37-1
37e législature,
1re session
(29 janvier 2001 - 16 septembre 2002)
Choisissez une session différente
Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles
Fascicule 16 - Témoignages du 25 octobre 2001
| OTTAWA, le jeudi 25 octobre 2001
|
| Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de
l'environnement et des ressources naturelles, auquel a été confiée
l'étude du projet S-18, Loi modifiant la Loi sur les aliments et
drogues (eau potable saine), se réunit aujourd'hui à 9 h 36 pour
examiner ledit projet de loi.
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| Le sénateur Nicholas W. Taylor (président) occupe le
fauteuil.
|
| [Traduction]
|
| Le président: Chers collègues, je déclare la séance ouverte.
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| Je demanderais à nos deux témoins de bien vouloir se
présenter.
|
| Mme Louise Comeau, directrice, Collectivités viables et
politiques environnementales, Fédération canadienne des
municipalités: Je m'appelle Louise Comeau et je suis directrice
de la Section des collectivités viables et des politiques
environnementales à la Fédération canadienne des municipalités.
Je suis accompagnée de M. Sylvestre Fink, notre analyste des
politiques environnementales. M. Fink supervise les activités
quotidiennes se rapportant à notre programme de gestion de l'eau.
|
| Merci de nous avoir invités à comparaître devant vous. Notre
organisme s'intéresse aux activités de votre comité et au projet de
loi S-18. La Fédération canadienne des municipalités s'est
penchée avec ses membres sur la question de l'eau, qui suscite de
plus en plus de préoccupations.
|
| La FCM est l'association nationale des administrations
municipales. Le millier d'administrations municipales qui en font
partie représentent environ 80 p. 100 des municipalités
canadiennes. Nous avons une structure orientée vers la base.
Notre conseil d'administration, qui est composé de 72 membres,
se réunit régulièrement pour gérer nos activités au jour le jour.
Nous organisons en outre chaque année une conférence qui attire
habituellement de 1 500 à 2 000 représentants municipaux. C'est
à notre conférence de juin 2001, qui s'est tenue à Banff, que nous
avons mis la dernière touche à notre position sur la question de
l'eau, de l'eau potable et des eaux usées.
|
| En adoptant cette position, qui fait maintenant partie intégrante
de notre mandat, nos membres ont opté pour une démarche axée
sur la prévention de la pollution plutôt que sur l'épuration. On se
souviendra que c'est cette dernière vision qui a été adoptée dans
les cas de Walkerton et de North Battleford. Nous en sommes
venus, quant à nous, à nous dire que c'est à la source qu'il
faudrait contrôler l'entrée dans le réseau de certains types de
substances particulièrement polluantes.
|
| La démarche de prévention de la pollution que nous
privilégions met l'accent sur l'aménagement du territoire et la
gestion des bassins hydrographiques, sur la réévaluation des
normes relatives à la qualité de l'eau potable, sur le suivi et
l'analyse des plans d'eau et de l'eau traitée, notamment pour
assurer la protection de l'eau de source, ainsi que sur la réduction
des impacts du déversement de résidus agricoles et industriels
dans les réseaux hydrographiques.
|
| Une de nos principales recommandations a trait à la tarification
selon la méthode du prix de revient complet, notamment dans les
localités ayant une population assez importante pour pouvoir
assumer elles-mêmes les coûts d'aménagement et d'exploitation
des réseaux d'approvisionnement en eau. Ce mode de tarification
n'existe pas partout au Canada à l'heure actuelle. Nous sommes à
préparer le mémoire - dont je vous reparlerai plus tard - que
nous présenterons dans le cadre des consultations prébudgétaires
et qui porte sur la question des investissements dans les
infrastructures. Nous croyons par ailleurs qu'on devrait aussi
mettre l'accent sur la formation des responsables de l'exploitation
des réseaux.
|
| La démarche que nous avons adoptée repose sur le principe du
droit de tout Canadien d'avoir accès à une eau potable exempte
d'agents pathogènes. Le projet de loi S-18, qui modifie la Loi sur
les aliments et drogues, est un des moyens qui nous permettra
d'atteindre cet objectif.
|
| Certains témoins que vous avez déjà entendus, notamment les
porte-parole de l'Association canadienne des eaux potables et
usées (ACEPU) - qui représente le volet ressources humaines de
la famille municipale alors que nous représentons son volet
politique -, vous ont fait remarquer que, par le passé, on
considérait l'eau potable comme un élément qui se trouve
naturellement dans l'environnement et, partant, comme une
ressource naturelle. Or, comme on l'indique clairement dans ce
projet de loi, l'eau potable n'est pas une ressource naturelle. L'eau
potable que distribuent les municipalités est le produit d'un
système qui est censé procurer de l'eau potable salubre aux
citoyens. Pour protéger la santé de ceux-ci, on devrait considérer
que l'innocuité de l'eau et la qualité de l'environnement sont
hautement prioritaires.
|
| Ce point est d'autant plus important qu'un grand nombre de
nos réseaux municipaux d'aqueduc n'ont pas été conçus au départ
pour traiter un aussi fort volume d'eau et une aussi grande
diversité de substances comme on en déverse actuellement dans le
réseau, notamment dans le secteur de l'agriculture. Voilà pourquoi
il faudrait qu'on intervienne sur plusieurs fronts à la fois.
|
| Vous avez également entendu l'ACEPU et Santé Canada
expliquer qu'il existe déjà des mécanismes et des lignes de
conduite pour assurer la qualité de l'eau et qu'à l'heure actuelle,
ces mécanismes fonctionnent bien. Il reste encore des zones grises
à clarifier pour établir qui fait quoi et qui devrait faire quoi et
quand. On constate des disparités dans la façon dont les provinces
ont accepté ces lignes de conduite et les ont converties en
règlements, mais on observe des progrès à cet égard.
|
| La conversion de ces lignes de conduite en normes nationales
pourrait assurer une certaine cohérence dans l'ensemble du pays.
Au départ, cependant, il serait peut-être plus praticable de se
contenter d'établir, en matière de paramètres microbiens, des
normes nationales sur des éléments que nous essayons de
contrôler, comme les E.coli, plutôt que sur tout ce qui se trouve
dans notre eau. Imposer dès maintenant le nouveau cadre législatif
envisagé dans le projet de loi risquerait de créer de la confusion et
de ne mener, dans la meilleure hypothèse, qu'à de simples
améliorations et modifications du régime actuel.
|
| Le respect des exigences que prévoit le projet de loi S-18 en
matière de reddition de comptes et d'inspection et qui viendraient
s'ajouter à celles que comporte déjà le régime actuel pourrait se
révéler fort onéreux. Chose certaine, nous sommes vivement
préoccupés par les éléments du projet de loi qui ont un lien avec
le Code criminel et les questions de responsabilité criminelle.
