.
Le vice-président: Je remercie les deux témoins d'avoir pris le temps de venir comparaître. Vos recommandations ont reçu un très bon accueil. Si vous pouviez voir les regards de frustration que me jettent les sénateurs du fait de n'avoir pu poser plus de questions, vous sauriez jusqu'à quel point votre exposé a été apprécié.
Mme Duncan: Nous avons une ferme en dehors de la ville. Si vous n'avez pas encore vu à quoi ressemble une vraie ferme, nous avons une PME agricole dans l'est de l'Ontario. Nous vous invitons à venir voir notre exploitation.
Le vice-président: Pourriez-vous remettre au greffier votre carte et des directions pour s'y rendre? Nous lui laisserons la tâche de s'occuper de cela.
Nos prochains témoins proviennent de la Fédération canadienne de l'agriculture; il s'agit de M. Kamenz et de Mme Howe.
M. Geri Kamenz, président, Comité sur l'environnement et la science et vice-président de la Fédération de l'agriculture de l'Ontario, Fédération canadienne de l'agriculture: Je suis ici en tant que président du Comité sur l'environnement et l'agriculture de la Fédération canadienne de l'agriculture. Nicole Howe est notre analyste des politiques pour les questions environnementales. De même, je préside les travaux du Comité consultatif environnemental d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, ce qui me permet de voyager d'un océan à l'autre depuis neuf mois et de rencontrer des producteurs de presque toutes les provinces.
Également, j'ai le privilège d'être un fermier de première génération, ce qui est le cas de ma femme aussi. Nous avons une exploitation agricole aux franges d'Ottawa, à quelque 45 minutes de la ville, direction sud. Nous pratiquons une agriculture tant extensive qu'intensive.
La partie extensive consiste pour nous en élevage du bétail, et nous cultivons à grande échelle pour propager des semences génétiquement modifiées en vue d'une distribution. À toutes fins utiles, au point où nous en sommes aujourd'hui, la partie intensive de notre exploitation agricole répond à la définition de méga-porcherie. Par ailleurs, le fait d'avoir une ferme agricole qui soit rentable est pour nous une source de fierté.
La Fédération canadienne de l'agriculture représente plus de 200 000 familles agricoles d'un océan à l'autre. Nos membres incluent une organisation agricole générale dans chaque province et des associations nationales de producteurs.
Nos remarques porteront sur l'adaptation à l'évolution du climat par l'industrie de l'agriculture. Nous aborderons les autres questions une autre fois.
La prémisse selon laquelle le climat est en évolution a été acceptée par la communauté internationale ainsi que par notre gouvernement fédéral. Les conditions météorologiques extrêmes qu'ont connues bon nombre de producteurs au cours des dernières années ont certes rehaussé la visibilité du changement climatique au sein de la collectivité agricole également. Le changement climatique provoque une accentuation des conditions météorologiques intenses et extrêmes. Les cas d'inondation, de sécheresse et de fluctuations de températures extrêmes sont des signes associés au changement climatique.
C'est un peu paradoxal: voilà que nous parlons de changement climatique et de réchauffement de la planète un jour où, dehors, il fait moins 25 degrés avec un facteur éolien qui fait que c'est encore plus froid. Tout de même, c'est comme un enfant sur une balançoire. Il y a toujours quelqu'un derrière qui pousse. Il prend de la vitesse et va plus loin, toujours plus loin, les extrêmes deviennent plus extrêmes. Le froid est plus froid. Les sécheresses et canicules durent plus longtemps et se font plus intenses. Ce sont tous là des signes du changement climatique.
Il est facile de comprendre les répercussions directes du changement climatique sur un secteur à base de ressources comme l'industrie agricole. Les changements climatiques qui mènent à des inondations, à des sécheresses et à des maladies virulentes ainsi qu'à des températures plus extrêmes dans l'ensemble auront des conséquences importantes sur les pratiques et les programmes actuels de production agricole. Les producteurs devront peut-être affronter, entre autres, des changements des saisons de culture, des hausses des coûts d'assurance, des changements des produits de base et des pressions encore plus grandes sur le plan des parasites.
L'industrie agricole est connue pour sa capacité de s'adapter aux changements, mais le changement climatique pose des difficultés bien directes, en raison de la nature complexe de la question et du manque de certitude entourant le rythme du changement climatique et de l'incapacité de prévoir les répercussions régionales.
Les connaissances scientifiques actuelles concernant les répercussions du changement climatique sont au mieux vagues. Pour que les producteurs puissent se préparer et s'adapter à un climat en évolution, nous devons mieux comprendre ce que l'avenir réserve aux producteurs partout au Canada. Les stratégies d'adaptation doivent être axées sur les régions en vue de refléter la diversité régionale de l'industrie agricole ainsi que les diverses répercussions que le changement climatique aura dans l'ensemble du pays.
Au pays, la zone la plus stable, c'est là où on se trouve à 20 minutes au sud de la ville. Parfois, il n'y a pas assez de pluie. Parfois, il y a trop de pluie. Par contre, ce n'est jamais l'inondation qui succède à la sécheresse. Tandis qu'on se déplace dans le pays, on voit que les extrêmes sont encore plus extrêmes. Il est difficile pour les gens de cette zone stable d'accepter et de reconnaître l'impact véritable du changement climatique. Pour une bonne part, la zone est protégée des extrêmes.
La FCA recommande fortement que davantage de travaux soient effectués pour comprendre les répercussions régionales du changement climatique pour que l'on présente des stratégies d'adaptation précises à l'industrie agricole.
La FCA recommande que le gouvernement continue de consacrer des ressources à la compréhension des répercussions du changement climatique. Elle recommande qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada entreprenne une étude d'impact approfondie concernant les effets du changement climatique sur l'agriculture canadienne.
À mesure que nous définissons et comprenons davantage les variations climatiques, la FCA appuie fortement la recherche continue sur les possibilités pratiques d'adaptation pour la collectivité agricole. La FCA appuie les possibilités d'adaptation qui sont fondées sur la science tout en tenant compte des réalités économiques auxquelles font face les exploitations agricoles, de la faisabilité des options et des répercussions sur la durabilité de l'environnement dans l'ensemble.
