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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Hommages

Le décès de l'honorable Josée Forest-Niesing

4 mai 2022


L’honorable Raymonde Saint-Germain [ - ]

Chers collègues, nous sommes deux familles réunies aujourd’hui pour rendre hommage à notre regrettée collègue, Josée Forest-Niesing.

Robert, Véronique et Philippe, qui pleurez votre épouse et votre mère, sachez que nous aussi, membres de la grande famille des sénateurs, pleurons une collègue que nous avons beaucoup aimée et hautement estimée. J’ai aussi une pensée pour son équipe, Louise Mercier et Nour El-Farouk, qui ont perdu une formidable et inspirante patronne.

Alors que nous sommes confrontés à la triste statistique des quelque 39 000 Canadiens décédés de la COVID-19, nous y voyons tous des êtres chers. Josée est de ceux-là.

Tous le diront : Josée était une femme généreuse, compétente, dévouée et résiliente. Une femme dont l’avenir au Sénat était fort prometteur. Une femme de famille, dont elle était si fière. Nous avons tous entendu parler des exploits de Jacob et de Léo, ses petits-fils, les plus beaux du monde, évidemment.

En seulement trois années parmi nous, Josée a beaucoup accompli. Il fallait l’entendre s’exprimer avec conviction, passant sans hésitation d’une langue officielle à l’autre, rendant de vibrants plaidoyers pour nous convaincre de la justesse de son point de vue. Josée savait argumenter avec force, tact et audace.

Oui, Josée était audacieuse. Je me souviens encore de l’une de ses toutes premières interventions au Sénat. C’était lors de l’un de nos débats animés avec comme protagoniste l’un de nos plus expérimentés tribuns, le redoutable sénateur Don Plett. Nouvelle dans cette Chambre — ce qui en soi aurait pu en intimider plus d’un, mais pas Josée —, elle s’est levée avec détermination et assurance, et a pris une part active à ce débat. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, elle avait su fort bien tirer son épingle du jeu.

C’est, selon moi, ce qui caractérise le parcours de la sénatrice Forest-Niesing au Sénat : un courage et une volonté de faire valoir ses opinions sur les sujets qui lui tenaient à cœur, avec ouverture et pédagogie. Elle savait exprimer un point de vue différent, porter un second regard objectif sur la législation, avec pertinence et élégance, ce qui, en fin de compte, lui attirait le respect de tous. La contribution de Josée, en dépit d’un court mandat, aura été significative aussi au sein du Comité de la régie interne, où elle a su mettre son expertise d’avocate au profit de la bonne gouvernance de notre institution.

Josée nous laisse le souvenir d’une femme intègre, compétente, déterminée et humble. Sa marque au Sénat sera pérenne et ce fut un privilège de travailler à ses côtés. Au nom du Groupe des sénateurs indépendants, je la salue et la remercie une dernière fois, tout en réitérant à sa famille et à ses proches l’expression de nos plus sincères condoléances.

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Honorables sénatrices et sénateurs, comme vous le savez, notre collègue Josée Forest-Niesing est décédée en novembre dernier, à sa résidence de Sudbury. Le Sénat du Canada est réputé pour ses positions en faveur des droits des minorités. Cette réputation se poursuit grâce à des membres du Sénat qui veillent minutieusement au respect de ces droits. En raison de son bénévolat auprès d’un grand nombre d’organismes communautaires, la sénatrice Forest-Niesing était prédestinée à agir comme une des consciences sénatoriales en faveur du respect des langues officielles.

Dans sa déclaration du 3 novembre 2020, elle nous rappelait ce qui suit, et je cite :

Les deux langues officielles du pays bénéficient d’un statut constitutionnel égal. L’une n’est pas la langue principale et l’autre, la langue qu’il faut traduire.

Elle nous invitait à prendre les moyens pour que cette égalité soit une réalité dans notre quotidien et à porter à cette question une attention toute particulière en ces temps incertains de pandémie. Le 3 juin dernier, elle plaidait en faveur de l’introduction d’un projet de loi modifiant la Loi sur la faillite et l’insolvabilité pour offrir des garanties linguistiques nationales en matière de bilinguisme judiciaire.

Le décès prématuré de la sénatrice Forest-Niesing est une grande perte pour le Sénat et pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Son décès nous interpelle, comme parlementaires, à poursuivre sa passion en faveur de l’accès à la justice dans nos deux langues officielles.

J’ai eu le privilège de rencontrer sa famille et des membres de sa communauté. L’amour, l’admiration et le respect qu’ils ressentaient pour elle, ainsi que les histoires personnelles qu’ils partageaient à son sujet, montraient clairement à quel point elle était profondément enracinée dans sa communauté et à quel point son service aux autres était au cœur de son identité même.

Au-delà de ses qualifications et de ses qualités comme juriste et membre dévouée à sa communauté, la sénatrice Forest-Niesing a toujours fait preuve de compassion, caractéristique pertinente à notre institution qui est avant tout humaine.

À titre de représentant du gouvernement, j’offre mes condoléances à son époux, Robert, à ses deux enfants, Philippe et Véronique, et à ses petits-enfants.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Honorables sénateurs, je pense pouvoir dire sans me tromper que nous avons tous été secoués par la nouvelle du récent décès de notre chère amie et collègue la sénatrice Josée Forest-Niesing.

L’honorable sénatrice Forest-Niesing n’a peut-être siégé au Sénat que trois courtes années, mais elle a fait une forte impression sur nous tous pendant cette période. Comme l’a déjà dit ma collègue la sénatrice Saint-Germain, elle m’a impressionné lorsqu’elle m’a interpellé, tant au Sénat qu’au Sous-comité sur la Vision et le Plan à long terme.