Pour le moment, les implications d'une telle responsabilité ne sont
pas claires. Elles pourraient paralyser financièrement les
municipalités et menacer indûment la bonne marche des systèmes
de distribution d'eau potable et les employés qui les font
fonctionner. Si les administrations municipales appréhendent de
devoir assumer ces responsabilités, c'est tout particulièrement
parce que les systèmes de gestion de l'eau n'ont pas été conçus au
départ pour traiter toutes les substances qui sont actuellement
déversées dans les bassins hydrographiques. Il faudrait donc
qu'on intervienne sur deux fronts: investir massivement dans les
infrastructures et exercer des contrôles en amont.
|
| Compte tenu de l'état actuel de nos infrastructures, il ne serait
pas sage d'adopter des normes nationales si celles-ci ne
s'accompagnent pas des fonds dont nous aurions besoin pour
effectuer les dépenses inhérentes aux nouvelles responsabilités
que nous serions alors appelés à assumer. À l'heure actuelle, nos
infrastructures sont gravement déficientes, notamment dans les
petites localités. Les grandes agglomérations urbaines sont en
mesure de faire face à la situation, ayant la base démographique
voulue pour le faire. Je vous fais remarquer que Walkerton et
North Battleford sont des petites localités entourées
d'exploitations agricoles.
|
| Nos réseaux d'aqueduc prennent de l'âge. On connaît mal l'état
général de nos infrastructures. Nous continuons d'évaluer la
situation à cet égard en nous fondant sur les chiffres dont nous
disposons, mais nous ne saurions vraiment prétendre que nous
sommes au fait de l'état réel dans lequel se trouvent nos
infrastructures. Nous utilisons les estimations de l'ACEPU. En
1997, l'ACEPU estimait qu'il nous faudrait investir 5,4 milliards
de dollars supplémentaires d'ici 2012 pour doter toutes nos usines
de traitement des eaux potables et usées des équipements et
techniques les plus modernes et pour étendre les services centraux
de distribution d'eau et de traitement des eaux usées à tous les
résidents de nos municipalités. Ces chiffres tiennent compte des
projections de croissance démographique.
|
| Comme je l'ai mentionné précédemment, la FMC s'est
employée activement à formuler des recommandations en vue du
dépôt d'un prochain budget fédéral. À l'occasion des
consultations prébudgétaires, nous avons avancé certaines idées
qui, je crois, reflètent bien l'évolution de la vision et de la
compréhension qu'ont de cette question les administrations
municipales. Nous proposons un changement dans la façon dont
le gouvernement fédéral, de concert avec les autorités provinciales
et municipales, investit dans les infrastructures. Le problème,
c'est que ce troisième programme de travaux d'infrastructure,
dont la réalisation est maintenant en cours, est ponctuel et n'a
qu'une portée à court terme. En réalité, ce genre de programme
cadre mal avec les efforts de planification à long terme des
municipalités. Les autorités municipales ont tendance à reporter
cette planification de même que leurs grands projets
d'immobilisations jusqu'à ce qu'elles sachent s'il y aura ou non
un autre programme de travaux d'infrastructure.
|
| Nous préconisons l'établissement d'un mécanisme permanent
de financement des travaux d'infrastructure. À cet égard, la
priorité devrait être mise sur l'eau. Nous savons que, pour nous
orienter en ce sens, il faudrait modifier nos façons de faire, car il
n'est pas souhaitable de subventionner en permanence nos
réseaux d'aqueduc.
|
| Évidemment, toute collectivité a besoin d'un niveau minimal
d'investissement à cette fin. Les localités peu peuplées qui
n'auraient jamais les revenus suffisants pour assumer de telles
dépenses d'immobilisations ni, partant, les coûts d'exploitation
des installations requises, continueraient d'être financées sous le
régime tripartite actuel. Par contre, les collectivités plus
importantes, les grands centres urbains, auraient accès à un fonds
renouvelable. Ce modèle s'inspirerait de ce qui se fait à cet égard
aux États-Unis, où les administrations municipales peuvent
obtenir à de telles fins des prêts à faible intérêt ou sans intérêt.
Elles sont toutefois tenues de générer le capital et les revenus
d'exploitation voulus pour être en mesure de rembourser leurs
emprunts.
|
| Avec le temps, nous devrions nous orienter vers la tarification
selon la méthode du coût de revient complet, un principe sur
lequel les membres de la FCM se sont penchés. Nous sommes
d'avis qu'une telle orientation, associée à des efforts préalables et
exhaustifs de protection des sources d'approvisionnement et de
planification de la gestion des bassins hydrographiques, est
fondamentale.
|
| Dans le mémoire que nous allons présenter dans le cadre des
consultations prébudgétaires, nous insistons sur l'urgence
d'effectuer dès maintenant une analyse de la façon dont ces
mesures pourraient être appliquées. Nous y préconisons l'adoption
d'un programme permanent de travaux d'infrastructure,
particulièrement dans le cas de l'eau, une fois que le programme
actuellement en cours aura été mené à terme, c'est-à-dire d'ici
deux ou trois ans. Ce programme comporterait divers mécanismes
de financement pour répondre aux différents besoins, par exemple
l'octroi de subventions pour planifier l'aménagement des réseaux
hydrographiques, protéger les sources d'approvisionnement en
eau et former les employés chargés de faire fonctionner les
réseaux.
|
| Même si le projet de loi nous semble bien inspiré, nous, de la
FCM, estimons qu'il risque de créer de la confusion parmi les
organismes de réglementation, les décideurs et les employés
municipaux responsables du réseau. Plutôt que d'adopter une
nouvelle mesure législative, la FCM croit que la meilleure
stratégie pour le moment serait d'offrir aux administrations
municipales des sources de financement stables et d'investir dans
des programmes liés à l'eau, visant par exemple la remise en état
et la construction d'infrastructures de traitement des eaux potables
et usées, l'application d'une tarification en fonction du coût de
revient complet, et le maintien des moyens les plus efficaces et les
plus rentables de fournir à tous les Canadiens une eau potable
salubre.
|
| Le sénateur Spivak: Je tiens à vous féliciter pour votre travail.
Les municipalités commencent à chercher à en imposer, comme il
se devrait, car c'est là que réside l'autorité locale.
|
| Dans votre exposé, vous n'avez pas vraiment traité du
problème de la pollution agricole. Vous avez probablement vu le
récent rapport sur les Grands Lacs.
|
| Mme Comeau: Oui, j'en ai pris connaissance.
|
| Le sénateur Spivak: Cette situation me semble présenter un
caractère d'urgence. J'aimerais savoir si ce rapport est plutôt bien
accueilli ou non. Dans ma province du Manitoba, il y a de
fréquents différends entre les autorités municipales et d'autres
groupes d'intérêt qui aimeraient bien intervenir dans les affaires
municipales. Ces différends se résolvent de diverses manières.
Dans quelle mesure, selon vous, est-il urgent de faire face à la
menace que présente le déversement de déchets agricoles dans
nos bassins hydrographiques? De quelle manière les décisions
devraient-elles être prises à cet égard?
|
| Mme Comeau: Nous sommes d'avis qu'il est urgent
d'intervenir pour contrer la menace de la contamination agricole.
