Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Peuples autochtones
Fascicule no 24 - Témoignages du 20 juin 2017
OTTAWA, le mardi 20 juin 2017
Le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones se réunit aujourd'hui, à 9 h 1, pour l'étude des nouvelles relations entre le Canada et les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
La sénatrice Lillian Eva Dyck (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Bonjour, tansi. Chers collègues, chers membres du public qui nous regardez grâce au web ou qui êtes ici, soyez tous les bienvenus à cette séance du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones.
Pour la réconciliation, je signale que notre séance a lieu sur les terres ancestrales et non cédées du peuple algonquin.
Je me nomme Lillian Dyck, de la Saskatchewan, et j'ai l'honneur et le privilège de présider le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones. J'invite mes collègues à se présenter, en commençant par mon collègue à ma droite, de l'Alberta.
Le sénateur Tannas : Scott Tannas, de l'Alberta.
Le sénateur Doyle : Norman Doyle, de Terre-Neuve-et-Labrador.
La sénatrice Pate : Kim Pate, de l'Ontario.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Je suis la sénatrice Lovelace Nicholas, du Nouveau-Brunswick.
La présidente : Merci, chers collègues.
Avant de commencer, il faudrait une motion pour autoriser les Communications à prendre des photos pendant nos travaux de la matinée. Le sénateur Doyle, appuyé par la sénatrice Pate, la propose. Êtes-vous d'accord?
Des voix : D'accord.
La présidente : Je vous remercie.
Le sénateur Christmas vient d'arriver. Bonjour.
Le sénateur Christmas : Bonjour.
La présidente : Nous sommes heureux d'accueillir les représentants de Jeunesse Ottawa. Mes collègues se rappelleront que c'était le groupe qui a participé à notre forum « Visions autochtones au Sénat », il y a deux semaines, quand 60 jeunes d'Ottawa se sont joints à nos 9 jeunes leaders autochtones pour des ateliers et des activités. Leur journée a été très bien remplie. Aujourd'hui, ils viennent en faire le bilan. J'ai hâte d'entendre leur compte rendu.
Souhaitons la bienvenue au Comité d'engagement des jeunes d'Ottawa et remercions particulièrement Jeunesse Ottawa, principal organisateur de la visite que les jeunes nous ont faite. Je remercie particulièrement Emma Buchanan, qui est assise à leurs côtés, à la table, pour les appuyer.
Trois de ces jeunes sont ici : Theland Kicknosway, Daxton Rhead et William Komaksiutiksak. J'aurai dû me préparer. J'espère que ma prononciation est assez fidèle.
William Komaksiutiksak, Jeunesse Ottawa : Oui.
La présidente : Ces trois jeunes feront un exposé d'une durée de 5 ou 10 minutes. Ensuite, les sénateurs pourront les questionner ou formuler des observations. Vous êtes-vous entendus sur celui qui parlera le premier?
Daxton Rhead, Jeunesse Ottawa : Je remercie les membres du comité de nous accueillir et de l'avoir fait aussi, il y a deux semaines, pour le forum « Visions autochtones au Sénat ».
Je m'appelle Daxton Rhead. Je suis un partisan et un militant des droits autochtones. Je ne suis pas autochtone moi- même, mais depuis cinq ans et demi, à peu près, je collabore à différentes organisations pour sensibiliser les Canadiens aux problèmes qu'affrontent les Autochtones canadiens. J'ai eu le bonheur d'être initié à ce problème et à l'histoire des Autochtones au Canada par mes enseignants et l'école.
La manifestation d'il y a deux semaines a notamment suscité beaucoup de commentaires sur l'éducation et son importance pour les jeunes Autochtones, mais aussi pour les Canadiens non autochtones, pour qu'ils connaissent mieux notre histoire commune.
On demande notamment du soutien et des ressources pour embaucher des agents autochtones de terrain et de soutien pour le réseau scolaire, qui n'en compte pas assez; de la place pour la narration des vécus personnels et la guérison des traumatismes dans les salles de classe; l'organisation d'ateliers obligatoires pour les enseignants, simplement pour qu'ils comprennent les différents points de vue, particulièrement dans l'enseignement de l'histoire, et qu'ils connaissent la vraie histoire de la colonisation et des pensionnats.
Précisons que le problème ne réside pas dans le programme d'études, mais dans le malaise que ressentent parfois les enseignants à le transmettre. Certains en évitent des parties portant sur les Autochtones. Voilà pourquoi nous estimons qu'il importe d'inviter des dirigeants autochtones dans les classes pour présenter ces sujets, à cause de ce malaise et de l'impossibilité pour des enseignants non autochtones de faire honneur à ces sujets.
Nous voulons aussi reconnaître que les Premières Nations, les Métis et les Inuits forment des communautés et épousent des points de vue et des enjeux souvent différents les uns des autres et qu'on ne peut pas toujours les assimiler à un bloc monolithique. Les Autochtones forment de nombreuses nations.
Reconnaissant que les écoles sur et hors réserve sont deux mondes différents, souvent en ce qui concerne la langue, il faut les examiner d'un point de vue légèrement différent. Il peut être difficile d'enseigner des langues autochtones dans des écoles hors réserve, mais tous les enfants devraient pouvoir apprendre leur propre langue autochtone et leur propre culture. Il faut créer un espace pour l'enseignement des langues dans le réseau d'éducation. Les tentatives du réseau d'éducation de leur enseigner de nouveau leur culture peuvent gêner certains Autochtones quand c'est lui qui, pour commencer, par des mesures de coercition linguistique, les a déculturés.
Il faut créer un espace dans les villes et, particulièrement, financer l'enseignement, par les Autochtones, de leur propre culture et langue. Il faut des programmes de langues autochtones, particulièrement pour les jeunes Autochtones qui veulent apprendre leur culture.
Merci.
La présidente : Merci.
Theland Kicknosway, Jeunesse Ottawa : Bonjour.
[Note de la rédaction : Le témoin s'exprime dans une langue autochtone.]
On m'appelle Theland Kicknosway. Je suis Cri et Potawatami. Je suis de la nation de l'île Walpole, sur le territoire appelé Bkejwanong. Je tiens à vous remercier tous de m'avoir invité. Je vais vous parler de ce qui m'arrive à l'école, actuellement.
Comme j'y suis le seul élève autochtone, il m'est vraiment difficile de trouver d'autres jeunes Autochtones dans ma communauté. Nous devons en attirer plus pour qu'ils viennent s'instruire comme je souhaite moi-même le faire.
On parle beaucoup des femmes autochtones disparues et assassinées. Je veux que le Canada soit plus sensibilisé à ce problème. La question prend beaucoup de place. Elle m'a vraiment frappé.
Chaque année, je cours pour ces femmes. Nous venons de faire la troisième course annuelle : 134 kilomètres. L'année prochaine, ce sera la quatrième. À chaque foulée, nous pensons à elles. Je m'interroge tout le temps : pourquoi ont-elles dû partir? Pourquoi n'ont-elles pas pu mener une vie normale? Une vie normale, c'est tout ce que les jeunes Autochtones méritent.
