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APPA - Comité permanent

Peuples autochtones

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Peuples autochtones

Fascicule no 56 - Témoignages du 5 juin 2019


OTTAWA, le mercredi 5 juin 2019

Le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones se réunit aujourd’hui, à 12 h 33 pour étudier les responsabilités constitutionnelles, conventionnelles, politiques et juridiques du gouvernement fédéral envers les Premières Nations, les Inuits et les Métis (Vision autochtone au Sénat 2019).

La sénatrice Lillian Eva Dyck (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Bonjour, Tansi. J’aimerais souhaiter la bienvenue à tous les honorables sénateurs et aux membres du public qui suivent cette séance du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones, ici même dans la salle ou bien qui nous regardent sur le Web.

Dans l’intérêt de la réconciliation, j'aimerais souligner le fait que nous nous réunissons sur les terres traditionnelles non cédées des peuples algonquins. Je m’appelle Lillian Dyck, de la Première Nation George Gordon, en Saskatchewan, et j’ai l’honneur et le privilège d’être la présidente de ce comité.

Aujourd’hui, nous nous réunissons pour étudier les responsabilités constitutionnelles, conventionnelles, politiques et juridiques du gouvernement fédéral envers les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Avant de commencer, j’aimerais que mes collègues sénateurs se présentent.

Le sénateur Doyle : Norman Doyle, Terre-Neuve-et-Labrador.

Le sénateur Tannas : Scott Tannas, Alberta.

Le sénateur Klyne : Marty Klyne, Saskatchewan.

Le sénateur Francis : Brian Francis, Première Nation Abegweit de l’Île-du-Prince-Édouard.

La sénatrice Coyle : Mary Coyle, Nouvelle-Écosse.

La sénatrice Lovelace Nicholas : Sandra Lovelace Nicholas, Nouveau-Brunswick.

La sénatrice LaBoucane-Benson : Patti LaBoucane-Benson, territoire visé par le Traité no 6, Alberta.

La présidente : Merci, honorables sénateurs.

Cet après-midi, nous sommes très heureux d’accueillir notre quatrième événement annuel Vision autochtone au Sénat. Nous avons huit jeunes de partout au pays qui ont participé à des activités et à des ateliers toute la matinée. Ces jeunes leaders ont des antécédents et des expériences variés, et nous sommes heureux de les accueillir aujourd’hui comme témoins. Chaque jeune aura quelques minutes pour faire son exposé, après quoi les sénateurs lui poseront une question ou deux. Chaque témoin dispose de 10 minutes, alors je vais demander aux sénateurs de poser des questions brèves et pertinentes.

Avant de commencer, j’aimerais demander aux membres s’ils sont d’accord pour que les services des communications du Sénat soient autorisés à prendre des photos et à filmer pendant cette réunion. Est-ce d’accord?

Des voix : D’accord.

La présidente : Merci, honorables sénateurs. La motion est adoptée.

Nous allons commencer par souhaiter la bienvenue à Trevor Dubois. Trevor, vous avez la parole.

Trevor Dubois, à titre personnel : Je tiens à remercier les sénateurs d’avoir donné aux jeunes l’occasion de participer à Vision autochtone au Sénat et de reconnaître que nous sommes sur le territoire non cédé du peuple algonquin.

Ce qui m’importe le plus, c’est de trouver et de créer les soutiens, les outils et les ressources nécessaires pour que chaque communauté, nation et peuple puisse s’épanouir là où la communauté est un endroit où chacun a des chances égales et où les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont le contrôle de leurs propres affaires autochtones. Il s’agit notamment de fournir un financement adéquat dans des domaines comme la santé, les services sociaux, la jeunesse et la justice, et d’être en mesure d’orienter et de créer des mesures de soutien qui sont guidées par les moyens de gouvernance les plus transparents et responsables possible, tout en utilisant une approche holistique pour aborder les idéologies autochtones.

Le fait d’être une personne bispirituelle a été un obstacle pour moi en grandissant. L’absence de soutien, de services et de programmes pour régler les problèmes auxquels nous sommes confrontés m’a poussé à faire des choix de vie plus risqués. J’ai travaillé comme intervenant auprès des jeunes et j’ai obtenu mon diplôme en travail social auprès des Autochtones, où je me suis rendu compte des avantages que les programmes et services ont pour les peuples autochtones. J’espère que d’autres personnes bispirituelles auront la même chance et seront protégées par les mêmes lois que beaucoup de Canadiens tiennent pour acquises. Dans mon poste actuel, je suis en mesure de créer des programmes et des services pour ces gens dans notre communauté, puisque je veille sur 16 communautés. Il s’agit de la plus grande région occupée par la nation métisse et l’une des plus grandes de l’Ouest canadien.

La Métis Nation—Saskatchewan m’offre un excellent apprentissage, car je peux observer le processus de transformation qu’elle a entrepris et les mesures mises en place pour la rendre plus responsable et plus transparente. J’espère que cette nation et ses dirigeants s’efforceront toujours d’offrir davantage de soutien, de services et de programmes dont nos membres ont besoin.

En terminant, je tiens à remercier les sénateurs du travail extraordinaire que vous avez tous accompli, y compris les longues nuits qui vous obligent à passer du temps loin de vos familles et de vos autres occupations. Le fait de savoir que vous appuyez nos nations en adoptant, en modifiant et en créant les lois nécessaires aidera à guider notre nation pour les générations futures.

Je suis très heureux d’avoir eu cette occasion et de rencontrer divers sénateurs bien informés, y compris les sénateurs Boyer, Dyck, Anderson et Francis, et j’ai hâte de travailler avec vous et d’autres pour créer et bâtir un avenir solide pour nos peuples, nos nations et nos communautés.

La présidente : Merci beaucoup, Trevor. Nous sommes prêts à entendre une ou deux questions.

La sénatrice Coyle : Merci beaucoup d’être avec nous et aussi pour cette carrière dans laquelle vous vous êtes engagés. Pourriez-vous nous expliquer un peu pourquoi vous vous êtes engagés dans le travail social et si votre façon de voir les choses a changé depuis que vous êtes praticien?

M. Dubois : Je me suis lancé dans le travail social parce que je travaillais comme intervenant auprès des jeunes et d’un jeune en particulier. Il n’avait rien. J’ai vu le sourire et la joie que ce programme lui apportait. On lui offrait des repas et des activités. Le simple fait de voir le changement, la transformation. Il avait été orienté dans la mauvaise direction, et il ne savait pas qu’il était Autochtone. Par la suite, il s’est rendu compte qu’il était Autochtone parce que cela impliquait une programmation culturelle. C’est la raison.

La sénatrice Coyle : Merci. Maintenant que vous êtes travailleur social autochtone, votre façon de penser change-t-elle étant donné que vous intervenez directement auprès de ces personnes?

M. Dubois : Bien sûr. J’utilise diverses idéologies et modèles autochtones dans ma pratique de travail social. Une bonne partie de mon travail est guidée par la philosophie autochtone.

La sénatrice Coyle : Merveilleux. Merci.

Le sénateur Doyle : Trevor, vous échangez avec beaucoup de jeunes comme vous, et je me demande ce qu’ils disent du système politique et des politiciens en général. Est-ce suffisant pour vous motiver à faire partie de ce système politique et à devenir l’un des dirigeants du pays? Sautez cette question si elle vous met sur la sellette. Vous composez avec beaucoup de gens. Que vous disent-ils au sujet du système politique? Est-ce qu’il répond bien à vos besoins et à ceux des jeunes? Aimeriez-vous en faire partie?

M. Dubois : Mon objectif à long terme, après avoir obtenu un doctorat en travail social, est de me lancer en politique. À mon avis, il devrait y avoir plus de décideurs autochtones dans ce domaine.

Je pense que vous êtes sur la bonne voie. Récemment, vous avez commencé à offrir plus de soutien et de services pour régler les problèmes auxquels font face les Autochtones et les jeunes. C’est encadré, mais nous finirons par y arriver.

Le sénateur Doyle : Bonne réponse. Merci.

La présidente : Merci, Trevor.

Nous allons convoquer le deuxième témoin.

[Français]

Megan Hébert-Lefebvre, à titre personnel : Bonjour. Je m’appelle Megan Hébert-Lefebvre. J’habite au Québec, dans la communauté autochtone des Abénakis de Wôlinak. Je travaille au Grand Conseil de la Nation Waban-Aki. Je travaille pour toute la nation des Abénakis au Québec, donc Wôlinak et Odanak, qui sont situées au centre du Québec.

Les Abénakis sont également présents aux États-Unis; même si la population diminue significativement, nous sommes encore là. Le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki est un conseil tribal. Notre mission est d’être le porte-parole des membres de notre communauté, de défendre leurs droits et d’administrer les services offerts par le ministère ou par des organismes communautaires.

Nous essayons d’assurer le développement économique de nos communautés. Je travaille comme agente culturelle auprès des jeunes. Je travaille surtout auprès des adolescents, afin de développer du contenu culturel sur des plateformes web. Nous travaillons avec des collaborateurs, comme les musées.

J’enseigne surtout le design graphique, car j’étudie en graphisme. En collaboration avec l’équipe Niona, qui est une équipe que nous avons créée avec des jeunes âgés de 12 à 17 ans, j’enseigne aux jeunes comment développer ces plateformes. Nous leur transmettons des habiletés professionnelles et nous leur apprenons à développer leur future carrière. Nous appuyons leur sentiment d’appartenance.

