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AGFO - Comité permanent

Agriculture et forêts


Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 27 - Témoignages


OTTAWA, le jeudi 6 décembre 2001

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 8 h 34 pour examiner le commerce international des produits agricoles et agroalimentaires et les mesures à court et à long termes pour la santé du secteur agricole et agroalimentaire dans toutes les régions du Canada.

Le sénateur Leonard J. Gustafson (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Bonjour, honorables sénateurs. Nous sommes ici pour examiner le commerce international des produits agricoles et agroalimentaires et les mesures à court et à long termes pour la santé du secteur agricole et agroalimentaire dans toutes les régions du Canada. Nous sommes très heureux d'accueillir ce matin l'association des banquiers canadiens. Les agriculteurs ont toujours besoin du banquier. Nous sommes heureux d'échanger avec vous ce matin, et j'espère que l'échange ira dans les deux sens. Messieurs, soyez les bienvenus. Nous allons d'abord entendre votre exposé, puis passer à la période de questions.

M. Terry Campbell, vice-président, Politiques, Association des banquiers canadiens: Merci beaucoup, monsieur le président et sénateurs. Au nom de l'Association des banquiers canadiens, permettez-moi de vous dire que nous sommes heureux de l'occasion qui nous est donnée d'être ici aujourd'hui pour discuter avec vous. Il s'agit d'une question très importante, et nous en sommes conscients. Je m'appelle Terry Campbell et je suis vice-président, Politiques, à l'Association des banquiers canadiens. Je suis accompagné de M. Bob Funk, vice-président, Agriculture, Banque Scotia, et de M. Peter Kleinschmidt, directeur national, Agriculture et Agroalimentaire, Banque Royale. Nous allons présenter un très bref exposé dans l'espoir de passer assez rapidement à la période de questions et de réponses.

Permettez-moi de commencer par une déclaration toute simple - l'agriculture est très importante pour les banques du Canada. Elle représente une part considérable des activités de nos banques membres, soit près de 8 p. 100 de l'encours de leurs prêts aux entreprises. En outre, la proportion augmente. L'encours des prêts des banques membres au secteur agricole a régulièrement augmenté au cours des cinq dernières années, passant de 11 milliards de dollars en 1996 à près de 17 milliards de dollars aujourd'hui. Le crédit autorisé s'est également accru, atteignant plus de 23 milliards de dollars.

Notre participation globale au secteur agricole est peut-être encore plus révélatrice. Ces dix dernières années, le pourcentage de la totalité du crédit agricole canadien consenti par les banques a augmenté, passant de 39 p. 100 à 47 p. 100. Notre participation générale augmente.

Comme les membres du comité le savent bien, le secteur agroalimentaire du Canada traverse une période difficile et exigeante. Les banques ont changé en conséquence. Nous nous efforçons de répondre aux besoins de nos clients et de grandir avec eux. Les instruments de prêt intégrés, les prêts hypothécaires à multiples termes et les forfaits de produits ne sont que quelques-unes des innovations de l'offre de produits bancaires que nous nous efforçons d'offrir à nos clients du point de vue des services liés aux produits. Nous avons des directeurs de comptes mobiles, des services bancaires par Internet et des guichets automatiques bancaires installés dans des commerces de détail. Ce sont là des témoignages de la progression de nos services en fonction de la technologie et de l'évolution du niveau de vie et des besoins d'affaires de notre clientèle.

En outre, la façon dont nous évaluons les possibilités d'investissement dans l'agriculture change également. Certains des éléments d'actif les plus importants ne figurent jamais dans les livres comptables. Lorsque les banques évaluent le financement agricole, elles ne peuvent s'en tenir au bilan. Dans notre secteur agricole et agroalimentaire de plus en plus axé sur le savoir, les banques doivent aussi examiner la qualité de la gestion.

En plus de procurer un soutien considérable à l'agriculture, les banques du Canada continuent de jouer un rôle de premier plan au sein des collectivités rurales et des petites villes du Canada. Le secteur bancaire du Canada compte l'un des plus vastes réseaux de succursales du monde, soit 2,73 succursales par 10 000 habitants, ce qui se compare très favorablement à ce qu'on observe chez nos principaux concurrents. Aux États-Unis, le ratio est de 2,36 - soit nettement moins; au Royaume-Uni, il est de 2,18. Qui plus est, nous élargissons l'accès des clients aux services bancaires en augmentant les capacités des services bancaires par téléphone et par Internet de même qu'en établissant des relations bancaires interpersonnelles.

Le marché comporte des tendances et des enjeux importants qui nécessitent un dialogue parmi les intervenants. Nous sommes très heureux de ce dialogue. Au cours des dernières années, l'ABC a participé activement à ce dialogue. Chaque année, par exemple, nous rencontrons la ministre fédérale de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire afin d'échanger des idées, des impressions et des préoccupations sur le marché et la santé du secteur agroalimentaire canadien. À ces occasions et à d'autres échelonnées tout au long de l'année, nous rencontrons aussi régulièrement des représentants de groupes d'agriculteurs du pays.

Le débat d'aujourd'hui sur l'agriculture et ses perspectives constitue une part particulièrement importante de ce dialogue, et nous sommes très intéressés à y participer. Les audiences du comité ont un vaste mandat et portent sur un éventail d'enjeux importants. Vous avez sollicité, semble-t-il, les observations d'une grande diversité d'organisations spécialisées dans des domaines précis relevant de votre mandat. Notre champ d'expertise consiste à fournir des services financiers. Nous espérons que l'information et les perspectives que nous procurerons dans ce domaine seront utiles au comité dans le cadre de ses délibérations.

Sur ces quelques mots, permettez-moi de vous dire une fois de plus que nous sommes très heureux de l'occasion qui nous est donnée de discuter de cette question avec vous. Je vous invite à poser des questions, et nous attendons avec impatience d'échanger avec vous.

Le président: Merci de votre exposé. Vous avez fait allusion au service. Je suppose que vous savez bien que les agriculteurs se plaisent à entrer dans la banque et à demander à ce qu'on leur soumette tous les chiffres. Ils ne sont pas trop portés sur la carte verte, la carte bleue ni sur une quelconque autre carte. Ils aiment bien s'asseoir avec leurs banquiers. Ils aiment bien que ces derniers s'occupent de leurs déclarations de revenus, s'ils le veulent bien. La situation évolue rapidement.

Il y a eu une forte centralisation dans le secteur bancaire, et les agriculteurs s'en inquiètent beaucoup. En ce qui a trait au service bancaire, nous constituons probablement le dernier groupe à évoluer avec la société. Avez-vous remarqué le problème? Dans ma région, par exemple, de nombreux services bancaires sont désormais offerts à partir d'Edmonton ou de Regina, plutôt qu'à partir de la petite ville d'Estevan. Cette situation préoccupe notre groupe d'agriculteurs.

M. Campbell: Nous en sommes conscients. Permettez-moi de répondre à votre question en faisant intervenir deux ou trois dimensions différentes. Je vais d'abord vous brosser un portrait de la situation d'ensemble, puis nous allons nous intéresser de plus près à la situation au niveau des collectivités.

À propos de l'éventail et du réseau de succursales au Canada, il importe de ne pas oublier que le nombre de succursales a augmenté. Il y a aujourd'hui plus de succursales au Canada qu'il n'y en avait il y a dix ans et même il y a cinq ans. Il y a dix ans, le nombre de succursales se chiffrait à environ 7 300; elles sont aujourd'hui au nombre d'environ 8 300. Leur nombre va grandissant.

Par habitant, nous devançons nos concurrents des États-Unis et du Royaume-Uni, et nous ajoutons régulièrement de nouveaux modes de prestation de services à nos clients. Il y a le volet électronique, nous nous efforçons donc d'offrir aussi des services personnels.

Vous avez dit que l'industrie était en voie de transformation. Le réseau de succursales demeurera un volet très important du mode de prestation de services bancaires. Au sein de notre industrie comme dans la quasi-totalité des autres - et dans toutes les industries de détail, en tout cas -, le marché subit des modifications, lesquelles auront un impact sur le réseau de succursales.

En cas de réorganisations ou de rationalisations entraînant la fermeture de succursales, nous tentons, dans la mesure du possible, d'intervenir auprès de nos clients pour maintenir nos relations avec eux. Nous nous efforçons de les aider à effectuer la transition vers de nouvelles solutions. Dans la mesure du possible, nous nous ingénions à préserver cette relation sur le plan interpersonnel. À ce sujet, les banques ont des approches différentes parce que chacune est dotée de stratégies commerciales. Parfois, l'approche varie d'une collectivité à l'autre, en raison des circonstances toujours différentes.

Je peux citer certains exemples des moyens que nous prenons pour fournir des solutions de rechange. Certaines de nos banques, par exemple, proposent des services bancaires mobiles, en vertu desquels c'est le banquier qui se déplace pour offrir des services aux clients. L'une de nos banques a recours à ce qu'elle appelle un «gestionnaire des relations sur le terrain», c'est-à-dire un banquier muni d'une voiture, d'un téléphone cellulaire et d'un ordinateur portatif. Il se rend auprès des clients pour effectuer des opérations financières sur place.

D'autres banques font appel à des tiers pour la prestation de services. Elles concluent des ententes avec des magasins de détail ou des épiceries. Elles disposent d'une gamme d'options pour assurer des services bancaires aux clients. Il s'agit d'une approche différente des services, qui demeure personnelle. La banque de M. Funk a conclu une entente avec la Société canadienne des postes pour mettre des services à la disposition des collectivités rurales de Terre-Neuve. Diverses avenues s'offrent aux banques. Certaines concluront également des ententes avec des fournisseurs, de façon que les agriculteurs, les producteurs et les petites agroindustries puissent obtenir du financement par leur entremise.

