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AEFA - Comité permanent

Affaires étrangères et commerce international

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et du commerce international

Fascicule 20 - Témoignages du 3 décembre 2014


OTTAWA, le mercredi 3 décembre 2014

Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui à 16 h 17 pour étudier le potentiel d'accroissement du commerce et de l'investissement entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, y compris dans les secteurs de croissance clé des ressources, de la fabrication et des services; les mesures fédérales nécessaires à la réalisation des possibilités cernées dans ces secteurs clés; les possibilités d'intensifier la collaboration au niveau trilatéral.

La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd'hui pour étudier le potentiel d'accroissement du commerce et de l'investissement entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, y compris dans les secteurs de croissance clé des ressources, de la fabrication et des services; les mesures fédérales nécessaires à la réalisation des possibilités cernées dans ces secteurs clés; les possibilités d'intensifier la collaboration au niveau trilatéral.

Les témoins invités participeront à la séance par vidéoconférence à partir du Mexique où, j'en suis convaincue, il fait beaucoup plus chaud qu'ici, alors que nous sommes dans la neige. Accueillons Mme Chantal Ramsay, conseillère, Commerciale — Ontario, et représentante du gouvernement de l'Ontario au Mexique, ministère du Développement économique, de l'Emploi et de l'Infrastructure.

M. François Rivest, ministre-conseiller et délégué commercial principal, ambassade du Canada au Mexique, Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada.

Merci à vous deux d'avoir accepté notre invitation. Je vous demanderais de nous présenter vos exposés, après quoi nous passerons aux questions des membres. J'ignore lequel d'entre vous aimerait commencer.

Chantal Ramsay, conseillère (commerciale — Ontario) et représentante du gouvernement de l'Ontario au Mexique, ministère du Développement économique, de l'Emploi et de l'Infrastructure de l'Ontario : Je suis très heureuse d'être ici et de pouvoir m'adresser à ce noble groupe. Nous vous remercions beaucoup d'avoir invité l'honorable Brad Duguid, ministre du Développement économique, de l'Emploi et de l'Infrastructure. Bien qu'il aurait été ravi de venir témoigner devant le comité, j'en suis convaincue, tous au ministère ont convenu qu'il serait préférable d'envoyer quelqu'un ayant de l'expérience au Mexique, étant donné que c'est un des points d'intérêt de votre étude.

Puisque votre étude porte beaucoup sur l'entente tripartite, je vais vous fournir quelques détails au sujet des Centres de marketing à l'étranger de l'Ontario, dont celui du Mexique pour lequel je travaille.

Tous les centres sont en collocation avec une mission étrangère canadienne. Par conséquent, nous sommes présents dans des endroits stratégiques à l'étranger. En Amérique, nous avons des bureaux à Sao Paulo, à San Francisco, à New York et à Mexico.

Les centres de marketing internationaux mènent des activités liées aux principaux secteurs économiques prioritaires de l'Ontario. Ils ont pour mandat d'attirer des investissements étrangers directs en Ontario, de promouvoir et d'encourager l'exportation de produits et services de l'Ontario vers des marchés internationaux clés, comme le Mexique, et de rehausser le profil économique et novateur de l'Ontario à l'échelle mondiale.

Nous facilitons les partenariats pour la recherche et la mise en marché et offrons un soutien sur le terrain aux délégués des missions de promotion du commerce et de l'investissement ainsi qu'au premier ministre et au ministre lors de leurs déplacements à l'étranger.

Malheureusement, je n'ai pas eu l'honneur d'accueillir le ministre ou le premier ministre jusqu'à maintenant, mais je continue d'espérer. Il reste encore deux ans à mon mandat.

Chaque collocation est régie par un protocole d'entente conclue entre l'Ontario et le MAECD. À mon avis, il s'agit d'un très bon exemple de coopération fédérale-provinciale qui permet de réaliser des économies de coûts et de disposer de programmes très efficaces.

Les ressources offertes par le gouvernement fédéral m'aident énormément à faire mon travail. J'espère que lorsque mes collègues fédéraux voudront faire des affaires en Ontario et avec le gouvernement provincial, ils pourront avoir recours à mes ressources, en Ontario. J'ai la chance de travailler au ministère du Développement économique, dans toutes ces versions, depuis près de 30 ans et, avant cela, j'ai travaillé au gouvernement fédéral. J'ai des liens profonds en Ontario et je peux les mettre à la disposition de mes collègues fédéraux.

Cela permet aux deux ordres de gouvernement de faire des gains d'efficacité. Nous planifions et menons des missions ensemble; nous planifions nos activités ensemble, participons ensemble aux salons professionnels et exploitons ensemble des kiosques. La relation de travail entre le Mexique, le Canada et l'Ontario est extrêmement efficace.

Je reviendrai plus tard sur les projets que nous avons réalisés et les projets à venir au cours de la prochaine année, notamment dans le contexte important des Jeux panaméricains qui auront lieu à Toronto et du Sommet économique panaméricain qui les précédera. Ce sommet sera coanimé par Daniel Servitje, premier dirigeant de Grupo Bimbo, le plus récent investisseur d'importance au Canada. Nous sommes donc heureux de l'avoir dans notre équipe.

La présidente : Nous allons maintenant entendre notre prochain témoin.

