LE SÉNAT — Le décès de l'honorable David P. Smith, c.p., c.r.
Hommages
10 mars 2020
Honorables sénateurs, en vertu de l’article 4-3(1) du Règlement, le leader de l’opposition a demandé que la période consacrée aux déclarations des sénateurs soit prolongée aujourd’hui afin que nous puissions rendre hommage à l’honorable David P. Smith, ancien sénateur, qui est décédé le 26 février 2020.
Je rappelle aux sénateurs que, en vertu du Règlement, chaque intervention ne peut dépasser 3 minutes, qu’aucun sénateur ne peut parler plus d’une fois et que le temps accordé aux hommages est d’au plus 15 minutes.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour dire quelques mots au sujet de notre ancien collègue le sénateur David Smith : libéral inconditionnel, homme dévoué au service public, fils de pasteur, comme il aimait se présenter, et, bien entendu, l’ami de bien des gens ici au Sénat. Toujours souriant, David avait généralement quelques bonnes histoires à raconter. J’en ai entendu plusieurs lors des nombreuses longues soirées au Sénat et des réunions de sénateurs libéraux dans son bureau pour des moments de camaraderie pendant l’appel de la sonnerie. Ce sont des moments que je n’oublierai jamais.
Le sénateur Smith se souvenait de plein d’histoires survenues au cours de sa longue carrière politique, des histoires de campagne électorale, des histoires concernant ses adversaires et d’autres concernant ses amis. Cependant, honorables sénateurs, c’est de sa compassion pour les personnes handicapées au Canada dont je veux vous parler. Plusieurs l’ignorent, mais David Smith a joué un rôle de premier plan dans l’inclusion des personnes handicapées dans les dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés. Député libéral nouvellement élu en 1980, David a été nommé président du comité parlementaire multipartite chargé de tenir des audiences publiques sur les questions concernant les personnes handicapées, dans la foulée de la déclaration des Nations unies consacrant 1981 comme étant l’Année internationale des personnes handicapées.
En tant que président du comité, David avait pris conscience qu’il était important de modifier la Charte des droits pour y inscrire les personnes handicapées. Il a pris l’initiative de communiquer avec des députés de toutes allégeances pour leur souligner l’importance d’inscrire les droits de ces personnes dans la Charte. Nombre d’entre nous se rappellent de la capacité de persuasion, de la détermination et du charme de David. Ses efforts ont porté fruit.
Le 28 janvier 1981, un autre comité qui étudiait la nouvelle Charte des droits a voté à l’unanimité en faveur d’un amendement visant à enchâsser dans la Constitution l’égalité des personnes handicapées. C’est une réalisation remarquable à l’égard de laquelle le sénateur Smith mérite d’être salué même s’il ne cherchait aucune reconnaissance. J’ai été frappée par le commentaire de David Lepofsky, président de l’Accessibility for Ontarians with Disabilities Act Alliance, qui, en apprenant le décès de David Smith, a déclaré :
Reposez en paix David Smith. Nous vous sommes éternellement reconnaissants de ce que vous avez fait pour de nombreuses générations de Canadiens à venir.
Honorables sénateurs, le Canada a perdu un homme qui a consacré sa vie au service public, sa collectivité a perdu un fervent défenseur et nombre d’entre nous ont perdu un ami. Au nom du groupe progressiste du Sénat et de ses anciens collègues libéraux, j’exprime mes plus sincères condoléances à son épouse, Heather, et à sa famille.
Honorables sénateurs, j’imagine David qui, après avoir franchi les portes du paradis, s’asseoit devant un nouvel auditoire auquel il demande « Vous ai-je déjà raconté l’histoire de...? »
Je vous remercie honorables sénateurs.
Honorables sénateurs, je prends également la parole en mémoire de notre ancien collègue, le sénateur David Smith, qui a représenté l’Ontario au Sénat pendant près de 14 ans. Comme plusieurs l’ont dit depuis son décès le mois dernier, le sénateur Smith était l’incarnation de « l’heureux guerrier ». Son père était un prédicateur pentecôtiste, et ses deux frères ont suivi ses traces en devenant des prédicateurs évangéliques. Manifestement, le sénateur Smith n’a pas suivi leur voie et a tracé la sienne dans la fonction publique. Je crois toutefois que sa foi constituait le fondement de sa bonne humeur, de sa compassion et de sa générosité. Pour toutes ces qualités et bien plus encore, ses anciens collègues des deux côtés de cette enceinte sont attristés par son décès récent.
