Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 32 - Témoignages
OTTAWA, le mardi 19 février 2002
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 12 h 30 pour examiner le commerce international des produits agricoles et agroalimentaires et les mesures à court et à long termes pour la santé du secteur agricole et agroalimentaire dans toutes les régions du Canada.
Le sénateur Leonard J. Gustafson (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président: Honorables sénateurs, nous avons quorum. Nous sommes très heureux d'accueillir ce matin le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire du Canada. Il fera un exposé de 30 minutes, après quoi nous passerons à la période des questions.
L'honorable Lyle Vanclief, ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire Canada: Je suis ravi de comparaître devant vous aujourd'hui. Avant de commencer mon exposé, je tiens à vous remercier et à vous féliciter pour le travail que vous faites. Vous avez siégé dans la région de l'Atlantique la semaine dernière, et j'ai lu votre communiqué de presse.
L'exposé d'aujourd'hui portera sur une nouvelle architecture pour la politique agricole et sur le fait que nous devons envisager l'établissement d'un nouveau cadre qui concordera en tous points avec les énoncés de ce communiqué. Les travaux sont en cours et sont loin d'être terminés. La participation du comité sénatorial, du Comité de l'agriculture, les délibérations du groupe de travail et les conclusions d'un grand nombre de consultations, tout cela sera pris en compte dans les décisions finales.
Aujourd'hui, j'entends vous parler de certains des enjeux majeurs en agriculture au Canada, ainsi que de l'élaboration d'une nouvelle architecture pour la politique agricole en vue d'assurer la prospérité du secteur au XXIe siècle.
Comme le précisait le discours du Trône prononcé en janvier 2001, le gouvernement du Canada s'engage à aider le secteur agricole canadien à aller au-delà de la gestion de crises afin de favoriser une véritable diversification et une croissance à valeur ajoutée, de nouveaux investissements et l'emploi, une meilleure utilisation des terres et l'application de normes supérieures de bonne intendance de l'environnement et de salubrité des aliments. Le gouvernement fédéral et les provinces ont collaboré et ont consulté l'industrie pour définir une démarche stratégique à ces fins. En juin, mes collègues provinciaux et territoriaux et moi avons adopté à l'unanimité un accord de principe sur un plan d'action visant l'établissement d'un cadre stratégique pour l'agriculture. Cette nouvelle architecture pour la politique agricole vise à transformer fondamentalement l'agriculture canadienne au XXIe siècle.
Nous parlons ici d'un important secteur de l'économie — un secteur qui engendre plus de 8 p. 100 du produit intérieur brut, qui est le plus important secteur manufacturier dans sept des dix provinces; qui emploie un travailleur sur sept au Canada et qui apporte une contribution de 5 à 7 milliards de dollars par année à notre excédent commercial. En 1998, par exemple, cela représentait un bon tiers de l'excédent commercial total du Canada.
Les agriculteurs forment les assises du secteur. Un important groupe de fermes commerciales produisent la plus grande partie de nos denrées agricoles et gagnent environ 96 p. 100 du revenu agricole net total. Ces agriculteurs peuvent devenir des chefs de file au XXIe siècle. D'autres producteurs canadiens travaillent très dur pour demeurer en agriculture. Certains peuvent aussi devenir des chefs de file au XXIe siècle, d'autres doivent faire des choix difficiles.
Bref, pour réaliser le plein potentiel du secteur agricole canadien, nous devons aider tous les agriculteurs à assumer les facteurs qui façonnent l'avenir de l'agriculture. Les risques habituels, comme les intempéries, les maladies et les fluctuations du marché mondial, demeurent importants, mais ce ne sont pas les seuls défis à relever. La concurrence internationale sur les marchés des produits agricoles s'intensifie. De plus, certains de nos principaux concurrents continuent de verser des subventions importantes à leur industrie; toutefois, la victoire que nous avons remportée aux négociations de l'Organisation mondiale du commerce à Doha nous donne un outil de poids pour rendre les règles du jeu plus équitables.
Les Canadiens et Canadiennes et les consommateurs sur les marchés mondiaux veulent être davantage informés sur la salubrité et la qualité de leurs aliments et sur leur mode de production. Depuis le 11 septembre, ces préoccupations sont on ne peut plus présentes partout. Les percées scientifiques ouvrent la voie à des améliorations de la productivité agricole, de la salubrité des aliments et de la bonne intendance de l'environnement. Elles offrent également des possibilités de création de nouvelles sources de revenu grâce à des produits innovateurs. L'agriculture devient également rapidement une industrie du savoir, et les agriculteurs ont de plus en plus besoin d'apprendre continuellement.
L'accord conclu à l'unanimité entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral à Whitehorse en juin dernier a jeté les assises d'une nouvelle architecture pour la politique agricole, et celle-ci permettra de relever les défis qui émergent. L'Accord de Whitehorse prévoit un cadre intégré reposant sur des objectifs nationaux communs. Il oblige les gouvernements à faire état des progrès réalisés à l'égard des objectifs, et ce, régulièrement et de manière pertinente pour les Canadiens et Canadiennes. Il reconnaît également la nécessité d'un partenariat plus solide entre les gouvernements, le secteur et les Canadiens et Canadiennes.
Le plan d'action comporte cinq éléments: la gestion des risques; la salubrité et la qualité des aliments; l'environnement; le renouvellement; les sciences et l'innovation. L'intégration de ces éléments fera du Canada le chef de file mondial en matière de salubrité des aliments, d'innovation et de production respectueuse de l'environnement.
Regardons brièvement et d'un peu plus près chacun de ces éléments en examinant ceux que nous voudrions principalement intégrer à la nouvelle architecture.
S'agissant de la gestion des risques, nous disposons actuellement d'un ensemble disparate de programmes de protection du revenu visant tous à atténuer le même risque fondamental, soit les fluctuations du revenu agricole. Or, ces programmes sont mal intégrés. Ils ne couvrent pas les risques majeurs, comme les marges négatives ou une interruption des activités. De plus, la plupart de ces programmes ne requièrent qu'une faible contribution des agriculteurs, les gouvernements assumant la plus grande partie des coûts. Les programmes incitent également les agriculteurs à choisir ce qu'ils veulent. Nous n'avons pas établi de règles claires concernant la participation ni la façon de recourir globalement à ces programmes. Ces mesures favorisent donc la dépendance à l'égard des pouvoirs publics.
Il nous faut également clarifier un autre point clé de notre ensemble de programmes de protection du revenu. Nos politiques ont été élaborées afin de stabiliser les fluctuations du revenu agricole — elles ne visent nullement à répondre aux besoins des agriculteurs dont le principal problème est de toujours tirer un faible revenu de leur exploitation. Pourtant, les agriculteurs à faible revenu n'ont actuellement aucune véritable solution de rechange aux programmes de protection du revenu existants, de sorte qu'ils comptent sur ceux-ci et exigent qu'on les enrichisse pour améliorer leur piètre situation financière. En fait, nos programmes de protection du revenu vont dans deux directions très différentes: d'une part, ils agissent comme outil commercial permettant aux agriculteurs de gérer le risque; d'autre part, ils constituent une subvention passive au revenu. Nous devons effectuer une transition fondamentale — il faut délaisser les programmes de protection du revenu, qui sont axés sur le passé, pour adopter une approche axée sur la gestion des risques qui favorise l'adaptation pour l'avenir. Les gouvernements tentent depuis longtemps de convaincre les agriculteurs des avantages liés à l'innovation, à la diversification et à la production à valeur ajoutée. Cependant, un fait demeure: nos programmes de protection du revenu n'encouragent pas vraiment ces activités. Dans bien des cas, c'est plutôt l'inverse. Par exemple, la plupart des programmes ne reconnaissent pas les mesures que les agriculteurs pourraient prendre pour réduire les risques auxquels ils sont exposés.
