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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 10 - Témoignages du 7 février 2012


OTTAWA, le mardi 7 février 2012

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 17 h 26, pour examiner, afin d'en faire rapport, les efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole. (L'innovation dans le système agricole et agroalimentaire de la perspective des producteurs agricoles.)

Le sénateur Percy Mockler (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts. Mon nom est Percy Mockler, du Nouveau-Brunswick. Je suis le président du Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.

[Traduction]

Je vais d'abord demander aux sénateurs de se présenter. Nous entendrons ensuite les exposés des témoins, après quoi nous en viendrons à la période de questions.

Le sénateur Mercer : Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse.

[Français]

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, St-Louis-de-Kent, Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

Le sénateur Plett : Don Plett, du Manitoba.

[Français]

Le sénateur Maltais : Ghislain Maltais, du Québec.

Le sénateur Rivard : Michel Rivard, les Laurentides, Québec.

[Traduction]

Le président : Je tiens, au nom des membres du comité, à remercier les témoins d'avoir accepté nos invitations. Le comité poursuit son examen des efforts de recherche et d'innovation dans le secteur agricole. Aujourd'hui, nous allons à nouveau nous efforcer de bien saisir la nature et les caractéristiques de l'innovation dans le système agricole et agroalimentaire, de la perspective des producteurs agricoles.

Je souhaite la bienvenue à M. David Fuller, président des Producteurs de poulet du Canada; à M. Jacob Middelkamp, président du Conseil de recherches avicoles du Canada et à M. Mark Davies, président des Éleveurs de dindon du Canada. Nous allons d'abord entendre M. Fuller, puis MM. Davies et Middelkamp.

David Fuller, président, Producteurs de poulet du Canada : Je vous remercie, monsieur le président. Je m'appelle David Fuller et je suis le président des Producteurs de poulet du Canada. Je suis moi-même producteur dans la vallée de l'Annapolis en Nouvelle-Écosse. Monsieur le président, je n'entends pas vous lire l'intégralité de mon exposé. Je vais me contenter de traiter des faits saillants et je me tiendrai ensuite à votre disposition pour répondre aux questions des membres du comité.

L'industrie du poulet représente un exemple à suivre au Canada grâce à l'environnement politique stable mis en place par notre système de gestion de l'offre. Les producteurs de poulet produisent régulièrement du poulet frais, salubre et de qualité. Les consommateurs obtiennent une bonne valeur pour leur argent et une offre fiable d'aliments de qualité à des prix raisonnables. De plus, le marché reste ouvert à un niveau d'importation d'aliments prévisible. Le système permet aux producteurs de tirer leurs revenus du marché. Par conséquent, notre stabilité financière et celle du marché ne dépendent pas des programmes gouvernementaux.

Cette stabilité permet également aux producteurs et aux transformateurs d'investir avec confiance dans la croissance de leur entreprise. De fait, à l'heure actuelle, des usines de transformation qui sont le fruit de collaborations entre producteurs et transformateurs sont en cours de construction en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick.

Partout au pays, les producteurs investissent dans de nouveaux poulaillers conçus pour offrir en permanence un environnement confortable à la volaille et la protéger des conditions climatiques extrêmes observées aux quatre coins du pays tout au long de l'année. Ainsi, ces poulaillers sont équipés de systèmes de ventilation informatisés, de systèmes de production d'énergie durable et d'appoint, de planchers chauffants, de dispositifs de biosécurité et de portes normalisées visant à faciliter le chargement modulaire.

La gestion de l'offre contribue aussi à la viabilité de l'économie rurale du Canada. La prospérité d'autres professionnels et entreprises connexes, telles que les meuneries, les vétérinaires, les couvoirs, les producteurs de céréales et les entreprises de services, dépend de la stabilité assurée par les producteurs de poulet du Canada.

Nos producteurs contribuent à créer plus de 31 000 emplois directs et indirects dans leur communauté. Annuellement, leur production correspond à 2,5 milliards de dollars du PIB du Canada et leurs impôts s'élèvent à 357 millions de dollars.

La réussite de notre industrie repose sur l'innovation, et non sur la croissance pour le simple fait de croître. Fidèles à leur mission, les Producteurs de poulet du Canada ont bâti une industrie canadienne du poulet axée sur le consommateur qui offre des occasions de croissance rentable à tous les intervenants.

Notre organisation recommande que le gouvernement maintienne son appui de longue date à la gestion de l'offre puisqu'elle fournit la stabilité requise permettant à nos producteurs de tirer un revenu du marché et de contribuer à l'économie rurale sans dépendre du soutien des contribuables.

La confiance des consommateurs en la capacité de l'industrie canadienne du poulet à répondre à leurs attentes en matière de salubrité, de qualité et de variété, ainsi que les soins aux animaux et l'environnement, figurent parmi les principaux objectifs des Producteurs de poulet du Canada.

Les poulets entiers ne constituent plus les seuls produits de la volaille offerts à l'épicerie. L'industrie a évolué et offre maintenant un large éventail de coupes : poulets entiers, poitrines désossées et sans peau, poitrines avec os, cuisses, ailes et pilons.

Bien que l'ensemble de la volaille soit nourri au grain, les producteurs utilisent différentes méthodes de production, notamment la production biologique, l'élevage en parcours libre, l'élevage sur parquet, l'élevage sans antibiotiques et l'élevage soumis à un régime végétarien à base de céréales afin de répondre à la demande spécifique des consommateurs. De plus, l'élevage de poulet en fonction de tailles spécifiques fait appel à de solides connaissances en gestion agricole. Cette grande diversité des produits offerts consolide le caractère durable du secteur canadien du poulet et lui permet de s'adapter à l'évolution des préférences des consommateurs.

L'industrie canadienne du poulet est un chef de file en matière de sécurité alimentaire. La production de poulet s'étend à toutes les provinces. Cette diversité garantit que tous les Canadiens de partout au pays ont accès à du poulet frais produit localement. Par ailleurs, en cas de perturbations des approvisionnements dans une région, comme celles découlant de la manifestation de grippe aviaire dans la vallée du Fraser en Colombie-Britannique en 2004, la diversité permet également d'accroître la production dans d'autres provinces pour combler les pénuries. De plus, la dispersion des exploitations agricoles présente des avantages environnementaux positifs.

Cependant, la sécurité alimentaire ne se résume pas uniquement à l'accès aux aliments. En effet, elle consiste en un accès à des aliments salubres, nutritifs et produits avec soin. Les Producteurs de poulet du Canada ont été des chefs de file de la mise en œuvre de programmes à la ferme et à l'échelle de la chaîne de valeur de l'industrie, programmes associés à ces éléments importants de la sécurité alimentaire.

Les programmes d'assurance de la salubrité des aliments à la ferme et de biosécurité assurent que les Canadiens consomment des aliments salubres. Quant au programme de soins aux animaux, il assure que les poulets d'élevage sont bien traités. Enfin, les programmes de préparation en cas de maladie animale et de traçabilité garantissent la viabilité financière de l'industrie et réduisent les risques financiers auxquels sont exposés le gouvernement et les communautés rurales dans lesquelles nous vivons.

Notre organisation recommande que le gouvernement reconnaisse la responsabilité qu'il partage avec les producteurs et l'industrie en matière de salubrité des aliments consommés par les Canadiens, qu'il reconnaisse les avantages partagés découlant des programmes de salubrité des aliments mis en œuvre par les producteurs et l'industrie, et qu'il offre un soutien financier pour l'élaboration et la mise en œuvre permanente de ces programmes.

Plus précisément, le gouvernement devrait soutenir la mise au point du protocole canadien de reconnaissance de la salubrité des aliments à la ferme et utiliser la réussite des secteurs qui obtiennent la pleine reconnaissance pour faire la promotion de « l'approche canadienne », reconnaître que les lignes directrices sur la traçabilité FPT doivent tenir compte des différences entre les industries agricoles et permettre le recours aux systèmes qui répondent aux besoins de l'industrie et du gouvernement de la façon la plus efficace et rentable, maintenir le soutien financier accordé au Conseil national pour le soin des animaux d'élevage relativement à l'élaboration de Codes de pratiques et de protocoles d'évaluation vérifiables, assurer, par le biais de l'ACIA et de l'Agence des services frontaliers du Canada, que les importations répondent aux mêmes normes de gestion des risques que la production intérieure et qu'elles ne minent pas la confiance des consommateurs à l'endroit du poulet, confiance que l'industrie canadienne a soigneusement acquise.

L'industrie canadienne du poulet a pris des engagements concernant la recherche et l'innovation. À ce jour, les PPC ont mené et financé des recherches avicoles principalement par le biais du Conseil de recherches avicoles du Canada, en abrégé le CRAC, qui a été fondé en 2001 par les cinq organismes avicoles nationaux du Canada. D'ailleurs, le CRAC a présenté un mémoire à votre comité.

Les fonds de recherche octroyés par les PPC au CRAC proviennent d'un fonds de dotation affecté par des instances internes. La valeur actuelle du fonds s'élève à 5,6 millions de dollars et il produit annuellement des revenus d'environ 200 000 $. Les efforts de recherche du CRAC portent principalement sur des enjeux qui visent à accroître le rendement à la ferme, comme la santé de la volaille, les soins aux animaux et l'amélioration de l'indice de transformation des aliments.

En collaboration avec le Conseil des produits agricoles du Canada, les Producteurs de poulet du Canada envisagent actuellement la mise sur pied d'une Agence de promotion et de recherche en vertu de la Loi sur les offices des produits agricoles. L'intérêt d'une telle agence est que le montant des prélèvements perçus auprès des producteurs afin de promouvoir la consommation de poulet et la recherche au Canada serait augmenté grâce à des prélèvements semblables auxquels seraient soumises les importations.

Le défi que nous devons relever consiste à veiller, de concert avec l'Agence des services frontaliers du Canada, à ce qu'un processus efficace soit mis en œuvre pour recueillir les prélèvements auxquels seraient assujetties les importations. Les Producteurs de poulet du Canada recommandent que le gouvernement consacre suffisamment de fonds, en vertu de Cultivons l'avenir 2, à la recherche avicole afin d'accroître le rendement à la ferme et l'innovation à l'échelle de la chaîne de valeur de la volaille, et qu'il veille à ce que les Agences de promotion et de recherche aient accès aux données sur les importations recueillies par l'ASFC en vertu de la Loi sur les offices des produits agricoles.

En terminant, je tiens à vous remercier, honorables sénateurs, pour l'occasion qui nous a été offerte de partager notre point de vue sur la façon dont les producteurs de poulet canadiens investissent dans la recherche et l'innovation afin de faire croître leur industrie et de contribuer à l'avenir de l'agriculture au Canada. C'est avec plaisir que nous répondrons à toutes vos questions ou demandes d'information supplémentaire.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Fuller. Nous allons maintenant entendre l'exposé de M. Davies. Monsieur, la parole est à vous.

