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Les services communautaires de santé et sociaux sont abordables et c’est ce que les aînés veulent : sénateure Seidman

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Pour la plupart des gens, le terme « soins de longue durée » évoque des maisons d’hébergement. Toutefois, ces soins peuvent être offerts à de nombreux endroits, notamment à la maison et en milieu communautaire. Le National Institute on Ageing (Institut national sur le vieillissement) définit ainsi les soins de longue durée : des soins et des services de prévention et d’intervention variés, surtout pour les aînés, qui peuvent notamment consister en une assistance pour les tâches quotidiennes et dont la prestation n’est pas rattachée à un lieu défini.

Le Canada n’a pas à payer, pour les soins en établissement, plus de six dollars pour chaque dollar destiné aux soins à domicile. Il s’agit plutôt d’un échec politique. 

Au Danemark, l’objectif est de faire en sorte que les aînés restent chez eux aussi longtemps que possible. Il y a plus de 30 ans, ce pays a modifié ses politiques afin de donner la priorité à la construction de logements supervisés et aux soins en milieu communautaire. La demande pour des soins en maisons d’hébergement a diminué et les dépenses pour des soins de longue durée pour les plus de 80 ans ont été réduites de 12 % en général. En 2019, le Danemark a consacré 50 % de ses dépenses à des soins de longue durée à domicile et en milieu communautaire. Au Canada, la même année, ce pourcentage s’élevait à 18 %.

En 2031, près d’un quart de la population du Canada aura plus de 65 ans, et la demande en soins de longue durée aura encore augmenté. Nous devons, d’ici là, réformer notre système.

Par rapport à d’autres soins de longue durée, les soins offerts en maisons d’hébergement sont beaucoup plus dispendieux. Par exemple, en 2020, le ministère de la Santé de l’Ontario a estimé qu’il en coûtait 103 $ par jour pour offrir des soins à domicile à une personne aux besoins complexes, comparativement à 201 $ par jour pour une personne aux besoins semblables dans une maison d’hébergement.  

En plus d’être inabordable, offrir des soins à un aussi grand nombre d’aînés dans des maisons d’hébergement va à l’encontre des souhaits exprimés par la plupart des Canadiens. En effet, selon un sondage réalisé à la fin de 2020 par le National Institute on Ageing, l’Association médicale canadienne et Ipsos, 85 % des répondants (et 96 % de ceux ayant 65 ans et plus) feront tout pour éviter de déménager dans une maison d’hébergement.  

À court terme, il convient certainement de chercher en priorité à améliorer les conditions dans les maisons d’hébergement. À long terme toutefois, il faut réorienter les efforts, et les ressources, vers des programmes et des services qui permettront aux aînés de demeurer chez eux à mesure qu’ils avancent en âge.

Heureusement, des défenseurs et des spécialistes partout au pays travaillent très fort pour relever ce défi. En octobre 2020, j’ai lancé une enquête afin d’attirer l’attention du Sénat sur les faiblesses du système de soins de longue durée du Canada qui ont été mises en évidence par la pandémie de COVID‑19. Dans le cadre de mes recherches, j’ai trouvé des exemples de divers projets un peu partout au pays qui visent à favoriser un vieillissement sain à domicile, notamment le projet pilote d’hôpitaux sans murs à l’Île‑du‑Prince-Édouard, la clinique mobile de l’hôpital Saint-François d’Assise au Québec et le programme Better at Home en Colombie-Britannique. Pour favoriser un vieillissement sain à domicile, ces projets intègrent les logements adaptés aux aînés, les transports accessibles, le soutien communautaire et des moyens novateurs d’offrir des soins de santé et offrent un encadrement sur les nouvelles technologies pour faciliter leur adoption.

De plus, des chercheurs œuvrant pour des organisations comme le National Institute on Ageing fournissent aux décideurs des rapports approfondis qui montrent la voie à suivre pour fournir les soins désirés par les aînés et qui expliquent en quoi cette solution est plus viable sur le plan financier. Le rapport d’octobre 2022 de cet institut, intitulé Ageing in the Right Place: Supporting Older Canadians to Live Where They Want (en anglais seulement), est à la fois détaillé et instructif. Ses auteurs formulent dix recommandations pour favoriser des politiques et des pratiques permettant de « vieillir au bon endroit », comme l’adoption d’une politique publique réfléchie dans laquelle une plus grande part des ressources destinées aux soins de longue durée sont consacrées aux soins à domicile et aux services de soutien en milieu communautaire plutôt qu’aux soins en établissement.

Je suis tout à fait d’accord. Il est illogique d’utiliser autant de ressources pour financer des soins dont de nombreux aînés ne veulent pas.  

Il est temps de les écouter et de revoir nos politiques de manière à mieux les servir. De cette manière, nous pourrons faire en sorte d’avoir un régime de soins de santé qui convient à l’ensemble de la population canadienne et qui donne aux aînés la possibilité, et le droit, de vivre où ils veulent vivre.

La sénateure Judith G. Seidman est épidémiologiste et chercheuse dans le domaine de la santé. Elle vit à Montréal (Québec).