Je recommande la mise en place d'un système intégré de gestion des risques dans le cadre duquel les coûts seront partagés entre les agriculteurs et les gouvernements. Pour calculer les primes, par exemple, nous examinerons toutes les activités de l'exploitation agricole, et non seulement celles liées à une culture en particulier. Nous tiendrons également compte de tous les efforts déployés par l'agriculteur pour réduire les risques auxquels son exploitation est exposée, pour s'adapter aux changements et pour innover de façon continue. En bout de ligne, nous encouragerons activement la gestion des risques et la croissance.
Passons maintenant à la salubrité et à la qualité des aliments. La salubrité des aliments est essentielle afin d'assurer la sécurité du pays et de conserver les marchés nationaux et internationaux. Nous avons déjà fait beaucoup de chemin en matière de salubrité des aliments, mais l'accent a été mis en aval de l'exploitation agricole, soit sur la transformation des aliments et les systèmes de distribution. Aujourd'hui, nous constatons un nombre croissant de situations qui pourraient être corrigées à la ferme. Nous devons mettre l'accent sur les améliorations à la ferme dans le cadre du continuum de la salubrité des aliments. Les agriculteurs sont conscients de cette réalité, mais il reste encore beaucoup à faire.
Écoutons un instant ce qu'a à dire M. John Kolk, l'ex-président des Producteurs de poulet du Canada. Selon lui, le public a commencé à s'inquiéter lorsque des choses comme les épidémies d'EBS, les traces de bactérie E. coli et des situations comme celle de Walkerton se sont produites. Tout cela a des répercussions sur les agriculteurs aujourd'hui. Il ne suffit pas de dire: nous sommes de chics types, nous avons grandi à la ferme et nous nous préoccupons de vous. Il faut faire plus. Nous devons prouver que ce que nous faisons présentement à la ferme est bon pour le consommateur.
En outre, si un problème de salubrité des aliments survient, que la cause soit naturelle ou qu'il s'agisse d'un acte terroriste, les systèmes de suivi et de retraçage joueront un rôle crucial en permettant de retracer l'origine du produit jusqu'à la ferme. Les événements survenus ces dernières années dans diverses régions du monde nous ont certainement sensibilités à l'importance de ce phénomène. En ce moment, la découverte d'un seul cas de maladie, chez une plante ou un animal, pourrait entraîner la suspension des exportations canadiennes d'un produit. Grâce à des systèmes sophistiqués de suivi et de retraçage, nous pourrions réduire au minimum les risques pour l'économie, la santé et la sécurité en interdisant rapidement le mouvement des produits dans les régions où les cas de maladie ont été retracés et en pouvant garantir de façon crédible que les autres régions n'ont pas été touchées. Certaines régions du Canada devraient évidemment suspendre l'exportation de leurs produits jusqu'à ce que le problème soit réglé, mais le reste du pays pourrait poursuivre ses activités d'exportation et maintenir sa viabilité.
Certains secteurs ont commencé à mettre en œuvre des systèmes de suivi et de retraçage. Par exemple, avec l'aide du gouvernement du Canada, le secteur de l'élevage bovin a commencé à mettre en œuvre un programme national d'identification obligatoire pour tous les bovins canadiens grâce à des étiquettes d'oreilles. Ce programme ne fait que débuter — il y a encore des lacunes à combler — mais il constitue un bel exemple d'initiative en matière de suivi et de retraçage au Canada.
Voici un message enregistré de M. Gordon Mitchell de la Canadian Cattle Identification Agency pour expliquer ce que fait cet organisme et l'importance de son travail.
M. Gordon Mitchell: À mon avis, le programme d'étiquetage comporte deux avantages majeurs. L'un d'eux profite au producteur du fait que nous pouvons contrôler et identifier très rapidement les animaux qui peuvent avoir été infectés par une maladie épidémique et éradiquer cette maladie parce que nous pouvons agir très rapidement et retracer facilement le troupeau d'origine des animaux et les fermes où ils peuvent s'être trouvés.
Parlons maintenant de l'environnement. À mesure que le secteur de l'agriculture intensifie ses activités, ses répercussions sur l'environnement augmentent également, en particulier au chapitre de la qualité de l'eau et des émissions de gaz à effet de serre. Ces répercussions préoccupent de plus en plus les citoyens. Voici un message enregistré de M. David Runnalls, président de l'Institut international du développement durable:
M. David Runnalls: Il est intéressant de signaler que chaque fois que l'on fait un sondage, on constate que les Canadiens et les Canadiennes se préoccupent beaucoup plus d'agriculture que personne ne le soupçonnait, à mon avis. Mais nous découvrons également très vite que l'une des raisons pour lesquelles ils se préoccupent d'agriculture, c'est que les Canadiens et les Canadiennes savent très bien que les agriculteurs sont responsables d'une grande partie de notre base de ressources environnementales.
Je pense que même si le public est en fait très favorable à l'agriculture, ce qui est étonnant, il commence à se poser des questions très perspicaces quant aux répercussions de l'agriculture sur l'environnement.
Peut-être n'avons-nous pas assez insisté sur le lien entre l'agriculture et l'environnement et, partant, il nous manque des outils pour régler ce problème. Sur le plan scientifique, nous ne comprenons pas ce phénomène aussi bien que nous le devrions, c'est pourquoi nous devons augmenter nos investissements. Nous ne connaissons pas vraiment l'ampleur des problèmes. En outre, les agriculteurs ne sont pas outillés pour faire les investissements nécessaires qui, dans certains cas, pourraient s'avérer coûteux.
On y travaille, d'un bout à l'autre du pays, mais de façon disparate — les gouvernements sont intervenus au cas par cas. Par conséquent, nous risquons d'avoir un ensemble disparate de programmes et de priorités. Cette fragmentation n'assurera pas au secteur une approche nationale uniforme, et nous perdrons notre capacité de faire du Canada un chef de file en matière d'environnement sur les marchés internationaux.
Pour régler ce dossier avec les provinces, les territoires et le secteur, notre approche sera axée sur le rôle du fédéral, notamment: la R-D; la mesure et le contrôle; l'échange d'information; des outils à l'intention des agriculteurs. Et s'il existe un lien évident avec les priorités fédérales, l'aide sera ciblée sur l'infrastructure, la base du partage des coûts avec d'autres gouvernements et avec les agriculteurs.
Pour ce qui est du renouvellement, comme je l'ai dit tout à l'heure, l'agriculture est en train de devenir un secteur axé sur le savoir, mais il nous faudra faire davantage pour que les agriculteurs aient les outils nécessaires pour réussir demain. Voici un message enregistré de Mme Anne Forbes du Conseil canadien de la gestion d'entreprise agricole.
Mme Anne Forbes: La différence dans notre industrie aujourd'hui, et en fait, ce qui diffère d'hier, c'est que c'est la dynamique et la vitesse de la dynamique qui sont en train de changer dans notre industrie.
Il est donc très important que nous demeurions souples et flexibles, que nous soyons aux aguets. Et ce dont nous avons besoin en matière de compétences, c'est d'une approche plus sophistiquée sur le plan commercial. Nous devrons donc former des alliances avec d'autres entités, peut-être même à l'extérieur de notre industrie. Mais pas seulement des alliances. Nous allons devoir apprendre à négocier parce que c'est notre tête qui sera sur le billot en fin de compte. Nous devrons aussi apprendre l'art d'établir des liens. C'est ça qui sera la clé de notre industrie.
Le changement qu'impose le renouvellement diffère selon le groupe démographique. Nous en avons déjà discuté ici. Les agriculteurs débutants ont surtout besoin de connaissances du monde des affaires, de compétences techniques et d'un accès au capital pour entrer dans le secteur avec des bases solides. Les agriculteurs qui prennent leur retraite ont besoin d'aide pour céder leur exploitation à leurs enfants ou pour la vendre. Les agriculteurs à mi-chemin de leur carrière se divisent en deux groupes: ceux qui peuvent profiter de nouvelles compétences et d'une formation qui leur permettront de diversifier ou d'agrandir leur exploitation; et ceux dont les fermes demeureraient non viables même avec de l'aide et qui doivent avoir accès à d'autres options pour demeurer en agriculture.
