37-1
37e législature,
1re session
(29 janvier 2001 - 16 septembre 2002)
Choisissez une session différente
Délibérations du Comité sénatorial permanent
des finances nationales
Fascicule 19 - Témoignages
| OTTAWA, le mardi 25 septembre 2001
|
| Le Comité sénatorial permanent des finances nationalesse réunit aujourd'hui à 9 h 34 afin d'examiner le rôle du
gouvernement vis-à-vis du financement des frais d'entretien
différé dans les établissements d'enseignement postsecondaire au
Canada.
|
| Le sénateur Lowell Murray (président) occupe le fauteuil.
|
| [Traduction]
|
| Le président: Honorables sénateurs, ceci est notre troisième
réunion sur le rôle du gouvernement vis-à-vis du financement des
frais d'entretien différé dans les établissements d'enseignement
postsecondaire au Canada. Nous avons le plaisir ce matin
d'accueillir des représentants de l'Association canadienne du
personnel administratif universitaire et de l'Association des
universités et collèges du Canada. Plus tard, nous entendrons le
témoignage du directeur de la planification et des politiques
stratégiques de la Société canadienne d'hypothèque et de
logement.
|
| Permettez-moi maintenant de vous présenter les témoins de
l'Association canadienne du personnel administratif universitaire,
Tony Whitworth, Duncan Watt et Maurice Cohen. Del'Association des universités et collèges du Canada, nous
accueillons Robert Giroux - certains d'entre nous le connaissent
très bien puisqu'il a été cadre supérieur de la fonction publique il
y a quelque temps, sous-ministre de divers portefeuilles - et
Robert Best.
|
| Nous avons deux brèves introductions, dont la première de
l'ACPAU. Monsieur Whitworth, voulez-vous prendre la parole?
|
| M. Tony Whitworth, vice-président, Ressources et finances,
Université de la Saskatchewan: Duncan Watt, qui était le
président du comité de direction, présentera le rapport au nom de
l'ACPAU.
|
| M. Duncan Watt, vice-président, Administration et finan
ces, Université Carleton: Les universités canadiennes ont fait
face à de sérieuses difficultés financières tout au long des années
90. Elles ont dû répondre à des exigences de plus en plus grandes
avec des ressources amoindries. L'une des conséquences de cette
situation est la lente érosion des infrastructures physiques sur les
campus universitaires. Afin de mieux comprendre ce phénomène,
l'Association du personnel administratif universitaire, l'ACPAU, a
entrepris une enquête à l'échelle nationale sur l'étendue des
problèmes auxquels les universités faisaient face en matière
d'infrastructure physique.
|
| «Point de non-retour - le besoin urgent de renouvellement des
infrastructures des universités canadiennes» a été publié en avril
2000. L'étude confirme qu'il existe un besoin urgent d'investir de
nouveau de fortes sommes dans les infrastructures de nos
universités. Je sais que vous connaissez ce rapport mais je me
permets d'en résumer ici les résultats, puisqu'ils donnent une
mesure de l'étendue du problème.
|
| Le rapport démontre que l'entretien différé (c'est-à-dire les
travaux d'entretien nécessaires qui ont été reportés faute de
financement) atteint 3,6 milliards de dollars. Autrement dit, le
coût de l'entretien différé pour chaque étudiant équivalent temps
plein dépasse les 5 500 $. Ou encore, ce même coût par mètre
carré d'espace universitaire au Canada s'élève à 214 $.
|
| Ces chiffres devraient sonner l'alarme; pis encore, le rapport
suggère qu'il s'agit là d'évaluations très conservatrices, qui
sous-estiment le problème, ce qu'est d'ailleurs venue confirmer
une récente étude effectuée en Ontario.
|
| Les 18 universités ontariennes ont lancé un programme
d'évaluation de l'état des installations, dans le cadre duquel
chaque université doit entreprendre une vérification exhaustive de
l'état de son infrastructure physique. Le premier rapport publié
par ce programme en juillet 2001 en arrive à la conclusion que
l'infrastructure des universités ontariennes est en pire état que ne
le laissait entendre «Point de non-retour».
|
| L'entretien différé de toutes les universités ontariennes est
évalué, au 31 mars 2001, à 1,74 milliard de dollars, comparativement à 1,05 milliard de dollar dans «Point de
non-retour». L'indice d'état des installations de toutes les
universités ontariennes atteint 0,13, ce qui est considéré inaccep
table, tandis que «Point de non-retour» parvenait à 0,09, qui
reflète un état de moyen à faible.
|
| En terminant, nous aimerions reprendre un énoncé que nous
avions fait lors de la conférence de presse du lancement «Point de
non-retour». Ces enquêtes viennent confirmer ce dont nous nous
doutions depuis un moment déjà. Les installations universitaires
se sont détériorées à un point tel qu'elles ne peuvent plus soutenir
adéquatement la mission académique et les fonctions essentielles
d'enseignement et de recherche.
|
| De la part de l'ACPAU, j'aimerais remercier le Comité
sénatorial permanent des finances nationales de nous avoir donné
l'occasion de discuter de cette question importante.
|
| M. Robert Giroux, président, Association des universités et
collèges du Canada: Honorables sénateurs, au nom des universités et collèges universitaires du Canada, je tiens à vous
féliciter d'avoir entrepris cette étude sur l'entretien différé
accumulé sur les campus universitaires du Canada. Ces derniers
jours, nous avons tous été très préoccupés par les tragiques
événements survenus aux États-Unis et par leurs répercussions.
Ces développements monopoliseront indubitablement l'attention
des décideurs du pays pendant encore quelques semaines, mais il
est aussi important de continuer à donner la priorité aux besoins
nationaux, économiques et politiques tout en poursuivant dans la
foulée des investissements stratégiques en éducation et en
innovation qui ont été faits jusqu'à présent. Nous apprécions
sincèrement que vous teniez en ce moment ces audiences sur cette
question importante.
|
| Monsieur le président, j'étais à l'assemblée de l'Association
des universités de l'Atlantique. Ils m'ont demandé de vous
transmettre leur profonde appréciation pour l'étude que vous
effectuez sur l'entretien différé.
|
| [Français]
|
| Les universités canadiennes apportent une importante
contribution à la vie économique, sociale et intellectuelle de notre
pays. Elles constituent le point d'ancrage économique et social
des collectivités dans lesquelles elles se trouvent.
|
| Les diplômés universitaires apportent au pays des bienfaits
économiques qui dépassent de loin l'investissement public dans
leur éducation. Le Canada compte beaucoup sur ces universités
pour progresser dans les domaines de l'innovation et de la
recherche et développement. Nous sommes fiers des contributions
que nos établissements membres apportent à la société canadienne
et bien prêts à faire fructifier ces efforts.
|
| Le gouvernement fédéral a fait de l'innovation un point
dominant de son programme. Son objectif est de placer le Canada
parmi les cinq premiers pays au monde en matière de recherche et
développement d'ici dix ans. Voilà un but noble auquel les
universités du pays attendent avec impatience de contribuer. Pour
atteindre l'objectif du gouvernement, il faudrait effectuerdes investissements publics substantiels dans la recherche
universitaire. Le gouvernement fédéral a déjà entrepris des
initiatives très importantes à cet égard au cours des quatre
dernières années et a convenu que d'autres investissements
s'imposeront, y compris le financement des frais indirects de la
recherche.
|
| [Traduction]
|
| Monsieur le président, il importe de souligner ici que le fait que
de répondre aux attentes croissantes en matière de recherche
universitaire n'est pas le seul défi important que nos établissements devront relever ces 10 prochaines années. Le gouvernement
reconnaît l'importance des compétences et de l'apprentissage pour
l'avenir du pays.
|
| Nous prévoyons que les inscriptions augmenteront d'environ
25 p. 100 dans les universités canadiennes dans la prochaine
décennie. Si nous voulons accroître encore plus les taux de
participation, ce chiffre devra être encore plus élevé. Aucours de la même période, les universités devront 30 000 nouveaux professeurs pour faire face aux départs à la
retraite, au roulement de personnel et à l'augmentation de la
population étudiante.
|
| Pour attirer et retenir un grand nombre de professeurs, dans un
marché universitaire mondial concurrentiel, il faudra, entre autres,
leur offrir des campus sains et bien tenus. De même, pour pouvoir
recevoir un grand nombre de nouveaux étudiants et leur faire
vivre une expérience éducative de qualité, il faudra leur offrir à
eux aussi des campus sains et bien entretenus, y compris, bien
souvent, une quantité importante de nouveaux locaux.
|
| Les universités canadiennes sont confrontées à ces défis à une
époque où le financement public dont elles disposent, mesuré en
termes réels par étudiant, demeure bien en deçà des niveaux
enregistrés il y a 10 ans.
|
| Pendant les années 90, à l'instar d'autres établissements du
secteur public, les universités ont dû se serrer fortement la
ceinture. Les sénateurs le savent, les réductions budgétaires
imposées par les gouvernements fédéral et provinciaux ont obligé
les établissements à concentrer leurs dépenses sur leurs fonctions
fondamentales. Ainsi, soucieuses de continuer à offrir un
enseignement de haute qualité au plus grand nombre de jeunes
possible, la plupart des universités ont réduit leurs dépenses et ont
choisi de ne pas investir dans l'entretien préventif.
|
| Le financement de la recherche s'est avéré un autre facteur
important parce que le gouvernement fédéral n'a pas assumé le
coût des frais indirects des travaux de recherche qu'il finance.
Confrontés à des hausses d'inscription et au déclin du finance
ment public, les universités ont en général choisi de concentrer
leurs ressources sur les étudiants plutôt que sur les édifices. En
conséquence, les universités canadiennes ont préservé un haut
niveau d'accessibilité, mais au prix de sacrifices. Elles ont dû
opter pour la réduction du nombre de professeurs, l'augmentation
du nombre d'étudiants par classe et l'accumulation de l'entretien
différé, une réalité que mes collègues de l'ACPAU ont documentée et vous ont exposé ce matin.
|
| Les universités ne sont pas seules à affronter ce défi. Comme
vous le savez, les ministères et organismes fédéraux ont dû
prendre de pareilles décisions difficiles pendant les années 90. Le
report de l'entretien et des réparations durant cette décennie a
laissé la Couronne fédérale dans une situation où près du quart de
ses bureaux devront être complètement rénovés d'ici une dizaine
d'années.
|
| Comme certains sénateurs l'ont souligné au cours du débat au
printemps dernier, le règlement de l'entretien différé accumulé
exigera un effort national. Il est vital de trouver une solution au
problème si nos campus doivent jouer un rôle important dans la
réalisation du programme d'innovation du gouvernement fédéral.