Le sénateur Smith était un fier libéral, et même lorsque le chef de son parti l’a expulsé, avec ses collègues sénateurs, du caucus libéral, il est demeuré loyal au parti qu’il avait appuyé et servi toute sa vie adulte. Il connaissait le Parti libéral du Canada sur le bout des doigts, car il avait été président des jeunes libéraux de l’Université Carleton, passé des années en première ligne comme organisateur avec Keith Davey, et été député de Don Valley-Est à la Chambre et ministre d’État aux Petites entreprises et au Tourisme. Il avait également été président de campagne de Jean Chrétien lors de ses trois victoires aux élections fédérales et, bien entendu, il a été sénateur.
Le sénateur Smith a déjà déclaré ceci dans le Sénat de l’édifice du Centre :
Je dis souvent que l’instinct politique, c’est comme l’oreille en musique : c’est quelque chose d’inné. Une personne peut assister à mille concerts et ne pas avoir l’oreille musicale.
Il va sans dire que cet instinct politique, il le possédait. Il savait aussi le reconnaître et l’apprécier chez les autres, indépendamment de leur affiliation politique. Défenseur des droits des Canadiens handicapés et des droits de la personne fondamentaux du peuple iranien, il savait l’importance de parler pour ceux qui ne peuvent le faire eux-mêmes.
Le sénateur Smith a quitté le Sénat du Canada il y a moins de quatre ans. Quel dommage qu’il n’ait pas pu profiter d’une retraite aussi longue que celle qu’il méritait certainement après une vie passée en politique. Son épouse, Heather, ancienne juge en chef de la Cour supérieure de justice de l’Ontario, avait pris sa retraite l’été dernier.
Au nom de tout le caucus conservateur, de tous les sénateurs en fait, j’offre nos sincères condoléances à Heather, à leurs trois enfants et à leurs cinq petites-filles. Espérons que le fait de savoir que tous ceux qui le connaissaient l’admiraient et le respectaient énormément leur apportera un certain réconfort.
Souvent, quand nous nous rencontrions, le sénateur Smith m’appelait « Frère Plett », une allusion, je pense, à notre confession commune. Je conclus donc sur ces mots : repose en paix Frère Smith.
Honorables sénateurs, j’aimerais aujourd’hui saluer la mémoire de notre ami et ancien collègue, le regretté sénateur David Smith. Je connaissais le sénateur Smith depuis plus d’une trentaine d’années. Pour moi, il était le Parti libéral. Dans sa jeunesse, il a été élu président des jeunes libéraux du Canada, et il n’a jamais plus quitté la vie publique. D’abord député, puis ministre dans le Cabinet du premier ministre Trudeau dans les années 1980, il a par la suite dirigé plusieurs des campagnes libérales qui ont permis au premier ministre Chrétien de se faire élire pendant les années 1990 et 2000.
Le sénateur Smith croyait aux valeurs du Parti libéral et il les mettait en œuvre. Depuis le temps que je le connaissais, j’aurais de nombreuses anecdotes à vous raconter.
Je me rappelle notamment la fois où le sénateur Smith, le sénateur Mercer et moi nous sommes rendus à l’Université d’Oxford, en Angleterre. Il a alors pu faire étalage de sa mémoire encyclopédique en nous expliquant l’histoire de cette vénérable institution et des différents édifices qui la composent.
Je me rappelle également que, tôt un certain dimanche matin, le sénateur Smith nous avait tous traînés de force à l’église. Nous lui avons toutefois vite pardonné, puisqu’il nous a ensuite conviés à un magnifique brunch. Je m’en souviens encore parce que c’est ce jour-là que j’ai compris à quel point j’avais affaire à un homme attentionné qui chérissait l’inclusivité. Même si je suis une musulmane pratiquante, le sénateur Smith a toujours fait le nécessaire pour que je me sente à mon aise, que ce soit à l’église ou dans une réception mondaine. Il était toujours d’une grande sollicitude et veillait toujours à ce que j’aie une boisson juste pour moi.
