LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’AGRICULTURE ET DES FORÊTS
TÉMOIGNAGES
OTTAWA, le jeudi 8 juin 2023
Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 9 h 5 (HE), avec vidéoconférence, pour examiner l’état de la santé des sols au Canada et pour en faire rapport; et à huis clos, conformément à l’article 12-7(1) du Règlement, pour l’étude d’une ébauche de rapport.
Le sénateur Robert Black (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Bonjour à tous. Je suis ravi de vous voir ce matin. J’aimerais commencer par souhaiter la bienvenue à tout le monde. Merci de vous être déplacés. Je m’appelle Robert Black et je suis un sénateur de l’Ontario et le président de ce comité.
Aujourd’hui, le comité se réunit pour poursuivre son examen de l’état de la santé des sols au Canada et pour en faire rapport. Avant d’écouter nos témoins, j’aimerais demander aux sénateurs de se présenter autour de la table.
La sénatrice Simons : Sénatrice Paula Simons, de l’Alberta, du territoire visé par le Traité no 6.
Le sénateur Cotter : Brent Cotter, sénateur de la Saskatchewan, du territoire visé par le Traité no 6 et qui est la patrie des Métis.
La sénatrice Burey : Sharon Burey, sénatrice de l’Ontario.
Le sénateur Klyne : Bonjour. Marty Klyne, sénateur de la Saskatchewan, du territoire visé par le Traité no 4.
[Français]
La sénatrice Petitclerc : Chantal Petitclerc, du Québec.
[Traduction]
La sénatrice Jaffer : Bienvenue. Mobina Jaffer, de la Colombie-Britannique.
Le sénateur Oh : Victor Oh, de Toronto.
Le président : Merci. Avant de commencer, je veux vous rappeler, en cas de difficultés techniques, plus particulièrement avec l’interprétation, de les signaler à la présidence ou à la greffière, et nous nous efforcerons de régler le problème.
Aujourd’hui, nous accueillons un seul groupe de témoins en raison de pépins techniques. Nous accueillons, par vidéoconférence, des représentantes de l’Association des producteurs maraîchers du Québec : la présidente, Catherine Lefebvre; et la directrice générale adjointe, Catherine Lessard. Nous sommes ravis de vous recevoir, mesdames.
L’organisation disposera de cinq minutes pour sa déclaration liminaire. Je lèverai la main lorsque quatre minutes se seront écoulées. Lorsque mes deux mains seront levées, il sera temps de songer à conclure.
Sur ce, je cède la parole à l’organisation. Je vous remercie sincèrement de comparaître devant nous.
[Français]
Catherine Lefebvre, présidente, Association des producteurs maraîchers du Québec : Bonjour, mesdames et messieurs les sénateurs. Merci de l’invitation et du temps que vous nous accordez aujourd’hui. Je m’appelle Catherine Lefebvre, agricultrice maraîchère et présidente de l’Association des producteurs maraîchers du Québec. Pour l’occasion, je suis accompagnée de la directrice générale adjointe de notre association, Mme Catherine Lessard, agronome.
D’entrée de jeu, nous sommes reconnaissantes que le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts s’intéresse à la santé des sols agricoles. Les changements climatiques entraînent une augmentation des coûts et une baisse de productivité pour les producteurs maraîchers. Ils menacent également la sécurité alimentaire de notre pays. Des sols en santé peuvent avoir un effet positif sur le réchauffement du climat, améliorant ainsi la biodiversité et, à terme, augmentant les rendements agricoles. Les sols sont notre gagne-pain; ils nourrissent les Canadiens et nous devons en prendre soin. Une attention particulière doit donc être portée à leur santé. Nous vous proposons quelques pistes pour y arriver dans le contexte spécifique de la production de légumes.
Catherine Lessard, directrice générale adjointe, Association des producteurs maraîchers du Québec : Il est tout d’abord essentiel, lorsque nous parlons de santé des sols, de s’assurer qu’ils demeurent disponibles pour l’agriculture. La majorité de la production maraîchère du Québec s’effectue dans les régions de la Montérégie et de Lanaudière en raison du climat et des sols propices. La pression urbaine sur ces régions, situées non loin de Montréal, est très grande. À titre d’exemple, des projections récentes indiquent un accroissement de 22 % de la population au cours des 20 prochaines années dans la MRC Jardins-de-Napierville et de 18 % dans la MRC de Montcalm. Ces MRC sont deux des principaux pôles maraîchers de la province. Des mesures pour préserver le territoire agricole sont donc essentielles pour éviter que des sols exceptionnels ne soient utilisés à d’autres fins.
Notre capacité à améliorer la santé des sols dépend du développement de connaissances et de pratiques propres à la production maraîchère. Bien que les ventes annuelles de légumes au Québec aient été de 500 millions de dollars en 2020 et qu’elles soient semblables aux ventes de sirop d’érable de la province — un fleuron de notre agriculture —, la recherche dans le secteur maraîcher est sous-financée par rapport à d’autres secteurs. À titre d’exemple, le projet innovant de Laboratoire vivant – Québec, mené par Agriculture et Agroalimentaire Canada et par l’Union des producteurs agricoles et portant notamment sur la santé des sols, n’incluait pas le secteur maraîcher.
Les techniques proposées pour les grandes cultures ne peuvent pas être adoptées sans modifications pour notre secteur. La diversité des cultures produites et des modèles de production fait que les techniques d’amélioration de la santé des sols consacrés à la production maraîchère sont peu documentées. Celles qui le sont ne sont souvent pas très connues de nos producteurs.
Les besoins en matière de recherche sont grands et nécessitent des investissements conséquents. Les producteurs maraîchers du Québec sont déjà bien impliqués. Par exemple, 14 entreprises maraîchères se sont unies pour financer la Chaire de recherche industrielle CRSNG en conservation et en restauration des sols organiques cultivés. Les terres noires très fertiles sont constituées presque entièrement de matière organique, ce qui fait d’elles un milieu de croissance exceptionnel. Ces terres pourraient cependant disparaître un jour et, avec elles, de nombreuses cultures locales.
Près de 2 centimètres sont perdus chaque année, en raison des vents et de la décomposition du sol. Cela semble peut-être pas beaucoup, mais dans 50 ans, il ne restera plus rien de ce riche terreau si la tendance se maintient.
L’apport de fonds publics est essentiel pour faire face à ce défi, et à l’amélioration de la santé des sols de manière générale. En ce sens, le rétablissement de l’aide financière accordée au projet de recherche des grappes agroscientifiques à hauteur de 75 % serait un pas dans la bonne direction. Pour l’instant, seuls les projets de santé des sols portant sur la séquestration du carbone sont admissibles à une aide supérieure à 50 %.
L’accompagnement des producteurs maraîchers en vue de l’adoption de nouvelles pratiques favorables à la santé des sols est indéniablement le meilleur moyen de voir des changements rapides s’opérer dans nos entreprises. La situation actuelle de pénurie d’agronomes ayant une expertise en production maraîchère fait que les agricultrices et les agriculteurs sont souvent laissés à eux-mêmes. L’investissement dans un réseau de conseillers de première ligne en agroenvironnement est, selon nous, essentiel à l’obtention de résultats rapides.
