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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule no 13 - Témoignages du 7 juin 2016


OTTAWA, le mardi 7 juin 2016

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui, à 17 h 21 afin d'étudier les priorités pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien en matière d'accès aux marchés internationaux.

Le sénateur Ghislain Maltais (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bienvenue à tous. Je suis le sénateur Maltais, du Québec, président du comité.

Avant de commencer, je vais demander aux sénateurs de se présenter, en commençant à ma gauche.

Le sénateur Mercer : Je suis le sénateur Terry Mercer, de la Nouvelle-Écosse. Bienvenue, monsieur le ministre.

La sénatrice Merchant : Bonjour, monsieur le ministre. Je suis votre voisine. Je m'appelle Pana Merchant et je suis de la Saskatchewan.

Le sénateur Plett : Bonjour, monsieur le ministre. Je me suis déjà présenté. Je m'appelle Don Plett.

Le sénateur Dagenais : Bonjour, monsieur le ministre. Je m'appelle Jean-Guy Dagenais et je suis du Québec. J'ai appris l'anglais avec le sénateur Maltais.

Le président : Le comité poursuit son étude sur les priorités pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien en matière d'accès aux marchés internationaux.

Aujourd'hui, nous avons le grand plaisir d'avoir avec nous M. Ralph Eichler, ministre de l'Agriculture au gouvernement du Manitoba.

Bienvenue, monsieur le ministre, et merci beaucoup de votre présence. Nous savons que vous n'avez pas beaucoup de temps, mais nous essaierons de vous faire profiter de chaque instant avec nous.

L'honorable Ralph Eichler, ministre de l'Agriculture, gouvernement du Manitoba : Merci beaucoup. Nous sommes très heureux d'avoir la possibilité de nous présenter devant le comité cet après-midi. Je crois comprendre que le diaporama vous a été remis.

Le président : Oui.

M. Eichler : Commençons alors. Merci de m'offrir cette possibilité de m'adresser à vous. C'est un réel plaisir d'être avec vous aujourd'hui. Naturellement, avec cette nouvelle technologie, j'ai l'impression de faire partie de votre comité, à vous regarder ainsi.

La première diapositive montre notre agriculture et notre industrie alimentaire. Le Manitoba est unique. Nous avons un grand territoire et une production diversifiée. L'agriculture génère des recettes monétaires de 6 milliards de dollars. Notre population n'est pas très grande, mais nous avons beaucoup de petites et de moyennes entreprises. La transformation alimentaire compte pour environ le quart de tous les produits fabriqués au Manitoba chaque année, soit 4 milliards de dollars.

La deuxième diapositive montre l'importance du commerce. La diversité de notre économie nous sert bien au Manitoba, mais le commerce est de la toute première importance. Soixante-sept pour cent des produits alimentaires fabriqués quittent la province. Voilà un chiffre impressionnant, étant donné notre population. Nos exportations représentent tout près de 5,2 milliards de dollars. Il est donc nécessaire que notre secteur de la transformation à valeur ajoutée et des exportations de marchandises et de produits alimentaires continue de se développer pour assurer la croissance économique et la création d'emplois. De plus, l'amélioration de l'accès aux marchés revêt une importance cruciale pour la compétitivité des secteurs du Manitoba qui dépendent des exportations. Nos producteurs et nos transformateurs ont donc besoin d'une aide fédérale efficace; cette aide est vitale pour eux.

La troisième diapositive montre les bons coups du gouvernement fédéral. Nous avons réalisé avec le gouvernement fédéral des projets qui permettront d'améliorer les échanges commerciaux. Les nouvelles ouvertures nous permettent de satisfaire aux obligations commerciales. Nous sommes heureux d'avoir réussi conjointement à faire abroger la réglementation relative à l'étiquetage indiquant le pays d'origine (EPO) pour le bœuf et le porc, ce qui a donné un meilleur accès au marché pour les éleveurs de bétail. Les producteurs manitobains ont utilisé les moyens à leur disposition pour obtenir du financement en appui à une expansion sur le marché et ils ont obtenu beaucoup de succès.

La quatrième diapositive traite des préoccupations relatives à l'accès aux marchés. Nous félicitons le gouvernement fédéral d'avoir percé de nouveaux marchés. Nous devons maintenant informer nos producteurs et nos transformateurs sur la façon de tirer profit au maximum des possibilités qui s'offrent maintenant à eux. Il faut pour cela mettre en commun l'information sur les marchés et l'information sur la production et faire connaître le protocole et la façon de satisfaire aux normes mondiales.

Il est essentiel que le gouvernement fédéral continue d'investir dans l'infrastructure pour que nous puissions livrer nos produits aux consommateurs à travers le Canada, que ce soit par la route ou par le chemin de fer, ou encore pour acheminer nos produits aux ports canadiens efficacement. Les délais de livraison s'allongent et les coûts s'additionnent vite lorsque nous ne pouvons pas acheminer nos produits sur le marché rapidement.

Nous avons toujours quelques préoccupations concernant l'accès aux marchés qui nuisent aux échanges commerciaux. Il y a notamment l'étiquetage des OGM et les exigences de l'EPO pour les moutons. Nous appuyons les efforts continus déployés pour faire tomber ces obstacles.

Une pénurie de travailleurs qualifiés dans les secteurs de l'agriculture et de la transformation alimentaire constitue un obstacle à la réussite et à la croissance. Les changements apportés au Programme des travailleurs étrangers temporaires ont eu des répercussions importantes sur la capacité des employeurs agricoles et agroalimentaires du Manitoba de répondre aux besoins de leurs marchés. Ils ont empêché notre industrie de la transformation de la viande de croître. Nos grands transformateurs de la viande de porc, Maple Leaf et HyLife, ont vu leur capacité d'expansion gravement diminuée et il en demeurera ainsi à moins que nous leur donnions accès à une main-d'œuvre qu'ils ne peuvent pas trouver localement.

Nous continuons de demander au gouvernement fédéral de donner plus de liberté à chaque région pour évaluer ses propres besoins en main-d'œuvre issue du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Nos producteurs se sont dits inquiets des nouvelles mesures de contrôle à la frontière et du renforcement des règles qui affectent les bénéfices tirés du marché.

Les accords commerciaux donnent accès à des occasions d'affaires, mais ils provoquent également de la concurrence dans nos marchés intérieurs, qui se retrouvent alors avec davantage de biens importés contre lesquels ceux des entrepreneurs canadiens entrent en concurrence. Nous devons maintenir les investissements qui permettent à nos producteurs de soutenir la concurrence des producteurs étrangers.

La cinquième diapositive montre les investissements stratégiques effectués au Manitoba. Le Manitoba veut accroître ses exportations de produits transformés et de sous-produits sur le marché mondial et il a fait des investissements stratégiques en recherche et en innovation dans des secteurs clés. L'agriculture est l'un des secteurs qui ouvrent la voie en innovation; nous continuerons de travailler en partenariat avec les entreprises et les leaders de la collectivité pour créer de nouvelles occasions d'affaires et pour innover. CentrePort est notre port intérieur et notre zone de commerce avec l'étranger qui nous donne accès à d'autres réseaux de transport.

La sixième diapositive fait état des efforts de collaboration déployés en matière de commerce. Le commerce est une compétence partagée, et nous continuons de collaborer avec les autres paliers de gouvernement pour faire tomber des obstacles. Nous continuerons également à défendre les intérêts de notre industrie dans les secteurs d'intérêt mutuel. Nous entendons améliorer le commerce des produits et des services à l'intérieur du marché canadien en adhérant au Nouveau partenariat de l'Ouest. Nous appuierons le PTP pour accroître les exportations et protéger ainsi les emplois. La réduction des formalités administratives est une priorité au Manitoba et cela favorisera les échanges commerciaux. Le Manitoba est prêt. Nous travaillerons avec nos partenaires de partout dans le monde pour assurer la croissance économique du secteur agricole.

La septième diapositive énumère les recommandations du Manitoba. Pour résumer, il y a quatre recommandations: harmoniser les règlements sur la salubrité alimentaire et faciliter l'accès à de nouveaux marchés; investir conjointement dans l'infrastructure; combler les pénuries de main-d'œuvre et de travailleurs qualifiés; travailler ensemble à recueillir des renseignements sur les marchés accessibles pour notre secteur et contrôler les importations pour protéger nos producteurs et nos transformateurs régis par la gestion de l'offre.

Je veux remercier le comité de m'avoir donné la possibilité de comparaître devant lui cet après-midi et de lui faire part du fait qu'il est important pour nous de travailler efficacement avec le gouvernement fédéral et, naturellement, avec les autres provinces.