Les mesures prises à l'égard de l'entretien différé accumulé
aideront à solidifier les assises sur lesquelles reposent nos
contributions à ce programme.
|
| Même si les chiffres concernant l'entretien différé accumulé
semblent impressionnants, ce n'est rien en rapport à ce qu'il en
coûtera si on ne fait rien. Comme nous l'avons indiqué dans notre
proposition, le gouvernement fédéral a une occasion de prendre
un engagement financier unique qui rapportera des dividendes
pendant de nombreuses années. Nous proposons une initiative de
trois milliards de dollars. Idéalement, la contribution fédérale
représenterait la part du lion des ressources nécessaires, mais nous
reconnaissons que ce n'est peut-être pas possible.
|
| [Français]
|
| Comme base de discussion, notre document propose que les
gouvernements provinciaux versent l'équivalent de la contribution
de 40 p. 100 du gouvernement fédéral et que les universités
assurent le reste. L'allocation des fonds fédéraux par province
pourrait être établie en fonction d'une combinaison entre la
population provinciale et l'apport provincial de la population
d'étudiants universitaires équivalent temps plein. Une entente
entre le gouvernement fédéral et les provinces énoncerait les
paramètres des critères d'acceptation des projets ainsi que des
activités de communication. Les fonds serviraient uniquement à
régler l'entretien différé accumulé des installations fondamentales
d'éducation et générales ainsi que de l'infrastructure des sites et
des commodités. Les installations auxiliaires comme les stationnements seraient exclues.
|
| Une initiative de cette envergure ne réglerait pas tous les
problèmes d'entretien différé accumulé mais elle permettrait aux
universités d'effectuer les travaux les plus urgents et le gros des
travaux restants. Elle permettrait aussi aux universités, après avoir
réglé les problème hérités des années 1990, de se concentrer sur
l'avenir. Aucun de nous se souhaite que cette situation se
reproduise. Nous sommes bien prêts à travailler avec les
gouvernements pour s'assurer que les universités ont la marge de manoeuvre voulue pour consacrer dorénavant les ressources
appropriées à l'entretien préventif. Cette démarche pourrait exiger
du financement de base accrû de la part des provinces,
l'établissement de fonds spéciaux, des incitatifs fiscaux et autres
pour les bailleurs de fonds afin d'encourager l'expansion des
sources de revenus et d'autres mesures.
|
| Les événements des deux dernières semaines remettent en
question la souplesse du gouvernement fédéral pour ce qui est du
financement de nouvelles initiatives. Néanmoins, nous apprécions
le fait que le premier ministre, le ministre des Finances et le
Président de la Chambre des communes ont tous déclaré
récemment que le gouvernement fédéral a l'intention de donner
suite aux priorités énoncées dans le discours du Trône du mois de
janvier.
|
| Il est essentiel d'avoir des campus universitaires sains si on
veut améliorer l'innovation au Canada ainsi que les compétences
et l'apprentissage des Canadiens. En présumant que le gouvernement fédéral dispose des fonds pour effectuer un versement
unique au cours du présent exercice, nous croyons qu'il a
l'occasion de faire preuve de leadership dans le règlement du
problème de l'entretien différé accumulé. Nous estimons que
notre proposition offre une approche réaliste et faisable de la
question. Nous serons heureux des répondre à vos questions et
attendrons votre rapport et vos recommandations le mois
prochain.
|
| [Traduction]
|
| Le président: Honorables sénateurs, nous avons reçu une
proposition spécifique et détaillée de l'AUCC. Je suppose que
l'Association canadienne du personnel administratif universitaire
l'appuie. Cette étude a été entreprise sur l'initiative du sénateur
Moore. Je lui demanderai de poser la première question, puis ce
sera au sénateur Bolduc.
|
| Le sénateur Moore: Je remercie les témoins pour leur
présentation.
|
| D'après le mémoire que nous avons reçu de l'AUCC, et aussi
selon vos observations, monsieur Giroux, le chiffre de l'entretien
différé pourrait être supérieur à celui indiqué dans «Point de
non-retour», soit 3,6 milliards de dollars, qui a été extrapolé à
partir des réponses en principe reçues d'établissement qui
représentent 91,5 p. 100 des inscriptions des universités cana
diennes.
|
| Étant donné l'expérience qu'a eue l'Ontario, qui a maintenant
entrepris une évaluation de ses besoins accumulés d'entretien
différé - qui se chiffrent maintenant à 1,74 milliards de dollars
comparativement à l'évaluation régionale de 1,6 milliard de
dollars - avez-vous examiné la situation de l'ensemble du pays
pour voir quel est le chiffre total? Si ce n'est pas 3,6 milliards de
dollars, qu'est-ce que c'est? Est-il possible que ce soit moins?
|
| M. Whitworth: Monsieur le sénateur, nous n'avons pas eu, à
l'association, le temps de réviser nos chiffres initiaux. D'après les
conclusions d'une étude spécifique menée en Ontario, il faudrait
prendre la peine, d'ici environ un an, de revoir les chiffres qui
figurent dans le rapport initial.
|
| Nous n'avons aucune raison de croire que l'écart relatif entre
les conclusions de notre étude et celles de l'étude menée plus
récemment ne s'appliquerait pas à l'ensemble du pays. Autrement
dit, nos chiffres pourraient bien devoir être augmentés de
50 p. 100.
|
| Le sénateur Moore: Dans le rapport de l'association et d'après
les observations de M. Giroux, la proposition que vous nous avez
résumée et présenté aux fins d'examen indique que les infrastructures auxiliaires, comme les garages de stationnement, ne seraient
pas comprises. Je peux le comprendre. Je peux le comprendre.
Pourtant, la section 5 - «La solution - une initiative nationa
le» - propose le remplacement des installations éducatives et
générales de base, ainsi que de l'infrastructure et des services. Les
infrastructures auxiliaires, comme les résidences et les stationne
ments, ne seraient pas admissibles.
|
| Voulez-vous dire par-là que les résidences ne sont pas des
installations auxiliaires nécessaires au fonctionnement del'université? Pouvez-vous clarifier ceci s'il vous plaît?
|
| M. Giroux: Nous considérons les infrastructures auxiliaires,
comme les résidences et les stationnements, comme le type
d'installations qui sont, c'est évident, très nécessaires à l'environnement universitaire. Cependant, nous ne les considérons
pas comme des installations éducatives et générales de base au
même titre que les locaux de classe, les bibliothèques, les
laboratoires et d'autres locaux du genre. Les résidences et les
stationnements - je demanderais à M. Watt ou à M. Whitworth
d'ajouter leurs observations à ce sujet - sont subventionnées,
très souvent, pour les universités, parce qu'elles génèrent certaines
recettes et qu'elles peuvent faire l'objet d'un traitement différent.
Tandis que les installations éducatives de base sont fortement
tributaires des subventions d'exploitation du gouvernement et ne
sont pas nécessairement financées comme des biens productifs.
|
| Voulez-vous ajouter quelque chose là-dessus?
|
| M. Watt: Je ne peux qu'ajouter que pour la plupart des
universités, probablement toutes, les installations auxiliaires
seraient les installations d'alimentation, les librairies, les magasins
d'informatique, les résidences et les stationnements. Voilà pour la
liste. Elles sont toutes financées en fonction d'un barème des
droits et doivent pouvoir être autonomes avec ce barème.
|
| Le sénateur Moore: Les résidences devraient s'autofinancer.
Quelle est la part de la réparation de ces résidences dans
l'accumulation de l'entretien différé?
|
| M. Whitworth: Nous voulons aussi mettre l'accent, dans ce
que nous vous présentons aujourd'hui, sur les besoinsacadémiques de base. Il faut aussi, c'est évident, réparer les
résidences et d'autres installations, mais ces installations s'auto
financent. Inévitablement, cela pourrait entraîner une augmenta
tion des frais de résidence et autres. Cependant, nous voulons
surtout, aujourd'hui, parler de nos préoccupations au sujet des
installations de base.
|
| Le sénateur Moore: Je sais d'expérience, monsieur le
président, que les parents tiennent particulièrement à ce que leurs
enfants vivent sur le campus, surtout au début de leurs études
universitaires. C'est là que la demande dépasse l'offre. J'ai
remarqué que l'un de nos témoins, lors d'une audienceprécédente, a mentionné que l'Université de Toronto augmente sa
capacité résidentielle.
|
| Je ne sais pas s'il faut mettre les résidences sur le même pied
que les magasins d'alimentation ou le stationnement. Peut-être
est-ce une question d'opinion personnelle. Je pense qu'elles font
partie intégrante du campus et de la vie à l'université.
|
| [Français]
|
| Le sénateur Bolduc: Depuis 1990 ou 1992, les gouvernements
fédéraux et provinciaux ont réduit les budgets, entre autres, dans
les transferts aux provinces. Cette guerre aux déficits a été
particulièrement difficile en 1994 et 1997, de telle sorte qu'un
décalage dans les versement aux universités provenant des
provinces ou du gouvernement fédéral s'est produit.
|
| Depuis 1995, la prospérité aidant, les fonds se sont mis à entrer.
Les gouvernement ont vaincu leur déficit. En 1998 et 1999, ils ont
réussi à se sortir la tête de l'eau. Depuis lors, ils ont des surplus.
Le gouvernement fédéral a réinjecté des fonds, non pas dans la
formule du transfert général, mais par des fonds spéciaux à
l'innovation, aux chaires des universités, et cetera. À tous les
jours et partout au Canada, par exemple, le ministre de la Santé
distribue des fonds pour la santé.
|
| En 2000-2001, on est revenu à une certaine prospérité. En
1999-2000, la croissance des revenus des universités est de15 milliards de dollars, une hausse de 15 p. 100 par rapport à
1998-1999. Je présume qu'en 2000-2001, ce sera du même ordre.
