THÈMES CHOISIS SUR LES PÊCHES EN EAU DOUCE ET LES PÊCHES DU NORD
Rapport du Comité sénatorial permanent des pêches
Le président du Comité,: L'honorable Gerald J. Comeau
Le vice-président,: L'honorable Joan Cook
Février 2002
MEMBRES
37e Parlement - 1re Session
LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES PÊCHES
Président: L'honorable Gerald J.
Comeau
Vice-président:
L'honorable Joan Cook
et
Les honorables sénateurs:
Adams
Callbeck
Carney, C.P.
*Carstairs, C.P. (ou Robichaud, C.P.)
Chalifoux
*Lynch-Staunton (ou Kinsella)
Mahovlich
Meighen
Moore
Robertson
Watt
Les sénateurs suivants ont aussi participé aux
travaux du Comité lors de son étude: les
honorables sénateurs Corbin, DeBané, Forrestall, Graham, Hubley, Johnson,
Kenny et Milne.
--------------------
36e
Parlement - 2e Session
Président:
L'honorable Gerald J. Comeau
Vice-président: L'honorable Fernand Robichaud, C.P.
et
Les honorables sénateurs:
Adams
*Boudreau, C.P. (ou
Hays)
Carney, C.P.
Cook
Johnson
*Lynch-Staunton (ou Kinsella)
Mahovlich
Meighen
Perrault, C.P.
Perry
Robertson
Watt
*Membres d'office
Les sénateurs suivants ont aussi participé aux
travaux du Comité lors de son étude: les
honorables sénateurs Furey et Squires.
ORDRE DE RENVOI
37e Parlement – 1e Session
Extrait
des Journaux du Sénat du mardi 13
mars 2001 :
L’honorable
sénateur Comeau propose, appuyé par l’honorable sénateur Di Nino,
Que le Comité sénatorial permanent des pêches soit
autorisé à étudier, afin de présenter un rapport sur des questions relatives
à l’industrie des pêches;
Que les mémoires reçus et les témoignages entendus
sur la question dans la deuxième session de la trente-sixième législature
soient déférés au Comité;
Que le Comité fasse son rapport final au plus tard le
31 mars 2002; et
Que le Comité soit autorisé, nonobstant les pratiques
habituelles, à déposer des rapports auprès du Greffier du Sénat si le Sénat
ne siège pas, et que ledit rapport soit réputé avoir été déposé au Sénat.
La motion, mise aux voix, est adoptée.
Le greffier du Sénat
Paul C.
Bélisle
--------------------
36e Parlement - 2e Session
Extrait
des Journaux du Sénat du mardi 7 décembre
1999 :
L’honorable
sénateur Comeau propose, appuyé par l’honorable sénateur Lynch-Staunton,
Que
le Comité sénatorial permanent des pêches soit autorisé à étudier, afin de
présenter un rapport sur des questions relatives à l’industrie des pêches;
Que
le Comité fasse rapport au plus tard le 12 décembre 2000; et
Que
le Comité soit autorisé, nonobstant les pratiques habituelles, à déposer son
rapport auprès du Greffier du Sénat si le Sénat ne siège pas, et que ledit
rapport soit réputé avoir été déposé au Sénat.
Après
débat,
La motion, mise aux voix, est adoptée.
Le Greffier du Sénat
Paul C. Bélisle
GESTION DE LA PÊCHE
A.
Conservation des ressources halieutiques
B. Habitat du poisson
NOS RENCONTRES
A. Manitoba
B. Le Nord
1. Nunavut
2. Les Territoires du
Nord-Ouest
3. Nunavik
THÈMES CHOISIS
A. La santé de l'écosystème du lac
Winnipeg
B. Questions environnementales
transfrontalières dans l'Arctique canadien
C. La cogestion dans le cadre des
revendications territoriales globales
D. Le développement durable dans le
Nord
E. La recherche scientifique dans le
Nord
F. Stocks de flétans noirs contigus
au Nunavut
ANNEXE I
TÉMOINS
37e parlement - 1e session
ANNEXE II
PIÈCES
37e parlement - 1e session
ANNEXE III
PIÈCES
36e parlement - 2e session
ANNEXE IV
RENCONTRES ET VISITES
37e parlement - 1e session
ANNEXE V
RENCONTRES ET VISITES
36e parlement - 2e session
En
quittant le Sénat pour le Nord, quatre sénateurs sont venus chercher de
l’information sur l’industrie halieutique de la région.
La semaine dernière, le Comité sénatorial permanent des pêches se
trouvait au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest pour recueillir de
l’information sur une industrie qui est largement méconnue au Canada. –
Mike W. Bryant, « Senate Comes North:
Committee Studies Northern Fisheries, » Northern News Services,
Yellowknife (Northwest Territories), 31 July 2000
Un
groupe de sénateurs canadiens étaient à Gimli pour en apprendre davantage
sur l’industrie de la pêche et pour connaître les meilleures façons de la
préserver ... En tout cas, les sénateurs n’ont pas eu à visiter de salle
du conseil pointilleuse; ils ont eu par contre la chance de goûter, de
toucher et de sentir réellement le lac (lac Winnipeg) pendant leur visite…
– Adrienne Spring, « Big Fish Visit Small Pond, » The Interlake
Spectator (Manitoba), 15 May 2000
Il
fait bon vous revoir depuis notre visite du site en juin, quand nous avons libéré
les « petits poissons » –
les petits ombles. – Allen Gordon, président, Nayumivik Landholding
Corporation (Nunavik), Compte rendu des délibérations du Comité, 23 octobre
2001
Conformément à son mandat et conscient de l’importance de visiter
les régions du Canada, le Comité sénatorial permanent des pêches a effectué
une série de rencontres non officielles en 2000 et en 2001 pour mieux
familiariser ses membres avec les pêches en eau douce et les pêches du Nord.
Avec ses deux millions de lacs et rivières qui couvrent 7,6 p. 100
de la terre émergée, le Canada possède la plus grande masse d’eau douce
du monde. Soixante pour cent des eaux douces du Canada affluent vers le
nord en direction de l’Arctique qui représente environ les deux tiers de la
côte maritime du pays. La région
qui était à l’étude englobait une bonne partie de la région du Centre et
de l’Arctique de Pêches et Océans Canada – la plus grande des six régions
administratives du Ministère, qui couvre près des deux tiers du pays.
Nous avons limité notre analyse aux régions du lac Winnipeg et de
l’Arctique (Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et Nunavik) en raison de
l’étendue de la région et de son extrême diversité en ce qui a trait aux
conditions climatiques, aux espèces de poisson, à l’habitat du poisson,
aux facteurs démographiques et aux activités de pêche ainsi qu’en raison
des nombreuses instances gouvernementales en cause.
Nous n’avions pas l’intention de présenter une évaluation
exhaustive de toutes les pêches en eau douce de l’ensemble des régions du
Canada.
Depuis que le Comité a analysé les pêches du Nord et en eau douce
dans son rapport sur la commercialisation du poisson en 1986, une série d’événements
importants sont survenus : l’Examen des programmes du gouvernement fédéral
qui a lieu en 1985 a donné lieu à des compressions et à des changements aux
programmes administrés par Pêches et Océans (MPO); les activités de la
Garde côtière canadienne (GCC)
ont fusionné avec celles du MPO pour devenir une composante importante des
fonctions assumées par la région du Centre et de l’Arctique; et le MPO a
redéfini sa relation avec les intervenants dans le secteur des pêches, les
utilisateurs de ressources ayant maintenant un plus grand rôle à jouer dans
la prise de décision en matière de gestion.
Ce dernier changement a été en grande partie provoqué par des
facteurs extérieurs au Ministère – le règlement des revendications
territoriales des Autochtones qui a conduit à la mise en place de nouveaux
modes de gestion publique et à l’établissement de régimes de cogestion
relativement à de vastes étendues de terres et de ressources, dont le
poisson. Le 1er avril
1999, la géographie politique du Nord du Canada s’est aussi modifiée
lorsque les Territoires du Nord-Ouest ont été divisés de façon à créer
le nouveau territoire du Nuvavut. Une
visite de ces régions du Nord se faisait attendre depuis longtemps.
Bien qu’éclipsées par les pêches plus importantes des côtes de
l’Atlantique et du Pacifique, les activités de pêche dans les régions du
Nord génèrent une activité économique là où il existe peu d’autres
avenues de développement économique et où la plupart des pêcheurs sont
d’origine autochtone. La pêche
joue un rôle important dans ces économies familiales perpétuant un mode de
subsistance traditionnel; elle est aussi une activité qui est profondément
enracinée dans le patrimoine culturel des régions nordiques.
Il existe un certain nombre d’entreprises de pêche, certaines étant
très petites mais tout de même importantes au niveau local.
L’isolement et les coûts élevés de transport des produits vers les
marchés du sud représentent une autre caractéristique importante de la pêche
dans ces régions. Aussi bien les
espèces marines que les espèces d’eau douce sont récoltées à des fins
de subsistance, commerciales ou récréatives.
Établies essentiellement le long des principales voies navigables et
de la côte, la plupart des collectivités sont accessibles uniquement par
transport aérien ou par transport maritime ou fluvial saisonnier.
Attentif aux coûts, un groupe de travail composé de membres du Comité
a pris part à des discussions qui ont été engagées dans un cadre de type
salle de conférence; le groupe a également visité les lieux en mai 2000 au
Manitoba et en juillet 2000, dans les territoires du Nord-Ouest et au Nunavut.
En juin 2001, un autre groupe semblable s’est rendu au Nunavik, au
nord de Québec, qui est situé dans la région Laurentienne du MPO.
Ces discussions ont été complétées ultérieurement par des
audiences plus officielles, tenues à Ottawa.
La dissolution du Parlement et les élections fédérales déclenchées
en novembre 2000 ont reporté la parution de notre rapport comme ce fut le cas
de notre rapport intitulé L’aquaculture dans les régions canadiennes de l’Atlantique et du
Pacifique, qui a été déposé à la fin de juin.
Le présent document trace à grands traits ce que les membres du Comité
ont entendus.
Nous apprécions l’intérêt manifesté par différentes personnes et
divers groupes qui ont si généreusement pris le temps de nous rencontrer.
Le Comité aimerait remercier le personnel dévoué de l’Institut des
eaux douces de Winnipeg ainsi que Burt Hunt et Ron Allen – gestionnaires de
secteur du MPO pour les régions est et ouest de l’Arctique – pour le
temps qu’ils nous ont accordé et leur savoir qu’ils ont bien voulu
partager.
La « nortitude » est un aspect important de l’identité canadienne.
Il est souvent difficile toutefois d’inscrire dans le programme
politique les affaires relevant des régions du Nord.
Nous considérerons que nos efforts sont appréciables s’ils ont
rendu les Canadiens plus conscients de ce qui se passe dans ces régions.
Gerald
J. Comeau
Président
A.
Conservation des ressources halieutiques
La pêche en eau douce n’est
qu’un des nombreux domaines d’action publique qui sont partagés entre les
compétences fédérales et provinciales. Ces
deux niveaux de gouvernement ont chacun leur législation, leur politique et
leurs pratiques administratives en matière de pêche.
Les territoires du nord apportent encore d’autres variations.
La pêche intérieure représente sans doute l’un des cas les plus
complexes de partage des compétences. – Peter H. Pearse, Relever le défi : Une nouvelle politique de la pêche en eau douce au Canada, Fédération
canadienne d
La pêche est gérée et réglementée de manière à assurer que les pêcheurs
ne récoltent pas davantage de poissons que ce que les stocks peuvent supporter,
et à distribuer les prises entre les utilisateurs concurrents de la ressource.
Au Canada, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique, 1867 (appelé
actuellement la Loi constitutionnelle de 1867), confère au Parlement
(paragraphe 91.12) l’autorité législative exclusive à l’égard des pêcheries
des côtes et de l’intérieur (en eau douce).
En 1868, le Parlement a adopté la Loi sur les pêcheries pour
donner effet à cette responsabilité fédérale([1]). En 1979, Pêches et Océans
Canada a été créé en vertu de la Loi
concernant l’organisation du gouvernement.
Le nouveau ministère se composait d’éléments qui étaient rattachés
au Services des pêches et des sciences de la mer dans le précédent ministère
des Pêches et de l’Environnement. À
l’heure actuelle, les activités de base du MPO sont très diversifiées;
elles incluent : la protection maritime; la conservation et l’utilisation
durable des ressources; la protection de l’environnement des océans et de
l’habitat du poisson; la recherche scientifique (les sciences océanographique
et environnementale, y compris le changement climatique, l’hydrographie,
l’aquaculture et la recherche halieutique); le commerce maritime, le développement
du commerce et des océans. Le
Canada et les États-Unis se partagent certaines pêches, faisant ainsi
intervenir dans les relations internationales les responsabilités du
gouvernement fédéral en vertu de la Loi
constitutionnelle.
En vertu de cette loi, les provinces se voient également attribuer un
certain nombre de pouvoirs qui influent sur la pêche continentale.
Les articles 109 et 117 de la Loi
constitutionnelle confèrent aux provinces la responsabilité des ressources
naturelles à l’intérieur de leurs frontières respectives et l’article 92,
la compétence exclusive pour légiférer
dans les domaines de la propriété et des droits civils, de même que de
l’administration des terres publiques, y compris les eaux intérieures.
Après la Confédération, il a régné une certaine inquiétude à
savoir dans quelle mesure le pouvoir fédéral l’emportait sur les droits de
propriété des provinces dans le cas des pêcheries dans les eaux sans marée([2]). En 1898, le Comité
judiciaire du Conseil privé a conclu essentiellement que les gouvernements
provinciaux étaient seuls responsables de l’attribution de baux et de permis
de pêche intérieure, de l’application des dispositions d’agrément
provinciales ou de la détermination de la manière dont sont gérés les droits
de propriété.
Pour compliquer les choses, au fil des ans, le gouvernement fédéral a délégué
une large part de ses responsabilités liées à l’administration des pêches
aux provinces, et les ententes fédérales-provinciales ont varié d’une
province à l’autre. Afin de
clarifier les rôles et les responsabilités respectifs, des ententes ont été
conclues entre les gouvernements fédéral et provinciaux([3]). Par exemple, diverses
ententes ont été signées entre 1898 et 1983 entre la province de Québec et
le gouvernement fédéral. En
Ontario, l’autorité en matière de gestion courante des pêches est déléguée
à la province. Au Manitoba, en
Saskatchewan et en Alberta, les Conventions sur le transfert des ressources
naturelles de 1930 prévoient le transfert de l’administration et du
contrôle des terres publiques et des ressources aux gouvernements provinciaux
et reconnaissent les droits de propriété des provinces en matière de pêcheries. Toutefois, la réglementation relative à la conservation des
pêches est administrée et appliquée en vertu de la Loi sur les pêches, et relève toujours du ministre des Pêches et
des Océans([4]).
Dans le nord (les termes « Arctique » et « nord » sont utilisés de
façon interchangeable dans ce document), le cadre de gestion a évolué considérablement
en raison des responsabilités constitutionnelles du gouvernement à l’égard
des Autochtones. Des ententes
globales et modernes en matière de revendications territoriales reconnaissent
dorénavant de vastes étendues de terrains dans les territoires.
Mentionnons par exemple, la Convention de la Baie James et du Nord québécois
(1975); la Convention définitive des Inuvialuit (1984); l’Entente sur la
revendication territoriale globale des Gwich’in (1992) ; l’Accord sur les revendications
territoriales du Nunavut (1993)([5]).
Les programmes du MPO ont été mis en œuvre essentiellement en
collaboration avec les conseils de cogestion établis dans le cadre des règlements
des revendications qui garantissent aux résidents indigènes des droits
importants en matière de récolte et de gestion de la ressource.
La cogestion donne lieu à la mise sur pied de conseils composés d’un
nombre égal de représentants gouvernementaux et autochtones.
Le rôle et la composition des conseils varient quelque peu en fonction
des modalités propres à chaque revendication.
Bien qu’il s’agisse de conseils consultatifs, en pratique, ce sont des
organismes décisionnels de facto. Dans les provinces du sud du Canada (en dehors du processus
des revendications globales), on peut reconnaître que la cogestion n’est pas
aussi bien établie.