Mark Davies, président, Éleveurs de dindon du Canada : Je vous remercie, monsieur le président, et je tiens aussi à remercier les sénateurs de cette occasion d'aborder un certain nombre de sujets liés à ceux dont traitent mes collègues cet après-midi.

Avec votre permission, je vais vous présenter rapidement notre secteur d'activité et j'en viendrai ensuite aux points essentiels que je tiens à vous présenter aujourd'hui.

Les Éleveurs de dindon du Canada ont été créés par proclamation du Parlement en 1974 et représentent les éleveurs de dindons enregistrés du Canada depuis 38 ans. Cet organisme est intégralement financé par les redevances versées par les éleveurs de dindons sur chaque kilogramme de dindon commercialisé par année.

Notre Conseil d'administration, composé de 11 membres, compte huit représentants élus par les éleveurs, deux représentants nommés par le secteur de la transformation primaire et un représentant nommé par le secteur de la surtransformation. Nous sommes d'avis que la composition du conseil reflète la réalité élémentaire de l'agriculture moderne en privilégiant la chaîne de valeur pour cerner les possibilités qui se présentent du marché et pour en tirer parti. Nous nous sommes donnés pour missions de développer et de renforcer le marché canadien du dindon grâce à un système efficace de gestion de l'offre qui favorise la croissance et la rentabilité pour les agents économiques. Ceci, pour nous, est « l'impératif no 1 ». Nous nous sommes dotés d'un système canadien de commercialisation unique, bien soutenu et bien équipé pour établir le fondement qui entraînera le développement de la compétitivité chez les éleveurs individuels comme dans les entreprises.

Nos principaux objectifs, qui proviennent de l'article 21 de la Loi sur les offices des produits agricoles, sont de promouvoir le dynamisme, l'efficacité et la compétitivité du secteur de la production et de la commercialisation, et de tenir dûment compte des intérêts des producteurs et des consommateurs de dindon.

Notre rôle, en tant qu'organisme national, est de créer une plate-forme au sein de laquelle les entreprises individuelles, de la ferme jusqu'à la chaîne de valeur, pourront continuer de développer leur propre avantage concurrentiel sur le marché intérieur. Sur un marché à industrialisation ancienne, l'innovation en matière de production, de transformation et de développement de produits est essentielle. Les EDC — du fait de leurs obligations et responsabilités en vertu de la LOPA — facilitent de nombreuses façons les activités des entreprises au sein du secteur du dindon, et jouent un rôle fondamental dans leur façon d'affronter les défis et de saisir les occasions. Notre rôle en matière de promotion de la compétitivité et de l'innovation dans le secteur du dindon est axé sur un certain nombre de priorités.

La première d'entre elles vise la salubrité des aliments à la ferme. Grâce à l'appui d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, les Éleveurs de dindon du Canada ont mis en place le Programme de salubrité des aliments à la ferme, le PSAF en abrégé, des EDC, un programme national vérifiable qui intègre des protocoles de biosécurité et une tenue de registres détaillés à la ferme visant à réduire et à prévenir les dangers éventuels en matière de salubrité des aliments à la ferme.

Le programme et son système de gestion ont satisfait à l'examen technique mené par l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Grâce à une gestion proactive des risques éventuels en matière de salubrité des aliments à la ferme, ce programme aide à faire en sorte que les éleveurs de dindons canadiens soient prêts à répondre aux exigences des secteurs en amont dans la chaîne de production et de distribution. De plus, il assure une protection accrue de la santé des êtres humains et réduit les risques d'éclosion de maladie animale.

Il est important de signaler qu'un financement permanent destiné au maintien et à l'amélioration continus des programmes de salubrité des aliments à la ferme dans le secteur est recommandé pour faire en sorte que les producteurs soient mieux armés pour maintenir la salubrité des aliments canadiens dans le cadre d'une prévention du risque à la ferme.

Notre seconde priorité porte sur le soin des troupeaux. Le Programme de soin des troupeaux, en abrégé le PST, des Éleveurs de dindon du Canada est un programme national vérifiable qui fournit aux éleveurs de dindons des mesures leur permettant de veiller à la manipulation et au soin approprié de leurs oiseaux. Il est fondé sur le Code de pratiques recommandées pour le soin et la manipulation des animaux de ferme. Pour les poulets, dindons et reproducteurs du couvoir à l'abattage, ainsi que sur d'autres normes et programmes internationaux, le PST exige une tenue des registres détaillés à la ferme, entre autres documentations, et s'inscrit en complément des mesures de soins aux animaux couvertes par le Programme de salubrité des aliments à la ferme des EDC.

À la suite d'une demande des Éleveurs de dindon du Canada, des Producteurs de poulet du Canada, des Producteurs d'œufs d'incubation du Canada et du Conseil canadien des transformateurs d'œufs et de volailles, le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage a entamé l'examen et la mise à jour du Code de pratiques recommandées pour les poulets, les dindons et les reproducteurs, dont la dernière révision remontait à 2003. Il faut préciser que, à des fins d'efficacité, le Code de pratiques recommandées doit faire l'objet d'un examen régulier et d'une révision tenant compte de l'évolution des systèmes de production et de gestion. Les révisions apportées au Code de pratiques recommandées bénéficient d'un financement du programme Agri-flexibilité d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Le maintien de ce financement est d'une importance critique pour l'utilité pratique continue de ces codes.

Notre troisième priorité concerne la surveillance des maladies. Les éleveurs de dindons canadiens participent au système canadien de surveillance de l'influenza aviaire à déclaration obligatoire (SCSIADO), une initiative concertée du gouvernement, de l'industrie et des éleveurs canadiens visant à prévenir, détecter, minimiser et éliminer la présence de cas d'influenza aviaire à déclaration obligatoire dans les troupeaux de volailles domestiques du Canada. Ce programme constitue une composante très importante de la gestion des maladies animales exotiques. Dirigé par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, le SCSIADO a été conçu pour respecter les directives actuelles en matière de maladie établies par l'Organisation mondiale de la santé animale ainsi que les exigences commerciales des pays importateurs. La participation de nos membres à des programmes de ce type contribue grandement à la confiance qu'ont l'industrie et les consommateurs dans les produits que nous leur offrons.

Notre quatrième priorité est la recherche scientifique. L'agriculture et le système alimentaire ont observé une évolution rapide au cours des 10 à 15 dernières années et il est peu probable que les moteurs économiques et socioéconomiques à l'origine de cette évolution diminuent. La recherche dans l'industrie avicole est un facteur fondamental pour le secteur du dindon canadien en matière de productivité, d'économie, de compétitivité, d'assurance de la qualité des aliments et des préoccupations d'ordre général dans la société, relatives à la production de volailles et à la production alimentaire, par exemple l'environnement, le soin des oiseaux et la salubrité des aliments.

En ce qui a trait à la productivité, celle-ci exige de nos jours 30 p. 100 d'alimentation en moins pour générer la même quantité de viande de dinde, comparé à 30 années passées. Ceci est le résultat direct d'améliorations apportées tout au long de la chaîne d'approvisionnement, des formulations et des programmes d'alimentation améliorés aux pratiques de gestion à la ferme, qui se traduisent par des résultats bien tangibles.

Grâce à la recherche, les Éleveurs de dindon du Canada s'efforcent de garder le rythme avec l'évolution continue de la concurrence sur les marchés canadiens, tout en satisfaisant aux attentes des consommateurs canadiens dans le cadre d'innovations et des principes d'excellence en matière de production de dindons et de fournir un produit sain et de grande qualité aux consommateurs.

En 2010, le Comité de recherche des EDC a procédé à une analyse de la conjoncture visant à évaluer les forces, les faiblesses, les possibilités et les menaces pour la recherche sur le dindon au Canada. En se reportant à cette information, la Stratégie de recherche formelle des EDC a été élaborée et approuvée par le Conseil d'administration des EDC en mai 2011. Notre Stratégie de recherche établit un programme de recherche viable propre aux besoins du secteur du dindon canadien, du couvoir au produit final, qui suit le rythme des évolutions continues à la ferme et sur le marché, pour assurer la continuité de l'innovation et de la compétitivité.

L'élaboration de la Stratégie de recherche des EDC s'inscrit en complément, et est également en partie le résultat de travaux et de soutiens contribués par le Conseil de recherches avicoles du Canada. En partenariat avec le CRAC, nous nous sommes engagés à réduire les risques à la santé des êtres humains dans la chaîne de valeur de la volaille, à poursuivre la promotion de l'utilisation prudente des antimicrobiens et augmenter l'utilisation d'alternatives aux antimicrobiens, à renforcer les systèmes de production actuels et à en développer de nouveaux ainsi que des stratégies permettant l'amélioration toujours plus poussée du bien-être des troupeaux de volailles du Canada, à développer des produits fonctionnels et à valeur ajoutée qui améliorent la santé et le bien-être des Canadiens et qui répondent aux demandes d'un marché à créneaux.

Dans le cadre de l'étude du marché, l'un des cinq éléments fondamentaux du plan des activités des Éleveurs de dindon du Canada est d'explorer des possibilités et de développer la chaîne de valeur de notre secteur dans le contexte du mandat des EDC et de notre rôle dans l'industrie. En s'attelant aux défis et en créant une production et des relations de commercialisation plus fortes, nous espérons générer et créer des occasions tant au niveau de la ferme que de l'entreprise. Nous avons relevé la nécessité de nous doter d'un Comité d'expansion du marché du dindon, dont les attributions ont été adoptées, qui devrait devenir pleinement fonctionnel au début de 2012. Ce comité sera composé de producteurs, de transformateurs, de représentants de l'Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires et du Conseil canadien du commerce de détail, ainsi que d'un diététiste canadien agréé et même d'un gastronome et/ou chef canadien. Le rôle du comité sera de créer des occasions pour nos fermes et entreprises en encourageant la consommation de dindon, en étudiant les besoins et les désirs des consommateurs et de l'industrie de la restauration, en influençant le secteur du détail au niveau d'une représentation accrue de la dinde dans les magasins et en formulant des recommandations à l'intention du Conseil d'administration des EDC.

En 2008, une analyse détaillée de la valeur nutritive de la dinde a été entreprise de concert par les EDC et Santé Canada. À l'époque, les éléments nutritifs de la viande de dinde dans le Fichier canadien sur les éléments nutritifs (FCEN) de Santé Canada étaient pour ainsi dire obsolètes et les données utilisées étaient d'origine américaine. Il est évident qu'il faut que nous disposions de données canadiennes pour élaborer nos stratégies de recherche.

