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Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 15 - Annexe


Témoignages de M. Tom Nichols et de M. Roger Street
du mardi 1er avril 2003

Le président: Ce soir, nous avons avec nous M.Tom Nichols et, au téléphone, M.Roger Street, tous deux fonctionnaires à Environnement Canada, pour discuter de la réorganisation des activités du Service météorologique du Canada liées aux prévisions météorologiques.

Soyez le bienvenu. La parole est à vous.

M. Tom Nichols, directeur général, Direction générale de l'observation atmosphérique et des relevés hydrométriques, Service météorologique du Canada, Environnement Canada: Honorables sénateurs, j'aimerais vous donner un bref aperçu des Services météorologiques du Canada. Je vais passer assez vite sur mon mémoire parce que je crois savoir que vous avez des questions qui portent plus précisément sur l'objet de l'exposé.

Le Service météorologique du Canada entretient depuis longtemps des liens fonctionnels avec les groupes agricoles et forestiers. Dans le présent exposé, je vais m'intéresser aux besoins en données météorologiques de tous les secteurs de même qu'aux investissements récents que nous avons consentis. Je crois savoir que vous avez par le passé parlé à un certain nombre de mes collègues du Service météorologique du Canada sur le changement climatique et l'adaptation, mais nous avons ici quelques transparents qui feront aussi ressortir certains des points principaux.

Toutes les informations que nous possédons s'appuient sur de solides assises de données, comme le montre le bas du troisième transparent. Nous recueillons de l'information auprès de diverses sources: stations de surface, stations satellites, le nouveau réseau de radars Doppler et le réseau canadien de détection de la foudre. Par divers moyens, ces informations sont acheminées vers un centre de production où nous établissons, au moyen de modèles informatiques et numériques, avec l'aide de spécialistes chevronnés, les prévisions et les avertissements qu'on entend à la télévision et à la radio. En plus, nous effectuons du travail sur des questions comme le changement climatique, la qualité de l'air et de nombreux autres secteurs du service météorologique.

Je tiens également à souligner que notre fonction principale consiste à produire des alertes météorologiques et, à titre de produits connexes, les prévisions à l'usage du public qu'on entend partout au pays. Nous produisons également des prévisions maritimes pour les grands plans d'eau du Canada et les eaux au large de nos trois littoraux, sans oublier les prévisions aéronautiques pour NAV CANADA. Nous avons aussi un service des glaces qui, à l'appui du transport par bateau, prévoit l'état de la glace et le mouvement des icebergs dans l'océan Arctique et les Grands Lacs.

Les prévisions saisonnières intéressent tout particulièrement les secteurs de l'agriculture et de la foresterie. Le super- ordinateur que nous avons dans nos installations de Montréal est l'un des principaux outils utilisés pour la modélisation du changement climatique. Nous utilisons cet ordinateur pour les alertes et les prévisions de tous les jours, mais nous pouvons également y recourir pour mettre au point des scénarios relatifs au changement climatique. Comme je l'ai indiqué, les tendances et l'adaptation au changement climatique sont d'autres produits dont vous avez peut-être déjà entendu parler, sans oublier les données climatiques et le fait que nous avons besoin d'information pour montrer que le changement climatique est une réalité.

Comme je l'ai indiqué, les données portent sur la température, la pression et l'importance des précipitations et du vent, mais, en plus, les nouvelles technologies, par exemple le Réseau canadien de détection de la foudre, déterminent où la foudre frappera, ce qui est très important pour la foresterie et d'autres industries comme la production hydroélectrique.

Le réseau de radars Doppler nous permet d'indiquer la configuration des précipitations sur des secteurs beaucoup plus grands de la région méridionale du Canada, par opposition aux points individuels que nous avions par le passé.

Le Service météorologique du Canada offre ses services par de nombreux moyens, en particulier la radiométéo et les médias, en vertu de partenariats conclus avec les chaînes de radio et de télévision. Internet est une méthode de plus en plus répandue. Si le nombre d'appels téléphoniques a augmenté, nous sommes probablement l'un des ministères où le volume des appels est le plus élevé. Ainsi, nous avons reçu par téléphone jusqu'à 50 millions de demandes de renseignements météorologiques. Ce nombre est en voie de diminuer au fur et à mesure que les utilisateurs se convertissent à Internet. Le nombre de visites dans nos pages Internet augmente d'environ 12 p.100 par mois. Internet est assurément un secteur où nous devons nous adapter pour répondre aux besoins des Canadiens.

Que faisons-nous de ces données? De toute évidence, nous avons besoin d'information pour les alertes et les phénomènes météorologiques violents, en particulier les alertes de tornade, de pluies fortes, mais aussi des prévisions qui revêtent de l'importance pour différentes industries, par exemple en ce qui concerne les gels précoces et tardifs ou les vents violents.

Outre les prévisions à court terme, c'est-à-dire de un à trois jours, nous pouvons faire des prévisions sur de un à quinze jours utiles pour une diversité d'activités liées aux industries agricoles et forestières, par exemple les semences, la lutte contre les ravageurs, l'irrigation voulue, etc.

Au-delà de la période de 15jours, il y a les prévisions saisonnières, qui portent sur quelque chose comme trois mois. Une fois de plus, ces mesures favorisent la planification dans les industries de tous les types. Après, on entre dans des prévisions à plus long terme, par exemple les prévisions climatiques.

Il est essentiel de pouvoir définir les tendances climatiques et les moments où le changement climatique intervient. Nous pouvons utiliser ces données nuancées et officielles pour montrer que les choses ont évolué au cours des dernières décennies. Sous la gouverne de l'Organisation météorologique mondiale, nous calculons la température moyenne sur une période de 30ans, et je suis heureux de mentionner que nous venons tout juste de terminer pour la période 1970-2000. La dernière série de données a été produite pour la période de 1960 à 1990. Ces données révèlent certaines tendances intéressantes.

Le SMC s'est toujours adapté aux besoins des Canadiens. Il y a un certain nombre d'années, nous effectuions nos prévisions à partir d'un bureau unique à Toronto. On acheminait les prévisions à l'aide des anciens téléscripteurs. Pour les communiqués, on affichait parfois un écriteau sur le côté des trains. Il n'y avait qu'à les lire au passage. De toute évidence, cette technologie n'est pas à la hauteur de nos moyens d'aujourd'hui.

Pendant les années de la guerre, à cause du nombre d'avions qui survolaient le Canada dans le cadre de missions d'entraînement, et ainsi de suite, on a assisté à une augmentation rapide du nombre de bureaux de prévisions et du nombre de personnes qui fournissaient des renseignements aux membres des équipages aériens.

