La séquestration du carbone est essentielle pour lutter contre les changements climatiques : sénateur Deacon

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Au cours des dernières années, les solutions climatiques fondées sur la nature ont connu un essor considérable, l’objectif étant d’inclure les secteurs de l’agriculture et de la foresterie comme partenaires dans la lutte contre les changements climatiques. Parmi ces solutions, la séquestration du carbone (également appelée « séquestration biologique » ou « piégeage du carbone »), une pratique agricole régénératrice qui permet de capturer et de stocker le carbone atmosphérique dans le sol, est très populaire.
Au Canada, les gouvernements fédéral et provinciaux ont signalé leur intention de tirer parti de cette pratique historique pour créer de nouvelles occasions. La récente lettre de mandat de la ministre de l’Agriculture Marie-Claude Bibeau la charge explicitement de travailler en collaboration avec les producteurs pour qu’ils « développent et adoptent des pratiques de gestion agricole qui réduisent les émissions, stockent le carbone dans un sol sain et renforcent la résilience ».
Grâce aux récentes annonces des gouvernements fédéral et provinciaux concernant des investissements dans les technologiques propres, y compris la capture du carbone et l’agriculture de pointe, cette « révolution verte » est en cours. Il reste toutefois à l’intégrer dans notre action collective en faveur du climat.
Pourquoi la séquestration du carbone est-elle si importante? Selon les données, le sol peut agir comme un énorme puits de carbone, entreposant presque deux fois la quantité de carbone qui se trouve dans l’atmosphère et la végétation combinées. Entre les phénomènes météorologiques extraordinaires dont nous avons été témoins au cours de la dernière année et les prédictions inquiétantes de sécheresses et de pénurie d’eau qui touchent les provinces à forte production agricole, la séquestration du carbone peut être une solution viable pour atténuer les effets des changements climatiques et améliorer la résilience de la capacité de production agricole du Canada.
En 2020, mon bureau a publié un document qui explore les possibilités de cette pratique au Canada. Après une série de consultations avec des spécialistes et des leaders de l’industrie, il est devenu évident que le Canada ne dispose pas des systèmes et des mesures incitatives nécessaires pour favoriser la séquestration du carbone, malgré l’évidence de son potentiel énorme. De plus, l’absence d’un système fédéral de crédits compensatoires empêche actuellement les producteurs canadiens de se mesurer adéquatement à la concurrence sur le marché agricole mondial.
Les données provenant d’autres pays de comparaison ont confirmé nos conclusions de recherche. Aux États‑Unis, par exemple, le Maryland récompense les agriculteurs, leur offrant de 45 à 50 $ US par acre pour la mise en œuvre de cultures de couverture. En vertu de la Growing Climate Solutions Act, les États-Unis ont également l’intention d’aider les agriculteurs à vendre des crédits carbone grâce à une gestion et à une exploitation durables, augmentant ainsi leurs revenus. En Australie, plus de 68 millions d’unités de crédit carbone ont été émises depuis l’adoption de la Carbon Credits (Carbon Farming Initiative) Act en 2011.
Comment pouvons-nous faire progresser ces occasions au Canada? Que peut-on faire pour encourager les pratiques de séquestration du carbone et mettre efficacement en place les solutions innovantes élaborées au Canada sur les marchés nationaux et mondiaux?
Tout d’abord, nous devons nous appuyer sur les données probantes et les recommandations actuelles pour faire progresser la séquestration du carbone, puis analyser de très près les domaines où le consensus fait défaut. Nos recherches ont souligné le fait que les retombées de la séquestration du carbone restent variables. Cela signifie qu’Environnement et Changement climatique Canada doit collaborer avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour stimuler l’élaboration de normes de mesure du carbone dans le sol à l’aide de satellites et d’autres technologies de pointe, encourager les méthodes du secteur privé qui appuieront l’adoption de ces normes et déterminer les meilleures stratégies pour améliorer la permanence de la capture du carbone dans le sol.
