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OLLO - Comité permanent

Langues officielles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles

Fascicule 16 - Témoignages du 25 février 2013


OTTAWA, le lundi 25 février 2013

Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 17 heures, pour faire une étude sur les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.

La sénatrice Maria Chaput (présidente) occupe le fauteuil.

[Français]

La présidente : Honorables sénateurs, je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je suis la sénatrice Maria Chaput du Manitoba, présidente du comité.

Avant de présenter les témoins qui comparaissent aujourd'hui, j'invite les membres du comité à se présenter en commençant à ma gauche avec la vice-présidente.

La sénatrice Champagne : Bonjour. Andrée Champagne de la province du Québec.

La sénatrice Poirier : Rose-May Poirier, Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Suzanne Fortin-Duplessis, Québec.

Le sénateur McIntyre : Paul McIntyre, Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Mockler : Percy Mockler, Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Robichaud : Fernand Robichaud, Saint-Louis de Kent au Nouveau-Brunswick.

La présidente : Le comité poursuit son étude sur les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.

Nous accueillons aujourd'hui Mme Mylène Chartrand, vice-présidente, Conseil d'administration, Association des francophones du Nunavut. Bienvenue, madame. Nous accueillons également M. Gaël Corbineau, directeur ce général, Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador. Bienvenue, monsieur.

Au nom des membres du comité, je remercie les témoins de prendre le temps de nous présenter le point de vue de leur organisme dans le cadre de notre étude et de répondre à nos questions. Le comité a demandé aux témoins de faire une présentation d'au plus sept minutes chacun et les sénateurs suivront avec des questions.

J'invite donc Mme Chartrand à prendre la parole et M. Corbineau suivra.

Mylène Chartrand, vice-présidente, Conseil d'administration, Association des francophones du Nunavut : Chers membres du comité, bonjour, hi, ullukut. Je voudrais tout d'abord vous remercier d'avoir invité l'Association des francophones du Nunavut à venir parler de la situation particulière du Nunavut par rapport au sujet à l'étude aujourd'hui.

Mon nom est Mylène Chartrand et je suis la vice-présidente de l'AFN, l'organisme porte-parole des francophones au Nunavut.

Je voudrais d'abord faire un bref historique de la francophonie au Nunavut, pour ensuite faire un portrait de la situation actuelle et, par la suite, apporter des suggestions qui pourraient peut-être mener à des solutions.

Dans les années 1970, alors qu'à cette époque le signal télé de Radio-Canada n'était pas disponible au Nunavut, un désir naît chez les francophones d'Iqaluit : le désir de regarder La Soirée du hockey en français. La passion est telle que les francophones font la demande de pouvoir rediffuser le signal de la Société Radio-Canada. Celle-ci est refusée, mais on suggère que si une association ou un regroupement en bonne et due forme en faisait la demande, cela pourrait être considéré.

De là, naît l'Association des francophones de Frobisher Bay. La demande est cette fois acceptée; une antenne est installée et les adeptes, composés principalement d'employés du gouvernement fédéral et de Bell Canada, se rencontrent donc le samedi soir pour regarder les parties. On voit ici que l'accès à un média est important même pour un plus petit nombre. Cette démarche rassembleuse a accéléré la mise sur pied de ce qu'on connaît aujourd'hui comme l'Association des francophones du Nunavut.

Plus de 40 ans plus tard, voici la situation sur les services de Radio-Canada en français au Nunavut, par type de média.

Pour la radio, on fait la promotion de CBC North comme étant une station offrant des services combinés, donc en anglais, en français et en langues autochtones. Le contenu francophone se limite à l'émission Boréal Hebdo, le vendredi soir à 23 h 5. Plusieurs n'étant d'ailleurs pas au courant de l'existence de cette émission, sa promotion serait donc bénéfique.

Côté télé, les signaux régionaux de la SRC et RDI sont disponibles selon le plan de câble choisi. Pour ce qui est de la station régionale de CBC North, la programmation est presque exclusivement en anglais et en Inuktitut. Le site Web de CBC North n'est pas disponible en français, pas plus que les articles qui y figurent. Seule la section de Boréal Hebdo est en français et on parle ici seulement du contenu, le reste de la structure du site demeurant en anglais.

Pour ce qui est des émissions sur le site Web de Radio-Canada, donc Web séries et autres produits sur TOU.TV, l'obstacle majeur à leur accès à partir du Nunavut est le service Internet. Le téléchargement d'une émission, lorsque possible, est très long et les limites de téléchargement mensuelles des dispendieux plans Internet sont vite atteintes. Le problème a d'ailleurs été discuté avec le président du CRTC venu nous visiter dernièrement. Il est plus difficile de parler de la qualité des services obtenus et du reflet de la diversité alors que les services en français sont presque inexistants.

J'aimerais aussi noter qu'il a plutôt été question des services disponibles à Iqaluit, mais la situation est la même pour toutes les autres communautés du Nunavut. La question à savoir si un employé à temps plein ou un bureau francophone à Iqaluit est requis est sujette à débat. Mais puisque la radio CBC North est considérée comme un service combiné, nous croyons qu'une nette amélioration est requise. En ce sens, voici des pistes de solutions qui nous semblent concrètes et réalisables à court terme, même dans un contexte financier plus difficile.

Premièrement, pensons à la collaboration avec les médias communautaires déjà en place. Alors que la radio francophone de Radio-Canada a toujours été inexistante au Nunavut, la radio communautaire CFRT est née d'un besoin de la présence de médias francophones. Tel qu'indiqué dans la stratégie 2015 de Radio-Canada, notre société d'État veut élargir les services dans les marchés mal desservis, appliquer de nouveaux modèles de prestation de services et créer de nouveaux partenariats pour améliorer leur portée et leur impact. La collaboration avec les médias communautaires, qui ont déjà des infrastructures de base en place, permettrait d'atteindre ces objectifs.

La présence de contenu de Radio-Canada sur nos ondes communautaires serait bénéfique pour les deux parties. On pense à la permission de diffuser les bulletins de nouvelles nationales et internationales. En plus des nouvelles, des émissions de contenu, des reportages, des émissions de variété et des émissions culturelles pourraient aussi être diffusées afin de compléter une programmation diversifiée qui toucherait au plus grand nombre.

En ce sens, les partenariats avec la radio des Nations Unies, la Radio France Internationale et l'Alliance des radios communautaires du Canada sont déjà en place avec notre radio communautaire CFRT 107,3 FM.

Inversement, les capsules francophones sur les ondes de CBC North pourraient être diffusées. Dans la mission de promouvoir la dualité linguistique, ce serait une opportunité d'exposer les anglophones et les Inuits à la langue française.

Deuxièmement, le déploiement d'un journaliste francophone lors d'événements majeurs assurerait une présence ponctuelle qui permettrait d'offrir du contenu télé, radio et Web, en plus d'une présence sur les médias sociaux. La couverture d'élections dans différentes régions éloignées est un exemple que cette formule a déjà été utilisée ailleurs.

Voici ce qui résume l'état de la situation au Nunavut. Nous trouvons que les produits de Radio-Canada sont de bonne qualité et intéressants et nous aimerions y avoir accès plus facilement. Nous espérons que les recommandations seront faites afin de pouvoir desservir de manière appropriée notre communauté francophone au Nunavut. Nous croyons que la collaboration est nécessaire pour offrir un service important pour nos communautés. Je vous remercie et je serai disposée à répondre à vos questions.