Je viens d’une communauté qui a perdu beaucoup de sa langue et de sa culture. Comme nous vivons près de la ville, nous sommes confrontés à une modernisation rapide de la communauté. Par le passé, la communauté a subi quelques traumatismes qui ont empêché la transmission du savoir de génération en génération. Nous avons perdu notre culture et notre langue. Nous en sommes à un moment de l’histoire où il faut transmettre un sentiment d’appartenance aux jeunes, afin qu’ils puissent développer un sentiment de fierté de leur culture.

Pour les futures générations, il faudrait que les jeunes se réapproprient leur patrimoine autochtone. Les aînés doivent aussi réapprendre cela, car il y a un tabou qui les empêche de parler de leur culture, et parce qu’ils se disent que leurs connaissances ne sont pas importantes. C’est aux jeunes d’apprendre aux plus âgés à conserver cette culture et à la faire vivre encore. La culture des nations autochtones au Canada a été perdue depuis longtemps. Donc, les jeunes d’aujourd’hui et de demain représentent un renouveau dans cette réappropriation pour faire perdurer l’histoire, la tradition et la culture amérindienne en général.

On a établi une relation entre le Canada et les Premières Nations, et c’est un bon début. Il faudrait susciter un renouveau, faire quelque chose qui change et modernise ce lien par l’intermédiaire des jeunes, ce qui veut dire créer une relation moderne et égalitaire. En tant que jeunes, nous avons l’impression que le gouvernement est en haut et que les nations sont en bas. On a toujours de la difficulté à demander quelque chose. Nous aimerions que cette relation ne soit pas basée sur le passé.

Parfois, les relations entre le gouvernement et les peuples autochtones sont basées sur la rancœur du passé. Il ne faut pas non plus ignorer notre histoire. Il faut développer nos communautés en les adaptant aux réalités modernes. C’est une relation qui devrait être basée sur la modernité et l’égalité.

Dans un avenir idéal, pour que nos nations soient fortes et dynamiques, il faut qu’elles se souviennent de leur histoire, qu’elle soit positive ou négative. Il ne faut pas en oublier une partie, selon qu’elle est belle ou moins belle. Les nations doivent continuer d’avancer malgré la perte de leur patrimoine. Oui, nous avons subi une perte, oui, c’est normal qu’on oublie des choses et qu’il n’y ait pas de transmission des connaissances, mais il faut toujours avancer, peu importe ce qui s’est passé auparavant, et il faut s’adapter aux réalités d’aujourd’hui.

En tant que nation dynamique et forte, il faut être résilients et ouverts, tant les Autochtones que les allochtones. Il faut être fiers de nos racines afin de montrer notre culture et de faire rayonner notre patrimoine.

Afin d’établir une nouvelle relation, je dirais que, en premier lieu, il faut cerner les principales difficultés de toutes les communautés, parce que chaque communauté a des caractéristiques différentes, des façons de vivre différentes, des réalités différentes. Cela permet d’offrir de bons services aux communautés. Il faut éliminer la méfiance des Autochtones, surtout des plus âgés. Les jeunes commencent à s’ouvrir, mais les plus âgés sont méfiants envers le gouvernement, en raison de certaines lois ou expériences du passé et des stéréotypes qu’ils ont expérimentés dans leur vie de tous les jours. Il faut développer un lien de confiance avec les Premières Nations. Il ne suffit pas de prendre leurs idées et de les mettre en œuvre. Il faut faire créer un lien, tous ensemble, et collaborer.

Pour ce qui est de la reconnaissance de l’histoire et des langues, en ce moment, dans les écoles, nous travaillons sur l’histoire, afin que les jeunes puissent en apprendre davantage et que l’enseignement soit plus poussé en ce qui concerne l’histoire des Autochtones.

En ce qui a trait à la pédagogie, je pense que la reconnaissance de l’histoire autochtone apporte un réel sentiment d’appartenance chez les jeunes. Le gouvernement veut établir une nouvelle relation avec les Autochtones, mais il est possible d’inclure la société canadienne dans cette démarche. La simple idée d’aller visiter une communauté autochtone, de s’informer sur son patrimoine et sur sa culture, c’est déjà faire preuve d’une ouverture envers les Premières Nations, et c’est ma vision d’une nouvelle relation entre le Canada et les Premières Nations.

[Traduction]

La sénatrice LaBoucane-Benson : Merci beaucoup de votre exposé.

J’examine votre profil qui indique que vous faites beaucoup de travail dans le domaine des médias numériques. Selon vous, quel est le rôle des médias numériques dans l’autodétermination des peuples autochtones et dans le rapatriement culturel? Pensez-vous que les médias numériques ont un rôle à jouer?

[Français]

Mme Hébert-Lefebvre : Oui. Avec la technologie du Web et la création de l’équipe, nous rejoignons beaucoup de gens. Pour tout ce qui est du domaine pédagogique, on parle d’Internet, une technologie qui permet de rejoindre beaucoup de monde.

Auparavant, on faisait une présentation magistrale devant une classe de 30 personnes, et c’était tout. Aujourd’hui, on parle aux gens par le biais des réseaux sociaux. Le partage et l’échange de connaissances permettent d’augmenter les auditoires. Je pense que, à l’ère d’Internet, il faut profiter de toutes les occasions. Plutôt que de déplorer les mauvais côtés de la technologie, il faut en tirer tout le profit possible et l’utiliser de la bonne façon.

Je pense que cela favorise réellement l’autodétermination, puisque nous nous affichons. Nous sommes fiers d’exposer notre culture. Donc, oui, je pense que c’est très important.

[Traduction]

La présidente : Merci beaucoup de votre exposé.

Nous allons entendre notre troisième témoin, Karlee Johnson.

Karlee Johnson, à titre personnel : [Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.] Je m’appelle Karlee Johnson et je suis membre de la Première Nation Eskasoni. Mon objectif est de devenir un médecin dont la langue maternelle est le micmac afin de pouvoir aider les membres de notre nation lorsqu’ils expliquent leurs symptômes en langue micmaque.

Mes parents sont Tom et Carol Anne Johnson. Mon fiancé est Gerard Francis. J’ai deux frères, trois sœurs, une belle-sœur, une nièce et deux neveux.

[Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.] Aujourd’hui, ce dont je parle me vient du cœur, et je tiens à vous dire à quel point je suis fière d’être Micmaque et de parler, lire et écrire couramment le micmac.

[Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.] Je veux que vous sachiez tous ce qui m’a amenée ici aujourd’hui et à quel point je suis fière de ma culture et de qui je suis aujourd’hui en tant qu’Autochtone.

Premièrement, j’ai la chance de venir d’un foyer où les parents et les membres de la famille parlent la langue micmaque. Dans notre collectivité d’Eskasoni, un tout nouveau programme d’immersion micmac a été créé en 2000. À l’époque, j’avais quatre ans et mes parents ont décidé qu’il valait mieux que je sois inscrite à ce programme. Lors de mon premier jour d’école, je me souviens encore du sentiment que j’ai ressenti. C’était un sentiment de fierté, de confort, de respect et de sécurité.

Dans le cadre de ce programme, j’ai appris à parler, à lire et à écrire en langue micmaque. On nous a enseigné notre culture par la danse, le chant, la prière et les coutumes. En 3e année, je suis devenue l’une des 19 élèves à obtenir un diplôme du tout premier programme d’immersion micmac à Eskasoni.

J’aimerais vous raconter une histoire. Lorsque j’étais en 9année, j’ai rencontré un membre de la communauté micmaque qui m’a dit : « Karlee, savais-tu que les Micmacs ne vont pas loin dans la vie? » Puis la personne a dit : « À quoi sert d’aller à l’école secondaire d’Eskasoni » — ce qui serait la 10e année — « où les Micmacs t’enseigneraient. Tu pourrais obtenir une éducation de meilleure qualité si tu allais à l’école hors réserve. »

J’ai simplement écouté la personne et hoché la tête. Ce soir-là, je suis rentrée chez moi et j’ai parlé avec ma mère. J’ai dit : « J’ai pris ma décision et je veux aller à l’école hors réserve pour avoir de meilleures chances de réussir. » Puis ma mère m’a dit : « Tu’s, n’oublie pas que tu as le privilège d’avoir une école dans ta propre communauté. Tu y seras accueillie par des enseignants micmacs et des personnes qui parlent cette langue. Des gens qui sont aujourd’hui très prospères ont étudié à cette école secondaire. »

C’est devenu une leçon importante pour moi. Je suis allée à l’école secondaire dans ma communauté. J’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires avec une moyenne de 98 p. 100, ce qui m’a permis d’être parmi les 100 étudiants au baccalauréat en sciences médicales de l’Université Dalhousie, située à Halifax, en Nouvelle-Écosse. J’ai obtenu mon baccalauréat en sciences médicales l’an dernier, en juin 2018, étant parmi les 54 diplômés de ce programme.

À mon retour à Eskasoni, en 2018, j’ai été embauchée par l’Union of Nova Scotia Indians, un conseil tribal situé en Nouvelle-Écosse, où je travaille actuellement dans le cadre de la toute nouvelle stratégie de soins contre le cancer de la nation micmaque à titre de responsable du renforcement des capacités en matière d’apprentissage sur le cancer. J’ai fait du bénévolat au sein du groupe de soutien pour les besoins spéciaux d’Eskasoni, au téléthon de Noël, au pow-wow et dans le cadre de l’initiative sur la langue micmaque.

