Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts
Fascicule 3 - Témoignages du 26 novembre 2002
OTTAWA, le mardi 26 novembre 2002
Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit ce jour à 18 h 28 pour étudier l'impact du changement climatique sur l'agriculture, les forêts et les collectivités rurales au Canada et les stratégies d'adaptation à l'étude axées sur l'industrie primaires, les méthodes, les outils technologiques, les écosystèmes et d'autres éléments s'y rapportant.
Le sénateur Donald H. Oliver (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président: Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts poursuit son étude de l'impact du changement climatique sur l'agriculture, les forêts et les collectivités rurales du Canada et les stratégies d'adaptation. Le comité entreprend une étude approfondie de la façon dont nous devons adapter nos pratiques agricoles et forestières à des éventualités telles qu'une diminution des précipitations, un accroissement de la durée de pousse des récoltes et des températures beaucoup plus élevées. Nous examinerons les diverses stratégies d'adaptation en nous concentrant sur la production primaire, les pratiques, les techniques et les écosystèmes. Au fil de notre examen, nous serons peut-être amenés à nous pencher de plus près sur d'autres questions. Le comité déposera son rapport final en décembre 2003. Nous allons inviter des experts, des praticiens, des dirigeants communautaires et d'autres personnes intéressées à nous faire part de leurs points de vue. Le temps dont nous disposons pour nos audiences étant limité, j'invite les Canadiens à participer à ces travaux en nous communiquant leur opinion.
La semaine dernière, nous avons eu une excellente réunion sur la science du changement climatique. Nous pourrions intituler notre réunion d'aujourd'hui «la politique du changement climatique». Nous allons discuter des politiques et initiatives actuelles du Canada et du plan du gouvernement fédéral pour l'avenir.
Nous accueillons Mme Norine Smith, sous-ministre adjointe à Environnement Canada, ainsi que des hauts fonctionnaires d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, de Ressources naturelles Canada, d'Industrie Canada et de Transports Canada. C'est Mme Smith qui va faire l'exposé, et le groupe de témoins répondra ensuite aux questions. Lors de notre prochaine réunion, nous entendrons les représentants de Ressources naturelles Canada, et plus tard, le 3 décembre, ceux d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Mme Norine Smith, sous-ministre adjointe, Politiques et communications, Environnement Canada: Je vais présenter aux honorables sénateurs le contexte du Protocole de Kyoto, puis un bref aperçu du plan du Canada sur les changements climatiques publié la semaine passée, et finalement je me concentrerai plus particulièrement sur le volet agricole. Je sais que M. Hengeveld, de mon ministère, a présenté un exposé sur les aspects scientifiques aux honorables sénateurs la semaine dernière, et je vais donc laisser cela de côté pour me concentrer sur l'originalité de la situation du Canada.
Si nous ratifions le Protocole de Kyoto, nous serons le seul pays d'Amérique à nous engager dans le contexte de ce Protocole de Kyoto, et c'est une perspective qui a suscité des préoccupations importantes et pertinentes concernant notre compétitivité et qui a guidé l'analyse stratégique et le travail de mise au point du plan sur les changements climatiques. Ce choix nous ouvrira aussi des portes face à la concurrence car il placera le Canada à la pointe d'une évolution économique qui s'étendra progressivement sur le monde entier.
La démarche que nous avons élaborée pour faire face au changement climatique consiste à profiter de l'innovation et de la technologie pour positionner notre économie à la pointe de ce progrès technologique tout en réduisant nos émissions.
Le Protocole de Kyoto couvre la totalité des pays de la planète, mais seuls les pays industrialisés sont tenus de procéder à des réductions d'émissions au cours de la première phase, compte tenu du fait que le monde industrialisé dispose de capacités économiques supérieures, sans parler de sa responsabilité historique dans la création des concentrations de gaz à effet de serre que l'on constate maintenant dans l'atmosphère. Il est aussi normal que les pays industrialisés fassent les premiers pas lorsque de nouvelles grandes ententes internationales sont conclues.
Le Protocole lui-même est l'aboutissement d'une décennie de négociations sous l'égide des Nations Unies, mais ses racines remontent encore plus loin en arrière. Le Canada a en effet accueilli l'une des toutes premières rencontres internationales sur la science du changement climatique à Toronto en 1988.
Lorsque le Protocole entrera en vigueur, il devra englober 55 pays et couvrir 55 p. 100 des émissions des pays industrialisés, et il devrait constituer la première de nombreuses étapes. La convention-cadre qui chapeaute le Protocole, la Convention de Rio, établit comme objectif la stabilisation des concentrations, or les scientifiques estiment que pour atteindre cet objectif, nous devons ramener nos émissions à 50 p. 100 de leur niveau d'avant 1990.
Comme les honorables sénateurs le savent, le Canada a une longue tradition de participation aux processus internationaux et multilatéraux, et notre gouvernement est convaincu que notre participation sera importante pour confirmer la crédibilité du Protocole et lui permettre d'atteindre ses objectifs à court et à long termes.
Je vous ai dit que le Canada sera le seul pays d'Amérique à ratifier le Protocole, si le gouvernement va de l'avant, et c'est pourquoi nous avons fait un travail de modélisation et d'analyse pour évaluer soigneusement les retombées de cette initiative sur le plan de la concurrence. D'après la modélisation, nous pouvons atteindre notre objectif de Kyoto sans entraîner de répercussions et de déséquilibre économiques importants pour notre économie.
Sur la question de la concurrence avec les États-Unis, nous avons examiné de près ce qui se passe au niveau des États, car de nombreux États américains commencent à réglementer les émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons aussi un accord de coopération avec les États-Unis qui porte plus particulièrement sur les questions de science et de technologie et qui constitue l'un des outils dont nous nous servons pour continuer d'encourager les États- Unis à s'attaquer directement au problème du changement climatique et à se rallier finalement au consensus international.
L'objectif du Canada est de ramener nos émissions à 6 p. 100 en deçà des niveaux de 1990 au cours de la première phase de l'engagement de Kyoto, c'est-à-dire les cinq ans allant de 2008 à 2012. D'après les analyses que nous avons menées avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et les prévisions sur lesquelles les chercheurs se sont entendus dans ce contexte, pour atteindre cet objectif de 6 p. 100 de moins qu'en 1990, nous devrions réduire nos émissions de quelque 240 mégatonnes. C'est ce chiffre qui fait l'objet de tous les débats, car il comporte des risques en amont et en aval, comme toute estimation ciblée. Toutefois, ce chiffre repose en grande partie sur une prévision de forte croissance du secteur de l'énergie et, sans entrer dans le détail, je dirais simplement que cette analyse part du principe d'une croissance importante de ce secteur.
Lors des négociations internationales, le Canada a joué un rôle important dans la formulation de plusieurs composantes du Protocole. J'aimerais en mentionner deux en particulier. Il y a tout d'abord les mécanismes de Kyoto qui permettent au Canada ou à des entreprises canadiennes d'investir dans des projets de réduction des émissions à l'étranger et de rapatrier ces crédits au Canada dans le cadre de notre effort de réduction de 6 p. 100. Ces mécanismes s'expliquent par le fait que le changement climatique est un problème environnemental original, puisque l'origine des émissions n'a plus guère d'importance une fois que les gaz se retrouvent dans l'atmosphère. Peu importe qu'ils viennent à l'origine du Canada, du Brésil ou de la Thaïlande.
Le deuxième aspect qui peut intéresser tout particulièrement votre comité, ce sont les dispositions concernant les puits, autrement dit la création de ce que l'on appelle des «puits de carbone» grâce à une bonne gestion de nos terres agricoles et de nos forêts qui leur permet d'absorber le carbone de l'atmosphère.
Nous avons fait de très gros efforts durant les négociations pour faire reconnaître pleinement et adéquatement la notion de puits. J'y reviendrai un peu plus tard.
Pour conclure mes remarques d'ordre général, je dirais que le changement climatique représente peut-être la quintessence du problème du développement durable. Le plan touche tous les secteurs de l'économie et est porteur de nombreuses retombées positives, notamment un air plus sain et une eau plus pure, et des mesures telles que le renforcement des réseaux de transport en commun pour améliorer la qualité de l'air et la qualité de vie dans les grandes villes. Tous ces aspects sont pleinement présents dans la réflexion sur un plan sur les changements climatiques.
Le premier principe clé du plan sur les changements climatiques est qu'il doit s'agir d'un plan élaboré au Canada. Le Protocole de Kyoto énonce la cible et l'échéancier. Il met à notre disposition des mécanismes que nous pouvons utiliser si nous le voulons, mais pour le reste, c'est au Canada de décider. Au cours notamment des cinq années qui ont suivi la négociation du Protocole de Kyoto, nous avons mené des négociations approfondies avec les provinces et territoires, les divers secteurs de l'industrie, des groupes non gouvernementaux et des universitaires pour réaliser les analyses et mettre sur pied les initiatives sur lesquelles nous pourrons nous appuyer pour atteindre notre objectif.
Les premiers ministres se sont rencontrés en 1997, dans la foulée de la conclusion des négociations du Protocole de Kyoto. Ils se sont entendus sur un certain nombre de principes qui ont guidé tout le travail qui a suivi. L'un de ces principes était qu'aucune région du Canada ne supporterait un fardeau excessif. Une bonne partie du travail d'analyse qui a été menée depuis a eu pour but d'établir une démarche permettant d'atteindre cet objectif. Comme je l'ai déjà dit, les dernières modélisations montrent que nous sommes en voie de mettre sur pied un plan dont les retombées d'un océan à l'autre et d'un secteur à l'autre seront très équilibrées et qui définit les secteurs dans lesquels nous devons continuer à peaufiner nos consultations avec les provinces et les industries.