Notre sixième priorité concerne les activités de promotion. Le marché le plus intéressant et le plus durable pour les éleveurs de dindons canadiens est le marché intérieur. Au cours des 18 dernières années, le secteur a vu la part du marché du détail pour les produits de transformation secondaire augmenter de 15 à 22 p. 100 en volume. Néanmoins, il importe de noter qu'en termes de valeur, les ventes de produits de transformation secondaire ont augmenté de 33 p. 100 des ventes en dollars en 1993, à 56 p. 100 en 2010. C'est là une augmentation très importante.

Les Canadiens ont exprimé à plusieurs reprises leur désir de voir sur le marché des aliments produits au pays et ont manifesté leur appui aux éleveurs canadiens. Dans le cadre de nombreux sondages menés au fil des années, les consommateurs estiment que nous devrions produire suffisamment d'aliments canadiens pour satisfaire nos besoins, que les aliments produits au Canada sont nettement ou modérément supérieurs en qualité aux aliments produits ailleurs, et expriment leur confiance dans les éleveurs canadiens.

En 2010, les Éleveurs de dindon du Canada ont participé aux consultations avec les employés d'Agriculture et Agroalimentaire Canada relatives à l'initiative de promotion de l'image de marque du Canada qui vise à définir clairement le Canada comme une marque, et qui met en lumière les bienfaits et les attributs inhérents aux produits issus de l'industrie agricole canadienne.

En novembre 2011, les EDC ont reçu l'autorisation d'utiliser la marque Canada sur leur site web ainsi que dans leurs communications par courriel dans le but de promouvoir de façon générique le dindon canadien et l'industrie canadienne du dindon.

Les programmes promotionnels ou les initiatives génériques de commercialisation donnent à l'industrie dans son ensemble les moyens d'informer les consommateurs au sujet des bienfaits de la consommation de viande de dinde, par exemple les bienfaits pour la santé, l'information nutritive, le goût, la qualité et les autres caractéristiques intrinsèques. Ces programmes sont financés par les agriculteurs au moyen de redevances ou de « contributions » sur leur production. La partie 3 de la Loi sur les offices des produits agricoles, la LOPA, permet l'établissement d'organismes de promotion et de recherche dans le cadre desquels la recherche nationale et les programmes de promotion peuvent être mis en place et financés.

En 2002, le Canada établissait son premier office du genre — l'Office canadien de recherche, de développement des marchés et de promotion des bovins de boucherie. Cela pourrait aussi présenter des avantages pour l'industrie du dindon. Les EDC, qui sont un office de la partie 2 en vertu de la Loi sur les offices des produits agricoles, s'attacheront à obtenir le pouvoir d'appliquer une contribution aux importations, sans néanmoins avoir à créer une structure séparée de gouvernance et d'administration.

Notre septième priorité concerne la segmentation du marché. Cette appellation recouvre un concept économique qui, en termes plus simples, a trait au développement d'un avantage commercial grâce à la différenciation des produits. Organisées de façon appropriée, la segmentation du marché et la différenciation des produits permettent à l'industrie de diviser les utilisateurs finaux en groupes pour que l'offre et la demande — ainsi que les rapports de prix entre les deux— soient équilibrées.

Nous établissons plusieurs catégories de contingent fondées sur l'utilisation finale. Les contingents de reproduction primaire et de reproduction-multiplication de l'office sont établis de façon à couvrir la commercialisation de viande de dindon adulte à l'échelle nationale, mais dans l'intention de veiller à ce que ces deux segments de l'industrie, qui comportent une dimension appréciable en matière d'exportation pour les stocks de reproducteurs, par exemple les œufs et les jeunes volailles, qui ne font pas l'objet de contrôles au niveau des importations, puissent être élargis ou réduits en fonction du marché international.

Sur le plan intérieur, l'organisme alloue des contingents pour le dindon entier qui est, pour l'essentiel, commercialisé et consommé pendant la saison des fêtes, par exemple à l'époque de l'Action de grâces, de Noël et de Pâques, et qui constitue un marché relativement stable. Le segment de la surtransformation est le moteur de croissance de notre secteur, et c'est dans cette partie du marché que fleurit l'innovation. Ce segment englobe les morceaux crus, les produits de charcuterie, les rôtis, les produits-créneaux, et cetera et reçoit une allocation en fonction des demandes des divers transformateurs.

Cette approche de l'allocation axée sur le marché est nécessaire pour répondre aux besoins de ce que l'on perçoit comme le segment de marché de l'industrie représentant la valeur la plus élevée, et le plus prometteur en matière de croissance au cours des années à venir. Contrairement à ce que prétendent certains détracteurs de la gestion de l'offre, les EDC et leurs collègues dans la gestion de l'offre, du fait de leur mandat, créent un cadre propice au développement de produits et à l'innovation.

En conclusion, comme les membres du comité le savent fort bien, la prochaine décennie présentera des défis, mais aussi des occasions pour l'industrie agricole et agroalimentaire canadienne dont fait partie le secteur du dindon. Au fur et à mesure de l'évolution des goûts des consommateurs et de leur demande accrue de produits de spécialité, la segmentation du marché et la différenciation des produits constitueront des occasions pour maximiser les ventes, si nous pouvons devancer nos concurrents dans l'offre de ces produits sur le marché. Pour ce faire, nous avons besoin d'obtenir en temps opportun l'information sur les tendances de la consommation et une plate-forme de soutien à partir de laquelle les membres de notre secteur pourront innover dans la production, la transformation et le développement de produits afin d'améliorer leur compétitivité.

Ce qui nous ramène aux notions de chaîne de valeur, d'études du marché, de promotion, de salubrité des aliments, de soin des animaux et de recherche scientifique, dont nous avons parlé dans cet exposé.

Je tiens maintenant à vous remercier du temps que vous m'avez consacré et je vais me faire un plaisir de répondre aux questions que vous pourriez avoir.

Le président : Merci.

J'invite maintenant M. Middelkamp à prendre la parole. Nous passerons ensuite à la période de questions. Je dois vous prévenir que si les sénateurs ont lu l'essentiel des documents qui nous ont été adressés, ils n'ont pas eu les recommandations. Il se peut donc que nous vous posions quelques questions sur ces documents ainsi que sur les recommandations.

Jacob Middelkamp, président, Conseil de recherches avicoles du Canada : Monsieur le président, au nom du Conseil de recherches avicoles du Canada et de ses organismes membres, je désire vous remercier de m'offrir l'occasion de comparaître devant le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts.

Le Conseil de recherches avicoles du Canada (CRAC) a été constitué en novembre 2011 afin d'assurer le financement et la coordination de la recherche menée à l'échelle nationale par ses membres, notamment les Producteurs d'œufs d'incubation du Canada, le Conseil canadien des transformateurs d'œufs et de volailles, les Producteurs de poulet du Canada, les Producteurs d'œufs du Canada et les Éleveurs de dindon du Canada.

La mission du CRAC est de combler les besoins de ses membres grâce à un leadership dynamique ainsi qu'à l'élaboration et à la mise en œuvre de programmes de recherche au Canada qui peuvent parfois porter sur des questions sociétales. Notre organisation finance la recherche depuis 2003 et nos membres ont jusqu'à présent approuvé près de 3 millions de dollars pour la recherche par notre intermédiaire. Ce financement a aidé à appuyer l'affectation de plus de 11 millions de dollars à la recherche avicole au Canada.

En plus de financer la recherche, le CRAC gère les projets du programme de la Grappe de recherche avicole financée par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) en vertu de l'Initiative des grappes agro-scientifiques canadiennes du programme Cultivons l'avenir, l'industrie et d'autres sources provinciales de financement. Je vais maintenant aborder les domaines d'intérêt particulier contenus dans le cadre de référence.

Développement et maintien des marchés : la recherche et l'innovation peuvent améliorer les produits et ils créent également la possibilité de tirer des avantages économiques des résultats de la recherche. Plusieurs découvertes trouvent une application à l'étranger. Les universités et instituts de recherche appuient de plus en plus la recherche et l'éducation grâce aux redevances issues des découvertes commercialisées. Les incidences de la recherche sont également importantes pour le maintien des marchés actuels surtout au chapitre de la salubrité des aliments et du bien-être de la volaille.

Le consommateur est de plus en plus sensibilisé aux questions de santé liées aux aliments et il demande de l'information sur la production des aliments. Près de la moitié des projets financés comportent un volet sur la salubrité des aliments. Le CRAC, en collaboration avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et le Conseil de l'industrie avicole, a mis sur pied le Centre de bien-être de la volaille à l'Université Guelph qui effectue des recherches sur les systèmes d'hébergement, de transport et de manutention et leur incidence sur le bien-être de la volaille. Plusieurs initiatives ont pour but d'améliorer la crédibilité de l'industrie avicole au Canada auprès du consommateur et de la société en général afin de maintenir et d'accroître la demande pour les produits avicoles.

Amélioration de la durabilité agricole : aux fins de cette présentation, nous utilisons une définition proposée par l'United Kingdom Department of International Development : l'agriculture est durable lorsque la demande actuelle et future peut être comblée sans compromettre inutilement les besoins économiques, écologiques, sociaux et politiques. »

Selon une étude menée en 2010, la production avicole crée la plus petite empreinte carbone parmi toutes les industries de production animale. La recherche est l'un des principaux moyens à notre disposition pour maintenir et améliorer la durabilité économique agricole. En règle générale, le CRAC finance la recherche dans les volets techniques de la production de produits avicoles et d'autres participants de l'industrie mènent des recherches sur l'opinion et les désirs du public et les enjeux sociaux. Les résultats de ce vaste éventail de recherches progressent le long de la chaîne de valeur de la recherche et créent des occasions commerciales pour tous les intervenants de l'industrie tout en satisfaisant les besoins du consommateur.

Amélioration de la diversité et de la sécurité des produits alimentaires : la diversité des produits alimentaires offerts au consommateur canadien a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, mais la diversité génétique des animaux d'élevage et des plantes destinés à l'alimentation a diminué. Les races qui présentent des particularités souhaitées sont privilégiées. Le CRAC et les Producteurs d'œufs du Canada appuient un projet de recherche sur l'entreposage de matériel génétique de volaille.

Plusieurs projets de recherche portent indirectement sur la sécurité alimentaire au Canada. En effet, ils visent les conditions particulières sous lesquelles la chaîne de valeur avicole offre des produits au consommateur canadien. Une chaîne de valeur avicole viable et durable garantira au consommateur canadien un accès à un vaste éventail de produits sains et attrayants.

J'aimerais vous présenter quelques exemples d'applications industrielles de recherches appuyées par le CRAC.

Deux projets ont permis de trouver des façons d'agir sur les bactéries intestinales de la volaille. Dans un cas, les recherches ont porté sur le renforcement des bactéries bénéfiques et dans l'autre, elles ont examiné la protection contre les bactéries liées aux maladies. Les deux projets ont permis de réduire l'utilisation d'antibiotiques dans la production avicole et sont actuellement commercialisés.