Elle pouvait être désarmante avec son sourire fin et chaleureux. Pourtant, elle était également tenace et farouchement dévouée à son travail, à sa communauté et à ses valeurs. Ces qualités l’ont bien servie et lui ont donné une influence considérable en tant que sénatrice, avocate et défenseure et, sans aucun doute, en tant qu’amie, épouse et mère.

Son intérêt, son attention et son éloquence la caractérisaient en tant que personne, mais aussi en tant que parlementaire compatissante et influente.

Je garderai toujours de bons souvenirs de mon voyage en Ukraine en 2019 avec les sénatrices Forest-Niesing et Boniface. Nous avons voyagé ensemble en tant qu’observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe durant les élections parlementaires anticipées en Ukraine et nous avons également eu l’occasion de visiter le mémorial de l’Holodomor à Kiev. Ce fut un voyage très agréable avec mes deux collègues du Sénat. Je serai toujours reconnaissant d’avoir eu l’occasion d’apprendre à connaître personnellement et véritablement Mme Forest-Niesing.

Je sais que nous chérissons tous le privilège d’avoir travaillé avec la sénatrice Forest-Niesing ici, au Sénat. Le Canada est un meilleur pays grâce à son service et à sa contribution à titre de sénatrice. Comme vous le savez, son dévouement au service public, bien connu, a commencé bien avant sa nomination au Sénat. Au fil des ans, elle a siégé à de nombreux conseils d’administration, que ce soit à la Galerie d’art de Sudbury et au Carrefour francophone de Sudbury, en passant par le Centre canadien de français juridique et l’Université de Sudbury.

La sénatrice Forest-Niesing était une Franco-Ontarienne du Nord fière, dévouée et passionnée, et sa voix dans cette enceinte nous manquera beaucoup.

Son premier discours était un hommage à Gaétan Gervais, un autre grand Franco-Ontarien de Sudbury. À l’époque, elle avait conclu son intervention en disant :

Chers collègues, je vous prie de vous joindre à moi pour remercier Gaétan Gervais et lui rendre hommage alors qu’il a quitté cette place pour un avenir meilleur.

Au nom du caucus conservateur, je pense qu’il est tout à fait approprié que je vous dise à mon tour : chers collègues, je vous prie de vous joindre à moi pour remercier la sénatrice Josée Forest-Niesing et lui rendre hommage alors qu’elle a quitté cette place pour un avenir meilleur.

Nous adressons nos plus sincères condoléances à son mari, Robert, et à ses enfants, Véronique et Philippe. Que Dieu les fortifie, ainsi que nous tous, alors que nous pleurons son départ prématuré.

L’honorable Jane Cordy [ - ]

Honorables sénateurs, le 20 novembre dernier, nous avons tous été choqués et attristés d’apprendre le décès de notre collègue et amie la sénatrice Josée Forest-Niesing. Elle n’avait que 56 ans. Nommée en 2018, la sénatrice Forest-Niesing n’a servi au Sénat que pendant un peu plus de trois ans, mais pendant cette période, il a été clair pour tous ceux qui l’ont côtoyée qu’elle apportait au Sénat une véritable passion et une détermination à faire bouger les choses.

La sénatrice Busson, la sénatrice Griffin et moi avons eu le plaisir de servir avec Josée au sein du groupe de travail sur les mandats des comités. Nous formions un petit groupe et avons travaillé en étroite collaboration pendant quelques mois afin de présenter des idées et des recommandations sur la meilleure façon de moderniser les mandats des comités.

J’ai parlé pour la dernière fois à Josée à l’occasion d’une réunion de ce groupe de travail. Elle était très malade à l’époque, mais elle avait insisté pour participer à la réunion depuis de son lit, la fonction vidéo désactivée. Elle est décédée à peine quelques jours plus tard. Malheureusement, la sénatrice Forest-Niesing n’était plus de ce monde lorsque nous avons terminé notre rapport et que nous l’avons présenté au Comité sénatorial permanent du règlement, de la procédure et des droits du Parlement.

Chers collègues, avec le décès de Josée, c’est une voix forte pour la défense des communautés linguistiques en situation minoritaire qui s’éteint. Elle défendait l’accès à la justice et aux services publics dans les deux langues officielles ainsi qu’en langue des signes. Elle laisse aussi derrière elle un héritage de défense des communautés autochtones.

De nombreux membres de sa collectivité ont rendu hommage à l’influence qu’elle a eue après avoir consacré sa vie au service public. Cette vaste expérience n’aurait pu qu’enrichir notre travail au Sénat.

Son amitié et son merveilleux sourire vont nous manquer, sans oublier sa précieuse contribution aux travaux du Sénat. Josée avait encore tellement à offrir. Elle nous a quittés beaucoup trop tôt.

Au nom du Groupe progressiste du Sénat, je tiens à transmettre nos plus sincères condoléances à son mari, Robert, ainsi qu’à sa famille et ses amis. Merci.

L’honorable Jean-Guy Dagenais [ - ]

Honorables sénatrices et sénateurs, je veux prendre quelques instants pour rendre, à mon tour, hommage à notre collègue décédée des suites de la COVID-19, Josée Forest-Niesing.

D’abord, je pense qu’il n’y a pas de mots pour dire à quel point l’annonce de sa mort nous a tous bouleversés. Comme elle était âgée de 56 ans, il était plausible de croire qu’elle serait parmi nous encore plusieurs années, pour poursuivre ses engagements qui visaient principalement à défendre la langue française.

L’honorable Josée Forest-Niesing était une fière francophone de l’Ontario qui n’a jamais cessé de revendiquer le respect qui est dû à la langue française dans ce pays. Je salue le fait que, dans sa communauté de Sudbury, ses actions ont contribué à la mobilisation de la population en général, du monde juridique et de la communauté universitaire, pour que le français demeure leur langue d’usage et que son enseignement se perpétue. La communauté culturelle francophone de Sudbury vient de perdre une ardente représentante de son héritage collectif. Tous ont reconnu, au cours des derniers jours, la force de ses engagements personnels, professionnels et politiques.