La FCA exhorte le gouvernement fédéral à définir une stratégie nationale en collaborant avec la collectivité de recherche et les organisations agricoles afin de faciliter la désignation, la coordination et le financement des priorités en matière de recherche et du transfert technologique.
La FCA recommande qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada joue un rôle intégral dans le financement et la coordination de la recherche sur les gaz à effet de serre afin de réduire le dédoublement et de fournir un endroit central à l'industrie agricole pour accéder aux résultats de cette recherche.
Pour atténuer les effets du changement climatique sur l'agriculture, les producteurs doivent pouvoir recevoir des avertissements précis et opportuns des événements météorologiques à venir. Les prévisions météorologiques précises et opportunes peuvent protéger l'environnement. Par exemple, notons que l'application de pesticides avant une tempête de pluie peut causer des ruissellements. Des prévisions météorologiques précises et opportunes peuvent également permettre aux producteurs de prendre des mesures pour atténuer les dégâts causés à leur culture par la météo. Autre exemple: la protection contre la gelée dans l'industrie des fruits.
L'amélioration des renseignements météorologiques produira des bienfaits pour la viabilité économique et la durabilité écologique des exploitations agricoles.
La FCA recommande que des crédits additionnels soient accordés à la Direction des services météorologiques d'Environnement Canada afin qu'elle puisse maintenir et accroître ses services météorologiques dans tout le Canada.
Les innovations et les nouvelles technologies de l'industrie de la biotechnologie sont très prometteuses en ce qui concerne la réduction des gaz à effet de serre et l'adaptation au changement climatique. Les innovations d'adaptation comme les nouvelles variétés et les nouveaux hybrides doivent être conformes au maintien de la concurrence de l'agriculture canadienne à l'échelle internationale.
Les agriculteurs canadiens sont des chefs de file en matière de pratiques agricoles durables. Depuis longtemps, ils mettent au point et adoptent des techniques agricoles salutaires pour l'environnement. La Fédération canadienne de l'agriculture juge primordial de mettre l'accent sur des modes de gestion de l'environnement destinés à assurer la conservation des ressources agraires qui nourrissent le peuple canadien et une bonne partie de la population mondiale. Comme bien des initiatives de bonne intendance environnementale adoptées par les producteurs à leur ferme profitent également à la population canadienne, les agriculteurs devraient être indemnisés équitablement pour les coûts associés au fait de fournir ces bienfaits au public.
La FCA préconise des pratiques d'«atténuation» ou d'adaptation qui permettent à l'agriculture canadienne de maintenir sa compétitivité internationale. La FCA préconise également les pratiques qui peuvent être recommandées aux fermiers en raison de leur coût peu élevé et d'autres avantages comme l'amélioration de l'environnement ainsi que les pratiques complémentaires aux efforts environnementaux en cours et aux stratégies de gestion agricole actuelles.
Le changement climatique peut nuire aux revenus agricoles de deux manières. Premièrement, des conditions météorologiques plus variables et plus extrêmes auront une incidence directe sur la production primaire. Deuxièmement, la combinaison des pertes de production liées au climat et de l'augmentation des coûts des intrants exercerait une pression à la fois sur les recettes et les dépenses. La sécheresse dans la région des Prairies au cours des trois dernières années a montré l'effet dévastateur que peuvent avoir les conditions météorologiques extrêmes sur la production des cultures. De plus, les stress environnementaux, comme la chaleur extrême, peuvent entraîner une productivité plus faible chez le bétail.
Pour que nous puissions relever les défis futurs liés aux conditions météorologiques, les producteurs canadiens, tant les producteurs de cultures que les éleveurs de bétail, doivent avoir accès à des programmes efficaces d'assurance de la production. La FCA recommande que les programmes liés aux risques de production soient maintenus et améliorés. En l'absence d'un programme antisinistre qui couvre les marges négatives, le gouvernement devrait fournir une assurance de la production efficace pour les produits de base qui ne sont pas adéquatement couverts par l'assurance- récolte traditionnelle.
De même, il y aura un effet direct sur les producteurs du fait de l'augmentation des factures d'électricité à la ferme et un effet indirect du fait de l'augmentation des coûts des intrants qui dépendent de l'électricité, comme les engrais. La FCA recommande un programme national de sécurité du revenu fondé sur quatre piliers — la stabilisation du revenu, l'aide en cas de sinistre, l'assurance de la production et les programmes complémentaires — qui offrent du soutien en cas de nécessité.
Certains produits de base dépendent du système de gestion des approvisionnements au lieu des programmes de sécurité du revenu afin de gérer les risques de l'augmentation des coûts des intrants. La FCA recommande que la gestion des approvisionnements soit reconnue comme programme de gestion du risque d'entreprise en vertu du Cadre stratégique agricole. La FCA recommande aussi que le gouvernement reconnaisse et s'engage à défendre les trois piliers qui sous-tendent la gestion des approvisionnements: les mesures à la frontière, la capacité de fixer les prix et la capacité de gérer les approvisionnements.
Pour conclure, disons que l'agriculture est une activité à risque élevé. Contrairement à d'autres industries primaires, elle est constituée d'un grand nombre de fermes individuelles. Comme priorité, il faut doter l'agriculture canadienne des outils nécessaires pour créer un cadre agricole stable et sain. Une bonne gestion est certes préalable au succès, mais la plupart des facteurs déterminant les recettes et les coûts des intrants sont indépendants de la volonté de l'agriculteur. Des variables telles que les conditions météorologiques imprévisibles, les fluctuations des prix du marché et le soutien gouvernemental aux agriculteurs rivaux dans d'autres pays en sont quelques exemples. Le changement climatique mine la capacité des agriculteurs canadiens de concurrencer efficacement. Les gouvernements, l'industrie et la communauté scientifique doivent travailler ensemble afin de donner aux producteurs les outils dont ils ont besoin pour atténuer les risques liés au changement climatique.
