Aller au contenu

Rencontre avec le poète officiel: George Elliott Clarke

Félicitations Professeur Clarke pour votre nomination à titre de Poète officiel du Parlement. Vous avez reçu de nombreux éloges et prix pendant votre éminente carrière à titre de poète, de dramaturge et de professeur. Pourquoi endosser ce nouveau rôle et qu’espérez-vous accomplir?

J’espère encourager les parlementaires à colorer leurs discours d’un peu de poésie — à renforcer la capacité des électeurs et de tous les citoyens à aspirer à des travaux publics et à des actions démocratiques qui ont pour assise, comme il se doit, des rêves. Les lois sont d’abord des rêves; même les constitutions, au bout du compte, sont fondées sur des visions qui s’expriment par la poésie.

J’espère également pouvoir sensibiliser les Canadiens à la valeur de la poésie dans les échanges quotidiens. Nous sommes tous portés à nous exprimer en poésie, mais nous n’en reconnaissons pas la présence, vive comme l’éclair, dans notre esprit et sur nos lèvres.

Ma responsabilité consiste à nous faire réaliser que nous avons tous accès au pouvoir oratoire et réflexif que représente la poésie.

En tant qu’ancien poète officiel de la Ville de Toronto, vous avez travaillé avec la bibliothèque municipale pour cartographier la poésie dans la ville, donnant ainsi aux résidents et aux touristes l’occasion d’explorer la ville par le biais de la poésie. Comment la poésie peut-elle changer le quotidien des Canadiens?

La poésie peut éclairer le quotidien puisqu’elle nous rappelle que nous sommes tous des êtres dotés du pouvoir d’inventer, de créer, de fabriquer, de produire, de récolter et, ultimement, de reconnaître la gracieuse incarnation et la concrétisation révélatrice de la Beauté. Nous avons tous en nous la fibre de l’artiste : observer la poésie, cette manifestation saisissante de la Beauté, dans les discours quotidiens et notre jargon personnel. Cela nous rend davantage conscients de notre capacité créatrice sans limites — une capacité qui nous enrichit en tant qu’êtres humains, qui magnifie notre vie, et qui anime notre domicile, notre communauté, notre culture et notre civilisation.

Une grande partie de votre œuvre littéraire explore et relate la vie des communautés canadiennes noires de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau‑Brunswick, que vous appelez « Africadia. » Comment cette « géographie culturelle » continue-t-elle de vous inspirer?

« Africadia » est ma version de paysages et de perspectives poétiques, comme l’Acadie l’était pour Longfellow ou la forêt d’Arden pour Shakespeare : à la fois un endroit bien réel – dans sa réalité sociopolitique et économique –, et un lieu fertile à la mythification devant l’héroïsme et la débrouillardise du peuple africadien, qui a survécu à l’oppression et s’est libéré du joug de l’esclavage en établissant sa propre église, sa propre forme d’anglais, sa propre généalogie et sa propre culture afro-américaines et métisses et caribéennes et anglaises et françaises façonnées par les embruns salés et les arpents de neige.

Février est le mois de l’histoire des Noirs, une occasion de célébrer les réalisations et les contributions des Canadiens de race noire. Quels sont vos héros, d’hier et d’aujourd’hui, que davantage de Canadiens devraient connaître?

La liste pourrait s’allonger indéfiniment, mais j’aimerais commencer en saluant quelques parlementaires. M. Howard D. McCurdy, Ph. D., qui a été conseiller municipal à Windsor, en Ontario, et qui, à un certain moment, a dirigé la défunte Ligue nationale des Noirs du Canada. Entre 1984 et 1993, il était le seul Afro-Canadien à siéger à la Chambre des communes, et, par tous les moyens possibles, il a toujours su défendre avec verve les droits de la personne.

L’honorable Anne Cools, avant et après sa nomination au Sénat du Canada, a été une grande défenseure des libertés civiles, de la libre pensée et des principes de la conscience sociale.

Son Honneur Lincoln Alexander, qui, avant de devenir lieutenant-gouverneur de l’Ontario, a été le tout premier Afro-Canadien à siéger à la Chambre des communes, en 1968, et le tout premier ministre de la Couronne afro-canadien.