La gestion du fumier, par exemple, et la tendance à laisser
s'implanter des mégaentreprises d'élevage ont un énorme impact
sur les infrastructures municipales de traitement de l'eau destinée
à la consommation humaine. C'est pourquoi nous préconisons une
démarche axée sur la solution des problèmes qui se posent en
amont plutôt que sur les efforts de dépollution. Si nous
établissions un processus de gestion planifiée des bassins
hydrographiques et de protection des sources
d'approvisionnement en eau, nous pourrions trouver des moyens
d'endiguer les pratiques polluantes. Naturellement, l'adoption de
telles mesures ne serait pas uniquement du ressort municipal mais
concernerait à coup sûr les provinces. Une telle orientation exige
de tous les milieux intéressés qu'ils acceptent le principe d'une
gestion planifiée des bassins hydrographiques, dont la portée va
bien au-delà des limites territoriales de chaque municipalité, étant
donné qu'un même bassin hydrographique peut approvisionner
plus d'une municipalité.
|
| Nous cherchons à nous inspirer de l'exemple de régions qui
sont parvenues à surmonter ce problème. C'est le cas de celle de
New Glasgow, en Nouvelle-Écosse, où toutes les administrations
municipales et les milieux concernés se sont rassemblés pour
élaborer un plan de gestion du bassin hydrographique.
|
| Le sénateur Spivak: Souvent, ce sont les provinces
elles-mêmes qui attirent ces mégaporcheries; ce faisant, elles
annulent les efforts des municipalités. Selon vous, ces coalitions
de groupes intéressés peuvent-elles renverser cette tendance?
|
| Mme Comeau: Il ne faut aucun doute que les pressions
politiques et l'appât du gain ont favorisé l'implantation de
grandes exploitations d'élevage. De telles entreprises ont eu
d'importants impacts négatifs sur l'environnement, un problème
auquel on ne s'est pas correctement attaqué.
|
| Selon moi, la prise de conscience et les pressions qu'ont
suscitées les événements de North Battleford et de Walkertown
dans l'opinion publique ont commencé à faire évoluer les choses
à cet égard. Pour la première fois, on a reconnu et souligné
publiquement la responsabilité du secteur agricole dans ce qui est
à l'origine de ce genre de problème. On ne l'avait encore jamais
fait jusqu'à il y a deux ans.
|
| Le sénateur Spivak: Compte tenu de l'urgence de ce
problème, je suis d'avis qu'une intervention énergique, voire
chirurgicale, s'impose. Les changements que propose ce projet de
loi, notamment les pénalités qu'il prévoit, contribueront fortement
à souligner qu'il nous faut nous attaquer de front à ce problème.
Nous devrons trancher les différends concernant le
développement du secteur agricole et réguler l'évolution vers
l'agro-industrie.
|
| Le projet de loi S-18 établit des exigences rigoureuses. Il
prévoit des sanctions pénales. C'est ce qui m'incite à croire qu'il
va dans la bonne voie. Je me demande pourquoi il vous laisse
plutôt tiède.
|
| Mme Comeau: Nous nous sommes penchés sur la question de
la responsabilité pour tenter d'établir où elle résidera et
d'empêcher qu'on la fasse porter sur des administrations
municipales qui ne seraient pas en mesure de contrer le
déversement de substances dans nos bassins hydrographiques et
qui n'auraient pas accès aux ressources voulues pour financer la
modernisation de leur système de gestion de l'eau.
|
| Le sénateur Spivak: J'ignore qui pourrait en être tenu
responsable.
|
| Le sénateur Adams: Je tiens à remercier nos témoins de leur
comparution devant nous aujourd'hui. Vous dites que votre
organisme représente 80 p. 100 de la population canadienne et
que votre conseil d'administration compte 72 membres. Dans
quelle mesure les localités du Nord sont-elles représentées au sein
de votre organisation? Le Nunavut, d'où je viens, est bien loin
d'Ottawa. Avez-vous votre siège à Ottawa?
|
| En mai dernier, votre organisation a réuni ses membres pour
discuter d'eau potable. Au Nunavut, nous considérons nos petites
localités comme étant des hameaux plutôt que des villes ou
quelque chose de ce genre.
|
| Quelle emprise votre organisation a-t-elle sur les municipalités?
|
| Mme Comeau: En ce qui touche la composition de la FCM, de
nombreuses municipalités, y compris des municipalités du Nord,
en sont directement membres. Par ailleurs, toutes les associations
provinciales et territoriales de municipalités sont représentées au
sein de notre organisation et de son conseil d'administration. En
comptant les municipalités qui ne sont membres de la FCM que
par l'intermédiaire de telles associations, on peut dire que toutes
les municipalités du Canada sont membres de notre fédération.
|
| Nous avons une équipe qui travaille fort au recrutement de
membres à part entière parmi les municipalités. Notre siège
national est à Ottawa. Nous collaborons directement avec nos
municipalités membres ainsi qu'avec les associations provinciales
et territoriales qui nous sont affiliées. Nous avons pour mandat de
représenter les municipalités auprès du gouvernement fédéral.
|
| Le sénateur Adams: Au Nunavut, nous ne pratiquons ni
l'agriculture ni l'élevage. Nous avons notre propre gouvernement
qui a son siège à Iqaluit. Sans même avoir consulté nos
municipalités ou nos hameaux, notre ministère des Travaux
publics s'apprête à aménager un bassin de stabilisation des eaux
usées. Il y a quelques années, un bassin de ce genre nous a posé
problème à Baker Lake. C'est qu'il était situé au sommet d'une
colline et que les eaux d'égout se déversaient dans le lac. Avant
que le gouvernement entreprenne d'aménager de telles
installations, nous aimerions en être informés. Ce que j'aimerais
savoir en réalité, c'est si votre organisation est active dans le
Nord.
|
| Mme Comeau: Oui, notre organisme compte parmi ses
membres des localités du Nord. La ville d'Iqaluit en fait partie et
est représentée à notre conseil d'administration, bien que les coûts
des déplacements se soient révélés prohibitifs pour ses
représentants.
|
| Nous disposons de deux mécanismes efficaces qui nous
permettent de travailler sur certains projets de concert avec des
municipalités. Bien que nous ne soyons pas habilités à établir des
règles que les administrations municipales seraient obligées de
respecter, nous élaborons toutefois des politiques auxquelles
celles-ci donnent leur aval. Nous collaborons avec elles pour faire
appliquer les politiques qui ont été adoptées par notre conseil
d'administration et par nos membres. De même, nous avons mis
en oeuvre un programme efficace appelé le Fonds
d'investissement municipal vert. Dans le budget fédéral de février
2000, la FCM s'est vue octroyer des fonds pour lui permettre
d'appuyer des projets d'investissement municipaux prometteurs
sur le plan de l'application de normes environnementales élevées.