Les
habitats du poisson en eaux douces et marines du Canada font face à
d’importants enjeux dont les menaces biologiques, chimiques et physiques résultant
de tout un éventail d’activités humaines qui ont des répercussions directes
et indirectes sur la productivité de l’habitat.
Ces menaces peuvent entraîner une détérioration ou une perte
d’habitats du poisson attribuable à des changements, petits et grands, et se
manifestant de manière plus ou moins évidente ou subtile. ... En fin de
compte, sans habitat, il n’y a pas de poisson ni aucun des avantages qui en découlent
pour les Canadiens. – Paul Cuillerier,
directeur général, Gestion de l’habitat et des sciences de
l’environnement, MPO, Délibérations du Comité, 16 octobre 2001
Dans la gestion moderne des
pêches, il est entendu généralement que la conservation ne s’applique pas
seulement au poisson mais également à son habitat (c.-à-d., l’environnement
aquatique). La gestion de
l’habitat du poisson suppose la gestion des usages industriels et autres des
milieux aquatiques afin d’éviter d’endommager les stocks de poissons ou de
réduire au minimum les dégâts. La
gestion signifie également l’amélioration des milieux aquatiques qui
deviendront ainsi plus appropriés comme milieux de vie et de reproduction du
poisson.
La Loi constitutionnelle ne
comprend aucune mention spécifique concernant la conservation et la protection
de l’habitat du poisson. Les
principaux outils utilisés pour atteindre ces objectifs sont les dispositions
relatives à la protection et à la prévention de la pollution de la Loi sur les pêches, qui traitent à la fois d’eau douce et
d’eau salée et ne font aucune distinction entre les deux. Les principales dispositions sont les suivantes : l’article
35 interdit la détérioration, la perturbation ou la destruction de l’habitat
du poisson sans l’autorisation du Ministre des Pêches et des Océans; et
l’article 36 interdit le rejet de substances nocives dans les eaux où vivent
des poissons sauf si un tel rejet est autorisé par règlement en vertu de la Loi
sur les pêches ou un autre règlement fédéral.
Le MPO administre l’article 35, conformément à la Politique de
gestion de l’habitat du poisson (1986), dont l’objectif général vise
la réalisation d’un gain net pour ce qui est de la capacité de production de
la ressource halieutique au moyen de la conservation de l’habitat du poisson,
de la restauration de l’habitat et du développement de l’habitat du
poisson. L’administration de
l’article 36 relève d’Environnement Canada (EC)([6]).
Les gouvernements provinciaux ont aussi des responsabilités de gestion
de l’environnement et des ressources, et des lois qui concernent ou qui
recoupent la gestion de l’habitat du poisson.
La gestion demande donc beaucoup de collaboration entre les gouvernements
fédéral et provincial. Avec la
promulgation de la Loi canadienne sur l’évaluation
environnementale de 1995 (LCEE), le mandat du MPO a été élargi afin
d’inclure la conduite des évaluations environnementales conformément à la
LCEE, avant que le Ministère ne prenne de décisions en vertu de la Loi
sur les pêches, de la Loi sur la
protection des eaux navigables et de
la Loi sur l’Office national de l’énergie.
Jusqu’au début des années 1990, on considérait que la
responsabilité de l’administration courante de l’habitat du poisson faisait
partie des responsabilités déléguées en matière de gestion des pêches dans
les provinces intérieures. Puis, les décisions judiciaires concernant les processus
d’évaluation et d’examen en matière d’environnement pour les barrages
Oldman et Rafferty-Alameda ont indiqué que le gouvernement fédéral avait plus
de fonctions dans la gestion de l’habitat du poisson dans les provinces
qu’il n’en avait exercées précédemment.
Plus récemment, en 1999, le Cabinet fédéral a décidé de mettre en œuvre
le programme de Renforcement de la protection de l’habitat du poisson afin
d’assurer l’application uniforme par le gouvernement fédéral des mesures
de protection de l’habitat du poisson et de fournir les ressources
pertinentes. Par exemple, avant
1999, les trois provinces des Prairies étaient responsables de l’application
des dispositions relatives à l’habitat du poisson découlant de la Loi
sur les pêches. En 2001, le
Programme de gestion de l’habitat du poisson comptait 115 employés et
avait un budget de 10,4 millions de dollars; dans le cadre du programme, on
embauchait d’autres employés dans les domaines de la biologie, de
l’application et de l’observation des lois, du génie et de
l’administration; le programme était exécuté depuis huit bureaux, dont sept
nouveaux bureaux. À la fin
d’octobre 2001, environ 60 p. 100 des postes étaient dotés pour une durée
indéterminée et les autres, pour une durée déterminée.
Également en 1999, les ministres des pêches fédéraux et provinciaux
ont signé une Entente de coopération intergouvernementale en matière de pêches
et d’aquaculture. Par la suite,
le Conseil canadien des ministres des Pêches et de l’Aquaculture (CCMPA) a créé
un Groupe de travail sur les pêches en eaux douces et l’a chargé d’élaborer
une proposition de stratégie nationale sur les pêches en eaux douces qui vise
à renforcer les activités de conservation, de gestion, de réhabilitation et
de protection des pêches en eaux douces. À
la réunion de septembre 2001, les membres du CCMPA (à l’exception du Québec)
ont accepté la proposition de stratégie nationale sur les pêches en eaux
douces; ont convenu que l’habitat du poisson devait faire l’objet
d’efforts plus concertés; ont chargé le Groupe de travail de consulter les
principaux groupes d’intérêts pour confirmer l’orientation établie dans
la stratégie; ont chargé le Groupe de travail de cerner les possibilités de
liaison avec d’autres projets (p. ex., l’introduction et le transfert
d’espèces exotiques et la protection des espèces vulnérables); ont approuvé
l’achèvement d’un plan de mise en œuvre à faire approuver par le CCMPA en
2002.
Dans l’Arctique, le gouvernement fédéral est en bout de ligne
responsable de la conservation et de la gestion des pêches en eaux douces et en
eaux salées, y compris de l’habitat du poisson.
Toutefois, les ententes en place touchant les revendications
territoriales garantissent la participation autochtone au processus décisionnel
relatif à la gestion des terres et de l’environnement.
Par exemple, depuis 1986, l’un des volets de la Convention définitive
des Inuvialuit (dans l’ouest de l’Arctique) prévoit deux organismes de
cogestion qui s’occupent de l’étude et de l’examen des répercussions
environnementales. Le premier organisme, soit le Comité d’étude des répercussions
environnementales, passe en revue tous les projets de développement (p. ex., la
pêche sportive et les pavillons de chasse, d’autres développements
commerciaux) afin d’établir s’ils requièrent une évaluation des
incidences environnementales. Si
besoin est, les projets sont soumis à un deuxième organisme, le Bureau
d’examen des répercussions environnementales, aux fins d’un examen public
des incidences environnementales. Voici
les éléments importants du processus relatif aux répercussions et à
l’examen environnementaux : la participation égale et concrète des
Inuvialuit, et l’application de leurs connaissances traditionnelles. Dans les Territoires du Nord-Ouest (excluant le parc national
Wood Buffalo et la région désignée des Inuvialuit), l’Office d’examen des
répercussions environnementales de la vallée du Mackenzie est le principal
organisme mandaté pour procéder à une évaluation et à un examen
environnementaux. Au Nunavut, un
Bureau d’examen des incidences environnementales mis sur pied en juillet 1996
est responsable de l’évaluation environnementale des projets.
Environ la moitié des prises commerciales de la région du Centre et de
l’Arctique est commercialisée par l’intermédiaire de l’Office de
commercialisation du poisson d’eau douce (OCPED); l’autre moitié est
commercialisée par les transformateurs privés des Grands Lacs.
Le 10 mai 2000, à Winnipeg, les représentants de l’OCPED
ont informé un groupe de travail du Comité sur leurs activités. Créé en 1969, en application de la Loi sur la
commercialisation du poisson d’eau douce, comme société d’État,
l’OCPED avait comme mandat de commercialiser le poisson d’une manière
ordonnée, de promouvoir les marchés et l’exportation du poisson et d’accroître
le rendement pour les pêcheurs qui fonctionnent de manière autonome sans crédits
affectés par le Parlement([7]).
Suivant le modèle de la Commission canadienne du blé, l’OCPED réglemente
le commerce interprovincial et les exportations des poissons d’eau douce pêchés
commercialement dans les trois provinces des Prairies, les Territoires du
Nord-Ouest et certaines parties du nord‑ouest de l’Ontario.
Environ 50 agents seraient engagés pour traiter directement avec
environ 3 000 pêcheurs commerciaux qui livrent leurs prises à un des
75 points de livraison de l’Office répartis sur le territoire qu’il gère.
Une fois placé dans de la glace, le poisson est expédié à l’usine
de transformation de l’OCPED à Transcona (Winnipeg), installation à la fine
pointe de la technologie que les membres du Comité ont visitée plus tard
durant la journée.
Le Manitoba possède le plus important secteur de pêche commerciale dans
le territoire géré par l’OCPED, représentant environ les deux tiers (ou 9,4
millions de kilogrammes) du poids total de poissons livré à l’Office (14,3
millions de kilogrammes). Environ 7 p. 100
du montant total livré (au poids) proviennent des Territoires du
Nord‑Ouest. Il faut noter que
depuis 1969, les activités de vente centralisées à « guichet unique »
de
l’OCPED ont suscité
la controverse et occasionné des débats et des examens.
Plus récemment, le Comité permanent des pêches et des océans de la
Chambre des communes a déposé des rapports détaillés sur l’Office en février
1995 (Étude sur l’Office de
commercialisation des poissons d’eau douce) et en novembre 1998 (Rapport
sur la pêche en eau douce de la région centrale du Canada).
Les principales espèces achetées par l’Office sont le sisco, le doré
jaune, le doré noir, le grand brochet, le meunier noir et le touladi.
Le 11 mai 2000, les membres du Comité ont rencontré les représentants
du MPO à l’Institut des eaux douces de Winnipeg afin de connaître les
activités et les programmes de la région du Centre et de l’Arctique du
Ministère (carte 1) où vit la majorité de la population; où se trouve la
majorité des propriétaires de bateaux de plaisance et des pêcheurs sportifs
et où une proportion importante des activités de navigation commerciale ont
lieu. Délimitée par la côte dans
une proportion de 71 p. 100, la région du Centre et de l’Arctique
englobe environ 65 p. 100 des eaux maritimes, 67 p. 100 de
l’eau douce du Canada et 20 p. 100 de l’eau douce du monde entier.
L’Institut des eaux douces est un centre national spécialisé en
biologie aquatique et dans les pêches en eaux douces et en eaux salées.
À ce titre, l’Institut abrite plusieurs programmes du Ministère. Les membres du Comité ont été informés sur une vaste
gamme de sujets : la situation des stocks de poissons d’eau douce; la dégradation
ou la perte de l’habitat du poisson en raison du développement; le changement
climatique; les effets de la pollution nationale et transfrontalière sur le
poisson et la chaîne alimentaire; les activités de la Garde côtière
canadienne; les ports pour petits bateaux; l’hydrographie; l’évaluation des
stocks de poissons; les droits des Autochtones et issus de traités; la
recherche maritime et la recherche sur les eaux douces (y compris, le travail exécuté
dans la Région des lacs expérimentaux, située au nord-ouest de l’Ontario([8]));
les activités liées
aux océans; le contrôle de la lamproie marine; l’impact des organismes
aquatiques non indigènes sur les stocks locaux et les effets nuisibles
possibles d’un projet de détournement des eaux dans l’État du Dakota du
Nord (projet de Devil’s Lake) sur les écosystèmes de la rivière Rouge et du
lac Winnipeg. Les membres du Comité
se sont également intéressés à la gestion des pêches et aux programmes
scientifiques administrés par le MPO dans l’Arctique (pour avoir un aperçu
de certaines activités scientifiques dans la région du Centre et de
l’Arctique, consulter le Compte rendu
des délibérations du Comité sénatorial permanent des pêches, 30 Octobre
2001)([9]).
Carte 1 – Les régions
administratives du MPO
Source :
Ministère des Pêches et des Océans
Source : Ministère des Pêches et des Océans
Nous avons eu en
outre la chance – que nous avons d'ailleurs fort appréciée – de
vous accompagner lors de vos voyages dans l'Arctique. – Arthur J.
Hanson, Ambassadeur des océans,
Institut international du développement durable, Délibérations du Comité, 20
novembre 2001
Nos discussions du mois de mai 2000 au Manitoba ont préparé le
chemin aux délibérations qui ont suivi au Nunavut (Iqaluit, Pangnirtung) et
dans les Territoires du Nord‑Ouest (Yellowknife, Wool Bay, Inuvik,
Tuktoyaktuk) du 24 au 28 juillet de la même année.
Dans le Nord, le groupe de travail du Comité était accompagné de deux
nouveaux ambassadeurs des océans – M. Art Hanson (pour la partie des
Territoires du Nord‑Ouest) et M. Geoff Holland (au Nunavut) – ont
été chargés par le ministre des Pêches et des Océans de dresser une liste
exhaustive des candidats possibles au nouveau Conseil consultatif sur les océans.
Les 6 et 7 juin 2001, un autre groupe de membres du Comité s’est
rendu au Nunavik (nord du Québec).
L’Arctique – qui constitue 40 p. 100 de la terre émergée
du Canada mais qui
compte seulement 1 p. 100 de sa population – est d’abord et avant tout la terre des Autochtones.
L’histoire des
Inuits qui y vivent est ancienne, remontant à plusieurs milliers d’années
d’occupation continue([10]).
Environ 41 000
Inuits vivent dans 53 collectivités dans le nord du Canada et les Premières
nations vivent dans 46 autres collectivités, constituant la population
majoritaire. Au Yukon, environ 21 p. 100
de la population est autochtone, alors que dans les Territoires du
Nord‑Ouest, cette proportion atteint 50 p. 100.
Au Nunavut, 85 p. 100 de la population est inuite.
Au Nunavik (nord du Québec) et dans le nord du Labrador, les Inuits et
les Premières nations constituent la majorité de la population. Au
plan démographique, la caractéristique la plus surprenante de la population
autochtone dans le Nord réside dans ses jeunes – environ la moitié de la
population est âgée de moins de 25 ans, ce qui laisse prévoir des
pressions énormes en faveur de la création d’emplois.
Au cours des trente dernières années, les négociations entamées par
le gouvernement du Canada, les gouvernements provinciaux et territoriaux et les
collectivités autochtones ont donné lieu à l’établissement d’un
gouvernement autonome et au règlement des revendications territoriales de
longue date dans l’Arctique canadien. Bien
que la plupart des ministères fédéraux aient des responsabilités dans la région,
certains ministères ont des mandats qui ont une incidence plus directe sur la région
: il s’agit des ministères des Affaires indiennes et du Nord canadien, des
Affaires étrangères et du Commerce international, de l’Environnement, de la
Santé, des Transports, du Patrimoine canadien et du ministère des Pêches et
des Océans – ministère ayant des responsabilités considérables en matière
de développement durable. Au
Nunavut et dans les Territoires du Nord‑Ouest, plus de 300 stocks de
poissons et plus de 50 stocks de mammifères marins sont exploités sous
forme de pêche de subsistance et de pêches commerciale et sportive.
L’omble chevalier, le béluga, le narval et le phoque sont les espèces
les plus importantes au plan de la culture et de la subsistance.
Outre la réunion entre les groupes intéressés du secteur des pêches
et les représentants du gouvernement au Nunavut, dans les Territoires du
Nord‑Ouest et le Nunavik, les visites nous ont permis de mieux comprendre
la culture, le mode de vie et les aspirations des Canadiens vivant dans cette région
pittoresque et riche en ressources où les anciens jouent un rôle de
consultation crucial dans tous les aspects de la vie.
