Aller au contenu
VETE

Sous-comité des anciens combattants

 

PREMIÈRE PARTIE - VISITE AUX CENTRES DE SOINS DE SANTÉ POUR ANCIENS COMBATTANTS

The Lodge at Broadmead, Victoria (Colombie-Britannique)
George Derby Centre, Burnaby (Colombie-Britannique)
Le Brock Farhni Pavilion, Vancouver (Colombie-Britannique)
Colonel Belcher Veterans' Care Centre, Calgary (Alberta)
Deer Lodge, Winnipeg (Manitoba)
Parkwood Hospital, London (Ontario)
Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre, Toronto (Ontario)
Centre de santé Perley-Rideau pour anciens combattants, Ottawa (Ontario)
Hôpital Sainte-Anne, Sainte-Anne-de-Bellevue (Québec)


PREMIÈRE PARTIE

VISITE AUX CENTRES DE SOINS DE SANTÉ POUR ANCIENS COMBATTANTS 

Le groupe de travail du Sous-comité sénatorial des affaires des anciens combattants a visité 10 des 15 hôpitaux et foyers qui accueillent plus de cinquante anciens combattants. Globalement, ces établissements comptent près de 70 p. 100 des 4082 lits ministériels, prioritaires ou contractuels au pays, soit 2826 lits. Ils partagent un élément très important : ce sont des hauts lieux de la culture des anciens combattants, même si un part non négligeable des lits qui s’y trouvent peut être affectée à la population en général.

Cette culture se nourrit aux souvenirs du service de guerre et des traumatismes du front, vécus personnellement ou indirectement, par la mémoire de camarades depuis longtemps décédés. C’est évidemment une culture essentiellement masculine, même si des femmes en font partie et que leur contribution est reconnue; ce milieu masculin est caractérisé par une fréquence d’agressivité et d’antécédents d’alcoolisme plus élevés que dans la population âgée en général. Les hôpitaux et les foyers que nous avons visités valorisent et désirent maintenir cette culture des anciens combattants, mais chacun d’eux doit composer avec un pouvoir sanitaire régional particulier, même dans une même province, ainsi qu’avec le Ministère. Ils semblent avoir peu de contacts les uns avec les autres, et connaissent guère les activités et les programmes des autres centres. Par conséquent, il faut les considérer individuellement.

Les membres du groupe de travail ont été vivement impressionnés par les forces et les faiblesses de chaque hôpital et de chaque foyer. Cependant, chacun, sans exception, dispense aux anciens combattants des soins de qualité supérieure et leur offre des possibilités supérieures de loisirs. Le résumé qui suit inclut les recommandations qui s’appliquent aux centres particuliers.

 

The Lodge at Broadmead,

Victoria (Colombie-Britannique)

The Lodge at Broadmead est un foyer neuf, polyvalent, qui dispose de 115 lits prioritaires pour anciens combattants et de 110 lits pour les autres malades. Les chambres sont réparties dans 6 bâtiments comptant chacun entre 30 et 45 occupants. Les trois bâtiments de Niveau A offrent des soins de niveau intermédiaire et sont destinés avant tout aux occupants qui ne souffrent pas de déficience cognitive et qui réclament un niveau moyen d’aide dans les activités de la vie courante. Les trois bâtiments de Niveau B offrent des soins étendus et prolongés à ceux qui souffrent de déficience cognitive moyenne ou grave et qui réclament une aide assez lourde. Les chambres sont presque toutes individuelles, mais 12 chambres peuvent accommoder les couples. Les anciens combattants disposent soit d’un lit électrique autocommandé ou, s’ils souffrent de déficience cognitive, d’un lit hydraulique ajusté par un employé. Le foyer dispose de cuisines et prépare la nourriture en grande quantité pour plusieurs salles à manger. Les occupants semblent heureux de la qualité des repas.

Le foyer est bien équipé pour répondre à la gamme étendue des besoins des occupants, qu’ils s’agisse des anciens combattants autonomes qui vont et viennent comme il leur plaît, ou des victimes de la maladie d’Alzheimer qui doivent vivre dans un environnement protégé. La souplesse est rendue possible par la différentiation des six bâtiments qui offrent des soins, des programmes et des services légèrement différents. Les trois bâtiments de Niveau A sont regroupés sur l’axe principal près de l’entrée; ils donnent accès à des serres extérieures et à un jardin thérapeutique : les occupants sont regroupés selon leurs intérêts et leur niveau d’autonomie. Le Niveau B, quant à lui, permet à ceux qui sont infirmes mais alertes mentalement de vivre dans des appartements aux portes non verrouillées et disposant d’un coin pour manger et d’une salle de bain indépendante. Ceux qui souffrent de déficience cognitive ou de troubles de comportement graves sont gardés dans un bâtiment sécuritaire, d’où ils ont accès à deux jardins thérapeutiques. Bien des occupants du troisième bâtiment réclament des soins palliatifs et une aide assidue dans les tâches de la vie courante : passer du lit au fauteuil roulant, à la salle de toilette, manger, etc.

Le foyer est équipé de détecteurs de fumée, de gicleurs automatiques et de portes coupe-feu isolant des zones de l’immeuble en cas d’incendie. Il dispose d’un plan complet de sécurité-incendie et d’un plan d’urgence qui sont tenus à jour en collaboration avec les autorités locales. Le plan de sécurité-incendie prévoit l’évacuation horizontale des occupants sur les chaises à roulettes de la salle à manger, ou en les tirant sur une douillette. Le foyer est bâti sur une pente qui donne accès des deux étages à l’extérieur, mais la direction envisage d’acheter des chaises d’évacuation pour les cages d’escalier. La formation en sécurité et en sécurité-incendie fait partie de l’orientation générale donnée aux nouveaux employés; ils reçoivent régulièrement des rappels et des mises à jour.

Le problème de sécurité potentiel qui n’est pas réglé concerne la présence d’un endroit abrité à l’extérieur où les pensionnaires et le personnel peuvent aller fumer. L’endroit où on pouvait fumer à l’intérieur a été fermé par décision administrative et politique. En conséquence, des anciens combattants de plus de 80 ans sont forcés d’aller dehors par tous les temps pour fumer. Cette situation est intolérable et pourrait causer des incendies par le fait de cigarettes fumées en cachette.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants collabore avec la direction du Lodge at Broadmead et les associations locales d’anciens combattants à la construction et à l’aménagement d’un abri extérieur permettant aux anciens combattants de fumer sans être exposés aux éléments.

Le groupe de travail a profité d’une longue rencontre avec la direction et le personnel. Les problèmes les plus pressants de la direction découlent des coupures de fonds et du délestage de nouvelles responsabilités. Le foyer subit des contraintes financières sérieuses depuis quelques années. À ce jour, la direction a réussi à s’adapter aux coupures en réduisant les frais généraux et le budget des services, plutôt qu’en réduisant directement les soins aux pensionnaires, démarche qu’on peut qualifier de « mort lente par coupures multiples » : un peu moins d’argent ici, un peu moins là, et là, et là... Le budget non salarial n’a pas été augmenté depuis 4 ans au moins, et il n’y a pas de budget d’urgence ou d’indemnisation pour des événements comme une panne récente de courant, qui a coûté au foyer 10 000 $ en dommages et fournitures d’urgence, somme couverte en jonglant avec les comptes.

Même s’il n’y a pas eu de réduction d’effectif chez le personnel, les soins ont souffert parce que le personnel doit faire une bonne partie du travail qui était assumé auparavant par les hôpitaux de soins aigus. On compte maintenant sur le personnel pour la plupart des soins postopératoires et de convalescence après une chirurgie, parce que l’hôpital donne congé aux malades après 2 jours au lieu de 6 à 10 jours. Les soins palliatifs absorbent plus de temps (généralement 2 ou 3 semaines) et mobilisent le personnel infirmier non seulement pour le malade, mais aussi pour le counselling et le réconfort des proches. Le niveau de dotation ne tient pas compte de ces tâches additionnelles ni du fait que si la famille soutient l’ancien combattant, il lui faut en retour le soutien du foyer. Un employé consacre parfois presque la moitié de son temps aux membres de la famille. Enfin, il n’est pas facile de faire participer les médecins des anciens combattants, qui ne sont pas payés pour les consultations avec le personnel du foyer et le counselling des proches.

