La pandémie de COVID-19
L'étude de la réponse du gouvernement en comité plénier
25 mars 2020
Honorables sénateurs, le Sénat s’est formé en comité plénier pour étudier la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
Honorables sénateurs, comme vous le savez, durant un comité plénier, les sénateurs s’adressent à la présidente, mais ne sont pas obligés de se lever. Tel qu’ordonné plus tôt aujourd’hui, le temps de parole est de cinq minutes — questions et réponses y compris. De plus, tel qu’ordonné par le Sénat, le comité accueillera la ministre de la Santé et le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. Je les invite maintenant à entrer, chacun accompagné d’un fonctionnaire.
Monsieur et madame les ministres, j’ai le plaisir de vous accueillir au Sénat. Je vous invite à présenter vos fonctionnaires et à faire vos observations préliminaires.
Je vous rappelle que nous avons convenu d’accorder une période de questions et de réponses de cinq minutes à chacun des sénateurs. Il se pourrait que je doive interrompre des intervenants pour faire respecter cette règle.
Sans plus tarder, je vous prie, madame la ministre, de présenter vos observations.
Merci beaucoup, honorables sénateurs.
Depuis trois mois, le monde doit se battre contre un nouvel ennemi, un virus inconnu jusqu’ici, qui n’avait jamais touché l’espèce humaine. Il doit se battre contre une pandémie d’une ampleur jamais vue depuis plus de 100 ans. Le gouvernement collabore avec ses partenaires fédéraux, provinciaux, territoriaux et internationaux pour préparer les Canadiens aux conséquences de ce virus.
Des millions de Canadiens tentent de s’adapter à la réalité de cette pandémie dans le but de sauver des vies. Au cours de la dernière semaine, la courbe d’évolution de la maladie a commencé à monter au Canada; le nombre de cas a augmenté et, malheureusement, on a commencé à dénombrer des morts.
Au cours de cette période sans précédent, les Canadiens méritent d’obtenir rapidement l’information pertinente. Ils doivent se protéger et se préparer à faire face à la maladie et aux changements qu’elle impose à la société. C’est pourquoi, en tant que ministre de la Santé, j’ai promis dès le départ d’informer les Canadiens des faits et de la vérité à mesure que j’en prends connaissance. La vérité est parfois troublante, et elle est parfois angoissante. Cependant, nous devons transmettre aux Canadiens toute l’information à mesure que nous l’obtenons afin qu’ils puissent faire face à cette pandémie mondiale avec tous les outils dont ils ont besoin pour se protéger et pour prendre des mesures courageuses et difficiles.
Avant de poursuivre, je tiens à saluer les femmes et les hommes de l’Agence de la santé publique du Canada. Depuis les premiers signalements de cas de COVID-19, plus tôt cette année, ils travaillent sans relâche pour protéger les Canadiens. Leurs conseils et leur appui me permettent de mieux informer les Canadiens sur la progression du virus et la réponse du Canada. Ensemble, nous tentons de donner aux Canadiens des renseignements clairs sur la façon dont ils peuvent protéger leur propre santé, mais aussi sur ce qu’ils peuvent faire pour protéger celle des autres.
En quelques semaines seulement, les termes « isolement » et « distanciation sociale » sont devenus partie intégrante de notre vocabulaire quotidien. Je me réjouis du courage des Canadiens qui suivent les conseils extrêmement difficiles de nos experts en santé publique en ce qui concerne les nouvelles façons d’établir des liens les uns avec les autres tout en pratiquant la distanciation sociale.
Les Canadiens se montrent également réceptifs aux conseils quant à la nécessité de garder une distance physique à un moment où cette pratique est pourtant complètement contre-intuitive. Ces gestes, et certains qui sont plus faciles à mettre en pratique, comme se laver les mains, éviter les poignées de main, et j’en passe, sont importants et nécessaires.
Pour leur part, les provinces et les territoires ont renforcé les mesures visant à contenir la propagation du virus. Ils ont déclaré l’état d’urgence et fermé des écoles et d’autres établissements publics.
À compter de minuit ce soir, les voyageurs qui rentrent au Canada, à l’exception des travailleurs essentiels, seront soumis à un isolement obligatoire de 14 jours en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine. Cette nouvelle mesure justifiera la nécessité de s’isoler pour ceux qui rentrent au pays. Les personnes qui présentent des symptômes à leur arrivée au Canada n’auront pas le droit d’utiliser les transports en commun pour se rendre à leur lieu d’isolement. Il leur sera également interdit de s’isoler dans un endroit où elles seront en contact avec des personnes vulnérables. L’Agence de la santé publique du Canada prendra d’autres dispositions pour les personnes se trouvant dans de telles situations.
Le gouvernement s’est également rapidement tourné vers le milieu de la recherche et a investi plus de 52 millions de dollars par l’entremise des Instituts de recherche en santé du Canada. Ce financement permettra d’appuyer 96 projets actuellement en cours dans l’ensemble du pays qui visent à trouver des contre-mesures à la COVID-19. Cela fait partie du montant de 275 millions de dollars que nous injectons pour renforcer la capacité d’étudier les antiviraux, de mettre au point des vaccins et de soutenir les essais cliniques.
Avec ce financement, les chercheurs des universités et des hôpitaux de tout le pays travaillent sur des outils de diagnostic et des vaccins potentiels pour la COVID-19. Ils travaillent aussi à l’élaboration de stratégies en vue de lutter contre la désinformation, la stigmatisation et la peur. Leurs travaux nous permettront d’approfondir notre compréhension de la maladie. Ils nous permettront aussi d’avoir les meilleures données possible pour faire des interventions plus éclairées en santé publique.
Depuis que les premiers cas de COVID-19 ont été signalés, nous nous sommes efforcés d’accroître notre capacité à protéger les travailleurs de la santé de première ligne qui se démènent tous les jours pour nous servir. Nous collaborons avec les provinces et les territoires pour effectuer des achats en gros et tirer parti du pouvoir d’achat du Canada pour obtenir le matériel médical dont le réseau de santé a tant besoin pour gérer les cas de COVID-19. Compte tenu de la demande mondiale et de la perturbation de la chaîne d’approvisionnement que nous avons observée à la suite de la pandémie, c’est extrêmement difficile.
Comme l’a annoncé le premier ministre la semaine dernière, nous collaborons également avec des entreprises canadiennes pour fabriquer des fournitures essentielles au Canada. Les gens de l’Agence de la santé publique du Canada, de Santé Canada, d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada et de Services publics et Approvisionnement Canada travaillent jour et nuit pour obtenir des articles tels que des masques, des écrans faciaux et des blouses de contagion auprès d’entreprises nationales et internationales.
La pandémie de COVID-19 représente une menace sans précédent pour la santé publique. Aucun d’entre nous n’a déjà vécu un événement de cette ampleur. Les Canadiens comptent sur nous tous pour protéger leur santé et les aider à traverser cette période d’incertitude. C’est pourquoi nous devons agir maintenant et agir ensemble. Merci.
Honorables sénateurs, je suis heureux et honoré d’être ici aujourd’hui en compagnie de ma collègue la ministre Hajdu. Je tiens à vous remercier tous de nous donner l’occasion de prendre des mesures immédiates et décisives au nom de tous les Canadiens, qui, nous le savons, subiront les contrecoups de la COVID-19.
Le monde entier est touché par ce virus, et la réponse du Canada est conforme aux meilleurs conseils que nous avons reçus de nos responsables de la santé publique et aux données scientifiques qui éclairent chacune de nos mesures. Il s’agit toujours d’un problème mondial qui évolue rapidement, et nous sommes tenus de réagir non seulement de jour en jour, mais presque d’heure en heure. Depuis le début, la priorité du gouvernement du Canada a été, et continuera d’être, la santé et la sécurité de tous les Canadiens, et nous continuerons de nous adapter et de faire le nécessaire pour protéger les Canadiens.
D’après les premières constatations, une grande partie des infections au Canada provenaient de voyageurs qui rentraient au pays en provenance de régions infectées. Nous avons donc annoncé une série de mesures plus strictes visant à contrôler la propagation de cette maladie au Canada. Nous avons pris des mesures pour empêcher les ressortissants étrangers de prendre des vols à destination du Canada. Nous avons aussi amélioré considérablement le travail effectué à nos frontières. Par exemple, l’Agence des services frontaliers du Canada a augmenté le nombre d’agents à tous les principaux points d’entrée et renforcé les mesures de dépistage à tous les aéroports et à tous les points d’entrée terrestres, ferroviaires et marins. L’Agence des services frontaliers du Canada a aussi augmenté le nombre d’affiches, en plus de distribuer des brochures d’information aux voyageurs.
Je signale également que les transporteurs aériens qui ont des vols vers le Canada sont maintenant tenus d’effectuer des contrôles médicaux minimaux avant de permettre aux voyageurs d’embarquer. Peu importe la façon dont ils arrivent et leur point d’entrée, tous les voyageurs subissent un contrôle médical lors de leur arrivée au Canada. Les gens chez qui on observe des symptômes seront envoyés directement à l’Agence de la santé publique du Canada pour une évaluation. Ensuite, on leur donne des masques et on leur ordonne de s’isoler à la maison. Ils devront par la suite subir d’autres examens par un agent de quarantaine.
Je profite de l’occasion pour rassurer les Canadiens qui sont toujours à l’étranger : nos portes leur sont ouvertes. Les citoyens canadiens, les résidents permanents et les Autochtones ont toujours le droit d’entrer au pays. Le ministre des Affaires étrangères travaille sans relâche pour aider à faire revenir au pays les ressortissants canadiens qui sont en vacances ou qui participent à d’autres activités et qui sont incapables de rentrer au Canada parce qu’il n’y a plus de vols internationaux.
Nous demandons aux passagers aériens et à tous ceux qui utilisent d’autres moyens de transport et qui sont asymptomatiques de s’isoler pendant 14 jours. Cela assurera leur propre sécurité, de même que celle de leurs voisins et de leurs êtres chers.
La semaine dernière, nous avons communiqué avec nos collègues et alliés américains afin de discuter de mesures additionnelles à la frontière pour contrôler la propagation de la COVID-19 entre les deux pays. Avec nos partenaires américains, nous avons annoncé la prise de mesures réciproques pour restreindre la circulation des voyageurs qui traversent notre frontière commune pour des motifs non essentiels.
Il importe aussi de souligner qu’à la suite du travail accompli avec nos alliés, nous avons pu maintenir les canaux d’approvisionnement essentiels entre les deux pays, de façon à maintenir l’acheminement des biens et services qui sont cruciaux pour la survie et la prospérité des Canadiens et des Américains. Nous sommes conscients aussi qu’il y a des travailleurs essentiels pour notre sécurité et notre santé qui vivent d’un côté de la frontière et travaillent de l’autre. C’est pourquoi nous avons mis en place d’importantes exceptions pour leur permettre de se rendre sur leur lieu de travail et de remplir leurs fonctions au service des Canadiens et des Américains.
Il était très important de préserver les chaînes d’approvisionnement pour maintenir l’accès aux biens, aux services, à la nourriture et aux produits pharmaceutiques dont nous avons besoin, mais aussi parce qu’elles seront nécessaires pour remettre un jour l’économie sur pied.