Deux projets ont examiné l'utilisation de l'éclairage dans les poulaillers afin d'améliorer le bien-être et la productivité de la volaille. L'industrie adopte actuellement les résultats obtenus par ces deux projets.

Deux projets portent sur les vaccins afin de réduire l'utilisation de traitements antibiotiques. Les résultats des deux projets sont à l'étape de la commercialisation et les producteurs avicoles auront sous peu ces vaccins.

Ces exemples démontrent l'importance d'un solide système de recherche avicole au Canada pour l'industrie, l'économie, le consommateur et la société.

La recherche et l'innovation sont d'une importance capitale pour le secteur avicole. L'industrie en est consciente et elle prend des mesures pour appuyer la chaîne de valeur de la recherche avicole. Le gouvernement fédéral est un important partenaire dans nos efforts par l'intermédiaire de sa capacité interne de recherche, ses moyens de communication et son financement. Nous recommandons au gouvernement du Canada d'engager des fonds suffisants pour la recherche et l'innovation avicoles afin de maintenir et d'améliorer la capacité actuelle du système, de reconnaître la structure de la chaîne de valeur de la recherche afin que ses chaînons, de la recherche fondamentale à l'application et à la commercialisation, soient suffisamment financés, d'ériger des structures pour appuyer la communication visant l'adoption le plus rapidement possible des découvertes et des innovations, et d'ériger les structures de collaboration avec d'autres secteurs, dont la santé, l'éducation, et l'environnement.

Je tiens à remercier les membres du comité de leur attention et je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.

Le président : Merci beaucoup, monsieur Middelkamp.

Le sénateur Robichaud : Vous nous avez parlé tous trois de recherches, et il s'en fait actuellement. Quel est le pourcentage de ces recherches qui est financé par les producteurs? Dans votre dernier exposé, vous nous dites que vous incitez le gouvernement à consacrer « suffisamment de fonds à la recherche avicole. » Qu'entendez-vous par suffisamment de fonds du gouvernement?

M. Middelkamp : Dans le cadre de la grappe Cultivons l'avenir 2, si je ne me trompe, deux tiers des fonds proviennent du gouvernement et un tiers des producteurs. Nous souhaitons conserver ce ratio qui nous permettrait de faire plus de recherches au service de l'industrie avicole.

Le sénateur Robichaud : Vous dites que les deux tiers proviennent du gouvernement, soit d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.

M. Middelkamp : Oui.

Le sénateur Robichaud : Et un tiers vient des producteurs?

M. Middelkamp : Oui.

Le sénateur Robichaud : Lorsque vous parlez d'« engager des fonds suffisants, » avez-vous des raisons de craindre que ces fonds soient amputés?

M. Middelkamp : Pas pour l'instant.

Le sénateur Robichaud : Je ne vais pas vous demander de faire de la prospective.

Vous parlez de « la recherche et de l'innovation ». Dans quelle mesure éprouvez-vous des difficultés à informer vos producteurs des résultats de recherches qui pourraient leur permettre d'adopter des pratiques novatrices?

M. Fuller : Nous appliquons un plan de communication qui nous permet de leur transmettre ce type d'information. Permettez-moi de revenir rapidement sur votre première question car, pour nous permettre de faire ces recherches, il importe que l'infrastructure de recherche nécessaire soit en place. Il faut donc que le gouvernement fédéral maintienne cette infrastructure, et son financement, pour que ces recherches puissent guider notre industrie sur la voie de l'avenir. Notre objectif est bien évidemment de continuer à fournir aux Canadiens de la viande fraîche de grande qualité. Nous comptons que le gouvernement va continuer à nous aider à poursuivre sur cette voie.

M. Davies : Pour l'essentiel, les Éleveurs de dindon du Canada procèdent de la même façon. Les communications à partir de la base sont essentielles. Nous nous efforçons pour l'instant de cibler des questions précises, dont l'une est celle des antimicrobiens. Nous en avons tous entendu parler. Nous voulons en apprendre davantage sur cette dimension des pratiques de gestion à la ferme afin de bien cerner la problématique à laquelle nous faisons face et de savoir quelles orientations nous devons prendre à l'avenir. Je suis d'avis que la solution doit vraiment venir de la base. C'est le producteur qui est confronté à ces problèmes au quotidien et il réalise fort bien l'importance de la recherche, même à ce niveau.

Le sénateur Plett : Je veux poursuivre dans le prolongement de la question abordée par le sénateur Robichaud.

Afin de préciser les choses, monsieur Middelkamp, lorsqu'il vous a interrogé sur les pourcentages, je croyais que vous aviez dit qu'un tiers vient du gouvernement et deux tiers des producteurs. C'est donc le contraire, les deux tiers venant du gouvernement. Est-ce bien exact?

M. Middelkamp : Oui.

Le sénateur Plett : Pour le tiers venant des producteurs, comment les fonds sont-ils recueillis? Vous pouvez tous me répondre. Je crois savoir que vous procédez à des prélèvements sur les importations. J'aimerais que vous nous disiez ce qu'il en est précisément et comment vous procédez à ces prélèvements auprès de chaque producteur canadien.

M. Fuller : Sachez tout d'abord, puisque vous avez parlé d'un prélèvement sur les importations, que ce n'est pas ainsi que nous procédons actuellement. Nous avons parlé d'une promotion d'un organisme de recherche. Cette approche pourrait nous permettre, par la suite, d'imposer des prélèvements sur les importations.

Le sénateur Plett : Vous avez raison, c'est ce que je lis.

M. Fuller : L'organisme national de l'industrie du poulet que nous sommes a constitué un fonds de dotation, que nous avons alimenté régulièrement. Nous n'utilisons que les intérêts générés par ce fonds pour financer nos recherches. Ces montants nous permettent d'accéder à des fonds gouvernementaux destinés au financement de projets de recherche. Nous ne procédons donc pas à des prélèvements pour financer directement nos recherches puisque ceux-ci sont destinés à alimenter un fonds de dotation de 10 millions de dollars, dont seuls les intérêts servent à financer les recherches réalisées pour le compte des Producteurs de poulet du Canada.

Le sénateur Plett : Le producteur de poulet que vous êtes verse-t-il au conseil de recherche un montant X par poulet mis en marché? Les Éleveurs de dindon du Canada font-ils de même? Payez-vous le conseil? Je suppose que c'est le Conseil de M. Middelkamp qui fait les recherches et que vous le rémunérez pour cela. Est-ce exact?

M. Fuller : Oui.

Le sénateur Plett : Comment recueillez-vous l'argent?

M. Fuller : Les montants que nous percevons des éleveurs servent à alimenter divers postes de notre budget, dont celui de la recherche.

M. Davies : Nous procédons, pour l'essentiel, de la même façon. Puisque nous avons décidé de faire de la recherche une priorité, nous y consacrons une partie des fonds que nous versent les producteurs. Comme les autres organismes du secteur, nous nous sommes engagés à participer au financement du Conseil de recherches avicoles du Canada. Les fonds que nous lui versons proviennent de nos recettes générales.

Le sénateur Plett : Je crois savoir que la balance commerciale des éleveurs de dindon est excédentaire. Est-ce exact?

M. Davies : Oui.

Le sénateur Plett : Quel est le pourcentage de dindons exportés et où vont-ils?

M. Davies : J'ignore le chiffre mais la plupart de nos exportations vont aux États-Unis. Notre marché se répartit de façon traditionnelle entre la viande blanche et la viande brune. C'est un marché de poitrines et de viande brune au Canada. Une partie des coupes plus sombres est exportée, essentiellement aux États-Unis.

Le sénateur Plett : J'aime la viande brune. Qu'en est-il du poulet?

M. Fuller : Je n'ai pas le pourcentage exact, mais nos exportations représentent environ 6 p. 100 de notre production. C'est que, comme vient de le dire M. Davies, que les Canadiens préfèrent la viande blanche à la viande brune. Nous exportons la viande brune dans des pays comme Cuba, l'Afrique du Sud et les Philippines, et nous importons de la viande blanche principalement des États-Unis, et un peu du Brésil. Ce sont les deux pays d'où nous importons.

Le sénateur Mercer : Je suis très content d'avoir ici des exploitants agricoles, en particulier en Nouvelle-Écosse.

Monsieur Middelkamp, vous avez indiqué dans votre exposé que, depuis 2003, vos membres ont approuvé un financement de la recherche approchant les 3 millions de dollars par l'intermédiaire du Conseil de recherches avicoles du Canada. Ce financement a aidé à appuyer l'affectation de plus de 11 millions de dollars à la recherche avicole au Canada. Ces 3 millions de dollars ont servi de levier pour obtenir de l'argent d'autres entités, en particulier des gouvernements, pour mener à bien ces recherches. Ce fut donc un bon partenariat.

M. Middelkamp : C'est exact. Le Conseil de recherches avicoles du Canada a été mis sur pied en 2001 par l'ensemble de ses organismes parrains. Les cinq membres ont versé de l'argent pour mener à bien des projets de recherche, et pour assurer l'administration du Conseil.

Le sénateur Mercer : Monsieur Fuller, vous avez indiqué que vous voulez que l'Agence canadienne d'inspection des aliments et l'Agence des services frontaliers du Canada exercent la surveillance de la qualité et de la salubrité des importations, et vous avez également parlé de la disponibilité de données sur les importations. Est-ce à dire que nous ne conservons aucune donnée sur ce que nous importons et sur la provenance de ces importations?

M. Fuller : Non. Ce n'est pas ce que je dis. Agriculture et Agroalimentaire Canada et Statistique Canada nous fournissent des données. Celles-ci nous disent d'où viennent les importations. Ces chiffres sont-ils absolument précis? Nous ne pouvons que l'espérer. Nous aimerions obtenir des chiffres plus précis.

En ce qui concerne votre première question, nous sommes d'avis que les habitants de notre pays attendent des producteurs de denrées alimentaires des produits salubres et nutritifs. Nous sommes également d'avis que les produits importés doivent être soumis aux mêmes exigences que les produits d'origine canadienne. Si nous devons faire concurrence aux importations, nous devons le faire sur un pied d'égalité.

Le sénateur Mercer : Vous arrive-t-il de faire des analyses comparatives entre les dindons de M. Davies et ceux qui sont produits aux États-Unis? Cela fait-il partie de vos recherches? Réalisez-vous des analyses des produits concurrents pour vous assurer qu'ils respectent nos normes?

M. Fuller : Non. Nous ne procédons pas à ce genre d'analyses. C'est à l'Agence canadienne d'inspection des aliments qu'il incombe de veiller à ce que les produits qui entrent au Canada respectent les mêmes normes que les produits canadiens correspondants.