En 1993, le plus important accord en matière de revendications
territoriales dans l’histoire canadienne (carte 2) a été signé entre les
Inuits, le gouvernement du Canada et le gouvernement des Territoires du
Nord‑Ouest. L’Accord sur
les revendications territoriales du Nunavut a mis en branle des plans en vue de
créer un nouveau gouvernement territorial qui accorderait aux résidents du
Nunavut un plus grand contrôle de leur avenir.
Le 1er avril 1999, le Nunavut (qui signifie « notre
terre » en inuktitut) est devenu officiellement le troisième territoire,
remplaçant le gouvernement des Territoires du Nord‑Ouest dans l’est de
l’Arctique canadien, incluant l’archipel du Grand Nord, mais excluant les régions
adjacentes de l’ouest de l’Arctique, qui comprennent la région désignée
des Inuvialuit. Nunavut,
qui couvre environ un cinquième du territoire canadien (soit 1,9 million
de kilomètres carrés), est gouverné par un gouvernement populaire qui représente
tous les résidents, inuits et non inuits.
L’Accord du Nunavut attribue au 19 000 Inuits : le droit à
environ 351 000 kilomètres carrés de terres;([11])
des avantages financiers répartis sur une période de 14 ans; une part des
redevances liées à la mise en valeur des ressources pétrolières, gazières
et minérales sur les terres de la Couronne; des droits garantis
d’exploitation de la faune (y compris le droit de récolter des ressources
pour la subsistance et la priorité d’établissement de coentreprises de pêches
sportive et commerciale et d’observation de la faune; et la participation aux
organes décisionnels s’occupant de la faune, de l’aménagement du
territoire, de l’examen préalable et de l’examen des répercussions
environnementales des projets, et de la réglementation de l’utilisation de
l’eau.
Carte
2 – Nunavut
Source : Ressources
naturelles Canada, http://atlas.gc.ca/english/quick_maps/index_quickmaps.htm
De nombreux Canadiens seraient surpris d’apprendre que les Nunavummiut sont vraiment une « population maritime » qui dépend de la mer et de ses ressources. En effet, 25 des 26 collectivités du territoire sont côtières. Étant donné que de nombreux articles de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut traitent directement de questions maritimes, l’Accord est souvent appelé « accord sur les revendications maritimes ». Le Conseil consultatif de gestion de la faune de Nunavut (CCGFN), principal organisme de gestion de la faune de la région, assure la supervision des pêches([12]). Les membres du Conseil doivent prendre leurs décisions au nom de la population de la région désignée et non à titre d’agents des organismes qui les ont nommés. Les organismes de chasseurs et de trappeurs et les organismes régionaux de protection de la faune sont responsables de la majeure partie de la gestion des récoltes locales sur le territoire.
2.
Les Territoires du Nord-Ouest
Dans les Territoires du Nord‑Ouest (carte 3), les membres du Comité
ont également rencontré de manière informelle les représentants des conseils
de cogestion dans les deux régions visées par le règlement en matière de
revendications territoriales.
La première région – la région désignée des Inuvialuit (435 000
kilomètres carrés) – est comprise entre le delta du Mackenzie, la mer de
Beaufort et le golfe Amundsen dans les Territoires du Nord‑Ouest.
La Convention définitive des Inuvialuit : a été signée et est entrée
en vigueur en 1984; accorde aux 2 500 Inuits le droit à environ 91 000
kilomètres carrés de terres;([13])
et comprenait une composante financière, une somme unique versée à un fonds
de développement économique et à un fonds de développement social.
Sous réserve de conservation, les Inuvialuit (qui signifie « le
peuple authentique ») ont : l’exclusivité ou l’utilisation
prioritaire des récoltes de poissons et d’animaux sauvages et les structures
pour assurer leur participation à la gestion de la faune, à la conservation et
à la protection de l’environnement, y compris les comités communautaires
locaux([14]).
Des organismes consultatifs formés d’un nombre égal de représentants
des Inuvialuit et du gouvernement ont été créés.
En ce qui concerne les questions liées aux pêches et aux mammifères
marins, le Comité de gestion conjointe des pêches de l’Inuvialuit (CGCPI)
conseille le ministre des Pêches et des Océans([15]).
Le CGCPI travaille en étroite collaboration avec les autres organismes
gouvernementaux, les groupes d’utilisateurs des collectivités locales (il y a
six collectivités dans la région visée) et d’autres conseils sur les
ressources renouvelables, comme les conseils de l’Alaska qui supervisent les
stocks de poissons migrateurs communs.
Dans la deuxième région – la région visée par l’entente avec les
Gwich’in (57 000 kilomètres carrés) – le Conseil des ressources
renouvelables gwich’in (CRRG)([16])
est l’organisme de cogestion responsable des activités de gestion de la
faune, des poissons et des forêts de la région du delta du Mackenzie, qui
compte quatre collectivités. L’Entente
sur la revendication territoriale globale de 1992 accorde aux 2 300
Gwich’in : le droit à environ 22 329 kilomètres carrés de terres;([17])
des avantages financiers échelonnés sur 15 ans; une part des redevances sur
les ressources de la vallée du Mackenzie; des droits garantis d’exploitation
de la faune; et la participation à des organismes chargés de prendre les décisions
concernant les ressources renouvelables, l’aménagement du territoire,
l’examen des évaluations environnementales et la réglementation des terres
et des eaux.
Carte 3 – Les Territoires du Nord-Ouest
Source
: Ressources naturelles Canada, http://atlas.gc.ca/english/quick_maps/index_quickmaps.htm
En juin 2001, les membres du Comité se sont également rendus au Nunavik
(carte 4). En 1975, la
Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ) y a été négociée
entre les Cris de la baie James, les Inuits du Québec, la province de Québec
et le gouvernement du Canada([18]).
Étant la première entente sur une revendication territoriale globale,
la CBJNQ a établi le ton des autres revendications globales et des traités
modernes qui ont suivi et qui ont inclus : l’autonomie gouvernementale,
l’indemnisation financière, la propriété foncière, la participation à un
régime de protection environnementale et sociale et les droits de chasse et de
trappage sur 150 000 kilomètres carrés de terres.
Le
Nunavik (qui signifie « la terre où on s’installe ») est situé
au nord du 55e parallèle. Environ
8 643 Inuits résident dans 15 collectivités sur la côte de la baie
d’Hudson, du détroit d’Hudson, de la baie d’Ungava et de la péninsule Québec/Labrador.
Le Comité conjoint-Chasse, pêche et trappage (CCCPT) est l’organisme
de cogestion responsable de la pêche([19]).
Les terres visées par l’entente sont divisées en trois catégories :
les terres, situées à proximité des collectivités inuites qui fonctionnent
comme des municipalités autonomes, sur lesquelles les Inuits ont des droits
exclusifs de chasse, de pêche et de trappage (catégorie 1); les terres sur
lesquelles ils ont des droits exclusifs de chasse, de pêche et de trappage,
mais qui peuvent être mises en valeur à la discrétion de la province si des
terres de remplacement leur sont offertes (catégorie 2); et les terres sur
lesquelles les Inuits conservent les droits traditionnels de pêche, de chasse
et de trappage, mais qui autrement sont traitées comme des terres publiques par
le gouvernement québécois (catégorie 3).
A.
La santé de l’écosystème du lac Winnipeg
Il est essentiel
d’avoir le soutien de tous les secteurs pour lancer et maintenir ce programme.
Cela nous a beaucoup remonté le moral d’avoir l’oreille du Comité sénatorial
des pêches. Je ne pourrais le dire
assez. – Allan H. Kristofferson,
coordonnateur, Lake Winnipeg Research Consortium, Délibérations du Comité, 2
octobre 2001
...Ces eaux sont de
qualité variable au moment où elles se déversent dans le lac Winnipeg pour se
jeter dans la baie d'Hudson. ... Savons-nous quelles substances s'infiltrent
dans le bassin de ce lac par l'intermédiaire de tous ces cours d'eau?
Quelle influence cela a-t-il sur l'écosystème de la baie d'Hudson?
Nous n'en avons pas la moindre idée. – Arthur J. Hanson, Ambassadeur
des océans, Institut international du développement
durable, Délibérations du Comité, 20 novembre 2001
Malgré la faible densité de population et l’abondance relative de
l’eau douce au Canada, on estime que de nombreux lacs et de nombreuses rivières
sont soumis à un stress environnemental. Au
Manitoba, nous avons beaucoup entendu parler du lac Winnipeg – le plan d’eau
le plus grand et le plus important sur le plan économique à l’ouest des
Grands Lacs et le dixième plus grand lac d’eau douce du monde.
Sa superficie d’environ 23 750 kilomètres carrés est plus
grande que celle du lac Ontario([20]).
Les valeurs économiques et esthétiques du lac Winnipeg sont également
considérables. Elles comprennent :
l’industrie des chalets, du tourisme et des loisirs; la production d’électricité
et des valeurs historiques, culturelles et de subsistance importantes pour les
collectivités autochtones. Le
poisson est une autre source évidente de richesse; le lac soutient la pêche
d’eau douce la plus importante à l’ouest des Grands Lacs.
La valeur au débarquement voisine 15 millions de dollars annuellement et
environ 30 p. 100 du poisson (au poids) livré à l’Office de
commercialisation du poisson d’eau douce provient du lac Winnipeg.
Malgré son importance, peu d’études ont comparativement été exécutées
sur le lac Winnipeg
(tableau 1).
Tableau 1 – Recherches électroniques
utilisant les noms de lacs comme mots clés dans
|
Lac |
|
(1982-mars 2000) |
Sciences
environnementales et gestion de la pollution (1981-mars 2000) |
|
Lac
Ontario |
1 438 |
253 |
1 615 |
|
Lac
Érié |
1 289 |
345 |
1 410 |
|
Lac
Huron |
496 |
72 |
551 |
|
Lac
Michigan |
1 382 |
414 |
1 628 |
|
Lac
Supérieur |
795 |
149 |
820 |
|
Lac
Winnipeg |
53 |
15 |
41 |
Afin
de répondre au besoin urgent de recherche, le Lake Winnipeg Research Consortium (LWRC)
a été formé en août 1998 (et constitué en société en 2001).
Le 10 mai 2000, à Gimli, les membres du Comité ont rencontré
les représentants du Consortium qui ont décrit leurs activités visant à
faciliter la recherche scientifique multidisciplinaire, à encourager le partage
de l’information entre les groupes intéressés et à contribuer à la
coordination des projets de recherche scientifique auxquels participent les
universités, les gouvernements et les intérêts privés.
Les 24 organismes formant le LWRC sont diversifiés et comptent des
chercheurs universitaires, des groupes autochtones, des pêcheurs commerciaux,
des organismes gouvernementaux provinciaux et fédéraux, des sociétés d’État,
l’industrie, les organismes communautaires, les groupes de loisirs et autres.
Le programme du
LWRC est centré sur le bateau Namao de la Garde côtière canadienne
(GCC) dont cette dernière n’a plus eu besoin en 1997 lorsque le Programme
d’aides à la navigation a été attribué à des intérêts privés. Plutôt que de se départir du bateau, la GCC a accepté de
doter le Namao d’un équipage et de le rendre disponible selon le
principe de la récupération des coûts à titre de plateforme de recherche, tâche
qu’il a exécutée en 1994 et en 1996. Le
LWRC a été en mesure de réunir des fonds pour effectuer une croisière de
recherche inaugurale de trois semaines sur le lac Winnipeg en août
1999. Des échantillons d’eau ont
été recueillis dans plusieurs endroits du lac.
Il s’agissait de la recherche la plus complète effectuée depuis 30 ans.
Comme le Namao n’était pas disponible en 2000 et 2001 en raison
de l’entretien nécessaire pour répondre aux normes de sécurité de
Transports Canada, un nombre limité de recherches a été exécuté à partir
de petits bateaux durant ces années. Le
21 septembre 2001, le Consortium a reçu un montant de 326 000 $
dans le cadre de l’Entente de développement économique et régional
Canada-Manitoba. On nous a expliqué
que le financement servirait à couvrir les coûts d’entretien du Namao et
que le LWRC élaborait un plan pour financer et utiliser le Namao pendant
au moins dix semaines par année au cours des trois prochaines années.
La
recherche sur le lac Winnipeg est primordiale compte tenu d’un certain nombre
de tendances inquiétantes. Les
conclusions du LWRC comprennent les suivantes à ce jour : le lac Winnipeg
s’approche d’un état de détérioration qui peut nuire à la durabilité de
l’écosystème; des changements importants sont survenus quant à la
transparence de l’eau, à la composition des espèces biologiques, à la
productivité et à composition chimique des sédiments; le lac est en voie
d’eutrophication (dégradation par l’enrichissement en matières
nutritives), d’une manière similaire aux Grands Lacs inférieurs à la fin
des années 1960; la découverte d’espèces exotiques de zooplancton (Eubosmina
coregoni) indique que les conditions environnementales changent et la récente
invasion d’éperlans de lac pourrait changer la structure de la chaîne
alimentaire du lac. On nous a
expliqué qu’il était urgent de mener des recherches sur les effets de
l’expansion urbaine et agricole et du développement hydroélectrique sur l’écosystème,
et qu’il était nécessaire de mettre en oeuvre un programme de mesures
correctives pour le lac Winnipeg.
Le 21 septembre 2001, les ministres des Pêches
des Prairies ont annoncé la signature d’une version révisée d’un
protocole d’entente portant
sur l’établissement des priorités quant aux activités liées aux sciences
de la pêche dans les provinces des Prairies et l’amélioration des efforts de
collaboration([21]).
Étant donné les pressions financières au chapitre de la recherche sur
les eaux douces, les ministres ont convenu que les priorités scientifiques
devaient être coordonnées, si possible, afin que les programmes scientifiques
les plus efficaces soient appliqués dans chaque province. On a également annoncé la formation d’une équipe fédérale‑provinciale
responsable des sciences de la pêche pour cerner les besoins et les priorités
des organismes dans domaines comme la productivité de l’habitat, la
perturbation, la destruction et la restauration de l’habitat, la présence de
contaminants chimiques dans l’environnement, les espèces exotiques, l’évaluation
des stocks, les questions relatives à la gestion des pêches, les espèces à
risque, l’aquaculture et la santé des poissons.
B.
Questions environnementales transfrontalières dans l’Arctique canadien
Vous avez demandé si le Canada en faisait
suffisamment pour la science au niveau international. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous ne pouvons
pas répondre à tous les coups de téléphone que nous recevons de la part de
partenaires internationaux qui voudraient réaliser des projets avec nous. – Martin Bergmann, directeur, Élaboration du programme des sciences de
l’Arctique, MPO, Délibérations du Comité, 30 octobre 2001
Quand peut-on dire que des recherches
sont suffisantes? Parfois, quand
nous nous rendons dans des localités du Nord et que nous disons à leurs
habitants que nous avons trouvé des contaminants qui viennent de plantations de
bananes situées quelque part en Amérique du Sud, ils ne sont pas contents.
Cependant, lorsque l’on considère l’ensemble de la recherche sur les
contaminants dans l’Arctique, on peut dire que l’on a une bonne image de ce
qui s’y passe dans le cas de certains contaminants importants, comme le
mercure par exemple.– Michael Papst,
Gestionnaire, Division de la recherche arctique, MPO, Délibérations du Comité,
30 octobre 2001
Le
changement climatique est
sur le point d'engendrer de très gros problèmes dans le Nord. – Arthur J.
Hanson, Ambassadeur des océans,
Institut international du développement durable, Délibérations du Comité, 20
novembre 2001
L’impact du réchauffement planétaire sur les écosystèmes, la faune
et les migrations animales dans l’Arctique canadien a été soulevé à
maintes reprises dans les collectivités que nous avons visitées.
Les gens qui ont participé à notre examen ont, à plusieurs reprises,
attiré notre attention sur les faits suivants : le changement climatique
est bien amorcé; les changements futurs se manifesteront sans doute à un
rythme plus rapide; et les conséquences à long terme du réchauffement planétaire
sur les cultures et les économies seront les plus lourdes dans l’Arctique.
On nous a signalé la présence d’animaux et de poissons dans des régions
où ils n’avaient jamais été aperçus auparavant, et que les lignes de côte
changeaient en raison de la fonte des glaces.
