Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles
Fascicule 11 - Témoignages du 30 mars 2015
OTTAWA, le lundi 30 mars 2015
Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 17 h 2, pour poursuivre son étude des meilleures pratiques en matière de politique linguistique et d'apprentissage d'une langue seconde dans un contexte de dualité ou de pluralité linguistique.
La sénatrice Claudette Tardif (présidente) occupe le fauteuil.
[Français]
La présidente : Honorables sénateurs, je déclare cette séance du Comité sénatorial permanent des langues officielles ouverte. Je m'appelle Claudette Tardif, sénatrice de l'Alberta, et je suis la présidente de ce comité. Je demanderais aux sénateurs de se présenter, en commençant à ma gauche.
La sénatrice Poirier : Rose-May Poirier, de la province du Nouveau-Brunswick.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Suzanne Fortin-Duplessis, de la ville de Québec. Soyez les bienvenus.
Le sénateur Maltais : Ghislain Maltais, du Québec. Bienvenue.
Le sénateur McIntyre : Sénateur Paul McIntyre, de la province du Nouveau-Brunswick.
La sénatrice Charette-Poulin : Je suis Marie Poulin, du Nord de l'Ontario.
La sénatrice Chaput : Je suis Maria Chaput, du Manitoba. Bonsoir.
La présidente : Au cours de cette 41e législature, les membres du comité examinent les politiques linguistiques et l'apprentissage d'une langue seconde dans un contexte de dualité ou de pluralité linguistique. Le but de cette étude est d'examiner les politiques existantes, les défis et les bonnes pratiques qui favorisent l'apprentissage d'une deuxième langue dans les pays où il y a deux ou plusieurs langues officielles. Le comité, dans le cadre de son étude, examine à la fois la perspective canadienne et la perspective internationale.
Aujourd'hui, nous recevons deux groupes de témoins qui ont accepté notre invitation à comparaître devant le comité.
Le sénateur Maltais : Madame la présidente, avant que vous présentiez les témoins, j'aurais une question de règlement.
Je suis tombé sur un communiqué de presse dans lequel les ministres des Affaires francophones du Québec et de l'Ontario disent avoir rencontré le Comité sénatorial permanent des langues officielles le 2 février.
Ou bien je n'y étais pas, ou bien je ne m'en souviens pas; pourtant, je n'ai pas manqué de réunions. Mon collègue ici n'est pas au courant. Est-ce qu'ils nous ont rencontrés ou pas?
La présidente : Ils n'ont pas rencontré le Comité sénatorial permanent des langues officielles de façon officielle. C'est une erreur.
Le sénateur Maltais : Alors ce communiqué est faux.
La présidente : C'est une erreur, évidemment.
Le sénateur Maltais : Il faudrait émettre...
La présidente : Je cite le passage du communiqué : « C'est dans cet esprit que les deux ministres ont rencontré le Comité sénatorial permanent des langues officielles, ce matin. »
C'est une erreur. Ils n'ont pas rencontré l'ensemble des membres du Comité sénatorial permanent des langues officielles.
Le sénateur Maltais : En fin de semaine, j'ai rencontré un ministre du Québec. Il m'a dit : « Vous êtes chanceux, vous avez rencontré le ministre des Affaires de la francophonie au Québec sur les langues officielles.
Cela m'a surpris. J'ai vérifié le communiqué de presse. Or, personne ici ne se souvient d'avoir rencontré ce ministre.
La présidente : Sénateur, j'ai rencontré personnellement le ministre des Affaires interprovinciales du Québec par rapport à Radio-Canada. Il avait demandé à me rencontrer, mais cela ne s'est pas déroulé de façon officielle.
Le sénateur Maltais : Il va falloir publier un communiqué de presse pour corriger cela dans les plus brefs délais.
La présidente : Tout à fait.
Le sénateur Maltais : Un communiqué de presse s'adressant aux gouvernements du Québec et de l'Ontario et aux membres du comité. On passe pour des gens qui n'ont pas été présents au comité.
La présidente : J'en prends note, et nous allons faire le suivi nécessaire, sénateur.
Le sénateur Maltais : Merci, madame la présidente. C'était ma petite question.
La présidente : Nous sommes heureux de recevoir Pascal Arseneau, directeur principal du marketing, Groupe Média TFO, et Julie Caron, directrice, TFO Éducation, également du Groupe Média TFO.
TFO est une chaîne de télévision éducative et culturelle en français offerte partout en Ontario, ainsi que dans certaines régions du Québec, du Nouveau-Brunswick et du Manitoba. Nous commencerons avec une courte vidéo, et ensuite nous entendrons M. Arseneau et Mme Caron.
[Présentation d'une courte vidéo.]
Pascal Arseneau, directeur principal marketing, Groupe Média TFO : La Tablette de Champlain, dont vous venez de voir une promo, est un exemple du potentiel des nouveaux médias lorsqu'il s'agit de livrer des contenus éducatifs dans une formule moderne et selon un mode de communication que les Canadiens utilisent aujourd'hui. Imaginez une application numérique comme la Tablette de Champlain sur votre tablette ou votre iPad. En plus d'avoir accès à du contenu historique présenté sous forme de texte et de vidéo, vous pouvez avoir accès au journal de bord de Samuel de Champlain, à son compte Twitter, à son carnet d'adresses électroniques, à ses courriels, à son album de photos numérique, et cetera.
Ce projet éducatif novateur est l'une des contributions du Groupe Média TFO aux célébrations du 400e anniversaire de présence francophone en Ontario, que nous fêtons cette année. Nous sommes très honorés d'avoir été invités à comparaître devant le Comité sénatorial permanent des langues officielles. Nous allons vous présenter l'expérience du Groupe Média TFO, une agence publique financée par le ministère de l'Éducation de l'Ontario.
Bien qu'un service de télévision éducative française existe en Ontario depuis près de 30 ans, TFO s'est complètement transformée au cours des quatre dernières années. Nous devions le faire afin de mieux répondre aux besoins de l'auditoire composé notamment de jeunes de 2 à 12 ans.
Comme vous le savez, les consommateurs ont transformé leurs habitudes de consommation des médias au cours des dernières années, et ce, à un rythme jamais vu auparavant. On regarde maintenant du contenu vidéo partout et en tout temps, et pas seulement à la télévision. Depuis ce virage, nous avons constaté une croissance accélérée de la consommation du contenu de TFO, qu'il s'agisse de nos cotes d'écoute, de la portée de nos médias sociaux, de notre présence dans le domaine du mobile ou de notre offre numérique.
À titre d'exemple, à la télé, les cotes d'écoute de TFO ont connu une croissance de 240 p. 100 au cours des deux dernières années, alors que pendant cette même période, l'industrie en Amérique du Nord a connu une diminution de 10 p. 100 des cotes d'écoute.
Sur les médias sociaux, nous avons atteint 70 millions de visionnements sur nos plateformes YouTube, essentiellement en ce qui concerne nos contenus éducatifs Mini TFO pour les tout-petits de 2 à 6 ans. Ceci fait de TFO la première chaîne YouTube au Canada s'adressant aux enfants d'âge préscolaire, et ce, toutes langues confondues.
En plus d'une chaîne télé, nous exploitons plus de 200 sites web, une trentaine d'applications numériques et 14 plateformes sur les médias sociaux.
TFO est aujourd'hui le seul producteur et diffuseur public de contenu éducatif en milieu minoritaire, et ce, non seulement au Canada, mais, à notre connaissance, partout dans le monde.
Aujourd'hui, nous vous présentons plus particulièrement TFO Éducation, notre service spécialement destiné au milieu scolaire qui offre, par l'intermédiaire de son site web, 7 000 ressources pédagogiques à plus de 30 000 enseignants et 2 millions d'élèves des écoles de langues française et anglaise aux quatre coins du Canada.
J'invite ma collègue Julie Caron, directrice de TFO Éducation, à vous en parler davantage, mais, tout d'abord, je vous présente une autre vidéo.
[Présentation d'une courte vidéo.]
Julie Caron, directrice, TFO Éducation, Groupe Média TFO : Bonjour. Je dirais d'abord que le succès de notre franchise TFO Éducation repose sur notre capacité à appuyer les enseignants et les élèves dans le développement des compétences nécessaires à l'apprentissage au XXIe siècle. Il s'agit des compétences essentielles telles que la collaboration, la créativité, le sens critique et la communication.
Grâce à notre site web TFO Éducation, les enseignants, les élèves, les parents et nos partenaires communautaires ont accès à des ressources pédagogiques en ligne de qualité, en français, alignées sur les programmes et les priorités des ministères de l'Éducation au Canada.
Conçue pour répondre aux besoins spécifiques des éducateurs canadiens, la plateforme web TFO Éducation leur offre un espace de travail et d'échange avec leurs collègues et leurs élèves. De plus, les contenus riches et authentiques de TFO Éducation appuient les enseignants dans la réalisation d'activités pédagogiques qui sont engageantes et dynamiques pour les élèves et qui abordent des sujets importants et actuels.
TFO Éducation, en chiffres, représente plus de 7 000 ressources éducatives, des vidéos, des sites web, des jeux, des applications, des guides pédagogiques, et cetera. Elle représente aussi 72 conseils scolaires abonnés en Ontario, c'est-à- dire tous les conseils scolaires de langue française et de langue anglaise, les conseils scolaires de langue anglaise étant abonnés pour les élèves inscrits aux programmes de français langue seconde (French Immersion/Extended French).
On compte également 63 conseils scolaires abonnés hors Ontario, y compris la Colombie-Britannique, l'Alberta, et la Nouvelle-Écosse. Nous soulignons aussi que depuis 2010, TFO est désigné fournisseur officiel de ressources éducatives pour tous les conseils scolaires du Manitoba.
Bien que notre offre soit destinée, à l'origine, au milieu de l'éducation en français langue première, TFO Éducation a toujours suscité un vif intérêt de la part des communautés de l'enseignement du français langue seconde.
En août 2014, une évolution importante nous a permis de franchir un nouveau pas dans cette direction, dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de l'Éducation de l'Ontario, pour offrir l'accès à nos services à tous les conseils scolaires de langue anglaise de l'Ontario.
Cette entente nous a d'ailleurs permis de développer une nouvelle fonction qui permet aux enseignants de chercher des ressources selon le niveau de langue seconde orienté sur le Cadre européen commun de référence pour l'apprentissage des langues secondes — le CECR. Cette évolution nous permet d'envisager un avenir riche en relation avec tous les francophiles du monde.
Finalement, signe d'un engouement pour le fait français au Canada et pour le contenu éducatif numérique en ligne, la fréquentation de notre site web TFO Éducation ne cesse de progresser depuis la création de celui-ci. À titre d'exemple, dans un sondage réalisé auprès de 1 200 répondants, principalement des enseignants, en juin 2014, 45 p. 100 des enseignants abonnés ont affirmé utiliser des vidéos de TFO Éducation au moins une fois par semaine en salle de classe. De plus, 88 p. 100 des enseignants abonnés se sont dits entièrement satisfaits des ressources offertes par TFO Éducation pour répondre aux besoins du milieu scolaire.
M. Arseneau : En conclusion, le Groupe Média TFO, c'est 165 employés situés à Toronto, à Ottawa et à Sudbury. La portée de nos activités est cependant nationale, comme vous l'avez entendu, et comme en témoignent aussi les nombreux partenariats que nous avons développés au cours des dernières années avec des partenaires comme les médias communautaires et les communautés de langues officielles en milieu minoritaire partout au pays, et aussi avec des organisations comme Canadian Parents for French.
TFO Éducation est un média éducatif taillé sur mesure par et pour les communautés francophones minoritaires et les apprenants du français langue seconde du Canada. Déjà, nous rejoignons près de 700 000 foyers canadiens à l'extérieur de l'Ontario, par câble ou par satellite, principalement au Nouveau-Brunswick, au Québec et au Manitoba. Cependant, TFO jouit d'un faible rayonnement dans les provinces de l'Ouest en particulier.