François Rivest, ministre-conseiller et délégué commercial principal, ambassade du Canada au Mexique, Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada : Madame la présidente et honorables sénateurs, merci de nous avoir invités. C'est un honneur d'être ici. Je suis ministre-conseiller et délégué commercial principal à l'ambassade du Canada au Mexique. Comme vous le savez, le rôle du Service des délégués commerciaux consiste à épauler les sociétés canadiennes qui désirent faire des affaires à l'étranger et profiter des débouchés; à promouvoir l'investissement au Canada; à faciliter les partenariats en matière d'innovation; et à promouvoir les intérêts économiques du Canada à l'étranger.

Nous comptons sur une équipe de délégués commerciaux à l'ambassade de Mexico ainsi qu'au Consulat général du Canada, à Monterrey, et au Consulat du Canada, à Guadalajara. De plus, DEC a une équipe de cinq personnes au Mexique et les provinces de l'Alberta, de l'Ontario, du Manitoba et du Québec sont présentes au pays.

Notre sous-ministre adjoint, David Morrison, est déjà venu témoigner devant le comité. Je ne répéterai pas ce qu'il vous a dit lors de son témoignage.

Comme vous le savez, le Mexique est le troisième plus important partenaire commercial du Canada en ce qui concerne le commerce bilatéral de marchandises avec un commerce total de 32 milliards de dollars en 2013. Le Canada figure également au quatrième rang des plus importants investisseurs au Mexique avec des investissements cumulatifs de 17,5 milliards de dollars en 2013 et le Mexique est la deuxième destination touristique préférée des Canadiens avec 1,6 million de visiteurs en 2012.

On vous a déjà parlé de l'importance des investissements canadiens au Mexique et de leur croissance continue. Près de 200 mines au Mexique appartiennent à des sociétés canadiennes et sont exploitées par celles-ci. Selon l'ambassade, plus de 45 fournisseurs de produits de l'automobile, ainsi qu'une multitude d'usines et d'exploitation canadienne dans d'autres secteurs, y compris le secteur de l'aérospatiale, des biens de consommation, des produits pharmaceutiques, de la TIC et de l'énergie mènent des activités au Mexique. Sur le plan des services, un large éventail de sociétés canadiennes mène des activités dans le secteur de la TIC, de l'énergie, du tourisme, du transport et des services financiers.

Dans les services financiers, la Banque Scotia constitue un exemple de premier plan. Selon les données de la société, celle-ci a 816 succursales au Mexique.

Cependant, le Canada et les États-Unis ne sont pas les seuls pays à voir le Mexique comme un partenaire important en matière de commerce et d'investissement. Par exemple, dans le secteur de l'automobile, il ne reste plus que quelques fabricants automobiles à l'échelle mondiale qui n'ont pas au moins une usine au Mexique. Par conséquent, plus de 3 millions de véhicules légers ont été produits au Mexique en 2013 et, selon l'association mexicaine de l'automobile et le gouvernement du Mexique, cette production devrait atteindre 4,3 millions de voitures en 2019. Des fournisseurs canadiens de pièces automobiles de niveau 1, comme Magna et Linamar, ont suivi cette tendance et ouvert des usines au Mexique afin de s'intégrer à cette chaîne d'approvisionnement.

Le secteur de l'aérospatiale au Mexique en est un autre où il se fait beaucoup d'investissements. Selon la fédération aérospatiale du Mexique, au cours des cinq dernières années, le Mexique a été la destination de choix en matière d'investissement en aérospatiale à l'échelle mondiale. Ce n'est que récemment qu'il a été devancé à ce chapitre par les États-Unis.

Des sociétés de renommée mondiale dans le secteur de l'aérospatial, y compris Bombardier et Safran, sont très actives au Mexique.

Des investissements étrangers ont été annoncés récemment dans d'autres secteurs, notamment celui de la TIC, par des sociétés comme Huawei, de Chine, et Tech Mahindra, de l'Inde.

Des sociétés canadiennes profitent des succès du Mexique. Selon des responsables mexicains, pour chaque voiture produite au pays, 40 p. 100 du contenu est canadien ou américain.

Mais, les sociétés mexicaines cherchent également à investir à l'étranger. Habituellement, les investissements du Mexique aux États-Unis et en Amérique latine sont modestes, mais de plus en plus, certaines des grandes sociétés mexicaines s'intéressent aux marchés étrangers. Nous avons pu le constater un peu plus tôt cette année lorsque la société Grupo Bimbo s'est portée acquéreur de Canada Bread pour 1,8 milliard de dollars. Pourquoi le Mexique attire-t-il autant d'investisseurs étrangers? Grâce aux efforts du gouvernement de Peña Nieto, le Mexique est de plus en plus concurrentiel à l'échelle mondiale.

Le gouvernement de Peña Nieto a réalisé une série de réformes dont vous avez certainement entendu parler. Il a annoncé un projet d'infrastructure ambitieux de 600 milliards de dollars échelonnés sur les six prochaines années et principalement financé par l'entremise de partenariats publics-privés.

Selon le secrétariat économique du Mexique, tout comme le Canada, le Mexique a négocié de nombreuses ententes de libre-échange : il a négocié 10 ententes de libre-échange donnant accès à 45 pays. Comme le Canada, le Mexique est membre du PTP et de l'ALENA, ainsi que de l'Alliance du Pacifique en compagnie de la Colombie, du Chili et du Pérou. Le Mexique dispose d'une population active concurrentielle bien éduquée, productive et jeune avec un âge moyen de 27 ans. Il y a une vingtaine d'années, le coût de la main-d'œuvre au Mexique était deux fois plus élevé que celui de la Chine. Aujourd'hui, ce coût est 20 p. 100 moins élevé que celui de la Chine. La classe moyenne au Mexique continue d'augmenter et compte aujourd'hui 40 millions de personnes.

