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LE SÉNAT — London, en Ontario--Les victimes de la tragédie

Hommages

8 juin 2021


L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Honorables sénateurs, je suis peiné d’avoir à prendre la parole au sujet des quatre personnes assassinées et de l’enfant grièvement blessé — trois générations d’une même famille — dans l’attaque commise à London dimanche soir.

Comme l’a déclaré le premier ministre plus tôt aujourd’hui à l’autre endroit : il s’agissait d’un « acte de violence brutal, lâche et éhonté [...] une attaque terroriste motivée par la haine ».

Cette famille a été attaquée en raison de ses croyances religieuses. Je n’arrive absolument pas à comprendre ce qui peut pousser une personne à tellement de haine qu’elle en vienne à penser qu’il est acceptable de tuer de parfaits étrangers. Il est difficile de trouver les bons mots sans avoir l’air de répéter ce qui a déjà été dit. Nous avons trop souvent à trouver les bons mots, ce qui, en soi, est tout à fait déplorable.

Nous sommes Canadiens. L’image que nous projetons et que nous avons de nous-mêmes est celle d’un pays accueillant et tolérant, et c’est pourquoi ce genre d’actes nous touche droit au cœur. Cela ne devrait pas se produire dans notre pays. La violence haineuse est intolérable et nous devons tout faire pour qu’elle ne puisse pas prendre racine au Canada.

Il y aura une vigile ce soir à London et j’espère sincèrement qu’elle pourra réconforter, ne serait-ce qu’un peu, la communauté musulmane de la ville en lui montrant que les gens de London sont derrière elle.

Le mot-clic en anglais de la campagne du ruban vert contre l’islamophobie est #HateWillNeverWin, ou « nous vaincrons la haine ». C’est ce que j’espère aussi.

J’exprime mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Salman Afzaal, 46 ans, de son épouse Madiha Salman, 44 ans, de leur fille de 15 ans, Yumna Afzaal, et de la mère de Salman Afzaal, qui était âgée de 74 ans. J’exprime également notre appui pour les communautés musulmanes partout au pays. Nos pensées accompagnent également Fayez Afzaal, qui est en rétablissement et qui devra maintenant apprendre à vivre sans sa famille immédiate. C’est déchirant. Aucune personne, quel que soit son âge, ne devrait craindre pour sa sécurité simplement en raison de sa confession ou de ses croyances.

Honorables sénateurs, nous sommes tous responsables, les uns envers les autres, du traitement de nos concitoyens. Faisons tout en notre pouvoir pour que le Canada soit toujours un pays sûr et accueillant. Merci.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Honorables sénateurs, je prends également la parole au sujet de la tragédie survenue dimanche soir à London, en Ontario.

Une femme de 74 ans, un homme de 46 ans, une femme de 44 ans, une jeune fille de 15 ans et un garçon de 9 ans ont été les victimes d’un conducteur qui les a délibérément frappés avec sa camionnette. Tous les membres de la famille sont décédés, à l’exception du garçon, qui demeure dans un état critique dans un hôpital de London. Ce massacre violent a été motivé par la confession musulmane de la famille. C’est un incident déchirant à tous les points de vue.

Cette famille méritait de pouvoir déambuler dans sa collectivité en sécurité, en paix et sans souci. À l’instar de tous les Canadiens, elle méritait la liberté de conscience et de religion. Sa foi musulmane en a fait une cible pour quelqu’un qui a cru, à tort et honteusement, que cette famille ne méritait pas ces libertés.

Comme l’a dit dimanche le maire de London, Ed Holder, c’est assurément un jour sombre pour le Canada.

Chers collègues, l’islamophobie n’a pas sa place au Canada. Les actes de terrorisme violents n’ont pas leur place au Canada. Le racisme n’a pas sa place au Canada. Pourtant, cet incident nous rappelle que ces fléaux persistent dans notre société. Ils demeurent parfois sous la surface, mais dimanche, ils se sont exprimés dans un acte de terrorisme horrible qui a certainement laissé les Canadiens musulmans avec une crainte accrue pour leur propre sécurité, avec un doute quant à leur acceptation dans leur propre pays, et avec une peine profonde.

Les sénateurs conservateurs soutiennent la communauté musulmane en cette période difficile, et ils expriment leurs plus sincères condoléances aux proches des victimes. Nous sommes de tout cœur avec le garçon de la famille, qui est toujours à l’hôpital, et nous prions pour qu’il se rétablisse complètement et pour qu’il soit entouré d’amour alors qu’il réalisera à quel point sa vie a changé.

Nous réaffirmons notre engagement à bâtir un pays exempt de haine, où les Canadiens de toutes confessions peuvent vivre sans craindre la violence ou la persécution, pratiquer leur religion en public sans avoir peur — sans peur d’entrer dans une mosquée, sans peur de porter des signes religieux et certainement sans peur de se promener en famille.

En tant que parlementaires, déplorons cet événement tragique et pleurons avec ceux qui sont en deuil. Comme Erin O’Toole l’a dit dans son discours prononcé ce matin à l’autre endroit :

[...] notre responsabilité première en tant que dirigeants politiques est de veiller à la sécurité de nos concitoyens et de s’assurer que les Canadiens peuvent vivre, travailler et prier à leur guise, sans avoir peur.

Réitérons notre engagement à défendre la liberté de religion au Canada et à assurer la sécurité de tous les citoyens.

Merci.