Dans l'ensemble, le marché est en voie de transformation. Le réseau de succursales, même s'il continuera d'exister, subira lui aussi des transformations. Nous tentons d'aider nos clients à effectuer la transition. Dans la mesure du possible, nous leur proposons des solutions de rechange. De toute évidence, il s'agit d'un travail évolutif puisque le marché ne cesse pas de changer. Nous tentons d'offrir des solutions de rechange.

Le président: Merci de votre réponse. Je tenais à souligner que l'aspect personnel revêt une très grande importance pour les agriculteurs.

Le sénateur Wiebe: Messieurs, soyez les bienvenus au Comité de l'agriculture. Je crois comprendre que vous allez dîner avec les membres du groupe de travail. Vous voudrez bien me pardonner de ne pas être des vôtres. J'espère poser toutes mes questions ce matin pour ensuite laisser la place aux autres membres du groupe de travail.

J'aimerais faire suite à la question du sénateur Gustafson sur les succursales bancaires. Vous nous dites qu'il existe 2,73 succursales par tranche de 10 000 habitants, mais vous ne dites pas où elles sont situées. Le sénateur Gustafson et moi venons de la Saskatchewan. Je veux bien croire que dans les régions rurales de l'Ontario, où, aux abords des villes, la population est beaucoup plus concentrée, des services bancaires sont offerts par des succursales. Cependant, ce n'est pas la réalité de la Saskatchewan.

Il y a deux semaines, on a organisé en Saskatchewan une conférence rurale d'une durée de trois jours. Roger Gibbons, professeur à l'Université de l'Alberta, qui préside la Canada West Foundation, a présenté une allocution à cette occasion. En résumé, il a plus ou moins laissé entendre que les gouvernements devraient commencer à faire ce que font les entreprises, en ce sens que les citoyens vivront dans un rayon de 50 milles d'un centre plus important. C'est là que la concentration devrait intervenir. Les gouvernements ne devraient pas investir dans l'infrastructure des petites collectivités; il devrait plutôt s'en tenir à l'infrastructure des centres plus importants.

Une partie du mandat du comité consiste à étudier le Canada rural. Comme la conférence se déroulait en Saskatchewan, les participants ont réagi de façon plutôt négative à cette déclaration. Il semble bien que ce soit ce que font nos établissements bancaires, nos sociétés ferroviaires et nos exploitants de silos-élévateurs - à l'instar d'à peu près tous les représentants du monde des affaires. À votre avis, s'agit-il d'une tendance avec laquelle nous devrons composer?

M. Campbell: J'invite mes collègues à intervenir s'ils ont quelque chose à ajouter. Vous avez raison de dire que le marché est en voie de transformation. L'industrie bancaire n'est pas la seule à faire face à un marché de plus en plus compétitif et mondial. Elle doit prendre des décisions sur les meilleurs modes de réaction possible.

Nos clients sont notre raison d'être. Ils revêtent une très grande importance pour nous, où qu'ils vivent. De plus en plus, les consommateurs canadiens, qu'ils appartiennent au secteur agricole ou à d'autres, sont en quête d'une diversité de moyens d'accès aux services bancaires, lesquels vont au-delà de la structure traditionnelle des succursales et s'ajoutent à elles. Cette structure demeurera importante, même si, à l'avenir, elle prendra un aspect différent et que les réseaux de succursales pourront offrir des ensembles de services différents.

Nous tentons de mettre à la disposition de nos clients des moyens de bénéficier d'avantages adaptés à leurs situations particulières. De plus en plus, nous nous efforçons d'offrir un grand nombre de services par Internet et par téléphone. Cette solution ne convient pas à tous, et tous ne sont pas en mesure de s'en prévaloir. Lorsqu'il y a de l'intérêt, il s'agit toutefois d'une solution des plus attrayantes dans la mesure où elle annule la distance. Elle assure un accès 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les propriétaires de petites entreprises peuvent effectuer un grand nombre d'opérations de cette façon.

Par ailleurs, nous tentons d'offrir des solutions de rechange lorsqu'une succursale traditionnelle ne se justifie plus du point de vue commercial. Il existe d'autres fournisseurs au sein du marché. Il y a les coopératives de crédit et ainsi de suite. Dans l'industrie bancaire, nous tentons d'offrir des services partout où nous le pouvons. Un banquier se rendra chez le particulier, ou encore nous trouverons de nouveaux moyens d'offrir les services offerts par les succursales traditionnelles, mais en dehors d'une succursale proprement dite. Des points de vente au détail bourgeonnent aux quatre coins du pays, et les consommateurs peuvent y accéder à toute une gamme de services. Comme je l'ai indiqué au président, il s'agit d'un travail évolutif, mais nos clients sont importants pour nous, un point c'est tout.

Nous devons fournir des services à nos clients et travailler avec eux. Les méthodes utilisées différeront d'une banque à l'autre.

Le sénateur Wiebe: En réalité, les banques et les autres sociétés qui discutent de cette question ont décidé qu'il existe deux façons de voir les choses: l'agriculture en tant qu'entreprise et l'agriculture en tant que mode de vie. Ceux pour qui l'agriculture est une entreprise se branchent à Internet. Ces agriculteurs évoluent au rythme des changements. Bon nombre de ceux qui résistent aux changements devront commencer à considérer l'agriculture comme un mode de vie. Si tel est le cas, ils vont devoir s'adapter à ces normes. Il s'agit d'une décision difficile à prendre pour eux tout autant que pour un politicien élu. Les sénateurs ont peut-être le luxe de dire les choses comme elles sont plutôt que comme nous voudrions qu'elles le soient. C'est certainement vrai du point de vue de ce que vous nous dites.

Lorsque j'ai débuté dans l'agriculture en 1959, mon banquier exigeait seulement que j'aie un avoir propre de 10 p. 100 dans mon exploitation. J'ai fait affaire avec des banques au fil des ans, et j'ai été à même de constater que les exigences relatives à l'avoir propre augmentent. Heureusement, j'ai exercé mon métier à une époque favorable, et je n'ai pas eu besoin de services bancaires au cours des dernières années. Du point de vue de l'avoir propre, qu'exigeriez-vous aujourd'hui d'un jeune agriculteur ou même d'un agriculteur plus âgé qui souhaite agrandir son exploitation ou, par exemple, contracter un prêt d'exploitation.

M. Bob Funk, vice-président, Agriculture, Banque Scotia: Les ratios varieront probablement d'une exploitation à l'autre ou d'un secteur à l'autre. En ce qui concerne les producteurs laitiers, les exigences touchant l'avoir propre seront plus ou moins élevés que si vous êtes dans le domaine de la production céréalière, et ainsi de suite.

Dans l'élaboration des programmes stratégiques établis pour l'industrie, nous avons tenté d'évaluer les cycles commerciaux, leur calendrier, leur profondeur et les variations auxquelles les producteurs font face. Nous avons ensuite élaboré un programme qui tient compte de ce qui attend l'exploitation du point de vue des prix à la fin d'un cycle, et nous avons établi la comparaison avec les coûts de production qui nous sont connus. C'est ce qui nous permet d'établir l'importance de l'avoir propre que nous exigerons.

Nous voulons que les entreprises en question puissent croître, et nous savons que l'exercice de contraintes trop importantes sur la capacité d'une entreprise de générer des flux de trésorerie freine la croissance. C'est pourquoi nous imposons des exigences touchant l'avoir propre. Ce faisant, on permet à la génération antérieure de continuer de jouer un rôle lorsqu'intervient la transition vers la génération suivante. Au fil des ans, cela a toujours été un des points forts du secteur agricole: la génération antérieure a mis au service des jeunes producteurs qui font leur entrée dans l'agriculture non seulement des avoirs, mais aussi de l'expérience, de l'aide à la gestion et des orientations.

Dans certains cas, nous pourrons assurément financer 100 p. 100 du prix d'achat. Cependant, nous veillerons à ce que le financement et le fardeau de la dette ne soient pas supérieurs à la capacité de l'entreprise de rembourser son prêt.

Le sénateur Wiebe: Si je lis entre les lignes, vous attachez une certaine valeur, du point de vue de l'avoir propre, à l'expérience, à la feuille de route et au potentiel de réussite d'un particulier, n'est-ce pas?

M. Funk: On n'a pas affaire à une situation tranchée au couteau. Si une personne possède une vaste expérience dans le domaine de la gestion et une feuille de route dans le domaine de la production de biens et de la gestion des coûts de production, notamment, qui nous rassurent et nous permettent d'aller un peu plus loin, nous serons assurément plus portés à consentir un effort additionnel que si nous avons affaire à un particulier qui n'est pas en mesure de préserver les mêmes coûts de production ou dépourvu d'une expérience comparable.

Le sénateur Wiebe: Au cours des quinze prochaines années, l'industrie agricole fera face à un formidable transfert d'actifs, ce qui représentera une difficulté de taille. Aujourd'hui, l'âge moyen des agriculteurs oscille entre 55 et 58 ans, selon l'organisme à l'origine des données. Si nous continuons d'accueillir des jeunes au sein du secteur, nous assisterons donc, au cours de cette période, à un formidable transfert d'actifs de père en fils ou d'agriculteurs au seuil de la retraite à d'autres particuliers souhaitant faire leur entrée au sein de l'industrie. Êtes-vous à la recherche de moyens et de méthodes qui permettent de favoriser une telle transition? Cette transition est à nos portes, et les banques feront face à des pressions plus importantes qu'auparavant.