Le niveau de dotation est considéré comme minimalement acceptable pour ce qui est de la sécurité, mais insuffisant pour les soins de réadaptation et de maintien requis par les nombreux malades. Par conséquent, tout ce qui sort de l’ordinaire risque de provoquer une crise et de priver les occupants de la qualité de soins qu’ils devraient avoir et, dans le cas des anciens combattants, qu’ils sont en droit d’attendre.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants intervienne auprès de la province et de la Commission régionale de la santé pour s’opposer à toute nouvelle augmentation de la charge de travail du personnel du foyer, sans augmentation correspondante de l’effectif.

La Commission régionale de la santé désire absorber le Lodge at Broadmead et lui faire abandonner son service distinct de restauration et de buanderie. La direction ne tient pas à aller au-delà d’une affiliation ou d’une association avec la Commission. Avec son maigre budget de 12 millions, le foyer aurait très peu d’influence à l’intérieur d’un organisme doté d’un budget de plus de 500 millions. Il ne lui serait pas non plus possible de maintenir et de développer la culture des anciens combattants qui distingue Broadmead, le plus grand foyer pour anciens combattants de l’île de Vancouver.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants s’oppose fermement à toute tentative d’intégrer le Lodge at Broadmead à la Commission régionale de la santé.

La direction convient de l’utilité de normes nationales de soins aux anciens combattants pour garantir une certaine uniformité, et attirer l’attention sur leurs besoins et leurs droits spéciaux. De leur point de vue, cela pourrait présenter l’avantage supplémentaire d’établir un degré d’indépendance face aux caprices des politiques des organismes sanitaires régionaux.

Comme la négociation et l’établissement d’une norme nationale est une tâche difficile qui prend beaucoup de temps, le Ministère devrait envisager de collaborer avec le Conseil canadien d’agrément des services de santé à l’élaboration d’une mesure normalisée de la satisfaction des clients et à une norme de soins acceptables pour les anciens combattants. Cette norme devrait insister sur l’éducation du personnel à la contribution des anciens combattants et aux besoins de ces derniers et des aînés en général, et prévoir de l’éducation permanente. La norme pourrait faire partie de la procédure d’accréditation et du contrat liant le Ministère aux institutions particulières.

On devrait favoriser l’expansion du Lodge at Broadmead. Il s’agit d’un établissement moderne polyvalent comptant 114 anciens combattants sur la liste d’attente de 115 lits prioritaires. Cela représente un temps d’attente de 14 mois. Ce foyer un l’un des rares qui peut accueillir l’ancien combattant et son conjoint. Comme la liste d’attente pour les lits destinés au grand public est encore plus longue (4 ans environ), la province et la région devraient être intéressés également à fournir plus de lits.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants exhorte la Colombie-Britannique et la Commission régionale de la santé à appuyer l’expansion du Lodge at Broadmead et que le Ministère donne à contrat autant de lits prioritaires pour anciens combattants que possible.

Le ministère des Affaires des anciens combattants et la direction du foyer collaborent à la mise sur pied d’un Centre de soins pour anciens combattants offrant à ces derniers et à leur conjoint un programme d’évaluation et de traitement gériatrique. Ces services seront complétés par un programme social et récréatif procurant répit, appui, éducation et counselling au proche donnant des soins. L’ouverture de ce Centre, au foyer, allégera donc quelque peu la pression sur les anciens combattants en attente d’un lit au foyer, et sur leur famille.

  1. Le Sous-comité appuie sans réserve la création d’un Centre de soins pour anciens combattants et d’un programme externe au Lodge at Broadmead, et exhorte le ministère des Anciens combattants à le financer et à en faire un modèle pour les autres régions.

 

George Derby Centre,

Burnaby (Colombie-Britannique)

À l’origine, le centre faisait partie du complexe hospitalier Shaughnessy qui aidait les anciens combattants à réintégrer une vie normale après des soins aigus, grâce à l'ergothérapie, la physiothérapie la formation professionnelle et la réadaptation. Ce complexe a été transféré à la province en 1974 et, en 1988, un nouveau Centre George Derby a été ouvert, offrant des soins de niveau intermédiaire et 300 lits prioritaires aux anciens combattants.

Le Centre est conçu et administré comme un milieu de vie pour les anciens combattants qui y habitent. Le bâtiment est situé au milieu d’une sorte de parc spacieux, avec des sentiers, des coins retirés et des jardins. La propriété est située sur une pente et les quatre zones ont un accès direct au parc, aux cours, aux patios et à des gazébos. À l’intérieur, l’entrée principale du bâtiment de trois étages constitue une place qui inclut un centre d’activité polyvalent, une boutique-cantine, un fumoir (60 % des pensionnaires sont fumeurs) et la bibliothèque. La banque, le dentiste, le coiffeur, la chapelle et l’atelier sont plus loin sur l’axe principal. Les pensionnaires occupent des chambres privées mais il y 9 chambres à deux lits pour ceux qui préfèrent cohabiter ou qui attendent une chambre privée.

Au niveau de soins intermédiaire, le Centre offre du logement distinct aux personnes essentiellement autonomes et à celles qui réclament plus d’aide à cause de leur âge ou de leur incapacité, ainsi qu’aux patients psychogériatriques. La direction est convaincue que les personnes donnant des soins aux anciens combattants forment une équipe multidisciplinaire : personnel de soutien, nutritionnistes, cuisiniers, travailleurs sociaux, bénévoles, personnel médical. On fait un effort spécial pour assigner le personnel aux mêmes pensionnaires souffrant de troubles cognitifs, car ceux-ci peuvent être paranoïaques et inquiets face à des étrangers qu’ils ne voient pas régulièrement.

Les pensionnaires prennent leur repas dans de petites salles à manger. À l’origine, on servait des plats réchauffés, mais les anciens combattants se sont insurgés contre l’idée de recevoir un plateau de nourriture trois fois par jour. En 1994, le Centre a commencé à préparer des repas de façon traditionnelle, dans ses cuisines. Il offre des collations durant la journée et le soir et, comme la déshydratation est souvent un problème grave chez les vieillards, les pensionnaires peuvent se servir librement des jus, du café et de l’eau à des postes de rafraîchissement situés un peu partout dans le bâtiment.

Indépendant depuis la fermeture de l’hôpital Shaughnessy, le Centre garde des liens avec son passé de réadaptation et de formation professionnelle : il dispose d’un excellent programme d’ergothérapie. Le grand atelier est particulièrement impressionnant et les pensionnaires parlent avec enthousiasme « d’aller travailler », c’est-à-dire faire du tissage, de la peinture, de la céramique et travailler le bois. On les encourage également à oeuvrer à l’extérieur, au jardin, au potager et dans la serre.

Le groupe de travail a été impressionné par la relation entre le Centre et la Commission régionale de santé. Seulement 20 p. 100 des anciens combattants qui habitent le Centre ont vécu dans la région à l’âge adulte; les autres viennent d’ailleurs dans la province et au Canada. La direction du Centre est déterminée à préserver la culture particulière des anciens combattants et a travaillé fort pour négocier avec la Région une entente d’affiliation qui lui permet d’établir ses priorités. On s’est opposé à l’intégration, parce que cela aurait signifié la perte du conseil d’administration et de l’autonomie de la direction. Le Centre est associé à la Région pour certaines fonctions comme l’achat en gros de fournitures et d’équipement médical, les ordures ménagères, etc.

Le Centre n’a pas connu de coupures de budget. Comme les pensionnaires vieillissants réclament au contraire plus de soins, le budget a été augmenté, et les fonds supplémentaires ont servi à embaucher du personnel infirmier et de soutien. Le Centre reçoit ses fonds de la Région plutôt que de la province, ce qui inquiète pour l’avenir, parce que la Commission régionale n’a pas beaucoup l’expérience des anciens combattants.

L’effectif du Centre n’est pas un problème immédiat, mais il est difficile d’obtenir des fonds pour les activités de formation continue. Les soins prolongés commencent à peine à être reconnus comme spécialité infirmière visant dans son entier le malade et sa famille. On insiste encore trop exclusivement sur les soins aigus.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants propose de contribuer à la création et au financement de la formation continue du personnel du George Derby Centre en soins de longue durée destinés aux personnes âgées.

Le conseil et la direction du Centre veulent l’agrandir pour en faire une institution offrant à la fois un programme de niveau intermédiaire et un programme de soins de longue durée. Cela éviterait aux anciens combattants d’avoir à déménager si leur santé se détériore au point de réclamer des soins étendus. Même si la population résidente fait de ce Centre un établissement provincial voire national, il devra compter sur les fonds des pouvoirs régionaux pour son développement.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants continue d’aider le conseil d’administration du George Derby Centre à devenir un établissement polyvalent.