À neuf ans, j'ai eu une vision. Je voulais traverser le Canada en courant, une distance assez considérable à cet âge. Nous avons réduit l'objectif et nous nous y sommes attaqués ici, à Gatineau. Nous avons couru jusqu'à Kitigan Zibi, où la mère de Bridget Tolley, l'une des fondatrices des Familles des Sœurs par l'esprit, a été tuée par la Sûreté du Québec. La course visait à les commémorer. Nous pensons toujours à elles, à chacune de nos courses. Voilà pourquoi nous avons besoin de réponses.
Meegwetch.
La présidente : Merci, Theland.
William Komaksiutiksak, Jeunesse Ottawa : Bonjour.
[Note de la rédaction : Le témoin s'exprime dans une langue autochtone.]
Merci de m'avoir invité. C'est très important pour moi de venir ici m'adresser à vous tous.
Je m'appelle William Komaksiutiksak et je représente un groupe de jeunes que j'ai fondé, les Inuits résolus.
Je tiens à parler un peu des séquelles intergénérationnelles et de leur effet sur moi, ma famille et ceux que j'aime.
Pendant mon enfance, j'ai subi beaucoup d'abus. J'ai combattu des toxicomanies. J'ai grandi ici, en ville, coupé de ma culture ou de ma langue. J'ai ressenti une perte d'identité, qui m'a fait beaucoup souffrir. Je sais que beaucoup de familles combattent les mêmes problèmes. C'est seulement dans les grandes villes.
Je réclame notamment plus de financement pour notre éducation. Au Nunavut, je sais qu'environ 60 p. 100 des élèves vont à l'école l'estomac vide et, moi-même, ayant vécu un an et demi dans le Nord, j'ai ressenti ces affres dommageables de la faim.
Je ne suis pas venu parler des problèmes que je constate, mais offrir ce qui me semble être la solution. Je suis persuadé qu'il faut financer des agents de terrain dans les villes.
Les enseignants ne m'inspirent pas tous confiance. Le racisme que j'ai subi me convainc des bienfaits universels du travail de terrain. Par exemple, des Inuits enseignant la culture inuite dans les écoles, qui aiment passionnément leur mode de vie, c'est un message que je crois parlant pour tous. Je peux réussir à mobiliser davantage tout le monde dans l'autochtonisation du Canada, ce qui, à mon avis, pourrait profiter aux agents de terrain dont le métier est d'aider à stabiliser les familles et qui pourraient beaucoup aider mon peuple. Nous l'apprécierions vraiment.
Une autre raison de ma présence est que nous avons besoin de plus de programmes de santé mentale destinés aux Inuits, pas seulement dans les villes, mais dans le Nunavut, dans le Nord, dans les endroits où des gens ruminent des idées de suicide. Mes propres amis se sont suicidés. J'ai entamé un processus de guérison et je veux vraiment aider mon peuple à faire de même. Voilà pourquoi je suis ici.
Je veux mettre fin à ce cercle vicieux en proclamant la nécessité des communications entre les jeunes et les stratèges. C'est d'autant plus nécessaire que nous avons besoin d'être entendus. Vous n'avez donc pas fini d'entendre parler de nous. Nous nous proposons tous de revenir et nous tenons à changer ce monde pour améliorer la condition de tous.
Merci de m'avoir écouté.
La présidente : Merci à vous tous. Avant d'entamer la période de questions et d'observations des sénateurs, je vous remercie tous de votre honnêteté et de votre courage pour exprimer ce que vous ressentez dans vos cœurs et vos esprits.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Soyez les bienvenus. Nous aimons beaucoup entendre les jeunes. Qui, d'après vous, devrait participer à la réconciliation, et pourquoi?
M. Rhead : En ma qualité de non-Autochtone, j'estime important pour tous les Canadiens de participer à la réconciliation, parce que, si seulement les communautés autochtones en parlent, c'est que nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Ça fait partie de l'histoire de tous les Canadiens. Le réseau des pensionnats fait partie de notre histoire commune, et nous ne pouvons pas faire comme s'il n'avait jamais existé. Nous devons reconnaître que c'est le gouvernement canadien et les Églises qui l'ont créé. Pour la réconciliation, tout notre pays doit en discuter. Les peuples autochtones sont des interlocuteurs importants, tout comme le gouvernement canadien et tous les Canadiens.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Quelqu'un d'autre?
M. Komaksiutiksak : Je suis d'accord. Tous devraient y participer. Au lieu de « décolonisation », pourquoi ne pas dire « autochtonisation », dont la connotation est plus positive pour tous?
La sénatrice Lovelace Nicholas : Très bien. Merci. J'ai une question de plus, pour William. Je n'essaierai pas de prononcer votre nom de famille.
Le sénateur Patterson : Ne demandez pas ce qu'il signifie.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Avez-vous accès à un centre d'accueil, ici, à Ottawa? Je crois qu'il posséderait certaines ressources dont vous parliez.
M. Komaksiutiksak : Oui, j'ai noué d'excellents rapports avec le Centre des enfants inuits d'Ottawa. Je travaille de temps à autre à différents contrats, mais je sais aussi que le financement subit des compressions, qui font disparaître beaucoup de programmes.
Je travaillais au programme extra-scolaire appelé Tukimut. Il s'adressait aux jeunes enfants. Je les aime vraiment. Mon contrat s'est terminé le 31 mars. Le programme existait encore, mais avec la moitié du personnel, soit 2 ou 3 préposés pour 30 enfants. J'aime tellement ces enfants que, après la fin de mon contrat, je me suis fait bénévole et j'y ai commencé mon propre programme de musique. La musique est un bon exutoire, qui me permet de leur enseigner leur langue.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Je suis très impressionnée. Merci beaucoup.
Le sénateur Doyle : Soyez les bienvenus. William, vous avez dit avoir grandi en ville, et on nous dit que les jeunes Autochtones s'urbanisent de plus en plus. De ce fait, avez-vous l'impression que vous avez plus de chances de vivre une vie plus équilibrée sans certains des problèmes effroyables que devaient affronter vos ancêtres? Considérez-vous que votre vie citadine et peut-être que votre intention de demeurer dans la ville, c'est mieux pour vous et que c'est mieux pour les jeunes Autochtones de s'urbaniser de plus en plus?
M. Komaksiutiksak : Vivre son enfance en ville a ses avantages. En fait, il serait plus juste de parler aussi des inconvénients. Les avantages indéniables seraient l'éducation et le fait de ne pas ressentir l'isolement. Dans un certain sens, le simple fait d'être un enfant dans la société d'aujourd'hui, c'est vivre plus sainement.
Mais, en même temps, je n'ai personne sur qui compter pour m'enseigner ma langue, dont l'apprentissage, actuellement, me coûte des efforts. Mais je continue de la parler un peu tous les jours. Je n'ai jamais eu de contacts avec ma culture. Mon propre père a vécu dans un pensionnat. Il ne m'a jamais enseigné ces connaissances quand j'étais enfant. J'ignore pourquoi.
Alors, c'est difficile à dire, parce que l'Inuit qui vit dans une petite communauté et qui décide d'emménager dans une grande ville risque d'y perdre son identité, en raison de la transition vraiment difficile.
Est-ce que c'est clair?
Le sénateur Doyle : Oui. Eh bien, pendant des siècles, les relations entre les Autochtones et les autres peuples ont été très difficiles, et entre eux et le gouvernement fédéral et les provinces. Pensez-vous faire mieux?