Pour qu'un projet soit admissible, il doit pouvoir permettre une
amélioration de 30 à 55 p. 100 du rendement environnemental de
la municipalité concernée. Quelque 40 p. 100 des projets en
question concernent l'eau. Nous déployons beaucoup d'efforts
pour accroître notre capacité, notre expertise et notre
compréhension des possibilités qui se présentent.
|
| Nous sommes à réaliser avec la ville d'Iqaluit un tel projet
financé à même le fonds d'investissement vert. En raison des
conditions climatiques dans cette région, nous entendons opter
pour des systèmes de purification d'eau sur place, plutôt que pour
un réseau de distribution, qui pourrait être exposé au gel, par
exemple. Un programme du même genre a été mis en oeuvre à
Dawson City.
|
| Nous avons donc divers mécanismes d'intervention, à savoir
les politiques que nous établissons, les combats que nous menons
et les programmes que nous mettons en oeuvre. L'équipe que
M. Fink et moi-même représentons est formée de 25 personnes.
En plus du fonds vert, nous gérons plusieurs programmes qui
aident les administrations municipales à remettre en état leurs
bâtiments, à envisager de recourir à des technologies d'utilisation
des énergies renouvelables et à mieux se protéger contre les
rigueurs du climat. Actuellement, nous travaillons sur un projet de
restauration des friches industrielles, un projet qui, nous
l'espérons, pourra prendre de l'expansion grâce à notre fonds vert.
|
| C'est ainsi que, tout en fonctionnant à l'intérieur d'un cadre
législatif, nous avons de bonnes possibilités de profiter de la
pression du groupe vers la conformité.
|
| Le sénateur Adams: Vous avez parlé tout à l'heure de bassins
de stabilisation des eaux usées. Faisiez-vous référence au type
d'installation où l'eau est vaporisée et amenée à se congeler en
cours de processus? Je sais qu'il y a une entreprise ici à Ottawa
qui exploite de tels systèmes. Une technique de ce genre serait
idéale dans ma région. Le seul problème cependant dans notre
cas, c'est qu'en raison des basses températures, il est difficile de
souffler de l'air à de hautes pressions. De telles techniques ne
fonctionnent bien que jusqu'à environ moins 20 degrés Celsius.
Comme vous le savez, les réfrigérants ne sont d'aucune utilité à
cette température. Est-ce là le genre de procédé dont vous avez
parlé? Savez-vous si cette entreprise d'Ottawa a fait faillite?
|
| Mme Comeau: J'ai déjà entendu parler de ce projet. Je ne sais
pas si cette entreprise a fait faillite, mais je puis vous assurer que
les projets sur lesquelles nous travaillons dans le Nord visent
vraiment à privilégier la technique de purification de l'eau sur
place. Autrement dit, on retire les eaux grises du reste de l'eau et
on s'assure de pouvoir traiter dans les installations autant d'eau
qu'il en faut pour répondre aux besoins de la collectivité
desservie, plutôt que de dépendre d'usines centrales de traitement
et de réseaux de distribution.
|
| Le sénateur Christensen: Cela ne m'étonne pas que le maire
Everitt, de Dawson City, soit impliqué dans ce projet. Je faisais
partie de votre conseil d'administration il y a 25 ans, et j'espère
que les temps ont changé depuis.
|
| Je présume que le problème de la contamination agricole a été
au centre de vos discussions lors de votre récente conférence.
J'aimerais savoir comment la question du sel de voirie y a été
traitée. L'épandage du sel sur les voies publiques s'inscrit dans un
programme municipal. Ce sel contamine la nappe phréatique, nos
rivières et nos lacs, et finit par aboutir dans nos réseaux
d'aqueduc. Le projet de loi S-18 s'attaque-t-il à ce problème?
|
| Mme Comeau: L'épandage du sel sur les routes sera bientôt
réglementé aux termes de la Loi canadienne sur la protection de
l'environnement (LCPE). Nous nous sommes penchés sur ce
projet. À la suite de vifs débats au sein de notre conseil
d'administration et parmi nos membres, nous avons incité ceux-ci
à accepter trois importantes conclusions. Premièrement, celle à
laquelle en est arrivée notre équipe scientifique, à savoir
qu'indiscutablement, le sel de voirie peut atteindre des
concentrations nuisibles à l'environnement. Deuxièmement, il y a
des façons rentables de réduire les quantités de sel qu'on épandra
sur les routes. Nous nous sommes employés à identifier ces
méthodes et à les faire connaître à nos membres. Troisièmement,
le ministre Anderson annoncera sous peu ses intentions à cet
égard. Une fois que celles-ci auront été publiées dans la Gazette
du Canada, un processus d'une durée de deux ans sera enclenché
qui mettra l'accent sur les possibilités de gestion des risques que
présente l'épandage du sel de voirie. Nous entendons alors
travailler en collaboration avec ceux de nos membres qui font
partie de l'OTC pour veiller à bien informer l'ensemble de nos
membres sur toutes les options qui s'offrent à eux.
|
| Bref, nous croyons que le sel de voirie est toxique, qu'il faut en
gérer l'épandage et qu'il existe des moyens d'en réduire
l'utilisation et, partant, de permettre aux municipalités de réaliser
des économies sur ce chapitre. Nous entendons travailler avec nos
membres pour les amener à tenir compte de ces aspects. Nous ne
partageons pas l'avis du Salt Institute qui estime qu'il faudrait à
tout prix renoncer à cette pratique.
|
| Le sénateur Christensen: Croyez-vous que le projet de
loi S-18 constituera un autre outil pour contribuer à résoudre ce
problème?
|
| Mme Comeau: Je n'en suis pas certaine. Nous sommes en
présence de deux processus parallèles. L'épandage du sel de
voirie sera bientôt réglementé en vertu de la LCPE; par
conséquent, il nous faudra composer avec deux régimes
réglementaires, ce qui pourrait nous causer des difficultés.
|
| Le président: Par ailleurs, j'ai lu en manchette récemment que
la ville de Calgary est fière d'opter pour l'utilisation du chlorure
de calcium à la place du chlorure de sodium pour le déglaçage de
ses rues. Le chlorure de calcium agit-il différemment du chlorure
de sodium? Je sais qu'il fait fondre la glace plus rapidement, mais
quel est son effet sur l'environnement?
|
| M. Sylvestre Fink, analyste des politiques sur les questions
environnementales, Section de l'énergie communautaire,
Fédération canadienne des municipalités: Le problème avec le
chlorure de calcium semble être son coût élevé. À l'heure
actuelle, il revient de 15 à 20 fois plus cher que le sel de voirie
classique.
|
| Le président: Quel effet a-t-il sur la neige et sur le revêtement
routier?
|
| M. Fink: Des études ont démontré que le chlorure de calcium
est aussi efficace que le sel de voirie classique quand il est utilisé
en solution, c'est-à-dire mélangé avec de l'eau, et lorsqu'il est
appliqué avant que la neige tombe et en complémentarité avec
toutes autres pratiques exemplaires. Son problème est son prix
élevé. C'est pourquoi l'OTC en est arrivé à la conclusion qu'à
l'heure actuelle, il n'y a pas de substitut viable pour le sel de
voirie classique.
|
| Si un plus grand nombre de municipalités utilisaient le chlorure
de calcium, son prix baisserait.
|
| La FCM est arrivée à la conclusion qu'il est possible de gérer
rationnellement l'épandage du sel de voirie et d'en réduire les
effets nuisibles en prenant les précautions suivantes: en recourant
à des techniques adéquates de gestion, en s'inspirant de pratiques
exemplaires, en le mélangeant avec de l'eau, en construisant des
routes intelligentes dotées de capteurs de température, et en
entreposant le sel correctement. Le sel est lessivé dans nos bassins
hydrographiques dans une bien plus grande proportion en raison
d'un mauvais entreposage que par suite de son épandage sur nos
routes.
|
| Le sénateur Finnerty: Pourquoi n'utiliserait-on pas plutôt du
sable?