On est en train de réinjecter de l'argent dans le système.
|
| Les données qui nous ont été soumises sont fondées sur les
statistiques des tendances de 1995 à 1999 sont déjà en train de
changer. Les gouvernements investissent plus de fonds.
|
| Si les surplus se maintiennent, ce n'est pas certain, car le
ministre des Finances nous dit qu'il est possible que ce ne soit
plus la prospérité. Par conséquent, si le gouvernement continue de
dépenser, il atteindra un déficit. Face à cette attitude générale, en
terme global des finances publiques, les gouvernements fédéraux
et provinciaux doivent tenir compte de l'ensemble, non seulement
la formation universitaire mais aussi la santé. On connaît tous les
besoins. Bientôt le ministère de la Défense fera ses demandes qui
atteindront plusieurs milliards de dollars.
|
| Tout ce travail entrepris récemment vient d'être ébranlé par les
événement qui se sont produits aux États-Unis, tant au point de
vue politique qu'économique. Est-ce réaliste de faire une demande
comme celle que vous proposez et ce, sans considérer d'autres
alternatives pour épargner des fonds?
|
| Dans la province de Québec, à mon avis, les étudiants ne paient
pas leur part. Dix ans après leur sortie des universités, ils font le
double du salaire de la moyenne des gens de la société alors qu'ils
payent 10 p. 100 des cours.
|
| En Nouvelle-Écosse, c'est 25 p. 100, au Québec, c'est 10 ou
11 p. 100. Je dis que les étudiants ne paient pas leur part. Les
syndicats chialent et le gouvernement cède à chaque fois. Cela a
été l'histoire du financement des universités dans notre province
depuis 10 ans.
|
| Par contre le gouvernement du Québec donne 65 p. 100 par
rapport à la Nouvelle-Écosse, qui donne 43 p. 100. Il y a des
écarts considérables. Il y des manoeuvres provinciales. Nous
avons quatre universités à Montréal. Serait-il possible qu'elles s'entendent pour épargner de l'argent? Avant de demander des
fonds additionnels, les quatre universités à Montréal nepourraient-elles pas faire un effort de coordination pour ne pas
développer quatre programmes parallèles en administration des
affaires ou en travail social par exemple? Vous êtes vous penchés
sur cette question?
|
| Ce sont mes préoccupations compte tenu des récents
changements économiques et de la gestion des universités.. Les
données ont considérablement changé.
|
| M. Cohen: Si on se réfère au Québec, les récents investissements en enseignement supérieur - ce sont encore des
promesses, ils sont étalés sur plusieurs années et nous ne sommes
pas arrivés au but - ne ramènent le financement qu'à son stade
du début de la décennie. Cela va mieux. Nous sommes de retour
où nous étions et là où nous étions, ce n'était pas brillant.
|
| Le sénateur Bolduc: En comparaison à l'Université Harvard
ou à l'Université de Chicago?
|
| M. Cohen: Non, en comparaison aux universités publiques des
États-Unis. Nous ne pouvons pas nous comparer à Harvard et aux
autres. Nous étions déjà loin, nous retournons où nous étions en
1990. Entre-temps, les États-Unis de 1995 à 2000, ont réinvesti
des fonds et ont accordé des augmentations de subventions
publiques à leurs universités de 35 p. 100, sur cinq ans. Alors
qu'au Canada, nous avons reçu en moyenne moins de 6 p. 100.
|
| Le sénateur Bolduc: Pas depuis deux ans?
|
| M. Cohen: Cela dépend des provinces. Depuis deux ans cela
va mieux, mais le rattrapage est encore à faire. Du point de vue de
la rationalisation en tant qu'ancien vice-recteur d'une université à
Montréal, il y a énormément de collaboration. J'ai siégé au
Conseil des universités qui a revu tous les programmes et établi
des barèmes. La géologie n'existe plus à l'Université Concordia.
Tous les programmes de deuxième et troisième cycles mettent
leurs ressources ensemble. Beaucoup a été fait de ce point de vue.
|
| Du point de vue des édifices, c'est beaucoup plus difficile sinon
impossible. Si on a 1 000 étudiants, donc 100 par classe, il faut10 salles de cours. Si les 10 salles de cours ont besoin de
réparation, nous devons le faire. Nous ne pouvons pas rationaliser
les immeubles. Nous pouvons rationaliser des programmes ou
économiser sur le nombre d'enseignants en augmentant le
nombres d'élèves par cours. Cela se fait depuis 1980. Sans ces
rationalisations, nous n'aurions jamais traversé la période des
années 1990.
|
| M. Giroux: Vous posez une question extrêmement importante.
Lorsque vous avez commencé votre révision de toute cette
question, nous n'avions pas vécu les événements des deux
dernières semaines. La AUCC est sensible aux priorités et aux
pressions très fortes que le gouvernement subira de la part des
forces armées, de la sécurité nationale, des douanes, de
l'immigration. Beaucoup de travail sera fait en coulisses, à
l'arrière-plan, dans les services de renseignement.Cela demandera
des ressources additionnelles.
|
| Si on s'en va dans une période de ralentissement économique,
les gouvernements devront faire des investissements stratégiques
pour contrer cette courbe descendante. Le gouvernement a déjà
donné une bonne ligne de conduite dernièrement en disant que
l'innovation, la recherche, le développement favorisent les
ressources humaines et la qualité de nos diplômés des écoles
secondaires, des collèges et des universités. Dans ce contexte,
nous disons que tout en reconnaissant la situation très sérieuse du
moment, il ne faut pas que le gouvernement oublie qu'après trois
ou quatre mois où on aura fait un diagnostic de la situation, il
faudra décider ce que l'on fait pour maintenir l'économie et lui
donner une chance de renouveau.
|
| On a fait la proposition dans ce contexte en prenant en
considération que le gouvernement aura probablement un surplus
cette année. La conjoncture économique ne l'a pas affecté aussi
négativement jusqu'à maintenant, déjà le gouvernement se
dirigeait vers un surplus très intéressant. On dit vouloir utiliser ce
surplus comme cela a déjà été fait avec d'autres fonds pour avoir
un impact en ce sens. Vous avez mentionné la croissance des
revenus des universités. Dans le rapport de Statistique Canada sur
lequel vous vous fondez, vous avez reconnu que l'augmentation
de 1994-1995 à 1999-2000 était de 5 p. 100, une période de cinq
ans. Je parle de l'augmentation des gouvernements. Une grosse
partie de ces augmentations proviennent du gouvernement fédéral
pour la recherche.
|
| La grosse partie des revenus des universités ont été effectués
par l'entremise des frais de scolarité qui ont augmenté de presque
un milliard de dollars, soit 44 p. 100. Les universités ont été
capables de chercher beaucoup de financement du secteur privé et
corporatif, mais souvent ce financement est ciblé à des bourses, à
des chaires, et cetera. La souplesse des université pour faire
arriver ces choses n'est pas là. Il y a encore un grand besoin et
c'est dans ce contexte que nous avons soumis cette proposition.
|
| [Traduction]
|
| M. Whitworth: Si je peux ajouter un mot aux observations de
tout à l'heure, le sénateur a soulevé beaucoup de questions
intéressantes. Les investissements du gouvernement fédéral, l'IÉI,
les chaires de recherche, en plus de la hausse des inscriptions que
nous avons observée depuis une dizaine d'années, ont contribué
ensemble à accroître les pressions sur ce dont nous parlons
aujourd'hui, soit l'entretien différé de l'infrastructure de base.
|
| Le problème, c'est que tandis que nous essayons de composer
avec ces pressions croissantes, sans cet important investissement,
nous n'aurons pas les installations nécessaires pour faire ce que
nous voulons faire, c'est-à-dire donner une instruction de qualité à
nos étudiants de premier cycle et fournir des opportunités de
recherche de qualité supérieure à nos chercheurs. Tous ces
secteurs de revenus supplémentaires, dont il a été question et dont
vous avez parlé, sont fantastiques. Ils ne soutiennent cependant
que les coûts directs de l'enseignement et de la recherche. De plus
en plus, nous nous inquiétons de l'infrastructure. Les mesures
relatives à l'entretien différé devront être efficientes dans ces
domaines particuliers.
|
| [Français]
|
| Le sénateur Ferretti Barth: J'ai lu les rapports de
l'Association canadienne du personnel administratif. Une phrase
m'a beaucoup frappée. Elle dit que les installations universitaires
se sont détériorées à un point tel qu'elles ne peuvent plus soutenir
adéquatement la mission académique et les fonctions essentielles
d'enseignement et de recherche.
|
| Comment se fait-il que vous n'ayez pas prévu cette
détérioration? Comment avez-vous pu laisser aller les institutions
universitaires à un tel point? Dans votre exposé, vous venez nous
dire qu'il vous faut davantage pour soutenir votre mission?
|
| Pour l'ensemble des universités canadiennes, le coût de
l'élimination des frais d'entretien différé s'élève à 3,6 milliards $.
Avez-vous une idée du montant réel pour toutes les universités?
|
| Croyez-vous qu'un programme national d'infrastructures
universitaires pourrait combler tous vos besoins?
|
| Le coût de cette initiative nationale universitaire, selon
l'Association des universités et des collèges du Canada, s'élève à
3,6 milliards $. Air Canada réclame une somme semblable suite
aux graves incidents du 11 septembre. Comment pensez-vous
convaincre le gouvernement de l'urgence de la situation dans les
universités et les collèges?
|
| [Traduction]
|
| M. Whitworth: Nous avons effectivement vu venir ce
problème dès le début des années 90. Comme nous l'avons dit,
toutes les universités du pays, au début ou milieu des années 90,
ont connu une réduction de leurs revenus réels. Nous avons été
forcés de faire des choix difficiles. Nous faisions face à la
croissance de la demande. La sagesse voulait, sur de nombreux
campus, que l'on espère résoudre le problème d'entretien différé
l'année suivante. L'année suivante a été reportée à l'année
d'après, a tel point que l'énorme investissement qui avait été fait
dans les universités de tout le pays depuis une centaine d'années
en est arrivé à un point où, à moins que nous prenions le
problème au sérieux et que nous réinvestissions, nous ne pourrons
pas nous acquitter des mandats dont a parlé l'honorable sénateur.
|
| L'ampleur du problème varie d'une université à l'autre.