Compte tenu de sa population très éparse et de son développement
comparativement faible, c’est peu dire que de suggérer que l’Arctique subit
une part disproportionnelle de ce phénomène mondial. Avec son environnement unique et vulnérable, l’Arctique a
été comparé à un canari dans un puit de mine – un système d’alerte
avancée pour le reste de la planète, en quelque sorte – et, pour cette
raison, on constate un accroissement de l’intérêt international envers cette
région.
Une autre préoccupation majeure était la contamination des aliments
obtenus au moyen de la chasse, du piégeage et de la pêche.
Pour les Autochtones, il s’agit évidemment d’un souci important sur
le plan de la santé puisque les aliments traditionnels (le poisson et les
mammifères marins) constituent une part importante de leur régime alimentaire.
Même si ces aliments ne posent pas de danger immédiat pour la vie
humaine, les risques associés à l’accumulation de contaminants augmentent
tout au long de la vie.
Les polluants organiques persistants (POP) seraient liés au cancer, aux
malformations congénitales et à diverses anomalies héréditaires; de plus,
des niveaux élevés de ces substances ont été constatées dans le lait
maternel. Toutefois, on jugeait que
les répercussions de ne pas consommer les aliments traditionnels, qui sont
vitaux d’un point de vue nutritionnel et culturel, seraient tout aussi graves.
Au cours des 25 dernières années, des études confirment la présence
de pesticides organochlorés (p. ex., le DDT, le toxaphène et le
chlordane) et de composés industriels (p. ex., des PCB – les diphényles
polychlorés) dans les mammifères marins (p. ex., les phoques, les bélugas
et les morses – des animaux aux échelons supérieurs de la chaîne
alimentaire). Certaines toxines
proviendraient d’anciennes installations militaires (d’anciennes stations du
réseau DEW), mais la majorité des composés sont acheminés par les courants
atmosphériques et océaniques vers l’Arctique et proviennent de sources
industrielles et agricoles en Asie, en Europe et en Amérique du Nord.
Les métaux lourds présents dans les chaînes alimentaires du Nord incluraient
le plomb, le cadmium et le mercure (une substance toxique provenant de la nature
et de l’activité humaine). Dans
les Territoires du Nord-Ouest, on nous a signalé que les données sur les
contaminants sont assez bonnes en ce qui concerne les bélugas et les phoques
annelés, mais qu’on en sait moins sur les poissons d’eau douce et
anadromes, et encore moins sur les espèces marines([22]).
Partout dans l’Arctique, on demandait des études additionnelles en vue
de mieux comprendre les effets néfastes possibles des contaminants sur les écosystèmes
et la santé humaine.
Le Rapport de l’évaluation des contaminants dans l’Arctique canadien
est une source d’information importante sur les contaminants –
ce document de 400 pages rend compte des recherches entreprises dans le
cadre du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord (PLCN) entre
les années 1970 et 1997([23]).
Créé en 1991 et administré par le ministère des Affaires indiennes et
du Nord canadien, le PLCN regroupe les trois gouvernements territoriaux, des
organisations autochtones nordiques, des chercheurs universitaires et d’autres
ministères fédéraux. Le rôle
principal du MPO avait trait à la détection; la Division de la recherche sur
l’Arctique recueille des données sur les contaminants en examinant des
animaux et poissons pris par des membres de la collectivité, puis communique
l’information sur les risques possibles pour la santé humaine à Santé
Canada, aux régies de la santé du Nord et aux conseils de cogestion.
Le but du PLCN est de réduire et, dans la mesure du possible, de
supprimer les contaminants dans les aliments traditionnels, ainsi que d’aider
les particuliers et les collectivités à prendre des décisions éclairées au
sujet de leur consommation alimentaire. La
Phase I du PLCN visait à situer les contaminants dans l’Arctique, à déterminer
leurs niveaux et à confirmer leur source régionale.
La Phase II (de 1999-2000 à 2002-2003) met l’accent sur le dialogue et
la participation communautaire (prodiguer des conseils aux collectivités et réduire
leur absorption de contaminants), ainsi que sur la préparation d’ententes
internationales; le PLCN fournit environ 5,4 millions de dollars
annuellement en fonds destinés à la recherche.
Au cours de la dernière décennie, plusieurs initiatives canadiennes se
sont penchées sur les questions environnementales dans le Nord.
Par exemple, on a créé la Commission canadienne des affaires polaires
en 1991, puis désigné un ambassadeur des affaires circumpolaires en 1993.
Plus récemment, en juin 2000, le gouvernement fédéral a adopté Le
volet nordique de la politique étrangère du Canada, dont les objectifs
comprenaient : la préservation de la souveraineté du Canada dans le Nord;
la promotion de la sécurité humaine des habitants du Nord et le développement
durable de l’Arctique; et un engagement renouvelé à protéger le milieu
arctique de la dégradation environnementale et des menaces écologiques
transfrontalières telles que les polluants organiques persistants (POP), le
changement climatique et les déchets nucléaires.
En août 2000, le ministre fédéral de l’Environnement a également
annoncé l’établissement d’un fonds doté de 20 millions de dollars,
administré par la Banque mondiale, pour aider les pays en voie de développement
à réduire leur production de POP.
Étant donné que les changements dans l’environnement et les écosystèmes
de l’Arctique ont des répercussions ailleurs dans le monde, et vice versa, il
y a de plus en plus d’accords et d’instruments internationaux visant à protéger
l’Arctique, que le Canada a paraphés ou appuyés([24]).
La mise en oeuvre de ces engagements est une priorité aux yeux des
habitants du Nord. Le Canada et les
autres pays circumpolaires ont aussi coopéré dans le cadre d’activités de
recherche et de surveillance scientifiques.
Faisant partie de la région circumpolaire, le Canada (principalement le
ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et le ministère
des Affaires indiennes et du Nord canadien) est une participant actif au sein du
Conseil de l’Arctique. Établi en
1996, le Conseil est un forum intergouvernemental, à l’échelon ministériel,
qui se penche sur les préoccupations et problèmes communs aux gouvernements et
aux peuples nordiques de l’Arctique([25]).
Les membres du Conseil sont les États-Unis, le Royaume-Uni, la Norvège,
la Finlande, la Suède, la Russie et la Danemark.
Durant nos visites, plusieurs personnes ont souligné que les Inuits ont
depuis longtemps reconnu les avantages de la coopération multilatérale et du
partage de l’information([26]).
C.
La cogestion dans le cadre des revendications territoriales globales
La cogestion est un
processus conjoint qui réunit les utilisateurs des ressources locales et les
organismes gouvernementaux afin qu’ils puissent partager la responsabilité de
la gestion des ressources locales ou régionales. Il importe de noter que, dans nos décisions de gestion, nous
tenons compte des «connaissances écologiques traditionnelles» des collectivités
autochtones du Canada. – John Cooley, directeur régional du Secteur
des sciences, MPO, Délibérations du Comité, 30 octobre 2001.
Le
milieu marin au Nunavut est ce que sont les terres agricoles dans de nombreux
autres endroits du Canada, à savoir notre source de nourriture et de revenu.
– L’honorable Olayuk Akesuk, ministre du Développement durable,
gouvernement du Nunavut, Délibérations du Comité, 8 mai 2001
Depuis 1975, les accords sur les revendications territoriales comportent
des régimes de partage des pouvoirs et responsabilités entre le gouvernement
et les utilisateurs locaux des ressources, notamment les ressources
halieutiques. Aujourd’hui, la plupart des programmes de gestion des pêches
du MPO sont administrés de concert avec les conseils de cogestion mis sur pied
dans le cadre des accords sur les revendications territoriales (p. ex., le
Conseil des ressources renouvelables gwich’in, le Comité mixte de gestion de
la pêche, le Conseil de gestion de la faune de Nunavut), que le Ministère
estime être des « clients principaux » ou des « partenaires »([27]).
Toutefois, les accords de cogestion – un sujet maintes fois abordé
durant notre séjour dans le Nord – varient de projets à grande échelle
mettant à contribution de nombreux intervenants (organismes gouvernementaux et
organisations autochtones) à des projets coopératifs communautaires, dans
lesquels les agents gouvernementaux collaborent étroitement avec les groupes
d’utilisateurs locaux. La
cogestion communautaire, de son côté, reconnaît les systèmes de gestion
locaux et les connaissances traditionnelles locales, ce qui entraîne fréquemment
de nombreux avantages.
Par exemple, dans les Territoires du Nord-Ouest, les membres du Comité
ont appris le déclin – attribué à la surpêche – des stocks
d’ombles de la rivière Rat (connu sous le nom d’omble « Dolly Varden »).
En coopération avec le MPO, on a mis sur pied un projet de
recherche dans lequel les aînés et les pêcheurs gwich’in aidaient les
biologistes en leur fournissant de l’information sur les déplacements
saisonniers du poisson, son habitat préféré et ses zones de fraie. On a embauché des pêcheurs locaux pour prélever des échantillons
et rassembler une part importante des données biologiques sur le poisson.
Avec cette information, les biologistes se sont concertés avec la
collectivité en vue de concevoir une stratégie de gestion appropriée et
acceptable. En 1997, les membres de
la collectivité ont accepté de réduire leurs prises de moitié.
Dans le Nord, la collecte de données et la surveillance communautaires
sont une composante essentielle de la pêche.
Habituellement, on embauche des membres des collectivités locales à
titre de surveillants des stocks de poissons, qui sont chargés : de
compter, mesurer et peser les poissons; de prélever les otolithes (morceaux
d’os dans l’oreille interne qui révèlent l’âge d’un poisson); et de
consigner le lieu et la date de capture, ainsi que l’effort de pêche.
En plus de générer de l’information utile sur les stocks de poissons,
ce type d’activités donne lieu à d’importantes possibilités de formation
et d’emploi. On
nous a signalé que la surveillance communautaire est particulièrement efficace
si les méthodes de collecte de données peuvent être mises en application
facilement par des pêcheurs et si on recueille des données fiables et précises
sur une longue période. Les
Autochtones sont de plus en plus au fait des possibilités de carrière liées
à la cogestion de la faune et des pêches, et sont à la recherche d’une
formation pertinente. Dans la région des Inuvialuit, on nous a parlé
d’un programme d’encadrement des étudiants, dirigé par le Comité mixte de
gestion de la pêche en collaboration avec le MPO, qui encourage les jeunes
Inuvialuit à poursuivre leurs études afin de devenir, un jour, les chercheurs
et les gestionnaires des ressources de la région.
Il est révélateur que les régimes de cogestion en place tâchent
d’atténuer les différences culturelles entre les utilisateurs locaux et les
gestionnaires des pêches. Pour
atteindre cet objectif, on s’engage à adopter une prise de décision par
consensus et on combine les connaissances écologiques traditionnelles (CET)
locales des Autochtones avec les techniques de recherche et de gestion
scientifiques occidentales de manière à améliorer la gestion des ressources.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, les témoins ont souligné le fait
que la politique du gouvernement territorial reconnaît officiellement les CET
à titre de source valide et indispensable d’information pour la gestion([28]).
Essentiellement, la cogestion dans le Nord repose sur le principe que le
gouvernement partage le pouvoir décisionnel avec les pêcheurs locaux d’une région
géographique donnée, en échange de leurs connaissances, de leur coopération
et de leur aide dans la gestion des ressources.
En déléguant des pouvoirs aux administrations locales, les autorités
gouvernementales s’assurent non seulement d’une observation accrue des règlements,
mais aussi d’une amélioration de la collecte de données et des connaissances
sur les stocks de poissons.
Désignée sous divers noms – « intendance mixte »,
« intendance partagée », « partenariat » ou « gestion
mixte » – la cogestion est une démarche consensuelle et, à ce
titre, elle exige : un engagement et un investissement considérables sur
le plan du temps, de manière à tenir compte des différentes visions du monde;
de nombreuses consultations, si bien qu’il faut plus de temps pour en arriver
à une décision. Dans le Nord,
plusieurs personnes ont également souligné que, en raison de la vaste étendue
de la région, les communications efficaces sont difficiles et les coûts de la
recherche, plus élevés. Dans
l’est et l’ouest de l’Arctique, certains ont commenté que
l’insuffisance de personnel au MPO était critique, si bien que le Ministère
arrivait difficilement à respecter ses responsabilités à titre de
cogestionnaire. Par exemple, nous
avons appris qu’il n’y avait qu’un seul agent de surveillance dans toute
la région des Inuvialuit.
Au Nunavut, on a attribué l’inadéquation de la capacité
administrative dans le Territoire au fait que la plupart des activités liées
aux pêches sont coordonnées soit à partir de la région du Centre et de
l’Arctique à Winnipeg, soit au bureau régional du MPO à St. John’s
(Terre-Neuve-et-Labrador), si bien qu’il est difficile de prendre des décisions
en fonction des meilleurs intérêts du Territoire.
Dans le sud, un élément clé du plan stratégique du MPO pour les régions
de l’Atlantique et du Pacifique est la réduction de sa participation à la
gestion des pêches commerciales, au profit de la cogestion.
On s’intéresse davantage à la cogestion à titre de solution de
rechange à la propriété des droits de pêche (c’est-à-dire les permis à
contingent individuel) dans les pêches commerciales marines de taille beaucoup
plus importante([29]).
Cette idée gagne rapidement de nouveaux adeptes et il s’agit d’un
principe appuyé par notre Comité tout au long des années 1990.
Toutefois, de nombreuses personnes se méfient des intentions du MPO;
elles craignent que la cogestion soit pour le Ministère une façon commode de
transférer les coûts de la gestion aux utilisateurs de la ressource([30]).
Il convient de noter que, en mai 1999, le MPO a lancé une Révision de
la politique sur les pêches de l’Atlantique (RPPA), la première révision de
ce type en vingt ans. Au début de
2001, on a tenu une ronde de consultations publiques avec des intervenants de
l’industrie (dans les provinces de l’Atlantique, au Québec et au Nunavut)
sur les objectifs et les principes esquissés dans le document de travail du MPO
(La gestion des pêches sur la côte Atlantique du Canada : Document
de travail sur l’orientation et les principes stratégiques). Dans un
proche avenir, le MPO prévoit publier une nouvelle politique-cadre qui définira
les objectifs et les principes qui guideront la gestion des pêches sur la côte
Atlantique à long terme. Entre autres, le document de travail de la RPPA
affirme que : le MPO n’a pas
les ressources requises pour réglementer et surveiller chaque activité de pêche
et l’élaboration de structures pour une cogestion efficace aux niveaux local
et régional est une priorité évidente. On
suggère un régime de cogestion élargi. La
cogestion est définie comme suit : « le partage de l’autorité et
de la responsabilité liées à la gestion des pêches, et de l’obligation de
répondre des résultats, entre le MPO et les utilisateurs de la ressource ».
Si l’on se fie aux témoignages des habitants du Nord, la cogestion et
la gestion communautaire des pêches et de la faune bénéficient d’un vaste
soutien. Bien que le cadre et les
circonstances soient propres aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, la
cogestion – telle que pratiquée par les pêches à petite échelle dans
le cadre des règlements de revendication territoriale – semble bien
fonctionner, d’une part, comme moyen de répondre aux besoins et aux priorités
des collectivités locales et, d’autre part, comme moyen de partager la prise
de décisions.
D.
Le développement durable dans le Nord
Si
nous voulons changer l’image que The Globe and Mail et le Ottawa Citizen se
font de nous - c’est-à-dire un État sous assistance sociale que fait vivre
le reste du Canada, ce qui n’est pas une image exacte, soit dit en passant, il
nous faut une entente de développement économique. – Peter
Ittinuar, sous-ministre adjoint, ministère du Développement durable,
gouvernement du Nunavut, Délibérations du Comité, 8 mai 2001
Au
cours des prochains mois, nous devrons nous pencher sur le problème du pétrole
et du gaz du Nord, parce qu’il faudra régler la question de la sécurité énergétique
aux États-Unis et au Canada. Nous
devrons parler de la mer de Beaufort, de la vallée du MacKenzie et des projets
de Foothills Pipeline. Nous ne
savons pas exactement quelle sera la voie choisie, mais nous savons que
l’industrie devra prendre ses décisions et qu’elles auront des répercussions
dans le Nord. ... Nous devons veiller à protéger ces ressources dans le Nord.