Gaël Corbineau, directeur général, Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador : La Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador est l'organisme porte-parole officiel des francophones de notre province. Créée il y a 40 ans, la FFTNL travaille à la défense et à la promotion des droits et des intérêts de la communauté francophone et acadienne de Terre-Neuve-et-Labrador et à faciliter son développement.

Radio-Canada dans nos régions : le diffuseur public qu'est la Société Radio-Canada est censé couvrir dans ses programmes, ses émissions et ses journaux toute la francophonie canadienne d'un océan à l'autre. Malgré cela, depuis plusieurs années, la Société Radio-Canada est un facteur important de préoccupations et, parfois, de frustrations de notre communauté et de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador.

Nous constatons en effet, à l'antenne de ce diffuseur public, une érosion certaine et constante, au fil du temps, de la présence de la francophonie hors Québec en général et de notre province en particulier, que ce soit à la télévision, à la radio et, plus récemment, sur Internet. Ce n'est un secret pour personne que sa programmation nationale ne laisse qu'une part infime du contenu à ce qui se passe à l'extérieur de Montréal.

Malheureusement, nous devons constater le même phénomène au niveau régional. Composée d'un peu plus de 3 000 citoyens francophones, notre communauté reste bien petite comparativement aux communautés francophones et acadiennes des autres provinces de l'Atlantique. Et aujourd'hui, elle se reconnaît de moins en moins dans la programmation de Radio-Canada Acadie, bien trop souvent cantonnée à la région de Moncton à notre goût.

La FFTNL rappelle qu'un citoyen apprécie que, dans les nouvelles, on lui fasse part de ce qui se passe dans sa communauté francophone ou acadienne, mais que cela ne saurait lui suffire. Comme tout autre citoyen, il souhaite aussi être informé de l'actualité politique, économique, social, de sa province et de sa région, quand bien même si les acteurs de ces domaines sont majoritairement anglophones.

Aussi, la FFTNL regrette que la radio de Radio-Canada soit totalement absente de la région de Happy Valley- Goose Bay où, pourtant, nous avons une communauté francophone et même une école française.

Conséquences des coupures budgétaires à la Société Radio-Canada : étant donné les réalités des communautés francophones hors Québec, l'étendue géographique et la faible démographie du Canada, il est réaliste de considérer que jamais une chaîne de télévision ne sera économiquement rentable si elle ne devait couvrir un tel mandat sans financement public; les marchés publicitaires de nos régions francophones et acadienne étant trop étroits et les coûts de fonctionnement trop importants. C'est pourquoi nous pensons que seule une chaîne financée par des fonds publics est en mesure de donner ce service à tous les citoyens de notre pays.

Cela ne signifie pas qu'une chaîne publique ne peut pas diversifier ses revenus grâce à de la publicité. Cela ne signifie pas non plus que cet argent public doit être dépensé sans compter. Mais un diffuseur public pancanadien a aussi pour rôle d'être le ciment qui unit la Confédération canadienne dans un seul et même ensemble, et des principaux piliers de la démocratie qui, grâce justement à ce même financement public, peut conserver son indépendance journalistique éloignée des intérêts privés partisans.

Les coupures budgétaires que la Société Radio-Canada a connues ces dernières années sont sans aucun doute en grande partie la cause de son éloignement vis-à-vis de son mandat. En plus des importantes coupures dans son financement octroyé par le gouvernement fédéral, la décision du CRTC de ne pas renouveler le Fonds d'appui à la production locale a également durement été ressentie dans nos communautés.

La région Acadie recevait jusque-là environ deux millions de dollars par an du FAPL, ce qui avait permis une plus grande programmation provenant des provinces de l'Atlantique. On a depuis assisté à un nouveau recul.

Nous comprenons que la SRC ait donc dû adapter ses ressources humaines au niveau de ces nouvelles ressources budgétaires, et que par conséquent, elle doit faire parfois des choix difficiles et douloureux.

Nous regrettons par contre que ces choix ne se soient pas faits après consultation avec les communautés concernées car ceux-ci se font d'autant plus durement ressentir dans nos régions où les bureaux ne comptent souvent que très peu de personnel. La perte d'un seul poste représente souvent 33 ou 50 p. 100 de l'effectif du bureau de Radio-Canada, et la perte de contenu et la visibilité que nos communautés perdent, par conséquent, en est d'autant plus dramatique.

Pour exemple, en 2011, le bureau provincial de Radio-Canada à Saint-Jean, Terre-Neuve, comptait encore trois employés. Après que deux d'entre eux aient quitté leur affectation et ne voyant aucun recrutement être effectué pour remplacer ces personnes, en 2012, la Fédération des francophones a dû intervenir auprès des responsables de la SRC. Ceux-ci nous ont alors fait savoir qu'il n'y aurait désormais plus qu'un seul poste au lieu de trois précédemment, pour toute la province, lequel interviendrait à la fois pour la radio, pour la télévision et pour Internet. Nous avons jugé cela inacceptable et après discussions et rencontres avec certains responsables de la Société Radio-Canada, nous avons obtenu qu'elle maintienne deux postes permanents, mais le poste de cameraman a été sacrifié.

Néanmoins, la FFTNL craint que ce recul de la SRC ne soit que temporaire et qu'il soit dû à une volonté de relâcher la pression la veille des négociations, visant au renouvellement de sa licence auprès du CRTC. Chat échaudé craignant l'eau froide, nous serons très vigilants à l'avenir, une fois le renouvellement de la licence de la SRC obtenu, que cette société ne décide pas de réduire de nouveau ses effectifs à la première occasion.

Enfin, il semble que les budgets de voyagement des journalistes aient été également considérablement réduits, les empêchant par le fait même de se déplacer dans nos communautés rurales et donc de leur donner la visibilité à laquelle elles devraient avoir droit. À Terre-Neuve, il est rare qu'un journaliste de Radio-Canada ne puisse sortir de la région de Saint-Jean plus d'une fois par an.

La situation est par ailleurs paradoxale. En effet, lors de l'assemblée générale annuelle publique 2012 de Radio- Canada, qui s'est déroulée à Saint-Jean, Terre-Neuve, le 25 septembre 2012 et à laquelle la FFTNL était présente, la journaliste Céline Galipeau insistait sur l'importance qu'elle mettait à diffuser les reportages en provenance des bureaux régionaux hors Québec de Radio-Canada à l'antenne, alors qu'en même temps, la SRC en réduit les effectifs. On se demande si on peut continuer à nous faire voir à travers le Canada si, désormais, les effectifs des bureaux régionaux de Radio-Canada sont symboliques où furent supprimé des postes de cameraman.

La FFTNL regrette donc fortement les nombreuses coupures qu'a subies Radio-Canada ces dernières années dans son financement. Ce sont les citoyens francophones et acadiens des communautés éloignées des grands centres urbains qui en sont les premières victimes.

Malgré ces commentaires quelque peu négatifs, je l'admets, la FFTNL réaffirme néanmoins son soutien inconditionnel à l'existence de la Société Radio-Canada comme étant un diffuseur public pancanadien et ayant pour mission d'assurer la représentativité et la visibilité de toutes les communautés du pays. Pour ce faire et pour éviter de reproduire la situation dans laquelle nous sommes confrontés actuellement, nous souhaitons que la licence de la SRC soit renouvelée, mais avec des obligations très précises, soit un minimum de deux journalistes par province et territoire, plus un par tranche de 10 000 citoyens francophones dans la province; qu'un remplacement temporaire soit systématiquement assuré lorsqu'un journaliste est en congé ou qu'un poste est vacant; que les journalistes aient les moyens de se déplacer dans nos régions au minimum une fois par mois et par journaliste, et que le délai de renouvellement de la licence du CRTC soit ramené à cinq ans et que soit interdite toute prolongation par le CRTC de cette licence sans concertation préalable.

La Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador souhaite également que le gouvernement fédéral ne mette pas plus en péril la mission de la SRC par de nouvelles coupures budgétaires.

Un diffuseur public au service de tous, visible de tous et mettant en lumière toute la diversité canadienne, voilà ce à quoi sont en droit de s'attendre les Canadiens et les Canadiennes. Faisons que ce vœu devienne réalité.

La présidente : Merci beaucoup monsieur Corbineau. La première question sera posée par la sénatrice Fortin- Duplessis

La sénatrice Fortin-Duplessis : Encore une fois, soyez les bienvenus. J'ai été bien contente d'entendre vos rapports. Vous êtes vraiment préoccupés et il est important pour vous que vous soyez bien desservis par la Société Radio- Canada.

Pouvez-vous nous brosser un portrait des médias francophones disponibles à Terre-Neuve et au Nunavut? J'imagine qu'il n'y a pas que la télévision de Radio-Canada, il y a les journaux et les postes de radio. J'aimerais en savoir plus.

Mme Chartrand : Sur le plan francophone?

La sénatrice Fortin-Duplessis : Oui, francophone.

Mme Chartrand : Nous avons deux, trois pages qui sont publiées dans le journal L'Aquilon, journal des Territoires- du-Nord-Ouest. Il y a donc un partenariat qui nous permet d'imprimer nos nouvelles locales et régionales.

Pour ce qui est de la radio, il y a une radio communautaire. Il s'agit d'un mixte de programmation locale et de diverses émissions qui viennent de l'ARC. En ce qui a trait au Web, il y a des sites web des associations francophones du Nunavut. Donc, ça se résume à cela.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Avez-vous un commentaire à faire à ce sujet?

M. Corbineau : À Terre-Neuve, nous avons un journal communautaire, Le Gaboteur, qui est publié aux deux semaines. Ce sont des nouvelles de la communauté pour la province. Nous avons une toute nouvelle radio communautaire qui, pour le moment, n'a pas encore de programmation locale. C'est-à-dire que c'est vraiment très récent et il y a quelques défis à relever pour faire de l'animation locale. Pour l'instant, c'est de la musique qui tourne en boucle. C'est tout. Radio-Canada est notre seul média francophone réel au quotidien. Excepté, dans la région d'Happy Valley-Goose Bay où la radio n'est pas présente. Il n'y a rien en français sur les ondes FM.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Je vois que la Société Radio-Canada joue un grand rôle autant chez vous qu'à l'autre bout du pays. À la fin de votre mémoire monsieur Corbineau, vous avez énuméré les demandes précises que vous avez faites. Pouvez-vous nous en parler davantage?

M. Corbineau : C'est issu de l'expérience que nous venons de vivre quand je mentionnais l'expérience de 2011-2012. Il y avait trois employés de Radio-Canada, un journaliste radio, un journaliste télé et un cameraman en 2011 au bureau provincial de Saint-Jean, Terre-Neuve. Deux de ces personnes sont parties volontairement et personne n'a été embauché. On s'est rendu compte après quelques mois qu'on ne voyait aucun recrutement se faire et on s'inquiétait. Probablement que si on avait rien dit, ils en seraient restés là de facto avec un seul poste. On nous a confirmé par téléphone qu'ils avaient décidé de ne laisser qu'un seul poste.

Un des problèmes est que si un journaliste part en congé, il n'est pas remplacé et c'est dramatique. Imaginez que vous n'en ayez qu'un seul et qu'il part en congé ou en congé de maladie pendant des semaines, vous n'avez plus personne. Même si c'est un effectif de deux, vous perdez 50 p. 100 de votre effectif et toute visibilité; soit la télévision ou la radio. Cela pause effectivement des problèmes et ces recommandations sont vraiment par rapport à ce que nous venons de vivre et je regrette, cela fait deux ans que les journalistes ne se sont pas déplacés dans nos régions francophones. Où est la visibilité? Ils font voir la communauté de Saint-Jean, mais c'est tout un défi pour aller dans les régions. Ce n'est pas écrit, mais c'est un problème d'argent. Il en coûte plus cher d'aller de Saint-Jean, Terre-Neuve à Labrador City — on est dans la même province — que de Saint-Jean, Terre-Neuve, à Paris.

Nous avons déjà ces défis en tant qu'organisme communautaire, Radio-Canada a ce défi à relever également. C'est toujours un problème de coût.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Avez-vous été consulté? Avez-vous déjà fait connaître vos besoins à la Société Radio- Canada?

M. Corbineau : On n'a jamais été consulté. On a pris contact lorsqu'on s'est rendu compte qu'on allait passer de trois à une seule personne. Il y a eu des échanges téléphoniques, et ensuite par lettres un peu plus officielles disant que nous n'étions pas satisfaits de cette situation et que nous n'allions pas accepter ce qu'ils souhaitaient mettre en place.

Après, il y a eu un dialogue qui s'est instauré et ils ont accepté de revenir à deux. Même si c'est mieux qu'un, ce n'est pas forcément satisfaisant pour une province.

Le sénateur De Bané : Au sujet de votre suggestion d'avoir deux journalistes par province et territoire, je voudrais porter quelque chose à votre attention. Nous avons reçu récemment la directrice des émissions régionales de Radio- Canada. Je lui ai demandé s'il était exact qu'ils avaient 230 journalistes à l'extérieur du Québec. Elle m'a répondu que c'était le cas. Et sur ces 230 à l'extérieur du Québec, ils vous en donnent un.

Une professeure de communication de l'UQAM a publié récemment sa thèse de doctorat, qui est le fruit de l'accès privilégié qu'elle a eu à la salle de nouvelles de Radio-Canada. Elle a suivi comment on fait le Téléjournal. Selon ses chiffres, ils sont 750, au bureau de Radio-Canada à Montréal, dans le domaine de l'information. Je crois que le fait que votre province n'a qu'un seul journaliste démontre que Radio-Canada devrait plutôt s'appeler Radio-Québec, parce que sa mission, en vertu de la loi, est de refléter le Canada en français et non de refléter le Québec aux Québécois.

Et d'après ce que vous nous dites, il n'y a qu'à l'Île-du-Prince-Édouard où Radio-Canada est moins présente que dans votre province. N'avoir qu'un employé dans votre province n'a aucun sens.

Je me demandais seulement si vous étiez au courant qu'un témoin nous avait dit qu'il y a 230 journalistes de Radio- Canada à l'extérieur du Québec et que de ce nombre, vous n'en comptez qu'un seul. C'est inacceptable.

M. Corbineau : Merci, monsieur le sénateur.

Le sénateur De Bané : Je vous enverrai la référence de cette thèse de doctorat qui vient d'être publiée.

Je termine en disant qu'en gros, Radio-Canada et CBC ont à peu près le même nombre de journalistes. La seule différence, c'est que CBC a le tiers de ses journalistes en Ontario, qui compte 60 p. 100 de plus de population qu'au Québec — 13 millions par rapport à 8 millions. Alors, le tiers de leurs journalistes sont en Ontario, alors qu'à Radio- Canada, il y a 60 p. 100 de ses journalistes au Québec.