À ce sujet, nous avons entamé le processus de renouvellement de notre licence de diffusion auprès du CRTC. Dans ce contexte, le Groupe Média TFO a demandé au CRTC de lui accorder une ordonnance pour rendre l'offre de la chaîne TFO obligatoire pour tous les systèmes de distribution, en vertu de l'alinéa 9(1)h) de la Loi sur la radiodiffusion. L'objectif de cette demande est de veiller à ce que les francophones de toutes les régions du Canada puissent avoir accès à la programmation éducative primée du Groupe Média TFO.
Nous vous remercions de cette occasion de vous adresser la parole, et nous demeurons disponibles pour répondre à vos questions.
La présidente : Je vous remercie, madame Caron et monsieur Arseneau. Nous allons passer aux questions. La première question sera posée par la vice-présidente du comité, la sénatrice Fortin-Duplessis, suivie du sénateur McIntyre.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Monsieur Arseneau et madame Caron, je suis ravie de votre participation à notre comité. Je tiens à vous féliciter pour les deux vidéos que vous nous avez présentées.
Nous sommes bien conscients des répercussions des nouvelles technologies et des médias sociaux sur nos jeunes. Or, je constate que votre Groupe Média TFO est un chef de file à cet égard.
Je tiens à vous féliciter pour votre engagement à développer et à mettre à la disposition des familles, des professeurs ainsi que des élèves des ressources pédagogiques en français.
Selon vous, le gouvernement fédéral devrait-il jouer un rôle dans l'éventuelle mise en place d'une stratégie pancanadienne?
M. Arseneau : C'est une bonne question. À l'heure actuelle, le financement de TFO Éducation provient presque à 100 p. 100 du ministère de l'Éducation de l'Ontario. Il y a une somme supplémentaire de revenus qui provient de la câblodistribution. Divers programmes, dont des programmes fédéraux, permettent à TFO Éducation d'avoir accès à du financement spécial destiné à des productions télévisuelles et numériques.
Il existe quelques programmes à partir du moment où il y a une distribution nationale plus large. Une organisation peut bénéficier de tout soutien afin de permettre à tous les Canadiens d'être au courant de cette offre. Tout récemment, j'ai fait référence à notre projet Le rêve de Champlain, dont vous avez vu un court extrait. C'est une série que nous avons lancée dans le cadre du 400e anniversaire de la présence francophone en Ontario et pour laquelle Patrimoine canadien nous a accordé une aide financière de 407 000 $.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Avez-vous un commentaire à ajouter, madame Caron?
Mme Caron : L'appui de Patrimoine canadien nous a permis de développer des trousses pédagogiques qui seront envoyées dans les écoles et qui permettront aux enseignants d'exploiter cette production dans le cadre des cours de sciences humaines, de français et de français langue seconde.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Pouvez-vous nous donner la portée réelle de ces nouveaux apprentissages numériques? En fait, ce sont de nouveaux outils que vous utilisez pour l'enseignement. Avez-vous une idée de leur portée réelle?
M. Arseneau : C'est une excellente question. Il serait difficile de tracer un portrait définitif de la situation, car, d'une région à l'autre, les réalités sont très différentes. Cependant, on remarque qu'il y a une percée importante de l'utilisation des nouveaux médias dans la salle de classe.
Je crois que Julie pourrait vous donner des exemples plus précis.
Mme Caron : Oui, il y a des stratégies d'enseignement qui favorisent l'utilisation de la vidéo. On parle de classes inversées où les enseignants cherchent à partager des vidéos avec les élèves pour qu'ils les utilisent non seulement à l'école, mais aussi à la maison dans le cadre de leurs devoirs et de leurs travaux.
Il est difficile de répondre à cette question. On remarque, cependant, que l'utilisation des médias numériques dans le domaine de l'éducation n'est plus confinée à une utilisation en salle de classe, mais bien intégrée dans le continuum de l'apprentissage. De plus, cela fait participer les parents et les divers intervenants communautaires, ce qui permet d'élargir la portée.
M. Arseneau : Cela ne concerne pas spécifiquement le milieu de l'éducation, mais aussi le milieu des médias. Une étude publiée en 2014 montre que les jeunes consomment davantage de contenus vidéo sur des plateformes mobiles, comme le téléphone ou la tablette. Il s'agit de contenus que l'on retrouve sur des chaînes comme YouTube et à la télévision. À l'heure actuelle, plus de 50 p. 100 des contenus vidéo sont consommés au moyen des plateformes mobiles et non à la télévision.
On constate des changements importants dans la consommation de vidéos chez les jeunes dans toutes les sphères d'activité, ainsi que dans les salles de classe.
Le sénateur McIntyre : Madame Caron et monsieur Arseneau, je vous remercie pour vos présentations. Décidément, les méthodes utilisées pour l'enseignement d'une langue seconde ont beaucoup changé au fil des ans.
Comme vous l'avez mentionné, votre chaîne de télévision éducative est diffusée partout en Ontario, ainsi que dans certaines régions du Québec, du Manitoba et du Nouveau-Brunswick. Combien d'abonnés avez-vous au Nouveau- Brunswick, qui est ma province natale?
M. Arseneau : Malheureusement, je ne peux pas répondre à votre question. Si vous me le permettez, je vais revenir avec une réponse. Je ne veux pas vous induire en erreur.
Le sénateur McIntyre : Est-ce que cela fonctionne bien dans cette province?
M. Arseneau : Nous pourrions en faire davantage. Nous avons fait une tournée, récemment, dans les provinces de l'Est. Julie a participé à certaines de ces rencontres, et elle pourrait sans doute apporter des précisions.
Mme Caron : Oui, j'ai un nombre à vous donner par rapport aux abandonnements à la plateforme TFO Éducation, ce qui est différent. Votre question concernait les abonnés en câblodistribution, mais la plateforme TFO Éducation, qui distribue les contenus éducatifs pour la Nouvelle-Écosse... Je suis désolée, il nous manque les données pour le Nouveau-Brunswick. Parmi nos abonnés, nous comptons en ce moment un conseil scolaire du Nouveau-Brunswick et deux conseils scolaires de la Nouvelle-Écosse.
Je suis désolée. Je croyais avoir les chiffres en main. Les conseils scolaires abonnent leurs enseignants à TFO Éducation, ce qui leur permet de diffuser le contenu éducatif à l'école et de le partager avec leurs élèves.
Le sénateur McIntyre : La licence de TFO Éducation a été émise en 2008 par le CRTC et elle expirera en août cette année. À de nombreuses reprises, au cours des dernières années, des intervenants se sont prononcés en faveur d'une distribution obligatoire de TFO Éducation dans l'ensemble du Canada. Je comprends également que le CRTC n'a jamais donné suite à cette demande. Avez-vous eu des nouvelles du CRTC à ce sujet?
M. Arseneau : En fait, TFO Éducation n'a jamais fait de demande. À ma connaissance, c'est la première fois que nous présentons une demande d'ordonnance en vertu de l'alinéa 9(1)h). La demande n'a pas été présentée de la part de TFO Éducation, mais dans les communautés, il y avait des demandes qui provenaient du public ou d'organismes qui souhaitaient une diffusion nationale.
Dans le cadre de sa récente politique réglementaire sur les questions de distribution, le CRTC vient de publier un rapport intitulé Parlons télé : Un monde de choix. Le CRTC exploite la possibilité d'élargir le rayonnement des services de télévision éducative hors province. C'est un signe important de la part du CRTC, parce qu'il permet à toutes les entreprises de distribution terrestre d'inclure les services de télévision éducative hors province. La porte est donc ouverte, et le moment était propice pour présenter cette demande.
La sénatrice Charette-Poulin : Je vous remercie, madame la présidente. Je tiens à vous remercier, monsieur Arseneau et madame Caron, d'avoir accepté notre invitation. Étant donné que je suis de l'Ontario, je profite de l'occasion pour féliciter votre président et chef de la direction, Glenn O'Farrell, ainsi que toute l'équipe, pour le travail extraordinaire accompli par TFO Éducation, non seulement au chapitre de la chaîne traditionnelle, mais aussi en ce qui concerne l'utilisation des nouveaux outils de distribution.
Je vous félicite sincèrement du rôle important que vous jouez au sein du service éducatif de l'Ontario. Monsieur Arseneau, vous avez dit, au début, que TFO jouissait d'une augmentation importante de ses cotes d'écoute et de la fréquentation de ses services. À quoi attribuez-vous cette augmentation?
M. Arseneau : Si j'avais la réponse, je pourrais la vendre à d'autres réseaux et faire beaucoup d'argent. On en a tout de même une petite idée. En fait, pendant cette période de transformation des médias et des modes de consommation des médias, des entreprises comme la nôtre ressentaient beaucoup de nervosité à savoir si nos contenus devaient demeurer sur les plateformes télé ou si nous devions plutôt les diffuser sur toutes les plateformes. Or, on le voit bien, qu'il s'agisse d'une personne qui prend l'autobus et qui écoute une vidéo de musique, ou d'une personne qui attend un taxi et qui écoute les nouvelles sur son téléphone, il faut effectivement offrir notre contenu sur les plateformes qui sont utilisées par les gens. C'est un pari qu'on a fait il y a quelques années. On croit que l'une des raisons pour lesquelles il y a eu une augmentation des cotes d'écoute, c'est que nos contenus se retrouvent maintenant partout et que cela ramène les gens à la chaîne. Une fois que nous faisons partie de leur quotidien à différents moments, ils veulent nous retrouver, que ce soit au moyen des nouvelles que nous mettons sur nos médias sociaux et que nous diffusons sur les téléphones mobiles, ou au moyen de nos applications numériques qui se retrouvent sur les tablettes, et cetera.
La sénatrice Charette-Poulin : C'est donc l'accessibilité?
M. Arseneau : C'est notre pari, en tout cas.
La sénatrice Charette-Poulin : Nous avons entendu plusieurs témoins ici avec lesquels on a discuté, à quelques reprises, de l'importance de la formation des enseignants de langue seconde. Quel lien avez-vous avec les enseignants? Les produits s'adressent surtout aux enfants — ou aux jeunes de cœur —, mais quels sont les liens que vous entretenez avec les enseignants?
Mme Caron : En ce qui concerne la plateforme de TFO Éducation, ce que nous faisons, c'est reprendre les contenus éducatifs qui sont produits et diffusés par TFO. Nous les catégorisons et les enrobons d'une enveloppe pédagogique, de sorte que nous parlons le même langage que l'enseignant. L'enseignant peut ainsi chercher des ressources, des contenus, des vidéos, par exemple, selon le niveau scolaire, selon la matière, selon les thématiques qui sont chères à l'éducation.
Par exemple, un enseignant pourrait décider de rechercher du contenu s'adressant à des élèves de 8 à 10 ans au sujet de l'intimidation, afin de l'utiliser dans son cours d'études sociales. À ce moment-là, en présentant ces contenus aux enseignants, nous leur permettons de trouver ce qu'ils cherchent et ce qui répond à leurs besoins et, évidemment, aux besoins de leurs élèves.
Cependant, dans le cadre de nos services éducatifs, nous offrons aussi aux enseignants différents ateliers, y compris un support pédagogique, et des ateliers donnés en personne. Nous avons une petite équipe qui offre, dans les conseils scolaires et les écoles, des ateliers aux enseignants sur nos ressources, mais aussi sur la façon dont ces ressources peuvent être utilisées de façon pédagogique. Nous avons une émission éducative qui est très intéressante, mais nous voulons en faire une activité engageante, qui a une valeur éducative.
