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Ottawa s’en prend aux pêcheurs : Sénateur Greene

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Le ministre des Finances Bill Morneau a donné un coup bas aux propriétaires d’entreprises canadiens et, maintenant, le ministre des Pêches, Dominic LeBlanc, veut donner le coup de grâce aux pêcheurs.

La tentative de M. Morneau de saisir l’épargne-retraite des propriétaires de petites entreprises, des agriculteurs, des médecins et des avocats est bien connue.

Parallèlement, M. LeBlanc s’en prend maintenant aux pêcheurs, dont bon nombre ont travaillé pendant des décennies pour se constituer un coussin de retraite en investissant dans des permis et des bateaux. Lors d’un discours qu’il a prononcé cet été à Chester (N.-É.), M. LeBlanc a dit vouloir « donner vie aux mesures de soutien du gouvernement pour la classe moyenne par l’entremise d’une politique des pêches progressiste ».

Cela vous dit quelque chose?

Dans l’optique d’aider les Canadiens de la classe moyenne, M. Morneau a promis d’éliminer les échappatoires fiscales pour un groupe fantôme de soi‑disant propriétaires d’entreprises prospères. À Chester, M. LeBlanc a trouvé de nouveaux boucs émissaires en soutenant que certains pêcheurs et certaines entreprises consacrent des ressources démesurées pour contourner les règles. Il les a carrément qualifiés de gens qui contournent les règles et a mentionné la nécessité d’éliminer les obstacles financiers à l’accès à l’industrie de la pêche. D’un ton paternaliste, il a menacé d’instaurer la tenue d’enquêtes assorties de rapports aux deux semaines. Concrètement, il a dit ceci : « Je pourrais vous retirer votre permis de pêche, votre gagne‑pain et votre sécurité financière, mais si vous coopérez, je vais seulement réduire la valeur de votre permis ».

Il est inquiétant de voir que M. LeBlanc s’en prend précisément à l’une des zones de pêche côtière les plus prospères du Canada atlantique, à savoir le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse. Il a d’ailleurs effectué la déclaration suivante à Chester : « Les permis de pêche sont surévalués depuis quelques années, surtout dans le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse ».

Il pourrait être surprenant pour le ministre que les permis de pêche du homard, par exemple, soient plus dispendieux dans le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse, car ils valent plus. Ils valent plus cher, car les prises valent plus cher. La valeur des permis diminuera s’il y a une baisse de la qualité, un affaiblissement des marchés et une remontée du dollar canadien. Les valeurs du marché fluctuent constamment, et ce, beaucoup plus dans les industries primaires.

  1. LeBlanc devrait savoir que les pêcheurs du « Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse » constituent le moteur des exportations de pêche les plus prospères, à savoir la pêche au homard sur la côte‑Est. Les fonctionnaires de M. LeBlanc peuvent lui dire que les exportations de homard s’élèvent à environ 1 milliard de dollars par année. La plus grande partie des prises sont capturées dans la région à laquelle M. LeBlanc veut s’en prendre le plus.

Depuis des siècles, le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse montre la voie dans le secteur des pêches. Les pêcheurs de la région font preuve d’innovation et font figure de pionniers. À l’ère des voiliers, les pêcheurs de Lunenberg ont effectué le voyage périlleux vers les Grands Bancs pour pêcher la morue. À la fin du 20e siècle, les pêcheurs de pétoncles de cette région ont été les premiers à utiliser la technologie de la cartographie par satellite pour déployer leurs engins de pêche en vue de protéger l’habitat et d’assurer une pêche durable.

De nos jours, l’industrie de la pêche dans le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse n’est aucunement compromise, mais M. LeBlanc veut quand même y apporter des changements. Il veut créer un secteur des pêches qui fait passer les considérations sociales avant le marché. Autrement dit, il veut faire travailler les gens sur les bateaux et dans les usines de transformation du poisson juste assez longtemps pour qu’ils soient admissibles à l’assurance-emploi. On nourrit ainsi les pires clichés à propos des Canadiens de l’Atlantique, à savoir que nous n’aimons pas trop travailler ou gagner notre vie.

Le ministre LeBlanc peut également évoquer qu’il change la politique sur les permis à la suite de consultations poussées. Cela n’a pas de sens. Le comité parlementaire qui a examiné la Loi sur les pêches en 2016 et au début de 2017 a seulement entendu les témoignages d’intervenants favorables, qui ont été sélectionnés parce qu’ils appuyaient les positions bien arrêtées du ministre. (Dans le double discours du MPO, « le comité n’aurait pas le temps d’entendre tous les témoins ».)

Dans le discours qu’il a prononcé à Chester, M. LeBlanc a fait savoir qu’il apporterait des changements « essentiels à votre subsistance ». Ces changements nuiraient aux entreprises familiales et priveraient les régions rurales de la Nouvelle‑Écosse de millions de dollars. De plus, étonnamment, ces mesures seraient mises en place avant même que des consultations sérieuses aient lieu.

Sur quelle planète cela est-il logique? Peut‑être sur la même planète où vit M. Morneau.

Le sénateur Stephen Greene représente la Nouvelle-Écosse (Halifax-La Citadelle).

Cet article a été publié le 26 septembre, 2017 dans le journal The Guardian (en anglais seulement).