Plus récemment, nous pouvons apporter certains changements des plus importants grâce à la technologie. J'ai déjà fait référence au fait que le téléphone était un moyen de communication et que nous nous orientons maintenant vers Internet. Il y a quelques années, les frais d'interurbain étaient très élevés. De nos jours, les gens ne se déplacent plus pour obtenir les renseignements dont ils ont besoin. Ils accèdent à l'information de l'endroit où ils se trouvent. Certains agriculteurs peuvent se brancher à Internet dans la cabine de leur tracteur. Si nous sommes en mesure de présenter les images radar sur Internet, ils prennent leurs propres décisions à caractère météorologique sur la foi des précipitations que laisse entrevoir l'image radar.

On a obtenu de bons résultats dans le cadre d'essais menés avec les producteurs de luzerne. La technologie leur semble extrêmement utile dans la mesure où elle leur permet de prendre des décisions selon une fenêtre de une demi- heure.

Nous essayons également de nous adapter à la demande accrue de services. De plus en plus de personnes demandent des renseignements susceptibles d'améliorer leurs propres entreprises, leur propre viabilité économique. Pour ces personnes, il importe d'avoir accès à ces données selon la présentation voulue et par Internet. Nous nous efforçons d'améliorer ces services.

Récemment, nous avons annoncé certains changements au Service météorologique du Canada. Les prévisions pour le Canada proviendront de cinq centres majeurs du pays. En même temps, nous allons constituer certains laboratoires de recherche où nous pourrons produire plus de données scientifiques de nature à améliorer l'utilisation des renseignements météorologiques ou climatiques.

En même temps, nous nous efforçons d'améliorer la diffusion et l'utilisation des données par les Canadiens. Nous augmentons le nombre de personnes qui travaillent dans ces domaines particuliers. À titre d'exemple, je peux parler des laboratoires de recherche et de leur impact éventuel sur les travaux du comité. Le laboratoire de recherche proposé à Edmonton s'intéressera aux activités hydrométéorologiques. Ce travail sera utile du point de vue de l'approvisionnement en eau et de l'augmentation éventuelle du nombre d'épisodes de sécheresse dans les Prairies canadiennes.

Dans un autre de nos laboratoires, nous nous intéresserons aux phénomènes météorologiques violents en vue d'améliorer les prévisions et les alertes transmises à l'ensemble des Canadiens, y compris dans des industries spécialisées comme l'agriculture.

L'horizon prévisionnel sera étendu jusqu'à 15jours. Au fur et à mesure que nous améliorerons la qualité de ces prévisions, les intéressés seront en mesure de mieux planifier au sein de leurs industries respectives. Les recherches en modélisation amélioreront les prévisions saisonnières, ce qui, du point de vue de l'agriculture, favorisera un meilleur choix de récoltes et une meilleure compréhension des moments appropriés pour les semis.

Le Service météorologique du Canada s'intéresse également au changement climatique et à l'adaptation. Mon collègue, M.Street, est un de nos spécialistes dans ce domaine. Par le passé, nous avons indiqué que nous allions devoir nous adapter à une augmentation du nombre d'épisodes de sécheresse à l'est des Rocheuses.

Ailleurs, on note une hausse possible de la fréquence des phénomènes liés aux précipitations qui causent des inondations, de l'érosion et ont des impacts sur des facteurs agricoles. Étant donné la multiplication des épisodes de sécheresse, nous savons quels types de récoltes planter et les effets sur les rendements.

Au cours des 50 prochaines années, les secteurs de l'agriculture et de la foresterie changeront progressivement en raison du changement climatique et du dédoublement des émissions de CO2. Je tiens à souligner que ces phénomènes se déplacent vers les régions nordiques, où les habitants sont peu nombreux, et les données, limitées.

Le SMC a été associé à diverses activités qui ont un impact sur le secteur agricole et forestier. Je pense en particulier au cadre de gestion de la politique agricole dont vous avez sans doute déjà entendu parler. Dans ce contexte, nous sommes sur le point de signer un protocole d'entente avec Agriculture et Agroalimentaire Canada pour répondre à un certain nombre de nos besoins communs en données. Nous allons travailler en partenariat. Pour ces données, nous misons sur le Réseau des stations climatologiques de référence, qui comptent plus de 300centres partout au pays. Ces stations fournissent des données à long terme sur les températures et les précipitations, le vent et d'autres paramètres, par exemple l'importance des radiations reçues par la Terre. Nous pouvons utiliser de telles données pour détecter les tendances du changement climatique.

Les scientifiques du Service météorologique du Canada collaborent avec d'autres industries et ministères à la mise au point de modèles de culture et de modèles de dissémination des parasites pour tenter de déterminer le moment où recourir à des épandages de pesticides.

Le Service météorologique du Canada mise sur un conseil consultatif composé de personnes issues de divers secteurs de la météorologie. En particulier, nous avons à Winnipeg quelqu'un du secteur de l'agriculture et du centre des feux de forêt.

Nous nous efforçons de moderniser un certain nombre de stations climatologiques de référence. Nous nous employons à les mettre à niveau partout au pays de façon à constituer un véritable réseau de référence. Nous tentons également d'avoir des renseignements en main pour répondre aux besoins de demain.

Nous continuons également de nous intéresser aux impacts et à l'adaptation. Comme je l'ai indiqué, nous travaillons à l'élaboration de diverses cartes dont consultation sera utile. De concert avec nos collègues américains, nous mettons au point une carte des sécheresses pour l'ensemble de l'Amérique du Nord. Uniformes des deux côtés de la frontière, les données seront accessibles à tous.

Les secteurs de l'agriculture et des forêts sont des clients et des partenaires importants pour le SMC. Nous nous échangeons des données. Nous nous efforçons d'avoir les mêmes normes et de partager l'information de façon équitable. Nous collaborons également à des projets de recherche. Nous bénéficions d'une occasion en or de mieux utiliser les informations que nous possédons de part et d'autre et d'améliorer le savoir des Canadiens tout en contribuant à la viabilité économique du Canada.

Nous devons enrichir notre connaissance des scénarios climatiques et des moyens d'adaptation. À la lumière des tendances que nous observons dans le dossier du changement climatique, ces éléments revêtent de l'importance.

M. Roger Street, directeur, Groupe de recherche sur l'adaptation et les répercussions, Service météorologique du Canada, Environnement Canada: J'aimerais ajouter à ce que M.Nichols a dit au sujet des impacts et de l'adaptation. Nous avons vu que les données pouvaient servir au mécanisme de gestion et de planification. On a mis sur pied un centre d'élaboration de scénarios authentiquement liés à un certain nombre d'utilisateurs partout au pays. Ce centre a pour but de fournir de l'information sur les modèles climatiques d'une manière qui permette de comprendre l'adaptation. Nous nous sommes particulièrement intéressés au moyen de transmettre cette information à diverses communautés d'utilisateurs, y compris l'agriculture et la foresterie, avec lesquelles nous travaillons en collaboration.

Le président: Quelles mesures prenez-vous pour communiquer ces informations aux diverses communautés?

M. Street: Récemment, vous avez entendu le Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l'adaptation (C-CIARN). Nous offrons aux représentants de ces communautés des séances de formation sur les moyens d'utiliser les informations découlant des scénarios. Nous présentons l'information par l'entremise du réseau et d'autres organisations professionnelles, de façon qu'elles soient au courant de l'existence de telles données et de la façon de les utiliser.