Dans tous ces postes, qu’il s’agisse de travailler, de faire du bénévolat ou même d’aller au magasin communautaire local, j’ai pu utiliser ma langue micmaque comme compétence au bénéfice des membres de ma communauté.

Maintenant que vous connaissez tous mon histoire, vous comprendrez que j’ai vécu toute ma vie dans une réserve. Ma langue maternelle est le micmac. Je suis une femme micmaque confiante qui a réussi dans un système d’éducation qui n’a pas été conçu pour les peuples autochtones. Personnellement, j’estime que mon succès, je le dois d’abord et avant tout au soutien dont je bénéficie actuellement de la part de mes parents, de mon fiancé, de ma famille, de mes amis et de la communauté d’Eskasoni.

Au contraire, il y a des gens qui viennent des communautés autochtones et qui dénigrent leur propre culture et leur propre langue. Pourquoi? C’est peut-être à cause de ce que le gouvernement fédéral leur a imposé, à eux-mêmes et aux membres de leur famille, depuis le début de la colonisation jusqu’à la mise en œuvre de la Loi sur les Indiens, notamment le Livre blanc sur la politique indienne, la rafle des années 1960, les pensionnats indiens, les externats indiens et la centralisation qui ont eu une incidence directe sur le bien-être des peuples autochtones.

Grâce à la littérature, nous savons que le but des pensionnats indiens était de retirer l’Indien de l’enfant. Ainsi, les éléments les plus précieux de ce qui fait une culture autochtone, la langue et la culture, lui ont été dérobés. Bien des membres des communautés sont revenus des pensionnats indiens honteux de leur identité.

Pouvez-vous imaginer vous faire dire que votre propre culture et votre propre langue sont inférieures aux autres? Pas étonnant que la personne que j’ai rencontrée en 9e année m’ait dit d’aller à une école à l’extérieur de la réserve; elle avait peut-être honte de sa propre identité.

C’est ce qu’on a fait croire à beaucoup de gens. Il y a actuellement des stigmates. Beaucoup des membres de nos communautés ont subi des traumatismes, ont tenté de se suicider ou y sont parvenus, vivent de l’aide sociale, dans la pauvreté et le désespoir, sont aux prises avec des problèmes de santé mentale, la violence, l’alcoolisme et le trafic de drogues, entre autres réalités.

Les statistiques disent que de nombreux Autochtones sont incarcérés, non instruits, et qu’on les retrouve dans les systèmes de justice pénale et de protection de l’enfance. Cela étant, on nous méprise pour ce que nous sommes, paraît-il. Il se passe tellement de choses pénibles dans nos communautés que ces réalités sont inévitables, et je le constate personnellement tous les jours. Les membres de bien des familles ne se voient pas offrir la possibilité de grandir dans un foyer stable comme moi j’ai eu la chance de le faire. Je milite pour que ces familles et ces enfants puissent bénéficier des mesures de soutien dont ils ont besoin afin qu’ils puissent, eux aussi, se sentir portés, dans leur identité d’Autochtones, par la confiance et l’amour des autres.

Si le gouvernement fédéral veut assainir la relation avec les peuples autochtones, je vous demande d’examiner les points suivants. Cette année, 2019, c’est l’Année internationale des langues autochtones qui a été décrétée par les Nations Unies et il est temps que le Canada s’efforce de faire en sorte qu’il y ait partout au pays plus de locuteurs autochtones parlant couramment les langues autochtones et de sensibiliser les autres groupes autochtones à l’importance de leurs propres langues, cultures et identités.

Si possible, j’aimerais aussi que des programmes de guérison, d’autonomisation et de résilience soient mis en œuvre pour tous les groupes autochtones.

En conclusion, je crois sincèrement [Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.] qu’avec la langue vient la culture et que l’identité et le bien-être général de la personne s’amplifient.

Wela’lioq. Merci à tous de m’avoir écoutée. Meegwetch.

Le sénateur Francis : Cet exposé sur la culture et la langue était excellent. Chaque fois que j’ai pensé à une question, vous y avez répondu avant que je puisse finir de la formuler dans mon esprit.

Selon vous, comment pourriez-vous éclairer les modifications aux politiques et aux lois fédérales qui pourraient toucher nos communautés des Premières Nations?

Mme Johnson : Je crois ne pas avoir bien compris la question.

Le sénateur Francis : En votre qualité de jeunes et de leaders de l’avenir, quelles mesures prendriez-vous pour influer sur les changements apportés par le gouvernement aux politiques et aux lois ou participer au processus?

Mme Johnson : Je crois vraiment qu’il importe de se porter à la défense des droits et que nous devons aussi parler à nos chefs, parce que ce sont eux qui peuvent ensuite parler aux plus hauts responsables du gouvernement fédéral. Si nous pouvons établir ce mécanisme de défense des droits et ce qui est nécessaire dans la communauté, nous pourrons alors nous affairer à éliminer les écarts qui existent actuellement.

Le sénateur Christmas : Wela’lioq. Merci beaucoup, madame Johnson. Vous avez livré un puissant message. Il y a des gens qui pensent que pour les jeunes, c’est l’un ou l’autre. Soit vous fréquentez une école micmaque, soit vous fréquentez une école non micmaque. Parfois, les gens pensent que c’est l’un ou l’autre. Vous avez obtenu un baccalauréat en sciences médicales, alors, de toute évidence, l’école micmaque n’a pas nui à vos études.

Mme Johnson : Non.

Le sénateur Christmas : Il me semble que vous avez tiré le meilleur parti des deux mondes. Dans les réserves, vous avez acquis la force d’être une femme autochtone; vous connaissez votre langue et vous savez qui vous êtes. En même temps, vous avez réussi toutes ces études.

Que diriez-vous à ceux qui pensent que vous devez choisir l’un ou l’autre, compte tenu de tout ce que vous avez accompli et fait jusqu’à maintenant? Vous pouvez faire les deux. Vous pouvez être une femme micmaque très forte tout en étant une personne très forte sur le plan scolaire. Comment faire comprendre aux gens qui doutent que cela soit possible?

Mme Johnson : Ce que je leur dirais certainement, c’est [Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.], ce qui signifie qu’un Autochtone est capable, parce que souvent, les gens de nos communautés se disent qu’ils ne sont pas assez intelligents pour faire cela.

Le grand message que je livrerais aux personnes qui doutent d’elles-mêmes, c’est [Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.] et de ne pas abandonner. C’est ce en quoi je crois vraiment.

La présidente : Merci beaucoup.

Notre prochain témoin est madame Jukipa Kotierk. Quand vous êtes prête, la parole est à vous.

Jukipa Kotierk, à titre personnel : [Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.] J’aimerais reconnaître le territoire traditionnel et non cédé du peuple algonquin sur lequel nous nous trouvons aujourd’hui et rappeler à tous les peuples autochtones que, comme peuples autochtones de cette nation maintenant appelée le Canada, nous devons demeurer solidaires dans l’avenir.

J’aimerais également souligner le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées et rendre hommage à toutes les femmes et filles autochtones et à tous les peuples autochtones disparus au Canada en ce moment.

J’ai le privilège d’être ici aujourd’hui à titre de jeune inuite pour parler en mon nom et au nom de mon peuple. J’ai le privilège de prendre la parole ici aujourd’hui, pas nécessairement parce que je suis ici au Parlement ou avec des sénateurs, mais parce que je suis toujours en vie. J’ai 24 ans. Je suis une femme inuite et j’ai un emploi sûr, j’ai étudié, j’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires et mon diplôme universitaire l’an dernier — et ma sœur termine ses études universitaires aujourd’hui même — et j’ai une famille et une communauté qui m’appuient.

Ce sont tous des déterminants sociaux de ma santé mentale et de mon bien-être. Sans cela, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Ces déterminants sociaux semblent être la norme dans de grands pays, comme le Canada. Bien des peuples autochtones, y compris les Inuits du Nunavut, ne peuvent compter sur ces déterminants. Il faut que cela change.

Étant donné que le Nunavut est un gouvernement populaire dont 84 p. 100 de la population est représentée par des Inuits, et que la moitié de cette population est composée de jeunes qui sont représentés au Nunavut, j’utilise ma voix comme jeune inuite pour parler en mon nom et au nom de mon peuple chaque fois que j’en ai l’occasion.

Pour m’aider à poursuivre mon chemin, j’essaie de me rappeler que ma voix compte, peu importe si elle secoue ou crée des vagues ou si je semble petite. Je fais de mon mieux pour me le rappeler et c’est grâce au soutien de ma famille et de ma communauté.

J’essaie aussi d’inciter notamment mes pairs et les membres de ma famille à ne pas hésiter à utiliser leur voix et à s’assurer que leur message est valide, qu’ils sont valides et qu’ils comptent.

Étant donné que les jeunes représentent plus de la moitié de la population inuite, 57 p. 100 étant âgés de moins de 25 ans, il est essentiel que ces déterminants sociaux de la santé et du bien-être soient là. Le génocide actuel passe sous silence les peuples autochtones et ces déterminants sociaux de la santé.

Si les besoins ne sont pas comblés, ce qui se fait stratégiquement la plupart du temps, les gens se sentent perdus. Bien souvent, dans les communautés autochtones, les gens se sentent ainsi, perdus et, en réalité, privés de ces déterminants sociaux, c’est la vie qui leur est dérobée.

