Projet de loi d'exécution de l'énoncé économique de l'automne 2023
Troisième lecture--Report du vote
18 juin 2024
Honorables sénateurs, je vais parler brièvement d’un aspect du projet de loi C-59 — un des projets de loi omnibus d’exécution du budget du gouvernement. J’aimerais faire part de préoccupations soulevées par de nombreux intervenants au sujet d’une modification ajoutée à la section 6 de la partie 5 du projet de loi C-59, qui porte sur la Loi sur la concurrence.
Le projet de loi C-59 porte exécution de certaines dispositions du budget déposé le 28 mars 2023 et de l’Énoncé économique de l’automne de 2023. Cependant, ce projet de loi perpétue la mauvaise habitude du gouvernement d’inclure de nombreuses mesures non financières. Par exemple, la partie 5, intitulée « Mesures diverses », compte plus de 130 pages, dont deux nouvelles lois : la Loi concernant l’Agence canadienne de l’eau et la Loi sur le ministère du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités. Elle modifie également plus de 10 lois existantes, y compris la Loi sur la concurrence.
Le projet de loi C-59 propose des mesures concernant les affaires privées devant le Tribunal de la concurrence, par opposition aux procédures engagées par le Bureau de la concurrence. Il modifie aussi la Loi sur la concurrence afin d’ajouter une nouvelle pratique susceptible d’être examinée concernant les déclarations environnementales trompeuses relatives aux produits. Cette nouvelle interdiction visera les déclarations ou les garanties fausses ou trompeuses à propos d’avantages environnementaux d’un produit. Cette mauvaise pratique est appelée l’écoblanchiment.
Par exemple, pensons à Keurig, le fabricant de dosettes de café. En 2022, l’entreprise a dû payer un montant aux États-Unis et au Canada dans le cadre d’un recours collectif concernant des allégations selon lesquelles Keurig aurait fait de la publicité trompeuse en disant que ses dosettes K-Cup étaient recyclables. Keurig a donc dû payer 10 millions de dollars et doit maintenant suivre des restrictions en matière de publicité.
Conformément au paragraphe 236(1) du projet de loi C-59, le Bureau de la concurrence Canada — et éventuellement des acteurs privés — pourront engager des procédures au Canada devant le Tribunal de la concurrence en cas d’écoblanchiment de produits.
En cas de poursuite devant le Tribunal de la concurrence, il incombera au fabricant de prouver que les déclarations faites au sujet d’un produit se fondaient sur des épreuves suffisantes et appropriées.
Les amendements proposés par le gouvernement à la déclaration des avantages d’un produit pour l’environnement ont suscité de vives inquiétudes parmi les acteurs économiques, y compris la Chambre de commerce du Canada, l’Association de l’aluminium du Canada et l’Alliance Nouvelles voies, un consortium des plus grandes entreprises exploitant des sables bitumineux. Ces acteurs ne soutiennent pas qu’ils n’ont pas été consultés lors du processus prébudgétaire, mais plutôt qu’il s’agit d’un changement majeur dans le cadre réglementaire régissant la vente de leurs produits.
À mon avis, ils se plaignent des décisions politiques prises par le gouvernement après des années de consultation, comme l’a souligné plus tôt aujourd’hui la sénatrice Moncion dans son discours. J’accepte de telles décisions, y compris l’inversion du fardeau de la preuve pour le fabricant d’un produit qui doit démontrer qu’il a effectué les épreuves appropriées. Toutefois, ces mesures auraient dû faire partie d’un projet de loi distinct se rapportant exclusivement à la Loi sur la concurrence. Au lieu de cela, elles font partie d’un projet de loi omnibus, ce qui prive le Parlement du temps nécessaire pour examiner en profondeur les amendements proposés.
Ce qui est plus inquiétant, c’est l’ajout par la Chambre des communes d’une autre pratique interdite importante qui n’a pas été envisagée par le gouvernement et qui a été ajoutée un peu à la hâte au Comité permanent des finances de l’autre endroit. C’est ce qui s’est passé quand le projet de loi C-59 a été amendé par les partis de l’opposition lors de l’étude article par article au comité pour cibler les déclarations ou indications au sujet d’une entreprise ou d’une marque dans son ensemble concernant les avantages pour l’environnement.
Cet amendement propose de créer une nouvelle forme de comportement susceptible d’examen, défini comme suit :
[...] ou bien des indications sur les avantages d’une entreprise ou de l’activité d’une entreprise pour la protection ou la restauration de l’environnement ou l’atténuation des causes ou des effets environnementaux et écologiques des changements climatiques si les indications ne se fondent pas sur des éléments corroboratifs suffisants et appropriés obtenus au moyen d’une méthode reconnue à l’échelle internationale, dont la preuve incombe à la personne qui donne les indications; [...].
Cet amendement trouve son origine dans un malentendu au sujet d’observations formulées par le commissaire de la concurrence devant le Comité des finances de l’autre endroit. Le Bureau de la concurrence l’a confirmé dans une lettre adressée au Comité sénatorial permanent des banques, du commerce et de l’économie :
La réalité est qu’une partie importante des plaintes reçues par le Bureau au sujet de l’écoblanchiment ne concernent pas les déclarations au sujet des produits, mais portent plutôt sur des déclarations environnementales plus générales ou prospectives concernant une entreprise ou une marque dans son ensemble (p. ex. des indications concernant le fait d’être « net zéro » ou la « carboneutralité d’ici 2030 »).
