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Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 22 - Témoignages du 4 novembre 2003


OTTAWA, le mardi 4 novembre 2003

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 17 h 36 pour étudier les questions se rattachant au développement et à la mise en marché, au Canada et à l'étranger, de produits agricoles, agroalimentaires et forestiers à valeur ajoutée.

Le sénateur Donald H. Oliver (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président: Honorables sénateurs, je vous souhaite la bienvenue ainsi qu'à nos observateurs. Je voudrais également souhaiter la bienvenue aux Canadiennes et aux Canadiens qui nous écoutent sur CPAC et Internet.

[Traduction]

Au cours des dernières semaines, nous avons entendu divers témoins qui nous ont expliqué les enjeux relatifs aux produits à valeur ajoutée. Honorables sénateurs, nous avons invité ce soir le président de la Fédération canadienne pour l'exportation du boeuf, M. Ted Haney, qui nous donnera un aperçu des problèmes que doit surmonter son secteur à ce titre en vue d'accroître les débouchés pour les agriculteurs.

J'invite M. Haney à présenter son exposé. Ensuite, les honorables sénateurs auront de nombreuses questions à vous poser.

M. Ted Haney, président, Fédération canadienne pour l'exportation du boeuf: Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous ce soir.

Le secteur canadien de l'élevage bovin oeuvre dans le domaine de la valeur ajoutée au Canada depuis plus de 400 ans. Les premiers bovins ont été importés d'Europe au début du XVIe siècle. À cette époque, c'est-à-dire au début de la colonisation du Canada, ils étaient destinés à fournir de la viande aux colons.

Plus récemment, la production bovine des Prairies et de l'Ontario a pris de l'expansion grâce aux débouchés qu'offraient d'abord les centres urbains canadiens et ensuite les marchés extérieurs.

De notre point de vue, la tranche la plus récente de notre histoire a commencé en 1990, lorsque le secteur canadien a entrepris d'accroître considérablement sa production de bovins, parallèlement à la transformation de la viande de boeuf, augmentant ainsi l'offre de produits bien au-delà des besoins de la population canadienne. C'est là une valeur ajoutée de très haut niveau, car toute la valeur que nous ajoutons au produit quitte le Canada et se transforme en revenu pour notre nation, en plus d'offrir des possibilités de croissance dans toute notre économie.

En 1990, notre secteur a exporté 85 000 tonnes métriques de boeuf aux États-Unis et 7 000 tonnes métriques en Asie et au Mexique. Nos éleveurs savaient que nous dépendions dans une trop grande mesure des États-Unis. Plus de 95 p. 100 de nos exportations étaient destinées aux États-Unis, et ce marché devenait de plus en plus protectionniste. Nous avons dû nous défendre dans diverses poursuites visant à imposer des droits compensateurs. Nous devions constamment tenir compte du spectre des accusations de dumping qui pourraient être portées contre nous. Au début, nous risquions d'être exposés à d'autres restrictions commerciales comme des points de friction à la frontière; plus tard, il y a eu la question de l'étiquetage du pays d'origine. Notre fédération a été fondée en vue d'augmenter les exportations à valeur ajoutée et de diversifier nos marchés afin de réduire notre dépendance envers les États-Unis.

En 2002, douze ans après la fondation de notre organisation, nos exportations sur le marché mondial sont passées à 520 000 tonnes métriques, soit une valeur de 2,2 milliards de dollars. Nos exportations aux États-Unis s'élevaient à 373 000 tonnes métriques, soit 1,7 milliard de dollars. Quant aux marchés qui intéressaient la Fédération canadienne pour l'exportation du boeuf, nos exportations y ont connu une croissance incroyable; elles ont atteint 470 millions de dollars et 126 000 tonnes métriques en 12 ans.

Cette progression a été précieuse pour notre secteur. Elle a permis d'investir dans deux usines de transformation du boeuf de calibre international dans l'Ouest canadien ainsi que d'affecter des sommes considérables à l'augmentation de la taille et de la capacité des usines de transformation du boeuf existantes au Canada central. Ces investissements ont largement dépassé les 500 millions de dollars canadiens. Ces investissements et les emplois qu'ils ont permis de créer ont été, là encore, un atout pour l'économie canadienne.

Aujourd'hui, notre secteur compte plus de 100 000 employés qui travaillent directement à la production bovine, à la transformation de la viande et dans les secteurs de services connexes. Nous exportons de 60 à 70 p. 100 de notre production. La croissance future de notre industrie dépend de meilleurs accès aux marchés extérieurs et de l'augmentation de la consommation de boeuf à l'étranger. Au Canada, notre secteur est arrivé à maturité. Il y a une légère augmentation de la consommation de boeuf, parfois des diminutions, mais la consommation demeure relativement stable. Notre expansion et notre prospérité dépendent de l'augmentation des ventes en Asie et au Mexique.

Nous prévoyons faire passer nos exportations vers l'Asie et le Mexique des 470 millions de dollars qu'elles représentent actuellement à 1,1 milliard de dollars en 2010. Il s'agira d'une croissance de plus du double, car durant cette période, nous prévoyons que nos exportations vers les États-Unis diminueront à mesure que nous réorienterons les produits canadiens du boeuf vers d'autres marchés pour des raisons de rentabilité.

Nos principaux besoins pour l'avenir tiennent tant à la politique intérieure qu'à la politique internationale. En ce qui a trait à la politique nationale, les secteurs de la production et de la transformation bovines au Canada nécessiteront un environnement favorable aux investissements grâce à un régime fiscal concurrentiel par rapport aux autres régions où ils sont effectués, qu'il s'agisse des États-Unis, de l'Australie ou de la Nouvelle-Zélande.

Nous devons continuer de favoriser la mobilité de la main-d'oeuvre. Cette mobilité est toujours nécessaire si l'on veut que de nouveaux employés de la production trouvent des emplois dans des villes comme Brooks ou High River, en Alberta, ou encore Guelph, en Ontario. Dans bon nombre de cas, notre secteur fournit un premier emploi intéressant aux nouveaux immigrants du Canada. Ces emplois sont précieux pour ceux qui arrivent dans notre pays et ils sont nécessaires compte tenu de la production toujours croissante des usines.

À l'échelle internationale, il faut améliorer l'accès aux marchés et rendre plus stables les règles qui régissent notre commerce. Par exemple, les États-Unis ont droit à notre gratitude pour avoir accepté partiellement nos produits sur leur marché malgré la crise de l'ESB, mais nous nous inquiétons néanmoins de ce que même les États-Unis n'ont pas encore suffisamment ouvert leur marché à nos produits pour mettre fin à la crise dans notre secteur.

En raison de préoccupations commerciales, les États-Unis ont commencé à importer du boeuf désossé et du foie provenant d'animaux âgés de moins de 30 mois. Les Américains ont ensuite convenu avec nous que le risque que pose l'ESB au Canada est minime, ce qui signifie qu'on devrait permettre le commerce de tous les produits du boeuf qui ne présentent pas de risques particuliers, quel que soit l'âge des bovins, ainsi que les bovins vivants nés après l'interdiction d'utiliser certains aliments pour ruminants, que ce soit à des fins d'alimentation, de transformation ou de reproduction. Nous sommes déçus de constater que les lignes directrices mondiales fondées sur la science ne sont pas respectées, même par notre principal partenaire commercial.

De façon plus générale, nous devons composer avec des obstacles sous forme de tarifs élevés. Au Japon, on nous impose un tarif de 38,5 p. 100. Notre secteur estime que si ce tarif était éliminé, et c'est l'un des objectifs visés dans les négociations actuelles de l'OMC, le Japon pourrait importer 550 000 tonnes métriques de boeuf de plus. S'il obtenait 10 p. 100 de cette augmentation des exportations, le Canada exporterait au Japon 55 000 tonnes métriques de boeuf de plus, d'une valeur de 150 millions de dollars. Dans le contexte actuel, le Japon a décidé de mettre en place une mesure de protection supplémentaire qui a fait passer notre tarif de 38,5 à 50 p. 100. Cette mesure de protection a été adoptée lorsque le marché a retrouvé ses niveaux d'importation normaux après la crise de l'ESB en Asie en 2001. Cette petite augmentation de tarif, de 38,5 à 50 p. 100, a provoqué une diminution d'environ 20 p. 100 des importations japonaises de boeuf, diminution qui a suivi immédiatement après l'augmentation du tarif.

Cela montre que des tarifs élevés constituent un obstacle au commerce. En augmentant les tarifs, on réduit le commerce, et cela confirme également à notre avis qu'une diminution des tarifs permettra d'augmenter le commerce ou de rehausser la prospérité de notre secteur.

De même, la Corée nous impose un tarif de 40 p. 100. Si ce tarif était éliminé, nous croyons que la Corée pourrait augmenter ses importations de 200 000 tonnes métriques.

En se fondant sur une part de 10 p. 100, là encore, les 20 000 tonnes métriques supplémentaires rapporteraient à notre secteur 60 millions de dollars en nouvelles exportations. Ces deux pays nous rapporteraient à eux seuls 200 millions de dollars américains en nouvelles ventes et offriraient à notre secteur une capacité accrue de prendre de l'expansion et d'obtenir des recettes plus élevées par animal, grâce à la concurrence; cette richesse serait réinvestie dans des exploitations de naissage.

