DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La Journée mondiale des réfugiés
20 juin 2019
Honorables sénateurs, c’est en effet un triste jour.
J’interviens pour souligner la Journée mondiale des réfugiés. Je pourrais commencer en présentant des chiffres, qui sont les plus élevés jamais enregistrés, mais je crains qu’avec le temps nous ne devenions insensibles aux statistiques. Je me permets de présenter la réalité des réfugiés sous un autre angle.
Si on mettait côte à côte les personnes déplacées du monde entier et qu’elles se touchaient du bout des doigts, elles formeraient un cercle qui couvrirait la circonférence du globe, pas une seule fois, mais bien deux fois.
Il n’est jamais facile de décider de quitter son foyer, sa famille et son pays. Aujourd’hui, les réfugiés sont confrontés à un avenir incertain mais également extrêmement dangereux. Plus de la moitié des réfugiés sont des femmes et des enfants, ce qui en fait des proies faciles pour la traite des personnes et l’esclavage sexuel. Nous devons à la fois faire preuve de compassion et de lucidité ainsi que d’ambition et de sens pratique.
Le Conseil mondial pour les réfugiés, dont je fais partie, a émis des recommandations susceptibles d’avoir un effet transformateur sur la crise des réfugiés et du déplacement forcé.
Premièrement, il réclame la mise sur pied d’un réseau mondial d’action pour les personnes déplacées de force. Cette déferlante de misère humaine nous touche tous, et si elle ne nous touche pas aujourd’hui, elle le fera demain, alors ce regroupement de champions comptera dans ses rangs les pays qui accueillent des réfugiés, les pays contributeurs et les organismes de la société civile, bien entendu, mais aussi des représentants du secteur privé et plusieurs organismes multilatéraux comme le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. Même si on associe rarement ces derniers à ce genre d’initiative, on espère en les invitant trouver des solutions novatrices et inventives allant au-delà de ce qu’accomplissent généralement les organismes caritatifs de ce monde, aussi bien intentionnés soient-ils.
Deuxièmement, il faut penser aux oubliés, c’est-à-dire ceux qui ont fui leur domicile, mais à qui le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le mouvement mondial d’intervention pour les réfugiés ne peuvent venir en aide parce qu’ils n’ont pas quitté leur pays d’origine. Le Conseil mondial des réfugiés demande donc au secrétaire général des Nations Unies de nommer un représentant spécial pour les personnes déplacées internes afin qu’il puisse coordonner les initiatives internationales contre un problème de plus en plus pressant.
Troisièmement, il faut obliger les responsables de ces vagues de déplacements et d’oppression à répondre de leurs actes. Nous devons saisir l’argent qu’ils ont caché au Canada après l’avoir acquis de manière aussi malhonnête et nous en servir pour aider les personnes à qui ils ont causé du tort, et plus particulièrement aux personnes déplacées de force.
En terminant, j’aimerais dire au mot au sujet des élections prochaines. J’implore tous les partis politiques de ne pas utiliser la cause des réfugiés et des demandeurs d’asile pour marquer des points, car ils ne réussiront qu’à semer la peur et la division.
Le Canada devance tous les autres pays pour la réinstallation de réfugiés, et nous devons en être fiers au lieu de nous en inquiéter. Le Canada a toujours misé sur la compassion et ce n’est pas le temps de changer, vu l’ampleur que semble prendre la crise actuelle. Je vous remercie.