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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La tragédie du vol PS752 d'Ukraine International Airlines

Hommages

4 février 2020


L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Honorables sénateurs, il y a 27 jours aujourd’hui, le vol 752 d’Ukraine International Airlines pénétrait dans l’espace aérien de Téhéran. Bon nombre des passagers étaient en route vers le Canada, certains parce qu’ils y avaient leur domicile, d’autres pour s’y installer, y vivre en paix, y élever leurs enfants et y passer leurs vieux jours ou encore pour y étudier ou y travailler. Il y a 27 jours aujourd’hui, l’avenir de tous ces gens leur a été dérobé de manière aussi tragique que futile. Les 167 passagers et les 9 membres d’équipage ont tous péri, laissant dans le deuil famille, parents et amis. Ce furent 27 jours de consternation, d’horreur, de confusion, de douleur et de peine.

Au nom du gouvernement du Canada, j’offre mes plus sincères condoléances aux familles et aux amis de tous ceux qui ont perdu la vie dans cette tragédie. Nous pleurons nous aussi leur disparition et nous sommes solidaires de votre tristesse et votre deuil.

Aux membres de la communauté iranienne du Canada, sachez que nous partageons votre deuil. À ceux qui ont perdu un ami ou un collègue, nous partageons votre deuil. À ceux qui ont perdu leurs grands-parents, leurs parents, leurs sœurs ou leurs frères, nous partageons votre deuil également.

Aux parents, car bon nombre des victimes étaient des jeunes, je sais qu’il n’y a pas de mots susceptibles de pouvoir vous consoler. En fait, je crois qu’il n’y a tout simplement pas de mots pour décrire la souffrance qui doit être la vôtre.

Chaque communauté a ses traditions, ses façons bien à elle de comprendre la mort et de surmonter les tragédies comme celle-là, mais quelle que soit la communauté à laquelle nous appartenons, nous savons tous d’instinct que nous avons la responsabilité de tendre la main à notre prochain et de prendre soin de ceux qui souffrent. Cette responsabilité, sachez que tous les Canadiens savent qu’elle est la leur. En fait, c’est ce qui nous définit en tant que Canadiens, c’est ce qui nous unit. Alors en cette période de chagrin et de douleur, nous sommes solidaires les uns des autres.

Puisse le souvenir des victimes être une source de réconfort pour tous ceux qui les pleurent et puissent ces derniers ne pas être éplorés davantage.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition) [ - ]

Honorables sénateurs, le 8 janvier 2020 est une date qui restera à jamais gravée dans nos cœurs et nos esprits. Ce jour-là, personne n’aurait pu imaginer la tragédie qui allait se produire.

Il était 5 h 15 du matin, heure locale à Téhéran et heure prévue du départ du vol PS752 d’Ukraine International Airlines. Le vol a été retardé d’une heure. Même s’ils n’avaient aucun moyen de le savoir, cette heure était pour les 176 passagers à bord de l’avion la dernière de leur vie.

À 6 h 12, l’appareil du vol 752 est parti de l’aéroport international de Téhéran. Il devait se poser à Kiev à 8 heures, heure locale. Comme nous le savons, il ne s’est jamais rendu à destination.

Malgré une activité militaire intense, l’Iran avait négligé de fermer son espace aérien et permettait à des lignes aériennes de décoller et d’atterrir à Téhéran. Moins de deux minutes après que l’appareil a quitté la piste, le régime iranien a pointé deux missiles sur l’avion civil puis a fait feu. Les 176 personnes ont péri.

Lorsque les Canadiens ont appris la nouvelle au petit matin, on ignorait l’énormité des pertes. Mais, à mesure que le nom et l’identité des personnes tuées ont été connus, la nation a été assommée par la nouvelle. Sur les 176 passagers, 138 se rendaient au Canada, 57 étaient citoyens canadiens et 29 étaient résidents permanents. D’un bout à l’autre du pays, les familles, les amis et les proches étaient en état de choc devant l’ampleur de ce qui venait d’arriver.

Les Canadiens qui ont péri venaient de six provinces différentes et comptaient parmi eux des étudiants, des membres du corps professoral et des diplômés récents de 20 universités, collèges et instituts techniques partout au Canada. Ils étaient des ingénieurs, des dentistes et des médecins. Ils étaient des universitaires, des professeurs et des bénévoles. Il y avait des enfants, des scientifiques, des enseignants et des professionnels.