Voici les principes que nous proposons, en consultation avec les provinces et le secteur, sous le volet renouvellement de la nouvelle architecture. Nous travaillerons avec DRHC et le secteur à l'élaboration d'une perspective nationale des compétences nécessaires en agriculture. Et nous recourrons à cette perspective commune pour élaborer des programmes axés sur les compétences, des programmes de cours collégiaux et d'autres options de formation, en collaboration avec nos collègues des provinces, les établissements d'enseignement et le secteur. Un service de consultation élargi fournira aux agriculteurs des conseils, une meilleure planification d'entreprise et des options commerciales et les dirigera vers des services de soutien spécialisés. La principale caractéristique de ce service est qu'il reposera sur l'examen des pairs, car nous avons découvert que la meilleure façon de modifier les comportements consiste à faire travailler les agriculteurs avec d'autres agriculteurs.
Nous voudrions également offrir une formation et une allocation de subsistance aux agriculteurs qui choisissent d'exercer des activités de formation à l'extérieur de la ferme. Nous voulons être là pour eux lorsqu'ils travaillent à améliorer leurs compétences, afin qu'ils puissent continuer à s'adonner à l'agriculture ou à profiter de possibilités à l'extérieur de la ferme, selon ce qui représente la meilleure option pour eux-mêmes et pour leur famille.
En ce qui concerne la science, nous avons mis l'accent sur les enjeux traditionnels — soit les produits, les rendements et la productivité. Par exemple, une bonne partie de nos recherches est axée sur le blé, un produit dont les prix et la part de la production sont à la baisse depuis au moins les années 50. Je ne suggère pas que nous mettions fin à cette recherche, mais je réattribue les ressources en matière de recherche au sein de mon ministère pour atteindre un meilleur équilibre entre la recherche et les travaux davantage orientés vers l'avenir — parce que nous avons besoin des deux. Certains de ces commentaires ont déjà été entendus autour de cette table également
En progressant, nous allons nous réorienter vers la bioéconomie afin d'améliorer la salubrité des aliments et les pratiques environnementales, et pour créer de nouveaux produits et de nouveaux procédés de production et trouver de nouveaux débouchés commerciaux. Voici un message enregistré deM. Mordechai Rozanski, président de l'Université de Guelph.
M. Rozanski: Le monde de l'agriculture et de l'agroalimentaire vit actuellement une période très emballante parce que les sciences de la vie ouvrent de nouvelles possibilités à tout le secteur. Plus on en apprend sur la science de la vie, plus on peut appliquer ces connaissances à la création de nouveaux produits à partir de denrées agricoles de base. On pense par exemple aux carburants renouvelables comme l'éthanol, les plantes desquelles on peut tirer de nouveaux médicaments et même des bactéries qui peuvent permettre de régler le problème des déchets dangereux.
Franchement, la liste potentielle est sans fin, tout comme les avantages potentiels, notamment des avantages pour notre santé, notre sécurité, notre environnement et notre économie, tant à l'échelle nationale qu'internationale. Ce qui est important de retenir, c'est que l'agriculture canadienne peut être au coeur de cette nouvelle révolution des sciences de la vie.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, tous les éléments du cadre sont interreliés. Nous devons fournir à nos agriculteurs, pour qu'ils réussissent, les bons outils afin qu'ils puissent répondre aux demandes dans les domaines de la salubrité des aliments et de l'environnement; afin qu'ils soient outillés de manière à pouvoir croître et diversifier leurs activités et accéder à des options et à des possibilités de parfaire leurs compétences grâce aux programmes de renouvellement; et afin qu'ils puissent profiter des possibilités qu'offre la science.
Parallèlement, nous allons restructurer notre approche en matière de gestion des risques pour qu'elle serve de moteur et accélère les mesures dans ces secteurs, et fasse en sorte que ceux qui agissent soient récompensés de sorte que d'ici cinq ans le Canada soit considéré comme un chef de file mondial dans ce dossier. Ensemble, ces nouveaux outils et le système de gestion des risques qui favorise leur utilisation accéléreront la mise en œuvre du nouveau cadre stratégique pour l'agriculture et nous mèneront à notre vision de faire du Canada le chef de file mondial.
En coordonnant les mesures sur les cinq éléments, nous allons redéfinir en profondeur l'agriculture, de sorte que dans cinq ans, il y aura des plans et des mesures de gestion de l'environnement dans toutes les fermes, des systèmes de salubrité des aliments à la ferme et un suivi des produits alimentaires canadiens, «du champ à l'assiette». Voilà tous des facteurs qui, il y a même trois ou quatre ans, n'étaient pas pris en compte, ni même sur la liste des priorités.
La gestion des risques devrait faire partie des activités quotidiennes des agriculteurs. Les agriculteurs devraient bénéficier du soutien dont ils ont besoin pour faire des choix éclairés et de l'aide nécessaire pour assurer le suivi. L'apprentissage continu aiderait les agriculteurs à demeurer au fait des derniers progrès scientifiques, en matière de gestion du risque, de planification stratégique et technique. Tous ces facteurs combinés aideraient le Canada à conquérir des marchés. La science sera appliquée aux nouvelles priorités et permettra de créer de nouveaux débouchés dans le secteur.
La nouvelle architecture mise en place fournira un outil très puissant à utiliser à l'échelle mondiale. Dans un marché international plus compartimenté, nous pourrions créer une image du Canada plus forte en tant que chef de file mondial en matière de salubrité des aliments, d'innovation et de production responsable sur le plan de l'environnement. Cette image nous aidera à développer les marchés existants et à en créer de nouveaux. Dans le monde de l'après-Seattle, où la société civile est maintenant beaucoup plus active, le Canada prendrait des mesures en matière de salubrité des aliments et d'environnement de façon uniforme sur le plan national.
Dans un contexte commercial où les pays en développement se sentent de plus en plus laissés pour compte et où les enjeux techniques acquièrent plus d'importance, nous serions en excellente position pour offrir de nouveaux outils de développement et créer des alliances qui feraient progresser notre programme international.
Écoutons maintenant ce qu'a à dire M. John Olmstead, un entrepreneur agricole très prospère de l'Ontario, qui met déjà à profit les progrès réalisés en matière de salubrité des aliments et de bonne intendance environnementale pour conquérir les grands marchés.
M. John Olmstead: Aussi, à l'avenir, nous allons devoir créer des créneaux. Nous devons nous faire connaître à titre d'entreprises canadiennes individuelles ou comme groupe canadien là où l'on pourra fournir des produits qui sont non seulement salubres, mais qui peuvent être offerts à un consommateur de plus en plus réorienté vers la production à la ferme de façon à pouvoir profiter de certaines des possibilités que cela va générer.
Si nous n'investissons pas dans cette nouvelle architecture, nous ne profiterons d'aucun de ces avantages. Beaucoup d'autres pays commencent à aller dans ce sens — l'Écosse, les pays de l'Union européenne, les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande. Tous ces pays cherchent à élaborer des démarches intégrées aux enjeux discutés aujourd'hui, mais le Canada est le premier à élaborer un cadre national intégré qui lui permettra d'aller de l'avant.
La mise en œuvre de cette nouvelle architecture représentera également une victoire importante pour le secteur de l'agriculture. Le secteur a fourni un appui considérable à cette nouvelle orientation. Selon un communiqué publié par la Fédération canadienne de l'agriculture à la suite de la réunion de Whitehorse, en juin, cet accord est fondamental pour que le secteur fasse la transition vers une agriculture économiquement, socialement et environnementalement durable.
Dans le même communiqué, le président de la Fédération canadienne de l'agriculture, Bob Friesen, souligne que la FCA s'engage à faciliter ce processus en cours, avec le gouvernement et le secteur, pour que ce dernier aille au-delà de cette première étape importante.