En conséquence, le Bureau de la concurrence a recommandé ce qui suit aux décideurs politiques :
Étudier si l’approche adoptée au paragraphe 236(1) concernant l’écoblanchiment pourrait être élargie pour englober toutes les déclarations environnementales faites pour promouvoir un produit ou un intérêt commercial.
Cela continue. C’est le Bureau du commissaire qui parle, et je cite :
Bien que nous ayons recommandé une étude plus approfondie, nous respectons la décision du Comité permanent des finances de la Chambre des communes d’apporter des modifications au paragraphe 236 sur cette question importante. Comme nous l’avons mentionné plus haut, il a pris cette décision après avoir entendu les différents intervenants. Les modifications ont finalement été adoptées à l’unanimité par la Chambre des communes en troisième lecture le 28 mai 2024.
En d’autres termes, nous avons devant nous un projet de loi qui contient une modification importante de la Loi sur la concurrence qui n’a pas été présentée par le gouvernement et qui a été adoptée sans aucune consultation préalable des parties prenantes, alors que le commissaire invitait en fait les députés à étudier attentivement cette question et peut-être à y apporter une réponse.
Sans surprise, le Comité sénatorial des finances nationales, ainsi que le Comité des banques, ont reçu des mémoires au sujet de cette modification imprévue et ils ont entendu de nombreuses organisations qui se sont dites inquiètes de ce nouveau comportement susceptible d’examen et du caractère imprécis de l’expression « méthode reconnue à l’échelle internationale ». À cela s’ajoutent le fardeau de la preuve imposé aux entreprises et le risque lié aux parties privées.
Pendant l’étude article par article au Comité des finances nationales, la sénatrice Ross a proposé d’abroger les mots « obtenus au moyen d’une méthode reconnue à l’échelle internationale ». Après un débat respectueux, le comité a décidé de rejeter l’amendement et de plutôt inclure dans son 17e rapport, daté du 13 juin 2024, des observations pertinentes que je vais souligner et que je désire par la même occasion porter à l’attention du Bureau de la concurrence :
Le Comité souligne qu’une proportion significative d’acteurs industriels actifs au Canada ont fait de réels efforts pour soutenir le passage à une économie zéro émission nette et pour différencier leurs produits et leurs entreprises sur cette base. Ces efforts légitimes ne doivent pas être découragés ou entravés par crainte des conséquences involontaires de la poursuite d’actions d’écoblanchiment.
Votre comité estime qu’il est important que le Bureau de la concurrence procède à une consultation sérieuse afin d’établir des lignes directrices claires dans ce domaine, et que tout droit d’action privé soit éclairé par ces lignes directrices quant à ce qui peut être considéré comme trompeur dans le domaine de la protection de l’environnement.
En outre, bien que la section 236 (1) du projet de loi C-59 souligne l’importance d’une méthodologie internationalement reconnue pour justifier de telles affirmations, le Comité estime que l’analyse devrait aussi inclure les meilleures pratiques qu’elles soient fédérales, ou de partout ailleurs au Canada, telles que celles définies par Environnement et Changement climatique Canada.
Aujourd’hui, chers collègues, on nous demande d’adopter le projet de loi C-59 dans son ensemble, même s’il contient des changements importants à la Loi sur la concurrence pour lesquels il n’y a pas eu de consultation préalable par le gouvernement dans son processus prébudgétaire, ni par le Bureau de la concurrence. J’invite toutefois le ministre Champagne — qui est responsable de la Loi sur la concurrence —et le gouvernement à envisager des moyens de donner suite à nos observations, y compris d’éventuelles modifications législatives après de sérieuses consultations auprès des parties intéressées.
Enfin, j’exhorte le Bureau de la concurrence à respecter l’engagement pris dans sa lettre du 31 mai 2024, qui consiste à adopter une approche fondée sur des principes pour l’application des nouvelles dispositions. Cette approche devrait s’inspirer des observations formulées par le Comité sénatorial permanent des finances nationales et être élaborée à la suite d’un véritable processus de consultation auprès de toutes les parties prenantes.
Chers collègues, je vous remercie de votre attention. Meegwetch.
Honorables sénateurs, je prends également la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi C-59, Loi portant exécution de certaines dispositions de l’énoncé économique de l’automne déposé au Parlement le 21 novembre 2023 et de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 28 mars 2023, également connu sous son titre abrégé « Loi d’exécution de l’énoncé économique de l’automne 2023 ».
Dans le discours qu’elle a prononcé à l’étape de la deuxième lecture, la sénatrice Marshall a donné une excellente vue d’ensemble des nombreux problèmes que pose ce projet de loi. Comme vous le savez, elle n’a pas eu assez de temps pour couvrir tous les problèmes. Je suis sûr que si elle disposait d’un temps de parole illimité, elle l’utiliserait à très bon escient.