 

Le Brock Farhni Pavilion,

Vancouver (Colombie-Britannique)

Ouvert en 1983, le pavillon Brock Farhni est administré depuis 1993 par le St. Vincent’s Hospital. Il offre en priorité aux anciens combattants 150 lits de soins de longue durée. Presque tous les anciens combattants sont confinés dans un fauteuil roulant et bon nombre souffrent également de certains troubles cognitifs. Quelque 60 p. 100 sont fumeurs. La plupart des résidents vivent dans une chambre pour quatre personnes, mais il y a quelques chambres pour une et deux personnes. Les chambres pour une personne sont très recherchées et attribuées suivant une liste d’attente interne qui est fondée sur les besoins du bénéficiaire et/ou la durée de son séjour.

Malgré ses 15 ans d’existence à peine, le pavillon est, parmi les résidences visitées, celle qui ressemble le plus à une institution et le moins à une résidence. Il s’en dégage une atmosphère de vieille époque victorienne, sombre et opprimante. L’entrée principale donne sur le deuxième étage qui compte un salon pour les anciens combattants, une chapelle, les bureaux de l’administration et des services (y compris un bureau des Anciens combattants) et l’atelier Artworks. Contrairement à ce qu’on trouve dans les autres résidences, ces locaux ne sont toutefois pas aménagés ou décorés à la façon d’une « agora » : une aire naturelle attrayante pour les anciens combattants. Ces derniers n’ont pas d’endroit assez grand pour se rassembler tous ensemble au même moment, mais ils ont accès à un fumoir intérieur, un solarium doté d’un système de ventilation séparé. Les anciens combattants se plaignent que la température y est mal réglée; le mobilier et le couvre-plancher ont besoin d’être rafraîchis.

Le moment de la visite a été mal choisi parce la Colombie-Britannique faisait face à une grève spontanée de ses infirmières et que la direction de Brock Farhni était préoccupée par une réunion de dernière minute avec la direction des infirmières visant à déclarer le personnel du pavillon essentiel. Par conséquent, la direction n’a pu organiser une visite pour nous informer sur les programmes et les conditions en place au pavillon, et n’a pu nous accorder beaucoup de temps pour répondre à nos questions. Elle a pu nous préciser que sa grande priorité était de rendre le pavillon plus accueillant en procédant à des travaux de peinture et de décoration, et en renouvelant le mobilier. Des fonds relativement modestes suffiraient également à transformer un local voisin non aménagé en une salle de loisir et de réunion assez grande pour accueillir tous les résidents lors d’occasions spéciales. Le Sous-comité appuie sans réserve le besoin de conférer au pavillon une atmosphère plus accueillante.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants s’assure que le Ministère, les groupes d’anciens combattants et la direction conjuguent leurs efforts pour rafraîchir le pavillon Brock Farhni et renouveler une partie du mobilier. En particulier, il devrait étudier la possibilité de transformer le deuxième étage en une aire attrayante et d’aménager une salle de loisir et de réunion assez grande pour asseoir au moins 200 personnes.

Dans un rapport de mai 1998 sur l’évaluation de la sécurité de l’immeuble, on a noté que le pavillon comportait une lacune en matière de prévention. On a surtout constaté que le système d’extinction automatique ne protégeait que les deux premiers étages et non les deux derniers du haut où se trouvent les chambres des anciens combattants.

  1. Le Sous-comité recommande que le système d’extinction au pavillon Brock Farhni soit étendu aux deux étages supérieurs si cela n’a déjà été fait.

La visite a surtout consisté à rencontrer les anciens combattants. Selon eux, la qualité des soins médicaux au pavillon est « excellente ». On a fait l’éloge du bureau local des Anciens combattants pour sa sollicitude envers les anciens combattants, ce qui a été confirmé par la fille d’un de ces derniers qui assistait à notre rencontre. Elle a souligné en particulier la diligence dont ont fait preuve les représentants du ministère sur place pour aider son père à obtenir de nouvelles prothèses dentaires et de nouvelles lunettes. On a aussi reconnu que le programme d’artisanat aidait grandement les anciens combattants à se sentir utiles.

La nourriture est fournie en sous-traitance par la cuisine du Children’s Hospital de la Colombie-Britannique, qui se trouve à proximité. Les avis sur la qualité des repas étaient partagés. Le premier résident à s’exprimer a affirmé que les anciens combattants avaient de bons soins entre les repas, mais que la nourriture était « moche ». Il s’est surtout plaint du caractère « industriel » et artificiel de la nourriture — rien n’est frais — par exemple, le dîner de dinde consistait en un roulé de dinde artificielle sans viande brune. D’autres ne partageaient pas cet avis. L’un a dit qu’il avait vécu dans quatre foyers et que Brock Farhni était le meilleur d’entre eux. Habitué à la nourriture de résidence, il estimait que les repas à Brock Farhni sont « très bons » la plupart du temps, avis partagé par d’autres anciens combattants.

Les critiques étaient plus unanimes quant au manque de personnel de nuit. Il semble que ça prend une éternité pour qu’on réponde à l’appel d’une sonnette, tant et si bien qu’un résident a affirmé qu’il faudrait installer des interrupteurs à bascule au lieu de boutons qu’il faut tenir enfoncés, afin d’éviter de s’user les pouces. Un autre s’est plaint d’avoir à attendre chaque matin pour aller à la salle de bains jusqu’à ce qu’un lève-personne soit disponible : s’il pouvait se le permettre, il s’en achèterait un pour son usage personnel.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants évalue les effectifs de nuit préposés aux anciens combattants au pavillon Brock Farhni et qu’il les augmente si nécessaire.

Le manque de temps n’a pas permis de discuter de sécurité avec la direction. Les cigarettes des résidents sont toutefois contrôlées de près, au grand regret des fumeurs. Les cigarettes sont gardées sous clé dans une armoire et il faut parfois faire preuve de patience pour trouver le préposé — sans doute une mesure pour protéger leur santé.

 

Colonel Belcher Veterans' Care Centre,

Calgary (Alberta)

L’Hôpital pour anciens combattants Colonel Belcher a emménagé dans l’immeuble qu’il occupe en 1943. Conçu comme établissement de soins aigus, il a été agrandi et rénové à plusieurs reprises avant de passer sous l’administration de la province de l’Alberta en 1979. En 1991, d’hôpital de soins aigus pour 355 patients, il est devenu un établissement de soins de longue durée pour les anciens combattants. En 1995, il est passé sous l’administration de la Calgary Regional Health Authority. Le Colonel Belcher Veterans' Care Centre, comme il s’appelle maintenant, offre 135 lit de soins de longue durée aux anciens combattants. Il compte 71 chambres privées et 32 chambres pour deux personnes.

L’immeuble est outrageusement vétuste et inefficace, au point que la province a prévu un budget supplémentaire de 1,2 million de dollars pour en couvrir les frais de fonctionnement additionnels. Il n’y a pas de système d’extincteur, et le confort, sinon la santé, des anciens combattants y est compromis parce que le système de chauffage et de conditionnement de l’air est incapable de maintenir une température uniforme lorsque la température extérieure fluctue rapidement. L’immeuble comporte aussi beaucoup d’inconvénients comme résidence de longue durée pour ceux qui ont besoin de soins prolongés : comme il a été construit pour accueillir 355 patients, les anciens combattants doivent franchir de longues distances à partir de leur chambre pour se rendre au réfectoire, à la chapelle et à l’auditorium. Dans l’unité de soins pour déments, les longs corridors réfléchissent la lumière et le plancher donne l’impression d’être couvert de flaques d’eau. Les résidents sont aussi souvent confus parce que les corridors finissent en cul-de-sac plutôt que de faire le tour de l’unité.

Les quelques anciens combattants capables de rencontrer le groupe de travail ont dit qu’il faisait souvent trop froid ou trop chaud dans leur chambre, mais c’était leur seul reproche. Les repas sont préparés en grande quantité sur place et servis dans les réfectoires. Selon la direction, il n’en coûte pas vraiment plus cher de préparer la nourriture sur place plutôt que d’acheter des plats à réchauffer. Comme les employés de la cuisine préparent les repas, les servent et aident les anciens combattants à déballer les plats, ils finissent pas connaître et respecter les goûts et les caprices de chacun. Les résidents ont fait l’éloge des employés, ce qui a été confirmé par le fils d’un résident atteint de démence qui a loué la qualité des soins que reçoit son père dans l’unité de soins pour déments.