Honorables sénateurs, ce que j’admirais le plus chez le sénateur Smith, c’était son engagement envers le service public. Ayant servi le Canada pendant la majeure partie de sa vie, le sénateur Smith a fait de nombreux sacrifices personnels au cours de sa carrière et il l’a fait par amour pour son pays. Il s’agit d’ailleurs d’une qualité qu’il avait en commun avec son épouse, la juge Heather Smith. Ils nous ont tous deux montré qu’il existe de nombreuses façons de servir notre grand pays. Leur travail inlassable a eu et continue d’avoir une incidence sur nos vies. Nous vous serons toujours redevables pour votre service désintéressé.
Alex, Kate et Laura, je vous prie d’accepter nos plus sincères condoléances. Votre père a toujours voulu laisser le monde de la politique dans un meilleur état que celui dans lequel il l’a trouvé — pour vous et ses petits-enfants. Soyez assuré que c’est ce qu’il a fait.
Sénateur Smith, vous avez servi le Parti libéral et les Canadiens de tout votre cœur. Vous nous manquerez et vos contributions au Canada ne seront pas oubliées de sitôt. Au nom des sénateurs indépendants, reposez en paix, mon ami.
Honorables sénateurs, j’aimerais dire quelques mots en hommage à mon ami l’honorable David Smith, plus particulièrement au nom du sénateur D. Black, qui a été longtemps son partenaire au sein d’un cabinet d’avocats. Le sénateur D. Black ne siège pas avec nous cette semaine.
Pendant des décennies, David Smith a fait partie intégrante du milieu juridique et de la vie politique du pays. C’était un Canadien et un Torontois passionné, qui a été président des Jeunes libéraux sous le premier ministre Pearson dans les années 1960, conseiller municipal et maire adjoint de Toronto dans les années 1970, député et ministre dans les années 1980, directeur des campagnes fructueuses du Parti libéral dans les années 1990 et 2000, ainsi que sénateur dans cette enceinte. C’est ici que la plupart d’entre nous l’ont connu.
En tant que spécialiste du droit municipal, David Smith a contribué à forger le panorama de Toronto. Il a aussi présidé FMC, aujourd’hui connu sous le nom de Dentons Canada, le plus grand cabinet d’avocats du pays en mesure de servir divers clients dans les deux langues. Il a continué à agir comme président émérite de Dentons jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite de ce poste en 2017.
David a réalisé de nombreux exploits au cours de sa vie, mais rien ne l’a rendu aussi fier que le succès de sa famille, en particulier de celle qui a été sa femme pendant 50 ans, la juge en chef à la retraite Heather Smith, ainsi que de leurs trois enfants et de leurs cinq petits-enfants.
Lorsque je suis arrivé ici en tant que nouveau sénateur, il a tout de suite retenu mon attention. Il se faisait remarquer parce qu’il ne s’asseyait pas beaucoup, préférant se promener un peu partout; il ne semblait appartenir à aucun camp, car il était toujours en train de parler aux autres. Nous étions tous ses frères.
Sénateur Plett, je me suis rappelé qu’il parlait des gens de cette façon quand vous l’avez mentionné.
Il était gentil, curieux, amical, l’incarnation même du gentleman, même s’il avait ses propres allégeances. Il a démontré que l’ont peut être à la fois partisan, aimable et apprécié. Il a toujours su vivre en fonction de ses valeurs. Son départ est une véritable perte pour nous.
Honorables sénateurs, la lecture de cette déclaration survient beaucoup trop tôt. J’ai l’impression qu’hier encore, nous rendions hommage au sénateur David Smith. Nous nous trouvions dans l’enceinte historique du Sénat au mois de mai, voilà seulement quatre ans, à commenter ses accomplissements, et il occupait les premières banquettes, savourant chaque mot. David Smith était friand d’anecdotes politiques croustillantes, et il adorait en raconter.
Je ne sais trop d’où venait notre complicité. C’est peut-être parce que nous étions tous les deux fils de ministres ou, comme il dirait, des enfants de prêcheurs. C’est peut-être aussi parce que nous étions souvent du même avis, quoique pas sur tous les sujets. C’est bon de se sentir parfois à hauteur d’homme avec un collègue.
Plus sérieusement, on a beaucoup parlé de David Smith l’homme politique, l’organisateur, le conteur. À l’instar de la sénatrice Cordy, je souhaite me concentrer sur un aspect de sa vie qui m’a éclairé sur mon rôle de sénateur.
Il se souciait profondément des autres, en particulier des personnes qui souffrent d’un handicap physique ou intellectuel. C’était bien avant que je siège au Sénat.