La sénatrice Poirier : Merci, d'être présents ici. Je sais que vous avez fait un long voyage pour venir, ce soir. Votre présence est très appréciée.

Dans votre présentation, madame Chartrand, vous avez parlé d'une solution possible. Vous avez également parlé d'un partenariat qui pourrait être mis sur pied avec les installations des radios communautaires et les équipements qui sont déjà en place. Vous allez même jusqu'à dire qu'un tel partenariat existe déjà avec la Radio des Nations Unies, avec Radio France Internationale, et cetera.

Est-ce que vous avez déjà approché Radio-Canada avec ces idées? Le cas échéant, quelles réponses avez-vous reçues? Et dans le cas contraire, pourquoi ne les avez-vous pas approchés?

Mme Chartrand : Non, depuis que je suis là, je ne pense pas qu'il y ait eu de démarches de faites en ce sens. Il n'y a d'ailleurs pas eu de consultation de l'autre côté non plus.

Notre organisme est passé récemment à travers une restructuration et nous nous sommes concentrés sur nos propres médias, notre radio, notre journal et notre site web. Mais effectivement, en soulevant à nouveau cette consultation, ces enjeux, cela m'a amenée à parler à plusieurs personnes dans la communauté qui, à leur tour, m'ont parlé de leurs idées et de leur vision de la situation. C'est peut-être ce qui va nous donner un élan pour aller cogner à une porte.

La sénatrice Poirier : C'est ce que vous avez l'intention de faire?

Mme Chartrand : On aimerait bien, oui.

La sénatrice Poirier : Monsieur Corbineau, dans le cas de Terre-Neuve, si j'ai bien compris, vous avez également parlé de radio communautaire, mais vous avez dit que son organisation s'était plutôt faite au début.

Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait être examiné à mesure que cela se développe? Est-ce qu'il y aurait un intérêt dans votre région pour l'établissement d'un partenariat dans le partage des infrastructures, des équipements et des journalistes afin que ce soit un peu moins coûteux de desservir la région? Cela vous assurerait aussi que vous recevez les services que vous méritez et auxquels vous avez droit.

M. Corbineau : Oui, nous y avons déjà songé mais cela n'a pas été plus loin jusqu'à maintenant. Il est vrai que cela devrait être exploré.

Il faut tenir compte que la radio n'est en onde que depuis 2012, c'est donc vraiment très récent. Et aujourd'hui, elle a des défis à relever, les mêmes défis que plusieurs radios communautaires, on parle de défis d'argent, de créer un marché publicitaire local, par exemple. Il faudrait se poser des questions par rapport à ce sujet. Mais c'est tellement récent que je ne pourrais pas m'engager à vous répondre.

Les négociations avaient déjà été plus loin. Des partenariats avaient été envisagés avec Saint-Pierre-et-Miquelon qui est à nos portes, où il y a des radios communautaires qui étaient intéressées à se mettre en réseau, puisque notre radio communautaire a trois studios, dans trois principales régions qui sont interconnectées, donc pour pouvoir émettre et produire dans chacune de nos régions.

Aujourd'hui, de toute façon, avec les nouvelles technologies, Internet par exemple, quelqu'un dans son salon avec un émetteur peut préparer une émission.

Il y avait donc l'idée de rajouter à ce réseau de studios, un ou deux studios à Saint-Pierre-et-Miquelon pour collaborer en même temps avec nos voisins francophones.

La sénatrice Poirier : Êtes-vous au courant quels services de Radio-Canada reçoit Saint-Pierre-et-Miquelon? Y a-t-il plus de personnel?

M. Corbineau : Je ne pense pas qu'ils aient la radio de Radio-Canada, mais ils ont la télévision puisqu'ils ont un satellite canadien. J'y suis allé il y a à peine quelques semaines et j'ai pu le constater à l'hôtel. Mais au niveau de la radio, je n'ai pas eu l'occasion de vérifier.

La sénatrice Poirier : Le Comité sénatorial des langues officielles a récemment publié une étude sur les nouveaux médias, les médias sociaux et les applications. Quelle place Radio-Canada pourrait accorder aux nouveaux médias? Croyez-vous que les nouveaux médias pourraient permettre à Radio-Canada de mieux respecter son mandat et de vous donner une meilleure visibilité?

M. Corbineau : Je pense qu'actuellement le niveau est très, très faible. Je crois que vous êtes originaire du Nouveau- Brunswick, sénatrice, et vous avez donc dû voir que Radio-Canada Acadie diffuse un ou deux reportages par jour maximum, ce qui est très, très peu compte tenu de l'importance des communautés francophones et acadienne dans toutes les provinces atlantiques. Je pense donc qu'il y a un énorme défi de ce côté-là.

J'ai déjà eu l'occasion de m'entretenir avec le directeur actuel, M. Richard Simoens, de Radio-Canada Acadie.

Radio-Canada aurait beaucoup à offrir à toutes les communautés francophones. Par exemple, il y a eu par le passé énormément de reportages faits sur les Franco-Terre-Neuviens. Je donne l'exemple pour ma province, bien sûr. Tous ces reportages sont un patrimoine. Il y a eu, notamment en 2004 lors des festivités à Terre-Neuve-et-Labrador du 500e anniversaire de la présence française à Terre-Neuve — ça remonte quand même assez loin — énormément de reportages par rapport à la présence française, ce qu'on appelle la côte française. Il y a eu énormément de contenu et de reportages produits.

Malheureusement, tout ce trésor qu'il y a sur le passé et le patrimoine franco-terre-neuvien et labradorien est aujourd'hui en train de prendre la poussière dans des armoires. Radio-Canada ne veut pas le ressortir. Cela prendrait peu de chose que de les numériser et de les mettre à disposition sur Internet au bénéfice de tous.

On ne demande pas à ce que ce soit sur un autre site. On ne veut pas se faire de l'argent en mettant de la publicité sur les côtés; on voudrait que ce soit sur leur site à la disposition de tous et chacun et de nos communautés. Il y a des gens qui vont se reconnaître là-dedans. C'est vraiment dommage que Radio-Canada ne fasse pas ce travail. Je pense que l'exemple pour Terre-Neuve-et-Labrador serait valable pour toutes les provinces et territoires.

De là, pour répondre à votre question par rapport aux médias sociaux et aux nouvelles technologies, il y a là quelque chose qui pourrait rendre un vrai service à nos communautés, à leur histoire et à leur patrimoine.

Mme Chartrand : La nouvelle génération de francophones à Iqaluit est assez jeune. Les francophones natifs d'Iqaluit est un phénomène assez nouveau puisque habituellement les francophones qui atterrissent à Iqaluit viennent d'ailleurs au Canada. Maintenant, les familles se bâtissent et tout, donc en ayant une population assez jeune, les médias sociaux seraient un bon moyen de pénétrer le marché. On sait l'engouement des générations plus jeunes pour ces nouveaux médias, alors effectivement, pour diffuser des choses, mais aussi pour faire la promotion des services, ce serait intéressant.

Je disais tantôt qu'un journaliste avait été envoyé aux TNO pour couvrir les élections. Du contenu télé Web avait été produit en rapport avec cela et les médias sociaux avaient été beaucoup utilisés pendant la couverture de l'événement. C'est un autre moyen d'aller chercher beaucoup d'auditoire ou de gens intéressés à suivre cela.