Certaines universités ont pu investir plus. Dans l'ensemble, il y a
eu une érosion générale des montants que nous avons pu investir.
|
| Il est difficile de gagner la bataille entre investir trois millions
de dollars pour remplacer une fournaise qui chauffe les
installations pendant l'hiver et ajouter des enseignants dans les
classes. Ce qu'on ne voit pas, on tend à l'ignorer. Une bonne part
de nos problèmes d'entretien différé sont, pour beaucoup,
invisibles dans le sens qu'ils touchent l'infrastructure de base de
l'université.
|
| Pour répondre à votre question encore une fois, oui, nous avons
vu venir la situation. Nous avons dû prendre des décisions
difficiles. Nous espérions, après avoir vu notre financement
s'éroder, que le moment viendrait où un réinvestissement réel
pourrait commencer.
|
| Vous demandiez aussi, je crois, si ce chiffre de 3,6 milliards de
dollars est réel. Nous avons recueilli les renseignements auprès de
chaque institution pour en arriver à ce chiffre qui est exact si on
peut en juger par toutes les universités du pays. Peut-être est-il
trop faible. Pour l'instant, nous ne tenons pas à ergoter sur son
exactitude. Le montant de 3,6 milliards de dollars est celui auquel
nous sommes parvenus relativement à nos besoins les plus
pressants.
|
| Autre chose dont a parlé l'honorable sénateur, c'est la
coopération fédérale-provinciale sur ce plan. Nous n'attendons
pas de la contribution fédérale qu'elle règle tous nos problèmes.
Pour nous, c'est un problème qui concerne les administrations
provinciales, fédérale et universitaires. Nous tenons vraiment à
faire comprendre la nature du problème et à dresser des plans
pour le régler.
|
| Une comparaison a été faite avec Air Canada. L'on peut en
faire avec d'autres demandes de subventions. Les agriculteurs de
la Saskatchewan, par exemple, ont demandé des subventions. Ce
n'est pas, pour nous, une subvention. Nous considérons ceci
comme une demande de réinvestissement pour aider les universités à s'acquitter de leur mandat, qui est de soutenir la
recherche et le programme d'enseignement du pays.
|
| Le sénateur Finnerty: À la lumière du fait que nous pourrions
manquer de liquidités après les événements des quelques
dernières semaines, a-t-il été envisagé de faire une classification
des besoins les plus urgents et de ceux qui pourraient être reportés
quelque temps? Est-ce que quelqu'un a fait une étude pour
déterminer quelles universités ou collèges sont dans le pire état?
|
| M. Giroux: Nos collègues de l'ACPAU ont indiqué que les
besoins varient effectivement d'une université à l'autre. Certaines
ne sont pas nécessairement en mauvais état sur le plan de
l'entretien différé, tandis que d'autres ont vraiment de graves
problèmes. Le montant de 3,6 milliards de dollars est, selon nous,
très modeste. Autrement dit, c'est le minimum nécessaire pour
tenter de redresser la situation dans le pays. Sa répartition,
cependant, sera inégale.
|
| Nous ne demandons pas un programme qui ferait partie du
budget de services votés du gouvernement, comme un programme
quinquennal de 1,2 milliard de dollars distribué au compte-gouttes
à raison de 250 millions de dollars par année. Nous avons pensé
qu'il serait plus facile pour le gouvernement d'assigner des fonds
en une fois, à partir du surplus de l'année en cours. Nous pensons
que ce surplus sera encore là. Ce paiement unique pourrait être
versé dans un fonds qui pourrait être réparti sur une période de
cinq ans, en fonction d'ententes fédérales-provinciales qui
pourraient être conclues. À mon avis, c'est possible. Nous ne
savons pas encore où en est notre surplus, mais tout indique qu'il
continuera d'exister.
|
| Le sénateur, tout à l'heure, a demandé comment nous pouvons
comparer ceci avec Air Canada et comment nous pensons
convaincre le gouvernement fédéral de nos besoins. Nous parlons
d'un investissement dans l'avenir. Il ne fait pas de doute qu'Air
Canada a d'importants besoins. Cependant, c'est pourquoi nous
pensons qu'un comité comme le vôtre est si important, parce que
vous pourriez influencer le gouvernement en lui disant l'urgence
de ces travaux et en lui demandant de réfléchir sérieusement à la
question.
|
| Nous présenterons les mêmes arguments devant le Comité des
finances de la Chambre des communes, la semaine prochaine.
Nous le ferons encore sur d'autres tribunes. Nous présentons
toujours cette dépense comme un investissement qui est nécessai
re pour réaliser l'objectif du Canada d'être concurrentiel dans
l'économie du savoir.
|
| Le sénateur Wiebe: Monsieur Whitworth, vous avez dit que
c'était une responsabilité conjointe - le gouvernement fédéral,
les gouvernements provinciaux et les universités. La semaine
dernière, nous avons entendu un exposé de la CIBC et de
l'Université de Toronto, au sujet de la debenture. Est-ce que les
universités envisagent ceci comme une solution?
|
| Les universités de la Saskatchewan pourraient-elles avoir assez
d'actif pour envisager la possibilité d'une debenture comme
celle-là? Est-ce l'une des solutions que votre organisation
envisage pour faire face à la responsabilité collective des
universités de trouver de nouveaux fonds - non seulement pour
l'équipement, mais pour le remplacement de l'équipement?
|
| M. Whitworth: C'est une bonne question qui tombe à pic,
sénateur Wiebe. L'Université de la Saskatchewan a présenté une
proposition à notre gouvernement provincial depuis trois ans, dans
le but d'aller sur le marché des capitaux pour financer la dette.
Notre gouvernement a jugé que ce n'était pas le moment de faire
cela. La semaine dernière, je parlais encore avec nos représentants
provinciaux pour voir si l'idée pourrait être ramenée sur le tapis.
Ils en discutent.
|
| L'idée, cependant, c'est plutôt d'utiliser la debenture ou les
marchés des capitaux pour financer les installations qui font des
recettes. Il a été question plus tôt des résidences, du stationnement
et d'autres installations auxiliaires. Nous pensons qu'il serait plus
facile d'appliquer cette approche au financement de ces installations plutôt qu'à celui des besoins académiques de base.
|
| Vous avez parlé de l'Université de Toronto qui a récemment
abordé la question de debenture. Elle a suscité beaucoup d'intérêt.
Je ne sais plus si c'était Standard and Poor ou Moody qui a
effectué une évaluation de la cote de solvabilité de l'université. Le
résultat a été un double A-plus. Nous pensons que le double
A-plus, ou du moins le double A pourrait à tout le moins
s'appliquer à la plupart des universités du pays, puisqu'elles sont
bien administrées et ont une bonne assiette d'immobilisations.
Pourtant, même cet enjeu de la debenture à l'Université de
Toronto pourrait être perdu parce qu'il est centré sur les activités
rémunératrices, comme les résidences.
|
| Je suis certain que les marchés financiers ne fourniraient pas le
montant que nous cherchons à obtenir pour investir dans
l'entretien différé. Ils investiraient peut-être dans de nouvelles
installations, mais, à mon avis, l'entretien différé soulève, pour
eux, trop de questions. Merci d'avoir abordé ce point.
|
| Le sénateur Wiebe: Je suis content d'apprendre que la
Saskatchewan se démarque, encore une fois, par son avant-gardisme. Malheureusement, le gouvernement provincial n'a pas
retenu cette option.
|
| Est-ce que certaines de ces initiatives subissent aussi le même
sort dans d'autres provinces? Exception faite de l'Ontario, est-ce
que les lois provinciales constituent un obstacle?
|
| M. Cohen: Pour ce qui est de savoir qui peut émettre des
obligations au nom de l'université, cela varie d'une province à
l'autre. Est-ce l'université elle-même qui le fait avec le
consentement du gouvernement ou de son propre chef, ou est-ce
le gouvernement qui émet des obligations au nom des universités,
comme c'est le cas au Québec? C'est le ministre des Finances qui,
au Québec, émet des obligations.
|
| Il faut préciser que les obligations se présentent sous forme
d'emprunts de collectivité locale ou d'obligations-recettes.Les seules qui peuvent donner de bons résultats sont les
obligations-recettes. Le paiement est garanti par le biaisd'installations génératrices de recettes, comme les services
auxiliaires. C'est d'ailleurs pour cette raison que les services
auxiliaires ne constituent pas une priorité au chapitre du
financement gouvernemental.
|
| L'emprunt de collectivité locale effectué au nom d'une
université - que ce soit par le gouvernement ou l'université
elle-même - repose sur l'obligation morale ou le cautionnement
financier du gouvernement. Il équivaut à ce que nous demandons
à long terme. Autrement dit, nous pouvons laisser lesgouvernements émettre des obligations au nom d'une université
pour financer l'entretien différé, empocher les trois milliards de
dollars et les investir dans les projets que nous proposons. C'est
du pareil au même.
|
| Je tiens toutefois à préciser qu'il y a une différence entre
émettre des obligations, faire appel aux marchés financiers et
trouver de nouvelles sources de revenus qui peuvent être
effectivement garanties. La situation est tout autre pour ce qui est
de l'entretien différé.
|
| Je ne sais pas si j'ai bien répondu à la question.
|
| Le président: Monsieur Whitworth, dans le cas de la
Saskatchewan, quel modèle aviez-vous envisagé pour ce qui est
de la participation du gouvernement fédéral, des marchés
financiers?
|
| M. Whitworth: Nous avons eu une discussion à ce sujet il y a
trois ans. L'université était prête, en collaboration avec la BRC, à
contracter un emprunt à long terme auprès de la banque ou à
émettre ses propres obligations. Nous pensions que le fait de
pouvoir émettre, au nom de l'Université de la Saskatchewan, des
obligations bien cotées nous permettrait de financer nos propres
régimes de pension. Or, la crainte du gouvernement à l'époque,
c'était que l'endettement de l'université figure dans les livres
comptables de la province.
|
| Compte tenu de la précarité du budget de la Saskatchewan à
l'époque, le gouvernement ne voulait rien voir qui laisserait
supposer l'existence d'une dette supplémentaire pour la province.
|
| Le président: Avez-vous cherchez à obtenir une caution de la
province?
|
| M. Whitworth: Non. Nous estimions que nos revenus - les
frais de scolarité et autres sources - nous permettraient de
rembourser cette dette à long terme. Le vérificateur et le
contrôleur de la province ont toutefois déclaré que, malgré tout,
ce prêt serait perçu comme une dette provinciale.
|
| Le président: Croyez-vous que la cote double A pourrait être
attribuée à l'Université de la Saskatchewan?