Le gros problème de la direction, c’est la lenteur excessive dont fait preuve le système de soins de santé de l’Alberta pour décider s’il vaut mieux déménager Colonel Belcher dans un nouvel édifice, conçu spécialement pour répondre aux besoins des personnes âgées, auquel cas le bâtiment existant n’aurait besoin que de rénovations mineures, ou entreprendre des rénovations très coûteuses pour moderniser le bâtiment existant de façon qu’il respecte les normes d’un établissement de soins de longue durée.

La Calgary Regional Health Authority a entrepris une étude importante des besoins actuels et futurs des anciens combattants en août 1996. Quinze mois plus tard, elle acceptait la recommandation voulant qu’il soit plus rentable de construire un nouveau bâtiment. La demande de financement et un plan détaillé de construction et de fonctionnement du nouveau centre de soins ont été présentés aux ministères de la Santé et des Travaux publics et des Approvisionnements et Services de l’Alberta en janvier 1998. Le plan prévoit 175 chambres privées pour répondre à la forte demande projetée. Des locaux sont aussi prévus pour répondre aux besoins des autres anciens combattants qui habitent dans la région; à savoir des programmes de jour, un centre de bien-être et des soins de relève. Selon les estimations, le nouveau centre pourrait fonctionner avec un budget à peine plus élevé que celui de l’établissement actuel et le budget supplémentaire de 1,2 million de dollars de la province.

La modernisation de l’établissement actuel perturberait beaucoup les anciens combattants et leurs familles. Il est tout probable que les anciens combattants devront être placés dans divers autres établissements pendant les travaux. Cela bousculerait leur habitudes et compromettrait leurs liens d’amitié existants, les plaçant dans un état de grande anxiété. Les anciens combattants auraient aussi à vivre deux déménagements, ce qui ajouterait à leur confusion et à leur stress et compliquerait les visites des familles. Par conséquent, il est dans l’intérêt des anciens combattants et de leurs familles, et aussi plus économique, de déménager le Centre Colonel Belcher dans un nouvel immeuble. Comme il faudra au moins trois ans, voire jusqu’à cinq ou six ans, pour aménager un nouveau centre pour anciens combattants, à compter du moment où la province décidera de financer le projet,

  1. Le Sous-comité recommande que le ministre des Anciens combattants rencontre les ministres et fonctionnaires concernés de l’Alberta dès que possible afin de les convaincre de décider immédiatement de financer la construction d’un nouvel immeuble pour loger le Colonel Belcher Veterans' Care Centre.

La direction a établi ses priorités pour les trois prochaines années. Un faible pourcentage d’anciens combattants occupent des lits électriques; s’il y en avait davantage, cela rendrait la vie plus agréable à ceux qui sont capables de les faire fonctionner, tout en réduisant la charge de travail du personnel. L’éducation du personnel est encore plus pressante. Il est difficile de recruter des aides-infirmiers : un cours très élémentaire de six semaines coûte de 3 000 $ à 4 000 $, mais le travail ne rapporte que de 8 $ à 10 $ de l’heure. Il y a un urgent besoin d’offrir une formation sur place, mais il faudrait du temps et des ressources pour mettre au point les programmes de formation requis. Il faudrait un travailleur social à temps plein plutôt qu’à temps partiel pour travailler avec les anciens combattants et leurs familles.

  1. Le Sous comité recommande que le ministère des Anciens combattants aide à concevoir et à mettre en oeuvre un programme de formation approprié pour le personnel du Colonel Belcher Veterans' Care Centre et qu’il fournisse des fonds additionnels pour acheter des lits électriques et obtenir une aide accrue d’un travailleur social.

 

Deer Lodge, Winnipeg (Manitoba)

Le gouvernement fédéral a transféré l’administration du centre Deer Lodge à la province du Manitoba en 1983, réservant 150 lits prioritaires pour les anciens combattants. Construit en 1989, le présent complexe comprend un nombre total de 406 lits (porté par la suite à quelque 450), dont 155 sont désignés d’accès prioritaire pour les anciens combattants. Un des grands objectifs du Centre était d’offrir un programme spécialisé permettant de maintenir les personnes âgées à domicile tout en offrant différents programmes de jour, d’hébergement temporaire et de soins de longue durée.

Deer Lodge a été conçu comme un petit village autonome pourvu d’une attrayante « avenue principale » où se rendent naturellement les résidents pour obtenir des services et participer à des activités. Les locaux sont bien aménagés et dégagent une atmosphère chaleureuse. Dans la section des anciens combattants, les résidents occupent des chambres individuelles. La grande majorité (environ 82 p. 100) souffrent de troubles cognitifs et la plupart se déplacent en fauteuil roulant. Les corridors ne sont pas encombrés par du matériel entreposé et des fauteuils roulants comme c’est le cas dans les établissements plus vieux où ils constituent un danger : les chambres ont été conçues pour recevoir de l’équipement moderne et pour pouvoir garer des fauteuils roulants.

Le Centre a une particularité que les membres du Comité voudraient voir étendue à tous les établissements pour anciens combattants — des chambres conçues pour accueillir des couples. Il s’agit de suites avec des aires séparées pour les lits. Selon la direction, il serait plus pratique que l’accès aux chambres se fasse par une porte commune. Chaque conjoint nécessitant probablement des soins différents, il faudrait que, dans les établissements à niveaux multiples, ces chambres soient aménagées dans l’unité des soins prolongés. La visite a toutefois permis de relever deux problèmes.

Les salles de bain dans l’aire réservée aux anciens combattants sont vétustes, inefficaces et ne protègent pas la vie privée des utilisateurs. Pour permettre aux anciens combattants en fauteuil roulant de prendre un bain en tout confort, il faudrait que les bains soient accessibles sur trois côtés au moins et permettent de passer facilement du fauteuil roulant au bain. Il faudrait que chaque bain soit installé dans une salle séparée assez grande pour recevoir une toilette et un lavabo.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants contribue à défrayer les coûts de rénovation des salles de bains dans l’aile des anciens combattants de Deer Lodge.

La circulation de l’air à Deer Lodge doit être améliorée. Les plafonds voûtés, ajoutés aux passages bas dans les murs de séparation entravent la circulation de l’air frais et piègent l’air vicié dans les chambres et les bureaux. La meilleure solution au problème doit venir des architectes et des spécialistes du conditionnement de l’air mais il y aurait sans doute lieu d’éviter la pose de plafonds suspendus qui, en cas de feu, auraient pour effet de rabattre la fumée dans les corridors. Quelle que soit la solution retenue, le ministère des Anciens combattants doit s’assurer qu’elle améliore la qualité de l’air et ne menace pas la sécurité en cas d’urgence.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants prenne des mesures immédiates pour améliorer la qualité de l’air à Deer Lodge et exige que toute solution retenue ne compromette pas la sécurité des anciens combattants en cas d’urgence.

Les anciens combattants et leurs familles qui ont rencontré le groupe de travail ont été unanimes sur un point. Jusqu’à l’automne 1998, la qualité des soins à Deer Lodge était considérée au bas mot excellente, et certains estiment qu’elle ne peut être améliorée davantage. Le Centre est en fait considéré comme le meilleur de la région et la liste d’attente est longue de ceux qui voudraient y résider. Cette situation a changé pour le pire à l’automne 1998.

En 1998, l’administration régionale de la santé a décidé qu’il serait plus économique de sous-traiter les services de préparation des repas dans les hôpitaux et les foyers de soins infirmiers plutôt d’en confier la tâche ou la sous-traitance à chaque établissement. Cela s’est traduit par une baisse soudaine de la qualité des repas et, par conséquent, du moral des anciens combattants et de leurs familles. Les membres du Sous-comité ont reçu une pétition signée par 1 600 personnes concernant la qualité de la nourriture qui, selon les anciens combattants, n’est jamais servie à la bonne température ou est toujours insipide. Les plats ont tous la même goût ou la même texture. Parfois, la viande et les rôties sont si dures qu’on ne peut les avaler. Cela aurait rendu un résident très malade selon son épouse. Elle a présenté au Sous-comité une tranche pétrifiée de boeuf qu’on aurait servie à son mari. Selon certains, la nourriture est si mauvaise qu’ils ne mangent que très rarement leurs repas, ce qui a été confirmé par des rapports de perte rapide de poids, et la direction a admis qu’elle avait dû acheter d’autres balances pour pouvoir peser les résidents plus souvent.