Par conséquent, dans l’ensemble de l’Inuit Nunangat et du Canada, ainsi que dans les régions les plus septentrionales du Canada dans son ensemble — les Territoires du Nord-Ouest, l’Inuvialuit, le Nunavut, le Nunatsiavut dans le nord du Labrador et le Nunavik dans le nord du Québec —, le taux de décès par suicide chez les Inuits est malheureusement de cinq à 25 fois plus élevé que dans l’ensemble du Canada.

C’est inacceptable. Le Canada doit rendre des comptes. Les Inuits doivent exercer leur autonomie gouvernementale et leur souveraineté et être soutenus par le Canada. Nous devons être représentés, dans des endroits comme le Parlement en qualité d’Inuits. Même avec un gouvernement populaire, nous, les Inuits, devons occuper cet espace et servir de guides pour notre peuple et notre territoire.

Je fais ma part en me présentant, en utilisant ma voix et en essayant d’encourager les autres à faire de même. Dans mon travail quotidien, je fais la promotion de la vie et je fais du bénévolat auprès de la ligne d’assistance téléphonique de Kamatsiaqtut sur notre territoire. Je travaille également comme bénévole pour la campagne We Matter, qui est une plateforme multimédia pour les jeunes Autochtones qui encourage l’espoir, la force et la culture. Enfin, je m’implique aussi dans l’organisme jack.org, chapitre d’Iqaluit, pour lutter contre la stigmatisation entourant la santé mentale et le mieux-être.

Je m’investis ainsi pour m’assurer autant que je le peux que les Inuits soient entendus, que nous sommes représentés et que nous recevons de l’aide.

En fait, j’hésitais à accepter cette invitation et l’occasion de prendre la parole ici aujourd’hui, parce que j’avais l’impression de ne pas y avoir ma place. C’est aussi exactement la raison pour laquelle j’ai accepté.

Le fait d’être ici aujourd’hui pour me représenter et défendre la vie de mon peuple est une promotion de la vie. Servir de modèle, la guérison et la force, voilà ce qui représente mon peuple. Les Inuits sont ayungi et capables.

La présidente : Nous sommes heureux que vous soyez ici, Jukipa Kotierk.

Mme Kotierk : Nous sommes résilients. Le Nunavut a été créé pour les Inuits et les générations futures. Merci.

La présidente : Merci de cet exposé très convaincant. J’ai une brève question.

Comment gardez-vous votre esprit en vie? Vous vous êtes attaquée à des questions très difficiles, celle du suicide notamment, et vous avez assumé la responsabilité d’en parler.

Vous devez bien faire quelque chose pour vous aider à affronter tout cela.

Mme Kotierk : Je vous remercie de votre question. En fait, c’est ce que je fais actuellement. Je me laisse aller à pleurer, car ce n’est pas considéré comme normal dans notre société actuelle. Dans les communautés autochtones et dans les cultures inuites en particulier, nous permettons à quiconque ayant un sentiment qu’il doit exprimer de le faire. Je me permets donc de le faire. C’est ma libération et c’est ainsi que je peux avancer en essayant de faire ce que je peux selon ma capacité. Je suis consciente de mes capacités, de mon temps et de mes limites et j’essaie toujours de les respecter.

La présidente : Je vous en remercie. Cela m’aide et je suis persuadée qu’il en est ainsi pour d’autres sénateurs.

On m’a dit que j’avais pleuré dans la salle du Sénat et qu’on disait : « Oh, elle en remet. » Or, merci beaucoup de cette réponse.

La sénatrice McCallum : Merci, votre exposé était formidable. Je voulais revenir sur ce sentiment, ce sentiment d’absence d’appartenance, dont un autre témoin a parlé.

C’est notre société, notre pays, mais nous n’avons jamais eu l’impression d’être chez nous, et encore aujourd’hui, ce sentiment est très présent pour moi, surtout en tant qu’ancienne élève des pensionnats.

J’ai commencé par chercher à compenser cela, puis j’ai essayé de m’intégrer, ce qui est bien différent de l’appartenance. Alors, pour me conformer, je renonce à une partie de mon esprit et à une partie de mon pouvoir. Différencier les deux est une bonne chose parce que nous avons notre place, et je dois me le répéter encore aujourd’hui, à la fin de la soixantaine. Ensuite, vous avez dit que nous devions prendre notre place, et ces deux éléments vont de pair. Lorsque vous n’êtes pas à votre place, vous vous retirez, parce que vous sentez que vous n’avez pas le droit d’être là ou que vous ne vous autorisez pas à être là.

Comment la société ou le Sénat peuvent-ils vous aider, vous et le Canada, à prendre conscience de cela? Comment pouvons-nous vous aider à comprendre que vous avez votre place et que vous êtes importants?

Mme Kotierk : Je vous remercie de votre question. J’y ai beaucoup réfléchi, et je pense que cela commence vraiment par une représentation à tous les niveaux, que ce soit dans les médias, au gouvernement ou dans votre communauté. J’ai l’impression d’offrir un modèle de cette représentation pour les jeunes de demain également. C’est du moins ce que j’aspire à faire, leur faire savoir qu’ils peuvent suivre, faire la même chose et occuper cet espace. Il s’agit donc vraiment pour nous, Autochtones, d’occuper sans complexe des espaces qui n’ont pas été créés pour nous.

La sénatrice McCallum : Merci, c’était formidable.

La présidente : Merci beaucoup. Nous allons passer au prochain intervenant. Notre prochain témoin est Aurora Leddy.

Aurora Leddy, à titre personnel : Je m’appelle Aurora Leddy. Ma famille vient des régions de Lac Ste. Anne et de St. Albert, en Alberta. J’ai grandi à Edmonton.

Je viens d’une famille de femmes fortes. Ma kokum était Delia Gray et je m’inspire d’elle pour affronter tout ce qui me fait peur. En tant que Métisse ayant grandi à Edmonton et ayant fréquenté le système scolaire, j’ai eu la chance de toujours savoir que j’étais métisse, d’avoir une culture à la maison, une mère qui nous emmenait aux événements et veillait à ce que nous fassions partie de notre communauté, mais je l’ai rarement vu à l’école. En fait, tout ce qu’on trouvait dans notre manuel, c’était un bout de texte qui parlait vaguement des Premières Nations, qui parlait de nous comme si on était au XIXe siècle, et c’est tout.

Tout au long de mes études, au secondaire et après avoir obtenu mon diplôme, j’ai participé à cet étonnant programme baptisé « diplômés autochtones », mais qui ne s’adressait vraiment qu’aux membres des Premières Nations et ignorait tous les autres, ce qui était triste. Je n’avais pas l’impression d’y avoir ma place parce que je n’appartiens pas à une Première Nation. Je suis Métisse, et j’ai ma propre culture — je pleure et j’en suis désolée, mais j’ai la larme facile.

C’est quelque chose que j’ai réalisé dès mon plus jeune âge. Les Métis, pour diverses raisons, ont toujours été un peu plus cachés que les autres. Est-ce parce que nous avons été ciblés après la résistance de la rivière Rouge que nous n’avons tout simplement pas eu les mêmes droits que les autres? En Alberta, pendant très longtemps, nous n’avions même pas de droits à la récolte. On nous les avait retirés. Je suis heureuse qu’on nous les ait rendus aujourd’hui, mais ils sont encore limités.

Ce qui est dur, c’est que les rapports se suivent et tout cela, mais nous restons à demi oubliés. Nous ne sommes pas couverts par le règlement de la rafle des années 1960, alors que nous avons été directement touchés. Nous ne sommes pas totalement pris en compte dans le dossier des pensionnats. Il est question de nous ici et là, mais il reste que l’accent est mis sur les Premières Nations, ce qui est bien, mais pas encore idéal.

Nous avons trois peuples autochtones et pourtant, ils semblent être hiérarchisés. Les programmes linguistiques à Edmonton sont principalement destinés aux Cris; ils ne tiennent pas compte des autres nations qui sont là. Ils ne tiennent pas compte de ma langue, le michif. Ce n’est pas génial.

Depuis l’arrêt Daniels, il est devenu plus facile pour notre communauté de défendre nos droits, de conclure des ententes et de négocier de nation à nation. Je parle de mon expérience en Alberta à cet égard.

Il y a encore du chemin à faire pour que nous soyons entendus et traités sur un pied d’égalité. Comme la personne qui m’a précédée l’a dit, nous avons ce sentiment de ne pas avoir notre place. Nous avons besoin d’être entendus, d’avoir ce sentiment d’appartenance. Je suis à court de mots. À ce sujet, cela m’a aussi poussée à faire beaucoup de choses. J’ai commencé à donner des cours de gigue et j’enseigne maintenant la gigue pour la Nation des Métis de l’Alberta à Edmonton. Les écoles n’ont pas de ressources pour l’éducation des Métis, alors j’essaie de me rendre dans les écoles pour présenter les Métis de l’Alberta. Je me sens très privilégiée de venir de l’Alberta, sachant que nos Métis ont une assise territoriale. En tant que Métis de l’Alberta, j’estime que nous sommes très privilégiés, mais que nous sommes encore très limités en tant que Métis au Canada.

La présidente : Merci beaucoup, Aurora. Nous avons le temps pour une ou deux questions.

J’ai une brève question à vous poser.