Finalement, l’adoption de toute nouvelle pratique implique un risque financier pour les entreprises. L’amélioration de la santé des sols s’effectue sur le long terme et les premières années d’adoption peuvent avoir un impact néfaste sur les rendements. Nous croyons donc que la mise en place d’un système de rétribution des meilleures pratiques en santé des sols aiderait également à leur adoption.
En somme, pour perpétuer la culture des légumes au Québec, des sols en santé sont essentiels. Pour atteindre cet objectif, la protection du territoire agricole, l’investissement en recherche et en diffusion des résultats propres au secteur maraîcher, l’accompagnement par des conseillers de première ligne et la rétribution des pratiques de manière à pallier le risque d’adoption sont nécessaires.
Je vous remercie de l’attention que vous nous avez accordée.
[Traduction]
Le président : Merci beaucoup.
Notre troisième témoin s’est joint à nous. J’aimerais présenter Benoit Legault, le directeur général des Producteurs de grains du Québec. Nous allons maintenant vous donner cinq minutes pour prononcer votre déclaration liminaire, monsieur Legault. Lorsque je lèverai la main, ce sera le signal qu’il vous reste une minute. Merci.
[Français]
Benoit Legault, directeur général, Producteurs de grains du Québec : Merci, monsieur le président.
Je représente les Producteurs de grains du Québec, ou PGQ, donc je suis directeur général. Notre organisation représente 9 500 productrices et producteurs agricoles qui cultivent environ un million d’hectares, pour une valeur de ventes d’environ 2 milliards de dollars de grains.
Je n’ai pas à vous rappeler que les enjeux liés à la santé des sols sont importants. Le sol est un actif précieux et fragile. Nous savons qu’un sol fertile et en santé offre une biodiversité importante de même qu’une disponibilité accrue de nutriments, ce qui améliore la productivité et la rentabilité des cultures à long terme.
Cependant, comme vous le savez, la demande de plus en plus forte pour les denrées agricoles au cours des années et les forces économiques ont eu un impact important sur les décisions des entreprises. Vous devinez bien que les pratiques agricoles retenues dans ce contexte particulier peuvent engendrer de la pression sur la santé des sols. Par exemple, les passages répétés de la machinerie sont nécessaires, mais ils compactent les sols et diminuent la circulation de l’air et de l’eau. Il y a aussi les enjeux liés aux pesticides et aux autres contaminants chimiques qui sont utilisés pour répondre à la demande de plus en plus forte et aux forces économiques qui agissent sur le secteur agricole.
On sait aussi que, depuis 100 ans, les sols nord-américains ont perdu près de la moitié de leur matière organique, particulièrement en raison de la transition des cultures pérennes vers des cultures annuelles réclamées par le marché. Ce besoin d’être compétitif et d’offrir un produit au meilleur coût a eu un effet sur la croissance de la productivité. Plus de rendement signifie plus d’intrants et une utilisation maximale de la période de croissance et de maturité. Ainsi, la compaction et l’érosion sont des enjeux centraux de la santé des sols. Bien que la situation ne soit pas alarmante, selon nous, on ne peut nier que nos sols agricoles subissent des pressions qui peuvent hypothéquer leur fertilité à moyen et à long terme. Cependant, il y a des avancées technologiques et une volonté grandissante exprimée par le secteur agricole d’adopter des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, qui permettent d’obtenir de bons rendements tout en minimisant les répercussions environnementales.
Notre organisation, les Producteurs de grains du Québec, cherche à s’assurer que les ressources et les connaissances nécessaires sont au rendez-vous. Il est essentiel de comparer les meilleures pratiques et de comprendre leurs effets sur l’état des sols. Ces connaissances permettent aux producteurs et à leurs conseillers de prendre de bonnes décisions quant aux pratiques à adopter afin d’optimiser la productivité des sols, de garantir un système de cultures durable et de permettre de rester compétitif.
Les réalités et les solutions peuvent être très différentes d’un bout à l’autre du pays, dans le contexte des différents types de sols et de leur potentiel, des différentes conditions climatiques, des possibilités culturales qui s’offrent dans les régions et du coût de l’actif dans les différentes régions. Tout cela doit être pris en compte lors de l’élaboration de politiques en matière de santé des sols.
Les Producteurs de grains du Québec croient qu’il est important d’avoir des politiques agricoles qui donnent les outils nécessaires afin de réaliser des investissements favorables à la santé des sols.
La santé des sols doit aussi faire partie des grandes stratégies gouvernementales, notamment à l’échelle fédérale, que ce soit le Partenariat canadien pour une agriculture durable, le plus récent Plan climatique canadien ou la Stratégie pour une agriculture durable, mais tous ces éléments doivent être associés à un financement fiable et à long terme. Les incitatifs financiers positifs sont des éléments indispensables pour bâtir un tel mouvement. Plusieurs analystes ont montré que le Canada dépense beaucoup moins par unité de superficie que l’Union européenne ou les États-Unis pour les programmes agroenvironnementaux. Il faut investir dans ces nouvelles priorités climatiques et environnementales, sans sacrifier le soutien existant.
Comme vous le savez, deux grands modèles s’affrontent : le modèle européen, qui mise sur de très lourdes subventions en imposant des priorités environnementales au détriment de la performance agronomique, et le modèle américain, qui propose une croissance durable. Les Producteurs de grains du Québec croient au deuxième modèle. Il est possible d’améliorer à la fois la performance agronomique pour répondre aux besoins en aliments et la performance environnementale. Surtout, il ne faut pas tomber dans le piège, comme le font les médias, d’envier certains aspects du modèle européen sans s’intéresser à l’ensemble du modèle et à tout ce qui vient avec une telle approche.
Malheureusement, le réflexe est souvent de se tourner simplement vers un système de soutien avec écoconditionnalité. On en entend parler actuellement à l’échelon fédéral, mais cette avenue — on tient à le souligner — comporte plusieurs pièges. On croit qu’il est très difficile d’être efficace et d’offrir des programmes qui intègrent plusieurs objectifs à la fois, soit de soutenir la gestion des risques et un objectif de gérer les enjeux en matière d’environnement. Nous croyons qu’il est très dangereux de miser sur une telle approche.
Il faut rappeler que les changements de pratiques sont risqués pour les producteurs agricoles et que le changement climatique accroît ce risque.
L’investissement public dans le développement des connaissances, les services-conseils et la rétribution des pratiques agroenvironnementales innovantes est incontournable aujourd’hui. Le Québec a fait les premiers pas dans cette direction, mais nous sommes encore loin des pas de géants souhaités par la société. D’ailleurs, il faut rappeler que les producteurs agricoles font face à une panoplie de nouvelles connaissances ainsi qu’au besoin croissant de périodes d’essais et d’erreurs, considérant que les solutions universelles applicables à toutes les fermes n’existent pas. Le succès passe par l’expérimentation et l’adaptation des pratiques.
En conclusion, j’aimerais souligner que les associations de producteurs agricoles ont fait le choix de travailler avec les gouvernements pour relever ce défi, malgré les risques que cela comporte pour ces organisations, alors que les budgets gouvernementaux sont insuffisants, aléatoires et à court terme. Ils font une différence entre le succès et l’échec. Nous serons associés dorénavant à ce succès ou à cet échec, mais sans avoir le plein contrôle sur les ressources nécessaires. Nous sommes prêts à prendre ce risque comme producteurs agricoles. Toutefois, le gouvernement devra fournir sa part d’efforts pour être sérieux, réaliste et conséquent dans ses investissements et ses politiques, afin d’être objectivement en phase avec ses objectifs et les attentes des citoyens et des consommateurs. Merci.