Juriste accomplie, ses actions ont largement dépassé sa région. La sénatrice Forest-Niesing a présidé l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario. Elle a été la fondatrice du Centre canadien de français juridique et elle a aussi joué un rôle de premier plan en présidant le Comité des langues officielles de l’Association du Barreau de l’Ontario. J’ose espérer que les Ontariens de toutes langues sauront rapidement poser un geste concret pour lui rendre hommage et immortaliser ses actions.

Pour ma part, je garderai le souvenir de nos échanges sur l’appui que je donnais, en juin dernier, à ses démarches dans cette Chambre pour faire adopter sa motion d’appui aux programmes d’enseignement francophone de l’Université Laurentienne de Sudbury qui avait mis fin, faute de financement, à 58 % de ses programmes en français, occasionnant le départ de 110 enseignants.

Je me rappelle aussi son intervention de novembre 2020, où elle nous soulignait que dans les situations d’urgence comme celles que nous avons vécues depuis mars 2019, l’appareil gouvernemental met trop souvent de côté les communications en français par souci de rapidité. La sénatrice Forest-Niesing nous rappelait alors avec justesse que le besoin fondamental de recevoir des informations, des directives et des messages clairs est le même pour tout le monde. Son propos ne pouvait être plus clair, et je la cite :

Les deux langues officielles du pays bénéficient d’un statut constitutionnel égal. L’une n’est pas la première et l’autre, la langue qu’il faut traduire.

Si, à ma modeste manière, je peux poursuivre le combat pour le respect des langues officielles de l’honorable Josée Forest-Niesing dans cette Chambre, je serai fier de le faire en sa mémoire. J’offre mes sincères condoléances à toute sa famille.

L’honorable Bev Busson [ - ]

Chers collègues et chers membres de la famille, comment peut-on décrire une perte indescriptible, expliquer un événement inexplicable ou accepter un fait tellement injuste qu’il en devient inacceptable? Je vais oser une réponse.

Dès sa première intervention au Sénat, j’avais toujours la frousse d’être la personne qui parlerait après elle lors de nos discussions. Elle mettait la barre très haute. La sénatrice Josée Forest-Niesing était l’une des personnes les plus extraordinaires que j’ai rencontrées dans toute ma vie, et j’ai rencontré beaucoup de gens formidables.

Elle a été nommée sénatrice environ un mois après mois, mais je suis devenue l’une de ses plus ferventes admiratrices dès le premier jour. Je pense que toutes les personnes qui sont nommées au Sénat souffrent du syndrome de l’imposteur. La sénatrice Josée Forest-Niesing incarnait l’exemple à suivre. Elle avait tous les atouts. Elle était élégante et très belle, mais nombre d’entre nous avons hérité de la beauté grâce à notre ADN. Elle était intelligente, qualité essentielle pour occuper nos fonctions. Elle était très instruite, comme beaucoup d’entre nous. Elle était gentille, comme nous aspirons tous à l’être. Elle aimait passionnément sa famille. Comme nous tous, n’est-ce pas? Son sens de l’éthique et ses principes étaient irréprochables; nous visons tous à atteindre ce haut niveau d’excellence.

Josée avait tout cela, mais elle avait aussi cette qualité ineffable qu’il est impossible de feindre. Elle était spéciale. Quand elle entrait dans une pièce, elle n’avait pas besoin de dominer la conversation. Sa présence suffisait. Sa passion pour la vérité et son dévouement envers son pays étaient subtils tout en étant évidents.

Elle était tenace au sujet des choses qui comptaient pour elle. D’abord et avant tout, il y avait sa famille. Elle avait toujours des photos à portée de main pour renforcer la fierté qu’elle ressentait par rapport à son mari, à ses enfants et à ses petits-enfants. Sur le plan professionnel, elle se passionnait pour l’égalité des genres, les droits des francophones, les enjeux autochtones et la modernisation du Sénat. Nous avons passé de nombreuses nuits, autour d’un verre de vin ou deux, à analyser ce qui venait de se dérouler au Sénat, et nous discutions souvent du Sénat et de l’avenir.

Dans les semaines qui ont précédé son décès, elle s’est même jointe virtuellement à une réunion du Sénat depuis son lit, car elle voulait changer les choses jusqu’à la fin. C’est un grand honneur pour moi que cette personne formidable m’ait choisie comme amie. Elle est partie beaucoup trop tôt et elle avait encore tant à donner. Nous avons tous perdu une Canadienne extraordinaire. Sa famille a perdu une épouse, une sœur, une fille, une mère et une grand-mère incroyable. Quant à moi, j’ai perdu une véritable amie.

Elle me lègue un modèle duquel je m’efforce toujours d’être à la hauteur. Je soupçonne qu’au ciel, vêtue de ses jupes à ruban, elle planifiera, avec le reste des anges, la modernisation du paradis.

Nous ne t’oublierons jamais, chère amie. Il sera éternellement difficile d’être à ta hauteur.

L’honorable Brian Francis [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre chère collègue et amie la sénatrice Josée Forest-Niesing.

Comme d’autres l’ont souligné, Josée était une fière Franco-Ontarienne, dévouée à la défense des droits des communautés francophones minoritaires. De ses questions au représentant du gouvernement au Sénat, à sa motion sur la fermeture des programmes universitaires francophones, Josée défendait la cause avec passion.

Pendant qu’elle a siégé au Sénat, Josée s’est engagée à améliorer les conditions de vie et les perspectives d’avenir des Autochtones. En 2019, j’ai eu le plaisir de voyager avec elle comme membre de la délégation canadienne à l’Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones. L’année dernière, nous avons siégé ensemble au Comité sénatorial permanent des peuples autochtones, lors de l’étude du projet de loi C-15, Loi concernant la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Elle était tellement fière de ce travail.