|
| M. Whitworth: Oui.
|
| Le président: Savez-vous quelle cote le gouvernement de la
Saskatchewan s'est vu attribuer?
|
| M. Whitworth: Je ne saurais vous le dire.
|
| Le président: Nous avons appris, l'autre jour, que l'Université
de Toronto avait reçu une meilleure cote que le gouvernement de
l'Ontario.
|
| M. Whitworth: Je pensais qu'ils avaient reçu la même.
|
| M. Cohen: Elle a reçu une cote plus élevée. Elle est supérieure
d'un cran à celle attribuée à la province de l'Ontario.
|
| Le président: La situation serait sans doute la même dans ce
cas-ci, vu l'état des finances de la Saskatchewan.
|
| M. Whitworth: Je ne veux pas trop vanter l'Université de la
Saskatchewan, mais nous affichons un excédent. Nous avons
d'excellentes réserves et l'établissement est bien administré.
|
| Le sénateur Tunney: Monsieur Whitworth, comme je suis
agriculteur et que le mot subvention n'est pas très bien perçu chez
les agriculteurs de la Saskatchewan, je recommanderais sans
doute que ces derniers suivent votre exemple quand viendra le
temps de solliciter des fonds. J'espère qu'il y aura suffisamment
d'argent cette année pour les agriculteurs, surtout les céréalicul
teurs de l'Ouest, et qu'il y en aura assez également pour les
universités. À mon avis, celles-ci se classent au deuxième rang
pour ce qui est des besoins en financement. Elles constituent un
investissement, non pas une dépense.
|
| En ce qui concernant les besoins en revenus - et les sources
nouvelles de revenus - et compte rendu du fardeau que les
étudiants d'université assument à leur actuelle, fardeau qui ira en
s'accroissant avec le temps, alors qu'ils auront de plus en plus de
difficulté à financer leurs études, serait-il possible de conclure,
avec les diplômés universitaires, une sorte de contrat qui leur
permettrait de rembourser leur dette plus tard, d'en reporter le
paiement?
|
| J'ai lu, dans un des journaux de ce matin, ce que coûtent
maintenant les chambres pour étudiants et ensuite les repas pour
la journée. Le montant est assez élevé. Les étudiants devraient, du
moins en théorie, une fois qu'ils ont obtenu leur diplôme et trouvé
un emploi, être en mesure de rembourser leurs dettes. Or, ne
pourraient-ils pas d'abord obtenir leur diplôme et ensuite
rembourser une partie de leurs dettes plus tard? L'idée n'est
peut-être pas brillante, mais ce pourrait être une solution.
|
| M. Whitworth: Sénateur Tunney, comme vous le savez sans
doute, les universités canadiennes investissent davantage dans les
programmes de bourses d'études. Ces programmes, qui sont axés
sur les prêts, visent à aider les étudiants à rembourser leurs dettes
au fur et à mesure qu'ils pénètrent le marché du travail.
|
| La Saskatchewan a augmenté ses dépenses en bourses d'études
dans l'espoir d'inciter les étudiants à rester dans la province, à
combler le manque de personnel qui existe chez les enseignants et
les professionnels de la santé.
|
| Il existe des programmes - et je suis certain qu'on en trouve
dans différentes provinces - qui visent à aider les étudiants à
réduire leurs frais d'études. M. Giroux pourrait peut-être vous
donner des précisions à ce sujet.
|
| M. Giroux: Dans ce contexte, les recherches que nous avons
effectuées montrent que les diplômés universitaires, cinq ans
après avoir obtenu leur diplôme, gagnent beaucoup plus, par
exemple, que les diplômés d'études collégiales ou d'études
secondaires. Toutefois, ils versent également plus d'impôts.
|
| C'est un point sur lequel nous devons nous pencher. Ils
contribuent à l'économie du pays en versant des impôts. Ils
versent des impôts aux gouvernements fédéral et provincial qui,
eux, investissent dans les universités.
|
| Toutefois, il y a un autre élément important à considérer. Le
sénateur Bolduc a fait allusion au rapport de Statistique Canada,
qui fait état d'une hausse importante des legs, dons et autres
contributions qui sont versés aux universités. Les universités
sollicitent beaucoup les anciens. Si je le sais, c'est parce que je
reçois souvent des appels et des lettres, et je verse des dons.
|
| On fait de plus en plus appel aux anciens, et ils contribuent de
façon importante aux revenus des universités. Les diplômés qui
travaillent versent des dons qui sont loin d'être négligeables.
D'après les données de Statistique Canada, ces dons ont
représenté, sur cinq ans, 41 p. 100 des revenus des universités.
C'est énorme.
|
| Vous voulez savoir si les étudiants qui ont su tirer partie de
leurs études redonnent quelque chose à la société. Nous estimons
que les impôts fédéraux et provinciaux qu'ils versent, les taxes à
la consommation qu'ils paient, et les dons qu'ils effectuent à titre
d'anciens montrent, à juste titre, qu'ils redonnent quelque chose à
la société.
|
| [Français]
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Est-ce que toutes les universités
sont fréquentées à 100 p. 100? Y a-t-il des universités moins
importantes avec peu d'étudiants? À long terme, envisagez-vous
de fermer quelques universités afin de résoudre certains problè
mes liés à l'état physique de certains établissements?
|
| M. Giroux: Nous anticipons, au cours des dix prochaines
années, une décroissance de 25 p. 100 des inscriptionsuniversitaires. Les deux dernières années ont démontré une
augmentation des inscriptions de plus de 5 p. 100 au pays.
Comme je le mentionnais dans ma présentation, j'ai participé la
semaine dernière à une réunion des présidents d'universités de la
région de l'Atlantique. À Terre-Neuve et en Nouvelle-Écosse,
par exemple, selon les indices démographiques, la proportion des
étudiants de 18 à 24 ans qui vont s'inscrire à l'université
diminuerait. Cependant, toutes les universités ont eu une
augmentation de leurs inscriptions cette année. Les gens veulent
de plus en plus aller à l'université.
|
| Toutes les universités contribuent de façon très importante à la
recherche, par exemple, la très grosse université de Toronto a un
niveau de recherche assez exceptionnel. De plus petites universi
tés comme St. Francis Xavier University en Nouvelle-Écosse et
l'université du nord de la Colombie-Britannique, à Prince George,
ont un rôle extrêmement important à jouer dans leur localité. Elles
constatent une augmentation de leur fréquentation. Elles sont de
grosseurs différentes, de caractères différents, mais pour nous,
elles sont toutes très importantes.
|
| En Colombie-Britannique, des mouvements se forment pour
ajouter des institutions. Il est question, entre autres, d'une
université technique en Colombie-Britannique ainsi qu'en Onta
rio. On veut permettre aux universités privées de s'établir au
Canada afin de combler toutes les demandes.
|
| Le sénateur Ferretti Barth: Le comité devra se concentrer sur
les programmes nationaux d'infrastructures universitaires. C'est le
seul moyen de pouvoir donner aux universités un appui financier
afin de remettre en ordre les infrastructures universitaires. L'aide
financière du gouvernement devrait se diriger dans ce sens.
|
| M. Giroux: C'est l'esprit de notre présentation au comité ce
matin. Le document que nous avons déposé explique notre
approche sur cette question.
|
| [Traduction]
|
| Le sénateur Cools: Je voudrais aborder un sujet un peu
différent. Si je le fais, c'est parce que nous avons rarement
l'occasion de rencontrer des représentants du milieu universitaire
Je veux donc profiter de l'occasion qui m'est offerte.
|
| Je voudrais vous parler des coûts financiers associés à ce
phénomène social qui a semblé balayer les universités dans les
années 80 et 90, ce mouvement d'orthodoxie idéologique où
plusieurs membres du corps enseignant se sont vus accuser par
des étudiants ou d'autres membres du personnel de sexisme, de
harcèlement sexuel, de misogynie, ainsi de suite.
|
| Au cours de cette période, de nombreux professeurs, d'ailleurs
excellents, ont vu leur carrière détruite. Nous savons également
que bon nombre des accusations étaient fausses ou non fondées. Il
y a un professeur d'université, M. Fekete, qui a écrit à ce sujet.
|
| J'ai pensé, à l'époque, que cette histoire n'était qu'un immense
gaspillage de ressources financières et humaines. Je voudrais
savoir si l'un d'entre vous a essayé de calculer ce que cet énorme
fardeau a coûté aux universités, les coûts juridiques, les
dommages-intérêts, les poursuites. Je me demande si quelqu'un,
ici, a une idée de ce que cela a coûté à l'université, de l'impact
que cela a eu, et il devrait être très élevé, sur sa situation
financière actuelle.
|
| Le président: Eh bien, sénateur, vous vous écartez de notre
mandat, qui est de discuter des frais d'entretien différé. Toutefois,
vous avez posé une question et je vais demander à M. Giroux d'y
répondre.
|
| Le sénateur Cools: Monsieur le président, je pense également
que, quand des gens sollicitent des fonds, il est bon de savoir
comment ces fonds sont dépensés.
|
| Le président: Cela pourrait nous mener très loin, chose que je
veux éviter, sénateur.
|
| M. Cohen: C'est vrai. Ces situations coûtent très cher.