Mais sur le plan du Web, on parlait de numérisation de contenu existant. Je sais que beaucoup de contenu se fait sur le Grand Nord, car depuis les dernières années il y a un intérêt pour cela. Le seul problème que nous avons au Nunavut, c'est l'accès à Internet; la haute vitesse, on pourrait peut-être la renommer autrement. C'est très dispendieux. Si on veut écouter une émission, on va faire le souper et on revient, et peut-être que cela va être téléchargé complètement. C'est donc un frein, mais il est certain que le Web serait un très bon moyen de diffuser du contenu en français. Mais au niveau technique concernant Internet, c'est peut-être cela qui freine en ce moment l'utilisation du Web.

La sénatrice Poirier : Vous avez parlé d'une communauté d'environ 3 000 personnes à Terre-Neuve-et-Labrador, mais qu'en est-il du Nunavut?

Mme Chartrand : À Iqaluit où se trouve le plus grand bassin, on parle d'environ 450 ou 500 personnes et quelques- unes ici et là dans d'autres communautés.

La sénatrice Poirier : Est-ce qu'il y a des écoles francophones?

Mme Chartrand : Oui, il y a l'école francophone, un CPE francophone, une association des francophones, un réseau de santé en français, le développement économique; donc les structures qu'on retrouve ailleurs dans les provinces et territoires sont en place, mais à plus petite échelle.

M. Corbineau : Vous avez mentionné tout à l'heure les possibilités de collaboration avec Radio-Canada. Il y a une chose que nous n'avons pas explorée, mais à laquelle nous avions pensé et qui, paraît-il, coûterait assez peu cher à Radio-Canada pour collaborer avec les radios communautaires, c'est de faire bénéficier de leurs équipements et de leurs émetteurs. Ce qui coûte très cher à une radio communautaire, c'est d'avoir des émetteurs suffisamment puissants pour aller de l'autre côté de la rue. J'exagère un petit peu, mais cela coûte très cher. Et si vous avez besoin d'un pylône dans le terrain, cela devient vite une fortune.

Dans notre projet à nous, par exemple, l'émetteur de Saint-Jean a été mis sur le Centre scolaire et communautaire des Grands-Vents afin qu'il n'y ait pas de coûts de location ou d'achat de terrain. Mais on ne va pas très loin et on ne couvre même pas toute la ville de Saint-Jean parce qu'on ne peut pas avoir plus d'une certaine hauteur et plus d'une certaine puissance.

Pour vous donner un exemple, je crois que notre émetteur est à 300 watts et Radio-Canada a des émetteurs qui vont dans les plusieurs dizaines de milliers de watts pour pouvoir couvrir des étendues géographiques énormes. Il y a des possibilités techniques à très peu de coûts qui permettraient de rajouter juste un boîtier électronique de nos radios dans leurs installations et de bénéficier automatiquement de la puissance de leurs émetteurs. Ce serait un apport énorme à nos communautés. Et cela ne coûterait vraiment pas cher ni à nous et presque rien à eux. Cela pourrait donc être une idée de collaboration.

La sénatrice Tardif : Bonsoir et bienvenue. En dépit du fait que vous avez une très petite population de langue maternelle française dans vos régions, vous avez quand même un plus grand bassin de personnes qui peuvent comprendre et communiquer en français, selon les dernières statistiques.

Je crois que, dans le cas de Terre-Neuve-et-Labrador, vous avez presque huit fois plus de personnes qui peuvent comprendre et communiquer dans la langue que de personnes pour qui le français est la première langue apprise et encore comprise, et je crois qu'au Nunavut il s'agit peut-être de trois fois plus. Il y a donc un grand bassin de personnes qui peuvent communiquer en français.

En quoi l'absence d'une station régionale en français dans vos régions est-elle nuisible au développement de vos communautés et à la vitalité francophone?

Mme Chartrand : Lors de la naissance de l'Association des francophones du Nunavut, on a vu que le manque était le hockey — cela aurait pu être d'autres divertissements ou nouvelles — qui avait justement amené un mouvement rassembleur afin d'obtenir le service. Des gens se sont assis pendant sûrement quelque temps à remplir les formulaires pour faire la démarche visant à acquérir le signal en vue d'y avoir accès. La vitalité de la communauté est beaucoup en lien avec les médias, ainsi que l'information de ce qui se passe ici, mais aussi, pour les francophones hors Iqaluit — parce que le Nunavut est très grand — ce n'est pas évident pour eux de savoir ce qui se passe au niveau local de leur association, à l'école.

Je sais que récemment il y a eu des mouvements, des développements de mines qui amènent de la main-d'œuvre francophone. Il y a eu des demandes pour des partenariats avec l'école pour des familles francophones qui s'établissaient hors Iqaluit. Éventuellement, je pense que la demande va augmenter pour les services en français, même à l'extérieur d'Iqaluit. À Iqaluit, nous sommes quelques centaines, et dans les autres communautés ils se comptent sûrement par dizaines ici et là, mais je crois tout de même que la demande est là. C'est surtout des familles qui vont s'établir là, donc ils participent à la communauté.

La sénatrice Tardif : M. Corbineau, en quoi le fait de ne pas avoir de station régionale sur place est-il nuisible à votre développement et à votre vitalité?

M. Corbineau : On travaille beaucoup pour notre légitimité aussi. Comme je l'ai déjà mentionné, notre communauté compte environ 3 000 personnes. Cela ne fait que 0,6 p. 100 de la population totale de la province. C'est le plus petit taux au Canada. Nous avons donc un énorme effort à faire pour assumer notre visibilité et notre légitimité aussi vis-à- vis des communautés anglophones. Plus ils nous voient, plus on est légitimes. Et on travaille là-dessus.

C'est paradoxal, mais comme je l'ai mentionné tout à l'heure, les Français sont présents — et les Acadiens depuis plus de 500 ans maintenant — et il y a un siècle de cela, il y avait 50 000 francophones. Il y a eu un gros travail à faire.

Vous l'avez mentionné aussi tout à l'heure, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de gens qui parlent aussi français tout autour de nous. Le fait français est vraiment bien reconnu par les Terre-Neuviens. L'information francophone à Terre- Neuve permet, et aux francophones de s'informer dans leur langue, mais aussi vis-à-vis des anglophones, c'est une histoire de visibilité qu'il ne faut pas oublier. Plus on sera absent, moins on sera légitimes et vice-versa.

La sénatrice Tardif : Je suis tout à fait d'accord avec vous. Je crois que c'est une question de valorisation et de légitimité. C'est un frein contre l'assimilation en ce sens et c'est essentiel.

M. Corbineau : Vous avez mentionné qu'il y a huit fois plus de Terre-Neuviens qui parlent français. Effectivement, c'est dans l'agglomération de Saint-Jean-Terre-Neuve que l'on retrouve le plus haut taux d'immersion française au Canada. L'attrait pour le fait français est énorme de la part des anglophones. Certains parents attendent à partir de 5 heures du matin pour inscrire leurs enfants en immersion française à la maternelle. C'est incroyable.

Et les médias francophones sont de plus en plus lus. Le nombre d'abonnements à notre journal augmente de façon importante depuis les deux dernières années. Il y a vraiment un apport et aujourd'hui les anglophones participent de plus en plus activement aux activités de notre communauté.

La sénatrice Tardif : Quel pourcentage de la population n'a pas accès à quoi que ce soit en français par rapport aux médias? Est-ce que le journal couvre tous les francophones dans vos régions? Qu'en est-il de la radio et de la télévision?