Cet article a été publié le 6 février 2023 dans The Hill Times (en anglais seulement).

Pour la plupart des gens, le terme « soins de longue durée » évoque des maisons d’hébergement. Toutefois, ces soins peuvent être offerts à de nombreux endroits, notamment à la maison et en milieu communautaire. Le National Institute on Ageing (Institut national sur le vieillissement) définit ainsi les soins de longue durée : des soins et des services de prévention et d’intervention variés, surtout pour les aînés, qui peuvent notamment consister en une assistance pour les tâches quotidiennes et dont la prestation n’est pas rattachée à un lieu défini.

Le Canada n’a pas à payer, pour les soins en établissement, plus de six dollars pour chaque dollar destiné aux soins à domicile. Il s’agit plutôt d’un échec politique. 

Au Danemark, l’objectif est de faire en sorte que les aînés restent chez eux aussi longtemps que possible. Il y a plus de 30 ans, ce pays a modifié ses politiques afin de donner la priorité à la construction de logements supervisés et aux soins en milieu communautaire. La demande pour des soins en maisons d’hébergement a diminué et les dépenses pour des soins de longue durée pour les plus de 80 ans ont été réduites de 12 % en général. En 2019, le Danemark a consacré 50 % de ses dépenses à des soins de longue durée à domicile et en milieu communautaire. Au Canada, la même année, ce pourcentage s’élevait à 18 %.

En 2031, près d’un quart de la population du Canada aura plus de 65 ans, et la demande en soins de longue durée aura encore augmenté. Nous devons, d’ici là, réformer notre système.

Par rapport à d’autres soins de longue durée, les soins offerts en maisons d’hébergement sont beaucoup plus dispendieux. Par exemple, en 2020, le ministère de la Santé de l’Ontario a estimé qu’il en coûtait 103 $ par jour pour offrir des soins à domicile à une personne aux besoins complexes, comparativement à 201 $ par jour pour une personne aux besoins semblables dans une maison d’hébergement.  

En plus d’être inabordable, offrir des soins à un aussi grand nombre d’aînés dans des maisons d’hébergement va à l’encontre des souhaits exprimés par la plupart des Canadiens. En effet, selon un sondage réalisé à la fin de 2020 par le National Institute on Ageing, l’Association médicale canadienne et Ipsos, 85 % des répondants (et 96 % de ceux ayant 65 ans et plus) feront tout pour éviter de déménager dans une maison d’hébergement.  

À court terme, il convient certainement de chercher en priorité à améliorer les conditions dans les maisons d’hébergement. À long terme toutefois, il faut réorienter les efforts, et les ressources, vers des programmes et des services qui permettront aux aînés de demeurer chez eux à mesure qu’ils avancent en âge.

Heureusement, des défenseurs et des spécialistes partout au pays travaillent très fort pour relever ce défi. En octobre 2020, j’ai lancé une enquête afin d’attirer l’attention du Sénat sur les faiblesses du système de soins de longue durée du Canada qui ont été mises en évidence par la pandémie de COVID‑19. Dans le cadre de mes recherches, j’ai trouvé des exemples de divers projets un peu partout au pays qui visent à favoriser un vieillissement sain à domicile, notamment le projet pilote d’hôpitaux sans murs à l’Île‑du‑Prince-Édouard, la clinique mobile de l’hôpital Saint-François d’Assise au Québec et le programme Better at Home en Colombie-Britannique. Pour favoriser un vieillissement sain à domicile, ces projets intègrent les logements adaptés aux aînés, les transports accessibles, le soutien communautaire et des moyens novateurs d’offrir des soins de santé et offrent un encadrement sur les nouvelles technologies pour faciliter leur adoption.

De plus, des chercheurs œuvrant pour des organisations comme le National Institute on Ageing fournissent aux décideurs des rapports approfondis qui montrent la voie à suivre pour fournir les soins désirés par les aînés et qui expliquent en quoi cette solution est plus viable sur le plan financier. Le rapport d’octobre 2022 de cet institut, intitulé Ageing in the Right Place: Supporting Older Canadians to Live Where They Want (en anglais seulement), est à la fois détaillé et instructif. Ses auteurs formulent dix recommandations pour favoriser des politiques et des pratiques permettant de « vieillir au bon endroit », comme l’adoption d’une politique publique réfléchie dans laquelle une plus grande part des ressources destinées aux soins de longue durée sont consacrées aux soins à domicile et aux services de soutien en milieu communautaire plutôt qu’aux soins en établissement.

Je suis tout à fait d’accord. Il est illogique d’utiliser autant de ressources pour financer des soins dont de nombreux aînés ne veulent pas.  

Il est temps de les écouter et de revoir nos politiques de manière à mieux les servir. De cette manière, nous pourrons faire en sorte d’avoir un régime de soins de santé qui convient à l’ensemble de la population canadienne et qui donne aux aînés la possibilité, et le droit, de vivre où ils veulent vivre.

La sénateure Judith G. Seidman est épidémiologiste et chercheuse dans le domaine de la santé. Elle vit à Montréal (Québec).

Cet article a été publié le 6 février 2023 dans The Hill Times (en anglais seulement).

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