Toutefois, le montant est négligeable quand on tient compte des
dépenses globales et des coûts liés à l'enseignement supérieur. Je
dirais qu'il est inférieur aux coûts juridiques, et autres, qu'entraîne
la présentation de rapports aux divers gouvernements.
|
| Nous devons rendre des comptes. Une partie de la tension vient
de ce que nous devons rendre des comptes au public. Parfois,
nous faisons en public ce que d'autres feraient en privé. Dans
l'ensemble, le coût est minime et cette situation n'a pas duré très
longtemps.
|
| Le sénateur Moore: Monsieur Giroux, vous avez parlé des
anciens qui versent des dons à l'université. Est-ce quel'Association a compilé des chiffres à ce sujet?
|
| M. Cohen: Nous avons des chiffres sur le total des dons reçus,
le pourcentage versé par les anciens et le pourcentage versé par
d'autres donateurs.
|
| Le sénateur Moore: Parlez-vous de particuliers oud'entreprises?
|
| M. Cohen: Cette année, les données compilées par Statistique
Canada et l'Association établissent une distinction entre les dons
versés par les particuliers et ceux versés par les entreprises. Je n'ai
pas les chiffres sous la main, mais nous pourrions vous les faire
parvenir. Les données ne s'appliquent qu'à une seule année. Nous
ne savons pas si les autres donateurs sont des anciens. Toutefois,
nous supposons que la plupart des dons proviennent des anciens.
|
| Le sénateur Moore: Vous savez sans doute que les dons
politiques font l'objet d'une déduction aux fins de l'impôt. La
réponse à cette question est peut-être évidente. Si les dons versés
aux universités bénéficiaient du même traitement que les dons
politiques, quel impact cela aurait-il sur les dons versés par les
particuliers, les anciens et autres donateurs?
|
| M. Cohen: Nous serions évidemment en faveur d'une telle
proposition.
|
| Le sénateur Moore: Je voulais tout simplement savoir ce que
vous en pensiez aux fins du compte rendu.
|
| M. Cohen: En tant que membres du personnel administratif
universitaire, en tant qu'anciens et parents, nous serions d'accord
avec cette proposition.
|
| Le sénateur Moore: L'AUCC propose que le gouvernement
fédéral créé un fonds pour financer, de concert avec les provinces,
l'achat d'équipement médical. C'est le modèle qui a été proposé.
M. Giroux a indiqué que les gouvernements provinciauxverseraient l'équivalent de la contribution de 40 p. 100 du
gouvernement fédéral et que les universités assureraient le reste,
c'est-à-dire 20 p. 100.
|
| Certaines provinces ne sont pas en aussi bonne posture que
d'autres. Nous devons, en tant que sénateurs, défendre les intérêts
de nos régions. Je pense aux provinces de l'Atlantique et au grand
nombre d'étudiants universitaires qu'il y a là-bas. Ces provinces
ne seraient peut-être pas en mesure de participer à des
programmes de financement assortis de conditions. Comment
régler ce problème? Comme vous le dites, les nombreux usagers
des installations universitaires contribuent pour beaucoup à la
détérioration de celles-ci.
|
| M. Giroux: Monsieur le président, nous comprenons que les
provinces canadiennes ne peuvent pas toutes couvrir leur part de
la même façon; c'est la raison pour laquelle nous avons demandé
que le programme s'étale sur une période plus longue et nous
avons suggéré cinq ans. Nous savons également que certaines
provinces ont déjà mis sur pied des programmes ou pris des
engagements en matière de financement. Cela devrait être pris en
compte et assorti d'une contribution fédérale équivalente.
|
| À titre d'illustration, nous avons utilisé une répartition
40-40-20. De toute évidence, nous serions heureux que le
gouvernement fédéral se charge d'une plus large part de
financement, mais nous tenons cependant à être réalistes quant à
l'actuelle situation fiscale.
|
| Nous savons également que dans le Canada atlantique, d'autres
organismes fédéraux comme l'APECA se sont chargés dans le
passé de la part provinciale du financement pour des projets
comme la Fondation canadienne pour l'innovation et le projet de
licence d'utilisation sur site.
|
| Grâce à une certaine souplesse, il est possible de prendre en
compte les engagements actuels et d'envisager également d'autres
possibilités, comme par exemple, le fait que le gouvernement
fédéral puisse se charger d'une plus large part s'il avait recours au
mécanisme de l'APECA ou d'autres organismes du genre. On
nous a également dit que le Manitoba et, dans une certaine
mesure, la Saskatchewan, trouveraient aussi cela difficile. Ce
n'est pas donc uniquement un problème de la région Atlantique.
|
| Le sénateur Moore: Dites-vous que le Fonds de diversification
de l'économie de l'Ouest pourrait être utilisé de cette façon là?
|
| M. Giroux: Oui. Le gouvernement fédéral s'est montré
flexible en matière d'approche. Nous espérons qu'une période
plus longue de versement faciliterait les choses. Il faut admettre
que c'est réalisable, sans pour autant refuser de reconnaître que
certaines provinces trouveront la situation plus difficile que
d'autres.
|
| Le sénateur Moore: Les options d'affectation des fonds que
vous proposez m'intéressent. Vous indiquez que le nombre de
personnes qui utilisent les installations universitaires est un
important facteur qui contribue à la détérioration de ces
installations. Pourquoi ne recommandez-vous pas votre part de la
population d'étudiants universitaires ETP - équivalents temps
plein - comme base?
|
| M. Giroux: M. Best est l'un de ceux qui a mis au point notre
proposition; il va donc vous répondre.
|
| M. Robert Best, vice-président, Direction des relations
nationales et internationales, Association des universités et
collèges du Canada: Monsieur le président, nous avons créé un
comité consultatif permanent regroupant les présidents des
universités de tout le pays pour ce projet. Vous pouvez imaginer
qu'il y a eu de vastes débats et que beaucoup d'intérêt a été porté
à la formule d'affectation.
|
| Nous voulions à ce moment-là signaler les diverses solutions.
Bien sûr, le gouvernement fédéral connaît bien la formule de
calcul par tête, puisqu'il existe toute une gamme de programmes
qui permettent d'affecter des fonds aux provinces en fonction de
cette formule. Les membres de notre comité ont voulu par ailleurs
souligner qu'il existe plusieurs façons d'aborder la question.
|
| Comme autre solution, nous avons proposé de procéder en
fonction du nombre d'étudiants équivalents temps plein. Aucune
de ces solutions ne plaît à tout le monde. Nous avons voulu
trouver un modèle qui concilie le point fort de la formule de
calcul par tête - qui est un système connu - avec la réalité du
nombre d'étudiants équivalents temps plein, c'est-à-dire que
certaines provinces accueillent un nombre net d'étudiants plus
important, ce qui, au bout d'un certain temps, fatigue davantage
l'infrastructure universitaire. Le juste milieu, si nous pouvions le
trouver - serait peut-être plus accepté à l'échelle du pays.
|
| Le programme national sur les travaux d'infrastructure renfer
me déjà un modèle qui donne le même poids à deux facteurs dans
la formule de répartition. Nous pensons qu'il s'agit là d'une façon
de concilier les deux points de vue donnés, mais nous ne rejetons
absolument pas l'un ou l'autre des deux modèles.
|
| Les membres de notre comité ont pensé que ce modèle offrait
une solution réalisable, car il fait en sorte que l'on prend en
compte dans le calcul des affectations le fait que certaines
provinces reçoivent un nombre net d'étudiants plus important.
Elles s'en tireraient mieux selon notre formule que selon la
formule traditionnelle d'affectation par tête.
|
| Le sénateur Moore: Ce qui m'inquiète, c'est que les provinces
de l'Atlantique seraient considérablement perdantes si nous
adoptions une formule mixte. Je ne sais pas si je pourrais accepter
ce modèle compte tenu des besoins qui existent dans nos
institutions.
|
| Le sénateur Bolduc: J'aimerais poser une question àM. Giroux.
|
| Vous avez dit que le gouvernement fédéral affiche un important
excédent cette année; il se situe en fait aux alentours de
17 milliards de dollars. Cela veut dire que l'an prochain, nous
affecterons 2 milliards de dollars de moins au service de la dette.
Êtes-vous en train de demander ces 2 milliards de dollars?
|
| M. Giroux: Je pense qu'il est important, en cas d'excédent,
qu'une certaine part en soit affectée à la dette. Le ministre des
Finances a déjà prévu le fonds de prévoyance, et cetera.
|
| Par contre, au fur et à mesure que l'économie ralentit, un
programme comme celui-ci aura un effet important sur les
économies locales où se trouvent les institutions. Les universités
savent quels sont les problèmes et peuvent identifier certains
projets particuliers. Selon nous, c'est une bonne façon de dépenser
l'excédent. Il ne fait aucun doute que l'affectation de l'excédent
au service de la dette diminuera les frais d'intérêt dugouvernement fédéral à plus long terme. C'est ce genre
d'équilibre qu'il faut maintenir.
|
| [Français]
|
| Nous devons sortir du carcan que représente la collectivisation
des assurances publiques depuis 40 ans. Notre régime enregistré
d'épargne-retraite fonctionne bien. Pourquoi ne pas nousen inspirer et créer un régime enregistré d'épargne pour
l'enseignement supérieur? De cette façon, les parents pourraient
prévoir une somme suffisante pour payer ultérieurement les
études de leurs enfants. Ce système vaudrait aussi pour la santé.
Le gouvernement fédéral n'a pas plus de fonds à allouer pour les
programmes de santé. La solution aux problèmes de finances
publiques repose sur des régimes enregistrés d'épargne pour
l'enseignement supérieur, le chômage, la santé et la retraite.
|
| Les gens devront gérer leurs finances eux-mêmes, sans l'apport
des gouvernements fédéral et provinciaux. Ils devront prévoir des
moyens pour s'occuper d'eux-mêmes.
|
| M. Giroux: Le gouvernement fédéral a un régimed'épargne-études. Il subventionne 20 p. 100 du montant requis. Il
pourrait en faire plus. Cependant, nous nous apercevons, au fil du
temps, que les familles canadiennes ont intérêt à en prendre
avantage. Cela n'empêche toutefois pas l'ajout d'autres façons de
contribuer.
|
| [Traduction]
|
| J'invite le témoin de la Société canadienne d'hypothèques et de
logement à venir s'asseoir.
|
| Notre témoin est M. David Cluff, directeur de la planification
et politiques stratégiques pour la Société canadienne d'hypothè
ques et de logement.
|
| Monsieur Cluff, sans vouloir couper l'herbe sous le pied du
sénateur Moore, je dois dire que la SCHL a hésité à nous envoyer
un témoin, pour la très bonne raison qu'elle n'a pas actuellement
de programmes reliés aux coûts d'investissement dans les
universités.
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| Toutefois, il se peut fort bien que ce soit la question que le
sénateur Moore et d'autres souhaitent aborder. Il souhaite
peut-être se pencher sur les programmes que vous aviez dans le
passé à cet égard.
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| Dans tous les cas, je vous remercie d'avoir accepté notre
invitation à si court préavis pour vous expliquer devant le sénateur
Moore. Il a insisté pour que nous ayons un témoin de la SCHL.
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| Avez-vous une déclaration liminaire, monsieur Cluff?