Le Mexique est un exemple de marché où le commerce est efficace en raison du manque de mécanismes de protection. En 1995, lorsque le Mexique, le Canada et les États-Unis ont entrepris de mettre en oeuvre l'Accord de libre-échange nord-américain, nos exportations vers le Mexique étaient minimes. Elles ne représentaient que 3 000 tonnes métriques, soit 4 millions de dollars, ce qui est peu. Les importations de cette ampleur contribuent peu à la santé de notre secteur. Grâce à l'accès sans tarif que permettait l'ALENA, les produits ont pu pénétrer ce marché à des prix concurrentiels. Cette mesure, conjuguée à l'ouverture de l'économie mexicaine, a entraîné des investissements accrus au Mexique et permis aux Mexicains d'améliorer leurs revenus et leurs conditions de vie. Notre part de ce marché est passée d'environ 5 p. 100 à plus de 20 p. 100. En 2002, nos ventes s'élevaient à 76 000 tonnes métriques, c'est-à-dire à 283 millions de dollars. Ce progrès n'a été possible que grâce à l'élimination des tarifs dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain.

Par conséquent, le principal obstacle à long terme à notre croissance dans la production de boeuf à valeur ajoutée, ce sont les règles du commerce international; à court terme, il faut retrouver l'accès aux marchés que nous avons perdus en raison de la crise de l'ESB; à moyen terme, il faut éliminer les tarifs qui faussent le commerce tout en garantissant que les règles du commerce soient appliquées par un tiers objectif afin que nous n'ayons plus à nous opposer à nos principaux partenaires commerciaux pour conserver les marchés.

Le président: Merci beaucoup, monsieur Haney. Je vais demander à notre vice-président, le sénateur Wiebe, de diriger le reste de la séance.

Le sénateur Jack Wiebe (vice-président) occupe le fauteuil.

Le vice-président: Si on me demande d'occuper le fauteuil, c'est afin que je ne pose pas trop de questions.

Le commerce ne sera peut-être plus jamais ce qu'il était avant la crise de l'ESB. Je crois toutefois qu'il est possible de récupérer les marchés. Nous serons régis par de nouvelles règles ou de nouvelles directives.

Ma première question porte sur l'une des préoccupations du comité et sur la raison pour laquelle nous avons entrepris cette étude. Que faudrait-il faire pour transformer une part plus grande du produit brut que nous produisons ici au Canada? Pourquoi exportons-nous tant d'animaux vivants, particulièrement aux États-Unis, pour qu'ils y soient engraissés et transformés? Cela donne aux États-Unis l'avantage de créer plus d'emplois et de bénéficier de la vente de grain utilisé pour nourrir les animaux.

M. Haney: Nous attirons depuis toujours des investissements. C'est une bonne leçon sur la façon d'attirer des investissements futurs pour la transformation à valeur ajoutée.

Jusqu'au milieu des années 80, le Canada était un importateur net de produits transformés du boeuf et un exportateur de bovins vivants et de produits céréaliers. Quand les entreprises canadiennes, y compris de petites usines de transformation du boeuf à petite échelle et d'efficacité moyenne, se sont engagées dans le commerce international, les avantages que le Canada a retirés de la production nous ont permis d'accroître nos exportations. En 1990, par conséquent, nos exportations sur le marché mondial atteignaient 94 000 tonnes métriques, soit 260 millions de dollars. Cette augmentation a amené l'entreprise Cargill Foods à investir dans une usine de classe mondiale à High River, en Alberta. Cet investissement d'environ 250 millions de dollars a permis de construire une usine de transformation qui peut traiter un million de bovins par année. Grâce à cet investissement, ces bovins ont pu être transformés au Canada et produire environ 350 000 tonnes métriques de produits transformés du boeuf, une quantité qui excède largement la demande de notre propre marché. Grâce à un accès accru aux marchés internationaux, ces produits ont commencé à être exportés aux États-Unis, un peu au Mexique, mais principalement en Asie.

Au cours des cinq années suivantes, nos exportations sont passées à 221 000 tonnes métriques, soit 660 millions de dollars. Nous nous sommes montrés efficaces dans la commercialisation du boeuf canadien sur des marchés internationaux concurrentiels. Nous avons pu attirer de nouveaux investissements de la firme IBP, maintenant connue sous le nom de Tyson, à Brooks, en Alberta, ce qui a permis d'acquérir et d'agrandir l'usine de Lakeside Packers. On a investi de 200 à 250 millions de dollars dans cette usine.

Nos exportations sont ensuite passées de 221 000 tonnes métriques à 520 000 tonnes métriques. Les 300 000 tonnes métriques transformées dans cette usine étaient destinées directement à l'exportation.

Nous estimons que nos installations actuelles de transformation nous permettront d'atteindre notre objectif d'environ 1,1 milliard de dollars pour 2010. À ce moment-là, il sera possible d'investir au Canada 200 à 250 millions de dollars de plus — en dollars d'aujourd'hui — pour créer une autre usine de transformation de la viande de classe mondiale au Canada. Nous ne savons pas encore si cet investissement viendra du Canada ou de l'étranger. Nous pourrons de cette façon transformer au Canada le million de bovins vivants que nous exportons à l'heure actuelle aux États-Unis et nous pourrons les transformer en 300 000 tonnes métriques supplémentaires de produits du boeuf qui seront exportées aux États-Unis, au Mexique et principalement en Asie.

Ce qui a permis les investissements antérieurs et qui attirera de nouveaux investissements dans notre secteur, c'est l'amélioration de l'accès aux marchés, l'exercice de cet accès. Il faudra démontrer que la transformation des bovins vivants en produits à valeur ajoutée, les produits transformés du boeuf dans notre cas, est d'un bon rapport pour les investissements. Nous allons continuer dans cette voie et nous allons obtenir des investissements supplémentaires dans notre secteur. J'espère avoir répondu à votre question.

Le vice-président: Oui. Je me souviens que l'Ouest canadien exportait ses animaux vivants vers le sud et qu'il n'y avait pas beaucoup de commerce sur l'axe est-ouest; l'est importait ses produits transformés des États-Unis. Cela se fait-il encore beaucoup?

M. Haney: Oui. Le volume et la nature du commerce ont beaucoup changé au cours des sept dernières années.

Les régions les plus peuplées du Canada, l'Ontario et le Québec, importent des produits du boeuf des États-Unis, plus particulièrement dans le secteur des services alimentaires, pour ajouter à l'approvisionnement disponible dans ces provinces. Des quantités importantes de produits transformés du boeuf quittent l'Ouest canadien pour être exportées principalement sur la côte Ouest, dans une grande mesure en Californie et dans ces régions plus densément peuplées.

Les bovins vivants sont également exportés en grandes quantités vers les États du centre des États-Unis, dans la zone du maïs, pour y être engraissés. On en exporte habituellement de 800 000 à 900 000 par année. L'an dernier, en raison de la sécheresse, le nombre des animaux s'est élevé à environ 1,5 million. Les États producteurs de lait du Midwest américain exportent un nombre relativement faible d'animaux en Ontario pour accroître l'approvisionnement en bovins dans cette région.

La nature du commerce a évolué. En 2002, le Canada jouissait d'un surplus commercial de 3,5 milliards de dollars dans ses exportations de boeuf et de bovins vivants aux États-Unis. Il y a un peu de commerce du nord vers le sud, mais surtout du sud vers le nord.

Le vice-président: Nous avions espéré que l'abolition du tarif du Nid-de-corbeau encouragerait une transformation accrue de produits dans l'Ouest canadien. Lors d'une table ronde tenue récemment ici, le consensus a été que les avantages nets de cet encouragement n'ont pas encore été obtenus.

Il est très difficile, semble-t-il, d'attirer une entreprise de transformation de la viande dans ma province, la Saskatchewan. Est-ce dû au coût du transport pour vendre le produit fini dans les centres plus peuplés?

M. Haney: L'abolition du tarif du Nid-de-corbeau a stimulé la valeur ajoutée intermédiaire dans notre secteur, même s'il s'agit de la production de produits intermédiaires, c'est-à-dire des bovins gras. Au lieu d'exporter des veaux à des engraisseurs accrédités, on en nourrit un plus grand nombre. C'est déjà en soi de la valeur ajoutée. Pour notre secteur, il vaut beaucoup mieux exporter un animal engraissé prêt pour la transformation plutôt qu'un veau.

L'élimination du tarif du Nid-de-corbeau et les prix plus concurrentiels des aliments pour animaux qui en sont résultés dans l'ouest du Canada ont permis de stimuler le secteur de l'engraissage des bovins.

C'est aussi grâce à la disponibilité d'un nombre accru de bovins engraissés dans les parcs d'engraissement canadiens et la compétitivité accrue de ces bovins engraissés dans l'ouest du Canada qu'on a pu attirer l'investissement de IBP- Tyson dans l'usine Lakeside. On a beaucoup discuté pour savoir s'il vaudrait mieux situer en Saskatchewan ou au Manitoba la prochaine usine de transformation de classe mondiale. La présence de cette nouvelle usine permettra d'accroître encore le nombre de parcs d'engraissement dans un rayon de 200 milles autour de cette usine, et où qu'elle soit située, cette usine permettra une grande expansion économique.

Si nous avons choisi d'exporter vers la Californie et vers les zones densément peuplées de l'Ouest américain, plutôt que vers les usines de transformation du Midwest, c'est que nous avons des avantages du point de vue du transport. Nous avons également des avantages pour le transport en Asie à partir des usines de transformation du Midwest américain, et c'est pourquoi nous avons beaucoup augmenté nos exportations vers cette région.

