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PÉRIODE DES QUESTIONS — Les affaires étrangères

L'influence étrangère dans les élections canadiennes

22 mars 2023


L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Monsieur le leader, selon le Globe and Mail, le Service canadien du renseignement de sécurité, ou SCRS, a appris qu’un riche conseiller politique du Parti communiste chinois à Pékin a reçu l’instruction de faire un don à la Fondation Pierre Elliott Trudeau, et que le régime communiste allait rembourser cette somme en entier.

Après la publication de cette nouvelle, la Fondation Pierre Elliott Trudeau a remboursé un don de 200 000 $ qu’elle a reçu en 2016. La présidente et cheffe de la direction de la fondation a déclaré ceci : « [...] l’éthique et l’intégrité font partie de nos valeurs fondamentales [...] » L’intégrité est importante pour eux, mais seulement sept ans plus tard, monsieur le leader? Le premier ministre devait connaître la vérité derrière ce don de 200 000 $, qui n’est pas minime.

Le gouvernement Trudeau nomme deux personnes au conseil d’administration de la fondation, et la famille Trudeau en nomme deux autres. Cette façon de procéder est confirmée dans les rapports annuels de la Fondation Pierre Elliott Trudeau ainsi que par Innovation, Sciences et Développement économique Canada.

Monsieur le leader, comment le gouvernement Trudeau peut-il affirmer qu’il n’y a aucun lien entre le premier ministre Trudeau et la Fondation Pierre Elliott Trudeau? Personne ne prête foi à une telle affirmation, monsieur le leader. Comment votre gouvernement peut-il soutenir pareille chose et s’attendre à ce que les Canadiens n’y voient que du feu et aient confiance en lui?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ - ]

Je vous remercie de la question.

Une partie du préambule à votre question reposait sur une citation selon laquelle le premier ministre aurait dû connaître l’origine de l’entente ayant donné lieu à ce don. Or, en affirmant cela, vous faites une présomption et, en toute franchise, une forme de diffamation, parce que vous ignorez ce que le premier ministre savait ou ce qui lui avait été dit.

Évidemment, dès que cette affaire a été mise au jour, la Fondation Pierre Elliott Trudeau a réagi comme il se doit et a retourné l’argent. Voilà ce que les Canadiens savent et doivent comprendre.

Comme le premier ministre l’a dit dès son entrée en fonction — si ce n’est immédiatement avant, mais certainement depuis qu’il est premier ministre, si ce n’est avant —, il s’est retiré de toute participation à la fondation, qui, je dois le préciser, a fait et continue de faire de l’important travail pour soutenir et guider les étudiants.

L’ingérence de la Chine dans le processus électoral canadien constitue un enjeu important. Force est de reconnaître que l’opposition a fait de cette question son cheval de bataille, à la Chambre et dans cette enceinte. Elle est en droit d’agir de la sorte. D’ailleurs, c’est le rôle que l’opposition estime devoir jouer, et je respecte ce droit.

À mon avis, la tentative de canaliser énormément d’attention sur cette question sérieuse à laquelle le gouvernement s’est attaqué sérieusement, de tout ramener à l’élite laurentienne et à la Fondation Pierre Elliott Trudeau et d’affirmer que le gouvernement et le premier ministre auraient dû savoir minimise la gravité de la question et nuit à notre assemblée.

Vous avez raison, monsieur le leader. Nous avons le droit de poser ce genre de questions.

Savez-vous ce que nous avons également le droit de faire, monsieur le leader? Nous avons le droit d’obtenir des réponses, et tous les Canadiens ont également ce droit.

Si le premier ministre était honnête avec les Canadiens pour une fois et qu’il nous donnait des réponses, nous pourrions arrêter de poser ces questions.

Vous dites que la Fondation Pierre Elliott Trudeau fait de l’excellent travail. Personne ne dit le contraire. Or, cela ne lui donne pas le droit d’accepter des dons illégaux, peu importe tout l’excellent travail qu’elle accomplit.

Vous dites que j’ai fait des insinuations. Vous, vous en avez clairement fait une : il ne faut ni vous parler du don douteux ni vous poser de questions à ce sujet parce que la fondation fait de l’excellent travail. Comment pouvez-vous faire ce rapprochement, monsieur le leader?

Monsieur le leader, comme je l’ai dit hier, le premier ministre ne devrait pas pouvoir se prononcer sur cette question. Il ne devrait pas avoir son mot à dire sur la façon dont l’enquête sur l’ingérence de Pékin est menée. Il pourrait simplement dire aux Canadiens ce qu’il savait et quand il l’a appris. Toutefois, il refuse de le faire. Pourquoi? Parce qu’il était le principal bénéficiaire de cette ingérence.

Monsieur le leader, au lieu de lancer une enquête publique complète réellement indépendante, le premier ministre Trudeau a nommé un ami de longue date de la famille, un partenaire de ski et un membre de la Fondation Pierre Elliott Trudeau pour produire un rapport dans plusieurs mois. Cette mesure du premier ministre vise une fois de plus à détourner l’attention et à gagner du temps, et ce dernier se moque de la reddition de comptes.

Monsieur le leader, comment l’ancien gouverneur général a-t-il été nommé à la Fondation Pierre Elliott Trudeau en 2018? Sa nomination a-t-elle été recommandée par le ministre de l’Innovation, qui fait bien sûr partie du Cabinet? Ou a‑t‑il été nommé par la famille du premier ministre Trudeau?

Le sénateur Gold [ - ]

Eh bien, personne ne pourra vous accuser, honorable collègue, de ne pas renchérir malgré ma réponse.

Vous avez complètement déformé ma réponse en ce qui concerne la Fondation Pierre Elliott Trudeau, comme en fera foi le compte rendu du débat. Je ne répéterai pas ce que j’ai déjà dit.

Au lieu de vous concentrer sur les démarches que fera le gouvernement afin d’examiner les allégations d’ingérence de manière adéquate et responsable, vous continuez, comme le chef de votre parti et d’autres gens, à mettre en doute l’impartialité et même l’intégrité d’un gouverneur général qui a été nommé par Stephen Harper — ce qui est tout à l’honneur de M. Harper — et qui a admirablement bien servi le Canada.

Chercher l’adhésion de personnes qui considèrent que le premier ministre, l’élite laurentienne et tous ceux avec lesquels ils ont une relation amicale semblent manquer d’intégrité et ne pas servir les intérêts du Canada, c’est, encore une fois, mal servir le Sénat et l’importance de ce débat.

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