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Hanouka

La fête des lumières

7 décembre 2018


L’honorable Sénateur Marc Gold :

Honorables sénateurs, c’est aujourd’hui le cinquième jour de Hanouka de l’an 5779 du calendrier juif. Durant les huit jours de Hanouka, les juifs allument des bougies, font tourner le dreidel, échangent des cadeaux et abusent des mets frits. Pourquoi, me demanderez-vous? Laissez-moi vous expliquer.

(0910)

En l’an 168 avant notre ère, le roi syrien Antiochos IV Épiphane envoie ses soldats à Jérusalem. Ceux-ci profanent le Temple, le lieu le plus sacré pour les juifs à l’époque. Antiochos abolit le judaïsme et installe dans le Temple des autels et des idoles destinés au culte des dieux grecs. Les juifs n’ont que deux choix : la conversion ou la mort. En réaction, Judas Maccabée prend la tête d’une armée de juifs qui remporte deux batailles décisives contre les Syriens et reprend possession du Temple.

La victoire des Maccabées s’inscrit aussi bien dans un conflit civil au sein de la communauté juive que dans la guerre qui opposait les juifs aux Syriens. L’empire d’Alexandre le Grand s’était agrandi de l’Inde à la Gaule et de nombreux juifs, attirés par la culture, la philosophie et la science grecques, affichaient une loyauté envers cet empire. En effet, plusieurs juifs hellénisés sont devenus de grands prêtres du Temple et ont pactisé avec Antiochos pour transformer Jérusalem en haut lieu de la culture grecque.

Si je vous raconte l’histoire de Hanouka, c’est parce que, comme bien d’autres fêtes juives, elle a quelque chose à nous enseigner à propos de la condition humaine et des défis propres à la vie moderne.

Hanouka est l’histoire d’une lutte identitaire entre les partisans de l’universalisme, favorisant la culture grecque, et les partisans du particularisme, prônant le nationalisme juif. L’humanité a déjà été témoin de conflits similaires à ceux d’aujourd’hui, notamment les défis auxquels font face les démocraties libérales assiégées par le nationalisme et le populisme ethniques, et les dilemmes que pose tout combat en vue de préserver une identité particulière de l’homogénéisation entraînée par la mondialisation.

L’histoire montre également la fragilité de certaines solutions à ces conflits et dilemmes et la nécessité de faire des compromis. Les Maccabées ont remporté une victoire militaire décisive et ont repris le contrôle du Temple. Cependant, très peu de temps après, ils ont dû conclure une entente avec les Syriens et accepter un helléniste modéré comme grand prêtre, en échange de la levée du siège du Temple. Hanouka rappelle qu’il faut forcément faire des accommodements en matière d’identité — religieuse, ethnique ou nationale — avec les autres éléments de la société à laquelle on appartient.

Ainsi, au moment où nous allumons des bougies, faisons tourner le dreidel, offrons des pièces de monnaie en chocolat, que nous appelons argent de Hanouka, et mangeons beaucoup de beignes — on ne peut s’empêcher d’aimer cette fête —, n’oublions pas les leçons plus profondes que Hanouka nous donne au sujet des enjeux auxquels nous sommes tous confrontés dans le monde actuel.

Je termine sur une note plus légère, parce que, si on met les leçons de côté, il faut dire qu’il s’agit d’une fête. Je termine en disant ceci, comme Adam Sandler :

[...] on a tellement de plaisir à célébrer Hanouka...

Je vous invite à goûter l’argent de Hanouka que vous trouverez à la bibliothèque et, comme ma grand-mère l’aurait dit, à vous amuser.

 

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