[Traduction]
Le président : Merci. Nous allons maintenant passer aux questions des sénateurs. Avant de commencer la période de questions, je demanderais aux sénateurs dans la salle de ne pas parler trop près de leur microphone et de ne pas enlever leur écouteur lorsqu’ils prennent la parole. Nous voulons éviter la rétroaction acoustique, qui pourrait nuire au personnel du comité qui se trouve dans la salle.
Comme le veut notre pratique, je rappelle aux sénateurs qu’ils disposent tous de cinq minutes pour leurs interventions, ce qui comprend le temps pour la réponse. Je lèverai la main lorsqu’il restera une minute, puis nous verrons.
Nous aurons une deuxième et une troisième série de questions si cela s’avère nécessaire.
[Français]
La sénatrice Simons : Je voudrais essayer de poser mes questions en français, même si mon français est un peu faible.
Ma première question s’adresse à Mmes Lefebvre et Lessard.
[Traduction]
À ce comité, nous nous sommes grandement penchés sur ces enjeux jusqu’à présent : la façon de gérer les cultures, comme le blé et le canola, ainsi que la rotation des cultures, les cultures de couverture, les cultures sans labours, et ce genre de questions. Ces pratiques ne s’appliquent pas pour la culture de fruits et de légumes. La culture de fraises, de tomates ou de carottes diffère grandement de la culture de canola ou d’avoine. En matière de régénération du sol, hormis l’ensemencement de pois à des intervalles de quelques années, que pouvez-vous faire pour améliorer la santé des sols lorsque les stratégies conventionnelles telles que les cultures sans labours et les cultures de couverture ne sont pas des options pour vous?
[Français]
Mme Lessard : Il y a des techniques spécifiques au secteur maraîcher, en effet, notamment la gestion de rotations. Cela signifie qu’on ne peut pas faire la même culture année après année sur les mêmes parcelles, car cela détériore le sol.
On peut inclure dans les différentes rotations des cultures qui permettent de régénérer le sol, comme les légumineuses, ou des cultures qui sont par la suite réenfouies dans le sol pour améliorer sa fertilité. Ce sont des choses qui peuvent être faites par les producteurs.
On peut aussi faire une gestion plus efficace des fertilisants. Donc, il y a différentes méthodes, mais bien entendu — et je pense que c’est un point important de notre présentation... Tout dépend de la culture. Je tiens à préciser qu’on a plus de 50 cultures différentes de légumes dans notre province. Cela dépend également du type de sol qui est travaillé : que soient des sols organiques ou minéraux, les techniques seront différentes, tout comme les moyens qui pourront être adoptés par les producteurs.
C’est très difficile de généraliser pour tous nos producteurs. Donc, à ce moment-là, je ne veux pas donner trop de détails techniques, mais c’est pour cela qu’on dit que c’est vraiment essentiel pour nous de faire de la recherche et d’avoir des outils et de l’information à donner à tous nos producteurs, peu importe la culture qu’ils font ou leur type de sol.
Mme Lefebvre : Dans le secteur maraîcher, il y a plusieurs recherches qui sont faites sur les cultures intercalaires. Donc, ce n’est pas seulement dans les grandes cultures qu’on peut retrouver des cultures de couverture.
Comme Mme Lessard le disait, grâce à la recherche, on pourra améliorer le type de culture de couverture. Plusieurs, sinon la majorité des champs sont en culture de couverture à l’automne également, ce qui améliore grandement la santé des sols. Merci.
[Traduction]
La sénatrice Simons : Ma prochaine question découle d’un élément qu’a mentionné Mme Lessard. Je n’y avais jamais pensé auparavant, mais nombreux sont les producteurs de fruits et légumes qui se disent biologiques, ce qui veut dire qu’ils utilisent moins d’engrais et d’autres intrants. Est-ce plus difficile de conserver un sol sain pour quelqu’un qui tente de cultiver des légumes biologiques puisqu’on ne peut amender la terre avec de l’engrais azoté?
[Français]
Mme Lessard : Je vous répondrais que ce sont des techniques différentes qui sont utilisées dans l’agriculture conventionnelle et dans l’agriculture biologique.
Souvent, on utilise des techniques issues du biologique dans l’agriculture conventionnelle pour améliorer la santé des sols. On peut avoir des sols conventionnels qui sont en excellente santé, alors que les légumes ne sont pas produits ou certifiés biologiques.
En mettant en place de bonnes pratiques — on parlait de culture intercalaire, de culture de couverture, de rotations efficaces, de gestion efficace des fertilisants. Donc, je vous dirais que c’est tout à fait possible pour les producteurs conventionnels d’avoir, malgré tout, une bonne santé des sols.
Ce n’est pas tant sur le plan de la fertilisation que le biologique présente des défis pour les producteurs de légumes; c’est plutôt dans la gestion des mauvaises herbes et des insectes et autres ravageurs que le défi se trouve.
[Traduction]
Le sénateur Cotter : Je remercie les témoins d’être parmi nous. J’ai deux questions s’appuyant sur ce qu’ont dit Mme Lessard et M. Legault sur leurs sphères de responsabilités. On nous a dit avoir relevé une tendance selon laquelle le sol s’appauvrit dans le Centre du Canada depuis deux décennies. De façon plus générale, on nous a décrit la capacité affaiblie de retenir du carbone dans le sol et ce genre de difficultés. Tout d’abord, j’aimerais savoir dans quelle mesure — dans le cadre de vos responsabilités — vous remarquez cette tendance générale. Ma deuxième question est quelque peu liée, quoiqu’un peu différente : puisqu’une grande partie de votre travail — ainsi que le travail des agriculteurs avec qui vous collaborez — se fait près de centres urbains, constatez-vous des pertes de terres agricoles au profit des besoins urbains, ce qui menace le travail de vos collègues? Mme Lessard pourrait répondre en premier.
[Français]
Mme Lessard : Par rapport à la question de la perte de qualité du sol, c’était déjà le cas il y a quelques années. Ce que l’on voit de plus en plus, c’est l’adoption de bonnes pratiques chez nos membres. Ils sont de plus en plus sensibilisés à la santé des sols et mettent de plus en plus de l’avant des pratiques positives pour la santé des sols. On voit tout de même une tendance à l’amélioration, après quelques années où l’on visait l’atteinte d’une certaine productivité avec des moyens moins écologiques. Pour une production efficace de légumes, on doit s’assurer de la santé des sols.
Pour ce qui est de la perte des zones vertes, on voit clairement une diminution des superficies disponibles près des milieux urbains. Il y a un empiétement de la zone urbaine sur la zone agricole. Cela crée des situations problématiques sur le plan des terrains disponibles, de la capacité à avoir des terres et de l’augmentation très importante du prix des terres. C’est difficile ensuite d’accroître la production maraîchère. La gestion des ressources est également un enjeu, notamment les ressources en eau. Les villes qui vont grossir à proximité des terres agricoles prendront de plus en plus d’eau; cela peut créer des conflits d’usage pour nos producteurs maraîchers, qui ont besoin de cette eau pour irriguer les cultures. Sans eau, on ne peut faire de culture, même dans l’Est du Canada. Cela cause des problèmes à notre secteur.
[Traduction]
Le sénateur Cotter : Puis-je demander à M. Legault de répondre rapidement à ces deux questions, en ce qui concerne ses domaines de responsabilités?