Vous avez mentionné que lorsque vous étiez à l’école secondaire, les Métis ne faisaient pas vraiment partie du programme. Je me demande si, dans vos cours d’anglais, vous avez des livres qui ont été écrits par des Métis. Je viens de la Saskatchewan, alors je pense à Maria Campbell; aviez-vous son livre Half-Breed à votre programme d’études?

Mme Leddy : Non.

La présidente : C’est vraiment dommage.

La sénatrice McCallum : J’aimerais revenir à ce que vous avez dit au sujet de la hiérarchie au sein de la communauté autochtone. Il y a deux niveaux : les Métis et les Inuits des Premières Nations, puis les Cris, les Dénés et les Ojibwés. Il y a donc de nombreux niveaux et je voulais présenter des excuses au sujet des Métis et des Inuits des Premières Nations. C’est pourquoi j’ai commencé à aller chez les Autochtones, mais à un moment donné, les gens m’ont dit que je n’étais pas Inuite et que je ne pouvais pas parler pour eux. J’ai donc dû faire attention de ne représenter que les Premières Nations.

Je dois vous dire, ma mère était Métisse de la rivière Rouge, mais elle a épousé mon père, alors j’ai vécu avec ma grand-mère métisse pendant la plus grande partie de ma vie. C’était la même chose avec les Métis : vous ne nous représentez pas. Cela fait partie du problème. Ce n’est pas que nous n’ayons pas notre place; nous avons notre place, mais il s’est passé des choses dans l’histoire qui nous ont menés là où nous en sommes aujourd’hui. Maintenant, au lieu de parler d’Autochtones, je parle des Premières Nations, des Métis et des Inuits, pour essayer de remettre les choses en ordre.

Je voulais simplement que vous compreniez comment nous en sommes arrivés là, et ce n’était pas intentionnel.

La présidente : Sénatrice Coyle, avez-vous une brève question à poser?

La sénatrice Coyle : Merci beaucoup, Aurora. C’est merveilleux d’entendre votre voix métisse et aussi de savoir que vous utilisez aussi votre danse métisse.

Pourriez-vous nous dire quelle importance ont pour vous la langue, la vôtre est le michif, et la culture pour l’avenir des Métis au Canada, en particulier pour votre génération?

Mme Leddy : J’aime bien dire d’entrée de jeu que la langue est importante pour la culture, mais qu’elle n’est pas son égale dans ce sens que si vous perdez votre langue, c’en est fini de votre culture.

C’est une idée fausse qu’il faut corriger.

Toutefois, la langue comporte beaucoup de marqueurs pour les croyances, la compréhension et la vision du monde. Les jeunes Métis ne connaissent pas le michif à l’heure actuelle et il semble qu’il soit difficile de le relancer. Je sais qu’à St. Albert, on enseigne actuellement le michif, mais c’est le seul exemple que j’ai. Les jeunes sont avides d’apprendre, et je me rends compte que plusieurs d’entre eux se précipitent sur la moindre occasion — ils veulent apprendre le perlage décoratif, ils veulent apprendre les arts, ils veulent danser et, pour cela, ils se ruent chez leurs cousins des Premières Nations pour obtenir ces connaissances, parce qu’on ne leur propose rien. La langue est un de ces éléments de connaissance. Ils courent donc pour apprendre le cri parce qu’au moins c’est une langue proche. Bien que nous ayons perdu notre langue, nous avons beaucoup de documentation en michif et le contexte actuel nous permettrait encore de la faire revivre, mais j’ai très peur : elle n’est pas prise au sérieux.

La présidente : Merci beaucoup de votre exposé, Aurora.

Nous allons maintenant appeler Christine Luza.

Merci beaucoup, madame Luza. Merci de la chanson d’aujourd’hui dans le foyer du Sénat. Quand vous serez prête, la parole est à vous.

Christine Luza, à titre personnel : [Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.] Salutations respectueuses. Je m’appelle Christine et je suis une femme autochtone née et élevée à Toronto qui a des racines familiales à M’Chigeeng, sur l’île Manitoulin, et je vous remercie de me donner l’occasion d’être des vôtres aujourd’hui. J’aimerais aborder un certain nombre de questions cruciales dans la politique et la société autochtones canadiennes qui ont trait aux principes et aux pratiques de notre relation renouvelée entre les peuples autochtones et non autochtones au Canada. Comment pouvons-nous continuer d’aborder la question de la réconciliation et de la réparation des relations?

Je tiens d’abord à souligner le territoire traditionnel sur lequel nous nous réunissons et je tiens à saluer mes ancêtres et les êtres de la création, et j’invite les êtres de la création et mes ancêtres à venir s’asseoir avec moi pendant que je m’adresse au comité. J’ai aussi apporté ma plume ici pour guider mes observations afin qu’elles soient bien exprimées. Je m’adresse à vous en tant que jeune Autochtone, en tant que femme autochtone, universitaire, chercheuse et éducatrice autochtone qui travaille en grande partie dans les domaines des études autochtones, mais surtout, je m’adresse à vous aujourd’hui en tant que porte-parole de l’avenir autochtone.

Par le passé, les pensionnats, les récits nationaux canadiens et les lois canadiennes prévoyaient un avenir sans les peuples autochtones, et c’est en grande partie grâce au travail des peuples autochtones qui nous ont guidés que nous en sommes arrivés là où nous sommes aujourd’hui, dans ce travail vers la réconciliation. Je le reconnais et je salue les gens dont je poursuis l’effort, alors je vous remercie.

La Commission de vérité et réconciliation a conclu qu’il existe un lien très fort entre la reconnaissance des droits des Autochtones et la pratique du renouvellement des relations. J’aimerais donc citer l’appel à l’action 43 de la CVR, qui demande aux gouvernements d’adopter et de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones comme cadre de réconciliation.

L'appel à l'action 44 demande aux gouvernements d’élaborer une stratégie nationale de plan d’action et d’autres mesures concrètes pour atteindre les objectifs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Il ressort clairement des appels à l’action que ladite déclaration est la pierre angulaire de la réconciliation. Par conséquent, je suis ici aujourd’hui pour dire qu’il est impératif que le projet de loi C-262, Loi visant à assurer l’harmonie des lois du Canada avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, soit pleinement appuyé et mis en œuvre par le gouvernement canadien. La déclaration est la norme minimale de base pour la survie, la dignité et le bien-être des peuples autochtones du monde. J’aimerais revenir sur quelque chose que Romeo Saganash a dit. Il craint que, en 2019, certains hésitent encore concernant le respect des droits de la personne des Premières Nations du pays.

En tant que jeune Autochtone, je tenais à faire un commentaire à ce sujet, parce que si la déclaration, qui est la norme minimale de traitement des peuples autochtones en droit international, ne parvient pas à s’imposer ici, alors comment les jeunes Autochtones pourraient-ils s’imaginer eux-mêmes dans l’avenir du pays?

Quelles sont les conséquences de cette situation pour moi-même et les autres jeunes Autochtones? En quoi cela influe-t-il sur l’idée que les peuples autochtones se font de la valeur de leur dignité humaine et de leur rôle dans l’avenir du pays?

Je pose ces questions sur le plan de l’imagination, des représentations, parce que, parfois, de toute évidence, le génocide culturel des peuples autochtones a été perçu comme moralement acceptable. Je voulais venir ici aujourd’hui et parler des jeunes Autochtones comme d’une source profonde d’imagination pour le pays.

Je voulais parler des principes des traités ainsi que de l’esprit et de l’intention des traités. Je voulais dire que je pense qu’il est très important que nous nous redonnions l’agentivité sur la relation découlant de traités, et que toute la population canadienne est impliquée dans ces rapports. Tout le monde participe à la relation découlant d’un traité, et nous disposons effectivement de l’agentivité sur l’avenir de cette relation. Ces choses ne sont pas bloquées et immuables, au contraire, mais pour cela, il faut faire preuve de ce qui ressemble à de l’imagination et à de la bonne foi.

J’ai l’impression que ce projet de loi sollicite encore une fois la bonne foi, et je me présente de nouveau devant ce comité de bonne foi, à l’instar de tous mes ancêtres. Je voulais être claire au sujet de l’esprit et de l’intention des traités, de l’esprit et de l’intention des projets de loi qui sollicitent l’alignement sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui réclame que les lois s’harmonisent avec elle.

Je viens de Toronto, où je dispense un enseignement aux Autochtones et où je mène des recherches et offre mes conseils en matière autochtone. Au nombre des choses exceptionnelles que nous faisons là-bas avec l’apprentissage inspiré de la terre, il y a le projet de la rivière Humber de Toronto dans le cadre duquel nous avons commencé à remettre la terre en état en relançant les cultures ancestrales. Nous nous sommes mis à réhabiliter la pharmacopée traditionnelle, à faire venir des guérisseurs sur la terre et nous avons commencé à nous adresser aux femmes et aux personnes bispirituelles pour leur demander quels étaient leurs besoins par rapport à la terre. Nous avons commencé à dire des choses comme celle-ci : « Nous voulons mettre nos placentas dans la terre. Nous voulons enterrer nos placentas. Nous avons besoin d’enseignements à ce sujet. »

Grâce à nos programmes, nous avons commencé à ramener de nombreuses générations à la terre. Lorsque nous avons commencé à cultiver des plantes médicinales, nous avons aussi fait de ces lots des jardins pédagogiques, alors nous avons élaboré des guides. Il y a un guide, intitulé The Natural Curiosity: The importance of Indigenous perspectives in land-based inquiry. Nous avons donc commencé à travailler avec des procédés pédagogiques du genre demande de renseignements inspirée de la terre et à amener de nombreux enseignants, comme un millier d’enseignants de Toronto, à s’intéresser à la terre. Nous avons imprimé environ 18 000 exemplaires de ce guide.