Nous n'avons pas le même avantage, même si nous ne sommes pas désavantagés non plus, lorsqu'il s'agit de desservir nos marchés de l'Ontario. Le coût du transport constitue un problème, mais on pourrait faire valoir qu'il y a eu une augmentation considérable de la valeur ajoutée, d'abord dans la production des bovins et ensuite, en partie, dans des investissements accrus dans la transformation du boeuf grâce à l'évolution de la compétitivité du prix des grains de l'Ouest grâce à l'élimination du tarif du Nid-de-corbeau.

Le sénateur Chalifoux: Je vais d'emblée révéler mon âge. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, nous avions l'usine de transformation Burns, l'usine Union et l'usine Ketchum Brothers à Calgary. J'ai travaillé à l'usine Union durant un été — sur le plancher d'abattage, en fait. Durant la guerre, on expédiait de cinq à six wagons de porcs par jour vers l'Angleterre et l'Europe. Tout le monde bénéficiait de ce débouché commercial très viable.

À titre de Canadienne, je me demande pourquoi nous devons faire transformer nos bovins aux États-Unis. Vous avez parlé de Cargill et d'autres entreprises, toutes américaines. Pourquoi ne pas favoriser les entreprises canadiennes?

À Calahoo, juste à l'ouest d'où j'habite, dans le centre-nord de l'Alberta, il y a une petite usine de transformation de la viande. Cette usine respecte les règlements HACCP. Et pourtant, elle a de la difficulté à vendre ses produits au secteur pétrolier et gazier du nord. Cette usine ne semble recevoir d'aide de personne à cet égard. Son propriétaire- exploitant est Emile Berube. L'usine est située dans un petit village, dont elle est le principal employeur. L'entreprise compte de 60 à 80 employés qui viennent de ce village.

Les tarifs provinciaux sont un autre problème. L'usine voudrait vendre ses produits dans les Territoires du Nord- Ouest, mais elle en est empêchée par les tarifs provinciaux. Ces tarifs sont également un problème.

Grâce à ses diamants, à ses pipelines, et cetera, les territoires sont un excellent marché pour les transformateurs canadiens. J'aimerais savoir ce que votre organisation fait, a fait ou fera à ce sujet. Je suis un entrepreneur canadien solide et je n'aime pas beaucoup que d'énormes sociétés de classe mondiale comme Cargill arrivent au Canada et obligent nos petites entreprises à fermer leurs portes.

M. Haney: Notre secteur se fait un plaisir de faire la promotion du boeuf canadien dans un grand nombre de nouveaux marchés. Il permet à certaines entreprises de prendre de l'expansion et de conserver leur place dans le secteur alors que les forces de la concurrence sur le marché national pourraient à elles seules les obliger à fermer leurs portes.

J'ai oublié de mentionner l'appui que nous recevons de XL Foods, une entreprise familiale canadienne située à Edmonton; il y a également Nielson Brothers, dont les exploitations sont à Calgary et à Moose Jaw; St. Helen's Meat Packers, qui appartient à la famille Bielak et qui est située à Toronto; Northwest Foods, une autre entreprise familiale qui exploite l'ancienne usine Alsask à Edmonton; Better Beef Limited, qui appartient principalement à une famille mais aussi à un groupe limité d'actionnaires, à Brooks; ainsi que Centennial Foods, avec qui nous collaborons, et qui appartient à deux familles qui exploitent des usines à Calgary et Saskatoon.

Grâce à notre aide, toutes ces entreprises cherchent et trouvent des débouchés dans des marchés d'exportation, ce qui constitue notre principal objectif. Bon nombre de ces sociétés sont par nature tournées vers l'entreprise. Nous avons également collaboré étroitement avec des entreprises comme Wagyu Canada, une société axée sur les producteurs. Les bovins produits par Wagyu sont alignés sur les normes internationales, transformés sur mesure par des entreprises comme XL Foods et Northwest Foods, et ces produits sont ensuite exportés directement à des détaillants japonais — on a établi un lien entre une entreprise de détail familiale du Japon et Wagyu Canada, elle-même une société familiale axée sur les producteurs située à Camrose, en Alberta. Ce sont là des exemples qui tiennent à coeur à notre secteur et qui sont appuyés par notre organisation.

Il y a au Canada des problèmes quant aux normes d'inspection et au commerce interprovincial du boeuf. Bien que la Fédération canadienne pour l'exportation du boeuf n'oeuvre pas particulièrement dans ces dossiers, il y a de plus en plus consensus au sein de notre secteur, et à l'extérieur de ce secteur aussi, sur le fait qu'il faut uniformiser les normes d'inspection. Cela signifie probablement que les normes provinciales doivent s'aligner sur les normes fédérales afin que les usines de transformation du boeuf au Canada puissent vendre leurs produits dans leur province, dans d'autres provinces et à l'extérieur du pays. Cet effort vise en partie à tenir compte de considérations relatives à la santé humaine ainsi qu'à répondre aux exigences minimales de l'ensemble de la société en matière de salubrité des aliments.

Nous travaillons principalement pour des petites entreprises et des entrepreneurs qui représentent environ un tiers de toute la transformation dans notre secteur. Les grandes sociétés représentent deux tiers de la transformation. En tant que Canadiens, nous devons toujours trouver un juste milieu entre notre désir d'attirer des investissements étrangers et notre voeu d'obtenir des investissements semblables au Canada. Nous espérons pouvoir un jour trouver ce juste milieu.

L'essentiel sera de voir comment nous pourrons attirer le capital-risque, les investissements nécessaires, lorsque nous serons prêts dans sept à dix ans à investir 250 millions de dollars de plus pour construire la prochaine usine de transformation de classe mondiale au Canada.

Le sénateur Chalifoux: Que pense votre organisation des tarifs provinciaux? Ces tarifs nuisent-ils à l'exportation de viande transformée canadienne d'un bout à l'autre du Canada et dans les territoires?

M. Haney: Malheureusement, je ne suis pas au courant des tarifs interprovinciaux. Toutefois, les restrictions au commerce interprovincial ne nuisent pas à nos entreprises — des établissements inspectés par le gouvernement fédéral —, cela ne nuit pas à leur capacité de transporter leurs produits dans d'autres provinces pour les exporter. Ces obstacles ne nuisent pas aux exportations internationales. Ils ne posent de problèmes que lorsque ces produits doivent aboutir dans une province voisine pour y être consommés.

Le sénateur Chalifoux: J'aimerais également connaître votre opinion sur les règlements HACCP. Ces règlements semblent créer un grand nombre de problèmes car leur application coûte très cher aux petites entreprises. Je sais par exemple que Calahoo Meats a déboursé près d'un million de dollars pour appliquer ces règlements. Qu'en pensez-vous?

M. Haney: J'en pense que les attentes des consommateurs canadiens et étrangers en matière de salubrité des aliments ont continué d'augmenter. Le système HACCP permet d'augmenter énormément la probabilité que les aliments soient transformés de façon sûre et saine. L'inspection provinciale sans application des normes HACCP peut être acceptable pour l'autoconsommation — c'est-à-dire quand on envoie un animal à l'abattoir et qu'on le ramène chez soi pour le consommer —, mais elle est de moins en moins acceptable à des fins de commerce.

Notre secteur comprend que les coûts de mise en oeuvre sont énormes. Ce sont toutefois les attentes des consommateurs qui nous ont orientés dans cette voie. Dans certains cas, dans quelques interventions très coûteuses de notre secteur, l'existence des normes HACCP a permis un rétablissement très rapide — même si ce n'est pas le cas aujourd'hui dans la crise de l'ESB. Sans ces systèmes très crédibles d'intervention, nous n'aurions aucun espoir de rétablir notre commerce international.

Je sais que cela constitue un obstacle à l'entrée, pour répondre à votre première préoccupation. Les coûts d'immobilisation sont un obstacle à l'arrivée de nouveaux entrepreneurs de petite taille. Nous devons déployer de grands efforts pour appuyer ces petites usines de transformation qui font des produits de très haute valeur grâce à des créneaux commerciaux au Canada afin qu'elles puissent poursuivre sur leur lancée et vendre leurs produits sur les marchés internationaux — comme nous l'avons fait avec Centennial Foods et d'autres producteurs spécialisés. C'est une façon d'attirer des entreprises à petite échelle et de les conserver au Canada.

Le sénateur Hubley: Dans votre mémoire, à la rubrique «Tactiques», on dit:

La Fédération canadienne pour l'exportation du boeuf estime que la représentation locale est essentielle à la réussite des exportations. Nos six bureaux internationaux veillent à la prestation de nos programmes de promotion en plus de servir de point de contact pour les exportateurs et les clients. Ces bureaux offrent des renseignements sur la concurrence et facilitent le commerce entre tous les membres intéressés.

Où sont situés vos bureaux internationaux?

M. Haney: En 1990, le premier bureau de la Fédération canadienne pour l'exportation du boeuf était situé à Tokyo, au Japon. Il a été ouvert environ trois mois avant notre siège social de Calgary. C'est ainsi que s'est définie notre philosophie de participation directe au marché.

En 1995, nous avons ouvert des bureaux à Séoul, en Corée, ainsi qu'à Hong Kong. En 1996, nous avons ouvert des bureaux à Taipei, Taïwan, ainsi qu'à Shangai, en Chine. En 1997, nous avons ouvert notre dernier bureau à Monterrey, au Mexique.

La différence entre l'exploitation d'un bureau local et la promotion des produits à partir du Canada est la même qu'entre discuter de la réussite et la faciliter. Au cours des 12 années où nous avons eu une représentation internationale en Asie et au Mexique, nos exportations sont passées de 7 millions de dollars à 470 millions de dollars. La représentation locale a vraiment été la clé de cette réussite.