Mais, pour ceux qui les aimaient, ils représentaient beaucoup plus. C’étaient des mères et des pères, des frères et des sœurs, des maris et des épouses, des fils et des filles. C’étaient des colocataires, de nouveaux mariés, des voisins et des collègues. C’étaient des amis et des proches. Maintenant, ils sont disparus.

Cette tragédie est loin d’être terminée. En fait, pour ceux qui viennent de perdre un être cher, elle ne fait que commencer. C’est une vie remplie d’anniversaires et de fêtes manqués qui les attend. Chaque jour, ils verront les places vides à table et les visages qui manquent dans les photos de famille. Il n’y a pas de mots qui puissent amortir le choc d’une telle perte ou les vagues de regret qui nous envahissent pendant le deuil. Aucun discours ne pourrait atténuer la douleur ni diminuer l’envie d’avoir une autre occasion de dire « je t’aime » ou un peu plus de temps pour partager un dernier câlin.

Aux familles qui versent des larmes et aux amis qui sont en deuil, je dis que nos paroles ne peuvent pas atténuer la perte que vous ressentez. Cependant, nous espérons qu’en les entendant, vous ressentirez notre compassion. Vous n’êtes pas seulement dans nos pensées et nos prières; vous vous êtes aussi dans nos cœurs.

Que Dieu vous couvre de son amour infini et vous soutienne dans votre deuil. Merci.

L’honorable Raymonde Saint-Germain [ - ]

Honorables sénateurs, aux familles et aux proches des 176 victimes de cette horrible tragédie, j’offre, au nom des membres du Groupe des sénateurs indépendants, nos plus sincères condoléances. Je forme le vœu que la sympathie et la solidarité qui s’expriment aujourd’hui dans cette Chambre vous soient réconfortantes. Nous sommes de tout cœur avec vous.

Parmi les 176 victimes innocentes de cette tragédie, on compte des Ukrainiens, des Iraniens, des Britanniques, des Allemands, des Suédois, des Afghans ainsi que 63 de nos concitoyens. Il s’agit de 176 victimes innocentes et de bien d’autres encore lorsqu’on fait le décompte des membres de leurs familles, de leurs proches, de leur communauté et de leur pays. De ce nombre, sept étaient des citoyens du Québec, y compris un jeune couple sur le chemin du retour de son voyage de noces. Il y avait aussi des doctorants, des ingénieurs, des professeurs, des travailleurs, des individus et des familles avec leurs enfants au cœur de leur jeunesse. Autant de talent, d’expertise, de diversité et de richesse humaine perdus à tout jamais.

L’écrasement du vol 752 d’Ukraine International Airlines est une terrible tragédie, qui aurait pu dans une large mesure être évitée. Elle nous rappelle vivement que les véritables victimes des conflits entre États sont trop souvent des personnes innocentes.

C’est pourquoi je souhaite m’attarder aujourd’hui sur l’importance de la diplomatie et de l’ouverture dans notre société. Les conflits trouvent souvent leurs racines dans l’ignorance, l’incompréhension, la peur et la haine. Nous devons trouver des façons de lutter contre ces fléaux tenaces, en tant que parlementaires et pour honorer la mémoire des victimes de cette tragédie. Nous devons montrer la voie du changement et servir d’exemples à tout le monde. Nos paroles doivent être porteuses d’espoir et de vérité. Nous avons la responsabilité de lutter contre les discours haineux et la propagation de fausses nouvelles.

En tant que sénateurs, nous avons l’occasion de tisser des liens étroits avec des parlementaires étrangers. Nous devrions mettre à profit les possibilités qui nous sont offertes de promouvoir la diplomatie et la compréhension mutuelle afin d’éviter que de telles tragédies se reproduisent. Que les victimes reposent en paix.

Nous ne les oublierons jamais. Faramooshetan nakhahim kard.

Nous ne vous oublierons pas.

L’honorable Jane Cordy [ - ]

Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui au sujet des personnes qui ont perdu la vie tragiquement le 8 janvier 2020 au matin, à bord du vol PS752. Au total, 167 passagers et 9 membres d’équipage sont morts. Parmi les passagers, 138 se rendaient au Canada, dont 57 citoyens canadiens. Il s’agit du plus grand nombre de décès de Canadiens à bord d’un avion depuis l’attentat à la bombe contre le vol 182 d’Air India en 1985.

