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NFFN - Comité permanent

Finances nationales


Délibérations du comité sénatorial permanent
des finances nationales

Fascicule 4 - Deuxième et troisième rapports du comité


Le Jeudi 22 mars 2001

Le Comité sénatorial permanent des Finances nationales a l'honneur de présenter son

DEUXIÈME RAPPORT

Votre comité auquel a été déféré le Budget supplémentaire des dépenses (A) pour 2000-2001, a conformément à l'ordre de renvoi du 1 mars 2001, examiné ledit Budget et présente ici son rapport.

Le Budget supplémentaire des dépenses « A » 2000-2001, le seul budget supplémentaire pour cette année, a été renvoyé au Comité des finances nationales le 1ermars 2001 et examiné le 13 mars 2001. Étaient présents, au nom du Conseil du Trésor, MM. Keith Coulter et Andrew M. Lieff. Selon leur habitude, au cours de cet examen, les membres du Comité se sont intéressés à toute une gamme de questions liées aux prévisions des dépenses du gouvernement.

Dans cette phase de son étude, le Comité a noté les vastes changements apportés aux projets des dépenses du gouvernement, comme le montrent en résumé les deux tableaux joints au présent rapport. Le premier (à la fin du document), « Sommaire du cadre des dépenses et des prévisions pour 2000-2001 », offre une vue schématique des changements envisagés dans le Budget supplémentaire des dépenses « A ». Au cours de cette période financière, les dépenses totales prévues sont passées de 156,2 milliards à 172,6 milliards de dollars. Le gros de ces sommes, soit 116,3 milliards de dollars, ou 67,4 p. 100, sont des dépenses législatives pour lesquelles aucun vote n'est nécessaire.

La variation de 16,4 milliards de dollars dans les dépenses totales, qui est rapportée dans le Budget supplémentaire des dépenses, représente une augmentation de 10,5 p. 100 des dépenses initialement prévues pour l'exercice 2000-2001. Il s'agit là d'un changement considérable au cours d'une même année, qui a immédiatement préoccupé les membres du Comité. En général, les sénateurs ont du mal à accepter la facilité avec laquelle les ministères recourent aux budgets supplémentaires. Plus précisément, ils se sont demandé pourquoi le premier Budget des dépenses n'avait pas mieux reflété les dépenses totales prévues pour l'exercice financier en cours. Un écart d'estimation de 10,5 p. 100 représente une marge d'erreur exceptionnellement importante.

Dans leur réponse, les fonctionnaires ont indiqué que l'écart de 10,5 p. 100 reflétait essentiellement la façon dont les dépenses prévues sont citées dans l'exposé budgétaire et dans le Budget des dépenses. Le Conseil du Trésor a donné au Comité l'assurance que ses fonctionnaires s'intéressent de près aux niveaux des dépenses gouvernementales prévues et qu'ils veillent toujours à ce que les divers ministères respectent les niveaux annoncés dans l'exposé budgétaire et dans le Budget des dépenses. La façon dont ces niveaux sont établis et dont ils évoluent au cours de l'exercice financier est déterminée au ministère des Finances.

En ce qui concerne les chiffres actuels et l'écart apparent, les fonctionnaires ont souligné que, dans l'exposé budgétaire de février 2000, le ministre des Finances avait annoncé des dépenses s'établissant à 158.9 milliards de dollars. Pour diverses raisons, le Budget principal des dépenses ne fait pas état de tout l'argent réellement attribué aux ministères au moment de l'exposé budgétaire. Par exemple, certains fonds déjà attribués dans l'exposé budgétaire doivent encore faire l'objet d'une approbation législative et ne figurent donc pas dans le Budget des dépenses. En mars 2000, le Budget principal des dépenses indiquait seulement 155 milliards des 158.9 milliards de dollars qui étaient annoncés dans l'énoncé budgétaire. En d'autres termes, il existait un montant de 3,8 milliards de dollars pour lequel soit l'approbation du Parlement n'avait pas encore été donnée, soit on ne disposait pas de suffisamment de détails pour le faire figurer dans les prévisions de dépenses de mars 2000.