Le sénateur Hubley: Le sujet que nous étudions est la valeur ajoutée. J'ai trouvé intéressant de voir que vous avez différentes définitions de la valeur ajoutée. Je ne suis pas éleveur de bovins, mais même l'alimentation des animaux constitue une valeur ajoutée. Je n'y avais jamais réfléchi. C'est très intéressant.

Pouvez-vous faire la promotion d'essais de mise en marché pour déterminer des marchés à créneaux dans ces régions? Je voulais simplement que vous nous donniez de bonnes nouvelles, à savoir qu'il est possible d'établir ce genre de programme pour l'industrie canadienne du boeuf.

M. Haney: J'aimerais mettre l'accent sur Monterrey, au Mexique, en réponse à votre question. En 1996, l'année de référence avant que nous ouvrions notre bureau en 1997, nos ventes ont atteint 3 000 tonnes métriques — c'est-à-dire cinq millions de dollars — au Mexique. Pour l'industrie, c'est un résultat important mais pas spectaculaire.

Ces ventes ont surtout été faites par l'entremise de remisiers qui achetaient le boeuf au Canada pour le vendre ensuite au Mexique, sans que l'acheteur ni le vendeur se rencontrent ni même se connaissent. Le vendeur du Canada ignorait quelle serait l'utilisation finale du produit.

Notre gamme de produits se composait à 80 p. 100 d'abats — surtout de la viande de hampe, le pilier musculaire du diaphragme, les babines, les langues numéro deux, les pieds de boeuf et les tripes, qui sont des produits de l'estomac. Ils ont tous été vendus en tant que produits primaires absolus. L'industrie canadienne ignorait entièrement si nos spécifications nous offraient un avantage concurrentiel et on ignorait même quelles étaient les spécifications du Mexique.

L'industrie canadienne croyait que le Mexique ne voulait acheter que des babines, des langues et des tripes. Les acheteurs mexicains croyaient que le Canada n'avait à vendre que des babines, des langues et des tripes. Ces produits font l'objet d'une demande excédentaire au Mexique et les membres de l'industrie diraient que même un singe pourrait les vendre. Le fait d'avoir ces produits signifie en droit de pouvoir les vendre.

Nous avons établi notre bureau à Monterrey au Mexique. Nous avons tout d'abord invité un groupe de dix acheteurs influents au Canada. Nous avons des missions officielles de sensibilisation à l'industrie du boeuf et nous invitons au Canada des acheteurs importants, triés sur le volet. Nous leur faisons connaître nos systèmes de production et d'inspection; nous les présentons à nos transformateurs — ils en rencontrent en moyenne neuf lorsqu'ils visitent le pays — et à nos instances de réglementation gouvernementale pour qu'ils se familiarisent avec notre contexte en matière de santé et de salubrité. Les acheteurs sont étonnés de constater que nous avons une gamme complète de produits à leur offrir, que le Canada est désireux de vendre ces produits, et que ces produits sont vendus à des prix concurrentiels.

Les Canadiens qui ont reçu ce premier groupe d'acheteurs ont développé un point de vue tout à fait nouveau sur la situation des entreprises mexicaines, à savoir que ces entreprises ont de l'argent. Ils étaient convaincus qu'il fallait faire appel à des intermédiaires parce qu'il était trop risqué de faire affaire directement au Mexique. On croyait que si on vendait des produits au Mexique, on ne serait pas payé et que le produit se retrouverait quelque part dans les limbes et qu'on ait évincé du marché.

Cependant, les acheteurs mexicains avaient de l'argent et les produits dont ils avaient besoin allaient nettement au- delà de ces quelques produits faciles à vendre. En fait, maintenant, notre gamme de produits se compose à 80 p. 100 de coupe de boeuf et de seulement 20 p. 100 d'abats. Les coupes de boeuf proviennent du bloc d'épaule et de la cuisse — les mêmes coupes qui ne sont pas faciles à vendre dans le secteur canadien du commerce du détail. Comme les Canadiens se sont familiarisés à propos des besoins du marché mexicain et que les Mexicains ont été mis au courant des produits canadiens qui sont disponibles, cela a donné lieu à des échanges directs intensifs. Aujourd'hui, pratiquement tous les échanges se font directement entre les exportateurs canadiens et les importateurs mexicains.

Trois de nos entreprises ont des bureaux de représentation au Mexique. Deux d'entre elles sont des multinationales des États-Unis, Tyson et Cargo. XL Foods Limited de Calgary a aussi un bureau de représentation à Monterrey qui est en train de développer des produits à vendre particuliers. Ces bureaux ont déterminé les coupes et produits traditionnels sur le marché mexicain qui étaient nouveaux et uniques au Canada. Un exemple est le bloc d'épaule non désossé de neuf morceaux. Il s'agit de l'épaule d'une carcasse animale au Canada. C'est un bloc d'épaule de deux morceaux qui est coupé latéralement en deux parties, désossé et présenté dans le commerce sous forme de steaks de qualité inférieure, de steaks de côtes croisées, de tranches de palette ou de rôtis. Ce ne sont pas les produits les plus populaires de nos comptoirs à viande.

Cependant, au Mexique, le bloc d'épaule coupé en neuf morceaux séparés représente 90 p. 100 des produits que nous vendons. Il s'agit d'une énorme valeur ajoutée parce que l'on paie pour le découpage et l'emballage supplémentaires, ce qui ajoute énormément de valeur à ce bloc d'épaule. Il est coupé selon les spécifications mexicaines et exporté à un prix supérieur qui ajoute de la valeur à l'animal élevé au Canada.

Nous ne vendons plus de langues au Mexique, de façon générale, parce que lorsque nous nous sommes spécialisés au Japon, nous recevions jusqu'à sept dollars la livre de langues, ce qui représente 14 dollars par animal. Nos bureaux ont déterminé que le Mexique était un tout nouveau marché à qui le Canada pouvait vendre des pointes de langues. Dans la transformation de la langue pour le Japon, les pointes de langues étaient vendues au Mexique, puisqu'il s'agissait d'un produit traditionnel dans ce pays.

Ce sont deux exemples de débouchés uniques qui ont été repérés grâce à nos bureaux installés sur place et dont on a fait profiter le Canada. Par conséquent, notre industrie a été en mesure de retirer une plus grande valeur du bétail après avoir répondu à ce besoin local. Autrement, nous n'aurions eu aucune idée que de tels débouchés existaient.

Le sénateur Fairbairn: La lecture de votre mémoire m'a fait faire un petit voyage vers le passé. La fédération a fait un excellent travail.

Pourriez-vous commenter la situation en ce qui concerne la maladie de la vache folle? Sommes-nous sur le point de contrôler la situation? Vous connaissez de près la situation et nous aimerions que vous nous en donniez un aperçu et nous indiquiez les répercussions qu'elle a eues sur l'industrie de l'exportation de bétail.

Nous aimerions également savoir à quoi nous en tenir en ce qui concerne les réactions dans un futur immédiat, par exemple, l'impression de sécurité ou l'absence de sécurité qu'inspire la situation actuelle aux entreprises qui ont beaucoup investi au Canada. Il nous serait utile de connaître votre point de vue à cet égard.

M. Haney: On m'a demandé d'évaluer les dommages directs pour notre industrie — et non les dommages collatéraux — cinq mois et demi après le déclenchement de la crise de la vache folle.

Aujourd'hui, nous évaluons avoir perdu 1,65 milliard de dollars en ventes à l'exportation au cours des cinq mois et demi derniers à cause de l'interruption des échanges suite à la maladie de la vache folle. Ce montant aurait atteint 5,75 milliards de dollars si nous n'avions pas au cours des six dernières semaines exporté du boeuf pour une valeur approximative de 100 millions de dollars aux États-Unis et au Mexique lorsque ces marchés ont commencé à s'ouvrir à nouveau à nos produits. Nous avons déjà exporté des produits du boeuf d'une valeur de 100 millions de dollars aux États-Unis d'abord, parce qu'ils ont été les premiers à rétablir les échanges, puis au Mexique.

Nous avons tâché de prévoir où nous en serons d'ici la fin de 2003. En 2002, nos exportations vers l'Asie et le Mexique ont représenté 126 000 tonnes métriques. Au cours des cinq premiers mois de la présente année, avant la crise de la vache folle, nous avions exporté 51 000 tonnes métriques, surtout au Mexique mais aussi en Asie, en plus de certaines ventes sur le marché de la Chine élargie. Nous pensons vendre 21 000 tonnes métriques supplémentaires à l'Asie et au Mexique après la crise de la vache folle, soit un total de 72 000 tonnes métriques. Il s'agit d'une baisse de 50 000 tonnes par rapport à 2002. Aux États-Unis, nos ventes en 2002 ont atteint 373 000 tonnes métriques. Nous avons exporté 142 000 tonnes métriques au cours des cinq premiers mois de cette année avant la crise de la vache folle, et nous estimons que nous exporterons environ 90 000 tonnes métriques aux États-Unis, après la crise de la vache folle d'ici la fin de cette année, soit un total de 232 000 tonnes métriques.

Nous vendrons à peu près la même quantité, soit environ 20 000 tonnes à l'ensemble des autres pays. Nos ventes aux autres pays ont atteint 7 000 tonnes métriques au cours des cinq premiers mois. Nous pensons qu'il sera possible de vendre 1 000 tonnes métriques à tous les autres marchés du monde — autres que l'Asie, le Mexique ou les États-Unis — d'ici la fin de l'année, soit un total de 8 000 tonnes métriques.