Cependant, je dois admettre que cela me laisse toujours perplexe de voir les sénateurs applaudir le discours et ensuite appuyer de toute façon le projet de loi, même quand le leurre est dévoilé et que l’on voit que les arguments du gouvernement sont totalement bidon.
Je m’attends tout à fait à ce que le sénateur Dalphond vote contre le projet de loi C-59 lorsqu’il sera mis aux voix, mais nous verrons ce qui se passera.
Cette situation se répète presque chaque semaine : les sénateurs entrent dans cette enceinte et dans les salles de réunion des comités avec leur idée apparemment toute faite. Aussi convaincants que soient les arguments ou les preuves, le résultat est toujours le même : les preuves sont ignorées, les arguments sont balayés du revers de la main et le gouvernement obtient un laissez-passer. Des représentants du gouvernement affirment qu’un projet de loi dépasse sa portée, mais nous l’adoptons quand même.
Les exemples sont nombreux, mais pour illustrer mes propos, permettez-moi de rappeler le cheminement du projet de loi C-234, Loi modifiant la Loi sur la tarification de la pollution causée par les gaz à effet de serre. Vous vous rappelez peut-être que ce projet de loi créait des exemptions supplémentaires à la taxe sur le carbone. Tous les secteurs de l’industrie agricole appuyaient cette mesure législative.
Or, on a averti les sénateurs que, s’ils changeaient quoi que ce soit, le gouvernement ferait de l’obstruction et torpillerait le projet de loi.
Malgré cet avertissement, la majorité des sénateurs, se jugeant plus avisés, ont voté en faveur des amendements proposés par les sénateurs Dalphond et Woo.
Aujourd’hui, le projet de loi croupit à la Chambre des communes, comme nous l’avions prévu. Les agriculteurs l’attendent encore. Par trois fois, le projet de loi s’est hissé en haut du Feuilleton. Chaque fois, les libéraux ont fait traîner les choses pour qu’il ne soit pas mis aux voix. En amendant le projet de loi, les sénateurs ne l’ont pas amélioré, ils l’ont torpillé. Ce sont les agriculteurs qui en font les frais.
Je trouve que cette tendance à ignorer les faits et les arguments est très troublante et quelque peu déroutante, mais j’accepte que ce soit là la réalité actuelle et je ne voudrais pas que vous pensiez que mes observations visent à vous faire changer d’avis sur ce projet de loi. Je suis bien conscient qu’une telle tentative serait un exercice futile, comme le vote à l’étape de la deuxième lecture en est la preuve. Si je prends la parole, c’est plutôt dans le but de donner une voix à la majorité croissante de Canadiens qui sont très inquiets de ne pas se sentir représentés par le gouvernement libéral ni par les sénateurs qu’il a nommés.
Bon nombre de Canadiens ont presque perdu tout espoir envers notre pays et nos institutions. Ils regardent impuissants, leur rêve d’un avenir meilleur se dissiper lentement alors que le gouvernement malmène l’économie, exacerbe l’inflation, augmente la dette nationale, engrange les recettes fiscales, fait grimper en flèche le prix de l’énergie, rend inatteignable l’accès à la propriété abordable, sape la confiance des entreprises, ne tient pas compte de la chute de la productivité et flirte avec des décisions politiques qui risquent d’endommager les liens avec les partenaires commerciaux clés.
Chaque jour, je reçois des courriels et des appels de Canadiens inquiets à mon bureau. Les Canadiens sont les témoins impuissants et ahuris de la destruction systématique du pays qu’ils adorent à cause du gouvernement au pouvoir, un gouvernement qui réprimande tous ceux qui osent penser le contraire.
D’ailleurs, le leader du gouvernement réprimande constamment les sénateurs qui expriment leur point de vue à la période des questions.
Ce sont les personnes qui se sentent invisibles et réduites au silence : celles qui ont été considérées comme des conspirationnistes simplement parce qu’elles ne peuvent pas croire que quelqu’un qui a à cœur les intérêts de notre pays ferait ce que le gouvernement est en train de faire; celles qui peinent à garder espoir et à se faire entendre.
Voilà les gens pour qui je m’exprime aujourd’hui, chers collègues, et voilà les gens qui souhaitent que vous entendiez ce que je vais dire.
Chers collègues, le projet de loi que nous examinons aujourd’hui a été déposé au Parlement le 30 novembre de l’année dernière. Il met en œuvre certaines des mesures contenues dans l’Énoncé économique de l’automne 2023 et certaines des mesures contenues dans le budget de mars 2023.
Le document de 526 pages que nous examinons aujourd’hui met donc en œuvre des politiques qui ont été annoncées pour la première fois il y a 7 à 15 mois et envisagées bien avant. La plupart de ces politiques étaient malavisées à l’époque, et elles sont encore pires aujourd’hui.
Normalement, quand on sait qu’on va dans la mauvaise direction, on change de cap, mais ce n’est pas le cas du gouvernement actuel. Au cours des neuf dernières années, les libéraux ont mis en place des politiques qui ont constamment entraîné le pays dans une position économique dangereuse, et ils ne montrent aucun signe de relâchement.
Nous en avons des preuves accablantes partout. Permettez-moi de vous donner quelques exemples.