|
| M. Fink: On utilise le sel surtout dans les provinces de l'Est,
au Québec et en Ontario. C'est dans ces régions qu'on est le plus
réticent à interdire l'épandage de sel sur les routes parce que,
comme tel, le sable n'est pas aussi efficace. Cependant, tout se
ramène à une question de pratiques exemplaires. Nous
préconisons nous aussi l'utilisation de sable.
|
| Le sénateur Cochrane: Je crois que le sable est efficace. J'ai
constaté qu'on l'utilisait en hiver à Terre-Neuve, ma province,
notamment dans les côtes. À mon sens, il est aussi efficace que le
sel. Ma préférence irait au sable.
|
| Mme Comeau: Quand on envisage de recourir à des substituts
pour le sel, il est important de prendre en considération le cycle
de vie du produit. Le sable a des impacts considérables sur les
écosystèmes. Avec l'écoulement des eaux à la fonte des neiges, le
sable peut aller s'accumuler au fond des cours d'eau et nuire à la
reproduction du poisson; il a un effet sur la turbidité de l'eau. Il
faut faire la part des choses ici. N'allons surtout pas troquer la
typhoïde pour la malaria. Le sable est efficace, et nous l'utilisons
à Aylmer, d'où je viens. Cependant, ce que devient le sable quand
il est charrié au printemps a des conséquences pour
l'environnement.
|
| Quelle que soit la substance que nous utiliserons, elle aura un
impact sur l'environnement. Par conséquent, l'idée, c'est d'abord
d'utiliser le moins de produit possible. La construction de routes
intelligentes peut nous aider à cet égard. Dans notre société, on a
tendance à y aller à la va comme je te pousse dans l'épandage de
ces produits. Des routes intelligentes pourraient nous faire
économiser des produits et de l'argent. Elles peuvent reconnaître
la température de la chaussée et signaler au préposé municipal
qu'il serait temps d'épandre le produit avant que la glace ne se
forme. Actuellement, les municipalités épandent le produit de
déglaçage une fois que la glace s'est formée. Mais si on l'épandait
avant même que la glace se soit formée, il en faudrait beaucoup
moins pour assurer la sécurité routière.
|
| Une deuxième mesure importante pour accroître la sécurité
routière dans des conditions hivernales serait de réduire la vitesse.
Plutôt que d'adapter notre façon de conduire aux conditions
météorologiques, nous préférons utiliser de grandes quantités de
sel. Nous ferions mieux de changer notre attitude au volant.
|
| Le sénateur Cochrane: J'aimerais que vous nous parliez des
positions qu'a adoptées la FCM à sa dernière conférence annuelle.
Vous avez mentionné que certaines municipalités font un
excellent travail et vous avez cité New Glasgow en exemple
comme étant une municipalité modèle.
|
| Pourriez-vous nous fournir d'autres exemples de ce que font
ces municipalités modèles, nous parler de la façon dont elles s'y
prennent pour le faire et de ce que nous pouvons apprendre
d'elles, et nous expliquer comment il se fait que seules ces
municipalités sont capables de prendre de telles initiatives?
|
| Mme Comeau: Une partie de la réponse, c'est qu'elles sont
bien informées. Un volet de notre mandat, à la FCM, consiste à
diffuser l'information concernant les nouvelles méthodes, les
pratiques exemplaires, et cetera. Nous le faisons en mettant
l'accent sur l'enseignement entre pairs.
|
| L'autre partie de la réponse, c'est que leurs dirigeants sont
dynamiques. Il se trouve que la mairesse de New Glasgow est une
véritable fonceuse. Quand vient le temps d'aborder un problème,
la mairesse McLean prend bien soin d'établir tous les contacts
politiques nécessaires. Ce genre de leadership énergique n'est pas
toujours là, pas plus d'ailleurs que les contacts et l'engagement à
mettre sur pied une structure politique adéquate.
|
| On constate toutefois que, de plus en plus, les autorités locales
se penchent sur ces questions. Par exemple, nos membres sont
sans cesse plus nombreux à s'adresser à nous pour nous demander
des conseils sur les meilleures façons de planifier la gestion de
leur bassin hydrographique. Il s'agit là d'un concept tout nouveau.
Ce n'est pas un domaine dont nous avions coutume de nous
préoccuper au niveau municipal. En Ontario, par exemple, la
planification de la gestion des bassins hydrographiques a toujours
relevé dans le passé des responsables de la conservation.
|
| La Grand River Conservation Authority est un autre excellent
modèle. Dans ce cas-là, la collectivité concernée gère
l'aménagement de son territoire, ses mesures de conservation de
l'eau et ses sources d'approvisionnement en eau entièrement en
fonction de la capacité de son bassin hydrographique de répondre
à la demande.
|
| Je dirais que la rareté est l'élément déclencheur de la plupart de
nos initiatives environnementales. Par exemple, les localités qui
déploient le plus d'efforts en matière de gestion des déchets sont
celles qui sont sur le point de ne plus trouver de lieu
d'enfouissement sanitaire. De même, les localités dont le bassin
hydrographique est très restreint, qui ont, par exemple, des
ressources aquifères en quantité limitée ou de piètre qualité, sont
portées à examiner de près toutes les solutions possibles.
|
| La plupart des collectivités ne sont pas placées dans une telle
situation. Dans le domaine des eaux usées, nombre d'entre elles
utilisent leurs boues d'épuration comme fertilisant agricole.
L'inconvénient, c'est que les fertilisants agricoles qu'on obtient de
cette façon peuvent contenir une part importante de métaux
lourds, ce qui nécessite une gestion particulière.
|
| Toronto, par exemple, voulait améliorer la qualité de ses
biosolides en limitant ce qui pourrait être acheminé dans son
réseau eau résiduaire. Les autorités municipales voulaient adopter
un règlement relatif à l'utilisation des conduites d'égout qui
restreindrait ce que l'industrie pourrait y déverser et obliger cette
dernière à se doter de plans de prévention de la pollution. Des
amendes pouvant aller jusqu'à 100 000 $ seraient imposées à
ceux qui ne se conformeraient pas au règlement. Pour que Toronto
puisse rédiger et adopter un tel règlement, il lui fallait d'abord
demander l'autorisation du gouvernement ontarien.
|
| Les lois régissant les municipalités sont très normatives. Au
lieu de comporter des dispositions générales qui les autoriseraient
à agir dans un large éventail de domaines, il y a au niveau
provincial ce que nous appelons des lois normatives qui, dans un
cas comme celui de l'Ontario, peuvent contenir des centaines de
pages où l'on énumère en détail ce que les autorités municipales
sont habilitées à faire. Tout ce qui n'y est pas expressément
mentionné leur est interdit. Pour agir dans un domaine non
spécifié dans la liste normative, elles doivent demander
l'autorisation du gouvernement provincial, autorisation qui ne leur
est pas toujours accordée. Ce n'est d'ailleurs qu'après de
nombreuses années de démarches que Toronto a pu enfin obtenir
l'autorisation d'adopter un règlement municipal limitant
l'utilisation des conduites d'égout, un des premiers règlements de
ce genre au pays.
|
| Le président: Hier, nous avons entendu les représentants de
l'Association canadienne des eaux potables et usées. Ils ont
soutenu que, plutôt que d'adopter ce projet de loi, le
gouvernement fédéral ferait mieux de s'en remettre au projet de
loi sur la sûreté des produits liés à l'eau potable - il a été
présenté à deux reprises -, qui lui offrirait le cadre législatif et la
base voulus pour pouvoir intervenir dans ce domaine. Êtes-vous
au courant de cette possibilité?
|
| Mme Comeau: Oui. Je vais laisser à M. Fink le soin de
répondre à cette question, car il a travaillé en étroite collaboration
avec M. Ellison de l'ACEPU.
|
| M. Fink: Ce que M. Ellison m'a expliqué, c'est que le projet
de loi sur la sûreté des produits liés à l'eau potable n'aurait pas
débordé le cadre du régime établi par les lignes de conduite
actuelles en matière d'eau potable. Les deux versions de ce projet
de loi traitent principalement de normes microbiologiques.