M. Komaksiutiksak : Désolé. Pouvez-vous répéter la question?
Le sénateur Doyle : Seriez-vous capable de faire mieux? Êtes-vous sûr que, grâce à vos connaissances sur les relations entre les gouvernements et les peuples autochtones, le moment venu, vous pourrez faire mieux?
M. Komaksiutiksak : J'en suis très sûr.
Le sénateur Doyle : C'est ce que je voulais entendre.
Le sénateur Enverga : Merci, les enfants — vous êtes tous très jeunes. Je suis grandement impressionné par le courage et la passion dont vous faites preuve en aidant vos propres gens au moyen de vos différentes connaissances. Je vous suis très reconnaissant d'être ici aujourd'hui.
William, vous avez dit quelque chose à propos de la santé mentale dans votre communauté. J'aimerais que tous les autres témoins me disent quel genre de programmes ils veulent. Qu'est-ce qui m'échappe? De quel genre de programmes avez-vous besoin pour que nous puissions prévenir le suicide chez les jeunes? Pouvez-vous me dire ce qui nous échappe? Il y a certainement quelque chose qui nous manque.
M. Komaksiutiksak : Ce que j'ai fait avec le groupe de jeunes que j'ai formé, c'est de l'art sous toutes ses formes, au moyen de notre culture et de notre langue. Donc, quelqu'un qui aimait jouer de la musique créait sa propre musique. Si quelqu'un aimait les arts visuels, c'est ce qu'il faisait. Le traitement thérapeutique par l'art est très bon. Les membres de ma propre famille traversent certaines difficultés. J'ai conseillé la thérapie par l'art à l'un d'eux. Elle est trop vieille pour le programme. Il y a un coût partout, et mon peuple ne devrait pas avoir à payer pour son sentier de guérison.
Le sénateur Enverga : Les autres témoins ont-ils quelque chose à ajouter pour nous? Quelque chose nous échappe. C'est la raison pour laquelle nous sommes déconnectés des jeunes.
Emma Buchanan, coordonnatrice, Comité d'engagement des jeunes d'Ottawa, Jeunesse Ottawa : Je ne sais pas si je peux ajouter quelque chose. Ne m'en tenez pas rigueur. Hier soir, vous m'avez dit quelque chose qui m'a vraiment frappée, à savoir que nous pensons parfois que nous avons besoin de services de santé mentale proprement dits, mais ces services ne prennent pas toujours la forme d'un conseiller en santé mentale. C'est comme le disait William, il faut créer des liens avec la culture, car d'après ce que vous avez dit, les pensées suicidaires des Inuits s'expliquent en grande partie parce qu'ils sont déconnectés de leur culture et de leur mode de vie lorsqu'ils se rendent en ville, ce à quoi s'ajoute un passé empreint de traumatisme.
Un nombre accru de programmes qui permettent aux Inuits et aux gens de toutes les nations d'établir des liens avec leur culture peut améliorer la santé mentale, car les services de santé mentale ne représentent pas toujours la seule solution.
Je pense qu'une chose que vous avez également mentionnée souvent est la nécessité d'avoir plus de services de santé mentale dans le Nord. Il n'y en a pas beaucoup. Il y a beaucoup de médecins qui s'y rendent en avion pour une journée, mais ils ne connaissent pas du tout la culture. Ils ne connaissent pas du tout les circonstances, et ce n'est donc pas très utile. C'est très temporaire. C'est une autre chose que vous avez mentionnée, une chose qui nous échappe peut-être et qui doit être soulignée selon moi.
M. Komaksiutiksak : Merci.
M. Kicknosway : Je tiens à dire que la culture et la tradition sont vraiment essentielles pour ouvrir la porte à une meilleure compréhension du problème, car la question est toujours la même : pourquoi est-ce cela se produit dans les réserves, à l'extérieur des réserves, partout en général? Cela signifie que même cette expérience pratique diffère de ce qu'on entend et lit sur le sujet.
M. Rhead : En tant que non-Autochtone, je ne peux pas vous dire ce que c'est que d'avoir des problèmes de santé mentale, surtout dans le Nord où vous êtes très isolés. Je sais seulement ce que m'ont appris les discussions d'hier soir, les discussions avec la mère de Theland, Elaine, ainsi qu'avec les médecins qui font des allers-retours journaliers. Nous avons parlé de la communauté et de la création d'un endroit où les gens se sentent à l'aise de s'ouvrir le cœur, de dire ce qu'ils pensent, d'en apprendre davantage sur leur langue et leur culture. J'ai également été un peu choqué d'apprendre combien de médecins faisaient des allers-retours journaliers pour chaque réserve, car j'ai personnellement plus de médecins à mon service qu'il y en a pour des collectivités entières. Je dirais personnellement qu'il faut donner suite à ces deux aspects de la question, mais, comme je l'ai dit, je n'ai pas d'expérience concrète. Je ne peux me fier qu'à ma propre expérience.
Le sénateur Enverga : Je sais que vous vous attendez à avoir ou que vous voulez plus de professionnels qui comprennent votre culture. Pouvez-vous nous dire de quelle façon vos aînés peuvent vous aider en même temps? Que disent les aînés aux jeunes en ce moment?
M. Komaksiutiksak : Il est très important que les aînés nous enseignent les connaissances traditionnelles. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais même le mode de vie de mon père était très différent du mien. Mon père a vécu dans une collectivité de 200 personnes. J'essaie de l'expliquer de la meilleure façon possible. Par exemple, au Centre des enfants inuits d'Ottawa, il y a un programme des aînés et des jeunes. Nos aînés sont très importants, car ils ont la sagesse et le vécu pour enseigner les connaissances traditionnelles, contrairement à un grand nombre d'entre nous de nos jours. C'est pour cette raison qu'ils sont autant respectés.
M. Kicknosway : Nos gardiens du savoir ont un statut plus élevé dans nos communautés. C'est toujours une bonne chose lorsque les jeunes et les enfants les rencontrent, et nous devrions multiplier ces rencontres, non seulement dans les centres d'amitié, mais aussi dans les villes au moyen de camps pour les jeunes et les aînés des Premières Nations, des Métis et des Inuits, afin que tout le monde puisse raconter ses histoires.
La présidente : J'aimerais poser une question complémentaire. William, vous avez parlé du Centre des enfants inuits d'Ottawa, et Theland, je crois que vous avez mentionné les centres d'amitié. L'un de vous a également parlé du financement. Il semble essentiellement être instable, être revu d'une année à l'autre. Êtes-vous d'avis qu'on ne devrait pas se contenter d'un cycle de financement annuel? Qu'en pensez-vous?
M. Komaksiutiksak : Oui, je pense vraiment que le centre Wabano, le centre Odawa, le Centre des enfants inuits d'Ottawa et beaucoup d'autres endroits ont besoin d'un financement accru étant donné qu'ils apportent d'énormes changements dans la vie des personnes qui profitent de leurs services en les faisant revenir sur le droit chemin. Je sais que beaucoup de jeunes dans certains programmes se désolent de la réduction du financement. Nous devons attendre et attendre. Quand nous attendons, nous ne sommes pas dans le bon état d'esprit. Je crois fermement que tous ces organismes ont besoin d'un financement accru pour offrir des programmes de guérison, les excursions dans la nature dont nous avons parlé ainsi qu'un environnement sécuritaire et attentionné pour pouvoir exprimer notre culture.