Le président : Merci beaucoup, monsieur le ministre. Nous savons que vous devez maintenant partir voter et que nous n'avons pas de temps pour poser des questions.

M. Eichler : La cloche n'a pas encore commencé à sonner, mais cela ne devrait pas tarder.

Le sénateur Plett : Merci encore une fois, monsieur le ministre, d'être avec nous aujourd'hui. Pour les fins du compte rendu, j'aimerais vous féliciter à la fois pour la victoire éclatante de votre parti aux élections manitobaines et pour votre nomination au poste de ministre de l'Agriculture. Je me réjouis à l'avance de travailler avec vous.

J'ai deux questions, monsieur le ministre; si vous devez partir à un moment donné, votre sous-ministre pourra peut- être répondre à votre place. La première question porte sur l'industrie porcine, et la deuxième, sur celle de la volaille.

En ce qui concerne l'industrie porcine, je ne suis pas certain si vous êtes conscient de certains problèmes que nous éprouvons à la frontière. Je m'attaque à ces problèmes depuis un certain temps; nous avons travaillé en collaboration avec notre gouvernement précédent au Manitoba et, naturellement avec le gouvernement fédéral précédent. Je sais que le ministre fédéral de l'Agriculture est maintenant au fait du problème du lavage des camions qui repassent la frontière après avoir livré des porcs aux États-Unis.

Le fait est, monsieur le ministre, que lorsque les camions traversent la frontière avec un chargement de porcs, tout ce qui est dans ce camion est canadien et tout ce qui revient au pays est canadien également, soit la paille et le fumier présents dans le camion. Littéralement tout ce qui revient au pays est canadien et rien n'a touché le sol américain, à l'exception des pneus du camion, naturellement.

Toutefois, maintenant, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'ACIA, et les Services frontaliers canadiens également insistent pour que ces camions soient lavés aux États-Unis avant de revenir au Canada, ce qui crée deux problèmes. Tout d'abord, nombre de laveurs de camions américains utilisent de l'eau recyclée, ce qui a pour conséquence que les camions qui reviennent au pays se trouvent à recycler des microbes. L'autre problème tient, naturellement, à ce que si les camionneurs veulent faire laver leurs camions par des laveurs qui n'utilisent pas une eau recyclée, ils doivent parcourir une bonne distance, parfois jusqu'à 100 milles, pour obtenir le service requis.

Il y a une solution parfaite pour cela: lorsque le camion arrive à la frontière, un scellant est apposé dessus et le conducteur doit ensuite attendre sa place à une installation de lavage, la première qui est disponible au Manitoba, pour faire laver son camion. Beaucoup de ces camions passent par le Manitoba pour se rendre dans l'Ouest canadien.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous donner l'assurance que la province du Manitoba prendra tous les moyens possibles pour aider nos admirables producteurs porcins et les camionneurs qui traversent votre province, que notre nouveau gouvernement conservateur est bien conscient de la situation et qu'il collaborera avec l'Agence des services frontaliers et l'ACIA pour corriger les problèmes?

M. Eichler : Tout d'abord, merci de vos bons mots. Je suis très heureux d'entendre de telles paroles, et je sais qu'il en est tout autant pour notre parti.

Votre question me donne la possibilité de vous dire que nous nous occupons activement de cette question. Comme vous le savez, nous avons eu un cas de DEP, de diarrhée épidémique porcine. Il est de la toute première importance pour nous, au Manitoba, d'avoir les meilleures mesures de biosécurité tant pour aujourd'hui que pour l'avenir. Nous sommes déterminés à faire en sorte que nos camions reviennent au pays de façon sécuritaire. Nous devons également voir à ce que le lavage des camions réponde aux meilleurs critères de qualité possible, ici au Canada.

J'ai discuté de la question avec mon homologue fédéral, et nous avons également signalé le problème à l'ACIA. Je ne peux exagérer l'importance de la collaboration pour éviter la propagation de maladies au Manitoba. Nous sommes fiers de dire que, oui, nous appuyons cette initiative sans aucune réserve.

La cloche sonne, malheureusement, et je dois céder ma place à ma sous-ministre. Je vous souhaite bonne chance.

Le sénateur Plett : Merci. Je sais que vous devriez gagner votre vote assez facilement. Bonne chance à vous.

M. Eichler : Merci beaucoup.

Le président : Merci beaucoup, monsieur le ministre.

Bienvenue, madame Gingera-Beauchemin. J'aimerais vous présenter les sénateurs qui viennent de se joindre à nous: la sénatrice Betty Unger, de l'Alberta; la sénatrice Tardif, de l'Alberta, le sénateur Oh, de l'Ontario et la sénatrice Beyak, également de l'Ontario.

Êtes-vous prête à répondre aux questions des sénateurs?

Dori Gingera-Beauchemin, sous-ministre, ministère de l'Agriculture, gouvernement du Manitoba : Oui, tout à fait.

Le sénateur Plett : Madame Gingera-Beauchemin, merci d'être avec nous aujourd'hui. Ma deuxième question — il y a de bonnes chances que le sénateur Mercer l'aurait posée lui-même, je le prends peut-être de vitesse — concerne la volaille de réforme. Beaucoup d'éleveurs de volaille se plaignent de ce que de la viande de volaille de réforme entre au pays en étant étiquetée comme telle et ensuite vendue sous une autre appellation. Êtes-vous au fait de la situation et qu'entend faire la province du Manitoba pour corriger le problème?

Mme Gingera-Beauchemin : Vendredi dernier, les producteurs de volaille du Manitoba ont eu leur première réunion avec notre nouveau ministre et ils ont porté à son attention les répercussions que les volailles de réforme ont sur notre industrie. Le Manitoba compte une industrie de la volaille forte, mais celle-ci repose sur la gestion de l'offre; les mesures de contrôle à la frontière revêtent donc une importance cruciale pour la prospérité et la rentabilité de cette industrie. Par le passé, d'autres ministres ont fait part de leurs préoccupations concernant l'entrée de volailles de réforme au Canada et ils ont demandé au gouvernement fédéral d'agir pour que toutes les précautions soient prises à la frontière de façon à réduire la concurrence à laquelle notre industrie de la volaille est confrontée. Notre ministre connaît très bien le problème et il en a fait une priorité pour appuyer notre industrie.

Le sénateur Mercer : J'ai une brève question non partisane.

Merci d'être avec nous aujourd'hui. J'ai trouvé intéressant le commentaire du ministre sur les investissements stratégiques au Manitoba. J'ai l'honneur d'être le membre le plus ancien du Comité sénatorial permanent des transports et des communications, et j'ai été intrigué qu'il parle de CentrePort. Pourriez-vous nous dire comment CentrePort fonctionne et quelle est sa contribution au secteur agricole du Manitoba?

Mme Gingera-Beauchemin : Certainement. Étant donné que CentrePort est l'un des rares ports intérieurs du Canada, l'un de ses objectifs est de faire le lien entre les divers modes de transport pour assurer l'efficacité des échanges commerciaux, tant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur, et, étant donné tout particulièrement notre position en Amérique du Nord, pour avoir accès à toutes les régions du continent.

Le secteur agricole constitue l'un des principaux clients de CentrePort. Au cours de la dernière année, l'organisme a également annoncé la réalisation d'un projet avec BroadGrain dans le cadre duquel on investira en infrastructure dans le parc de CentrePort pour pouvoir transporter les grains à Winnipeg et en dehors de Winnipeg vers les marchés étrangers. Le secteur agricole occupe une grande part du portefeuille de CentrePort. Les dirigeants sont assurément très dynamiques dans la mise en marché de l'infrastructure au niveau international et plusieurs autres clients potentiels sont en attente de services. Cet organisme représente pour nous une solution pour l'accès aux marchés, sachant que le transport ferroviaire représente une composante cruciale du succès de CentrePort.

Notre province compte parmi celles qui sont considérablement affectées par la disponibilité des wagons pour transporter les grains, et CentrePort fait valoir qu'il est important d'avoir un système de transport efficace pour accéder aux marchés.

Le sénateur Mercer : Avez-vous de la difficulté à obtenir des wagons pour transporter les grains? Nous en avons eu dans le passé, et nous avons appris que la situation ne s'est pas beaucoup améliorée.