Premièrement, il y a les chiffres records de la fréquentation des banques alimentaires. L’année dernière, les banques alimentaires ont servi 2 millions de visiteurs en un seul mois et on s’attend à atteindre 3 millions de visites en un mois en 2024. L’autre semaine, Nanos a publié les résultats d’un sondage qui indiquait que près d’un Canadien sur cinq affirme avoir eu recours aux services d’une banque alimentaire au cours des 12 derniers mois ou connaître quelqu’un qui y a eu recours.
Deuxièmement, il y a la montée en flèche des coûts du logement. Le coût du logement a doublé — oui, sénateur Gold, doublé — au cours des huit dernières années, ce qui fait qu’il est beaucoup plus difficile pour les Canadiens de se loger. Il s’agit aussi bien des prix d’achat que des coûts de location, sénateur Gold.
Troisièmement, il y a l’augmentation des paiements hypothécaires. Ces derniers ont augmenté de 150 % depuis que le gouvernement actuel est entré en fonction. Cette flambée des coûts contribue à la pression financière subie par les ménages canadiens. La Banque du Canada a prévenu qu’ils devraient encore augmenter, le paiement mensuel médian augmentant de plus de 60 % pour ceux qui ont un prêt hypothécaire à taux variable.
Quatrièmement, il y a l’écart d’abordabilité dans le secteur du logement. Le coût du logement a augmenté 40 % plus vite que les revenus, créant le pire écart d’abordabilité du G7 et le deuxième en importance chez les 40 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Cinquièmement, il y a l’épargne pour les mises de fonds. Il faut désormais 25 ans pour économiser en vue d’un versement initial pour une maison moyenne pour une famille type à Toronto, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes.
Sixièmement, le taux d’inflation reste élevé. Malgré les avertissements d’experts financiers, les dépenses du gouvernement continuent d’alimenter l’inflation et d’éroder le pouvoir d’achat des Canadiens. Des taux d’inflation élevés signifient que le gouvernement s’enrichit alors que les Canadiens s’appauvrissent.
Septièmement, il y a les taux d’intérêt et les risques hypothécaires. La Banque du Canada a souligné le risque d’une crise de défauts de paiements hypothécaires, car 900 milliards de dollars en prêts hypothécaires devront être renouvelés au cours des trois prochaines années à des taux beaucoup plus élevés. Cette situation crée un risque financier grave pour de nombreux propriétaires. Le Bureau du surintendant des institutions financières signale que de nombreux Canadiens subiront un choc lorsqu’ils renouvelleront leur prêt hypothécaire à des taux beaucoup plus élevés au cours des deux prochaines années, ce qui pourrait toucher jusqu’à 76 % des Canadiens ayant un prêt hypothécaire en cours. Par voie de conséquence directe, le Bureau du surintendant des institutions financières prévoit que ces hausses des mensualités mèneront à une augmentation du nombre de Canadiens dans l’incapacité de rembourser leur prêt hypothécaire.
Vient ensuite la proximité de la faillite. Plus de 50 % des Canadiens sont désormais à 200 $ tout au plus de l’insolvabilité, ce qui montre la précarité financière généralisée au sein de la population. Le Bureau du surintendant des institutions financières a fait remarquer ce qui suit :
[...] les paiements hypothécaires accrus grugent une part plus grande du revenu des ménages, ce qui fait augmenter le nombre d’emprunteurs qui n’ont pas les moyens de faire des versements sur leurs autres dettes ou emprunts.
En fait, selon Desjardins, les ménages canadiens sont les plus endettés du G7, et de loin.
La dette est écrasante. L’endettement des ménages sur le marché du crédit a atteint le chiffre ahurissant de 2,9 billions de dollars, ce qui signifie que, à la fin de l’année dernière, l’endettement des ménages correspondait à 179 % du revenu disponible des Canadiens.
Les faillites d’entreprise ont augmenté de 87 % rien qu’au cours de l’année écoulée, un signe du contexte économique difficile et de son incidence sur le secteur des affaires. Il y a eu une augmentation de 39 % des crimes violents, ce qui contribue à un sentiment croissant d’insécurité parmi les Canadiens.
Nous constatons une augmentation du taux de pauvreté. Banques alimentaires Canada a publié aujourd’hui un rapport qui laisse entendre que le taux de pauvreté augmente et que 25 % des Canadiens ont probablement un niveau de vie sous le seuil de pauvreté. Imaginez, chers collègues, que dans notre pays, 25 % des Canadiens ont probablement un niveau de vie sous le seuil de pauvreté.
Les campements de sans-abri sont devenus courants dans presque toutes les grandes villes, ce qui témoigne d’une augmentation considérable de l’itinérance et de la précarité du logement.
Le Canada est moins apte à soutenir la concurrence mondiale. En effet, notre pays qui, en 2007, se classait au 4e rang selon l’indice de la facilité de faire des affaires de la Banque mondiale a dégringolé au 23e rang en 2020. Ce déclin s’accompagne d’une diminution de sa part du PIB mondial et d’un faible taux d’innovation intérieure.