Il est très important d’utiliser l’éducation pour aider les Autochtones à assumer l’histoire tragique et la vérité des faits tragiques et de l’émotion trouble qui transparaît de ces récits erronés de l’histoire. Pour qui cherche à recouvrer la force morale d’une société divisée, les solutions fondées sur le savoir autochtone sont essentielles, parce qu’elles reflètent l’esprit et l’intention des traités.

Je crois fermement en l’enseignement inspiré par la terre. J’essaie de travailler dans les domaines de la recherche, des choses comme la réconciliation, la pédagogie que j’essaie de développer, et je crois fermement en l’imagination, la capacité de voir un pays et un avenir qui inclut les peuples autochtones.

Lorsque la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones sera reconnue — non pas comme une menace pour le pays, mais comme quelque chose qui nous rassemble dans l’harmonie, qui nous aide à travailler ensemble par l’intermédiaire de la loi, qui nous fait sortir de la contestation pour nous amener du côté des pratiques émergentes auxquelles la société donne libre cours, les nouvelles pratiques émergentes en matière de réconciliation —, alors nous aurons plus de temps et d’espace pour assurer la dissémination du savoir autochtone dans l’ensemble de la société et le retour aux principes conventionnels ainsi qu’à l’esprit et à l’intention du traité.

Je crois fermement à la capacité d’agir que donnent les rapports fondés sur des traités et je crois à la force de la loi et à sa capacité d’obtenir justice pour les Autochtones.

Certains aspects de la loi, pourtant, sont historiquement très défavorables aux Autochtones. Lorsque nous nous réunissons en vue de nous réconcilier, c’est comme si nous nous affrontions de nouveau, et la rencontre est très difficile. Néanmoins, cela ne rend pas la chose impossible, et cela ne veut pas dire qu’il faut être de mauvaise foi.

Je suis ici aujourd’hui pour dire la vérité et, en votre présence, vous dire la vérité, ma vérité, et vous demander de reprendre notre relation découlant d’un traité.

La présidente : Je vous remercie beaucoup, Christine Luza.

Le sénateur Klyne : Merci de votre exposé, madame Luza. Je suis très heureux que tout le monde soit là. Je sais qu’il nous reste à entendre un ou deux témoins, mais une tendance claire se dessine déjà. C’est très inspirant, très motivant et cela fait naître beaucoup d’espoir. J’y reviendrai dans un instant.

Vos paroles « sollicite encore une fois la bonne foi », je les trouve motivantes. Nous sommes actuellement confrontés à plusieurs enjeux. Je vous remercie de votre rappel et du bon petit coup de pied au derrière et de la motivation.

Du côté de l’espoir, je peux vous dire que je siège ici depuis trois décennies, une trentaine d’années ou plus, à traiter des enjeux sociaux ou économiques des Premières Nations, des Métis et des Inuits.

De mon point de vue, quand je repense à ce qui se passait il y a au moins 30 ans, à vous écouter aujourd’hui, je sais que le fossé se réduit. Donc, continuez ce que vous faites, parce que nous continuons de combler le fossé, continuez de poursuivre les rêves que vous partagez avec nous, de porter vos visions, et ce à quoi vous faites face. D’une certaine façon — je ne veux pas simplifier à l’extrême —, il n’y a rien de difficile ni de facile dans tout cela. Continuez d’aller de l’avant. J’ai entendu quelqu’un parler de petits pas; mieux vaut tard que jamais.

Madame la présidente, ma question est la suivante : avez-vous une histoire à raconter sur la façon dont vous vous êtes procurée cette plume?

Mme Luza : C’est une excellente question. Je travaille avec beaucoup de guérisseurs traditionnels. Une chose sur laquelle je voulais vraiment prendre position, c’est la nécessité d’assurer l’égalité d’accès des femmes autochtones et des personnes bispirituelles aux méthodes traditionnelles de guérison.

Je tiens également à dire que j’estime qu’un financement serait fort utile afin que les femmes autochtones et les personnes bispirituelles aient accès au savoir traditionnel des guérisseuses et pour vérifier les connaissances de la tradition que possèdent les femmes.

Dans le même ordre d’idées, j’ai été une oshkaabewis, qu’on considère comme une personne qui travaille avec les guérisseurs, mais en fait, cette personne est plutôt au service des gens et de l’esprit de la vie. C’est la fonction de cette personne.

Lorsque j’étais en train de faire l’oshkaabewis avec un groupe de guérisseurs, l’un d’eux m’a donné cette plume. Beaucoup de choses que contient mon paquet m’ont été données. Les messages transmis visaient à me permettre d’utiliser ces articles pour aider les femmes et les enfants.

C’est donc vraiment important parce que mon nom de famille, le nom de jeune fille de ma mère, est Migwan. Le mot « migwan » désigne une plume. C’est vraiment important pour moi d’avoir cette plume parce qu’elle me relie spirituellement au reste de la création et qu’elle m’intègre dans un réseau de relations dont je fais partie. Dans une tradition juridique autochtone, elle me permet également de m’ancrer dans les lois naturelles.

C’est la raison pour laquelle je l’ai; je l’ai parce qu’un guérisseur me l’a donnée et parce que j’ai un parcours de femme autochtone qui essaie d’intégrer la guérison traditionnelle.

Le sénateur Klyne : La personne qui vous l’a donnée vous a-t-elle dit pourquoi elle vous l’avait donnée?

Mme Luza : Oui, il me l’a dit. Chez les Autochtones, les objets ont une âme et une personnalité. Cet objet peut consentir à venir à mon esprit, et il viendra d’abord dans mon esprit. J’avais déjà un message qui disait que j’allais la recevoir, et ensuite elle est venue parce que l’objet y a consenti. Pour moi, elle a une identité individuelle. Je n’ai pas besoin de compter sur quelqu’un pour l’avoir, parce que ce n’est pas ainsi que nous pratiquons la guérison traditionnelle. Ce n’est pas ainsi que je me sens.

Si vous vous demandez pourquoi il me l’a donnée, je vous répondrai qu’il me l’a donnée pour que je m’en serve de la façon dont elle doit être utilisée, soit pour assurer la guérison de notre peuple. Voilà pourquoi. Il y a beaucoup d’enseignements différents qui me semblent essentiels. La spiritualité doit venir de votre esprit à travers une quête spirituelle légitime. Voilà ma réponse.

Le sénateur Klyne : Si vous savez qui est le guérisseur et que vous êtes toujours en contact avec lui, je vous encourage à lui demander pourquoi. Lorsque vous sentez le besoin de franchir une autre étape et que vous ne savez pas si vous avez ce qu’il faut en vous, rappelez-vous pourquoi il vous l’a donnée. C’est l’un des plus grands honneurs que vous puissiez recevoir.

Mme Luza : Merci, j’en suis consciente.

La présidente : Merci beaucoup, Christine.

La présidente : Nous appelons notre prochain témoin, M. Richard Pellissier-Lush. Vous pouvez prendre la parole dès que vous êtes prêt.

Richard Pellissier-Lush, à titre personnel : Tout d’abord, je tiens à remercier chacun d’entre vous de nous donner l'occasion de nous exprimer aujourd’hui. Ces paroles ne sont pas écrites mais viennent du cœur. Je vous suis profondément reconnaissant. Chacun d’entre nous prépare son discours depuis un certain temps, et nous sommes fiers de ce que nous avons présenté, à votre intention, et nous tenons à vous remercier encore une fois de nous avoir donné cette tribune.

Écoutez donc ces petites voix. [Le témoin s’exprime en langue autochtone.]

Mon nom traditionnel autochtone est Aigle danseur et mon nom de baptême est Richard Pellissier-Lush. Je suis un Mi’kmaq de la Première Nation de Lennox Island, à l’Île-du-Prince-Édouard. Je suis vraiment honoré d’être des vôtres avec tant de champions et de leaders incroyables qui font des choses merveilleuses partout sur l’île de la Tortue, au Canada. Écoutez donc ces petites voix.

J’ai de nombreuses casquettes à l’Île-du-Prince-Édouard, tout comme mes amis et collègues qui sont ici aujourd’hui. Mon poste à temps plein consiste à travailler avec le coordonnateur du programme Cercle sportif autochtone, par l’entremise de la Mi’kmaq Confederacy of P.E.I. Inc. Le Cercle sportif autochtone de l’Île-du-Prince-Édouard soutient le développement et la prestation d’activités sportives et récréatives à l’intention des jeunes Autochtones de la province. Ma collègue Lyn Ann Hogan et moi-même formons une puissante équipe de deux personnes qui représente la province dans la famille que forment les cercles sportifs autochtones. Notre mantra, c’est « du terrain de jeu au podium ». Nous croyons qu’il est très important pour nous de participer à la vie communautaire, d’élaborer des programmes et d’écouter les jeunes nous dire ce qu’ils veulent et ce dont ils ont besoin.