Nos exportations de boeuf transformé seront étonnamment meilleures que prévu. En 2002, nous en avons exporté 520 000 tonnes métriques et nous considérons être en mesure d'en exporter 310 000 à 315 000 en 2003 parce qu'avec l'ouverture des marchés aux États-Unis et au Mexique, nous nous en occuperons une part beaucoup plus importante que par le passé étant donné que nous n'avons pas accès aux importants marchés lucratifs de l'Asie.

Macao nous a accordé l'accès à son marché. C'est une porte d'entrée vers la Chine. Nous devrions être en mesure d'exporter vers ce marché une fois les formalités conclues entre nos gouvernements au cours de la semaine prochaine à peu près. Cela devrait nous permettre d'exporter 3 000 ou 4 000 tonnes métriques de plus vers la Chine via Macao, et encouragerait fortement Hong Kong à rétablir ses échanges avec le Canada, parce que Hong Kong est traditionnellement la porte d'entrée vers la Chine. Hong Kong ne veut pas que Macao reprenne son commerce d'entrepôt.

Une fois les marchés de Hong Kong et de Macao ouverts, cela incitera fortement l'autre marché chinois que représente Taïwan à reprendre ses importations de boeuf canadien en utilisant entre autres comme argument le rétablissement des échanges avec Hong Kong et Macao. Les échanges sur ce marché au début de l'année prochaine devraient probablement représenter 5 000 tonnes métriques supplémentaires. Cela nous permettra de rétablir nos échanges avec la Chine. Qu'elle nous accorde ou non un accès direct, ces échanges passeront par Hong Kong et par Macao.

Le Japon et la Corée représentent pour nous les deux principaux défis qu'il nous reste à relever, et leurs situations sont différentes. Nous avons tendance à mettre ces deux marchés difficiles dans le même sac: la Corée et le Japon, obstinés et intransigeants. Cependant, ils sont très différents. La Corée a suspendu le rétablissement des négociations commerciales avec le Canada jusqu'à ce que la totalité du boeuf conservé dans ses entrepôts ait été détruite ou retournée au Canada. Nous croyons que les autorités coréennes veulent aussi s'assurer que les importateurs coréens auront reçu une indemnisation pour les pertes financières qu'ils ont subies à cause de notre problème de la vache folle.

Nous encourageons le gouvernement du Canada à adopter une position ferme et à indemniser nos clients internationaux qui, sans que ce soit de leur faute, ont subi des pertes financières assez importantes. Jusqu'à présent, le gouvernement canadien n'a pas donné suite à ce programme très important.

Dans certains cas, des entreprises ont indemnisé elles-mêmes leurs clients; cependant, un grand nombre de petites entreprises n'ont pas été en mesure de réunir le million de dollars nécessaire pour indemniser leurs clients coréens. Les plus grosses entreprises y ont réussi, mais les petites ont éprouvé de la difficulté. Nous croyons qu'une fois que ce problème sera finalement réglé, au cours du prochain mois ou des six prochaines semaines, la Corée reprendra les négociations avec le Canada. Cela entraînera le rétablissement du commerce avec la Corée. Les nouvelles directives de l'OIE dont la version provisoire sera rendue publique au cours de ce mois-ci, seront très utiles à la Corée et lui permettront d'envisager une nouvelle série de règles qui établiront une base générale des échanges avec le Canada et réduiront au minimum les risques d'ESB. Nous estimons que ces deux facteurs devraient encourager la Corée à rétablir le commerce avec nous au cours du premier trimestre, sinon la première moitié de 2004.

Le Japon est aux prises avec des problèmes politiques internes concernant l'ESB. Il faut dire qu'il a très mal géré sa première crise de la vache folle. Depuis, il a géré de façon très criticable plusieurs autres cas qui ont surgi. Ils ont été sensibilisés et estiment qu'il est possible de renverser un gouvernement à cause d'une crise aussi importante que celle de la vache folle et ils ne veulent pas que le retour du boeuf canadien sur leur marché déclenche cette crise.

Nous savons que les consommateurs japonais n'ont aucune crainte en ce qui concerne le boeuf canadien et, dans l'ensemble, ne sont pas au courant de la situation relative à l'ESB. Il y a deux semaines, nous avons terminé une importante promotion du boeuf canadien en collaboration avec Costco au Japon. Nous avons réuni les inventaires détenus par les importateurs et les distributeurs par l'intermédiaire de plusieurs réseaux différents de distribution afin d'établir un inventaire commercial. Nous l'avons alors mis en marché et nous en avons fait la promotion par l'intermédiaire de Costco. La réaction des consommateurs japonais a été très positive. Nous en avons vendu sept tonnes métriques dans trois points de vente en deux jours, à des prix qui n'ont été absolument pas réduits.

Que faut-il pour que le Japon rétablisse ses échanges? Il faut qu'il procède à des élections nationales qui lui donneront la confiance politique nécessaire pour prendre ce qu'il considère être une décision peut-être risquée sur le rétablissement du commerce de boeuf canadien.

Nous croyons que les nouvelles directives, dont l'ébauche sera rendue publique ce mois-ci par l'OIE, fourniront une nouvelle série de raisons qui pourraient aider le Japon à trouver le moyen de prendre une nouvelle série de décisions en vue de rétablir le commerce avec le Canada. À l'heure actuelle, il est coincé. Selon les règles en vigueur, il n'est pas disposé à poursuivre son action; cependant, une nouvelle série de règles permet de nouvelles interprétations et favoriserait peut-être une autre série de décisions.

Nous croyons aussi que si la Corée décide d'importer du boeuf canadien, cela mettra le Japon sur la touche en Asie.

Les États-Unis et le Mexique, qui ont tous deux augmenté de façon considérable la gamme des produits qu'ils achètent du Canada, isoleront à nouveau le Japon comme pays non disposé au commerce, alors que très bientôt la grande majorité des pays importateurs du monde auront repris leurs importations de boeuf canadien. Nous croyons que la combinaison de tous ces facteurs incitera le Japon à rétablir ses échanges avec le Canada au cours de 2004. Nous ignorons à quel trimestre mais nous croyons toutefois qu'en 2004, le Japon rétablira ses échanges.

Les entreprises de transformation de la viande au sud de la frontière ont investi ensemble la moitié d'un milliard de dollars dans des installations de transformation au Canada. Tyson et Cargill ont préconisé sans relâche la reprise du commerce de boeuf et de bétail canadiens destinés à leurs installations américaines de transformation du boeuf. Elles ont fait appel à tous leurs contacts politiques. Elles ont utilisé leur influence au sein de l'American Beef Institute afin que cette organisation, en tant que secteur de l'industrie, exerce des pressions en notre nom auprès des États-Unis. La Canadian Cattlemen's Association a utilisé ses relations avec ses homologues de la National Cattlemen's Beef Association pour préconiser une reprise du commerce.

Nous avons obtenu la confirmation absolue de la part du gouvernement américain que ce raffermissement de la représentation positive de notre industrie a entraîné le rétablissement du commerce, au point où même les hauts fonctionnaires du département de l'Agriculture des États-Unis sont relativement stupéfaits de leur propre hâte et de la rapidité avec laquelle on a rétabli l'accès à certains produits du boeuf aujourd'hui, et enclenché un processus d'établissement de règles qui, en 90 ou 120 jours, est susceptible de rétablir l'exportation de la majorité des produits fabriqués au Canada.

Comment réagissent-ils? Ils espèrent que la crise prendra fin. Ils trouvent frustrant que les choses n'aillent pas aussi vite qu'ils le voudraient, mais ils croient dans les investissements qu'ils ont faits au Canada, et les entreprises canadiennes qui ont investi dans l'industrie croient qu'elles seront en mesure d'exporter à leur pleine capacité tout au long de l'année 2004.

Notre industrie nous a indiqué que l'objectif pour 2005 d'exporter 214 000 tonnes métriques de boeuf, soit une valeur de 800 millions de dollars, vers l'Asie et le Mexique est valide et intact, de même que notre objectif d'exporter des produits du boeuf d'une valeur de 1,1 milliard de dollars vers l'Asie et le Mexique en 2010. Nous n'avons pas mis fin au processus de croissance et de prospérité que nous assurent les exportations. Il s'est agi tout simplement d'un hiatus plutôt pénible.

C'est vraiment ainsi que l'on considère la situation pour l'instant.

Le sénateur Fairbairn: Merci beaucoup. Je crois qu'il est très important que nous entendions ce genre de propos, et je dois aussi dire que vous avez géré la situation — non seulement pour vos propres clients et vos propres secteurs de l'industrie — mais pour tous ceux qui connaissent des difficultés, de façon remarquable. À ce stade, on est porté presque instinctivement à réagir avec pessimisme et appréhension, et je considère que vous faites du très bon travail.

En ce qui concerne cette coalition d'organisations aux États-Unis, je crois comprendre qu'il y a une période de rappel depuis que le secrétaire à l'Agriculture, M. Vennemen, a annoncé qu'ils sont prêts à accepter des bovins vivants après une période de 60 jours.

Vos associés participeront-ils à ces pourparlers avec les États-Unis sur la validité de leur décision?

M. Haney: La National Cattlemen's Beef Association a joué un rôle indispensable pour que notre statut commercial soit inscrit au registre fédéral pendant la période de commentaires. Elle a exprimé son engagement à fournir des commentaires positifs et à s'efforcer d'atténuer les commentaires négatifs qui pourraient intervenir dans le cadre du processus au moyen de pressions morales. Il est entendu que les commentaires qui sont versés au registre fédéral pour le rétablissement du boeuf canadien constitueront un compte rendu permanent, et s'il arrivait que les États-Unis connaissent un seul cas d'ESB, ces mêmes commentaires seraient utilisés par les partenaires commerciaux internationaux, soit en faveur ou aux dépens de l'industrie américaine.