Le président: Dans quelles provinces l'avez-vous fait jusqu'ici?

M. Street: En Colombie-Britannique et au Québec. Nous nous efforçons de convenir du moment pour les Prairies et la région de l'Atlantique, et nous aimerions également aller dans le Nord. Les Prairies devraient venir ensuite sur la liste, d'ici un mois ou deux.

Le président: Avez-vous autre chose à ajouter, monsieurStreet, avant que nous ne passions à la période de questions?

M. Street: Avec votre permission, je préférerais réserver le temps aux questions.

Le président: MonsieurNichols, d'autres nous ont dit que la réorganisation proposée des activités de prévision météorologique du SMC repose sur des changements technologiques qui permettent maintenant d'effectuer des prévisions à distance avec la même exactitude et la même opportunité. Des prévisions météorologiques précises revêtent une importance critique pour de nombreux secteurs de notre économie, notamment l'agriculture, mais aussi pour des questions touchant la sécurité, puisqu'il arrive parfois que la météo fasse des victimes.

Avez-vous des preuves qui montrent que le système découlant de la centralisation des activités de prévision dans les cinq centres produira des prévisions au moins aussi exactes et fiables que le système actuel?

Quelle garantie pouvez-vous donner au comité que les prévisions météorologiques seront améliorées?

Environnement Canada a-t-il examiné les conséquences pour la sécurité de cette réorganisation des activités liées aux prévisions météorologiques?

Pouvez-vous prouver que la centralisation des activités de prévision dans cinq centres n'entraînera pas une réduction du degré de sécurité?

M. Nichols: Il y a une différence considérable entre la prévision et l'observation du climat. Nous avons partout au pays des stations qui ont pour mandat d'observer les paramètres. Les informations sont ensuite acheminées dans les bureaux, et, pour faire des prévisions, on ne se contente pas de regarder par la fenêtre puisque, pour produire de telles données pour l'ensemble du pays, nous aurions besoin de milliers de bureaux météorologiques.

Actuellement, il n'y a probablement que huit bureaux qui font des prévisions. Dans certains d'entre eux, on se concentre sur des prévisions à l'intention de l'industrie aéronautique pour une très grande partie du pays.

À Edmonton, par exemple, un seul bureau effectue des prévisions pour l'industrie aéronautique portant sur 52 p.100 du territoire national. La qualité du bureau et de ses produits continue de s'améliorer. On peut en faire la preuve.

Les améliorations que nous apporterons grâce aux changements s'expliquent comme ceci: on réunira les centres d'expertise, des centres d'excellence individuels où un plus grand nombre de scientifiques pourront interagir de part et d'autre de la table et collaborer à la mise au point de meilleures prévisions.

Avec ce type d'accord, nous nous efforçons de dégager les particuliers pour qu'ils puissent mettre au point plus de données scientifiques par eux-mêmes et se perfectionner, ce qui devrait également favoriser l'amélioration des prévisions.

À l'heure actuelle, je ne crois pas que quiconque soit en mesure de dire d'où viennent les prévisions. J'oserais dire que très rares sont ceux qui savent d'où proviennent leurs prévisions. Au Canada, c'est Pelmorex qui exploite la chaîne Météo Média du secteur privé. Aux États-Unis, AccuWeather occupe un seul et même bureau à Boston. Le service de prévisions de la Nouvelle-Zélande effectue son travail de prévision pour toutes les régions du monde à partir de ses bureaux de la Nouvelle-Zélande. Si nous avons les informations, la technologie nous permet de les réunir en un endroit ou en un certain nombre d'endroits et d'effectuer les prévisions à partir de là.

Il est vraiment important de miser sur des données de qualité. J'ai déjà fait référence à la création d'un réseau de radars Doppler.

Le Canada modernise ses installations depuis quelques années. Nous espérons mettre en place les quatre derniers radars Doppler l'été prochain. Nous disposerons ainsi d'un réseau de 31 radars Doppler répartis aux quatre coins du pays.

Ces radars, au lieu de mesurer les précipitations en un point donné, nous permettent d'examiner un rayon de plus de 200 kilomètres et peut-être même plus avec un degré de précision raisonnable. La vue de la configuration des précipitations et de la trajectoire des tempêtes nous permet de recevoir des alertes de plus grande qualité, plus précises et plus opportunes. Nous sommes en mesure d'émettre une alerte pour une région beaucoup plus circonscrite. En d'autres termes, on réduit les fausses alertes pour un certain nombre de personnes, ce qui a de l'importance lorsqu'on a affaire à des alertes d'orages violents et de tornades.

On améliorera le régime de prévisions, et la qualité de ces prévisions continuera de se bonifier.

Nous nous efforçons également de perfectionner les données scientifiques, la capacité scientifique des membres de notre personnel et les méthodes d'observation dont nous disposons, par exemple les radars et les systèmes de détection de la foudre, qui, il y a un an et demi, n'étaient pas organisés en réseau national.

Il y a quatre ans, il y avait une diversité de réseaux provinciaux qui ne couvraient pas une large part du Canada. Aujourd'hui, nous avons un réseau de détection de la foudre qui s'étend sur toute la zone peuplée du sud du Canada et s'étend jusqu'aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut.

Le président: Merci de cette excellente réponse.

Le sénateur Gustafson: Ma ferme se situe à la frontière des États-Unis. Pour avoir des prévisions météorologiques exactes, nous communiquons avec Williston, dans le Dakota du Nord. Ces prévisions semblent beaucoup plus exactes pour notre région que celles que nous recevons du Canada. Comment expliquez-vous ce phénomène?

M. Nichols: Je pense que ce serait difficile à prouver parce que les responsables du centre de prévision de Winnipeg communiquent quotidiennement avec les responsables du Dakota du Nord. Ils discutent toujours et comparent leurs données météorologiques. Il y a un échange d'informations continu.

Il est parfois difficile de circonscrire les données à l'endroit où vous vivez parce qu'il s'agit d'une région particulière. Si les données visent la région où vous vous trouvez, mais que vous vivez à la frontière du secteur en question, il est possible que les données qui s'appliquent à la région adjacente, dans ce cas-ci la frontière des États-Unis, s'appliquent mieux.

Nous nous efforçons de réduire la taille des régions pour éviter le genre de situation que vous décrivez. D'ici deux à trois ans, nous espérons pouvoir disposer d'informations qui nous permettent d'établir un point de grille rapproché de votre ferme. Vous seriez alors en mesure d'obtenir cette information sur Internet et d'y ajouter les données radar qui, pour votre région, sont plutôt bonnes. Ainsi, vous bénéficieriez de meilleures prévisions pour vos activités.

Le sénateur Gustafson: Ce que vous expliquez me semble correspondre à la réalité. À 30milles au nord, les conditions atmosphériques sont souvent tout à fait différentes de celles qui sont en vigueur là où nous vivons.