L’honorable Yuen Pau Woo [ - ]

Honorables sénateurs, encore une fois, le Sénat exprime son indignation et son chagrin devant un autre horrible incident de racisme au pays. Même le mot « horrible » ne suffit pas pour désigner ce qui s’est produit dimanche dernier à London, en Ontario : la mise à mort brutale et vraisemblablement délibérée de quatre Canadiens, pour aucune autre raison apparente que le fait qu’ils étaient musulmans. Salman Afzaal et son épouse, Madiha Salman, ont été tués avec leur fille de 15 ans, Yumna Afzaal, et la mère de M. Afzaal âgée de 74 ans. Leur fils de 9 ans, Fayez, est dans un état critique. Il se rétablira probablement, mais sa vie est changée à tout jamais.

Tandis que je prends la parole devant vous pour condamner cet acte de haine flagrante, je me demande combien de fois il nous faudra rejouer la même triste rengaine avant que nous puissions mettre fin à la violence contre les groupes minoritaires.

La réponse, chers amis, ne flotte pas au gré du vent : elle saute aux yeux. Le racisme et la haine sont toujours fondés sur de faux discours et des demi-vérités, et ils sont souvent propagés non pas par de fieffés racistes, mais par l’ordre établi, comme les médias de masse, les universitaires et la classe politique.

L’islamophobie, elle, commence par le déni de son existence par de nombreuses personnes. Pourtant, depuis le début de la pandémie de COVID-19, on constate une montée du sentiment anti-islamique. À Edmonton, six semaines après le début du confinement, un homme s’est installé dans sa voiture, qu’il avait garée devant la plus ancienne mosquée en Amérique du Nord, soit la mosquée Al‑Rashid, d’où il a animé ce qu’il a appelé un « bombe-o-thon du ramadan », qu’il a diffusé sur les médias sociaux. Quelques mois plus tard, des accusations ont été portées contre un Québécois parce qu’il avait fait des centaines de publications en ligne demandant la mort de tous les musulmans. Les mosquées sont de plus en plus vandalisées pour propager la peur. Depuis le début de la pandémie, la mosquée Masjid Toronto de l’Association musulmane du Canada a recensé six incidents majeurs à ses deux lieux de culte.

La mosquée Al-Rashid, à Edmonton, a été couverte de graffitis néonazis, et quatre hommes ont été accusés d’avoir uriné sur l’édifice de la Société islamique de Markham.

Par conséquent, faut-il s’étonner qu’une famille de musulmans sortie pour faire une promenade en soirée à London, en Ontario, se soit fait faucher en raison de son identité? Si on était témoin d’un délit de fuite, on signalerait sans doute l’incident à la police. Honorables sénateurs, nous sommes témoins d’insinuations racistes constantes à l’endroit des musulmans et d’autres groupes minoritaires au Canada. C’est bien beau de dénoncer ces insultes dans la chambre d’écho du Sénat, mais nous devrions les dénoncer partout. Assalamu alaikum.

L’honorable Scott Tannas [ - ]

Honorables sénateurs, dimanche, dans notre pays pacifique et démocratique, quatre membres d’une famille, répartis sur trois générations, ont été assassinés à cause de leur foi musulmane alors qu’ils se promenaient. Au nom de notre groupe, j’aimerais exprimer nos plus sincères condoléances aux personnes qui connaissaient et aimaient les victimes et pleurent leur mort avec le seul survivant de cette tragédie : un petit garçon de 9 ans. La situation de cet enfant nous brise le cœur.

Prenons un instant pour dénoncer cet acte pour ce qu’il est : un crime haineux. Il s’agit d’islamophobie.

Nous comprenons que la communauté musulmane de London se sent vulnérable en ce moment. Cela ne l’empêche pas de se mobiliser autour de la famille, famille dont toute communauté serait fière. Aujourd’hui, en tant que Canadiens, nous devons dénoncer la haine et agir pour qu’aucun de nos concitoyens ne se sente menacé à cause de leurs croyances. Merci.

L’honorable Jane Cordy [ - ]

Honorables sénateurs, au nom du Groupe progressiste du Sénat, j’aimerais ajouter notre voix à celles de toutes les personnes qui pleurent cette perte inadmissible.

Le chagrin est insoutenable pour bien des gens. On ne peut pas continuer sur cette voie. Lorsqu’une famille ne peut plus se sentir en sécurité d’aller se promener dans son quartier — son propre quartier — à cause de sa religion et de son identité, il va sans dire qu’il faut immédiatement prendre des mesures concrètes pour s’attaquer au problème.

Un très grand nombre d’entre nous estiment que la violence alimentée par de tels actes de haine et de lâcheté n’a pas sa place chez nous au Canada. Cependant, les horribles événements survenus dimanche soir à London, en Ontario, montrent qu’il y a encore énormément de travail à faire pour lutter contre l’islamophobie et les dommages qu’elle entraîne.

Les membres de trois générations d’une même famille ont été injustement tués et seul un garçon de 9 ans, actuellement à l’hôpital, a survécu au drame. Cette immense perte nous amène tous à réfléchir.

Comme lors de l’annonce, la semaine dernière, de la découverte des restes de 215 enfants ayant fréquenté un pensionnat autochtone, nous avons le cœur brisé mais, malheureusement, nous ne devons pas nous étonner. Les membres de groupes religieux et de minorités sont la cible de ce genre d’actes de violence depuis trop longtemps déjà. Si nous ne voulons pas que le Canada, en tant que nation, soit associé à de tels événements, nous devons nous engager à faire changer les choses. Nous devons dénoncer la haine et les préjugés dont nous sommes témoins, et nous ne devons pas tolérer de tels comportements.

Honorables sénateurs, nous devons être aux premiers rangs de la lutte contre la haine et la discrimination.

Au nom du Groupe progressiste du Sénat, j’offre mes sincères condoléances à la famille, aux amis et aux voisins de la famille Afzaal. À la communauté musulmane, j’assure notre soutien et notre engagement à continuer de lutter contre la haine et les préjugés qui vous laissent une fois de plus dans le deuil. Nous partageons votre peine et nous vous appuyons. Merci.

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