Dans l'Énoncé économique d'octobre 2000, le ministre des Finances a ajouté un autre montant de 3,9 milliards de dollars aux niveaux des dépenses de l'année en cours, de sorte que le « nouveau » chiffre des dépenses prévues a atteint 161,9 milliards de dollars. L'augmentation d'octobre s'explique par le montant de 1,5 milliard de dollars affecté aux rabais sur le carburant et par un autre montant de 1,5 milliard de dollars au titre des soins de santé découlant de l'accord conclu avec les provinces en septembre. Par conséquent, environ 6,9 milliards des 16 milliards étaient mentionnés dans le Budget de mars et dans l'Énoncé économique d'octobre, mais pas dans le Budget des dépenses de mars. Ce montant figure maintenant dans le Budget supplémentaire « A ».

La différence de 16 milliards de dollars entre le dernier Budget des dépenses et celui de mars 2000 comporte une autre composante. Il s'agit des dépenses non budgétaires correspondant aux prêts et investissements productifs du gouvernement. À l'heure actuelle, un montant de 1,8 milliards reflète les prêts que le gouvernement est en train d'émettre et de porter aux livres du Canada pour le Programme canadien de prêts aux étudiants.

Il est un autre volet de la différence de 16 milliards de dollars qui renvoie à un problème relativement compliqué, celui des sommes autorisées au cours des années antérieures et décaissées pendant la période en cours. Il s'agit entre autres du montant relativement élevé du versement au titre de l'équité salariale, 3 milliards de dollars, qui a été imputé au déficit et au surplus au cours des années antérieures. Un autre paiement important de 2,5 milliards de dollars a été approuvé par le Parlement, par l'intermédiaire de la Loi canadienne sur la santé. Cette somme avait été engagée au cours d'une année antérieure et elle est dépensée cette année. On a également révisé les paiements de péréquation prévus, ce qui a ajouté encore 1,2 milliards de dollars au total final.

Mis ensemble, ces chiffres semblent expliquer la différence entre le Budget des dépenses de mars 2000 et les dernières prévisions pour l'exercice 2000-2001.

Un deuxième tableau, présenté à la fin du rapport, « État des crédits à ce jour pour 2000-2001 » résume les crédits qui ont été approuvés à ce jour. La Loi de crédits no 1 a autorisé 15,6 milliards de dollars à ce jour, tandis que la Loi de crédits no 2 a autorisé un autre montant de 34,5 milliards de dollars. Des mandats spéciaux du gouverneur général ont permis l'octroi d'un crédit supplémentaire de 3,5 milliards de dollars, portant le total des sommes approuvées à 53,6 milliards de dollars. L'actuel Budget supplémentaire des dépenses « A » ajouterait un autre montant de 2,6 milliards de dollars, ce qui porte les crédits totaux à 56,3 milliards de dollars.

Les membres du Comité se sont posé des questions sur le recours aux mandats spéciaux du gouverneur général pour obtenir des fonds immédiatement, à l'appui des activités courantes du gouvernement, après la dissolution du Parlement, pendant la campagne électorale. Ils craignaient que le niveau du financement obtenu par voie de mandats spéciaux ne déborde la définition du cas d'urgence contenue dans les dispositions législatives régissant l'utilisation de ce genre d'instrument. Les membres souhaitaient se renseigner sur les critères et le processus utilisés pour déclencher le recours à ces mandats.

Les fonctionnaires ont donné au Comité l'assurance que tous les efforts avaient été faits pour éviter les procédés abusifs au cours de la période où le Parlement ne siégeait pas. Le Conseil du Trésor a étudié toutes les demandes de financement faites par voie de mandats spéciaux du gouverneur général et, dans de nombreux cas, il a réussi à convaincre les ministères de reporter leur demande jusqu'à la rentrée parlementaire.

Les fonctionnaires ont rappelé au Comité que la Loi sur la gestion des finances publiques (LGFP) prévoit expressément la possibilité d'utiliser des mandats spéciaux en période électorale. De fait, par suite de la modification dite de Milliken, c'est le seul moment, où les mandats peuvent être utilisés. Autrefois, le gouvernement pouvait recourir à des mandats spéciaux pendant les intersessions, mais cela n'est plus le cas.

On a rappelé aux sénateurs que le Conseil du Trésor devait s'assurer que les services habituels du gouvernement continuent d'être fournis. Le Conseil du Trésor a passé en revue chacune des demandes de mandat spécial, une à une, ministère par ministère, avant de les approuver. Une fois convaincus que la demande de financement répondait aux critères prescrits par la LGFP, ils ont sollicité l'autorisation du ministre. Au total, le Conseil du Trésor a demandé trois émissions différentes de mandats, dont aucune n'a été faite au cours de la période électorale réelle.