Nous sommes aussi conscients que les personnes qui transportent ces biens ou qui assurent ces services de part et d’autre de la frontière — les camionneurs, les équipages des avions ou des navires et les équipes à bord des trains — continuent d’offrir des services essentiels. C’est pourquoi nous avons pris des mesures pour protéger leur santé et leur sécurité, mais aussi pour permettre à ce travail de se poursuivre.
Nous sommes en outre conscients de l’importance des travailleurs étrangers temporaires dans le domaine de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la transformation du poisson et des fruits de mer ainsi que d’autres industries clés. Ceux-ci ne seront pas soumis aux restrictions concernant les voyages aériens, mais ils devront néanmoins prendre les mesures nécessaires et s’isoler pendant 14 jours pour assurer leur sécurité et celle des Canadiens.
Madame la présidente, nous estimons avoir pris les bonnes décisions jusqu’ici, car elles suivaient les conseils avisés que nous faisaient les professionnels de la santé pour assurer la sécurité des Canadiens, et nous allons continuer à mettre en œuvre les différents plans de santé publique. Je suis aussi responsable d’un certain nombre de premiers intervenants et d’organismes offrant des services essentiels. Nous faisons tout, en collaboration avec les principaux intéressés, pour que l’Agence des services frontaliers, le Service correctionnel, la GRC et tous les autres puissent compter sur un plan de poursuite des activités.
Nous avons que la situation est difficile à cerner et qu’elle évolue rapidement. Nous sommes en communication constante avec nos homologues des provinces et des territoires. Pour tout vous dire, je leur parle presque chaque jour, et nous continuons à suivre l’évolution de la maladie et à réévaluer les mesures prises un peu partout au pays. La collaboration est tout simplement phénoménale.
Aussi difficile la situation soit-elle, je considère comme les honorables sénateurs que les responsables et les travailleurs de première ligne ont agi de manière remarquable, pour ne pas dire héroïque. Toujours au poste, ils sont là pour servir les Canadiens, dans un merveilleux esprit de collaboration. Je sais qu’il s’agit d’un moment profondément éprouvant pour le Canada, mais c’est là qu’on voit que les épreuves font ressortir le meilleur de nos concitoyens. Merci beaucoup.
Je vous remercie, monsieur le ministre. Nous passons maintenant aux questions.
Madame la ministre, monsieur le ministre, merci de vous être déplacés pour nous éclairer pendant cette période difficile. J’aimerais prendre un instant pour saluer aussi la Dre Tam, qui est parmi nous également. Merci de tout ce que vous faites.
Mes questions au premier tour s’adresseront à la ministre de la Santé, la ministre Hajdu. Je vais tenter de toutes vous les poser, donc j’aimerais que vos réponses soient aussi succinctes que possible. J’essaierai aussi d’être bref.
Madame la ministre, de nombreuses personnes craignent, à juste titre, que la qualité des soins qu’ils reçoivent dans le système de santé puisse diminuer par rapport à ce qu’il en était avant l’arrivée de la COVID-19. À titre d’exemple, je vais parler d’une jeune femme de l’Ontario qui est traitée pour un cancer. Les médicaments qu’on lui donnait auparavant par intraveineuse doivent maintenant être pris oralement. Les analyses sanguines que l’on effectuait plusieurs fois par semaine pour surveiller son état ont maintenant lieu une fois par semaine. Elle sait que ces changements ont pour but de protéger sa santé et celle de son équipe médicale, mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une situation très difficile.
Madame la ministre, je suis persuadé que d’autres Canadiens se trouvent dans une situation similaire. Que dites-vous aux patients dans l’ensemble du Canada qui recevaient habituellement d’excellents soins pour des problèmes de santé qu’ils avaient déjà avant la pandémie et qui doivent maintenant composer avec des soins nettement inférieurs? Pendant combien de temps seront-ils aux prises avec cette nouvelle réalité?
Merci de votre question, monsieur le sénateur. Tout d’abord, je tiens à dire que je suis de tout cœur avec les patients à qui l’on demande de reporter une chirurgie élective ou un autre acte médical non urgent, ce qui, dans certains cas, cause beaucoup d’anxiété ou de changements dans les habitudes de vie. Je remercie encore une fois les professionnels de la santé de tout le pays, qui s’efforcent de peser la nécessité de prendre ce genre de décisions et qui réfléchissent à des façons de réduire le taux d’occupation de certains hôpitaux ou leur charge de travail pour se préparer au point culminant de la crise, que nous atteindrons, comme nous le savons, dans les prochaines semaines.
Il s’agit évidemment d’une situation sans précédent au Canada, et, même si nous disposons d’un système de santé publique dont nous pouvons être extrêmement fiers, comme l’est la majorité des Canadiens, il est débordé depuis très longtemps, comme nous le savons, et il l’est davantage maintenant que nous recensons plus de cas au Canada. Nous traversons une période où tous les Canadiens font des sacrifices, et je suis absolument certaine que ces sacrifices sont profondément personnels et, dans certains cas, assez lourds.
Je remercie la femme dont vous avez parlé d’avoir été capable de collaborer avec des fournisseurs de soins de santé pour trouver des solutions de rechange afin de recevoir ses traitements. Je présume que des milliers, voire des centaines de milliers, de Canadiens sont dans la même situation, tandis que le système de santé se prépare à une arrivée massive de patients comme nous n’en avons jamais vue auparavant.
Madame la ministre, que ferez-vous pour que le Canada ait des réserves suffisantes de sang pendant cette crise? Avez-vous parlé de l’approvisionnement en sang avec vos homologues provinciaux? Que se passera-t-il s’il y a confinement obligatoire? Pouvez-vous garantir au Sénat qu’un processus sera mis en place pour assurer la sécurité des gens qui souhaitent donner du sang?
Merci, monsieur le sénateur. Nous avons observé une baisse des dons de sang ces temps-ci, et c’est pourquoi la Dre Tam et moi avons demandé aux Canadiens de continuer à donner du sang. Il est très important que les personnes qui peuvent le faire continuent à le faire. Il est nécessaire que nous maintenions les réserves de sang et ce, même dans les meilleures circonstances.
En ce qui concerne le confinement obligatoire, il faut être très prudent lorsqu’on utilise ce terme parce qu’il peut signifier plusieurs choses. D’une certaine façon, le Canada est en confinement. Nous n’acceptons plus de voyageurs en provenance de l’étranger. Nous avons toute une série de mesures à l’échelle du pays, selon les provinces, qui limitent de façon importante la vie des gens. Au fédéral, en prenant ce type de mesures, nous nous efforçons de préserver la capacité des gens de vaquer à leurs occupations au quotidien tout en tenant compte de la nécessité d’intensifier l’éloignement social, par exemple. Ce ne sont pas des décisions faciles. Cela dit, je pense que le terme « confinement obligatoire » a différentes significations pour différentes personnes. Nous devons donc éviter de l’utiliser d’une façon qui laisse entendre une seule chose.
Mais les réserves de sang seront-elles suffisantes?
Dre Tam pourra répondre à cette question. C’est un point sur lequel elle travaille.
Je tiens à rassurer les Canadiens et à leur dire que la Société canadienne du sang et Héma-Québec ont mis en place des mesures très rigoureuses pour garantir la sécurité des personnes qui vont donner du sang dans leurs cliniques. Ces deux organismes font une sélection préliminaire et ne laissent pas entrer dans les cliniques les personnes qui ont des symptômes. Il est donc très sécuritaire d’aller donner du sang.
Les Canadiens répondent à l’appel qui a déjà été lancé. Je leur demande de continuer de répondre à l’appel pour que les réserves de sang demeurent adéquates. Les Canadiens répondent déjà présents, et ils doivent simplement continuer dans la même voie. Merci.
Je remercie les ministres et la Dre Tam. Selon un rapport commandé par le gouvernement fédéral, à la suite de la crise du SRAS, il n’y avait pas de base de données nationale pour assurer le suivi des cas, et les mécanismes pour communiquer les données aux provinces étaient déficients. Pendant cette pandémie de COVID-19, les Canadiens s’attendent à ce que l’on déploie des efforts exceptionnels pour que les données soient recueillies et échangées de façon transparente entre les gouvernements. Il est essentiel d’harmoniser les pratiques de gestion de données dans l’ensemble du pays.
Madame la ministre, dans quelle mesure a-t-on centralisé le suivi épidémiologique des cas? Pourriez-vous expliquer comment les gouvernements fédéral et provinciaux échangent et communiquent leurs données? Est-ce que le gouvernement fédéral mène ce processus très important?
Merci beaucoup, sénatrice. Vous avez entièrement raison; les données, en particulier les données détaillées, nous permettent de suivre la progression de la maladie partout au pays et d’établir les mesures requises d’une façon plus précise afin d’atténuer certains des effets de la crise économique qui sévit.
Le défi auquel nous devons faire face, bien honnêtement, est le niveau de transparence dans la présentation des données qui varie d’une province et d’un territoire à l’autre. Dans certains cas, il s’agit d’un problème de capacité, et Santé Canada est intervenu pour offrir du soutien, notamment en matière de ressources humaines, dans les provinces et territoires qui peinent à produire les données requises pour aider l’Agence de la santé publique du Canada à suivre la progression de la maladie et à la modéliser afin de déterminer les meilleures mesures à prendre.
À ce sujet, je vais céder la parole à la Dre Tam, car il s’agit d’une question sur laquelle elle s’est beaucoup penchée au sein du comité consultatif spécial avec les administrateurs en chef de la santé publique des provinces et des territoires.
Je vous remercie de cette question. Absolument, c’est une des choses les plus importantes que nous faisons avec les provinces et les territoires. Chacun des médecins hygiénistes en chef est chargé de recueillir des données. Ils partagent toutes les données possibles, aussi rapidement que possible. Nous savons tous que ceux qui sont sur la ligne de front du système de santé publique travaillent d’arrache-pied; ce n’est pas faute d’avoir essayé. Vous verrez que les données seront transmises de plus en plus vite.
Les médecins hygiénistes en chef de tout le Canada fournissent chaque jour des renseignements au public, sur chaque cas dont ils ont pris connaissance. Par contre, nous essayons de recueillir des informations plus détaillées sur ces cas afin de déterminer si les mesures prises ont eu une incidence sur l’épidémie. Ce travail se poursuit actuellement et il s’accomplit de plus en plus rapidement.
Le Canada est un pays vaste. Nous devons examiner l’épidémiologie de façon distincte à différents endroits. Les données nationales globales n’offrent pas suffisamment de détails sur ce qui arrive en Colombie-Britannique, en Alberta ou en Ontario. Donc, il faut vraiment avoir des données infranationales. Les provinces commencent à afficher les données sur leurs sites Web; nous n’avons qu’à les compiler. L’épidémie présente différentes caractéristiques dans les différentes parties du Canada, que nous sommes maintenant en mesure de décrire.
Comment le pays peut-il déterminer le nombre réel de cas étant donné que beaucoup de Canadiens ayant des symptômes légers restent chez eux et qu’ils ne font jamais de test de dépistage? D’un point de vue épidémiologique, il est important de connaître le nombre réel de cas pour comprendre l’incidence et la propagation de la maladie.