Chers collègues, j’aimerais vous parler d’un moment spécial que j’ai partagé avec Josée.

En octobre 2018, j’ai eu le privilège d’être assermenté le même jour qu’elle. Ce jour-là, j’ai apporté une plume d’aigle, ce qui est pour les Premières Nations le plus honorable et le plus sacré des cadeaux. Josée en connaissait la signification. Lorsque nous nous apprêtions à entrer dans la Chambre, nous étions les deux derniers à être assermentés, j’ai vu qu’elle était nerveuse; j’ai appris plus tard que cela ne lui arrivait pas souvent. J’ai fait une prière au Créateur pour elle et je l’ai touchée avec la plume d’aigle. Je crois qu’elle a été émue et rassurée par ce geste. Au moment d’entrer dans la Chambre haute, elle était calme, pleine de vigueur et de détermination.

Honorables sénateurs, une précieuse collègue et amie nous a quittés beaucoup trop tôt. Cependant, sa présence et son influence ont contribué à faire du Canada un meilleur pays. Nous n’oublierons jamais la bienveillance, la générosité, et le sens de l’humour de Josée. Sa mémoire restera bien vivante dans les cœurs qu’elle a su toucher.

J’offre mes sincères condoléances à son époux, Robert, à ses enfants, Philippe et Véronique, ainsi qu’à ses proches et à ses amis.

Wela’lin. Merci, Josée, de votre amitié. Que le Créateur continue de vous serrer fort dans ses bras.

L’honorable Lucie Moncion [ - ]

Honorables sénateurs, l’événement d’aujourd’hui nous permet de célébrer notre collègue, notre amie.

Je me permets à ce moment de vous raconter une histoire. Le 13 mars 2020, la dernière journée où nous avons siégé avant la fermeture du Sénat à cause de la pandémie, Josée, la sénatrice Lankin et moi faisions ensemble le trajet de retour vers nos villes respectives. Juste avant d’arriver à Pembroke, Josée me pointe du doigt le haut d’un rocher et me dit : « Vois-tu ce rocher et le nom de la personne qui est écrit tout en haut? » Moi de répondre : « Oui, ça fait 25 ans que je fais le trajet entre Ottawa et North Bay, que je le vois et que je me demande qui est cette Josée. » Elle me répond : « Cette Josée, c’est moi. »

Alors qu’elle et Robert étudiaient à l’Université d’Ottawa, ils avaient décidé d’arrêter à cet endroit et d’y inscrire leurs noms. Après avoir eu leurs enfants, Philippe et Véronique, ils y ont ajouté leurs noms. Josée m’avait dit à ce moment-là qu’elle y retournerait plus tard afin d’inscrire le nom de son petit-fils Jacob et, éventuellement, celui de Léo.

La semaine dernière, j’ai eu le plaisir de passer l’après-midi avec Robert, l’époux de Josée. Il y avait un événement à l’Université de Sudbury et, par la suite, l’ouverture officielle de la Place des Arts. Je précise que Josée est celle qui a siégé le plus longtemps au conseil d’administration de l’Université de Sudbury, soit pendant cinq ans, à titre de présidente. À la Place des Arts, les noms de Josée et de Robert sont inscrits en toutes lettres et il y a une salle dédiée à Josée.

Je reviens à l’histoire de la fameuse paroi rocheuse. Je dis à Robert : « J’ai remarqué que le nom de Josée me semble encore plus lumineux qu’auparavant, comme si une nouvelle couche de peinture avait été appliquée. C’est sûrement le travail d’un ange. »

Pour ma part, chaque fois que je passe à cet endroit, je salue Josée et je pense à elle. J’aurai toujours ce privilège!

Connaissant la foi profonde de Josée, j’aimerais vous lire ce message d’un auteur inconnu : Les pas dans le sable.

Une nuit, j’ai eu un songe. J’ai rêvé que je marchais le long d’une plage, en compagnie du Seigneur. Dans le ciel apparaissaient, les unes après les autres, toutes les scènes de ma vie. J’ai regardé en arrière et j’ai vu qu’à chaque scène de ma vie, il y avait deux paires de traces sur le sable : l’une était la mienne, l’autre était celle du Seigneur. Ainsi nous continuions à marcher, jusqu’à ce que tous les jours de ma vie aient défilé devant moi.

Alors je me suis arrêtée et j’ai regardé en arrière. J’ai remarqué qu’en certains endroits, il n’y avait qu’une seule paire d’empreintes, et cela correspondait exactement avec les jours les plus difficiles de ma vie, les jours de plus grande angoisse, de plus grande peur et aussi de plus grande douleur.

Je l’ai donc interrogé : « Seigneur… tu m’as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie et j’ai accepté de vivre avec Toi. Mais j’ai remarqué que dans les pires moments de ma vie, il n’y avait qu’une seule trace de pas. Je ne peux pas comprendre que tu m’aies laissée seule aux moments où j’avais le plus besoin de Toi. »

Et le Seigneur répondit : « Ma fille, tu m’es tellement précieuse! Je t’aime! Je ne t’aurais jamais abandonnée, pas même une seule minute! Les jours où tu n’as vu qu’une seule trace de pas sur le sable, ces jours d’épreuves et de souffrances, eh bien : c’était moi qui te portais. »

Josée, en faisant scintiller ta lumière, tu nous as donné la possibilité de faire scintiller la nôtre. Tu scintilleras toujours dans nos cœurs. À bientôt, mon amie!