La National Cattlemen's Beef Association et l'American Meat Institute se sont engagées à fournir des commentaires positifs et rappellent aux autres membres de l'industrie d'éviter les commentaires négatifs ou incendiaires parce qu'ils pourraient être utilisés contre les États-Unis ou en faveur des États-Unis si jamais ils devaient faire face au même problème.

De même, nos clientèles au Mexique et en Asie nous ont beaucoup soutenus et continuent, là où elles le peuvent, à influencer d'une façon positive leurs gouvernements. Nous estimons qu'elles ont apporté une contribution positive au mouvement destiné à rétablir le commerce à Hong Kong et en particulier à Taïwan. Les industries locales ont travaillé en notre faveur et en notre nom. Elles ont créé un environnement où les instances de réglementation de ces marchés ont confiance que lorsqu'elles décideront de rétablir le commerce, cette initiative donnera lieu à des commentaires positifs au sein de l'industrie et à une reprise du commerce, de sorte qu'il ne s'agit pas d'une révision inutile de la réglementation et que l'industrie de Taïwan et de Hong Kong commercialisera en toute confiance le boeuf canadien, et témoignera de sa confiance dans nos produits et transmettra cette confiance aux consommateurs.

Un aspect important de notre stratégie consiste à obtenir l'appui des industries locales aux États-Unis, au Mexique et dans l'ensemble de l'Asie afin qu'elles travaillent dans notre intérêt au cours de cette période délicate de rétablissement du commerce.

Le sénateur Fairbairn: Compte tenu de ce que vous venez de dire, est-ce que tous ces messages faisant état des mesures que vous prenez avec vos partenaires aux États-Unis sont transmis à nos producteurs de bétail ici au Canada? Ils vivent une période extrêmement difficile, y compris sur le plan émotionnel. Sont-ils au courant de ce que vous nous avez dit ici ce soir?

M. Haney: Les organisations provinciales de producteurs de bétail du Canada ont joué un rôle de premier plan pour mettre la base au courant des mesures concrètes qui sont prises. Là où il reste des difficultés, un grand nombre des représentants de notre industrie ont participé à des assemblées publiques régionales et locales pour en parler. Ils ont réussi à leur communiquer avec efficacité les débouchés qui s'offrent de même que les préoccupations qui demeurent, en leur présentant la perception des débouchés qui existent maintenant et des débouchés à venir suite au rétablissement du commerce. En partie, on s'est assuré d'éviter la destruction inutile et intempestive du bétail. Le niveau de frustration était beaucoup plus élevé il y a deux ou trois mois qu'il ne l'est aujourd'hui en raison du rétablissement du commerce; il diminuera aussi par le seul fait de savoir que l'accès sera accru et par la communication d'un certain optimisme qui laisse entrevoir que nous nous en tirerons même si maintenant, à la ferme, il existe une réelle préoccupation et un réel problème.

L'industrie est remarquablement optimiste. Lors d'une vente importante de veaux au centre de la Colombie- Britannique, des veaux de 500 livres se sont vendus 1,50 $ la livre. On peut donc avoir confiance que ces animaux finiront par être venus avec profit à des transformateurs ou des parcs d'engraissement canadiens ou américains. Si l'on n'envisageait pas avec optimisme la possibilité de les vendre avec profit à la fin de leur vie productive, il serait impossible de justifier un prix d'achat de 1 50 $.

Le programme des vaches de réforme nous pose des difficultés que nous tâchons également de régler. C'est une source de préoccupation à l'heure actuelle. Cependant, nous commençons à constater un certain rétablissement de notre industrie. J'en suis personnellement très reconnaissant, et la communication a joué un rôle clé à cet égard.

Le sénateur Fairbairn: Je tiens à vous remercier de votre travail. Je sais que grâce à vos initiatives et à celles de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, on a fait de remarquables efforts pour communiquer ces connaissances, et cela a eu une influence sur les producteurs aux prises à l'heure actuelle avec des difficultés. Je vous encourage à poursuivre dans cette voie.

Le vice-président: D'ici un an, à l'automne de 2004, l'étiquetage du pays d'origine en ce qui concerne les produits du boeuf risque d'être différent. Le gouvernement américain a établi un plan contre lequel l'industrie américaine de l'emballage s'est élevée vigoureusement. Nos associations de producteurs de bétail ont vigoureusement fait campagne contre ce plan.

Comment votre association cherche-t-elle à atténuer l'incidence qu'aura cette politique sur les producteurs si elle devait être adoptée?

M. Haney: Avant le 20 mai, une bonne part des efforts stratégiques de notre industrie visaient à atténuer le tort que créerait aux producteurs canadiens le fait pour les États-Unis d'exiger que les étiquettes indiquent obligatoirement le pays d'origine du boeuf. J'ai l'impression que c'était il y a très longtemps.

Nous estimons que nos exportations de produits du boeuf vers les États-Unis qui s'élèvent à 373 000 tonnes métriques pourraient diminuer de 100 000 tonnes métriques. Il s'agit de près de la moitié des produits que nous vendons dans le commerce du détail des États-Unis. Tous les produits vendus aux services de restauration aux États- Unis ne sont pas assujettis à la réglementation portant sur le pays d'origine. La moitié des produits que nous vendons dans le commerce du détail aux États-Unis sont des parures qui servent à produire du boeuf haché. Nous pensons que les consommateurs américains ne réagiront pas de façon négative au fait que le pays d'origine soit indiqué parmi tous les renseignements qui figurent sur un paquet préemballé de boeuf haché frais ou congelé.

Il se peut que la réglementation sur le pays d'origine stimule la transformation au Canada. Ainsi, les parures et le boeuf haché de façon grossière pourraient être transformés en boeuf haché fin et emballés au Canada. Ces emballages porteraient la marque du commerçant et l'indication au verso «produit du Canada». Dans le cas de la viande, ce produit se présenterait exactement de la même façon que le boeuf haché produit aux États-Unis. Nous n'anticipons pas une grande diminution de nos ventes de boeuf haché. En fait, nous pensons que la réglementation stimulera la transformation au Canada.

Nous pensons cependant que les coupes de boeuf qui comportent davantage de muscle risquent de se vendre moins bien aux États-Unis. Nous approvisionnons maintenant environ 3 p. 100 du marché de détail aux États-Unis dans ce secteur. La réglementation entraînera des coûts accrus pour les détaillants qui seront passibles d'amendes de 10 000 $ par cas s'ils font une erreur d'étiquetage ou s'ils étiquettent mal délibérément un produit. Nous savons que de nombreux détaillants cesseront tout simplement d'acheter du boeuf canadien. Les ventes à risque représentent 100 000 tonnes métriques.

Il est intéressant de noter que la Fédération estime qu'entre maintenant et 2005 — soit le moment où l'effet de la réglementation sur le pays d'origine se fera pleinement sentir —, nos exportations vers l'Asie et le Mexique augmenteront de 90 000 tonnes métriques. Les efforts et les ressources déployés pour atteindre cet objectif visent essentiellement à contrer l'effet de la réglementation sur le pays d'origine adoptée par les États-Unis.

Nous pourrons en particulier diriger vers l'Asie et le Mexique les produits de l'épaule et de la hanche que nous vendons maintenant en grandes quantités aux États-Unis. Nous devons régler rapidement les problèmes d'accès aux marchés liés à l'ESB pour pouvoir diriger ces produits vers l'Asie et le Mexique de manière à atténuer l'effet de la réglementation sur le pays d'origine adoptée aux États-Unis.

La National Cattlemen's Beef Association, principal porte-parole des éleveurs de bétail des États-Unis, s'oppose catégoriquement à l'étiquetage obligatoire du pays d'origine.

Le sénateur Fairbairn: Qu'en est-il de l'aide que le Japon a promise aux États-Unis pour empêcher l'entrée dans ce pays de boeuf canadien?

M. Haney: Le Japon est un marché très compliqué et très difficile pour nous. Voici ce qu'il en est au sujet du bétail vivant. Les États-Unis ont mis en place, à la demande du Japon, un programme de vérification des exportations de boeuf qui garantit au Japon que le bétail exporté à partir des États-Unis a été abattu aux États-Unis. Tant que nous n'envoyons pas de bétail vivant aux États-Unis, le système fonctionne. Le Japon a donné des consignes très strictes aux États-Unis. Il a demandé que le programme de vérification des exportations de boeuf soit élargi pour veiller à ce que les exportations de boeuf américain n'aient aucun lien avec le bétail élevé au Canada.

Nous savons que du strict point de vue scientifique, cette mesure n'a aucun sens étant donné que le troupeau de reproduction américain compte des centaines de milliers de têtes de bétail provenant du Canada. Nous avons exporté des millions de têtes de bétail aux États-Unis au cours des dernières décennies et nos troupeaux reproducteurs américains en témoignent. Le bétail canadien et leurs descendants sont complètement intégrés au système américain.

Nous pensons que les États-Unis sont maintenant prêts à s'opposer fermement à cette nouvelle demande du Japon qui est d'élargir le programme de vérification des exportations de boeuf. En se fondant sur la science, ils diront au Japon qu'ils ne sont pas prêts à se faire dicter leur politique commerciale par ce pays. Les États-Unis ne sont pas prêts à ce que le Japon lie les mains de l'industrie américaine pour se protéger de risques qui ne se justifient pas au point de vue scientifique.