Le sénateur Gustafson: Votre rapport semble se situer à l'opposé des remarques que nous a adressées le Syndicat national des cultivateurs. Dans les Prairies, 80 p. 100 de la production est l'affaire de 20 p. 100 des agriculteurs. Nombre d'agriculteurs ont un métier d'appoint qui leur permet de continuer à pratiquer l'agriculture. Cela ne fait aucun doute, nous avançons dans la direction que les scientifiques et les bonnes recherches scientifiques ont imprimée à l'exploitation agricole. Tout de même, ce matin, le Syndicat national des cultivateurs a fait valoir que cette direction n'est pas la bonne.
Nous ne pouvons revenir en arrière. D'ici cinq ans, il y aura du blé génétiquement modifié. Sur ma ferme à moi, je ne ferais même pas la culture du canola modifié génétiquement, mais voilà la tendance. Dans votre rapport ce matin, vous soulignez la direction scientifique que nous allons prendre. Le gouvernement semble appuyer cela. On ne dit pas grand- chose du blé génétiquement modifié, mais croyez-vous que Monsanto va remporter la bataille? Vous semblez vous ranger du côté du milieu scientifique, et cela n'a rien de mal. Vous avez peut-être tout à fait raison. On parle beaucoup de cette question de nos jours, et le gouvernement souhaite obtenir des conseils de ses agriculteurs sur les porcheries et d'autres questions.
À qui le gouvernement devrait-il s'en remettre à ce sujet? Le ministère de l'Agriculture a une tâche qui doit être déroutante. Tout de même, certains facteurs existent.
M. Kamenz: La consolidation dans le secteur, en agriculture, dans tout secteur de l'économie, cela n'a rien de neuf. Il suffit d'un peu de perspective historique pour reconnaître que la consolidation est un phénomène qui s'applique depuis que nous avons colonisé ce pays. C'est la route sur laquelle nous cheminons. Nous pouvons débattre des événements historiques qui ont servi à accélérer le processus ou à le ralentir. C'est la voie sur laquelle je chemine en tant que producteur individuel. Je ne saurais dire si, à songer au contexte social dans son ensemble, c'est une bonne ou une mauvaise chose. Le résultat est différent d'un endroit à l'autre au pays. Dans une province urbaine comme l'Ontario, les gens ont l'occasion de trouver du travail dans les centres urbains, de sorte qu'il n'y a pas cette pression sociale sur les collectivités. Dans l'ouest du Canada, cela peut avoir un effet dévastateur, et cela a dévasté des collectivités dans l'ouest du Canada. Tout de même, les producteurs continuent leur expansion; c'est une question de survie. Nous ne sommes pas en train de bâtir des empires. Notre expansion est ce qui nous permet de demeurer en affaires.
Quant à la mise en marché d'organismes génétiquement modifiés, plus on exerce de pressions sur l'industrie, plus se resserrent les liens entre l'industrie des produits chimiques et des semences et les producteurs individuels et le gouvernement. Nous formons une coalition à trois pour de nombreux projets, en vue de trouver des solutions, car la question ne s'arrête pas au fait pour Monsanto de verser des sommes à ses actionnaires. Je suis assez naïf pour dire que nous travaillons ensemble pour trouver des solutions.
Le sénateur Gustafson: Notre comité s'est rendu en Europe. Ici, l'agriculteur moyen utilise peut-être 200 livres d'engrais, mais, en Europe, où on se targue d'avoir des projets écologiques, l'agriculture utilise 400 livres d'engrais, trois fois par année. Cela semble être la tendance.
Chez nous, à la ferme, nous avons adopté l'ensemencement continu. Ou bien nous augmentons la quantité d'engrais, ou nous n'avons pas de récolte. Voilà la tendance. La majeure partie des Prairies s'adonne à la culture continue. Si une poignée d'agriculteurs reviennent à la jachère, signalons qu'ils sont très peu nombreux. Voilà ce qui semble être la tendance.
Quand on utilise plus d'engrais, il faut plus de pulvérisations: quand la terre n'est pas cultivée, les insectes sont plus nombreux à manger votre récolte — les coléoptères, les sauterelles et ainsi de suite. Voilà la tendance. C'est la direction que nous avons prise. Nous avons essayé de sauver notre sol.
Pour produire davantage, étant donné que nos revenus étaient faibles et que nous ne souhaitions pas avoir une grande exploitation agricole, nous n'avions pas le choix. C'était l'expansion ou l'abandon.
M. Kamenz: Sur le plan microéconomique, en tant que producteur individuel, je regarde mon budget tous les ans et je vois augmenter insidieusement les coûts d'engrais et d'insecticides. Si on regarde l'ensemble du pays, il y a beaucoup de choses dont nous pouvons être fiers. On peut parler de changement climatique, mais il n'est pas possible de ne plus tenir compte de l'Accord de Kyoto. Pour ce qui est de Kyoto, une des choses que nous essayons vigoureusement de faire adopter, c'est une reconnaissance des mesures rapides. Si on revient à la période de base de 1990, on constate que les agriculteurs ont réduit l'utilisation d'insecticides, de 50 p. 100 ou plus. Voilà une source de fierté incroyable si on tient compte des hausses de production et aussi de l'ampleur du travail du sol. Les Prairies auraient été emportées par le vent au cours des trois dernières années si on n'y avait pas adopté des méthodes directes d'ensemencement et de préservation. D'une certaine façon, s'il semble que nous en utilisions plus, globalement, nous en faisons plus avec moins.
Le sénateur Gustafson: Votre ferme est près d'un centre urbain. Cela vous donne un avantage énorme: le prix de votre terre est plus élevé. Si l'agriculture ne vaut plus la peine pour vous, vous pouvez y construire des maisons et commencer à toucher des sommes d'argent vraiment importantes.