M. Kicknosway : Nous avons besoin d'une bonne relation pour pouvoir continuer d'offrir plus longtemps ces programmes. Les rencontres offrent, comme vous l'avez dit, un milieu attentionné, bienveillant et sécuritaire à tout le monde. Elles permettent de renforcer les liens.
Mme Buchanan : Je vais également parler brièvement — je suis certaine qu'on vous le signale souvent ces jours-ci — du besoin d'espace. Nous en avons beaucoup parlé. Elaine, la mère de Theland, était à notre rencontre d'hier soir. Elle a dit qu'il y a manifestement beaucoup de choses que les non-Autochtones peuvent faire en tant qu'alliés, mais l'une des choses les plus importantes que nous pouvons faire — car les non-Autochtones peuvent en faire beaucoup —, c'est aider à créer de l'espace. Elle parlait du centre Thunderbird dans l'Ouest. Est-ce de cela que votre mère parlait?
La présidente : C'est le centre Thunderbird House.
Mme Buchanan : Il faut avoir plus d'endroits similaires au pays, ainsi qu'un financement ininterrompu et non volatile pour ce genre d'organismes, car ils peuvent jouer un rôle plus important. L'espace est une chose à laquelle nous pouvons également contribuer en tant que non-Autochtones. Il y a évidemment beaucoup de choses à faire qui ne seraient pas inappropriées de notre part, mais parmi celles qui conviennent, je crois que c'est la plus importante.
J'ai lu les notes du forum et je dois dire que l'un des aspects importants était de parler des endroits, de ces centres et de leur importance. Ce ne sont pas seulement ces personnes qui le disent; ce sont tous les participants au forum qui affirment que c'est vraiment important. Cet élément a été répété maintes et maintes fois.
La présidente : Daxton, comment voyez-vous les jeunes non autochtones interagir dans de tels lieux?
M. Rhead : Je sais que j'ai déjà visité le centre Wabano. C'est magnifique. Je me fais l'écho de ce que les autres ont dit au sujet du financement. Nous constatons qu'il y a un très grand nombre de services pour les peuples autochtones au Canada qui sont sous-financés.
Je suis d'accord avec ce qu'a dit Emma. Je ne peux pas enseigner aux autres leur culture, parce que ce n'est pas la mienne, mais je peux contribuer à créer un endroit pour donner l'occasion à d'autres personnes de découvrir leur culture. Je peux être un allié et créer un endroit où les gens ont l'impression de faire partie d'un groupe et d'avoir un sentiment d'appartenance à une communauté où ils peuvent apprendre. Découvrir d'autres cultures est très important pour les non-Autochtones. C'est une activité importante pour tous les Canadiens en vue d'être en mesure de mieux se comprendre les uns les autres.
J'ai rencontré de nombreuses personnes qui peuvent avoir des idées rétrogrades au sujet des peuples autochtones. Il arrive souvent que ces personnes n'essaient pas nécessairement d'être impolies ou de manquer de respect; le problème est que les gens au pays connaissent encore très peu les cultures autochtones, et je trouve cela vraiment décevant en 2017.
Le sénateur Christmas : Premièrement, je félicite Jeunesse Ottawa de s'attaquer à toute la question des Autochtones et des non-Autochtones. Je trouve cela très encourageant. Pendant que je vous écoutais parler, je me suis rendu compte que nous avions devant nous une manifestation de la réconciliation en cours. Bref, c'est très encourageant.
Monsieur Rhead, j'ai été étonné de vous entendre dire que vous ne pensiez pas que le programme scolaire est le problème, puis vous avez ajouté que certains enseignants ne se sentent pas à l'aise de donner des cours au sujet des peuples autochtones. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous penser ainsi?
M. Rhead : Oui. Hier soir, nous discutions de la façon d'apporter des changements dans les écoles. La première chose qui a été proposée, c'était évidemment de réécrire les manuels scolaires, mais les enseignants n'utilisent pas vraiment les manuels scolaires à bien des égards. L'histoire autochtone est censée être enseignée dans le programme scolaire, mais il y a encore beaucoup de classes où ce n'est pas le cas.
Nous avons réalisé que l'important n'était pas vraiment de nous lancer dans une bataille bureaucratique pour faire changer le programme scolaire; il fallait davantage changer la façon dont c'est enseigné et nous assurer que les élèves apprennent ce qui s'est passé dans leur pays et que le sujet est aussi présenté du point de vue des Autochtones, parce que le programme est très eurocentriste. Le cours d'histoire en 10e année porte majoritairement sur les Première et Seconde Guerres mondiales, et un grand nombre d'enseignants n'abordent pas le régime des pensionnats indiens et la rafle des années 1960.
L'important pour nous était d'embaucher des Autochtones qui viendraient en parler, participeraient à des activités pratiques et veilleraient à ce que les enseignants soient au courant de la manière de présenter le sujet. Par ailleurs, cela donnerait des emplois à des Autochtones et nous aiderait à nous assurer que le sujet est enseigné adéquatement.
M. Komaksiutiksak : L'un des éléments vraiment importants pour moi, c'était le travail de sensibilisation; c'était d'avoir une personne passionnée par son style de vie qui se rend sur place et qui participe à des activités pratiques. Les Inuits adorent le travail pratique. C'est ainsi que nous apprenons : en regardant et avec des histoires. Comme je le disais plus tôt, cela profite, à mon avis, vraiment à tout le monde. Cela profitera aux Autochtones et aux non- Autochtones. Les gens acquerront ainsi des connaissances. Par exemple, si nos aînés ou une personne qui connaît les enseignements traditionnels et qui peut expliquer leur signification se rendent sur place, j'ai l'impression qu'ils peuvent faire un meilleur travail qu'un simple enseignant. Je ne veux pas dire « un simple enseignant », mais la présence d'un Autochtone aiderait vraiment à apporter une certaine stabilité à un grand nombre de familles.
Le sénateur Christmas : Cette question s'adresse à tous les témoins, mais j'aimerais entendre les commentaires de Mme Buchanan et de M. Rhead. Quels conseils donneriez-vous à des jeunes non autochtones ou à leurs parents qui souhaitent vraiment améliorer leurs rapports avec les peuples autochtones? Vous avez évidemment fait ce cheminement. Si vous deviez conseiller d'autres jeunes non autochtones, que leur diriez-vous?
Mme Buchanan : Il y a deux ou trois choses. J'ai été voir Children of God en fin de semaine. C'est une pièce de théâtre sur les pensionnats indiens qui raconte l'histoire d'une famille. À mon avis, en assistant à plus d'événements organisés par des Autochtones — je ne parle pas d'événements au sujet des Autochtones qui ne sont pas produits par des Autochtones; je parle d'événements autochtones organisés par des Autochtones sur des sujets qui touchent les Autochtones —, cela nous sensibilise et permet de nous rafraîchir la mémoire. En toute honnêteté, j'essaie de participer à plus d'événements de ce genre qu'à tout autre événement, parce que je crois que c'est vraiment important. J'essaie de discuter avec les gens après; j'essaie de ne pas trop abuser de leur temps ou j'espère ne pas leur poser de questions inappropriées, mais nous faisons tous des erreurs. J'essaie seulement d'acquérir le plus de connaissances possible et de faire preuve d'ouverture à ce sujet.