C’était en 1981. Le député David Smith était le président du Comité spécial concernant les invalides et les handicapés de la Chambre des communes. À l’époque, on utilisait le terme « invalide ». J’ai le rapport sous les yeux; il s’intitule Obstacles. C’est un document très intéressant qui compte 130 recommandations, dont les suivantes : dissiper les préjugés envers les personnes handicapées; changer les attitudes; améliorer les logements; réduire le taux de chômage; offrir du transport adapté et de l’information accessible; et faciliter l’accès. Il était question de droits de la personne et d’inclusion.
David Smith et le comité qu’il présidait ont écouté les témoignages de 12 Canadiens et en ont fait le cadre du rapport. Les politiciens d’aujourd’hui devraient le lire.
Peu de temps après — et à la suite de pressions constantes exercées sur le premier ministre Pierre Trudeau, on a présenté la première ébauche de la Charte canadienne des droits et libertés. David Smith a joué un rôle déterminant dans l’inclusion des mots « déficiences mentales ou physiques » dans les droits à l’égalité. On peut les lire au paragraphe 15(1) qui prévoit ce qui suit :
La loi ne fait acception de personne et s’applique également à tous, et tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination, notamment des discriminations fondées sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l’âge ou les déficiences mentales ou physiques.
Honorables sénateurs, les politiciens et les organisateurs peuvent bien gagner des campagnes, mais rien ne se compare à gagner dans la vie. C’est une devise utilisée par les Jeux olympiques spéciaux — gagner dans la vie —, et c’est ce que David Smith a fait. Il a été un gagnant dans la vie parce qu’il a aidé les autres à améliorer leur sort dans un monde d’inclusion.
Merci, sénateur Smith, et merci, honorables sénateurs.
Honorables sénateurs, c’est le cœur lourd et avec tristesse que je prends moi aussi la parole aujourd’hui pour rendre hommage au regretté David Smith.
Je partage toutes les belles paroles prononcées par mes collègues. Je ne m’éterniserai pas sur ses remarquables réalisations politiques, mais je sais qu’il a commencé son mandat au Sénat en 2002. En 2009, lorsque je suis arrivée au Sénat, je me souviens très bien que, chaque jour, il m’envoyait la main ou des baisers, ou les deux, de sa place — il s’assoyait habituellement légèrement à ma droite ou à ma gauche, mais il se trouvait de l’autre côté de l’enceinte. De temps à autre, je recevais une note qu’il m’avait fait parvenir par l’entremise des pages de l’autre côté du Sénat, ou il laissait une note sur mon bureau en passant. Je garde de bons souvenirs de notre ancien et très cher collègue et ami.
À l’époque, j’ignorais que ce sénateur d’expérience, qui était un excellent ami ainsi qu’un frère en esprit qui adorait la Corée — il aimait le dossier de la Corée, et c’était un frère dans le Christ — était un monstre politique au sein du Parti libéral. C’est une personne extrêmement bienveillante que j’ai découverte en tant que collègue.
Chaque semaine, le mercredi, nous prenions part au petit déjeuner-prière ensemble. Nous formulions des témoignages et priions pour nos collègues, nos familles, notre pays et le monde. C’était un moment de réflexion que nous passions ensemble dans la foi et l’amitié. Souvent, il se mettait soudainement à chanter, que ce soit Amazing Grace ou How Great Thou Art, et ce sont les souvenirs que je chéris le plus.
Dès le tout début, David a également été vice-président du Groupe d’amitié interparlementaire Canada-Corée. Il éprouvait une véritable affection pour la Corée et nos chers vétérans de la guerre de Corée.
Honorables sénateurs, nous avons perdu un éminent Canadien et parlementaire. Par-dessus tout, il était un mari aimant pour sa meilleure amie et âme sœur, l’honorable Heather Forster Smith, et il était un père et un grand-père fier de sa progéniture. À Heather et à sa famille, nous exprimons nos plus sincères condoléances et prions pour que vous trouviez du réconfort dans l’amour et les souvenirs que vous avez créés avec David. Sachez que son héritage ne sera jamais oublié et qu’il fera toujours partie de notre famille au Sénat.
Honorables sénateurs, je vous invite à vous lever et à vous joindre à moi pour observer un moment de silence en l’honneur de notre ancien collègue, l’honorable David Smith.