Le sénateur Mercer : Pouvez-vous faire réaliser de telles analyses?

M. Fuller : Je n'ai pas connaissance d'analyses ou de données de cette nature.

Le sénateur Mercer : Monsieur Fuller, vous nous avez dit que tous vos poulets sont nourris au grain. Je suppose qu'il en va de même pour les dindons. Nous trouvons souvent ici que le prix du grain n'est pas assez élevé. Vous êtes certainement d'un avis contraire. Je ne veux pas que nous lancions les hostilités avec mes amis les producteurs de grain.

En règle générale, où les producteurs de dindons ou de poulets s'approvisionnent-ils en grain? Dans toutes les régions, s'adressent-ils à des producteurs locaux ou aux grands producteurs de l'Ouest du Canada?

M. Fuller : Je peux vous répondre en premier. Selon le cas, les grains sont achetés localement où viennent d'autres régions du pays. Dans le Canada atlantique, nous ne disposons pas d'assez de terres pour cultiver le maïs dont nous avons besoin. Nous faisons donc venir du maïs de l'Ontario. Le grain vient de l'ouest du pays. Lorsque nous en avons besoin, nous le faisons venir, mais c'est toujours du Canada.

M. Davies : C'est exact. La situation décrite par M. Fuller est identique à la nôtre. Vous devez savoir que le prix du grain est fixé au niveau mondial. Peu importe donc l'endroit où vous l'achetez. Nous savons tous ce que le marché des produits de base a fait et comment il s'est comporté au cours des quatre ou cinq dernières années.

Le sénateur Mercer : J'imagine que l'utilisation du maïs pour la production de biocarburant vous touche, avec ses effets néfastes sur les prix de détail au supermarché.

M. Davies : Oui. Cette année, le pourcentage de maïs destiné à l'industrie de l'éthanol a largement dépassé celui de la production de maïs-fourrage. Nous constatons un renversement de situation qui se traduit par une augmentation du prix des grains.

Le sénateur Plett : À ce sujet, nourrissez vos oiseaux au grain plutôt qu'au maïs parce que ce dernier est destiné à une autre production ou parce que le grain donne de meilleurs résultats que le maïs?

M. Davies : Le maïs constitue encore une part très importante de leur alimentation. Ce choix s'explique uniquement par l'augmentation des coûts du maïs imputable aux subventions accordées à l'industrie des biocarburants.

Le sénateur Plett : Vous utilisez donc encore du maïs.

M. Davies : Oui.

M. Fuller : J'aimerais apporter une précision. Lorsque, dans l'industrie de la viande, nous parlons de grain, cela englobe le maïs qui est aussi un grain.

Le sénateur Plett : Merci.

Le sénateur Nolin : Je ne siège que depuis peu à ce comité et je vous prie donc d'excuser mes lacunes dans ces domaines. Je mange beaucoup de poulet et de dindon. Je trouve qu'ils font de très bons plats lorsqu'ils sont bien préparés. Je vais essayer votre recette.

J'aimerais, monsieur Middelkamp, vous demander une précision. Vous avez parlé du financement de la recherche par le gouvernement. Les deux tiers d'origine gouvernementale, dont vous avez parlé, proviennent-ils des provinces et du fédéral ou simplement du fédéral?

Soi-dit en passant, lors des réunions des comités du Sénat, vous pouvez vous adresser directement à nous. Les modalités sont beaucoup plus souples ici que devant les comités de la Chambre des communes. Vous pouvez donc me répondre directement.

M. Middelkamp : Nos projets de recherche bénéficient de l'argent des provinces, qui nous est acheminé par le gouvernement fédéral.

Le sénateur Nolin : Je vais vous dire précisément pourquoi je vous pose cette question. Nos recherchistes nous indiquent que, en 2010, votre organisation a été financée à 49 p. 100 par le gouvernement fédéral et à 22 p. 100 par le gouvernement provincial. Cela donne un total de 71 p. 100.

J'essaie de faire correspondre ce que vous nous dites aux chiffres donnés nos recherchistes. C'est la question que je vous pose pour l'instant. J'en aurai ensuite une autre à vous soumettre sur les hormones.

M. Middelkamp : Je ne connais pas les chiffres exacts. Je devrais vous les communiquer par la suite.

Le sénateur Nolin : Vous pourrez alors transmettre votre réponse au président qui en fera bon usage.

Le président : Monsieur Middelkamp, vous pourrez communiquer l'information au greffier, qui me la fera parvenir.

[Français]

Le sénateur Rivard : Votre présentation était si excellente que vous avez répondu à plusieurs de mes questions sans que j'aie à les poser.

Vous avez mentionné que la plus grosse partie de l'exportation se faisait vers les États-Unis. Est-ce que vous exportez la volaille vivante ou prête à la consommation ou les deux?

[Traduction]

M. Fuller : Non, nous n'exportons pas aux États-Unis. Le pourcentage d'exportations vers ce pays est très faible.

Nous avons au Canada un programme appelé Programme d'importation pour réexportation, qui permet aux entreprises implantées dans notre pays d'importer un produit en franchise pour le transformer, à condition de le réexporter. Il ne s'agit pas d'un produit canadien. Cela s'applique à un produit américain qui vient au Canada pour y être transformé et retourne aux États-Unis. La part de la production canadienne allant aux États-Unis est très faible.

[Français]

Le sénateur Rivard : Je voudrais faire un parallèle avec l'élevage du porc. Dernièrement, on a reçu des témoins qui nous ont expliqué comment l'élevage de porcs se faisait de façon plus humaine. Est-ce que vos projets de recherche et innovation ont permis d'améliorer la qualité de l'élevage des volailles ou utilisez-vous plutôt des façons traditionnelles? Est-ce que l'élevage a évolué? Et, le cas échéant, est-ce grâce à l'innovation?

[Traduction]

M. Fuller : Je peux vous dire que les Producteurs de poulet du Canada ont mis sur pied un programme de soins aux animaux. À brève échéance, il s'appliquera à tous les éleveurs du Canada. Il s'applique déjà à tous les éleveurs d'un certain nombre de provinces. Nous continuons à y travailler pour nous assurer que tous les producteurs, de toutes les régions du pays, y participent. Dans notre cas, c'est bien sûr aux intérêts des poulets que veille ce programme, qui peut faire l'objet de vérifications.

[Français]

Le sénateur Rivard : D'un point de vue environnemental, comment traitez-vous les résidus de la volaille, que ce soit de poulet ou de dinde? On pourrait dire en blague qu'on se sert des plumes pour remplir des oreillers, mais je pense qu'on aurait trop d'oreillers. Comment traitez-vous les résidus suite à l'abattage?

[Traduction]

M. Davies : Il y a un certain nombre de techniques autres que le compostage. Dans toute notre industrie, ces questions relèvent de notre programme de soins des troupeaux. Dans les provinces, ses modalités de mise en œuvre sont souvent édictées par les ministères provinciaux de l'Environnement. Elles varient d'une province à l'autre mais les producteurs tiennent à ce qu'elles s'inscrivent dans un cycle respectueux de l'environnement.

En règle générale, ces programmes font appel au compostage. Les producteurs connaissent fort bien les exigences de nettoyage à fond des poulaillers et des mesures de biosécurité qui ont été adoptées avec ce type de produit. C'est une priorité des producteurs qui est intégrée à nos programmes.

Le sénateur Eaton : J'ai eu du plaisir à lire vos trois exposés. J'ai beaucoup de questions, mais je vais m'efforcer de me limiter.

Je m'adresse à M. Davies et à M. Fuller. Lorsque vous parlez des dindons et des poulets canadiens, qui sont salubres, excellents et nutritifs, sachez que ce comité s'intéresse actuellement aux marchés d'exportation et l'innovation. Avez-vous tenté de façon délibérée de doter vos poulets et vos dindons d'une marque de commerce bien connue? En d'autres termes, avez-vous développé une marque de commerce pour le poulet ou le dindon canadien que quelqu'un achète sur les étagères d'un supermarché américain ou n'importe où ailleurs?

M. Fuller : Je peux vous répondre immédiatement que notre conseil d'administration a relevé la nécessité d'une stratégie d'image de marque et que nous sommes en train de l'élaborer. Les Producteurs de poulet du Canada devraient en disposer d'ici la fin de 2012; c'est du moins ce que nous espérons.

M. Davies : Dans le secteur du dindon, comme je l'ai indiqué dans mon exposé, nous adoptons la marque Canada, et nous sommes donc en mesure de l'utiliser dans l'information que nous diffusons sur Internet. Par le passé, nous avons fait une forme de promotion de nature générique qui, malheureusement, n'a pas donné les résultats escomptés.

Le sénateur Eaton : J'ai lu que vous vous êtes procuré les données sur le caractère nutritif du dindon sur des sites web américains.

M. Davies : Ce n'est plus le cas. Nous disposons en effet maintenant de nos propres informations sur la situation au Canada. Celles-ci vont s'avérer un outil très utile parce qu'elles concernent précisément notre industrie et nos consommateurs canadiens.

Le sénateur Eaton : Vous dotez-vous également d'une marque de commerce?

M. Davies : Ce que nous faisons y ressemble beaucoup.

Le sénateur Eaton : Lorsque vous parlez de productivité, cherchez-vous à conquérir de nouveaux marchés? Cherchez-vous à exporter davantage de produits ou pensez-vous que le Canada vous assurera suffisamment de débouchés pour vos produits?

M. Fuller : Je crois qu'il est important de bien comprendre le fonctionnement du système dans lequel nous sommes. Le dindon et le poulet relèvent d'un système dit de gestion de l'offre. La gestion de l'offre s'applique au niveau national. Elle n'est pas conçue pour s'attaquer aux marchés d'exportation. Notre objectif est de répondre aux besoins canadiens, en tenant compte de ce qui se passe dans ce pays. Nous étudions toutes les possibilités qui se présentent ici.

Le sénateur Eaton : Imaginons que, dans un avenir proche, le Canada conclut un accord de libre-échange transpacifique avec la Nouvelle-Zélande et le Japon. Allez-vous tenter votre chance sur ces marchés? Cela fait-il partie des choses que vous aimeriez faire ou préférez-vous vous concentrer sur le marché canadien?

M. Fuller : Si le Canada met sur pied un tel partenariat transpacifique, il sera, dans l'industrie du poulet, le second plus important exportateur parmi les pays membres de ce partenariat. Les États-Unis sont le seul pays qui exporte davantage de poulet que le Canada dans ce groupe de pays.

Nous sommes fermement partisans de la participation du Canada à de telles négociations. Toutefois, pour être honnête avec vous, je dois vous dire que nous nous attendrions, comme ce fut le cas par le passé à l'OMC et dans des négociations bilatérales, à ce que les négociateurs canadiens trouvent une solution leur permettant d'inscrire la gestion de l'offre dans les dispositions concernant des secteurs d'activité fragiles.