Nous sommes en train de nous y préparer. Comme
je l’ai déjà mentionné, nous avons environ 128 employés dans les trois
provinces des Prairies. Nous avons
demandé à nos bureaux régionaux d’envoyer du personnel dans le Nord à
cause de l’augmentation de la demande. – Paul
Cuillerier, directeur général, Gestion de l’habitat et des sciences de
l’environnement, MPO, Délibérations du Comité, 16 octobre 2001
Le projet est propre à notre collectivité pour l’instant, bien
qu’il puisse avoir d’autres répercussions par la suite pour tout le Nord.
… Y a-t-il d’autres collectivités intéressées? Oui. – Allen Gordon, président,
Nayumivik Landholding Corporation (Nunavik), Délibérations du Comité, 23 octobre
2001
Sur le plan démographique, le trait le plus frappant de la population
autochtone dans le Nord est sa jeunesse – environ la moitié de la
population a moins de 25 ans, ce qui laisse présager un besoin accru de créer
des emplois dans une région où le chômage est beaucoup, beaucoup plus élevé
que dans le reste du pays. Le chômage
aggrave les problèmes sociaux, y compris les taux élevés de suicide chez les
jeunes.
Il y a de nombreux défis, dont le nombre croissant de personnes qui dépendront
des ressources renouvelables. Au
Nunavut, par exemple, les personnes que nous avons rencontrées ont souligné
que la population devrait doubler au cours des vingt prochaines années. Partout
dans le Nord, il y avait un vif intérêt à l’égard du développement
d’une économie fondée sur les ressources renouvelables, dont les pêches,
tout en préservant la récolte de subsistance.
On estimait que le tourisme faunique et les pêches : sont
compatibles avec les cultures et les modes de vie des Autochtones du Nord;
comportent un potentiel immense et dans une large mesure inexploité; et représentent
une avenue de développement économique pour l’avenir.
Dans le Nord, les pêches sont synonymes d’emplois.
Comparativement aux normes nationales, les collectivités du Nord possèdent
des infrastructures matérielles très modestes.
Un trait important de l’économie est son mélange d’activités de
subsistance traditionnelles (la récolte), d’emplois rémunérés (la plus
grande proportion du revenu salarial provient des emplois gouvernementaux
directs et indirects), de secteur privé (les secteurs de l’exploitation minière
et des hydrocarbures) et de paiements de transfert.
De manière générale, le développement durable fait face à de
nombreux défis uniques : la répartition inégale des possibilités économiques;
le coût élevé du transport, de l’énergie et des communications; l’éloignement
des marchés potentiels; et une faible population dotée de peu de compétences
industrielles et d’une éducation formelle inadéquate.
L’insuffisance de l’infrastructure des transports est un autre problème.
Par exemple, au Nunavut, où il n’y a pas d’installations portuaires
à eau profonde ou de ports pour petits bateaux, et qui compte seulement une
installation de transformation (à Pangnirtung), les gens ont beaucoup parlé de
l’importance d’une infrastructure améliorée, particulièrement des
installations portuaires et de quais.
Le manque de capital était un thème qui revenait souvent.
En juillet, les membres du Comité ont visité une installation
d’emballage sur le rivage du Grand lac des esclaves à Wool Bay, dans les
Territoires du Nord-Ouest. Là-bas,
on s’inquiétait des coûts de démarrage élevés qui font en sorte qu’il
est difficile pour les jeunes de se lancer dans l’industrie des pêches.
De manière générale, les intervenants estimaient qu’il fallait des
initiatives en matière de soutien financier et de politique pour stimuler le développement
et réaliser le potentiel des pêches.
Le Nord canadien a subi d’énormes changements au fil des ans.
Plusieurs participants ont évoqué les campagnes internationales contre
la chasse, le piégeage et la commercialisation des produits de la faune.
Ces campagnes ont créé de manière injuste des barrières à la
commercialisation des produits traditionnels nordiques et ont eu des répercussions
économiques perturbatrices et dévastatrices sur les habitants du Nord et les
Autochtones qui comptaient sur la chasse aux phoques et la traite de pelleteries
pour gagner leurs vies. L’avenir réserve probablement des changements encore plus
importants. Il y aura des décisions
difficiles à prendre au sujet de l’équilibre entre les nouvelles possibilités
économiques (p. ex., l’exploration pétrolière, l’exploitation minière
et le tourisme) et le maintien des valeurs et des modes de vie traditionnels.
Compte tenu de la vulnérabilité et de la fragilité de l’écosystème
arctique, et étant donné que cet écosystème se rétablit plus lentement des
impacts de l’activité industrielle et humaine, le principe du « développement
durable » est plus qu’un principe à la mode pour les gens du Nord.
Pour les Inuits, l’enjeu du développement durable est la survie économique
et sociale.
On estime que les eaux nordiques sont particulièrement vulnérables à
la pollution parce que le climat froid ralentit les processus chimiques et
biologiques qui permettent à l’écosystème de se rétablir.
Au sujet du Programme de gestion de l’habitat du poisson du MPO dans la
région, le Ministère a convenu que sa présence dans le Nord est limitée,
mais a indiqué que la situation allait changer sous peu :
Au
cours des prochains mois, nous devrons nous pencher sur le problème du pétrole
et du gaz du Nord, parce qu’il faudra régler la question de la sécurité énergétique
aux États-Unis et au Canada. Nous
devrons parler de la mer de Beaufort, de la vallée du MacKenzie et des projets
de Foothills Pipeline. Nous ne
savons pas exactement quelle sera la voie choisie, mais nous savons que
l’industrie devra prendre ses décisions et qu’elles auront des répercussions
dans le Nord. ... Nous devons veiller à protéger ces ressources dans le Nord.
Nous sommes en train de nous y préparer. Comme
je l’ai déjà mentionné, nous avons environ 128 employés dans les trois
provinces des Prairies. Nous avons
demandé à nos bureaux régionaux d’envoyer du personnel dans le Nord à
cause de l’augmentation de la demande. – Paul
Cuillerier, directeur général, Gestion de l’habitat et des sciences de
l’environnement, MPO, Délibérations du Comité, 16 octobre 2001.
En mai 2001, le ministre du Développement durable du Nunavut a témoigné
devant le Comité et souligné que les politiques fédérales étaient loin
d’aider le Territoire à atteindre ses objectifs sur le plan des pêches.
Il a affirmé que : le Nunavut n’obtenait pas sa part équitable
de la pêche adjacente du poisson de fond; le MPO a décidé que le Nunavut n’était
pas admissible au Programme de transfert des allocations dans le cadre de la
Stratégie sur les pêches autochtones([31])
(même si l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut précise
que l’accord n’affecte aucunement l’aptitude des Inuits à participer aux
programmes gouvernementaux destinés aux Inuits ou aux peuples autochtones); et
le Territoire n’avait bénéficié ni du programme des ports pour petits
bateaux du MPO, ni des programmes administrés par le ministère du Développement
des ressources humaines qui appuient le renforcement des capacités et
l’acquisition de nouvelles aptitudes chez les pêcheurs de l’Atlantique.
Selon le Ministre : il se peut que les pêcheurs du Nunavut soient
le seul groupe du secteur de la pêche marine au Canada ayant été « entièrement
exclu » des dépenses publiques dont ont bénéficié les autres régions
de l’Atlantique; il fallait investir dans l’infrastructure en vue de jeter
les bases de l’économie nordique et de permettre au Nord de rattraper le
reste du Canada; et les trois territoires du Nord étaient les seuls au Canada
à ne pas avoir d’entente de développement économique (EDE) avec le
gouvernement fédéral([32]).
À l’échelon communautaire, les membres du Comité ont pris
connaissance de projets relativement petits qui pourraient favoriser le développement
dans le Nord.
En juin 2001, un groupe restreint de membres du Comité se sont rendus à
Nunavik (le Nord québécois) et ont visité la première échelle à poissons
(ou passe migratoire) dans l’Arctique. On
nous a expliqué un phénomène appelé « soulèvement postglaciaire »([33]), qui crée parfois des barrières ou des obstacles
physiques (p. ex., des chutes d’eau ou une réduction de l’écoulement
de l’eau) qui nuisent à la migration des poissons anadromes qui durant l’été
migrent vers la mer et y passent l’hiver, pour ensuite revenir dans les eaux
douces au printemps pour s’y reproduire([34]). En 1999,
sur la rivière Nepihjee, près de la ville de Kuujjuaq, on a bâti une passe
migratoire comportant une série de petites chutes qui permettent aux poissons
de remonter le cours d’eau. À
l’aide d’explosifs, on a taillé un passage pour contourner deux chutes
d’eau auparavant insurmontables – l’une de neuf pieds, l’autre de six
pieds – qui s’écoulent
dans la baie d’Ungava. Avant les travaux sur le site, des études avaient révélé
que le touladi (un important poisson comestible dans cette région) était
impropre à la consommation humaine à cause de la contamination au mercure –
un problème, nous a-t-on dit, qui n’avait jamais été associé à l’omble
chevalier anadrome dans la région. Il
convient également de souligner que l’omble chevalier anadrome([35]) retourne habituellement à son cours d’eau natal
chaque année, mais remonte parfois un cours d’eau différent([36]). À cet
égard, le comportement de ce poisson est différent de celui du saumon de
l’Atlantique – son cousin salmonidé.
De plus, l’omble chevalier grandit plus lentement; il faut attendre
quelques années avant que le poisson soit suffisamment mûr pour frayer ou
suffisamment gros pour être pris, si bien que les retombées pour une écloserie
ne se manifesteront pas avant un certain délai (le poisson atteint sa maturité
sexuelle à l’âge de sept ou huit ans).
L’objectif du projet de passage migratoire était d’établir
l’omble chevalier dans une zone où il n’y avait pas de stocks résidents
et, ainsi, d’augmenter les aliments traditionnels à la disposition de la
population croissante de Kuujjuaq. Pour
stimuler cette augmentation des stocks, on élève aussi des poissons juvéniles
dans une écloserie installée dans l’ancienne usine de traitement des eaux de
la collectivité. Les oeufs
proviennent de Finger Lakes (une région se trouvant à environ 85 milles de
Kuujjuaq), près du village de Tasiujaq, avec l’autorisation de cette
collectivité et à la condition que les oeufs ou le frai ne seront pas envoyés
ailleurs([37]). Les
poissons femelles ne sont pas sélectionnées en fonction d’une caractéristique
ou d’un trait particulier, et les gestionnaires du projet espèrent que, avec
le temps, la production d’œufs sera autosuffisante.
Des témoins ont affirmé que : l’omble chevalier (et d’autres
espèces, telles que l’omble de fontaine et le corégone) avait commencé à
utiliser le passage migratoire quelques heures seulement après sa construction;
la rivière Nephijee pourrait probablement accueillir une remontée très
importante d’ombles chevaliers, étant donné la grande surface de ses lacs;
et, une fois les besoins de subsistance satisfaits, la remontée pourrait un
jour permettre une pêche récréative ou commerciale.
Pour les gens de Kuujjuaq, on a évoqué d’autres avantages : une
exposition réduite à l’empoisonnement par le mercure; et la possibilité de
mettre en pratique les techniques de récolte traditionnelles.
On nous a signalé que : d’autres lacs et rivières pourraient, de
la même façon, être reliés à nouveau à la mer; et, grâce à des écloseries
élargies, on pourrait également accroître les populations de poisson.
On estimait aussi qu’il serait possible d’augmenter les stocks de
saumons de l’Atlantique, car on pourrait augmenter de moitié de l’habitat
potentiel de fraie et d’élevage du saumon, en construisant un autre passage
migratoire (au dessus des chutes Limestone).
Bref, il existe des possibilités d’améliorer les stocks de poissons
anadromes de manière à combler les besoins de subsistance de la population
croissante de Nunavik. D’autres collectivités du Nunavik se disaient intéressées
à entreprendre des projets similaires.
E.
La recherche scientifique dans le Nord
Les
Canadiens ont appris au cours des dernières années le prix à payer pour des
mesures non fondées en science et pour la surpêche. Nous ne voulons pas répéter ces erreurs dans la gestion de
nos stocks adjacents étant donné que leur importance est encore largement
inconnue. ... Les Canadiens s’attendent à ce que nous récoltions notre
ressource d’une manière durable. – L’honorable
Olayuk Akesuk, ministre du Développement durable, gouvernement du Nunavut, Délibérations
du Comité, 8 mai 2001
Travailler
dans l’Arctique présente de nombreux défis pour nos chercheurs.
Souvent, il est difficile et onéreux d’accéder aux sites d’étude
du fait de leur éloignement et de l’absence d’infrastructures, telles que
routes et aéroports. Nos agents doivent rester sur place, loin de leurs familles,
pendant de longues périodes, et leurs conditions de travail laissent souvent à
désirer. Le travail est dur, long
et, dans certains cas, à la fois dangereux et stressant, mais nous avons une équipe
de professionnels pleins d’enthousiasme et désireux de relever ce défi.– John Cooley, directeur régional du Secteur des
sciences, MPO, Délibérations du Comité, le 30 octobre 2001
L’Arctique a un environnement fragile, à faible productivité, mais
qui soutient néanmoins diverses espèces dulcicoles et marines.
Le MPO fait face à plusieurs difficultés dans la région sur les plans
de la science et de la recherche, notamment en ce qui touche les coûts des
programmes. Le travail dans
l’Arctique est très coûteux; on nous a indiqué que les coûts de la
dotation en personnel sont deux fois plus élevés que dans le sud.
En juillet 2000, un certain nombre de préoccupations au sujet de la
situation de la recherche au Canada ont été portées à notre attention.
En septembre de la même année, le Conseil de recherches en sciences
naturelles et en génie (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines
(CRSH) ont conjointement mis sur pied un Groupe de travail sur la recherche
nordique. Le Groupe de travail a
constaté que la recherche canadienne était en crise et a averti que, si aucune
mesure n’était prise, le Canada ne pourrait répondre à ses obligations
internationales en matière de sciences et de recherche ou contribuer à des
questions d’importance mondiale; il ne pourrait non plus satisfaire à ses
obligations nationales fondamentales de surveiller, de gérer et de protéger
l’environnement du Nord, ni faire face aux nouveaux enjeux sociaux([38]).
En octobre 2001, on nous a signalé que le programme des sciences de
l’Arctique du MPO tentait d’obtenir un brise-glace dont la Garde côtière
canadienne n’a plus besoin([39]).
De nombreuses raisons justifient l’acquisition d’un navire réservé
aux activités de recherche scientifique dans l’Arctique : la demande
accrue de travaux scientifiques sur l’Arctique au Canada et parmi les autres
nations polaires; l’information dont le Canada pourrait tirer parti dans ses
efforts de conservation; l’énorme demande internationale de plateformes de
recherches permettant de travailler en toute sécurité dans l’Arctique; et
les nombreux partenaires (p. ex., les organismes nordiques, les universités
et les autres gouvernements) qui sont prêts à s’associer à une telle
initiative.
L’effort de recherche dans le Nord canadien est multiple. Par exemple, un des objectifs principaux de la recherche au
MPO est l’élaboration et la mise en application de nouvelles méthodes d’évaluation
des stocks misant sur les profils d’ADN pour distinguer les populations
animales, ainsi que l’utilisation de marqueurs permettant de suivre à
l’aide de satellites les déplacements des animaux marins, tels que les
baleines. La plupart de ces activités
découlent directement des besoins des conseils de cogestion. Une partie importante de la recherche est financée
directement par ces conseils et la recherche n’est plus réalisée
exclusivement par des chercheurs du sud du pays; l’apport des Autochtones,
fondé sur leurs connaissances et leur expérience, est un élément fondamental
du processus de la recherche.
Plusieurs habitants du Nord ont parlé des avantages de connaissances écologiques
traditionnelles (CET). Selon eux,
les TEC : ont amélioré notre compréhension de diverses espèces; se sont
avérées utiles pour orienter la recherche scientifique moderne; et ont donné
lieu à une meilleure observation des plans de gestion.