Je suis en train de lire le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, et je crois que nous devrions obliger chaque non-Autochtone à le lire. Je crois que cela devrait être obligatoire dans le système scolaire. Je ne peux pas trop insister sur ce point. Je crois que vous devez au moins lire les 94 recommandations et déterminer comment ces 94 recommandations cadrent dans votre vie et comment vous pouvez en mettre au moins 5 en pratique dans votre vie quotidienne.
S'il y avait deux choses, je dirais que ce sont les plus importantes, en plus d'avoir de simples conversations. Je suis privilégiée d'avoir l'occasion de côtoyer ces personnes et de discuter avec elles de leurs expériences; il faut essayer de trouver des occasions d'avoir le privilège de discuter avec ces gens.
M. Rhead : Mes commentaires vont en gros dans le même sens; c'est de saisir les occasions qui se présentent à nous. En particulier à Ottawa, nous avons beaucoup d'occasions d'apprendre sur l'histoire des Autochtones, particulièrement avec les activités entourant le 150e anniversaire du Canada. De nombreuses conférences ont lieu pour essayer de nous assurer d'en apprendre à ce sujet. J'ai eu la chance de participer à certaines conférences sur la réconciliation, de tout simplement rester là à écouter les conférenciers et de discuter avec les autres participants. L'important, c'est vraiment d'en discuter. Vous pouvez évidemment faire des recherches en ligne, mais j'ai eu la chance d'avoir des enseignants qui m'ont permis d'acquérir beaucoup de connaissances ou qui ont stimulé mon intérêt à cet égard; j'ai également réalisé des recherches de mon côté. Bref, il faut assister à des conférences ou à des forums et simplement profiter des occasions qui se présentent dans la collectivité. Vous ne connaissez peut-être aucun Autochtone, mais cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas découvrir les cultures autochtones, parce qu'il y a des endroits où vous pouvez aller et des activités auxquelles vous pouvez participer pour ce faire.
Le sénateur Christmas : Merci encore une fois. Je félicite encore une fois Jeunesse Ottawa. Je suis très fier de pouvoir dire que je vous connais.
La sénatrice Pate : À l'instar du sénateur Christmas et d'autres, je tiens à remercier Jeunesse Ottawa d'avoir rendu possible cette rencontre, et je vous remercie tous de votre présence et de votre travail constant.
J'ai une question plus générale, mais j'ai une autre question avant. Quelle école fréquentez-vous?
M. Rhead : Je vais à l'Institut collégial Glebe.
La sénatrice Pate : Lorsque mon fils fréquentait cet établissement, je ne crois pas que de tels cours y étaient offerts. Je suis donc heureuse de voir que l'institut a changé.
M. Rhead : J'ai en fait commencé à l'école élémentaire Lady Evelyn il y a cinq ans ou cinq ans et demi. Certains enseignants ont participé à une conférence lors d'une journée pédagogique. Nous parlions d'organiser des conférences lors des journées pédagogiques. Ils ont entendu parler de Shannen Koostachin; je présume que la plupart d'entre vous la connaissent. Ces enseignants ont vraiment retenu des éléments et les ont intégrés dans le programme et leur enseignement.
La sénatrice Pate : Je crois que mon fils était là environ 10 ans trop tôt, parce qu'il a aussi étudié à Lady Evelyn.
Pendant que vous parliez, William — je m'excuse; je ne veux pas massacrer votre nom de famille. J'espère que vous ne voyez pas d'inconvénient à ce que j'utilise vos prénoms.
M. Komaksiutiksak : C'est correct.
La sénatrice Pate : Lorsque je suis rendue dans le Nord canadien il y a quelque temps, j'ai été invitée à parler de divers éléments ayant trait à la responsabilité des services de police et à ce qui se passait concernant les prisons. J'ai été surprise d'apprendre que les autorités venaient de mettre fin à un programme alimentaire qui permettait de servir des repas dans la collectivité aux personnes qui se présentaient. Les autorités ont encore un programme pour le déjeuner, et je crois qu'il y a une partie d'un programme pour le dîner, mais les autorités ont mis fin au programme de repas; or, il y avait quatre nouvelles prisons là où il n'y en avait qu'une la dernière fois que j'y étais.
Les statistiques publiées concernant les jeunes sont particulièrement troublantes en ce qui a trait aux jeunes autochtones et au nombre de jeunes détenus. Ce que j'ai constaté là et ce que j'ai constaté à l'époque où je travaillais auprès des jeunes en détention, dans les rues et dans divers contextes, c'est que les Autochtones représentent maintenant 46 p. 100 des jeunes détenues. Le taux pour ce qui est des jeunes hommes est aussi élevé; c'est environ le tiers. La détention de ces jeunes coûte au moins 100 000 $ par année — plus près de 200 000 $.
Si je vous demande ce que vous feriez si vous aviez 100 000 $ pour chaque jeune que vous connaissez et qui a vécu des difficultés, comment dépenseriez-vous ce montant?
Deuxièmement, il y a eu beaucoup de discussions au sujet de la santé mentale. J'aimerais que vous nous expliquiez un peu plus ce que vous entendez par du soutien en santé mentale et les types de programmes que vous offrez. Le type de soutien en santé mentale dont parlaient les nombreux jeunes, hommes et femmes que j'ai connus au fil des années était un endroit où vivre, du soutien communautaire et peut-être parfois l'accès à des professionnels de la santé mentale. Cependant, la majorité du soutien en santé mentale dont ces gens ont besoin se résume à une personne qui fait des choses avec eux, qui les soutient et qui les aide; il y a le soutien offert par les aînés, par exemple. Si vous pouviez également inclure dans votre réponse certaines de ces idées, ce serait excellent.
M. Komaksiutiksak : Il faut être en mesure de déterminer les répercussions intergénérationnelles et les conséquences réelles sur les gens touchés, parce que même les personnes touchées ne comprennent pas toujours ce qu'elles vivent.
Voici ce que je ferais, à vrai dire, avec 100 000 $. J'ai divers sentiers de guérison que j'aimerais mettre en place. J'ai fondé Strong Minded Inuit, un groupe de jeunes, et ce programme a permis de mobiliser un grand nombre d'autres Inuits. Nous mettons notamment l'accent sur la prévention du suicide et le développement de solides collectivités autochtones. Comme je le disais plus tôt, je crois sincèrement que l'art est une bonne manière de s'exprimer pour les gens, en particulier s'ils n'aiment pas s'exprimer de vive voix. Avec cet argent, je lancerais mes propres programmes de musique et d'art.
Ensuite, je trouverais des gens instruits qui connaissent les effets des répercussions intergénérationnelles et qui sont en mesure de les expliquer aux autres étape par étape. Le chemin de la guérison ne prend pas qu'une journée; il faut en fait passer sa vie à apprendre ce qui s'est passé et ce qui se passe encore aujourd'hui.
Je crois sincèrement que certains s'expriment mieux par l'art. C'est donc un aspect que je tiens vraiment à explorer. Je vois beaucoup de jeunes dans le programme de musique auquel je participe à titre de bénévole, et je perçois la valeur de ces jeunes. Je vois qu'ils veulent s'exprimer et qu'ils le font par l'art qui les passionne vraiment. Voilà la réponse que m'inspire votre question.