M. Nichols: Nous tentons de réduire au maximum la taille des régions, mais nous avons les médias comme partenaires puisque c'est à eux que revient surtout la responsabilité de communiquer le message, et ils ne tiennent pas à ce qu'on fragmente trop un secteur. Avec nos partenaires, nous nous efforçons d'arriver à un certain équilibre. C'est dans des cas comme le vôtre qu'Internet devient un outil si utile. Nous pouvons présenter les prévisions sur un graphique. Vous vous rendrez peut-être compte que la frontière est beaucoup plus proche de l'endroit où vous vivez que vous l'auriez cru.

Le sénateur Carney: Où est M.Street?

M. Street: Je travail à partir de Brampton.

Le sénateur Carney: Je voulais simplement m'assurer que vous n'étiez pas à Iqaluit.

Le sénateur Carney: M.Nichols a dit qu'on pouvait faire la preuve de l'exactitude. Le président ou le comité aimerait peut-être avoir en main les renseignements que vous avez prouvant l'exactitude du régime proposé par rapport au régime antérieur. Nous vous en saurions gré puisque la question de votre exactitude pose toujours problème.

Le président: Pourriez-vous faire parvenir cette information à la greffière du comité?

M. Nichols: Oui. L'un des aspects dont vous voudrez peut-être tenir compte a trait à un point particulier et n'est pas propre à l'agriculture. La question porte sur une région plus grande. Il est facile de montrer l'exactitude des prévisions aéronautiques parce qu'elles portent sur un point particulier, à propos duquel on dispose de mesures. Nous sommes en mesure de prouver de façon plutôt claire qu'elles se sont améliorées au cours des dernières années.

Le sénateur Carney: La région qui m'intéresse tout particulièrement comprend les collectivités côtières de la Colombie-Britannique. Ces régions se plaignent du fait que la qualité des prévisions météorologiques pour la navigation s'est considérablement dégradée au cours des dernières années.

Pouvez-vous nos donner des informations sur la qualité et la fréquence des prévisions aéronautiques ainsi que sur la satisfaction des clients puisque c'est ce qui explique une bonne part du problème qui se pose sur la côte Ouest?

À Vancouver, on nous a dit qu'il n'y a aucune station météorologique en altitude dans l'Ouest canadien et que c'est un des facteurs qui expliquent le problème des avalanches en Colombie-Britannique. Selon les dernières estimations, de 20 à 30personnes sont mortes cet hiver seulement à cause d'avalanches. Les témoins ont dit que l'une des raisons était, et je cite: «Impossible de prévoir les avalanches puisqu'on ne sait pas ce qui se passe là-haut.».

Est-il vrai qu'il n'y a pas de stations météorologiques en altitude dans l'Ouest canadien?

Dans le même ordre d'idées, je sais qu'il n'y a pas d'installations radar sur la côte Nord parce que c'est ce que me disent de députés de l'Alliance.

Quel est l'impact de la présence ou de l'absence de stations météorologiques en altitude dans le pays des avalanches? Y a-t-il lieu de s'inquiéter? En tout cas, c'est ce qu'on nous a dit, et c'est ce qui figure dans le compte rendu du Sénat.

M. Nichols: L'information est utile — cela ne fait aucun doute. La difficulté que représente l'aménagement de stations en très haute altitude, c'est-à-dire au sommet des montagnes, est qu'elles risqueraient d'être très rapidement ensevelies sous une épaisse couche de neige. Ce qui vous intéresse, ce sont les données nécessaires pour la prévision des avalanches. La quantité de neige et le type de neige font partie des renseignements qui seraient fournis. À mon avis, des informations sur la température, la pression, etc. recueillies à un point particulier ne revêtent pas autant d'importance pour la prévision des avalanches.

Le profil vertical des températures, au fil et à mesure qu'on monte dans l'atmosphère, est un élément très important. Où sont les niveaux de fonte et de gel? Dans l'ensemble du pays, nous avons environ 31sites en altitude. Ils sont donc relativement bien répartis. Il y en a un à Kelowna, un à Port Hardy et un à Edmonton.

Le sénateur Carney: Pardonnez-moi, mais ce n'est pas là que les avalanches surviennent. Elles se produisent dans les Kootenays, et Kelowna se trouve à deux vallées de là.

M. Nichols: Je sais, mais nous travaillons avec les compagnies aériennes qui desservent régulièrement ces vallées.

C'est l'été dernier, je crois, que nous avons annoncé un partenariat avec Air Canada Jazz, à commencer par l'est du Canada: nous utilisons la température et les vents calculés par les instruments des appareils pour compléter les mesures réelles de la température en altitude.

Cette année, le programme se déplace vers l'Ouest canadien avec le parc d'Air Canada Jazz. Nous espérons également consolider notre partenariat avec Air Canada pour avoir plus de paramètres à notre disposition, y compris l'humidité au fur et à mesure que l'avion s'élève et descend dans l'atmosphère ou effectue son trajet. Grâce aux nouvelles technologies, nous disposerons dans les faits de plus d'information. Nous aurons des données sur des régions comme Castlegar, très près du parc Kokanee, où les dernières avalanches se sont produites. Au cours des deux ou trois prochaines années, nous disposerons de plus d'information pour faire face aux problèmes que vous décrivez.

Le sénateur Carney: En 1995, le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles a présenté un rapport sur les stations météorologiques, sur les Systèmes automatiques d'observation météorologique (SAOM). L'étude faisait suite aux mesures prises par Environnement Canada et d'autres pour remplacer les observateurs humains de la température dans 30 des 56 bureaux météorologiques locaux qu'on fermait un peu partout au pays. Le Sénat a formulé un certain nombre de recommandations ou de demandes concernant le fonctionnement des SAOM que j'aimerais maintenant vous soumettre.

Je ne veux pas monopoliser le temps du comité ce soir, mais nous avons formulé des recommandations et soulevé des questions à propos de l'utilisation des SAOM, afin de savoir si le remplacement des observateurs humains à ces postes constituait un danger ou au contraire contribuait à un accroissement de la sécurité.

Qu'est-il arrivé aux SAOM? Le système est-il en place? A-t-on relevé de nombreuses lacunes? J'aimerais avoir une mise à jour sur un rapport qui, à l'époque, m'a fascinée.

M. Nichols: Il y a des avantages aux observations humaines et des avantages aux observations mécaniques. L'avantage de l'humain, c'est qu'une personne peut intégrer ce qu'elle voit en consultant l'horizon. Nous disposons de caméras vidéo qui voient effectivement les changements qui se produisent à l'horizon.

En ce qui concerne les observations réelles, il est possible que, dans les sites d'observation humaine, si on s'occupe de prévisions aéronautiques, on doive écouter la radio. Si, à un moment donné, il n'y a qu'une seule personne, il est possible que des changements survenus à l'extérieur échappent à l'intéressé, occupé par d'autres activités.