Notre démarche a été marquée par un profond souci de transparence. Une bonne partie du travail d'analyse a été effectuée en collaboration et toutes les analyses ont été partagées. Nous avons procédé étape par étape, et par conséquent, même si le plan a été déposé au Parlement, il n'est pas et ne sera jamais définitif. Nous voulons continuer à consulter, à élaborer, à apprendre en progressant et à ajuster le plan au fur et à mesure qu'apparaîtront de nouvelles technologies et que les provinces préciseront leur pensée sur leurs priorités. C'est pour cela que nous parlons de «réviser constamment le plan», parce qu'il va continuer à évoluer constamment. C'est une démarche qui s'appuie sur tout un ensemble d'instruments pour minimiser les coûts et maximiser les avantages. C'est une démarche qui privilégie massivement l'innovation et le progrès technologique, et qui souligne le besoin de certitude et la nécessité de minimiser les risques. Le plan comprend des mesures précises qui répondent à certaines questions des représentants de l'industrie sur l'incertitude et le risque.
Le plan prévoit trois étapes. L'étape 1 est déjà en cours, avec le Plan d'action 2000 et d'autres initiatives lancées dans le cadre des trois ou quatre derniers budgets. Au cours de la deuxième étape, nous devrions obtenir environ 80 mégatonnes de réduction des émissions, dans la perspective de cette réduction totale de 240 mégatonnes. Le plan énonce un éventail de nouvelles mesures pour la deuxième étape qui devraient nous permettre d'obtenir des réductions supplémentaires de 100 mégatonnes. Il énonce aussi des options pour la troisième étape qui devraient nous permettre de combler le reste du fossé.
Je vais maintenant vous donner un peu plus de détails sur chacune de ces étapes. Les interventions de la première étape sont déjà en cours. Le gouvernement a investi 1,6 milliard de dollars dans des interventions sur le changement climatique depuis 1998. Bon nombre de ces initiatives sont en place depuis un an ou à peine plus d'un an, et nous commençons donc à pouvoir analyser les progrès accomplis et voir si nous obtenons les résultats prévus. Le premier rapport sur les progrès accomplis dans le cadre du Plan d'action 2000 devrait sortir dans le courant de l'année prochaine.
Dans ce contexte de la première étape, il y a aussi 30 mégatonnes de crédits au titre des puits liés à nos pratiques agricoles et forestières déjà en vigueur. Il y a aussi des investissements destinés à consolider nos crédits au titre des puits et à réduire les risques liés à la réalisation de cet objectif.
En ce qui concerne les initiatives de deuxième étape, il y a trois secteurs prioritaires. Il y a deux façons d'aborder le problème. Le plan lui-même suit une approche sectorielle, mais la démarche que je vais vous décrire ici porte plus sur ce que peuvent faire les Canadiens à titre individuel, les secteurs industriels et le gouvernement lui-même. Tout d'abord, le plan met les Canadiens au défi de réduire en moyenne leurs émissions d'une tonne. Nous sommes chacun responsable d'environ 5,4 tonnes d'émissions par an. Nous demandons aux Canadiens de viser à une réduction de 20 p. 100, c'est-à- dire à peu près la même chose que ce que nous demandons aux autres secteurs de l'économie et de la société.
Le plan prévoit tout un éventail d'initiatives, notamment dans le domaine des transports et de la construction, et pour ce qui est des appareils électroménagers et ce genre de choses, on proposera aux Canadiens les informations ou les produits nécessaires pour atteindre l'objectif recherché.
Deuxièmement, il y a l'approche à l'égard des grands émetteurs industriels, qui est très globale. Elle sera réalisée par le biais d'accords négociés, appelés des «pactes», qui s'appliqueront en vertu d'une réglementation ou de mesures financières. Nous laisserons aussi la latitude nécessaire à l'industrie pour qu'elle puisse atteindre ses objectifs dans le contexte d'un système d'échange de droits d'émissions intérieur, en sachant que les crédits pour l'agriculture et la forêt contribuant à la réduction de 30 mégatonnes durant la première étape pourront servir de monnaie d'échange dans le cadre du régime d'échange de droits d'émissions.
Les secteurs industriels auront aussi accès au marché international. Le plan énonce un certain nombre de domaines dans lesquels le gouvernement serait intéressé à établir des partenariats avec les industries pour les aider à faire progresser jusqu'au stade de la commercialisation des technologies critiques.
Il y a aussi le marché international lui-même, auquel le gouvernement pourrait participer directement. En tout cas, il collaborera avec les industries pour les aider à exploiter au maximum leurs possibilités d'accès à ce marché.
En ce qui concerne l'étape 3, le reste, le plan esquisse plusieurs domaines dans lesquels on pourrait trouver les 60 mégatonnes restantes. Je vais vous donner quelques exemples.
Nous n'avons pas intégré dans les calculs du plan les mesures que les provinces et territoires prendront de leur propre chef. Nous n'avons pas cherché à inclure les réductions d'émissions qui résulteront d'investissements en R-D dans le cadre de programmes tels que Mesures d'action précoce en matière de technologie (TEAM) ou Technologies du développement durable Canada.
Nous n'avons pas non plus essayé d'estimer les réductions qui pourraient être obtenues grâce à de nouveaux partenariats avec les provinces dans le cadre du Fonds du partenariat annoncé lors du sommet de la semaine dernière sur l'innovation.
Pour en venir maintenant au volet agriculture, vous voyez sur ce tableau que le secteur agricole est responsable de 10 p. 100 du total des émissions, qui proviennent des engrais, du fumier, du méthane produit par le bétail et de la machinerie agricole.
L'agriculture dispose de trois outils originaux pour contrôler ces émissions de gaz à effet de serre. Il y a tout d'abord les puits de carbone dont j'ai déjà parlé. Il y a ensuite la réduction des émissions dues au bétail et la conversion des sols pour en faire des puits au lieu de sources de pollution. Je dois aussi inclure dans cette catégorie l'utilisation des engrais, mais je laisserai mon collègue spécialiste de l'agriculture entrer dans ce genre de détails techniques.
Il y a naturellement l'utilisation de carburants dans les exploitations agricoles. Dans le domaine des carburants, il y a aussi des perspectives intéressantes liées aux bioproduits et notamment à l'utilisation des déchets de divers types de grains pour produire de l'éthanol. Dans le plan, la cible nationale énoncée est de faire en sorte que 35 p. 100 des carburants soient des mélanges d'éthanol à 10 p. 100.
Dans la page suivante, vous avez le calcul de l'estimation des 30 mégatonnes pour les puits. C'est une estimation de ce que nous pourrions réaliser au Canada. Il est clair d'après la ligne du haut que notre potentiel est particulièrement important sur le plan de la foresterie. En vertu du Protocole, nous avons un plafond de 44 mégatonnes du côté de la foresterie, mais pas de plafond du côté agricole. Nous avons donc là une marge considérable de progrès grâce à des investissements progressifs et à l'expansion des pratiques actuelles.
Enfin, il y a les interventions agricoles et forestières en cours ou prévues pour la prochaine étape. Il y a la mise au point d'outils de mesure et d'inventaires dont nous avons besoin pour être admissibles aux crédits pour puits en vertu du Protocole de Kyoto. Nous avons encore beaucoup à faire dans ce domaine pour aligner nos inventaires sur les normes internationales. Je dois dire que le Canada a bien avancé dans ce travail, mais que nous devons continuer à faire ces investissements.
Il y a par ailleurs la promotion de puits agricoles supplémentaires grâce à des initiatives d'amélioration de la gestion des sols dans le cadre du Plan d'action 2000 et du programme de couverture végétale du Cadre stratégique pour l'agriculture. Nous continuons aussi à analyser le potentiel de création à grande échelle de puits grâce à la plantation de nouvelles forêts.
Enfin, les prochaines étapes consisteront à mettre en place un cadre grâce auquel les crédits pour nouveaux puits pourront être échangés dans un système d'échange de droits d'émissions.
Mon exposé est maintenant terminé. J'ai à mes côtés plusieurs collègues qui sont des experts et qui se feront un plaisir de répondre à vos questions.
Le président: Le comité voudrait surtout mieux connaître toutes les questions liées à l'adaptation, aussi bien pour l'exploitation forestière que pour l'agriculture. Pour commencer, je voudrais vous dire que dans le projet de plan sur les changements climatiques publié en octobre 2002, le gouvernement a déclaré que, pour l'évaluation des effets des changements climatiques et la préparation des mesures d'adaptation, sa première priorité était d'élaborer des formules pour planifier l'adaptation.
Pouvez-vous nous expliquer ce que veut dire cette déclaration? Après cela, pouvez-vous me dire si nous devons vraiment définir des stratégies d'adaptation maintenant, et si oui, lesquelles sont à privilégier du point de vue environnemental?
Mme Smith: Le monsieur qui dirige ce travail est ici. Si vous voulez entrer dans les détails, je peux lui demander de se joindre à nous à la table.
Pour vous donner une réponse très brève venant de quelqu'un qui n'est pas spécialiste en matière d'adaptation, je dirais que l'on ne sait pas très bien comment transposer les effets et répercussions des changements climatiques dans les politiques que nous élaborons et dans les recherches scientifiques et les politiques à prévoir pour le long terme. C'est un domaine plutôt récent, si je puis dire.