Mme Gingera-Beauchemin : Nous pouvons certainement faire de cette question une priorité et le ministre y a fait allusion. Le Manitoba se trouve dans une position unique, étant quelque peu éloigné des ports de l'Ouest. Soixante- sept pour cent de nos grains passent par Thunder Bay. Quand il y a eu beaucoup de pressions exercées pour les wagons de grains, nous avons eu des inquiétudes et nous n'avons pas pu obtenir les wagons dont nos manutentionnaires avaient besoin. Naturellement, nous sommes très intéressés à avoir accès au marché américain, mais nous éprouvons des difficultés à obtenir des wagons à temps. Toutefois, les choses se sont améliorées depuis la situation dramatique que nous avons connue en 2013.

Il est juste de dire que nous en faisons une priorité et que nous voulons que les wagons pour le transport des grains soient alloués par corridor parce que nous sommes désavantagés en étant situés plus loin des ports. Étant donné qu'il est facile de tourner les wagons pour répondre aux besoins des producteurs situés plus proche du port comme ceux de nos provinces sœurs, la Saskatchewan et l'Alberta, nous sommes souvent plus désavantagés que les autres pour le nombre de wagons qui nous sont réservés.

Le sénateur Mercer : Lorsqu'il y avait la Commission canadienne du blé, le port de Churchill servait de point central pour l'exportation des grains. Les choses ont-elles beaucoup changé depuis que le gouvernement précédent a aboli la commission?

Mme Gingera-Beauchemin : Les sociétés céréalières investissent depuis dans leur infrastructure portuaire. Pour être rentables, elles doivent faire transiter beaucoup de grains par leurs terminaux, et elles sont donc intéressées à garder leurs terminaux actifs. La majorité des sociétés céréalières ont investi dans le port de Vancouver, elles cherchent donc à faire transiter leurs grains par ces terminaux.

Le port de Churchill, avec sa saison de navigation courte, a également été utilisé pour amener sur les marchés une partie des grains des sociétés céréalières, mais celles-ci cherchent à utiliser leurs infrastructures actuelles, dont la majorité se trouve dans le port de Vancouver.

Le sénateur Mercer : Le ministre a parlé de problèmes éprouvés par les petites entreprises et celles qui sont situées en milieu rural pour accéder aux marchés, de l'étiquetage des OGM et des exigences relatives à l'étiquetage indiquant le pays d'origine, l'EPO, pour les moutons. Quelle est l'ampleur de ces problèmes? Quelle est la taille du marché?

Mme Gingera-Beauchemin : Notre industrie n'est pas très grande, mais ses membres voient une possibilité de croissance. Ils considèrent certainement que la capacité d'accéder à des marchés au sud de notre frontière constitue une bonne occasion d'investir dans leur industrie. De nouveaux investissements sont effectués dans notre industrie du mouton dans le dessein, en partie, d'exporter au sud. Actuellement, nous ne sommes pas un gros joueur dans l'industrie du mouton, mais des investissements sont faits et des gens d'affaires examinent la possibilité de faire prendre de l'expansion à cette industrie et d'en tirer profit. Nous voulons être de la partie, et il faut que ces marchés soient ouverts pour nous.

La sénatrice Unger : Ma question a trait à l'acceptabilité sociale, définie comme étant le degré d'acceptation, d'approbation et de confiance continues que ressentent les consommateurs à l'égard des méthodes de production de la nourriture. Lorsque nous nous sommes rendus dans l'Ouest pour étudier la situation, on nous a dit qu'il est important de tenir compte de l'acceptabilité sociale dans les pratiques agricoles et agroalimentaires.

Quelles mesures sont prises pour informer les consommateurs du mode de production des aliments et de l'endroit où ils sont produits? Encouragez-vous le respect du principe de l'acceptabilité sociale dans toute la chaîne d'approvisionnement alimentaire?

Mme Gingera-Beauchemin : Je collabore avec mes collègues sous-ministres de partout au pays pour soulever la question de la confiance de la population. Beaucoup admettent que l'un des plus grands défis auxquels le secteur agricole devra faire face sera de gagner et de conserver la confiance de la population dans le système alimentaire.

Il faut aussi songer à la rentabilité de l'industrie et se doter des moyens nécessaires pour que le système alimentaire convenu tout le long de la chaîne de valeurs permette aux producteurs de répondre aux attentes en tout temps.

Le défi auquel les producteurs sont confrontés tient en partie à ce que les règles du jeu changent constamment. Les besoins du marché changent constamment. Chaque fois que la demande du marché et les attentes de la population changent, c'est naturellement le producteur qui en assume le coût. Les producteurs veulent répondre aux attentes des consommateurs. Ils veulent être capables de fournir les produits alimentaires recherchés et ils s'attendent à ce que les consommateurs se montrent respectueux en étant capables de payer ces produits.

Je collabore activement avec mes collègues de partout au pays pour amener tous les joueurs à s'entendre.

L'autre question est la suivante: quel rôle le gouvernement doit-il jouer pour que la population ait confiance dans le système alimentaire? Il y a certainement de nombreux joueurs de l'industrie alimentaire et du secteur de la transformation qui ont des rôles très importants à jouer. Les gouvernements s'efforcent d'amener ces joueurs à s'entendre sur les exigences à respecter et sur les moyens à prendre pour satisfaire à ces exigences d'une façon durable.

Que nous travaillions auprès des producteurs agricoles ou des transformateurs, ou que nous travaillions auprès des détaillants, des restaurateurs ou des hôteliers, si l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement ne s'entend pas sur le cadre établi, nous perdrons de la rentabilité de façon continue alors que les producteurs essaieront de réagir aux exigences changeantes du marché. Tout le système doit suivre le même cadre pour être efficace et cohérent et pour susciter la confiance recherchée par les consommateurs. Ces derniers veulent une alimentation dans laquelle ils peuvent avoir confiance et, pour notre part, nous voulons leur fournir cette alimentation. Nos échanges portent sur les efforts que nous déployons pour amener les deux parties à s'entendre sur les normes à respecter.

La sénatrice Unger : C'est comme une cible qui bouge tout le temps.

Mme Gingera-Beauchemin : Je crois que c'est une cible changeante, mais la nécessité d'élaborer un cadre gagne constamment du terrain.

Cela ne veut pas dire pour autant que tout le monde a envisagé les choses de cette façon. Les gens prennent pour des lubies les nouvelles demandes issues du marché. Cela va changer. Les acteurs du système de production alimentaire sont en train de se rendre compte que les consommateurs font maintenant connaître leurs intérêts et leurs attentes et qu'ils ont des exigences.

Il est maintenant temps pour l'industrie de s'entendre sur un cadre qui permettra de satisfaire le plus possible aux demandes du marché avec des produits canadiens. Nous produisons les meilleurs aliments au monde. Le prochain objectif que l'industrie devra viser est de gagner la confiance des Canadiens et des consommateurs de partout dans le monde dans les aliments produits au Canada. Nous avons un cadre qui fonctionne. Nous sommes assez petits et nous avons beaucoup en commun. Le Canada peut donner l'exemple dans le monde en réussissant à obtenir ce consensus.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Avec l'Accord sur le Partenariat transpacifique, le port de Vancouver connaîtra sûrement une augmentation de son achalandage. A-t-on déjà annoncé des actions pour faire face à cette situation? Quelles sont les recommandations qui devraient être énoncées dans notre rapport pour améliorer la fluidité des activités du port de Vancouver?

[Traduction]

Mme Gingera-Beauchemin : Pour pouvoir tirer profit du PTP, il est certain que les compagnies devront avoir une infrastructure de transport cohérente et efficace. Nous collaborons avec nos partenaires, nos provinces de l'Ouest, pour avoir un système portuaire efficace. Le port de Vancouver, naturellement, a profité d'un certain nombre d'investissements très récents effectués par les sociétés céréalières dans leurs terminaux. Nous sommes également conscients que des besoins doivent être comblés pour le transport terrestre et l'infrastructure nécessaires afin d'amener les marchandises à ces ports.

Là encore, le réseau de transport qui permet d'acheminer les grains aux ports revêt une importance cruciale. Pour que nos sociétés céréalières et nos transporteurs aient un réseau de transport des grains cohérent et fiable, le port de Vancouver devra fournir l'infrastructure nécessaire.

C'est un immense avantage pour le Canada d'avoir le port de Vancouver, mais il faut que des investissements soient effectués dans le système, tout particulièrement pour le transport des grains.

La sénatrice Tardif : Dans sa déclaration, le ministre a parlé du succès du cadre de politique Cultivons l'avenir 2, indiquant que cette politique a permis au Manitoba d'améliorer certaines activités d'expansion des marchés et les investissements; il a cité à cette fin la stratégie d'expansion du marché de Bee Maid Honey.

Le programme Cultivons l'avenir 2 prendra fin en 2018. À mesure que nous progressons, quelles recommandations pourriez-vous formuler au comité concernant la prochaine phase de ce programme?