L’honorable Patricia Bovey [ - ]

Honorables sénateurs, je souhaite également la bienvenue à la famille et aux amis de la sénatrice Forest-Niesing alors que nous rendons hommage à cette collègue que nous tenions en haute estime. Nous avons tous été dévastés, d’abord lorsque nous avons appris que la sénatrice Forest-Niesing avait contracté la COVID-19, puis lorsqu’elle est décédée soudainement après l’excellente nouvelle de son congé de l’hôpital. C’était une collègue entièrement dévouée et inlassable qui était réceptive à l’égard de tous les groupes et les caucus. Sans aucun doute, elle nous manque énormément. J’ai eu la chance de siéger à ses côtés pendant les mois qui ont précédé la pandémie de COVID-19, et je sais qu’elle était inquiète et très prudente depuis le début de cette crise.

J’ai eu le privilège de travailler avec elle à plusieurs occasions, la plus récente étant dans le cadre du Groupe de travail consultatif du Sénat sur les œuvres d’art et le patrimoine. Son souci du détail était merveilleux, tout comme l’étaient ses idées et son désir de mettre en valeur les arts visuels et le patrimoine du Sénat. Elle trouvait le moyen d’offrir cela à un public plus large afin d’accroître l’engagement de tous, et elle veillait à ce que toutes les régions du pays soient entendues. J’espère qu’elle était fière du travail accompli.

Je veux aussi saluer l’initiative qu’elle a prise d’aborder publiquement la situation de la crise financière à l’Université Laurentienne. Je suis reconnaissante du temps qu’elle a consacré pour nous tenir au courant, moi et les autres personnes qui nous intéressons à la situation critique du corps professoral, des étudiants et de la communauté. Elle m’a informée de l’évolution de la situation. Je crois que l’enquête qu’elle a lancée a fait une différence en matière de planification financière et de gouvernance. Du moins, c’est ce que j’entends de la part de la communauté universitaire.

D’un point de vue personnel, je n’oublierai jamais la grande joie qu’elle a éprouvée à la naissance de son premier petit-enfant. Elle était aux anges. Puis, il y a eu l’annonce qu’elle a faite au Sénat quand elle a appris qu’elle avait des ancêtres métis. Sa détermination créative pour fabriquer une jupe à rubans était palpable, et je félicite sa mère de l’avoir faite avec le tissu choisi par Josée. J’ai tellement hâte de la voir.

Je transmets mes sincères condoléances à son époux, Robert, et à toute sa famille, à ses amis et à sa collectivité. Son sens de l’engagement, de la bienveillance et de la compassion, ainsi que son sens de l’humour débordant et ses histoires manquent à nous tous ici de même qu’à tous ceux qui l’ont connue. Merci. Chers collègues, je vous remercie également de vos commentaires enrichissants.

L’honorable Frances Lankin [ - ]

Honorables sénateurs, l’hommage que je rends émane de Louise Mercier, la directrice des affaires parlementaires de la sénatrice Forest-Niesing.

C’est incroyable la chance que j’ai eue de travailler avec la sénatrice Forest-Niesing. C’est un des grands privilèges de ma vie. Non seulement en raison de son esprit formidable, de sa diplomatie exceptionnelle et de ses vastes connaissances, mais aussi parce qu’elle était une personne vraiment lumineuse qui est devenue une amie très proche.

Son empathie et son véritable intérêt pour chaque personne qu’elle rencontrait l’ont dotée d’une compréhension exceptionnelle de l’esprit humain. Lorsqu’elle étudiait un projet de loi, elle adoptait la perspective des Canadiens qui étaient visés par ce projet de loi. Elle ne craignait pas de proposer des amendements et des initiatives spéciales lorsqu’elle croyait que le projet de loi à l’étude n’en faisait pas suffisamment pour améliorer la vie de la population canadienne.

Elle était aussi vraiment dévouée aux gens de sa région natale, Sudbury, et en particulier à la communauté francophone. Je me suis rendue à deux reprises à Sudbury pour des séjours d’une semaine afin de rencontrer des intervenants clés, des députés et le maire. Nous avons visité Science Nord et SNOLAB. SNOLAB est un établissement scientifique renommé qui étudie les particules composant la lumière solaire à 2 kilomètres sous la surface de la Terre. Cette visite a donné lieu à une scène plutôt particulière parce que nous devions nous laver dans une douche — de la tête aux pieds — et porter des vêtements de l’établissement afin d’éviter de contaminer les expériences. À l’époque, j’ai dit à Josée : « Oh, rien d’inhabituel comme journée de travail avec vous, madame la sénatrice. »

En visite à Sudbury, j’ai aussi eu la chance de rencontrer un grand nombre des membres de la famille de la sénatrice Forest-Niesing. Un en particulier faisait sa fierté et sa joie, son petit-fils qui venait de naître, Jacob. Depuis, elle a eu la chance d’avoir un deuxième petit-fils, Léo. Sa famille était sa grande priorité. Ayant perdu son père en juin 2020, elle a pris soin d’être aussi présente que possible pour sa mère et ses sœurs, Sylvie et Dominique, « les filles », comme elle les appelait. Elle était particulièrement fière de sa fille, Véronique, et de son fils, Philippe, et elle admirait les adultes qu’ils étaient devenus. Elle venait tout juste de célébrer son 35e anniversaire de mariage avec Robert, son complice et l’amour de sa vie.

Je ressens toujours le choc de son décès, et elle me manque tous les jours. Cependant, en essayant de donner du sens à cette perte, je choisis de me concentrer sur le fait que j’ai eu la chance de partager une partie de mon parcours avec elle, ce qui a fait de moi une meilleure personne.

Merci pour tout, Josée.

Maintenant, si je peux parler pour moi-même, j’aimerais préciser que la sénatrice Forest-Niesing a été une collègue remarquable, collaborative, qui travaillait très fort. Elle était une femme qui se comportait avec grâce, et elle va beaucoup me manquer. Merci.