M. Corbineau : La télévision aujourd'hui, c'est par satellite et c'est accessible partout. Le journal est diffusé par la poste et c'est donc encore assez accessible. Maintenant la radio, on va dire que le deux-tiers de notre communauté est couverte. J'ai beaucoup analysé le recensement de 2011, les données sont arrivées en octobre dernier. Comme vous l'avez mentionné tout à l'heure, le nombre de francophones a explosé dans toutes nos régions.

Entre 2006 et 2011, le pourcentage de francophones a augmenté de 36 p. 100. C'est donc une bonne nouvelle en ce qui nous concerne. Et, fait intéressant, c'est que cela a vraiment augmenté dans toutes nos communautés. Je pense que c'est aussi un effet de notre visibilité et de notre légitimité. L'une des raisons qui explique cette explosion, c'est qu'il y a des régions rurales où l'économie n'a pas grandi. On sait qu'à Terre-Neuve il y a du pétrole et des mines, mais ce n'est pas le cas de toutes les régions de Terre-Neuve.

Le pourcentage de francophones a augmenté jusqu'à 1 100 p. 100 dans la péninsule de Burin, et de 40 p. 100 du côté de Columbo, des secteurs où l'économie n'a pas explosé. C'est certainement le travail accompli sur l'identité culturelle qui fait que les gens reconnaissent la valeur de dire : « Ah oui c'est vrai, ma langue maternelle c'est le français. Je suis francophone, je suis Acadien. Je vais penser à le noter. » Dans le passé, ils ne reconnaissaient pas cette valeur. Donc la disponibilité des médias joue également un rôle dans cette reconnaissance des racines.

La sénatrice Tardif : Monsieur Corbineau, je sais que vous avez fait des recommandations très précises par rapport au renouvellement de la licence. Est-ce que vous avez déposé un mémoire?

M. Corbineau : Non, malheureusement.

La sénatrice Tardif : Vous ne l'avez pas inscrit dans un mémoire?

M. Corbineau : Non malheureusement, faute de temps je ne l'ai pas fait. Ce n'est pas nouveau car nous sommes très occupés.

La sénatrice Tardif : Les ressources sont très limitées.

M. Corbineau : C'est plus que limité. J'assure actuellement la direction de trois organismes provinciaux dont l'organisme porte-parole officiel avec de nombreux secteurs. J'ai vraiment beaucoup de difficulté.

La sénatrice Champagne : Madame Chartrand, dans votre présentation il y a quelque chose qui me frappe et qui m'interpelle encore davantage maintenant que vous me dites qu'il y a autour d'Iqaluit beaucoup de nouveaux arrivants qui sont francophones d'origine et qui vont exiger des écoles en français. Je me vois comme mère de famille installée dans ce coin avec des enfants que je veux éduquer en français. Et à la radio, le seul moment où il y a du contenu francophone, c'est lors de l'émission Boréal Hebdo, diffusée le vendredi soir à 23 heures.

La mère de famille que j'ai été et la grand-mère que je suis couche les enfants avant 23 heures. Les enfants n'ont pas l'occasion d'entendre la radio en français dans la maison si le seul moment où ils peuvent avoir quelque chose en français c'est à 23 heures, le soir, sur CBC North.

Mme Chartrand : Oui, effectivement, c'est un très bon point. Et même pour les plus vieux, à 23 h 5 le vendredi, ce n'est pas l'idéal. Il a fallu faire de la recherche pour constater l'existence de cette émission, parce que tous les gens à qui j'ai parlé avaient peut-être entendu parler de l'émission mais beaucoup n'étaient même pas au courant de son existence. Donc l'accès à l'information est assez limité.

La sénatrice Champagne : Si la Société Radio-Canada fait un sondage pour savoir si ce petit brin de français qu'elle envoie dans votre coin pays n'est pas écouté, on peut facilement le repousser du revers de la main puisque ce n'est pas écouté, étant donné que c'est diffusé à une heure où les gens normalement dorment. Et en plus, il n'y a pas de publicité pour annoncer le contenu de cette émission diffusée le vendredi entre 23 heures et minuit.

Au fait, de quel genre d'émission s'agit-il? Est-ce qu'il y a de la musique? Est-ce que c'est une émission d'information?

Mme Chartrand : Ce sont des reportages qui couvrent le Yukon, les Territoires-du-Nord-Ouest et le Nunavut. C'est une émission locale qui couvre tout le Nord et qui parle des enjeux qui se passent dans les différents territoires et je crois que le Nunavik y est inclus. Donc, on fait le tour de l'actualité et des points chauds à discuter. C'est une émission d'information.

La sénatrice Champagne : C'est à 23 heures le vendredi soir, en fin de la semaine?

Mme Chartrand : C'est bien cela.

La sénatrice Champagne : C'est la seule émission que l'on peut écouter chez vous si on veut entendre du français?

Mme Chartrand : Oui, effectivement.

La sénatrice Champagne : Je l'avais déjà vu le 23 h 5. Et quand vous m'avez parlé de nouvelles familles francophones qui s'installaient, cela m'a encore plus touchée. Dans la stratégie 2015 de Radio-Canada, il semblerait que la société d'État veuille étendre ses services et collaborer avec de nouveaux partenaires afin d'améliorer sa portée et son impact. Avez-vous eu des détails concernant cette stratégie 2015 de Radio-Canada pour votre coin de pays?

Mme Chartrand : Non. À ma lecture du dernier rapport annuel, je ne me souviens pas avoir vu le mot « Nunavut ». Donc, je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de planifié dans le futur pour améliorer le service au Nunavut.

La sénatrice Champagne : N'attendons pas qu'il y ait un autre accident d'avion ou quoi que ce soit d'autre pour qu'on entende parler de ce qui se passe chez vous.

Mme Chartrand : Effectivement.

La sénatrice Champagne : Votre législature a adopté un projet de loi l'an passé, faisant du français une langue officielle. Est-ce que je rêve ou est-ce que c'est la réalité?

Mme Chartrand : Vous ne rêvez pas, non.

La sénatrice Champagne : Cela devrait au contraire encourager la Société Radio-Canada à faire des efforts. Si le français est devenu une langue officielle avec l'anglais et l'inuktitut, je pense que cela devrait encourager ou montrer la route. J'imagine que les gens qui ont travaillé très fort pour que le français devienne une langue officielle seraient aussi bien placés pour envoyer des mémoires à Radio-Canada et insister pour qu'il y ait plus qu'une demi-heure ou une heure le vendredi soir à 23 heures pour que les gens entendent du français. C'est certainement une suggestion qui pourrait trouver sa place dans notre rapport.

Le sénateur McIntyre : J'aimerais vous féliciter pour votre présentation. Dans le cas de la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador, j'aimerais vous féliciter pour votre 40e anniversaire d'existence, pour votre participation à la création du journal francophone Le Gaboteur au milieu des années 1980. Est-ce exact qu'il y aura prochainement implantation d'une radio web, Rafale FM.

M. Corbineau : La radio web est déjà implantée, mais il faut qu'elle devienne pleinement opérationnelle.

Le sénateur McIntyre : Dans le cas du Nunavut, votre association existe depuis un certain temps et malgré une période de difficulté financière et structurelle, elle a quand même connu du succès. Chapeau!

Ceci dit, en novembre dernier, le CRTC tenait des audiences dans le cadre du renouvellement des licences de radiodiffuseur et je comprends qu'une décision doit être rendue bientôt. Avez-vous des attentes précises à l'endroit du CRTC?