Le Conseil du Trésor estime que, sur les plans de la coutume, de la pratique et de l'histoire, il a correctement appliqué les critères à chacun des postes pour lesquels un mandat spécial avait été sollicité. M. Coulter a rappelé aux membres que le recours aux mandats spéciaux est assujetti à trois conditions, dans la Loi sur la gestion des finances publiques. Premièrement, il faut que le Parlement soit dissous à la suite du déclenchement d'une élection, pour une période allant jusqu'à 60 jours après la date fixée pour le rapport du bref électoral. Deuxièmement, le paiement doit être nécessaire de manière urgente, pour le bien public. Troisièmement, il ne doit exister aucun autre crédit dans lequel le paiement puisse être trouvé. C'est pourquoi le Conseil du Trésor fait en sorte d'épuiser le crédit no 5 du Conseil du Trésor avant de passer à un régime de mandat.

Après maintes discussions, les sénateurs ont l'impression que, s'il est vrai que le Conseil du Trésor a fait le maximum pour utiliser correctement les mandats spéciaux du gouverneur général, leur recours a peut-être été trop abondant et l'interprétation des lois trop libérale. Ainsi, les mandats spéciaux du gouverneur général sont-ils censés servir au financement de nouveaux programmes comme le programme de rabais sur le carburant? Le Comité pourrait décider d'examiner l'usage qui est fait des mandats spéciaux du gouverneur général un peu plus tard et de suggérer quelques mesures correctives.

Le Comité s'est également intéressé à plusieurs autres dépenses du gouvernement. Il a remarqué que les frais associés à la mise en place du Bureau d'enregistrement des armes à feu continuent d'augmenter bien au-delà des premières prévisions. À l'heure actuelle, semble-t-il, 489 millions de dollars auraient été dépensés pour essayer de mettre ce programme en oeuvre. Le Conseil du Trésor a convenu de fournir des détails plus précis sur les sommes totales consacrées à cette initiative gouvernementale.

Les sénateurs ont été intrigués par une subvention de 5 millions de dollars au profit du fonds de dotation de l'Orchestre symphonique de Montréal. Ils voulaient savoir comment il se faisait qu'une telle subvention était fournie par l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, plutôt que par le ministère du Patrimoine canadien. Le fonctionnaire a donné au Comité l'assurance que cette subvention était appropriée et qu'elle répondait aux critères fixés par l'Agence. Le Comité s'inquiète de ce qu'une telle pratique gêne les ministères lorsqu'il s'agit de repérer les chevauchements de dépenses. On a rappelé notamment au Comité que les orchestres peuvent très bien recevoir des subventions fédérales d'autres entités comme le Conseil du Canada, Patrimoine canadien Canada, Affaires étrangères, etc. Il a demandé au Conseil du Trésor de lui fournir d'autres détails sur le programme, plus précisément sur les critères d'approbation de cette subvention précise.

Le Comité s'est aussi intéressé à la subvention de 140 000 $ en faveur de l'Institut national de la magistrature (INM). Ce dernier est la principale organisation nationale vouée à la formation permanente des juges, qu'ils soient nommés à l'échelon fédéral ou à l'échelon provincial. Son budget est entièrement financé en vertu d'une entente prise par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux. Le gouvernement fédéral verse la moitié des fonds, tandis que les provinces et les territoires fournissent ensemble l'autre moitié, au prorata du nombre de juges dans chaque province ou territoire. Le budget total de l'INM pour 2000-2001 est de 537 000 $, ce qui situe l'engagement fédéral à 268 000 $. Comme la subvention fédérale ne s'élève qu'à 128 000 $, il faudra 140 000 $ supplémentaires pour respecter l'engagement fédéral.

Les sénateurs sont encore inquiets du coût relativement élevé des opérations de recouvrement et d'enquête associés au désastre du vol Swissair 111 au large de la Nouvelle-Écosse. C'est là un sujet qui revient constamment dans leurs discussions, car ces dépenses continuent d'augmenter. Plus particulièrement, les sénateurs se posent des questions sur l'entente internationale qui stipule que le coût total d'une telle opération de recouvrement doit être assumé par le pays où l'accident se produit. Compte tenu du volume du trafic dans l'espace aérien canadien et des dimensions du territoire canadien, il semble évident que le Canada sera appelé à assumer une part disproportionnée du coût des opérations de recouvrement et d'enquête lié aux désastres aériens. Il ne semble y avoir aucune possibilité de modifier cette pratique à l'heure actuelle.