[Français]
M. Legault : Les enjeux soulevés pour ce qui est de l’empiétement urbain sur les terres agricoles sont les mêmes pour le secteur des grains. Effectivement, on a observé depuis des dizaines d’années une baisse de la qualité des sols. Si on le regarde sous l’angle de la matière organique, il y a eu un changement important lorsqu’on a délaissé les cultures pérennes. C’est un phénomène récent ici, mais qui avait déjà eu lieu aux États-Unis, en Ontario et dans l’Ouest canadien. La production de grains au Québec est tout de même assez récente.
En n’ayant plus de plan pérenne, il y a eu un enjeu sur la matière organique. Par la suite, les pratiques intensives et la façon de cultiver ont amené une pression supplémentaire sur les sols. Les nouvelles pratiques ont pu démontrer un ralentissement important de la détérioration des matières organiques. Il y a une étude récente qui a été menée par l’IRDA. Il nous manquait beaucoup de données sur l’état des sols. Il s’agit d’une première étape à franchir pour se donner les moyens nécessaires pour bien comprendre la situation.
[Traduction]
Le sénateur Oh : Je vous remercie d’être ici. J’aimerais discuter du soutien gouvernemental, et ma question s’adresse à n’importe lequel des témoins.
À votre avis, que devrait faire le gouvernement fédéral en matière de recherche et d’investissements pour améliorer la santé des sols?
[Français]
M. Legault : Il y a trois champs d’intervention que nous jugeons prioritaires. Il y a le développement des connaissances, en investissant suffisamment dans la recherche pour relever les défis liés aux changements de mode de production. Par exemple, l’arrivée de plantes de couverture à l’automne pour éviter les sols nus et les plantes intercalaires. Cela change le profil des besoins en matière de connaissances et les façons d’agir dans les divers domaines de la gestion des cultures, de la gestion des pesticides et de la fertilisation. Il y a encore beaucoup de données et de connaissances qu’il faut recueillir pour bien comprendre l’impact des plantes de couverture et des plantes intercalaires.
Une piste est mise de côté, soit l’ajout de biostimulants sur les terres agricoles pour en améliorer les propriétés. Pour la matière organique, on parle des biosolides avec un angle problématique, mais il y a des sources de matière organique qu’on peut aller chercher pour les épandre sur les plantations agricoles. Il manque de connaissances autour des produits, ce que l’on appelle les matières résiduelles qui amènent une source de carbone dans le sol. L’autre élément, c’est l’accompagnement. Les producteurs ont besoin d’être soutenus; il faut développer des services‑conseils et les appuyer financièrement. L’enjeu de la main‑d’œuvre n’est pas uniquement au champ, mais aussi sur le plan des services-conseils. Au Québec, on manque de services‑conseils, d’agronomes et de spécialistes. Comme organisation, on croit que le succès en matière d’amélioration des sols, le maintien des rendements et la qualité des produits, tout cela passe par une rétribution et des incitatifs pour amener les producteurs à adopter de meilleures pratiques. C’est incontournable, à notre avis.
Mme Lessard : Il faut faire plus de recherche. On a récemment rencontré des gens du Centre de recherche et de développement de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui est spécialisé dans la production maraîchère. Les chercheurs manquent de financement; ils sont les parents pauvres de la recherche agricole. Je vous passe le message. Parmi les différents secteurs de recherche, il y a la gestion des ennemis des cultures en lien avec la santé des sols. Les biopesticides ou les pesticides moins néfastes pour l’environnement sont des choses intéressantes à examiner. Mon collègue a précisé l’importance de l’accompagnement pour les entreprises; c’est extrêmement important d’avoir des conseillers. Je conclurais en disant que les investissements en recherche, en collaboration avec les provinces, sont vraiment essentiels.
[Traduction]
Le président : Merci. Madame Lefebvre, avez-vous quelque chose à ajouter?
[Français]
Mme Lefebvre : Non, merci.
La sénatrice Jaffer : Merci pour votre présence; nous l’apprécions beaucoup. J’ai une question qui s’adresse à tous les témoins.
[Traduction]
Je crois comprendre que l’horticulture fait meilleure figure que l’agriculture industrielle parce qu’elle a tendance à être plus verte, plus durable et plus axée sur la communauté. Or, la sécurité alimentaire pose grandement problème, tout comme la demande croissante à l’échelle planétaire pour les produits agricoles canadiens. Diriez-vous qu’il y a là des tensions, ou les petits agriculteurs adoptant des pratiques durables peuvent-ils surmonter les difficultés liées à l’insécurité alimentaire planétaire?
[Français]
Mme Lessard : Dans le secteur de la production de légumes, on a l’impression que les fermes de très petite taille peuvent satisfaire à la demande par rapport aux besoins des Canadiens en légumes. Cependant, la grande majorité des légumes fournis aux Canadiens proviennent de fermes de grande taille. On parle de plusieurs hectares; c’est une tout autre réalité.
Il est faux de croire que la majorité de la production de légumes provient de petites fermes de proximité et axées sur la communauté. On doit aussi soutenir ces grandes entreprises qui adoptent de bonnes pratiques en matière de santé des sols et qui travaillent à adopter des pratiques plus environnementales. Si on ne soutient pas ces grandes fermes, il y aura réellement un enjeu du côté de la sécurité alimentaire. Je parlais plus tôt de l’irrigation. Au Québec, nous sommes inquiets. L’accès à l’eau sera essentiel pour maintenir une production de légumes au pays. Si l’on tient compte des enjeux climatiques en Californie — qui produit aussi une bonne partie des légumes, surtout en hiver —, on sait que si on ne règle pas la situation problématique de l’eau, notre sécurité alimentaire pourrait être en danger d’ici les prochaines années.
Mme Lefebvre : J’ajouterais que les fermes de taille moyenne et de grande taille ont souvent la main-d’œuvre qualifiée pour faire de la recherche elles-mêmes. Cette recherche peut être utilisée ensuite pour les fermes de proximité de plus petite taille. Donc, c’est du donnant-donnant qu’on ne doit pas négliger non plus.
M. Legault : Rapidement, je voulais simplement mentionner que les enjeux dont on parle sont particuliers au secteur maraîcher. Pour le secteur des grains, cela prend une autre dimension. Bien sûr, nous ne sommes pas nécessairement dans le marché de proximité, car notre produit doit être transformé. On a des niches de marché de produits locaux transformés qui doivent utiliser des grains locaux dans le cadre de leur appellation. C’est très intéressant et c’est une source de demande supplémentaire.
Cependant, comme l’a mentionné ma collègue Catherine Lessard, cela reste quand même marginal pour ce qui est de la capacité à nourrir l’ensemble de la population. C’est quelque chose dont on parle chaque jour ici : cette confrontation entre la capacité à nourrir le monde et à répondre aux attentes de la société.
Je vous dirais que je suis très optimiste, parce que je crois que la technologie et la formation nous mèneront loin. Le principal défi sera de faire comprendre à la population les enjeux autour du maintien de la productivité face aux attentes sociétales. Ce que déplorent les Producteurs de grains du Québec, c’est le manque de présence des gouvernements dans cette éducation auprès de la population, pour qu’ils expliquent l’état de la science et pourquoi les systèmes de production en sont rendus à ce niveau. Les organisations comme la nôtre ont besoin d’aide, car elles ne sont pas les mieux placées pour expliquer tout cela. On est peut-être en position de conflit d’intérêts, étant donné qu’on représente les producteurs. On demande donc que les gouvernements s’impliquent davantage dans la sensibilisation auprès de la population sur cet enjeu important que vous avez soulevé.