Je dois également nommer un membre de ma famille (!), l’honorable Donald Oliver, c.r., qui a souvent pris la parole, à titre de sénateur de la Nouvelle-Écosse, pour souligner la nécessité d’améliorer la représentation des minorités visibles dans la fonction publique et de reconnaître la valeur de la diversité dans tous les secteurs, dans toutes les professions et dans toutes les industries au Canada. En terminant, j’aimerais mentionner un grand homme qui n’est pas parlementaire, mais qui s’est présenté, sans succès, aux élections à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse. Burnley « Rocky » Jones, Ph. D., O.N.-É., LL.D., était un défenseur intarissable de l’égalité sociale.

Selon vous, quel poème les parlementaires devaient-ils prendre le temps de lire et pourquoi?

Je vais contourner la question : je ne nommerai pas un seul poème, mais plutôt une série de poèmes contenus dans un seul ouvrage, Civil Elegies de Dennis Lee. Il s’agit d’une suite de réflexions par le poète torontois sur l’histoire des luttes populaires pour une plus grande responsabilité des représentants élus et pour l’élargissement des droits démocratiques, en Ontario et au Québec, à l’échelle fédérale et municipale (à Toronto), des années 1830 aux années 1960.

Ces poèmes, publiés en 1972, traduisent la réflexion publique, étayée par l’histoire et la pensée progressiste ainsi que le nationalisme canadien du philosophe George Grant, sur les aspirations collectives des Canadiens, notamment au cours des années 1960, vers un Canada inclusif, un Canada soucieux de l’environnement, un Canada respectueux des peuples autochtones et de leur patrimoine et un Canada indépendant de l’influence des autres pays en politique étrangère; bref, vers un Canada remarquable et magnifiquement unique.

Quels conseils donneriez-vous à un aspirant poète?

Il faut lire et écrire constamment. Il faut expérimenter tous les styles et les formes et, surtout, il faut reconnaître sa marque personnelle et sa voix distinctive. Il ne faut jamais avoir peur d’exprimer ce qui est, à vos yeux et selon votre propre expérience, Vrai. Aspirer à atteindre la Beauté.

George Elliott Clarke, O.C., O.N.-É., Ph. D.
Septième poète officiel du Parlement (2016-2017)

George Elliott Clarke s'exprimant lors d'une réception

Rencontre avec le poète officiel: George Elliott Clarke

Félicitations Professeur Clarke pour votre nomination à titre de Poète officiel du Parlement. Vous avez reçu de nombreux éloges et prix pendant votre éminente carrière à titre de poète, de dramaturge et de professeur. Pourquoi endosser ce nouveau rôle et qu’espérez-vous accomplir?

J’espère encourager les parlementaires à colorer leurs discours d’un peu de poésie — à renforcer la capacité des électeurs et de tous les citoyens à aspirer à des travaux publics et à des actions démocratiques qui ont pour assise, comme il se doit, des rêves. Les lois sont d’abord des rêves; même les constitutions, au bout du compte, sont fondées sur des visions qui s’expriment par la poésie.

J’espère également pouvoir sensibiliser les Canadiens à la valeur de la poésie dans les échanges quotidiens. Nous sommes tous portés à nous exprimer en poésie, mais nous n’en reconnaissons pas la présence, vive comme l’éclair, dans notre esprit et sur nos lèvres.

Ma responsabilité consiste à nous faire réaliser que nous avons tous accès au pouvoir oratoire et réflexif que représente la poésie.

En tant qu’ancien poète officiel de la Ville de Toronto, vous avez travaillé avec la bibliothèque municipale pour cartographier la poésie dans la ville, donnant ainsi aux résidents et aux touristes l’occasion d’explorer la ville par le biais de la poésie. Comment la poésie peut-elle changer le quotidien des Canadiens?

La poésie peut éclairer le quotidien puisqu’elle nous rappelle que nous sommes tous des êtres dotés du pouvoir d’inventer, de créer, de fabriquer, de produire, de récolter et, ultimement, de reconnaître la gracieuse incarnation et la concrétisation révélatrice de la Beauté. Nous avons tous en nous la fibre de l’artiste : observer la poésie, cette manifestation saisissante de la Beauté, dans les discours quotidiens et notre jargon personnel. Cela nous rend davantage conscients de notre capacité créatrice sans limites — une capacité qui nous enrichit en tant qu’êtres humains, qui magnifie notre vie, et qui anime notre domicile, notre communauté, notre culture et notre civilisation.