Mme Gingera-Beauchemin : J'aurais aimé que le ministre soit là pour répondre à cette question, parce que, même s'il est relativement nouveau dans son poste, il défend ardemment la poursuite du programme à l'étape 3 pour tirer profit des investissements qui ont été effectués au cours des deux premières phases. Le Manitoba a fait des investissements importants en recherche et en innovation. Il est essentiel d'avoir Cultivons l'avenir 3 pour profiter de ces investissements.

Il demande également qu'on fasse montre de la même souplesse que cela a été le cas pendant les deux premières phases. Le programme a alors permis la conclusion d'accords bilatéraux entre le gouvernement fédéral et chacune des provinces, qui ont pu ainsi élaborer et réaliser des initiatives qui satisfaisaient à leurs besoins particuliers. Je crois que cette souplesse a contribué à la réussite du programme. La flexibilité du programme a été importante en ce qu'elle a permis aux provinces de travailler avec le gouvernement fédéral pour apporter les changements requis en cours d'exécution.

Nous voulons assurément que la durabilité et la confiance de la population soient des éléments clés de Cultivons l'avenir 3. Le programme évolue selon les besoins et les exigences de l'industrie en financement et en mesures d'aide pour s'attaquer aux problèmes mondiaux de durabilité et des changements climatiques et pour gagner la confiance des populations.

Naturellement, nous tenons à continuer d'investir dans la commercialisation. Le ministre a parlé de notre industrie porcine. Voilà deux exemples d'investissements faits dans le cadre de Cultivons l'avenir 2 qui ont aidé des sociétés. Nous voulons continuer à investir dans les initiatives de commercialisation et d'innovation de nos sociétés alimentaires.

Nous voulons porter à votre attention le travail effectué sur les biocomposites et les bioproduits. Nous croyons qu'il faut faire une grande place pour ces produits dans Cultivons l'avenir 3 parce que de nombreux produits méconnus comme ceux-là présentent beaucoup de potentiel commercial. Le Manitoba investit considérablement dans les innovations de composites et nous croyons que Cultivons l'avenir 3 pourrait nous aider à tirer profit de cela et à devenir un chef de file mondial dans ce domaine.

Nous travaillons à reproduire dans Cultivons l'avenir 3 plusieurs bons éléments de Cultivons l'avenir 1 et Cultivons l'avenir 2. Je suis contente qu'on ait soulevé la question de la confiance de la population; je crois que cette question sera l'un des nouveaux éléments de Cultivons l'avenir 3 dont nous demanderons de tenir compte.

La sénatrice Tardif : Je vous remercie de vos excellentes recommandations.

Le sénateur Mercer : Madame la sous-ministre, je désire revenir à l'essence même de notre étude. Nous procédons à une étude sur les priorités pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien en matière d'accès aux marchés internationaux.

À l'évidence, nos tout premiers clients ont toujours été et demeurent nos amis américains, vous l'avez dit, mais nous voulons également parler des possibilités que le PTP et l'Accord de libre-échange avec l'Union européenne offrent. Votre ministère a-t-il examiné les possibilités que ces accords peuvent avoir pour le secteur agricole du Manitoba?

Mme Gingera-Beauchemin : Certainement. Nous avons procédé à des consultations et le ministre, à mesure qu'il s'habitue à son portefeuille, est informé par les différents groupes concernés de l'importance des accords commerciaux qui ont été signés dernièrement. Il leur demande leur opinion. Il tiendra une grande consultation de l'industrie au début de juillet. Il invite plus de 100 groupes à se prononcer sur des questions comme les accords commerciaux et Cultivons l'avenir 3.

Pour défendre les intérêts du Manitoba, notre ministre prend soin de s'informer auprès de toutes les parties des avantages et peut-être des inconvénients des accords commerciaux. Nous savons assurément que beaucoup de nos producteurs visent de nouveaux marchés et nous travaillons avec eux.

Naturellement, le nouveau gouvernement du Manitoba a fait savoir qu'il se joint au New West Partnership Trade Agreement. Ce n'est pas un accord international, mais la capacité de travailler avec les autres provinces de l'Ouest canadien aide le Manitoba à répondre aux demandes du marché.

Le sénateur Mercer : Tout cela est important; je le comprends. Le ministre a parlé brièvement de la gestion de l'offre. Estimez-vous que les nouveaux accords menacent de quelque façon la gestion de l'offre au Manitoba?

Mme Gingera-Beauchemin : Lorsque le ministre, dans sa déclaration, a parlé du renforcement des mesures à la frontière et du renforcement des règles, c'est ce qu'il entend des producteurs régis par la gestion de l'offre. Lorsqu'il a parlé de la volaille de réforme, du lait diafiltré et de la biosécurité, il veut faire en sorte que le système actuel soit maintenu et qu'il soit bien appliqué.

Là encore, il vaut probablement mieux laisser le ministre répondre à cette question parce qu'il est en train de consulter les producteurs régis par la gestion de l'offre et d'obtenir différentes opinions sur le sujet. Si vous êtes d'accord, monsieur le sénateur, je vais le laisser répondre à cette question.

Le sénateur Mercer : En fait, je vous invite et j'invite le ministre, si vous pouviez le lui dire, à transmettre à notre greffier toute observation que vous voudriez ajouter sur le sujet. Nous estimons que nous venons tout juste de commencer à discuter de la question et qu'il faut poursuivre cette discussion.

Mme Gingera-Beauchemin : Absolument. Merci de cette invitation. Le ministre prend très au sérieux les consultations auprès de l'industrie, et il vient de commencer à la consulter. Je respecte certainement son approche et son désir de se forger sa propre opinion avant de se prononcer sur la question. Nous l'encouragerons à vous présenter ses observations par écrit.

Le président : Merci beaucoup, madame Gingera-Beauchemin, d'avoir comparu devant nous cet après-midi et merci de votre contribution précieuse au travail du comité. Bonne chance pour l'avenir.

Mme Gingera-Beauchemin : Merci beaucoup. Ce fut un plaisir pour le Manitoba de pouvoir être présent. Nous transmettrons certainement au ministre vos commentaires et nous lui demanderons de vous faire part par écrit de toute autre question dont il n'a pas pu parler avec vous.

Le sénateur Terry M. Mercer (vice-président) occupe le fauteuil.

Le vice-président : Notre prochain témoin cet après-midi est M. Derek Sturko, sous-ministre, ministère de l'Agriculture, gouvernement de la Colombie-Britannique. Merci d'avoir accepté notre invitation à comparaître devant nous.

Nous poursuivons notre étude sur l'accès aux marchés internationaux pour le secteur agricole et agroalimentaire canadien, tout particulièrement les répercussions du Partenariat transpacifique, de l'Accord de libre-échange Canada- Union européenne et d'autres accords commerciaux.

Nous sommes heureux de vous avoir avec nous. Après votre déclaration, nous passerons aux questions et aurons le plus de séries de questions possible, c'est la raison pour laquelle nous demandons aux sénateurs de formuler des questions succinctes et nous vous demandons à vous de fournir des réponses courtes.

Derek Sturko, sous-ministre, ministère de l'Agriculture, gouvernement de la Colombie-Britannique : Merci de me donner la possibilité de formuler des observations au nom de l'honorable Norm Letnick, ministre de l'Agriculture de la Colombie-Britannique. Je suis accompagné de James Mack, un de mes sous-ministres adjoints, et de Solveig McLaren, qui est avec notre groupe responsable du commerce et de l'accès aux marchés.

Le ministère de l'Agriculture de la Colombie-Britannique a pour mandat de travailler avec les secteurs de l'agriculture, de l'aquaculture, des pêches commerciales et de la transformation des aliments et des boissons. Je vais parler de ce grand secteur, et non seulement d'une composante.

J'aimerais vous expliquer un peu de quelle façon la Colombie-Britannique est unique dans le système agroalimentaire du Canada et dans le domaine des produits de la mer.

Nous avons une industrie des produits de la mer et de l'agroalimentaire diversifiée. Nous avons plus de 200 produits agricoles et de 100 produits de la mer, ce qui nous distingue de la plupart des autres provinces. Nous avons environ 25 000 petites et moyennes entreprises. Elles comprennent des fermes, des installations primaires pour les produits de la mer, comme des fermes d'aquaculture et des installations de pêche sauvage, ainsi que des compagnies de transformation des aliments et des boissons. La transformation des aliments et des boissons compte pour plus de 70 p. 100 des revenus provenant de ce secteur.