Cependant, toutes les provinces ayant déjà des lignes de conduite
en cette matière, nous satisfaisons déjà à ces normes. C'est la
contamination microbienne qui présente les risques les plus élevés
pour la santé. Les provinces ont accepté les lignes de conduite en
question, telles qu'elles ont été établies par l'équipe
fédérale-provinciale responsable de l'eau potable, comme étant
leur norme.
|
| Le président: Voulez-vous dire que les provinces ont adopté
cette norme, mais que nous avons quand même besoin de cet
amendement à la Loi sur les aliments et drogues?
|
| M. Fink: Le projet de loi sur la sûreté des produits liés à l'eau
potable n'aurait pas changé le régime actuel; il aurait tout
simplement fait de la pratique actuelle la norme. Le projet de
loi S-18 propose de transférer cette responsabilité à la Loi sur les
aliments et drogues. Cela nécessitera un tout nouveau régime
réglementaire et, surtout, un nouveau régime en matière
d'exigence de conformité. Nous soutenons que ce changement est
inutile, car le régime actuel fonctionne déjà très bien.
|
| Le sénateur Grafstein: Permettez-moi de vous interroger
d'abord sur le principe du projet de loi et vos municipalités. La
FCM regroupe quelque 1 000 municipalités. Au cours des deux
dernières années, combien de vos membres ont émis des avis de
faire bouillir l'eau?
|
| Mme Comeau: À Terre-Neuve, il y en a eu environ 200. On
en a également émis en Saskatchewan et en
Colombie-Britannique. Je n'en connais pas le nombre total.
|
| Le sénateur Grafstein: Vous nous avez dit que tout allait bien
dans le meilleur des mondes et que la FCM faisait son travail.
Combien d'avis de faire bouillir l'eau ont été émis par vos
membres ces deux dernières années? Combien y en a-t-il eu au
total de la part de votre millier de membres?
|
| Mme Comeau: D'abord, je n'ai pas ici même les chiffres
relatifs au nombre d'avis de faire bouillir l'eau. Je suis désolée de
ne pas pouvoir vous fournir ces chiffres. Je crois d'ailleurs que
vous les avez déjà.
|
| Le sénateur Grafstein: Comme pourrais-je les avoir?
|
| Le président: À l'ordre! monsieur le sénateur Grafstein, vous
avez les chiffres en question. Le témoin a dit qu'elle ne pouvait
pas répondre à votre question. Nous comprenons cela.
|
| Mme Comeau: Je me rends compte que vous en avez fait une
grande priorité, ce que nous apprécions. Ce sont les
gouvernements provinciaux, et non les municipalités, qui émettent
les avis de faire bouillir l'eau. L'émission de tels avis relève des
provinces, et nos membres s'efforcent de se conformer aux
règlements, normes et lignes de conduite établis par les provinces.
L'émission d'un avis de faire bouillir l'eau ne signifie pas toujours
qu'il y a une menace sérieuse à la santé. Une recommandation de
faire bouillir l'eau n'est pas forcément signe qu'on a découvert la
présence d'E. coli.
|
| Le sénateur Grafstein: Je n'ai pas dit que c'était le cas.
|
| Mme Comeau: Nous sommes conscients que des
investissements majeurs doivent être effectués en vue de
moderniser ces installations, notamment dans l'est du Canada.
Cela fait 20 ans que nous essayons d'obtenir qu'on investisse
davantage dans des travaux d'infrastructure. Nous savons qu'il y a
là un problème, qu'il faudrait, par exemple, doter les
municipalités d'infrastructures adéquates. Nous savons que
Terre-Neuve est actuellement aux prises avec des problèmes
d'émission d'avis de faire bouillir l'eau dans certaines de ses
municipalités qui sont membres de notre organisation.
Terre-Neuve connaît la pire situation au pays à cet égard.
|
| Le président: Je crois que notre témoin a maintenant dit ce
qu'elle avait à dire.
|
| Le sénateur Grafstein: J'ai lu tout votre mémoire
attentivement. Pour que nous puissions utiliser le plus utilement
possible notre temps limité, il serait fort souhaitable que vous
vous montriez réceptive aux questions qu'on vous pose. Si vous
ne pouvez y répondre, vous faites bien de le dire.
|
| Si je ne m'abuse, le Sierra Legal Fund, dont les représentants
comparaîtront devant nous, a effectué une étude à propos des avis
de faire bouillir l'eau. La vérité, c'est que votre association ne
garde pas de dossier sur ces avis. La raison en est que les
municipalités ne trouvent pas intérêt à se tenir au courant de la
situation à cet égard à l'échelle nationale.
|
| En fait, Terre-Neuve n'est pas la seule province à avoir eu des
problèmes sur ce chapitre ces deux dernières années. Il s'en est
posé de graves au Québec, et on a essayé d'y remédier. Il y en a
eu aussi en Ontario. Des avis de faire bouillir l'eau ont également
été émis en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et dans le
Nord. Le chiffre que j'ai obtenu, et j'ignore s'il est exact ou non,
est 800. Les résidents de 800 municipalités ont reçu des avis de
faire bouillir l'eau, et le problème ne concerne pas seulement la
bactérie E. coli; c'est donc épouvantable.
|
| Je voulais savoir si les dirigeants de votre association
reconnaissent qu'il est manifeste qu'un danger imminent guette
les résidents de leurs municipalités membres. Quand je regarde ce
qui est paru dans les journaux à ce propos, je constate qu'il existe
une réelle menace en ce sens pour la santé publique.
|
| J'aimerais également aborder la question de votre modèle de
tarification. Combien en coûte-t-il par jour, en moyenne, à un
ménage pour sa consommation d'eau potable salubre dans les
municipalités canadiennes? Selon certaines sources, un ménage
moyen utiliserait quelque 360 litres d'eau par jour. Ma question
est la suivante: combien en coûte-t-il en moyenne par jour à un
ménage canadien pour l'eau potable qui lui vient d'un réseau
d'aqueduc?
|
| Mme Comeau: Pour obtenir ce renseignement, il nous faudrait
nous adresser à l'ACEPU.
|
| Le sénateur Grafstein: Savez-vous combien paie le
consommateur pour de l'eau embouteillée dans chacune de vos
municipalités membres?
|
| Mme Comeau: Ces questions ne relèvent pas de la FCM.
|
| Le sénateur Grafstein: J'aimerais maintenant aborder la
question des responsabilités. Vous avez dit très franchement qu'il
y avait confusion à propos de qui fait quoi et quand.