Le Mexique jouit d'un emplacement géographique enviable. Il s'agit d'un pays démocratique qui s'est doté de politiques fiscales et monétaires plutôt rigoureuses.

En terminant, en vertu de son emplacement géographique et de sa participation à l'ALENA, le Mexique est déjà un partenaire important pour le Canada. Ainsi, le Canada pourra aider le Mexique alors que celui-ci devient de plus en plus concurrentiel à l'échelle mondiale et pourra également profiter de cette croissance au cours des prochaines années. Merci beaucoup.

La présidente : Merci beaucoup de ces commentaires.

Avant de passer aux questions des membres, je tiens à informer le comité qu'en raison de ses nouvelles fonctions au Sénat, le sénateur Housakos ne peut plus participer à ce comité. Je lui enverrai une lettre, en votre nom, afin de le remercier de sa participation. J'aimerais souhaiter la bienvenue à la sénatrice Eaton qui prendra sa place au comité. Nous avons plusieurs études en cours, mais je suis convaincue que vous ne tarderez pas à rattraper le retard. Merci de vous être jointe à nous.

La sénatrice Johnson : Merci d'avoir accepté notre invitation. Ma question s'adresse aux deux témoins : depuis que des réformes ont été effectuées dans le secteur de l'énergie du Mexique, avez-vous remarqué une augmentation du nombre de sociétés canadiennes qui demandent de l'aide et qui découvrent des possibilités d'investissements locaux ou des projets?

Mme Ramsay : Je vais répondre d'abord et peut-être que François pourra compléter. Il y a certainement un intérêt continu à un point tel qu'au cours du prochain exercice, pour la première fois, l'Ontario mettra sur pied une mission au Canada et à étrangers dans le secteur du pétrole et du gaz. C'est nouveau pour l'Ontario.

Par contre, un des problèmes, c'est que le plus important événement du secteur au Mexique, le Congresso Mexicano del Petroleo, qui se déroule chaque année à Acapulco, coïncide avec le Global Petroleum Show. Nous tentons de trouver une façon de permettre aux sociétés ontariennes qui le désirent de participer aux deux événements, à Calgary et au Mexique.

Il y a eu une hausse. Mais, je crois aussi que les sociétés jouent de prudence. Les réformes sont adoptées lentement. Les premières informations n'ont été publiées qu'il y a quelques semaines. Donc, les gens découvrent quelles sont les possibilités, mais tout le monde est plus attentif.

M. Rivest : Si vous me le permettez, j'ajouterais qu'à la suite de l'adoption des réformes, des sociétés canadiennes se sont intéressées au marché mexicain et certaines sociétés qui ne font habituellement pas affaire au Mexique s'y rendent pour découvrir les possibilités qui existent. Certaines ont même vu leur soumission être retenue depuis l'adoption des réformes.

La société ATCO, de l'Alberta, un joueur important au Canada, en est un bel exemple. Les responsables de la société se sont rendus au Mexique en juillet dernier et ont déjà vu deux de leurs soumissions être retenues. L'annonce a été faite au cours des dernières semaines. Le plus important des deux marchés conclus est un partenariat de 800 millions de dollars avec une société locale pour la construction d'une centrale électrique au Mexique.

Il y en aura d'autres. Un nombre considérable de petites sociétés ont manifesté de l'intérêt et nous les aidons à tirer parti des possibilités qui existent au Mexique.

Malgré l'adoption de nouvelles lois, notamment, l'impact sur les marchés et dans le secteur se fait sentir de façon progressive. Mais, il y a déjà des histoires à succès. Aussi, il n'est pas toujours question de vendre des produits ou des services; il s'agit aussi d'aider les sociétés à développer leurs compétences. Par conséquent, plusieurs prévoient qu'elles auront des besoins importants en matière de formation pour leur personnel. Des établissements d'enseignement canadien offrent déjà des services au Mexique et le Mexique s'est déjà rendu au Canada, à Calgary et en Saskatchewan, à la recherche de partenaires pour développer les compétences recherchées.

Par exemple, l'Université de Calgary est un joueur important au Mexique. Avant l'adoption des réformes, le secteur mexicain de l'énergie suscitait déjà beaucoup d'intérêt. Plusieurs sociétés canadiennes fournissaient des produits et services à la société Pemex, mais maintenant, les choses ont changé, puisque Pemex n'a plus le monopole.

Mme Ramsay : D'ailleurs, Pemex et la réforme en matière de pétrole et de gaz constituent des problèmes de taille, mais le Mexique a fixé des cibles renouvelables très agressives et inattendues en matière d'énergie. Nous croyons également qu'il y a des occasions d'affaires pour les sociétés canadiennes et ontariennes, notamment dans le secteur de l'énergie verte. Nous travaillons actuellement avec plusieurs sociétés canadiennes et ontariennes dans le secteur de l'énergie solaire, au Mexique.