Est-ce que Santé Canada ou l’Agence de la santé publique du Canada a étudié la manière dont d’autres pays ont mis en place des mécanismes d’échange de données avec leurs citoyens? Je crois qu’il y a environ 10 pays, dont la Corée du Sud, Singapour, la Belgique, l’Italie et l’Allemagne, qui utilisent les données des téléphones cellulaires pour suivre les cas et les contacts. Certains sont plus intrusifs et s’intéressent aux données personnelles, mais d’autres s’intéressent aux données globales des collectivités concernant la localisation et les mouvements. Le Canada a-t-il envisagé cette approche?
Je vais commencer, puis je céderai encore la parole à la Dre Tam pour une réponse plus détaillée à votre question.
Si l’on se compare avec les autres pays, oui, des efforts sont déployés à cet effet. Nous examinons les efforts des pays comparables, non seulement pour gérer l’épidémie, mais aussi pour trouver une façon, comme je le dis souvent, de sortir de cette crise. C’est un défi. Nous avons l’impression d’être aux prises avec ce problème depuis un an au Canada, mais cela fait seulement trois mois que l’espèce humaine est confrontée à ce virus.
D’un pays à l’autre, diverses méthodes sont utilisées pour essayer de comprendre les variables épidémiologiques et trouver le moyen de se sortir de cette situation, à défaut de développer un vaccin ou un traitement.
La Dre Tam et ses collègues font un travail remarquable pour augmenter notre capacité de dépistage. En fait, selon les données qu’elle m’a transmises, près de 20 000 tests ont été faits hier. Nous approchons donc des taux de dépistage de la Corée du Sud.
Je suis désolée, mais nous devons céder la parole à un autre sénateur.
Madame la ministre Hajdu et Dre Tam, je vous remercie pour tout le travail que vous avez accompli au nom des Canadiens.
Les dangers auxquels sont exposés les intervenants de première ligne, surtout les travailleurs de la santé, m’inquiètent beaucoup. Sur les 40 000 cas documentés de COVID-19 en Espagne, 14 % étaient des professionnels de la santé, médecins et infirmières. Il y a déjà un grand nombre de personnes dont le test s’est révélé positif au Canada; j’ai vu qu’il y en a 26 en Ontario et 11 en Alberta. De nombreux professionnels de la santé travaillent avec une protection insuffisante, voire nulle.
Des travailleurs de la santé de première ligne nous disent également craindre pour leur propre sécurité, et la presse en donne de multiples exemples. Une douzaine d’infirmières d’Edmonton refusent de travailler à cause d’un équipement de protection individuelle inadéquat. Une pétition en ligne lancée par 62 médecins demande des équipements de protection. Hier, cette pétition comptait quelque 97 000 signatures.
Il paraît que dans les cliniques et les cabinets médicaux, des médecins et des infirmières ont un accès limité, voire inexistant, à de l’équipement de protection individuelle.
Madame la ministre, pouvez-vous faire le point sur les mesures concrètes qui sont prises, en collaboration avec les provinces et les territoires, pour faire en sorte que l’investissement qui a déjà été fait ou qui sera fait pour fournir l’équipement de protection individuelle nécessaire se traduise par un accès réel à cet équipement pour les travailleurs de première ligne? Ces derniers font face au danger en notre nom et nous disent que leurs besoins ne sont pas satisfaits et qu’ils ont peur.
Pourriez-vous aussi expliquer aux travailleurs de première ligne comment ils peuvent obtenir l’équipement de protection individuelle auquel ils n’ont pas accès à l’heure actuelle?
Merci beaucoup, madame la sénatrice. Ma réponse comportera trois parties. Je céderai ensuite la parole à Dre Tam si le temps le permet.
Premièrement, nous collaborons très étroitement avec nos partenaires internationaux, provinciaux et territoriaux pour nous assurer que les conseils techniques fournis aux travailleurs de première ligne à propos de l’équipement de protection requis pour les différentes interventions soient fondés sur la science et permettent à la fois d’assurer la sécurité du personnel de première ligne de la manière la plus efficiente possible, et de protéger nos réserves d’équipement. Nous sommes conscients que ces conseils techniques suscitent des débats, particulièrement parmi les infirmières. J’ai parlé avec la présidente de la Fédération canadienne des syndicats d’infirmières et d’infirmiers, Linda Silas, et de nombreux fonctionnaires de mon ministère le font aussi. Ces conversations se poursuivent.
Je tiens à être claire. L’Agence de la santé publique du Canada continuera de fournir des conseils fondés sur la science. Les médecins nous demandent, eux aussi, de continuer d’écouter la science et de faire le nécessaire pour avoir, en quantité suffisante, l’équipement de protection requis pour l’intervention qu’on fait auprès du patient à un moment donné.
Des conseils techniques sont offerts aux travailleurs de première ligne. Nous parlons souvent des travailleurs de la santé de première ligne, mais n’oublions pas les autres services essentiels qui sont offerts dans les collectivités de l’ensemble du pays, y compris par le personnel des magasins de détail et des épiceries, les pharmaciens et le personnel de première ligne des refuges pour les sans-abris. Nous avons fourni une foule de directives concernant l’équipement de protection individuelle et les procédures de sécurité pour diverses catégories de travailleurs de première ligne, outre les travailleurs de la santé.
Pour ce qui est de se préparer à la hausse des cas, comme je l’ai indiqué dans mes observations préliminaires, des efforts considérables ont été déployés par Santé Canada, l’Agence de la santé publique du Canada, le ministère des Services publics et de l’Approvisionnement ainsi que le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique afin que l’on se procure le matériel nécessaire sur le marché mondial, étant donné les capacités très limitées de la chaîne d’approvisionnement mondiale, mais aussi afin que l’on puisse accroître les capacités de production à l’échelle nationale dans certains de ces secteurs. Nous poursuivons ces efforts tous les jours et à toute heure.
Madame la ministre, vous savez peut-être que, dans les 24 dernières heures, nombre d’hôpitaux de Toronto ont demandé à leurs employés de porter des masques lors de toute rencontre clinique. Les données scientifiques n’indiquent aucune différence, mais, étant donné, d’une part, l’incertitude quant à l’infectiosité des personnes que ces employés doivent côtoyer et, d’autre part, la difficulté de maintenir une distance physique dans un milieu clinique, on estime que cette mesure offre une protection supplémentaire au personnel. Il y a donc des incohérences, puisque certains établissements ne prennent aucune mesure de ce genre, alors que d’autres cherchent à accroître le niveau de protection.
Je tiens à vous remercier, ainsi que votre entourage, de votre engagement et de votre expertise. Je remercie également les gens qui travaillent très fort pour nous protéger. C’est très généreux de leur part, et nous leur en sommes reconnaissants.
Ma question est générale, et je la pose dans le but d’être rassuré. Depuis un mois, le gouvernement fédéral et les provinces nous disent presque tous les jours que, même s’ils savent que la pandémie se propage et qu’elle constitue une menace importante, la situation est bien gérée et qu’on peut s’attendre à ce que tous nos besoins essentiels soient satisfaits.
Cependant, hier, j’ai entendu le premier ministre du Québec s’en prendre au gouvernement fédéral pour le manque de ventilateurs, et je crains que dans deux ou trois semaines, la situation tourne au vinaigre et que les deux parties commencent à s’accuser l’une et l’autre.
Pouvez-vous nous assurer que nous pourrons répondre à tous les besoins? Je comprends que le défi est énorme pour vous, mais pouvez-vous nous confirmer que le tout se déroulera de façon appropriée pour les Canadiens?
Merci, sénateur. Je suis désolée, mais je dois vous répondre en anglais. Mon français est trop rudimentaire pour la réponse compliquée que je vais donner à votre question. Je tiens d’abord à dire que nous travaillons assidûment avec l’ensemble des provinces et des territoires et que, à mesure qu’augmentent les tensions liées à la prestation de services aux Canadiens durant cette période extrêmement difficile, les politiciens deviennent de plus en plus tendus, car ils veulent s’assurer de faire tout en leur pouvoir pour la population canadienne.
Soyons bien clairs. L’une des raisons pour lesquelles nous tentons d’aplatir la courbe est parce que nous ne possédons pas assez de respirateurs pour faire face à une flambée des cas comme celle observée dans de nombreux autres pays, tels que l’Italie. J’estime que nous devons être honnêtes à ce sujet. Nous faisons de notre mieux pour nous procurer davantage de respirateurs. Nous les fournirons aux régions qui en ont le plus besoin; cette décision sera prise collectivement par le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires. En effet, nous nous sommes entendus avec les provinces et les territoires pour partager l’équipement, en fonction de la manifestation et de la gravité du virus.
Ce n’est pas le moment pour les particuliers, les provinces ou les territoires d’accumuler des choses. Nous devons être animés par un esprit de partage et de générosité afin de pouvoir acheminer des fournitures, des personnes et des ressources aux régions qui en ont le plus besoin.
Je sais que ma collègue, la Dre Tam, collabore également avec le directeur de la santé publique du Québec.
Des efforts sont déployés tous les jours pour mobiliser les provinces et les territoires et évaluer les besoins. Bien entendu, les provinces et les territoires doivent nous fournir une estimation de leurs besoins. En ce qui concerne les respirateurs artificiels, par exemple, le gouvernement fédéral a pris les devants et en a acheté avant même que les provinces fournissent une estimation des besoins prévus.
Nous examinons toutes les possibilités, y compris certains fournisseurs canadiens de respirateurs. Évidemment, notre objectif premier est d’éviter que quiconque ait besoin d’un respirateur artificiel. Toutefois, si l’on se fie aux statistiques et à la modélisation de cette pandémie, le recours aux respirateurs sera inévitable. Tous nos efforts visent à maintenir la courbe de l’épidémie, ainsi que son sommet, en-deçà de la capacité maximale du Canada pour ce qui est de gérer les patients. Cela dit, nous mettons absolument l’accent sur l’équipement de protection individuelle, les respirateurs artificiels et d’autre matériel essentiel.
À de simples fins de vérification, optimisons-nous toutes les innovations qui voient le jour? Par exemple, j’ai lu qu’une entreprise appelée Cepheid a créé un test de dépistage qui permet d’obtenir un résultat en 45 minutes, que ce test a été approuvé par la Food and Drug Administration et qu’il est maintenant utilisé aux États-Unis. Je constate également qu’un test d’immunité est maintenant disponible. Il s’agit d’une ressource importante créée par l’école de médecine Mount Sinai et dont se servent de nombreux pays. Utilisons-nous tout ce nouveau matériel pour améliorer notre efficacité et notre rendement?
Merci beaucoup, sénateur. Assurément, nous tirons parti des innovations et nous modifions les règlements aussi rapidement que possible afin de permettre l’utilisation de nouveaux tests et de profiter de la capacité des producteurs du pays de fournir de l’équipement de sécurité personnelle et des choses comme des respirateurs. Ce faisant, nous devons toutefois veiller à ce que des exigences minimales soient respectées, surtout en ce qui concerne la production d’équipement. En effet, il est inutile d’acheter une cargaison de masques N95 s’ils ne protègent pas véritablement les travailleurs.
Comme vous le savez, dans une situation comme celle-ci, il y a des centaines et des centaines de gens prêts à nous vendre leur marchandise. Dans certains cas, il s’agit de fournisseurs légitimes, mais, parfois, il s’agit de gens qui tentent de tirer profit de la situation absolument tragique qui frappe le monde entier. Les responsables de l’approvisionnement travaillent de concert avec Santé Canada et l’Agence de la santé publique pour faire en sorte que ce que nous achetons soit bel et bien utile pour les travailleurs de première ligne et pour les Canadiens qui comptent sur les produits en question.