M. Pieter Kleinschmidt, directeur national, Agriculture et Agroalimentaire, Banque Royale du Canada: Nous sommes on ne peut plus d'accord pour dire que cette transition est à nos portes. Quand on s'y intéresse de près, on se rend compte que les successions agricoles comportent de nombreux éléments. Les services financiers ne sont qu'un des problèmes auxquels les intéressés sont confrontés. De toute évidence, nous nous intéressons à cette question et nous recherchons des solutions. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que, lorsqu'on étudie les services financiers en profondeur, on se rend compte que de nombreuses options s'offrent à l'agriculteur qui part à la retraite ou à celui qui cède une entreprise, du point de vue des fiducies et de diverses formes de placement possibles. Si on tient compte des services de financement ou de prêts plus traditionnels, on est en mesure d'offrir toute une gamme de solutions à l'agriculteur et à la génération montante au moment de la transition, tout en tentant de répondre aux besoins de chacun.

Au sein de l'industrie des services financiers, il est certain que la boîte à outils dont on dispose aujourd'hui, est relativement importante. La question suscite assurément beaucoup d'intérêt. Comme je suis moi-même issu d'une famille agricole, je sais pertinemment que tous les agriculteurs souhaitent qu'au moins un de leurs descendants s'associe d'une façon ou d'une autre à l'industrie agricole. Lorsque les soeurs et les frères refusent de s'associer à l'entreprise, des problèmes se posent également. On doit faire preuve d'innovation et faire appel à un large éventail de services financiers en tentant, dans la mesure du possible, de se montrer équitables.

Le sénateur Wiebe: Dans l'Ouest canadien particulièrement, et je suis certain qu'il en va de même dans le reste du pays, les programmes de retraite des agriculteurs se résument à leurs investissements dans leur exploitation. Lorsqu'ils décident de partir à la retraite, ils espèrent pouvoir vendre les actifs de l'exploitation pour s'offrir un nouveau domicile dans une ville ou un village et un revenu suffisant pour se retirer avec dignité et grâce. Lorsque le fardeau sera si grand que les agriculteurs devront investir une partie de leurs actifs pour financier la cession des activités à l'enfant, étudiez-vous la possibilité de mettre au point des programmes qui permettraient aux agriculteurs à la retraite de dire: «Oui, je peux prendre ma retraite dignement et donner à mon enfant ou à quelqu'un d'autre la possibilité de reprendre mon affaire en main»?

M. Kleinschmidt: Nous n'offrons pas de programme défini d'avance. Lorsqu'on travaille auprès des familles, on se rend compte que les situations varient toujours. Dans ces conditions, un programme prédéfini ne constitue pas la solution. On doit s'efforcer de mettre au point une solution viable pour le fils ou la fille qui fait ses débuts dans l'industrie et de faciliter le transfert progressif des avoirs entre les générations. Les agriculteurs qui font appel à toute la gamme des services financiers que nous sommes en mesure d'offrir, par exemple les fiducies et les rentes - une diversité de possibilités de placement s'offrent à l'agriculture - sont beaucoup mieux en mesure de faciliter le transfert.

Le sénateur Wiebe: Si je pose la question, c'est surtout parce que je tiens à avoir l'assurance que les banques effectuent des recherches pour être en mesure de jouer un rôle dans ce domaine. Ce que je crains, c'est qu'elles se décident de ne pas intervenir et de se tourner vers le gouvernement ou quelqu'un d'autre. Pouvez-vous me donner l'assurance que vous étudiez cette question de manière à être en mesure d'agir dans ce domaine?

M. Campbell: La planification de la relève constituera un très important volet des activités futures de nos banques.

Le sénateur Chalifoux: Messieurs, soyez les bienvenus. Je suis très heureuse de vous avoir sous la main pour pouvoir discuter de deux ou trois questions. Il y a quelques mois, j'ai lu dans le Financial Post que les grandes banques canadiennes se retiraient petit à petit du secteur de la petite entreprise et des services bancaires personnels pour s'investir davantage dans les marchés internationaux. Dans l'article, on disait également que les banques incitaient les petites entreprises et les particuliers à se tourner vers les coopératives de crédit et d'autres établissements financiers plus petits.

Pour ma part, je fais affaire avec une coopérative de crédit. Depuis des années, j'évite les banques parce que, à mon avis, elles exercent de la discrimination contre les femmes célibataires, en particulier celles qui travaillent et ont des enfants. J'ai tourné le dos aux banques et j'ai opté pour une coopérative de crédit. Cependant, il y a de nombreuses femmes d'affaires, en particulier des agricultrices, qui ont vraiment besoin de services. J'aimerais entendre vos commentaires au sujet de cet article.

M. Campbell: Il est exact de dire que 95 p. 100 de nos clients, dans le secteur des prêts, sont de petites entreprises. Les clients de détail sont au coeur de notre activité. Au sein de l'industrie bancaire canadienne, on retrouve différentsintervenants, et chacun a une stratégie commerciale différente. De toute évidence, les États-Unis constituent un marché en pleine croissance. En même temps, cependant, on retrouve des banques ici au Canada qui se spécialisent dans les prêts aux petites entreprises. Ce secteur représente pour elles une stratégie commerciale clé. Au fur et à mesure que le marché devient plus concurrentiel et plus complexe, on est témoin de l'apparition d'une diversité de stratégies.

Du point de vue des prêts aux petites entreprises, aux exploitations agricoles et aux clients agricoles, les chiffres sont éloquents. En fait, ils sont en progression. Les banques ont beau adopter une perspective mondiale et se tourner, comme elles le font dans d'autres pays, vers les débouchés qui s'offrent ailleurs, le marché canadien demeure très important.

Le sénateur Chalifoux: On a discuté de cette question à l'époque de la fusion des banques et de l'accès aux marchés internationaux. C'est à cette époque que de telles questions se sont posées. À l'époque, on a publié de très nombreux articles sur la façon dont les grandes banques s'y prennent pour inciter les consommateurs à s'adresser aux coopératives de crédit.

Mon autre question a trait au taux d'intérêt imputé aux agriculteurs et aux petites entreprises. Dans les collectivités rurales et agricoles, bon nombre de femmes exploitent leur propre entreprise. Il paraît que les taux d'intérêt demeurent relativement élevés. J'aimerais entendre vos commentaires sur ce que vous faites pour réglementer les taux d'intérêt imputés aux petites entreprises.

M. Campbell: Les décisions relatives au taux d'intérêt sont prises par chacune des banques en fonction du marché. Je vais souligner deux points généraux: premièrement, il importe de se rappeler que les banques du Canada sont des joueurs importants et considérables au sein du marché canadien, mais elles ne sont pas les seules. La concurrence est de plus en plus vive. Vous avez fait allusion aux coopératives de crédit, il y a aussi les caisses populaires au Québec.

Au cours des dernières années, de nouveaux fournisseurs de plus en plus diversifiés ont fait leur entrée au Canada pour proposer un éventail de services, qu'il s'agisse de cartes de crédit différentes, de financement des entreprises ou encore de financement ou de location reposant sur l'actif. Le nombre de nouveaux concurrents qui font leur apparition - dont bon nombre ne sont pas réglementés, soit dit en passant - a vraiment de quoi surprendre. Il s'agit d'un marché incroyablement concurrentiel.

Les banques du Canada jouent un rôle important dans le financement des petites entreprises, mais nous comptons seulement pour 50 p. 100 du marché. Il existe toute une gamme d'autres institutions qui offrent de tels services, et les produits comme les instruments de financement sont nombreux. À maints égards, c'est toujours le consommateur qui est en position de commande. Il magasine et tire des avantages de cette concurrence.

M. Funk: Si je peux me permettre d'ajouter un commentaire à ce qui a déjà été dit, notre organisme a établi un service pour la petite entreprise. Ce dernier a expressément pour tâche d'élaborer des produits et des services qui nous permettent de mieux rejoindre les petites entreprises, qu'elles appartiennent au secteur agricole, à des secteurs connexes ou à d'autres secteurs. Nous savons que 52 p. 100 des petites entreprises sont la propriété ou la copropriété de femmes. Nous mettons tout en 9uvre pour veiller à ce que chacun bénéficie d'occasions égales d'accéder aux programmes et aux services de financement que nous offrons.

M. Kleinschmidt: Au cours des dernières années, la Banque Royale s'est tout particulièrement employée à comprendre les besoins des entrepreneures et à veiller à ce que ses directeurs de comptes, dans le secteur des petites entreprises aussi bien que dans celui de l'agriculture, comprennent que les femmes revêtent une extraordinaire importance dans ce contexte. Jusqu'ici, nous avons accompli des progrès considérables au chapitre de l'amélioration de nos services et de notre compréhension du rôle important que les femmes jouent dans les entreprises du Canada.

Le sénateur Chalifoux: Il est intéressant que vous le disiez. Il y a moins d'un an, deux entrepreneures, c'est-à-dire des agricultrices, sont venues me voir. Les banques se disaient en mesure de leur consentir un prêt personnel, mais pas un prêt à l'entreprise. Il est intéressant que vous ayez fait cette déclaration. Je vous en remercie beaucoup.

Le président: Le sénateur Chalifoux a mis de nombreux sujets sur le tapis. J'aimerais glisser ici une question à propos de la diversification de la politique bancaire et monétaire parce que j'ai constaté qu'un grand nombre de sociétés qui vendent de l'outillage agricole financent elles-mêmes l'achat des grandes machines agricoles. On parle ici d'appareils qui valent 200 000 ou 300 000 $ pièce, et les agriculteurs en utilisent deux ou trois. Ce sont des sommes considérables. Les banques ont tendance à consentir des prêts lorsque le gouvernement leur fournit des garanties. En revanche, elles semblent moins disposées que les entreprises qui vendent de l'outillage à consentir des prêts à risque élevé. Avez-vous des commentaires à ce sujet? Avez-vous fait des observations? Je suis certain que oui.