Le président: Notre étude porte justement sur ce sujet. Cependant, ce monsieur pourrait peut-être venir à la table. Je crois que ce sera notre témoin principal pour jeudi. Nous tenons à l'entendre jeudi, mais il peut peut-être nous expliquer ce que ces termes signifient.
M. Paul Egginton, directeur exécutif, Direction des impacts et de l'adaptation liés au changement climatique, Ressources naturelles Canada: Mme Smith vous a en partie répondu, mais en réalité, la plupart des gens n'ont pas encore commencé à réfléchir vraiment à la question de l'adaptation. Il y a un travail de sensibilisation à faire. Ce n'est qu'au cours des deux dernières années que les gens ont commencé à réfléchir aux répercussions et aux mesures à prendre en conséquence.
Ces mots signifient que nous commençons les consultations avec les provinces et les territoires. Des institutions ont été mises sur pied pour nous aider à discuter et à réfléchir à ce qu'il faut faire. Nous en parlerons jeudi.
Le président: Le Canada est-il en retard par rapport à d'autres pays? D'autres pays n'ont-ils pas déjà commencé à réfléchir à tout cela et à mettre au point des stratégies d'adaptation? Où en sommes-nous au plan international?
M. Egginton: Notre position n'est pas trop mauvaise. Le Canada est reconnu à l'échelle internationale comme l'un des chefs de file en matière d'adaptation.
Le président: Même si nous n'avons de stratégie?
M. Egginton: Nous n'avons pas encore de plan national d'adaptation. Nous commençons à y réfléchir. Les chercheurs sont très bien connus. Nous avons participé au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Nous donnons des conseils aux pays en développement sur les stratégies à mettre en place. Nous connaissons bien le processus. Nous commençons à parler de tout ce qu'il faut faire.
Le président: Lorsque vous reviendrez la prochaine fois, nous allons vous demander où en sont les scientifiques et quelles sont les études réalisées sur l'adaptation.
Le sénateur Wiebe: Je vais poser à peu près la même question que le président. Je félicite le gouvernement de son plan. Je pense qu'il n'y a personne autour de cette table qui le critiquerait pour avoir admis qu'il faut adopter Kyoto et qu'il faudra de l'argent pour atteindre ces objectifs. Mais ce seront des objectifs à long terme. Nous n'allons pas réduire ces gaz à effet de serre en peu de temps. Nous avons toujours eu des changements climatiques, depuis l'ère glaciaire, depuis que Mère nature a décidé de former cette terre qui est la nôtre.
Le changement climatique a été graduel. Surtout dans l'agriculture, les gens ont pu s'adapter à ce changement graduel sans beaucoup d'aide.
La situation d'aujourd'hui est le fait de l'activité humaine et en cela, nous avons accéléré le processus naturel. Les changements climatiques maintenant sont beaucoup plus rapides que par le passé. Le principal problème est de savoir comment nos agriculteurs qui produisent l'alimentation dont nous avons tous besoin vont s'adapter à ce changement rapide du climat. Je suis déçu d'entendre que nous commençons à peine à réfléchir à cela. L'adaptation est la clé. Les cinq dernières années l'ont bien prouvé, aussi bien ici que dans le monde entier.
Mère nature n'a pas la vie facile, étant donné ce qui arrive à notre climat. Toutes les régions du Canada ne seront pas affectées de la même façon et il faudra s'adapter. Les régions de l'Ouest qui étaient traditionnellement sèches comme la Saskatchewan, ont reçu 27 pouces de pluie cette année. C'est plus de pluie qu'il n'y en a jamais eu. Certaines régions de la Saskatchewan qui n'avaient jamais perdu leurs récoltes les ont perdues pour la première fois cette année.
Notre comité devra trouver des réponses pour nos agriculteurs afin qu'il puisse d'adapter rapidement. J'ose dire que tout ce que vous avez mentionné aujourd'hui à propos du plan du Canada sur les changements climatiques va nous prendre de nombreuses années.
Je ne sais pas si Mère nature sera assez gentille avec nous au cours de cette période pour nous permettre de revenir au niveau où l'on était en 1990, où nous avons commencé à voir les effets du changement climatique rapide. Pouvez- vous nous parler des recherches que le gouvernement a réalisées avec nos universités et nos centres de recherche, pour voir de quelle façon nous pouvons nous adapter à cela? En fait, nous avons une mission unique: l'adaptation, comme l'a dit notre président.
Le président: Monsieur Huebener, voulez-vous répondre?
M. Alrick Huebener, gérant, Développement des politiques, Bureau de l'environnement, Agriculture et Agroalimentaire Canada: Je voulais vous mettre à l'aise dans une certaine mesure en disant que, oui, nous avons certains outils pour nous adapter à court terme. En effet, les ministères fédéral et provinciaux de l'Agriculture travaillent avec les agriculteurs pour effectuer des recherches portant sur différentes questions comme la sécheresse, l'approvisionnement en eau, et cetera. En ce qui concerne l'adaptation aux changements liés au temps que les agriculteurs subissent maintenant, on pourrait dire que les recherches que nous effectuons sur les cultures sont utiles maintenant. Il y a deux échelles de temps dans les changements climatiques. Il faut se demander si l'on a les outils pour composer avec les événements qui arrivent maintenant. À l'échelle du pays, nous avons une trousse à outils assez acceptable.
Il y a des changements climatiques à plus long terme, dont certains sont ressentis maintenant. Sommes-nous aussi bien positionnés que possible pour y répondre? Nous disons que nous avons une trousse à outils maintenant, nous nous en servons et nous travaillons avec des agriculteurs selon le Cadre de politique agricole. Nous essayons de mieux utiliser les renseignements climatiques à court terme, pour gérer la situation maintenant. Cependant, pour l'avenir, nous admettons qu'il y a encore beaucoup de travail à faire sur l'adaptation à l'évolution climatique. Nous avons tous l'impression, et je pense que c'est de cela que parlait Paul, que c'est un effort qui commence.
Les données scientifiques existantes nous donnent bien sûr des indications sur les situations à prévoir en agriculture. Cependant si l'on essaie d'appliquer cela à des régions précises du pays, on s'aperçoit que les renseignements sont à un niveau très élevé — c'est-à-dire que la résolution est assez faible. Nous devons maintenant investir dans des travaux scientifiques qui nous donneront une meilleure résolution afin de mieux planifier.
Mme Smith: J'ajouterais que les investissements en science, sur l'impact et l'adaptation, font partie de ce domaine depuis déjà un certain temps. Un bloc de ressources a été consacré à cette activité dans le cadre du Fonds d'action pour le changement climatique. Toutefois, comme M. Huebener le disait dans son dernier commentaire, c'est un exercice séquentiel qui doit commencer par le raffinement de la résolution des modèles afin que l'on puisse comprendre les effets sur une échelle qui permettra de mieux savoir à quoi il faut s'adapter.
Je ne veux pas dire qu'il faut impérativement commencer par A pour aller ensuite à B puis à C. On peut marcher tout en mâchant de la gomme. C'est ce qu'ont fait Paul et son équipe. Comment utiliser ce que nous savons maintenant pour comprendre les effets et amorcer la réflexion sur la pratique d'adaptation? Mon ministère, qui comprend les sciences du climat, travaille activement pour raffiner la résolution des modèles afin de donner aux experts des autres ministères les outils nécessaires pour passer à l'étape suivante dans leur travail.
Le sénateur Wiebe: Je suis sûr que vous avez entendu la déclaration selon laquelle il n'y a rien que l'on puisse produire avec un baril de pétrole qui ne puisse être cultivé dans le sol. Nos résultats avec l'éthanol et le biodiesel en sont un exemple. Je crois que les États-Unis ont maintenant financé trois scientifiques. Heureusement, l'un d'entre eux est Canadien. Ils cherchent à produire du caoutchouc à partie de tournesols.
Qu'a-t-on fait au ministère de l'Agriculture ou au ministère de l'Environnement pour reprendre une idée ancienne selon laquelle les agriculteurs, qui sont très bons dans leur domaine — en fait, nous sommes trop bons et nous avons créé des surplus dans le monde entier — au lieu de faire des recherches pour trouver le moyen de tirer davantage de lait d'une vache et plus de viande d'un animal, devraient faire des recherches pour découvrir de nouvelles plantes à cultiver?
Quelles recherches a-t-on faites pour permettre aux agriculteurs de concurrencer les compagnies pétrolières au lieu de se concurrencer entre eux ou d'être en compétition avec leurs collègues des autres pays?
M. John Jaworski, agent principal de développement industriel, Sciences de la vie, Industrie Canada: Il y a plusieurs questions à aborder. Il est possible de tirer de nombreux produits de remplacement de cultures existantes comme le canola, le maïs, le blé, et cetera. Votre province, par exemple, a un tout nouveau réseau de recherche sur les bioproduits, financé par l'Institut de recherches agricoles de l'Alberta. Il est à la recherche de propositions concernant les produits chimiques que l'on pourrait obtenir à partir des plantes cultivées actuellement ou de nouvelles cultures, bien que ceci soit peut-être pour plus tard. Actuellement, les agriculteurs ont besoin de marchés supplémentaires pour leur production excédentaire.
Il y a du travail intéressant dans la production de plastique à partir de l'huile de canola. Il existe des possibilités prometteuses dans notre propre cour. En est-on déjà au niveau commercial? Non. Il y a des cas dans d'autres pays où certaines de ces idées sont arrivées jusqu'au marché. Au sud de là où vous êtes, il y a une grosse usine produisant du plastique avec de la fécule de maïs, mais il devrait être aussi possible de le produire avec un matériau cellulosique ultérieurement, lorsque la technologie s'améliorera. Cette matière plastique pourrait servir à fabriquer des chemises ou des emballages de bonbons.