Notre principal produit d'exportation est le saumon d'élevage. Les produits alimentaires, les bleuets, les produits de boulangerie-pâtisserie, le crabe, les produits à base de chocolat et de cacao et le saumon sockeye sauvage sont au nombre des produits que nous exportons également en grande quantité. Je suis sûr que vous avez entendu parler des bleuets et des cerises exportés en Chine. La Colombie-Britannique exporte des produits agroalimentaires et des produits de la mer dans plus de 150 pays pour une valeur d'environ 3,5 milliards de dollars.

En décembre dernier, le ministère a rendu public un nouveau plan de croissance stratégique pour le secteur de l'agroalimentaire et des produits de la mer. Ce plan s'inscrit dans le plan de la province pour les emplois. Il prend appui sur le succès remporté avec notre ancien plan quinquennal qui a pris fin l'été dernier après la réalisation de toutes les activités prévues.

Le plan vise à favoriser la croissance à long terme d'un secteur durable, économiquement diversifié et socialement responsable. Il énonce une vision pour un secteur innovant, souple et concurrentiel au niveau mondial; nous y avons inclus un objectif de croissance ambitieux pour atteindre 15 milliards de dollars de vente d'ici à 2020, ce qui représente une augmentation d'environ 20 p. 100 des ventes en cinq ans.

Pour ce qui est des nouveaux marchés à conquérir, la conjoncture économique de la province évolue compte tenu de la conclusion de nouveaux accords commerciaux avec l'Europe, la Corée et d'autres pays clés du bassin du Pacifique. Ces accords ont ouvert de nouveaux marchés. Notre plan est axé sur l'accès aux marchés étrangers et aux marchés intérieurs pour assurer la croissance à long terme de l'industrie.

La Colombie-Britannique est favorable à l'augmentation de l'accès aux marchés internationaux au moyen d'accords commerciaux. Nous sommes bien placés pour servir de porte d'accès aux pays de l'Asie-Pacifique et nous sommes disposés à tirer profit des possibilités que ces marchés offrent aux secteurs de l'agroalimentaire et des produits de la mer.

De nombreux partenaires s'emploient à ouvrir des marchés dans les pays étrangers pour la Colombie-Britannique, dont, naturellement, notre ministère et le ministère du Commerce international de la Colombie-Britannique; nous collaborons aussi avec Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Pour harmoniser les efforts déployés, nous avons élaboré dernièrement une stratégie pluriannuelle de développement de marchés internationaux qui comprend un cadre commun pour la réalisation de stratégies de commercialisation avec nos partenaires. La stratégie prévoit nos principaux marchés pour l'agroalimentaire et les produits de la mer ainsi que les marchés secondaires et les marchés à long terme qui peuvent s'ouvrir à nous.

Ensemble, les États-Unis, la Chine, le Japon, Hong Kong et la Corée comptent pour la grande majorité des exportations de la Colombie-Britannique, soit un peu plus de 85 p. 100 des 3,5 milliards de dollars dont j'ai parlé plus tôt.

Afin de maximiser la croissance, la Colombie-Britannique se concentrera pendant les cinq prochaines années sur le développement de marchés et la promotion de ses produits dans les marchés jugés prioritaires tout en appuyant les activités dirigées par l'industrie dans les marchés secondaires et à long terme un peu partout en Europe et en Asie- Pacifique.

Le manque d'accès à des fonds pour innover et accroître leur compétitivité empêche les producteurs de faire croître leurs entreprises et crée des inégalités entre le secteur des produits de la mer et celui de l'agroalimentaire. Ce que je veux faire ressortir, c'est que le secteur agricole traditionnel a beaucoup plus facilement accès à des fonds que le secteur des produits de la mer.

Les entreprises des produits de la mer ont accès à un certain financement dans le cadre de l'accord fédéral- provincial-territorial à coûts partagés de Cultivons l'avenir 2 pour la traçabilité, la collecte de renseignements sur les marchés et le développement de marchés internationaux. Toutefois, le mandat du ministère fédéral des Pêches demeure axé sur la conservation, avec un accès limité au développement économique.

Les produits de la mer comptent pour 1 milliard de dollars dans les exportations internationales de la Colombie- Britannique, et le manque de financement de ce secteur devient donc une priorité absolue pour la province. Le Conseil canadien des ministres des Pêches et de l'Aquaculture a mis sur pied dernièrement un groupe de travail sur l'accès aux marchés, mais le mandat de ce groupe doit être clarifié pour éviter que le groupe de travail fasse double emploi avec le Secrétariat de l'accès aux marchés d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Une des questions qu'on m'a posées avait trait aux attentes des intervenants. L'augmentation des échanges commerciaux internationaux fait craindre un accroissement de la concurrence dans le marché intérieur. D'autres pays peuvent profiter d'économies d'échelle et d'une diminution de leurs coûts en capital, de leurs coûts de main-d'œuvre et d'utilisation du territoire ainsi que des coûts liés à leurs facteurs de production. Les taux de change, qui peuvent influer sur le coût des facteurs de production, comme l'énergie, l'eau et la nourriture animale, se répercutent sur la rentabilité du secteur.

L'accès à la main-d'œuvre est une préoccupation très importante chez les producteurs de la Colombie-Britannique. La province vient au troisième rang des plus gros employeurs de travailleurs étrangers temporaires au Canada, ce qui fait que l'accès stable et prévisible à une main-d'œuvre étrangère est essentiel à la réussite de ce secteur. De plus, nous devons investir dans la formation des travailleurs canadiens de façon à préparer la nouvelle génération d'entrepreneurs.

En outre, notre industrie de l'agroalimentaire et des produits de la mer doit satisfaire à des normes internationales diverses pour assurer la salubrité des aliments produits. Voilà pourquoi notre plan de croissance comprend des mesures destinées à aider l'industrie à mettre en œuvre des normes de salubrité alimentaire, de durabilité et de traçabilité reconnues internationalement qui lui permettront de protéger et d'agrandir ses marchés.

Bien que les grands accords commerciaux à venir, comme l'Accord économique et commercial global Canada- Union européenne, l'AECG, et le Partenariat transpacifique, le PTP, ouvrent des possibilités d'affaires dans de nombreux secteurs, les concessions faites sur le marché intérieur pour les produits laitiers inquiètent certains de nos producteurs.

Même si, en Colombie-Britannique, nous accueillons favorablement ces accords et les possibilités qu'ils offrent, nous sommes également conscients que le secteur agricole régi par la gestion de l'offre, dont les recettes s'élèvent à 1,1 milliard de dollars dans notre province, pourrait avoir besoin d'une série de mesures gouvernementales pour améliorer sa compétitivité.

L'industrie s'attend à ce que le gouvernement lui assure un accès aux marchés qui l'intéressent. Les autorités publiques doivent donc collaborer entre elles pour s'occuper de questions comme les négociations commerciales et les obstacles techniques au commerce. Sur le plan pratique, il faut que l'Agence canadienne d'inspection des aliments soit dotée des ressources nécessaires pour faciliter la croissance continue des exportations agroalimentaires du Canada et de la Colombie-Britannique.

En ce qui concerne les améliorations durables aux capacités de production de la chaîne d'approvisionnement, les pressions exercées par la concurrence constituent un défi majeur pour nombre de producteurs et de transformateurs bien établis de la Colombie-Britannique. Alors que la portée mondiale de la chaîne d'approvisionnement permet de trouver des produits à peu près partout dans le monde, les producteurs et les transformateurs doivent mettre constamment à jour leurs capacités et innover pour devenir plus compétitifs.

Les programmes d'innovation de Cultivons l'avenir 2 fournissent du financement pour aider les producteurs et les transformateurs à élaborer, tester, adopter et commercialiser des technologies, des procédés et des pratiques. Les programmes d'innovation financent des projets qui donnent lieu au développement, à la commercialisation et à l'adoption de technologies novatrices rentables, à l'utilisation de facteurs de production — comme des engrais, des produits antiparasitaires, et cetera —, à l'augmentation des récoltes et à la maximisation générale de ressources cruciales, comme la terre et l'eau. Les mesures d'appui énergiques à l'innovation dans la chaîne d'approvisionnement favorisent la recherche de pointe dans les universités et dans l'industrie, attirent les investissements et accroissent la capacité des producteurs et des transformateurs de mettre sur les marchés des produits et des services à valeur ajoutée et hautement novateurs.

Pour ce qui est de la compétitivité et de la rentabilité, le secteur de la transformation de l'alimentation et des boissons, l'un des plus grands secteurs manufacturiers de la Colombie-Britannique, occupe une position stratégique près du système de transport hautement intégré de la Colombie-Britannique, ce qui facilite d'autant l'accès aux ingrédients et l'expédition des produits finis.