Nous offrons aussi du soutien par courriel et par téléphone aux enseignants qui le demandent. TFO Éducation regroupe une petite équipe, mais nous travaillons vraiment à pied d'œuvre pour livrer notre contenu éducatif de la meilleure façon possible aux enseignants. Nous élaborons aussi des guides pédagogiques, des fiches pédagogiques sur l'utilisation de ces contenus. Ainsi, à l'aide d'une fiche pédagogique, nous proposons des idées d'utilisation en classe à l'enseignant qui trouve une vidéo portant sur un contenu qui l'intéresse. Tout cela est accessible et téléchargeable à partir du site web de TFO Éducation.
Le sénateur Maltais : Je suis heureux que vous soyez là. Au Québec, nous avons Radio-Québec qui, au début de son existence, avait comme mandat de faire la promotion de la langue française au Québec, dans les régions, par le truchement de la culture.
Aujourd'hui, le gouvernement ne sait plus que faire de Radio-Québec. Ce sont des millions de dollars investis qui, somme toute, ne permettent pas à la SRC de se différencier du canal V, qui ne passe que des émissions qui obtiennent des cotes d'écoute rentables.
On parlait des cotes d'écoute plus tôt. Vous savez que, maintenant, au Québec, la chaîne TFO est incluse dans l'offre de Vidéotron. Je me demande d'ailleurs si vous n'avez pas de meilleures cotes d'écoute que Radio-Québec, du côté des jeunes. Comme je suis grand-père, je me permets de regarder ce que regardent mes petits-enfants à la télé. Ils s'intéressent beaucoup à ce que vous faites, parce qu'ils sont à l'école primaire. Je vous en félicite.
Une question m'intrigue. Est-ce que vous offrez les mêmes moyens pédagogiques aux jeunes du secondaire qu'aux jeunes du primaire? Ce que j'ai vu s'adresse aux 0 à 11 ou 12 ans, mais je n'ai pas vu autre chose. Peut-être que je fais erreur; dans ce cas, veuillez me corriger.
M. Arseneau : Nous offrons des contenus pour tout le continuum d'apprentissage, y compris le niveau collégial. Comme vous l'avez noté, notre force se situe effectivement dans le créneau des 12 ans. Dans notre inventaire de ressources, nous avons aussi des contenus qui visent le niveau préscolaire. D'ailleurs, nous avons conclu une entente avec l'Association francophone à l'éducation des services à l'enfance de l'Ontario (AFÉSEO), qui est une association d'éducateurs de la petite-enfance, y compris tous les enseignants des milieux scolaires, du primaire, du secondaire et même du collégial. Effectivement, comme vous l'avez observé, la majeure partie de notre contenu télé touche principalement les 2 à 12 ans.
Le sénateur Maltais : Nous avons reçu, la semaine dernière, l'ambassadeur de Suisse qui nous disait que dans son pays, il y a un programme sur trois langues. La sénatrice Charette-Poulin lui en a demandé la recette, ce à quoi il a répondu en répétant trois fois « immersion, immersion, immersion ». Est-ce que, dans votre volet pédagogique, il y a le volet immersion également?
Mme Caron : Oui. En fait, comme je le mentionnais tout à l'heure, historiquement, TFO a desservi surtout les francophones, les écoles de langue française en Ontario, qui constituaient sa cible principale. Mais, au fil des ans, nous avons développé des contenus pour les programmes d'immersion, c'est-à-dire qu'il y a différents niveaux. Nous avons adapté certains contenus, certains guides pédagogiques, pour en faire des outils utilisables, afin de proposer aux enseignants des adaptations à utiliser en immersion, mais avec le même contenu.
Grâce à la nouvelle entente conclue avec le ministère de l'Éducation de l'Ontario, nous développons beaucoup plus de contenus et de guides pédagogiques d'accompagnement des enseignants, et nous envisageons tous les volets, même le volet du français de base. Cependant, l'immersion demeure, pour nous, en ce qui concerne le français langue seconde, notre cible la plus naturelle. Donc, nous élaborons une bonne quantité de contenus pour ce volet.
Le sénateur Maltais : Votre financement, en fin de compte, est essentiellement gouvernemental, qu'il s'agisse du fédéral ou du provincial. Est-ce que vous faites de la recherche de commanditaires qui souhaiteraient se joindre à TFO?
M. Arseneau : En fait, depuis quelques années, TFO vend du temps d'antenne à des partenaires ou à des commanditaires, toujours dans un programme qui est régi. On tente d'éviter d'offrir des plages commerciales à des moments qui ne sont pas opportuns, par exemple, évidemment, pendant la programmation jeunesse. Cependant, nous avons des partenaires corporatifs, et même gouvernementaux, à l'heure actuelle. Je peux vous donner comme exemple le ministère de la Santé de l'Ontario qui achète du temps d'antenne à TFO pour annoncer une campagne en matière de santé.
Le sénateur Maltais : J'aurais un dernier petit commentaire : conservez votre soirée d'opéra du dimanche soir. Vous êtes les seuls à en produire en Amérique du Nord. Si on devait payer 2 $ de plus par semaine, on le paierait. Conservez- la, je vous en prie.
La sénatrice Chaput : Je tiens tout d'abord à vous remercier car, au Manitoba, la province d'où je viens, TFO est très appréciée. Vous êtes l'un de nos partenaires, si je peux m'exprimer ainsi. Continuez votre bon travail.
Mes deux questions ont trait à votre demande de renouvellement de licence au CRTC afin de devenir une chaîne obligatoire. Cette demande a-t-elle déjà été faite?
M. Arseneau : La demande est faite.
La sénatrice Chaput : Cette année?
M. Arseneau : Oui.
La sénatrice Chaput : Vous avez l'appui de bien des gens partout au Canada. Je suis certaine que vous l'avez mentionné.
M. Arseneau : Je profite de votre commentaire pour vous dire qu'effectivement, nous sommes à l'écoute des appuis que nous avons. D'ailleurs, depuis quelques jours, il vous est possible d'appuyer notre demande de renouvellement de licence ainsi que la demande d'ordonnance présentée en vertu de l'alinéa 9(1)h) sur le site web du CRTC.
La sénatrice Chaput : Si votre demande de faire partie des chaînes obligatoires est accordée, quel effet cela aura-t-il sur TFO?
M. Arseneau : On ne trouve qu'une chaîne éducative en milieu minoritaire au Canada, et c'est TFO. Nous recevons déjà des demandes importantes, d'abord de la part du milieu éducatif, mais également de la part des collectivités elles- mêmes qui veulent avoir davantage accès à du contenu en français dans leur région.
Depuis quelques années, TFO est en démarchage auprès des câblodistributeurs du Canada. Nous avons eu du succès dans certaines régions et moins dans d'autres. Notre but, c'est de donner accès à notre contenu éducatif à tous les Canadiens. Cela s'inscrit bien dans le rapport du CRTC qui ouvre la porte à cette possibilité.
La sénatrice Chaput : Je ne sais pas si c'est une question que je devrais poser, mais je suis trop curieuse : si vous êtes acceptés et que votre chaîne devient obligatoire, le contenu sera-t-il considéré comme du contenu canadien?
M. Arseneau : Oui.
La sénatrice Chaput : Cela s'applique-t-il dans ce cas-ci?
M. Arseneau : En ce qui concerne le contenu que nous produisons ou dont nous faisons l'acquisition, nous avons des obligations à respecter auprès du CRTC, ce qui inclut des quotas de contenu canadien en soirée. Le CRTC a récemment fait des changements concernant ces quotas, mais il y a toujours des obligations pour certaines plages horaires. Nonobstant les obligations, je n'ai pas les chiffres exacts avec moi, mais, depuis plusieurs années, TFO dépasse les quotas prescrits par le CRTC. Nous faisons de plus en plus de production, non seulement en français, en Ontario, mais en français, partout au Canada. En soirée, nous avons maintenant une plateforme qui s'intitule 24.7, qui se veut un reflet de la francophonie canadienne. Des équipes parcourent le pays, et nous avons conclu des partenariats avec les médias communautaires partout au Canada, ce qui nous permet d'obtenir du contenu que nous diffusons à la télé ou sur les plateformes mobiles.
La présidente : Nous aimerions que vous transmettiez les renseignements supplémentaires dont vous avez parlé à notre greffier.
M. Arseneau : Bien sûr.
La sénatrice Poirier : Je vous remercie d'être venus nous rencontrer. Votre présentation était très intéressante, et nous l'avons grandement appréciée.
Premièrement, j'aimerais savoir si les conseils scolaires doivent payer des frais d'abonnement à TFO?
M. Arseneau : Oui.
La sénatrice Poirier : Ces frais sont-ils payés par le gouvernement de la province?
Mme Caron : À quelques exceptions près, les frais d'abonnement sont habituellement payés par chacun des conseils scolaires ou chacun des districts scolaires. Dans le cas du Manitoba, par contre, nous avons une entente avec la Direction des ressources éducatives francophones. Celle-ci couvre l'ensemble des conseils scolaires du Manitoba. À part l'Ontario, où l'entente a été conclue avec le ministère de l'Éducation, les ententes se font avec la commission scolaire, le conseil scolaire ou parfois l'école. Au Québec, aucune commission scolaire n'est abonnée à TFO Éducation, mais des écoles s'y abonnent individuellement.
La sénatrice Poirier : Le montant des frais est-il établi selon le nombre d'écoles qui font partie du conseil scolaire?
Mme Caron : En ce moment, les tarifs sont basés sur le nombre d'élèves inscrits. S'il s'agit d'un conseil scolaire francophone, on tient compte du nombre d'élèves inscrits dans le conseil scolaire, et dans le cas d'un conseil scolaire anglophone, c'est plutôt le nombre d'élèves inscrits en immersion qui est retenu.
La sénatrice Poirier : Y a-t-il beaucoup d'inscriptions en immersion française dans les conseils scolaires anglophones?
Mme Caron : Oui. On a préparé une petite pochette d'information. Malheureusement, c'est l'ancienne. Je n'ai pas beaucoup de mémoire des chiffres, mais il y a un certain équilibre. Plusieurs conseils scolaires anglophones inscrivent leurs élèves qui sont inscrits aux programmes de français langue seconde.
La sénatrice Poirier : Si un district scolaire francophone n'est pas inscrit et qu'un parent ou un étudiant veut se brancher à TFO Média autrement que sur YouTube, par exemple, est-ce possible?
M. Arseneau : Depuis quelque temps, il est possible de s'abonner de façon individuelle. Cependant, lorsqu'on produit des émissions ou lorsqu'on fait l'acquisition d'émissions, elles sont assorties de certains droits. La diffusion de ces contenus se fait selon des conditions qui nous permettent de faire la diffusion des contenus dans un contexte éducatif. Si les émissions sont diffusées à des fins éducatives, on peut vendre des abonnements. C'est ainsi qu'on a développé cette formule d'abonnement qui se fait par conseil scolaire, par commission scolaire ou par province, et maintenant de façon individuelle. Un enseignant pourrait s'abonner de façon individuelle.
Mme Caron : Par contre, un élève ne peut pas le faire, parce que, pour le moment, étant donné qu'il s'agit de droits éducatifs, nous devons nous assurer que les ressources seront utilisées dans un cadre éducatif, dans un cadre scolaire. C'est pour cette raison que, pour le moment, nous devons passer par les écoles et les conseils scolaires. En ce qui concerne les abonnements individuels, seuls les enseignants y ont droit pour le moment. C'est vraiment pour la plateforme qui comprend ces 7 000 vidéos. Par contre, nous offrons beaucoup de contenu. En ce qui concerne les plateformes mobiles, plusieurs applications éducatives sont disponibles gratuitement dans le App Store et dans Google Store. Le grand public peut télécharger ces applications gratuitement et les utiliser. TFO Éducation est vraiment accessible sur toutes ces plateformes, avec toute la panoplie de ressources qui comprennent tous les contenus qui s'adressent aux élèves, mais également tous les outils et les services pour les enseignants.
La sénatrice Poirier : Avez-vous parfois des demandes particulières de la part des provinces? Parfois, les modes d'enseignement sont différents d'une province à l'autre. Y a-t-il des provinces qui vous demandent une méthode de programme différente d'une autre?