Il y a à Kelowna un agriculteur qui a essayé de diviser sa terre en lots; la ville le lui a interdit. Qu'a-t-il fait? Il a installé 50 cochons sur la grande route qui mène à la ville. Ses cochons y resteront jusqu'à ce qu'on lui permette de lotir sa terre.
Cela n'arrive pas dans les Prairies. Aux États-Unis, par contre, on adopte des mesures, particulièrement autour d'Atlanta, en Georgie. Je suis passé en voiture dans ce coin du pays. On voit 15 acres de ferme ici et là. Ensuite, il y a une maison de un million de dollars où on voit trois chevaux en train de paître. Les agriculteurs perdent leur terre. Au Canada, nous risquons de subir le même sort, à moins d'adopter des lois pour faire cesser le phénomène.
Cela n'arrivera pas à Macoun, en Saskatchewan, mais ce sera le cas autour de Toronto, dans le Lower Mainland et ainsi de suite. Aux États-Unis, on applique un bail de 99 ans; ce sont les autorités gouvernementales qui paient l'agriculteur pour sa terre.
M. Kamenz: En tant qu'agriculteur, je me fais une idée négative du luxe que représente le prix élevé d'une terre. En tant qu'agriculteur, tout ce qu'on peut se permettre, c'est de payer pour une terre le prix qui correspond à sa valeur en production.
Ce matin, je suis passé devant le domicile de mes voisins le long de la route 416; la plupart sont fonctionnaires ou travaillent dans le secteur des technologies de pointe à Ottawa. À toutes fins utiles, une de mes exploitations intensives est une porcherie. Je dois trouver le juste équilibre entre les exigences sociales des banlieusards et mon travail. Nous avons réussi à faire cela. Il existe des méthodes de production que l'on peut employer pour atténuer ce qui nuit à la vie des banlieusards.
Il nous fait absolument des lois environnementales. De fait, nous allons en avoir en Ontario. Par contre, en dernière analyse, il faut que les lois soient viables. Il faut pouvoir les faire respecter. Rien ne sert de mettre la barre très haut si on n'a pas du tout l'intention de faire respecter la norme. La semaine dernière, nous nous sommes trouvés dans une ferme de l'Alberta, qui entrevoit l'avènement de lois environnementales plus strictes. Nous avons discuté des parcs d'engraissement à High River, en Alberta. Si on compte tout, 93 000 têtes de bétail sont élevées à tout instant. À un endroit en particulier, il y en a 30 000 qui sont engraissées. Si vous relevez suffisamment la norme, l'industrie se sent obligée de grossir pour se conformer.
Nous avons besoin de lois environnementales, mais il faut que cela soit raisonnable. La conception des dispositions doit être l'affaire de l'industrie et des décideurs pour que, en dernière analyse, ce soit la société dans son ensemble qui en profite. De même, il faut que ce soit une législation viable.
Le sénateur Gustafson: Le programme américain est à ce point fort que les agriculteurs ne vendront jamais leur ferme. Il est plus profitable pour eux de la garder et de profiter des accords de bail.
Le sénateur Chalifoux: À la page 4 de votre mémoire, vous traitez des services météorologiques. Dans les réunions de caucus du Nord et de l'Ouest, nous avons appris que les stations météorologiques régionales sont en train de fermer. Cela préoccupe non seulement les agriculteurs, mais tous ceux qui vivent en région rurale. L'objectif consiste à fonctionner avec cinq grands centres au Canada. C'est le même satellite que celui qui est employé aux États-Unis. Dans le Maine, il y a deux stations météorologiques qui s'occupent du pays entier. Quel effet aura la fermeture des stations météorologiques régionales sur l'agriculture?
M. Kamenz: Depuis plusieurs années déjà, nous nous soucions beaucoup du fait que, pour économiser des coûts, on abandonne des services tant au fédéral que dans les provinces. En dernière analyse, le prix à payer sur le plan environnemental pourrait être exorbitant. D'abord, je souhaite tirer l'avantage économique maximal des produits qui sont les miens tout en atténuant ou en réduisant au minimum leur impact sur l'environnement. Si je suis incapable d'accéder à des renseignements précis sur la météo, cela me limite et m'expose à de petits incidents qui pourraient déboucher sur de grandes catastrophes environnementales. Nous y voyons une menace grave.
Cela nous ramène à la prémisse même de notre discussion: les événements météorologiques seront plus fréquents, plus graves et plus extrêmes de nature. Or, retirer un tel outil de travail à une industrie qui dépend de la météo, c'est ouvrir la porte au désastre.
Le sénateur Chalifoux: Votre organisation est-elle en train de négocier avec les ministères à ce sujet? Est-ce que vous leur avez révélé vos préoccupations?
Mme Nicole Howe, analyste des politiques, Fédération canadienne de l'agriculture: Nous avons écrit au ministre de l'Environnement, M. Anderson, pour lui signaler nos préoccupations. Il a répondu que le Service météorologique du Canada est aux prises avec certaines contraintes financières et qu'il travaillera de concert avec le ministre de l'Agriculture, dans le cadre de la politique agricole pour voir ce que l'on peut faire. Nous continuons d'exercer des pressions en faveur d'un meilleur financement de cette organisation, pour que le service en question puisse être fourni.
Le sénateur Chalifoux: Cela leur permettra d'économiser 1 million de dollars ou 2 millions de dollars par année, ce qui n'est rien. Nous nous dirigeons vers la catastrophe.
Le vice-président: L'évolution climatique nous pousse maintenant vers les extrêmes. Les pluies, les gelées, la chaleur sont extrêmes. La société s'est appliquée avec une diligence incroyable à bouleverser le climat partout dans le monde. Je crois qu'aucun pays n'est innocent à cet égard. Les deux exposés présentés ce matin ont été centrés sur l'idée d'atténuer les effets ou de s'adapter.
Pour ce qui est des propos qui nous ont été présentés jusqu'à maintenant, l'atténuation concerne d'abord l'instauration du protocole de Kyoto. Si nous adoptions toutes les mesures que prévoit le protocole de Kyoto, par exemple la réduction des émissions de gaz à effet de serre, cela permettrait uniquement de ralentir le changement climatique. Cela prendrait beaucoup de temps.