Bien que les circonstances entourant la tragédie soient nébuleuses et que de nombreuses questions demeurent sans réponse, il est important de continuer à penser aux victimes et, bien entendu, à leur famille et à leurs amis, qui doivent se remettre de la perte d’êtres chers.

Beaucoup de passagers étaient des étudiants ou des professeurs qui revenaient à une université canadienne après avoir passé le congé des Fêtes auprès de leur famille en Iran. C’était le cas de Masoumeh Ghavi, étudiante à la maîtrise en ingénierie de l’Université Dalhousie à Halifax. Ali Nafarieh, professeur à l’Université Dalhousie et propriétaire de la compagnie de technologie de l’information où travaillait Masoumeh, a dit à son sujet :

Elle était sans contredit l’une des meilleures étudiantes. Je me souviens qu’elle était toujours souriante. Outre ses compétences, ses connaissances et son expérience, elle apportait à la compagnie une énergie bien à elle. Elle a changé l’ambiance dans l’entreprise. Elle va beaucoup nous manquer.

Mandieh, la jeune sœur de Masoumeh, était aussi à bord de l’avion et s’apprêtait à entreprendre elle aussi des études universitaires à Halifax.

L’Université St. Mary’s a perdu deux étudiantes qui faisaient leur maîtrise en finances. Maryam Malek et Fatemeh Mahmoodi étaient des camarades de classe et des amies. Elles revenaient de leur congé des Fêtes, pendant lequel elles avaient célébré la fin de leur premier semestre. Les deux femmes parlaient trois langues. Une amie proche, Varun Agrawal, a dit ceci au sujet de l’écrasement :

Ce genre de chose ne devrait pas se produire. Ces personnes étaient parfaitement innocentes et cela n’aurait pas dû arriver.

La Dre Sharieh Faghihi, qui était dentiste à Halifax et qui a étudié à la Dalhousie Dental School, a été décrite comme une femme « toujours joyeuse » et comme une personne des plus aimables. Le dentiste Ebrahim Kiani a travaillé avec la Dre Faghihi. Il l’a rencontrée il y a 25 ans, lorsqu’elle dirigeait le département de parodontologie de l’Université Shiraz des sciences médicales, en Iran. Voici comment il a décrit la Dre Faghihi :

Elle était très gentille, elle partageait ses connaissances avec beaucoup de générosité et elle était très douée. Elle a été publiée dans nombre de revues [...] Elle a été une bonne conseillère pour moi.

Honorables sénateurs, ce sont de vraies personnes — des mères, des pères, des sœurs, des frères et des amis — qui revenaient au Canada à bord de cet avion. Pour les proches des disparus, perdre un être cher de cette façon semble inconcevable. De telles circonstances nous rappellent que notre vie peut changer radicalement en un clin d’œil. Une journée qui semble banale peut vite rester gravée à jamais dans notre mémoire, et de douloureux souvenirs peuvent s’y rattacher.

Honorables sénateurs, au nom du caucus progressiste, je transmets nos pensées et nos prières aux familles et aux amis de ceux qui sont décédés à la suite de cette tragédie insensée. Notre pays pleure la perte de Canadiens exceptionnels.

L’honorable Douglas Black [ - ]

Honorables sénateurs, je me joins à mes collègues du Sénat afin d’offrir mes plus sincères condoléances pour cette terrible perte de vies humaines causée par la destruction du vol 752. L’Alberta a subi une perte lourde et disproportionnée : parmi les 57 Canadiens qui ont été assassinés, 30 venaient de cette province. L’Université de l’Alberta, l’une des institutions de recherche de pointe du Canada, a dû faire face à la perte cruelle de 10 professeurs émérites, chercheurs et élèves exceptionnels qui nous ont été arrachés.

Le magazine The Economist, dans son dossier sur la tragédie, a noté que les victimes faisaient partie des esprits les plus brillants en Iran. Les universités canadiennes, comme il a déjà été dit, y compris l’Université de l’Alberta et l’Université de Calgary, ont grandement profité de cet exode de l’Iran des 40 dernières années. Maintenant, un grand nombre de ces membres actifs de nos collectivités nous ont été ravis.