Je remercie les sénateurs et les autres fonctionnaires de leur présence aujourd’hui. Je remercie particulièrement la Dre Tam qui, je pense, pour de nombreux Canadiens, est une source de quiétude pendant cette période difficile. Je suis reconnaissant du travail que vous accomplissez.
Ma question s’adresse au ministre Blair. Nous n’avons pas eu recours à la Loi sur les mesures d’urgence dans sa forme actuelle une seule fois au Canada. D’ailleurs, je pense que la majorité des gens se rapportent à la Loi sur les mesures de guerre, qui a été promulguée en 1970. Toutefois, je pense que si tout le monde lisait la Loi sur les mesures d’urgence, on se rendrait compte que la section portant sur les sinistres correspond parfaitement à la situation dans laquelle nous nous retrouvons aujourd’hui. Je pourrais vous donner une longue liste des raisons pour lesquelles cette mesure législative doit être mise en place, mais, plus important encore, j’aimerais que vous nous disiez ce qu’il a été envisagé de faire, pourquoi on n’a pas décidé de le faire jusqu’à présent et ce qui sera le facteur déterminant pour décider d’aller de l’avant.
Merci beaucoup, monsieur le sénateur. Je serai bref. Tout d’abord, je conviens que les dispositions sur les sinistres de la Loi sur les mesures d’urgence, plus précisément l’article 8, s’appliquent tout à fait à la situation actuelle. Cette loi exige que certaines conditions soient présentes avant qu’il ne soit possible d’invoquer la loi. La première condition est, bien sûr, la présence de circonstances à caractère d’urgence et de nature temporaire, qui mettent en danger la vie, la santé et la sécurité des Canadiens.
De toute évidence, la situation actuelle correspond à cette définition. Cependant, la loi exige également que le gouvernement fédéral tienne compte de la capacité et des pouvoirs des provinces pour gérer la situation. Cette capacité et ces pouvoirs doivent être considérés comme insuffisants ou déficients pour justifier une intervention fédérale. Par ailleurs, le gouvernement doit également conclure qu’il est impossible de gérer la situation efficacement avec les pouvoirs que confèrent les autres lois canadiennes.
Monsieur le sénateur, je vous assure que nous évaluons la situation chaque jour et que, lors de nos consultations avec les provinces et les territoires, je me suis renseigné sur l’efficacité et la pertinence de leurs lois et des mesures d’urgence prises à ce niveau. Nous consultons quotidiennement les provinces et les territoires pour savoir s’il faut en faire davantage.
Je tiens à vous assurer que le gouvernement n’éprouvera aucune réticence à recourir à la Loi sur les mesures d’urgence si cela est jugé nécessaire. Nous évaluons la situation au quotidien afin de déterminer si c’est nécessaire. S’il devient nécessaire d’accorder les pouvoirs qu’elle confère où que ce soit au Canada, nous le ferons. De par la nature même de cette loi, il faut alors procéder en consultation avec les provinces et les territoires. Cette consultation s’effectue à tous les niveaux entre nos représentants respectifs, avec mes homologues et même entre les premiers ministres provinciaux et territoriaux et le premier ministre. Cette discussion a lieu chaque jour.
Merci beaucoup, monsieur le ministre. Il y a environ une dizaine d’années, la GRC a créé une importante unité de réserve qui n’existait pas auparavant, ainsi que le Programme des auxiliaires de la GRC, qui existe dans toutes les provinces sauf l’Ontario et le Québec, si je ne m’abuse. A-t-on prévu avoir recours à ces réservistes et à ces auxiliaires pour les affecter à des tâches auxquelles ils ne seraient normalement pas affectés?
Je répète que l’urgence actuelle est tout à fait inédite. Normalement, les policiers, les pompiers et les ambulanciers sont les premiers sur les lieux, mais dans les circonstances, ce n’est plus forcément le cas. Les premiers intervenants sont des professionnels de la santé. Notre objectif premier a toujours été de les aider à faire un travail tout simplement essentiel. Or, plus la maladie progressera, plus leur travail deviendra important. Voilà pourquoi l’ensemble des organismes gouvernementaux et des ministères ont passé en revue et actualisé leurs plans de poursuite des activités. Ils ont tous étudié la possibilité d’accroître leur capacité d’intervention.
J’ai aussi demandé à la commissaire de la GRC de prendre les devants et de communiquer avec les autres personnes responsables des premiers intervenants du pays afin que l’intervention nationale se fasse de manière concertée et soutenue. Nous faisons tout pour que les capacités nécessaires puissent être déployées et renforcées en cas de besoin. Nous sommes en présence de difficultés encore jamais vues et, comme vous le savez, les agents de la GRC sont souvent appelés à se déplacer d’un endroit à l’autre; or, dans les circonstances, les déplacements peuvent aggraver une situation déjà difficile. Voilà pourquoi nous cherchons de nouvelles façons d’intervenir dans le contexte difficile de la pandémie actuelle.
Merci beaucoup.
J’ai deux questions à poser aux deux ministres, mais avant cela, je tiens à les remercier de leur action. Nous savons que vous faites de votre mieux. Dans un reportage diffusé ce matin à la CBC, on disait ceci :
Les Canadiens qui, face à la pandémie de COVID-19, sont prêts à tout pour rentrer chez eux contournent facilement le contrôle des voyages aériens [...]
Et ils relatent des faits réels à ce sujet.
Monsieur le ministre, la Chine a presque aplati la courbe. Les gens qui sont rentrés facilement chez eux ont probablement contourné les contrôles qu’on essayait de leur imposer. Comment pouvez-vous les en empêcher? Quelles autres mesures avez-vous prévues pour garantir que les passagers d’un avion ne rapportent pas la maladie au pays?
Je vais commencer, puis je céderai la parole à ma collègue qui pourra aborder le point de vue sanitaire. Nous avons adopté un certain nombre de mesures à l’égard des voyageurs qui reviennent de l’étranger. Le transporteur aérien constitue la première ligne de défense. Nous avons émis des directives à l’intention des transporteurs aériens qui assurent les vols à destination du Canada. Ils ont le devoir et la responsabilité de vérifier s’il y a des personnes symptomatiques qui montent à bord. Une fois à bord, ces personnes peuvent poser un risque pour les autres.
Il ne s’agit pas simplement de poser les questions, car nous savons que la grande majorité des Canadiens sont très responsables et consciencieux et qu’ils vont dire la vérité, mais certains ne le feront pas. Nous avons demandé aux transporteurs et à leurs équipages d’observer les passagers afin de repérer ceux qui semblent symptomatiques. Nos représentants en sont avertis avant l’atterrissage de l’avion. Ces personnes sont attendues à la barrière, séparées des autres passagers qui arrivent et aiguillées vers les interventions sanitaires appropriées. Tout le monde doit répondre à une question. On demande aux passagers s’ils sont symptomatiques. Ils doivent répondre. On leur dit également de s’isoler pendant 14 jours. Ils doivent reconnaître qu’ils ont reçu cette consigne.
Des agents patrouillent dans les aires d’arrivée des passagers afin de détecter les symptômes et de diriger les personnes qui en ont vers les autorités sanitaires compétentes. Nous ne procédons pas à des examens de santé dans ces lieux; nous cherchons plutôt à repérer les passagers qui présentent des symptômes à leur arrivée. Nous les informons également des mesures à prendre pour prévenir la propagation de la maladie.
Madame la ministre de la Santé, pourquoi ne procède-t-on pas à des examens de santé? Je suis allé souvent en Afrique et, parfois, on prend la température des voyageurs à leur arrivée. On faisait cela avant la pandémie. Je pense que la situation est très grave.
Merci, monsieur le sénateur. Tout d’abord, permettez-moi de dire qu’il s’agit d’un virus très sournois. J’entends par là qu’il provoque parfois des symptômes légers sans aucune fièvre, ce qui pose problème. Les symptômes varient d’une personne à l’autre, et il est extrêmement difficile de détecter la maladie. Il arrive parfois que les gens aient des symptômes si légers qu’ils ne savent même pas qu’ils sont malades. C’est pourquoi ce virus est problématique depuis le tout début. En réalité, les meilleures données à notre disposition proviennent de l’épisode du SRAS, où, certains d’entre vous s’en souviennent peut-être, on utilisait des thermomètres à la frontière. Aucun cas n’a été détecté à l’aide de cette technologie.
La façon d’utiliser les ressources dans une telle situation est cruciale. Bien sûr, des agents de quarantaine de l’Agence de la santé publique se trouvent à tous les aéroports. Nous avons triplé le nombre d’employés pour appuyer l’Agence des services frontaliers du Canada. Lorsque des employés de l’agence repèrent des personnes qui présentent des symptômes, ces dernières sont isolées des autres voyageurs, elles sont questionnées davantage, puis elles sont dirigées vers l’Agence de la santé publique, au besoin. Ce travail se fait déjà.
Nous sommes évidemment préoccupés par les gens qui reviennent au Canada et qui ne prennent pas la situation au sérieux, comme la nécessité de se placer en quarantaine pour 14 jours, de rester en isolement pour 14 jours. C’est pourquoi, à compter de minuit ce soir, cette mesure sera obligatoire pour tous les voyageurs qui rentrent au pays.
C’est particulièrement vrai pour les gens qui viennent de pays qui ont minimisé le problème que pose le virus. Nous savons que beaucoup de gens reviennent de leurs résidences d’hiver, par exemple, qui ont peut-être entendu différentes nouvelles concernant la gravité de la maladie et qui ne prennent pas la situation au sérieux. À partir de ce soir, toute personne qui revient au Canada sera tenue de s’isoler pendant 14 jours, conformément à la Loi sur la mise en quarantaine. De plus, il lui sera interdit de s’isoler dans une résidence où se trouve une personne vulnérable et de prendre le transport en commun pour se rendre à son lieu d’isolement. L’Agence de la santé publique du Canada aidera les personnes qui n’ont pas d’endroit où se loger ou qui n’ont pas de moyen de transport privé.
Il faut que les Canadiens qui rentrent au pays prennent la situation au sérieux. Même s’ils ne présentent pas de symptômes au débarquement, il est extrêmement important que les Canadiens comprennent que, pour assurer la sécurité de leurs familles et de leurs collectivités, ils doivent suivre les conseils en matière de santé publique et respecter dorénavant l’exigence de rester chez eux pendant 14 jours. Cela signifie qu’ils ne doivent pas rendre visite à leurs amis et à leur famille.
Je vous remercie d’être avec nous aujourd’hui. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Ma question s’adresse à Mme Hajdu, ministre de la Santé, et porte sur les services offerts aux Canadiens en ce qui a trait à la santé mentale.
Je pense que nous sommes tous conscients de cette urgence sanitaire, mais j’ai quelques inquiétudes en ce qui concerne les services de santé mentale. Existe-t-il un plan pour que les gens aient plus facilement accès à ces services, afin de les aider en cas de problèmes de santé mentale? La situation actuelle est très anxiogène. Certaines personnes ressentent du stress, de la peur et de l’anxiété parce qu’elles craignent de devoir affronter l’inconnu à l’avenir. En outre, nous devons penser aux personnes qui éprouvent actuellement des problèmes de santé mentale.
