PÉRIODE DES QUESTIONS — Le ministère de la Santé
Les restrictions liées à la pandémie de COVID-19
9 février 2022
Bienvenue, monsieur le ministre. Hier matin, Joël Lightbound, un de vos collègues libéraux du Québec, a tenu une conférence de presse pendant laquelle il a déclaré ceci :
Je crois que le gouvernement devrait fournir rapidement une feuille de route comprenant des objectifs clairs et mesurables dans le but de lever toutes les restrictions qui relèvent de sa compétence.
Les conservateurs répètent la même chose depuis des mois. Voici ce qu’il a dit au sujet des exigences vaccinales visant les camionneurs :
C’est une politique qui, présentement, va à l’encontre des recommandations récentes de l’[Organisation mondiale de la santé] et pour laquelle on n’a aucun chiffre quant à ce qu’on tente d’accomplir d’un point de vue épidémiologique.
Aujourd’hui, le député Robillard a abondé dans le même sens que M. Lightbound, ajoutant que plusieurs autres de ses collègues partageaient son avis.
Monsieur le ministre, il dit que vous ne réagissez pas assez vite pour vous adapter à la réalité changeante de la pandémie. Monsieur le ministre, allez-vous — enfin — écouter cet avis et changer de cap?
J’aimerais remercier l’honorable sénateur pour cette très importante question. Il a utilisé le verbe « adapter », avec raison d’ailleurs. Nous avons dû nous adapter. Nous nous adaptons depuis 22 mois. Je crois que les mots « adaptation » et « responsabilité » décrivent bien les mesures que le gouvernement du Canada a dues et a pu prendre, en collaboration avec de nombreux partenaires et dirigeants — y compris des scientifiques et des experts dont les recommandations ont été essentielles pour nous guider à travers cette situation très difficile — d’un bout à l’autre du pays.
Je me permets de rappeler à tous qu’il s’agit de la plus importante crise sanitaire en plus d’un siècle. C’est aussi la plus importante crise économique. C’était la plus importante crise économique depuis celle des années 1930. Nous avons traversé cette crise avec succès comparativement à de nombreux autres pays. Je pourrai peut-être en dire plus dans quelques instants.
Monsieur le ministre, hier, votre collègue le député Lightbound a dit ceci :
Il est plus que temps qu’on arrête de diviser la population, qu’on arrête de monter une partie de la population contre une autre. Je ne peux pas m’empêcher de constater, à regret, que tant le ton que les politiques de mon gouvernement ont changé drastiquement à l’aube de la dernière campagne électorale et pendant la dernière campagne. D’une approche positive et rassembleuse, une décision a été prise d’adopter une approche qui divise et qui stigmatise.
Monsieur le ministre, votre propre collègue libéral a dit que la politisation de la pandémie par le gouvernement Trudeau risque de miner la confiance du public dans les institutions de santé publique. À son avis, ce n’est pas un risque que nous devrions prendre à la légère.
Il y a une différence entre l’adaptation et la responsabilité, monsieur le ministre. Votre gouvernement — et surtout le premier ministre — fera-t-il preuve de responsabilité? Cessera-t-il de semer la discorde entre les Canadiens? Allez-vous vous engager à travailler pour nous unir au lieu de diviser et de diaboliser les Canadiens?
Oui, je comprends la différence entre l’adaptation et la responsabilité. Nous avons dû faire les deux choses en même temps, c’est-à-dire nous adapter à l’évolution des données scientifiques et nous adapter aux changements de la situation économique, ce que nous avons très bien fait.
Je me permets de rappeler brièvement aux sénateurs que, sur le plan de la croissance économique et des emplois, la situation du Canada est bien meilleure que celle de nombreux autres pays du monde, dont celle de notre voisin du Sud. Nous avons récupéré tous les emplois perdus pendant la pandémie et les niveaux d’emploi sont maintenant supérieurs à ce qu’ils étaient auparavant. Les États-Unis affichent encore un déficit considérable à cet égard.
Nous comprenons également qu’il y a beaucoup de fatigue, y compris parmi les députés. Je reçois moi-même des tonnes de messages chaque jour, ainsi que des appels de personnes qui en ont assez de la situation. Cependant, nous sommes unis. Les Canadiens n’ont jamais été aussi unis. Maintenant que 91 % des adultes ont été vaccinés, cela signifie que 91 % des Canadiens ont fait le bon choix, soit celui de se protéger et de protéger les gens qu’ils aiment en se faisant vacciner. Nous savons que la vaccination est la clé pour sortir de cette crise et c’est pourquoi nous sommes si fiers du travail effectué par les travailleurs de la santé. Nous sommes très reconnaissants de leur travail et très fiers des efforts que les Canadiens ont déployés pour traverser cette crise en se soutenant mutuellement.
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur le ministre. Je tiens à vous remercier pour le travail que nous avons fait ensemble lorsque nous avons révisé le programme d’aide aux parents d’enfants assassinés ou disparus lorsque vous occupiez un poste dans un autre ministère.
Cela étant dit, j’ai bien écouté la réponse que vous avez donnée au sénateur Plett, et je pense que vous n’avez pas bien entendu les propos du député Lightbound hier, qui étaient très éloquents, ni les propos qu’un autre de vos collègues, le député Robillard, a communiqués aujourd’hui, et qui reprennent à peu près les mêmes idées. Il s’agit de deux députés en deux jours, ce qui fait en sorte que le message est très important à saisir de la part de votre gouvernement.
J’aimerais citer un des passages de la communication du député Lightbound qui m’apparaît particulièrement vrai : « Il y a plusieurs experts, professeurs qui disent qu’il faut arrêter avec cette avenue-là [...] »
Sénateur, je m’excuse, votre temps de parole est écoulé. Monsieur le ministre Duclos, avez-vous une réponse?
Je vais ajouter quelque chose que je n’ai pas mentionné, car le temps alloué est très court. Il s’agit de l’unité des Canadiens. Écoutez, 99 % des fonctionnaires de la fonction publique ont fait le bon choix, celui de se faire vacciner. Puis, 84 % des Canadiens de tous les âges ont reçu au moins une dose et 79 % ont reçu deux doses. Il s’agit d’un taux de vaccination parmi les plus élevés au monde, et ce, depuis plusieurs mois.
Cela nous a permis au cours des derniers mois, avant l’arrivée du variant Omicron, d’avoir un taux de protection vaccinale au Canada supérieur à celui que nous aurions eu sans les obligations vaccinales que le gouvernement canadien a mises en place au cours des derniers mois.
Nous estimons que jusqu’à 3 millions de plus de Canadiens auraient choisi de se faire vacciner entre l’été et la fin de l’automne. Imaginons à quel point la situation serait encore plus grave maintenant si 3 millions de Canadiens n’étaient pas vaccinés, en plus des personnes qui ne le sont toujours pas aujourd’hui.