Il s’agit d’avantages importants et appréciés dans de nombreuses régions
du Nord. Prenons comme exemple la récolte
de bélugas au Nunavik – où la chasse est réglementée au moyen d’une
combinaison de saisons supervisées, de clôtures et de contingents par village.
Il est vital que les chasseurs observent la réglementation; des trois
stocks visés par la chasse, un stock (celui de la baie d’Ungava) est classé
« en voie de disparition » depuis 1988 et une deuxième population
(le stock de l’est de la baie d’Hudson) est « menacée ».
Dans la mer de Beaufort – où les bélugas ne sont pas menacés –
le MPO, avec l’appui d’organisations autochtones (p. ex., le Comité
mixte de gestion de la pêche des Inuvialuit), effectue des recherches et des
consultations en vue de créer une aire protégée marine (APM), dans le cadre
du plan de gestion. Partout dans le
Nord, on a rappelé aux membres du Comité que la Loi
sur les océans (1997) était la première loi fédérale qui confie à un
ministère ou organisme fédéral la responsabilité d’examiner et
d’utiliser les CET([40]).
Au Nunavut, le Conseil de gestion de la faune a deux programmes de
financement de la recherche : le fonds de recherche sur la faune du Nunavut([41]),
qui appuie les projets de recherche sur la faune menés par des organismes
gouvernementaux; et un programme de financement destiné aux organisations non
gouvernementales, telles que les associations de chasseurs et de trappeurs. Le Conseil a présenté aux membres du Comité un exposé sur
son étude de la récolte au Nunavut,
pour laquelle on recueille des données depuis 1996. Des observateurs sur le terrain recueillent de
l’information mensuelle sur la faune récoltée par les Inuits à l’échelle
du Territoire; la base de données ainsi créée permettra d’établir le
niveau des besoins fondamentaux des Inuits et servira d’outil dans la prise de
décisions. Une autre étude
(quinquennale) parrainée par le Conseil de gestion –
l’étude des connaissances des Inuits liées à la baleine boréale –
publiée quelques semaines avant notre visite, consigne les connaissances, les
observations et l’expérience historique des chasseurs inuits.
Au sujet de la baleine boréale, on nous a signalé que : la
population augmente après avoir été décimée par la pêche commerciale au siècle
dernier; et il faut maintenir une chasse restreinte pour assurer que les
connaissances et les habiletés des Inuits liées à la chasse à la baleine boréale
soient communiquées aux générations futures.
À Inuvik, qui se trouve à l’intérieur de la région des Inuvialuit,
divers projets parrainés par le Conseil mixte de gestion de la pêche (CMGP)
nous ont également impressionnés. Il
s’agit notamment d’une étude sur la reproduction des bélugas de la
mer de Beaufort, d’une étude sur la situation et les déplacements des
phoques annelés, et de programmes qui observent l’omble chevalier et le corégone
de la rivière Mackenzie. On nous a
fait part d’une étude sur la récolte – des observateurs sur le
terrain recueillent des données et de l’information auprès de chasseurs et
de pêcheurs dans six collectivités inuvialuit – qui est importante dans
la mesure où : elle contribue à déterminer les besoins des Inuvialuit
sur le plan de la pêche et de la chasse; elle permet de prendre des décisions
éclairées en vue de protéger et de préserver la faune pour les générations
futures; et elle fournit de l’information permettant de justifier les
indemnisations pour la perte de récoltes et de revenus à la suite de projets
de développement.
Dans la région des Gwich’in, le Conseil des ressources renouvelables
appuie aussi la recherche au moyen de son fonds des études sur la faune.
Entre autres, nous avons appris que : l’accord sur les
revendications territoriales prévoyait une étude sur les récoltes
quinquennale en vue de déterminer les besoins annuels minimaux en matière
d’alimentation des ménages gwich’in; le potentiel économique de camps de pêche
récréative sur les lacs intérieurs (pour la truite et le grand brochet) était
intéressant; chaque projet de recherche et plan de gestion tient compte des
connaissances écologiques traditionnelles; et un projet sur les connaissances
traditionnelles des Gwich’in a abouti à la publication d’un livre (Gwich’in
Words About the Land). Au
moment de notre visite, on achevait la rédaction d’un deuxième livre.
Dans l’ouest de l’Arctique, le développement
industriel du bassin de la rivière Mackenzie suscitait de nombreuses discussions.
La rivière Mackenzie est le douzième plus important bassin versant au
monde et s’étend jusqu’aux provinces plus populeuses de l’Alberta et de
la Colombie-Britannique, s’écoulant vers le Nord dans la mer de Beaufort,
dans l’ouest de l’Arctique. Dans
ce cours d’eau commun, d’importantes espèces de poisson : migrent vers
les réseaux riverains pour s’y reproduire; sont vulnérables à la surpêche
tout le long de leur passage migratoire; et font l’objet d’une gestion coopérative
des bénéficiaires des revendications territoriales dans la région.
Au sujet de la rivière Mackenzie, on a fait valoir les points suivants :
les effets cumulatifs du développement en amont (au
sud) se manifestent en aval, où habitent des populations moins nombreuses, dont
une partie importante est autochtone; les activités et projets de développement
à grande échelle (p. ex., ceux liés à l’exploitation des réserves
d’hydrocarbures, des gisements minéraux et du potentiel hydroélectrique)
auront probablement une incidence sur la ressource halieutique;
la conservation repose sur la concertation des divers intérêts; et le Conseil
d’examen des répercussions environnementales de la vallée du Mackenzie réalise
les analyses et évaluations environnementales dans la région.
Pour ce qui est de la création de nouvelles pêches commerciales, les
eaux marines au large de l’île de Baffin semblent avoir le meilleur
potentiel, mais on a signalé aux membres du Comité que : on dispose de peu
d’information scientifique sur les espèces telles que le crabe des neiges,
l’oursin vert, la mye, le flétan noir, la crevette et les plantes marines; et
il y a peu d’activités expérimentales et exploratoires dans cette vaste région,
même si le Nunavut et le ministre fédéral des Pêches ont signé un PE sur le
développement des pêches émergentes en août 2000([42]).
Dans l’ouest de l’Arctique, on nous a indiqué que l’exploitation
commerciale du hareng est envisagée, mais que les gens hésitent en raison du
manque de données sur l’abondance des stocks et parce que le hareng est une
source d’alimentation pour les bélugas.
Une autre question souvent évoquée par nos interlocuteurs du Nord est
la gestion de l’omble chevalier – un élément vital du régime de
subsistance des Autochtones et une espèce faisant l’objet d’une pêche
commerciale et récréative restreinte. Dans
certaines régions, seul le caribou contribue davantage au régime autochtone
que l’omble chevalier. Dans
l’ensemble, les particuliers et les groupes ont signalé que les besoins de
subsistance d’une population croissante et les exigences des pêches
commerciale et récréative exerceraient une pression accrue sur l’omble
chevalier, un poisson vulnérable à la surpêche en raison de la lenteur de sa
croissance. Au Nunavik, il se peut que les stocks d’ombles chevaliers soient
en difficulté, mais il y a eu très peu de recherches jusqu’à présent.
Certains ont demandé de nouvelles études en vue d’examiner la
possibilité d’accroître les stocks grâce au rétablissement des cours
d’eau ou à l’élevage dans des écloseries.
En somme, les participants à nos discussions : ont souligné
l’importance de disposer d’une information fiable pour assurer la
conservation et éviter le risque d’une surpêche; ont demandé vivement la réalisation
de nouvelles études scientifiques sur les espèces nordiques (p. ex., pour
déterminer la distribution, l’abondance et la structure par âge des stocks
de poissons et mammifères marins nordiques); ont fait valoir que
l’information scientifique sur les stocks de poissons et de mammifères marins
est souvent limitée, sinon inexistante; ont avancé que la recherche est
d’autant plus importante en raison de la productivité biologique relativement
faible des écosystèmes nordiques; et ont affirmé que de nouvelles recherches
seront nécessaires si l’on veut minimiser les impacts du développement et
assurer le développement durable des pêches.
F.
Stocks de flétans noirs contigus au Nunavut
J’aimerais
répondre en partie à la question que le sénateur nous a posée sur les alliés.
Je ne nommerai aucune province. Nous
n’avons pas d’alliés. De fait,
c’est le contraire, pour des raisons évidentes.
– Peter Ittinuar, sous-ministre adjoint, ministère du Développement durable,
gouvernement du Nunavut, Délibérations du Comité, 8 mai 2001
L’un des secteurs où il existe réellement un
potentiel de croissance est celui des pêches.
Je n’avais pas vraiment réalisé cela, même si ... j’avais déjà
acquis une certaine expérience des Affaires du Nord il y a très longtemps. – Arthur Kroeger, président du Groupe indépendant sur les critères
d’accès, Révision de la politique sur les pêches de l’Atlantique, Délibérations
du Comité, 6 novembre 2001
Notre
territoire n’existe que depuis deux ans.
Les décisions qui ont été prises dans le passé n’étaient peut-être
pas toujours au mieux de nos intérêts. Nous
sommes arrivés avec un certain retard. Avec
l’effondrement de la pêche à la morue du Nord, il y a beaucoup d’activité
dans le Nord. Et cette activité a commencé avant que nous ayons eu la
chance d’y participer et les décisions ont souvent été prises sans notre
implication et sans qu’on en soit informés. – Carey
Bonnell, directeur, Pêches, ministère du Développement durable, gouvernement
du Nunavut, Délibérations du Comité, 8 mai 2001
Une question d’importance majeure au Nunavut est la portion beaucoup
trop limitée du quota global pour le flétan noir (aussi appelé flétan du
Groenland) qui est attribuée à ce territoire dans la pêche pratiquée dans le
détroit de Davis, en comparaison avec la quantité de poisson allouée par le
MPO aux pêcheurs du sud([43]).
La pêche du flétan noir chez les Inuits est relativement récente, la pêche
commerciale ayant débuté en 1986.
La discussion portait principalement sur le principe de la « contiguïté »,
une politique d’allocation des ressources halieutiques qui, au Canada,
signifie généralement que les pêcheurs qui résident près de la ressource
devraient avoir un accès prioritaire à celle-ci([44]).
La contiguïté est une notion très politique, comme le montre le tollé
soulevé à Terre-Neuve-et-Labrador par l’allocation de 1 500 tonnes
de crevettes à des entreprises de pêche de l’île-du-Prince-Édouard à l’été
2000. À l’époque,
Terre-Neuve-et-Labrador avait évoqué la « politique de la contiguïté »
du gouvernement fédéral qui prévoit que les pêcheurs vivant dans une région
contiguë à un territoire de pêche donné devraient pouvoir capturer le
poisson qui s’y trouve, ou à tout le moins avoir la priorité pour cette pêche.
Aux fins de la gestion des pêches, l’Organisation des pêches de
l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO) divise en plusieurs sous-zones la partie de
l’océan Atlantique immédiatement au large de la côte est du Canada.
La sous-zone 0, située dans le détroit de Davis, au large de l’île
Baffin, est administrée par le Canada (la sous-zone 1, le long de la côte
ouest du Groenland, est administrée par ce pays).
L’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut divise à son
tour la sous-zone 0 en deux parties. La
première partie, la région du Nunavut, comprend la zone de 12 milles
marins contiguë à la côte du Nunavut (à l’est des îles Baffin et
Ellesmere). Le Conseil de gestion
des ressources fauniques du Nunavut est le principal responsable de ce
territoire. L’autre partie, la
zone 1, est la région à l’intérieur de la limite canadienne des 200 milles
(la sous-zone 0) moins la région du Nunavut de 12 milles([45]).
Dans la zone 1, c’est le ministre des Pêches et des Océans qui gère
les pêches. Cependant, il doit
considérer l’avis du CGRFN dans les décisions qui influent sur les droits et
les possibilités de pêche des Inuits dans les zones marines du Nunavut([46]).
L’Accord sur les revendications territoriales de 1993 entre les Inuits
du Nunavut et le gouvernement du Canada précise que les dispositions de
l’Accord l’emportent sur les dispositions incompatibles de toute loi fédérale.
Or, l’Accord reconnaît le principe de la contiguïté à l’article
15.3.7 :
Le
gouvernement reconnaît l’importance du principe de la contiguïté aux
ressources marines des collectivités de la région du Nunavut et du principe de
la dépendance économique des collectivités à l’égard de ces ressources;
il accorde une attention spéciale à ces facteurs lorsqu’il attribue les
permis de pêche commerciale dans les zones I et II.
On entend par contiguïté le fait qu’une collectivité est contiguë
à la zone en question ou qu’elle se trouve à une distance géographique
raisonnable de celle-ci. Ces principes sont appliqués d’une manière propre à
favoriser une répartition équitable des permis entre les résidants de la région
du Nunavut et les autres résidants du Canada, ainsi que d’une manière
compatible avec les obligations intergouvernementales du gouvernement du Canada([47]).
En avril 1997, le ministre des Pêches et des Océans a annoncé une
augmentation du total autorisé des captures (TAC) pour le flétan noir de 1 100
tonnes([48]).
De cette quantité, les Inuits du Nunavut ont reçu 100 tonnes, ce qui réduisait
leur part du TAC de 27 p. 100 à 24 p. 100, alors que celle
des pêcheurs du Labrador et du Nord du Québec passait de 27 p. 100
à 32 p. 100([49]).
La décision du Ministre a par la suite été portée devant la Cour fédérale
du Canada (Nunavut Tunngavik Inc. c.
Canada (ministre des Pêches et des Océans))([50]).
La Cour a statué que les faits entendus permettaient de conclure de manière
raisonnable que le Ministre n’avait pas accordé une attention spéciale aux
principes de la contiguïté et de la dépendance économique des Inuits du
Nunavut. Par conséquent, la Cour a
renvoyé l’affaire au Ministre pour qu’il la reconsidère.
Le même jour, le Ministre a porté la cause en appel devant de la Cour
d’appel fédérale. Après avoir
réexaminé le dossier, le Ministre a accordé les mêmes allocations pour 1997
que celles qu’il avait accordées pour la saison de pêche 1996.
En septembre 1997, Nunavut Tunngavik Inc. a présenté une autre requête
en révision à la Cour fédérale, contestant la reprise des allocations par le
Ministre. Cette fois, la Cour a
statué que le Ministre avait tenu compte des considérations spéciales prévues
dans l’Accord définif du Nunavut et que l’allocation de flétan noir n’était
pas inéquitable. En juin 1998, le
Ministre a reconduit les allocations de 1997 pour la période 1998-2002, mais a
accordé au Nunavut 50 p. 100 de toute augmentation future du TAC (supérieure
au niveau fixé pour 1998). Nunavut
Tunngavik Incorporated a fait appel de cette décision devant la Cour fédérale
de 1999 (requête en révision) et en 2000 (appel de la décision de 1999).
En 2001, la Cour suprême a rejeté une demande d’autorisation
d’appeler de la décision de la Cour d’appel fédérale.
En ce qui concerne la pêche à la crevette dans le Nord, on nous a
signalé que la participation du Nunavut se limitait à environ 14 p. 100
de cette pêche.
Dans le cadre de la Révision de la politique sur les pêches de
l’Atlantique présentement en cours, le MPO prévoit présenter une nouvelle
politique-cadre qui définira les objectifs et les principes qui guideront la
gestion des pêches sur la côte Atlantique à long terme. Pour ce qui est des
principes régissant l’accès aux pêches et des critères de l’allocation
des stocks de poissons, le ministre fédéral des Pêches a créé un Groupe indépendant
sur les critères d’accès (GICA). En
février 2001, le ministre des Pêches a publié un document de travail destiné
à servir de point de départ aux consultations publiques liées à la Révision
de la politique sur les pêches de l’Atlantique.
Entre autres, le document de travail affirme que : avec le temps, le MPO
cherche à se retirer du processus décisionnel concernant les allocations
commerciales, en raison des critiques dénonçant le caractère « politique »
de ce processus; une des conditions rattachées à ce retrait est la mise en
place de règles appropriées et de la documentation des parts détenues par des
particuliers et des flottes; il faudrait reconnaître les arrangements de
partage actuels; et « avec certaines exceptions », les parts des
flottes pourraient être « fixées » et établies à plus long
terme. Sur les points qui précèdent, la position du Nunavut est très
claire :
Nous
avons établi assez clairement ici aujourd’hui que le principe des ressources
adjacentes ne s’applique pas au Nunavut pas plus qu’on en tient compte. Nous
reconnaissons le principe tel qu’il est décrit.