Pas étonnant alors de voir la grande amertume des familles devant le traitement qu’on réserve au chapitre de la nourriture à des hommes qui ont servi leur pays et dont certains ont subi la torture aux mains de l’ennemi. La plupart des anciens combattants doivent payer leur nourriture, ce qui ajoute l’insulte à l’injure. Mais, qu’il doive ou non payer un per diem, l’ancien combattant est soumis à ce traitement alimentaire jusqu’à la fin de ses jours. Selon les anciens combattants, ces changements ont été introduits pour économiser de l’argent, et ils ont demandé : « Comment pouvez-vous économiser de l’argent quand la plus grande partie de ce que vous servez va à la poubelle? » Ils ont aussi demandé comment se faisait-il que, si « la Popote roulante » pouvait servir des repas décents à domicile, les hôpitaux et les établissements de soins de santé de Winnipeg ne pouvaient y arriver. Ce sont là des questions très pertinentes à poser à l’administration régionale de la santé qui a choisi d’adopter ce système de préparation des repas.

Les anciens combattants et leurs familles estiment en général que le personnel est suffisant, mais ils soulèvent certaines questions. Des employés ont confié à des parents que le nouveau système exige tellement de travail qu’ils ont peu de temps à consacrer aux anciens combattants. À cet égard, l’épouse d’un résident a minuté cinq employés au cours d’un déjeuner du dimanche pour constater qu’il leur fallait 25 minutes pour servir 13 repas. L’épouse d’un autre résident a aussi raconté que lorsqu’un patient s’était plaint de douleurs à la poitrine, une infirmière est venue mais n’a pu rester longtemps parce qu’elle devait aider des résidents en fauteuil roulant à se rendre au réfectoire pour le souper. Elle est restée avec son mari, et il lui a semblé qu’il n’y avait pas de personnel sur l’étage cette nuit-là.

Les membres du Sous-comité étaient préoccupés par le problème du service des repas quand ils ont rencontré la direction. Ils ont débuté la rencontre par un repas, le même que celui servi aux résidents. La qualité de la nourriture était épouvantable : la soupe (à quoi, difficile à dire) était tiède et indigeste, le sandwich et le petit pain étaient froids, et l’eau du thé était à peine assez chaude pour infuser le sachet.

La direction vérifie la qualité de la nourriture servie et recueille les commentaires des résidents et des employés — la réaction des résidents a fait pleurer des employés. La nourriture est préparée et cuite par le Riverview Health Centre situé à proximité, et non par un organisme de Toronto comme le pensaient certains anciens combattants. Le fournisseur a fait des changements, et certains sont d’avis que la qualité des mets réchauffés s’est en fait améliorée légèrement.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants intervienne directement auprès de la province du Manitoba et du traiteur pour que ce dernier améliore la qualité des repas servis aux anciens combattants à Deer Lodge.
  2. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants aide la direction de Deer Lodge à former son personnel dans les techniques de manipulation des repas réchauffés.

Les membres du Sous-comité, les dirigeants et les représentants du ministère présents ont toutefois convenu qu’il fallait que toute décision concrète visant à améliorer la nourriture soit prise lors de la réunion des membres du groupe de travail avec les anciens combattants et leurs familles.

Plusieurs mesures immédiates ont été envisagées pour améliorer les repas. La plus prometteuse visait à améliorer immédiatement le petit déjeuner parce que les anciens combattants n’avaient rien mangé depuis la veille. Les rôties trop dures à mastiquer pourraient être remplacées par des petits pains et des muffins. La petite cuisine attenante à chaque salle pourrait être utilisée davantage. Des bénévoles et des parents, par exemple, pourraient aider les employés à organiser un club du petit déjeuner et du brunch, dont le but serait de permettre aux résidents intéressés de préparer leur propre petit déjeuner sous surveillance. La présentation des repas pourrait aussi être modifiée : à la suggestion du Conseil des anciens combattants, on pourrait réduire le nombre de plats que les résidents ont à ouvrir et à déballer à chaque repas. Il n’est pas nécessaire d’emballer d’avance les portions de lait, de jus, de thé et de café servies sur les plateaux; ces portions peuvent être servies rapidement en utilisant des contenants de grand format. Au lieu de réchauffer chaque plateau, on pourrait améliorer certains aliments du petit déjeuner, comme le gruau et les oeufs brouillés, en les réchauffant en grande quantité et en les brassant avant de les servir.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants et ses représentants sur place continuent d’aider la direction de Deer Lodge à trouver et à mettre en pratique des solutions à court terme pour améliorer la qualité des repas.

 

Parkwood Hospital,

London (Ontario)

L’hôpital Parkwood a été choisi en 1980 pour fournir en sous-traitance 200 lits de soins chroniques et a ouvert en 1989 l’aile Western Counties pour fournir des soins prolongés à 170 autres anciens combattants. En 1997, les deux installations ont été réunies pour former le St. Joseph’s Health Centre. Sur le terrain de l’hôpital et de l’aile Western Counties se trouve un mini-golf thérapeutique de neuf trous, le Veterans’ Memorial Park qui sera relié aux terres humides et boisés environnants par un réseau de sentiers. Le parc comprend déjà un monument, un mur du Souvenir et un bosquet de cerisiers japonais ainsi que des plates-bandes fleuries.

L’hôpital Parkwood est un établissement moderne bien aménagé, mais il reste que c’est un hôpital. Il n’y a pas de « rue principale » dans l’aile des anciens combattants, et aucun effort n’a été fait pour aménager l’entrée en « agora » ou en centre-ville naturel. Qu’ils vivent dans l’hôpital ou dans l’aile des anciens combattants, la plupart des patients (hôpital) et des résidents (aile des anciens combattants) occupent des salles de quatre lits. Le complexe se distingue par sa gamme extraordinaire de services et d’équipements de loisir qui comprennent une allée de quilles, un jeu de galets, des exerciseurs et des ateliers d’artisanat, d’ébénisterie et de tissage à l’intérieur, ainsi qu’un mini-golf extérieur. Il comprend également un grand auditorium. Pour une raison inconnue, le poste infirmier de l’unité de soins pour déments est entouré de murs trop hauts pour exercer une surveillance en position assise, ce qui isole complètement le préposé des patients et rend très difficile toute forme d’intervention spontanée. Le long et large corridor commence au poste infirmier et se termine sur la porte qui donne sur un très joli patio fermé. Les patients ont tendance à se rendre au bout du corridor où ils essaient les uns après les autres d’ouvrir la porte verrouillée donnant sur le patio, ou ils se rassemblent sans raison dans la salle immédiatement à la droite. Des modifications relativement mineures permettraient d’ajourer le poste infirmier et de le rendre plus accueillant, et on pourrait modifier la circulation dans le corridor en encourageant les patients à déambuler en décrivant un cercle.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants aide l’hôpital Parkwood à rendre la section des cas de démence plus accueillante et plus fonctionnelle.

L’hôpital Parkwood est un des rares établissements à niveaux multiples qui se soit attaché à résoudre le problème de l’évacuation des grabataires par les cages d’escalier, c’est-à-dire vers le bas, ainsi que celui de l’évacuation à l’horizontale pour mettre temporairement les patients à l’abri derrière une porte coupe-feu sur le même étage. À cette fin, on a acheté quelques « EvacuSleds » (civières de sauvetage) qu’on range sous le matelas d’un lit jusqu’à ce qu’on en ait besoin. En cas d’urgence, on attache le patient au matelas, on fait glisser la civière, le matelas et le patient d’un seul tenant sur le plancher pour ensuite les mettre à l’abri. Munie de roulettes, la civière est facile à déplacer sur différentes surfaces de plancher, ainsi que dans les escaliers. Même si on peut la faire basculer vers le haut pour passer une porte, le fait qu’elle est conçue pour déplacer un matelas de dimensions normales en fait un dispositif très encombrant et difficile à manoeuvrer dans les espaces exigus.

L’hôpital Parkwood a mis au point un système unique de « cartes-fiches » qui permet de s’assurer que les patients et les résidents ne reçoivent pas, lors d’événements sociaux, des aliments ou des boissons qui présentent des dangers pour eux. Les employés ont dénombré environ 700 événements par année où on sert à manger et à boire. Auparavant, les préposés ne disposaient d’aucun moyen pour savoir si des restrictions alimentaires s’appliquaient à la personne servie. La solution a été une carte d’identité du patient réutilisable portant en outre les renseignements suivants : unité, restrictions alimentaires et allergies, et substituts aux aliments et boissons non recommandés. La carte est exigée pour toutes les activités de groupe sur place où on sert à boire et à manger, pour toutes les activités à l’extérieur, et elle est disponible pour les sorties personnelles. Le Sunnybrook Health Science Centre (maintenant appelé Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre) a décidé récemment d’adopter la « carte-fiche ».