M. Funk: L'une des choses que nous remarquons, c'est qu'il arrive souvent que le financement de la machinerie agricole n'obéisse pas aux règles traditionnelles du financement parce que les fabricants de machines agricoles ont intérêt à ce que leurs produits soient vendus. Ainsi, ils conçoivent eux-mêmes bon nombre de programmes de financement novateurs qui ont peut-être une incidence sur le profit brut qu'ils réalisent sur telle ou telle machine. C'est ainsi qu'ils parviennent à rendre le financement attrayant aux yeux des agriculteurs.

Un autre enjeu structurel qui, au Canada, a permis aux fabricants de machines agricoles de jouer un rôle de premier plan tient au fait que le nombre de financement au moyen de la location a augmenté considérablement au cours des dix dernières années. Les dispositions législatives relatives à la location de machines agricoles au Canada ne permettent pas aux banques de s'introduire facilement dans ce secteur. Ainsi, nous devons faire valoir auprès de chacun des ministères et des gouvernements provinciaux notre position et notre intérêt pour une éventuelle participation.

Le président: J'irais jusqu'à dire que, tôt ou tard, les agriculteurs ne seront même plus propriétaires de leur machinerie. C'est ce qui est arrivé dans le cas des moissonneuses-batteuses. On échangera les moissonneuses-batteuses deux fois l'an. On fera venir cinq ou six moissonneuses-batteuses de plus pour les vendre au Canada et couper l'herbe sous le pied des détaillants. La situation évolue très rapidement. Dans l'industrie automobile, par exemple, et dans celle des camions d'une demi-tonne dans l'industrie pétrolière, la transition vers la location a déjà eu lieu. À ma connaissance, plus personne n'achète de camion. On les loue. Le gouvernement va-t-il devoir adopter certaines mesures protectives ou les grandes multinationales du financement vont-elles accaparer tout le marché?

M. Funk: Ce qui est en cause ici, c'est la réponse à la demande, en ce sens que le phénomène de la location dans les entreprises agricoles est motivé par la perception des avantages qu'une personne voit à la location par rapport à l'acquisition. Mon frère ne voit pas les choses comme mon père les voyait. Mon père avait coutume de dire: «Impossible de faire mon travail si je ne possède pas les machines et qu'elles ne sont pas garées sur mon terrain.» Pour sa part, mon frère dit: «Tant et aussi longtemps que je pourrai tirer trois cents heures de cette machine au printemps, je me ferai un plaisir d'en partager la propriété avec quelqu'un d'autre.» Cette philosophie accompagne le transfert d'une génération à l'autre. La question est de savoir comment les agriculteurs peuvent réduire leurs coûts tout en répondant aux mêmes exigences de service.

Le président: Le monde change, cela ne fait aucun doute.

Le sénateur Hubley: L'industrie agricole fait probablement face à de nombreux risques, sur lesquels l'exploitant n'a pas toujours une mainmise. En d'autres termes, il y a le climat, les maladies et ce genre de choses. L'agriculture devrait avoir droit à un traitement particulier pour cette raison et parce que, sans ses agriculteurs, le Canada ne serait pas un endroit aussi agréable, je peux vous en donner l'assurance. L'agriculture doit recevoir un traitement particulier de la part des établissements financiers et de nombreux autres intervenants.

Pour faire suite à ce qu'a dit le sénateur Wiebe, nous nous inquiétons de l'accès des jeunes à l'industrie. Nous recevons des informations troublantes de la part de jeunes hommes et de jeunes femmes qui fréquentent les écoles agricoles, mais qui, une fois leurs études terminées, décident, au vu du climat agricole actuel, que ce n'est pas pour eux. Faute de mettre au point des programmes et d'accorder un traitement particulier aux jeunes, de façon qu'ils fassent leur entrée dans le secteur et y demeurent, nous allons perdre cette ressource.

Les jeunes agriculteurs et les nouveaux agriculteurs représentent un groupe particulier ayant des besoins particuliers. Il en va de même pour les agriculteurs qui tentent de diversifier leurs activités. On les pousse à se diversifier. Pour eux, il s'agit d'une nouveauté. Ils tentent d'établir un créneau de marché dans le domaine, par exemple, de l'agriculture biologique. Nombreux sont ceux qui tentent d'effectuer cette transition. Est-ce ainsi que le système bancaire voit l'industrie agricole et les personnes qui tentent de survivre au sein du secteur? Je songe en particulier aux jeunes agriculteurs.

M. Kleinschmidt: Il est certain que l'agriculture représente un marché important pour les banques. Je dois mon poste au fait que la Banque Royale est consciente de la nécessité de comprendre l'agriculture en tant que marché aux caractéristiques uniques. Vous avez dit que l'agriculture n'était pas sans risques, et les agriculteurs en sont parfaitement conscients. Il y a des sécheresses, des cycles et le reste. Ces facteurs existent depuis que l'agriculture existe. Il incombe à tous les intervenants qui jouent un rôle au sein de l'industrie de comprendre et de se rendre compte qu'on doit se doter de politiques pour tenir compte de ces caprices de la nature. Les banques portent un intérêt tout particulier à l'agriculture en collaboration avec les agriculteurs, afin de tenter de prendre des mesures qui répondent à ces besoins uniques.

En ce qui concerne les jeunes agriculteurs qui font leur entrée dans le domaine, je sais d'expérience, pour avoir visité de nombreuses exploitations, qu'il y a un très grand nombre de jeunes diplômés en agriculture qui se lancent en agriculture, le plus souvent à la suite d'une succession du genre de celles que nous avons déjà évoquées. Nous tentons de prendre des mesures novatrices pour aider les jeunes agriculteurs à se constituer des réserves avec l'aide de leurs parents de façon que, dans dix ans, ils se trouvent dans une position financière plus forte qui facilite la transition. Sur le plan structurel, nous savons tous qu'il est difficile de se lancer dans l'industrie agricole en raison des coûts élevés qui s'y rattachent. Le prix des terrains est élevé, le prix des quotas est élevé, et nous faisons tous de notre mieux pour nous accommoder de la réalité du marché.

Nous devons établir un équilibre entre notre volonté d'aider les nouveaux arrivants et l'obligation que nous avons de gérer les fonds disponibles de façon responsable. Nous ne voulons pas prêter à des personnes qui risquent fort de ne pas être en mesure de rembourser. C'est une question d'équilibre. J'ai fait référence à l'utilisation de fiducies. De plus en plus de personnes versent une partie de leurs actifs dans une fiducie. Ces montants servent à aider les représentants de la génération montante à débuter. De toute évidence, il s'agit d'un problème pour nous tous.

Le sénateur Hubley: Pensez-vous que des jeunes qui souhaitent faire carrière dans le domaine agricole seraient en mesure de le faire s'ils n'avaient pas la ferme familiale derrière eux?

M. Kleinschmidt: La vérité, c'est que c'est très difficile. Nous en sommes tous conscients. Nous tentons d'aider les gens à faire preuve d'innovation. J'ai vu des jeunes aller travailler chez d'autres agriculteurs de la région, et plus nécessairement au sein de l'exploitation familiale, pour favoriser leur démarrage.

Souvent, au départ, ils louent la terre plutôt que de tenter d'en faire l'acquisition. Des particuliers prennent des mesures différentes pour tenter de se lancer dans l'industrie.

Le sénateur Hubley: J'ai une autre question au sujet du nombre de femmes qui s'intéressent aujourd'hui à l'agriculture et à de nouvelles entreprises. Vos prêts aux petites entreprises en tiennent-ils compte? Pouvez-vous nous donner une idée du pourcentage d'entreprises dirigées par des femmes auxquelles vous avez consenti des prêts?

M. Kleinschmidt: Je ne crois pas que nous suivions de telles données dans notre portefeuille. Dans le cas de la Banque Royale, de tels cas sont assurément très rares. En fait, dans la plupart des régions du pays, la règle commerciale de base et qu'il convient d'adopter une approche familiale. On trouve de plus en plus de femmes hautement qualifiées à la tête d'exploitations agricoles. Je ne peux pas vous donner de chiffres, mais je sais, sur la foi de mon expérience personnelle, que la transition est en cours, et j'en suis fier.

De plus en plus de diplômées en agriculture deviennent directrices de comptes pour des agriculteurs. Cette diversité ajoute à la valeur des services que nous sommes en mesure d'offrir à nos clients.

M. Funk: Si je puis me permettre d'ajouter un commentaire, l'évolution dont nous sommes témoins dans le secteur agricole va dans deux directions générales. Dans le premier cas, on a affaire à des exploitations qui sont déjà de taille commerciale et qui cherchent à croître. Elles utilisent peut-être le même genre de structures de relève que d'autres sociétés de plus grande taille. Des particuliers détiennent des actions, et on leur consent des actions additionnelles. Il s'agit du modèle issu de l'entreprise.

À l'autre extrémité du spectre, on retrouve les exploitations plus petites qui, les banques le savent, continueront de jouer un rôle important dans la production agricole commerciale canadienne. De plus en plus, la structure de l'expansion passe par l'établissement de partenariats, et c'est dans ce contexte que les banques élaborent leurs produits et leurs programmes de services. Si, par le passé, une femme et un homme marié formaient un partenariat ou qu'un partenariat était établi entre deux personnes ou plus tentant de se lancer dans la production agricole, les banques ne disposaient ni de programmes ni de systèmes en vertu desquels elles pouvaient tenir compte des revenus non agricoles de manière à assurer à l'entreprise un financement adéquat. Lorsque, aujourd'hui, nous mettons au point des produits et des systèmes, nous tenons compte sans réserve du fait que le revenu non agricole ajoute non seulement aux recettes de l'exploitation, mais aussi à son revenu net.