M. Kicknosway : J'investirais dans les Familles des Sœurs par l'esprit. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif dirigé par Bridget Tolley, Kristen Gilchrist et Colleen Cardinal.
Ce serait bien, mais il est parfois important de seulement nous exprimer et de laisser savoir aux gens que nous sommes ici et que nous n'avons aucunement l'intention de nous en aller. Il est également important d'avoir les mêmes connaissances. Si nous pouvons aller de l'avant en ce sens, cela donnera à tout le monde une telle chance.
M. Rhead : Eh bien, 100 000 $, c'est une rondelette somme. À brûle-pourpoint, je crois que j'investirais cet argent dans la sensibilisation des Canadiens. Je n'ai pas de talents artistiques comme William. Je ne peux donc pas m'occuper de programmes d'art. Je crois qu'un grand nombre de ces activités pratiques contribuent vraiment à faire avancer la cause sur le terrain. Cela contribue également à faire changer la donne, en particulier au sein du gouvernement, et c'est la raison pour laquelle c'est vraiment une bonne chose de nous rencontrer ici aujourd'hui et de discuter avec des décideurs. Nous espérons que ce dialogue se poursuivra.
Je déciderais probablement d'investir 100 000 $ dans la sensibilisation pour essayer d'informer les Canadiens et de changer l'opinion des gens au Canada. Il y a encore énormément de pensées rétrogrades et de haine envers les autres. C'est un élément que je considère comme décourageant et que je crois qu'il faut changer, parce que c'est vraiment important pour moi de connaître mes concitoyens et mes semblables.
Je crois qu'une approche pratique est essentielle pour non seulement aider les gens maintenant, mais aussi améliorer l'avenir.
Mme Buchanan : J'ajouterais un élément qui n'est pas vraiment de mon cru; c'est d'Elaine. Je n'arrête pas de parler d'Elaine, parce qu'elle est fantastique et que c'est une excellente gardienne du savoir. Je pense à quelque chose qu'elle a mentionné en ce qui concerne en particulier les jeunes détenus; c'est la Société Elizabeth Fry. Le financement pour ses programmes ne cesse d'être réduit, et cet organisme offre beaucoup de soutien à tous les détenus et en particulier aux groupes racialisés. Les programmes qu'offre cet organisme en ce qui a trait aux peuples autochtones et aux jeunes autochtones détenus sont inestimables. Elaine en parlait.
Elle disait aussi que beaucoup de problèmes de santé mentale dans le milieu carcéral découlent de problèmes dans la communauté LGBTQ, en particulier les Autochtones bispirituels. Ce n'est pas vraiment bien vu, et il n'y a pas vraiment de sensibilisation disponible en particulier dans le milieu carcéral pour les détenus bispirituels. Les envoyons- nous dans un établissement pour hommes? Les envoyons-nous dans un établissement pour femmes? Ces deux options ne sont pas adéquates. Il n'y a aucun service.
Voilà certains aspects sur lesquels se concentre la Société Elizabeth Fry, et je crois que, si j'avais 100 000 $, en plus de tout ce que tous les autres ont déjà mentionné, j'investirais aussi dans ce domaine.
La sénatrice Pate : Je parlais de 100 000 $ par jeune. Nous dépensons plus d'argent que cela pour incarcérer des jeunes. Bref, si l'un d'entre vous, en particulier Jeunesse Ottawa, souhaite parrainer la remise en liberté d'un jeune, appelez-moi.
Mme Buchanan : D'accord.
Le sénateur Patterson : Je tiens à remercier tous les participants de leur excellente contribution à notre ambitieuse étude. Je m'excuse de mon retard ce matin.
J'aimerais poser une question à William Komaksiutiksak qui me trotte dans la tête dernièrement, mais je peux mettre le tout un peu en contexte pour mes collègues. Quelle est la deuxième ville au Canada où il y a le plus d'Inuits après Iqaluit? Où se trouve-t-elle? Sénatrice Pate, c'est ici même à Ottawa.
Depuis quelques semaines ou quelques mois, nous avons entendu des histoires très tristes en provenance des régions inuites du Canada concernant des agressions au couteau et des confrontations avec des policiers impliquant des jeunes en détresse. Cela devient vraiment monnaie courante. Des jeunes, normalement de jeunes hommes, ont des armes à feu et confrontent des policiers. Les gens sont confinés chez eux. Cela survient pratiquement chaque semaine dans les régions inuites.
Nous assistons maintenant à un déluge. J'exagère peut-être, mais il me semble que de nombreux Inuits affluent vers Ottawa. Je crois qu'il en est de même à Montréal aussi, mais j'en sais un peu plus sur la situation à Ottawa. On trouve ici des services incroyables. Je sais qu'on pourrait en offrir plus, mais le seul centre de traitement des toxicomanies pour les Inuits dans tout le Canada, pour autant que je sache — il pourrait y en avoir un autre à Kuujjuaq —, se trouve ici, à Ottawa : le centre Mamisarvik. Il y a aussi le Centre des enfants inuits. On offre des services de garde, des services d'orientation professionnelle, des cours de langue, des services médicaux spécialisés. À cela s'ajoutent le Tungasuvvingat Inuit et le Nunavut Sivuniksavut. Beaucoup de gens se disent : « Eh bien, il y a plus de services ici, à Ottawa, que dans notre petite collectivité. » Ils viennent donc ici pour former des communautés. Ils se font même servir régulièrement de la nourriture traditionnelle.
Voici la question que j'aimerais vous poser : nous parlons des nombreux membres des Premières Nations qui quittent les réserves pour s'installer dans les villes, mais qu'en est-il des Inuits? Ils semblent déménager vers le sud en grand nombre. Parfois, ils se rendent dans le Sud pour obtenir des services médicaux, puis ils décident d'y rester. Ils viennent aussi pour trouver un autre emploi ou, encore, pour faire des études, puis ils décident de s'y installer.
William, j'aimerais vous poser la question suivante puisque vous connaissez la communauté ici, à Ottawa : est-ce que j'exagère en disant que les Inuits arrivent massivement en ville? Quelles sont les perspectives d'avenir? Voici donc ma question. Comment entrevoyez-vous l'avenir des Inuits au Canada, surtout dans la ville d'Ottawa?
Je suis désolé, madame la présidente, si je m'attarde un peu trop là-dessus, mais un ancien ministre de la Santé du Nunavut a cessé de financer des espaces dans le centre Mamisarvik, soit le centre de traitement des toxicomanies pour les Inuits venant du Nunavut, parce qu'il a dit : « Nous devrions offrir ces services chez nous. Nous ne devrions pas avoir à envoyer des gens à l'extérieur de nos communautés pour qu'ils reçoivent un traitement. Le tout devrait se faire dans nos communautés. L'argent devrait être dépensé au Nunavut. » Le centre a d'ailleurs fermé ses portes l'année dernière.
M. Komaksiutiksak : J'en ai entendu parler.
Le sénateur Patterson : C'est en raison de la décision de garder l'argent au Nunavut.