La rencontre avec les anciens combattants a porté sur la qualité des repas qui sont réchauffés, ainsi que sur le manque de personnel à l’heure des repas. Un ancien combattant a immédiatement qualifié la nourriture d’ « épouvantable », se plaignant qu’elle n’était jamais fraîche et qu’elle semblait artificielle, et un autre a dit que « la nourriture ici, vous ne la mangeriez pas ». Les oeufs, qu’ils soient servis brouillés ou à la coque, et les rôties du petit déjeuner ont été particulièrement critiqués. Quant aux autres repas, certains anciens combattants ont dit que les légumes étaient trop cuits et se sont plaints qu’il était trop difficile de faire éliminer les aliments peu appréciés du menu.

La conclusion selon laquelle les repas à l’hôpital Parkwood sont au mieux passables est confirmée par un sondage indépendant mené auprès des patients et des résidents. Une faible majorité des répondants ont évalué la qualité de la nourriture comme bonne; plus du tiers, comme passable à mauvaise; et à peine plus du dixième, comme excellente. Ce sondage indique clairement qu’il faut poursuivre les efforts pour améliorer la qualité des repas.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants encourage fortement l’hôpital Parkwood à passer d’un service de repas servis sur des plateaux à un service de table dans l’aile Western Counties, et à envisager d’en faire autant à l’hôpital même.

Les anciens combattants se sont plaints du manque de personnel à l’heure des repas pour les aider à déballer les contenants et à tailler leur viande. Ils ont souligné en particulier le travail des bénévoles, affirmant que, sans cette aide de l’extérieur, il serait en « piteux état ». Autant les anciens combattants que leurs familles ont dit avoir l’impression d’un manque d’uniformité dans la prestation des soins. Il semble qu’ils ont toujours affaire à une infirmière ou à un aide-infirmier différent.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants collabore avec la direction et le personnel de l’hôpital Parkwood pour qu’on offre plus de soutien à l’heure des repas et qu’on stabilise davantage l’effectif des préposés aux anciens combattants.

Les épouses des anciens combattants se sentent appuyées par le personnel et se disent confiantes de la qualité des soins prodigués à leur mari. On les invite à demander de l’aide si elles en ont besoin ou à demander à rencontrer le personnel préposé à chacun des anciens combattants.

La visite de l’hôpital et de l’aile des anciens combattants, ainsi que la rencontre avec les anciens combattants et leurs familles ont clairement démontré aux membres du groupe de travail que les anciens combattants et leurs familles entretiennent de bons rapports sur le plan professionnel avec le personnel et la direction. L’atmosphère n’est toutefois pas très chaleureuse et certains anciens combattants ont dit craindre que les fonds du Ministère destinés au St. Joseph’s Centre, dont l’Hôpital Parkwood fait partie depuis 1997, soient utilisés à d’autres fins.

La direction de l’Hôpital Parkwood a fait de grands efforts pour répondre aux questions des membres du groupe de travail : elle a distribué un cahier d’information contenant les réponses au questionnaire que nous lui avions adressé, répondu aux questions posées au cours de la rencontre et fait parvenir la documentation additionnelle demandée.

Le Programme des anciens combattants est très complet. Il comprend au départ un compte rendu sur film des expériences personnelles que certains anciens combattants ont vécues à la guerre et de la signification de ces expériences pour eux. Ce vidéo sert à sensibiliser les nouveaux employés aux traumatismes uniques qui ont fait des anciens combattants des handicapés et qui ont altéré leur personnalité.

La recherche financée par la Parkwood Hospital Foundation sert à soutenir les divers volets du programme. Le personnel reçoit régulièrement de la formation basée sur cette recherche; l’objectif est de pouvoir interpréter, traiter et modifier les problèmes de comportement qui se posent couramment dans les établissements de soins de longue durée : agression, confusion, résistance aux soins, etc. La recherche vise également à trouver de meilleures méthodes pour contrôler la douleur chronique qui peut empoisonner la vie des personnes âgées. L’hôpital envisage aussi d’aménager des espaces extérieures thérapeutiques pour les patients atteints de démence. Les patients et les résidents atteints de troubles cognitifs, ainsi que leurs familles, ont été mis à contribution dans la planification du réaménagement du jardin protégé auquel ils ont accès. Il est intéressant de noter toutefois que la documentation sur le programme de gestion des régimes pour dysphagiques ne contient aucune mention sur les travaux en cours menés à Sainte-Anne-de-Bellevue pour donner aux aliments modifiés la forme, la couleur et l’aspect de l’aliment original.

L’hôpital Parkwood ne peut offrir qu’une aide limitée aux 50 et 60 épouses et familles qui doivent parcourir de grandes distances pour visiter les anciens combattants qui sont résidents ou patients. L’ancien combattant et son épouse peuvent séjourner un ou deux jours dans l’Independent Living Unit, un logement autonome aménagé sur les lieux. L’hôpital offrira également à l’épouse d’un ancien combattant qui se meurt un lit pliant dans un espace tranquille. On envisage une solution innovatrice consistant à loger une épouse de l’extérieur chez une autre conjointe d’un ancien combattant qui vit dans la région et qui est prête à l’accueillir. Cette solution réduirait le coût de sa nuitée et aiderait à établir une relation entre elle et la famille d’un autre ancien combattant.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants incite l’hôpital Parkwood à expérimenter un projet visant à loger les visiteurs de l’extérieur chez des conjoints de la région qui sont prêts à les accueillir.

 

Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre,

Toronto (Ontario)

Le groupe de travail est retourné au Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre et a appris avec plaisir, et de la direction et des anciens combattants, que les recommandations du premier rapport avaient été promptement appliquées. Puisque trois patients sont morts dans un incendie en juin 1997 et qu’un autre est décédé peu après avoir été retrouvé par terre puis remis dans son lit, le premier rapport s’était concentré sur la sécurité.

Lorsque nous avons rencontré la direction du Sunnybrook, le nouveau système d’extincteurs automatiques pour l’aile Kilgour de soins prolongés (aile K), scène de l’incendie, avait été installé et faisait l’objet d’un dernier essai. D’autres mesures étaient également en voie d’application pour améliorer la sécurité de l’aile. L’unité de soins pour patients atteints de troubles cognitifs a soumis un projet d’établissement d’une unité pour troubles de comportement à l’intention des patients qui, souffrant de démence, sont agressifs à l’égard des autres résidents, du personnel ou des visiteurs. Environ 5 p. 100 des déments connaissent des explosions régulières d’agression physique et ont intérêt à être traités dans un environnement sûr mais familial par du personnel spécialisé. Lorsque l’unité spéciale sera construite, le traitement distinct de ces patients — presque tous des hommes — augmentera la sécurité et le confort des autres personnes atteintes de démence et de leurs visiteurs, de même que la protection des employés et des bénévoles.

L’aile Kilgour et les salles qu’elle abrite n’ont pas été conçues pour des patients qui nécessitent de l’aide et des soins croissants et dont la plupart dépendent de tricycles ou de fauteuils électriques pour se déplacer. Comme les chambres sont trop petites pour entreposer l’équipement, celui-ci doit être laissé dans les corridors où il constitue un réel danger en cas de feu ou d’autres urgences exigeant l’évacuation rapide de l’aile.

L’hôpital a l’intention de moderniser l’aile K et s’emploie à réduire, de 43 à 37, le nombre des lits dans chacune des neuf unités de soins. Les chambres à quatre lits en contiendront désormais trois, ce qui permettra d’agrandir les toilettes pour accommoder les fauteuils roulants et de fournir plus d’aires d’entreposage. Le réaménagement du poste et l’élimination de la salle de conférence et de bureaux libérera de l’espace pour une salle à dîner/d’activités avec cuisinette et pour d’autres rangements dans les chambres simples ou doubles. Deux salles de douche et une salle de bain distincte remplaceront les actuelles douches et chambres de bain encombrées et désuètes.

Le groupe de travail a visité la première des neuf unités qui seront rénovées pour un peu moins de 700 000 $ chacune. Les travaux ont énormément amélioré la sécurité et donné un cachet plus familial et plus agréable, tant pour les bénéficiaires que pour les employés. La rénovation des chambres et des salles de bain ajoute au confort des résidents et rend les soins plus faciles à dispenser. Toutefois, à cause des restrictions financières, l’hôpital ne peut rénover qu’une unité par année, ce qui signifie un délai d’encore sept ans avant la conclusion du projet.