Notre souci, et c'est le mien en particulier, c'est de savoir comment s'adapter à ces extrêmes tout en protégeant notre approvisionnement en nourriture et l'industrie agricole. Tout ce que nous avons entendu ce matin porte sur l'atténuation. Cela ne permettra pas de résoudre les problèmes à long terme, par exemple ceux que causent les tempêtes de verglas, ou l'inondation de la rivière Rouge, au Manitoba, ou les sécheresses qui s'étalent sur trois ans.
Votre association a-t-elle étudié les procédés d'adaptation que l'on pourrait employer en cas d'inondation grave et de sécheresse à long terme?
M. Kamenz: Quand vous avez dit que la société est à l'origine de ce problème, je me suis dit que je m'inclus moi- même. Le mieux qu'on puisse faire, c'est de réduire au minimum l'impact futur, mais il nous faut reconnaître que notre planète est dynamique, qu'elle évolue. Le changement climatique fait partie de l'évolution naturelle de la planète. Oui, l'adaptation devient l'élément clé.
Nous sommes arrivés ce matin armés d'un mémoire de neuf pages, ce qui est court. C'est que nous n'avons pas toutes les solutions. Nous consacrons beaucoup d'efforts à nous positionner et à nous aligner avec les responsables de la recherche scientifique, de manière à être présents à la table au fur et à mesure que naissent les technologies et que se conçoit la science. Nous voulons avoir l'occasion d'accéder à l'information et de revenir à une tribune comme celle-ci pour recommander aux autorités d'encourager tel ou tel secteur.
Je n'ai pas de solution à proposer. Vous avez tout à fait raison en affirmant que c'est la question de l'adaptation qui est la clé de l'énigme. Quoi que nous fassions, le climat continuera de changer. Au Canada, si on regarde certaines régions du centre-ouest, on voit que les zones semi-arides et arides prennent de l'amplitude, et c'est le cas aussi des zones tempérées. Il y aura des pertes et, peut-être, des occasions nouvelles ou de nouveaux secteurs de production. Au fur et à mesure que nous apprenons ce qui va se passer et où cela va se passer, nous allons pouvoir nous positionner mieux afin d'établir une politique gouvernementale qui s'accorde avec les réalités constatées.
Le vice-président: J'espère que votre association nous le fera savoir quand elle imaginera des idées, des préoccupations et des concepts. Si nous en entendons parler, nous allons certainement vous rappeler.
Le sénateur Fairbairn: Cet exposé et l'autre aussi renferment certes un grand nombre d'affirmations qu'aucun d'entre nous ne nierait. En fin de compte, il s'agit de savoir comment on s'y prend. Comment faire pour que cela devienne une réalité?
Les agriculteurs sont des gens d'action. Par chez nous, à la fin de l'automne, des chercheurs de la direction de la recherche en agriculture de l'Alberta ont fait remarquer que la province avait besoin d'une importante quantité de neige provenant des montagnes, des ruissellements, des pluies printanières et tout le bataclan. Sinon, 90 p. 100 des terres productives en Alberta ne seraient pas productives. Paradoxalement, là où il y a eu le pire en fait de sécheresse, en Alberta, dans mon coin du sud-ouest de l'Alberta, le climat a pris une tournure bizarre, et nous avons eu droit à des inondations. Il est toujours bon de recevoir de l'eau, mais les inondations sont venues au moment de l'ensemencement, de sorte que les agriculteurs ont été nombreux à ne pas pouvoir planter. Il y en a eu aussi durant cette partie de l'automne, en août et en septembre, au moment où de nombreuses récoltes et de nombreux légumes, par exemple le maïs, la betterave et la pomme de terre, avaient besoin de chaleur pour finir et être récoltés en vue du marché d'exploitation. Nombre de récoltes pourrissent actuellement dans les champs parce qu'il fait froid et que c'est humide. Un stress s'exerce sur la terre, et un stress énorme s'exerce sur les gens.
Nous leur disons qu'il pourrait y avoir des façons de composer avec le changement climatique, et je vois mon ami de Canards illimité assis ici aujourd'hui. C'est triste. Mon coin de pays était jadis un des éléments les plus importants de l'Amérique du Nord parce qu'elle les gens y venaient de partout dans le monde pour la saison de la chasse. Si vous demandez aujourd'hui à un enfant où se trouvent les terres humides ou ce qu'est un marais, il vous prendra pour un fou. Il ne le sait pas. Aujourd'hui, les canards et les oies vivent au lac Anderson et dans le milieu de Lethbridge.
Le vice-président: Ils viennent en Saskatchewan maintenant.
Le sénateur Fairbairn: Ce sont des questions si difficiles que même un comité ou des gens comme certains de nos collègues, qui sont agriculteurs eux-mêmes, peinent à trouver une solution.
Question fondamentale: comment rallier les agriculteurs à la cause; comment faire en sorte que les milieux agricoles participent aux processus logiques dont il est question dans votre mémoire. Nous avons besoin de leur participation active. Nous pouvons proposer toutes les solutions, stratégies d'atténuation ou adaptations qu'il est possible d'imaginer, mais il leur faut se rallier à la cause à un moment où le stress les renverse, comme jamais depuis des générations. Comment faire en sorte qu'ils soient des éléments actifs, créatifs des méthodes dont vous parlez? Ce sont eux qui doivent les mettre en œuvre. Ce sont eux qui tuent du bétail, chose parmi les pires que l'on puisse imaginer pour un éleveur. Comment les rallier à la cause et leur donner de l'espoir, autrement que l'espoir éternel qui dit que, l'an prochain, tout ira mieux? Ils ne formulent peut-être pas d'idée scientifique qui donne des techniques de pointe, mais les agriculteurs connaissent la terre. Ils savent parfois que ce qui est proposé à Ottawa ou à Queen's Park ou à Edmonton n'est pas forcément viable ou pratique, sur le terrain même.