Tous les pays du monde ont de tels secteurs dans leurs économies, que ce soit dans le domaine agricole ou non. Nous ne sommes pas uniques et nous nous attendons à ce que ce gouvernement, comme les précédents, indique clairement que la gestion de l'offre est un outil qui ne fera pas l'objet de négociation, parce que nous savons avec précision les avantages que cette gestion de l'offre apporte au Canada, en particulier dans les régions rurales.

Le sénateur Eaton : Sans toucher à la gestion de l'offre, puisqu'il est évident que vous avez les compétences nécessaires en la matière et que vous êtes le plus important exportateur de poulet dans le monde, cela ne vous conférerait-il pas un avantage pour vous attaquer à ces marchés qui s'ouvriraient à vous?

M. Fuller : Je crois qu'il faut reconnaître que, dans le secteur de la production de poulets, il y a cinq intervenants importants dans le monde. Le Brésil et les États-Unis sont probablement responsables de 90 p. 100 des exportations. La Thaïlande est un petit intervenant, mais la plupart des exportations proviennent des États-Unis et du Brésil. Cette production s'y fait à une telle échelle qu'elle est complètement différente de ce qu'elle est au Canada. C'est ainsi que, au Brésil, on procède à deux récoltes de grain par année. Aux États-Unis, les coûts de production du poulet sont environ la moitié de ce qu'ils sont au Canada. Au Brésil, ils sont encore la moitié de ce qu'ils sont aux États-Unis.

Le sénateur Eaton : Cela concerne-t-il aussi bien la main-d'œuvre que les grains?

M. Fuller : Cela concerne tout ce qui est utile à la production. Au Canada, nous vivons dans un contexte différent de celui des États-Unis, et ceux-ci ont un contexte différent de celui du Brésil.

Le sénateur Eaton : La qualité est-elle la même?

M. Fuller : Des produits originaires des États-Unis et du Brésil entrent actuellement au Canada et, d'après l'Agence canadienne d'inspection des aliments, ils respectent les critères imposés pour pénétrer le marché canadien.

Le sénateur Eaton : Monsieur Middelkamp, dans votre exposé que j'ai trouvé très intéressant, vous nous avez dit que la diversité génétique du bétail et des plantes destinées à l'alimentation a diminué et qu'on privilégie les races et les espèces qui répondent le mieux aux exigences de la production. Accorde-t-on encore de l'importance au goût? Il me semble qu'on fait tant d'efforts pour produire des aliments salubres qu'on en vient parfois à négliger leur goût. A-t-il retrouvé de son importance, en particulier avec les producteurs artisanaux qui fournissent les restaurants en produits locaux dont ils assurent la traçabilité, ce qui devient de plus en plus à la mode dans les restaurants? Parlez-vous du goût?

M. Middelkamp : Nous parlons du goût à la maison.

Le sénateur Eaton : Est-ce un élément que vous prenez en compte quand vous analysez les caractéristiques souhaitées de vos produits?

M. Middelkamp : À ma connaissance, nous ne discutons pas du goût. Le goût est une affaire de personne. Chacun a ses goûts, mais, à ma connaissance, ce n'est pas un élément dont nous traitons dans notre recherche.

Le sénateur Eaton : Lorsque vous travaillez sur la stratégie de marque que vous allez mettre en œuvre, mettez-vous l'accent sur le goût, comme vous le faites pour la valeur nutritive?

M. Davies : Le goût de notre produit se suffit à lui-même, à mon avis. C'est l'un de nos principaux arguments de vente.

Le sénateur Duffy : Tout cela soulève beaucoup de questions très intéressantes. Je suppose que le goût peut changer en fonction de la combinaison d'aliments. En tout cas, c'est ce qu'on nous dit dans le cas du bœuf. Je me permets de faire cette supposition parce que j'ai procédé à quelques essais au cours des années.

La notion d'importation pour réexportation m'intrigue. Dans le monde contemporain, les activités de transformation sont de plus en plus délocalisées dans des pays à faibles salaires et à coûts peu élevés. Quelqu'un peut-il m'expliquer l'intérêt qu'il y a à faire entrer un produit au Canada, à l'y transformer et à le réexporter? Si cela est avantageux pour vous, pourquoi ne le serait-ce pas pour d'autres industries? Comment faites-vous ce tour de passe-passe?

M. Fuller : Pour juger de ce programme, il faut tenir compte d'autres aspects. Il crée des emplois au Canada. La production des entreprises concernées n'est pas destinée uniquement à la réexportation; une partie de celle-ci vise le marché canadien. Ce programme ne constitue qu'un élément de leur arsenal, un élément qu'elles utilisent à leur avantage. Ces entreprises peuvent utiliser diverses stratégies, et celle-ci en est une. Elles fabriquent des produits pour le marché canadien et elles peuvent se prévaloir de ce programme pour faire venir des produits des États-Unis, les transformer et les y réexporter. Les produits couverts par ce programme ne peuvent rester au Canada. Ils retournent aux États-Unis et font concurrence sur le marché américain.

Le sénateur Duffy : Cela leur permet de prendre de l'expansion?

M. Fuller : C'est exact.

Le sénateur Duffy : Cela leur permet de tirer un meilleur parti de leur capacité de production.

Quel est, au sein d'une même usine, l'écart de prix entre un dindon ou un poulet transformé qui est destiné au marché canadien et un autre qui est importé, transformé et retourne sur le marché américain? Vous nous avez également parlé de faire concurrence sur les marchés internationaux. Iriez-vous jusqu'à vendre des produits sur les marchés étrangers à des prix inférieurs à ceux pratiqués sur le marché canadien?

M. Fuller : Non. Quand nous parlons de gestion de l'offre, nous parlons des engagements que le Canada a pris pour importer des produits. Dans l'industrie du poulet, cet engagement représente 7,5 p. 100 de notre production de l'année précédente. L'an dernier, nous avons produit au Canada environ un milliard de kilos de poulet. Cela donne donc un niveau d'importations en franchise d'environ 80 millions de kilogrammes au Canada. C'est là le contingent qui va à ces entreprises, et ensuite sur le marché canadien.

Le sénateur Duffy : Il y a donc une gestion des échanges commerciaux avec les États-Unis? Nous avons convenu d'en accepter autant?

M. Fuller : Oui, et cela ne concerne pas que les États-Unis.

Le sénateur Duffy : Nous avons des modalités comparables avec le bois d'œuvre de résineux.

M. Fuller : Oui, mais cela s'applique dans notre cas bien au-delà des États-Unis. Dans l'industrie du poulet, nous importons de Thaïlande, du Brésil et du Chili. Nous avons pris des engagements avec divers pays à travers le monde desquels nous importons des produits.

Le sénateur Duffy : Enfin, pour être clair, tous les membres du gouvernement actuel n'ont rien fait d'autre que d'appuyer notre système de gestion de l'offre dans tous les domaines. Quoique vous ayez pu entendre sur la question, ne croyez pas un instant que celle-ci fait l'objet de négociations. C'est ce qu'on appelle la liberté dans la commercialisation.

Enfin, en ce qui concerne l'emploi et les exploitations intensives d'engraissement en regard des grandes fermes constituées en société, y a-t-il de petits producteurs dans les secteurs du poulet et du dindon?

M. Fuller : Tout à fait. Nous n'aimons pas l'appellation d'exploitation intensive d'engraissement parce qu'elle sous- entend une définition erronée. Je viens de Nouvelle-Écosse où il y a 85 petites exploitations. Leurs tailles varient car le fait de se développer leur permet d'enregistrer certains gains d'efficacité. On compte néanmoins un grand nombre de fermes familiales, aussi bien dans ma province que partout au pays. Nous représentons des fermes familiales. Elles sont de tailles très variables, mais ce sont ces fermes-là que nous représentons.

Le sénateur Duffy : Il y a 20 ans ou plus, lorsque j'assistais à des réunions comparables à celle-ci, on estimait que le caractère irrégulier du marché du dindon était préoccupant. Il y avait l'Action de grâces, Noël et Pâques, et ensuite une période de cinq ou six mois pendant laquelle le volume d'affaires était plus faible. À cette époque, on voulait faire davantage de campagnes de commercialisation pour convaincre les acheteurs que la viande blanche était bonne pour la santé, goûteuse et facile à préparer, en insistant donc sur tous les bons aspects. Comment cette situation a-t-elle évolué au cours des années? Les goûts des consommateurs se sont-ils développés? Votre part de marché a-t-elle augmenté et les ventes sont-elles réparties un peu plus régulièrement tout au long de l'année?

M. Davies : Dans l'industrie du dindon, nous avons toujours eu du mal à inciter les gens à acheter nos produits en dehors de ces trois périodes de fête, mais nous avons constaté récemment que les consommateurs sont plus enclins à manger du dindon en dehors de ces périodes. Les hauts de cuisse et la viande brune deviennent maintenant des produits populaires. Une partie de cette production qui, auparavant, était exportée est maintenant destinée au marché canadien. Un élément déterminant pour cela est le prix. C'est là une partie des difficultés économiques auxquelles nous avons été confrontés au cours des dernières années.

Les meilleurs vendeurs sont encore de loin les produits de viande blanche, mais c'est à notre avantage. Je crois que nous réalisons des percées. Nous consacrons une plus grande part de notre production à la transformation au lieu de la vente habituelle d'oiseaux entiers, qui ne marche vraiment que pendant ces trois époques de fête. La transformation plus poussée est une forme d'approche ascendante. Si un transformateur demande l'autorisation de procéder à une telle transformation, en montrant qu'il s'agit d'un nouveau créneau et d'un produit novateur, il obtient un contingent pour réaliser son projet. Nous y voyons une raison d'agir, comme je l'ai indiqué dans mon exposé. Ce type d'innovation a d'ailleurs joué un rôle déterminant chez nous au cours des dernières années. Pour être honnête, c'est à lui que nous devons actuellement notre croissance.

Le sénateur Nolin : Ma question s'adresse à vous, monsieur Fuller, mais vos collègues peuvent se joindre à vous s'ils disposent d'informations.

Elle porte sur l'utilisation d'hormones dans votre industrie. Il y a quelques semaines, j'écoutais le PDG d'une importante chaîne de restaurants du Québec qui vend de grandes quantités de poulets. On lui a demandé ce qu'il en était des hormones dans le poulet et il a répondu que, sans hormones, le prix de vente de ses poulets serait trop élevé pour attirer les consommateurs dans son restaurant.

Qu'avez-vous à dire à ce sujet aux consommateurs canadiens qui nous écoutent ce soir? Dans quelle mesure utilisez- vous des hormones? Quels sont les inconvénients de leur utilisation et quels en sont les avantages.