Au cours des deux dernières années, nous avons créé et développé des programmes pour accueillir les plus jeunes avec notre propre version d’Enfant actif, nous avons organisé des camps sportifs pour les athlètes actuels et futurs qui participeront aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord, et nous avons conçu des programmes qui permettront à nos aînés d’adopter une vie plus active et plus saine. Nous sommes très fiers du programme auquel nous participons. Pour que nos jeunes adoptent un mode de vie plus sain et assurent ainsi leur développement, il est entendu que nous devons suivre et poursuivre un plan à long terme qui aidera tous les membres de la communauté à l’échelle de l’Île-du-Prince-Édouard. Écoutez donc ces petites voix.

Une autre casquette est celle de comédien, parfois écrivain et cofondateur d’une troupe de théâtre autochtone qui s’appelle Mi’kmaq Legends. Notre spécialité consiste à raconter des histoires mi’kmaq des temps anciens sous la forme de pièces de théâtre présentées en tournée dans les Maritimes. Ces spectacles comptent beaucoup à nos yeux, car nous faisons ainsi connaître notre culture et nos traditions à tous les auditoires qui viennent assister à nos représentations. Nous racontons des histoires. Chaque histoire comporte un message général qui, nous l’espérons, plaît à l’auditoire. Le plus important, c’est qu’ils veuillent partager ce qu’ils ont appris et entendu et qui les interpellent et changent leur façon de voir les choses.

Prendre soin de la Terre mère, faire preuve de respect envers ses pairs et ses aînés, croire en soi, être fier de soi et de sa culture, voilà quelques-uns des enseignements dispensés par la troupe Mi’kmaq Legends. Nous provenons de diverses communautés de l’Île-du-Prince-Édouard et nous voulons changer les choses, une présentation à la fois. Écoutez donc ces petites voix.

J’ai eu la chance de parcourir le Canada et de visiter de nombreuses communautés des Premières Nations au cours de ma vie. Chaque communauté a ses problèmes, qui peuvent être cause de stress, d’anxiété, voire de dépression, parmi ses membres. Au cours de mes voyages, j’ai trouvé un même thème dans toutes mes visites, à savoir qu’il faut inculquer aux communautés des modèles de rôle solides et propres. Ces modèles de rôle sont les superhéros des jeunes. Ils ont le pouvoir de remettre un jeune à risque sur la bonne voie ou, à l’inverse, de garder ces esprits troublés sur la voie de la toxicomanie, de la criminalité et de la douleur. Écoutez donc ces petites voix.

Les jeunes sont pris dans un cercle vicieux depuis des générations et des générations, ce qui pose des problèmes pour les jeunes de notre avenir. Le cycle se poursuit. Je veux dire leurs modèles de rôle perçus dans les communautés qui ne devraient pas être des modèles de rôle aux yeux de nos jeunes. Je parle des hommes et des femmes qui vivent du mauvais côté de la route, mais que les jeunes prennent pour des superhéros et à qui ils aspirent à ressembler plus tard. D’où ce cercle vicieux. Ce sont nos jeunes qui sont les perdants à la fin. Écoutez nos petites voix.

Nos jeunes ont besoin de voir d’autres membres de la communauté réussir, poursuivre leurs ambitions et leurs rêves, et finir par les réaliser. Nos jeunes ont besoin de savoir qui sont les bons superhéros qu’ils peuvent admirer. Toutefois, pour produire ces modèles de rôle, la communauté a besoin d’aide et de soutien. Ces membres de la communauté doivent avoir accès à l’éducation et au perfectionnement, au lieu de se retrouver sur une petite liste de personnes susceptibles de s’inscrire ou peut-être de recevoir du financement pour commencer ou terminer leurs études. Les jeunes nous observent et nous écoutent toujours et apprennent toujours de ce qu’ils voient et entendent, et nous devons être mis dans des situations où nous pouvons réussir — pas seulement réussir dans notre vie, mais aussi dans celle des jeunes qui nous regardent. Écoutez donc nos petites voix.

Nos aînés partent petit à petit, avec leurs connaissances et leurs histoires. Nos jeunes sont maintenant prêts à devenir la génération qui apprend des aînés. Il nous faut simplement des occasions de nous rassembler et d’échanger. Chaque nation, chaque district et chaque communauté devrait avoir la possibilité d’apprendre des aînés, afin que nous puissions, une fois parents, transmettre le savoir des aînés à nos enfants.

Certains récits seront pénibles à entendre. Certains transmettront des enseignements et des leçons, mais l’essentiel, c’est qu’il est temps pour nos jeunes d’acquérir ces connaissances avant qu’il soit trop tard. Écoutez nos petites voix.

Nos jeunes ont besoin d’aide. Ils ont besoin d’endroits sûrs où rester lorsqu’ils sont en difficulté. Ils ont besoin d’endroits où se faire soigner lorsqu’ils souffrent de toxicomanies. Ils ont besoin de l’aide du milieu, même s’ils sont loin de chez eux. Ils ont besoin d’adultes qui les connaissent pour les appuyer, lorsqu’ils sont pris en charge. Ils ont besoin d’aide lorsqu’ils sortent du réseau des familles d’accueil, et ils ont besoin de ne pas être laissés à la dérive dans une mer agitée pour la seule raison qu’ils ont atteint 18 ans. Écoutez nos puissantes voix.

Ils ont besoin de voir le gouvernement intégrer davantage de pratiques autochtones traditionnelles qui mettent à contribution les peuples autochtones dans tout le Canada. Ils ont besoin d’avoir accès à des services de santé mentale qui sont bien au fait de la culture autochtone et qui peuvent les aider à guérir de leurs toxicomanies.

Les traumatismes intergénérationnels, la violence sexuelle, la violence physique, la séparation de leur communauté, les statistiques croissantes sur le suicide chez les jeunes, les troubles d’apprentissage et l’exploitation des jeunes adultes, voilà autant de problèmes à tenter de régler chez nos jeunes, qui ont besoin du soutien de nos communautés. Écoutez nos puissantes voix.

Nos jeunes ont besoin de savoir qu’ils peuvent grandir et avoir le pouvoir de changer le monde, et de savoir que le gouvernement canadien reconnaît leur culture et leurs traditions. Plus besoin de s’arrêter à un pow-wow ou à un mawio’mi pour dire que le gouvernement s’est enfin donné une vision autochtone. On n’oubliera plus d’inviter à la table les aînés et nos dirigeants pour discuter des grandes questions. Plus question de laisser mourir des langues anciennes à cause du manque de possibilités et de soutien qui afflige parfois ces communautés.

Ces jeunes nous parlent et, bien que leurs voix soient faibles en ce moment, un jour ils parleront fort et prendront le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Toutefois, nous devons être là pour appuyer et aider les jeunes et les écouter. S’il vous plaît, écoutez toutes nos voix. Wela’lioq. Merci. Je ne m’attendais pas à cela. Désolé. Wow.

La présidente : Merci. C’est le pouvoir de l’énergie dans la salle, car vous êtes sincère et honnête. Nous avons le temps pour une question.

Le sénateur Francis : Vous avez parlé des jeunes pris en charge et de l’importance des services de suivi. Pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Car nous en discutons dans notre projet de loi sur la protection de l’enfance, le projet de loi C-92.

M. Pellissier-Lush : Avant de répondre à cette question, je tiens à dire à tout le monde que le sénateur Francis a été un excellent modèle dans ma jeunesse et que je suis très honoré d’être ici aujourd’hui.

En travaillant en si étroite collaboration avec les membres de la communauté et les jeunes de chaque communauté, je vois très souvent des jeunes en famille d’accueil qui se retrouvent dans des familles différentes, pas toujours autochtones. Deux de mes demi-frères ont été placés dans notre famille, et le Créateur nous a fait cadeau de ces deux garçons. Je ne les considère pas comme des demi-frères. Ils sont mes frères. Ils sont de ma famille.

Il y a tellement de cas où des personnes et de jeunes Autochtones passent par des familles d’accueil et tombent dans les mailles du filet. Ils s’y perdent, sans plus. Je connais une personne, un fier Inuktitut, qui se trouve actuellement à l’Île-du-Prince-Édouard. Il a été expédié au bout du monde, à Tignish, à l’Île-du-Prince-Édouard. C’est loin. Il a été pour ainsi dire été coupé de toute la culture que nous offrons à l’Île-du-Prince-Édouard dans nos communautés. Il aura 18 ans très bientôt. Quand il les aura, ce sera tout. Il dit : « Bonne chance, je vous souhaite bonne chance dans vos expériences futures. » C’est un jeune à risque. Si nous ne reconnaissons pas cela et ne travaillons pas ensemble pour réintégrer ces jeunes à risque dans un réseau de soutien, dans des communautés, dans des modes de vie sains, nous les perdrons. Ces jeunes sont l’avenir. Nous sommes tous ici aujourd’hui, mais ils sont peut-être ceux qui occuperont nos fauteuils dans les 20 à 30 prochaines années. Nous devons donc nous occuper d’eux et les aider par tous les moyens possibles.

En ce qui concerne les familles d’accueil donc, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de trous que le gouvernement doit reconnaître et beaucoup de situations et de problèmes différents que ces jeunes doivent affronter. Mon cœur saigne, comme vous pouvez le voir. Je pleure. Je suis un joueur de football, et un joueur de football ne pleure pas. Ce sera embarrassant lorsque je diffuserai cette vidéo plus tard, mais mon cœur saigne. C’est pourquoi je pleure en ce moment. Je vous remercie de votre question. J’espère y avoir répondu.

Le sénateur Scott Tannas (vice-président) occupe le fauteuil.