En plus des étudiants et des universitaires brillants, nous avons perdu de nouveaux mariés, des bénévoles d’organisations communautaires, une psychologue, une obstétricienne et une famille avec de jeunes enfants. Cette perte insensée est incompréhensible. Nous ne pouvons ni oublier ni pardonner.

L’honorable Ratna Omidvar [ - ]

Honorables sénateurs, c’est le cœur lourd que je prends moi aussi la parole pour rendre hommage aux victimes du vol 752. Aucun des 176 passagers à bord de ce vol, qui décollait de Téhéran, n’a survécu. Je répète les chiffres, c’est important parce que j’aimerais qu’ils soient à jamais gravés dans notre mémoire nationale. Parmi les 176 passagers, 138 se rendaient au Canada. Il y en avait 57 qui étaient des Canadiens d’origine iranienne et 29 autres qui étaient des résidents permanents originaires de l’Iran. Au moins 40 étaient des professeurs, des chercheurs ou des étudiants étrangers dans des universités et des collèges canadiens, plus particulièrement à Edmonton. Il n’y a donc aucun moyen véritable de savoir combien de futurs canadiens nous avons perdus dans ce vol.

Le récit de leur vie nous apprend que bon nombre de ces gens étaient des médecins, des avocats, des professeurs et des scientifiques. Beaucoup d’autres étaient destinés à devenir des membres actifs de notre société. Cependant, aucune perte n’égale celle d’un enfant, d’une mère, d’un frère, d’un ami. De telles pertes sont incommensurables, tout comme la tristesse qui submerge la communauté irano-canadienne.

Notre communauté est plutôt petite. Elle compte à peine plus de 200 000 personnes, dont la plupart, comme moi, sont arrivés au Canada après la révolution de 1978. Moins de six degrés nous séparent. Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui était à bord de cet avion. Cette tragédie rappelle inévitablement un autre écrasement survenu il y a près de 35 ans. Comme je suis liée par la naissance à l’Inde, par le mariage, à l’Iran, et par la citoyenneté, au Canada, cet événement survenu par un matin de janvier fut une collision tragique de mes trois réalités.

En 1985, la réaction au plus important massacre de Canadiens de l’histoire du pays a été tempérée. La tragédie a été traitée comme une tragédie étrangère. Nous connaissons tous la triste histoire des victimes d’Air India et de leur longue lutte ardue pour obtenir l’attention et la justice qu’ils méritent en tant que Canadiens. En comparaison, aujourd’hui, les familles des victimes ont immédiatement reçu attention personnelle, indemnisation et soutien, non seulement de la part du gouvernement du Canada, mais de l’ensemble des Canadiens. Elles ont besoin de ce soutien pour surmonter les énormes difficultés qui se dressent devant elles. Si une chose me console, c’est de voir que les Canadiens se mobilisent. Nous prouvons, par nos paroles et nos actions, que nous sommes un pays d’immigrants, que non seulement nous célébrons notre diversité, mais nous faisons notre deuil collectivement lorsque les circonstances le justifient.

Honorables sénateurs, l’histoire révélera peut-être que nous avons enfin gagné en maturité, que nous reconnaissons et embrassons l’idée qu’un Canadien, peu importe ses origines, demeure un Canadien à part entière. Merci.

L’honorable Paula Simons [ - ]

Le 12 janvier dernier, j’ai eu l’honneur de représenter le Sénat du Canada lors d’une cérémonie visant à rendre hommage aux victimes de l’écrasement du vol 752 de l’Ukraine International Airlines. La cérémonie a eu lieu à l’Université de l’Alberta. Cette tragédie a durement frappé ma ville, Edmonton, puisque plus d’une dizaine des victimes y habitaient, la plupart ayant des liens avec l’université.

Il faisait -38 degrés cet après-midi-là, et c’était encore pire si on inclut le refroidissement éolien, mais plus de 2 500 personnes s’étaient réunies au centre Saville de l’université. Il n’y avait plus de place dans la salle et des centaines d’autres personnes entassées dans les corridors regardaient la diffusion en direct sur leur téléphone. Cette journée-là, toute la collectivité voulait être réunie pour partager le deuil.