Actuellement, avec un PIB par heure correspondant à 42,5 % de celui du meilleur pays, l’Irlande, le Canada se classe au 18e rang en matière de productivité. Le Canada est l’un des seuls pays développés qui n’a pas retrouvé son PIB par habitant d’avant la pandémie. Pour ce qui est du PIB réel par habitant, l’OCDE prévoit d’ailleurs qu’il se classera bon dernier des pays membres jusqu’en 2060.
Honorables sénateurs, les conservateurs pleins de bon sens ont fréquemment averti Justin Trudeau que ses dépenses effrénées obligeaient la Banque du Canada à maintenir ses taux d’intérêt à un niveau élevé. Or, le projet de loi dont nous sommes saisis prévoit quand même de nouvelles mesures qui nous éloigneront encore de près de 21 milliards de dollars de l’équilibre budgétaire, s’il faut en croire le directeur parlementaire du budget.
Le gouverneur de la Banque du Canada a confirmé que les dépenses de Trudeau ne l’aident pas à abaisser les taux d’intérêt. De son côté, la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, a déclaré que la productivité économique du Canada est si faible qu’il s’agit selon elle d’une urgence.
Pourtant, malgré tout cela, Justin Trudeau a décidé d’accumuler 23,9 milliards de dollars de nouvelles dépenses dans l’énoncé économique de l’automne et 61 milliards de dollars de nouvelles dépenses dans le budget d’avril 2024. Ensemble, ces mesures réduiront notre solde budgétaire de 60 milliards de dollars au cours de la période allant de 2023-2024 à 2028-2029.
Il y a six mois — lorsque l’énoncé économique de l’automne a été présenté —, le directeur parlementaire du budget nous a mis en garde contre ce qui suit :
Depuis le budget de 2021, le gouvernement a projeté une nouvelle marge de manœuvre financière totale de 212,8 milliards de dollars. Pratiquement toute cette marge de manœuvre financière a été épuisée sous l’effet de l’augmentation des dépenses (sur une base nette); seulement 0,5 milliard de dollars ont été utilisés pour réduire le déficit (sur une base cumulative).
Il y a à peine un mois, le directeur parlementaire du budget a publié son rapport intitulé Budget 2024 : enjeux pour les parlementaires, dans lequel il a encore une fois sonné l’alarme :
Le budget de 2024 est le troisième plan financier consécutif dans lequel les nouvelles mesures du gouvernement, même après la prise en compte des examens d’accroissement des recettes et des dépenses, ont dépassé la marge de manœuvre financière supplémentaire découlant de l’évolution de la situation économique et financière. En effet, les 39,3 milliards de dollars (nets) de nouvelles mesures annoncées dans le budget de 2024 ont plus qu’épuisé les 29,1 milliards de dollars de nouvelle marge de manœuvre financière pour la période allant de 2023-2024 à 2028-2029.
Autrement dit, alors que notre économie a du mal à se remettre sur pied, le gouvernement est déterminé à l’envoyer encore et encore au tapis.
Pris isolément, le projet de loi C-59 peut sembler anodin. Toutefois, si vous prenez un peu de recul, que vous regardez d’où nous venons et que vous vous projetez dans l’avenir, vous verrez que le projet de loi C-59 continue de nous pousser dans une direction que nous ne voulons pas prendre.
Ce projet de loi est truffé de faux pas et d’erreurs de jugement qui pèseront sur les Canadiens, entraveront nos progrès et exacerberont les problèmes existants. Permettez-moi de souligner brièvement quatre d’entre eux.
Premièrement, il y a les répercussions économiques et l’inflation. Comme je l’ai dit précédemment, ce projet de loi propose plus de 20 milliards de dollars de nouvelles dépenses. Nous pouvons discuter de l’incidence inflationniste de ces 20 milliards de dollars, mais le fait qu’ils auront des répercussions est indubitable.
Pour ceux qui l’ignorent, le gouvernement ne dispose pas d’une réserve d’argent sans fond dans laquelle il puise comme par magie chaque fois qu’il annonce de nouvelles dépenses, même si c’est certainement l’impression que donne Justin Trudeau. Lorsque le gouvernement a besoin de plus d’argent, il doit soit le retirer de l’économie en augmentant les impôts, soit l’extraire des marchés financiers en empruntant davantage.
Il en résulte une pression à la baisse sur la croissance économique, une pression à la hausse sur l’inflation et les taux d’intérêt, ou une combinaison des deux. Comme mes collègues et moi l’avons souligné à maintes reprises, ce mini-budget peut se résumer très simplement : hausse des prix, hausse des taux, hausse de la dette, hausse des impôts. Le gouvernement a complètement ignoré les avertissements et a adopté une politique financière irresponsable.
Le gouvernement libéral et les sénateurs aux idées libérales peuvent trouver facile de rejeter ces critiques lorsqu’elles émanent du Parti conservateur, mais je vous rappelle que ces avertissements ont été repris par la Banque du Canada et le secteur financier, qui ont déclaré sans équivoque que les dépenses du gouvernement contribuent au haut taux d’inflation de notre pays.
Pourtant, malgré ces appels à la modération, le gouvernement poursuit son programme inflationniste, et la majorité des sénateurs dans cette enceinte le soutiendra dans ses efforts.