Une grande partie de votre œuvre littéraire explore et relate la vie des communautés canadiennes noires de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau‑Brunswick, que vous appelez « Africadia. » Comment cette « géographie culturelle » continue-t-elle de vous inspirer?

« Africadia » est ma version de paysages et de perspectives poétiques, comme l’Acadie l’était pour Longfellow ou la forêt d’Arden pour Shakespeare : à la fois un endroit bien réel – dans sa réalité sociopolitique et économique –, et un lieu fertile à la mythification devant l’héroïsme et la débrouillardise du peuple africadien, qui a survécu à l’oppression et s’est libéré du joug de l’esclavage en établissant sa propre église, sa propre forme d’anglais, sa propre généalogie et sa propre culture afro-américaines et métisses et caribéennes et anglaises et françaises façonnées par les embruns salés et les arpents de neige.

Février est le mois de l’histoire des Noirs, une occasion de célébrer les réalisations et les contributions des Canadiens de race noire. Quels sont vos héros, d’hier et d’aujourd’hui, que davantage de Canadiens devraient connaître?

La liste pourrait s’allonger indéfiniment, mais j’aimerais commencer en saluant quelques parlementaires. M. Howard D. McCurdy, Ph. D., qui a été conseiller municipal à Windsor, en Ontario, et qui, à un certain moment, a dirigé la défunte Ligue nationale des Noirs du Canada. Entre 1984 et 1993, il était le seul Afro-Canadien à siéger à la Chambre des communes, et, par tous les moyens possibles, il a toujours su défendre avec verve les droits de la personne.

L’honorable Anne Cools, avant et après sa nomination au Sénat du Canada, a été une grande défenseure des libertés civiles, de la libre pensée et des principes de la conscience sociale.

Son Honneur Lincoln Alexander, qui, avant de devenir lieutenant-gouverneur de l’Ontario, a été le tout premier Afro-Canadien à siéger à la Chambre des communes, en 1968, et le tout premier ministre de la Couronne afro-canadien.

Je dois également nommer un membre de ma famille (!), l’honorable Donald Oliver, c.r., qui a souvent pris la parole, à titre de sénateur de la Nouvelle-Écosse, pour souligner la nécessité d’améliorer la représentation des minorités visibles dans la fonction publique et de reconnaître la valeur de la diversité dans tous les secteurs, dans toutes les professions et dans toutes les industries au Canada. En terminant, j’aimerais mentionner un grand homme qui n’est pas parlementaire, mais qui s’est présenté, sans succès, aux élections à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse. Burnley « Rocky » Jones, Ph. D., O.N.-É., LL.D., était un défenseur intarissable de l’égalité sociale.

Selon vous, quel poème les parlementaires devaient-ils prendre le temps de lire et pourquoi?

Je vais contourner la question : je ne nommerai pas un seul poème, mais plutôt une série de poèmes contenus dans un seul ouvrage, Civil Elegies de Dennis Lee. Il s’agit d’une suite de réflexions par le poète torontois sur l’histoire des luttes populaires pour une plus grande responsabilité des représentants élus et pour l’élargissement des droits démocratiques, en Ontario et au Québec, à l’échelle fédérale et municipale (à Toronto), des années 1830 aux années 1960.

Ces poèmes, publiés en 1972, traduisent la réflexion publique, étayée par l’histoire et la pensée progressiste ainsi que le nationalisme canadien du philosophe George Grant, sur les aspirations collectives des Canadiens, notamment au cours des années 1960, vers un Canada inclusif, un Canada soucieux de l’environnement, un Canada respectueux des peuples autochtones et de leur patrimoine et un Canada indépendant de l’influence des autres pays en politique étrangère; bref, vers un Canada remarquable et magnifiquement unique.

Quels conseils donneriez-vous à un aspirant poète?

Il faut lire et écrire constamment. Il faut expérimenter tous les styles et les formes et, surtout, il faut reconnaître sa marque personnelle et sa voix distinctive. Il ne faut jamais avoir peur d’exprimer ce qui est, à vos yeux et selon votre propre expérience, Vrai. Aspirer à atteindre la Beauté.

George Elliott Clarke, O.C., O.N.-É., Ph. D.
Septième poète officiel du Parlement (2016-2017)

George Elliott Clarke s'exprimant lors d'une réception

Articles connexes

Étiquettes

Nouvelles des comités

Encore plus sur SenCA+

Haut de page