Au fil des ans, le Comité a pris connaissance d'une multitude d'obligations internationales, dont certaines entraînent la remise de dettes internationales qui représentent des montants relativement importants et qui se répètent. Ces dépenses surviennent aussi bien dans le Budget principal des dépenses que dans le Budget supplémentaire. Pour mieux comprendre l'ensemble de cette question, le Comité a demandé au ministère des Finances de lui donner des précisions sur deux programmes particuliers. Il s'agit de deux mécanismes qui ont été établis respectivement par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international pour aider les pays les plus endettés du monde à régler leurs problèmes d'endettement.

Le premier, le Fonds de fiducie de la Banque mondiale pour les pays pauvres très endettés, procure des financements assortis de conditions libérales et des allégements de dettes à environ 30 des pays les plus pauvres du monde. La plupart se trouvent en Afrique. Le Canada a été l'un des principaux États à réclamer la création de cette initiative spéciale lors du Sommet d'Halifax de 1995, et le programme a été amélioré lors du Sommet de Cologne de 1999. L'idée consiste à mobiliser des ressources des pays donateurs pour appuyer les efforts d'allégement déployés par les créanciers multilatéraux, notamment ceux de la Banque africaine de développement. Au total, cette initiative devrait procurer environ 45 milliards de dollars en allégements de dettes.

Le deuxième mécanisme, la Facilité d'ajustement structurel renforcée du Fonds monétaire international, est fondé sur les mêmes principes, mais il est accessible à un plus grand nombre de pays. Il vise à soutenir la balance des paiements des pays en développement et à faible revenu. Le Canada a convenu de fournir environ 400 millions de dollars en subventions à cette organisation.

Le Comité a saisi l'occasion pour examiner le rôle du Conseil du Trésor dans la surveillance des dépenses gouvernementales, notamment en ce qui concerne les subventions. Les fonctionnaires ont donné au Comité l'assurance que le Conseil du Trésor s'intéresse de façon très sérieuse à la bonne gestion des subventions par les ministères. Par exemple, lorsque des problèmes sont survenus à Développement des ressources humaines Canada (DRHC), la première réaction du Conseil du Trésor a été d'aider le ministère à tirer la situation au clair. Ensuite, il a jeté un regard critique sur les aspects pangouvernementaux du problème, afin d'améliorer la politique des paiements de transfert. En outre, le Conseil du Trésor a élaboré une nouvelle politique en matière de vérification et d'évaluation, laquelle a été annoncée publiquement ces derniers mois.

Enfin, le Comité continue de s'intéresser au processus par lequel le Conseil du Trésor met de côté des fonds en vue de couvrir d'importantes obligations futures. L'exemple le plus récent concerne le règlement de 3 milliards de dollars relatif à l'équité salariale. Pendant des années, le Conseil du Trésor avait établi des réserves non précisées dans les comptes du Canada en vue de remplir cette obligation anticipée. Le Comité comprend que ces sommes constituent des dépenses législatives et n'exigent donc pas l'approbation permanente du Parlement, mais il accepte difficilement l'ensemble du processus, en vertu duquel d'importants montants sont accumulés au fil des ans puis versés au moment du règlement de la poursuite judiciaire, sans autre droit de regard de la part du Parlement. Le Comité examinera tout ce processus en profondeur dans le cadre d'audiences futures.

Respectueusement soumis,

Le président,

LOWELL MURRAY


ANNEXE A

SOMMAIRE DU CADRE DES DÉPENSES ET DES PRÉVISIONS POUR 2000-2001

Cadre des dépenses :
Budgétaire principal du Budget des dépenses 155,7 milliards*
Budgétaire du Budget des dépenses à ce jour 170,4 milliards
Dépenses budgétaires prévues 161,9 milliards

 

ÉTAT DES PRÉVISIONS À CE JOUR POUR 1999-2000

 

AUTORISATIONS
À VOTER
LÉGISLATIVES TOTAL
(en milliers de dollars)

Budget principal des dépenses

Budgétaire 50 096 892 $ 105 649 742 $ 155 746 634 $
Non-budgétaire 30 939 $ 379 498 $ 410 437 $

 

50 127 831 $ 106 029 240 $ 156 157 071 $
Mandats spéciaux du Gouverneur générale
Budgétaire 3 509 911 $ - 3 509 911 $
Non-budgétaire - - -

 

3 509 911 $ - 3 509 911 $
Budget supplémentaire des dépenses (A)
Budgétaire 2 590 958 $ 8 471 897 $ 11 062 855 $
Non-budgétaire 43 794 $ 1 801 250 $ 1 845 044 $

 

2 634 752 $ 10 273 147 $ 12 907 899 $
Total des prévisions à ce jour
Budgétaire 56 197 761 $ 114 121 639 $ 170 319 400 $
Non-budgétaire 74 733 $ 2 180 748 $ 2 255 481 $

 

56 272 494 $ 116 302 387 $ 172 574 881 $

* Les prévisions seront toujours différentes du total des dépenses budgétaires à cause des rajustements non reflétés dans les prévisions pour des postes comme les péremptions prévues, des réductions budgétaires et les dépenses comptabilisées dans les années antérieures.