Cela explique pourquoi Justin Trudeau dépensera plus d’argent l’année prochaine pour le service de sa dette qu’il en dépensera pour les transferts en santé. Ce fait n’est pas seulement une indication de son irresponsabilité financière, mais un présage des sacrifices que les Canadiens seront obligés de consentir à mesure que ces coûts augmenteront encore plus en raison de l’incapacité du gouvernement à maintenir à un faible niveau la dette liée à la COVID.
On pourrait toutefois s’empresser d’attirer l’attention sur les derniers chiffres de l’indice des prix à la consommation qui montrent une baisse de l’inflation — comme le sénateur Gold l’a fait aujourd’hui — et sur la décision correspondante de la Banque du Canada de réduire le taux d’intérêt de 25 points de base. C’est une bonne nouvelle, mais nous devons...
Sénateur Plett, je dois malheureusement vous interrompre.
Honorables sénateurs, il est maintenant 19 heures. Conformément à l’article 3-3(1) du Règlement, je dois quitter le fauteuil jusqu’à 20 heures, heure où nous reprendrons nos travaux, à moins que vous souhaitiez ne pas tenir compte de l’heure.
Vous plaît-il, honorables sénateurs, de ne pas tenir compte de l’heure?
Des voix : D’accord.
Merci, chers collègues. Je vais donc continuer.
C’est une bonne nouvelle, mais nous devons la replacer dans son contexte, chers collègues.
Tout d’abord, un gouvernement qui a toujours poussé l’inflation à la hausse avec ses politiques budgétaires imprudentes n’est pas en mesure de s’enorgueillir lorsque l’inflation évolue dans la direction opposée. Le gouvernement actuel n’a rien fait pour réduire l’inflation; il n’a fait que l’aggraver. Toute baisse de l’inflation a coûté très cher aux Canadiens en raison des sacrifices qu’ils ont consentis et des difficultés qu’ils ont endurées, alors que la Banque du Canada a utilisé la politique monétaire pour lutter contre une politique budgétaire insensée.
Deuxièmement, nous devons nous rappeler qu’à mesure que l’inflation diminue, les prix, eux, ne diminuent pas. Le gouvernement actuel se vante de la baisse de l’inflation comme s’il en était en quelque sorte responsable et que la vie était sur le point de revenir à la normale — période que nous avons connue juste avant que Justin Trudeau ne devienne premier ministre. C’est faux, chers collègues. Le mal est fait, et je soupçonne qu’il y en aura davantage tant que ce premier ministre incompétent et son gouvernement seront au pouvoir.
Troisièmement, nous ferions bien de noter que la Banque du Canada a averti que les risques qui planent sur les perspectives d’inflation demeurent. La Banque du Canada a indiqué :
[...] nous continuerons à surveiller de près l’évolution de l’inflation fondamentale. Nous restons attentifs à l’équilibre entre l’offre et la demande, aux attentes d’inflation, à la croissance des salaires et aux pratiques d’établissement des prix des entreprises.
La Banque Scotia a également fait part de ses préoccupations :
[...] les risques d’inflation restent quand même une source d’inquiétude, au vu de la hausse des salaires et de la baisse de la productivité, ainsi que de la surprenante vigueur de la consommation, de l’hyperstimulation répétée des gouvernements fédéral et provinciaux et de la reprise potentielle du marché immobilier.
Bref, les choses avancent très peu, et il est inquiétant que le gouvernement ne réussisse pas à harmoniser sa politique financière à sa politique monétaire. La Banque du Canada essaie de comprimer les dépenses, mais la ministre des Finances n’en tient pas compte.
Le projet de loi C-59 nous fait aussi faire fausse route parce qu’il augmente les impôts. Il instaure des mesures qui pénalisent indûment les gens de la classe moyenne en exacerbant la crise du coût de la vie. La taxe sur les services numériques en est un bon exemple. Cette taxe vise les grandes entreprises, mais en réalité, elle sera refilée aux consommateurs. Par conséquent, le coût des services numériques et d’autres biens augmentera alors que les Canadiens tirent déjà le diable par la queue.
Le Conseil canadien du commerce de détail s’est dit inquiet de cette nouvelle taxe. Selon lui, elle aura des conséquences plus importantes que prévu sur l’écosystème du commerce au détail. Il signale à juste titre que cette taxe imposera d’importantes contraintes administratives, qu’elle pourrait entraîner une double imposition et qu’elle fera augmenter les prix, ce qui nuira aux consommateurs canadiens. Par ailleurs, la Chambre de commerce du Canada a déclaré ceci :
Le moment ne pourrait pas être plus mal choisi : l’accessibilité financière est actuellement au cœur des préoccupations de presque tous les Canadiens, et les préoccupations liées aux coûts constituent six des dix principaux obstacles commerciaux prévus...
Elle a prévenu que la taxe aura au moins cinq répercussions négatives sur la vie quotidienne des Canadiens et sur l’économie : les services numériques de tous les jours coûteront plus cher, les programmes de fidélisation des clients seront moins avantageux, la croissance des entreprises et l’innovation diminueront, les jeunes entreprises et les petites entreprises seront les plus touchées, et les relations commerciales du Canada seront ébranlées.