Cette nouvelle architecture assurera également une victoire pour la qualité de vie des Canadiens et des Canadiennes, en mettant de l'avant d'importantes priorités énoncées dans le discours du Trône. Nous irons au-delà de la gestion des crises en agriculture, mais ce n'est pas tout. Nous apporterons en outre des améliorations importantes dans les secteurs suivants: environnement, science et innovation, compétences et apprentissage, santé et sécurité de la population, développement rural et une fédération forte.
Nous devons continuer sur cette lancée et en tirer parti. Lors de la rencontre à Whitehorse, mes collègues provinciaux et moi sommes parvenus à un accord unanime sur une nouvelle architecture afin de faire du Canada un chef de file mondial. Nous consultons les intéressés et travaillons de concert avec le secteur à l'égard de cette approche ainsi qu'avec un échantillon représentatif d'intérêts — universitaires, experts en politique publique et groupes de défense de l'environnement et des consommateurs. Comme je l'ai dit tout à l'heure, ce travail est complété par les comités du Sénat et de la Chambre, notamment. Mais il reste beaucoup de travail à accomplir avec les provinces et le secteur pour concrétiser cet accord.
Le budget de décembre témoigne de l'engagement du gouvernement fédéral d'accorder sa part de financement au nouveau cadre stratégique pour l'agriculture. Cet engagement nous permettra d'aller de l'avant, en partenariat avec les provinces et les territoires, le secteur et tous les Canadiens en vue d'élaborer et de mettre en œuvre une approche d'avant-garde, intégrée et soutenable sur le plan financier de la politique agricole pour le XXIe siècle.
Voici les prochaines étapes dans l'application de cette nouvelle architecture. En premier lieu, nous avons établi à Whitehorse les grandes lignes d'un nouveau cadre stratégique, et depuis, nous nous sommes attardés sur les détails. Lors de notre rencontre récente à Toronto, nous avons défini les objectifs communs provisoires pour chacun des domaines, qui serviront de base à la poursuite de poursuivre notre travail.
Au niveau de l'environnement, par exemple, un objectif provisoire relatif à l'eau pourrait comprendre la réduction des risques agricoles à la qualité de l'eau en augmentant le nombre de terres agricoles qui présentent un faible risque de contamination de l'eau par des substances nutritives, des agents pathogènes et des pesticides. En ce qui concerne la salubrité des aliments, la confiance accrue en la salubrité des aliments au Canada pourrait constituer un autre objectif à atteindre.
Nous allons consulter de façon plus exhaustive le secteur, les législateurs et les Canadiens au cours des prochains mois, afin de discuter des nouvelles orientations de la politique agricole au moyen, notamment, d'ateliers avec l'ensemble de la chaîne de production agricole — un produit à la fois, au moyen de consultations avec un échantillon représentatif d'intérêts de partout au Canada, et d'un site Web relié à des sites provinciaux et territoriaux qui fournissent des renseignements sur le nouveau cadre stratégique.
Bien que nous ayons une vision solide et une bonne orientation pour l'avenir du secteur, la façon de nous y rendre et la voie précise que nous prendrons pour ce faire peuvent être débattues et discutées et doivent être déterminées de concert avec le secteur, les consommateurs et un échantillon représentatif de Canadiens. Nous n'avons pas toutes les réponses... ou même toutes les questions. Je compte sur vos observations ou vos commentaires qui font partie du processus de consultation inclusif.
Je vais également poursuivre le travail sur des accords détaillés avec les provinces et le Yukon et rencontrer les ministres de nouveau en avril afin de faire progresser les discussions. Lors de la rencontre des ministres à Toronto en janvier, nous avons établi la marche à suivre au cours des prochains mois pour nous assurer que nous serons en mesure de signer, lors de notre rencontre annuelle en juin prochain à Halifax, un accord général officiel qui façonnera la politique agricole à long terme du Canada.
Si je peux vous laisser un dernier sujet de réflexion pour conclure cette présentation, ce serait l'importance d'adopter une approche à long terme et exhaustive pour l'avenir de l'agriculture.
Le président: Il semble que les offices de commercialisation au Canada se tirent passablement bien d'affaire.
Nous venons tout juste de rentrer des Maritimes où il y a certains problèmes. L'un concerne l'obtention des semences, l'autre, les coûts de production. Cependant, le secteur des céréales et des oléagineux, dont il a été question dans le budget du ministre Paul Martin, est très en danger, pour reprendre ce que vous avez dit.
Quelles mesures précises avez-vous en tête pour gérer ce risque? Nous allons perdre beaucoup de ces agriculteurs si l'on n'injecte pas des capitaux à très court terme. Je suis conscient que des mesures ont été prises, mais elles ne sont pas suffisantes pour régler le problème dans le secteur des céréales et des oléagineux.
Vous avez également parlé de créneaux. Nous sommes bien au courant de cela. Par exemple, en Saskatchewan, l'avoine pouvait se vendre jusqu'à 3 $ le boisseau, mais personne n'en avait à vendre. Si tout le monde sème de l'avoine cette année, et il va y en avoir beaucoup de semé, le prix va revenir à 75 cents.
Je ne dis pas que nous ne devrions pas viser ces marchés ni essayer de voir quelle est la meilleure culture à faire. En fait, je viens de parler de haricots. Dans le sud de la Saskatchewan, on incite fortement les agriculteurs à cultiver des haricots. Mais les agriculteurs ontariens disent de ne pas en planter parce que le prix n'est pas assez bon.
Quelle solution y a-t-il au problème des céréales et des oléagineux au Canada? Je pense que c'est dans ce domaine que le comité décèle les problèmes les plus graves.
M. Vanclief: Je suis d'accord qu'il y a là un sérieux problème. La concurrence est féroce sur le marché. Nous devons voir comment nous pouvons atténuer les défis à relever. En bout de ligne, c'est que nous n'avons pas, par exemple, suffisamment d'argent dans les coffres du gouvernement du Canada pour donner des subventions équivalentes à celles qu'offrent d'autres pays, dollar pour dollar. Ces subventions qu'accordent actuellement les autres pays augmentent les coûts de production.
Peut-être pourrais-je vous montrer quelques tableaux illustrant certaines des réalités auxquelles nous faisons face actuellement. Le tableau à la page 47 montre ce qu'il en est du prix mondial du blé depuis 1970. Vous remarquez une pente descendante. Voilà la réalité à laquelle nous sommes confrontés. Cela vient confirmer ce que vous dites.
Mais qu'est-ce qui cause cela? On peut l'illustrer par un graphique en forme de tarte. La demande mondiale de blé a diminué de 47 p. 100 entre 1995 et 2000. Les réserves mondiales ont augmenté de 26 p. 100. Bien sûr, les subventions aux États-Unis et dans les pays de l'Union européenne sont des facteurs à prendre en compte, mais ce ne sont pas les seuls. Certains disent que c'est le principal problème auquel ils font face.
Pour revenir à votre exemple de l'avoine, il faudrait qu'un plus grand nombre de nos producteurs acceptent de gérer des risques et de passer des marchés. Mon fils exploite la ferme d'une façon différente de la mienne. Il passe des marchés. Moi, je faisais des cultures et j'espérais que le prix serait bon à l'automne. J'étais toujours à la limite. Aujourd'hui, on s'y prend autrement.
Les autres réalités que nous devons atténuer sont celles que vous avez mentionnées en parlant des haricots ou des oléagineux. À gauche de ce tableau se trouve le coût total de production au Brésil. La portion blanche, c'est le coût de la terre. Le reste, c'est le coût de production. Le Brésil, avec seulement 5 à 10 p. 100 de subventions, a un coût de production de moitié inférieur au nôtre. C'est le genre de concurrence que nous devons affronter.
Les agriculteurs américains vont recevoir plus de subventions. Les subventions sont incorporées au capital et le coût de production augmente. Le prix des produits mondiaux ne va pas augmenter, malheureusement, à cause de l'offre et de la demande. L'écart s'élargit sans cesse.