La sénatrice Johnson : Parlons maintenant du Mexique. Récemment, le gouvernement a annoncé l'annulation d'un marché conclu avec des sociétés chinoises pour la construction d'un train à grande vitesse sur une distance de 217 km, un projet qui avait été annoncé en grande pompe. Plusieurs critiques selon lesquelles le processus d'appel d'offres était « opaque » ont été soulevées. Selon vous, qu'est-ce qui assure les sociétés canadiennes que les processus d'appel d'offres publiques à venir seront plus ouverts et transparents afin de permettre à des sociétés comme Bombardier d'y participer?

M. Rivest : Je crois que le président mexicain sait très bien que l'attribution des contrats et la gestion du processus d'appel d'offres doivent se faire de manière transparente et juste. Il a annulé ce contrat en raison des critiques perçues — et je dis bien perçues — dans les médias sur le déroulement du processus. Bombardier et de nombreuses autres sociétés ont décidé de ne pas faire de soumission, car le délai était trop court. Maintenant, le délai pour présenter une soumission sera plus long, ce qui devrait permettre à d'autres sociétés de participer au processus d'appel d'offres.

Bombardier est un joueur important dans le marché mexicain. La société s'intéresse à plusieurs projets et le président du Mexique sait que le processus doit être transparent. Il a décidé d'annuler les contrats pour ce projet de train en raison des critiques perçues du public. Tous les contrats sont attribués à la suite d'un processus d'appel d'offres considéré comme étant plutôt transparent.

Le sénateur Dawson : Pemex constitue peut-être un problème de taille, mais compte tenu de l'effet du visa obligatoire sur les efforts déployés pour faciliter la collaboration entre les gens d'affaires de l'Ontario et le Mexique, espérez-vous pouvoir faciliter l'accès au cours des prochains mois? Je sais que si Bombardier entend s'attaquer au marché en croissance du Mexique, c'est quelque chose qui constituait un handicap par le passé.

Comme j'ai votre attention, je vous poserais également la question suivante : vous semblez bien maîtriser l'angle Ontario-Ottawa. Je m'interroge au sujet de la relation avec le troisième côté du triangle infernal au centre du Canada. Comment se porte votre relation avec le bureau du Québec au Mexique? Comment travaillez-vous ensemble?

Mme Ramsay : Je serais enchantée de répondre en premier. À l'évidence, je pense que lorsque le gouvernement fédéral a initialement imposé le visa, il a agi par absolue nécessité en raison des problèmes qu'il éprouvait à l'époque avec le Mexique en raison de l'immigration illégale à grande échelle vers le Canada, d'autant plus qu'une partie des immigrants traversait ensuite la frontière nord pour passer aux États-Unis. Cette affaire a également préoccupé les États-Unis, car le visa a été imposé du jour au lendemain, dans le chaos. Je ne pense pas qu'on puisse décrire autrement la situation à l'époque. Personne n'était prêt.

C'est très malheureux. En raison des problèmes survenus à ce moment, les Mexicains ont encore l'impression que le processus est très complexe. Le ministre mexicain de l'Immigration consulaire nous a fait un bref exposé ici. Les instances fédérales envisagent d'offrir de nouveaux programmes et elles simplifient le processus. Pour les grandes entreprises dont les employés vont et viennent entre nos deux pays, des entreprises avec lesquelles l'Ontario travaille régulièrement, il existe des programmes très spécialisés pour faciliter le processus pour que les gens obtiennent leurs visas en l'espace de deux jours ouvrables.

Si nous sommes informés des initiatives à l'avance et que nous pouvons voir venir les choses dans nos relations d'affaires, nous pouvons normalement faire en sorte qu'elles fonctionnent. La population du Mexique a malheureusement encore l'impression que le processus est complexe. S'il n'en tenait qu'à moi, Chantal Ramsay, citoyenne de l'Ontario, je dirais que si nous envisageons de ne plus exiger de visas pour le Chili, nous aurions dû penser de le faire avant pour le Mexique, mais ce n'est que mon opinion.

Normalement, le processus fonctionne. Depuis que je suis ici, seuls un ou deux de mes collègues d'affaires mexicains ont vu leurs demandes de visa refusées. Ils sont venus me voir et nous avons réussi à leur faire obtenir un visa à la deuxième tentative.

En ce qui concerne la deuxième question, le bureau de l'Ontario entretien une relation de travail très chaleureuse avec la délégation du Québec au Mexique. Nous essayons de trouver des occasions de collaboration. Nos secteurs ne correspondent pas toujours, ce qui rend les choses peu plus difficiles. Mais comme je le fais avec les collègues fédéraux, nous tendons la main à la délégation du Québec dans le cadre d'un processus de planification d'affaires pour déterminer quand et où nous pouvons collaborer lors de missions et/ou d'activités.

Le sénateur Dawson : Avez-vous quelque chose à ajouter?

M. Rivest : J'ajouterais peut-être simplement que l'ambassade ou le gouvernement du Canada a pris des mesures pour faciliter le processus d'acquisition de visa. Par exemple, notre section des visas délivre maintenant par défaut des visas pour entrées multiples, ce qui permet aux Mexicains titulaires d'un visa du gouvernement du Canada d'entrer au pays aussi souvent que nécessaire pendant la période de validité du document, qui est la même que celle de leur passeport.

Nous avons instauré le Programme de traitement accéléré pour les gens d'affaires, qui permet aux entreprises qui y sont inscrites ou à leurs employés de demander un visa dans le cadre d'un processus simplifié et accéléré. Nous avons annoncé CAN+, qui permet aux Mexicains qui se sont rendus au Canada ou aux États-Unis avec un visa au cours des 10 dernières années d'obtenir un visa du Canada plus rapidement et plus facilement.