La nature rétroactive de la taxe sur les services numériques exacerbe encore plus le problème en minant la confiance des entreprises et en risquant d’attiser les tensions commerciales avec notre principal partenaire commercial, les États-Unis.
Je n’exagère pas. L’année dernière, l’ambassadeur des États-Unis David Cohen a dit :
[...] si le Canada décide de faire cavalier seul, les États-Unis n’auront d’autre choix que de prendre en conséquence des mesures de rétorsion dans le contexte commercial, potentiellement dans le contexte du commerce numérique.
Le comité des voies et moyens de la Chambre des représentants des États-Unis et le comité des finances du Sénat américain ont tous deux exprimé des inquiétudes et exhorté la représentante au Commerce à prendre des mesures de rétorsion si le Canada procédait unilatéralement à l’application de cette taxe. Le comité des voies et moyens a écrit ce qui suit :
En tant que membres du comité des voies et moyens, nous tenons à exprimer notre désaccord par rapport à la décision du Canada d’aller de l’avant avec une taxe sur les services numériques [...] qui, si elle était imposée, nuirait considérablement à des entreprises et à des travailleurs états‑uniens. Malgré les efforts de la presque totalité des 140 économies de l’Organisation de coopération et de développement économiques [...] pour en arriver à une entente sur la modernisation des règles fiscales internationales et pour imposer un moratoire sur les [taxes sur les services numériques] pour une période d’un an, jusqu’au 31 décembre 2024, nous sommes déçus que le Canada ait malheureusement décidé d’aller à l’encontre de ce consensus mondial en imposant une [taxe sur les services numériques] punitive qui devrait entrer en vigueur l’année prochaine. Nous vous exhortons à faire comprendre à vos homologues du Canada que cette approche unilatérale est discriminatoire et qu’elle pourrait avoir des conséquences importantes si elle était adoptée.
Malgré cela, le gouvernement libéral a décidé de rester dans son monde imaginaire en allant de l’avant sans écouter qui que ce soit pour tenter désespérément d’aller chercher quelques dollars de plus dans les poches des contribuables afin de nourrir son penchant malsain pour les dépenses.
Troisièmement, en plus des dépenses inflationnistes et de l’alourdissement du fardeau fiscal, le projet de loi C-59 a aussi une incidence sur le prix de l’énergie. Les règles de restriction des dépenses excessives d’intérêts et de financement qui sont proposées visent à prévenir les déductions déraisonnables à l’égard des intérêts et d’autres frais de financement. Cependant, ces règles ont une portée tellement vaste qu’elles s’appliqueront aux sociétés énergétiques canadiennes, ce qui fera augmenter le prix de l’énergie pour les consommateurs.
Comme M. Francis Bradley, président et chef de la direction d’Électricité Canada, l’a expliqué au Comité des finances nationales, les entreprises de services publics ont l’obligation de refiler les coûts fiscaux aux clients. C’est donc dire que les règles concernant la restriction des dépenses excessives d’intérêts et de financement, ou RDEIF, feront grimper les factures de services publics, ce qui accentuera la pression financière sur les ménages déjà confrontés à la hausse des coûts. Dans certaines provinces, les consommateurs paieront les coûts liés à la RDEIF sur leur facture de gaz, mais pas sur leur facture d’électricité, ou l’inverse. On se retrouvera donc avec divers gagnants et perdants en matière d’abordabilité.
Alors que bon nombre de nos pairs au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’OCDE, y compris les États-Unis, l’Irlande et le Royaume-Uni, ont exempté les services publics de l’application de ces règles, le gouvernement libéral s’y refuse. Lorsque les conservateurs ont proposé un amendement afin de faciliter une telle exemption pendant l’étude du comité de la Chambre des communes, il a été rejeté.
Le quatrième domaine dans lequel ce projet de loi laisse à désirer concerne la politique en matière de logement. Les mesures que propose le projet de loi C-59 pour remédier à la grave pénurie de logements sont tout à fait insuffisantes. Le projet de loi créerait un nouveau ministère du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités, ce qui ne ferait qu’ajouter une nouvelle couche de bureaucratie, un domaine dans lequel les libéraux excellent. Il manque actuellement 1,8 million de logements, et les mesures prévues dans le projet de loi C-59 ne feront rien pour résoudre cette crise. La politique emblématique de ce minibudget a été d’injecter 15 milliards de dollars dans un fonds qui permet de construire à peine 1 500 logements par année, alors que nous avons besoin de 5,8 millions de nouveaux logements d’ici 2030 pour répondre à la demande.
C’est un cas classique de « trop peu, trop tard ».
Il y a quelques semaines, des constructeurs ont déclaré au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, un comité de la Chambre des communes, qu’il était impossible que le gouvernement atteigne ses objectifs en matière de mises en chantier. La députée Tracy Gray a posé la question suivante :
Dans le budget libéral de 2024, on prétend que 3,87 millions de logements seront construits d’ici 2031 [...]
[D]ans quelle mesure est-ce réaliste?