Monsieur le président, il n'y a pas de méthode unique à adopter. Nous avons utilisé les chiffres, les outils de gestion du risque et les filets de sécurité dans le passé. Et comme nous en avons discuté ici, ça n'a pas fonctionné dans tous les cas. Par conséquent, il faut avoir une vision plus large.
Les ministres et moi sommes en train de nous dire que nous devrions nous intéresser à ce qui s'est produit dans le passé. Je ne critique pas ce qui s'est fait. L'intention était peut-être bonne. On peut analyser l'histoire et c'est ce qui se fait présentement.
Tout le monde a des ressources restreintes, y compris les gouvernements fédéral et provinciaux et les producteurs. Essayons de voir si nous ne pourrions pas mieux travailler à partir de ces ressources et prendre en considération les moyens qui nous permettraient d'atténuer certains des défis à relever. Nous devons également reconnaître les autres préoccupations, celles au sujet de l'environnement, de la salubrité, et cetera, et être capables de commercialiser notre produit.
Le président: Vous avez parlé dans votre exposé de l'importance de l'agriculture en ce qui concerne la création d'emplois, l'économie, et ainsi de suite. Le Canada peut-il se permettre de perdre ses agriculteurs?
M. Vanclief: Actuellement, le nombre d'agriculteurs au Canada ne diminue pas plus rapidement que cela n'a été le cas au cours des dernières décennies. Les économies d'échelle, les efficacités, et cetera, tout cela demeure inchangé. Les agriculteurs de l'Ouest du Canada peuvent maintenant ensemencer une partie beaucoup plus grande de leurs terres en 24 heures ou en sept jours qu'ils ne pouvaient le faire avant à cause de l'équipement dont ils disposent, des méthodes différentes de culture, et cetera.
En bout de ligne, ce qui compte, c'est que nous produisons plus que jamais auparavant au Canada et que ça prend moins de gens pour le faire. Oui, c'est bien le cas. Cela ne fait aucun doute. Ça prend moins de gens pour construire une automobile qu'avant. Ça prend moins de gens pour faire la plupart des choses au Canada que ça n'en prenait auparavant.
Ce qui compte, c'est qu'il y a deux millions de Canadiens de plus au travail qu'il n'y en avait il y a quelque huit ans. Dans certains cas, les gens se déplacent vers un autre secteur. Soixante-quinze pour cent des emplois dans le secteur agroalimentaire ne sont pas des emplois à la ferme.
J'aimerais faire des commentaires sur l'aspect du renouvellement dont l'objectif est d'aider les gens à rester à la ferme. Nous voulons les aider à acquérir les compétences et la formation en matière de gestion, nous voulons les aider à apprendre à faire quelque chose d'autre. Si leur exploitation, leur capital ou la terre dont ils disposent ne sont pas assez importants, ils pourraient peut-être faire autre chose afin de pouvoir continuer à mener cette vie à la ferme. Peut-être, mais d'une autre façon, pourraient-ils poursuivre cette vie et contribuer au secteur également.
Contrairement à l'accusation que portent certaines personnes, à savoir que les gouvernements incitent les gens à quitter la ferme, le renouvellement est tout simplement un revirement à 180 degrés. Le renouveau, c'est d'aider les gens à rester à la ferme en acquérant des compétences et des façons de faire les choses, en gérant leur risque et en diversifiant leurs activités, ou peu importe quoi d'autre.
Le sénateur Wiebe: Merci, monsieur le ministre, de vous être invité à comparaître devant le comité. Je vous remercie également d'avoir exposé ce qui semble être un programme très ambitieux.
Comme vous l'avez dit, vous nous avez présenté aujourd'hui le cadre de base. Les éléments qui y seront ajoutés dépendront de l'efficacité du programme, à savoir s'il est bon, mauvais ou neutre. Pour ce faire, il faudra obtenir la collaboration constante des provinces ainsi que du secteur agricole.
Vous nous avez demandé de faire des suggestions qui pourraient vous aider en cours de route. J'aimerais vous proposer une chose que vous et les premiers ministres pourriez examiner lorsque vous commencerez à étoffer cette proposition.
L'automne dernier, le Conseil canadien de la gestion d'entreprise agricole a présenté un mémoire à notre comité. En gros, son message ressemblait au vôtre. L'industrie agricole de notre pays devra faire des choix difficiles. Soixante pour cent de nos agriculteurs actuels ont le désir d'effectuer ce changement et cet ajustement. Je suis sûr que les 20 p. 100 d'agriculteurs qui produisent 80 p. 100 de nos denrées comptent parmi ces 60 p. 100 qui souhaitent apporter les changements nécessaires.
Environ 40 p. 100 des agriculteurs se retrouvent dans le groupe qui génère de zéro pour cent à 20 p. 100 de toute la production. Ces agriculteurs ne seront pas en mesure d'effectuer ce changement à cause de la retraite, de leurs dettes ou pour d'autres raisons.
J'aimerais revenir au commentaire que vous avez fait au début. Il y a une responsabilité à assumer, il faut venir en aide à tous les agriculteurs.
Nous parlons ici de transition au sein de l'agriculture. Et c'est certainement ce qui se fait actuellement dans beaucoup d'endroits d'un bout à l'autre du pays. Pour ce petit pourcentage qui ne réussira pas à s'adapter à ce changement, je propose que vous envisagiez peut-être un type quelconque de programme ou de mesures pour permettre le passage de l'agriculture à autre chose.
M. Vanclief: Sénateur Wiebe, j'ai dit qu'il nous fallait examiner la possibilité d'aider les gens qui suivent une autre formation. Mes propos exacts vont être remis à tout le monde. Vous retrouverez ce que j'ai dit. C'est un des enjeux.
C'est un problème délicat parce que parfois, dès qu'on parle de ce genre de chose, quelqu'un dira que nous cherchons à chasser les gens de la ferme. Ce n'est pas vrai.
Notre but, c'est le renouvellement, et le travail qui peut se faire en ce sens. Nous voulons aider les gens à exploiter leur potentiel. En toute équité, nous voulons les aider à évaluer avec justesse leur situation, leur potentiel, puis travailler avec eux pour déterminer ce qui leur conviendrait le mieux.
Je vais être très honnête. Si, dans certains cas, la meilleure chose à faire pour ces gens est d'acquérir des compétences ou de suivre un autre programme de formation pour s'intégrer d'une manière ou d'une autre dans le secteur agroalimentaire sans être un producteur primaire, peut-être que c'est ce que nous devrions faire pour quelques-unes de ces personnes.
Je ne veux pas dire ici que l'on veut chasser les gens de la ferme. Cependant, nous devons également être justes et aider les gens le mieux possible. Dans certains cas, permettre le recyclage pour devenir autre chose qu'un producteur peut s'avérer la meilleure aide qui puisse exister.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, tout cela commence à la ferme. Cependant, il y a beaucoup d'emplois dans le secteur agroalimentaire. Nous allons continuer d'explorer et de développer les innovations, la transformation des aliments et les exploitations à valeur ajoutée.
J'étais dans une usine de ma circonscription il n'y a pas si longtemps. Le petit village de Wellington compte 700 ou 800 personnes. Depuis deux ans, une entreprise s'y est installée. On y désosse 10 000 jambons par jour. C'est tout ce qu'on y fait. Les jambons sont apportés frais le matin et en ressortent congelés le lendemain. L'entreprise a percé des marchés en Australie et au Japon et songe à en ouvrir en Russie. Environ 40 p. 100 de sa production est exportée.
En deux ans, le nombre d'employés est passé à 220 et on cherche à en recruter 20 autres. L'entreprise a engagé45 personnes au cours des trois dernières semaines. Tout ça se passe dans une collectivité rurale. C'est significatif pour le village de Wellington. C'est le genre de chose qui peut être utile. Nous devrions envisager des mesures semblables dans tout le Canada, que ce soit pour les céréales, les oléagineux et ainsi de suite.