En ce qui concerne la deuxième question, nous collaborons très étroitement avec les provinces représentées ici, comme je l'ai indiqué précédemment. Bien entendu, nous aidons aussi les entreprises d'autres provinces, mais nous travaillons en très étroite collaboration avec la délégation du Québec. Cette dernière se trouve dans un autre édifice situé à proximité. Nous tenons régulièrement des réunions pour échanger de l'information. Nous faisons ensemble des séances de planification, et ce, à tous les échelons, qu'il s'agisse de l'ambassadeur, du délégué général, de moi à titre de chef de la section économique ou de chaque agent.

Quand il y a une mission ou une activité, ou quand une entreprise québécoise présente une demande de service, par exemple, nous travaillons ensemble pour aider ces entreprises.

[Français]

Le sénateur Dawson : Je sais que Mme Marois est allée vous visiter, il y a un peu plus d'un an. Avez-vous des exemples des retombées positives liées à cette visite?

M. Rivest : Je n'étais pas ici à ce moment-là, mais on en a parlé beaucoup avec les membres de la délégation du Québec. Ils étaient très satisfaits de la visite. Cette visite a renforcé les liens avec le gouvernement mexicain, avec l'État de Jalisco, avec la ville de Guadalajara, et a permis de relever le profil de la province de Québec. Ils ont une collaboration très étroite dans plusieurs secteurs avec le Mexique au niveau fédéral, mais aussi au niveau de certains États. Ce que j'ai entendu — encore une fois, je n'y étais pas —, c'est qu'ils étaient très satisfaits de la délégation du Québec et de l'aide qu'on leur a apportée.

La sénatrice Fortin-Duplessis : Madame Ramsay, monsieur Rivest, je vous remercie de vos présentations.

Madame Ramsay, vous travaillez dans le domaine du développement économique pour le gouvernement de l'Ontario depuis 1986. Vous êtes maintenant à la tête du bureau de l'Ontario au Mexique. Vous avez également servi comme consule aux affaires économiques pour le gouvernement de l'Ontario à Los Angeles, en Californie.

Voici ma question : pour augmenter le commerce et les investissements entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, dans quelle mesure, selon vous, faudrait-il promouvoir notre représentation officielle au Mexique et aux États-Unis?

Mme Ramsay : Si je peux, je vais répondre en anglais, s'il vous plaît.

[Traduction]

Pour mettre les choses au clair concernant ma réponse, je ne suis pas certaine d'être celle qui devrait répondre au sujet de la manière dont le Canada pourrait accroître sa représentation aux États-Unis et au Mexique. Je pense certainement que le fait que l'Ontario soit représenté à San Francisco, à New York et au Mexique en dit long sur notre intérêt à l'égard de ces marchés et sur la manière dont nous collaborons avec le gouvernement fédéral.

À titre de représentante de l'Ontario, je dirais que le fait d'avoir davantage de visites de délégations de haut niveau aide énormément sur le plan des affaires. En ce qui concerne l'Ontario — et dans le cas présent, je ne parlerai pas pour le gouvernement fédéral, mais à titre de représentante au Mexique et pas au nom de mon ministre, qui a peut-être quelque chose à dire à ce sujet —, je considère qu'on n'accorde pas autant de temps qu'on le pourrait ou qu'on le devrait à la relation entre l'Ontario et le Mexique en ce qui concerne les visites de délégations de haut niveau.

J'ai certainement accueilli de telles délégations quand j'étais en poste en Californie. Tout le monde, que ce soit le Canada, le Mexique ou l'Ontario, a été pris de court par l'amour que le monde porte à l'Inde, à la Chine et au Brésil. Il est très difficile de faire venir le genre de délégations de haut niveau dont nous avons selon moi besoin au Mexique quand nous subissons la concurrence de l'Inde, de la Chine et du Brésil.

J'ignore si cela répond à votre question.

[Français]

La sénatrice Fortin-Duplessis : Je vous posais la question, parce que, en plus des délégations de haut niveau qui seraient très importantes, avez-vous constaté, vous-même ou le gouvernement de l'Ontario, s'il y avait assez de bureaux avec lesquels les Ontariens peuvent faire affaire lorsqu'ils se rendent aux États-Unis et au Mexique?

Je sais que c'est délicat pour vous, parce que vous avez dit que c'est le ministre qui pourrait répondre à cette question. En plus des délégations, quel type de représentation serait le plus avantageux? Et selon vous, en ce qui concerne l'Ontario, quels sont les endroits où il faudrait augmenter la représentation officielle?

[Traduction]

Mme Ramsay : Quand nous décidons d'ouvrir un bureau quelque part, nous examinons la situation précisément du point de vue du commerce et de l'investissement. Si nous sommes en Californie, c'est en raison de la taille de ce marché et des liens qu'a l'Ontario avec cet État dans le domaine du commerce et de l'investissement. Dans le cas de New York, c'est en raison de l'importance des services financiers, du marché obligataire et de la relation qu'a l'Ontario avec cette ville sur les plans du commerce et de l'investissement. Pour ce qui est du Mexique, c'est parce qu'il s'agit d'un important marché commercial. Je ne pense donc pas que du point de vue de l'Ontario, il y ait un autre marché où je proposerais au gouvernement de l'Ontario d'établir un marché actuellement.