Admettez-vous qu'il y a confusion concernant les responsabilités
de chacun?
|
| Mme Comeau: Oui, tout à fait.
|
| Le sénateur Grafstein: Si je vous comprends bien, votre
solution est de continuer comme si de rien n'était et de réclamer
5,4 milliards de dollars du gouvernement fédéral.
|
| Mme Comeau: Non, je ne crois pas que ce soit approprié.
|
| Le sénateur Grafstein: C'est pourtant ce que vous avez dit.
|
| Mme Comeau: Puis-je revenir à ce que je disais concernant les
avis de faire bouillir l'eau? Je me dois de vous expliquer pourquoi
vous avez peut-être l'impression que la FCM ferait des choses
qu'il ne serait tout simplement pas approprié qu'elle fasse. Je
tiens à être bien claire là-dessus. Quand il y a émission d'un avis
de faire bouillir l'eau, c'est que les lignes de conduite en vigueur
n'ont pas été respectées. On émet un tel avis dans le but d'inviter
la municipalité à se conformer aux règles. La question n'est pas
de savoir si nous avons besoin de nouvelles lignes de conduite,
mais plutôt d'établir comment nous allons nous y prendre pour
faire appliquer celles qui existent déjà. Il s'agit là d'une
responsabilité provinciale. La FCM est une association fédérale et
elle ne s'occupe que de questions de compétence fédérale. Il ne
m'appartient donc pas de me prononcer sur des questions de
compétence provinciale.
|
| À propos de responsabilité, nous avons pris à cet égard une
position globale. Dans mon exposé, je n'ai pas du tout parlé
d'argent, et, en réalité, je n'ai abordé la question des travaux
d'infrastructure qu'en tout dernier lieu.
|
| Le sénateur Grafstein: Pourtant, il y a un paragraphe de votre
mémoire où vous le faites.
|
| Le président: Je m'excuse, mais la demande de 5,4 milliards
de dollars a été faite au ministre Paul Martin par l'Association
canadienne des eaux potables et usées.
|
| Le sénateur Grafstein: Dans le document que voici, la FCM
en arrive à la conclusion que d'autres fonds sont requis.
|
| Le président: C'est juste. Cependant, ce chiffre est tiré d'un
mémoire qu'a présenté l'Association canadienne des eaux
potables et usées au ministre Martin en octobre 2001.
|
| Mme Comeau: Il est injuste de soutenir que, si les
municipalités ne se conforment pas aux lignes de conduite
prescrites, c'est parce que leur personnel manque de vigilance. La
vérité, c'est que les municipalités n'ont pas les moyens de
remédier à ces problèmes. On ne saurait continuer année après
année à dépenser le moins possible dans ces domaines et
s'attendre à ce qu'il ne s'y passe rien d'anormal.
|
| Nous ne sommes pas d'accord pour qu'on déroge aux lignes de
conduite prescrites. Notre position, c'est que des lignes de
conduite ont été établies et qu'elles doivent être respectées.
Cependant, on peut difficilement demander aux municipalités de
s'y conformer si elles n'ont pas les ressources voulues pour se
doter d'infrastructures qui soient à la hauteur.
|
| Nous croyons également que d'importants changements
s'imposent sur le chapitre de la gestion de l'eau. Il est notamment
crucial de bien planifier la gestion des bassins hydrographiques,
de protéger les sources d'approvisionnement en eau, de former
adéquatement les exploitants des réseaux d'aqueduc et d'effectuer
régulièrement des analyses pour vérifier la qualité de l'eau. Des
fonds sont requis parce que ces volets ne sont pas
convenablement gérés à l'heure actuelle. On devrait affecter
davantage de ressources dans ces secteurs.
|
| Il serait injuste d'affirmer que nous avons adopté une position
trop étroite. Nous savons que la gestion de l'eau ne se ramène pas
uniquement à un problème d'infrastructure. Cependant, la
question sur laquelle se penche actuellement votre comité, c'est à
savoir si de nouvelles lignes de conduite sont nécessaires et s'il
s'impose qu'on adopte une loi en ce sens.
|
| Le président: Le projet de loi S-18 n'a pas pour objet de fixer
des lignes de conduite. Il établit les objectifs à atteindre. Vous
faites valoir des arguments en faveur d'un accroissement du
financement, mais vous ne vous adressez pas au bon comité pour
exercer des pressions dans ce sens.
|
| Mme Comeau: Je ne demande pas davantage de financement.
|
| Le sénateur Grafstein: Je trouve votre mémoire déroutant,
car, alors que vous parlez de tarification en fonction du coût de
revient complet, vous ne savez même pas combien coûte l'eau
dans vos municipalités. Peut-être pourriez-vous demander à vos
membres, pour le bénéfice de notre comité, de nous fournir un
modèle qui nous renseignerait sur les coûts. Vous avez soulevé la
question de la tarification en fonction du coût de revient complet,
mais nous ne savons pas de quoi vous voulez parler.
|
| Le sénateur Adams: Nous payons au-delà de 2 $.
|
| Mme Comeau: Ce coût n'inclut probablement pas le coût de
revient complet des immobilisations et des dépenses de
fonctionnement. Nous nous employons à élaborer un modèle qui
se tienne et qui convienne à la plupart des municipalités. Il
s'inspire d'un modèle utilisé à Hamilton et à propos duquel nous
pouvons vous fournir de la documentation. En examinant le
modèle de Hamilton, on constate que la tarification en vigueur
dans cette ville n'inclut pas les coûts complets des
immobilisations et des dépenses de fonctionnement du réseau
d'aqueduc; on y note un manque à gagner de 80 cents le litre. Il y
a un écart considérable entre le prix que paie le consommateur et
ce qu'il en coûte à la municipalité pour fournir l'eau. Nous avons
identifié ce problème.
|
| Le sénateur Grafstein: Comment pouvez-vous le savoir? Vous
avez dit que vous n'aviez pas les chiffres pertinents.
|
| Mme Comeau: Nous avons en main une étude effectuée par
Enquête pollution où l'on décrit l'exemple intéressant de
Hamilton, qui, selon cet organisme, serait l'une des municipalités
qui a adopté une politique de tarification en fonction du prix de
revient complet. Or, il y existe cet énorme écart que nous avons
pu observer.
|
| Nous avons retenu les services d'une firme d'experts pour nous
aider à élaborer un modèle que les municipalités pourront utiliser
pour gérer rationnellement leurs actifs dans ce domaine. Toute
municipalité qui fera une demande de financement à même notre
fonds vert se verra remettre ce modèle et sera tenue de s'y
conformer avant de pouvoir obtenir une subvention.
|
| Je crois que nous exerçons nos activités dans les limites de nos
compétences et de notre mandat.
|
| Le sénateur Grafstein: Êtes-vous au courant de ce qu'il en
coûte aux réseaux de services médicaux pour traiter des
problèmes de santé attribuables à la consommation d'eau
insalubre dans les municipalités canadiennes?
|
| Mme Comeau: Je l'ignore.
|
| Le sénateur Grafstein: J'aimerais que vous nous lisiez un
passage de votre mémoire, qui, bien qu'éclairant, semble contenir
une contradiction. Il s'agit du troisième paragraphe de la page 3.