Existe-t-il un plan, une stratégie d’aide? Peut-être qu’il faudrait offrir plus de services, plus de lignes d’écoute et d’assistance, et augmenter le financement des groupes à but non lucratif qui viennent en aide aux personnes vulnérables. Je vous serais reconnaissant de nous donner un peu plus de détails à propos de ce que nous avons comme plan.
Merci beaucoup, madame la sénatrice. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous débattons de ce projet de loi aujourd’hui. Nous voulons atténuer la peur et l’anxiété que vivent les Canadiens par rapport à différentes sphères de leur vie. Ils craignent évidemment de contracter le virus et s’inquiètent de ses effets possibles sur leur santé et leur sécurité, mais ils sont aussi extrêmement préoccupés par les pertes de revenus et la durée de l’auto-isolement. Il est très difficile de répondre à toutes ces questions. Même en cette période extraordinaire, nous constatons que d’autres pays dans le monde essaient de répondre à ces questions et que, parfois, il n’y a tout simplement pas de réponse facile.
Je suis heureuse que vous ayez souligné l’incroyable fardeau que cette crise représente pour la santé mentale des Canadiens, et c’est un aspect qui me préoccupe. Lorsque je me couche le soir, je pense aux enfants qui vivent dans des familles aux prises avec des difficultés. Je pense aux gens qui souffrent de toxicomanie et qui sont maintenant isolés, sans pouvoir sortir pour recevoir les soins dont ils ont besoin. Je pense aux personnes qui vivent déjà avec d’importants troubles de santé mentale, pour qui la crise aggrave la situation. Nous prenons un certain nombre de mesures, notamment en collaborant avec des organismes sans but lucratif. La ministre de l’Égalité des genres travaille sur des mesures de soutien pour les organismes qui viennent en aide aux familles et aux femmes susceptibles d’être victimes de violence conjugale ou d’une autre forme de violence.
Dans les jours à venir, nous lancerons un outil virtuel pour la santé mentale auquel les Canadiens pourront accéder gratuitement. Cet outil leur permettra au moins d’acquérir des compétences qui pourraient les aider à calmer leur anxiété et leurs craintes. La contribution de tous est nécessaire. C’est pourquoi j’exhorte les Canadiens à être gentils les uns envers les autres. Les gouvernements ne pourront pas tout régler par eux-mêmes. Les Canadiens devront travailler ensemble, se soutenir mutuellement, être à l’écoute les uns des autres, être gentils les uns envers les autres, ne pas stigmatiser certaines communautés, et comprendre que toutes les personnes, peu importe leur situation, tentent de leur mieux de donner un sens à ce qui se passe actuellement et que nous aurons tous besoin d’aide pour traverser cette épreuve.
Votre question est extrêmement importante. Plus la pratique de distanciation sociale sera longue, plus nous observerons des problèmes graves de santé mentale et du stress au sein de la population. Il incombera à tous les Canadiens de continuer de tendre la main aux autres, surtout ceux qui n’ont souvent personne dans leur vie.
Je remercie les ministres d’être présents. Ma question s’adresse au ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile.
Monsieur le ministre, de plus en plus de Canadiens s’inquiètent de ce qui se passe aux États-Unis, où on semble hésiter sur les mesures à prendre, alors que nous avons mis en place des mesures rigoureuses. Au Québec, en particulier, dont je suis originaire, nous partageons une longue frontière avec l’État de New York, où la situation, à cause de la pandémie, est alarmante. Il y a deux choses qui nous inquiètent et j’aimerais que vous nous disiez ce que vous en pensez. D’abord, il faut que la chaîne d’approvisionnement ne soit pas rompue. Dans quelle mesure peut-on se fier à la chaîne d’approvisionnement quand on sait que, du côté américain de la chaîne d’approvisionnement, rien n’est fait pour juguler la pandémie?
Ensuite, quelles mesures prenons-nous pour éviter que la chaîne d’approvisionnement ne contribue à la contamination de davantage de Canadiens et à la propagation du virus au Canada? Nous apprécions que les camions traversent la frontière le plus vite possible, mais je suppose que nous aimerions qu’ils ne soient pas des vecteurs de la maladie quand ils traversent la frontière.
Merci, monsieur le sénateur. Je conviens que les questions que vous posez sont très importantes et qu’elles ont été au centre de notre planification et de la mise en œuvre des mesures que nous avons prises pour limiter les déplacements non essentiels à travers notre frontière.
C’est une mesure importante que nous avons mise en place et qui nous démarque. Elle a une incidence considérable. En comparant les données d’une année à l’autre, nous avons constaté une diminution de 80 % chez les voyageurs qui viennent au Canada par avion en provenance des États-Unis. Pour ce qui est des voyages par voie terrestre, nous avons observé une baisse d’environ 71 % du volume des déplacements sur les autoroutes, ce qui est assez significatif.
Par ailleurs, je peux vous assurer que nous effectuons un suivi quotidien. Bien qu’il y ait eu une certaine diminution du nombre de semi-remorques qui traversent la frontière dans les deux sens, cette diminution est presque entièrement le résultat d’usines qui ferment parce que leurs travailleurs ne sont pas en mesure de se rendre à leur travail non essentiel.
Nous surveillons attentivement tous les aspects des infrastructures essentielles pour nous assurer qu’elles peuvent être maintenues. Cela inclut les chaînes d’approvisionnement, les transports, les services publics dans l’ensemble du pays, les services de santé et les services de sécurité. Tous les aspects des infrastructures essentielles font l’objet d’une surveillance très attentive. Je suis convaincu que nous avons été en mesure de maintenir ces chaînes d’approvisionnement.
En ce qui a trait aux personnes qui conduisent des camions ou des trains pour transporter des produits de part et d’autre de la frontière, je peux vous dire, monsieur le sénateur, que nous les avons exemptées de la période obligatoire de 14 jours de quarantaine, mais nous prenons des mesures pour qu’elles restent en santé en accomplissant ce travail essentiel. Nous leur avons fourni des informations et nous collaborons étroitement avec leur association afin que ces personnes surveillent rigoureusement leur propre état de santé et qu’elles mettent en pratique les mesures d’hygiène appropriées et pratiquent la distanciation sociale pour se protéger. Si elles présentent des symptômes, elles cesseront immédiatement de travailler. La situation sera suivie de près.
Monsieur le sénateur, le maintien des chaînes d’approvisionnement demeure un défi, mais nous surveillons la situation au jour le jour. Je peux vous dire que la circulation des camions est très fluide à la frontière; les chaînes sont maintenues.
S’agit-il d’un système d’autodéclaration? Le chauffeur de camion annonce-t-il en traversant la frontière qu’il se sent bien? Subit-il un examen et un suivi?
On fait des vérifications. Premièrement, ils doivent avoir les documents appropriés pour pouvoir traverser la frontière et être reconnus comme travailleurs essentiels. Nous leur donnons des renseignements sur les symptômes à surveiller et sur les autres mesures qu’ils peuvent prendre pour assurer leur sécurité. Ils sont soumis à une vérification rigoureuse de la part des agents frontaliers du Canada, mais ils sont autorisés à entrer au pays pour y accomplir le travail essentiel qu’ils doivent encore y accomplir.
Je souhaite la bienvenue aux ministres. Comme beaucoup de Canadiens, nous sommes très inquiets de voir que le Canada semble tarder à agir au lieu d’être proactif. C’est l’impression que nous avons depuis le début. On s’est demandé, par exemple, pourquoi le Canada avait attendu aussi longtemps avant d’imposer des restrictions en matière de voyages et pourquoi on n’avait pas mis en place des processus de dépistage plus rigoureux dans les aéroports et à la frontière.
Nous ne pouvons plus revenir en arrière, évidemment. Nous avons fait les mêmes erreurs que de nombreux autres pays et nous devons faire face à des circonstances exceptionnelles. Cependant, pour réussir à aplatir la courbe, nous devons anticiper la prochaine catastrophe qui nous guette.
Honnêtement, messieurs et madame les ministres, en tant que parlementaires, il y a matière à sérieusement nous inquiéter. Une de mes collègues a parlé plus tôt de la situation des travailleurs de la santé sur le terrain. Je suis bien au fait de cette situation, puisque ma femme compte parmi ces travailleurs et elle travaille 15 heures par jour depuis 15 jours, sans jour de repos. Son personnel est stressé. C’est une question qu’elle m’a posée directement. Sur le terrain, dans les hôpitaux de la province, la sûreté des infrastructures est inadéquate pour le personnel, des cabines aux postes de triage. Il n’y a que des infrastructures de base. Il faudrait construire des installations pour répondre aux incidences du virus. Il n’y a pas assez de masques. Il n’y a pas assez de blouses d’hôpital. Il n’y a pas assez de respirateurs pour ce qui s’en vient, si l’on se fie à ce qui s’est passé dans certains des pays qui ont été touchés avant nous.
Il n’y a pas assez de trousses de test. C’est aussi ce qui explique que nous ne sachions pas présentement quelle est l’ampleur réelle de la propagation du virus ou quelles sont les régions touchées, entre autres.
Si on analyse l’évolution de la courbe en se basant sur les données des autres pays, on constate que les cas augmentent maintenant de manière exponentielle. Le gouvernement a confirmé que nous disposons d’un peu plus de 5 000 respirateurs. Que se passera-t-il dans quelques semaines si plus de 10 000 Canadiens doivent être hospitalisés? Les travailleurs en milieu hospitalier, comme mon épouse, devront commencer à décider qui va mourir et qui va vivre, qui va recevoir un respirateur et qui va être intubé. Nous nous sentirions plus rassurés si le gouvernement pouvait faire davantage que de répéter des phrases comme « Nous nous penchons sur la question », et « Nous évaluons la situation avec les provinces ».
En 2008, le Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense a publié un rapport sur la protection civile. On s’est penché sur les réserves d’urgence, plus particulièrement la réserve nationale stratégique d’urgence de Santé Canada. À l’époque, la réserve se composait de huit entrepôts et de 1 300 réserves de matériel établis stratégiquement dans l’ensemble du pays. On compte 165 hôpitaux de campagne, comprenant chacun 200 lits, qui pourraient entrer en fonction dans un délai de 24 heures. Pouvez-vous nous dire également ce qu’on trouve dans ces réserves et si on est prêt à déployer ces ressources? Sont-elles mises à jour? A-t-on étudié sérieusement la possibilité de faire appel aux militaires et de fournir les infrastructures de soutien nécessaires à notre système de santé, qui était déjà débordé partout au pays avant l’épidémie de coronavirus? Nos établissements employaient déjà leurs capacités maximales. A-t-on envisagé de recourir aux Forces armées canadiennes pour établir et organiser des centres de triage et des hôpitaux de fortune, et pour fournir à ces établissements les lits, les trousses de dépistage, les respirateurs, l’équipement et le soutien nécessaires, au cas où le Canada serait débordé par le nombre de patients, comme on l’a vu en Italie et dans d’autres pays? Je remercie les ministres.
Merci beaucoup, sénateur. Tout d’abord, je remercie la Dre Tam et l’Agence de la santé publique du Canada de leur travail incroyable pour nous aider à traverser cette période très difficile et à prendre des décisions extrêmement difficiles.