ANNEXE B

ÉTAT DES CRÉDITS À CE JOUR POUR 2000-2001

Deux Lois de crédits et trois mandats spéciaux du Gouverneur générale ont étés
approuvées touchant les prévisions budgétaires pour 2000-2001

Crédits approuvés à ce jour :

 

Loi de crédits no1 pour 2000-2001

 

qui prévoyait les crédits provisoires du Budget principal des dépenses de 2000-2001 égaux à une répartition initiale de 3/12 pour tous les crédits et 39 crédits ont reçu des
proportions supplémentaires
15 596 117 039,16 $
Loi de crédits no2 pour 2000-2001

 

qui prévoyait les crédits pour le solde du Budget principal des dépenses de 2000-2001 34 531 715 428,84 $
Mandats spéciaux du Gouverneur générale

 

qui prévoyait les crédits au montant de 3 509 910 912,00 $
Totale Approuvé de Date 53 637 743 380,00 $
Crédits - Approbation en suspens :

 

Crédits pour l'ensemble du Budget Supplémentaire des
dépenses (A) de 2000-2001
2 634 751 741,00 $
Totale pour 2000-2001 56 272 495 121,00 $

Le jeudi 22 mars 2001

Le Comité sénatorial permanent des Finances nationales a l'honneur de présenter son

TROISIÈME RAPPORT

Votre Comité auquel a été déféré le Budget des dépenses 2001-2002, a, conformément à l'ordre de renvoi du 1 mars 2001, examiné ledit Budget et présente ici son rapport intermédiaire.

Le Budget des dépenses 2001-2002 a été déposé au Sénat le 1er mars 2001 et renvoyé au Comité permanent des finances nationales pour examen. Comme d'habitude, le Comité a réservé plusieurs réunions à son examen, qu'il a commencé dans la soirée du mercredi 14 mars 2001 et qu'il entend poursuivre ce printemps. À la première de ces réunions, des fonctionnaires du Conseil du Trésor, soit MM. Keith Coulter, Andrew Lieff et Kevin Lindsey, ont décrit les dépenses prévues par le gouvernement et expliqué les principales caractéristiques du nouveau budget. Après leur exposé, ils ont répondu aux questions des membres du Comité et se sont engagés à fournir d'autres renseignements sur plusieurs sujets intéressant le Comité.

 

LE PLAN DE DÉPENSES - APERÇU

Cette année, pour la première fois depuis longtemps, le Budget des dépenses ne suit pas immédiatement la présentation d'un nouveau budget par le gouvernement. La raison en est que le plan de dépenses du gouvernement pour l'exercice 2001-2002 a été exposé dans l'énoncé économique et la mise à jour budgétaire d'octobre 2000. Le Budget des dépenses principal est basé sur ce plan.

Le Budget des dépenses de cette année comporte quatre volets. La PARTIE I fait un survol des dépenses du gouvernement en résumant les éléments clés du Budget des dépenses principal et en faisant ressortir les principaux changements qu'il comporte. La PARTIE II, qu'on appelle habituellement le Livre bleu et qui est à la base de la Loi portant affectation de crédits, énumère et décrit dans le détail les ressources dont les ministères et agences auront besoin au cours du prochain exercice. Elle énonce aussi les autorisations de dépenser et les crédits qui seront affectés ultérieurement. Le Rapport sur les plans et les priorités (RPP) donne des précisions sur la planification stratégique et les résultats visés dans chacun des ministères et agences. Les RPP, qui seront déposés à la fin de mars, portent surtout sur les résultats visés par les activités de dépenses des ministères. Enfin, le Rapport ministériel sur le rendement (RMR) est une reddition de comptes fondée sur les résultats et compare les résultats obtenus aux résultats visés et aux engagements en matière de résultats tels qu'ils figurent dans le Rapport sur les plans et les priorités du printemps. Les RMR sont déposés à l'automne.