Bien évidemment, monsieur Middelkamp, j'espère que vous aussi serez en mesure de répondre à ces questions très scientifiques.

M. Fuller : J'aimerais que vous me donniez des précisions.

Le sénateur Nolin : Ne m'en demandez pas. Je mange du poulet, mais j'ai appris ce que je sais en vous écoutant, vous et ce PDG.

M. Fuller : Si la discussion porte sur les hormones de croissance, sachez que leur emploi est illégal dans l'industrie du poulet depuis les années 1960. Nous ne donnons pas d'hormones de croissance. C'est la raison pour laquelle je voulais vous demander des précisions, parce que, s'il s'agit d'hormones, voilà la situation alors que s'il s'agit d'autre chose, la situation peut être différente. C'est pourquoi je voulais vous demander des précisions.

Le sénateur Nolin : C'est donc un non ferme pour les hormones, mais il y a d'autres substances qui accélèrent la croissance des oiseaux?

M. Fuller : Encore une fois, non. Je me permets de faire une hypothèse ici parce que j'ai entendu parler de l'entrevue que vous évoquez. Je crois qu'il s'agissait d'antibiotiques.

Le sénateur Nolin : C'est possible. Les antibiotiques ont-ils des effets sur le prix du poulet?

M. Fuller : Je crois que la discussion portait sur les antibiotiques. Nous pouvons élever des poulets sans leur donner d'antibiotiques. Est-ce que cela coûte un peu plus cher? Oui. Nous le faisons maintenant dans certaines régions du pays. Il ne fait aucun doute que nous pouvons le faire. Nous avons l'intention de le faire de plus en plus et je suis sûr que M. Middelkamp aura des choses à vous dire à ce sujet.

Le sénateur Nolin : Je l'espère.

M. Fuller : Il ne fait toutefois aucun doute que, comme industrie, nous sommes prêts à faire un certain nombre de choses qui sont nécessaires, mais les gens doivent réaliser que cela a un coût.

Le sénateur Nolin : D'accord. Donc pour les hormones, la réponse est non. Leur emploi est illégal.

M. Fuller : Les hormones de croissance.

Le sénateur Nolin : Tous les gens qui nous écoutent ce soir peuvent-ils être vraiment convaincus qu'il n'y a pas d'hormones dans le poulet, rien de tel?

M. Fuller : L'emploi des hormones de croissance est illégal dans l'industrie du poulet.

Le sénateur Nolin : D'accord.

Les antibiotiques permettent-ils à réduire les prix? Ce PDG parlait davantage du prix demandé au consommateur dans son restaurant.

M. Middelkamp : Au sujet de ce que M. Fuller vient de dire concernant l'emploi d'antibiotiques, il est vrai que nous pouvons élever le poulet sans antibiotiques, mais le prix augmente alors et la croissance de l'oiseau prend plus de temps.

Le sénateur Nolin : Quel écart implique le fait d'en utiliser ou non? Est-ce un écart important sur le prix ou est-il marginal? S'agit-il de 5 p. 100 ou de 12 p. 100?

Je crois que M. Fuller veut répondre.

M. Fuller : Je n'ai pas de réponse sur ce point précis. Nous ne l'avons pas. Certains travaux ont été faits dans ce domaine. Nous essayons d'obtenir ces chiffres, mais ce type d`élevage entraîne des coûts additionnels. Certains producteurs canadiens pratiquent ce type d'élevage mais je ne leur ai pas demandé le montant de leurs coûts additionnels, et ils ne me l'ont pas dit non plus.

Le sénateur Nolin : Lorsque vous obtiendrez cette information, pouvez-vous la communiquer au greffier? Si on se fie à ce que disait le PDG de cette importante chaîne de restaurants, comme les consommateurs veulent continuer à payer 10 $ pour manger du poulet dans son restaurant, il n'ont d'autre choix que d'accepter l'emploi d'additifs pour élever la volaille qui se retrouve ensuite dans leur assiette. Mon objectif avec mes questions était d'y voir plus clair.

Je vous remercie de vos réponses.

M. Davies : Je tiens simplement à être précis.

Le sénateur Nolin : J'aime la viande brune de dindon.

M. Davies : J'en suis ravi.

Je sais qu'on l'a déjà dit, mais il en va de même dans l'industrie du dindon. On n'y emploie pas d'hormones. C'est une règle de base pour quantité de nos éleveurs, moi inclus, d'essayer de ne rien ajouter. C'est la solution de l'avenir. Nous voulons utiliser de moins en moins d'additifs pour élever l'oiseau. Nous voulons qu'il soit plus naturel. C'est ce que demandent les consommateurs. Toutefois, toutes ces recherches et toutes ces étapes coûtent de l'argent. Vous êtes au cœur du sujet quand vous parlez de ce PDG qui connaît bien la situation et réalise que cela implique un coût qu'il devra répercuter sur le consommateur. C'est ce que le consommateur veut. À un moment donné, il faudra que le consommateur accepte de payer ce coût additionnel.

Le sénateur Nolin : Il se peut que le consommateur soit prêt à payer un faible pourcentage de plus. Dans un tel cas, il ne notera peut-être même pas l'augmentation, mais cela dépend du montant de celle-ci. En écoutant ce PDG, il m'a semblé que ce serait une augmentation énorme. Je réalise que vous avez vous aussi pris connaissance de cette entrevue.

M. Fuller : Oui.

Le sénateur Nolin : Il achète probablement des millions de poulets par jour.

M. Fuller : L'autre élément dont tout le monde doit prendre conscience est que lorsque la production de nos oiseaux nous coûte « X », et que le consommateur le paie « Y », nous, les éleveurs, n'avons pas notre mot à dire sur le prix final.

Le sénateur Nolin : C'est évident, j'en suis bien conscient.

Le sénateur Duffy : À ce sujet, nous avons tous pris connaissance du cas de Frankenfood dont les médias se sont fait l'écho. Les gens parlent de médicaments et d'autres produits qui sont injectés dans la volaille et dans les autres oiseaux. Pouvons-nous être clairs à ce sujet? Aucune hormone de croissance, qui permettrait une croissance plus rapide, n'est donnée aux dindons ou aux poulets. Par contre, certains producteurs donnent des antibiotiques à leurs oiseaux pour leur éviter de tomber malades dans les enclos, avec les risques de contagion de leurs congénères que cela présenterait. Si je ne me trompe, c'est bien là la raison pour laquelle on utilise des antibiotiques pour que tous les oiseaux offerts aux consommateurs soient salubres.

M. Davies : Cela décrit bien la situation.

M. Fuller : Oui, je suis d'accord avec cette formulation.

Le sénateur Duffy : Merci.

Le sénateur Robichaud : J'ai entendu dire que des recherches sont en cours pour réduire l'emploi des antibiotiques. Est- ce exact?

M. Middelkamp : C'est exact. Des recherches sont en cours pour réduire l'utilisation des antibiotiques, mais nous n'en connaissons pas encore les résultats.

Le sénateur Robichaud : Toutefois, avec les années, on a assisté à une réduction de l'emploi des antibiotiques.

M. Davies : Oui. Nous cherchons aussi en permanence des substituts naturels aux antibiotiques et aux vaccins. C'est l'une de nos priorités et c'est la voie de l'avenir.

[Français]

Le sénateur Maltais : Je suis nouveau à ce comité et au Sénat. Mes collègues ont posé plusieurs questions. Les miennes toucheront le consommateur directement. Vous avez parlé, dans un de vos mémoires, des travaux que vous avez effectués sur les œufs oméga-3. Est-ce le fruit de votre recherche ou c'est une commande des consommateurs? Comment avez-vous fait la découverte des oméga-3 dans les oeufs? Est-ce que cela existe réellement ou c'est un truc d'épicier?

[Traduction]

Le sénateur Nolin : Il faudrait peut-être que quelqu'un répète la question pour permettre aux témoins d'y répondre. Avez-vous bien saisi la question?

M. Davies : Nous nous disions que c'est probablement une question qui concerne davantage les Producteurs d'œufs du Canada que nous-mêmes.

[Français]

Le président : Ce n'est pas un enjeu pour eux.

Le sénateur Maltais : Est-ce que vous avez un contrôle sur l'alimentation de vos volailles? Lorsque vos producteurs arrivent avec les conteneurs de grains, est-ce qu'ils ont une façon de s'assurer que les grains distribués aux volailles sont bien des grains conformes à vos critères?

[Traduction]

M. Davies : La plupart des producteurs, au moins ceux que nous représentons, s'approvisionnent auprès de meuneries enregistrées, le plus souvent inspectées par le gouvernement fédéral. Cependant, certains produisent eux-mêmes leurs aliments mais, pour garantir leur qualité, la réglementation gouvernementale leur impose alors de respecter des exigences très précises et des protocoles très rigoureux. Avec la concurrence, l'alimentation peut varier légèrement d'un fabricant à l'autre. Chacun essaie de parvenir à la meilleure combinaison de grains pour obtenir un résultat optimal. Ils doivent cependant tous suivre des lignes directrices rigoureuses concernant le transport, les ingrédients et leur combinaison avant de livrer leur produit à l'éleveur.

[Français]

Le sénateur Maltais : Lorsque le consommateur canadien achète un poulet ou un dindon à l'épicerie, il est indiqué sur l'emballage que c'est un produit du Canada. Comment le consommateur, dans les restaurants, peut être certain qu'il mange bien un produit du Canada et que c'est bien la volaille qui est annoncée? Comment peut-il le vérifier?

[Traduction]

M. Fuller : Avec votre permission, la question nous prend un peu au dépourvu, monsieur le président, parce que nous sommes venus pour vous expliquer pourquoi, à notre avis, le gouvernement doit être impliqué et doit faciliter la collaboration avec les éleveurs pour partager les responsabilités. Notre priorité absolue est de fournir aux consommateurs canadiens des aliments de bonne qualité, et nous y parvenons en mettant sur pied un certain nombre de programmes. Nous avons besoin pour cela de la coopération du gouvernement et qu'il nous aide à mettre en œuvre ce programme, s'assure que nous ayons le montant nécessaire pour continuer à fournir aux Canadiens ce produit. Ce qui est le plus important pour nos industries est que les Canadiens mangent de bons produits de bonne qualité. C'est là notre objectif et nous avons besoin de l'aide du gouvernement fédéral pour mettre sur pied ces programmes, les appliquer et pour nous assurer que, dans les faits, nous fournissions aux consommateurs ce qu'ils veulent obtenir, des produits canadiens.

[Français]

Le sénateur Maltais : Quelle mesure prôneriez-vous afin que le consommateur, au restaurant, puisse avoir la certitude de manger un produit canadien? Comment voyez-vous cela?