Le sénateur Wiebe: Est-ce biodégradable?
M. Jaworski: Biodégradable et recyclable. C'est un produit remarquable. Je regrette de ne pas avoir apporté mon T- shirt. C'est un produit qui a des propriétés très intéressantes.
C'est un produit à valeur ajoutée qui est compétitif sur le marché des textiles et du plastique. McDonald's s'en sert pour les contenants à salade refermables. Coca-Cola l'utilise pour ses tasses en plastique jetables. Il a été très bien accueilli. C'est un de ces produits-vedette d'affiche pour la nouvelle économie axée sur les bioproduits dont la présence pourrait commencer à se faire sentir dans l'économie classique existante.
Le sénateur Wiebe: Est-ce que les gouvernements fédéral et provinciaux consacrent suffisamment d'argent à la recherche? Je pose la question parce que depuis 10 ans, les gouvernements ont décidé de se retirer du financement de la recherche dans les universités dans l'espoir que le secteur privé prendrait la relève.
Beaucoup de subventions de recherche proviennent de l'industrie et non des gouvernements. Le problème c'est que le secteur privé veut que ses investissements se rentabilisent sur une période de quatre ou cinq ans. Nous avons perdu ce que nous avions dans nos stations de recherche. Ces chercheurs travaillaient sur l'avenir et faisaient des recherches à long terme.
En grande partie, ce que nos agriculteurs utilisent aujourd'hui pour survivre dans ce type d'économie est le fruit des recherches que ces scientifiques visionnaires ont commencées il y a 30 ans.
Nous avons perdu cela au cours des 10 dernières années. Les gouvernements fédéral et provinciaux commencent-ils à revenir sur ce terrain? Laissons-nous encore tout cela au secteur privé?
M. Jaworski: On pourrait dire qu'il y a un bon départ dans ce domaine. La semaine dernière au sommet de l'innovation, on a discuté des notions de bioproduits, bioprocessus et biocarburants au cours des séances spéciales sur l'environnement. On se rend compte que c'est un domaine où il existe de nombreuses possibilités. Certaines des grandes initiatives existantes, comme Génome Canada, portent sur les applications de la génomique non seulement en matière de santé, mais aussi dans le domaine environnemental et industriel.
C'est nouveau, mais on peut penser que les investissements dans ce domaine vont augmenter à l'avenir. Vous verrez qu'il y a dans le Plan d'action sur les changements climatiques une partie concernant la biotechnologie et les efforts visant à mettre au point un plan technologique pour mieux cerner les possibilités de recherche et d'avancée technologique futures. Il y a des éléments dans le monde de la recherche qui veulent avoir leur place à côté de toutes les autres applications comme la santé humaine et les améliorations technologiques dans le système des soins de santé, et cetera. Ils soutiennent que ces autres domaines, qui offrent à la fois des avantages économiques et environnementaux et des produits durables pour les consommateurs, devraient aussi bénéficier d'un financement accru. Nous espérons que ce message sera entendu et que de nouvelles ressources seront dégagées pour attirer les recherches dans ce domaine.
M. Huebener: Tout le domaine de l'innovation est important pour le ministère de l'Agriculture. Le savoir-faire nécessaire aux technologies dont vous parlez existe dans de nombreux domaines. Il y a beaucoup de travail interministériel pour coordonner les activités.
On mentionne la biotechnologie à la page 16 du Plan sur les changements climatiques. Pour nous, ce sont des mots importants que le gouvernement utilise dans la stratégie sur les changements climatiques dans le cadre du Protocole de Kyoto. L'innovation et les biotechnologies vont jouer un rôle important. Dans ce contexte, quand on parle de biotechnologie, il ne s'agit pas uniquement du côté génétique. Toutes les technologies biologiques vont jouer un rôle important.
Dans le Cadre de politique agricole, qui fait aussi partie des engagements du gouvernement, il existe une composante appelée «innovation». Il s'agit des ressources scientifiques dans notre ministère également. Il y a des personnes dans notre ministère qui sont déterminées à travailler dans ce domaine.
Le sénateur Wiebe: Les paroles ne coûtent pas grand-chose, mais par contre il faut de l'argent pour les concrétiser. Nous devons nous concentrer là-dessus.
Le sénateur Fairbairn: Je suis bénie, en ce sens que je viens de Lethbridge, où nous avons un établissement de recherche agricole ancien et excellent, qui est maintenant très actif, et s'engage avec tous les partenaires qu'il peut trouver à l'université ou ailleurs, sur la voie de la recherche en innovation.
De plus, pour continuer les commentaires du sénateur Wiebe, je dirais qu'il continue des activités entreprises depuis des années, et qui produisent maintenant d'excellents résultats. On ne peut vraiment pas dire qu'il reste inactif.
J'étais au Olds College la semaine dernière près de Calgary. Le projet dont je m'occupais fait peut-être partie de ceux que vous avez mentionnés. C'était l'utilisation de fibres naturelles dans le centre d'innovation. On voit de plus en plus d'alpacas, de lamas et de chèvres dans les champs du sud de l'Alberta. On peut maintenant envoyer la laine et la fourrure à Olds. Elle passe par un système que je ne comprendrai jamais. J'ai reçu un très joli foulard fait dans la région.
Vous parlez de marchés qui ne sont pas uniquement canadiens ou albertains. C'est mondial, et c'est passionnant. Espérons que c'est aussi passionnant pour les jeunes. Plus nous pouvons leur en parler, mieux c'est. Sachant le nombre de jeunes qui quittent la ferme, c'est le genre de chose qui les inciterait peut-être à rester.
L'excellent témoin que nous avons entendu la semaine dernière expliquait quelque chose à ceux d'entre nous qui sont frustrés d'être brûlés par la sécheresse année après année. Ce ne serait pas le changement climatique, mais un cycle. On nous a dit que nous devions penser à beaucoup plus long terme lorsque l'on parlait de changement climatique. Si c'est le cas, tout ce qu'il faudra faire pour compenser le phénomène va aussi prendre longtemps.
Vous avez montré dans votre exposé que le gouvernement fédéral et les provinces avaient travaillé en collaboration étroite dans toutes sortes de domaines sur ce grave problème.
Nous avons un conflit terrible dans ma province. Je suppose toutefois que l'on a fait des efforts auprès du secteur de l'énergie pour atténuer certains des points critiques associés au changement climatique. Pouvez-vous faire des commentaires sur ce sujet? Nous entendons des témoins d'un ou deux compagnies, comme BP ou d'autres; mais je pense qu'il y a d'autres choses qui se passent dans ce domaine et que nous ne savons pas tout. Ce serait bon que les Canadiens, et les Albertains, puissent le comprendre, parce que ce n'est peut-être pas aussi tragique qu'on nous le décrit.
Pouvez-vous m'aider sur ce point? On dirait que l'on fait beaucoup de choses, mais nous ne le savons pas.
Mme Smith: Je vais commencer par vous décrire la nature du processus fédéral-provincial-territorial qui a été lancé au cours des cinq dernières années. En fait, c'est un processus qui a commencé encore bien avant, à la fin des années 80, je crois. Les premiers travaux intergouvernementaux sur les changements climatiques ont débuté en 1992-1993. Je vais me concentrer sur les cinq dernières années, depuis que le Protocole a été négocié et signé.
Un comité des ministres de l'Énergie et de l'Environnement s'est réuni neuf fois depuis cinq ans, dont six fois au cours des deux dernières années et demie, donc ce sont des gens qui se rencontrent assez régulièrement. Le comité qui se réunit le plus fréquemment est celui qui se situe à mon niveau, le comité de tous les sous-ministres adjoints de l'Énergie et de l'Environnement. Nous nous réunissons probablement neuf ou 10 fois par an pendant au moins une journée, parfois deux ou trois jours, pour discuter de divers aspects du problème du changement climatique.
Nous avons eu l'appui d'un vaste groupe d'autres intervenants. Nous avons organisé 16 débats auxquels ont participé environ 450 représentants du gouvernement, de l'industrie, des secteurs non gouvernementaux ou des universités. Ces colloques étaient organisés essentiellement par secteur, c'est-à-dire qu'il y en a eu sur les transports, sur les édifices et les municipalités, et cetera. Les participants ont analysé en long et en large les perspectives techniques de leur secteur, les défis et les problèmes de concurrence auxquels ils étaient confrontés. Je n'ai pas participé à ces colloques, mais M. MacLeod y a participé, ainsi que M. Lyman aussi peut-être. Ils pourraient vous donner une idée plus précise de leur dynamique si vous voulez avoir des détails. Les débats ont été intenses. Tout dépendait du colloque, mais plusieurs de ces groupes se sont réunis fréquemment et ont publié des études très complètes.
Il y a eu un autre axe de travail au niveau fédéral-provincial. En l'occurrence, il s'agissait de discuter avec chaque secteur de l'industrie pour comprendre la nature des marchés sur lesquels ce secteur était présent. Dans le rapport, on disait par exemple que dans tel secteur canadien, 50 p. 100 de la production était exportée, dont 30 p. 100 à destination des États-Unis et 20 p. 100 à destination de divers autres pays, et que tel et tel pays étaient les autres principaux producteurs mondiaux. Le rapport abordait ensuite la dynamique du marché et expliquait dans quelle mesure ces producteurs fixaient les prix ou en étaient dépendants, ce genre de choses. C'est une étude très complète.