Tour à tour, collègues, étudiants, professeurs, entraîneurs, amis, amoureux et amoureuses des victimes sont venus sur la scène pour raconter leur histoire au micro — l’histoire personnelle de ces brillants, dynamiques et joyeux Edmontoniens que nous avions perdus. Pendant deux heures, ils ont pu revivre grâce aux souvenirs de ceux qui les avaient connus, à un point tel que tout le monde a fini par avoir l’impression de les avoir connus un peu.

Tout le monde a ri en entendant l’histoire de la Dre Mojgan Daneshmand, professeure de génie renommée détentrice de la Chaire de recherche du Canada sur les microsystèmes de radiofréquence, qui avait commencé à avoir des contractions la veille de la défense de sa thèse.

Nous avons également ri en entendant l’histoire de deux étudiants des cycles supérieurs, Arash Pourzarabi et Pouneh Gorji, des fiancés qui avaient décidé d’inviter leurs amis pour un repas de l’Action de grâce tout à fait canadien. Ces deux génies de l’informatique avaient mal fait leurs calculs et la dinde qu’ils faisaient cuire n’a finalement été prête qu’à une heure du matin.

Nous avons ri en entendant l’histoire des deux sœurs Saadat, Sara et Saba, deux jeunes scientifiques de grand talent, mais surtout deux pacifistes dans l’âme qui ne reculaient devant rien pour parvenir à leurs fins. Un jour, elles ont même enfermé deux de leurs meilleurs amis dans la voiture où ils se trouvaient jusqu’à ce qu’ils finissent par se réconcilier. Elles étaient aussi immensément fières de leur mère, la Dre Shekoufeh Choupannejad, qui avait réorienté sa carrière de médecin pour venir pratiquer l’obstétrique à Edmonton. Nous avons ri, mais les larmes n’étaient jamais loin, car nous savions que Mojgan, son mari Perdam Mousavi, qui était lui aussi apprécié de ses étudiants en génie de l’université, et leurs deux jeunes filles — Daria, 14 ans et Dorina, 9 ans — ne reviendraient jamais à Edmonton, la ville qu’ils aimaient tant, et que Dorina ne jouerait jamais plus au soccer.

Nous avons ri et pleuré en même temps en constatant qu’Arash et Pouneh — qui s’étaient mariés en Iran sept jours avant leur décès — n’organiseraient plus jamais de dîners et que Sara et Saba n’aideraient plus jamais leurs amis.

Toutes ces vies ont disparu en un éclair. Il y a un moment en particulier de la cérémonie qui me revient constamment en tête. Les organisateurs avaient invité un chanteur sur scène pour chanter ce qu’on nous avait dit être une chanson persane bien connue, mais sous le coup de l’émotion, la voix lui a manqué. Le public a alors pris le relais, et ceux qui connaissaient la chanson l’ont entonnée à sa place et l’ont chantée avec lui jusqu’à ce qu’il se ressaisisse. Ils l’ont accompagné jusqu’à la fin.

C’est maintenant notre tour. Nous devons penser aux familles, aux amis, aux collègues et aux étudiants qui sont encore parmi nous. Les personnes que nous avons pleurées cet après-midi-là, à Edmonton, avaient risqué et sacrifié beaucoup de choses pour se refaire une vie ici, au Canada. Elles ont offert leur lumière et leur amour à ma ville, à ma province et à mon pays. Puisse leur souvenir être un réconfort pour leurs proches et rappeler à tous ce qui rend le Canada aussi extraordinaire.

Honorables sénateurs, aujourd’hui nous présentons nos plus sincères condoléances à toutes les personnes qui ont perdu des membres de leur famille, des amis ou des membres de leur communauté dans la récente tragédie du vol PS752. Il se produit parfois des événements imprévus qui entraînent des pertes qui auraient pu être évitées. Ils nous rappellent la fragilité de la vie humaine. Nous ne pouvons jamais savoir si nos proches, nos amis ou nos voisins seront toujours là demain.

Nous comprenons l’énorme coût de cette tragédie sur le plan humain parce que nous savons tous ce qu’est la perte d’un être cher. Or, dans ce cas-ci, la perte est encore plus douloureuse à cause de la manière dont elle s’est produite.