L’honorable René Cormier [ - ]

Chers collègues et chers membres de la famille Forest-Niesing, de sa naissance à Sudbury, en 1964, jusqu’à son départ soudain le 20 novembre 2021, Josée Forest-Niesing aura été toute sa vie une femme engagée, dévouée, portée par une force admirable qui faisait d’elle une épouse, une sœur, une mère, une grand-mère ainsi qu’une collègue lumineuse et généreuse.

Diplômée en droit de l’Université d’Ottawa, admise au Barreau de l’Ontario en 1990, celle qu’on surnommera pour toujours l’« avocate des Franco-Ontariens au Sénat » aura œuvré durant toute sa vie au service de la communauté franco-ontarienne.

Elle maîtrisait avec élégance et précision les deux langues officielles de notre pays, et a défendu tout au long de sa carrière l’accès à la justice dans les deux langues officielles. Son plaidoyer pour l’égalité des deux langues officielles a été, est, et restera pour les membres du Comité des langues officielles une grande source d’inspiration.

Chers collègues, nous nous souvenons tous du jour de son assermentation ici, dans cette Chambre. Son large sourire et son regard lumineux éclairaient le Sénat.

En prêtant serment, je me souviens avec affection de sa voix qui s’est serrée, de sa gorge qui s’est nouée. C’est avec une émotion profonde remplie de gratitude qu’elle a prêté serment. Elle saisissait alors toute l’importance de ses premiers pas dans cette Chambre comme sénatrice franco-ontarienne.

Durant son bref séjour dans cette enceinte, Josée Forest-Niesing a été portée par un désir profond de contribuer à la modernisation du Sénat. Sa détermination dans son projet visant à actualiser les mandats de nos comités sénatoriaux reste un legs dont nous pourrons nous inspirer à l’avenir. Honnête et intègre, Josée possédait une telle force d’attraction, que nous avions tous et toutes envie de collaborer avec elle.

En réponse à une question que lui posait le journaliste Benjamin Vachet, le 2 mars 2019 dans ONFR+, lui demandant quel objectif elle se donnait comme sénatrice, Josée a répondu ce qui suit, et je cite :

Le rôle de sénateur donne énormément de pouvoirs et de privilèges, et j’ai l’impression que seuls mon imagination et le temps vont me limiter pour faire tout ce que je veux accomplir. Mais ce que je voudrais, comme dans tout ce que j’ai fait auparavant, c’est laisser la place dans un meilleur état que quand j’y suis arrivée. C’est tout simple, mais c’est beaucoup!

Je vous le confirme, Josée, grâce à votre personnalité et à vos actions, vous aurez contribué à laisser cette place dans un meilleur état que lorsque vous y êtes entrée, et c’est avec gratitude que nous vous disons merci aujourd’hui.

Je terminerai en citant un extrait de la chanson intitulée Le tourbillon, composée pour Josée par sa sœur Dominique, et qui témoigne de la personnalité de « notre » grande collègue :

Inspirée, ressourcée, le tourbillon m’emporte

Passionnée, rassurée, ma vie demeure la mienne

Les défis, les soucis, c’est un choix, je les supporte

Le tourbillon m’emporte et je demeurerai toujours la même

Confiante et aimante, le tourbillon m’emporte

Inspirée, ressourcée, ma vie n’est que la mienne

Les défis, les soucis, c’est mon choix…

Le tourbillon m’emporte et je demeurerai toujours la même.

Merci, Josée Forest-Niesing. Mes condoléances à votre famille. Reposez en paix.

L’honorable Peter M. Boehm [ - ]

Chers collègues, aujourd’hui, nous rendons hommage non seulement à une amie et collègue sénatrice, mais également à une Canadienne distinguée et, tout simplement, à quelqu’un de remarquable : l’honorable Josée Forest-Niesing.

Mon amie Josée et moi avons été assermentés au Sénat le même jour, soit le 16 octobre 2018, aux côtés de nos collègues Patti LaBoucane-Benson, Paula Simons et Brian Francis.

Comme c’est souvent le cas dans ce genre de cérémonie d’assermentation, l’attente était interminable et j’ai commencé à faire les cent pas. Dans la salle d’à côté, la famille Forest-Niesing semblait festoyer. Nous avons entrouvert la porte pour jeter un coup d’œil et ma famille m’a demandé : « Qui est cette élégante dame? Sera-t-elle aussi sénatrice? J’adore ses chaussures! » Si Josée était aussi nerveuse que moi ce jour-là, cela ne paraissait aucunement.

Je me souviens de ses premiers discours, de son souci du détail et de sa détermination évidente, mais tout en politesse, elle ne tolérait aucun commentaire acerbe ou pénible, comme nous le disons ici, qui, dans le feu des débats, aurait pu être dirigé contre elle ou quelqu’un d’autre.

Je me souviens de sa patience, de son sourire facile et de son écoute active. C’était toujours un plaisir de discuter avec elle. J’avais vraiment l’impression que chaque mot que je disais était important, que j’étais important et que j’avais toute son attention. C’est cet effet qu’elle avait sur les gens. Elle était une amie et une collègue vraiment attentionnée et d’un grand soutien.

Une fois, elle m’a surpris à regarder l’écran de veille de son ordinateur, qui montrait une superbe photo de sa famille. Je lui ai dit qu’elle avait une belle famille. Elle m’a gratifié de son merveilleux sourire et elle a dit : « Je sais. Elle est tout pour moi. » À ses proches qui sont avec nous aujourd’hui, sachez à quel point elle comptait pour nous. Nous vous remercions d’avoir partagé sa présence avec nous.