Ici encore, les secteurs ont quelque chose à y voir, mais il faudrait peut-être que l'Ontario envisage d'affecter un représentant au consulat général de Monterrey, où il n'y en a pas à l'heure actuelle. C'est le genre de relation que nous avons avec l'Inde, par exemple, où le centre de marketing international de l'Ontario, situé à New Delhi, est dirigé par un agent canadien et doté d'employés engagés sur place. Nous avons également affecté un agent du commerce et de l'investissement principal à Bangalore.

L'Ontario aurait avantage à envisager de faire la même chose à Monterrey. On ne m'a pas demandé de le suggérer, mais je suis ravie de le proposer au comité.

[Français]

La sénatrice Fortin-Duplessis : Mon autre question s'adresse à monsieur Rivest.

En octobre 2013, des organisations de gens d'affaires du Canada, des États-Unis et du Mexique ont soutenu que nos gouvernements respectifs pourraient en faire davantage pour créer un espace économique nord-américain plus intégré et plus concurrentiel. Selon vous, y a-t-il des avenues non explorées, jusqu'à maintenant, qui favoriseraient une meilleure compréhension mutuelle et qui contribueraient à briser les barrières culturelles?

M. Rivest : En ce qui concerne les barrières culturelles, nous avons beaucoup d'affinités avec le Mexique. Il y a des différences, bien entendu, mais lorsqu'on compare avec d'autres pays où on fait des affaires, l'un des avantages du Mexique, c'est qu'il y a tout de même une affinité culturelle. Il y a un intérêt, aussi, de la part des deux pays d'un point de vue culturel.

Je parlais plus tôt de la province de Québec, mais il y a aussi intérêt à faire des affaires dans le domaine de la culture avec les autres provinces. J'ai mentionné que le Québec, en particulier, a assez bien développé ce domaine avec le Mexique.

Depuis que le secteur privé des trois pays s'est prononcé à ce sujet en octobre 2013, beaucoup de choses ont été réalisées. Il y a eu le Sommet des leaders nord-américains, qui a eu lieu à Toluca, en 2014. Le premier ministre Harper y était présent, ainsi que le président Obama et le président Peña Nieto. Ils y ont fait une déclaration commune qui annonçait des engagements dans de nombreux secteurs comme ceux de la sécurité, du commerce, de l'éducation et du mouvement des personnes, et dans le cadre de laquelle les leaders ont demandé que les ministères responsables des trois pays travaillent pour faire progresser les engagements qui ont été pris par les leaders au cours de ce sommet.

Il y a eu aussi l'élaboration d'un plan nord-américain de compétitivité, qui a été annoncé lorsque le ministre du Commerce international, M. Fast, a visité ses homologues à Santiago, en 2013. Il s'agit d'une série d'engagements qui visent à trilatéraliser la collaboration bilatérale actuelle et à réduire les barrières dans plusieurs domaines. Ce sont deux exemples d'engagements pris au plus haut niveau pour réduire les barrières et augmenter la compétitivité, entre autres, de l'Amérique du Nord.

Il y a aussi le partenariat Canada-Mexique, qui a célébré son dixième anniversaire cette année. La dernière réunion s'est tenue à Calgary, où de nombreux engagements ont été pris dans différents secteurs pour améliorer la collaboration.

Donc, effectivement, il y a beaucoup de choses à faire, mais on a fait du progrès, et c'est assez positif. Le Mexique, selon certains experts, sera la cinquième économie au monde en 2050, et il ne faut pas laisser tomber l'occasion de s'engager avec le Mexique.

[Traduction]

Mme Ramsay : J'ajouterai qu'il se trouve au Texas une organisation du secteur privé fort active du nom de North American Strategy for Competitiveness, ou NASCO, qui se penche sur divers obstacles, notamment dans la chaîne d'approvisionnement. Elle a tenu sa dernière conférence au Mexique en 2014, et ces conférences vont de pays en pays. La prochaine aura lieu à Windsor en 2015. Les États-Unis portent une attention aiguë à cette organisation, et le degré de participation des ministères fédéraux américains à la conférence du Mexique a été très élevé. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de la participation des représentants du gouvernement canadien.

Nous nous faisons du tort en ne portant pas attention aux organisations du secteur privé qui s'emploient elles aussi à faciliter le commerce et l'investissement et à abattre les obstacles, et j'espère que la participation du Canada sera importante lorsque la conférence aura lieu à Windsor.

La présidente : J'ai quelques questions. Nous nous intéressons aux accords trilatéraux entre les États-Unis, le Canada et le Mexique; nous examinons donc les choses du point de vue bilatéral et trilatéral. Avec la libéralisation au Mexique et la modification des lois, tout le monde nous affirme qu'il y a davantage d'occasions. Les États-Unis commencent-ils à porter autant attention que nous à ce pays? Pourriez-vous nous dire où se présentent des occasions d'agir de façon trilatérale?

M. Rivest : Merci beaucoup de ces deux questions. Oui, les États-Unis s'intéressent grandement au Mexique. Vous aurez peut-être vu qu'on s'inquiète, dans les médias, du fait que les États-Unis portent de plus en plus d'attention au Mexique au détriment du Canada. Il ne m'appartient pas de dire si c'est le cas ou non, mais il y a certainement un regain d'intérêt. Le président Obama a entamé un dialogue économique de haut niveau avec le Mexique. On assiste actuellement à des échanges et à des visites entre les deux pays. Le Mexique est très important pour les États-Unis au chapitre du commerce, mais aussi de la sécurité et de l'immigration. Vous savez que le président Obama a fait une annonce récemment au sujet de l'immigration, et cette démarche découle dans une certaine mesure de l'intérêt des États-Unis à faciliter ou à normaliser les choses avec le Mexique.