Nous pensons pouvoir compter sur l'aide des États-Unis dans nos rapports avec le Japon — pas nécessairement parce que les États-Unis se préoccupent de nos intérêts, mais plutôt parce qu'ils se préoccupent des leurs et qu'ils souhaitent pouvoir exporter là où ils le jugent bon les produits du boeuf transformés au Canada ou aux États-Unis sans égard à l'origine du bétail vivant.

Nous pensons qu'un conflit est susceptible d'opposer les États-Unis au Japon à mesure que les États-Unis commenceront à importer du bétail vivant. La situation est difficile, mais les États-Unis ne veulent pas se faire dicter leur conduite par qui que ce soit, et pas même par le Japon.

Le vice-président: Je vais vous demander de faire une prédiction. Pensez-vous que l'American Cattlemen's Association et les transformateurs américains réussiront à persuader le gouvernement fédéral des États-Unis de ne pas mettre en oeuvre la réglementation sur l'étiquetage du pays d'origine?

M. Haney: J'ai bon espoir que la décision portant sur le bétail vivant sera prise rapidement. Cette question fera l'objet d'un débat, mais tous les intervenants ont travaillé d'arrache-pied à trouver une solution au problème.

Des efforts discrets importants sont déployés pour contrer l'adoption de la réglementation sur l'étiquetage du pays d'origine. Le département de l'Agriculture des États-Unis a fait sa part en estimant que les coûts de mise en oeuvre de la réglementation s'élèveraient à au moins 3,9 milliards de dollars — ce qui devrait suffire à faire réfléchir à deux fois le gouvernement américain.

L'association a fait sa part. Elle n'a pas facilité l'adoption de cette réglementation. Ses travaux ont fait ressortir que cette réglementation présentait peu sinon pas d'avantages pour les producteurs de bétail ou les consommateurs américains. La National Cattlemen's Beef Association a elle-même confirmé que la réglementation ne présentait aucun avantage. En fait, elle a fait ressortir qu'elle comportait un inconvénient dans la mesure où elle rendra l'industrie de la volaille américaine plus compétitive puisqu'elle n'est pas assujettie à la réglementation sur l'étiquetage du produit d'origine.

Tout cela mis ensemble, je suis sûr à 70 p. 100 que la réglementation sur l'étiquetage obligatoire du pays d'origine ne sera pas adoptée. Je suis aussi sûr dans la même proportion que l'étiquetage sera facultative. Nous ne nous opposons pas à cette idée.

Le sénateur Gustafson: Il y a une autre chose qui m'inquiète. Pourquoi le prix du bétail se maintient-il au niveau où il se trouve actuellement?

Hier, à Assiniboia, 1 000 génisses se sont vendues 1,70 $ la livre. Les veaux, eux, se sont vendus 1,20 $ et les bovins gras, 1,00 $. Les prix sont aussi élevés en raison de la spéculation liée à l'effondrement du marché des céréales. Un boisseau d'orge se vend 65 cents et le blé fourrager 1 $. Certains feront des profits énormes si la frontière est rouverte. Cela ne fait aucun doute.

Certains achètent ce bétail en pensant qu'ils feront des profits énormes lorsque la frontière sera rouverte. Le boisseau d'orge se vendait 3,50 $ il y a deux ans. Les engraisseurs feront beaucoup d'argent s'ils peuvent de nouveau avoir accès au marché américain. C'est la raison pour laquelle ils achètent ce bétail et qu'ils prennent des risques.

C'est une bonne chose. Il ne faut cependant pas oublier le pauvre céréaliculteur qui essaie de vendre son blé dur de catégorie un 2,50 $ le boisseau et n'y parvient pas. Les éleveurs de bétail s'en tireront mieux que les céréaliculteurs. D'autant plus, comme on l'a annoncé aujourd'hui, que les taux de transport dans de grandes parties de l'Europe ont triplé, ce qui aura une incidence sur le marché des céréales.

Le marché du bétail a un brillant avenir. Vous avez fait un excellent travail. Cela ne fait aucun doute dans mon esprit. Il faudrait cependant faire savoir aux céréaliculteurs qu'il vaudrait mieux qu'ils achètent l'orge au lieu de continuer à le cultiver puisqu'il ne se vend que 65 cents le boisseau. Ils ne peuvent pas gagner avec ce genre de prix. C'est vraiment une bonne chose pour le marché que ces deux phénomènes se soient produits en même temps. Il y a trois ans, les propriétaires de parcs d'engraissement perdaient 200 $ par tête de bétail parce que les prix des céréales étaient assez élevés. Leur marge bénéficiaire sera élevée.

Les Américains voulaient appliquer une certaine formule lors du transport de ce bétail. Ai-je bien compris? Il semblerait que les États-Unis vont rouvrir la frontière d'ici le 1er janvier 2004. Ils devraient entre-temps avoir adopté une méthode pour le transport du bétail. Savez-vous ce qu'il en est?

M. Haney: La période réservée aux commentaires prendra fin le 4 janvier. Ces commentaires devront être examinés et pris en compte. La réglementation sera de nouveau présentée à l'OMB et à d'autres ministères comme la FDA. Il y aura ensuite une période de mise en oeuvre. Nous espérons que la frontière rouvrira en janvier, mais il est peut-être plus réaliste de s'attendre à ce qu'elle ne rouvre que vers la fin du premier trimestre pourvu que les commentaires ne soient pas trop négatifs.

La réglementation pourrait être modifiée à l'issue des commentaires recueillis. Je ne pense pas qu'il y aura de grands changements à cet égard. À l'heure actuelle, le bétail qui arrive directement aux conditionneurs grossistes doit être transporté dans des camions réfrigérés scellés. Tout ce que cela signifie c'est que le CFIA inspecterait au préalable ce bétail pour certifier qu'il a moins de 30 mois; qu'il apposerait un sceau sur ce camion; et que le DAFSI briserait ensuite le sceau lorsque le bétail arriverait à destination. Il sera alors possible de vérifier que le bétail a été livré dans les contenants scellés et qu'il n'a pas été intégré accidentellement ou sciemment à des troupeaux de reproduction. Les Américains n'ont pas exigé que le bétail soit marqué aux fins d'expédition et n'ont pas non plus exigé que les animaux soient inspectés lors de l'inspection obligatoire à la frontière.

La réglementation prévoit que les animaux de moins de 30 mois qui sont destinés aux parcs d'engraissement américains et ensuite aux usines de conditionnement portent un tatouage sur une oreille — une forme permanente d'identification — et que le CFIA atteste ensuite que ces animaux sont en bonne santé. Ces animaux n'auraient pas à être transportés dans un conteneur scellé et ils pourraient être dirigés vers l'un ou l'autre des nombreux parcs d'engraissement enregistrés. Ces animaux seraient ensuite abattus avant l'âge de 30 mois.

Le USDA a dit que pourvu que ces animaux soient attestés comme étant sains — ce qui est normal, du moins dans les marchés de reproduction et d'engraissement —, il ne serait pas nécessaire de sceller les camions servant à leur transport. Comme ils porteraient une marque d'identification permanente, ces animaux seraient simplement rejetés s'ils étaient dirigés aux États-Unis vers un parc d'engraissement ou une installation d'abattage après l'âge de 30 mois.

Les Américains préparent des programmes de contrôle qui devraient pouvoir être mis en oeuvre de façon assez efficace. Ils ne proposent pas pour l'instant l'imposition de contingents ou de restrictions de nature temporelle. Les seules restrictions qu'ils ont imposées portent sur la documentation relative aux animaux ainsi que les contrôles sur les importations et le conditionnement.

Le sénateur Gustafson: Je me souviens avoir entendu ces annonces et je me suis dit à ce moment-là que les Américains s'étaient laissés une marge de manoeuvre assez large au cas où des pays comme le Japon y réagirait de façon très négative.

Vous avez dit n'est-ce pas que nous avions exporté 232 000 tonnes métriques de boeuf conditionné cette année?

M. Haney: Nous nous attendons à ce que nos exportations en 2003 atteignent en tout 232 000 tonnes métriques. Nous en avions exporté 142 000 avant le cas de EBS. Nous comptons donc que nos exportations de septembre à la fin de l'année s'élèveront à 92 000 tonnes métriques.

Le sénateur Gustafson: Peut-on s'attendre à ce que les exportations de boeuf conditionné soient éventuellement supérieures aux exportations de bétail vivant? Les exportations totales se sont élevées à 373 000 tonnes métriques. S'agissait-il du boeuf vivant et du boeuf conditionné

M. Haney: Non, ces 373 000 tonnes métriques ne représentaient que le boeuf conditionné en 2002. Environ 400 000 tonnes métriques de bovins vivants ont aussi été exportées.

Le sénateur Gustafson: Quand on songe à tout le processus, le marché a été ouvert assez rapidement. Les usines de conditionnement ont aussi fait du bon travail en préparant le boeuf et en l'acheminant aussi rapidement.

M. Haney: Il est vrai qu'on s'aperçoit après-coup de la vitesse avec laquelle notre industrie s'adapte aux circonstances. Il est impossible de le voir aujourd'hui parce que la frustration et les pertes économiques sont trop grandes. Je me trouve moi-même dans cette situation.