Je ne souscris pas à votre évaluation selon laquelle nous n’avons pas une longueur d’avance sur d’autres pays. Bien sûr, d’autres pays ont des systèmes de gouvernance différents qui leur permettent de prendre des mesures plus strictes. Cependant, en tant que démocratie qui utilise des données scientifiques et probantes, je fais grandement confiance au leadership de la Dre Tam et de l’Agence de la santé publique du Canada pour gérer la situation du mieux possible.
Pour ce qui est de la vive progression du nombre de cas, nul pays n’est préparé pour le genre de prévalence qui accompagne cette pandémie. C’est la raison pour laquelle le monde entier est en situation de crise. Quel que soit le pays, les systèmes de santé ont du mal à répondre aux besoins et à satisfaire la demande des malades, en particulier des personnes gravement malades. Voilà pourquoi nous travaillons si fort en ce moment pour aplanir la courbe. Nous savons que c’est notre meilleure chance. Notre meilleure chance consiste à prévenir que des gens tombent gravement malades tous en même temps. Nous espérons échelonner sur une plus longue période la propagation de la maladie au Canada. Cela ne veut pas dire que moins de gens seront malades. Par contre, ils ne seront pas tous malades en même temps, ce qui aidera à alléger le fardeau des professionnels de la santé tels que votre épouse et tant d’autres au pays. Il est compréhensible que ces gens soient alarmés, car ils doivent composer avec des pressions énormes pour préparer les hôpitaux et tous ces systèmes qui n’ont pas été conçus pour une prévalence comme celle que nous risquons de connaître au Canada et qui s’observe dans d’autres pays.
Bienvenue à nos invités. Ma question s’adresse au ministre Blair et comporte deux volets. À l’heure actuelle, quel est l’état de la situation dans les pénitenciers canadiens en ce qui concerne la propagation du virus? Y a-t-il beaucoup de gens qui sont atteints? Quels moyens prenez-vous pour protéger les agents correctionnels, qui font un travail extraordinaire? On sait que, par le passé, votre gouvernement ne les a pas toujours écoutés. Comment allez-vous protéger nos agents correctionnels dans les pénitenciers?
Merci beaucoup, sénateur. Ce matin, il n’y avait aucun cas de COVID-19 confirmé dans nos établissements correctionnels. Nous poursuivons la planification avec les autorités de la santé publique. Tous nos établissements ont un plan d’urgence.
Nous donnons également de la formation à nos agents. Nous nous assurons qu’ils disposent d’un stock d’équipement de protection individuelle adéquat pour répondre à leurs besoins.
Sénateur, je comprends votre inquiétude. De par sa situation, la population carcérale constitue un groupe particulièrement vulnérable. Nous communiquons avec les représentants du Service correctionnel du Canada et avec les syndicats qui représentent ses employés pour veiller à ce que ces derniers aient le soutien dont ils ont besoin pour s’acquitter de leur important travail. Nous nous soucions également beaucoup de la sécurité de la population carcérale. Des mesures spéciales sont adoptées. Ainsi, il y a plusieurs jours, le Service correctionnel du Canada a interdit toutes les visites. Nous avons imposé des limites sur les déplacements et les transfèrements de détenus entre établissements.
Des mesures importantes sont prises à l’intérieur des établissements pour réduire le risque que la maladie y soit introduite. Nous nous préparons en conséquence. Comme vous le savez sans doute, les établissements disposent d’installations sanitaires. Ils ont aussi des procédures bien établies pour contenir les maladies et les virus qui entrent dans le milieu carcéral, car c’est un défi de taille auquel ils doivent faire face régulièrement. Comme la ministre de la Santé l’a souligné, il s’agit d’un virus sournois. Comme il est beaucoup plus insidieux et plus difficile à contenir, nous prenons des mesures très vigoureuses.
J’ai aussi demandé à la commissaire du Service correctionnel du Canada et à la présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada d’examiner les façons de réduire le nombre de personnes qui pourraient être exposées au virus. Je leur ai aussi demandé d’envisager la possibilité de prendre des mesures pour faciliter la libération anticipée de délinquants non dangereux, par exemple. Nous examinons un certain nombre de mesures qui pourraient réduire le risque assez élevé qui existe dans les établissements correctionnels.
J’ai une autre question. Pourquoi avez-vous pris la décision de fermer temporairement le passage du chemin Roxham? La majorité des Canadiens voudraient qu’il soit fermé définitivement.
Nous avons un partenariat de longue date avec le Québec, qui fournit un hébergement temporaire aux personnes qui traversent la frontière de manière régulière et qui font une demande d’asile. Le Québec nous a indiqué que l’isolement de 14 jours pour ces personnes présente de grandes difficultés.
Nous sommes en discussion avec d’autres organismes qui s’occupent des réfugiés. Par exemple, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations ont interrompu la réinstallation des réfugiés. Pour ceux dont le dossier est en attente, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada est intervenu et a fait les arrangements nécessaires pour que ceux qui ont déjà fait une demande soient logés de manière à ce qu’une période d’isolement de 14 jours soit possible.
Nous travaillons aussi avec nos homologues des États-Unis. En nous fondant sur les mesures temporaires en place pour restreindre les déplacements non essentiels entre les deux pays, nous avons convenu de renvoyer des individus, ce qui a eu des effets considérables et presque immédiats. Une personne a été renvoyée du Canada vers les États-Unis et une personne a été renvoyée des États-Unis vers le Canada. Nous avons constaté que la mise en œuvre de cette mesure temporaire décourage les personnes de venir au pays.
Si nous avons décidé de prendre cette mesure maintenant, c’est parce que nous sommes confrontés aux nombreux défis que présente l’endiguement de cette maladie. Nous croyons que restreindre de façon appropriée la circulation des personnes à la frontière canado-américaine est la bonne chose à faire à l’heure actuelle.
Ma question s’adresse à la ministre de la Santé. Nous avons discuté brièvement de la santé mentale, de l’isolement et de l’importance de prendre soin de soi-même. La question que je pose peut ne pas sembler particulièrement profonde, mais les gens peuvent-ils sortir pour faire de l’exercice ou simplement se promener en toute sécurité? Ces choses demeurent-elles possibles? Si c’est le cas, comment conseille-t-on aux Canadiens de le faire?
Je vous remercie, sénateur. Il y a eu beaucoup de malentendus à ce sujet. Les gens pourront trouver plus d’information sur notre site Web; je crois qu’il sera mis à jour aujourd’hui même afin que les gens y voient plus clair.
Du point de vue de la santé, le meilleur conseil qu’on puisse donner aux gens qui ne sont pas malades, c’est de sortir prendre l’air. Cela dit, les personnes qui présentent des symptômes, même si elles n’ont pas été testées positives à la COVID-19, doivent absolument demeurer à la maison, s’isoler et suivre les consignes de la santé publique jusqu’à ce que leur test se révèle négatif ou qu’on leur confirme qu’elles ne sont plus malades. Les personnes qui se sentent bien et qui n’ont aucun symptôme, elles, sont au contraire encouragées à aller marcher dehors.
Quelqu’un m’a donné un bon truc hier pour savoir si on est à six pieds les uns des autres : six pieds, c’est l’équivalent d’un bâton de hockey. La plupart des Canadiens savent instinctivement combien mesure un bâton de hockey. C’est donc la distance que l’on doit conserver avec la personne la plus près de soi. Les membres d’une même famille qui vivent ensemble et qui ne présentent aucun symptôme n’ont évidemment pas besoin de garder leurs distances, mais si vous marchez avec ami, organisez-vous pour qu’il y ait toujours six pieds entre vous deux ainsi qu’entre vous et les autres passants. Si les gens pensent au bâton de hockey, ils pourront se tenir à six pieds de ceux qui passent près d’eux.
L’air frais est bon pour la santé. Passer du temps à l’extérieur est par ailleurs un bon moyen de chasser l’ennui. C’est aussi bénéfique pour la santé mentale. Les gens rentrent rassérénés et mieux en mesure de s’attaquer aux problèmes auxquels ils font face pendant cette période extrêmement angoissante et anxiogène. Nous continuerons de donner des directives, dans une optique de santé publique, pour que les gens sortent marcher en toute sécurité. Je vous remercie de la question. Je sais qu’elle préoccupe de nombreux Canadiens. Merci, monsieur le sénateur.
Merci, madame la ministre.
Ma question s’adresse à la ministre de la Santé. Comme la COVID-19 se répand à une vitesse alarmante, nous savons que cette situation sans précédent pourrait durer des mois. En ce moment même, certaines régions d’Asie sont aux prises avec une deuxième vague de cas.
La semaine dernière, la Dre Tam a affirmé que le Canada devrait se préparer à une deuxième vague. Actuellement, combien de mois le gouvernement s’attend-il à ce que la situation se poursuive? Sommes-nous prêts pour une nouvelle vague?
Merci, sénateur. Je pense que c’est la question que se posent tous les Canadiens — en fait, tous les citoyens du monde. Comment sortir de la situation dans laquelle se trouve la planète?
Par exemple, Wuhan, la ville qui a été la première touchée par l’épidémie, commence à assouplir certaines de ses mesures d’isolement et de restriction des services, et adopte progressivement des mesures pour relancer l’économie et la vie quotidienne des citoyens. Pour autant, la situation continuera d’être délicate en l’absence de vaccin, de traitement ou de progrès scientifique en matière d’immunité. Il y a beaucoup de choses intéressantes qui sont faites, toutes sortes de mesures de dépistage. Certes, nous utilisons actuellement des tests de dépistage, mais des recherches sont également menées dans le domaine de la sérologie pour déterminer combien de personnes ont été exposées et le niveau d’immunité qu’elles pourraient avoir.
Je rappelle aux honorables sénateurs que ce virus est avec nous depuis trois mois et que la science n’a rien de simple. Les recherches scientifiques prennent du temps et avant qu’il y ait une percée, il faut un certain degré de certitude. À cet égard, je tiens à remercier tous les chercheurs et les scientifiques du monde entier qui travaillent sans relâche, y compris les scientifiques canadiens qui sont à l’avant-garde des efforts déployés pour obtenir des réponses à vos questions, sénateur. Malheureusement, nous ne les avons pas encore.
Je vais présenter plus tard aujourd’hui au Cabinet certains de nos scénarios les plus optimistes. Ils ne sont pas nécessairement ceux que les Canadiens aimeraient entendre. La Dre Tam a été très claire et moi aussi. Ce n’est pas une question de quelques semaines. Nous parlons, comme vous l’avez indiqué, de quelques mois. Je pense que le monde entier cherche une solution pour se sortir de cette situation beaucoup plus rapidement, mais nous devrons compter sur les scientifiques et les chercheurs pour nous aider à y arriver en toute sécurité.
Qu’en est-il de la deuxième vague? Sommes-nous prêts?
Sénateur, présentement, nous nous préparons pour la première vague. Il m’est difficile de dire si nous serons prêts pour la seconde vague, alors que nous déployons des efforts colossaux pour nous préparer en vue de la première vague qui s’apprête à déferler. Lorsque viendra la deuxième vague, nous aurons en main davantage d’information. Ce que les Canadiens et tous les habitants de la planète peuvent espérer, c’est que la recherche et la science nous donneront un remède qui pourrait, par exemple, atténuer la gravité de la maladie chez les plus vulnérables et leur éviter des conséquences dramatiques, dont la mort, et qu’un vaccin soit découvert afin d’immuniser la population.