L'avantage des observations mécaniques, c'est que nous pouvons prendre autant de lectures identiques que nous le voulons, par minute ou par heure. Les informations ont beau être très différentes, elles sont toutes utiles. Il s'agit de savoir comment utiliser les écarts dans les informations. La répartition de la même lecture toutes les minutes ou toutes les cinq minutes fournit de formidables quantités d'informations que nous pouvons utiliser. Il a fallu du temps pour savoir comment s'en servir; mais c'est vers là que nous nous dirigeons. Les observations automatiques sont très utiles.

Le sénateur Carney: Dans notre rapport, nous indiquions que, en raison des lacunes des Systèmes automatisés d'observation météorologique, le niveau d'inquiétude était tel que, en décembre 1994, Transports Canada a imposé un moratoire sur la mise en service de nouveaux SAOM.

Environnement Canada a accepté de ne pas réduire le personnel de ses bureaux actuellement chargé des observations météorologiques pour l'aviation, tant que le moratoire de Transports Canada allait être en vigueur.

Lorsque le Sénat s'est intéressé à cette question pour la dernière fois, il y avait un moratoire sur le système météorologique automatisé, qui représentait la technologie de l'époque.

La question est très simple: Qu'est-il arrivé au Système automatique d'observation météorologique?

On pourrait discuter toute la soirée de la question de savoir si l'œil humain, à supposer que vous viviez sur la côte, est préférable à des transmissions automatisées inexistantes puisque il se trouve qu'il n'y en a pas sur la côte Nord. Rien de ce que vous avez dit ne prouve que de tels systèmes sont en place sur le littoral de la Colombie-Britannique ou, pendant qu'on y est, dans la région de la Colombie-Britannique au nord de Kelowna.

M. Nichols: Un certain nombre de SAOM sont toujours en activité, mais permettez-moi de terminer ma pensée. Premièrement, les SAOM ont principalement trait à l'aviation; c'était la principale préoccupation. Il y a environ six ans, on a formé NAV Canada pour s'occuper de toutes les questions relatives à la navigation aérienne. C'est l'organisme responsable des observations aéronautiques au pays.

Dans la plupart des cas, les SAOM complètent les observations humaines effectuées dans certains aéroports; d'autres aéroports sont indépendants, et les SAOM fournissent une partie de l'information. Nous utilisons également les SAOM, qui forment un système automatisé, dans certains de nos lieux publics.

Le sénateur Carney: Le moratoire ne s'applique donc plus? Avez-vous, de fait, installé de nouveaux SAOM?

M. Nichols: Je ne crois pas qu'on en ait installé de nouveaux. Cependant, je pense que le moratoire portait sur l'aviation et non sur les prévisions publiques.

Le sénateur Carney: Je vais vous demander plus d'information parce que je n'ai pas l'impression que vous avez répondu à mes questions. Cette situation suscite de vives inquiétudes sur la côte Ouest, mais je ne veux pas monopoliser le temps du comité à ce propos.

En vertu de la réorganisation, quels services offrez-vous en Colombie-Britannique et au Yukon? On nous dit qu'il y a des lacunes dans cette région, et vous nous dites ne pas être encore rendus là-bas. Je pense que mes questions et mes préoccupations ont été suffisamment explicites.

M. Nichols: Je dirais que les services offerts en Colombie-Britannique et au Yukon équivalent à ceux qui sont proposés dans le reste du pays. Nous présentons des alertes, conformément à notre mandat. Nous fournissons des prévisions marines. En alimentant NAV CANADA, nous fournissons des prévisions aéronautiques pour les aéroports. En ce qui concerne les avalanches, nous travaillons en partenariat au moment où nous nous parlons, et nous fournissons des données aux responsables.

Le sénateur Carney: Ce que nous voudrions savoir, c'est qui sont ces responsables?

M. Nichols: La question des avalanches relève de la responsabilité du gouvernement de la Colombie-Britannique.

Le sénateur Carney: M.Street a-t-il quelque chose à ajouter à ce propos? Nous ne l'avons pas entendu.

M. Street: L'une des choses que je tiens à mentionner, c'est que nous avons défini les besoins de la région de la Colombie-Britannique. Le laboratoire national que nous créons en Colombie-Britannique s'intéressera en particulier aux questions météorologiques touchant les montagnes et le littoral. L'idée est de concentrer les efforts des chercheurs des services météorologiques ainsi que de mobiliser les scientifiques des universités, pas seulement en Colombie- Britannique, mais partout au Canada, afin de répondre à certaines préoccupations propres aux montagnes et aux collectivités côtières de la Colombie-Britannique.

Ce que nous voulons, c'est améliorer les services existants. Dans le cadre des investissements que nous avons consentis dans ce domaine, nous avons tenu compte du fait que le déploiement d'efforts sur la météorologie en montagne et sur le littoral améliorerait les services dont bénéficient déjà les personnes qui vivent dans des régions de nature complexe et dans des collectivités côtières. Voilà où nous mettons l'accent, et c'est l'une des raisons qui font que nous investissons dans ce secteur.

Le président: Honorables sénateurs, nous sommes censés libérer les témoins à 18h30, mais j'ai cinq sénateurs qui souhaitent poser des questions. Je vais donc prolonger la période jusqu'à 18h50.

Je viens de Lethbridge dans le sud-ouest de l'Alberta. Vous avez dit qu'il n'y avait pas grand-chose du côté des stations de montagne en très haute altitude.

Puis vous avez parlé de choses en altitude. Faites-vous référence à des satellites ou à des formes de ballon-sonde météorologique utilisés dans les régions montagneuses? Que voulez-vous dire?

M. Nichols: Nous bénéficions d'un balayage satellite pour l'ensemble du Canada, et nous l'utilisons pour les images. Je faisais référence à de gros ballons-sondes, libérés deux fois par jour à partir de 31 lieux au Canada et de nombreux emplacements partout dans le monde. Ils décollent avec une panoplie d'instruments qui mesurent la température, l'humidité et la vitesse des vents le long du parcours.

Nous utilisons maintenant les aéronefs pour compléter les données pour les portions inférieures de l'atmosphère, jusqu'à 25 000 ou 30 000 pieds. Nous disposons ainsi d'un grand nombre de données additionnelles, que nous n'avions pas autrefois.

Les ballons-sondes sont traditionnellement libérés deux fois par jour. Dans certaines régions particulièrement susceptibles aux phénomènes météorologiques extrêmes, à l'occasion dans les Prairies, nous en libérons un au milieu de la journée dans l'espoir d'établir plus clairement où les phénomènes météorologiques violents sont susceptibles de se produire; cependant, on a généralement recours à eux deux fois par jour. Il s'agit d'une formule très coûteuse.

Le fait que des avions survolent le territoire tous les jours et, dans de nombreux cas, desservent des aéroports plusieurs fois par jour entraînera une augmentation considérable des mesures de la température et du vent que nous obtenons pour les vallées et la plupart des petits aéroports échelonnés le long du territoire. Air Canada Jazz dessert Calgary, mais aussi Lethbridge et un certain nombre d'autres lieux dignes d'intérêt.