Je suis allé dernièrement dans une autre usine, celle de la Canadian Organic Sprout Company. En faisant appel au processus d'«identité préservée», ils peuvent retracer les producteurs dans la province du président, soit la Saskatchewan. C'est ce qu'ils ont fait pour le lin, organiquement cultivé. Cette année, on a prépayé le producteur à un taux s'élevant à deux fois et demie celui du prix du marché pour le lin. On fait germer cette fibre de lin puis on la fait sécher pour produire des aliments fonctionnels et à des fins nutriceutiques et de santé préventive.
Certains agriculteurs se demandent comment la bioéconomie peut leur être utile. Ils veulent savoir ce qu'est la préservation de l'identité, quelle valeur cela peut avoir. Ils vont utiliser davantage la préservation de l'identité. Ils songent à produire du canola, toutes sortes d'aliments à cette fin. Pour ce qui est du lin, la possibilité se chiffre à un million de livres de graines de lin.
Nous avons effectué des changements énormes et nous continuons d'aller de l'avant. Nous pouvons fabriquer au Canada des denrées que vous ne pourriez imaginer. Cependant, l'agriculture n'est pas différente de n'importe quel autre secteur au Canada.
Si vous fabriquez des automobiles, vaut mieux produire celles qui attirent le consommateur. Comme je le vois, si elles ne résistent pas à son analyse minutieuse, c'est inutile. Nous devons aider notre industrie à passer de la simple production de denrées — bien qu'il faudra toujours produire du maïs fourrager et du blé pour la farine — à la fabrication d'autres produits, ce qui apportera l'avantage d'une valeur ajoutée pour nos producteurs et pour l'ensemble de l'économie.
Le sénateur Wiebe: Je ne veux pas m'acharner sur la presse, mais il est temps qu'elle commence à se rendre compte qu'il va y avoir de gros changements dans le domaine de l'agriculture.
Lorsque vous parlez de transition pour ce petit groupe qui sera incapable de s'adapter au changement des pratiques agricoles, lorsqu'on met en œuvre des programmes pour les aider, essentiellement, on permet à ce groupe de quitter l'agriculture avec dignité. Si on veut trouver une solution au problème de l'agriculture au Canada, il faut se rendre compte de cela. Lorsqu'un gouvernement offre la possibilité à une personne de quitter un métier avec dignité, il n'essaie pas en même temps de forcer les gens à quitter l'agriculture. Nous cherchons à les traiter de la bonne façon. C'est aux politiciens et à la presse de décider ce qui est bon et ce qui ne l'est pas. Merci pour votre exposé.
Le président: En ce qui concerne les solutions, le comité a entendu les représentants du monde agricole du Québec. Ils ont dit que nous pourrions peut-être tirer une leçon du Québec, en ce que leur agriculture est en général très dynamique. Le reste du Canada pourrait apprendre d'eux. Qu'est-ce qui se fait au Québec que l'on ne fait pas dans le reste du Canada? Les représentants se sont montrés fort convaincants à cet égard.
M. Vanclief: Au Québec, la gestion du risque est très solide. La province de Québec a décidé d'appuyer l'agriculture, le secteur de la production primaire, de façon très soutenue.
Dans la plupart des provinces au Canada, pour les 60 cents que le gouvernement fédéral a accordés au soutien des filets de sécurité et aux programmes corollaires dans le passé, les provinces ont déboursé 40 cents. La province de Québec dépense environ 1,40 $ ou 1,50 $ pour chaque tranche de 60 cents. Les décisions sont prises dans les provinces. Ce ne sont pas toutes les provinces qui dépensent exactement 40 cents, certaines dépensent plus. Au Québec, c'est ce qu'on a décidé de faire.
Le président: Est-ce quelque chose que vous examinez actuellement?
M. Vanclief: C'est la province qui a décidé d'accorder une aide à ce niveau.
Le sénateur Oliver: Je vous remercie également d'être venu témoigner aujourd'hui, et de nous avoir présenté votre exposé. Il est encourageant de regarder cette vision à long terme de l'avenir de l'agriculture au Canada. J'ai particulièrement noté avec intérêt que vous planifiez d'obtenir ce qu'on appelle un «accord général» et que vous annoncerez cet accord au cœur du Canada, à Halifax, en juin.
M. Vanclief: J'ai remarqué que vous l'avez noté quand j'ai parlé d'Halifax.
Le sénateur Oliver: Cela me réconforte. J'ai cependant certaines questions à vous poser au sujet des régions. Ce dont vous nous avez fait part aujourd'hui, c'est de l'accord unanime conclu en juin à Whitehorse. Vous avez qualifié cet accord de «cadre intégré assorti d'objectifs nationaux». Cela n'a rien à voir avec les préoccupations et les intérêts des régions. Je ne vous ai pas entendu parler d'une quelconque vision nationale qui prendrait en compte les besoins et les possibilités des régions.
Comme notre président vous l'a dit aujourd'hui, lors de notre passage dans les Maritimes la semaine dernière, notre comité a entendu le témoignage de producteurs laitiers, de producteurs de bétail, de volaille et autres, et leurs besoins sont très différents de ceux des agriculteurs de l'Ontario et du Québec. Par exemple, un producteur de volaille peut devoir payer 50 000 $ ou plus par année seulement pour acheter ses céréales fourragères dans la région de l'Atlantique.
Quels plans avez-vous prévus pour vous assurer que l'aviculteur est sur un pied d'égalité avec les agriculteurs du Québec, de l'Ontario et de l'Ouest?
M. Vanclief: Sénateur Oliver, j'ai exploité une ferme pendant 25 ans. Il m'était absolument impossible de garantir que mes coûts de production soient exactement les mêmes que ceux de n'importe qui d'autre dans tout le Canada. Je ne crois pas que ce soit le rôle du gouvernement de garantir que le prix des céréales fourragères — qui peut changer à cause des conditions climatiques, de la production — soit exactement le même pour chaque producteur de volaille, de bœuf ou de porc d'un océan à l'autre. Dans le secteur à offre réglementée, la Commission canadienne du lait dispose d'une méthode pour établir le prix pour le producteur de lait chaque année.
Nous sommes en train d'examiner un certain nombre de ces questions à l'échelle nationale. Quant à nos objectifs qui visent à traiter l'approche globale de gestion du risque, la salubrité des aliments, le renouvellement, l'environnement, et cetera, il est extrêmement important que tout le monde ait les mêmes outils à sa disposition. Il ne fait aucun doute que les coûts de main-d'œuvre sont différents dans diverses régions du Canada également. Certes, c'est aussi le cas à l'échelle internationale.
Je vais vous lire le premier des six principes que nous avons adoptés à Whitehorse.
Nous concevrons un cadre stratégique intégré assorti d'objectifs communs et de mécanismes efficaces permettant de tirer profit d'une approche uniforme, tout en reconnaissant la nécessité de faire preuve de souplesse dans la façon d'atteindre nos objectifs et de respecter les compétences et les responsabilités à assumer.
Le sénateur Oliver: Je n'aurais peut-être pas dû utiliser l'exemple des céréales fourragères. Prenons les engrais. Êtes- vous en train de dire que si les frais de transport que nous payons pour expédier les engrais dans l'Est sont plus élevés que ceux que doit payer l'agriculteur du Québec ou de l'Ontario, cet élément ne sera pas pris en compte dans votre vision?
M. Vanclief: Je ne crois pas que ce soit le rôle du gouvernement de s'assurer que le coût de production est exactement le même pour tout le monde, peu importe où on se trouve au Canada, peu importe que l'on produise des denrées agricoles ou autre chose.
Le sénateur Oliver: Est-ce que vous avez songé à trouver des façons d'aider les gens à assumer les coûts de production en général?