Cela signifie considération prioritaire et non pas exclusivité.
Cela veut dire que la plus grande partie de la ressource va à
l’utilisateur adjacent. Au
Nunavut, actuellement dans notre division méridionale 0B, nous avons une part
de 27 p. 100 de notre ressource adjacente. ... Nous avons participé activement
à toutes les étapes. L’équipe d’examen de la politique vient tout juste
de terminer ses consultations à Iqaluit, au Nunavut, il y a quelques semaines.
En fait, l’une des grandes difficultés que nous avons avec le
document, c’est que les auteurs songent à reconnaître les ententes de
partage actuelles pour en faire des ententes à long terme.
– Carey Bonnell, directeur, Pêches, ministère du Développement durable,
gouvernement du Nunavut, Délibérations du Comité, 8 mai 2001.
À titre d’organisation qui facilite la recherche dans de multiples
disciplines, coordonne la recherche publique et privée, et encourage la mise en
commun de l’information, le Lake Winnipeg Research Consortium est un modèle
que l’on pourrait reprendre ailleurs au Canada.
Dans le Nord canadien, il y a d’importants défis à relever : le
taux de chômage élevé, le changement social accéléré, ainsi qu’une
population jeune et en croissance rapide qui dépend des ressources
renouvelables. Bien que
l’exploration pétrolière, l’extraction minière et le tourisme soient des
secteurs prometteurs dans certaines régions, il faudra des infrastructures
appropriées (transport, réseaux d’égouts et aqueducs) pour tirer parti de
telles possibilités. Des
fonctionnaires du gouvernement du Nunavut nous ont signalé que, en l’absence
d’accords de développement économique avec le gouvernement fédéral, les
trois territoires du Canada ne seraient pas en mesure d’accomplir du progrès
sur ce plan. Toutefois, le développement
doit aller de l’avant sans compromettre l’environnement. Il faut que les initiatives gouvernementales soient stratégiques,
mettant à contribution les habitants du Nord et leurs organisations à chacune
des étapes.
La région comporte de très nombreux lacs et rivières, ainsi qu’une
longue côte maritime. Toutefois, les stocks de poissons sont moins abondants
qu’on aurait imaginé, car les eaux nordiques ne sont pas aussi productives
que les eaux du sud. De plus, on
s’attend à ce que le développement industriel exerce une pression accrue sur
la faune, notamment le poisson et son habitat.
Les Autochtones souhaitent ardemment maintenir leur mode de vie
traditionnel. À cet égard, le MPO
a des responsabilités importantes sur le plan du développement durable.
La passion profonde des témoins qui nous ont parlé de la pêche nous a
impressionnés. De nombreuses collectivités nordiques se tournent vers les pêches
dans l’espoir d’obtenir les retombées économiques dont elles ont
grandement besoin. Toutefois, il y
a comparativement peu d’information scientifique sur les écosystèmes et les
stocks de poissons du Nord. Un
investissement accru dans la recherche – évaluations des stocks, études
scientifiques connexes et surveillance continue – est essentiel à l’établissement
de niveaux de récolte inoffensifs, à la préservation des habitats du poisson
et à la durabilité des pêches émergentes.
Il faut aussi des approches axées sur les écosystèmes,
multidisciplinaires et prudentes, et il faut tirer parti des connaissances écologiques
traditionnelles – le savoir précieux que les Autochtones ont acquis au
fil des siècles en vivant en étroite harmonie avec la terre et la mer.
La recherche scientifique revêt aussi une importance critique, compte
tenu des engagements internationaux du Canada liés à la protection des écosystèmes
de l’Arctique. Responsable de la gérance environnementale d’un quart de la
région circumpolaire de la planète, le Canada se doit de conserver les
ressources renouvelables, de protéger l’environnement arctique et d’aider
à trouver des solutions à la pollution transfrontalière et à la modification
de l’environnement à l’échelle mondiale.
Le problème des contaminants dans l’Arctique est très sérieux aux
yeux des Canadiens du Nord; il entraîne des préoccupations au sujet de la
salubrité des aliments traditionnels qui constituent une part importante de
leur régime. Le réchauffement
planétaire est un autre problème qui menace de mettre fin à un mode de vie.
Évidemment, ces deux problèmes relèvent de l’arène internationale.
Un seul ministère ou un seul pays ne saurait les régler; il faudra une
intervention internationale concertée et soutenue, ainsi qu’une collaboration
à l’échelle mondiale.
L’acquisition d’un brise-glace réservé aux activités de recherche
contribuera grandement aux efforts du Canada sur le plan de la conservation. Il semble y avoir une demande énorme pour des plateformes de
recherche permettant de travailler dans l’Arctique en toute sécurité, et les
partenaires potentiels des secteurs public et privé sont nombreux.
À la suite du règlement des revendications territoriales dans le Nord,
les Autochtones assument maintenant des responsabilités de cogestion se
rapportant à une zone plus grande que les quatre provinces de l’Atlantique. D’après les témoignages que nous avons entendus, la
cogestion porte fruit pour ce qui est du partage de la prise de décisions et de
l’adaptation aux valeurs, aux priorités et aux besoins des collectivités
autochtones. Chez les pêcheurs et
les agents gouvernementaux, le recours aux connaissances écologiques
traditionnelles obtient un vaste appui. Toutefois,
il y a eu des commentaires inquiétants au sujet du manque d’effectifs du MPO
dans la région (p. ex., dans le secteur de la surveillance), qui fait en
sorte que le Ministère a peine à s’acquitter de ses responsabilités à
titre de partenaire de cogestion. Les obligations de la région du Centre et de l’Arctique du
MPO sont probablement supérieures à la capacité actuelle du Ministère.
Au sujet de son programme de l’habitat du poisson, le Ministère a récemment
reconnu sa présence limitée dans la région, mais a aussi indiqué que la
situation serait corrigée sous peu.
Quant à la part attribuée au Nunavut du TAC pour le flétan noir dans
le détroit de Davis, la conclusion générale est incontournable : la
faible allocation accordée au territoire est une application manifestement
inconséquente du principe central de la contiguïté.
Le gouvernement du Nunavut s’oppose fermement à l’idée de fixer de
manière permanente ou de codifier les allocations de pêche et les mécanismes
d’accès aux ressources présentement en vigueur, tel que proposé dans le
document de travail du MPO lié à la Révision de la politique sur les pêches
de l’Atlantique (La gestion de pêches
sur la côte Atlantique du Canada : Document de travail sur l’orientation
et les principes stratégiques); une telle démarche aurait pour effet de
fixer les inéquités existantes.
- Le
Comité recommande que l’Institut des eaux douces donne plus d’ampleur,
dans le bassin du lac Winnipeg et dans le Nord, aux travaux qu’il
entreprend pour appuyer le développement durable dans la région
administrative du Centre et de l’Arctique du MPO, un territoire qui
comprend 67 p. 100 de l’eau douce du Canada.
- Le
Comité recommande que le gouvernement du Canada et les gouvernements
provinciaux et territoriaux, ainsi que d’autres administrations appropriées,
encouragent activement et appuient financièrement la création
d’organisations, telles que le Lake Winnipeg Research Consortium, qui
favorisent la recherche coopérative et les partenariats entre les secteurs
public et privé.
- Le
Comité recommande, à titre de principe général, que la prise de décisions
sur les pêches tienne pleinement compte des connaissances écologiques
traditionnelles (CET), un complément indispensable aux connaissances
scientifiques sur le Nord.
- Le
Comité recommande que le ministère des Pêches et des Océans augmente les
fonds affectés aux évaluations pluriannuelles des stocks de poissons et
des mammifères marins, et aux fonctions de recherche connexes, de manière
à appuyer la cogestion des pêches dans le Nord.
- Le
Comité recommande que le gouvernement du Canada accorde au ministère des Pêches
et des Océans les ressources financières requises pour acquérir un
brise-glace qui serait réservé à des activités scientifiques au Nunavik,
Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest.
- Le Comité recommande que le MPO augmente le nombre d’études visant à
déterminer les niveaux de contaminants dans les poissons et les mammifères
marins de l’Arctique canadien. Le
Ministère devrait poursuivre une collaboration plus étroite avec d’autres
ministères fédéraux, tels que le ministère de la Santé, le ministère des
Affaires indiennes et du Nord canadien et le ministère de l’Environnement,
ainsi qu’avec les collectivités autochtones, afin de surveiller et
d’interpréter les résultats de ces études.
- Le
Comité recommande que le gouvernement du Canada fasse une promotion plus
vigoureuse de mesures internationales visant à lutter contre le changement
climatique et la pollution atmosphérique transfrontalière à longue
distance. Il faudrait élargir
la participation des Autochtones aux forums internationaux. Il faudrait que le ministère des Affaires étrangères
et du Commerce international ait à rendre compte annuellement au Parlement
des activités entreprises par le Canada en vue d’assurer que le monde
comprend mieux les impacts du réchauffement planétaire et de la pollution
atmosphérique transfrontalière sur les peuples autochtones et les écosystèmes
arctiques.
- Le
Comité recommande que le gouvernement du Canada continue d’encourager la
création de partenariats avec les autres pays circumpolaires, en vue de
s’attaquer aux grands enjeux liés à l’Arctique.
Les liens régionaux, comme ceux établis par la Conférence
circumpolaire inuit et le Conseil de l’Arctique et ses groupes de travail,
ne peuvent que renforcer les efforts visant à régler les questions
communes.
-
Le Comité recommande que, durant l’élaboration d’une stratégie fédérale de développement durable dans le Nord, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien collabore très étroitement avec le ministère des Pêches et des Océans, dont le mandat englobe la protection de l’habitat du poisson et la sécurité de la navigation.
-
Le Comité recommande que les gouvernements encouragent et subventionnent les projets locaux d’aménagement des rivières dans le Nord, de façon à obtenir un « gain net » de la capacité productive de l’habitat du poisson. Les projets de construction de passages migratoires, tels que le projet de développement pour l’omble chevalier dans la rivière Nepihjee au Nunavik, méritent le soutien des gouvernements fédéral et provincial.
-
Le Comité recommande que le gouvernement du Canada mette en oeuvre le protocole d’entente qu’il a paraphé avec le gouvernement du Nunavut en août 2000, dans lequel le MPO a pris, entre autres, les engagements suivants : (a) appuyer les priorités du gouvernement du Nunavut dans les activités visant le financement par d’autres organismes du développement économique lié aux pêches; et (b) travailler au développement d’une capacité chez les Nunavummiut à l’égard de tous les aspects de la pêche, à terre et sur mer, par l’éducation, la formation et le perfectionnement.
- Le
Comité recommande que le ministre des Pêches et des Océans adopte une
politique équitable et cohérente en ce qui a trait à l’accès du
Nunavut aux ressources halieutiques contiguës à son territoire, notamment
le flétan noir. Il faudrait
que les quotas soient établis conformément à l’esprit de l’article
15.3.7 de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, qui prévoit
une considération spéciale aux principes de la contiguïté et de la dépendance
économique des Autochtones à l’égard de la ressource.
([1])
Entre autres, la Loi sur les pêcheries autorise le
conseil des ministres à établir des règlements à l’égard de divers
sujets, notamment: la gestion et le contrôle des pêches; la conservation
et la protection des stocks de poisson; la capture, la manipulation, le
transport, la possession et le
rejet des poissons; l’utilisation des bateaux et des engins de pêche;
l’attribution des licences et des baux de pêche ; la protection de
l’habitat ; les exportations et le commerce de poissons; le pouvoir
des agents des pêches et le contrôle qu’ils exercent à l’égard des
zones fermées et des quotas de pêche; la nomination d’agents des pêches
et de garde-pêche; et la collecte d’information.
([2])
Dans les eaux à marée (maritimes), il n’existe aucun droit de
propriété en vertu du common law (il existe dans le common law un
soi-disant « droit public à la ressource halieutique ») et le
gouvernement fédéral conserve l’entière responsabilité en matière de
gestion. La situation est différente
dans les eaux sans marée, les eaux intérieures, où les pêches relèvent
de la politique gouvernementale divisée entre les compétences fédérales
et provinciales.
([3])
Il existe également des accords de partage des coûts entre les
ordres de gouvernement afin de promouvoir l’entrepreneuriat, le développement
durable et la pêche récréative, et des
ententes sur les enquêtes halieutiques nationales dans le domaine de
la pêche sportive, le développement de la pêche et de l’aquaculture
ainsi que la cueillette et la publication des statistiques sur les prises.
([4])
Les gouvernements du Manitoba, de la Saskatchewan, de l’Alberta et
de l’Ontario sont responsables de la gestion courante des pêcheries
provinciales. Ils ont pour
responsabilité de recommander au MPO le contenu de la réglementation des pêches
en vertu de la Loi
sur les pêches. Cette réglementation
aborde la question de la conservation ainsi que d’autres questions
relevant du contrôle législatif fédéral.
([5])
Depuis 1973, 14 revendications globales ont été signées au
total. D’autres ententes
incluent : la Convention du Nord-Est québécois (1978); l’Entente sur la
revendication territoriale globale des Dénés et Métis du Sahtu (1994);
l’Entente sur la revendication territoriale globale des Nisga’s
(2000); sept ententes définitives, fondées sur l’Accord cadre définitif
(1993) avec le Conseil des Indiens du Yukon et des ententes correspondantes
sur l’autonomie gouvernementale ont été conclues avec : la Première
nation des Gwitchin Vuntut (1995); la Première nation des Nacho Nyak Dun
(1995); le conseil des Tlingits de Teslin (1995); les Premières nations de
Champagne et de Aishihik (1995); la Première nation de Little
Salmon/Carmacks (1997); la Première nation de Selkirk (1997); la Première
nation des Tr’ondëk Hwëch’in (1998).
([6])
Pêches et Océans Canada, Politique
de gestion de l’habitat du poisson,
1986. En vertu du principe directeur « d’aucune perte nette de
la capacité de production des habitats »,
des mesures ont été prises pour contrebalancer les pertes inévitables
d’habitats en en créant de nouveaux, sur une base de projet par projet.
Le programme de gestion de l’habitat du poisson du Ministère
consiste essentiellement en l’examen des propositions de développement
des habitats, compte tenu des menaces potentielles visant ceux-ci, et en une
brève revue des mesures adoptées pour éviter ou atténuer ces menaces.
Une décision du ministre en vue d’autoriser la détérioration, la perturbation ou la destruction de
l’habitat du poisson déclenche
un examen environnemental conformément à la Loi canadienne sur l’évaluation
environnementale de 1995.
([7])
L’OCPED établit des prix initiaux garantis aux pêcheurs, suivis
des paiements finaux à la fin de l’année d’exploitation.
Les besoins en fonds de roulement et en immobilisations de l’Office
sont financés grâce à des prêts du ministère des Finances.
([8]) Située
sur le bouclier précambrien, près de Kenora, et gérée dans le cadre
d’un accord conjoint entre les gouvernements du Canada et de l’Ontario,
la Région des lacs expérimentaux (RLE) comprend 58 petits lacs et leurs
bassins hydrographiques. Les
lacs de la RLE rendent possibles les études de manipulation de lacs
entiers; les hypothèses sur les écosystèmes d’eau douce peuvent donc être
vérifiées. Existant depuis la
fin des années 1960, la RLE recueille depuis 30 ans des données
hydrographiques, chimiques et biologiques dans certains lacs de « contrôle »
naturels.
([9])
Les différents programmes du Ministère pour la région
du Centre et de l’Arctique peuvent être consultés à l’adresse
suivante : http://www.dfo-mpo.gc.ca/regions/central/home-accueil_f.htm.
([10]) Le
terme « Autochtone » est tiré de la Constitution canadienne de
1982 et désigne les Indiens d’Amérique du Nord (Premières nations), les
Inuits et les Métis du Canada.