Le sénateur Fairbairn: Je n'ai pas de mal à croire que vous soyez en mesure d'établir la vélocité du vent. Dans cette région de l'Alberta, le vent est difficile à manquer; il descend par le pas du Nid-de-Corbeau, et c'est ainsi qu'il arrive chez nous.

Il y a quelques années, nous avons été victimes d'une terrible inondation qui a pris naissance dans les montagnes près de Pincher Creek et qui, par la rivière Old Man, est descendue jusqu'à Lethbridge pour ensuite gagner Medicine Hat. Les effets ont été dévastateurs. Tout s'est passé si vite que même les animaux, malgré leur instinct, n'ont pu fuir à temps. Le phénomène s'explique par les pluies de printemps et je ne sais quoi, mais il y avait des champs de glace fissurés, et c'est par là que l'eau est venue.

Quels sont les éléments de votre réseau qui, absents, il y a environ six ans, permettraient aujourd'hui de détecter un tel phénomène?

M. Nichols: Si je me rappelle bien ce cas particulier, il y avait eu un épisode de précipitations très violentes et très localisées. Une grande quantité de pluie et de neige était tombée au cours d'une très brève période dans la région donnée, ce qui a entraîné un dépassement de la capacité des barrages. Ils ont donc cédé.

Il existe eux choses que nous utilisons maintenant et que nous utiliserons à l'avenir. Le premier outil est le radar. Le radar balaie une partie de cette région, ce qui nous donnera une bien meilleure idée des précipitations attendues. À l'heure actuelle, nos sites d'observation sont répartis un peu partout au pays. Souvent, les précipitations très lourdes et très intenses touchent une région très petite et localisée. Parfois, la région concernée ne se trouve pas dans un secteur pour lequel nous disposons d'observations. Le radar nous permettra de tenir compte des régions qui se trouvent entre les sites d'observation actuels et d'avoir une bien meilleure idée de l'importance des précipitations.

La deuxième série d'outils a trait aux modèles numériques auxquels j'ai fait référence dans ma présentation. On améliore actuellement la précision des modèles informatiques que nous utilisons. Nous nous tournons vers des échelles de plus en plus petites, grâce auxquelles on aperçoit effectivement une plus grande partie des terrains montagneux. La qualité de ces modèles s'améliore sensiblement, et nous sommes en mesure de repérer les précipitations plus intenses.

Même l'événement auquel vous avez fait référence, sénateur, avait été bien prévu. Étant donné qu'il s'agit d'une région où les précipitations sont fortes, nous avons travaillé avec le gouvernement de l'Alberta pour le groupe responsable des alertes en cas d'inondation. Les alertes ont été émises d'avance. L'inondation s'est déplacée très rapidement, ce contre quoi nous ne pouvons rien, mais nous avons eu la preuve de l'existence d'un partenariat entre le gouvernement de l'Alberta et les responsables des prévisions du gouvernement fédéral, des responsables des prévisions pour les cours d'eau et des météorologues. Ils ont à cette époque fourni des données sur l'épisode de précipitations très marquées dans une région très petite, et des alertes ont été émises pour le secteur. Comme vous l'avez dit, la situation a évolué très rapidement, ce qui représente un problème. Nous devons aider les gens à réagir et leur communiquer toute l'information voulue pour qu'ils évitent le danger.

Le sénateur Fairbairn: Tout ce que vous dites a un impact important sur les discussions que nous avons au sujet de l'adaptation au changement climatique. Nous avons affaire ici à une région où l'agriculture a déjà été durement touchée. Toute cette région, de même que des parties de la Saskatchewan, a été dévastée au cours des quatre dernières années, en gros. La capacité du monde agricole d'avoir une idée rapide des changements et des perspectives pour la région est de toute évidence une question de vie et de mort.

Vous avez dit créer toutes sortes de merveilleux appareils faisant appel à la technologie et aux ordinateurs. Vous pouvez vous brancher près de la ferme du sénateur Gustafson pour lui donner une idée de ce qui se prépare.

Je sais que nous tenons pour acquis que les liens informatiques sont répandus au Canada, probablement plus que dans tout autre pays. Cependant, ce n'est pas nécessairement vrai dans la communauté agricole. Il y a de nombreuses personnes qui n'utilisent pas ce genre de technologie ou qui ne l'ont pas au bout du doigt. Dans quelques années, nous en serons peut-être là, c'est-à-dire que tout le monde sera branché, mais ce n'est pas la réalité d'aujourd'hui.

Dans votre planification, à quoi vous en remettez-vous lorsque vous tentez d'obtenir ce genre d'information? Vous fiez-vous à l'ARAP ou envisagez-vous l'utilisation d'autres méthodes, plus directes même?

M. Nichols: Je pense que nous devons dissocier l'adaptation, qui est un processus pluriannuel à long terme, de ce à quoi vous faites référence, c'est-à-dire les alertes en cas d'inondation éclair. C'est un phénomène qui se produit et a des effets immédiats.

Le sénateur Fairbairn: Je posais la question de façon plus générale.

M. Nichols: À plus long terme, ce sont des secteurs à propos desquels de l'information nous parviendrait graduellement. Il y a des documents sur le changement climatique et l'adaptation. Je pense que je préférerais que M.Street vous réponde. Il connaît beaucoup mieux que moi les communautés scientifiques.

M. Street: Je veux dire deux choses. Le sénateur a raison d'affirmer que le bureau météorologique et l'accès à l'information météorologique seront d'importants outils d'adaptation qui nous aideront à faire face aux changements que nous prévoyons. L'accès à l'information continuera d'avoir une importance vitale. Je suis d'accord, et nous assurons des travaux d'approche et nous examinons avec les collectivités concernées les divers modes d'accès à l'information. Dans les sondages que nous avons effectués auprès de l'ensemble des Canadiens, Internet ressort à titre de volet limité, mais en pleine croissance.

Nous devons travailler avec d'autres moyens de véhiculer les prévisions et l'information s'y rapportant, comme M.Nichols l'a dit dans son exposé.

En ce qui concerne l'adaptation, je vais me référer en particulier aux Prairies et à l'Alberta. De concert avec le gouvernement de l'Alberta, nous travaillons à un cadre d'adaptation pour le Canada. Nous le faisons non seulement en Alberta, mais aussi dans le reste du Canada. Nous pensons qu'il est très important que cette information soit disponible.

Nous collaborons avec l'ARAP. Nous travaillons aussi avec Coopération des Prairies pour la recherche en adaptation à Regina, ce qui nous permet de communiquer de l'information aux habitants des Prairies.

Le travail s'effectue par l'entremise des gouvernements provinciaux, de quelques municipalités et de la communauté des chercheurs. L'IIDD est présent au Manitoba. Nous avons recours à divers moyens pour communiquer l'information aux Canadiens.