Les transformateurs des produits de la mer, de l'agroalimentaire et des boissons occupent une place prédominante dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire de la Colombie-Britannique. Il est donc important de conserver un secteur de la transformation alimentaire diversifié et novateur pour protéger l'approvisionnement alimentaire et la croissance économique. Le ministère de l'Agriculture a élaboré un Plan d'action sur la transformation des aliments, un des éléments de son Plan de croissance stratégique, pour favoriser la croissance du secteur de la transformation et promouvoir les occasions de commercialisation. Selon ce nouveau plan d'action, la capacité de l'industrie et des compagnies, l'investissement dans l'infrastructure ainsi que la technologie et les pénuries de main-d'œuvre sont les trois grands défis auxquels les transformateurs alimentaires de la Colombie-Britannique font face.

Les programmes d'innovation appuient également le mentorat pour les transformateurs alimentaires; ils visent à les aider à recenser et à corriger les problèmes qui font obstacle à leur croissance. La Colombie-Britannique attend avec impatience de travailler avec le gouvernement fédéral à l'élaboration du fonds d'investissement à valeur ajoutée dans l'industrie agroalimentaire pour appuyer les projets d'innovation dont l'industrie du secteur de l'agroalimentaire et des produits de la mer a grand besoin en Colombie-Britannique.

En ce qui concerne la diversité, la salubrité alimentaire et la traçabilité, le secteur devient de plus en plus compétitif grâce à sa créativité, qui lui permet d'avoir un système alimentaire durable et responsable sur le plan de l'environnement. Les méthodes en usage aident le secteur à accroître sa productivité, à développer de nouveaux produits pour de nouveaux marchés et à trouver de nouveaux moyens pour assurer la salubrité et la qualité des produits, tout en réduisant les coûts d'exploitation et les risques associés aux affaires.

Je devrais ajouter que cela est une caractéristique importante en Colombie-Britannique, où nous mettons sur le marché tant de produits, mais en quantités limitées pour chacun; la compétitivité et la diversité de nos marchés sont donc importantes pour nous.

Les transformateurs du secteur de l'agroalimentaire et des produits de la mer jouissent d'un certain nombre d'attributs, ce qui est important pour la sécurité de l'approvisionnement alimentaire. Cet avantage concurrentiel assure une excellente protection à la Colombie-Britannique en cas de perturbations dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire.

La province s'emploie à améliorer la sécurité de l'approvisionnement alimentaire. Nous avons notamment conclu des accords pour coordonner efficacement les interventions en cas de maladies très graves, comme le Plan de soutien à l'éradication des maladies animales exotiques.

Le gouvernement et l'industrie peuvent collaborer pour développer et étendre les marchés intérieurs, interprovinciaux et internationaux, augmenter la capacité de production et de transformation et renforcer l'approvisionnement alimentaire. Pour favoriser la durabilité, il faut notamment aider les transformateurs des produits de la mer à obtenir l'homologation du Marine Stewardship Council, ou MSC, et aider également l'industrie de l'aquaculture de poissons à obtenir l'homologation de l'Aquaculture Stewardship Council, ou ASC.

Entre autres risques liés à la sécurité de l'approvisionnement alimentaire, on compte la salubrité des aliments, les épizooties, la préservation de l'identité et la traçabilité pour laquelle les nouveaux règlements requièrent de meilleurs systèmes. La province fournit conjointement des fonds dans le cadre de Cultivons l'avenir 2 pour encourager l'adoption de systèmes et de pratiques de traçabilité par les producteurs et les transformateurs.

Les systèmes de traçabilité procurent des avantages aux niveaux public et privé. La province cofinance l'adoption de tels systèmes. Toutefois, le système provincial d'enregistrement facultatif des installations d'élevage de bétail n'a pas suscité une grande adhésion dans certains secteurs, ce qui, naturellement, en limite l'efficacité.

La situation s'améliorera lorsque le règlement sur les mouvements du bétail de l'AECG entrera en vigueur, ce qui devrait arriver cette année; les exploitants de bétail devront alors fournir le numéro d'identification de leurs installations émis par la province sur les documents relatifs aux mouvements du bétail.

En conclusion, j'aimerais dire de nouveau que la Colombie-Britannique reconnaît l'importance des marchés internationaux pour la poursuite de la croissance économique dans le secteur. En 2015, le secteur a connu une augmentation sans précédent de près de un milliard de dollars de ses ventes, ce qui l'a renforcé et a renforcé également l'économie de la Colombie-Britannique. Dans notre province, nous sommes favorables à la ratification de l'AECG et du PTP; nous sommes impatients de capitaliser sur les marchés existants et de conquérir de nouveaux marchés.

Par ailleurs, des défis de taille, dont les difficultés à trouver de la main-d'œuvre et à accéder à du financement en raison de divisions artificielles entre le système alimentaire fondé sur l'exploitation de la terre et le système alimentaire fondé sur l'exploitation de la mer nuisent à la capacité du secteur de maximiser sa croissance.

Étant donné que l'agriculture et les pêches sont des compétences partagées, la Colombie-Britannique est impatiente de travailler avec le gouvernement fédéral, dans le cadre notamment des négociations relatives à Cultivons l'avenir 3, pour renforcer la production, la transformation et la commercialisation des produits agroalimentaires et des produits de la mer.

Merci.

Le vice-président : Monsieur Sturko, merci beaucoup pour votre déclaration. Elle était très fouillée. Nous passons maintenant aux questions, en commençant par le sénateur Oh.

Le sénateur Oh : Bonjour, monsieur le ministre. Comment allez-vous? Je veux parler des systèmes de traçabilité et des mesures à prendre pour assurer la salubrité des produits agroalimentaires tout le long de la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Nous utilisons maintenant ces systèmes aux niveaux national et international pour l'exportation des bovins, des bisons, des moutons et des porcs, et ils sont prévus dans les règlements relatifs à la santé animale. Qu'en est-il pour les fruits et les légumes, qui pourraient également propager certaines maladies? Estimez-vous qu'il faudrait mettre en place des systèmes de traçabilité pour les produits horticoles, et pourquoi?

M. Sturko : Très bonne question.

La Colombie-Britannique a participé activement à toutes les activités de traçabilité et de suivi qui ont été menées partout au Canada, nous prenons donc cette question très au sérieux. Cultivons l'avenir 2 comprend des programmes pour améliorer la traçabilité d'autres produits alimentaires en plus de ceux que vous avez mentionnés et nous y participons activement.

Je devrais également préciser que nous avons, en Colombie-Britannique, un laboratoire de santé animale et végétale qui est très solide, très actif et très respecté. Les activités du laboratoire consistent en partie à suivre le mouvement des animaux et des produits végétaux qui entrent dans la province et à effectuer des tests. Ce laboratoire semble beaucoup faire fonction de chef de file dans le domaine, du moins en Amérique du Nord.

Pour ce qui est de la surveillance de ce qui entre dans la province ou au pays, je dois citer en exemple un projet très proactif que nous réalisons pour tenter de suivre la propagation de la grippe aviaire et d'éviter qu'elle entre au pays par la voie de contacts entre les animaux sauvages et les animaux domestiques.

Le sénateur Oh : En ce qui concerne les produits horticoles destinés à l'exportation, avez-vous le même système que celui utilisé par le secteur privé?

M. Sturko : Je ne suis pas certain de comprendre la question.

Le sénateur Oh : Je parle du système de traçabilité. Le système s'applique-t-il aux fruits et aux légumes destinés à l'exportation à l'étranger?

M. Sturko : Pas dans la même mesure. Tous les produits qui quittent la province font l'objet de tests par l'Agence canadienne d'inspection des aliments, mais la procédure n'est pas aussi élaborée que cela est le cas pour les animaux.

La sénatrice Tardif : Merci pour votre déclaration très intéressante, monsieur Sturko.

Vous avez fait allusion à la difficulté de trouver une main-d'œuvre suffisante à laquelle vos industries sont confrontées. Les représentants de la BC Fruit Growers' Association et des producteurs organiques de la Colombie- Britannique nous ont dit la même chose aux audiences que nous avons tenues à Calgary il y a quelques semaines. Ils nous ont dit qu'ils sont aux prises avec le même problème.

Selon certains témoins, le Programme des travailleurs agricoles saisonniers est trop rigide et les délais de traitement de dossiers sont trop longs. Êtes-vous d'accord avec cette assertion et éprouvez-vous des difficultés dans ce même domaine?