Je ne suis pas expert en la matière, mais c'est peut-être un signe dénotant un regain d'intérêt des États-Unis à l'égard du Mexique. Oui, ils sont fort intéressés à faire affaire avec le Mexique.

Quelle était donc votre deuxième question?

Mme Ramsay : Les occasions de trilatérisme.

M. Rivest : Oui, des engagements ont été pris dans les deux initiatives dont j'ai parlé en répondant à une question précédente, soit le Sommet des leaders nord-américains et le Plan de travail sur la compétitivité nord-américaine. À l'occasion du Sommet des leaders nord-américains, les trois chefs d'État ont fait une déclaration commune comprenant une série d'engagements pour agir de façon trilatérale dans bien des domaines, notamment pour la collaboration en matière de réglementation, la sécurité, le commerce et l'investissement, l'éducation, la circulation transfrontalière, et cetera.

La liste des occasions d'agir de façon trilatérale est longue. Pour ce qui est de savoir si nous devrions le faire ou non, c'est une autre histoire, mais les leaders se sont engagés à agir de façon trilatérale dans de nombreux domaines.

La présidente : Vous dites « si nous devrions le faire ou non ». Quels aspects négatifs y aurait-il, selon vous?

M. Rivest : Dans certains domaines plus difficiles que d'autres, il ne serait pas possible d'agir de façon trilatérale à court terme.

La présidente : Avez-vous un exemple? Si c'est une question trop politique, vous n'êtes pas obligé d'y répondre.

M. Rivest : Je ne suis pas certain de pouvoir m'aventurer trop loin dans cette voie.

La présidente : Le ministre, M. Fast, a témoigné devant nous à un autre titre et a parlé du Plan d'action sur les marchés mondiaux et de la stratégie du gouvernement pour adopter le marketing lié au commerce, un nouveau domaine dans bien des pays. En quoi cela touchera-t-il le Mexique et nos relations avec ce pays? Avez-vous reçu d'autres consignes à ce sujet? Avez-vous réfléchi à la manière dont vous pourriez intégrer cela différemment pour optimiser nos bénéfices au Mexique?

M. Rivest : Oui. Le Mexique est un marché prioritaire dans le Plan d'action sur les marchés mondiaux et la Stratégie en matière d'éducation internationale du Canada. L'ambassade et les deux consulats de Monterrey et de Guadalajara travaillent ensemble pour veiller à ce que nos activités et nos priorités au Mexique cadrent avec le plan.

Par exemple, nous harmonisons nos secteurs prioritaires avec ceux du plan et nous utilisons les outils et les stratégies qu'il comprend. Nous faisons en outre un usage accru des médias sociaux, de nouvelles méthodes encouragées par nos ministres et nos ministères.

La présidente : Madame Ramsay, j'avais une question pour vous, mais vous y avez répondu avant que je n'y arrive. Je serais encline à convenir avec vous que les provinces se font pratiquement concurrence ou se précipitent, parfois ensemble, pour faire affaire avec l'Inde, la Chine, le Brésil et même, à un moment, la Russie.

Dans le cadre de notre étude, nous nous demanderons notamment si nous devons approfondir nos relations sur notre continent avant d'aller voir ailleurs et comment nous pouvons concilier tous ces besoins et ces intérêts concurrents. Je vous remercie de nous avoir expliqué ce qu'il en est du point de vue provincial, car jusqu'à présent, nous avions examiné la question du point de vue fédéral.

La sénatrice Ataullahjan : Vous avez déjà abordé l'objet de ma question. J'allais vous interroger sur nos engagements en matière d'éducation. Vous avez parlé de la stratégie sur l'éducation. J'ignore si vous voulez nous en dire davantage sur les engagements pris à cet égard.

M. Rivest : Oui. Merci de me poser la question. Ici encore, le Mexique est une priorité dans la Stratégie en matière d'éducation internationale, dont le but consiste notamment à accroître le nombre d'étudiants étrangers au Canada. Nous avons un programme d'éducation au Mexique et dans les deux consulats afin de faire la promotion de l'éducation au Canada et de favoriser les liens entre les établissements d'éducation et nos deux pays, ainsi que les échanges de professeurs.

Ce programme est en cours et le potentiel est énorme au Mexique. Je n'ai pas le chiffre exact, mais je crois comprendre que 8 à 12 000 étudiants mexicains étudient au Canada. En comparaison, il y a au pays quelque 80 000 étudiants chinois, selon le dernier chiffre que j'ai vu. Le Mexique comprend un énorme bassin d'étudiants qui pourraient être intéressés à étudier au Canada.

Comme vous le savez, une fois que ces étudiants ont étudié un an ou plus au Canada, ils deviennent de précieux porte-parole et alliés pour le Canada quand ils retournent au Mexique.

Mme Ramsay : J'ajouterai simplement que l'Ontario a collaboré avec ses collègues fédéraux dans le domaine de l'éducation. Chaque février, le gouvernement fédéral tient au Mexique un salon Imagine qui attire les foules. Je pense que le salon connaîtra un succès sans précédent cette année. Pour ce qui est de l'intérêt démontré par les établissements canadiens, bien plus que la moitié de ceux qui ont participé sont de l'Ontario.