Le ministre des Finances Bill Morneau a donné un coup bas aux propriétaires d’entreprises canadiens et, maintenant, le ministre des Pêches, Dominic LeBlanc, veut donner le coup de grâce aux pêcheurs.

La tentative de M. Morneau de saisir l’épargne-retraite des propriétaires de petites entreprises, des agriculteurs, des médecins et des avocats est bien connue.

Parallèlement, M. LeBlanc s’en prend maintenant aux pêcheurs, dont bon nombre ont travaillé pendant des décennies pour se constituer un coussin de retraite en investissant dans des permis et des bateaux. Lors d’un discours qu’il a prononcé cet été à Chester (N.-É.), M. LeBlanc a dit vouloir « donner vie aux mesures de soutien du gouvernement pour la classe moyenne par l’entremise d’une politique des pêches progressiste ».

Cela vous dit quelque chose?

Dans l’optique d’aider les Canadiens de la classe moyenne, M. Morneau a promis d’éliminer les échappatoires fiscales pour un groupe fantôme de soi‑disant propriétaires d’entreprises prospères. À Chester, M. LeBlanc a trouvé de nouveaux boucs émissaires en soutenant que certains pêcheurs et certaines entreprises consacrent des ressources démesurées pour contourner les règles. Il les a carrément qualifiés de gens qui contournent les règles et a mentionné la nécessité d’éliminer les obstacles financiers à l’accès à l’industrie de la pêche. D’un ton paternaliste, il a menacé d’instaurer la tenue d’enquêtes assorties de rapports aux deux semaines. Concrètement, il a dit ceci : « Je pourrais vous retirer votre permis de pêche, votre gagne‑pain et votre sécurité financière, mais si vous coopérez, je vais seulement réduire la valeur de votre permis ».

Il est inquiétant de voir que M. LeBlanc s’en prend précisément à l’une des zones de pêche côtière les plus prospères du Canada atlantique, à savoir le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse. Il a d’ailleurs effectué la déclaration suivante à Chester : « Les permis de pêche sont surévalués depuis quelques années, surtout dans le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse ».

Il pourrait être surprenant pour le ministre que les permis de pêche du homard, par exemple, soient plus dispendieux dans le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse, car ils valent plus. Ils valent plus cher, car les prises valent plus cher. La valeur des permis diminuera s’il y a une baisse de la qualité, un affaiblissement des marchés et une remontée du dollar canadien. Les valeurs du marché fluctuent constamment, et ce, beaucoup plus dans les industries primaires.

  1. LeBlanc devrait savoir que les pêcheurs du « Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse » constituent le moteur des exportations de pêche les plus prospères, à savoir la pêche au homard sur la côte‑Est. Les fonctionnaires de M. LeBlanc peuvent lui dire que les exportations de homard s’élèvent à environ 1 milliard de dollars par année. La plus grande partie des prises sont capturées dans la région à laquelle M. LeBlanc veut s’en prendre le plus.

Depuis des siècles, le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse montre la voie dans le secteur des pêches. Les pêcheurs de la région font preuve d’innovation et font figure de pionniers. À l’ère des voiliers, les pêcheurs de Lunenberg ont effectué le voyage périlleux vers les Grands Bancs pour pêcher la morue. À la fin du 20e siècle, les pêcheurs de pétoncles de cette région ont été les premiers à utiliser la technologie de la cartographie par satellite pour déployer leurs engins de pêche en vue de protéger l’habitat et d’assurer une pêche durable.

De nos jours, l’industrie de la pêche dans le Sud‑Ouest de la Nouvelle‑Écosse n’est aucunement compromise, mais M. LeBlanc veut quand même y apporter des changements. Il veut créer un secteur des pêches qui fait passer les considérations sociales avant le marché. Autrement dit, il veut faire travailler les gens sur les bateaux et dans les usines de transformation du poisson juste assez longtemps pour qu’ils soient admissibles à l’assurance-emploi. On nourrit ainsi les pires clichés à propos des Canadiens de l’Atlantique, à savoir que nous n’aimons pas trop travailler ou gagner notre vie.

Le ministre LeBlanc peut également évoquer qu’il change la politique sur les permis à la suite de consultations poussées. Cela n’a pas de sens. Le comité parlementaire qui a examiné la Loi sur les pêches en 2016 et au début de 2017 a seulement entendu les témoignages d’intervenants favorables, qui ont été sélectionnés parce qu’ils appuyaient les positions bien arrêtées du ministre. (Dans le double discours du MPO, « le comité n’aurait pas le temps d’entendre tous les témoins ».)

Dans le discours qu’il a prononcé à Chester, M. LeBlanc a fait savoir qu’il apporterait des changements « essentiels à votre subsistance ». Ces changements nuiraient aux entreprises familiales et priveraient les régions rurales de la Nouvelle‑Écosse de millions de dollars. De plus, étonnamment, ces mesures seraient mises en place avant même que des consultations sérieuses aient lieu.

Sur quelle planète cela est-il logique? Peut‑être sur la même planète où vit M. Morneau.

Le sénateur Stephen Greene représente la Nouvelle-Écosse (Halifax-La Citadelle).

Cet article a été publié le 26 septembre, 2017 dans le journal The Guardian (en anglais seulement).

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