Le vice-président : Monsieur Pellissier-Lush, au nom de tous ceux qui sont ici, merci beaucoup de votre magnifique exposé. Nous allons maintenant entendre Taylor Morriseau. Pendant qu’elle s’avance, disons que la sénatrice Dyck a dû partir pour se rendre au Sénat à 14 heures, car elle fait une déclaration au sujet de votre présence ici et des activités que vous menez. Dans environ cinq minutes, elle informe tous les membres du Sénat des activités que nous menons ensemble aujourd’hui et du travail que vous avez accompli.

Taylor, bienvenue. Vous avez la parole.

Taylor Morriseau, à titre personnel : Tansi, boozhoo. Je vous remercie de m’avoir présentée et de me faire l’honneur de me recevoir ici en territoire algonquin non cédé, entourée d’un si grand nombre de proches de différentes nations.

Quelle occasion mémorable d’être ici aujourd’hui, de redéfinir nos liens coloniaux en perspectives de changement positif et de cultiver le respect sur les fondements d’un passé fragmenté.

Je suis Crie de la Première Nation de Peguis, dans la belle province du Manitoba. Je suis fière de porter le nom Morriseau en tant que descendante de Thomas Morriseau et d’Eliza Williams, présents lors de la signature du Traité no 1, de même que le nom de mon arrière-grand-mère, Christina Morriseau, et d’une longue lignée de matriarches dont je suis la descendante. Toutes ont été des leaders, des mentors et des donneuses de vie, mais je suis la première à détenir un diplôme d’un établissement d’enseignement postsecondaire et à poursuivre un doctorat en études biomédicales dans le domaine de la pharmacologie et de la thérapeutique.

La recherche est le fondement sur lequel je compte élever la prochaine génération de jeunes Autochtones, celle qui me préoccupe plus particulièrement, et qui est accablée de façon disproportionnée par des maladies inconnues des jeunes non autochtones.

Au Manitoba, le mot qui domine nos conversations au sujet de la santé des Autochtones, c’est diabète. C’est que les taux de diabète de type 2 que connaissent les jeunes Autochtones manitobains de nos jours sont 20 fois plus élevés que la moyenne nationale. La fréquence continue d’augmenter d’où les pressions sans précédent sur les ressources en soins de santé au Manitoba.

Mes travaux de doctorat portent sur le diabète des jeunes, et, en particulier dans quatre belles communautés résilientes et fières anishininiwuk du Nord-Est du Manitoba.

C’est dans ces communautés que les 11 premiers enfants ont reçu un diagnostic de diabète de type 2 au Canada. Cela les classe au deuxième rang mondial. Ce n’est pas la distinction internationale que nous aurions souhaitée.

Permettez-moi de vous rappeler que ces enfants d’à peine 3 ans, surtout des fillettes, reçoivent un diagnostic de maladie qui, estimait-on, ne touchait que les adultes sédentaires en surpoids. Plus de la moitié de ces enfants finiront par être affligés de complications graves, y compris d’une maladie rénale au stade terminal, avant l’âge de 30 ans. Je pense à ma trentaine, dans quelques années, et à la perspective de fonder une famille, d’avancer dans ma carrière. Ces jalons sont hors de la portée de ces jeunes, qui sont aux prises avec une maladie dont ils devraient, par définition, être épargnés.

En tant que scientifique, je comprends que le diabète a une étiologie incroyablement complexe, qui est aggravée par les disparités environnementales, sociales et politiques. J’ai donc trouvé utile de me tourner vers l’appel à l’action 18 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et de reconnaître que l’état actuel de la santé des Autochtones au Canada découle directement des politiques gouvernementales antérieures, et notamment des pensionnats.

C’est là que les choses se corsent. Il faut mettre le doigt sur les politiques à l’origine du génocide culturel. Cela signifie qu’il faut imputer à la Loi sur les Indiens la restriction et l’utilisation et la gestion des terres autochtones. C’est reconnaître ainsi l’effet intergénérationnel de la famine chez les enfants des pensionnats sur la prochaine génération de jeunes Autochtones. En recherche, cela s’appelle les origines développementales de la théorie de la santé et de la maladie, pour lesquelles il existe amplement de données probantes pour montrer que la privation nutritionnelle à long terme d’une génération entraîne de piètres résultats métaboliques pour la santé des générations futures.

Avant de commencer mon doctorat, j’ai aussi travaillé trois ans comme chercheure avec le programme Create H2O pour la sécurité de l’eau et de l’assainissement des Premières Nations. J’ai travaillé à la Première Nation 40 de Shoal Lake, la communauté des Premières Nations qui a été chassée et isolée de force il y a 100 ans par l’aqueduc d’eau potable de Winnipeg et qui, paradoxalement, est visée depuis 22 ans par un avis d’ébullition de l’eau. Imaginez un peu la situation : votre droit à l’eau potable est littéralement arraché au sous-sol, vos enfants ne peuvent pas se baigner dans les eaux de votre jeunesse et vos aliments traditionnels, jadis abondants dans vos lacs, sont aujourd’hui inaccessibles, et les régimes alimentaires hautement transformés et riches en sucre et en gras saturés deviennent le succédané.

L’épidémie de diabète qui nous afflige est le résultat direct de ces injustices d’hier et d’aujourd’hui. Comment régler ces grands enjeux aux aspects multiples, qui vont de la sécurité de l’eau au diabète, en passant par la longue liste des préoccupations pour les droits de la personne que nous connaissons tous trop bien? Comment donner aux Autochtones le droit, en toute égalité, de jouir du meilleur état possible de santé physique et mentale? Si ces mots vous disent quelque chose, alors je suis satisfaite. Nous sommes sur la bonne voie, car c’est ce que dit l’article 24 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Étant donné que nous sommes en quête d’une nouvelle relation, il n’y a pas de meilleurs principes directeurs que ceux déjà exposés. L’harmonisation des lois canadiennes avec la déclaration des Nations Unies représentera une justice depuis longtemps attendue chez nous.

J’aimerais imaginer comment ce serait si, il y a 100 ans, nous avions demandé le consentement libre, préalable et éclairé aux résidants de la Première Nation 40 de Shoal Lake avant d’exproprier 1 200 hectares de terres ancestrales et de cimetières. Où en serions-nous si la Première Nation 40 de Shoal Lake et la Ville de Winnipeg avaient travaillé en concertation en tant que partenaires égaux pour combiner les prouesses techniques de Winnipeg à des milliers d’années de connaissances écologiques traditionnelles? Pouvez-vous imaginer le réseau d’eau durable et de classe mondiale qui aurait pu être construit? Mieux encore, pour assurer aux deux communautés un accès égal à ce droit fondamental de la personne?

C’est ainsi, donc, que je crois que nous devrions considérer le consentement libre, préalable et éclairé comme une occasion de nous entendre avec les nations autochtones et de mettre nos connaissances au service de l’amélioration de notre pays. Car autrement, nous continuerons de creuser les écarts en matière de santé des Autochtones, et le gouvernement continuera de financer des chercheurs comme moi pour en faire des experts en maladies qui ne devraient même pas exister.

Après ce jour, je pourrai garder la tête haute et être fière que le Canada se soit engagé en 2019 envers la DNUDPA et, par extension, la prochaine génération de jeunes Autochtones qui sont l’avenir de la santé et de la recherche sur la santé au Canada. Donc ekosi, meegwetch. Merci.

Le vice-président : Merci beaucoup, Taylor.

Nous avons le temps pour quelques questions, en commençant par la sénatrice LaBoucane-Benson.

La sénatrice LaBoucane-Benson : J’ai été très impressionnée par votre récit, votre exemple de rapprochement des sciences autochtone et occidentale pour régler des problèmes complexes dont nous sommes saisis.

Pourriez-vous nous donner un exemple, dans le domaine de la recherche sur le diabète et de la guérison de cette maladie, où les sciences autochtone et occidentale se sont conjuguées pour éclairer la voie à suivre?

Mme Morriseau : Oui. Certainement. À l’heure actuelle, je travaille à une recherche sur le diabète chez les jeunes de ces communautés, et nous savons que ces jeunes ont une prédisposition génétique au diabète. C’est bien documenté. Nous commençons à comprendre comment le diabète a joué un rôle intime dans les maladies.

Donc, en examinant l’héritage de la colonisation et situant notre science dans cet héritage, nous savons que les régimes alimentaires modernes qui sont pauvres en gras saturés et en glucides raffinés peuvent accélérer la progression de la maladie et aggraver ces résultats. Revenons-en au régime alimentaire autochtone traditionnel, qui est riche en gras et en protéines. Cela peut, de fait, atténuer certains résultats et briser le cycle intergénérationnel dans lequel nous sommes pris. Donc, c’est en utilisant les connaissances autochtones traditionnelles en matière de sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires que nous pourrons prévenir le diabète.

Le vice-président : Malheureusement, nous avons épuisé notre temps. Trevor, Megan, Karlee, Jukipa, Aurora, Christine, Taylor et Richard, nous vous remercions de vos contributions, au nom du comité, du Sénat du Canada et du Parlement du Canada. Nous sommes inspirés par les propos que vous avez tenus. Nos meilleurs vœux vous accompagnent pour l’exercice du leadership dans notre pays et dans vos communautés. Nous avons quelques cadeaux à vous remettre avant de clore la séance. Nous vous remercions beaucoup.

(La séance est levée.)

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