L'énoncé économique et la mise à jour budgétaire que le ministre des Finances a fait le 18 octobre 2000 énoncent le plan de dépenses budgétaires du gouvernement, lesquelles devraient s'élever à 166,3 milliards de dollars. Le plan prévoit des dépenses de programmes de 124,6 milliards de dollars et une somme de 41,7 milliards de dollars au titre des frais de la dette publique. Le Budget des dépenses de 2001-2002 présente des autorisations de dépenser atteignant les 163,4 milliards de dollars. Cette somme représente 98 p. 100 du plan de dépenses qui figure dans l'énoncé économique et la mise à jour budgétaire. Il convient de noter que le budget des dépenses s'écarte du budget et de l'énoncé économique présenté en octobre par le ministre des Finances d'un montant de 2,94 milliards de dollars. Cet écart peut s'expliquer de plusieurs façons :

- Un certain nombre de dépenses ne figurent pas dans le Budget des dépenses en raison du moment auquel les décisions budgétaires ont été prises ou parce qu'elles sont tributaires de l'adoption d'autres mesures législatives;

- Le Budget des dépenses ne tient pas compte de fonds mis de côté dans le Plan de dépenses en prévision d'éventualités de fonctionnement ou au titre de postes que le Parlement ou le Conseil du Trésor doivent encore approuver;

- Le Budget des dépenses ne prévoit pas de dispositions pour la réévaluation des biens et exigibilités du gouvernement, comme l'indiquaient l'énoncé économique et la mise à jour budgétaire.

- Certaines autorisations de dépenser figurant dans le Budget des dépenses prendront fin.

Le tableau I ci-dessous donne un aperçu des dépenses planifiées. Pour avoir accès aux données du tableau organisées différemment, voir les pages 1 à 3 du Budget des dépenses 2001-2002, Partie I - Plan de dépenses du gouvernement.

 

TABLEAU I
LE PLAN DE DÉPENSES ET
LE BUDGET DES DÉPENSES 2001-2002
(en millions de dollars)

Frais de la dette publique 41 700
Dépenses de fonctionnement et dépenses en capital 34 335
Prestations aux personnes âgées 25 181
Assurance-emploi 12 247
Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux 17 300
Péréquation 10 479
Autres paiements de transfert et subventions 18 996
Autres obligations législatives 3 118
Total du budgétaire du Budget des dépenses principal 163 356
Rajustements à rapprocher du Budget 2 944
Total du budgétaire des dépenses 166 300
SOURCE : Budget des dépenses 2001-2002, Partie I, pages 1-3.

Des 165,2 milliards de dollars prévus dans le Budget des dépenses principal, 112,8 milliards de dollars ou 68 p. 100 correspondent à des dépenses législatives. Le reste, soit 52,4 milliards de dollars, doit être approuvé par le Parlement. Selon le Budget des dépenses de cette année, 17 ministères ou agences planifient des dépenses de plus d'un milliard de dollars en 2001-2002. Les trois budgets les plus importants sont ceux du ministère des Finances (68,9 milliards de dollars), du ministère du Développement des ressources humaines (28,2 milliards de dollars) et du ministère de la Défense nationale (11,4 milliards de dollars).

Les sénateurs ont commencé leur étude du Budget des dépenses en examinant l'écart séparant les dépenses totales prévues pour l'exercice 2001-2002 et celles du dernier exercice. Indépendamment des explications données par le Conseil du Trésor, les sénateurs s'inquiètent de voir que les ministères semblent incapables de mieux prévoir les dépenses gouvernementales. Le Budget principal d'abord présenté pour 2000-2001 se chiffrait à 156,3 milliards de dollars. Au cours de l'exercice 2000-2001, 16,4 milliards ont été ajoutés aux dépenses gouvernementales, portant ainsi le total du budget à 172,68 milliards de dollars. Les fonctionnaires du Conseil du Trésor sont en mesure d'expliquer la hausse des dépenses nécessitant des crédits supplémentaires, mais les sénateurs estiment qu'on mise trop souvent sur cette manière de gérer les finances du gouvernement. Le Comité préférerait que les ministères fassent des prévisions plus précises et donnent plus de détails sur les montants qui ne figurent pas dans le Budget des dépenses mais qui sont prévus dans l'exposé budgétaire. Par exemple, le Budget principal des dépenses en 2001-2002 projette des dépenses de 163,4 milliards de dollars, alors que le budget et l'énoncé économique d'octobre 2000 autorisent des dépenses de 166,3 milliards de dollars. Cette somme additionnelle de 2,9 milliards doit être mieux expliquée dans les documents budgétaires.