Mme Caron : Il n'y a pas beaucoup de demandes spécifiques liées à la diffusion ou à la production des contenus. Les demandes sont liées davantage à la présentation de contenus ou à la recherche de contenus. Par exemple, si un groupe ou un conseil scolaire a une demande particulière pour un contenu qui aborde telle thématique, mais sous tel angle, nous créons un dossier ou une liste spécifique pour ce conseil scolaire ou cette province en faisant des liens avec le programme-cadre ou la priorité qui est établie. Il s'agit davantage de présentation et d'accès au contenu que de production comme telle.
Par contre, il y a une chose que nous avons déjà faite, mais que nous ne faisions pas systématiquement, et que nous commençons à intégrer beaucoup plus dans nos pratiques : lorsque nous élaborons des fiches pédagogiques, nous tentons toujours d'être inclusifs. Nous ne misons pas uniquement sur les programmes-cadres de l'Ontario, même si nous nous appuyons fortement sur ceux-ci. Nous ne ferons pas nécessairement de références spécifiques; nous essaierons d'inclure tout ce qui se passe dans toutes les provinces canadiennes et de tenir compte des besoins des élèves et des enseignants au Canada. Par contre, nous développons de plus en plus de grilles de correspondance, dans lesquelles nous proposons, aux enseignants de l'Ontario, toutes les émissions qui sont disponibles, pour chacun des niveaux en sciences sociales et pour tous les domaines par rapport à chacune des années. Nous sommes en train de créer ces tableaux pour toutes les provinces canadiennes, en faisant des liens avec tous les curriculums, tous les programmes-cadres canadiens. Il s'agit donc d'un gros travail. Comme on dit : petit train va loin. En outre, nous avons commencé à créer ce genre d'outil pour les enseignants dans le but de permettre à tous nos clients d'utiliser plus facilement nos ressources.
La présidente : L'apprentissage d'une langue seconde ne se fait pas uniquement en salle de classe. L'apprentissage est davantage facilité lorsqu'un apprenant vit des expériences authentiques. Jusqu'à quel point cette variable d'authenticité est-elle importante pour vous dans le développement de vos ressources pédagogiques?
Mme Caron : Évidemment, l'un des éléments importants à souligner, ici, est que les contenus de TFO sont, par définition, des contenus authentiques au sens où ce sont des contenus développés pour des enfants qui parlent français à tous les niveaux. Ce qu'on essaie de mettre de l'avant dans la plateforme TFO Éducation et à l'intérieur de la programmation du Groupe Média TFO, c'est toute la diversité : la diversité linguistique, la diversité des accents, et la diversité culturelle de la francophonie canadienne et mondiale.
Donc, on n'essaie pas de limer ou de polir nos contenus pour arriver à un langage particulier, à une langue française internationale, par exemple. Au contraire, on fait ressortir les différences et ce qui rassemble les gens dans ces différences. Où est-ce que les vedettes de nos contenus se recoupent? C'est dans la langue française. On met en évidence les différences d'accent, les différences culturelles, et on les célèbre au lieu d'essayer de les niveler, finalement. C'est ce qu'on croit. Les commentaires qu'on reçoit souvent de la communauté française langue seconde expriment le fait qu'il s'agit d'un atout lorsque TFO propose justement des ressources authentiques. On donne accès aux enfants à toute l'authenticité des différentes francophonies canadiennes et mondiales.
La présidente : Au deuxième tour, la sénatrice Charette-Poulin et le sénateur Maltais pourront poser les dernières questions.
La sénatrice Charette-Poulin : Merci, madame la présidente.
Monsieur Arseneau, vous avez parlé plus tôt de la demande qui sera faite au CRTC aujourd'hui. J'ai lu, sur mon BlackBerry, le courriel de TFO m'indiquant comment appuyer la demande. Si ma mémoire est fidèle, est-ce qu'il n'y avait pas une demande qui avait été présentée au CRTC pour que TFO puisse faire partie du service de base au Québec, demande qui avait été malheureusement refusée? À partir de ce refus, quelle approche TFO va-t-elle utiliser avec le CRTC?
M. Arseneau : Malheureusement, je n'ai pas de réponse à cette question. J'aimerais pouvoir y répondre, mais je ne peux pas. Je n'ai pas l'information.
La sénatrice Charette-Poulin : Est-ce que vous pourriez nous envoyer l'information, comme le demandait tantôt la présidente?
M. Arseneau : Effectivement. À l'heure actuelle, une distribution est faite au Québec de façon volontaire par les câblodistributeurs Vidéotron, TELUS et Cogeco.
La sénatrice Charette-Poulin : Quel pourcentage de vos produits éducatifs sont des produits canadiens, à peu près?
Mme Caron : C'est une excellente question.
La sénatrice Charette-Poulin : Pourriez-vous nous envoyer la réponse?
Mme Caron : Oui, on va la trouver.
La sénatrice Charette-Poulin : Vous avez parlé des droits d'auteur, madame Caron. Étant donné qu'il s'agit de produits éducatifs et qu'il y a une augmentation des cotes d'écoute et de la fréquentation, quel est l'impact sur les coûts qui sont liés aux droits d'auteur?
Mme Caron : Il s'agit d'une question que je pourrais confirmer, mais, à ma connaissance, les droits éducatifs n'ont pas...
La sénatrice Charette-Poulin : Ne sont pas soumis...
Mme Caron : Je suis chez TFO depuis trois ans, et je n'ai pas vu d'augmentation ou de modification des tarifs en fonction de cela.
M. Arseneau : Nous obtenons les droits canadiens pour tous les contenus dont nous faisons l'acquisition. Lorsque ce sont des contenus que nous produisons, il peut y avoir des droits internationaux. Nous avons beaucoup plus de latitude sur l'utilisation des contenus. Mais les contenus dont nous faisons l'acquisition sont assortis de droits géolocalisés. Un utilisateur aux États-Unis ne pourrait pas télécharger une vidéo avec les droits au Canada. Ces droits n'ont pas augmenté. Ce qui augmente, c'est lorsqu'on offre un contenu au niveau international. Il faut prévoir un service après- vente, et nous avons une équipe chargée d'offrir des services aux enseignants, et un service-conseil. C'est à ce moment- là que cela provoque des coûts supplémentaires.
Le sénateur Maltais : Le contenu de votre plateforme est très bien fait, de ce que j'ai vu. Celui que vous fournissez aux enseignants est assez bien pensé. Est-ce une conception faite par TFO, et est-ce qu'elle est soumise, pour en arriver à une plateforme, aux impératifs du ministère de l'Éducation de l'Ontario?
Mme Caron : Oui. C'est-à-dire que le développement, la conception de la plateforme, sont faits en fonction des impératifs, de nos obligations par rapport au ministère de l'Éducation de l'Ontario, et en consultation avec les utilisateurs, les enseignants. Nous menons de nombreuses consultations, des groupes de discussion et des sondages auprès des enseignants par rapport aux besoins et aux exigences.
Le sénateur Maltais : Merci beaucoup. Ne lâchez pas.
La présidente : Je vous demanderais, s'il vous plaît, de transmettre les renseignements à notre greffier. Il y en a plusieurs, je pense. Au nom du Comité des langues officielles, je tiens à vous remercier très sincèrement pour votre présentation, ici, aujourd'hui, mais je tiens surtout à vous féliciter de votre engagement et de votre excellent travail auprès des francophones et des francophiles. Merci beaucoup.
M. Arseneau : Merci à vous.
La présidente : Honorables sénateurs, au cours de la prochaine partie de notre réunion, nous entendrons des personnes qui sont au cœur des décisions lorsque vient le temps d'élaborer et de mettre sur pied des programmes d'apprentissage d'une langue seconde dans les établissements scolaires.
Nous avons le plaisir d'accueillir d'Halifax, par vidéoconférence, Mme Élaine Melanson, conseillère en français de base et français intensif du ministère de l'Éducation et du Développement de la petite enfance de la Nouvelle-Écosse; et de la Colombie-Britannique, nous accueillons Mme Christey Hughes, conseillère du comité d'administration de l'Association canadienne des professeurs d'immersion.
Bienvenue à toutes les deux.
J'invite Mme Melanson à commencer sa présentation; nous entendrons ensuite Mme Hughes. Par la suite, les sénateurs vous poseront des questions.
[Traduction]
Élaine Melanson, conseillère en français de base et français intensif, ministère de l'Éducation et du Développement de la petite enfance de la Nouvelle-Écosse : Bonsoir. C'est à la fois un grand plaisir pour moi de me joindre à vous ce soir par vidéoconférence et un grand honneur d'avoir été invitée à participer à l'étude du comité sur l'apprentissage d'une langue seconde en contexte de dualité ou de pluralité linguistique. Je vous remercie vivement de l'occasion qui m'est donnée de vous parler des innovations et des enjeux que connaît actuellement l'apprentissage du français langue seconde en Nouvelle-Écosse.
Je m'appelle Élaine Melanson et je suis conseillère en français langue seconde, ou FLS, au ministère de l'Éducation et du Développement de la petite enfance de la Nouvelle-Écosse. Bien que mes responsabilités touchent à la plupart des aspects des programmes de FLS en Nouvelle-Écosse, mon principal secteur d'intervention est, officiellement, le français de base et le français intensif. Toutefois, au-delà de mon expérience ministérielle, ma carrière dans le domaine de l'enseignement du français langue seconde compte plus de 20 ans, sur un total de 33, dans des classes de 2e à 12e année dans des programmes d'immersion et de français de base, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Je m'adresse donc au comité non seulement en ma qualité de conceptrice de programmes pédagogiques, d'administratrice et de responsable dans le domaine de l'enseignement du français langue seconde, mais aussi dans la perspective professionnelle d'une fière enseignante de FLS qui n'a rien perdu de son ardeur à inculquer à ses élèves l'amour de la langue française et de la culture francophone.
Avant tout, je voudrais dire que le ministère de l'Éducation et du Développement de la petite enfance de la Nouvelle-Écosse est extrêmement reconnaissant pour le Protocole sur les langues officielles dans l'enseignement, le PLOE, l'entente multilatérale pluriannuelle avec le gouvernement du Canada et, au nom de la province, le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada, ou le CMEC. La contribution provinciale aux programmes de FLS en Nouvelle- Écosse est certes appréciable, mais les fonds attribués par l'intermédiaire du protocole compensent les coûts supplémentaires qu'imposent les programmes de français langue seconde, notamment pour la mise en place et l'appui à long terme de nouveaux cours d'immersion française et de français intensif, le perfectionnement professionnel des enseignants, l'achat de matériel, les bourses pour les enseignants et élèves en FLS et le soutien à des intervenants externes comme Canadian Parents for French, en Nouvelle-Écosse. Grâce au financement du PLOE, nous pouvons également acheter des places supplémentaires pour la participation à Explore, le programme de bourse de cinq semaines pour l'apprentissage de la langue française administré par le CMEC. Le PLOE subventionne de plus nos sept conseils scolaires en vue d'activités culturelles visant à faire connaître, à comprendre et à apprécier la culture francophone ainsi qu'à cultiver une identité bilingue auprès des élèves de langue seconde.
En Nouvelle-Écosse, nous offrons un éventail de programmes de français langue seconde pour les élèves du niveau primaire à la 12e année. Le français de base commence en 4e année et est obligatoire pour tous les élèves jusqu'à la fin de la 9e année, après quoi il est proposé en option au deuxième cycle du secondaire. Tous les conseils scolaires anglophones offrent au moins l'une des deux options d'immersion précoce ou tardive. Le programme de français intégré, dans lequel les élèves doivent suivre des cours de français et de sciences humaines en français, est facultatif de la 7e à la 12e année et est souvent mis en place dans des régions où un programme d'immersion complet n'est pas viable. Le français intensif en 6e année est offert dans quatre conseils scolaires anglophones et on prévoit l'étendre aux trois autres conseils en septembre 2015.