Le sénateur Hubley: Un témoin que nous avons entendu la semaine dernière, M.Dore de l'Université Brock, nous a informés que, vers 1942, la tendance des désastres hydro-météorologiques au Canada s'était transformée. Il avait avec lui un graphique montrant une augmentation de la fréquence à laquelle de tels phénomènes se produisent. J'en parle à titre de toile de fond pour les questions.

Vous avez dit que des satellites balaient l'ensemble du territoire canadien. Est-ce exact? Cela comprend-il aussi les espaces maritimes?

M. Nichols: Exactement. Il y a deux systèmes de satellites. En fait, il y en a plusieurs. Les deux qui sont le plus souvent utilisés sont un système géostationnaire qui, toujours au-dessus du même point sur l'équateur, prend une image toutes les demi-heures. Aux États-Unis, c'est la NOAA qui effectue ce travail. L'autre système se compose de satellites orbitaux polaires qui balaient toutes les régions.

Le sénateur Hubley: Comment les images radar sont-elles recueillies?

M. Nichols: Nous avons un réseau de radars. Nous l'élargissons à l'ensemble du pays. À l'heure actuelle, il y en a 27 d'installés. Quatre autres le seront au cours de l'été. Ces quatre se trouveront à Chipman, au Nouveau-Brunswick, à Dryden, en Ontario, à Timmins, en Ontario et à Prince George, en Colombie-Britannique.

Ces stations colligent des données de façon continue. Toutes les dix minutes, nous lions les données entre elles et nous produisons une carte du Canada. En fait, il est plus facile de la lire par morceaux que d'envisager l'ensemble du Canada. L'échelle devient passablement petite.

Il est intéressant de voir les tempêtes traverser le pays. Tout comme sur un balayage satellitaire, nous avons en main des balayages radar qui nous fournissent ce genre d'information.

Le sénateur Hubley: Nous voyons le météorologue nous dire le temps qu'il fera à la télévision le matin ou le soir. C'est à ce moment, je suppose, que je reçois l'information. Vérifiez-vous l'exactitude des informations que ces personnes rapportent? Leur fournissez-vous les renseignements?

M. Nichols: Nous fournissons des renseignements à l'usage de tous. Cependant, il existe aussi de nombreuses entreprises du secteur privé qui font des prévisions. Il existe des sociétés de partout dans le monde qui fournissent de l'information aux différents médias, et le consommateur choisit la société qui lui convient.

Le sénateur Hubley: Vous avez souligné que, aux fins des prévisions météorologiques, il est plus efficace de cibler une région donnée. Quelle serait la taille de la région en question?

M. Nichols: Un bureau des prévisions se compose d'un prévisionniste assis à une table et travaillant aux prévisions pour une région donnée. La taille de la région dépend en partie de l'importance de l'activité météorologique en cause. C'est cette activité qui détermine combien de personnes nous affectons à une région donnée.

Le président: Vous avez dit que l'un des écrans radar s'étend sur environ 200milles.

M. Nichols: J'ai parlé d'un rayon de 200 kilomètres.

Le sénateur Hubley: Ce détail m'avait échappé.

M. Nichols: Il s'agit simplement d'une source de données. Un prévisionniste peut tenir compte de cinq radars qui suivent l'évolution des conditions météorologiques ou même plus. Une personne peut s'intéresser à divers systèmes de la sorte.

Habituellement, nous lions les images entre elles pour avoir une image composite. Un prévisionniste peut, s'il le désire, réduire l'échelle pour s'intéresser à un phénomène particulièrement petit.

Une fois de plus, je vous répète qu'il n'est pas nécessaire d'être présent dans toutes les régions pour lesquelles des prévisions sont établies. Nous recueillons des données portant sur un vaste territoire et provenant d'une diversité de senseurs différents, puis nous acheminons ces renseignements vers un endroit, où nous établissons les prévisions.

Le sénateur Hubley: Vous avez parlé des prévisions et d'informations spécifiques pour les aéroports, les communautés agricoles et les pêcheurs, à condition qu'ils aient des ordinateurs à bord. Prenons, par exemple, le cas d'un pêcheur. S'il part en mer le matin fort d'une prévision donnée, il doit avoir une idée de la probabilité d'un retour au port en toute sécurité. En ce qui concerne les communautés de pêche, il est certain que l'exactitude des prévisions météorologiques revêt une très grande importance.

Dans le cadre de vos travaux d'approche, offrez-vous de la formation ou des ateliers pour donner à la communauté agricole une idée des méthodes d'utilisation des écrans radar et des informations fournies afin qu'elle puisse les utiliser à son avantage?

M. Nichols: Oui, on offre de la formation à certains endroits. Tout dépend des clients et de leurs besoins. Nous travaillons avec la communauté des chercheurs pour veiller à ce que les particuliers disposent de cette information.

En mettant plus l'accent sur l'approche, comme nous le faisons, nous organiserons de plus en plus d'activités de ce genre. Nous essaierons non seulement de rendre l'information accessible, mais aussi d'expliquer comment l'utiliser à telle ou telle fin particulière.

Le sénateur Gustafson: Avez-vous une base de données sur les tendances météorologiques à long terme?

M. Nichols: J'hésite à cause de la formulation de la question. Les informations météorologiques sont toutes archivées. D'ici quelques semaines, nous espérons mettre cette information à la disposition de tous par Internet. Vous pourrez alors obtenir en ligne l'information climatique pour votre région.

Je crois que vous parlez aussi d'une carte météo. Celles-ci sont archivées, mais il est beaucoup plus difficile pour M.Untel d'y accéder. En ce moment, cela demande beaucoup de main-d'œuvre. Oui, nous avons toutes les cartes.

Le sénateur Gustafson: Est-ce que les données sont accessibles au public? Autrement dit, notre groupe pourrait-il demander des renseignements sur les 50 ou les 100 dernières années, et obtenir les données voulues?

M. Nichols: Les données elles-mêmes seront en ligne pour que tout le monde puisse y accéder d'ici quelques semaines. Nous en sommes à l'étape des tests.

Une partie des problèmes que nous éprouvons concerne la largeur de bande. J'ai signalé que le site Web du bureau météorologique augmente à un rythme de 12 p.100 par mois, ce qui veut dire que nous sommes continuellement en train d'accroître la capacité de la ligne pour qu'une information plus abondante puisse être diffusée aux Canadiens.

Nous souhaitons nous assurer d'avoir une capacité suffisante. Nous avons mis en ligne une très petite base de données sans faire de publicité, l'été dernier, et à peine trois jours plus tard, la ligne était saturée.

La demande est extraordinaire. Les gens souhaitent avoir cette information, et l'information sera mise à leur disposition.

Le sénateur Gustafson: J'aimerais étudier le cas d'information recherchée sur un secteur particulier. Nous téléphonons à Estevan, en Saskatchewan, pour connaître la météo chez nous.

Est-ce que c'est leur responsabilité de fournir le service en question? Qui détermine les secteurs locaux? Est-ce la collectivité locale qui est chargée de cela?