Nous nous efforçons de reconnaître certaines de ces exploitations. Certains propriétaires d'entreprises, par exemple, veulent éviter d'avoir à toucher des sommes pour subvenir à leurs besoins personnels. Si l'un des deux partenaires conduit un autobus scolaire, est comptable ou travaille comme infirmière à l'hôpital local, c'est cette activité qui, intégrée à la vie de la ferme, paie l'épicerie, les vêtements ou les études des enfants. Les recettes agricoles totales servent à l'entretien de la ferme.

Au fil des ans, les banques ont éprouvé certaines difficultés à intégrer de tels faits à leurs systèmes. Nous sommes conscients du fait que les personnes qui souhaitent devenir des producteurs agricoles ont réfléchi de façon approfondie et novatrice aux mécanismes susceptibles de favoriser le lancement de telles entreprises. Dans le domaine du financement, nous visons la marge de man9uvre et l'exhaustivité les plus grandes qui soient, en tenant compte de toutes les ressources que les intéressés utilisent pour avancer.

Le président: J'aimerais dire un mot à ce sujet. Ce qu'on croit savoir, c'est que les personnes qui consentent ce genre de sacrifices travaillent d'arrache-pied en dehors de la ferme et effectuent leur travail agricole lorsqu'elles sont à la maison. Les divers groupes intéressés, les établissements bancaires de même que ceux qui s'occupent des finances et de l'imposition, devraient le comprendre.

Les personnes qui effectuent de si nombreuses heures de travail sans réaliser de progrès se décourageront. Bon nombre d'exploitants plus petits qui se livrent à ce genre d'activités par nécessité font face à de formidables contraintes affectives. De nombreux jeunes agriculteurs en sont là.

On doit être conscient du phénomène de façon utile parce que les intéressés paient un prix élevé, cela ne fait aucun doute. On observe le même phénomène en Europe et ailleurs dans le monde.

Le sénateur Tunney: Soyez les bienvenus, et mes félicitations à vous, monsieur Campbell. Le compte rendu de vos états financiers annuels que j'ai vu dans le journal d'aujourd'hui m'a beaucoup plu.

Monsieur Funk, je suis tout à fait d'accord avec presque tout ce que vous avez dit auparavant. Autrefois, les agriculteurs se plaignaient du fait que les banques ne se souciaient pas assez d'eux et ne s'intéressaient pas au crédit agricole, surtout dans le cas des débutants. La situation a changé du tout au tout. Il suffit d'attendre assez longtemps. À mes débuts, dans les années 50, mon banquier m'a dit d'emprunter le plus d'argent possible pour la plus longue période possible. En total désaccord, je n'ai pas suivi son conseil. Cette décision m'a bien servi. Je vous ai entendu parler de la location d'importantes et coûteuses machines aratoires. Je sais que, à une certaine époque, les conseillers en crédit des banques conseillaient une telle pratique, mais ils ne le font plus aujourd'hui.

En Ontario, on retrouve deux fois plus de tracteurs et de moissonneuses-batteuses que ce qu'exige l'importance des terres cultivées. Les agriculteurs ne font pas toujours l'acquisition de machines parce qu'ils en ont besoin. Nombreux sont ceux qui le font parce qu'ils veulent de telles machines. Parfois, les agriculteurs m'inquiètent. Je ne me préoccupe pas trop du sort des banques qui, de façon générale, se tirent mieux d'affaire que les agriculteurs.

Imaginons qu'un agriculteur étire son crédit puis finance auprès d'un négociant de machinerie agricole un nouveau tracteur muni d'une cabine à air climatisé. Vous courrez des risques et l'agriculture court des risques. Il vient à peine de se rendre compte de la situation qu'il se retrouve devant le Bureau d'examen de l'endettement agricole ou déclare faillite.

La fermeture, par le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario, de la quasi-totalité des bureaux agricoles dans les comtés - 54 au total - ne nous a pas bien servi. Dans la plupart des cas, il y avait dans ces bureaux un conseiller en crédit compétent - quelqu'un à qui les agriculteurs pouvaient s'adresser lorsqu'ils envisageaient un investissement majeur dans les immobilisations, qu'il s'agisse d'un agrandissement ou d'une rénovation. Ces personnes ne sont peut-être plus en poste.

Je suppose que cette responsabilité risque de vous échoir. Je ne suis pas certain que les agriculteurs peuvent se passer d'un conseiller en crédit personnel. Je pense que nous en avons besoin. Financement agricole Canada dispose d'un réseau de conseillers qui font de l'excellent travail. J'aimerais que vous me fassiez part de votre perception de Financement agricole Canada.

J'ai fait carrière dans l'industrie laitière, et il est certain que la société m'a bien servi. Je me sens mal à l'aise de constater que les producteurs de cultures industrielles éprouvent de si grandes difficultés tandis que la production laitière est relativement rentable et prospère.

M. Funk: La question portait précisément sur le rôle de l'ex-Société du crédit agricole, qu'on appelle aujourd'hui Financement agricole Canada?

Le sénateur Tunney: Oui.

M. Funk: À une certaine époque, on s'est beaucoup interrogé sur ce que devrait être le mandat de l'organisme. Au départ, il y a longtemps, ce mandat était relativement précis et étroit. Puis, au fil des ans, on s'est rendu compte de deux choses. Premièrement, Financement agricole Canada n'était peut-être pas en mesure de rejoindre toutes les personnes que son commanditaire, c'est-à-dire le gouvernement, tenait à ce qu'il rejoigne. Deuxièmement, l'industrie agricole était en voie de transition: l'industrie, d'abord axée sur les produits, se tournait de plus en plus vers la transformation de bout en bout, dans laquelle les agroindustries approvisionnent les agriculteurs et les transformateurs transforment les produits des agriculteurs. On a alors décidé d'élargir le mandat de l'organisme.

En raison de cet élargissement du mandat, les banques ont pour rôle de trouver des moyens de collaborer avec Financement agricole Canada. Je sais que nous pouvons citer des exemples et des cas de collaboration mutuelle, peut-être pas pour l'ensemble du processus, relativement à une jeune entreprise ou à une entreprise plus grande cherchant à faire place à un nouveau partenaire, peu importe. Nous avons, je crois, établi des relations de travail en vertu desquelles nous pouvons dire à Financement agricole Canada: «Nous allons assurer une part du financement si vous en assumez une autre.»

La réponse de l'industrie est que nous sommes au courant de l'existence de l'organisme. Nous savons qu'il a un mandat qui découle au moins en partie de la volonté du gouvernement de soutenir les producteurs. À l'interne, nous consacrons pas mal de temps à trouver le moyen de faire en sorte que la situation profite à la fois à l'industrie et au producteur.

Le sénateur Tunney: La situation, par ailleurs, est avantageuse pour la banque.

M. Funk: C'est toujours important.

Le sénateur Day: Si nous posons toutes ces questions, me semble-t-il, c'est parce que, comme M. Campbell l'a déclaré plus tôt, nous avons affaire à une industrie en transition. Il y a beaucoup d'ajustements à apporter.

Avant que je ne passe à mes questions, pourriez-vous me dire, monsieur Campbell, qui sont les membres de l'Association des banquiers canadiens? S'agit-il uniquement des banques qui font partie de l'annexe A?

M. Campbell: Toutes les banques du Canada sont membres de l'Association des banquiers canadiens.

Le sénateur Day: Comptez-vous aussi des coopératives de crédit parmi vos membres?

M. Campbell: Les coopératives de crédit ont leurs propres organismes. Elles ont des centrales provinciales, et il y a aussi la Centrale des caisses de crédit du Canada, qui, d'une certaine façon, fonctionne à peu près comme l'Association des banquiers canadiens. Il s'agit aussi d'un fonds commun de liquidités. Nos membres sont les banques nationales et étrangères du Canada.

Le sénateur Day: Les banques étrangères aussi?

M. Campbell: Absolument.

Le sénateur Day: Les banques qui n'ont pas de succursale de détail, mais qui mènent d'autres types d'activités bancaires, sont-elles aussi membres de votre association?

M. Campbell: Oui. Il est intéressant de noter que bon nombre de banques étrangères effectuent des opérations de détail. La HSBC et la Banca Commerciale Italiana effectuent des opérations de détail. Bon nombre de banques étrangères s'occupent du gros plutôt que du détail.

Le sénateur Day: Pendant qu'on vous posait des questions, je me suis fait la réflexion qu'il était intéressant que des représentants de la Banque Royale et de la Banque de Nouvelle-Écosse vous accompagnent. Je viens d'une petite ville du Nouveau-Brunswick qui servait essentiellement de centre de service à la collectivité rurale et agricole avoisinante. La banque était l'un des pôles d'attraction de la collectivité. C'était un endroit ou certains des éléments des plus brillants de la société amorçaient leur carrière à la fin de leurs études secondaires. Bon nombre de cadres en vue de la Banque Royale et de la Banque de Nouvelle-Écosse y ont fait leurs débuts.

Ce type d'activité bancaire a disparu. Autrefois, le directeur de la banque locale demeurait en poste pendant longtemps et, au moment de décider d'accorder ou de refuser un prêt à un particulier, ne se contentait pas d'appliquer des règles objectives. Il y avait également des critères subjectifs. On a désormais affaire à une entreprise beaucoup plus vaste, dans laquelle les personnes qui aspirent au poste de président de l'une des grandes banques ne graviront pas les échelons au sein d'un établissement donné. Il y a un roulement considérable. Nous en sommes conscients.

Nous cherchons tous les moyens de nous adapter. Vous avez évoqué d'autres mesures intéressantes que vous prenez. Je constate la présence de guichets bancaires dans des épiceries et dans d'autres lieux. Il s'agit d'un mode d'adaptation possible. Les banques font-elles autre chose pour aider les collectivités, en particulier les collectivités rurales, à s'adapter à ce changement?