Nous sommes fiers des nombreuses réussites de nos programmes de français langue seconde, et j'en évoquerai deux dans un instant. Néanmoins, en Nouvelle-Écosse, la mise en œuvre des programmes ne se fait pas sans difficultés. L'une d'entre elles est la persévérance scolaire des élèves en français de base. Malgré le déclin démographique de la province, l'immersion en français reste une option populaire dans laquelle les inscriptions se maintiennent au fil du temps. Par contre, en français de base, un nombre alarmant d'élèves choisissent de ne pas suivre le programme au-delà de la 9e année. Cette tendance n'est toutefois pas unique à la Nouvelle-Écosse. Des statistiques compilées par Canadian Parents for French pour l'année scolaire 2013-2014 montrent une chute marquée des inscriptions en français de base au niveau secondaire dans l'ensemble des provinces et territoires. Je tire ces statistiques des documents de CPF.
S'il faut noter que la décision d'un élève de continuer à étudier le français au secondaire repose sur de nombreux facteurs et que la décision de ne pas choisir le français de base comme option de la 10e à la 12e année ne reflète pas nécessairement une attitude de l'élève à l'égard de l'apprentissage du français langue seconde, il est navrant de constater que, à l'échelle nationale, seuls 38 p. 100 des élèves admissibles continuent à étudier le français de base jusqu'à la fin de la 12e année.
La Nouvelle-Écosse et le Canada atlantique en général se heurtent également à des difficultés pour maintenir en poste des enseignants qualifiés en FLS. Nous continuons de voir certains de nos jeunes enseignants partir vers l'Ouest pour accepter des postes en enseignement du FLS, souvent pour des raisons économiques ou familiales. Nous ne manquons pas encore d'enseignants qualifiés de français langue seconde en Nouvelle-Écosse, mais la menace de pénurie plane sans cesse. Cette réalité est certainement un sujet d'inquiétude pour ceux d'entre nous qui sont responsables du FLS à l'échelon du ministère ou des conseils scolaires, en particulier à cause de son incidence potentielle sur notre capacité de continuer à offrir l'éventail de programmes de qualité en FLS actuellement en place dans le système scolaire.
Toutefois, les défis s'accompagnent d'occasions d'agir. La Nouvelle-Écosse est considérée comme un chef de file en matière d'innovation dans l'enseignement du français langue seconde au Canada et nous avons mis en place plusieurs initiatives non seulement pour régler les problèmes actuels, mais aussi pour améliorer nos programmes et motiver les élèves en FLS. Je voudrais vous parler ce soir de deux des principales initiatives en place dans notre province : la première vise la réforme des programmes et la seconde est conçue pour créer une sensibilisation à la culture et mettre en valeur le bilinguisme canadien.
En premier lieu, depuis 2007, la Nouvelle-Écosse procède à une revitalisation du programme de français de base. Il s'agit entre autres de recycler les enseignants de la 4e à la 12e année pour les former à l'approche neurolinguistique de littératie, la méthode qui a fait le succès du français intensif dans tout le Canada. Cette initiative d'une durée de six ans a débuté sous la forme d'un projet pilote dans deux de nos conseils scolaires dans le but de déterminer si cette méthode, combinée à l'intensité créée en offrant des blocs d'enseignement du français de base dans l'horaire des écoles participantes, augmenterait de façon mesurable la capacité des élèves de communiquer oralement en français. Bien que le temps me manque pour expliquer en détail les différents aspects du projet, les tests des élèves participants au début et à la fin de chaque année scolaire ont démontré que les élèves ont acquis une plus grande capacité de communiquer en français quand les enseignants réussissent à mettre la méthode en œuvre dans leur cours de français de base, peu importe le niveau scolaire.
En outre, les enquêtes menées par le ministère de l'Éducation et du Développement de la petite enfance auprès des enseignants, des écoles et des administrateurs des conseils scolaires ainsi que des élèves participants ont révélé une hausse des sentiments positifs à l'égard de l'enseignement et de l'apprentissage du français langue seconde, une fierté des élèves à réussir dans l'apprentissage du français ainsi qu'une sensibilité accrue à l'importance du bilinguisme en tant qu'élément essentiel de l'identité canadienne.
À mesure que le succès de ce projet s'est confirmé et que sa notoriété a grandi, les enseignants de FLS ont été de plus en plus nombreux à demander à participer à l'initiative. En fait, la demande est devenue si forte que le projet a été reconfiguré pour mettre l'accent sur la création de cohortes d'enseignants et d'élèves dans tous les conseils scolaires plutôt que sur une intervention limitée à de petits groupes d'enseignants individuels dans quelques régions déterminées de la province.
C'est avec une grande fierté que j'ai constaté personnellement l'effet profond et positif que ce projet a eu sur l'enseignement et l'apprentissage du français de base en Nouvelle-Écosse. Des élèves m'ont dit qu'il avait transformé du tout au tout leur expérience de l'apprentissage du français de base et leur perception du bilinguisme. Beaucoup ont indiqué que leur participation à ce projet les avait motivés à poursuivre l'apprentissage du français au-delà de la 9e année. Devant la réussite des élèves dans le cadre de ce projet, des enseignants m'ont informée que cette expérience avait redonné du souffle à leur carrière dans l'enseignement du français de base et des administrateurs scolaires ont exprimé leur enthousiasme pour le français de base. En outre, bien que les parents n'étaient pas officiellement partie prenante au projet, nombre d'entre eux m'ont déclaré combien ils étaient ravis de l'attitude positive que leur enfant avait désormais envers l'apprentissage du français et d'entendre leur enfant utiliser le français pour communiquer. Il est important de souligner également que les coordonnateurs des conseils scolaires et les directeurs des programmes de français langue seconde de la province m'ont aussi indiqué que ce projet avait eu pour effet direct de stimuler la demande de cours de français de base au deuxième cycle du secondaire dans toute la province.
Nous continuons de former à cette méthode des cohortes d'enseignants de français de base de la 4e à la 12e année. Nous avons également étendu ce perfectionnement professionnel aux enseignants des programmes d'immersion précoce et tardive en français et de français intégré en Nouvelle-Écosse, en particulier à ceux qui enseignent aux niveaux d'entrée de ces programmes, à savoir au primaire, plus précisément à la maternelle, et en 7e année. Eux aussi font état d'une meilleure acquisition de la langue et d'une participation accrue des élèves quand l'approche neurolinguistique de littératie est utilisée pour enseigner le français langue seconde.
De nombreuses autres autorités au Canada se sont enquises de notre projet, et c'est avec plaisir que nous communiquons des renseignements et des données pour leur permettre d'étudier notre modèle afin d'améliorer leur propre programme de français de base et que nous collaborons avec elles pour promouvoir la réussite des élèves en français de base dans tout le pays.
En second lieu, une dimension fondamentale de notre travail dans les programmes de FLS en Nouvelle-Écosse est de donner aux élèves le goût de la langue française et de la culture francophone. À cette fin, en 2014, le ministère a conclu un partenariat avec ViewFinders, un organisme dont le mandat est d'offrir aux élèves du Canada atlantique une programmation cinématographique et des ateliers pratiques basés sur le programme scolaire. En collaboration avec ViewFinders, nous avons mis au point un projet cinématographique qui a rassemblé à Chéticamp, une collectivité rurale au Cap-Breton, des élèves inscrits à des programmes d'immersion en français et à des écoles acadiennes de français langue première pour découvrir la célébration acadienne traditionnelle de la Mi-Carême, en mars, et y participer. Les élèves de français langue première et langue seconde ont eu la possibilité de découvrir côte à côte cette célébration unique en participant à des ateliers où ils ont appris des danses et des chants populaires acadiens traditionnels ainsi que le sens des costumes de la Mi-Carême, et où ils ont fabriqué leur propre masque de Mi-Carême, qu'ils ont ensuite porté avec fierté pendant la célébration. Les élèves ont logé dans des familles acadiennes pendant leur visite et ont eu des échanges entre eux et avec des membres de la communauté acadienne pendant les trois journées du projet, dont l'apothéose a été une soirée de visites à domicile, de danse et de chant dans la communauté de Chéticamp.
Tout au long du projet, les élèves ont été filmés et ont participé à des entrevues concernant l'évolution de leur compréhension de la culture acadienne au fil des préparatifs et de la célébration de la Mi-Carême. Les élèves ont également fait part de leur perception d'eux-mêmes en tant qu'élèves bilingues avant, pendant et après le séjour pendant lequel ils ont vécu, travaillé et célébré avec la communauté acadienne. Un DVD de leur expérience a été produit et projeté pour la première fois au Festival du film de l'Atlantique de 2014. Il a ensuite été distribué en tant que matériel pédagogique pour les écoles en Nouvelle-Écosse.
Le projet a connu un tel succès qu'un projet similaire est en préparation, en collaboration avec Parcs Canada, pour la prochaine année scolaire 2015-2016. Cette production à venir mettra en scène un plus grand nombre d'élèves de français langue première et langue seconde ainsi que des élèves d'au moins une collectivité des Premières Nations Mi'kmaq en Nouvelle-Écosse. Les expériences d'apprentissage authentiques comme celle-là, qui mettent les élèves du FLS en contact direct avec des francophones et avec leur culture sont inestimables pour jeter les ponts de la compréhension entre groupes culturels et renforcer l'importance de la dualité linguistique de notre pays.
Ce ne sont là que deux initiatives parmi les nombreuses que nous mettons en œuvre pour promouvoir l'apprentissage du français langue seconde en Nouvelle-Écosse. L'importance accordée au bilinguisme et à la formation d'une identité bilingue par les élèves en FLS dans notre province transparaît dans le plan d'action en matière d'éducation de la Nouvelle-Écosse, « Les trois 'R' : renouveler, réorienter, rebâtir », présenté en janvier par l'honorable Karen Casey, ministre de l'Éducation et du Développement de la petite enfance. Dans son plan, la ministre Casey cible directement trois initiatives visant à promouvoir l'apprentissage du français langue seconde, soit la mise en place de programmes de base en français ayant recours à des méthodes d'enseignement interactives et au dialogue, l'augmentation du nombre de programmes de français de base intensifs en 6e année et des possibilités supplémentaires aux élèves de 12e année d'obtenir un diplôme d'études secondaires avec l'attestation DELF, ou Diplôme d'études en langue française.
En étroite collaboration avec nos partenaires pour le français langue seconde à l'échelon des conseils scolaires ainsi qu'avec les intervenants externes, et avec l'appui constant des gouvernements de la Nouvelle-Écosse et du Canada, nous continuerons à œuvrer sans relâche au renforcement et à l'amélioration de l'apprentissage du français langue seconde et à la promotion du bilinguisme canadien et de la culture francophone en Nouvelle-Écosse.
La présidente : Merci beaucoup.
[Français]
Christey Hughes, conseillère, Comité d'administration, Association canadienne des professeurs d'immersion : Bonjour, j'aimerais tout d'abord vous remercier de votre invitation à venir vous parler du contexte de l'administration en immersion française. Je suis familière avec le programme, puisque j'en ai été une de ses finissantes.
Aujourd'hui, je travaille toujours au sein de ce programme en tant que directrice adjointe d'une école d'immersion en Colombie-Britannique après avoir occupé les postes d'enseignante et de coordonnatrice des programmes de langue. J'ai eu la chance d'étudier à la Faculté Saint-Jean alors que l'honorable sénatrice Tardif en était la doyenne. Quel plaisir de vous revoir!
J'aimerais remercier ma collègue, Martha Godon, qui est présente dans l'assistance, derrière moi. Elle est coordonnatrice du congrès et des communications de l'Association canadienne des professeurs d'immersion.