[Traduction]
Le sénateur Klyne : J’ai quelques questions à poser à M. Legault. Voyons voir dans quelle mesure le temps imparti nous permettra d’en discuter.
Agrisolutions climat représente un des programmes de votre organisation. Il s’agit d’un partenariat avec l’Union des producteurs agricoles, en collaboration avec le Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec. Depuis 2022, le programme fournit du soutien aux agriculteurs pour qu’ils adoptent et mettent en œuvre des pratiques climatiques et de gestion des sols bénéfiques. Le programme cible la gestion améliorée de l’azote et une adoption accrue des cultures de couverture.
Selon les données que vous avez recueillies jusqu’à présent, pouvez-vous nous faire part des constats sur la façon dont la gestion améliorée de l’azote et l’adoption accrue des cultures de couverture influencent la conservation des sols? De plus, si vous avez une opinion sur la culture sans labours ou le travail minimal du sol, j’aimerais l’entendre.
[Français]
M. Legault : Effectivement, vous avez bien décrit notre implication dans le programme fédéral Agrisolutions climat, qui cible les cultures de couverture et la gestion de l’azote dans la production de maïs. Je dois ajouter que c’est l’un des volets de notre implication. On s’implique également dans des programmes provinciaux qui visent à améliorer la santé des sols. De plus en plus d’organisations agricoles sont interpellées pour faire le lien entre les producteurs et le gouvernement pour améliorer les pratiques. C’est de plus en plus courant, mais ce n’est pas facile à gérer dans un contexte de pénurie de main‑d’œuvre.
Pour l’instant, il est difficile de dire à quel point les cultures de couverture améliorent les différentes facettes de la qualité des sols, parce qu’on parle de matières organiques. La qualité des sols, c’est beaucoup plus que cela; c’est aussi une question de fertilité et d’équilibre entre différents micro-organismes.
Il faudra maintenir le programme pendant au moins deux ans pour récolter suffisamment de données. C’est un autre défi, parce qu’il faut faire attention. On parle de programmes de sensibilisation et ici, on ne parle pas nécessairement de programmes de recherche. C’est ce que je dis souvent à Agriculture et Agroalimentaire Canada et à nos partenaires de l’Union des producteurs agricoles. Ils devront faire preuve de prudence avec ces données, parce qu’elles visent davantage à faire de la sensibilisation sur les bonnes pratiques qu’à générer de nouvelles connaissances. Il faut quand même faire une distinction entre les objectifs du programme.
Vous avez parlé du travail minimum. Comme je l’ai mentionné au début de ma présentation, il y a des différences entre l’Ouest et l’Est du Canada. Le Québec cultive beaucoup le maïs et le soya. Donc, il y a des enjeux de compaction qui s’expliquent par une récolte plus tardive. De plus, le type de sol au Québec fait en sorte que l’on ne peut pas aller vers le semis direct de façon plus draconienne. C’est probablement un peu plus difficile à faire ici que dans l’Ouest canadien, qui a un autre sol, un autre climat et une autre culture.
Toutefois, il y a effectivement un bond intéressant qui s’est fait au cours des 10 dernières années dans le but de minimiser la lourdeur de l’équipement et l’agressivité des passages pour travailler le sol. On a beaucoup réduit le travail de surface et de profondeur, mais il reste quand même beaucoup de sols lourds au Québec. Les changements climatiques ont ramené certaines machineries qu’on avait laissées de côté, parce qu’on fait face à de nouvelles problématiques.
Je tiens à rappeler que tout évolue et que chaque année est une surprise. Au Québec, on ne peut pas nécessairement miser strictement sur l’absence totale de travail du sol. C’est beaucoup plus complexe, et cette réalité devrait être adaptée à chacune des fermes.
La sénatrice Petitclerc : Merci beaucoup à nos témoins d’être là aujourd’hui. Ma question s’adresse à M. Legault et porte sur le même thème que celle du sénateur Klyne. J’essaie de comprendre le mécanisme et le fonctionnement des programmes et des projets comme Agrisolutions climat. Comment est-ce que tout cela est structuré?
Il y a plusieurs partenaires, dont les Producteurs de grains du Québec et d’autres organisations canadiennes. En fait, qui décide des projets? Par exemple, est-ce qu’au début vous faites partie de ce processus de décision, ou est-ce que les projets vous sont présentés, puis vous vous occupez de la coordination? J’essaie de me faire une idée de la façon dont tout cela est organisé.
M. Legault : Je peux y aller rapidement, si vous me le permettez. En fait, ces programmes arrivent souvent avec des thèmes, et on doit faire avec une proposition de projet qui respecte ces grands thèmes. Les plantes de couverture et la gestion de l’azote faisaient partie des grands thèmes qui étaient proposés, parce que ce sont des enjeux de l’heure pour ce qui est de la santé des sols. Donc, on a déposé un projet avec l’Union des producteurs agricoles. Ce projet a été accepté. Évidemment, nous avons le mandat de gérer et de coordonner le projet. Le gouvernement finance et suit ce que nous faisons pour respecter les conditions et les objectifs. À la fin de l’année, il y a un rapport final à produire. Il y a un suivi des pièces justificatives et des dépenses. C’est quand même très bien suivi d’un point de vue administratif et il y a une bonne collaboration d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à ce niveau.
En tant qu’organisation agricole, on n’a pas toutes les ressources et on doit travailler avec ce qu’on appelle des clubs‑conseils en agroenvironnement. Ces clubs sont formés par des producteurs qui retiennent les services de plusieurs agronomes — services qui sont en partie financés par des fonds fédéraux et provinciaux.
Ce sont ces agronomes qui accompagnent les producteurs. Ce sont eux aussi qui trouvent les producteurs pour aller de l’avant avec les différents projets. Ce sont eux qui mettent en place les parcelles, ainsi que les opérations pour accompagner le producteur. Par exemple, dans les cultures de couverture, il faut appliquer une semence d’engrais vert à la fin de la récolte. Il faut faire le suivi et s’assurer que cela a été fait et bien fait. On recueille aussi des données — ce sont les agronomes des clubs‑conseils qui recueillent ces données. Nous faisons la supervision et le suivi auprès du producteur comme organisation agricole et auprès des agronomes du club-conseil.
La sénatrice Petitclerc : Vous avez parlé des agronomes, et vous en avez parlé un peu plus tôt aussi; si je comprends bien, le Plan d’agriculture durable (PAD) prévoyait d’ajouter 75 agronomes et ingénieurs sur le terrain pour épauler les producteurs.
J’ai lu quelque part ce que disait M. Martin Caron, et je cite :
Les agronomes qu’on a sont pris à remplir la paperasse du côté administratif et ne sont pas dans nos champs avec nous autres.
À quel point est-ce important — peut-être dans la perspective de la santé des sols — d’avoir justement accès à ces 75 agronomes, et qu’ils travaillent sur le terrain, et non pas à remplir de la paperasse?