Le recours fréquent à des budgets de dépenses supplémentaires amène à douter de la précision du Budget des dépenses principal. Les fonctionnaires ont répondu au Comité que le Conseil du Trésor fait tout pour produire un relevé exact des dépenses que le gouvernement projette de faire au cours du prochain exercice. Les postes supplémentaires sont vraiment des postes nouveaux à l'égard desquels le Parlement n'a pas encore approuvé les crédits ou au sujet desquels des détails manquent encore.

On s'inquiète aussi du mouvement ascendant des dépenses du gouvernement. Même si le chiffre de 166,3 milliards de dollars pour le Budget des dépenses principal de 2001-2002 représente 6,4 milliards de moins que le chiffre final de 172,7 milliards rapporté dans le Budget supplémentaire des dépenses « A » 2000-2001, c'est tout de même 10 milliards de dollars de plus que l'estimation originale figurant dans le Budget principal de 2000-2001. Les sénateurs sont préoccupés par les rumeurs persistantes d'un ralentissement de l'économie mondiale. Compte tenu de la conjoncture mondiale, le Comité se demande si la hausse relativement rapide des dépenses ne viendra pas se heurter à une diminution des recettes gouvernementales.

Les membres du Comité ont souligné que les contributions au titre du programme Rescol, Accès communautaire, du ministère de l'Industrie, sont tombées de 95,3 millions de dollars pour 2000-2001 à 47 millions de dollars pour 2001-2002. Les fonctionnaires leur ont alors rappelé que ce programme, qui vise à aider les communautés à établir des points publics d'accès à l'Internet, n'est censé assurer que des fonds de démarrage. Il est prévu que son financement diminuera au fur et à mesure que ses objectifs seront atteints.

Des membres du Comité ont posé des questions sur le fait que les fonds que Patrimoine canadien affecte aux subventions accordées aux organismes voués à l'utilisation, à l'apprentissage et à la promotion des langues officielles n'ont pas augmenté depuis un certain temps. Les fonctionnaires n'ont pas pu expliquer exactement la méthodologie qui sert à déterminer les affectations annuelles, mais ils ont promis de se renseigner et de répondre au Comité plus tard.

Les membres du Comité se sont intéressés aux activités du Centre canadien de gestion (CCG), qui verra ses crédits augmentés d'un million de dollars au cours de l'exercice 2001-2002. Cette agence fédérale assure la formation des cadres supérieurs de la fonction publique. Ils ont eu l'impression - renforcée par certaines déclarations publiques et le discours du trône - que le gouvernement attache beaucoup d'importance à la réforme de la fonction publique. Or, le CCG l'a convaincu qu'il ne pourrait pas contribuer à cette réforme sans une forte augmentation de son budget de base. Le Comité a demandé des précisions sur le fonctionnement du Centre et la composition de son conseil d'administration.

Industrie Canada est notamment chargé de verser de fortes sommes d'argent à des entreprises et institutions canadiennes. Les membres du Comité ont dénoncé le fait que beaucoup des critères de sélection des bénéficiaires de l'aide fédérale ne relèvent pas de la compétence du Ministère. Ils ont discuté de deux programmes. La Fondation canadienne pour l'innovation, qui administre un fonds de dotation de plus d'un milliard de dollars, soutient financièrement des projets de recherche dans des universités et des hôpitaux. Le Programme de partenariats technologiques d'Industrie Canada devrait distribuer 356,8 millions de dollars en subventions à des sociétés au cours du prochain exercice, non seulement pour soutenir des projets de recherche, mais aussi pour appuyer des activités commerciales. Les membres du Comité ont dit douter que des fonctionnaires aient les compétences voulues pour choisir des activités commerciales florissantes dignes de l'appui du gouvernement. Le Comité a demandé des précisions supplémentaires sur ces programmes et, plus particulièrement, sur les critères de sélection des récipiendaires et sur les activités de ces derniers.

Le Comité sait que le gouvernement fédéral gère un grand nombre de structures publiques à travers le pays et qu'il faut entretenir ces structures périodiquement. Les membres notent que Les Ponts Jacques Cartier et Champlain Inc., une société d'État fédérale, a demandé des fonds additionnels pour faire plusieurs réparations aux structures qu'elle gère. Plus particulièrement, cette société d'État gère, contrôle, exploite et entretient les ponts Jacques Cartier et Champlain, des parties de l'Autoroute Bonaventure, la jetée du Pont Champlain, le Pont Mercier et le Tunnel Melocheville, à Montréal. Elle demande en ce moment des crédits de 116,2 millions de dollars pour réparer les ponts, les chaussées et l'autoroute qui relèvent d'elle. Les fonctionnaires ont convenu d'obtenir plus de détails sur la nature de ces réparations.