Je pense que comme l'a brièvement fait remarquer M. Rivest, il y a aussi des occasions de formation. J'espère recevoir très bientôt une annonce officielle au sujet de la conclusion d'un important contrat de formation par un collège ontarien au Mexique dans le secteur des outils, des matrices et des moules. Comme c'est le cas dans le secteur du pétrole et du gaz, le Mexique est prospère dans ce domaine en raison du secteur automobile qui y est florissant. Le secteur minier offre également d'incroyables occasions aux établissements canadiens de donner de la formation au Mexique, compte tenu de notre savoir-faire.

M. Rivest : En outre, le secteur de l'énergie connaît des pénuries de main-d'œuvre en raison des réformes. De telles pénuries sévissent également dans les secteurs de l'automobile et de l'aérospatiale. Le Mexique cherche à pallier ces pénuries, et c'est là une occasion que peuvent saisir les établissements d'éducation du Canada, qu'il s'agisse de collèges ou d'universités.

Mme Ramsay : Absolument.

Le sénateur Dawson : Pour ce qui est de déterminer à quels marchés il faut s'attaquer, le gouvernement est parfois celui qui mène au chapitre de l'investissement étranger, mais parfois, c'est lui qui suit. La question suivante s'adresse en particulier à M. Rivest : quand un groupe comme le Cirque du Soleil a déjà investi des millions de dollars dans un spectacle au Mexique et a maintenant annoncé, il y a deux ou trois semaines, qu'il effectuera un deuxième investissement dans un groupe mexicain, il est parfois important de suivre le mouvement.

[Français]

Si le Cirque du Soleil a décidé que le marché mexicain représentait une opportunité d'investissements, je me demande si, dans ce cas, dans le cadre de notre étude, nous devrions nous pencher sur la nécessité de soutenir des groupes québécois et canadiens qui investissent, s'ils ont choisi le Mexique parmi leurs priorités, et si nous devrions les précéder ou, parfois, les suivre?

M. Rivest : Oui, effectivement, le Cirque du Soleil a investi beaucoup au Mexique. Il y a aussi d'autres groupes, comme Cavalia, qui sont ici en ce moment, et qui iront au Mexique dans les prochaines semaines. Je ne suis pas certain de bien comprendre votre question. Il est certain que ce secteur a beaucoup de potentiel au Mexique; le Cirque du Soleil s'en est rendu compte, et Cavalia aussi.

D'autres groupes vont au Mexique pour profiter du marché. Il y a beaucoup d'investissements dans le secteur touristique en raison des 1,6 million de Canadiens qui viennent au Mexique, ainsi que d'autres touristes. Le tourisme est en grande croissance au Mexique, qui est en train de développer la côte Atlantique et la côte Pacifique. Il y a le tourisme médical et historique, et le tourisme d'aventures qu'on commence à peine à connaître et qui offre beaucoup de possibilités pour les entreprises canadiennes. En plus du Cirque du Soleil, il y a des hôtels canadiens, des compagnies aériennes, évidemment, qui ont beaucoup de succès au Mexique, des agences de voyages ainsi que des restaurants. Il a beaucoup de potentiel. Les compagnies qui en perçoivent le potentiel ont du succès. Le problème, c'est plutôt qu'il y a encore un manque de compréhension face au Mexique parmi les entrepreneurs au Canada. Je généralise, évidemment, parce qu'il y en a déjà beaucoup aussi.

Le sénateur Dawson : Mon commentaire visait surtout à faire ressortir l'idée que, si les investissements privés ont la sagesse de concentrer leurs efforts au Mexique, peut-être que, dans l'élaboration de notre rapport, nous devrions nous en inspirer : parfois, nous devons être en avant de la parade. Ainsi, nous pourrions nous inspirer du fait que l'investisseur privé perçoit le Mexique comme une source d'opportunités pour nous présenter comme un partenaire et pour faire comprendre aux Canadiens qu'il y a des opportunités au Mexique. Le gouvernement, notre rapport et les recommandations qui suivront devraient appuyer ce réflexe d'investissements au Mexique.

Mme Ramsay a parlé plus tôt de l'Inde, de la Chine, et nous avons un voisin, pas trop loin, qui est peut-être plus facile à atteindre pour nos 1,6 million de touristes.

Madame la présidente, pour nous, l'étude vise à faire comprendre au gouvernement où sont les opportunités. Des gens du secteur privé sont en mesure de calculer que le Mexique est une opportunité. Si des Canadiens peuvent déterminer que le Mexique est une opportunité, nous devrions les soutenir.

[Traduction]

La présidente : Merci beaucoup d'avoir comparu cet après-midi. Vous nous êtes d'une aide inestimable. Nous avons entendu de nombreux universitaires et membres du personnel politique. Il est bon de connaître l'avis de ceux qui appliquent les politiques et représentent le Canada à l'étranger. Nous vous remercions du travail que vous accomplissez au nom du Canada, particulièrement Mme Ramsay, de l'Ontario.

Vos observations nous ont été très utiles. J'espère que certaines d'entre elles figureront dans notre rapport.

Honorables sénateurs, nous allons lever la séance et reprendre nos travaux demain à 10 h 30. Comme nous recevrons un seul groupe de témoins, je m'attends à ce que la séance dure environ une heure. Vous pouvez évaluer votre temps en conséquence. La séance est maintenant levée.

(La séance est levée.)


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