M. Legault : En fait, les données dont vous parlez font surtout référence au MAPAQ. Si ma compréhension est bonne, ils ont voulu les libérer pour que ces agronomes soient plus actifs sur le terrain, mais en fait, la mission des agronomes du ministère de l’Agriculture est davantage axée sur les services de deuxième niveau. Ils font un peu de services de premier niveau auprès des producteurs, mais normalement, leur rôle est d’offrir des services et justement d’épauler les agronomes dont on parlait, qui viennent des clubs-conseils qui existent au Québec.
L’enjeu dont vous parlez ne se situe pas seulement au sein du ministère lui-même. D’ailleurs, on peut se demander si les agronomes doivent venir du ministère ou si le ministère doit fournir des outils pour étendre et développer davantage les clubs‑conseils et leur donner plus de ressources. Actuellement, les clubs-conseils nous disent qu’ils manquent de ressources et qu’ils refusent des projets et des initiatives.
[Traduction]
Le président : Je me prévaux de ma prérogative de président : l’agronome dans la salle — Mme Lessard — aimerait-elle formuler un commentaire ou deux? Ici encore, la réponse peut être très brève.
[Français]
Mme Lessard : Je suis absolument d’accord; nous avons besoin de beaucoup plus d’agronomes sur le terrain. Les producteurs agricoles ont besoin d’un accompagnement serré afin d’être en mesure d’effectuer un virage dans leurs pratiques. Sans cela, on n’aura pas de vrai changement en agriculture agroenvironnementale.
[Traduction]
Le président : Merci beaucoup.
La sénatrice Burey : Je vous remercie énormément d’être ici. La discussion est fascinante. J’ai écouté mes collègues et je vais demander un peu plus de données pour dresser le profil des agriculteurs au Québec. Si vous détenez de telles données, je vous demanderais tous de le faire savoir au comité. Avez-vous des données non regroupées sur les caractéristiques des agriculteurs; par exemple, combien sont des femmes, ou des personnes appartenant à des communautés racisées, à des communautés autochtones ou à des groupes aspirant à l’équité? C’est la première partie de ma question. Existe-t-il des programmes de financement ciblés pour ces groupes?
[Français]
Mme Lefebvre : Pour les données, je vais laisser Mme Lessard vous en faire part, mais il y a effectivement des programmes ciblés pour les diverses communautés. Je vais laisser Mme Lessard vous parler des données.
Mme Lessard : En effet, sur environ 2 000 producteurs que compte le Québec, nous n’avons pas de données spécifiques par rapport aux producteurs autochtones ou issus de minorités.
À connaissance, cependant, il y en a assurément. Cependant, il s’agit d’un faible nombre. Parmi nos membres, certains sont issus de la diversité. Il est important de mentionner que la plupart des producteurs maraîchers ont des productions de petite taille. Nous avons récemment publié des données qui montraient qu’environ 68 % des producteurs maraîchers produisent sur moins de cinq hectares. Parmi ces producteurs de petite taille, il y en a certainement qui sont issus de la diversité.
M. Legault : La production de grains est assez récente. Comme ce sont des entreprises spécialisées avec un actif assez élevé, il s’agit principalement de transferts entre apparentés. Je dirais qu’on n’a pas fait beaucoup de place aux minorités visibles au sein de la production de grains, compte tenu des enjeux économiques liés à l’importance des investissements nécessaires. Cela restera toujours un enjeu d’avoir une relève à l’extérieur des familles actuelles, qui doivent faire cadeau d’une bonne part de l’actif pour que les enfants puissent survivre sur la ferme.
Je n’ai pas de données à ce sujet, mais comme on vient de le dire, les programmes fédéraux demandent cette information. Comme ce sujet a été soulevé lorsqu’il était question du programme Agrisolutions climat, nous devons fournir de l’information concernant la clientèle. C’est le genre de données que je pourrais fournir au comité, car on a mené un petit sondage auprès des gens qui ont demandé du soutien dans le cadre du programme Agrisolutions climat, où il fallait identifier ceux qui sont issus des minorités ou des peuples autochtones. Ce serait possible pour moi de vous transmettre ces informations.
[Traduction]
La sénatrice Burey : Je vous remercie sincèrement de ces réponses. Madame Lessard et monsieur Legault, croyez-vous que la collecte de telles données relève de votre responsabilité, ou devrait en relever?
[Français]
Mme Lessard : Dans notre cas, nous n’avons pas accès aux données fédérales qui nous permettent de faire l’agrégation des données. Il faudrait mener un sondage auprès de l’ensemble des producteurs maraîchers. Cela dit, nous avons parfois de la difficulté à rejoindre nos membres, parce que nous n’avons pas d’association obligatoire dans le secteur maraîcher. Cependant, auprès de nos membres, qui sont environ 300, il serait possible de le faire et de fournir de l’information lors du renouvellement des inscriptions.
M. Legault : Rapidement, pour la production de grains, ce n’est pas quelque chose qui se fait chez nous actuellement. C’est quelque chose que l’on pourrait faire, mais comme la présence de membres issus des minorités et des peuples autochtones est relativement faible, ce serait un défi de les identifier. Je peux vous dire que, de toute façon, lors de ces sondages, les gens ont tendance à ne pas beaucoup participer. Cela fait en sorte qu’on se questionne souvent sur la représentativité de ces sondages. D’ailleurs, le sondage que je peux vous transmettre et qui concerne le programme Agrisolutions climat, il faut le prendre, comme on dit en bon français, avec des pincettes, compte tenu du fait qu’il n’est peut-être pas représentatif de la réalité.
[Traduction]
Le président : Merci. J’ai une question à laquelle les deux organisations pourraient peut-être répondre. Je crois comprendre que le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec a élaboré un plan décennal, connu sous le nom de Plan d’agriculture durable 2020-2030, qui mentionne que 85 % des exploitations agricoles devraient compter 4 % ou plus de matière organique dans le sol. Je crois que la proportion d’exploitations agricoles ayant atteint ce seuil pourrait actuellement s’élever à environ 75 %.
Qu’envisagez-vous comme solutions pour faire augmenter ce nombre? Où en sommes-nous dans ce plan décennal? Selon vous, comment se passera son déploiement? En février, le président général de l’Union des producteurs agricoles du Québec nous a dit que la durée de 10 ans est très courte. Êtes‑vous d’accord avec lui? L’échéancier est-il réaliste? Est-ce une utopie?
[Français]
Mme Lessard : Premièrement, je dirai que, dans le secteur maraîcher, nous manquons de données pour être en mesure de suivre cette évolution, d’avoir une opinion à ce sujet et de nous positionner sur la faisabilité dans notre secteur.
Au Québec, beaucoup de cultures se font dans des sols organiques. Un sol organique a un contenu en matières organiques extrêmement élevé. Cela dépend de la façon dont on regarde les données et de celles que l’on prend en compte. Maintenant, nos producteurs sont clairement engagés dans l’augmentation de la matière organique dans les sols. Le Plan d’agriculture durable est sur la bonne voie et il y a une bonne collaboration avec les associations. Dans notre cas, on a mis en place des vitrines sur les meilleures pratiques qui nous permettent de faire un transfert dans un certain nombre d’entreprises et de favoriser les meilleures pratiques. On travaille là-dessus avec nos membres. Je vais marteler le même message : un meilleur financement pour les projets propres à la production maraîchère et un meilleur accompagnement des entreprises nous aideraient à progresser plus vite. On travaille dans la bonne direction.