Le Comité continue de s'intéresser aux rapports qu'entretient l'Agence canadienne de développement international (ACDI) avec la magistrature canadienne. Il s'est surtout dit préoccupé par le fait que la Direction générale du partenariat canadien de l'ACDI paie à même ses fonds le travail à l'étranger fait par des juges par l'intermédiaire du Bureau du commissaire à la magistrature fédérale. Le Comité a déjà demandé, par le passé, des précisions sur les subventions et contributions versées aux juges pour leur travail à l'étranger, mais comme les réponses obtenues ne l'ont pas satisfait, il a demandé aux fonctionnaires du Conseil du Trésor de faire une étude plus poussée de la question. Il a plus précisément demandé à connaître le montant total dépensé à cette fin par l'intermédiaire du Bureau du commissaire à la magistrature fédérale, le montant des dépenses par projet et ce qui autorise l'Agence à dépenser des fonds de cette façon.

Il y a, au ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, un secteur d'activités appelé « Fondations solides pour le secteur et les collectivités rurales » (voir les pages 2 et 3 de la Partie II). Ce secteur soutient des activités qui confèrent à l'industrie agricole et agroalimentaire une rentabilité et une autarcie économique plus grandes et favorisent le développement économique des communautés rurales. Certains de ses programmes relèvent notamment de la Loi sur la protection du revenu agricole. Aux pages 2 à 5 de la Partie II, le Ministère demande 227,3 millions de dollars au titre d'un de ces programmes, le Programme d'assurance-récolte. Les crédits demandés pour l'exercice 2001-2002 sont exactement les mêmes que pour l'exercice 2000-2001. Il demande aussi la même somme que pour le dernier exercice, soit 212,6 millions de dollars, pour le Compte de stabilisation du revenu net (CSRN). Les membres du Comité se sont interrogés au sujet des méthodes utilisées pour arriver à ces chiffres et ont demandé si ces prévisions influaient sur le niveau des versements faits à l'industrie. Les fonctionnaires leur ont assuré que toutes les indemnités demandées qui étaient justifiées étaient accordées, quels que soient les montants affichés à ces deux postes, signalant que, comme les sommes demandées dans le cadre de ces programmes de soutien du revenu varient fortement d'une année à l'autre et que le ministère ne peut prédire avec exactitude à combien s'élèveront celles qui lui seront demandées au cours de l'année, il affiche simplement dans le Budget des dépenses un chiffre crédible qu'il modifie lorsqu'il reçoit des données précises en cours d'exercice.

Le programme de création d'un registre des armes à feu a de nouveau retenu l'attention du Comité. Plus précisément, ses membres voulaient savoir combien de provinces refusaient de participer à cette initiative et à combien s'élèvent les coûts que doivent assumer les ministères et agences fédéraux chargés d'administrer le programme dans ces provinces. Les sénateurs ont été informés qu'en ce moment, l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba, Terre-Neuve, le Yukon, le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest ne participent pas au programme. Les fonctionnaires ont admis qu'une partie des coûts demeure inconnue quand ces ministères et agences les intègrent à l'ensemble de leurs dépenses de fonctionnement.

Les fonctionnaires s'efforcent de répondre immédiatement aux questions des membres du Comité, mais ils ne réussissent pas toujours. Aussi ont-ils offert de fournir des précisions supplémentaires à une date ultérieure sur plusieurs sujets, à savoir, à l'égard du ministère de l'Environnement : les contributions croissantes du Ministère à des projets de protection de l'environnement et de développement durable (17,96 millions de dollars), son soutien décroissant aux engagements internationaux du Canada (337 300 $) et son appui plus important (18,2 millions de dollars) au nettoyage des mares de goudron de Sydney et des cokeries du bassin hydrographique de Muggah Creek. Ils vont aussi expliquer les besoins financiers de la Société de développement du Cap-Breton, compte tenu du fait qu'elle réduit progressivement ses opérations.

Comme nous l'avons indiqué plus haut, le Comité compte faire plus tard un examen plus poussé de divers aspects des plans de dépenses du gouvernement.

Respectueusement soumis,

Le président,

LOWELL MURRAY


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