M. Vanclief: Nous avons déjà eu des programmes comme le Programme d'aide au transport des céréales fourragères dans l'Atlantique. Ce programme a été éliminé. À ce moment-là, les producteurs de l'Atlantique devaient acheter leurs céréales fourragères au Canada. Lorsque le programme a été interrompu, ils pouvaient acheter ces céréales là où ils le voulaient afin d'obtenir les meilleurs coûts possible.
Je vais vous répondre «non». Je ne prévois pas que le gouvernement va accorder de l'aide pour l'expédition, le transport ou le coût des céréales fourragères. Si nous commençons à faire cela et si l'on se fie aux décisions de l'OMC, nous serons dans l'eau chaude. Ce genre de politique n'est pas accepté par l'OMC. C'est là un des problèmes que nous avons eus avec la subvention du Nid-de-Corbeau dans l'Ouest qui a été jugée comme une approche commerciale inacceptable à l'échelle internationale.
Le sénateur Tunney: Je me pose des questions au sujet de la compétence des agriculteurs en matière de gestion financière. Je me suis toujours posé ces questions. Les agriculteurs savent comment produire des denrées alimentaires. On dit toujours qu'ils savent mieux comment produire ces denrées que les commercialiser. C'est facile à voir.
Peut-être devrais-je mentionner que j'ai passé quelques années au Bureau d'examen de l'endettement agricole. D'après mon expérience, beaucoup d'agriculteurs avaient des niveaux élevés de production, une bonne machinerie, de bonnes terres, mais on remarquait qu'ils n'avaient pas les aptitudes nécessaires pour surveiller les coûts de production, le niveau d'endettement, ce genre de choses.
J'aimerais faire simplement une suggestion: votre ministère, peut-être en collaboration avec d'autres ministères, ferait bien d'insister sur ce fait, surtout auprès des jeunes agriculteurs débutants susceptibles d'emprunter auprès de la Société du crédit agricole. Je sais par exemple, d'après nos sondages sur les coûts de production, qu'en Ontario, il y a à peine une demi-douzaine de producteurs laitiers dont les coûts sont exactement les mêmes. Il semblerait raisonnable de penser que leurs coûts se rapprochent, mais ce n'est pas le cas. Environ 20 p. 100 des producteurs laitiers produisent du lait à un coût plus élevé que le prix qu'ils en reçoivent. On peut présumer que ces agriculteurs vont devoir renoncer à leur entreprise, sinon ils devront resserrer les normes. Lorsque j'ai commencé en agriculture — je vous fais ici un peu d'histoire — il y a près de 40 ans, la Société du crédit agricole avait un excellent plan de gestion financière et de tenue de livres à m'offrir. Je ne suis pas certain que j'aurais pu survivre sans cela.
M. Vanclief: Monsieur le président, j'aimerais montrer rapidement une autre diapositive. Cela me permettra de répondre aux commentaires du sénateur Tunney. Lorsque j'ai traité de renouveau dans ma présentation tout à l'heure, j'ai dit que les agriculteurs débutants avaient besoin de plusieurs choses différentes, et que les agriculteurs qui prenaient leur retraite ou quittaient en mi-carrière se trouvaient dans des groupes différents et dans des catégories différentes également. Il faut voir ce qui s'est passé avant.
Je pense que c'est au Manitoba où on a commencé à s'intéresser aux 20 p. 100 des fermes céréalières de taille semblable qui sont les plus rentables. Par exemple, sur le tableau, vous verrez que le jaune indique les paiements de programmes qu'elles ont reçus dans le cadre des programmes de sécurité du revenu mis en place en 1996, 1997 et 1998 et jusqu'à maintenant. Cependant, on voit que même sans ces programmes, tout le monde était rentable.
À la droite du graphique, on voit les 20 fermes les moins rentables. Elles sont de taille semblable et ont à peu près le même type d'exploitation. Le jaune sur le tableau indique les sommes que ces fermes ont reçues des programmes de sécurité du revenu. Même si en 1997 les paiements puisés dans le programme de sécurité du revenu leur ont permis de réaliser un petit bénéfice, et même si elles ont reçu près de 36 500 $ de ces programmes, celles qui sont à la droite du tableau n'étaient toujours pas rentables.
Il faut voir pourquoi. Je ne dis pas que je leur reproche les36 500 $ en comparaison avec les 11 000 $ en moyenne de l'autre côté, cependant, il faut analyser la situation. Même si le soutien existe, ces fermes ont toujours de la difficulté. Il faut travailler avec elles pour répondre à leurs besoins, que ce soit en matière de gestion financière ou autre, par l'entremise de leurs financiers. J'ai rencontré les représentants de l'Association des banquiers canadiens et de la Société du crédit agricole du Canada la semaine dernière, qui sont deux grands prêteurs. J'ai eu une réunion il y a une semaine avec le secrétaire parlementaire du ministère de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales du Royaume-Uni, Elliot Morley. Nous avons parlé des niveaux de subventions au sein de l'Union européenne, et il m'a dit que ça ne fonctionne pas. Le Royaume-Uni a produit un document très détaillé indiquant que les niveaux de subventions au sein de l'Union européenne ne fonctionnent pas. Je lui ai demandé ce qu'il voulait dire parce qu'on a tendance à croire que ce niveau de subventions est automatiquement un gage de succès. Il m'a donné un exemple: dans la principale région de production de moutons au Royaume-Uni, le producteur moyen a perçu30 000 livres de subventions de l'Union européenne l'an dernier. Le revenu agricole net moyen était de 5 000 livres. Je lui ai demandé ce qui s'est passé et il m'a dit que les subventions étaient «prises en compte» ou incluses dans le résultat net.
Le sénateur Oliver: Qu'en serait-il sans la subvention?
M. Vanclief: C'est ça qui est intéressant. Il faut aider les gens à faire la transition. On peut facilement s'engager dans une discussion à savoir si l'agriculture est un mode de vie ou une entreprise. C'est une entreprise, c'est un bon moyen d'élever une famille et c'est un beau mode de vie. Cependant, si c'est toujours une entreprise, en bout de ligne, il faut avoir l'argent dont on a besoin pour élever une famille.
Il faut travailler avec les personnes, individuellement, pour évaluer leurs ressources et voir comment nous pouvons les aider à améliorer leur situation afin qu'elles puissent effectuer le passage nécessaire à l'exploitation d'une entreprise plus efficace et prospère.
Le président: Je comprends le message du ministre. Il ne fait aucun doute que certains agriculteurs font un meilleur travail que d'autres mais, ce qui importe, c'est que les prix des denrées sont faibles. Le fait est que les agriculteurs sont des preneurs de prix — ils prennent ce qu'ils peuvent obtenir. Le Canada est un bon exemple à cet égard. Les coûts de détail de nos aliments comptent parmi les plus faibles au monde. En fait, nous sommes de merveilleux producteurs de denrées alimentaires pour le consommateur canadien. Cependant, cela ne règle pas notre problème lorsque le prix des denrées reste bas tant et aussi longtemps que les Américains et les Européens continuent d'accorder des subventions; et ils vont continuer de le faire. Je dis ça maintenant, et quand on regardera la situation dans cinq ans, je suis certain qu'on constatera qu'ils n'auront pas changé de ligne de conduite, peu importe ce qui se produit dans les pourparlers commerciaux. Tant et aussi longtemps que la situation sera telle, le Canada devra décider s'il veut aller à la table ou non.
M. Vanclief: J'ai dit tout à l'heure que le Canada n'influencera probablement pas le prix des denrées à l'échelle mondiale, lequel repose sur l'offre et la demande. Il y a différents facteurs comme la météo, qui peuvent influer sur l'offre et la demande. On discute toujours pour déterminer ce qui constitue le bon niveau de soutien.
Essentiellement, je pense que nous reconnaissons tous que les ressources sont limitées. Il faut travailler avec le secteur pour investir ces ressources afin d'aider à atténuer les réalités défavorables comme le faible prix des denrées et la façon dont certains autres pays les abordent.