M. Campbell: Un peu plus tôt, nous avons évoqué les différentes mesures qui peuvent être prises pour assurer la prestation de services. Vous venez tout juste d'évoquer quelques-unes d'entre elles, par exemple les accords conclus avec des magasins de détail et les efforts déployés pour maintenir des services bancaires personnalisés grâce à des banquiers mobiles. J'ai également fait référence au mode de prestation par voie électronique. Il s'agit d'un éventail de choses.

En ce qui concerne le soutien des collectivités rurales et l'aide que nous leur apportons pour faire face à la transition, les mesures varient considérablement, chaque banque ayant sa propre stratégie. Les circonstances varient d'une collectivité à l'autre. Les banques prennent toute une gamme de mesures pour aider les collectivités rurales, sur le plan commercial, sur le plan du développement économique et, davantage, sur le plan communautaire.

Dans le domaine bancaire, elles ont joué un rôle des plus actifs dans les fonds de développement économique communautaire. Un exemple me vient à l'esprit. Trois de nos banques ont investi dans le Niagara Growth Fund de la péninsule du Niagara. Le fonds vient en aide aux industries locales, notamment les industries vinicoles et viticoles.

Nous avons pris très activement part au Programme d'aide au développement des collectivités, soit au niveau du développement économique communautaire.

Sur le plan plus communautaire, les banques, une fois de plus, privilégient certains aspects. La banque de M. Kleinschmidt assure un soutien considérable aux clubs 4H. L'une de nos banques fournit des bourses 4H. Une autre met un fonds d'études à la disposition de jeunes personnes ambitieuses faisant face à certains désavantages. Il est bien possible que ces personnes viennent de collectivités rurales.

D'autres banques tournées vers l'avenir investissent massivement dans la recherche. L'une de nos banques soutient des programmes de recherche à l'Université du Manitoba, dans le domaine de l'agriculture, des nutraceutiques et ce genre de choses, afin de jeter les bases de la croissance future.

Les banques font beaucoup de choses dans les collectivités en plus de mettre des modes de prestation de service nouveaux et différents à la disposition de leurs clients.

Le sénateur Day: Monsieur Funk, je pense que le compliment relatif à l'état des profits s'adressait directement à vous.

L'établissement de non-agriculteurs dans des collectivités rurales favorise-t-il d'une façon ou d'une autre le maintien de succursales en milieu rural? De nombreuses régions rurales, où les nouveaux arrivants se composent de travailleurs ou de retraités urbains, connaissent une croissance démographique. Cette croissance vous aide-t-elle à maintenir vos succursales en milieu rural?

M. Funk: L'un des défis que nous avons dû relever, c'est que, avec les années, le nombre de villages et de personnes y vivant a diminué. La réponse brève à votre question, c'est oui. En s'établissant dans des villages pour exploiter de petites entreprises ou fournir des services, les personnes auxquelles vous faites allusion renforcent les assises commerciales de la collectivité. Nous constatons que les petites entreprises ne doivent pas nécessairement s'établir dans de grands centres. Grâce à Internet et à d'autres moyens de communications électroniques, elles peuvent effectuer une bonne part de leurs activités sans se trouver au coeur d'une grande ville, ce qui est bon pour les collectivités rurales.

Nous avons tenté d'établir le plus grand nombre de «points de contact» possible entre la banque et ses clients et clients éventuels. Depuis huit mois, nous menons une initiative avec l'United Grain Growers pour offrir du crédit à ses clients. Les objectifs sont doubles. L'UGG souhaite offrir des services à ses clients, mais se rend compte que ses capitaux s'en ressentent. Le nombre de comptes clients qu'on lui demandait de financer allait croissant. En débarrassant la société de ce problème, nous lui avons permis de s'occuper de ses propres affaires. De concert avec ses représentants territoriaux, nous avons travaillé à l'établissement d'une forme de crédit identique à celle dont l'agriculteur avait l'habitude. Ce dernier continue de traiter avec le représentant des ventes territoriales d'UGG. En vertu de ce lien, les clients d'UGG et les représentants des ventes territoriaux bénéficient de points de contact additionnels. Ils n'effectuent pas notre travail, mais ils sont devenus notre oreille sur le terrain.

Sur un vaste territoire géographique doté d'une population fortement dispersée, comme dans les provinces des Prairies, on ne peut compter un établissement physique à tous les coins de rue. L'objectif consiste à rejoindre le plus grand nombre de personnes possible le plus facilement possible. Nous nous sommes donné pour tâche de favoriser une certaine interaction personnelle tout en recourant le plus possible à la technologie pour la prestation de services bancaires.

M. Kleinschmidt: Nous savons que le phénomène en émergence des agriculteurs amateurs constitue désormais une caractéristique très importante du tissu social. Par «agriculture amateur», je ne désigne pas l'agriculteur traditionnel qui touche désormais un revenu en dehors de la ferme. Je songe plutôt à la personne qui a traditionnellement vécu en ville, mais qui souhaite s'établir dans une maison rurale établie sur un terrain plus grand.

Comme M. Funk l'a mentionné, notre capacité de recourir à diverses méthodes de prestation de services, ce qui va au-delà de la simple technologie, favorise assurément les succursales rurales. Il s'agit d'un élément très important du tissu rural.

À la Banque Royale, j'ai un collègue qui agit comme directeur national de l'agriculture et de la ruralité. Voilà qui témoigne bien de l'importance que nous attachons à cette tendance nouvelle. Les hypothèques dont ont besoin ces personnes ne correspondent pas tout à fait au modèle des hypothèques résidentielles ou des hypothèques agricoles traditionnelles. Nous mettons au point un produit répondant à leurs besoins particuliers.

Le sénateur Tunney a fait allusion à l'expertise et aux conseillers financiers pour les agriculteurs. L'expérience nous enseigne que l'agriculteur amateur a des besoins tout à fait différents de ceux que nous considérons comme des agriculteurs plus traditionnels, du point de vue des avis et des conseils. Nous sommes en train de nous doter de l'expertise nécessaire pour répondre aux besoins des deux types d'agriculteurs.

Traditionnellement, le représentant du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales était titulaire d'un diplôme en agriculture, avait des antécédents agricoles et connaissait le financement agricole. Pendant des années, les banques ont eu pour stratégie délibérée de retenir les services de ce genre de personnes pour fournir des conseils aux agriculteurs de même que pour agir comme banquiers axés sur l'agriculture. Nous constatons que les agriculteurs amateurs évoluent souvent dans des cercles différents et ont des besoins différents. Les conseils relatifs à la relève et à l'investissement revêtent aussi de l'importance pour eux, et cet aspect occupe donc une place très importante dans leurs activités.

Le président: Le sénateur Day a soulevé une question très intéressante au sujet des régions du pays. En Saskatchewan et peut-être aussi au Manitoba, jusqu'à un certain point, bon nombre d'agriculteurs, à leur retraite, vont s'établir à Kelowna en Colombie-Britannique, à Vancouver ou à Calgary. Ils emportent avec eux leurs épargnes-retraite et le produit de la vente de leur ferme, qui peut se chiffrer jusqu'à 250 000 $. Cette somme se retrouve dans les coffres de la banque de la collectivité où ils s'établissent. Il s'agit d'une ponction importante pour la Saskatchewan.

Ce sont les entreprises des collectivités dans lesquelles ils s'établissent qui sont les gagnantes. Ce sont probablement les seules personnes qui achètent comptant leur maison à Vancouver ou à Kelowna. La Saskatchewan est victime d'un formidable exode de capitaux, lequel procure des avantages tout aussi formidables à la Colombie-Britannique et à l'Alberta. Je ne crois pas qu'une grande part de ces capitaux vont vers l'Ontario, à l'est, mais il y en a probablement un peu.

Avez-vous observé ce phénomène? Bien entendu, nous n'avons nullement l'intention d'enfreindre la liberté de mouvement de ces personnes, mais il n'en s'agit pas moins d'un facteur à prendre en considération.

M. Campbell: Il s'agit d'une caractéristique des tendances sociales et démographiques plus générales observées au Canada. Je ne peux rien dire au sujet du cas particulier de la Saskatchewan, mais le phénomène s'inscrit dans une tendance sociale beaucoup plus vaste.

M. Kleinschmidt: L'un des aspects les plus heureux du fait que nous sommes constitués en organismes nationaux tient au fait que les capitaux - l'«épargne-retraite» si vous voulez - vont et viennent librement au Canada, selon les mouvements des citoyens. Pour prendre l'exemple de la Saskatchewan, un tel facteur ne pourrait jamais intervenir dans les décisions prises relativement à l'importance des prêts consentis dans la province puisqu'on a affaire à des fonds consolidés au niveau national. Nous pouvons permettre la libre circulation des capitaux compte tenu des besoins. Nous pouvons, sans contrainte, financer les régions du pays qui connaissent une croissance plus rapide que d'autres. Cela représente un avantage considérable. Je suis conscient du fait que des problèmes se posent dans le contexte social que vous évoquez, mais, en ce qui concerne la prestation de services financiers, nous avons la chance d'être structurés de telle façon que la migration ne nuit pas au service que nous offrons à nos clients.

Le président: Sur une note positive, j'ai vu, il y a quelque temps, des statistiques qui montrent que les résidents de la Saskatchewan épargnent plus que ceux de toutes les administrations du Canada. Vous voulez peut-être faire des commentaires à ce sujet. J'ignore si c'est vrai, mais j'ai lu cela quelque part. C'est probablement parce que nous sommes habitués à une vie difficile et que nous sommes très forts.