Nous célébrons la dualité linguistique officielle en tenant compte d'une diversité riche et multiculturelle. Les membres de la direction scolaire abordent plusieurs enjeux, explorant le contexte d'immersion française par rapport à l'acquisition de la langue seconde ou additionnelle. Dans notre cas, il s'agit de l'immersion en français.
Considérons les deux côtés de la médaille. J'ai consulté des collègues en administration, des professeurs universitaires et des consultants pédagogiques. La réalité, c'est qu'il est parfois difficile d'embaucher de membres de la direction qui sont bilingues pour les écoles d'immersion. Plusieurs professionnels sont des leaders du curriculum; d'autres sont experts en administration.
[Traduction]
Selon Mme Tory Handford :
« La personne idéale possède tant des capacités en leadership qu'en méthodologie langagière. Une telle personne semble presque impossible à trouver. Nous avons besoin avant tout d'une personne dotée du leadership nécessaire pour faire avancer les objectifs d'apprentissage des élèves. La maîtrise du français est importante [pour le leader à l'école], mais pas au détriment du leadership.
[Français]
Souvent, dans nos écoles où se côtoient les programmes d'immersion française et le programme anglais, la direction ne parle pas français. Pour devenir directrice d'une école, il est essentiel d'être capable de gérer les affaires d'une école et de démontrer des capacités de leadership en amont. Même avec tout l'appui d'une direction unilingue, je constate l'importance d'encourager les enseignants, non seulement dans leur développement professionnel, mais aussi, dans plusieurs cas, dans leur développement langagier.
En ce moment, malgré la haute qualité des finissants des programmes en immersion, il y a une pénurie d'enseignants d'immersion qualifiés qui pourrait poser problème lorsqu'il s'agit d'assurer un niveau de français de qualité en immersion. Par contre, nous voyons de plus en plus d'enseignants francophiles diplômés des programmes d'immersion. Cela témoigne de l'énorme réussite du programme et des programmes universitaires qui offrent cette formation. Cependant, même avec cette nouvelle vague d'enseignants, nous devrons continuer à attirer des candidats.
[Traduction]
Selon le rapport de 2014 de Canadian Parents for French — chapitre de la Colombie-Britannique et du Yukon, « [...] la pénurie de personnel qualifié en immersion française limite en effet l'expansion de ces programmes [...] »
[Français]
Dans son mémoire, Duncan Hazelwood, consultant en langues modernes, dit ce qui suit :
[Traduction]
Il faut encourager davantage les enseignants d'immersion française à pratiquer et à étudier la langue afin d'en conserver la maîtrise.
[Français]
En répondant à ces besoins, les initiatives se multiplient au niveau postsecondaire pour former une relève des instances dirigeantes francophiles dans le domaine de l'éducation. L'Université Simon Fraser et l'Université de la Colombie-Britannique offrent des programmes d'enseignement et des maîtrises dont les cours sont en français. Grâce aux cours en ligne, il est possible pour ceux qui habitent à distance de continuer à perfectionner leur français tout en développant leurs compétences en leadership. Ces cours existent depuis longtemps dans des universités comme le Campus Saint-Jean de l'Université de l'Alberta.
Avec plus de choix, un plus grand nombre de candidats profiteront des possibilités de perfectionnement professionnel en français à distance. En plus de ces programmes, les instances dirigeantes qui encouragent la présence bilingue dans les écoles sont fortement appuyées. Cette présence est essentielle pour comprendre les besoins et soutenir ceux qui sont engagés avec passion dans les enjeux de l'immersion dans un contexte minoritaire.
Dans les écoles pancanadiennes, il est également primordial d'offrir des activités parascolaires en français, d'organiser des assemblées en français et d'interagir de manière professionnelle en français devant les élèves, devant leurs parents, et de partager le français dans la communauté.
Il ne s'agit pas de condamner la langue anglaise dans nos écoles, mais plutôt d'offrir un espace public aux jeunes Canadiens bilingues pour favoriser la dualité linguistique de notre pays. Dans ce contexte, développer une culture inclusive dans les deux voies est essentiel pour que l'immersion puisse vraiment être immersive avec un personnel scolaire bilingue.
Nous offrons à nos élèves inscrits en immersion de plus en plus de services en orthopédagogie en français. Ces services sont, eux aussi, nécessaires pour rendre l'immersion plus inclusive. Apprendre en français devrait être perçu comme un droit et non seulement comme un choix ou une option pour les élèves qui veulent s'enrichir.
Ce droit fait partie intégrante de la construction identitaire bilingue ou plurilingue de nos élèves. Avec les services essentiels visant à accorder le droit d'apprendre en français, de nombreux élèves ont l'option de nourrir leur identité interculturelle. L'immersion devrait être accessible à tous.
Dans le passé, plusieurs voyaient l'immersion comme un programme d'élite. Nous tentons de changer cette mentalité et de parler davantage de l'inclusion. C'est un changement important dans la perception du programme d'immersion ainsi que de celle du bilinguisme au Canada. Avec cette transition, les conseils scolaires au Canada, ainsi que nos partenaires, cherchent toujours des moyens de mieux répondre aux besoins de tous nos apprenants.
Quels sont les enjeux? L'immersion française hors Québec se trouve en contexte minoritaire. Il existe parfois un sentiment de compétition entre les programmes pour obtenir des inscriptions, et il faut considérer la culture complète de l'école. Cependant, pour augmenter la confiance linguistique de nos enseignants qui ont un lien direct avec l'apprentissage des élèves, il serait souhaitable de continuer d'encourager une présence du français parmi les membres de la direction scolaire.
Est-ce la variété du niveau de français des enseignants qui reste à explorer, ou est-ce que ce sujet devrait demeurer tabou afin de respecter l'autonomie des enseignants? Il faut continuer de favoriser un modèle qui suscite l'intérêt chez nos enseignants pour qu'ils puissent continuer d'explorer leur propre identité sociolinguistique.
Les directions d'école sont souvent les portes d'entrée des écoles. Elles font le lien avec la communauté, les enseignants et les parents, et ce sont elles qui prennent les décisions importantes.
Comment pouvons-nous outiller les administrateurs des programmes d'immersion? En considérant les diplômés de l'immersion française. Comment nourrir les capacités de leadership de ces jeunes enseignants bilingues pour les encourager? En collaborant avec les experts travaillent dans le contexte anglophone. Il faut continuer à faire du réseautage, à échanger et à se tenir au fait des dernières recherches et des tendances en immersion. Il faut surtout continuer à développer leurs compétences pédagogiques et langagières. C'est un milieu qui évolue continuellement.
L'ACPI offre des forums aux administrateurs. Ce printemps, ces forums, appuyés par Patrimoine canadien, se tiendront à Edmonton, à Winnipeg et à Ottawa. Selon la vice-présidente de l'ACPI, Marline Al Koura, ces forums accordent de l'importance à la formation des administrateurs anglophones au sein des enjeux liés à l'immersion, et ils ouvrent les portes de nos programmes de façon à bien accueillir nos jeunes en difficulté.
Comment mesurer le succès des programmes d'immersion? Est-ce qu'il y a une inclusion évidente dans nos écoles pour promouvoir la diversité sociolinguistique afin d'encourager les élèves de tous les niveaux, grâce à leurs habilités et à leur histoire personnelle, à développer leur propre identité bilingue? Est-ce que les enseignants sont engagés dans l'action-recherche en partageant leurs succès et en travaillant à leurs propres projets d'enquête afin de développer leur identité sociolinguistique?
J'espère que les programmes d'immersion continueront de croître pour le bien-être de nos élèves et pour favoriser une fierté nationale fortement bilingue, interculturelle et inclusive. Merci.
La présidente : Je tiens tout d'abord à dire à quel point je suis fière de voir la jeune femme enseignante, administratrice compétente et professionnelle que tu es devenue, Christey. Je crois que ta présence aujourd'hui témoigne justement du succès du programme d'immersion.
Tu es une finissante d'un programme d'immersion, finissante d'un programme de formation des maîtres en immersion, enseignante en immersion et, maintenant, directrice adjointe. Bravo!
Mme Hughes : Merci beaucoup.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Madame Hughes, soyez la bienvenue. Sachant que vous êtes une amie proche de notre présidente, c'est encore plus agréable de vous recevoir. Je vais vous poser une question qui va peut-être vous sembler spéciale.
Beaucoup de parents croient aux nombreux bienfaits de la maîtrise des deux langues officielles. Un professeur me faisait remarquer récemment qu'il arrive des situations où, plutôt que d'inscrire les enfants dans un programme d'immersion, les parents choisissent plutôt de les inscrire dans une école qui correspond à leur langue seconde, et ce, dès le primaire.
Ils agissent ainsi afin que leurs enfants puissent être complètement exposés à l'autre langue pour qu'ils deviennent parfaitement bilingues, même si, à la maison, ils continuent de parler dans leur langue maternelle. Or, les parents ont le droit de le faire, puisqu'en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, c'est protégé. Vous qui êtes une enseignante, est-ce une tendance dont vous avez entendu parler, puisque les enseignants font face aux défis additionnels de former des étudiants anglophones et francophones dans une même salle de classe et qu'ils doivent diriger leur attention plutôt sur les élèves qui y viennent pour y apprendre une langue seconde? Croyez-vous que ceci puisse avoir un effet, un impact sur la formation et le développement des autres élèves dans cette classe?
Mme Hughes : La différenciation est une réalité dans nos salles de classe partout au pays. C'est par rapport aux différences des compétences linguistiques, et c'est vraiment une douance, c'est quelque chose de spécial quand nous avons des membres de la classe qui sont à différents niveaux du continuum de l'apprentissage de la langue. Tout le temps qu'on passe avec les autres membres de la classe fait partie d'une communauté d'apprentissage, et c'est la tâche de l'enseignant d'être en mesure de répondre aux besoins de tout le monde dans cette classe. Avec le curriculum qui change en Colombie-Britannique, l'accent est mis sur le processus de l'enquête où l'élève cherche une inspiration innée de son apprentissage, où il a l'occasion de poursuivre ses rêves, peu importe son niveau de langue et ses autres difficultés ou ses douances. Ainsi, je trouve qu'il y a une place pour tout le monde en immersion, peu importe le niveau de langue.
La sénatrice Fortin-Duplessis : Je vous remercie. L'enseignante qui m'avait mentionné cela semblait éprouver de la difficulté. Elle trouvait très difficile d'avoir en même temps ces jeunes qui arrivaient pour apprendre le français, mais qui étaient de jeunes anglophones, et la tâche d'enseigner aux deux en même temps. Elle trouvait qu'elle était obligée d'accorder trop d'attention à l'élève anglophone qui vient pour apprendre le français.
Mme Hughes : Selon moi, la situation est semblable à celle du niveau de lecture. Dans n'importe quelle classe, francophone, d'immersion ou anglophone, il y a différents niveaux de lecture et différentes difficultés d'apprentissage. C'est le même cas. Ma réponse à cette enseignante serait simplement que c'est notre travail.
La sénatrice Fortin-Duplessis : J'aurais une question pour Mme Melanson : votre présentation a été très intéressante. La politique de votre ministère qui vise à guider les conseils scolaires, les directions d'école et les enseignants dans le cadre de l'offre d'un programme de français langue seconde, qui a été développée en 1998, est en cours de révision. Pouvez-vous nous parler de cette révision et des aspects de cette politique que vous planifiez modifier ou améliorer?
[Traduction]
Mme Melanson : Nous avons modifié la politique à maintes reprises afin de la tenir à jour. La situation dans le domaine de l'enseignement n'est bien sûr plus la même qu'en 1998, lorsque la politique a été mise en œuvre.
Nos programmes sont aujourd'hui différents par rapport à ceux que nous avions en 1998 et nous en tenons compte. Nous tentons d'examiner les paramètres pour le programme de français intensif et le programme de français intégré. Voilà certaines des principales politiques que nous essayons de mettre à jour.