Cette tragédie nous rappelle peut-être d’autres événements tragiques qui nous ont touchés profondément ou personnellement. Pour ma part, elle me rappelle la tragédie du vol 111 de Swissair, qui s’est abîmé au large des côtes de Peggy’s Cove, chez moi, en Nouvelle-Écosse. Je me souviens clairement avoir reçu un appel urgent qui a mené à la mobilisation de professionnels de la santé mentale. Les gens qui ont participé à cette intervention en ont été affectés pendant longtemps.

Les enseignements que nous avons tirés de cette tragédie, entre autres, nous aident à mieux réagir aux circonstances bouleversantes du vol PS752. Nous savons que ni les médicaments ni les conseillers de personnes en deuil peuvent effacer le chagrin causé par une telle perte. Nous savons qu’un tel chagrin ne se guérit que graduellement, avec le temps. Ce sont la famille, les amis et la communauté des personnes endeuillées qui jouent le rôle le plus important dans le processus de guérison.

Tous les Canadiens ont ressenti l’impact de cette tragédie, et nous pouvons tous contribuer au processus de guérison. Même si nous ne pouvons pas apporter de petits plats, nous pouvons aider en faisant un don. Bien que nous ne puissions pas donner de câlins, nous pouvons exiger que justice soit rendue pour ceux qui ont perdu la vie.

Honorables sénateurs, je suis certain que vos pensées et vos prières, comme les miennes, accompagnent les personnes qui ont perdu des êtres chers. Je suis également certain que, parce que nous comprenons tous l’ampleur de la perte, chacun d’entre nous donnera une attention particulière aux personnes qu’il aime le plus. Tout simplement parce que c’est la bonne chose à faire.

L’honorable Mobina S. B. Jaffer [ - ]

Honorables sénateurs, presque un mois s’est écoulé depuis que le vol PS752 d’Ukraine International Airlines a été abattu accidentellement. Presque un mois s’est écoulé depuis que 176 personnes ont perdu la vie beaucoup trop tôt. Nous n’arriverons jamais à comprendre l’amour, le talent, l’intelligence et la joie que nous avons perdus le 8 janvier 2020.

Des pays du monde entier, dont l’Ukraine, l’Afghanistan, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Iran, ont perdu un trop grand nombre des leurs. Le jour de cette tragédie, le Canada a perdu 57 des siens. Nous avons perdu 57 Canadiens qui avaient vécu ici toute leur vie et des Canadiens qui étaient venus ici pour avoir une vie meilleure. Peu importe qu’ils soient nés ici ou qu’ils y aient résidé plus ou moins longtemps; ils faisaient partie de notre grand pays. Ils étaient des Canadiens.

Des membres aimants, intelligents et précieux de notre société ont été tués par peur. Des politiciens, comme nous, ont eu peur et ont pris des décisions qui ont privé 176 personnes de leur avenir.

Forough Khadem avait un brillant avenir devant elle. Grâce à l’Université du Manitoba, on se souviendra de son nom partout au Canada.

Lors des funérailles de Mme Khadem, l’Université du Manitoba a annoncé qu’elle créerait une bourse en son honneur. Mme Khadem était une scientifique qui a été tuée à bord du vol PS752. Elle a obtenu son doctorat en immunologie de l’Université du Manitoba en 2016. Elle a fait d’importantes découvertes scientifiques et travaillait pour un organisme sans but lucratif pancanadien.

Les gens qui la connaissaient ont dit qu’elle possédait les meilleures qualités d’une scientifique, d’une universitaire, d’une collègue et d’une amie. Forough Khadem avait encore toute la vie devant elle, à l’instar des nombreuses autres personnes qui sont mortes à bord de cet avion, et, comme toutes ces personnes, elle ne méritait pas la fin pénible et insensée qu’elle a connue.

Honorables sénateurs, c’est avec tristesse que nous avons appris que, parmis les 176 victimes, se trouvaient de nombreux Canadiens innocents qui se sont fait tuer en un instant par des politiciens belliqueux. Aujourd’hui, j’exhorte tous mes collègues à envisager la création d’un ministère de la paix axé sur les négociations en cas de conflit. La violence ne règle jamais les problèmes, elle ne fait que détruire des vies innocentes. Personne n’est plus innocent que Kurdia Molani, un bébé canadien d’un an et demi dont le sang a été versé sans raison.