Les études sur la compétitivité secteur par secteur comme le travail effectué dans le cadre des colloques thématiques ont alimenté le corpus de base qui a servi de point de départ à un autre groupe fédéral-provincial-territorial intitulé le Groupe de l'analyse et de la modélisation. Ce groupe a découvert les meilleurs modèles économiques au Canada, un modèle microéconomique et un modèle macroéconomique, et il a passé des années à adapter et à enrichir les potentialités de ces modèles pour analyser la stratégie sur les changements climatiques et absorber les informations émanant de cette analyse.
L'analyse qui figure en annexe au plan a été effectuée par le gouvernement du Canada sur ce qu'on appelle un train de mesures de référence, mais en utilisant les modèles, données et intrants provenant de toutes les sources que je viens de vous décrire. C'était un travail extrêmement approfondi. Certaines personnes travaillent depuis plus longtemps à creuser ces questions.
Il y a un autre comité important, le Comité directeur de l'industrie sur les changements climatiques, qui se réunit lui aussi fréquemment.
Je préciserai par ailleurs que les membres des délégations canadiennes qui participent aux négociations internationales collaborent avec les représentants des industries, les autres groupes d'intervenants et les provinces pour nous aider à analyser les problèmes de façon à nous permettre de bien positionner le Canada dans le cadre de nos mandats de négociation.
C'est donc là le processus que nous avons engagé et que nous poursuivons avec les provinces, les territoires et les divers intervenants. Les comités des tables thématiques n'existent plus, mais les autres composantes que j'ai mentionnées existent toujours. Comme vous le savez, il est difficile de parvenir à un consensus au Canada. Nous avons beau passer énormément de temps à évaluer tous ces problèmes, il reste tout de même des différences de points de vue d'un bout à l'autre du pays.
M. Neil MacLeod, directeur général, Efficacité énergétique, Ressources naturelles Canada: Tous ces efforts communs ont été utiles et productifs. Il est aussi intéressant de constater les résultats concrets de ce travail. Il y a des exemples de résultats de nos travaux avec les intervenants du secteur privé et au niveau du gouvernement. Il y a par exemple le Programme d'économie d'énergie dans l'industrie canadienne. C'est un programme d'action volontaire auquel participent plus de 20 industries des secteurs minier et manufacturier.
Nous avons mis sur pied 22 groupes de travail avec le gouvernement fédéral. Chaque année, nous fixons des cibles d'émissions à atteindre sur une base volontaire. Nous surveillons les émissions avec ces industries et nous contrôlons les résultats. Grâce à cela, toutes les industries visées par cette collaboration entre le gouvernement fédéral et le secteur privé ont stabilisé leurs émissions entre 1990 et 2000. Souvent, quand on entend dire cela, on pense que cela signifie la stabilisation du pourcentage des émissions, mais ce n'est pas le cas. Les émissions de toutes ces industries qui ont collaboré avec nous sont restées stables en chiffres absolus.
Nous avons aussi quelques exemples de cas où les provinces nous ont dit: «Nous partageons les objectifs que poursuit le gouvernement fédéral avec ses programmes de réduction des émissions et d'amélioration du rendement énergétique, et nous voulons y contribuer». Il y a ainsi en Colombie-Britannique un programme national d'incitations financières pour les propriétaires d'immeubles qui sont prêts à rendre leurs immeubles plus écoénergétiques.
La Colombie-Britannique a voulu faire la même chose, mais au lieu de copier le programme, elle a proposé de collaborer avec nous. Il y a donc des cadres qui font ensemble ce travail dans des bureaux communs en Colombie- Britannique.
Il y a un autre programme au Québec qui récompense les propriétaires de nouveaux immeubles. Quand un immeuble est écoénergétique, on accorde un incitatif financier à son propriétaire. Gaz métropolitain a voulu participer à ce projet, et il complète par conséquent les montants versés dans le cadre du programme fédéral par des crédits provinciaux qui sont versés aux constructeurs d'immeubles plus écoénergiques répondant aux critères fédéraux.
Nous pouvons vous citer divers exemples de gouvernements provinciaux qui sont désireux de collaborer avec le gouvernement fédéral. Le gouvernement de l'Ontario a fait une annonce intéressante hier: il a dit qu'il allait octroyer un incitatif financier aux propriétaires de maisons qui achèteraient des appareils électroménagers Energy Star. C'est un autre de nos programmes. Les réfrigérateurs Energy Star sont les plus économes en énergie de leur catégorie.
Nous faisons de la publicité pour encourager ce genre d'initiative et pour inciter nos concitoyens à passer à l'action. Il s'agit d'un programme récent au Canada, mais qui existe aux États-Unis et en Europe depuis plusieurs années.
Le gouvernement de l'Ontario veut s'appuyer sur les critères fédéraux pour distribuer ces encouragements financiers aux consommateurs qui achèteront des appareils électroménagers écoénergétiques.
Le sénateur Fairbairn: Pourriez-vous nous donner des exemples? Dans notre région du Canada, quel que soit le contexte, le temps nous cause manifestement de graves problèmes qui minent notre industrie agricole. Je ne vois pas très bien ce qu'on peut suggérer à des gens qui n'ont pas assez d'eau ou qui en ont au contraire trop.
Pourriez-vous nous donner des exemples de choses que vous faites dans le domaine agricole pour redonner espoir aux agriculteurs qui s'accrochent encore à leurs terres et aussi intervenir de façon positive face aux changements climatiques, que ce soit en élaborant de nouveaux produits ou en faisant je ne sais quoi d'autre?
Comme bien d'autres Canadiens, nous essayons à ce comité de comprendre ces mesures dont on nous parle et qui, paraît-il, peuvent être mises en oeuvre.
M. Huebener: Je vais essayer de répondre à cette question.
Il y a d'autres personnes au ministère qui sont plus qualifiées que moi en matière de programmes d'interventions face à la sécheresse et de ce genre de chose. Vous auriez peut-être intérêt à leur parler directement aussi.
Je vais vous donner quelques exemples de succès passés et aussi d'initiatives futures que nous envisageons au ministère.
L'adoption généralisée de meilleures pratiques de gestion des sols dans les Prairies est un exemple de résultats des efforts combinés des innovateurs de ce secteur, des chercheurs gouvernementaux, et notamment des pédologues, des organisations de conservation comme le Conseil de conservation des sols du Canada et les gouvernements provinciaux.
Le problème de la conservation des sols se pose depuis longtemps et il est particulièrement grave dans des conditions extrêmes. Mais on peut dire que nous gérons probablement mieux que dans le passé certaines conditions extrêmes auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui grâce à l'adoption de ces pratiques de gestion des sols.
L'adoption de ces pratiques a été facilitée par des recherches scientifiques sur les pratiques exemplaires pour les sols agricoles, et par l'aide que les gouvernements ont apportée aux agriculteurs pour les aider à mettre en place ces pratiques grâce à divers programmes d'information. Il n'y a pas de solution instantanée. On parle ici de situations systémiques et à long terme qui affectent des écosystèmes entiers.
À mon avis, c'est grâce à la collaboration des gouvernements et du secteur privé pour lutter contre les changements climatiques, que ce soit en réduisant les émissions ou en adaptant les pratiques au changement climatique, qu'on pourra faire la différence à l'avenir.
Nous avons connu des conditions de bols de poussière au cours des années 30, et les pratiques agricoles mises en place à cette époque, notamment dans les Prairies, ont contribué à aggraver l'érosion du sol. Lorsque les recherches scientifiques ont montré que ces pratiques agricoles étaient erronées, les gens ont réagi et redressé la situation.
Aujourd'hui, les recherches et les travaux d'experts menés dans d'autres pays, comme la Chine et l'Afrique, qui sont confrontés au même genre de défis, s'inspirent de notre expérience canadienne.
Vous pouvez aussi vous reporter à notre Cadre de politique agricole. Il y est question de meilleurs systèmes d'information sur les sols et l'eau. Cela n'a pas l'air très passionnant parce que cela n'apporte pas une solution immédiate au problème.
Toutefois, certains des outils qui vont être créés grâce à ce travail seront importants pour la gestion agricole future. En outre, les repères sur l'environnement agricole et tout le travail technique réalisé dans ce contexte aideront beaucoup les deux paliers de gouvernement à coordonner leurs actions.
Le travail se poursuit. Les chercheurs travaillent aussi énormément sur les questions que vous venez justement de soulever, par exemple la recherche de solutions à long terme aux problèmes d'approvisionnement en eau. Mais ce sont des questions complexes.
Le sénateur Day: Madame Smith, messieurs, merci infiniment d'être venus nous rencontrer.
Quand je regarde ce document, je me dis que ce n'est pas facile de trouver un équilibre quand on mélange la science et la politique.
Pourrais-je tout d'abord vous demander d'écarter le plus possible de votre esprit toute la question de la politique gouvernementale de ratification du Protocole de Kyoto? Parlons simplement des collectivités rurales et des retombées que risque d'avoir cette tendance que nous constatons, essayons de voir comment nous pouvons nous adapter et ce que nous pouvons recommander à ces communautés qui dépendent de l'exploitation forestière et de l'agriculture.
Que répondez-vous aux chercheurs scientifiques américains qui affirment qu'une bonne partie des axiomes qu'on acceptait dans le passé ne sont plus valables, que la modélisation n'est pas fiable et qu'on ne peut vraiment pas prédire les conséquences de ce réchauffement. Pourquoi devrions-nous signer des protocoles dans ces conditions? Nous ferions mieux de consacrer notre argent à des recherches scientifiques plus approfondies pour tirer vraiment les choses au clair.