Ma prochaine question s’adresse au ministre Blair. Nous avons fermé la frontière aux étrangers le 18 mars. Le 9 mars, Israël avait déjà fermé la sienne et imposé la quarantaine obligatoire à tous les voyageurs — la quarantaine obligatoire, pas volontaire. Pourquoi le Canada n’a-t-il pas agi plus tôt?
Merci, sénateur. Je signale que nous avons en fait mis en place les premières mesures de dépistage amélioré dans les aéroports internationaux du pays le 22 janvier. Nous avons mis en place un processus de dépistage pour tous les voyageurs en provenance de la région de Wuhan, le foyer de contamination en Chine. Nous avons étendu ce processus au début février. Nous adaptons notre intervention en fonction de l’évolution de la situation et conformément aux conseils de l’Organisation mondiale de la santé et des très compétents responsables de la santé publique du Canada. Nous prenons les mesures voulues à mesure qu’elles s’imposent.
Je voulais poser une question à la ministre Hajdu au nom de ma collègue la sénatrice Boyer, mais votre réponse à la question de la sénatrice Moodie concernant les travailleurs de première ligne du domaine de la santé était si complète, tout comme votre réponse à une question que je n’avais même pas posée dans mon préambule, que j’aimerais saisir l’occasion pour poser une question au ministre Blair au nom de ma collègue la sénatrice Pate et moi-même. C’est en quelque sorte le revers de la médaille par rapport à votre réponse à la question du sénateur Boisvenu au sujet de la situation dans les prisons canadiennes.
De nombreux professionnels de la santé travaillant dans les prisons canadiennes expriment des préoccupations quant aux risques pour les populations de détenus. Notre angle d’attaque à l’égard du virus consiste à chercher à protéger les personnes vulnérables, en particulier celles qui cohabitent à l’étroit. Monsieur le ministre Blair, beaucoup de personnes sont condamnées à servir une peine d’emprisonnement pour un comportement antisocial. Toutefois, ces personnes n’ont pas été condamnées à risquer de contracter une maladie grave, voire mortelle. À mon avis, ces personnes représentent l’une de nos populations les plus vulnérables. Beaucoup ont également un état de santé qui fait d’elles des personnes à risque.
Dans une certaine mesure, vous avez manifesté l’intérêt de nouer le dialogue avec la Commission des libérations conditionnelles, entre autres. Vous, ainsi que vos homologues provinciaux, disposez d’une série d’outils pour vous aider à gérer de telles circonstances. La libération conditionnelle en est une; la prérogative royale de clémence en est une autre; et la libération anticipée des prisonniers en est une troisième. Voilà des stratégies qui permettent de traiter les cas de prisonniers qui sont renvoyés en détention préventive et qui sont particulièrement vulnérables parce qu’ils ne sont pas réellement coupables d’une infraction dans ces circonstances.
J’aimerais savoir sur quoi portaient les discussions que vous avez eues avec vos homologues et les mesures qui ont été mises en œuvre pour réduire le nombre de détenus dans les prisons et les centres correctionnels fédéraux. J’aimerais aussi savoir si vous avez des statistiques concernant les résultats obtenus jusqu’à présent.
Malheureusement non, monsieur le sénateur, je n’en ai pas, mais je peux vous parler de certaines des mesures que nous avons prises.
J’ai eu une réunion avec les responsables du Service correctionnel et de la Commission des libérations conditionnelles hier. Je leur ai demandé de réfléchir à toutes les solutions possibles et à tous les pouvoirs qui sont à leur disposition pour mettre en place les mesures appropriées afin de réduire le nombre de personnes se trouvant dans cette situation précaire dans nos prisons.
Je peux aussi vous dire que nous avons eu des discussions avec tous nos homologues provinciaux et territoriaux à propos des populations en détention préventive. Le déplacement des détenus d’un établissement à un autre pose un risque particulier parce que c’est souvent ainsi que la maladie se propage.
Nos établissements correctionnels fédéraux ont des procédures très rigoureuses en matière de confinement cellulaire dans ces cas-là. Par exemple, l’Établissement de Bowden est actuellement en confinement cellulaire partiel à cause de la grippe. Des tests y ont été effectués et il ne s’agit pas de la COVID-19. Par contre, il y a des cas de grippe dans ces établissements. Des protocoles ont été mis en place pour traiter ces personnes.
Je tiens à vous assurer que nous sommes conscients de la vulnérabilité de cette population. Des mesures ont été prises au sein même des établissements pour réduire la probabilité d’apparition de la maladie et pour protéger la population carcérale et les personnes qui travaillent avec elle, dans ces établissements.
Par ailleurs, nous avons aussi des plans en place pour le cas où cette maladie entrerait dans ces établissements. À ce stade, nous réfléchissons sérieusement à la manière de tirer les gens de cette situation précaire. Nous travaillons là-dessus.
À quel point ces populations de détenus qui ne sont pas à risque ont-elles été réduites?
Comme je l’ai dit, je sais qu’il est question, pour un certain nombre de cas, de faciliter les libérations anticipées. Cela dit, nous étudions ces pouvoirs et la pertinence de ces mesures en ce moment. La sécurité publique demeure une priorité dans la prise de ces décisions, mais nous accordons autant d’importance à la sécurité des personnes dans le système carcéral. Nous prendrons les mesures nécessaires et nous ferons tout en notre pouvoir pour assurer leur sécurité.
Je souhaite la bienvenue aux ministres et à la Dre Tam. La sénatrice Marshall de Terre-Neuve, qui ne peut pas être ici aujourd’hui, m’a demandé de poser la question suivante en son nom.
De nombreux articles ont souligné l’arriéré des tests de dépistage de la COVID-19. Il y a aussi des inquiétudes, comme nous l’avons soulevé, au sujet des trousses de dépistage et du manque de personnel qui est en mesure de faire passer les tests, de les interpréter et de communiquer les résultats des patients.
En réduisant temporairement le fardeau réglementaire associé aux tests diagnostiques, les scientifiques qui ne travaillent pas dans le système de santé publique pourraient mettre à contribution leurs compétences et leurs autres ressources, sous la supervision du personnel de la santé publique.
Madame la ministre, le gouvernement a-t-il envisagé la possibilité d’élargir temporairement le cadre des tests de dépistage de la COVID-19 pour permettre aux scientifiques à l’extérieur du système de santé publique de mettre à contribution leurs ressources?
Merci beaucoup, sénateur. Je répondrai d’abord à votre dernière question, puis je demanderai à la Dre Tam de parler un peu de la stratégie de dépistage. Bien sûr, il y a de nombreux articles, ainsi que de nombreux épidémiologistes et virologistes de salon, ces jours-ci, et il serait intéressant d’entendre ce qu’a à dire la Dre Tam sur la stratégie de dépistage du Canada.
Je dirai que, oui, nous sommes parvenus à supprimer les obstacles réglementaires à l’acquisition de nouvelles trousses de dépistage novatrices, accélérant ainsi le processus. En fait, Santé Canada travaille avec des fabricants pour mettre sur le marché des tests commerciaux de diagnostic. Le 13 mars, Santé Canada a reçu deux demandes de tests de diagnostic, l’une de Roche Diagnostics, et l’autre, de Thermo Fisher Scientific. Ces demandes ont fait l’objet d’un examen accéléré, et les professionnels de la santé peuvent maintenant accéder à ces tests par l’entremise de notre Programme d’accès spécial. Nous travaillons avec diverses autres compagnies pour ce faire, ainsi que pour accroître notre capacité d’utiliser des trousses de dépistage provenant de diverses sources.
Si nous avons le temps, je pense qu’il serait approprié de donner la parole à la Dre Tam pour qu’elle parle de la stratégie et de la capacité de dépistage du Canada.
Je crois que ces capacités augmentent presque quotidiennement. Jusqu’à aujourd’hui, plus de 142 000 personnes ont subi un test, et ce nombre continue d’augmenter. Bien des gens se demandent si c’est suffisant et pourquoi on ne peut pas faire comme en Corée du Sud. Or, le Canada est un pays qui, par rapport au nombre d’habitants, effectue plus de tests que bien d’autres pays. Par rapport au nombre d’habitants, le Canada se classe probablement au troisième rang au chapitre du nombre de tests effectués, juste derrière quelques pays qui, en toute franchise, sont dans des circonstances différentes. L’Italie devance le Canada de peu, mais sa situation est très grave. Quant à la Corée du Sud, comme elle a dû faire face à une grave épidémie, elle a effectué plus de tests. Au Canada, on effectue des tests depuis que l’on a appris l’existence de l’épidémie, et on s’est procuré la technologie nécessaire très rapidement.
L’une des forces du système canadien, c’est que les activités de dépistage ne se font plus seulement au laboratoire de Winnipeg, mais aussi dans les laboratoires provinciaux. Nous espérons qu’une révision rapide de la réglementation nous permettra de décentraliser davantage les activités afin de faciliter l’accès à ces tests. Le laboratoire de Winnipeg contribue au contrôle de la qualité. Il faut que ce test permette de détecter efficacement le virus.
Nous prenons ces mesures tout en nous efforçant d’obtenir plus de matériel comme des écouvillons et des réactifs. Nous faisons tout cela actuellement.
Je collabore aussi avec les médecins-hygiénistes en chef et les directeurs des laboratoires de santé publique pour l’élaboration des lignes directrices. Notre but, c’est de tester les bonnes personnes au bon endroit et au bon moment. On ne veut pas gaspiller les ressources des laboratoires en testant des personnes qui n’en ont peut-être pas besoin. Les détenus et le personnel des établissements correctionnels font partie des priorités. Les travailleurs de la santé et les établissements de soins prolongés aussi. Il faut absolument tester tous ces gens, qu’ils aient des antécédents de voyage ou non, en utilisant nos méthodes de tests communautaires.
Tout cela est en cours actuellement, et notre stratégie évolue constamment. Le monde entier s’efforce de composer avec la multiplication des cas, et je dirais que le Canada compte parmi ceux qui y mettent le plus d’ardeur.
Monsieur et madame les ministres, je vous remercie d’être parmi nous.
Mes questions s’adressaient au ministre des Finances, mais j’aimerais vous les poser puisque, comme nous le savons, le secteur des arts et de la culture est essentiel au maintien de communautés saines et sûres.
Les personnes travaillant dans ce secteur sont durement touchées par cette pandémie, qui a entraîné la fermeture de toutes les installations. L’industrie culturelle dépend essentiellement des travailleurs autonomes, des employés contractuels et des pigistes, dont le travail est souvent sporadique ou axé sur des projets dans des organismes sans but lucratif.
Étant donné les critères d’admissibilité aux paiements de soutien du revenu énoncés dans la partie 2 du projet de loi que nous venons d’adopter, pouvez-vous confirmer si ces travailleurs, qui sont particulièrement vulnérables, bénéficieront de cette aide? Par ailleurs, étant donné la persistance de la crise, le gouvernement envisage-t-il la mise en place d’un fonds d’urgence pour aider les travailleurs touchés tout au long de l’arrêt des activités artistiques et culturelles au Canada?