Je voulais dire un mot au sujet des transformations mondiales dont nous sommes témoins et qui, me semble-t-il, revêtent une très grande importance pour l'agriculture. En tant qu'entreprises conscientes de leurs obligations sociales, les banques assument tout au moins une partie de la responsabilité des orientations prises par le Canada dans le domaine de l'agriculture, et je fais ici référence à la sécurité alimentaire. Depuis le 11 septembre, il est beaucoup question de sécurité.

Au Canada, nous avons tendance à tenir l'agriculture pour acquise. En Europe, des Européens vous diront: «Les Canadiens n'apprécient pas la nourriture parce qu'ils n'ont jamais souffert de la faim.» Au fur et à mesure que la société se mondialise - si vite que les gouvernements et les autres n'arrivent pas à suivre -, nous devons nous préoccuper de la sécurité alimentaire, de l'utilisation du territoire et de l'environnement. On ne peut compter sur l'agriculteur pour assumer seul ce fardeau. Faute de moyens financiers suffisants, ce dernier est souvent incapable de faire appel à de bonnes pratiques agricoles respectueuses de l'environnement, ainsi qu'il devrait le faire, parce qu'il essaie de tirer de son exploitation tous les bénéfices possibles. De façon générale, les grandes personnes morales - les banquiers, les gouvernements et les décideurs - n'en sont pas conscientes. Je crois que nous allons devoir nous intéresser à cette question. Il s'agit d'une déclaration plutôt générale que je tenais à introduire dans le débat.

M. Kleinschmidt: Vous abordez une question qui me tient très à coeur. Pour vous répondre, je pourrais peut-être citer utilement une initiative que nous prenons. Nous avons été témoins des terribles résultats de la fièvre aphteuse pour les agriculteurs d'Angleterre. Le Canada est en position privilégiée d'examiner son expérience et son infrastructure de même que les règles et les mécanismes dont il dispose aujourd'hui et de réfléchir aux améliorations qui pourraient y être apportées.

Il y a deux ou trois mois, on m'a invité, d'ici à Ottawa, à présenter le point de vue d'un banquier sur les problèmes de l'heure à l'occasion d'une conférence spéciale. Il est certain que la prestation de services financiers au secteur agricole soulève un vif intérêt et aussi certains problèmes très pertinents. Dès qu'on s'intéresse à la question, on se rend toutefois compte que les solutions vont bien au-delà des simples services financiers. Nous constituons indéniablement un intervenant important. On vous a cité des chiffres qui donnent une idée de l'ampleur des prêts que les banques consentent aux agriculteurs. Nous avons un intérêt très marqué pour la biosécurité.

À la suite de cette conférence initiale, organisée par l'ACIA et le ministère de l'Agriculture du Canada, nous avons formé un comité multipartite comprenant la Coalition canadienne pour la santé des animaux, un regroupement d'associations de producteurs de bétail, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, l'industrie de la transformation, Agriculture Canada et un certain nombre d'autres intervenants. Ensemble, nous commanditons une évaluation de l'impact économique de divers scénarios en cas d'épidémie de fièvre aphteuse. Nous avons pour objectifs, une fois que les impacts économiques seront compris, d'être en mesure de prendre de très bonnes décisions concernant l'infrastructure dont nous faisons tous partie, afin d'atténuer les risques et de comprendre les coûts et les avantages des solutions et des impacts sur l'activité commerciale - autant de facteurs différents dont on pourrait tenir compte pour faire en sorte que l'agriculture canadienne soit plus sûre.

Nous nous plaisons à croire que nous réussissons bien à fournir des services financiers, mais nous nous employons aussi à collaborer avec de multiples intervenants pour améliorer l'état de préparation de l'agriculture au cas où une telle épidémie se déclencherait. La fièvre aphteuse n'est qu'un exemple. Vous aurez également lu des documents au sujet de la maladie de la vache folle. Un certain nombre d'autres maladies suscitent beaucoup d'intérêt. J'ai pris part à des débats relativement passionnés au sujet de notre état de préparation et des mesures que nous pouvons prendre, et j'en ai entendu d'autres.

Le sénateur Day: Je veux poser deux courtes questions au sujet d'un commentaire que vous avez fait plus tôt au sujet d'Internet. Je suis certain que vous savez que le gouvernement a pour politique d'introduire Internet dans les régions rurales en augmentant les capacités à large bande. Nous espérons que l'initiative sera reconduite dans le budget de la semaine prochaine. Si on tient pour acquis qu'il n'y aura pas de retard, pensez-vous que l'élargissement de la large bande aura un impact sur les activités bancaires dans les régions rurales? Deuxièmement, avez-vous constaté que la communauté agricole avait adopté Internet au même titre que d'autres secteurs de la collectivité canadienne?

M. Campbell: De façon générale, il est juste de dire que les Canadiens ont adopté la technologie Internet de façon précoce. Depuis leur introduction au milieu des années 90, les services bancaires par Internet connaissent une croissance continue. Les taux d'adoption varient selon les groupes démographiques. Cependant, il s'agit de services populaires et en pleine croissance.

Bien entendu, les services bancaires par Internet ne sont pas pour tous, mais nous constatons que de plus en plus de Canadiens souhaitent se prévaloir de cette option et de toute la gamme des autres. Les gens aiment bien avoir à leur disposition de multiples façons d'accéder à ces services. En ce qui concerne les petites entreprises et, de toute évidence, les petites agroindustries, Bob a indiqué plus tôt que le taux d'acceptation d'Internet est élevé parce qu'on peut effectuer des achats en ligne.

Les marchés en ligne facilitent nettement la tâche aux entreprises dans ce qui a trait aux achats quotidiens et aux opérations commerciales au jour le jour. Nous nous attendons à une croissance dans ce domaine. Internet s'élargit, et de plus en plus de collectivités se branchent. La tendance se poursuivra au sein de l'économie.

Le sénateur Day: De façon plus précise, avez-vous le sentiment que la communauté agricole adopte Internet plus ou moins rapidement que d'autres segments de notre société?

M. Funk: Comme je me spécialise dans l'agriculture, je ne consacre pas beaucoup de temps à l'étude de nos habitudes dans ce domaine par rapport à ce que d'autres font. Ce que je sais, c'est que la très grande majorité de nos clients qui ont des buts et des attentes en matière de croissance voient dans les médias électroniques un moyen d'accéder à des renseignements plus rapidement, d'effectuer des opérations financières sur place, ce qui leur évite de se rendre en ville, et de garder le contact avec leurs fournisseurs, les transformateurs et les associations de producteurs. À titre d'exemple, un éleveur de bétail peut communiquer avec la Canadian Cattlemen's Association et obtenir rapidement de l'information de Calgary. J'observe fréquemment ce phénomène, et ce n'est pas par accident. Ce n'est pas non plus par hasard. Le phénomène s'explique par le besoin qu'a la direction de savoir et de faire.

M. Kleinschmidt: En ce qui concerne l'agriculture par rapport aux petites entreprises et, de façon plus précise, l'utilisation des services bancaires en ligne, je sais que, au sein de notre organisme, les taux d'utilisation sont comparables. Dans certains cas, ils sont même plus élevés dans le secteur agricole. J'espère que la réponse est utile.

Le sénateur Day: Elle l'est. Ce que je retiens de vos commentaires, c'est que vous appuyez l'initiative gouvernementale qui vise à étendre aux collectivités rurales la disponibilité des services Internet à large bande, qui sont nettement plus rapides et plus commodes.

Nous avons fait allusion à de nombreux programmes différents. Vous formez une société à but lucratif qui compte des actionnaires, lesquels exigent de vous que vous effectuiez de bons investissements et ne couriez pas trop de risques. Vous faites également face à des personnes qui demandent des services et à qui, pour une raison ou pour une autre, vous ne pouvez venir en aide. À titre d'exemple, le sénateur Chalifoux a posé des questions au sujet des femmes célibataires qui cherchent à obtenir des prêts. Êtes-vous convaincu d'exercer une bonne influence sur les décideurs des divers ministères gouvernementaux, de façon à ce qu'ils élaborent des politiques qui tiennent compte des cas particuliers et vous permettent de jouer un rôle dans des domaines dont vous seriez autrement absents?

M. Campbell: Dans ce domaine et dans d'autres secteurs de nos activités bancaires, nous nous efforçons de rester en contact avec les décideurs gouvernementaux, de façon qu'ils comprennent mieux les activités bancaires et que, de notre côté, nous comprenions leurs besoins du point de vue de la politique gouvernementale. L'un des principaux objectifs de l'Association des banquiers canadiens consiste à comprendre le contexte de la politique gouvernementale, les besoins et les objectifs du gouvernement de même qu'à chercher à établir des communications bilatérales avec l'industrie.

De façon générale, oui, nous déployons des efforts. Comme je l'ai indiqué d'entrée de jeu, nous tentons de communiquer régulièrement avec le ministre fédéral de l'Agriculture. Je sais que nous discutons régulièrement avec des ministères provinciaux de l'Agriculture.

Le sénateur Day: À titre de suivi, monsieur Campbell, j'ajoute que nous tenons à ce qu'il s'agisse d'un processus bilatéral, et c'est dans ce cadre que votre participation s'inscrit. Nous avons posé des questions pointues parce que nous voulons comprendre ce que vous dites, de façon à pouvoir infléchir la politique. Nous aimerions que vous ayez le sentiment d'avoir la possibilité non seulement de comprendre la politique gouvernementale, mais aussi d'influer sur elle.