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| M. David Cluff, directeur, Planification et politiques
stratégiques, Société canadienne d'hypothèques et delogement: J'ai une déclaration liminaire. Si je comprends bien, le
comité aimerait être informé du rôle qu'a joué la SCHL dans le
passé, notamment à propos de son programme de logement pour
les étudiants. Je vais vous donner cette information avant de
parler brièvement des grandes lignes de l'évolution de la politique
du logement au Canada. Je parlerai ensuite de ce que nous faisons
aujourd'hui à propos du logement pour les étudiants.
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| Le président: Allez-y.
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| M. Cluff: Entre 1960 et 1978, la Loi nationale sur l'habitation
précisait à l'article 47 ce qu'était le Programme de logement pour
les étudiants. Des prêts pour le logement pour les étudiants étaient
consentis aux provinces, aux municipalités, à leurs organismes,
aux hôpitaux, aux commissions scolaires, aux universités, aux
collèges, aux associations coopératives et aux organismes de
charité. Dans chaque cas, la province visée devait approuver les
prêts en question.
|
| Ce programme visait à consentir des prêts à long terme pour
faciliter la construction de logements pour les étudiants, l'achat de
bâtiments existants à des fins de conversion à cet effet ou
l'amélioration de résidences existantes. Il pouvait s'agir de
dortoirs, de résidences ou d'unités familiales individuelles. Des
salons, des réfectoires et d'autres installations, y compris
l'ameublement, comme les lits et les bureaux, pouvaientégalement faire partie du projet.
|
| Le programme lui-même prévoyait un prêt de la SCHL - et
par conséquent du gouvernement fédéral - jusqu'à concurrence
de 90 p. 100 du prix courant du logement pour les unités
individuelles, et jusqu'à concurrence de 15 000 $ par lit pour les
résidences. Ces prêts étaient garantis par des hypothèques ou des
obligations. La période d'amortissement pouvait s'étaler sur50 ans et presque tous les prêts étaient consentis pour cette
période.
|
| La SCHL a obtenu le financement de ces prêts du FRM, ce qui
veut dire que nous avons des obligations que nous devons
rembourser au gouvernement du Canada. Nous avons reçu ces
fonds pour les prêter aux groupes dont j'ai fait mention et pour les
raisons dont je viens de parler.
|
| Ces prêts étaient assortis de quelques conditions seulement:
l'argent - le capital et les intérêts - devait être remboursé au
moment opportun; le projet devait être assorti d'une assurance
adéquate de protection de la propriété; il devait servir à des
logements pour les étudiants - il était impossible de prétendre
qu'il s'agissait de logements pour les étudiants et ensuite d'en
faire autre chose; la propriété devait être entretenue correctement.
|
| Une hypothèque à 90 p. 100 sur 50 ans était une véritable
aubaine de la part du gouvernement. À cette époque, nos marchés
financiers n'étaient pas aussi développés qu'ils ne le sont
aujourd'hui et ces fonds n'étaient tout simplement pas accessibles
ailleurs. En outre, les prêts consentis étaient assortis d'un taux
d'intérêt plus bas que le taux que devait payer la SCHL. En
d'autres termes, nous empruntions à un certain taux et prêtions à
un taux plus bas. Le gouvernement du Canada nous a remboursé
cette perte d'intérêt pendant la durée des prêts.
|
| Près de 300 prêts ont été consentis au cours du programme.
Leur valeur nominale était d'environ 400 millions de dollars.
Aujourd'hui, 243 comptes restent actifs, ce qui représente un
solde impayé de 246,1 millions de dollars au total. Le taux
d'intérêt moyen de ces prêts est de 6,6 p. 100. Le dernier prêt sera
remboursé en 2028, soit 50 ans après qu'il a été consenti.
|
| Géographiquement, les prêts sont largement répartis. Sur 243,
88 visent l'Ontario, 67 le Québec, 25 la Nouvelle-Écosse, 23 la
Colombie-Britannique, et cetera. Il y a au moins un prêt dans
chacune des provinces du Canada.
|
| Les prêts représentaient donc notre mode d'intervention et nous
gérons ces prêts depuis qu'ils ont été consentis. Cela veut dire
qu'une fois par mois ou peut-être moins souvent dans les cas où
une obligation sert de garantie, nous recevons le paiement, le
versons à la banque et remboursons le gouvernement du Canada.
|
| Ce portefeuille a posé relativement peu de problèmes. Lorsque
je me suis préparé pour ma comparution d'aujourd'hui, j'ai
demandé si nous avions eu des problèmes d'arriérés - cela
indique habituellement qu'il y a un problème en matière de prêts.
Au cours des quatre dernières années, il y a eu retard de paiement
à deux occasions, un paiement de 6 000 $ et l'autre de 3 600 $.
Comme vous pouvez le voir, d'un point de vue des prêts, cela
semble ne pas comporter de risque.
|
| Toutefois, au début des années 80, quelques projets ont posé
problème - leur nom est relativement connu - la SCHL a dû
les résilier en raison de défaut de paiement. Le nom Rochdale
n'est probablement pas étranger à beaucoup d'entre vous. Je me
trouvais à Toronto au moment de sa création. Autre exemple,
Pestolozzi, à Ottawa, à l'angle de la rue Rideau et de la rue
Chapel. Mis à part peut-être un autre exemple, il n'y a pas eu
défaut de paiement.
|
| Pourquoi ce programme apparemment populaire et qui portait
fruit, que nous avons eu de 1960 à 1978, a-t-il été interrompu?
Pour répondre à cette question, je dois vous donner une
explication des principaux changements intervenus dans le
domaine de la politique du logement au Canada.
|
| En 1978 et 1979 - je n'étais pas ici à ce moment-là, si bien
que je m'appuie sur des documents que j'ai trouvés - le
gouvernement Trudeau s'est retrouvé confronté à un problème
financier. Il a décidé, entre autres, de modifier en profondeur la
façon de financer le logement, ainsi que les programmes offerts
par la SCHL. Le modèle que j'ai décrit pour le logement pour les
étudiants existait pour d'autres projets de logement - c'est-à-dire
des prêts à long terme, sur 50 ans, avec des taux d'intérêt
légèrement subventionnés et peut-être, dans certains cas, une
contribution pour dépenses en capital.
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| Au moment où ce problème est apparu en 1978 et 1979, tout
cela a été remplacé par un régime qui a duré jusqu'en 1986. Je
vais vous lire un extrait de notre rapport annuel de 1979, car je
pense que c'est l'explication la plus plausible que l'on puisse
trouver:
|
| En 1979, les engagements de la SCHL en matière de prêts
directs et d'investissements ont brusquement perdu de leur
importance, reflétant ainsi les changements politiques et
législatifs apportés au début de l'année qui visaient à
accroître la dépendance des fonds privés plutôt que des fonds
publics pour les prêts hypothécaires en vertu de la Loi
nationale sur le logement. Ce changement de cap s'accompa
gne d'une augmentation de l'octroi de subventions et de
l'acceptation des risques par la SCHL grâce à l'assurance
hypothécaire LNH.
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| Les programmes qui ont suivi en 1979 et qui ont duré jusqu'en
1986 ne correspondaient plus à des engagements sur 50 ans, mais
sur 35 ans. Le financement d'immobilisations était assuré par le
secteur privé, essentiellement par les banques. La SCHL assurait
les projets grâce à son fonds d'assurance hypothécaire et faisait en
sorte qu'ils répondent à l'objectif visé, soit fournir un logement
adéquat à des Canadiens à revenu faible et modeste, en
subventionnant le taux d'intérêt de manière à le ramener à
2 p. 100.
|
| L'autre changement apporté à l'époque a été de nature
politique. Ces projets devaient être des projets à revenu mixte
pour, en partie, réagir au problème de ghettoïsation perçu dans
quelques grands projets de logement public. En même temps,
l'accent était mis sur les familles. La plupart des logements
publics qui avaient été réalisés autrefois ciblaient les personnes
âgées. En même temps, il est apparu clairement que les familles
étaient sous-financées.
|
| Ce sont ces changements qui ont mené à la disparition du
programme de logement pour étudiants. Ce programme n'a pas
été annulé à cause d'un problème inhérent, mais par réaction à
une refonte approfondie de l'approche du gouvernement en
matière de programmes de logement.
|
| Le deuxième changement qui influe sur le rôle que nous jouons
actuellement dans le domaine du logement pour étudiants a été la
décision prise en 1986 par le gouvernement Mulroney de déléguer
aux provinces, dans certaines conditions et dans un cadre solide
de reddition de comptes, la responsabilité de fournir de nouvelles
unités de logements sociaux, à la condition d'un partage des coûts
de 25 p. 100. Depuis 1986, la SCHL n'a pas assuré la création
directe de logements sociaux, mais l'a financée par l'entremise
des provinces.
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| Il faut souligner deux exceptions. Nous continuons à financer
les programmes de logement dans les réserves. Cela se fait de la
manière que je viens de décrire: l'argent vient d'ailleurs et nous
subventionnons le taux d'intérêt. Il y a également eu le
programme coopératif HPI qui ne fait pas partie du transfert aux
provinces. C'était une expérience d'hypothèque à principal
indexé.
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| Le troisième événement d'importance s'est produit en 1994,
lorsque le gouvernement actuel a décidé de poursuivre le
processus entamé en 1986 et offert aux provinces la gestion de ce
qui restait de notre portefeuille de logements sociaux. Depuis
1996, nous signons des accords qui sont maintenant en vigueur
avec toutes les compétences à l'exception de quatre - la
Colombie-Britannique, l'Alberta, le Québec et l'Île-du-Prince-
Édouard - auxquelles nous avons confié la gestion de notre
portefeuille ainsi que tout l'argent que cela suppose.
|
| Les prêts de logement d'étudiants - logement qui n'était pas
considéré comme du logement social - n'ont pas été transférés,
si bien que nous poursuivons la gestion des prêts. Nous
continuons à recevoir la subvention liée au taux d'intérêt, ce qui
représente près de 600 000 $ par an.