Lisez-le-nous, s'il vous plaît, après quoi j'aurai quelques
questions à vous poser à ce sujet.
|
| Mme Comeau: Ce paragraphe dit ceci:
|
| Ces travaux seraient financés à même un fonds permanent
de financement de travaux d'infrastructure [...]
|
| C'est une entente tripartite, qui n'implique donc pas seulement le
gouvernement fédéral.
|
[...] calqué sur le modèle du US Clean Water and Drinking Water State Revolving Funds. Ce fonds permettrait d'offrir aux administrations locales la possibilité d'emprunter des fonds à faible intérêt ou sans intérêt à des fins d'immobilisa tions. |
| C'est ce qui se fait aux États-Unis à l'heure actuelle.
|
| Le sénateur Grafstein: Savez-vous quelle est la condition
préalable pour pouvoir être admissible à ce financement?
|
| Mme Comeau: Oui.
|
| Le sénateur Grafstein: Quelle est cette condition?
|
| Mme Comeau: La municipalité doit s'être d'abord dotée des
structures de planification appropriées pour être en mesure de
bien gérer son réseau de distribution d'eau potable. Une telle
structure comprend la tarification en fonction du coût de revient
complet.
|
| Le sénateur Grafstein: Non, la condition préalable est de
satisfaire aux normes exécutoires fédérales en matière d'eau
potable. Une municipalité qui ne se conformerait pas à ces
normes n'aurait tout simplement pas accès à cette source de
financement.
|
| Mme Comeau: Je veux bien, mais le gouvernement fédéral
des États-Unis a une compétence mieux définie dans ce domaine.
|
| Le sénateur Grafstein: Non, ce n'est pas le cas.
|
| Mme Comeau: Selon nous, c'est peut-être dans cette direction
que les Américains se sont orientés.
|
| Le sénateur Grafstein: Évitez de nous embrouiller. Le comité
s'occupera du problème de partage de compétences. Vous avez
vos propres problèmes et nous avons les nôtres. Il demeure
cependant que la FCM propose un modèle.
|
| Mme Comeau: C'est juste.
|
| Le sénateur Grafstein: Ce modèle s'inspire du modèle
américain.
|
| Mme Comeau: Oui.
|
| Le sénateur Grafstein: Le modèle américain présuppose
l'existence de normes fédérales, réglementaires, quasi pénales, et
ayant force de loi. Il ne repose pas sur l'exercice de pressions par
des pairs ou sur des lignes de conduite.
|
| Mme Comeau: C'est exact. Monsieur le sénateur Grafstein,
dans le modèle américain, la responsabilité d'appliquer ces
normes relève des États et ce sont eux qui reçoivent les fonds. Ce
sont les États qui capitalisent les fonds.
|
| Le sénateur Grafstein: Ce n'est pas le cas.
|
| Mme Comeau: Je vous dis la vérité.
|
| Le président: Puis-je vous suggérer, madame Comeau, de nous
soumettre par écrit une description détaillée de la façon dont on se
sert de ce modèle d'infrastructure aux États-Unis.
|
| Le sénateur Spivak: Ce serait utile.
|
| Le président: C'est un bon point.
|
| Le sénateur Spivak: Cela fait des années qu'une foule de
groupes non gouvernementaux et environnementaux préconisent
l'adoption, dans le domaine de la gestion de l'eau, de normes
analogues à celles qui sont en vigueur aux États-Unis. Vous ne
semblez pas en faveur de cette idée. Qu'avez-vous contre un
régime fondé sur des lois plutôt que sur des lignes de conduite? Je
crois que le Sierra Club s'y est dit favorable.
|
| Mme Comeau: Peut-être, mais il se trouve que je représente la
Fédération canadienne des municipalités et que cet organisme a
pris position. Nos membres ont souscrit à l'idée d'envisager
l'établissement de normes nationales.
|
| La question c'est de savoir si le projet de loi S-18 est
l'instrument approprié pour établir des normes nationales. Malgré
le peu de temps dont nous disposions pour faire part au comité de
notre position à l'égard de ce projet de loi, nous nous sommes
efforcés d'insister sur ce qui nous préoccupe le plus, à savoir la
question de la responsabilité. Nous avons également essayé de
vous expliquer les autres angles sous lesquels nous abordons cette
question. C'est ce que je puis vous dire de mieux.
|
| Le président: Vous avez mentionné le peu de temps qui vous a
été imparti. Vous avez tout à fait raison. J'aimerais que vous
songiez à nous présenter un autre mémoire écrit. Vous avez
entendu nos questions et sans doute pris acte de nos préoccupa
tions. Par conséquent, pour compenser le fait que nous ne
pouvions vous accorder un avant-midi complet, vous pourriez
peut-être nous faire part par écrit de vos vues sur ce qui nous
préoccupe.
|
| Puis-je féliciter la FCM de sa position sur l'aménagement du
territoire et la gestion des bassins hydrographiques. Dans l'Ouest,
d'où je viens, ces aspects revêtent une grande importance parce
que l'eau y est gravement contaminée quand elle atteint le
consommateur, ce qui coûte extrêmement cher. Un peu partout
dans l'Ouest, et non seulement en Alberta, nous avons des résidus
agricoles, des résidus pétroliers et gaziers, et des résidus
industriels. Les eaux de surface en provenance de nos villes
charrient du sel, des PC, des fertilisants et des herbicides. Nous
traitons nos eaux usées mais non nos eaux de surface. On agit
différemment si on nuit au poisson. Dans l'Ouest, la loi impose
une sanction si l'eau tue le poisson, mais il en va autrement si
l'eau tue des gens.
|
| Le sénateur Spivak: Si nous jugions nécessaire de vous
convoquer de nouveau, seriez-vous disposée à nous revenir et à
poursuivre cette discussion avec nous? Notre comité est un
groupe très diversifié, et nous aurons peut-être besoin de nous
pencher sur ces questions plus avant avec vous.
|
| Mme Comeau: Oui, je serais prête à le faire.
|
| Le sénateur Watt: Ma question va dans le sens de celle du
sénateur Adams concernant la composition de votre organisme.
Avez-vous également des membres du Nunavik, du Labrador et
des réserves indiennes?
|
| Mme Comeau: Nous représentons des administrations munici
pales, mais non des Premières Nations. Oui, nous avons des
membres de la province de Terre-Neuve et du Labrador, pour
autant qu'il s'y trouve des municipalités. Notre conseil d'adminis
tration est élu par nos membres, en fonction de la population et
d'autres facteurs. Nous avons quatre ou cinq membres qui
viennent de la province de Terre-Neuve et du Labrador, puis nous
en avons d'un peu partout au pays selon l'importance de la
population.
|
| Le sénateur Watt: Je me demande si vous ne pourriez pas
nous fournir la liste de vos membres, y compris ceux du Nunavik,
dans le nord du Québec.
|
| Mme Comeau: Bien sûr.
|
| Le sénateur Watt: Merci.
|
| La séance est levée.
|