Nous devons ensuite multiplier les mesures incitatives destinées aux agriculteurs qui pratiquent déjà l’agriculture régénératrice et fournir un soutien financier pour réduire le coût de la transition pour les nouveaux utilisateurs. Cette mesure serait essentielle pour les agriculteurs de la Saskatchewan et de l’Alberta, notamment, qui se sentent déjà pénalisés par le régime fédéral de tarification du carbone. En ajoutant à cette mesure des occasions pour les producteurs canadiens d’obtenir des certifications telles que la certification biologique régénératrice (en anglais seulement), nous nous assurerons qu’ils sont en mesure de vendre leurs produits à un prix supérieur, augmentant ainsi leurs revenus à la ferme.
Nous devons ensuite établir des protocoles pour un système fédéral de crédits de carbone compensatoires afin de faciliter la création de marchés du carbone. En mars 2022, le projet de système fédéral de crédits compensatoires pour les gaz à effets de serre est toujours en cours d’élaboration par le gouvernement fédéral. Plus la mise en œuvre de ce système sera reportée, plus les entreprises et les producteurs canadiens innovateurs qui pourraient autrement profiter des marchés mondiaux du carbone perdront des occasions.
Enfin, nous devons intégrer la séquestration du carbone et les pratiques agricoles régénératrices aux objectifs de gestion du risque commercial. La fréquence croissante des événements climatiques extraordinaires, conjuguée à la triste réalité que les régimes d’assurance agricoles ne sont pas universellement adoptés, augmente les risques commerciaux de façon exponentielle pour les producteurs canadiens. Les efforts futurs qui visent à réduire au minimum les coûts de reprise après sinistre dans l’agriculture devraient exiger que les gouvernements défendent la séquestration du carbone et les pratiques agricoles régénératrices non seulement comme de bonnes solutions climatiques, mais aussi de bonnes stratégies de gestion des risques.
Des mesures décisives sont exigées. Nous devons nous concentrer sur l’amélioration concrète des revenus à la ferme pour les agriculteurs qui augmentent les matières organiques dans le sol. La résilience du secteur agricole du Canada, notre capacité à répondre à la crise climatique et notre prospérité future dépendent de notre réussite collective.
Le sénateur Colin Deacon représente la Nouvelle-Écosse au Sénat. Il est membre des comités sénatoriaux des banques et du commerce et de l’agriculture et des forêts.
Cet article a été publié le 21 mars 2022 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).
Au cours des dernières années, les solutions climatiques fondées sur la nature ont connu un essor considérable, l’objectif étant d’inclure les secteurs de l’agriculture et de la foresterie comme partenaires dans la lutte contre les changements climatiques. Parmi ces solutions, la séquestration du carbone (également appelée « séquestration biologique » ou « piégeage du carbone »), une pratique agricole régénératrice qui permet de capturer et de stocker le carbone atmosphérique dans le sol, est très populaire.
Au Canada, les gouvernements fédéral et provinciaux ont signalé leur intention de tirer parti de cette pratique historique pour créer de nouvelles occasions. La récente lettre de mandat de la ministre de l’Agriculture Marie-Claude Bibeau la charge explicitement de travailler en collaboration avec les producteurs pour qu’ils « développent et adoptent des pratiques de gestion agricole qui réduisent les émissions, stockent le carbone dans un sol sain et renforcent la résilience ».
Grâce aux récentes annonces des gouvernements fédéral et provinciaux concernant des investissements dans les technologiques propres, y compris la capture du carbone et l’agriculture de pointe, cette « révolution verte » est en cours. Il reste toutefois à l’intégrer dans notre action collective en faveur du climat.
Pourquoi la séquestration du carbone est-elle si importante? Selon les données, le sol peut agir comme un énorme puits de carbone, entreposant presque deux fois la quantité de carbone qui se trouve dans l’atmosphère et la végétation combinées. Entre les phénomènes météorologiques extraordinaires dont nous avons été témoins au cours de la dernière année et les prédictions inquiétantes de sécheresses et de pénurie d’eau qui touchent les provinces à forte production agricole, la séquestration du carbone peut être une solution viable pour atténuer les effets des changements climatiques et améliorer la résilience de la capacité de production agricole du Canada.
En 2020, mon bureau a publié un document qui explore les possibilités de cette pratique au Canada. Après une série de consultations avec des spécialistes et des leaders de l’industrie, il est devenu évident que le Canada ne dispose pas des systèmes et des mesures incitatives nécessaires pour favoriser la séquestration du carbone, malgré l’évidence de son potentiel énorme. De plus, l’absence d’un système fédéral de crédits compensatoires empêche actuellement les producteurs canadiens de se mesurer adéquatement à la concurrence sur le marché agricole mondial.