M. Corbineau : En ce qui me concerne, il s'agit de ce que j'ai énuméré dans ma présentation. Comme je le disais, on avait prévu déposer un mémoire, mais j'ai été confronté par le fait que nous sommes membres à la fois de la Société nationale de l'Acadie et de la FCFA qui, toutes deux, ont fait ce travail.

Le sénateur McIntyre : Suite à la disparition du FAPL, pensez-vous que cet organisme sera remplacé par un autre organisme financier pour venir en aide aux francophones en milieu minoritaire?

M. Corbineau : Le FAPL était attribué par le CRTC, si ma mémoire est bonne. Maintenant, est-ce qu'un autre peut prendre le relai dans nos régions francophones minoritaires? J'ai beaucoup de doute là-dessus; surtout pas à la hauteur de là où était le FAPL — je l'ai mentionné tout à l'heure pour la région Acadie —, soit deux millions de dollars.

Le sénateur McIntyre : J'aimerais aborder avec vous la question du signal du radiodiffuseur dans votre région. Je comprends que, dans chacun des cas, vous n'avez tout simplement pas accès à un signal régional qui est propre à votre territoire, soit dans votre province ou dans votre territoire d'appartenance du Nunavut. Est-ce que CBC a les mêmes problèmes que vous? Quelle relation entretenez-vous avec CBC?

M. Corbineau : Avec la version anglophone, pour ainsi dire, aucune. Ils n'ont pas de problème, ils ont des bureaux répartis dans toute la province pour CBC à Terre-Neuve. Un peu moins au Labrador, je sais qu'ils ne sont pas très présents, mais ils ont vraiment des bureaux, des antennes. Il y a des émissions purement terre-neuviennes et labradoriennes. Ils n'ont pas du tout la même problématique que nous. Comme le mentionnait tout à l'heure monsieur le sénateur, ils sont beaucoup mieux répartis sur le territoire et, clairement, ils sont plus nombreux.

Le sénateur Robichaud : Madame Chartrand, suite à certains de vos propos concernant l'Internet lors de votre présentation ainsi que dans quelques-unes de vos réponses, j'ai compris qu'il n'y avait pas que la nourriture qui coûte cher au Nunavut, n'est-ce pas?

Mme Chartrand : Oui. Je ne sais pas si je dois vous donner des chiffres, mais je peux vous dire que le système est plus ou moins fiable. La stabilité du système n'est pas très égale selon qu'il vente, qu'il neige ou qu'il pleuve, si vous voyez ce que je veux dire. C'est l'un des enjeux liés au signal Internet. C'est un dossier chaud. Côté navigation, cela va, mais lorsqu'il est question de télécharger des émissions ou du contenu, il y a un problème. Il faut soit le faire durant la nuit ou, selon le plan Internet, il y a différentes manières de fonctionner. C'est un peu la réalité en ce moment pour notre radio. Pour télécharger des reportages ou des émissions d'autres radios, avec les partenariats que nous avons, il faut justement faire cela à l'extérieur des heures habituelles pour avoir accès aux fichiers.

Le sénateur Robichaud : Avez-vous comparé les prix avec ce que cela peut coûter dans le reste du pays?

Mme Chartrand : Côté nourriture, en moyenne, c'est deux fois plus cher qu'ici, donc j'imagine que c'est environ la même chose pour Internet. Un plan de base tourne autour de 70 à 80 dollars par mois.

Le sénateur Robichaud : Vous avez également dit que les signaux régionaux de la SRC et de RDI sont disponibles selon le plan de câble choisi. Ce plan coûte-t-il également deux fois plus cher qu'ailleurs au pays?

Mme Chartrand : Je ne sais pas si c'est le double, mais sûrement. Je ne pourrais pas comparer vraiment avec un service similaire dans le sud, je n'ai pas fait la comparaison, mais on peut se douter que c'est plus cher.

Le sénateur Robichaud : Pouvez-vous nous parler du financement de votre station de radio communautaire, CFRT?

Mme Chartrand : Il n'y a qu'un employé pour gérer la station de radio et il faut beaucoup de travail pour trouver le financement pour son salaire. Heureusement, à Iqaluit, nous pouvons compter sur un excellent système de bénévolat. C'est une ville vraiment exceptionnelle dans ce sens. Les gens sont très impliqués et consacrent beaucoup de temps à la radio. C'est l'une des raisons pour lesquelles on peut continuer. Évidemment, nous avons des revenus publicitaires et nous réussissons à trouver des sous ici et là pour boucler le budget chaque année.

Le sénateur Robichaud : Cette personne travaille plus qu'à temps plein.

Mme Chartrand : Elle travaille très fort, oui, à plein temps, certainement. Dans la situation actuelle, le conseil d'administration doit prendre le relai pour les demandes de financement et c'est beaucoup de travail.

Le sénateur Robichaud : Je comprends alors que votre programmation au niveau communautaire est entièrement en français?

Mme Chartrand : Oui. On fait quand même une petite place à l'inuktitut. Une personne très impliquée dans la communauté fait une émission en anglais, en français et en Inuktitut. Il semble que cette émission serait écoutée même au Groenland, au Nunavik, et cetera. Il y a quand même un auditoire large. On rediffuse sur notre Web radio. Il y a un engouement qui se crée un peu. Encore une fois, il s'agit d'un bénévole.

La sénatrice Champagne : Vous leur direz bravo pour nous.

Mme Chartrand : Je n'y manquerai pas.

Le sénateur Robichaud : Je comprends mieux maintenant que Radio-Canada aurait intérêt à s'associer avec la radio communautaire, puisque vous offrez déjà du contenu et vous faites déjà des efforts auprès de la population locale.

Mme Chartrand : L'infrastructure est là. Il y a une relance dernièrement et, vraiment, cela monte en flèche, la radio, on est vraiment en bonne position en ce moment. Donc, je pense qu'un partenariat serait bénéfique pour nous et pour toutes les raisons dont on vient de discuter.

Le sénateur Robichaud : M. Corbineau, vous avez parlé de la radio communautaire de Saint-Jean-de-Terre-Neuve, mais il y a quand même la côte française; ont-ils leur radio communautaire?

M. Corbineau : En fait, c'est la même. C'est une radio provinciale. Il y a un studio, effectivement, sur la côte ouest de Terre-Neuve, à la Grand'Terre, et le studio principal est à Labrador City. Actuellement, il y a trois studios et ils sont tous interconnectés par des systèmes comme Internet. On est mieux desservis que ma voisine, a priori. Ce n'est pas toujours simple, il y a des défis aussi. C'est la même radio qui est diffusée dans toutes nos places.

Le sénateur Robichaud : Comment les reportages sont-ils diffusés dans les différents endroits, parce que vous êtes éloignés les uns des autres?

M. Corbineau : C'est le miracle de l'informatique. Lorsqu'une émission est mise en ligne, ce sont des fichiers audio, c'est tout bête, on les met puis c'est synchronisé automatiquement dans les trois endroits et c'est diffusé en même temps, simultanément. Et c'est aussi diffusé sur Internet. Donc, tout un chacun peut y aller, du monde entier.

Le sénateur Robichaud : Donc, vous avez des personnes dans chacune des régions?

M. Corbineau : Il y a tout un réseau de bénévoles. C'est ce que je disais tout à l'heure, nous démarrons, ce n'est pas facile, mais il y a des bénévoles dans les régions, il y a des partenariats avec notre conseil scolaire francophone, puisque la radio est aussi vue comme un outil pédagogique pour nos jeunes et dans nos écoles.