Je me demande ceci : comment entrevoyez-vous l'avenir des Inuits au Canada? Devrions-nous fournir plus de services de soutien, même en ce qui concerne le gouvernement du Nunavut? Vous parlez des besoins de financement pour les Inuits à Ottawa, sachant que nous avons les fonds nécessaires pour leur offrir un soutien et des programmes et que les Inuits votent avec leurs pieds, en venant s'installer ici. N'est-il pas triste que les gens quittent leurs terres d'origine? Comment entrevoyez-vous l'avenir?
M. Komaksiutiksak : Honnêtement, je pense qu'il faudrait débloquer suffisamment de fonds à la fois dans les villes et dans le Nord. Tout le monde souhaite un mode de vie différent. Ayant moi-même grandi dans une ville, j'aime la vie urbaine, mais je me vois un jour retourner dans le Nord et y vivre selon le mode de vie inuit. Je crois fermement qu'il faut du financement aussi bien dans les villes que dans le Nord.
Les frais de subsistance dans le Nord constituent l'une des raisons pour lesquelles les gens déménagent au Sud. L'éducation est une autre raison. À Iqaluit, il y a quelques années à peine — j'ignore où en sont les choses maintenant —, on voulait faire construire un magasin de bière et de vin.
Le sénateur Patterson : C'est en cours de construction au moment où l'on se parle.
M. Komaksiutiksak : Oui. Cela m'a vraiment dérangé parce que l'objectif était, disait-on, d'investir une partie de l'argent généré par ce magasin de bière et de vin dans la construction d'un centre de traitement, ce qui est ridicule, à mon avis. Si les gens ont besoin de créer un centre de traitement après avoir construit un magasin de bière et de vin, c'est signe que ce magasin ne fera que causer du tort pour les familles. Je crois sincèrement que s'il y avait un centre de traitement avant qu'il n'y ait un magasin de bière et de vin, beaucoup de personnes ayant voté pour ce projet auraient alors une opinion très différente.
Il est essentiel de prévoir des fonds dans les deux cas parce que certains Inuits veulent aller partout au Canada. Ce ne sont pas tous les Inuits qui souhaitent vivre dans le Nord, mais en même temps, ceux qui vivent dans le Nord n'ont pas accès au soutien dont ils ont besoin de la part du gouvernement du Canada; certains vivent avec 10 personnes dans une petite maison et ils n'ont pas assez à manger.
Notre mode de vie a changé. Nous étions autrefois un peuple nomade. Nous suivions les animaux, un peu au gré du vent. Pour nous, le fait d'être isolés dans de petites communautés, sans avoir accès au soutien dont nous avons besoin pour faire la transition vers la société dans laquelle nous vivons actuellement... désolé, je perds un peu le fil de ma pensée, mais je suis convaincu de la nécessité d'accorder des fonds à la fois dans les villes et dans le Nord — le même montant d'argent afin de pouvoir offrir les mêmes services.
La présidente : Je me demande si les autres témoins peuvent répondre à la même question en l'adaptant à leur propre situation. Theland, comment envisagez-vous votre avenir ici, à Ottawa, par rapport à... Je crois que votre mère, du moins, est originaire de la Saskatchewan, ayant peut-être grandi dans une réserve. Et vous, Daxton, expliquez-nous un peu comment vous concevez votre avenir en tant que non-Autochtone et vos rapports avec les Autochtones.
M. Kicknosway : Ce que je veux dans ma vie future, c'est que mes enfants sachent tout ce qui s'est passé. Je veux qu'ils sachent ce qui est arrivé à mes parents, c'est-à-dire à leurs grands-parents. Je veux qu'ils grandissent, que ce soit dans une réserve ou non, en bénéficiant d'un traitement égal, au lieu d'être rabaissés en raison de leur origine.
M. Rhead : Si je me projette dans l'avenir, je me vois en train de fonder une famille, d'inculquer le respect d'autrui, d'apprendre des autres et de ne pas porter de jugement sur une ou plusieurs cultures.
Je trouve vraiment important ce que William a dit au sujet des centres de traitement et de l'endroit où vivent les gens. Certains vivent dans les villes, alors que d'autres, dans de petites collectivités.
Comme vision d'avenir, j'ai l'intention d'en apprendre davantage sur les autres Canadiens — non seulement les Autochtones, mais aussi les nouveaux arrivants au Canada — et de m'assurer que ma propre famille connaît l'histoire du Canada. J'ai eu des conversations avec mes grands-parents, qui n'avaient aucune idée de ce qui se passait à l'époque. La seule fois qu'ils ont interagi avec un Autochtone, c'était considéré comme un acte de condescendance ou de pitié. Aujourd'hui, mes grands-parents veulent vraiment se renseigner sur ce pan de l'histoire qu'ils n'avaient pas eu la possibilité de connaître, contrairement à ce qui est le cas de nos jours, même si certaines personnes au sein du gouvernement, comme le Dr Peter Henderson Bryce, étaient au courant de la situation. Je m'imagine, à l'avenir, en train de m'informer sans cesse et de m'assurer que les gens savent ce qui se passe dans notre pays afin que nous puissions apporter les changements qui s'imposent.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Vous avez dit que l'éducation est importante, comme nous en convenons tous. En tant qu'Autochtone vivant à Ottawa, avez-vous facilement accès à des programmes de formation professionnelle? Cette question s'adresse à vous tous.
M. Komaksiutiksak : Je dirais que nous avons accès à pas mal de ressources pour rédiger un curriculum vitae et tout le reste. Cependant, lorsqu'une personne a subi des traumatismes pendant presque toute sa vie, il lui est difficile d'aller postuler un emploi et de composer avec cette anxiété, peut-être parce que ses parents ne lui ont jamais appris comment y faire face, ces derniers ne s'étant pas, eux-mêmes, remis des répercussions intergénérationnelles. Je crois sincèrement, je le répète, que le travail de sensibilisation est important; il faut offrir des emplois aux Autochtones afin qu'ils fassent connaître aux non-Autochtones l'histoire de cette terre, tout en transmettant la culture, car dès que les gens se trouvent devant une culture qu'ils n'ont jamais vue auparavant et qu'ils en voient la manifestation... par exemple, il y a beaucoup d'Inuits. Nous aimons plaisanter et faire sourire les autres. On devrait inviter des membres des Premières Nations, des Inuits ou des Métis à aller dans des écoles pour transmettre ces enseignements — voilà, selon moi, la clé pour apporter de vrais changements dans ce pays.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Merci de votre réponse. Ce que je cherche à savoir, c'est si vous faites l'objet de racisme lorsque vous postulez un emploi.
M. Komaksiutiksak : Personnellement, je n'ai rien connu de tel, mais j'ai entendu des histoires à ce sujet. Cela n'arrive pas nécessairement dans le contexte professionnel, mais plutôt dans la vie de tous les jours. Quand on nous voit dans la rue, on se dit : « Voilà le stéréotype même de l'Inuit complètement intoxiqué, le long de la rue Rideau; il ne sait même pas ce qui se passe. »
Parlant d'emplois, ce n'est pas tant le racisme qui est en cause. Le problème tient surtout au fait que notre peuple ne s'est pas entièrement adapté à ce mode de vie. Tout change à un rythme effréné pour mes parents et mes grands- parents. Il suffit de fournir un espace plus sain, plus compatissant aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis pour qu'ils puissent travailler, car je sais que beaucoup d'entre eux sont d'ardents travailleurs. Ils ont tout simplement besoin de savoir comment se sortir d'une telle situation.