Richard Lyall, président du Conseil de la construction résidentielle de l’Ontario, a répondu : « Ce ne l’est absolument pas. » C’est parce que les mises en chantier sont actuellement en baisse, et non en hausse, en raison des coûts de financement et des droits d’aménagement élevés. M. Lyall a ajouté ceci :
[...] [N]ous ralentissons. Nous avons des centaines d’équipes de charpentiers qui attendent à la maison. Le processus suit son cours.
Il a aussi dit ceci :
Les changements apportés à la fiscalité des logements construits à des fins locatives sont très utiles pour maintenir certains projets en marche, mais nous nous dirigeons vers un énorme recul.
Il a également dit :
Nous sommes en situation de crise.
Honorables collègues, les Canadiens ont dû se battre pour survivre à ce raz-de-marée de politiques irresponsables du gouvernement qui détruit tout sur son passage. Pendant que les contribuables se battent pour survivre, le gouvernement ne cesse de changer les critères qu’il utilise pour évaluer son rendement.
En 2015, le gouvernement libéral de Justin Trudeau s’est engagé à respecter sa première règle budgétaire : équilibrer le budget avant l’exercice financier 2019-2020. Cela aurait dû être facile, car, selon le premier ministre, nous savons tous que le budget s’équilibre par lui-même. Pourtant, cet engagement n’a même pas survécu une seule année. On l’a remplacé par un deuxième engagement à réduire la dette fédérale en proportion de l’économie. On a abandonné cet engagement avant même que la pandémie n’éclate, le ratio dette‑PIB ayant augmenté en 2019-2020 et ayant ensuite continué d’augmenter en flèche durant la pandémie.
Puis, en 2020, dans son premier énoncé économique de l’automne à titre de ministre des Finances, la ministre Freeland a introduit un nouveau garde-fou budgétaire, conçu pour lier les dépenses gouvernementales aux résultats du marché du travail. Ce garde-fou était censé indiquer quand réduire les dépenses de relance économique après la pandémie de COVID-19. Cependant, le marché de l’emploi s’étant redressé plus rapidement que prévu, on a rapidement abandonné cet objectif.
Dans le budget de 2022, le gouvernement a rétabli la diminution du ratio dette-PIB comme objectif budgétaire, et pourtant, une fois de plus, il a fait exploser les dépenses en 2022-2023, puis en 2023-2024. Le directeur parlementaire du budget prévoit que le gouvernement refera la même chose au cours de l’exercice 2024-2025.
Voici ce qu’a fait remarquer le Conseil canadien des affaires :
Le bilan de Trudeau-Freeland en matière de garde-fous ou de points d’ancrage budgétaires en dit long. Depuis 2020, le gouvernement fédéral n’a jamais atteint un objectif budgétaire qu’il s’était imposé.
Voilà ce que pense le Conseil canadien des affaires, sénateur Gold, et non le Parti conservateur du Canada. En outre, le conseil considère qu’il est très improbable que le gouvernement actuel atteigne l’une ou l’autre de ces cibles.
Chers collègues, le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd’hui n’est qu’une autre illustration de l’incompétence irresponsable du gouvernement. Le projet de loi C-59 comporte de graves lacunes dans son approche pour relever les défis auxquels notre pays fait face sur le plan économique, social et réglementaire. Le projet de loi propose une augmentation des dépenses, ce qui fera augmenter l’inflation et les taux d’intérêt; des hausses de taxes, ce qui aggravera le fardeau de la classe moyenne; des politiques énergétiques qui feront augmenter les coûts pour les consommateurs; et des mesures inadéquates pour le logement. En un mot, c’est un échec. La seule réponse appropriée dans ces conditions, c’est de rejeter ce projet de loi.
Chers collègues, certaines personnes dans cette enceinte ont acquis une certaine expertise dans le secteur financier. D’autres sénateurs ont une expérience dans le secteur bancaire. J’aimerais savoir comment ils réagiraient devant un client qui viendrait les consulter pour obtenir un prêt bancaire, et s’ils lui accorderaient le financement. Nous allons voir comment ils voteront sur cette question, car ce sera une bonne indication de la façon dont ils s’y prendraient pour gérer une banque.
J’exhorte tous les sénateurs à envoyer un message au gouvernement pour lui faire comprendre que ce qui est proposé n’est pas suffisant. Chers collègues, nous pouvons rejeter ce projet de loi et cela ne fera pas tomber le gouvernement. Agir de manière responsable, faire ce qui s’impose, c’est rejeter ce projet de loi. Si vous le faites, chers collègues, les Canadiens d’un bout à l’autre du pays nous remercieront. Merci.
Que les sénateurs qui sont en faveur de la motion veuillent bien dire oui.
Des voix : Oui.
Son Honneur la Présidente : Que les sénateurs qui sont contre la motion veuillent bien dire non.
Des voix : Non.
Son Honneur la Présidente : À mon avis, les oui l’emportent.
Je vois deux sénateurs se lever. Y a-t-il entente au sujet de la sonnerie?
Le vote est reporté. Conformément à l’article 9-10(1) du Règlement et à l’ordre adopté le 21 septembre 2022, le vote est reporté à 16 h 15 demain, et la sonnerie retentira à compter de 16 heures.