Mme Smith: Le président Bush a fait ce qu'il y avait de mieux à faire lorsqu'il a demandé à l'Académie nationale des sciences de réviser les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. L'Académie a confirmé les conclusions de ce groupe d'experts. La vie est une courbe en forme de cloche. Il y a toujours des défenseurs des deux côtés.
Le sénateur Day: J'ai posé le même genre de question à Henry Hengeveld, qui vient aussi de votre ministère, et il m'a donné la même réponse.
Le lendemain, j'ai lu dans le journal un article qui m'a quelque peu angoissé. Vous le connaissez certainement. Je vais vous en lire quelques passages et ensuite je vous passerai cet article. Il a été publié dans le National Post. C'était en réponse à des remarques d'un certain M. Weaver, de l'Université de Victoria, qui avait dit:
[...] que seuls quelques «sceptiques» — des chercheurs «en marge de la question» qui pratiquent la «science du cas particulier», comme le disait le ministre la semaine dernière — ont du mal à admettre les fondements scientifiques de l'Accord de Kyoto.
C'était là son premier commentaire. Il ajoutait ensuite que:
[...] des centaines de climatologues au Canada et dans le monde entier commencent à remettre en question la validité des projections qu'on effectue aujourd'hui à partir de modèles climatiques trop incertains.
Je passe à la page suivante:
M. Weaver affirme que «l'humanité est la principale cause des changements climatiques de la fin du XXe siècle».
Nous avons vu cela sur l'acétate que M. Hengeveld nous a projetée la semaine dernière.
C'est une affirmation sans fondement.
Je poursuis la lecture de l'article:
De plus en plus d'experts en science de l'atmosphère s'interrogent sur les causes réelles du récent réchauffement. D'après M. William Gray, qui enseigne la science de l'atmosphère à la Colorado State University, ce réchauffement pourrait bien être dû entièrement à des fluctuations naturelles des conditions atmosphériques.
Le modèle du Centre climatologique canadien donne des résultats complètement aberrants quand on l'applique à la moyenne des températures aux États-Unis sur 10 ans.
Le président: M. Weaver va comparaître devant notre comité dans un mois environ.
Le sénateur Day: Nous devrions peut-être aussi faire venir M. Madhav L. Khandekar. Vous le connaissez?
Mme Smith: De nom, oui.
Le sénateur Day: Il dit avoir fait de la recherche à Environnement Canada. Il a un doctorat en météorologie et a travaillé en climatologie, météorologie et océanographie pendant plus de 45 ans. Je vais vous en donner un exemplaire, ça peut être utile. Je vais aussi en donner un à mes collègues.
Si nous ne pouvons pas contrer ce genre de scepticisme, comment pouvons-nous parler de prévoir ce qui pourrait survenir dans nos collectivités rurales, et d'adapter les pratiques forestières en fonction du changement alors que nous ne savons pas quel sera le changement et que nous n'arrivons pas à élaborer de modèle adéquat? Pouvez-vous m'éclairer là-dessus?
Mme Smith: Je ne suis pas spécialiste du climat. Comme vous l'avez dit, vous avez sans doute abordé certaines de ces questions avec mon collègue, qui lui est climatologue, et j'hésite donc à m'aventurer trop loin. Je voudrais simplement dire que la National Academy of Science aux États-Unis n'est que l'un des 17 organismes scientifiques nationaux dans le monde à avoir entrepris le même exercice et atteint la même conclusion.
Quant à la capacité des modèles climatiques, je sais que tous les climatologues du monde souhaitent une amélioration des modèles, mais d'après les informations qu'ils m'ont données je crois que les types de temps que nous observons aujourd'hui correspondent tout à fait à ce que leurs modèles laissent prévoir.
Le Canada n'a pas les seuls modèles climatiques au monde. Nous sommes sans doute l'une des quatre principales associations météorologiques du monde, et, d'après ce que je sais, les résultats de ces modèles sont très proches les uns des autres. Je ne devrais pas aller plus loin parce que je ne suis pas spécialiste en science du climat.
Le sénateur Day: Qu'en pense-t-on à Environnement Canada, et pensez-vous que l'on puisse arriver grâce à nos travaux de modélisation à dire aux localités rurales: «Au lieu d'attendre un reboisement naturel pendant des générations, vous devriez envisager d'utiliser de nouvelles espèces d'arbres parce que c'est ce qui poussera bien ici dans 25 ans»?
Mme Smith: C'est exactement le genre d'amélioration que l'on essaie d'apporter actuellement aux modèles climatiques. Comme je l'expliquais tout à l'heure, la résolution des modèles est trop grande pour que l'on puisse donner ce genre d'avis et de conseil en toute confiance. La science actuelle en matière de climatologie nous permet de faire des prévisions à beaucoup plus grande échelle avec confiance, de sorte que les climatologues n'hésitent pas à dire qu'il est temps d'agir, mais il faut vraiment arriver à une résolution à plus petite échelle.
Prenons l'exemple des écosystèmes en Colombie-Britannique. Comme c'est une zone montagneuse, il est difficile d'être précis actuellement sur les effets des changements climatiques sur la vallée de l'Okanagan, par exemple. On essaie d'améliorer la résolution du modèle afin de pouvoir répondre à ce genre de question. Actuellement, on arrive à dire ce qui pourrait survenir dans les écosystèmes des Grands Lacs, mais on ne pourrait pas dire ce qui va arriver à St. Claire. On fait des projections, mais la résolution des modèles n'est pas suffisante. C'est sur ces raffinements que l'on travaille maintenant.
Le sénateur Day: C'est trop tôt pour que j'aille dire à mes collègues du Nouveau-Brunswick de planter des vignes pour se mettre à faire du vin.
Le président: Lorsqu'on planifie les stratégies d'adaptation, comment peut-on composer avec les incertitudes sur les effets des changements climatiques que vous avez tous expliquées aujourd'hui, et que doivent savoir les décideurs politiques pour minimiser les coûts des changements climatiques pour les secteurs forestier et agricole?
M. Huebener: Eh bien, si j'ai bien compris la question, il faut là encore investir dans les travaux scientifiques que décrivait Mme Smith, parce que c'est cela qui permettra de réduire l'incertitude. Il faut arriver à des projections plus précises concernant des zones plus petites, afin que les gens puissent comprendre les effets possibles. Il y aura sans doute encore plusieurs possibilités, mais si l'on parvient à être plus précis, les gens ont quelque chose sur quoi se baser.
En général, en ce qui concerne l'adaptation et l'atténuation, nous parlons de gestion prudente. Les scientifiques pensent comprendre assez bien les causes des changements climatiques et il est clair que nous devons planifier en prévision de ces changements. Si l'on pense aux forêts et à l'agriculture, il est clair que dans un pays comme le Canada où la population est peu nombreuse, les personnes qui habitent les régions rurales doivent gérer directement des terres très étendues.
Si l'on regarde les tableaux, l'agriculture produit environ 10 p. 100 des émissions canadiennes. Cela signifie que les 90 p. 100 restants viennent des autres secteurs. L'agriculture est touchée par le comportement des autres, non seulement au Canada mais aussi ailleurs dans le monde. Le Protocole de Kyoto est un outil pour arriver à une coopération mondiale dans ce domaine. Cela demandera des efforts considérables pendant un bon moment. Cependant, l'agriculture au Canada sera touchée par les émissions du reste du Canada, qui représentent de 2 à 3 p. 100 des émissions du monde, et par ce qui se fait dans les autres pays. Si nous faisons preuve de leadership, nous protégeons nos terres en encourageant un grand nombre de pays à gérer leurs gaz à effet de serre de façon responsables.
Toujours pour être prudents, il faut reconnaître que même malgré nos meilleurs efforts, étant donné l'évolution historique des gaz à effet de serre, il y aura des répercussions sur nos terres. Être prudent, c'est essayer en même temps d'investir dans la science et les systèmes de savoir et commencer à développer nos connaissances sur la façon de s'adapter. Nous ne sommes pas encore prêts à donner des recommandations aussi précises que celles dont vous parliez — cultiver ceci plutôt que cela. Un membre du comité de la Chambre nous a dit aujourd'hui que si le gouvernement disait de faire quelque chose, il fallait faire le contraire, parce que ce serait sans doute bon pour les affaires. Quant à penser que l'on peut faire des recommandations de ce genre à plus de 200 000 cultivateurs, eh bien, là aussi il y a des limites.
Nous avons toujours eu des centres de recherche très solides au Canada qui donnent des renseignements utiles aux agriculteurs sur les cultures à entreprendre en se basant sur les recherches effectuées et les connaissances acquises. Si nous améliorons ces connaissances, je pense que nous avons grâce à ces centres et aux réseaux établis par les provinces et le secteur privé, les systèmes en place nécessaires pour aider le secteur agricole à s'adapter.
Le président: Est-ce que vous coordonnez cette recherche dans l'ensemble du pays?
M. Huebener: Je ne suis pas scientifique non plus, mais il y a des gens qui font ce genre de travail.
Ma question porte sur l'argent que l'on investit dans l'atténuation pour respecter les limites du Protocole au lieu d'essayer de comprendre les effets — on a dépensé 1,6 milliard de dollars depuis 1998 et j'ai l'impression qu'on a consacré la majeure partie de cette somme à des mesures d'atténuation. Ne croyez-vous pas comme moi que si l'on dispose d'une somme limitée et que l'objectif est d'essayer de prévoir les meilleurs moyens de s'adapter aux changements inévitables, qu'ils soient lents ou rapides, dans les collectivités rurales, l'industrie forestière et l'industrie agricole, il faudrait alors consacrer un peu plus de cet argent aux recherches scientifiques sur l'avenir?