La sénatrice Lovelace Nicholas : Comme je l'ai dit, il y a également des programmes de formation. La raison pour laquelle je vous pose cette question, c'est parce que les gens de ma région font face à ce problème. Peu importe votre niveau d'éducation, lorsque vous faites une demande d'emploi, vous vous heurtez au racisme et, ensuite, c'est un non- Autochtone qui décroche l'emploi. C'est là où je veux en venir. Merci de votre réponse.
Le sénateur Patterson : Je vais poser une question qui sera sans doute controversée. C'est vous, William, qui m'y avait fait penser. Vous parliez de l'accessibilité de l'alcool au Nunavut. Vous savez probablement qu'on a l'intention de mener un sondage auprès des résidants de Cambridge Bay et de Rankin Inlet pour connaître leur opinion sur la construction d'un magasin de bière et de vin. Les résidants d'Iqaluit — je n'en faisais pas partie — ont voté à 70 p. 100 en faveur d'un magasin de bière et de vin.
Nous sommes tous au courant des problèmes liés à l'alcool, qui semblent susciter la violence et, très souvent, des comportements autodestructeurs, et qui causent sans doute du tort également aux gens à Ottawa. Il y a de nombreux Inuits qui réussissent, mais il y a aussi des Inuits qui vivent dans la rue.
Comment la légalisation et la vente de la marijuana en Ontario et dans les territoires vont-elles toucher les jeunes inuits en particulier? Qu'en pensent les gens dans votre collectivité? Est-ce que ce sera mieux que l'alcool? La situation va-t-elle empirer?
J'aimerais bien connaître vos opinions parce que nous allons devoir examiner le projet de loi. Ce ne sera peut-être pas notre comité qui en sera saisi, mais le Sénat devra s'en occuper. Le gouvernement du Nunavut se débat avec la question de savoir ce qu'il en adviendra, mais il n'a pas encore élaboré de plan, à ma connaissance. Est-ce que ce sera avantageux pour les jeunes inuits, ou y aura-t-il des défis? Avez-vous des conseils ou des réflexions à ce sujet?
M. Komaksiutiksak : En toute honnêteté, je pense que les drogues et l'alcool ne sont pas bons pour nos communautés, mais je ne vois pas en quoi le projet de loi changera la situation parce que si quelqu'un veut se procurer un joint ou n'importe quelle autre substance, il peut l'obtenir à de nombreux endroits. Je ne vois pas comment cela sera avantageux ni comment cela changera les choses. C'est mon point de vue, et c'est ce qui me vient à l'esprit sur le coup. Tout ce que je sais, c'est que les drogues et l'alcool nuisent à ma communauté.
Le sénateur Patterson : Merci.
La présidente : Theland, vouliez-vous faire une observation relativement à cette question?
M. Rhead : Je me contenterai d'ajouter ceci, de mon point de vue, comme le disait William. Je ne connais pas très bien les collectivités plus au Nord, celles qui sont plus isolées, mais je sais qu'il n'est pas difficile d'avoir accès à la marijuana, si on le veut. Personnellement, je ne consomme pas de drogues. Je tiens à le signaler aux fins du compte rendu. Toutefois, je sais qu'il n'est pas difficile de s'en procurer.
À certains égards, la marijuana n'est pas aussi néfaste que l'alcool. En tout cas, j'ai entendu dire qu'elle ne crée pas autant de dépendance. Je ne pensais pas que nous allions parler de la marijuana aujourd'hui, mais la légalisation ne changera pas grand-chose pour les gens qui en consomment. Ceux qui consomment déjà de la marijuana continueront à le faire. Je trouve que, de façon générale, ce n'est pas bon pour la santé. Les effets sont contestables du point de vue médical. Selon moi, c'est à la collectivité, en quelque sorte, de décider ce qu'elle veut faire, mais je ne pense pas que cela change vraiment le nombre de personnes qui en consomment.
Mme Buchanan : Bien entendu, je ne peux pas vraiment me prononcer sur la situation dans le Nord. Je n'ai aucune expérience personnelle en la matière, et j'ai l'impression que ce n'est peut-être pas la façon la plus concrète ou la plus tangible de répondre à votre question. Je n'ai manifestement aucune expérience pour ce qui est de régler le problème de drogues et d'alcool dans les communautés autochtones, mais comme les autres témoins l'ont mentionné à plusieurs reprises aujourd'hui, il faut reconnaître que c'est le symptôme d'un problème plus grave. Je suis sûre que tout le monde sait cela, mais nous devons prendre du recul lorsque nous parlons de drogues et d'alcool pour chercher à comprendre pourquoi les gens utilisent ces substances, quelle est la cause de ces traumatismes et quelles en sont les conséquences. Il s'agit d'une question très valable, et c'est quelque chose que vous devez traiter sur le terrain, évidemment, au moyen de projets de loi et d'autres mesures de ce genre, mais au bout du compte, il s'agit peut-être d'un problème un peu plus complexe.
La présidente : La réunion tire à sa fin. J'aimerais remercier les jeunes qui ont témoigné ce matin. Vous avez fourni à notre comité des suggestions et des recommandations très concrètes. Au nom des membres du comité, je tiens à vous remercier tous d'avoir parlé de manière aussi sincère et transparente et de nous avoir fait part de vos suggestions. Merci aussi à vous, Emma, d'avoir appuyé les jeunes et de les avoir aidés à formuler les idées qu'ils nous ont présentées ce matin.
De toute évidence, comme le sénateur Christmas l'a dit, nous avons devant nous un exemple très inspirant de réconciliation à l'œuvre. Comme nous le savons tous, nous vivons tous sur la même planète, la Terre mère. Il est très inspirant d'entendre ces jeunes et de voir comment ils s'efforcent de créer un avenir meilleur pour chacun de nous.
Mesdames et messieurs les sénateurs, il s'agit de notre dernière réunion de la session. Avant de lever la séance, je tiens à remercier chacun de vous pour tout le travail que vous avez accompli ce printemps. Nous avons entrepris cette nouvelle étude qui est particulièrement ambitieuse, mais non moins importante. Je crois que nous avons effectué un travail préparatoire très important ces derniers mois, et j'espère que tous les sénateurs passeront un bel été. Nous nous reverrons à l'automne pour entamer la deuxième étape de cette étude. Je crois que la sénatrice Pate veut poser une question.
La sénatrice Pate : Ce n'est pas vraiment une question, madame la présidente, mais je tenais à vous remercier infiniment du leadership dont vous avez fait preuve à la tête de notre comité, surtout durant les moments difficiles que nous avons connus depuis le peu de temps que j'ai le privilège et l'honneur d'y siéger. Alors, merci pour cela.
Permettez-moi de faire une humble suggestion. Je crois que la proposition de William ferait un excellent titre de rapport, « Visions autochtones au Canada », pour l'étude sur les relations de nation à nation. Voilà donc ce que je propose, et nous devrions attribuer à William le mérite de cette idée, si telle est la volonté du comité.
La présidente : D'accord. Merci beaucoup. Bon été, tout le monde.