Josée était une fière Franco-Ontarienne et défendait ardemment les intérêts du Nord de l’Ontario et de son Sudbury bien-aimé. Comme l’a écrit Robert Dickson, célèbre poète de la région, dans son poème intitulé, à juste titre, Sudbury :

l’avenir se trame dans nos tripes

le statu quo est un risque énorme

aller vers l’autre voyager vers soi

Le mandat de sénatrice aura été le dernier acte de Josée Forest-Niesing sur la scène professionnelle au cours d’une carrière riche en distinctions et marquée par sa grande générosité, qui a eu une incidence notable. Même lorsque sa santé a commencé à décliner, elle a continué à changer les choses.

Elle me manquera beaucoup. Elle manquera à chacun d’entre nous. Qu’elle repose en paix.

L’honorable Rosemary Moodie [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à mon amie, ma collègue et ma voisine de bureau, l’honorable sénatrice Josée Forest-Niesing.

Pour nous tous, la sénatrice Forest-Niesing était un modèle de gentillesse, une femme ayant une attitude et des manières élégantes. Son esprit vif et ses brillants talents d’oratrice faisaient d’elle une leader, et nous baignions tous dans sa lumière. Une douce force l’animait, et elle était une voix forte au sein de cette enceinte. Son décès a été une grande perte pour notre institution et notre pays.

Quand j’ai été nommée au Sénat, Josée m’a enveloppée de bonté et m’a fait profiter de son réalisme et de sa sagesse. Elle est la première personne qui a communiqué avec moi pour me souhaiter la bienvenue dans cette assemblée, à peine un jour après ma nomination. S’étant jointe au Sénat peu de temps avant moi, elle voulait me faire part de ses propres expériences, m’offrir son aide et m’accorder son amitié.

Elle occupait, et occupera toujours, une place spéciale dans mon cœur, et elle me manquera.

Comme nous l’avons entendu, la sénatrice Forest-Niesing n’a siégé qu’un peu plus de trois ans au Sénat. Elle était une grande défenseure des communautés linguistiques en situation minoritaire. Elle accordait une vive importance à la vérité et à la réconciliation. Elle luttait pour les droits de la personne, la justice sociale et l’égalité réelle de tous les Canadiens, à l’intérieur et à l’extérieur de cette enceinte.

Elle saisissait toutes les occasions de défendre les droits des sous-représentés.

Chers collègues, ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses façons dont la sénatrice Forest-Niesing a laissé sa marque en se battant pour un Canada plus juste, équitable et inclusif.

Josée voulait être la meilleure sénatrice possible pour les Canadiens. C’est un fier exemple que nous devrions tous suivre.

Nous voulons que son mari Robert, ses enfants Véronique et Philippe, de même que le reste de sa famille, ses amis et ses concitoyens, sachent que son absence au Sénat et dans nos vies se fera grandement sentir. Nous ne sommes pas les mêmes sans elle.

Josée, je suis extrêmement reconnaissante d’avoir eu le privilège de vous connaître, de travailler avec vous et d’apprendre à vos côtés.

Tu me manques énormément, ma chère amie et collègue.

L’honorable Mary Coyle [ - ]

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour rendre hommage à notre collègue et amie, l’honorable sénatrice Josée Forest-Niesing. Pour reprendre les mots de sa notice nécrologique :

[...] pour les proches de Josée, c’est sa compassion, son esprit vif, son élégance, son humour et son inépuisable résilience cachée derrière son sourire radieux qui habiteront à jamais nos cœurs.

Chers collègues, j’ai été complètement subjuguée le jour où cette grande femme d’une beauté frappante est entrée dans cette enceinte, arborant fièrement et élégamment — comme à son habitude — le drapeau vert et blanc des Franco-Ontariens. Nous nous sommes immédiatement entendues, et nous avons ressenti ensemble l’émerveillement, le privilège et le poids de nos fonctions le jour où nous avons été nommées à cette auguste chambre.

Nous parlions de notre santé, de la façon dont nous appréhendions notre mortalité, de notre désir mutuel de faire bon usage du temps qu’il nous restait et de notre bonne santé pour vivre et contribuer pleinement à la société. Les engagements de Josée envers le Canada étaient clairs : elle défendait ardemment la communauté franco-ontarienne de Sudbury, le bilinguisme, les questions de justice criminelle et sociale pour la réconciliation, ses propres racines abénaquises et la modernisation du Sénat.

L’été dernier, certains d’entre nous se sont retrouvés pour envoyer un colis pour l’anniversaire de la sénatrice philippine Leila de Lima, qui était emprisonnée, et aussi pour discuter du soutien à apporter aux femmes afghanes à la magistrature. La sénatrice Josée Forest-Niesing et la sénatrice Pate avaient organisé des visites en prison pour les sénateurs. Josée aurait dû venir avec la sénatrice Pate, la sénatrice Jaffer, la sénatrice McPhedran, la sénatrice Deacon et moi-même pour visiter l’établissement Nova pour femmes et l’établissement de Springhill, en octobre dernier. Malheureusement, elle avait contracté la COVID-19 et elle n’a pas pu nous accompagner.

La sénatrice Josée Forest-Niesing travaillait sans relâche à la modernisation du Sénat, faisant preuve de leadership pour collaborer avec nos collègues d’en face afin de trouver des moyens d’améliorer le fonctionnement de nos comités. Nous avons eu le plaisir de l’entendre dans cette enceinte apporter ses judicieuses contributions aux débats, notamment concernant la Journée nationale de la jupe à rubans, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, le racisme systémique, l’indépendance des tribunaux, et la législation sur les armes à feu.

Honorables sénateurs, Josée Forest-Niesing était une dirigeante chevronnée dotée d’un grand cœur. Elle aimait ses collègues, en particulier Louise Mercier et Nour El-Farouk. Surtout, elle aimait immensément sa famille.

Ses parents, ses sœurs, Sylvie et Dominique, son conjoint, Robert, ses enfants, Véronique et Philippe, et ses petits trésors, Jacob et Léo.