M. Legault : Dans le secteur des grains, nous sommes bien conscients que cet objectif sera difficile à atteindre. Il y a d’ailleurs une première étape à franchir, soit celle de la connaissance. Il faut non seulement bien comprendre où on en est actuellement sur le plan des matières organiques en fonction des différents types d’entreprises et des différentes régions, mais aussi bien comprendre à quel point la matière organique est le seul élément — et le premier — que l’on doit regarder.
Il y a toute la question de la présence des micro-organismes et d’un certain déséquilibre que l’on retrouve dans le sol qui doit être étudiée en même temps. L’institut de recherche dont je vous ai parlé plus tôt a soumis un rapport récemment pour expliquer qu’actuellement, l’enjeu ne se situe pas vraiment sur le plan de la santé des sols, mais de la réalité climatique. Ils ont observé que les problèmes que l’on vit pour ce qui est de la santé des sols ou des rendements actuels viennent beaucoup plus des conditions climatiques que de la qualité des sols. Il y a un manque de connaissances auquel il faut remédier avant de nous donner des objectifs aussi précis qui ne sont pas importants pour nous. On vise davantage à se donner des indicateurs d’amélioration de pratiques culturales que des indicateurs de premier niveau. Il faut plutôt essayer d’atteindre un profil particulier pour l’ensemble. On pense que ce n’est pas nécessairement la meilleure façon de se fixer des objectifs.
[Traduction]
Le président : Merci beaucoup. Nous allons maintenant commencer la deuxième série de questions. Les membres du comité disposeront d’un maximum de quatre minutes pour les questions et réponses.
[Français]
La sénatrice Simons : Ma question s’adresse à M. Legault. Je viens de l’Alberta. Je comprends très bien les questions concernant le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. L’agriculture est un secteur partagé par les provinces et Ottawa.
[Traduction]
Ce champ de compétences conjoint fait en sorte qu’il est parfois difficile de départager les responsabilités fédérales des responsabilités provinciales. En Alberta, à l’instar du Québec, nous ne sommes pas toujours tout à fait à l’aise lorsque nous croyons que le gouvernement fédéral empiète sur les champs de compétences provinciaux. C’est un enjeu que vous avez soulevé dans votre déclaration liminaire, monsieur Legault.
Fort de votre sagesse de Québécois, comment croyez-vous que nous, au Sénat, devrions aborder la question de départager les responsabilités fédérales et provinciales? Comment pourrions‑nous favoriser une meilleure collaboration afin de promouvoir la santé des sols et la collecte de données sur la santé des sols?
[Français]
M. Legault : J’aborderais votre question sous un autre angle. Au lieu de parler de ce que l’un devrait faire par rapport à l’autre, j’aborderais plutôt votre question sous l’angle de la complémentarité. En fait, il faut déterminer qui devrait faire quoi et qui est le mieux placé pour mener telle initiative ou telle activité. Je n’ai pas de connaissances assez approfondies sur la fonction publique pour savoir qui a la meilleure expertise et les plus grandes ressources pour investir. D’ailleurs, il y a une tradition, dans le partenariat canadien, d’investir dans des proportions 60 % et 40 %. Est-ce que cela devrait être ainsi? Je ne prendrai pas position là-dessus.
En tant qu’organisation agricole, ce qui me préoccupe, c’est que les fonds qui sont mis de l’avant... Peut-être justement que l’on évite ces pièges avec le partenariat canadien, où tout se fait en complémentarité. Je crois que cet aspect nous sécurise. Cela nous confirme que les gouvernements se parlent. Ils établissent des stratégies ensemble; c’est un domaine partagé.
Je ne m’aventurerai pas à dire qui devrait faire quoi. L’approche de partenariat entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux est basée sur la bonne foi. Ce n’est pas parfait. Il y a une stratégie en matière de production durable qui est proposée par la ministre de l’Agriculture. On doit discuter de cette stratégie et de son financement. La discussion sur le partenariat n’est pas terminée. Je vous dirais que ce n’est pas aussi important de savoir qui fait quoi que de s’assurer qu’il y a un financement suffisant. On salue souvent les initiatives fédérales et provinciales en matière de financement. On ne peut pas dire que ces investissements ne sont pas appréciés, mais on juge quand même qu’ils sont insuffisants. On fait de petits pas, mais si on veut faire des pas de géants, il faudra que les gouvernements fédéral et provinciaux investissent des sommes autrement plus importantes pour atteindre nos objectifs.
La sénatrice Simons : Merci.
La sénatrice Petitclerc : Je lisais récemment un article du quotidien La Presse qui parlait des ventes records de pesticides au Québec. On parlait évidemment aussi de pesticides utilisés par les citoyens; j’en suis bien consciente. Cependant, une partie de l’article disait que même en agriculture, on est encore loin des cibles. Au Québec, même si l’on a adopté une cible pour faire chuter de 15 % les quantités épandues dans les champs d’ici 2030, les ventes de pesticides en milieu agricole demeurent stables.
Est-ce que cela existe dans votre secteur spécifiquement? Qu’est-ce qui est fait pour vous aider à atteindre ces cibles? Est‑ce que les gouvernements déterminent des cibles, puis vous disent de vous arranger pour livrer la marchandise? Si on vous appuie, est-ce suffisant? Est-ce qu’on le fait bien? J’aimerais avoir votre perspective sur cette situation.
Mme Lessard : Oui, on en a beaucoup parlé dans La Presse. J’aimerais non pas rectifier les faits, mais faire un peu d’éducation sur l’utilisation annuelle des pesticides. Quand on parle de pesticides, c’est extrêmement important de regarder le long terme. Les variations de pesticides d’une année à l’autre sont extrêmement biaisées et ne nous donnent pas beaucoup d’information. Pourquoi? Parce que les ventes de pesticides dépendent du genre d’année agronomique que l’on a. Si c’est une année où il y a une importante invasion d’insectes, par exemple, peu importe si l’on essaie ou non d’adopter de meilleures pratiques pour réduire l’usage des pesticides, on va nécessairement en utiliser plus. C’est la même chose pour les maladies fongiques. Regarder les données pour un an seulement, ce n’est pas une bonne approche dans le secteur de l’utilisation des pesticides.
On essaie d’utiliser de moins en moins de pesticides dans le secteur maraîcher. Il y a un autre petit enjeu : si l’on regarde les quantités de pesticides, je crois que le bon indicateur dont il faut tenir compte est le risque lié aux pesticides utilisés. Le rapport indique un accroissement de l’utilisation de biopesticides par opposition aux pesticides de synthèse. Nous voyons cela comme un grand progrès. On utilise la même quantité de pesticides, mais ils sont moins dangereux à la fois pour l’environnement et pour la santé humaine. On n’a pas l’air de faire de progrès, mais on en fait malgré tout. Lorsqu’on regarde les pesticides, il serait plus intéressant d’examiner ces indicateurs.
Comment peut-on nous aider? En nous donnant des outils qui permettent de réduire ces risques à la fois pour l’environnement et pour la santé. À mon avis, ce qui est fait actuellement du côté des gouvernements est insuffisant. Il faudrait faire plus de recherche pour développer de nouveaux pesticides moins dangereux et accélérer leur approbation.
L’approbation d’un pesticide sur le marché peut prendre jusqu’à quatre ans. C’est extrêmement long, alors qu’on a besoin de nouveaux outils pour combattre les ennemis des cultures — et on en a de plus en plus. Je m’arrête ici, mais je pourrais en parler longtemps.