[Traduction]

M. Fuller : Je suis navré, monsieur le président. Nous sommes un peu pris de court. Je crois que nous allons devoir parler de ce genre de choses et organiser une séance sur la façon dont nous nous en occupons. Aujourd'hui, nous sommes venus pour parler de recherche et d'innovation, et nous devons bien veiller à bien vous transmettre notre message, ce que nous essayons de faire.

Je vous prie de m'excuser, monsieur le président, mais nous nous écartons un peu de notre sujet. Nous tenons à ce que ce comité comprenne clairement l'importance de la recherche et de l'innovation pour nos industries et sache ce dont nous avons besoin du gouvernement fédéral pour que nos entreprises soient en mesure de progresser à l'avenir grâce à l'innovation et à la recherche.

M. Davies : Avec votre permission, si j'avais mon mot à dire, je dirais que j'aimerais le voir inscrit clairement sur le menu pour que les gens sachent ce qu'ils mangent. Vous devez tenir compte d'un certain nombre de facteurs pour amener ce produit au restaurant ou à l'épicerie. Cela dépend de la définition qu'on donne de « canadien ». Je sais que c'est un sujet dont l'industrie débat, et pas seulement l'industrie alimentaire. Il se peut que certains de nos intrants ou certains des grains dont nous avons parlé viennent de l'autre côté de la frontière. Cela suffit-il pour considérer que nos produits ne sont pas 100 p. 100 canadiens? Il faut répondre à un certain nombre de questions avant de pouvoir utiliser la définition « Fabriqué au Canada » et de pouvoir faire cette offre au client. Ce sont là des questions auxquelles il faudra répondre avant de pouvoir dire qu'il s'agit d'un produit canadien.

Le sénateur Eaton : Comme groupe, vous n'avez donc pas défini ce que signifie canadien? C'est une question importante alors que nous nous penchons sur l'innovation sur les marchés.

M. Davies : Je vous dirais que nous avons probablement une assez bonne idée de la définition de « canadien » que nous pourrions utiliser pour notre produit, mais du point de vue du public en la matière. Quant à savoir quelle serait la définition du gouvernement ou de la réglementation...

Le sénateur Eaton : Qu'entendriez-vous par Canadien?

M. Davies : Je dirais volontiers, en m'inspirant peut-être de ce qui a été écrit par le passé, qu'un produit canadien en est un dont la plus grande partie a été produite au Canada, ou qui y a vécu l'essentiel de la croissance, ou qui a été fabriqué au Canada.

Je vais prendre notre industrie comme exemple. Quand cette question a été soulevée il y a un certain temps, il est apparu que certaines de nos volailles, qu'il s'agisse de poulets, de poussins ou de dindons, venaient de l'autre côté de la frontière et étaient élevées ici. Il faut convenir s'il s'agit bien là de produits du Canada quand la quasi-totalité des intrants en vient, quand 95 ou 99 p. 100 de la croissance, de la transformation, de la vente et du transport se font au Canada. Tout le monde serait-il alors d'accord pour dire qu'il s'agit d'un produit fabriqué au Canada.

Le sénateur Duffy : Si, en sortant d'ici ce soir, nous nous rendons dans un restaurant servant du poulet, quelles sont les chances que nous ne mangions pas de poulet canadien? Est-ce que l'importation de poulet en grande quantité par les négociants de chaînes de restaurants pose un problème à votre industrie? Je ne l'ai pas entendu dire par le passé.

M. Fuller : Tout ce que je peux vous dire est que, dans le cadre des accords commerciaux qu'il a conclus, le Canada est tenu de laisser entrer un certain pourcentage de produits importés sur son territoire. Ces produits se retrouvent dans un certain nombre de secteurs de notre économie, dont ceux des restaurants, des commerces de détail et des services alimentaires. Ils vont partout. J'ignore quelle est la probabilité que le produit que vous allez manger soit canadien ou non. Ce qui importe est qu'il soit salubre pour vous permettre de le manger et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici, pour nous assurer que les programmes mis en place garantissent que les Canadiens mangent des produits de poulet et de dindon de grande qualité. Nous avons besoin de l'aide du gouvernement pour nous assurer de mettre en œuvre des programmes permettant aux Canadiens d'être convaincus que les produits ou les aliments qu'ils mangent sont salubres, et c'est la raison pour laquelle nous sommes venus, pour essayer d'obtenir leur confiance et pour obtenir cette aide du gouvernement fédéral.

Le président : Monsieur Fuller, votre groupe a bien communiqué son message.

Le sénateur Plett : Avant d'en revenir à ma première question, je vais m'attarder un peu sur ce sujet et vous demander non pas si un pilon a été fabriqué au Canada, mais quelque chose de plus proche de votre quotidien auquel vous pourriez répondre. Je vous ai demandé précédemment combien de vos poulets étaient exportés et combien de dindons étaient exportés.

Tout d'abord, notre gouvernement a manifesté très clairement son appui à la gestion de l'offre. Celle-ci implique manifestement des contingents. Afin de nous assurer que, au Canada, nous mangeons du poulet canadien, avons-nous ici des contingents suffisants? Faisons-nous tout en notre pouvoir pour nous assurer que nous avons assez d'éleveurs canadiens qui élèvent des poulets et des dindons afin de garantir que nous ayons les meilleures possibilités de manger du poulet ou du dindon canadien? Il me semble que c'est clairement un domaine dans lequel les éleveurs que vous êtes devraient être en mesure de faire quelque chose. Plutôt que de ne pas manger du tout de poulet, je mangerais un poulet américain. J'aime le poulet. J'ai le même goût que le sénateur Nolin, j'aime la viande brune. Si c'est la viande blanche que vous exportez, et que vous gardez ici la viande brune, cela ne va pas me poser beaucoup de problèmes, ou est-ce l'inverse? Vous avez de la viande brune en quantité excédentaire. Pouvez-vous répondre à la question sur le contingent? Pourriez-vous accorder davantage de contingents? Cela nous aiderait-il?

M. Fuller : Je vais vous expliquer comment nous fixons les niveaux de production au Canada.

Toutes les huit semaines, notre conseil d'administration se réunit pour aborder diverses questions, mais notre principale responsabilité est de répondre aux besoins du marché canadien et des Canadiens. Notre conseil d'administration est composé d'éleveurs, de transformateurs de premier cycle et de second cycle et de représentants de l'industrie de la restauration rapide. Les divers organismes qu'ils représentent réalisent des enquêtes auprès de leurs membres pour connaître, à leur avis, les besoins pendant la période pour laquelle nous devons fixer les niveaux de production. Nous nous réunissons donc à 14 pour fixer ces niveaux. Si nous devons les accroître parce que la demande est à la hausse, nous le faisons. Si nous devons les réduire parce que la demande est à la baisse, nous le faisons. Il y a des époques de l'année, comme celle de Noël, au cours de laquelle mes amis ici présents réalisent un peu plus de ventes sur le marché que moi. Nous procédons de cette façon toutes les huit semaines. Si nous devons accroître la production, nous avons les moyens de le faire. Si nous devons la réduire un peu, nous sommes également en mesure de le faire. Nous nous efforçons toujours de veiller, comme dans mon cas, à ce qu'il y ait toujours un poulet de plus que le marché n'en a besoin, afin que les Canadiens disposent d'une offre satisfaisante de poulet frais de qualité.

M. Davies : Nous procédons pour l'essentiel de la même façon, mais une fois par année, et nous assurons une surveillance permanente du marché tout au long de l'année. Ce sont pour l'essentiel les mêmes modalités, sans entrer dans les détails. M. Fuller a indiqué qu'il s'agit là de l'un des principaux piliers du système de gestion de l'offre et comme son nom l'indique, il s'agit de gérer l'offre pour s'assurer qu'elle couvre les besoins des consommateurs canadiens.

Le sénateur Plett : Pour en revenir à notre point de départ de ce soir, j'observe que, chaque année, l'apport des producteurs de poulet au PIB du Canada est de 2,5 milliards de dollars et qu'ils acquittent 357 millions de dollars en impôts. C'est merveilleux. Le rapport que je lis précise cependant que votre réussite dépend de l'efficacité des politiques gouvernementales et non pas de l'argent des contribuables. Vous recommandez néanmoins que le gouvernement continue à injecter de l'argent dans votre système. Le gouvernement n'a pas d'argent. C'est votre argent et mon argent, et celui des contribuables.

Je me demande donc s'il est exact de dire, comme vous le faites, « Par conséquent, notre stabilité financière et celle du marché ne dépendent pas des programmes gouvernementaux. » Si vous demandez de l'aide au gouvernement, et je vous appuie, je me demande s'il est tout à fait exact de dire que vous ne dépendez pas dans une certaine mesure de l'argent des contribuables.

M. Fuller : Je vous remercie de poser cette question.

L'argent versé par le gouvernement va à quantité de produits agricoles. Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont mis en place des programmes pour garantir que tous les produits alimentaires sont salubres au Canada. Ce type de programmes coûte de l'argent. C'est là que nous demandons au gouvernement fédéral d'investir. Cette structure a été mise en place à sa demande. Il nous a demandé, comme industrie, de faire cela. Nous lui demandons donc de nous aider à élaborer et à mettre en œuvre les programmes. Il en va de même pour les soins aux animaux. Nos éleveurs n'obtiennent aucun soutien direct du gouvernement. Leurs recettes viennent du marché. Dans l'industrie du poulet, l'argent que nous obtenons finance des programmes destinés à assurer la salubrité des aliments à la ferme. Il permet au Conseil de recherches avicoles du Canada de réaliser des recherches auxquelles les éleveurs contribuent également. Les éleveurs que nous sommes ne bénéficient d'aucune aide directe de n'importe quel gouvernement. Cette aide est destinée à nos programmes. Nous ne demandons rien de plus que ce que demandent les autres associations pour leur production. Tous les groupes de producteurs cherchent à obtenir la même chose, de l'aide pour élaborer et mettre en œuvre ces programmes.

Le sénateur Plett : Je suis partisan de cette solution, monsieur Fuller, mais je crois que vous coupez les cheveux en quatre.

Le président : Je tiens à remercier tous les témoins de nous avoir fait part de leurs messages. Nous vous sommes reconnaissants d'avoir pris le temps de venir au Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts au sujet de cet ordre de renvoi consacré au système agricole et agroalimentaire.

Je vais demander au greffier de vous adresser par écrit quelques questions sur lesquelles nous aimerions obtenir vos commentaires, par exemple, sur les effets de l'apparition de nouveaux détaillants importants dans nos collectivités, comme Costco et d'autres, sur les produits canadiens. Nous aimerions également savoir ce que vous pensez des organismes génétiquement modifiés et des importations. La fin de semaine dernière, j'ai participé à une dégustation de bacon traditionnel et de bacon de dindon. Je vous prie de me croire, celui-ci était tout à fait délicieux. Le greffier du comité va vous faire parvenir ces questions.

(La séance est levée.)


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