Sunnybrook a réévalué ses plans d’évacuation et, ce faisant, l’hôpital a testé divers appareils comme l’EvacuSled et la chaise EVAC. Malgré le potentiel de l’EvacuSled, la technique a été jugée beaucoup plus lente pour une évacuation latérale que la traditionnelle méthode de la couverture : à l’aide d’une couverture, un patient a été déplacé en un endroit sûr avant que l’EvacuSled puisse sortir de la chambre, et une unité de 40 lits a été vidée en 17 minutes. L’évacuation verticale dépend encore de l’arrivée des policiers et des pompiers dans les huit minutes, mais une version améliorée de l’EvacuSled serait reconsidérée. Pour aider à l’évacuation, les agents de sécurité de l’hôpital ont été pourvus de respirateurs qui leur permettent de continuer à travailler.

Sunnybrook est en train d’élaborer, pour la formation du personnel, des lignes directrices en cas de chute d’un résident. Avant d’en arrêter la version définitive, on s’emploie actuellement à éprouver dans la réalité la troisième ébauche. On a également fait des progrès pour ce qui est de réduire les risques, dans les cas de mises à pied, que du personnel expérimenté dans le traitement des personnes âgées ne soit évincé par des employés plus anciens mais n’ayant aucune formation spécialisée ni expérience en gérontologie. La nouvelle convention syndicale stipulera que seuls les employés ayant le moins d’ancienneté peuvent perdre leur place, ce qui empêchera une cascade de changements comme ce fut le cas en 1997. Une formation spéciale pour les cas de démence devrait maintenant être disponible au niveau local et, avec le temps, on espère qu’une telle formation ou son équivalent devienne une qualification essentielle pour le travail dans les unités réservées aux déments.

Les membres du Conseil des anciens combattants ont signalé que, d’après eux, le personnel du centre de santé faisait, malgré les compressions, un « excellent » travail auprès des anciens combattants. Même si les niveaux de dotation dans l’aile Kilgour n’ont pas augmenté, les ratios employé-patient s’amélioreront à mesure que les unités seront réaménagées. On a également enregistré des progrès dans la prestation de lits électriques pour les patients susceptibles d’en profiter.

Le direction du Centre des sciences de la santé, Anciens combattants Canada, et le Conseil national des associations d’anciens combattants ont été applaudis pour avoir su protéger les intérêts des anciens combattants au moment de négocier la composition des structures régulatrices et des grands programmes des hôpitaux fusionnés. Ainsi, la Loi sur la fusion a prévu la formation d’un comité d’anciens combattants et imposé à l’hôpital de respecter les engagements pris envers les anciens combattants. La Loi a habilité Anciens combattants Canada à nommer deux membres au conseil d’administration, dont l’un doit occuper la présidence du Comité des anciens combattants.

Le Conseil des anciens combattants a également souligné que la qualité des repas réchauffés s’était améliorée à un tel point que certains les jugeaient supérieurs aux repas produits par les cuisines de Sunnybrook. La qualité et la variété des repas étaient satisfaisantes, les aliments chauds étaient chauds et les froids étaient froids. Le problème des rôties, le matin, a fini par se régler lorsque des adjoints ont entrepris de les cuire sur commande pour chaque étage.

Les principales priorités du Conseil des anciens combattants ont trait à la sécurité : hâter l’établissement de l’unité spéciale pour troubles de comportement à l’intention de huit ou dix patients qui ne peuvent être gardés en sécurité dans les salles de soins généraux; accélérer la rénovation des salles pour réduire le danger que pose l’accumulation de matériel dans les corridors. Le Sous-comité en arrive à la conclusion que, pour des raisons de sécurité, ce travail doit être effectué rapidement. Étant donné que le raccourcissement du calendrier des travaux réduira les coûts de ces projets et que les ratios employé-patient s’amélioreront lorsque les unités réaménagées ouvriront, le Sous-comité croit qu’Anciens combattants Canada devrait chercher des moyens de fournir une aide financière.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants veille à ce que le Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre puisse réaliser sans délai l’établissement de l’unité de soins pour troubles de comportement et la modernisation de l’aide Kilgour.

D’après le Conseil des anciens combattants, les niveaux d’effectifs à l’heure du souper et la nuit dans l’aile Kilgour demeurent un problème, le manque de personnel étant particulièrement aigu au souper. Pour améliorer la situation, une organisation d’anciens combattants a offert de payer du personnel supplémentaire, solution qui n’a pu être retenue car la convention collective stipule que, si l’on fait appel à des employés à temps partiel, ces derniers doivent être payés pour au moins quatre heures de travail à 16 $ l’heure. La modernisation accélérée des salles finira par atténuer le problème mais, dans l’intervalle, il devrait être possible de prendre d’autres dispositions. Par exemple, les organisations d’anciens combattants oeuvrent auprès des patients, remplaçant les parents absents qui ont toujours eu le droit de fournir aux membres de leur famille les services privés de préposés. Les syndicats seraient peut-être disposés à permettre qu’une organisation d’anciens combattants ait des préposés qui aident à nourrir certains anciens combattants.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants trouve des moyens de fournir aux anciens combattants de l’aile Kilgour, au Sunnybrook and Women’s College Health Sciences Centre, les services d’un personnel supplémentaire à l’heure du souper.

 

Centre de santé Perley-Rideau pour anciens combattants,

Ottawa (Ontario)

Les anciens combattants ont commencé à emménager dans le nouveau Centre de santé Perley-Rideau pour anciens combattants en 1995. Au début des années 90, il est devenu évident que le vieux Foyer Rideau pour anciens combattants et le Centre médical de la défense nationale ne parviendraient pas à satisfaire les besoins futurs des anciens combattants dans la région d’Ottawa et de l’Ouest québécois. En 1992, Anciens combattants Canada, le ministre ontarien de la Santé et l’hôpital Perley, unité locale pour maladies chroniques, ont convenu de construire un centre de soins moderne pour remplacer les services hospitaliers et les soins de longue durée fournis par l’hôpital Perley et le foyer Rideau. Le gouvernement fédéral a assumé la part du lion des coûts de construction, soit 36 millions de dollars, la province a fourni 19,5 millions et l’hôpital Perley, 9,5 millions. En mai 1993, l’Ontario approuvait, pour le centre de santé proposé, un budget de fonctionnement annuel de 31,5 millions, en précisant toutefois que ce montant ne serait pas augmenté tant que les coûts de fonctionnement d’installations semblables ne l’auraient pas atteint.

Perley-Rideau figure parmi les complexes pour anciens combattants les plus modernes que le groupe ait visités. le Centre, situé aux abords d’Ottawa, a été conçu pour ressembler à une petite communauté par le groupement des principaux services près de l’entrée et le long d’une « rue principale ». Il compte 450 lits dont 250 réservés en priorité aux anciens combattants, et peut fournir trois sortes de soins : soins prolongés (285 lits), approches spéciales (145 lits) et service de relève (20 lits).

Lorsque le groupe a visité Perley-Rideau en juin 1998, les anciens combattants, leur famille et la direction étaient encore sous le choc des compressions en cours dans leur financement provincial et fédéral.

En 1996, l’Ontario a arbitrairement enlevé le statut d’hôpital au Centre Perley-Rideau, en vertu de la Loi sur les hôpitaux publics, pour le reclassifier comme « établissement de bienfaisance ». Or, ce reclassement entraînait une radicale diminution des fonds provinciaux, soit de 187 $ par résident par jour, en 1996, à un total quotidien prévu de 94 $ par résident, en 2003, la réduction devant être répartie également sur les années intermédiaires. le financement des coûts d’exploitation de 175 lits par le gouvernement fédéral étant lié, en vertu de l’entente de transfert, à la contribution provinciale, il était lui aussi appelé à diminuer.

La direction et le conseil d’administration ont fait tout ce qu’ils ont pu pour contester la perte du statut d’hôpital et des fonds qu’elle entraîne. Les réductions de la première année n’ont pas eu d’incidence majeure sur les anciens combattants, mais celles de la deuxième année (1998) a comporté des compressions de personnel. Les plans pour 1999 et les années subséquentes réduiront les soins infirmiers directs, changeront le personnel infirmier professionnel pour des soignants moins qualifiés, entraîneront des mises à pied parmi les professionnels non infirmiers, réduiront les montants dépensés pour la nourriture, etc.