La sénatrice Petitclerc : Merci; c’était très éclairant.
[Traduction]
Le sénateur Klyne : Ma première question s’adresse à M. Legault. En 2015, les Producteurs de grains du Québec ont dévoilé les résultats de l’analyse environnementale et socioéconomique du cycle de vie de la production de grains au Québec. L’analyse a permis de mesurer l’incidence de chaque étape de la production sur l’empreinte globale du secteur. Je trouve l’exercice fort intéressant. Le Programme de gestion de la qualité s’est servi de cette analyse pour créer une liste de vérification pour les bonnes pratiques de gestion, qui comprend une orientation pour la gestion des sols et de la biodiversité. À la suite de la publication de cette analyse, quel a été son effet sur les activités agricoles de vos membres? Ont-ils été en mesure d’accroître leur production, de diminuer leurs déchets environnementaux et d’améliorer la santé des sols?
[Français]
M. Legault : Dans un premier temps, je tiens à vous féliciter d’avoir pris connaissance de ce long rapport. Je dois quand même préciser que cet outil se voulait davantage un exercice de compréhension de la situation en 2015 sur le plan des enjeux liés à l’empreinte écologique. Il y avait même un volet social à cette démarche dans l’analyse du cycle de vie. C’est une pratique que l’on a établie dans l’ensemble des secteurs québécois : essayer de mesurer et de comprendre le cycle de vie de la production de grain.
Je ne crois pas que c’est nécessairement l’analyse du cycle de vie qui peut avoir un impact. Comme vous avez pu le constater, cela reste un document assez lourd. On a produit des fiches instructives pour que les producteurs comprennent la situation. Tous les outils dont on a parlé précédemment du côté du secteur des grains et du secteur maraîcher, c’était pour nourrir davantage la réflexion et améliorer nos outils de soutien aux producteurs et nos méthodes d’accompagnement. Cela visait bien plus à améliorer les initiatives et à identifier des objectifs à atteindre qu’à agir directement sur les pratiques des producteurs de grain.
C’est un outil d’information qui devrait être renouvelé au moins tous les trois ans, puisque l’agriculture évolue rapidement. C’est un outil intéressant, mais il devrait être mis à jour plus régulièrement.
[Traduction]
Le sénateur Klyne : Je veux revenir au Plan d’agriculture durable 2020-2030. On a incité les cultivateurs à adopter ce programme. Dans quelle mesure cela les a-t-il poussés à adopter les pratiques exemplaires de ce plan? Quelle proportion de vos membres se livre à ces pratiques directement en raison de ce programme ou de cette mesure incitative? Y a-t-il eu des adopteurs précoces, et y a-t-il des membres qui n’y participent pas encore?
[Français]
M. Legault : Il y a quelques initiatives qui touchent moins le secteur maraîcher, qui nous le reproche parfois. Les programmes du PAD, il faut les voir en trois volets. Je pense que l’une des deux Catherine en a parlé. Il y a d’abord le volet de recherche. Un réseau de recherche a été mis en place pour le développement et la mise à jour de nouvelles connaissances. Il s’agit d’un investissement de 25 ou 30 millions de dollars. Ce réseau regroupe des centaines de chercheurs, notamment dans le but d’identifier des pistes d’amélioration pour les différents aspects de la santé des sols.
Il y a le volet accompagnement, qui comprend donc des projets de transfert. Des organisations agricoles ont été ciblées pour servir de fenêtres de démonstration et d’accompagnement aux producteurs. Il s’agit ici de 30 millions de dollars.
Il y a également le volet rétribution, un volet de 70 millions de dollars à l’origine et qui en est maintenant à 85 millions de dollars. Ce volet est très intéressant. Il y a une bonne participation. On parle ici de rétribuer, donc il y a des incitatifs financiers. Les sommes ont été utilisées dans l’ensemble. Ces pratiques doivent être mises en place. Il y a eu un résultat concret, car pour obtenir les fonds, il fallait que ces pratiques soient mises en place. Comme je vous l’ai dit plus tôt, cela reste des montants intéressants, mais qui sont encore loin de ce dont on a besoin pour faire des pas de géant dans le volet rétribution.
[Traduction]
Le sénateur Klyne : Est-ce que certains des agriculteurs membres de vos organisations se livrent à l’agriculture mixte qui comprend le bétail ou la production laitière? L’un d’entre vous peut répondre à la question, ou vous pouvez tous deux y répondre aussi.
[Français]
Mme Lessard : Oui, cela existe manifestement. Souvent, il s’agit de plus petites entreprises qui sont moins spécialisées et qui font davantage d’agriculture de proximité. On peut voir, par exemple, des producteurs qui font de l’élevage de volaille avec de la production de légumes, ou de la production laitière avec des légumes. Cela se voit assez couramment; cela existe. Lorsqu’on parle de plus grosses entreprises maraîchères, cependant, elles sont plus spécialisées et on y voit moins de cas de cultures ou d’activités agricoles diversifiées.
M. Legault : Du côté du secteur des grains, il y a une diversité d’entreprises. Il y a de petites entreprises spécialisées en grain, des grandes spécialisées en grain, des petites qui ont du grain et de l’élevage, des grandes qui ont de l’élevage et du grain. La production est cependant de plus en plus spécialisée. Je vous dirais que 75 % des ventes se font par des fermes qui font surtout de la production de grain. Nous avons des fermes de plus en plus spécialisées.
J’aime bien votre propos, car il évoquait un volet dont on parle beaucoup, soit celui de l’agriculture régénératrice, qui suppose qu’on implante plus d’élevage. Encore là, on a discuté des enjeux et de la demande. Il y a des attentes sociétales contradictoires. On veut moins de produits issus de la viande et de produits laitiers, mais on veut plus de superficie en foin et plus de plantes pérennes. Il faut faire face à cette contradiction au Québec à l’heure actuelle.
[Traduction]
Le président : Je m’adresse à nos témoins : monsieur Legault, madame Lefebvre et madame Lessard, nous vous remercions sincèrement de votre participation aujourd’hui. Vous pouvez déduire des questions — et du besoin de poser davantage de questions — que mes collègues et moi sommes très intéressés à vos propos. Nous vous sommes reconnaissants de votre participation.
Si vous avez des commentaires sur votre participation à notre comité, n’hésitez pas à les envoyer à notre greffière. Toute rétroaction pour améliorer nos réunions de comité est toujours la bienvenue.
Chers collègues, je veux aussi remercier le personnel qui nous appuie au quotidien. Je remercie les membres du comité de leur participation active et de leurs questions réfléchies. J’aimerais aussi prendre quelques instants pour remercier le personnel qui appuie le travail de notre comité : les interprètes, l’équipe des débats qui transcrit les délibérations des réunions, le préposé de la salle de comité, le technicien des services multimédias, l’équipe de diffusion, le centre d’enregistrement, la Direction des services d’information — ou DSI —, notre page, notre greffière et notre analyste.
Chers collègues, la réunion de mardi soir est annulée, alors nous ne nous verrons pas à ce moment. Notre prochaine réunion aura lieu jeudi, si tout se passe comme prévu.
Honorables sénateurs, convenez-vous de continuer la réunion à huis clos pour avoir une brève discussion sur une ébauche de rapport?
Des voix : D’accord.
(La séance se poursuit à huis clos.)