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| J'ai parlé du changement administratif de la politique. En 1986,
un autre changement visait à cibler les programmes. Comme je
l'ai indiqué, entre 1979 et 1986, les programmes devaient être à
revenu mixte. Le gouvernement fédéral et toutes les provinces ont
convenu en 1986 que les fonds fédéraux aux logements devaient
être ciblés sur «les pauvres». Notre définition de «pauvres» est la
définition courante. En d'autres termes, il faut cibler ceux qui ont
un besoin impérieux de logement. Il s'agit de personnes qui
vivent dans des habitations inadéquates qu'elles ne peuvent pas se
permettre, la capacité financière étant définie comme dépassant
plus de 30 p. 100 du revenu pour une unité correspondant au
loyer médian du marché dans un endroit donné.
|
| Il y a eu un changement au niveau des responsables de
l'exécution du programme, de la sélection des projets et de la
désignation des bénéficiaires de l'aide fédérale. Ces changements
se sont poursuivis dans le cadre des accords de logement sociaux
que je viens de décrire. Lorsque nous transférons le portefeuille et
les fonds aux provinces, ces dernières sont obligées de conserver
le même niveau de ciblage.
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| Depuis 1978, il n'y a donc pas de programme fédéral de
logement qui cible les étudiants. On me dit, bien que je n'en aie
pas tous les détails, que dans le cadre des programmes sans but
lucratif ou des programmes coopératifs, certaines coopératives
d'habitation pour étudiants peuvent avoir été financées.
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| Lorsque j'ai lu l'extrait du rapport annuel, j'ai parlé de
l'assurance hypothécaire de la SCHL, ce qui nous amène au
présent. La SCHL est l'un des deux fournisseurs d'assurance
hypothécaire au Canada. Elle assure les prêteurs au cas où
l'emprunteur ferait défaut de paiement. L'autre assureur est une
filiale de General Electric. Toutefois, la SCHL est le seul
fournisseur d'assurance locative.
|
| L'assurance hypothécaire locative de la SCHL est disponible
pour construire ou acheter des logements pour les étudiants. Il n'y
a toutefois pas d'entente spéciale. Elle est disponible à tous ceux
qui veulent construire un logement locatif. Les prêts peuvent aller
jusqu'à concurrence de 85 p. 100 de la valeur hypothécable de la
propriété. Il y a une prime d'assurance qui oscille entre 1,75 et
4,5 p. 100 selon la nature du prêt. Les investisseurs doivent faire
une mise de fonds.
|
| L'assurance hypothécaire est régulièrement offerte pour des
prêts consentis à ceux qui font des placements pour fins de loyer
dans le cadre de logements locatifs autonomes, comme des
appartements et des maisons en rangée. Beaucoup de ces
logements peuvent bien sûr être loués aux étudiants.
|
| Récemment, la SCHL a fourni de l'assurance hypothécaire
pour deux résidences d'étudiants de type foyer: une à Halifax et
l'autre à Winnipeg. Habituellement, nous n'assurons pas de
résidences de type foyer. Cela s'est fait par l'entremise de notre
centre de partenariats entre le secteur public et le secteur privé et
a été rendu possible, car les universités avaient donné des
garanties à titre de personnes morales pour le prêt hypothécaire.
|
| Ainsi se termine mon survol de la question des logements pour
étudiants, comme elle se posait auparavant et comme elle se pose
aujourd'hui.
|
| Le sénateur Moore: Monsieur Cluff, notre audience de ce
matin s'inscrit dans le cadre de notre étude relative au problème
de l'entretien différé accumulé que connaissent maintenant nos
universités. Cela englobe l'entretien des résidences. Vous avez
indiqué que la SCHL gère actuellement 243 hypothèques actives
du programme passé. Est-il possible pour une université d'obtenir
un nouveau financement auprès de la SCHL afin de rénover ces
bâtiments de manière qu'ils respectent les normes du code?
|
| Je pose cette question dans le contexte des témoignages que
nous avons entendus selon lesquels les banques hésitent à le faire.
Par ailleurs, si les banques s'y intéressaient, leurs taux d'intérêt
seraient très exigeants. Est-il possible pour les universités qui ont
maintenant des hypothèques avec la SCHL de bénéficier d'un
nouveau financement?
|
| M. Cluff: Nous n'avons pas fait grand-chose, si ce n'est cette
gestion hypothécaire, depuis 1978. Il faut dire que la SCHL n'a
pas beaucoup porté attention à cela. Je ne peux pas répondre à
votre question. Je sais que les universités ont la liberté de
rembourser par anticipation leurs prêts à n'importe quel moment,
mais, de toute évidence, cela ne résout pas le problème dont vous
faites mention. Je vais essayer de voir ce qui pourrait se faire dans
le cadre de nos règles actuelles.
|
| Le sénateur Moore: Je n'ai pas pu éviter de voir votre page
publicitaire vantant le fait que vous ayez réussi à réunir
2,2 milliards de dollars à 5,527 p. 100. Compte tenu du fait que
vous avez cet argent à ce taux d'intérêt, la Société a-t-elle
envisagé de reprendre ou de rajeunir son programme de logement
pour les étudiants? Les prêteurs classiques sont durs.
|
| Monsieur le président, selon moi, nos petites universités sont de
petites entreprises. Elles ont toutes de la difficulté à obtenir un
financement de la part des prêteurs conventionnels que sont les
banques. Peut-être le gouvernement pourrait-il faire preuve de
leadership dans ce domaine. C'est la raison pour laquelle je pose
cette question.
|
| M. Cluff: Vous demandez si nous avons porté attention à ce
problème. La réponse est non. Le programme OHC dont vous
faites mention vient d'être lancé et se limite pour l'instant aux
hypothèques d'accession à la propriété. Les banques ont leurs
hypothèques qu'elles regroupent pour émettre ces titres. Il est
peut-être prématuré de prévoir l'évolution du programme OHC.
|
| Le sénateur Moore: S'agit-il de couvrir les logements
individuels seulement?
|
| M. Cluff: Oui, le programme actuel vise les hypothèques de
propriétaires individuels.
|
| Je pourrais donner un peu plus de détails à propos des priorités
actuelles du gouvernement en matière de logement. Vous avez
peut-être remarqué qu'il porte de plus en plus attention, depuis
1998 et 1999, au problème des sans-abri. Le gouvernement a
réagi en décembre 1999 par un programme de 753 millions de
dollars et par la nomination de la ministre Bradshaw au poste de
coordonnateur des sans-abri. De toute évidence, cette question est
une priorité élevée pour le gouvernement.
|
| Plaçons tout cela en perspective. J'ai fait mention de la
définition de «besoin impérieux». Nos programmes étaient conçus
pour aider les gens qui ne pouvaient pas se permettre un
logement, lorsque les coûts du logement étaient à 30 p. 100. Les
dernières données qui proviennent du recensement de 1996
indiquent que 1,7 million de foyers au Canada tombent dans cette
catégorie et qu'ils sont définis comme ayant un besoin impérieux
de logement.
|
| Les taux d'inoccupation dans les grandes villes ont récemment
baissé. À Ottawa, ce taux équivaut à deux logements par millier.
Dans d'autres grandes villes comme Calgary et Montréal, il se
situe entre 1 p. 100 et 2 p. 100 et à Toronto, il descend peut-être
même en dessous de 1 p. 100. Cela n'est pas sain, surtout
lorsque l'on combine cette réalité avec la suppression de la
réglementation des loyers en Ontario.
|
| Nous sommes confrontés à un problème croissant que l'on
appelle le «problème du logement à prix abordable». Dans le
discours du Trône, le gouvernement a indiqué qu'il travaillerait
avec les provinces pour régler ce problème et a promis quelque
680 millions de dollars à cet effet sur quatre ans.
|
| La troisième priorité du gouvernement est celle du logement
des Autochtones. Je n'ai pas besoin d'entrer dans les détails, mais
la situation du logement dans les réserves est bien pire que celle
dans le reste du Canada. Le seul programme que la SCHL
continue d'exécuter est celui du logement dans les réserves.
|
| Ce sont les trois grandes priorités du fédéral en matière de
logement. Il y a beaucoup demandes d'aide relative aux
handicapés et aux personnes âgées, et cetera., qui, par décision
gouvernementale, sont moins prioritaires. C'est le contexte.
|
| Le sénateur Moore: Vous gérez actuellement 243 prêts?
|
| M. Cluff: C'est exact.
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| Le sénateur Moore: De toute évidence, les emprunteurs
n'envoient pas de chèques pour rembourser leurs prêts par
anticipation. Le taux d'intérêt qui est privilégié les aide et facilite
leur planification budgétaire à long terme.
|
| J'aimerais revenir à la question du refinancement. Pourriez-
vous demander à vos gestionnaires de prêts d'examiner s'il serait
possible d'autoriser les universités dont les hypothèques sont
actuellement chez vous à présenter des propositions ciblées visant
à assurer un refinancement pour leurs besoins d'entretien? Des
universités nous ont dit avoir immédiatement besoin de 1 milliard
de dollars pour la remise à neuf. Les universités endettées
peuvent-elles vous présenter des chiffres et des propositions
ciblées de refinancement?
|
| M. Cluff: Oui, mais je devrais faire mention d'un autre aspect
de la question. Nos prêts, contrairement à notre assurance, sont
contrôlés par notre budget des investissements qui est approuvé
chaque année par le gouvernement. Il faudrait savoir si nous
avons l'approbation politique pour faire ce genre de chose.
|
| J'ai décrit comment, en 1979, le gouvernement s'est retiré du
financement des investissements et l'a remplacé par lefinancement des banques. Cette décision a été modifiée en 1993.
De l'avis du gouvernement, les banques ne donnaient pas le
meilleur taux possible aux fournisseurs de logement social. Par
conséquent, en 1993, nous avons lancé le programme de prêts
directs. Dans notre portefeuille de logement social, ce qui était
financé par les banques est maintenant de nouveau financé par le
gouvernement du Canada, à un taux inférieur à celui des banques.
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| Cela n'a pas influé sur les prêts liés aux logements pour
étudiants car, ils étaient toujours financés par le gouvernement. Si
je le dis, c'est parce que nous pouvons fournir des prêts directs en
vertu du régime politique actuel seulement lorsque nous avons un
accord de mise en oeuvre et lorsque nous fournissons une
subvention. Nous ne subventionnons pas les prêts liés aux
logements pour les étudiants. La question n'est pas simple, mais
je vais toutefois l'examiner.
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| Le président: Nous manquons de temps et il ne me reste plus
qu'à vous remercier de nouveau, monsieur Cluff, d'être venu à si
court préavis et d'avoir été si utile. L'information que vous nous
avez donnée est très complète.
|
| Nous vous demandons de nous dire si les règles actuelles
permettraient aux universités qui ont des hypothèques à la SCHL
de les refinancer.
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| La séance est levée.
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