M. Nichols: Nous essayons de nous assurer que tout le monde peut y avoir accès. Les membres du groupe de rayonnement vont essayer de travailler avec les gens pour leur venir en aide. Toutes les bibliothèques au Canada ont probablement accès à Internet, de sorte que l'information, de fait, se trouve. Nous pouvons apporter l'information jusqu'au point le plus proche, là où vous vivez.

Le sénateur Gustafson: Je crois que vous avez répondu à cette question, mais je dois dire que, en Saskatchewan, on se soucie beaucoup du fait de ne plus avoir de station à Saskatoon ou à Regina. Vous n'avez maintenant que cinq grands centres météo, dans tout le Canada.

M. Nichols: Je reviens au fait que, de nos jours, la plupart des gens ne savent pas d'où proviennent leurs prévisions. Pour les gens à Edmonton, la prévision, en fait, est produite à Winnipeg. Dans la région d'Ottawa, on obtient une prévision qui vient de Toronto, et cela depuis plusieurs années.

Le sénateur Carney: C'est peut-être pour cela que les erreurs sont si fréquentes.

Le sénateur Gustafson: J'allais ajouter cela moi-même.

Le sénateur Day: Les gens du lower mainland de la Colombie-Britannique et aussi les gens de la Saskatchewan se soucient de la fermeture des stations de météorologie. Partout au Canada, les gens nous disent cela. C'est une préoccupation. Je ne crois pas que la réponse que vous nous donnez les satisfasse.

Du point de vue de ces collectivités rurales, ce sont des emplois dans la fonction publique qui sont perdus dans la région et la reprise des annulations qui ont eu lieu dans le passé. Nous avons un travail de communication à faire. Nous devons également rassurer les gens sur le fait que ces prévisions viennent peut-être de là, et c'est comme cela partout au pays.

Le sénateur Carney: Je dois vous corriger. Dans certaines parties de la Colombie-Britannique, cela ne marche pas pour la côte. Internet n'est pas disponible. Dans les collectivités de la côte, il faut une ligne commutée et de bonnes communications. On n'a pas cela. La diffusion à large bande est très fragmentaire.

Quand M.Nichols parle d'offrir les services sur Internet, il ne parle pas des services pour les gens qui ont besoin de renseignements météorologiques le long de la côte, depuis l'Alaska jusqu'à la périphérie de Vancouver.

Je suis heureuse du fait que vous ayez soulevé la question, sénateur Day. Nous voulons établir les lacunes et déterminer comment les services seront offerts.

Le sénateur Day: Nous avons d'énormes difficultés, comme vous en avez sur la côte Ouest, avec les pêcheurs de la côte Est. Nous avons des difficultés énormes à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du- Prince-Édouard.

Le président: Monsieur Nichols, voulez-vous réagir à cela?

M. Nichols: J'y voyais plus une affirmation qu'une question.

Le sénateur Day: C'était voulu.

Le président: C'est une affirmation importante.

M. Nichols: Tout à fait. Nous continuons à travailler en vue d'améliorer le niveau de service auquel ont accès tous les Canadiens. Le sénateur Carney a raison. Internet n'est pas offert partout. Tout de même, il existe d'autres moyens de communication. Il existe certains secteurs que nous n'allons peut-être jamais être en mesure de joindre parce que la technologie n'existe pas dans le secteur particulier en question.

Le sénateur Carney: Vous allez devoir faire autre chose.

Le sénateur Maheu: Cela a piqué ma curiosité, après avoir vu les six recommandations formulées dans le rapport de 1995, quand le sénateur Carney présidait aux travaux du comité. Ai-je raison de présumer que vous allez réagir aux résultats de ces six recommandations?

M. Nichols: Je vais examiner les recommandations en question et dire à la greffière où nous en sommes aujourd'hui.

Le sénateur Maheu: Je suis sûre que la greffière me communiquera ce renseignement.

Le président: Un des membres du comité, le sénateur Tkachuk ne pouvait assister à la séance aujourd'hui, car il siège à un autre comité, à Washington. Il a posé une question dans l'Ouest, et je voudrais vous la poser aujourd'hui. En son nom, j'aimerais vous poser la question pour que nous puissions obtenir une réponse qui sera inscrite au compte rendu.

Un témoin entendu par le comité à Regina a mis au point un outil de soutien décisionnel à l'intention des agriculteurs. Cela s'appelle «Grass Grow». C'est un modèle qui permet de déterminer en quoi le temps, les sols et les pratiques de gestion agissent de concert sur la production, le degré de rentabilité et les risques dans le domaine pastoral. Grass Grow s'articule autour de données climatiques qui doivent être téléchargées dans le programme du logiciel à partir d'Environnement Canada. Les données climatiques, toutefois, ne sont pas dans le domaine public, et quiconque souhaite se servir de cet outil doit verser des redevances à Environnement Canada.

La préoccupation a été signalée au comité dans l'Ouest, l'idée de devoir verser des redevances pour avoir accès à ces données de base. Pouvez-vous nous dire pourquoi les données climatiques ne sont pas facilement accessibles, dans le domaine public, sans frais?

M. Nichols: Je l'ai mentionné il y a quelques minutes — d'ici quelques semaines, les données seront offertes sans frais sur Internet, de sorte qu'elles pourront être téléchargées à destination d'un modèle comme celui de Grass Grow. C'est l'orientation que nous prenons depuis un certain temps déjà, depuis au moins un an. Quand les gens voudront qu'on interprète les données, il y aura des frais pour le service offert. Autrement dit, quand nous allons devoir étudier les données, les travailler, procéder à une évaluation et (ou) les inscrire dans un média très spécialisé, à la demande de quelques personnes, nous demanderons des frais pour le temps consacré à ce service. Il n'y aura pas de frais pour les données elles-mêmes.

L'idée de passer à Internet, c'est que tout le monde au Canada aura accès sans frais à l'information en question et pourra s'en servir comme vous l'avez indiqué.

Le président: Si on n'a pas accès à une large bande, à un service satellite ou à un service Internet haute vitesse, on sera désavantagé par rapport à d'autres Canadiens.

M. Nichols: Cela dépend du type d'information dont on a besoin. Le modèle dont vous parlez exige d'avoir des informations à jour. Il faudrait que les gens en question trouvent une façon d'obtenir l'information. Toutefois, l'information est disponible. Les données elles-mêmes sont offertes sans frais. Le mode de transmission exige une liaison qui prend une forme ou une autre, pour laquelle il y aurait des frais.

Le président: Messieurs Nichols et Street, au nom de notre comité, je vous remercie beaucoup d'avoir présenté cet excellent témoignage. Vous avez répondu à plusieurs de nos questions. Le comité a tout de même demandé que vous répondiez à quelques autres questions et que vous présentiez certaines informations et certaines données supplémentaires. Si vous pouvez le faire dès que possible, nous vous en saurons profondément gré.


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