Les données provenant d’autres pays de comparaison ont confirmé nos conclusions de recherche. Aux États‑Unis, par exemple, le Maryland récompense les agriculteurs, leur offrant de 45 à 50 $ US par acre pour la mise en œuvre de cultures de couverture. En vertu de la Growing Climate Solutions Act, les États-Unis ont également l’intention d’aider les agriculteurs à vendre des crédits carbone grâce à une gestion et à une exploitation durables, augmentant ainsi leurs revenus. En Australie, plus de 68 millions d’unités de crédit carbone ont été émises depuis l’adoption de la Carbon Credits (Carbon Farming Initiative) Act en 2011.
Comment pouvons-nous faire progresser ces occasions au Canada? Que peut-on faire pour encourager les pratiques de séquestration du carbone et mettre efficacement en place les solutions innovantes élaborées au Canada sur les marchés nationaux et mondiaux?
Tout d’abord, nous devons nous appuyer sur les données probantes et les recommandations actuelles pour faire progresser la séquestration du carbone, puis analyser de très près les domaines où le consensus fait défaut. Nos recherches ont souligné le fait que les retombées de la séquestration du carbone restent variables. Cela signifie qu’Environnement et Changement climatique Canada doit collaborer avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et Innovation, Sciences et Développement économique Canada pour stimuler l’élaboration de normes de mesure du carbone dans le sol à l’aide de satellites et d’autres technologies de pointe, encourager les méthodes du secteur privé qui appuieront l’adoption de ces normes et déterminer les meilleures stratégies pour améliorer la permanence de la capture du carbone dans le sol.
Nous devons ensuite multiplier les mesures incitatives destinées aux agriculteurs qui pratiquent déjà l’agriculture régénératrice et fournir un soutien financier pour réduire le coût de la transition pour les nouveaux utilisateurs. Cette mesure serait essentielle pour les agriculteurs de la Saskatchewan et de l’Alberta, notamment, qui se sentent déjà pénalisés par le régime fédéral de tarification du carbone. En ajoutant à cette mesure des occasions pour les producteurs canadiens d’obtenir des certifications telles que la certification biologique régénératrice (en anglais seulement), nous nous assurerons qu’ils sont en mesure de vendre leurs produits à un prix supérieur, augmentant ainsi leurs revenus à la ferme.
Nous devons ensuite établir des protocoles pour un système fédéral de crédits de carbone compensatoires afin de faciliter la création de marchés du carbone. En mars 2022, le projet de système fédéral de crédits compensatoires pour les gaz à effets de serre est toujours en cours d’élaboration par le gouvernement fédéral. Plus la mise en œuvre de ce système sera reportée, plus les entreprises et les producteurs canadiens innovateurs qui pourraient autrement profiter des marchés mondiaux du carbone perdront des occasions.
Enfin, nous devons intégrer la séquestration du carbone et les pratiques agricoles régénératrices aux objectifs de gestion du risque commercial. La fréquence croissante des événements climatiques extraordinaires, conjuguée à la triste réalité que les régimes d’assurance agricoles ne sont pas universellement adoptés, augmente les risques commerciaux de façon exponentielle pour les producteurs canadiens. Les efforts futurs qui visent à réduire au minimum les coûts de reprise après sinistre dans l’agriculture devraient exiger que les gouvernements défendent la séquestration du carbone et les pratiques agricoles régénératrices non seulement comme de bonnes solutions climatiques, mais aussi de bonnes stratégies de gestion des risques.
Des mesures décisives sont exigées. Nous devons nous concentrer sur l’amélioration concrète des revenus à la ferme pour les agriculteurs qui augmentent les matières organiques dans le sol. La résilience du secteur agricole du Canada, notre capacité à répondre à la crise climatique et notre prospérité future dépendent de notre réussite collective.
Le sénateur Colin Deacon représente la Nouvelle-Écosse au Sénat. Il est membre des comités sénatoriaux des banques et du commerce et de l’agriculture et des forêts.
Cet article a été publié le 21 mars 2022 dans le journal The Hill Times (en anglais seulement).