M. Kamenz: Votre dernière remarque ne doit pas être minimisée, il faut vraiment y prêter foi — c'est la question de l'espoir éternel.
Les producteurs sont uniques. Les agriculteurs sont uniques au sens où c'est cet éternel espoir qui motive tout. La volonté est là. Les producteurs s'adaptent. Les producteurs innovent. Les producteurs installent des compteurs d'eau pour voir quelle est l'utilisation de leurs ressources et comment ils peuvent s'y prendre pour en faire la gestion la plus efficace possible.
Quant aux terres humides qui ont disparu, nous sommes stressés de savoir que des ONG, des gouvernements ou divers secteurs de la société montrent du doigt l'agriculture et disent: «Ces terres humides ne sont plus là parce que vous les avez drainées.» Dans bien des cas, ces terres humides ont disparu parce qu'il n'y a pas eu suffisamment de pluie.
Le sénateur Fairbairn: De même, nous y avons construit des banlieues.
M. Kamenz: Tout à fait, sinon la société a cru qu'une zone humide en particulier pouvait être superflue. C'est ce stress que ressentent les producteurs individuels. En tant qu'intendants chargés des ressources naturelles du Canada, pour la plus grande part, quand les choses déraillent, c'est d'abord et avant tout nous qui sommes là. La société, par commodité, oublie les décisions conscientes qu'elle a prises, soit que ses besoins compensaient d'une manière ou l'autre le besoin d'avoir ces terres humides ou ces zones où règne la biodiversité.
Quant à savoir si les agriculteurs se sont vraiment ralliés à la cause, permettez-moi de vous dire que nous nous sommes vraiment là.
Le sénateur Fairbairn: J'aurais dû parler de participation effective et non pas seulement de votre volonté. Visiblement, vous représentez des organisations qui s'attachent à la question, mais cela va au-delà de l'organisation. J'apporte cette précision. Comment s'y prendre le mieux possible pour créer l'alliance solide qu'il faudra pour contrer ces éléments naturels et autres dont nous pouvons parler ici au Canada, pour constater ensuite que nous ne pouvons vendre le canola en Europe parce que les Européens n'en veulent pas s'il est modifié?
M. Kamenz: Notre mémoire traite de certains des points essentiels à cet égard. Nous aimerions que le gouvernement y réinvestisse dans les services météorologiques, parce qu'il s'agit d'un outil essentiel qui permet à l'agriculture de décider de sa planification.
Le sénateur Fairbairn: Est-ce qu'il nous faut un renforcement et l'élargissement des liens, par exemple l'ARAP?
M. Kamenz: Nous ne devrions pas nous limiter à un seul organisme, croire qu'il pourra tout prendre en charge. Pour trouver les solutions qu'il faut, le gouvernement et l'industrie doivent resserrer les liens et trouver les stratégies d'adaptation ou d'atténuation les plus rentables du point de vue du producteur.. En dernière analyse, le producteur — la gestion des risques d'entreprise est son affaire.
Je peux en supporter beaucoup, dans la mesure où je sais que je fais partie intégrante de la société canadienne. Quand les choses vont mal à cause de phénomènes météorologiques extrêmes, je veux savoir que j'ai assez d'importance aux yeux du consommateur canadien et du contribuable canadien pour disposer d'options de gestion du risque qui me permettront de traverser la crise. Les producteurs ont besoin de cette stabilité. Ce n'est pas comme une entreprise qui ferme; nous avons entendu dire plus tôt que, dans certains cas, ces gens sont là depuis que le pays a été colonisé, dans les années 1820. J'habite un secteur où la Canada Company a remis des lots de terre aux familles. C'est plus qu'une entreprise dont il est question; c'est une vie. C'est le patrimoine canadien. Il est impératif pour nous de disposer de stratégies adéquates de gestion des risques d'entreprise, pour survivre à une catastrophe.
Par le passé, la catastrophe se situait habituellement du côté du prix. Cependant, nous en venons de plus en plus au point où c'est la météo qui fait la catastrophe. En dernière analyse, la population canadienne doit décider. L'approvisionnement au pays même est-il prisé? Faut-il accorder de la valeur aux gens qui tissent le tissu social du pays? Si c'est le cas, alors il faut investir pour maintenir cela.
Le sénateur Fairbairn: Je devrais reformuler la question. Je devrais vous demander quelles sont les meilleures façons de faire participer le consommateur. C'est difficile.
M. Kamenz: Je suis d'accord avec vous à 100 p. 100. C'est l'élément difficile de l'équation.
Le sénateur Day: Je poserai deux questions qui découlent de l'exposé que vous avez fait aujourd'hui.
La première porte sur l'évolution technique. Les agriculteurs forment un groupe indépendant; ils aiment faire leurs propres choix et faire ce qui est bon pour la ferme. La remarque que vous avez faite au sujet du blé génétiquement modifié m'intrigue. Vous donnez à entendre que le gouvernement du Canada ne devrait pas l'inscrire au point où nous en sommes. À coup sûr, l'inscription ne force aucun agriculteur à l'employer; c'est juste une autre option à sa disposition. Pourquoi la politique gouvernementale devrait-elle servir à ralentir un processus d'inscription? Est-ce que nous essayons de protéger l'agriculteur contre un choix qu'il ne devrait pas faire?
M. Kamenz: Pour exprimer cette pensée-là, nous avons essayé de choisir soigneusement nos mots. Nous avons pris le soin de dire qu'il faut tenir compte de facteurs d'acceptabilité avant que des récoltes ou des produits ne puissent être inscrits à des fins de production commerciale. Tout ce que nous avons dit au sujet du blé transgénique, c'est qu'il faut répondre à des questions très difficiles quant à savoir quel sera l'impact sur nos marchés étrangers. À de nombreux égards, les marchés en question sont le pain et le beurre des producteurs de blé canadiens.