([11])
Dont 37 000 kilomètres carrés sont visés par des droits
miniers.
([12])
Le CCGFN est formé de neuf membres : quatre nommés par les Inuits,
quatre nommés par le gouvernement et un président, désigné par les huit
membres et nommé par le gouvernement.
([13])
Les Inuvialuit ont un droit d’exploitation du sous-sol sur environ
13 000 kilomètres carrés.
([14])
Les Non‑Inuvialuit peuvent pêcher dans la région, à la discrétion
des Inuvialuit, après s’être enregistrés auprès du comité local des
chasseurs et des trappeurs. Les
étrangers ont un accès non exclusif à la pêche commerciale et sportive
dans les eaux ouvertes à la pêche s’ils sont titulaires des permis et
enregistrement gouvernementaux adéquats.
([15])
Le CGCPI compte quatre membres; le Conseil de gestion du gibier et le
gouvernement nomment chacun deux membres.
Un président est ensuite désigné par les quatre membres.
Par voie d’accord entre les groupes autochtones, le nombre de
membres peut augmenter pour inclure d’autres représentants autochtones
qui ont des intérêts traditionnels reconnus dans la région visée par la
Convention définitive des Inuvialuit, pourvu qu’une représentation égale
soit maintenue entre le gouvernement et les Autochtones.
([16])
Le CRRG comprend six
membres et six remplaçants. Trois
membres et trois remplaçants sont nommés par les Gwich’in et par le
gouvernement. Le septième
membre du conseil est le président, ce dernier devant être un résident de
la région visée et être approuvé par le gouvernement.
([17])
Environ 19 p. 100 qui comprennent des droits d’exploitation du
sous-sol.
([18])
L’intention du gouvernement du Québec de mettre en valeur les
ressources hydroélectriques de la Baie James, au début des années
1970, a créé une certaine urgence à régler la revendication territoriale
globale. En 1973, les Cris de
la baie James et les Inuits ont obtenu une injonction de la Cour supérieure
du Québec, ordonnant d’arrêter le projet.
Bien que l’injonction ait été renversée par une instance supérieure,
une entente, la CBJNQ, a été finalement conclue.
([19])
Formé de douze membres : les Inuits et les Cris nomment chacun trois
membres; trois membres pour le Québec et trois membres pour le gouvernement
fédéral.
([20])
Le bassin hydrographique occupe près de 40 fois la
superficie du lac. Les
principales rivières alimentant le lac sont la Saskatchewan à l’ouest,
la rivière Rouge au sud et la rivière Winnipeg à l’est.
L’immense bassin hydrographique du lac Winnipeg
s’étend du piémont des Rocheuses à l’ouest, jusqu’au Nord-Ouest de
l’Ontario à l’est; il s’étend aux États‑Unis (Dakota du Nord
et du Sud, Montana et Minnesota). La décharge du lac (baie
d’Hudson) se fait par le fleuve Nelson au nord.
([21])
En mai 1998, le MPO a élaboré un protocole d’entente (PE) avec le
Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta sur l’établissement des priorités
liées aux sciences de la pêche dans les provinces des Prairies.
([22]) Un
rapport de mai 2000, parrainé par le Comité mixte de gestion de la pêche,
renferme de l’information générale sur la source des contaminants dans
la région des Inuvialuit. Voir Colin Macdonald (Northern Environmental Consulting), The
Status of Contaminants in Fish and Marine Mammals in the Inuvialuit
Settlement Region, Report Submitted to the Fisheries Joint Management
Committee, mai 2000.
([23])
Voir le Sommaire des projets menés dans le cadre du Programme de lutte contre
les contaminants dans le Nord en 1999-2000, ministère des Affaires
indiennes et du Nord Canadien.
([24])
Voici quelques exemples : la Convention sur la pollution atmosphérique
transfrontière à longue distance (1979) et les protocoles sur les
polluants organiques persistants (1998), les métaux lourds (1998), la lutte
contre les émissions d’oxydes d’azote ou leurs flux transfrontières
(1988) et la nouvelle réduction des émissions de soufre (1994); la
Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone (1985); le
Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche
d’ozone (1987); et Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (1992).
([25])
Cinq groupes de travail appuient le Conseil de l’Arctique; les
programmes ont trait aux secteurs suivants : surveillance et évaluation
de l’environnement arctique; conservation de la flore et de la faune
arctiques; protection du milieu marin arctique; prévention, préparation et
intervention en cas d’urgence; et développement durable.
Ce dernier programme nécessite une coopération sur divers projets,
tels que l’amélioration de la santé et du bien-être des enfants et des
jeunes de l’Arctique, la gestion des pêches régionales, l’évaluation
des avantages possibles d’élargir l’application de la télémédecine
à l’échelle circumpolaire, la promotion du tourisme culturel et écologique,
ainsi que l’amélioration des systèmes d’assainissement ruraux.
([26])
Par exemple, en 1977, on a mis sur pied la Conférence circumpolaire
inuit (CCI), regroupant environ 125 000 Inuits du Groenland, du Canada,
de l’Alaska et, récemment, de la Russie.
Il y a d’autres exemples de coopération : un accord sur la
gestion des ours polaires au sud de la mer de Beaufort, conclu en 1988 entre
les Inuvialuit et les Inuits de l’Alaska; et la participation des
collectivités autochtones du Nord à la gestion de la harde de caribous de
la Porcupine et de son parcours naturel en Alaska, au Yukon et dans les
Territoires du Nord-Ouest. Le 3 mars
2000, les Inuvialut et les Inupiat de l’Alaska ont officiellement signé
un accord international sur les bélugas (le Inuvialuit-Inupiat Beaufort Sea
Beluga Whale Agreement).
([27])
Les autres partenaires ou « clients » seraient, entre
autres : d’autres conseils et organisations mis sur pied dans le
cadre des accords sur les revendications territoriales; d’autres comités
consultatifs de gestion de la pêche; des pêcheurs; l’industrie de la pêche;
les organisations de pêche commerciale et récréative; les organisations
de chasseurs et de trappeurs; les associations de mise en valeur et
industrielles; les organisations autochtones; d’autres ministères
gouvernementaux; des organisations communautaires; et des groupes de
conservation.
([28])
Le principe des CET n’est pas tout à fait pour le Comité.
En 1995, à la suite de l’effondrement de la pêche au poisson de
fond de l’Atlantique, le Comité a soumis un rapport recommandant non
seulement que le MPO encourage la participation des pêcheurs à l’évaluation
des stocks de poissons et aux diverses activités de recherche connexe, mais
aussi que le Ministère reconnaisse la valeur des connaissances des pêcheurs
côtiers. Le Comité a également
recommandé que les pêcheurs jouent un rôle plus important dans la prise
de décision, grâce à un régime véritable et efficace de cogestion et de
partenariat avec le gouvernement.
([29])
Dans le secteur des pêches, les conflits découlent du fait que la
ressource est limitée. Au sein
d’un régime de pêche concurrentielle traditionnelle (à propriété
commune), le poisson devient « propriété privée » seulement
après avoir été pris et retiré de l’eau.
Selon la théorie de la « tragédie des ressources d’usage
commun », une pêche non réglementée et ouverte entraîne une course
effrénée pour les stocks de poissons limités dans un effort visant à
maximiser les gains économiques personnels.
Les pêches basées sur les droits de propriété (ou la
privatisation des droits de pêches), sous la forme de permis à contingent
individuel, sont souvent adoptées pour prévenir la surpêche.
Toutefois, de nombreux observateurs ont signalé que la soi-disant
« tragédie » ne se produit pas dans les pêches locales à
petite échelle, même dans l’absence de règles et de règlements
officiels. Voir Comité sénatorial
permanent des pêches, Privatisation
et permis à quotas dans les pêches canadiennes, décembre 1998, /fr/Content/SEN/Committee/361/fish/rep/rep03dec98part1-f.
([30]) En décembre
1998, le Comité d’étude sur le partenariat (le Comité Savoie) –
un comité indépendant désigné par le MPO – a déclaré : « Ce
n’est en tout cas pas le fruit d’un pur hasard si les discussions
entourant la cogestion et le partenariat ont pris un caractère urgent et
prioritaire au moment même où le gouvernement du Canada lançait son
exercice d’examen des programmes. » Donald
J. Savoie, Gabriel Filteau et Patricia Gallaugher, Le
partenariat comme mode de gestion des pêches : Rapport du Comité d’étude
sur le partenariat, le 10 décembre 1998,
([31])
Pour assurer la stabilité de la gestion des pêches, le MPO a lancé
la Stratégie sur les pêches autochtones (SPA) en 1992.
Dans le cadre de cette Stratégie, les ententes sur les pêches
contiennent un engagement à accorder des permis de pêche commerciale et
d’autres possibilités de développement économique. Un des volets de la SPA est le Programme de transfert des
allocations, qui prévoit la cession volontaire de permis commerciaux et la
délivrance de permis aux groupes autochtones admissibles.
([32]) En guise de suivi à une séance
d’information tenue à Iqaluit (le 26 juillet 2000) avec
l’honorable Peter Kilabuk, (ancien) ministre du Développement durable, on
a organisé une audience télévisée (le 8 mai 2001) avec des représentants
territoriaux et l’honorable Olayuk Akesuk, (nouveau) ministre du Développement
durable.
([33])
Durant la dernière époque glaciaire, les glaciers dominaient l’Amérique
du Nord et l’écorce et le manteau terrestres en-dessous des glaces
subissaient des compressions et des bombements intenses.
Les glaces sont disparues et les sols reprennent leur forme (décompressent)
à la suite du dégagement de cette charge immense, dans un processus appelé
« soulèvement postglaciaire ».
([34])
Les poissons « anadromes » passent la première partie de
leur vie dans les eaux douces, puis migrent vers la mer avant de revenir aux
eaux douces pour y frayer.
([35])
Il y a deux types d’omble chevalier : anadrome et confiné aux
eaux intérieures (appelé « nutillik », en inuktitut).
L’omble anadrome passe les premières années de sa vie dans les
eaux douces, migre vers la mer pour se nourrir en été (une fois qu’il a
atteint une certaine taille), puis retourne aux eaux douces durant
l’hiver. L’omble anadrome
est important pour les pêches commerciales et récréatives parce que sa
croissance est plus importante et plus rapide que le poisson confiné aux
eaux intérieures. Dans
l’ouest de l’Arctique, on estime que le poisson migre à un âge moins
élevé.
([36])
Dans un tel cas, le poisson se reproduit dans un autre stock, si bien
que les stocks dans une rivière ou un lac peuvent changer avec le temps.
Cette évolution des stocks peut être bonne, car elle contribue à répandre
les caractéristiques désirables (p. ex., une croissance plus rapide,
une plus grande vigueur) de certains stocks à d’autres.
La tendance qu’ont certains poissons à migrer vers des cours
d’eau différents favorise l’établissement de populations dans de
nouvelles zones.
([37])
Pour des raisons économiques évidentes, la plupart des collectivités
de l’Arctique ne veulent pas que l’omble chevalier soit transféré et
introduit dans les écosystèmes du sud.
([38]) De l’état de crise à la relance : Rétablir le rôle du Canada dans
la recherche nordique, Rapport final présenté au CRSNG (Conseil de
recherches en sciences naturelles et en génie du Canada) et au CRSH
(Conseil de recherches en sciences humaines du Canada), septembre 2000, http://www.sshrc.ca/francais/nouveautes/communiques/crise.pdf.
([39])
Jusqu’à présent, on a eu recours à des brise-glace de la Garde côtière
canadienne pour réaliser des projets scientifiques.
([40])
Le principe 22 de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le
développement reconnaît que les peuples autochtones et leurs collectivités
« ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l’environnement et
le développement du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs
pratiques traditionnelles » et propose que « les États
devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts,
leur accorder tout l’appui nécessaire et leur permettre de participer
efficacement à la réalisation d’un développement durable ».
([41])
Voici quelques exemples de projets entrepris par le MPO et financés
au moyen du fonds de recherche : l’échantillonnage et
l’identification des stocks de baleines; l’évaluation de la situation
des phoques annelés à l’ouest de la baie d’Hudson; le marquage des
morses; les relevés des populations de narvals et de bélugas; et l’étude
de l’omble chevalier dans la baie Cumberland.
([42])
En août 2000, le ministre fédéral des Pêches et des Océans et le
ministre du Développement durable du Nunavut ont signé un protocole
d’entente (PE) visant à renforcer la coopération sur le développement
des pêches émergentes au Nunavut. Les
deux gouvernements s’efforceront : de coopérer en vue de maximiser
les possibilités de commercialisation; de favoriser le développement régional;
d’encourager la coopération entre les secteurs public et privé; et
d’assurer l’utilisation la plus durable et la plus économiquement
viable des ressources halieutiques sous-exploitées pour le Nunavut.
Le MPO s’est aussi engagé à fournir un appui scientifique et développer
une capacité scientifique, tandis que le gouvernement du Nunavut
contribuera à la collecte de données, ainsi qu’à l’évaluation et à
l’analyse des résultats.
([43])
Il y avait d’autres enjeux connexes : l’accès réciproque
aux ressources halieutiques des eaux du sud; et les préoccupations liées
à la « pêche fantôme » par les filets maillants perdus ou abandonnés de la flotte du sud.
Alors que la région du Centre et de l’Arctique du MPO dirige de
Winnipeg les programmes visant à conserver et à gérer les
ressources halieutiques, les eaux marines contiguës au Nunavut sont
gérées de St. John’s, en tant qu’élément de la région de
Terre-Neuve.
([44])
Par exemple, dans
les versions antérieures du Plan de gestion du poisson de fond de
l’Atlantique, on affirme que l’allocation des ressources halieutiques
est fondée sur l’équité et qu’elle tient compte de la contiguïté à
la ressource, de la dépendance relative des collectivités côtières, des
diverses flottes qui exploitent une ressource donnée, de l’efficience économique
et de la mobilité des flottes. Une politique n’est pas une loi;
de par sa nature, elle constitue une ligne directrice qui témoigne d’une
intention générale seulement.
([45])
La zone II englobe les eaux de la baie James, de la baie d’Hudson
et du détroit d’Hudson, qui ne font pas partie de la sous-zone 0 de la pêche
au flétan noir.
([46])
Selon l’article 15.3.4, « Le Gouvernement sollicite l’avis
du CGRFN à l’égard de toute décision concernant la gestion des
ressources fauniques dans les zones I et II et qui aurait une incidence sur
la substance et la valeur des droits de récolte et des occasions de récolte
des Inuits dans les zones marines de la région du Nunavut » et
« Le CGRFN fournit au Gouvernement des renseignements pertinents afin
de l’assister dans la gestion des ressources fauniques au-delà des zones
marines de la région du Nunavut ».
([47]) Accord entre les Inuits de la région du Nunavut et Sa Majesté la Reine
du Chef du Canada, Partie 3 : Gestion et récolte des ressources
fauniques au-delà des zones marines de la région du Nunavut.
([48])
Sans solliciter l’accord de l’Organisation
des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest (OPANO).
([49])
Avant cette décision, les Inuits du Nunavut avaient informé le
ministre qu’ils jugeaient que leur part antérieur constituait un minimum.
Le Ministre a ignoré les conseils de ses cadres supérieurs en
fixant la nouvelle allocation.
([50])
Cette requête en révision était fondée sur les arguments suivants :
la décision du Ministre empiétait sur la responsabilité exclusive du
Conseil de gestion des ressources fauniques du Nunavut (CGRFN) d’établir
les niveaux du TAC dans la région du Nunavut (article 5.6.16 de l’Accord
sur les revendications territoriales); le Ministre n’a pas tenu compte de
l’avis du CGRFN, bien qu’il soit tenu de le faire en vertu de l’Accord
(articles 15.3.4 et 15.4.1); et le Ministre n’a pas accordé de considération
spéciale au principe de la contiguïté et à d’autres principes
pertinents établis dans l’Accord (article 15.3.7). Nunavut
Tunngavik Incorporated est l’organisme légal chargé de s’assurer que
l’Accord sur les revendications territoriales de 1993 est mis en oeuvre
conformément à ses dispositions.
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