Ayant échoué dans ses appels au ministre provincial de la Santé, le conseil d’administration n’a vu d’autres solutions que de recourir aux tribunaux pour faire respecter l’entente ou « contrat » de mai 1993. Au moment de la rencontre de juin 1998, le refus du gouvernement fédéral de se joindre à la poursuite en tant que partie intéressée n’avait fait qu’accroître la colère et la frustration.

Les compressions se reflétaient déjà sur la vie des anciens combattants du Centre. D’après ces derniers et leur famille, le personnel était très peu nombreux à l’heure du lunch et les fins de semaine. Le manque d’employés au moment des repas signifiait que certains résidents ne pouvaient finir de manger, et une épouse a affirmé que son mari s’alimentait très peu lorsqu’elle ne pouvait venir le nourrir. D’autres épouses passaient de plus en plus de temps à surveiller leur conjoint et certaines familles, dans l’impossibilité de faire de même, avaient engagé des aides personnels. La pénurie d’effectifs et le découragement avaient également entraîné l’annulation de certaines activités et le retard de quelques autres. Les bénévoles de Perley-Rideau — l’équivalent d’environ 15,5 employés à plein temps — travaillaient si fort qu’on s’inquiétait de les voir abandonner pour cause d’épuisement.

Les changements constants de personnel désorientent et démoralisent les anciens combattants et leur famille, et ce, surtout dans les sections pour patients atteints de démence. Selon les familles, des soignants aimés disparaissent des salles ou sont réaffectés. La plupart du temps, ils ne sont pas remplacés ou alors par des étrangers moins compétents.

Jusqu’à maintenant, la direction et le personnel du Centre Perley-Rideau ont fait un travail exceptionnel pour s’ajuster aux compressions et en réduire au maximum l’incidence sur les anciens combattants. Le groupe de travail est bien conscient du défi à relever. Le Sous-comité ne doit pas oublier que le tribunal a été saisi de la question du financement provincial au Centre Perley-Rideau, mais le bien-être des anciens combattants qui y vivent lui dicte les recommandations suivantes :

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants rencontre régulièrement le conseil et la direction du Centre de santé Perley-Rideau afin de revoir les plans établis par ce dernier pour faire face à la crise découlant des compressions financières. Il recommande en outre que le Ministère offre de faire tout en son pouvoir pour atténuer l’incidence des compressions.
  2. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants veille à ce que l’argent qu’il épargne et épargnera en raison de la réduction des contributions quotidiennes aux coûts de fonctionnement du Centre Perley-Rideau soit remis au Centre de façon à avantager directement les anciens combattants.
  3. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants s’assure que le conseil et la direction du Centre de santé Perley-Rideau connaisse et respecte la responsabilité du Ministère pour ce qui est de garantir aux anciens combattants un niveau approprié de soins, quelles que soient les normes provinciales.

 

Camp Hill Hospital,
Halifax (Nouvelle-Écosse)

Planifié et rapidement érigé en 1917, le premier Camp Hill Hospital était une structure « temporaire » qui a subsisté jusqu’à la construction d’une nouvelle installation de 250 lits en 1948. En 1978, le ministère des Affaires des anciens combattants et la Nouvelle-Écosse ont pris des dispositions pour que la province accepte de s’occuper de l’hôpital et de fournir 285 lits d’accès prioritaire en retour d’une substantielle contribution fédérale pour éponger les coûts d’un nouveau complexe hospitalier. La construction d’un nouvel hôpital de soins actifs a commencé à la fin de 1981 et, en 1987, les anciens combattants emménageaient dans son Veterans Memorial Building.

Camp Hill compte 175 lits réservés en priorité aux anciens combattants. Ceux que le groupe a interviewés étaient très satisfaits du niveau de soins qu’ils recevaient. À noter en particulier que la direction n’accepte pas les arguments économiques et autres justifiant le recours à la remise en température des aliments. Les anciens combattants sont, deux fois par mois, encouragés à dîner avec des amis ou des membres de la famille dans un restaurant situé dans l’hôpital.

Le groupe de travail a été impressionné par l’importance que l’hôpital accorde à aider les anciens combattants à demeurer à la maison le plus longtemps possible. L’hôpital dirige un centre gériatrique pour relever les personnes qui dispensent des soins à domicile, et la direction essaie de trouver du financement supplémentaire pour de la recherche sur les soins ambulatoires et les services à domicile.

L’hôpital a conçu un certain nombre de produits innovateurs pour aider les personnes âgées et handicapées. Toutes les personnes âgées, ainsi que leur famille et les intervenants, craignent les chutes et les fractures de la hanche. Dans les meilleures des conditions, une hanche cassée prend beaucoup de temps à guérir, et le patient doit se soumettre à un physiothérapie intensive pour recouvrer sa mobilité. Souvent toutefois, une hanche fracturée guérit mal et entraîne une invalidité permanente. C’est pourquoi tout produit susceptible de réduire le risque de fracture constitue une importante percée. L’hôpital Camp Hill a développé un « protège-hanche » que la personne peut porter sous ses vêtements. Jusqu’à maintenant, les patients munis de ce protecteur ont signalé 80 chutes sans une seule fracture. Une autre idée qui nécessite des fonds de développement est l’ouvre-boîtes maniable d’une main pour ceux vivent à la maison.

Le Sous-comité croit que l’hôpital Camp Hill devrait être encouragé à poursuivre la conception de services ambulatoires et de produits améliorés au profit des anciens combattants.  

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants propose de financer et d’appuyer la recherche de l’hôpital Camp Hill pour des soins ambulatoires améliorés et qu’il offre des fonds de recherche et développement pour la mise au point de « protège-hanche » et autres appareils novateurs.

Par ailleurs, les membres du groupe s’interrogent sur les plans d’évacuation de l’hôpital en cas d’urgence et estiment qu’ils devraient être revus.

  1. Le Sous-comité recommande que le ministère des Anciens combattants et la direction de l’hôpital Camp Hill revoient les plans d’évacuation de l’hôpital.

 

Hôpital Sainte-Anne,

Sainte-Anne-de-Bellevue (Québec)

Le Sous-comité a relaté sa visite à l’hôpital Sainte-Anne dans son premier rapport et ne s’y est pas rendu de nouveau. Néanmoins, il tient à préciser le rôle que l’hôpital devrait jouer, non seulement pour ce qui est d’établir et de développer une norme de soins acceptables pour les anciens combattants (sujet traité dans le premier rapport), mais aussi pour réunir en un réseau les lits de tout le pays réservés en priorité aux anciens combattants. Plusieurs aspects militent en faveur du maintien de Sainte-Anne en tant que centre de ressource pour le réseau des lits prioritaires et en tant que centre d’excellence de soins gériatriques en général et du traitement des anciens combattants en particulier.

 

  • Le Sous-comité a été très impressionné par le personnel ministériel de l’hôpital Sainte-Anne et par la qualité des soins et des programmes spéciaux offerts aux anciens combattants.
  • L’hôpital entretient des liens étroits avec l’Université McGill, reconnue pour la solidité de sa recherche médicale et la qualité de son école de sciences infirmières.
  • L’hôpital, institution bilingue, est en mesure d’offrir en français et en anglais des services de recherche, des conseils et un appui.
  • L’hôpital est administré et financé par Anciens combattants Canada, contrairement aux autres hôpitaux comme Camp Hill, Sunnybrook et Parkwood qui ont des programmes de recherche gériatrique orientés vers les anciens combattants.

Les principaux problèmes de l’hôpital Sainte-Anne ont trait à la baisse du nombre de résidents et à la désuétude de ses salles. Le Sous-comité désire réitérer la recommandation formulée dans le premier rapport :

  1. Le Sous-comité recommande que le Ministère reporte indéfiniment le transfert de la responsabilité de l’hôpital Sainte-Anne à la province de Québec, qu’il modifie la loi pour permettre aux conjoints d’anciens combattants handicapés d’occuper les lits réservés aux anciens combattants et que l’hôpital Sainte-Anne soit graduellement modernisé à cette fin.

Tout en maintenant le contrôle de l’hôpital, Anciens combattants Canada devrait s’entendre avec le Québec pour admettre d’autres groupes étroitement liés aux anciens combattants, notamment les anciens combattants ayant servi seulement au Canada, et les membres de la collectivité susceptibles de profiter du traitement et des programmes spéciaux offerts par l’hôpital.


Haut de page