M. Campbell: Je suis tout à fait d'accord. Nous vous en sommes reconnaissants.

M. Funk: Je peux vous donner un exemple précis de la façon dont le groupe de banques appartenant à l'Association des banquiers canadiens qui s'intéresse à l'agriculture s'assure que nous disposons des bons renseignements et que nous comprenons bien la situation de l'industrie. Nous avons tous eu l'occasion de rencontrer Larry Martin, du George Morris Centre, dont vous avez peut-être entendu parler. Depuis un certain temps, il est au courant d'un besoin exprimé par un groupe d'agriculteurs appelés l'«Agricultural Odyssey Group». Ces membres tenaient à discuter de l'orientation du marché, de l'établissement des prix dans la communauté agricole et, compte tenu des alliances et des partenariats entre transformateurs, producteurs et fournisseurs d'intrants, des modifications qui devraient peut-être être apportées aux renseignements que nous utilisons pour effectuer des projections financières et fixer les prix. De concert avec le Groupe Odyssey, nous avons tous contribué au financement d'un projet qui nous permette d'arriver à la première étape. J'espère que vous comprendrez que nous sommes conscients du besoin d'information. Nous savons ne pas avoir tout en main. Nous savons que la question doit faire l'objet de recherches. Nous avons joué au moins un certain rôle dans le financement et le soutien de l'établissement de l'initiative.

Le président: Le gouverneur de la Banque du Canada, M. David Dodge, a récemment comparu devant le Comité des banques. Il nous a priés de le tenir au courant si nous mettions la main sur des solutions à la chute du dollar. Cette réponse n'a pas rassuré les sénateurs.

En même temps, je comprends parfaitement bien, à titre d'exportateur et de producteur de céréales, les avantages d'un dollar faible pour profiter du marché mondial. Par ailleurs, il y a aussi des aspects négatifs. Je me demandais comment vous voyez les choses. Par exemple, en Saskatchewan, tout juste à la frontière, mon voisin a vendu cinq quarts de section à 55 000 $ l'unité. De l'autre côté du 49e parallèle, soit à Crosby, dans le Dakota du Nord, les terres se vendent à 100 000 $US. La valeur de sa ferme s'établit donc à 32 000 $US. La Saskatchewan a adopté des dispositions législatives interdisant l'investissement étranger auxquelles, si je comprends bien, elle entend apporter des modifications le printemps prochain. D'un autre côté, en ce qui a trait à l'investissement par des Américains, ConAgra, ADM et Cargill bâtissent une usine après l'autre, et nous venons tout juste d'être témoins de la prise de contrôle de ce qu'on appelait autrefois les syndicats du blé de l'Alberta et du Manitoba et AGRICORP. ADM possédait 48 p. 100 d'United Grain Growers. La société possède maintenant, je crois, 25 p. 100 d'AGRICORP et elle souhaite obtenir une participation plus grande. Des entreprises canadiennes comme le Syndicat du blé de la Saskatchewan font peut-être face, disons les choses simplement, à la faillite. J'entends des rumeurs selon lesquelles certains des employés de ConAgra ont déjà travaillé au Syndicat du blé de la Saskatchewan. On a assisté à une importante prise de contrôle par l'entremise de l'investissement américain, au moins dans l'industrie céréalière. Il y a à cela certains aspects positifs. Je suppose que ces entreprises estiment que les céréales et les fèves oléagineuses sont promises à un brillant avenir, faute de quoi elles n'investiraient pas au Canada.

Lorsqu'on regarde la valeur du dollar, par ailleurs, on se demande comment nous allons pouvoir répliquer? Je me souviens de l'époque où le dollar était à 1,10 $ en faveur du Canada. Nous allions acheter nos jeans aux États-Unis. J'aimerais vous entendre à ce sujet. En raison de vos opérations, vous devez avoir un point de vue plus approfondi sur la situation du secteur immobilier commercial dans l'ensemble du pays. Allons-nous bientôt n'utiliser que le dollar américain? Qu'est-ce qui se passe?

M. Campbell: Vous avez mis le doigt sur l'un des plus importants débats actuels concernant la politique gouvernementale, nommément les raisons qui expliquent la dévaluation du dollar. M. Dodge s'est tourné vers vous pour obtenir des orientations à ce sujet et sur la question plus vaste de l'éventuel établissement d'une devise commune, de l'adoption par le Canada du dollar américain ou du maintien de la devise canadienne. Dans leurs décisions et dans leurs pratiques commerciales, nos banques tiennent compte de la valeur du dollar de jour en jour, et même d'heure en heure. De toute évidence, elles sont toutes dotées de mécanismes qui leur permettent de le faire. À propos de l'enjeu plus vaste, nous avons le sentiment que le débat doit être poussé plus loin. Cette question suscite toujours énormément de discussions. Les représentants de l'industrie bancaire et de la collectivité au sens plus large ont des points de vue très différents sur les raisons de la dévaluation du dollar et sur le soutien qu'il convient ou non de lui accorder. Aujourd'hui, tout ce que j'ai à dire, c'est que le débat poursuit son cours. Il fera rage pendant encore un moment. Sur le plan des affaires, mes collègues ont peut-être quelque chose à ajouter sur ce que la situation signifie pour les pratiques relatives aux prêts agricoles.

M. Kleinschmidt: Je ne crois pas avoir les compétences requises pour vous aider à comprendre la situation d'ensemble. Cependant, je peux vous parler des conséquences de cet état de fait sur la vie de tous les jours d'un agriculteur. Je peux vous faire part de mon expérience personnelle, mais on retrouve la même situation dans toutes les banques. Nous offrons tous des produits qui aident les agriculteurs à se protéger contre les fluctuations de devises. En ce qui concerne l'industrie céréalière et le «couloir des parcs d'engraissement» du sud de l'Alberta, la fluctuation des devises compte pour une bonne part des risques. Nous offrons des produits, des options, des dispositifs et le reste qui contribuent à atténuer et à gérer ces risques. Au fur et à mesure que les besoins auxquels répondent ces produits augmentent, les établissements financiers perfectionnent également leur expertise dans le domaine agricole. À la Banque Royale, par exemple, il y a, au sein de Dominion Securities, un vice-président qui s'intéresse tout particulièrement aux outils de couverture uniquement destinés au marché des exploitations agricoles et des agroindustries. Cela n'est pas une solution, et ça ne répond pas à la question plus générale que vous avez posée, mais il y a des mesures que nous pouvons prendre pour contribuer à la gestion de ces risques.

Le président: Ce sont là des solutions à court terme au problème. J'ai discuté de cette question avec le sénateur Dan Hays, notre président, qui connaît très bien l'industrie du bétail de l'Alberta. Il m'a dit que les parcs d'engraissement s'attendaient à perdre aujourd'hui, en raison de la diminution du prix du bétail aux États-Unis, probablement 200 $ par tête. Il s'agit d'un coût effectivement majeur, mais qui a à tout le moins le mérite d'attirer notre attention sur la valeur de notre dollar par rapport aux autres devises de même que sur la situation de nos exportations. En ce qui concerne l'industrie du bétail, par exemple, la disparition du marché des exportations vers les États-Unis acculerait les producteurs à la faillite.

M. Kleinschmidt: Je pense que nous sommes tous au fait de l'importance que revêtent les exportations pour l'agriculture canadienne. Sur le plan des exportations, l'industrie représente un énorme atout pour le Canada. La crise actuelle dans le secteur du bétail et des parcs d'engraissement fait de toute évidence partie du cycle.

Le président: Il s'agit d'un cycle, cela ne fait aucun doute.

M. Kleinschmidt: C'est pourquoi il est si important de comprendre les caractéristiques uniques de l'industrie. Il y a un cycle, et nous en sommes dans la phase descendante. Les choses mettront du temps à revenir à la normale. Bon nombre d'exploitants de parcs d'engraissement ont travaillé de concert avec leurs fournisseurs de services financiers pour atténuer les risques le mieux possible. Nous tentons de prévoir ces cycles, d'examiner la situation de l'exploitant, la profondeur de sa direction et sa situation financière et, enfin, d'établir des politiques qui permettent aux intéressés de survivre à ces cycles. La fluctuation des devises intervient également, mais la dynamique plus large observée aujourd'hui dans le secteur des parcs d'engraissement s'inscrit simplement dans le cadre du cycle.

M. Funk: Nous sommes conscients de l'existence du cycle. Nous avons établi nos politiques en fonction de l'industrie bovine et d'autres, compte tenu de ce cycle. À l'heure actuelle, nous veillons à ce que nos directeurs de comptes dans le secteur comprennent le domaine le mieux possible. Si les exploitants accusent une perte de 200 $ par animal vendu aujourd'hui, comme dans l'exemple que vous avez cité, à combien d'autres animaux vendus par le producteur la perte s'appliquera-t-elle? Combien faudra-t-il de temps avant que ce dernier soit en mesure d'abaisser le prix moyen des animaux qui arrivent au parc d'engraissement pour la ronde suivante, ainsi de suite? Nous nous assurons que les membres de notre personnel et nous-mêmes comprenons l'industrie. Comme M. Kleinschmidt l'a indiqué, nous mettons au point une gamme d'outils qui leur permettront d'atténuer au mieux les risques.

Le président: L'industrie du bétail a été l'une des plus vigoureuses du Canada. Elle a connu de bons jours dans ce que vous appelez le cycle. À une certaine époque, les producteurs ont réalisé de bons profits. Je ne veux pas que les banquiers coupent leur accès au crédit. La fluctuation du marché est préoccupante, cela ne fait aucun doute.

Je tiens à vous remercier d'avoir comparu devant nous ce matin. Nous avons eu un bon échange et une bonne discussion. Nous vous sommes reconnaissants de votre présence et aimerions vous recevoir de nouveau un jour parce que nous avons affaire, dans ces secteurs, à certains facteurs importants pour le Canada. Je vous remercie.

M. Campbell: Monsieur le président et sénateurs, merci de l'occasion que vous nous avez donnée. Nous avons beaucoup apprécié la discussion. Nous espérons vous avoir été utiles.

La séance est levée.


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