En Australie, on préserve actuellement le blé. Si les producteurs individuels peuvent faire passer le profit sur un boisseau de20 cents à 75 cents, c'est incroyablement significatif pour eux. Il y a de nombreuses raisons permettant de justifier notre aide, non seulement sur le plan national mais aussi à l'échelle internationale, à créer la demande pour ce que nous avons à offrir.
Le sénateur Hubley: Merci. Je suis contente de voir que la science, ou la technologie, a sa place dans la nouvelle structure que vous envisagez. La semaine dernière, nous nous sommes rendus dans les provinces maritimes où nous avons visité le Collège agricole de la Nouvelle-Écosse. C'est étonnant de voir tout ce qu'on fait là pour essayer de répondre aux besoins des agriculteurs. La science et la technologie vont avoir un nouveau rôle dans le secteur de l'agriculture pour l'aider à faire face, par exemple, aux problèmes environnementaux comme les changements climatiques. Pourriez-vous nous faire part des discussions à ce sujet lors de vos rencontres? Comment cet enjeu sera-t-il abordé par le ministère? Cela vaudra-t-il du financement aux universités, aux collèges et aux institutions agricoles?
M. Vanclief: L'un des points que je n'ai pas soulevés aujourd'hui, et vous m'en donnez l'occasion sénateur, c'est que cette restructuration ou ce développement architectural de l'industrie ne peut être réalisé par Agriculture et Agroalimentaire Canada seul. Hier, j'ai eu la visite deMme Moira Quail, la doyenne de l'agriculture à l'Université de la Colombie-Britannique.
Elle est très reconnaissante du financement qu'a accordé le gouvernement il y a quelques années à la création de chaires. Elle en a deux dans la section d'agriculture seulement. Cela est exceptionnellement significatif.
Dans mon exposé, j'ai parlé de la bioéconomie. On se rend de plus en plus compte, comme je l'ai dit tout à l'heure, qu'elle offre des possibilités incroyables. En agriculture partout au monde, on s'occupera toujours de produire des denrées alimentaires, mais il y a des possibilités incroyables dans les secteurs des aliments fonctionnels, des soins de santé, des applications industrielles, et cetera.
Je vous donne un exemple. Lorsque j'étais jeune, si quelqu'un me demandait ce qu'on pouvait faire avec du maïs, j'aurais probablement répondu des flocons de maïs et du fourrage pour le bétail. Aujourd'hui, le maïs est utilisé pour bien d'autres choses que ça, et ce n'est qu'un exemple.
J'ai visité l'autre jour une entreprise qui explore diverses utilisations possibles des graines de canola. Leurs chercheurs s'intéressent à des utilisations aux fins de nourriture fonctionnelle et d'aliments santé qui n'ont jamais été envisagées auparavant. Le sous-ministre et notre équipe ont cherché à réorganiser les sommes dont nous disposons pour la recherche et tentent des les redistribuer en fonction de ces faits nouveaux.
Vous, honorables sénateurs, avez soulevé une préoccupation au sujet des installations de recherche pour le secteur des légumineuses à graines. Nous examinons actuellement cette question et nous consacrons plus de soutien à ce domaine.
L'industrie vinicole connaît actuellement une croissance fantastique. Nous avons mis davantage l'accent là-dessus. La façon de le faire et de coordonner la recherche dans ce domaine dans nos 19 installations à travers le pays, en plus des installations satellites, est également importante afin de nous assurer de ne pas dédoubler les efforts.
Le sénateur Day: Monsieur le ministre, je vous remercie d'être là. J'aimerais faire deux commentaires avant de poser ma question.
Je vous félicite vous et votre ministère, dont M. Watson, pour le travail de recherche qui se fait actuellement dans les installations de recherche d'Agriculture Canada. Nous avons eu la chance de visiter deux d'entre elles la semaine dernière. Dans l'une des installations, on fait de la recherche sur les pommes de terre, dans l'autre, on travaille sur les pommes. On y fait du très bon travail. On nous a donné une idée de l'excellente recherche qui s'y fait.
Je tiens également à vous féliciter d'avoir adopté une formule consistant à demander aux agriculteurs de faire des exposés aux agriculteurs. Nous avons entendu plus de 32 exposés au cours des dernières semaines, nombre d'entre eux provenant de jeunes agriculteurs fort emballés face à l'avenir. Ils sont capables de cerner les défis et les difficultés qui les attendent, mais ils ont beaucoup de talent et cela vous aidera à mettre vos programmes de l'avant.
Cela m'inquiète de voir qu'on vous donne à croire que les provinces ne font pas leur part. Je vous félicite pour votre initiative, mais si vous n'avez pas le soutien des provinces, cela ne fonctionnera pas. Cela m'inquiète beaucoup. Certaines indications nous parviennent selon lesquelles de nombreux agriculteurs ont l'impression que les ministères provinciaux de l'Agriculture se compriment et retirent leur soutien, plutôt que d'offrir le genre de leadership que vous manifestez. Qu'avez-vous à dire à ce sujet?
M. Vanclief: Il ne fait aucun doute que les provinces appuient l'agriculture et travaillent dans ce domaine de façon différente maintenant que lorsque j'étais plus jeune. En Ontario, nous avions un ministère de l'Agriculture et un représentant du ministère dans chaque comté. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Il y a des changements. C'est vrai dans bien des cas.
J'ai dit très clairement aux provinces que lorsqu'elles décident effectivement d'abolir une activité qu'elles faisaient dans le passé, elles ne peuvent pas se tourner vers le gouvernement fédéral et nous demander de combler le manque.
Le fait que les provinces ont des ressources limitées les amène à appuyer de façon unanime ce genre d'approche. Bien honnêtement, certaines des choses que nous avons faites dans le passé, de façon ponctuelle, n'ont pas été très bénéfiques à long terme. Les gens avaient besoin de l'argent, ils l'ont utilisé à court terme, mais peut-être que ce n'était pas avantageux à long terme parce que personne ne peut faire de planification à long terme en fonction d'une entreprise particulière. Quelqu'un pouvait se lancer dans une initiative, mais si l'année n'était pas bonne, la personne pouvait espérer un paiement spécial. Il nous faut une approche proactive en matière de gestion du risque qui tienne compte de tout cela.
Je suis fier du travail de nos centres de recherche. Vous avez parlé des pommes, par exemple. Le secteur de la pomiculture doit faire face à une sérieuse concurrence de Washington et à une autre probablement encore plus serrée de la Chine qui a la capacité de produire des fruits. Cependant, nous appuyons les producteurs de pommes non seulement grâce à la recherche, mais aussi d'autres façons.
Vous connaissez probablement le Fonds canadien d'adaptation et de développement rural (FCADR). Le secteur de la pomiculture nous a pressentis à cause de certains problèmes et inquiétudes en matière de marketing. Ses représentants veulent que nous examinions ce secteur pour trouver des moyens d'améliorer leur travail. Nous avons certains moyens qui nous permettront de les aider grâce à ce genre de programmes qui sont tout aussi efficaces. La recherche est importante, mais nous devons aussi examiner les autres défis et possibilités afin que nous puissions apporter notre aide, dans la mesure du possible, en faisant appel à de nombreuses méthodes différentes.
Le président: Vous savez tout aussi bien que nous au comité qu'il y a des problèmes très graves en matière d'agriculture, surtout en ce qui concerne les céréales et les oléagineux. Le sénateur Hubley se demande si elle recevra votre exposé. Nous l'aurons.
M. Vanclief: Oui vous l'aurez, aussi bien l'exposé que les commentaires que j'ai faits au moment où j'ai présenté les diapositives.
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir offert l'occasion d'avoir cette discussion avec le comité. Je sais que soit individuellement, soit en comité, d'autres occasions vous seront offertes en cours de route. Ce que nous explorons ne peut se réaliser du jour au lendemain. Ce travail en cours nous demandera de passer par une période de transition. Envisager l'avenir du secteur sous cet angle est très emballant.
Le président: Merci.
La séance est levée.