L’honorable Kim Pate [ - ]

Honorables sénateurs, par où commencer pour honorer la mémoire de Josée et décrire ce qui nous manque le plus à son sujet : ses méga sourires si rayonnants, son entrain, sa grâce infinie, son énergie, sa chaleur, sa force d’âme, sa ténacité, son intelligence, sa gentillesse, sa bienveillance, sa générosité, sa compassion, son intégrité, son courage, son sens de l’humour, son empathie, son humanité?

L’un de mes souvenirs les plus marquants et les plus attachants est lorsque Josée nous a communiqué ses préoccupations concernant l’isolement des prisonniers et qu’elle a offert de travailler au projet de loi C-83. Nous avons fait de notre mieux pour l’améliorer, et Josée a pris les devants, insistant sur la surveillance judiciaire et les recours pour les prisonniers. Les amendements qui ont découlé de ces démarches auraient aidé le gouvernement à atteindre ses objectifs énoncés. Lorsqu’ils ont été rejetés, Josée, avec le sang-froid qui la caractérisait, a immédiatement déterminé la prochaine étape qui s’imposait. Si le gouvernement refusait d’assurer la responsabilité correctionnelle, c’était à nous de le faire.

Je me sens très chanceuse d’avoir eu le privilège et la responsabilité de côtoyer Josée et de travailler avec elle. Nous avions prévu de collaborer avec la sénatrice McCallum pour confectionner des jupes à rubans.

Au nom de sa famille, j’ai le privilège de vous annoncer que la jupe à rubans présentée au Sénat aujourd’hui a été confectionnée avec soin par Mme Marie-Paule Forest, la mère de la sénatrice Forest-Niesing. Elle a utilisé le matériel que la sénatrice avait prévu à cette fin. Les familles Forest et Niesing sont reconnaissantes de pouvoir l’offrir comme geste solennel de guérison et afin de réaliser une promesse faite par la sénatrice. Que cette jupe à rubans soit symbole de sa résilience, de son sens du devoir et de la contribution durable qu’elle a apportée au Sénat du Canada.

La sénatrice Forest-Niesing défendait ardemment le droit à l’égalité, en particulier pour les Franco-Ontariens. Sa longue et distinguée carrière juridique a commencé au sein du programme de common law en français à l’Université d’Ottawa, où elle a également été nommée à la Société honorifique de common law. D’ailleurs, l’Université d’Ottawa a créé en son honneur la Bourse d’admission de la sénatrice Josée Forest-Niesing pour offrir une aide financière à des étudiants de première année du Nord de l’Ontario. Tous les sénateurs recevront des renseignements à ce sujet à leur bureau dans les prochaines minutes.

Chers collègues, je ne saurais imaginer une meilleure façon d’honorer la mémoire de notre Josée bien-aimée. Meegwetch, merci à tous les membres de sa famille et à tous ses amis d’avoir partagé Josée avec nous durant quelques années.

L’honorable Marty Deacon [ - ]

Honorables sénateurs, je veux me joindre à l’hommage que nous rendons aujourd’hui à l’honorable sénatrice Forest-Niesing et partager trois souvenirs qui me seront éternellement chers.

Lorsque j’ai eu la chance de m’asseoir avec elle pour discuter peu de temps après sa nomination — je savais qu’elle était de Sudbury —, je lui ai parlé de l’Université Laurentienne, du travail que j’avais aimé y faire et de mon attachement pour la communauté. Je croyais qu’elle prenait l’avion chaque semaine pour venir à Ottawa. Après tout, la route est plutôt longue depuis Sudbury, surtout pendant l’hiver. Lorsque je lui ai posé la question, elle m’a regardé et m’a répondu le plus sérieusement du monde :

Il n’est pas question que je prenne l’avion. J’adore conduire. Je vis pour conduire. Pendant cinq ou six heures, il n’y a que moi et la route, rien d’autre. J’aime écouter de la musique et des balados, j’aime prendre le temps de réfléchir et de profiter du paysage [...]

 — la roche, à l’évidence —

[...] cela me calme et m’apaise.

J’admirais sa capacité à apprécier quelque chose d’aussi simple et plutôt exigeant.

Au fil du temps, lorsque l’avenir de l’Université Laurentienne était en péril, nous avons de nouveau discuté. C’est à cette période que des professeurs et des étudiants de l’université ont communiqué directement avec moi et je savais que la prochaine étape serait de demander conseil à la sénatrice quant à la meilleure façon d’aider les étudiants, les finissants et les professeurs qui étaient atterrés.

Avec du recul, c’est l’un des meilleurs moments que j’ai passés avec Josée. La passion avec laquelle elle parlait de cet établissement, et notamment de l’histoire de sa famille, témoignait de la responsabilité presque personnelle qu’elle donnait à sa réussite.

Enfin, nous avons eu une autre interaction dont je suis toujours reconnaissante. Pour les pays francophones, les Jeux de la Francophonie sont comme des Jeux olympiques ou paralympiques. Ils ont lieu tous les quatre ans et 54 pays y participent.

Au Canada, nous n’étions pas certains de représenter les Canadiens francophones de la manière la plus inclusive qui soit. J’ai immédiatement contacté la sénatrice pour lui demander conseil sur la façon dont nous pourrions améliorer un peu cette expérience, cette occasion pour les pays et les Canadiens francophones. Sa perspicacité m’a été d’une aide précieuse et elle nous a aidés à orienter notre réflexion et nos actions, ce dont le Canada lui est très reconnaissant.

Chers collègues, comme nous avons pu l’entendre, Josée a su apprécier et accomplir beaucoup de choses avec nous en très peu de temps. Mais c’est dans son quotidien, parfois même dans les tâches routinières que nous accomplissons tous, qu’elle a su faire preuve d’un dynamisme et d’une passion dont j’espère m’inspirer dans tous mes projets. Elle va profondément nous manquer. Merci. Meegwetch.

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