M. Sturko : Je vous remercie de votre question. Je dirais qu'en plus des deux secteurs dont vous venez de parler, nous avons le même problème dans l'industrie de l'aquaculture, qui peine également à trouver une main-d'œuvre suffisante et disponible en tout temps.

Nous travaillons avec notre ministère des Emplois, du Tourisme et de la Formation professionnelle, qui est en étroite relation avec le gouvernement du Canada pour les programmes relatifs au marché du travail et les programmes visant les travailleurs étrangers temporaires. Je dirais que certains signes montrent que nous éprouvons de la difficulté à trouver de la main-d'œuvre de façon durable et constante dans ces trois secteurs. Alors, la réponse est « oui ».

La sénatrice Tardif : Je ne suis pas certaine d'avoir bien entendu, alors j'aimerais simplement que vous donniez des précisions sur ce que vous venez de dire. Vous avez dit que le secteur régi par la gestion de l'offre avait besoin d'une intervention gérée. Que voulez-vous dire? Je ne suis pas certaine d'avoir reproduit vos mots fidèlement, mais c'était que le secteur régi par la gestion de l'offre avait besoin de plus de flexibilité, peut-être, d'une intervention gérée.

M. Sturko : Je crois que mon commentaire concernait l'incidence de certains accords commerciaux, l'AECG et le PTP, sur la gestion de l'offre.

Les gens de ce secteur ont l'impression que ces accords donneront aux autres pays, et tout particulièrement aux États-Unis, un accès un peu meilleur aux marchés pour certains de leurs produits, et ils cherchent des façons d'être indemnisés ou des mesures d'adaptation pour réagir aux répercussions que ces changements auront sur eux, qu'ils perçoivent comme étant négatives.

La sénatrice Tardif : Vous dites être favorables à ces accords, mais vous espéreriez certaines mesures d'indemnisation pour la perte de marchés qu'ils provoqueraient.

M. Sturko : Oui. Dans notre province, nous sommes très favorables à ces deux accords, et nous l'avons fait savoir publiquement, mais nous sommes bien conscients que ces accords auront des répercussions négatives sur certains petits segments du secteur et nous appuyons les gens concernés qui veulent obtenir une aide supplémentaire.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Merci, monsieur le sous-ministre. Avant de vous poser ma question, j'aimerais porter à votre attention un fait. La sénatrice Tardif a parlé tantôt des travailleurs étrangers et, ce matin, à la radio de Montréal, il était question d'un cultivateur qui avait perdu son champ d'asperges, parce que les travailleurs étrangers n'étaient pas arrivés. Curieusement, à l'aéroport de Montréal, durant la nuit, est arrivé un avion avec 300 travailleurs étrangers. Imaginez, les travailleurs étrangers arrivent, mais le champ d'asperges a été perdu. Les travailleurs sont importants et la coordination également.

J'aimerais revenir aux défis auxquels votre province est confrontée dans le secteur agricole. Je sais que vous avez un plan pour favoriser la croissance économique, mais vous devez vous adapter aux changements climatiques, entre autres aux problèmes reliés à l'eau et à la salubrité de la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire.

Comment votre plan stratégique de croissance arrivera-t-il à surmonter ces défis auxquels fait face votre gouvernement?

[Traduction]

M. Sturko : Si vous avez vu notre plan de croissance stratégique, vous aurez remarqué qu'il fait une large part aux changements climatiques et aux mesures d'adaptation qu'ils nécessiteront.

Comme cela est le cas des ministres de l'actuel gouvernement fédéral, nos ministres ont reçu des lettres de mandat de notre premier ministre. L'un des grands objectifs confiés à notre ministre cette année est de présenter un plan pour réagir aux problèmes et aux occasions présentés par les changements climatiques pour le secteur agricole.

Nous avons procédé à une analyse et constaté qu'il y a à la fois des problèmes à régler et des occasions à saisir. Par exemple, si on examine les répercussions prévues des changements climatiques sur la production des aliments et sur les pêches, on constate qu'en fait, le réchauffement climatique peut procurer beaucoup d'avantages à certaines parties de l'hémisphère Nord, mais qu'il causera également des problèmes parce que le temps sera plus sec et plus chaud. En Colombie-Britannique actuellement, nous constatons que le temps est déjà plus sec dans certaines parties de la province.

Vous savez probablement que la Colombie-Britannique a été un chef de file dans la sensibilisation aux changements climatiques et qu'elle est reconnue pour cela aux niveaux national et international.

La province travaille actuellement à son deuxième plan d'action pour le climat, qui sera la deuxième phase des mesures d'adaptation aux changements climatiques. Le plan comporte deux volets, dont l'un porte sur la réduction des gaz à effet de serre, qui est moins un problème d'agriculture qu'un problème d'adaptation, au moyen duquel on tente de trouver les meilleures façons de modifier les pratiques agricoles en usage en Colombie-Britannique.

Nous avons des plans environnementaux locaux et régionaux qui sont axés sur le climat, dans le cadre desquels nous tentons d'aider chaque région de la province à s'adapter aux changements climatiques, qu'il s'agisse de problèmes liés à l'eau ou à la température éprouvés dans ces régions.

Nous travaillons à l'élaboration d'un plan provincial plus énergique et plus général qui sera axé sur l'eau et, ce qui est important, sur la rétention et le stockage de l'eau. Nous avons encore beaucoup d'eau dans notre province, mais elle apparaît tôt et disparaît rapidement, ce qui nous laisse avec des périodes où le temps est très sec. Nous essayons de nous adapter à cette nouvelle situation et d'y réagir. La mise en place de solutions de rechange pour amener l'eau aux exploitations agricoles et aux animaux sera une partie importante de notre plan.

Je crois qu'il est juste de dire que nous n'avons pas encore trouvé toutes les solutions, mais nous y travaillons assurément de façon très active. Ce travail s'inscrit dans notre plan de croissance et dans le Plan d'action pour le climat de la province.

Je ne suis pas certain d'avoir répondu entièrement à votre question.

Le vice-président : J'ai trouvé très intéressante votre discussion sur le saumon d'élevage par rapport au saumon sauvage pour l'exportation. Avez-vous eu du succès dans la mise en marché du saumon d'élevage ailleurs qu'aux États- Unis?

M. Sturko : Oui. Notre saumon d'élevage intéresse beaucoup de pays asiatiques. La demande pour nos produits du saumon d'élevage et pour certains de nos autres produits de l'aquaculture est très forte et notre offre est loin de répondre à la demande. Alors, pour les pays autres que les États-Unis, oui.

Le vice-président : Voilà la question, et la demande est là maintenant. En 2050, nous serons neuf milliards sur la planète; nous devons donc nous préparer collectivement à nourrir tous ces gens, sinon il y aura des troubles civils considérables comme cela est le cas lorsqu'il n'y a pas assez à manger.

La Colombie-Britannique a été et demeure un chef de file dans le développement de nouveaux produits dans le secteur agricole, et le Centre de recherche de Summerland a joué un rôle déterminant à cet égard. Les coupes dont le centre a fait l'objet dernièrement ont-elles eu des répercussions, selon vous, sur l'évolution future des choses?

M. Sturko : Il serait juste de dire qu'il n'y a aucune preuve tangible en ce sens, mais notre industrie nous a assurément fait savoir avec véhémence qu'elle a été touchée par ces coupes. On nous a dit qu'on voyait la valeur du travail effectué au centre. Toutefois, d'un autre côté, des efforts considérables sont déployés dans le cadre de Cultivons l'avenir 2 pour appuyer l'innovation et le développement de nouvelles technologies, de nouvelles cultures et de nouvelles méthodes. Dans une certaine mesure, ces innovations compensent certaines des répercussions ressenties avec les coupes.

J'aimerais revenir à votre commentaire sur le fait que la population de la terre s'élèvera à neuf milliards de personnes. Vous m'avez sûrement entendu parler deux ou trois fois dans ma déclaration préliminaire de la sécurité de l'approvisionnement alimentaire. Cette question est devenue un des principaux éléments moteurs de notre plan de croissance conçu pour favoriser non seulement notre capacité de nous nourrir, ce qui est primordial, mais également notre capacité de nourrir le monde entier. Nous sommes parfaitement en accord avec vous à cet égard, monsieur.

Le vice-président : Voilà des préoccupations bien humanitaires de vous deux, mais la situation offre des possibilités économiques plus larges dont tout le monde peut tirer profit.

Vous avez également parlé d'un laboratoire de santé végétale et animale.

M. Sturko : Oui.

Le vice-président : Sur quoi s'est-on concentré? S'est-on concentré sur la volaille, qui est le premier produit de la Colombie-Britannique, ou sur d'autres animaux également? Je sais que le bœuf est également un produit important pour la Colombie-Britannique. Sur quoi s'est-on concentré du côté animal et sur quoi s'est-on concentré du côté végétal?

