PÉRIODE DES QUESTIONS — L'agriculture et l'agroalimentaire
Les barrages érigés en guise de protestation--La primauté du droit
26 février 2020
Honorables sénateurs, ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat.
Monsieur le leader, lors d’une conférence de presse, hier, des groupes représentant le secteur agricole de partout au Canada, notamment la Fédération canadienne de l’agriculture, le Conseil canadien du porc, les Producteurs de poulet du Canada, Fertilisants Canada, l’association des producteurs agricoles de la Saskatchewan et l’Union des producteurs agricoles du Québec, se sont rassemblés pour montrer à quel point les blocages ferroviaires ont des effets dévastateurs sur le secteur agricole.
Mary Robinson, présidente de la Fédération canadienne de l’agriculture, a fait valoir qu’on ne peut pas continuer de prendre en otage le gagne-pain des agriculteurs chaque fois qu’un groupe veut faire pression sur des gouvernements. Elle a déclaré ceci :
Si les blocages continuent, il ne sera bientôt plus possible de s’approvisionner en propane pour chauffer les granges ou nourrir les animaux.
Monsieur le leader, les réserves de propane des agriculteurs de certaines régions seront à sec d’ici six à neuf jours. Pendant combien de temps les agriculteurs devront-ils encore attendre la fin des blocages des voies ferrées?
Merci beaucoup de votre question, honorable sénateur. La situation dans laquelle nous nous trouvons, qui est aussi celle des agriculteurs et des consommateurs, est très grave. Le gouvernement du Canada s’occupe du dossier. Les sénateurs savent que des arrangements continuent d’être pris entre les transporteurs ferroviaires et les fournisseurs d’autres modes de transport afin de minimiser les conséquences de la crise pour les Canadiens. On m’informe que le gouvernement travaille avec diligence pour tenter de résoudre ces questions de façon appropriée et rapide.
Toutefois, comme je me suis efforcé de le dire à maintes reprises dans cette enceinte, les questions sous-jacentes qui sont à l’origine de la crise sont ardues et complexes. Il est malheureusement impossible de déterminer à quel moment nous parviendrons à une conclusion ni si d’autres problèmes se présenteront.
Pour ce qui est de « travailler avec diligence », lorsque les agriculteurs le font, ils produisent des récoltes, ils produisent de la nourriture, mais ils ont besoin de propane. Lorsque le premier ministre dit : « Nous travaillons avec diligence », cela ne suffit pas, monsieur le Président. L’un des effets secondaires du blocus ferroviaire est de nuire à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable.
Mary Robinson, qui représente la Fédération canadienne de l’agriculture, a encore déclaré :
Si les pays ne peuvent pas compter sur le Canada pour respecter les accords conclus, ils chercheront bientôt d’autres partenaires commerciaux plus stables.
Les compagnies maritimes détournent vers les États-Unis des cargaisons en provenance d’Halifax. Les acheteurs ont dit aux pomiculteurs qu’ils seront obligés de s’approvisionner ailleurs.
Rien que la semaine dernière, les exportations de blé de Vancouver ont chuté de 68 %. L’industrie céréalière perd 9 millions de dollars par jour alors que nous travaillons avec diligence à ne rien faire.
Monsieur le leader, malgré tout cela, nous attendons toujours l’expression d’un sentiment d’urgence de la part du premier ministre. Quelles sont les préoccupations du gouvernement ou du premier ministre du Canada, le cas échéant, quant à l’impact à long terme de ces blocages sur notre commerce international?
Je vous remercie de votre question. Je pense que les activités et les actions du gouvernement dans le contexte du commerce international ainsi que l’importance qu’il accorde à la réputation et à la crédibilité du Canada en tant que partenaire commercial fiable peuvent être soulignées. Les accords commerciaux internationaux que nous avons conclus et beaucoup d’autres initiatives en témoignent. Le gouvernement s’occupe de la situation et, comme nous tous, il s’inquiète de ses répercussions sur les Canadiens.
Il est toutefois impossible de ne pas remarquer qu’il existe diverses formes d’actions. Lorsque des Canadiens tiennent des manifestations pacifiques et légales, aussi gênantes soient-elles, la réponse du Canada est et devrait être de reconnaître la situation et de la régler de façon appropriée. Faire intervenir la police pour réprimer une manifestation légale et pacifique n’est pas une réponse appropriée. C’est pourquoi le gouvernement du Canada n’a pas choisi cette voie.
Lorsque des barrages illégaux ont été érigés et des demandes d’injonctions ont été présentées, le gouvernement a agi comme il se doit en cherchant des solutions pacifiques et en n’outrepassant pas son rôle constitutionnel en dictant à la police comment faire son travail.