Je ne connais pas les réponses aux questions posées. Nous ne disons pas qu'il ne faut pas inscrire ce blé. Nous disons qu'il faut envisager ces questions avant de mettre ce produit sur le marché, de manière à ne pas mettre en péril ces marchés.
Le sénateur Day: Confondons-nous ici les aspects économiques du marché et la science? L'homologation d'un produit devrait-elle, oui ou non, être fondée sur des éléments scientifiques? Les règles économiques du marché ont trait à une autre décision qu'il faudrait prendre; peut-être qu'on ne pourra obtenir de l'assurance pour cultiver ce produit, quelque chose du genre.
Pourquoi faudrait-il dire au gouvernement: n'allez pas inscrire ce produit maintenant, même si les éléments scientifiques en faveur sont bons, parce que ce n'est pas bon pour les marchés?
M. Kamenz: En termes simples, nous ne croyons pas que l'administration s'engage suffisamment à contrer le risque qui, sur le plan des prix, ferait peut-être que ce marché serait détruit. Nous adoptons une approche pragmatique, nous disons qu'il faut de nouvelles technologies, mais, d'abord, reconnaissons et comprenons l'impact économique de la chose.
Comme le sénateur Fairbairn l'a souligné, le contribuable canadien n'est pas prêt à se porter à notre secours si nous employons une nouvelle technologie et que les prix s'effondrent parce que nous n'avons plus de marché. Il n'est pas juste de dire que nous, les producteurs, tergiversons. Nous sommes pragmatiques et nous disons: comprenons les conséquences de certaines de ces technologies avant de nous lancer dans cette voie.
Le sénateur Day: Pour revenir à une autre époque, si le sénateur Tunney était là, il apprécierait vos remarques concernant la régulation de l'offre. Quant à la gestion des risques d'entreprise du point de vue fédéral, avez-vous procédé à une analyse du cadre stratégique agricole qui est proposé et des propositions concernant la stabilisation des revenus que l'on fait actuellement valoir? Disposez-vous d'une analyse écrite qui détermine si c'est adéquat — autrement que du point de vue de la régulation de l'offre — pour les autres récoltes, du point de vue de la gestion des risques d'une entreprise? Vous avez raison de dire qu'il est capital de se concentrer là-dessus, parce que le processus est lent.
M. Kamenz: C'est d'abord et avant tout le chapitre du cadre stratégique agricole qui porte sur la gestion des risques d'entreprise qui pose des difficultés à de nombreuses provinces. Celles-ci ont adopté cette position suivant les consignes de leurs producteurs.
Les négociations sont en cours. Nous avons fait connaître notre position officielle au ministère de l'Agriculture et au Comité sénatorial permanent de l'agriculture. Nous reconnaissons que la situation évolue. Je n'ai pas de réponse à donner ici ce matin, autrement que pour dire que la position que nous avons fait valoir officiellement ne remporte pas entièrement l'assentiment des provinces ni des producteurs. Il faut la peaufiner un peu.
Le sénateur Day: Mme Howe souhaite formuler une observation. Après, pourriez-vous nous remettre votre mémoire?
Le vice-président: Oui, il a été porté au compte rendu.
Mme Howe: Ni Geri ni moi ne portons le regard d'un expert sur la gestion des risques d'entreprise. Par contre, je pourrais vous mettre en relation avec le personnel et les producteurs de la FCA qui touchent de plus près à cette consultation.
Le sénateur Day: Pourriez-vous nous remettre aussi votre mémoire?
Mme Howe: Certainement.
Le sénateur Hubley: Le changement climatique va produire des effets très marqués et, dans certains cas, il y aura des répercussions à long terme.
La Fédération canadienne de l'agriculture sait-elle si, à un moment donné, la production mondiale d'aliments sera mise en péril? Si vous voulez faire participer la population au débat, l'idée que les vivres puissent manquer serait certainement une façon efficace de procéder. Êtes-vous d'avis que le monde, un jour, ne pourrait plus arriver à nourrir sa population?
M. Kamenz: Pour l'heure, non. Nous revenons à une notion historique: nécessité est mère d'innovation. Nous le voyons au niveau du producteur, et nous le voyons à l'origine des innovations scientifiques. Nous allons répondre aux besoins.
Durant ma carrière en tant que producteur, je n'ai jamais vu un ratio stocks-consommation si peu élevé. Éliminer des pans de la production et créer, peut-être, des pénuries afin de faire grimper les prix, voilà une option que nous ne devrions pas envisager.
Le sénateur Hubley: Vous avez dit que le ratio stocks-consommation n'a jamais été aussi bas, dans votre carrière. Croyez-vous que la tendance va se maintenir?
M. Kamenz: À tous les points de vue, nous nous sommes donné une société «juste à temps». Je ne vois rien à l'horizon qui fasse croire que les gens veulent le luxe qui consiste à savoir qu'il y a une montagne d'aliments en réserve, au cas où on en aurait besoin. Je crois que la tendance va se maintenir. C'est mon observation personnelle, mon sentiment personnel en tant que producteur.
Le sénateur Gustafson: J'ai une question à propos du panier alimentaire, de la quantité de nourriture que nous produisons et de ceux qui en tirent un profit. Si vous regardez la transformation et les familles qui possédaient l'argent et celles qui ont fait de l'argent par le passé au Canada, vous constatez que, souvent, la transformation des aliments était au cœur de leurs activités. Nous en avons vu un bon exemple l'autre jour, qui faisait intervenir des milliards de dollars.
Sur la vente d'un pain qui coûte peut-être 1,20 $, l'agriculteur moyen touche probablement six cents. Personne ne s'occupe de cela. Je n'aime pas les interventions étatiques. L'agriculteur, pour la plus grande part, souhaite être indépendant. Nous avons une politique axée sur la nourriture à bon prix. Pour la plus grande part, le producteur primaire n'obtient pas grand-chose.
La Fédération canadienne de l'agriculture est une organisation d'envergure. Avez-vous étudié la question et, le cas échéant, ce que l'on pourrait faire?