La présidente : Il reste du temps pour de courtes questions. Sénateur Mockler?

Le sénateur Mockler : J'ai une toute petite question, madame la présidente. J'aimerais revenir sur votre association avec Saint-Pierre-et-Miquelon. Quelles recommandations feriez-vous auprès des deux ordres de gouvernement?

Je suis impressionné par le nombre d'anglophones qui sont intéressés à faire de l'immersion en langue française. Que peuvent-ils faire pour améliorer les services francophones à Terre-Neuve-et-Labrador?

M. Corbineau : Il y a déjà eu des échanges avec Saint-Pierre-et-Miquelon mais rien n'a été formalisé. Je sais que de leur côté, ils sont en train de voir avec l'équivalent du CRTC pour les droits d'émission. Ils ont deux ou trois radios communautaires. Pour le moment, ce ne sont que des pourparlers et rien n'est encore concrétisé.

Lorsque j'y suis allé dernièrement, on m'a encore sollicité pour essayer de mettre quelque chose sur pied avec eux. Il y a un travail à faire mais rien n'est concrétisé à ce jour. Cela pourrait leur permettre d'en apprendre plus sur la francophonie terreneuvienne et labradorienne, et à nous d'en apprendre plus sur eux et de maximiser les échanges, car ils sont quand même à 25 kilomètres de nos côtes.

Le sénateur Mockler : Absolument.

M. Corbineau : Pour ce qui est de votre autre question, si je reprends l'exemple de la radio, les anglophones participent déjà. Je sais qu'il y a des écoles d'immersion qui ont fait des petits programmes qui passent déjà sur nos ondes, à l'occasion, il y a des jeunes qui chantent et tout.

Je suis désolé, j'ai perdu le fil de votre question, sénateur Mockler.

Le sénateur Mockler : On voit une partie de la population anglophone qui veut faire de l'immersion en langue française. Et je pense que c'est un véhicule très important pour la francophonie de Terre-Neuve-et-Labrador. Que pourraient-ils faire davantage ou quel rôle pouvez-vous jouer à l'intérieur de ce groupe?

M. Corbineau : On travaille déjà beaucoup avec les anglophones dans tous les secteurs d'activité, pas que dans les médias. On dit souvent que ce sont nos meilleurs partenaires. Comme je l'ai dit plus tôt, les anglophones sont déjà très intégrés dans nos activités; même au sein de nos conseils d'administration, ils participent concrètement à des activités avec nos employés.

Il n'y a pas très longtemps, la direction de la radio francophone était opérée par un jeune anglophone. Dans notre organisme jeunesse, ils sont aussi très impliqués dans les activités des jeunes anglophones parce que bien souvent, ils sont issus de familles qui ne parlent pas français, mais ils ont appris le français en immersion et ils ont envie de continuer. Ils viennent vers nous pour nous dire qu'ils veulent continuer, qu'ils veulent faire des choses. C'est donc dans tous les domaines.

Et pour revenir sur l'histoire des médias, le Gaboteur est utilisé aujourd'hui comme une trousse ou un support pour les enseignants, y compris pour l'immersion.

Il y a beaucoup de travail à faire dans tous les domaines d'activité afin de travailler plus étroitement avec ces francophiles terreneuviens qui sont très ouverts d'esprit. Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question.

Le sénateur Mockler : Oui, très bien, merci.

La présidente : J'ai trois sénateurs qui ont indiqué qu'ils avaient des questions supplémentaires très brèves. J'ai le sénateur De Bané, sénatrice Fortin-Duplessis et sénateur Robichaud. Pas plus de cinq minutes pour vos trois questions et réponses.

Le sénateur De Bané : La population de Saint-Pierre-et-Miquelon est d'environ 10 000 habitants?

M. Corbineau : Six mille habitants, environ.

Le sénateur De Bané : On m'a dit que l'ORTF avait une centaine d'employés là-bas. Savez-vous plus précisément combien ils en ont?

M. Corbineau : L'ORTF n'existe plus depuis longtemps. C'est maintenant Saint-Pierre-et-Miquelon 1ère pour la télé et la radio. Je crois qu'en tout, télé et radio confondues, puisque je suis allé à leur studio il y a trois semaines, je crois qu'ils sont de 20 à 26 environ.

Le sénateur De Bané : Pour une population de 6 000 habitants, ils ont environ 25 employés. Je vous remercie.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Madame Chartrand, pouvez-vous me dire si tous les écoliers apprennent l'inuktitut au Nunavut?

Mme Chartrand : Non.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Vous avez mentionné plus tôt que vous avez des écoles françaises et des écoles anglaises. Comment tout cela fonctionne-t-il?

Mme Chartrand : Dans les écoles anglophones, il y a le programme d'inuktitut que l'enfant poursuit un certain nombre d'années. Les parents doivent choisir entre l'anglais ou l'inuktitut. Au secondaire, il y a des classes d'immersion française dans les écoles anglophones.

La présidente : Sénateur Robichaud, dernière question.

Le sénateur Robichaud : Monsieur Corbineau, pouvez-vous me dire s'il y a un échange de reportages entre Saint- Pierre-et-Miquelon et le réseau communautaire de Terre-Neuve-et-Labrador?

M. Corbineau : Je pense que cela va surtout dans un sens. Je l'ai constaté lorsque je suis allé l'autre jour. L'équipe de Saint-Pierre-et-Miquelon rediffuse régulièrement des reportages du Canada atlantique. Mais sur les ondes de Radio- Canada Acadie, j'ai rarement vu des images provenant de Saint-Pierre-et- Miquelon 1ère, anciennement Radio France Outremer, RFO.

Mais les provinces de l'Atlantique, dont l'Acadie, sont les voisines de Saint-Pierre. Ils s'intéressent très fortement à ce qui s'y passe. Plus que l'inverse.

Le sénateur Robichaud : Mais y a-t-il un échange entre votre organisation communautaire à Terre-Neuve et Saint- Pierre?

M. Corbineau : On n'a pas encore commencé, mais il est vrai que cela a déjà été discuté avec des radios de là-bas et ils sont intéressés. Mais ils ont des problèmes de licence, tout comme pour le CRTC. Il faut du temps pour obtenir une licence d'émission au Canada. Ils ont l'équivalent avec l'administration française qui s'occupe de cela. Il y a toute cette administration à faire avant. Cela peut donc prendre des années. Mais ils ont un intérêt puisqu'on est revenu me parler de cela lors de mon voyage, il y a peu de temps.

Le sénateur Robichaud : Je vous remercie.

La présidente : Honorables sénateurs, la période des questions et réponses est terminée.

Au nom des membres du Comité sénatorial permanent des langues officielles, j'aimerais vous remercier pour votre présentation, madame Chartrand et monsieur Corbineau pour vos présentations ainsi que pour vos réponses aux nombreuses questions posées par les sénateurs.

Vous avez sûrement remarqué à quel point notre comité s'intéresse au sujet et veut arriver à faire des recommandations pour le bien des communautés de langue officielle francophones et acadienne du Canada.

Je vous félicite pour le travail que vous accomplissez, et au nom du comité, je vous remercie.

M. Corbineau : Merci beaucoup, madame la présidente, messieurs et mesdames les sénateurs.

La présidente : Je suspends la séance pour quelques instants et nous reprendrons ensuite à huis clos.

(La séance passe à huis clos.)


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