Je vais revenir sur ce que ma collègue a dit, c'est-à-dire mettre l'accent sur l'inclusion, sur la différence et sur le lien entre notre politique de français langue seconde et les politiques de services aux élèves, en plus de s'éloigner d'une perception d'élitisme et de s'assurer que le français est la langue de communication en classe, sans affirmer qu'elle devrait l'être mais qu'elle doit l'être. Cette notion a toujours existé, mais il s'agit plutôt d'une orientation, par rapport à ce que nous souhaiterions. Nous essayons d'appliquer les paramètres aux programmes individuels. Certains ne sont pas définis très clairement parce qu'ils n'existaient tout simplement pas quand la politique a été élaborée.
[Français]
La sénatrice Fortin-Duplessis : Vous avez mentionné que l'apprentissage du français se fait de la deuxième année à la douzième année. Vous avez aussi mentionné qu'il y en avait plusieurs qui abandonnaient après la neuvième. Le niveau de bilinguisme de l'étudiant qui cesse de suivre des cours de français après la neuvième année lui permettra-t-il d'occuper un emploi qui exige la connaissance des deux langues officielles? J'imagine que celui qui a étudié 12 ans, et qui est en douzième année, est pas mal plus fort. Cependant, est-ce que l'autre qui a neuf ans d'apprentissage est tout de même capable d'occuper un poste comme celui-là?
[Traduction]
Mme Melanson : Tout dépend du programme qu'ils ont suivi.
J'aimerais juste apporter une petite correction. Dans notre programme, l'immersion précoce en français commence au niveau primaire. J'ai enseigné de la 2e à la 12e année; c'est donc ma référence. L'immersion précoce commence au primaire. Nous avons un programme d'immersion tardive qui commence en 7e année. Une commission scolaire offre un programme d'immersion qui commence en 4e année. C'est ce que cette commission a choisi, mais notre français de base commence en 4e année.
Le programme suivi par l'élève déterminera son niveau de bilinguisme et sa maîtrise du français langue seconde. Si nous prenons l'exemple d'un élève en français de base qui quitte le programme à la fin de la 9e année, nos données révèlent que si des méthodes traditionnelles de l'étude de la grammaire ont été utilisées, pour certains aspects de la langue, la capacité de communiquer est très faible. Les élèves qui quittent à la fin de la 9e année perdront ce qu'ils ont appris s'ils cessent de pratiquer.
Nous offrons aux élèves qui finissent l'immersion un examen DELF à la fin de la 12e année s'ils souhaitent poursuivre le programme. La majorité des élèves terminant l'immersion obtiennent un niveau B1-B2 à la suite de l'examen. Ils reçoivent ainsi une reconnaissance internationale et nous savons qu'ils pourront très certainement occuper différents emplois dans les milieux de travail, ce qui est le cas de bon nombre d'entre eux.
J'ai été interpellée lorsque Mme Hugues a dit que de nombreux élèves en immersion reviennent et deviennent eux- mêmes des enseignants en français langue seconde ou des enseignants en immersion.
Nous ne faisons pas passer d'examen aux élèves à la fin de la 9e année. Nos résultats sont tirés du DELF, qui est offert à tous. Les élèves ont le choix de passer l'examen s'ils souhaitent obtenir cette reconnaissance, et ils peuvent le faire à la fin de la 12e année. Je ne peux donc pas vraiment vous renseigner sur le niveau après la 9e année, mais essentiellement, l'apprentissage d'une deuxième langue est semblable à l'apprentissage d'une autre compétence — si on ne la pratique pas, on la perd. Ce qui est certainement une perte.
[Français]
La sénatrice Poirier : Ma première question est pour Mme Melanson. Bienvenue.
[Traduction]
Dans votre exposé, vous avez dit que le français de base commence en 4e année et qu'il est obligatoire pour tous les élèves jusqu'à la fin de la 9e année. Ensuite, les élèves peuvent choisir s'ils veulent poursuivre ou non jusqu'à la 12e année. Vous avez aussi dit que 38 p. 100 des élèves admissibles continuent leurs études en français de base, une proportion assez faible par rapport au nombre d'élèves qui pourraient continuer. Puis, il y a quelques minutes, vous disiez que de nombreux élèves qui ne poursuivent pas les études en français après la 9e année perdent ce qu'ils ont appris.
Ma question ne concerne pas que la Nouvelle-Écosse; n'allez donc pas croire que je ne m'intéresse qu'à la Nouvelle- Écosse, mais je m'interroge. Je présume que la plupart des provinces et la plupart des gens qui enseignent le français jusqu'à la 9e année sont dans la même situation que vous, et qu'un certain nombre des élèves qui ne continuent pas leur apprentissage perdent leurs acquis.
Avez-vous déjà envisagé la possibilité de dire que cet enseignement ne s'arrêterait pas en 9e année? S'ils abandonnent, s'ils ne continuent pas, cela signifie-t-il que notre enseignement ne sert à rien s'ils perdent leurs acquis si rapidement? Ne devrait-on pas envisager la possibilité de rendre cet enseignement obligatoire jusqu'en 12e année?
Mme Melanson : Je sais qu'en Nouvelle-Écosse, il y a plusieurs années, on avait envisagé la possibilité de rendre l'enseignement du français de base obligatoire jusqu'en 10e année. Je ne sais pas pourquoi ce projet n'a pas vu le jour. Je n'occupais pas mon poste actuel à l'époque.
Je pense que dans le contexte de la Nouvelle-Écosse, et dans notre contexte, nous nous intéressons beaucoup aux autres priorités des élèves du secondaire pour ce qui est du nombre de crédits obligatoires et optionnels qu'ils doivent prendre. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que lorsque les élèves choisissent de ne pas continuer, ce n'est parfois pas parce qu'ils ne veulent pas; c'est simplement parce que leur emploi du temps ne leur permet pas de le faire.
Ne serait-ce pas extraordinaire de rendre l'enseignement du français obligatoire jusqu'à la fin de la 12e année? Oui, en effet, mais c'est là mon opinion personnelle. Évidemment, je suis fortement en faveur de cet enseignement. Je pense qu'il existe un certain nombre de motifs pour lesquels, dans l'ensemble des provinces et des territoires du Canada, le français langue seconde n'est pas obligatoire. Parfois, je pense que ces motifs sont d'ordre économique, reflètent le manque de personnel, la population et la demande. Parfois, c'est la perception du grand public de ce que cela signifie et de l'importance de l'apprentissage du français langue seconde. Parfois, des motifs politiques justifient le fait que cet enseignement n'est pas offert jusqu'à la fin de la 12e année.
Je répète que c'est quelque chose que j'aimerais voir se concrétiser, mais je pense que chaque province et territoire est différent. Je sais qu'en Nouvelle-Écosse, nous avons un programme obligatoire, mais je suis consciente que dans d'autres régions du pays, le français de base n'est pas obligatoire du tout, comme vous en avez sans doute déjà entendu parler au comité. Ce serait là quelque chose d'extraordinaire, s'il y avait un engouement pour le bilinguisme et si le grand public considérait que c'était nécessaire.
Je pense que dans bon nombre de régions principalement anglophones, le bilinguisme n'est pas tant considéré comme une nécessité. Mais je dirais que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a mis en place une stratégie de compétences en milieu de travail à laquelle nous tentons d'associer certaines de nos nouvelles initiatives. Et le plan d'action que notre ministre a clairement établi, et dont je suis très satisfaite, démontre vraiment que la culture et la langue française comme deuxième langue ou comme première langue font partie intégrante des compétences de la main-d'œuvre. C'est la raison pour laquelle les initiatives que j'ai mentionnées dans le plan d'action sont conçues pour inciter les enfants à poursuivre leur apprentissage, sans forcément qu'ils s'interrogent sur le but ultime de celui-ci car il se peut qu'ils ne s'en serviront pas, mais pour cibler avec précision et promouvoir les liens qu'il y a entre le bilinguisme et les compétences en milieu de travail.
C'est l'un des projets sur lesquels nous allons travailler cette année pour ce qui est du français langue seconde.
La sénatrice Poirier : La semaine dernière, nous avons reçu ici l'ambassadeur de la Suisse, qui nous a expliqué que dans son pays, et c'était intéressant de l'écouter, les enfants entrent à l'école en apprenant leur langue maternelle, et ensuite en 3e année, on leur apprend une deuxième langue, et en 5e année, on leur enseigne une troisième langue. Ils poursuivent cet enseignement jusqu'en 12e année en raison des importants avantages que ces langues leur donnent sur le marché du travail et pour leur avenir.
C'est quelque chose que l'on voit beaucoup; je ne visais pas précisément la Nouvelle-Écosse. Je ne veux pas que vous pensiez cela. C'est un problème qui existe dans bon nombre de provinces où l'on apprend un peu le français, parce que c'est facultatif et qu'on n'est pas obligé de continuer, mais certains décident d'arrêter. Je pense que c'est triste, car ce sont des acquis qui se perdent et qui pourraient être utiles par la suite.
Je tiens à vous remercier de vos observations. Je vous en suis vraiment reconnaissante.
Mme Melanson : Je suis d'accord. Merci.
La sénatrice Poirier : Bien. Ma deuxième question s'adresse à Mme Hughes.
La présidente : Avez-vous quelque chose à ajouter à cette question, madame Hughes?
[Français]
Mme Hughes : Chez nous aussi, comme ma collègue vient de le dire, le français de base est en concurrence avec tous les autres cours qui sont intéressants pour les élèves; nous devons faire du marketing pour le programme et pour recruter des enseignants compétents.
Nous sommes très fiers, à Kamloops, du taux très bas de décrochages dans le programme d'immersion, et cela reflète le très haut niveau de compétence de nos enseignants. Toutefois, on ne retient pas tout le monde, même en immersion, de la septième à la douzième année; c'est un défi, et nous cherchons toujours à améliorer nos résultats, qui sont assez élevés.
En français de base, cela devient un problème après la neuvième année; entre la cinquième année et la neuvième année, c'est obligatoire, mais ensuite, le français fait concurrence au japonais, à l'allemand et à d'autres choix.
Il est important pour nous de promouvoir un bilinguisme fort, mais il est aussi important de respecter les désirs des élèves afin qu'ils puissent poursuivre leurs rêves et qu'ils développent leur identité sociolinguistique et socioculturelle.
Par ailleurs, j'ai écouté avec grand intérêt la comparution de l'ambassadeur de la Suisse; il était très intéressant d'entendre combien c'est différent, d'une région à l'autre. Au Canada, il y a aussi des différences d'une région à l'autre, pas du même ressort que ce qu'il a évoqué, mais cela fait partie des enjeux.
La sénatrice Poirier : Il serait intéressant de trouver une façon d'éduquer les gens quant à l'importance de nos deux langues officielles au Canada et quant aux avantages qu'apporte le fait de connaître ces deux langues officielles. Si nous pouvions réussir à vendre cette idée, peut-être pourrions-nous un jour voir des résultats différents.
Avez-vous de la difficulté à faire comprendre aux parents l'importance d'inscrire leur enfant dans une école d'immersion française? D'une année à l'autre, est-ce que le nombre de parents désirant inscrire leur enfant dans une école d'immersion va en augmentant ou en diminuant?
Mme Hughes : C'est vraiment populaire chez nous; il y a quelquefois des listes d'attente dans certaines commissions scolaires. Nous essayons de faire de notre mieux pour accommoder tout le monde et nous réussissons assez bien pour le moment. Malgré le déclin de l'inscription en maternelle en général, l'inscription en immersion continue de croître. Encore une fois, nous sommes très fiers de notre plan de marketing, mais en fin de compte, le marketing se fait naturellement entre les parents. En entendant les élèves au terrain de jeu parler en français, les parents sont très fiers; ils voient cela comme une commodité financière qui augmente les débouchés pour leurs enfants. Nous n'avons aucun problème à convaincre les parents d'inscrire leurs enfants en immersion.