M. Kamenz: Oui, nous sommes conscients des mesures que prennent certaines personnes.
À titre d'exemple, disons que vous allez au restaurant et que vous commandez un repas. Le pourboire que vous remettez à la fin est plus important que la part de l'agriculteur dans le panier de vivres consommés.
Les producteurs commencent à se réunir en «chaînes de valeur». Ils collaborent plus étroitement avec les transformateurs pour savoir ce que veulent ceux-ci, ce que veut le consommateur, et les liens se font ainsi. En dernière analyse, ils obtiennent un avantage dû à l'appartenance à une chaîne de valeur, parce qu'ils proposent ce que souhaite l'utilisateur final. Nous commençons à cultiver ces liens entre le producteur, le détaillant et le transformateur, c'est un degré de coopération nouveau.
Autre chose: il y a une nouvelle génération de coopératives. Nous sommes indépendants, mais les hommes indépendants sont parfois animés d'un même esprit, là où le dicte l'avantage économique. Les producteurs décident d'investir sérieusement dans leurs propres usines de transformation. La façon dont les producteurs de l'Okanagan mettent en marché et vendent leurs pommes en est un excellent exemple. Noël arrivé, il n'y a plus de pommes à vendre. Quand vous allez à l'épicerie, vous achetez des pommes de Washington. Les excellentes études de cas abondent pour montrer les approches d'adaptation qu'utilisent les producteurs pour se donner une plus grande part du marché.
Le sénateur Gustafson: Ce que me disent les gens des offices de commercialisation, surtout dans l'industrie laitière, c'est que si l'Organisation mondiale du commerce rend une décision à leur encontre, dans de nombreux cas, ils ne vont pas survivre, car le système américain produit de telles quantités qu'il les renverserait.
M. Kamenz: Je reviendrai à ce que disait Mme Howe plus tôt. Je ne suis qu'un agriculteur qui s'intéresse aux questions de l'environnement et du changement climatique. Maintenant, vous parlez de commerce. Notre président, Bob Friesen, est à Tokyo en ce moment même parce que c'est son domaine de spécialité. Je ne connais pas la réponse à votre question.
Le vice-président: Monsieur Kamenz et madame Howe, merci d'être venus nous voir. Votre exposé a suscité tout un intérêt chez les membres du comité.
M. Kamenz: Nous apprécions le fait que vous laissiez la porte ouverte, car nous y voyons une question qui évolue. Nous allons essayer de faire en sorte que notre propre politique évolue au fil de la politique gouvernementale.
Le vice-président: Nous devons traiter de quatre motions. La première concerne le transfert de 3 000 $ de la rubrique «transport et communications» à la rubrique «services professionnels et autres». La proposition est-elle adoptée?
Des voix: Oui.
Le vice-président: La deuxième motion, le Comité de l'agriculture et des forêts approuve le transfert de 1 000 $ de la rubrique «transport et communications» à la rubrique «autres dépenses». Les sénateurs sont-ils d'accord?
Des voix: Oui.
Le vice-président: Vous avez reçu à l'avance un exemplaire de nos budgets.
Le sénateur Day: Nous avons adopté ces deux motions. Maintenant, notre président va les proposer au Comité de régie interne?
Le vice-président: Non. C'est à l'intérieur de notre comité.
Les deux prochaines motions portent sur les propositions qui iront au Comité de régie interne. Celles-ci visent à parachever l'étude à laquelle nous procédons actuellement d'ici la fin de l'année. Nous demandons 19 700 $ de plus pour que le comité puisse faire son travail.
Le sénateur Day: C'est pour le reste de l'exercice financier?
M. Daniel Charbonneau, greffier du comité: C'est pour le nouvel exercice, à compter du 1er avril, jusqu'à la fin de l'étude.
Le sénateur Day: Est-ce suffisant?
Le vice-président: Oui.
L'autre motion, qui concerne l'affectation de 514 860 $, porte sur le comité dans son ensemble.
Le sénateur Day: Je propose que la motion sur le montant le moins important soit adoptée.
Le vice-président: Est-ce adopté?
Des voix: Oui.
Le vice-président: Le dernier élément qu'il faut voir concerne le budget pour la nouvelle étude que le comité doit entreprendre durant l'exercice qui se termine le 31 mars 2004. Vous avez le budget devant les yeux. Le total s'élève à 514 860 $. Y a-t-il d'autres questions que vous voudriez adresser au greffier?
Le sénateur Day: Nous proposons que le comité visite l'ouest du Canada, l'est du Canada, l'Ontario et le Québec. Je crois que c'est absolument indispensable.
Le sénateur Gustafson: Le budget en question a-t-il été approuvé?
Le sénateur Day: Nous demandons l'approbation en question.
Le vice-président: Que souhaitez-vous?
Le sénateur Hubley: Je propose l'adoption de la motion.
Le vice-président: Êtes-vous d'accord?
Des voix: Oui.
Le sénateur Day: Avant de terminer, le sénateur Gustafson a souligné que le ministre a dû s'absenter pour traiter d'une question agricole, de questions qui importent aux yeux du comité. Le comité directeur peut-il aborder le ministre pour lui signaler que nous entreprenons cette deuxième étude et lui demander s'il souhaite, dans la mesure où il sera absent, déléguer un représentant qui fera rapport à notre intention? Pouvons-nous lui souligner que notre comité aimerait faire partie de ce genre de voyage?
Le vice-président: Voilà une excellente suggestion.
Le sénateur Day: Nous ne pouvons pas tous y aller, mais un représentant du comité pourrait le faire.
Le vice-président: Un membre du comité est toujours invité à accompagner le ministre. Il vaut la peine de le souligner encore.
Souhaitez-vous que le président adresse une lettre au ministre à cet égard? Je vais correspondre avec lui moi aussi.
Il ne serait pas inutile d'adopter une motion à cet égard, honorables sénateurs.
Le sénateur Fairbairn: Je le propose, monsieur le président.
Le vice-président: Êtes-vous d'accord, honorables sénateurs?
Des voix: Oui.
La séance est levée.