En tant que politiciens qui sont censés diriger, nous ne pouvons pas tolérer le comportement et les actions de nos homologues au cours des jours qui ont précédé le 8 janvier 2020. Cependant, en tant qu’êtres humains capables d’empathie, de compassion et d’amour, nous devons honorer, saluer et, plus important encore, ne jamais oublier les Canadiens et les autres personnes qui ont perdu la vie à bord du vol PS752.

L’honorable Bev Busson [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à toutes les personnes qui ont perdu la vie à la suite de l’attaque tragique d’un avion en Iran.

Le 8 janvier 2020, les 176 passagers et membres de l’équipage ont été tués dans une attaque aux missiles insensée contre un avion civil, le vol 752 d’Ukraine International Airlines. Un grand nombre des victimes étaient canadiennes. Toutes se dirigeaient vers le Canada.

Au moins 15 des personnes décédées avaient des liens avec la Colombie-Britannique. Il nous faut nous souvenir de chacune d’entre elles, de qui elles étaient, de leurs rêves et de leur réalité. Leurs rêves ont été anéantis par cette tragédie insensée. Je veux leur rendre hommage en disant quelques mots à leur sujet au Sénat.

Soheila Moghaddam travaillait à l’hôtel Lion’s Gate Travelodge, à North Vancouver.

Mehran Abtahi s’était rendu en Iran pour rejoindre son épouse. Après avoir obtenu un doctorat, il a travaillé pour l’Université de la Colombie-Britannique en tant que chercheur au niveau postdoctoral au Département de génie civil. Il avait trouvé un bon emploi à Vancouver; il était impatient de commencer un nouveau chapitre de sa vie.

Passons à Ardalan Hamidi, à Niloofar Hamidi et à Kamyar Hamidi, membres d’une seule et même famille. M. Hamidi était ingénieur et sa conjointe, Niloofar, avait obtenu en 2018 un baccalauréat en éducation de l’Université de la Colombie-Britannique. Leur fils de 15 ans, Kamyar, était un élève de 10e année de l’École secondaire Riverside, à Port Coquitlam. Il aimait la musique et il voulait devenir producteur.

Naser Oshibi et sa femme, Firouzeh Madani, de North Vancouver, formaient un couple de médecins dont le travail avait été récompensé en Iran et travaillaient sans relâche pour obtenir le droit de pratiquer ici. Ils laissent derrière eux leur fille, qui étudie dans la vallée du bas Fraser.

Delaram Dadashnejad, une étudiante iranienne, fréquentait le Collège Langara de Vancouver et souhaitait devenir diététiste. Sa sœur habite encore à Burnaby.

Roja Omidbakhsh étudiait à l’école de commerce Gustavson de l’Université de Victoria.

Il y a Fatemah Pasavand et Ayeshe Pourghaderi. Fatemah avait 17 ans et voyageait avec sa mère, Ayeshe. Elle fréquentait l’École secondaire Carson Graham, à North Vancouver, où sa famille a aussi une boulangerie. Tous ses proches étaient résidents permanents du Canada et attendaient avec impatience d’obtenir leur citoyenneté.

Passons à Hossein « Daniel » Saket et à Fatemeh « Faye » Kazerani. Daniel, comme il se faisait appeler, était ingénieur pour un promoteur immobilier de North Vancouver. Son épouse, qui se faisait quant à elle appeler Faye, était l’adjointe d’un cardiologue de l’Hôpital St. Paul’s. Ils étaient réputés pour leur joie de vivre contagieuse.

Mohammadhossein Asadi Lari et Zeynab Asadi Lari étaient frère et sœur et ils étaient tous les deux dans la vingtaine. Zeynab était inscrite en biologie à l’Université de la Colombie-Britannique et elle rêvait de devenir médecin. En 2018, son frère avait obtenu son diplôme avec distinction en sciences cellulaires, anatomiques et physiologiques.

Erica Frank, qui enseigne à l’Université de la Colombie-Britannique, où elle est aussi titulaire d’une chaire de recherche, a qualifié la mort de Mohammadhossein d’effarante et d’insoutenable, avant d’ajouter que c’était une perte énorme pour le milieu mondial de la santé publique.

C’est le cœur immensément lourd que je reviens aujourd’hui sur ces morts aussi futiles que tragiques, et je tiens à assurer aux proches des victimes que nous ne les oublierons jamais.

Merci, meegwetch.

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