Mme Smith: À mon avis, ce changement va se faire graduellement avec le temps. En ce qui concerne la somme de 1,6 milliard, je n'ai pas les chiffres exacts en tête, mais je dirais qu'environ 100 millions de dollars ont été consacrés aux travaux scientifiques sur les effets et l'adaptation.
Mon collègue pense que c'est plus. Nous réservons 100 millions de dollars.
Le sénateur Day: Vous voudriez que l'on consacre davantage aux travaux scientifiques sur l'adaptation?
Mme Smith: Oui.
Le sénateur LaPierre: D'après moi, les Canadiens ne savent plus à quoi s'en tenir. Ils pensent que l'on ne fait rien. Ils pensent qu'ils sont les victimes de l'inaction du gouvernement, des batailles entre les gouvernements provinciaux, fédéral et territoriaux et tout le reste. Nous avons 22 groupes de travail qui collaborent dans toutes les activités que vous nous avez exposées. Même la province de Québec vous aide dans ce domaine dans son champ de compétence. Ce ne serait certainement pas la même chose dans le domaine de l'éducation.
Je trouve qu'il y a un problème de communication. Les Canadiens sont prêts à participer mais nous affaiblissons cette volonté parce que tout cela semble trop compliqué.
Ma question est d'ordre constitutionnel. Comme vous le savez tous, il y a trois étapes dans la ratification d'un protocole. Une fois que l'on a ratifié, il faut passer à l'action.
Le gouvernement fédéral peut agir dans ses propres domaines de compétence et il en va de même pour les gouvernements provinciaux. Les ressources naturelles qui sont au centre de ce dilemme appartiennent aux provinces et la Cour suprême a décidé que les provinces étaient les maîtres de ces ressources. Alors, sommes-nous en train de perdre sur la question constitutionnelle? Est-ce que nous minimisons le rôle du gouvernement fédéral dans ce processus?
Si c'est une question politique, n'y répondez pas. Je voulais que ce soit une question constitutionnelle.
Mme Smith: Je peux y répondre, mais peut-être pas avec la précision que vous recherchez. La question du pouvoir constitutionnel du gouvernement canadien dans ce domaine a fait l'objet de nombreuses recherches et on nous a fermement assuré que nous avions tous les pouvoirs constitutionnels nécessaires pour agir.
Le sénateur LaPierre: Pourquoi maintenant? J'ai 73 ans et j'entends parler de changement climatique depuis 50 ans. Pourquoi n'avons-nous pas fait quelque chose il y a 50 ans?
Mme Smith: Peut-être justement en raison du long processus que j'ai décrit. Ce n'était pas vraiment possible il y a plus d'un an parce que c'est en novembre l'année dernière que l'on a mis au point les détails de la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto. Ce n'a été possible qu'au cours de la dernière année. Plus on attend longtemps, plus il est difficile d'atteindre l'objectif.
Pour donner le point de vue d'un analyste des politiques, avec la quantité de travail qui a été consacrée à cela, il est difficile de voir ce que l'on pourrait analyser de plus maintenant. Il y aura toujours plus à apprendre au fur et à mesure que l'on agit et que l'on acquiert de l'expérience, et que la technologie évolue. Il y a toujours plus à apprendre, mais je crois que l'on a fait toutes les analyses possibles et imaginables sur ce que l'on sait déjà.
Le sénateur Wiebe: Vous allez peut-être penser qu'il est impossible à cette question ou choisir de ne pas y répondre, mais l'ancien président des États-Unis a été l'un des signataires originaux du Protocole de Kyoto. Des sénateurs américains avec lesquels je me suis entretenu m'ont dit que depuis, leur pays a adopté des lois plutôt rigoureuses sur les émissions. C'est manifestement un chef de file dans le domaine de l'éthanol, surtout parce que les États ont imposé une réglementation. Ces sénateurs disent que leur pays est nettement en avance sur le Canada en matière de législation sur les divers objectifs recherchés dans le cadre du Protocole de Kyoto.
Est-ce-exact?
Mme Smith: D'un point de vue purement analytique, il est extrêmement difficile de nous situer par rapport aux États-Unis. Il est vrai qu'il se passe beaucoup de choses dans ce pays. Le président Bush, dans sa déclaration sur le changement climatique en février dernier, a annoncé que des milliards de dollars allaient être investis dans la recherche, le développement et le déploiement technologiques et dans des études et des programmes scientifiques sur les puits agricoles et forestiers. Les Américains consacrent des sommes considérables aux problèmes liés au changement climatique. Ils investissent massivement dans les panneaux solaires et l'énergie éolienne. Ils ont des programmes de ristournes pour les véhicules à faibles émissions et toutes sortes d'autres programmes. Au niveau des États, on trouve le même genre de choses à des degrés divers. Certains d'entre eux sont extrêmement énergiques, d'autres moins, mais il est certain qu'il se passe beaucoup de choses aux États-Unis.
Le président: Est-ce le cas dans les grandes industries comme le pétrole?
Mme Smith: Ce qui me vient spontanément à l'esprit, c'est le secteur de la génération d'électricité. De nombreux gouvernements d'États sont actifs dans ce domaine.
Le Pembina Institute a réalisé une étude très approfondie de la situation actuelle aux États-Unis. Vous pourriez peut-être demander à votre adjoint de recherche de trouver ce document, qui a été publié il y a moins de six mois, je crois.
Le sénateur Wiebe: Nous avons discuté avec eux d'industries de l'énergie telles que la génération d'électricité, la production de pétrole, ce genre de choses.
Le sénateur Fairbairn s'interrogeait sur les problèmes que la signature d'un accord par le Canada entraînerait pour sa province.
Les États-Unis semblent bien conscients du besoin ou de la menace liés au changement climatique et c'est pour cela qu'ils dépensent les sommes dont vous parlez et qu'ils essaient de rectifier la situation.
C'est parce que le lobby du pétrole est tellement puissant aux États-Unis que le président actuel a pris la décision politique de ne pas ratifier l'accord de Kyoto, mais cela n'empêche pas les États-Unis d'aller de l'avant et de s'attaquer au problème des émissions de gaz à effet de serre.
Au Canada, nous avons décidé de montrer l'exemple et je félicite notre gouvernement de s'engager sur le Protocole de Kyoto. Toutefois, les provinces qui se plaignent le plus de ce nouveau plan sont celles qui polluent le plus, c'est-à- dire l'Alberta et ma propre province, la Saskatchewan; elles sont inquiètes pour l'avenir de leur industrie pétrolière.
Si les États-Unis avaient signé cet accord, aurions-nous ce bras de fer avec les provinces? Ce qu'elles disent en gros, c'est: «Écoutez, nous risquons de voir notre industrie pétrolière passer sous le contrôle des Américains si nous signons, ou en tout cas cela va nous coûter énormément d'argent. Nous ne voulons pas partager ce coût avec la population canadienne. Nous voulons garder l'argent que nous avons ici.» Est-ce que c'est une question injuste? J'ai l'impression que c'est ce qui se passe.
Mme Smith: C'est une pure hypothèse dans laquelle j'hésite à m'aventurer. Je pourrais contourner le problème en vous décrivant quelques exemples de ce qui se passe dans le secteur du pétrole et du gaz.
Nous collaborons avec les États-Unis à un projet qui consisterait à capter du CO2 pur dans une centrale de démonstration à charbon épuré et à acheminer ce CO2 au moyen de canalisations jusqu'au champ de Weyburn dans la Saskatchewan. C'est un projet à la pointe de la technologie.
En fait, je devrais laisser M. Lyman vous en parler. Je ferais mieux de le laisser vous expliquer ce projet de Weyburn et ses retombées potentielles.
Le sénateur Wiebe: Je connais ce projet, mais cela intéresserait peut-être mes collègues d'en entendre parler.
M. Robert Lyman, directeur général, Affaires environnementales, Transports Canada: C'est un projet qui vient appuyer le projet de récupération assistée du pétrole à Weyburn, en Saskatchewan. On récupère du gaz carbonique pur dans une centrale de gazéification du charbon du Dakota du Nord, et on injecte ce CO2 sous forte pression dans le réservoir de pétrole pour obtenir un meilleur taux de récupération de ce pétrole. Ce projet devrait nous permettre de prolonger la vie du réservoir de Weyburn de 15 à 20 ans, en entraînant des avantages économiques considérables pour la Saskatchewan, et, évidemment, les entreprises concernées.
L'Agence internationale de l'énergie et plusieurs autres pays étudient ce projet pour évaluer les répercussions de cette injection de gaz carbonique dans le réservoir, et nous espérons que les informations ainsi recueillies nous permettront, ainsi qu'à d'autres pays, de déterminer comment on pourra à l'avenir injecter du gaz carbonique dans les nappes de pétrole pour optimiser la récupération du pétrole et enfermer ensuite le gaz carbonique dans le sous-sol.
Mme Smith: Si ce projet technologique est une réussite, il entraînera toute une synergie vraiment intéressante sur toute la ligne. L'Alberta et la Saskatchewan ont d'importantes ressources houillères et elles tirent une bonne partie de leur électricité du charbon. Si nous pouvons faire la démonstration que ce procédé de gazéification du charbon épuré fonctionne au Canada, vu nos ressources houillères et notre contexte climatique, nous ouvrirons la voie à une production d'électricité qui n'entraînera qu'une très faible contamination de l'air et que très peu d'émissions de gaz à effet de serre, et qui nous permettra en prime d'améliorer la récupération du pétrole dans des nappes dont l'exploitation tirait à sa fin.