Le redéploiement de nos produits vers les marchés asiatiques revêt beaucoup d'importance, mais notre industrie doit continuer à réclamer le plein accès à tous les grands marchés. Je sais que dans deux ou trois ans, lorsque nous réfléchirons ensemble à la situation, nous serons fiers des mesures que nous avons prises. Nous serons aussi reconnaissants des mesures qu'auront prises nos principaux partenaires commerciaux et nous serons fiers de la rapidité avec laquelle nous aurons pu rediriger nos exportations. Nous serons aussi fiers du système d'inspection et de l'appui des organismes de réglementation. Nous serons aussi fiers de la façon dont l'OIE, l'Association internationale de la santé animale, aura collaboré à faciliter le rétablissement des échanges commerciaux entre le Canada et le reste du monde parce que s'ils ne le faisaient pas, le système ne fonctionnerait pas. Le système de l'OIE ne fonctionne que s'il facilite un rétablissement rapide du commerce des produits bovins, soit ceux que nous vendons.

Le sénateur Gustafson: Les agriculteurs avec lesquels je parle tous les jours sont très heureux de la façon dont on s'est attaqué au problème. Je n'ai entendu aucune plainte à cet égard.

Enfin, avez-vous suivi les prix du bétail aux États-Unis? Pourriez-vous me dire combien se vend un veau de 600 livres sur le marché américain? On m'a dit que le prix n'avait jamais été aussi élevé, mais je n'ai pas vérifié ce renseignement.

M. Haney: Je n'ai pas vérifié le prix des veaux ou le prix du bétail d'engraissement, mais je sais que le prix du bétail d'engraissement a dépassé 1 $ la livre aux États-Unis. Ça a donc été une période extraordinaire.

Il faut bien reconnaître que les États-Unis ont admis — à supposer que toutes les règles soient adoptées — que la réouverture de la frontière au boeuf canadien entraînerait une baisse de 4 à 6 c. la livre du prix du boeuf de consommation aux États-Unis. Le fait que les exportations canadiennes remplaceront les exportations américaines sur d'autres marchés entraînera une diminution supplémentaire de 5 à 6 c. la livre. Les États-Unis admettent que les prix du bétail d'engraissement et peut-être des veaux diminueront, ce qui n'est pas une mauvaise chose du point de vue de l'organisme national de réglementation. Les prix devenaient presque trop élevés aux États-Unis.

Le vice-président: Au nom du comité, permettez-moi de profiter de l'occasion pour vous remercier de votre exposé ainsi que de vos réponses enthousiastes aux questions que nous vous avons posées. Nous vous sommes très reconnaissants de votre coopération.

Avant que nous ne commencions à rédiger notre rapport, nous voudrons peut-être vous convoquer de nouveau. J'espère que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que nous demandions à nouveau votre aide. Je vous remercie encore une fois de votre présence ici ce soir.

M. Haney: Puis-je demander votre indulgence? J'ai oublié de vous lire la stratégie que nous allons adopter pour obtenir la réouverture complète de la frontière.

Nous devrons vite prendre des mesures précises. Je vous en ai parlé en termes généraux, mais je me sens tenu de vous donner des précisions à cet égard. Je m'excuse si cet oubli cause des difficultés.

Le vice-président: Pas du tout.

M. Haney: La première mesure qui doit être prise est d'amener le ministère de l'Agriculture des États-Unis à envoyer une lettre à la SAGARPA, l'organisme de réglementation du Mexique, visant à autoriser le Mexique à importer tous les produits bovins de moins de 30 mois et de plus de 30 mois qui ne comportent pas d'abats à risque et d'importer du bétail de reproduction vivant. Cette lettre permettrait au Mexique d'importer une vaste gamme de produits bovins canadiens et servirait de modèle à d'autres organismes de réglementation. Au lieu de faire preuve de collaboration, le USDA a exercé des pressions sur le Mexique pour que celui-ci n'accepte d'importer que les produits déjà approuvés par les États-Unis. Le Mexique a, à deux reprises, devancé les États-Unis. Il l'a d'abord fait en juillet en disant qu'il rouvrirait sa frontière avant que les États-Unis le fassent. Le Mexique a aussi annoncé le 8 août qu'il allait permettre l'importation de quatre produits de plus que les produits approuvés par les États-Unis. Dans les deux cas, le USDA a communiqué officiellement avec les autorités mexicaines et leur a fait valoir que le fait de devancer les États-Unis pourrait exposer le Mexique à l'ESB, allégation qui ne repose sur aucune preuve scientifique. Les États-Unis ont aussi prévenu le Mexique qu'il risquait de ne plus pouvoir vendre un million de têtes de bétail, comme il le fait actuellement chaque année.

Nous avons pris bonne note des pressions exercées par les États-Unis. Ces pressions ne sont ni appréciées ni utiles. Nous prions le gouvernement du Canada de demander au gouvernement des États-Unis d'Amérique de ne plus exercer de pressions sur le Mexique et d'envoyer une lettre aux autorités mexicaines de manière à ce que le Mexique puisse se fonder sur des preuves scientifiques pour rétablir ses échanges commerciaux avec le Canada.

La deuxième mesure qui s'impose est de prévoir un avenant à la police d'assurance relativement au «changement de l'état de santé animale» qui s'appliquerait à l'avenir aux exportations de boeuf qui ne sont pas destinées aux États- Unis. Ce programme d'assurance, semblable à l'assurance-récolte, inciterait les clients internationaux à faire pleinement confiance au boeuf canadien puisqu'ils n'auraient plus à craindre que survienne un autre cas d'ESB au Canada.

La troisième mesure est d'élaborer un programme d'indemnisation fédéral-provincial pour acheter et éliminer immédiatement tous les produits bovins qui continuent d'être interdits en Corée du Sud et au Japon. Une indemnisation devrait aussi être accordée aux clients internationaux qui se sont débarrassés du boeuf interdit avant la date de mise en oeuvre du programme. La seule exception à ce programme serait les pertes assurées lorsqu'une preuve de cette assurance peut être fournie.

La quatrième mesure est que le gouvernement canadien envoie de nouvelles lettres à tous les organismes de réglementation étrangers dans les principaux marchés pour leur demander de rouvrir immédiatement leur marché aux produits bovins qui ne sont pas des abats à risque et qui proviennent d'animaux de moins et de plus de 30 mois. Cette lettre devrait également préciser que les risques d'ESB sont vraiment très faibles dans le bétail de reproduction vivant, du moins dans les animaux nés après les restrictions imposées aux bovins canadiens. Lorsque c'est possible, cette lettre devrait reprendre les raisons données dans la nouvelle version des lignes directrices de l'OIE et dans le document canadien intitulé «Minimal Risk». Tous les postes canadiens à l'étranger devraient recevoir de nouvelles instructions les incitant à prendre tous les moyens possibles pour obtenir une réouverture des marchés.

La cinquième mesure est liée au fait que, bien que le Canada ait adopté le 24 juillet 2003 une politique relative aux abats à risque, seules les exigences minimales des pays importateurs devraient être certifiées —, c'est-à-dire que ces pays exigent l'exclusion de certains abats à risque. L'inclusion volontaire de références à la politique du Canada relative aux abats à risque comme fondement de l'attestation des exportations peut compromettre l'exportation de tous les produits entreposés avant la mise en oeuvre de cette politique, ce qui représente plusieurs millions de dollars de produits entreposés dans les congélateurs canadiens.

La sixième mesure est qu'il faut favoriser une participation accrue de l'industrie aux négociations portant sur l'ouverture de tous les marchés et aux négociations commerciales portant sur le commerce des bovins vivants et des produits bovins. En faisant appel à l'expertise et aux ressources complémentaires de l'industrie, il sera possible de contrer les arguments avancés par des gouvernements étrangers pour s'opposer au rétablissement du commerce — et notamment aux allégations voulant que les consommateurs éprouvent des craintes au sujet du boeuf canadien — et de comprendre comment de nouveaux protocoles commerciaux bilatéraux peuvent influer sur notre capacité commerciale. Il s'agit de redéfinir la relation entre les secteurs public et privé ainsi que les mécanismes sur lesquels reposent les négociations commerciales et les négociations touchant l'accès au marché.

La septième chose, c'est de confirmer que le Canada a bonifié ses politiques et programmes d'alimentation et de surveillance relativement à l'ESB. Il faudrait au moins que toutes les exploitations agricoles soient autorisées à acheter de l'alimentation animale composée de farine d'os et de viande de ruminants, ce qui aiderait à s'assurer qu'on ne donne pas d'autorisation aux exploitations de multiples espèces situées à un seul endroit ou ayant des systèmes d'alimentation communs si on ne parvient pas dans les circonstances actuelles à éliminer les Mabats à risque de la farine d'os et de viande de ruminants. La surveillance accrue devrait se conformer aux nouvelles directives de l'OIE, ce qui exigerait vraisemblablement un niveau de sensibilité de détection d'incidence de un par million avec un taux d'erreur de 5 p. 100.

Enfin, quant au huitième élément, il nous faut intensifier davantage la coopération et la coordination entre organismes gouvernementaux, au sein des organismes gouvernementaux, et entre le gouvernement et l'industrie, au Canada, alors que nous menons à terme nos efforts individuels et collectifs pour nous remettre de la crise de l'ESB qui sévit actuellement.

Nous estimons que ces huit mesures sont essentielles pour permettre au boeuf canadien un accès complet aux marchés clés à l'extérieur des États-Unis.

Le sénateur Fairbairn: Les avez-vous données au ministère de l'Agriculture?

M. Haney: À maintes reprises et de diverses façons, d'autant de façons que nous arrivons à faire cadrer avec la démarche.

Le vice-président: En voilà une autre, bien fait.

Encore une fois, merci beaucoup. Nous tenons à répéter que nous avons apprécié votre enthousiasme et votre exposé ce soir.

M. Haney: Tout le plaisir était pour moi. Merci beaucoup.

Le vice-président: J'ai mon marteau maintenant, ce qui me permet de déclarer que la séance est levée.

La séance est levée.


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