M. Sturko : Je peux commencer par vous parler du travail effectué du côté animal. Nous avons un programme assez diversifié avec une équipe au laboratoire qui grossit. Je vais vous donner deux ou trois exemples. Nous avons une équipe de scientifiques très dynamiques, respectés et reconnus qui étudient les relations entre le saumon sauvage et le saumon d'élevage ainsi que les répercussions du saumon sauvage sur le saumon d'élevage et vice versa. Nous avons une équipe forte. C'est un travail considérable de notre part parce que nous voulons nous assurer que les deux types de saumons ne se nuisent pas.

Nous déployons beaucoup d'efforts pour la volaille également. Récemment, à la fin de l'année 2014, nous avons eu une épizootie de grippe aviaire que nous avons neutralisée rapidement. En plus de tirer des leçons de cette expérience, tant du travail fait par le laboratoire que des interventions d'urgence mises en œuvre — la fermeture de la frontière, et cetera —, nous procédons à des travaux de pointe pour trouver la source de la grippe aviaire de façon à pouvoir éviter la propagation de la maladie aux animaux.

Vous avez parlé en troisième lieu des bovins. Nous avons un excellent régime de tests pour les bovins que nous administrons pour éviter certaines maladies qui se sont manifestées par le passé. À tout le moins, nous exerçons un suivi des maladies et nous les identifions lorsqu'elles apparaissent.

C'est un groupe complet, et ce sont là trois exemples de nos priorités.

Du côté des plantes, beaucoup d'efforts sont déployés pour essayer de suivre la trace de toutes les maladies ou autres affections qui peuvent affliger les fruits d'arbres et les petits fruits et pour en réduire au minimum les répercussions. Nous avons une très grande industrie des fruits d'arbres, comme les pommes, dans notre province, et tout particulièrement dans la vallée de l'Okanagan. Nous réduisons au minimum ou éliminons toute incidence des maladies dans notre travail en laboratoire.

Le vice-président : Dans votre déclaration, vous avez parlé d'un plan d'action. Vous avez dit que vous avez trois grandes préoccupations: la capacité et les pénuries de main-d'œuvre, mais je ne me rappelle pas de la troisième. Que faites-vous pour corriger la situation? Veuillez me rappeler quelle est la troisième préoccupation.

M. Sturko : Les trois difficultés ont trait à l'accès à la main-d'œuvre: selon nous, en Colombie-Britannique — et je crois que quelques autres provinces côtières sont du même avis —, les fonds consentis pour différents programmes sont artificiellement divisés entre les systèmes alimentaires fondés sur l'exploitation de la terre et les systèmes alimentaires fondés sur l'exploitation de la mer. Par exemple, Cultivons l'avenir 2 appuie beaucoup plus de systèmes alimentaires traditionnels fondés sur l'exploitation de la terre. Du côté des systèmes fondés sur l'exploitation de la mer, nous disons, par analogie, que nous finançons les frites, mais pas le poisson; nous avons donc ce genre de déséquilibre. Ce sont les grandes préoccupations dont nous parlons.

Pour ce qui est du déséquilibre, dans le cadre des négociations que nous menons pour Cultivons l'avenir 3 ou quel que soit le nom que le nouveau cadre de politique prendra, nous discutons du processus FPT et de la façon de mieux équilibrer les choses, que ce soit au moyen d'une expansion ou d'un changement dans le modèle de Cultivons l'avenir 2, d'une approche différente du ministère des Pêches et des Océans ou encore d'une approche parallèle de ce côté. En Colombie-Britannique, nous considérons l'ensemble du secteur comme une industrie, que les produits viennent de l'eau, de la terre ou de la transformation, comme les vignobles, et cetera. Nous essayons de les traiter tous en un ensemble intégré.

Pour ce qui est des difficultés de trouver de la main-d'œuvre, nous y avons fait allusion. Ce qui est important pour nous, c'est de travailler avec les autres ministères pour essayer de maximiser les possibilités qui s'offrent à nous dans le cadre des programmes relatifs au marché du travail, comme le Programme des travailleurs étrangers temporaires. Nous avons tenu une série de tables rondes et de forums sur le marché du travail dans la province avec tous les secteurs, y compris les secteurs de l'alimentation et de la transformation, pour les informer de façon qu'ils puissent défendre le mieux possible leur cause avec le gouvernement fédéral concernant les difficultés avec lesquelles ils sont aux prises et les solutions à apporter. Nous avons adopté des façons de faire assez percutantes sur les deux fronts.

Le vice-président : Je ne vous blâme pas de vouloir être percutants.

La sénatrice Tardif : Vous avez parlé de l'importance de l'industrie de l'alimentation et des boissons. Naturellement, nous connaissons tous les splendides régions viticoles de la Colombie-Britannique ainsi que les magnifiques vins qu'elles produisent. L'industrie viticole est-elle un marché d'exportation en croissance dans la province?

M. Sturko : Oui. Je crois qu'on peut dire que les vins de la Colombie-Britannique sont maintenant considérés comme étant de classe mondiale dans les milieux internationaux. Notre industrie n'est pas bien grande, mais ce qu'elle produit est impressionnant. Nos vins gagnent de plus en plus de prix et nos ventes sont à la hausse.

Chose bizarre, il nous est parfois plus difficile de vendre nos produits à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur.

La sénatrice Tardif : C'est ce qu'on nous a dit plusieurs fois.

M. Sturko : Nous essayons d'engager un dialogue avec les autres provinces, et certaines ont accepté d'ouvrir leurs frontières pour permettre la circulation du vin et d'autres liqueurs. Notre industrie est en croissance et elle remporte un très grand succès, bien qu'elle soit si jeune comparativement à celle des pays européens.

La sénatrice Tardif : J'espère certainement que les obstacles au commerce interprovincial seront éliminés pour le transport des boissons produites par la Colombie-Britannique et d'autres pays. Je sais que le gouvernement fédéral a fait sa part pour faire tomber les obstacles, mais, malheureusement, certaines provinces n'ont pas suivi.

Quel pourcentage du marché exportez-vous?

M. Sturko : Voulez-vous parler du pourcentage de nos produits que nous exportons? Est-ce bien votre question?

La sénatrice Tardif : Oui, c'est bien cela. Excusez-moi, je n'avais pas bien formulé ma question.

M. Sturko : Pour l'ensemble des produits ou seulement pour le vin?

La sénatrice Tardif : Pour le vin. Incluriez-vous le cidre, par exemple?

M. Sturko : Je vais devoir vous fournir plus tard les chiffres exacts pour le vin. Nous n'avons pas encore de programme pour l'exportation à grande échelle du cidre ou de la bière artisanale. Le secteur de notre industrie qui croît le plus rapidement est probablement celui de la bière artisanale, même si on ne vise pas encore l'exportation. Il faudra que je vous fasse parvenir les données sur le sujet.

La sénatrice Tardif : Nous vous serions très reconnaissants de communiquer l'information à notre greffier.

Le vice-président : Merci. Je veux que vous sachiez que le comité a fait sa part pour la consommation de vin pendant que nous étions là-bas.

M. Sturko : Merci.

Le vice-président : Il y a également l'exportation du vin lorsque nous sommes partis. Nous sommes partis avec le plus grand nombre de bouteilles que nous pouvions apporter. Lorsque je suis rentré en Nouvelle-Écosse, j'ai eu le plaisir de partager certains de ces excellents vins de la Colombie-Britannique avec ma famille et mes amis. Ils m'enviaient d'avoir eu accès à ces vins, alors que cela était impossible pour eux. C'est un problème qui perdure pour le vin. Le même problème a cours pour le vin qui vient de l'autre direction, parce que je sais que vous désirez tous, en Colombie- Britannique, goûter à certains grands vins de la Nouvelle-Écosse.

Monsieur Sturko, je vous remercie beaucoup pour votre déclaration. Nous vous sommes reconnaissants d'avoir pris le temps de vous adresser à nous. Je vous invite à transmettre à notre greffier toute autre information qui pourrait être utile pour notre étude. Nous vous souhaitons bonne chance. Nous sommes toujours très fiers du secteur agricole et agroalimentaire de la Colombie-Britannique. Nous savons à quel point il est important pour votre économie, ce qui le rend extrêmement important également pour l'économie nationale; alors, merci beaucoup.

M. Sturko : Merci beaucoup de votre temps et merci de m'avoir donné la possibilité de m'adresser à vous.

(La séance est levée.)

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