Le gouvernement a annoncé dans le plan qu'il souhaitait vivement collaborer avec les provinces et les industriels pour réaliser les investissements nécessaires pour démontrer le bien-fondé de ces procédés.
Le sénateur Wiebe: Je vais maintenant revenir au Cadre stratégique pour l'agriculture dont on a parlé tout à l'heure parce qu'évidemment je me demande dans quelle mesure nous sommes capables de nous adapter au changement.
Le Cadre stratégique pour l'agriculture va être axé sur deux domaines de gestion du risque ou de protection, le CRSN et l'assurance-récolte. Le CRSN s'autofinance en gros, mais pas l'assurance-récolte. Si les changements climatiques que nous constatons depuis deux ans se maintiennent, l'assurance-récolte va coûter une fortune aux agriculteurs ou au gouvernement. Évidemment, les agriculteurs et le monde agricole espèrent que ce sera le gouvernement qui prendra cela à sa charge, et non eux.
Puisque vous vous occupez de l'élaboration des politiques dans ce domaine, avez-vous envisagé de consolider l'assurance-récole pour protéger les agriculteurs de la sécheresse ou des précipitations excessives?
M. Huebener: Vous mettez le doigt sur quelque chose de très important. C'est une des raisons pour lesquelles, aussi bien du point de vue de l'agriculteur que du point de vue du ministère, le changement climatique a de l'importance, car il touche le portefeuille.
Le problème dans l'état actuel des connaissances scientifiques, c'est qu'il est difficile de prévoir les retombées futures du changement climatique. Nous savons que les conditions météorologiques sont un facteur important à l'heure actuelle. Chaque année, les agriculteurs sont confrontés à une double adversité: les conditions météorologiques et les cours du marché.
Je ne m'y connais pas parfaitement en assurance-récolte, mais je sais que certaines des compagnies qui font de la réassurance sont en train d'évaluer les risques mondiaux liés au climat et commencent à relever leurs tarifs. C'est donc là un exemple de répercussions de l'instabilité de la météorologie mondiale sur les primes d'assurance des agriculteurs.
Nous avons soulevé la question au ministère avec les gens qui s'occupent du changement climatique. Lors d'une rencontre de nos responsables de l'assurance-récolte avec les gestionnaires de l'assurance-récolte dans les provinces il y a environ un an, nous avons invité un expert en changement climatique à nous parler des tendances actuelles et à nous suggérer des orientations de réflexion sur la question. Nous avons commencé à travailler sur cette question au ministère. Pour l'instant, nous ne pouvons guère tirer de conclusion. Quand on parle, comme vous le faisiez tout à l'heure, d'un cadre et d'une planification pour le changement climatique, il faut essayer de voir quelles seront les répercussions des changements climatiques sur l'assurance-récolte et les autres grands mécanismes de stabilisation agricole. Comme vous le savez, le filet de sécurité est un des plus importants postes de dépenses de notre ministère.
Quand on parle de s'adapter au changement dans le Cadre stratégique pour l'agriculture, cela peut signifier un remaniement des programmes de gestion des risques.
C'est un des outils, mais en même temps, si l'on ne veut pas devoir assumer des coûts très élevés sur ce plan, on peut aussi choisir l'innovation. Par exemple, si les agriculteurs peuvent cultiver certaines récoltes plus résistantes à ces conditions climatiques, ils ne seront plus victimes des mêmes fluctuations de leur revenu. À ce moment-là, le filet de sécurité aura moins d'importance quand on examinera des choses comme les réseaux ou l'infrastructure d'adduction d'eau. Tout cela fait partie de l'ensemble d'outils qu'il faut envisager dans un contexte de planification de l'adaptation.
Nous n'en sommes pas là. Nous envisageons de mettre sur pied un ensemble d'outils et de consolider le réseau d'information pour permettre aux agriculteurs de prendre des décisions en connaissance de cause à l'avenir. Personnellement, j'estime que nous sommes en train de préparer un ensemble d'outils qui permettront aux générations futures de mieux gérer la situation que nous actuellement.
Le sénateur Wiebe: Le message que je souhaiterais que vous transmettiez à vos collègues au ministère, à votre sous- ministre et à vos ministres, c'est qu'il faudrait investir énormément d'effort et d'argent pour résoudre le problème du changement climatique, et que le terme clé pour nous, c'est «l'adaptation» au changement climatique. Il faudrait insister tout autant sur cet aspect de la question, car il faudra très longtemps pour maîtriser le changement climatique et il faudra peut-être songer en priorité à nous y adapter.
Le président: J'aimerais en revenir à la partie de l'exposé de Mme Smith qui concerne les initiatives en cours. Vous parlez d'élaborer les instruments de mesure et les inventaires nécessaires pour nous permettre de bénéficier de crédits dans le cadre de la réglementation internationale grâce à nos bonnes pratiques de gestion agricole et forestière.
Pouvez-vous nous mentionner quelques-uns de ces outils? Vous parlez de modèles informatiques?
M. Huebener: Il y aura divers outils, mais les agronomes font depuis longtemps des recherches sur les sols. Dans certains cas, on prend des mesures à petite échelle et on se sert de modèles informatiques pour extrapoler à plus grande échelle les gains réalisés pour le carbone.
Nous travaillons depuis un certain temps avec les provinces, avec les Universités du Manitoba et de la Saskatchewan, avec la Canadian Cattlemens Association et le Conseil de conservation des sols du Canada. Il y a le Prairie Soil Carbon Balance Project, qui consiste à mesurer tout cela de façon systématique car on a besoin de protocoles scientifiques sur lesquels tout le monde est d'accord pour pouvoir appliquer les régimes d'échange de crédits d'émissions. Ces protocoles de recherche ont été le fruit d'un effort commun.
Ma réponse sera floue car je ne suis pas un expert scientifique. Il y a des gens qui s'occupent de mesurer les gaz à effet de serre et d'élaborer des systèmes de vérification. C'est dans le domaine du carbone au niveau du sol que nous sommes le plus sûrs de nous. Il y a aussi beaucoup de recherches sur les autres gaz à effet de serre liés à l'agriculture, l'oxyde d'azote et le méthane, car on les comprend moins bien. Il s'agit en fait de savoir si l'on peut les mesurer et au moyen de quelle technique. Si vous voulez venir faire un tour à la Ferme expérimentale, vous pourrez y parcourir un champ de neige qui était un champ de maïs cet été, et vous y verrez une série de lasers sur un poteau et une série de miroirs une centaine de mètres plus loin. On s'en sert pour élaborer de nouvelles méthodes plus précises de mesure des gaz à effet de serre. C'est là un exemple de projet parmi d'autres portant sur les gaz à effet de serre et les puits.
Ce qu'il ne faut pas oublier à propos de l'agriculture, c'est que c'est un domaine cyclique. Il y a des émissions de gaz, puis une partie de ces gaz sont réabsorbés dans le sol. Le travail des chercheurs scientifiques consiste à élaborer un ensemble de règles et de procédures pour nos calculs et à les communiquer à la communauté internationale par le biais de groupes comme le GIEC, et à s'assurer que nous respectons les normes internationales et que nous avons une influence dans ce domaine.
Les spécialistes canadiens de l'agriculture et des sols participent aux travaux du GIEC pour définir des méthodes acceptables de mesure.
Le sénateur Fairbairn: Ceux d'entre nous qui viennent des Prairies ont la plus grande estime pour le travail accompli par l'ARAP au fil des ans, en partie parce que les agents de cet organisme sont beaucoup plus présents sur le terrain que ceux de nombreux autres organismes. Avez-vous associé cette administration à vos travaux sur la question du changement climatique?
M. Huebener: Dans mon bureau d'Ottawa, je suis très loin d'être un homme de terrain, et j'ai donc moi aussi la plus haute estime pour les agents de l'ARAP.
Effectivement, si vous examinez le changement climatique dans la perspective de notre ministère, vous constaterez que la gestion des gaz à effet de serre et les changements climatiques figurent parmi les grands objectifs du Cadre stratégique pour l'agriculture, et sont donc envisagés sous un angle stratégique.
Nous innovons en organisant le travail par équipes au ministère, et plusieurs agents de l'ARAP participent à ce que nous appelons «l'équipe de l'environnement». Ils y apportent des connaissances pratiques très précieuses et participent à la conception des programmes et des politiques.
Le ministère profite beaucoup de leur expertise car ils ont des liens fantastiques avec le secteur agricole et les provinces. C'est une base technique importante pour le ministère. Ces agents participent d'ailleurs aussi à un projet de sensibilisation au changement climatique financé dans le cadre du Fonds d'action sur le changement climatique en contribuant à sensibiliser les organisations d'agriculteurs aux problèmes du changement climatique. Il s'agit d'un important projet.
Mme Smith: Pour compléter cela, je dirais que les experts en foresterie et en agriculture qui participaient aux équipes de négociation internationales dont je faisais partie ne venaient pas d'Ottawa. Ils venaient de Winnipeg et de Vancouver, je crois, ainsi que de la Saskatchewan.
Le sénateur Fairbairn: C'est plutôt rassurant.
Le sénateur Wiebe: Plus de la moitié de la Saskatchewan est couverte de forêt. Bien des gens l'ignorent et croient que la Saskatchewan n'est qu'une grande prairie plate.
Le président: Au nom du comité, je remercie les témoins qui nous ont appris beaucoup de choses. Il serait intéressant de vous entendre à nouveau dans un an, une fois que nous aurons écouté une foule d'autres personnes.
Nous n'en sommes qu'à notre deuxième réunion, et donc aux préliminaires, mais merci de nous avoir aidés à nous orienter.
La séance est levée.