La sénatrice Poirier : Est-ce que le fait d'inscrire leur enfant dans une école d'immersion aide les parents eux-mêmes à apprendre la deuxième langue avec leur enfant?
Mme Hughes : Absolument, parce qu'on donne des devoirs de lecture à la maison et, le plus souvent, les enfants adorent lire devant leurs parents. Les parents essaient d'étudier les mots de vocabulaire pour être capables de donner de petits tests à leur enfant. On donne de moins en moins de devoirs, mais on donne de plus en plus de projets de découverte, et les parents s'intéressent vraiment à tout ce qui touche l'identité de leur enfant.
[Traduction]
La sénatrice Charette-Poulin : Madame Melanson, c'était intéressant de vous écouter nous décrire les échanges que font certains de vos élèves avec d'autres provinces de l'Atlantique et d'entendre à quel point les élèves semblent en profiter.
Il y a quelques jours, nous avons reçu un témoin qui nous a expliqué que bien qu'il ait grandi dans un milieu anglophone et soit allé à l'école en anglais, c'est grâce à ce genre d'expérience qu'il a décidé de faire de la langue et de la culture françaises sa priorité.
Pensez-vous que les programmes d'échange sont raisonnables et suffisants au Canada, madame Melanson?
Mme Melanson : Nous participons au programme Explore, et nous avons aussi un programme d'échange entre la Nouvelle-Écosse et le Québec. Je crois que le Québec a conclu plusieurs accords avec différentes provinces où nous envoyons des élèves du secondaire.
Je pense que c'est une excellente occasion pour les élèves. Nous avons Explore; je sais aussi qu'il y a Odyssey et que des entreprises privées offrent ce type d'échange au pays. Cela permet probablement de faire comprendre à un plus grand nombre d'élèves que leur participation à ce type d'échange est une magnifique occasion.
Nous faisons beaucoup de promotion. Ma collègue l'a mentionné, et l'honorable sénatrice qui vient de s'exprimer en a aussi fait mention. Une bonne partie de cette tâche consiste à aller à la rencontre des élèves pour leur dire : « Voilà une excellente occasion, et voilà ce qu'elle va vous donner » et pas simplement, « Cela va vous permettre de décrocher un emploi dans cinq ans. » Nous faisons vraiment de la promotion.
Je ne pense pas que ce qui importe vraiment est le nombre de programmes disponibles mais plutôt la promotion que l'on en fait. On fait ce qu'on peut, mais il y a beaucoup d'offres par rapport au temps dont disposent les élèves et à leurs intérêts. L'offre est très vaste dans les systèmes scolaires et les élèves ont l'occasion d'apprendre la programmation, qui est une tout autre langue. Nous devons vraiment nous efforcer de mieux promouvoir, non seulement les avantages du bilinguisme, mais aussi ce que cela signifie véritablement que d'avoir la capacité de communiquer dans deux langues.
Le projet que j'ai mentionné plus tôt, qui est en quelque sorte un mini-échange que nous avons fait avec la communauté acadienne, a permis de mettre en contact des élèves acadiens souhaitant mieux connaître leur propre culture et nos élèves en français langue seconde et de faire une différence dans la vie des élèves en leur faisant comprendre comment fonctionne le français, que c'est une langue vivante, et toute l'importance, pour eux, de communiquer avec l'ensemble de la communauté acadienne, que ce soit les jeunes ou les aînés. C'est le type de programme qui contribue véritablement à l'enrichissement des élèves à l'extérieur des programmes d'échange habituels.
La sénatrice Charette-Poulin : Merci, madame Melanson. Madame Hughes, souhaitiez-vous ajouter quelque chose?
[Français]
Mme Hughes : Les médias sociaux jouent un rôle important de nos jours dans la promotion et l'engagement. Il y a beaucoup de choses qu'on peut faire en tant que professionnels en créant nos propres réseaux et en recherchant l'expertise des autres, mais c'est également vrai pour les élèves qui voudraient interagir de façon authentique avec les autres. C'est tellement facile de nos jours de créer des occasions d'interactions authentiques avec ceux qui parlent leur langue maternelle. L'ACPI et leurs partenaires, comme Le français pour l'avenir, et plusieurs autres, sont très engagés dans les médias sociaux en ligne comme Twitter et Facebook, afin de promouvoir constamment les concours et les occasions de partager dans la deuxième langue tout en créant des liens avec les autres.
[Traduction]
La sénatrice Charette-Poulin : Madame Melanson, vous travaillez pour le ministère de l'Éducation de la Nouvelle- Écosse. Les ministres de l'Éducation des provinces et des territoires se réunissent-ils régulièrement pour discuter de l'apprentissage d'une deuxième langue officielle?
Mme Melanson : Je ne fais vraiment pas partie de la haute gestion, alors j'hésiterais à me prononcer sur cette question. Je sais que le CMEC rassemble des directeurs de programmes d'enseignement du français langue seconde de partout au pays, ceux qui travaillent pour les ministères, afin de discuter de projets, par conférence téléphonique ou en personne, afin d'échanger sur ce qui a cours en matière d'apprentissage d'une deuxième langue. À part cela, je ne suis vraiment pas bien placée pour vous donner une réponse exacte à cette question.
[Français]
Mme Hughes : Je ne peux répondre au nom des ministères de l'Éducation. Nous assistons à une transformation des curriculums en Colombie-Britannique. Il y a beaucoup de discussions sur la pédagogie quant aux meilleures pratiques en langue seconde. Nous tenons depuis longtemps de nombreux échanges en ce qui concerne le CECR et surtout le DELF, comme vient de le décrire ma collègue, pour voir comment s'épanouissent nos programmes de langue seconde, d'immersion française, de français de base et d'autres langues. Nous avons aussi plusieurs associations formées d'enseignants, de professeurs, d'administrateurs et de coordonnateurs, comme la British Columbia Language Coordination Association ainsi que l'APPIPC qui travaillent souvent avec les associations nationales pour veiller à ce que nous soyons au courant de ce qui se passe dans l'ensemble du pays afin de diffuser ces nouveautés à nos enseignants, et certainement de partager la tâche de faire les demandes de fonds aux ministères lorsque cela est approprié.
[Traduction]
Le sénateur McIntyre : Madame Melanson, merci de votre exposé. Ma question fait suite à celle qu'a posée la sénatrice Fortin-Duplessis. Elle concerne la politique de programme mise sur pied par votre ministère en 1998, et dont le but était de réglementer les programmes d'enseignement du français langue seconde. Faut-il comprendre que la politique du programme ne fait actuellement l'objet d'aucun examen?
Mme Melanson : Oh non, elle est en cours d'examen. En Nouvelle-Écosse, nous effectuons un examen des programmes d'éducation, et il s'agit du plan d'action de la ministre dont j'ai parlé tout à l'heure. L'examen et la mise à jour de la politique font partie intégrante de cette initiative. Cela fait maintenant un certain temps que le processus suit son cours.
Le plan d'action de la ministre nous donne des orientations un peu plus précises et vise à s'assurer que les politiques sont harmonisées et cohérentes. Nous sommes effectivement en train d'examiner toutes ces politiques, et le français langue seconde ne fait pas exception.
La sénateur McIntyre : D'accord. Merci.
[Français]
Mme Hughes, vous avez créé un wiki dans le but de permettre le partage des ressources entre les enseignants en immersion. Pourriez-vous nous parler de ce wiki, qui est une application web?
Mme Hughes : Je suis très impressionnée que vous soyez au courant. C'est superbe.
Le sénateur McIntyre : J'ai fait mes recherches.
Mme Hughes : L'Internet est magique. Cela a commencé lorsque je suis venue à l'Institut parlementaire des enseignants pour la première fois, ici, à Ottawa, en 2012. J'ai rencontré une collègue qui venait d'ailleurs elle aussi. On a commencé à se demander comment on pourrait garder les relations qu'on venait de faire durant cette expérience. Elle m'a parlé de ce qu'elle faisait sur Twitter. On a ainsi créé le hashtag#FRIMM ensemble. C'était son idée.
Compte tenu de toutes les bonnes conversations en ligne, en 140 caractères ou moins, qui étaient connectées grâce au Web aux autres blogues, et aux autres sites web disponibles visant à faciliter l'apprentissage et la pédagogie en immersion et ailleurs, on a décidé qu'il fallait mettre tout cela ensemble quelque part pour qu'on puisse le consulter plus tard et le partager avec les autres.
Je ne travaille plus avec ce wiki, mais j'ai évolué vers les autres réseaux sociaux que j'utilise couramment au moyen de Twitter et de Facebook.
La sénatrice Chaput : Madame Melanson, il est important que votre histoire de succès soit partagée avec les intervenants partout au Canada, avec les associations, les professeurs, les parents, et cetera, parce qu'on peut apprendre de ce qui se fait au pays.
Madame Hughes, j'aimerais vous dire à quel point, si j'étais à la place de la sénatrice Tardif, je serais fière de votre présentation aujourd'hui, parce que, après des années de travail ardu, elle voit le fruit de son labeur, comme on dit chez nous. Je tenais à vous le dire, car, à sa place, je serais très fière. Je vous remercie, et continuez votre bon travail.
Mme Hughes : J'ai eu de très bons mentors. Merci.
La présidente : Merci beaucoup, sénatrice Chaput. Merci aussi à nos deux témoins. Madame Melanson, aimeriez- vous ajouter quelque chose?
[Traduction]
Mme Melanson : Oui, s'il vous plaît. Je vous suis très reconnaissante du travail que vous faites pour promouvoir le bilinguisme, l'apprentissage du français langue seconde, au pays. J'ai pris connaissance de l'éventail de témoins qui ont comparu devant votre comité. C'est fascinant d'entendre autant de points de vue, de perspectives de partout au pays, mais nous sommes tous unis autour d'un objectif commun. Faire partie de ce milieu et jouer un rôle dans l'enseignement du français langue seconde est, pour moi, la passion de ma vie, et je pense que la promotion en est un volet important.
Madame Hughes, je suis particulièrement contente de vous avoir entendu parler de votre wiki. J'utilise moi aussi les médias sociaux. Le nôtre, en Nouvelle-Écosse, s'appelle Moodles, car il s'agit d'un moyen de communication privée pour nos enseignants et nos élèves.
Je pense que la promotion peut se faire de bien des façons. Il s'agit vraiment d'ouvrir les yeux des élèves, des parents et du grand public pour qu'ils saisissent toute l'importance d'être bilingue dans notre pays afin de vraiment comprendre notre identité canadienne.
Merci encore une fois de nous avoir donné cette occasion ce soir.
[Français]
Mme Hughes : Pour continuer à appuyer la direction en immersion, de même que les anglophones, les francophiles et les francophones qui travaillent dans les programmes de langue seconde, l'Association canadienne des professeurs en immersion (ACPI) est fière d'offrir des forums aux administrateurs, qui se tiendront en avril à Winnipeg avec M. Roy Lyster, à Ottawa avec Mme Katy Arnett et à Edmonton avec M. Fred Genesee. Ces rencontres ont pour but de continuer d'offrir des réseaux aux administrateurs afin de favoriser leur propre apprentissage professionnel.
Je suis ravie d'être ici. Il s'agit d'une occasion extraordinaire de développement professionnel. Je vous remercie infiniment de votre invitation à comparaître devant ce comité. Par l'entremise de nos médias sociaux, j'ai pu apprendre ce que vous faites dans l'ensemble du pays.
La présidente : Le comité a réussi à donner un exemple de développement professionnel entre deux enseignantes, une en Colombie-Britannique et l'autre en Nouvelle-Écosse. C'est une expérience nouvelle aussi pour le Comité des langues officielles. On sait que les enseignants sont à la base du succès de l'apprenant. Bravo!
[Traduction]
Merci de votre engagement.
[Français]
Je vous remercie d'avoir partagé votre expertise et votre expérience avec les membres du comité.
(La séance est levée.)