Je ferai de mon mieux pour répondre à cette question. On a posé une question semblable au ministre des Finances, hier soir. Il a dit que les particuliers qui ont gagné 5 000 $ au cours de la dernière année et qui n’ont plus de revenus en raison de cette maladie — soit parce qu’ils sont tombés malades ou parce qu’ils ont été mis à pied — seraient admissibles au soutien. Je suis convaincu que les personnes qui travaillent dans les secteurs canadiens des arts et des activités culturelles recevront du soutien. Nous sommes conscients que les concerts ont été annulés et que les théâtres et les galeries d’art sont fermés. Il est très difficile pour ces personnes, qui jouent un rôle essentiel dans notre société, de continuer à gagner leur vie à cause de cette maladie. Elles seront admissibles au soutien.
Je suis particulièrement préoccupé par le critère de 14 jours dans le projet de loi, selon lequel on ne doit pas gagner d’argent pendant 14 jours consécutifs. Nous savons que ce n’est pas de cette façon que fonctionnent les choses dans le secteur culturel, alors c’est une de mes préoccupations.
Je connais de nombreuses personnes du secteur de la culture et je sais que leur travail revêt un caractère sporadique. Je porterai cette question à l’attention du ministre des Finances et je m’engage à avoir cette discussion. Nous savons que de nombreux Canadiens se retrouveront dans cette situation difficile. Selon moi, il y a de l’aide pour eux : il faut juste nous assurer qu’elle est facilement accessible.
Merci. Pouvez-vous confirmer que les organismes à but lucratif et sans but lucratif qui composent l’industrie culturelle canadienne seront admissibles aux subventions salariales temporaires prévues dans la partie 1 du projet de loi? De plus, envisagez-vous un soutien à long terme pour ces organismes?
Vous me pardonnerez, monsieur le sénateur, mais, je le répète, j’hésite à le confirmer sans d’abord consulter les fonctionnaires du ministère des Finances. Toutefois, je crois que c’est le cas. Nous affirmons que les mesures que nous avons mises en place aujourd’hui sont absolument nécessaires dès maintenant. Nous nous sommes également engagés à continuer à évaluer les besoins des Canadiens, notamment pour le rétablissement de l’économie et du secteur culturel, après cette crise sanitaire. Nous prendrons les mesures nécessaires pour appuyer les institutions et les Canadiens.
Monsieur le ministre Blair, ma question concerne la GRC. Nous savons que la Division Dépôt à Regina a suspendu les activités de presque toutes les troupes et que les détachements ont apporté des changements aux services offerts directement au public. D’autres changements ont-ils été mis en œuvre au sein de la GRC en réponse à la COVID-19? Quels sont les changements envisagés, le cas échéant?
J’ai justement consulté la commissaire hier, sénateur, afin de connaître la teneur du plan de poursuite des activités de la GRC et les mesures qu’elle prend pour faire face à la crise qui secoue le pays. Comme vous le dites vous-même, la GRC a accéléré les choses afin que certains étudiants puissent obtenir leur diplôme plus tôt que prévu. C’est par nécessité que la Division Dépôt n’a pas eu le choix de suspendre ses activités.
Comme je le disais tout à l’heure, de nombreux agents de la GRC sont déployés aux quatre coins du pays pour mieux répondre aux besoins. Nous sommes conscients que, dans les circonstances actuelles, l’arrivée d’inconnus dans une localité éloignée présente son lot de difficultés. Pour la sécurité des policiers et de la population locale, la GRC adapte ses politiques et ses procédures afin que ses agents demeurent là où ils sont au lieu de faire une rotation comme ils en ont l’habitude.
La GRC a été très rigoureuse dans sa planification. Si vous me permettez, j’ai même une note de service qui porte là-dessus. Si je n’ai pas le temps de vous la transmettre aujourd’hui, nous pourrons en rediscuter plus tard, vous et moi.
On m’a indiqué que les plans de continuité des activités de la GRC sont en place et que cette dernière travaille avec ses partenaires provinciaux afin d’acquérir et de leur fournir du matériel de protection personnelle, par exemple. La GRC donne de la formation à tous ses membres pour leur permettre de faire leur travail en toute sécurité. Comme je l’ai mentionné, la protection des localités isolées et du Nord pose un problème particulier; il faut s’assurer que les employés qui reviennent de l’étranger s’isolent avant de retourner dans la localité où ils travaillent.
La GRC, comme tous les ministères et organismes, a pris différentes mesures. Avant d’envoyer quelqu’un quelque part, elle s’assure que les vérifications nécessaires sont faites afin d’éviter que la personne apporte la maladie dans la collectivité où elle travaille.
Merci. De par la nature même de leur travail, les agents de la GRC entrent en contact avec la population tous les jours. Lundi, quand je me suis rendu en voiture à l’aéroport, j’ai été chanceux d’être accompagné de mon épouse, car elle me force à respecter la limite de vitesse. Je suis passé devant un contrôle radar effectué non pas par la GRC, mais plutôt par le service de police de Winnipeg. Cependant, des contrôles radar sont aussi possibles sur l’autoroute.
Quelles mesures de protection les agents doivent-ils prendre lorsqu’ils interceptent un véhicule? J’ai trouvé étrange la présence d’un contrôle radar à cet endroit. La GRC réalise-t-elle des opérations de ce genre? Les agents disposent-ils de l’équipement nécessaire dans leur véhicule pour se protéger eux-mêmes et pour protéger les automobilistes qu’ils interceptent?
Les policiers ont reçu des directives et disposent de l’équipement nécessaire pour faire leur travail. Pour être franc, je ne suis pas du tout étonné qu’ils fassent toujours respecter la loi afin de maintenir la sécurité sur les routes. La semaine dernière était la Semaine nationale de la prévention de la conduite avec les facultés affaiblies. Ce genre de travail est crucial et doit se poursuivre. Les policiers ont la responsabilité de nous protéger contre les dangers et les risques, quels qu’ils soient.
Nous sommes conscients de l’importance du travail accompli par les premiers intervenants. Beaucoup d’efforts de planification et de préparation sont déployés pour assurer la sécurité des policiers, des pompiers, des agents des services médicaux d’urgence et des autres travailleurs de première ligne qui risquent de contracter la maladie en raison de leur contact avec la population qu’ils servent. Nous veillons à leur fournir la formation, les informations et l’équipement dont ils ont besoin pour faire leur travail de manière sécuritaire.
Cependant, comme je l’ai dit, la maladie ne s’est pas largement répandue dans ces groupes jusqu’ici. Par conséquent, nous avons axé nos efforts sur les professionnels de la santé en particulier, pour qu’ils disposent de l’aide et de l’équipement nécessaires. Toutefois, comme la maladie se propage rapidement dans la population, les premiers intervenants intensifient leurs efforts et leurs interventions pour faire en sorte d’accomplir leurs tâches de manière sécuritaire.
En conclusion, permettez-moi d’exprimer notre reconnaissance envers les pompiers, la GRC et le service de police de Winnipeg. Nous sommes de tout cœur avec eux. Merci beaucoup.
Merci, messieurs les ministres et madame la ministre. Merci, Dre Tam, de votre excellent travail de chef de file. Merci pour la collaboration très étroite entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux.
Il est important de ne pas oublier que, avant 2004, l’Agence de la santé publique du Canada n’existait pas, et le poste d’administrateur en chef de la santé publique non plus. Songeons un peu à ce que serait la situation actuelle sans votre agence et sans administratrice en chef de la santé publique. Prenons un instant pour y réfléchir.
J’ai une brève question à vous poser, madame la ministre Hajdu, sur les mesures prises pour augmenter l’effectif des professionnels de la santé à l’échelle provinciale. Nous mettons beaucoup l’accent sur cette question, et les professionnels de la santé, y compris les infirmiers, assument une énorme responsabilité et font une immense contribution.
Avez-vous l’impression que, à l’échelle provinciale et territoriale, on fait le nécessaire pour aider ces professionnels en planifiant l’augmentation de leur effectif? Voilà ma question.
Merci beaucoup, sénateur. Je voudrais souligner que la raison pour laquelle le Canada peut agir en partenariat comme nous l’avons fait est que nous avons une Agence de la santé publique du Canada et une administratrice en chef de la santé publique. Je ne saurais trop remercier la Dre Tam pour les conseils qu’elle nous a prodigués concernant la gestion de cette question en tant que pays.
Nous savons que les professionnels de la santé, comme l’ont indiqué de nombreux sénateurs, sont tendus et inquiets; au fur et à mesure que la courbe deviendra prononcée, la capacité va évidemment être un problème.
Les provinces et les territoires mettent en œuvre de nombreuses mesures pour accélérer le recrutement de professionnels de la santé et élargir les modèles de prestation pour faire face à l’augmentation du nombre de patients. On facilite notamment l’octroi de licences pour permettre aux infirmières et aux médecins retraités ou inactifs d’ailleurs au pays d’être plus rapidement déployés dans les régions les plus touchées. On crée de nouveaux codes de facturation pour les médecins et on supprime les limites de facturation pour permettre une augmentation des soins virtuels, y compris le dépistage virtuel de la COVID-19, celui-ci étant susceptible d’avoir des retombées considérables sur notre capacité à accéder aux médecins au XXIe siècle. Dans la même veine, on pourra élaborer des lignes directrices en matière de soins virtuels pour promouvoir la poursuite des soins de routine tout en maintenant la distanciation sociale, qui protège patients et médecins. Voilà des pistes de solution aux problèmes évoqués par des sénateurs au sujet des personnes qui ont des besoins urgents en matière de soins de santé, mais qui ont du mal à consulter un médecin. Il faudra enfin garantir que les professionnels de la santé puissent pratiquer en utilisant des champs d’activité complets ou élargis, par exemple en permettant aux pharmaciens de renouveler les ordonnances, aux infirmières auxiliaires autorisées de procéder à des prélèvements et aux ambulanciers de procéder au dépistage de la COVID-19.
Nous continuons à collaborer avec les provinces et les territoires afin de trouver des moyens novateurs de trouver les professionnels dont nous avons besoin en première ligne et d’utiliser tous les outils possibles pour accélérer l’accès aux soins.
S’il y a un aspect positif à cette crise, c’est la rapidité avec laquelle les provinces et les territoires se tournent vers l’innovation, notamment en ce qui concerne la prestation des soins de santé. À mon avis, ce sera l’une des conséquences de la COVID-19. Évidemment, nous ne pouvons rien célébrer pour l’instant, mais je pense que lorsque nous regarderons cette génération et cette époque, nous verrons que c’est à ce moment-là que nous avons réellement pris des mesures pour changer la façon dont nous fournissons les soins de santé, de manière à les rendre plus accessibles à tous dans l’ensemble du pays. Je vous remercie, sénateur, de cette question très pertinente.
Honorables sénateurs, le comité siège maintenant depuis 90 minutes. Conformément à l’ordre adopté par le Sénat plus tôt aujourd’hui, je suis obligée d’interrompre les délibérations afin que le comité puisse faire rapport au Sénat.
Monsieur et madame les ministres, au nom de tous les sénateurs, je vous remercie de vous être joints à nous aujourd’hui et de nous avoir aidés dans nos travaux relativement à la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19. Je tiens également à remercier les fonctionnaires.
Des voix : Bravo!
La présidente : Honorables sénateurs, êtes-vous d’accord pour que je déclare au Sénat que les témoins ont été entendus?
Des voix : D’accord.
Honorables sénateurs, le Sénat reprend sa séance.