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Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Agriculture et des forêts

Fascicule 20 - Témoignages du 21 octobre 2003


OTTAWA, le mardi 21 octobre 2003

Le Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts se réunit aujourd'hui à 18 h 07 pour étudier les questions se rattachant au développement et à la mise en marché, au Canada et à l'étranger, de produits agricoles, agroalimentaires et forestiers à valeur ajoutée.

Le sénateur Donald H. Oliver (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président: Notre comité étudie présentement les questions se rattachant au développement et à la mise en marché, au Canada et à l'étranger, de produits agricoles, agroalimentaires et forestiers à valeur ajoutée.

[Traduction]

Honorables sénateurs, dans son rapport intitulé «Les agriculteurs canadiens en danger», le comité a consacré six pages aux produits à valeur ajoutée en agriculture et a recommandé au gouvernement d'élaborer une stratégie exhaustive comprenant des stimulants fiscaux, de l'aide directe sous forme de ressources financières et de services spécialisés pour améliorer le développement du secteur de l'agriculture à valeur ajoutée, notamment des projets propres aux agriculteurs, dans les zones rurales du Canada.

Le comité estime que l'adoption de la production à valeur ajoutée, la sécurité et l'expansion des exportations commerciales sont devenues essentielles à la survie de l'économie agricole au Canada. La demande pour des produits à valeur ajoutée s'est accrue, de même que la concurrence en provenance des autres pays. Si les producteurs canadiens veulent exceller dans cet environnement, ils devront faire preuve d'innovation et s'adapter aux progrès de la nouvelle technologie ainsi qu'à l'évolution des préférences des consommateurs.

Ce soir, nous avons invité des représentants du Conseil national des produits agricoles et de la Commission canadienne du blé à venir discuter de l'importance des produits à valeur ajoutée. Donc, du Conseil national des produits agricoles, nous accueillons Mme Cynthia Currie, présidente et M. Ron O'Connor, vice-président. Après quoi, nous entendrons le président de la Commission canadienne du blé, M. Ken Ritter; un directeur, M. Bill Nicholson; ainsi que le directeur commercial, M. Jim Thompson.

Madame Currie, je vous en prie.

Mme Cynthia Currie, présidente, Conseil national des produits agricoles: Il me fait grand plaisir de vous parler ce soir concernant la mise au point et la commercialisation de produits agricoles à valeur ajoutée. Je travaille dans ce domaine à titre de présidente du Conseil national des produits agricoles depuis six ans. Auparavant, j'étais directrice générale de l'Office canadien de commercialisation du poulet, qui est maintenant appelé les Producteurs de poulet du Canada.

Permettez-moi de vous présenter le vice-président du Conseil, M. Ron O'Connor. Il exploite une entreprise de production de poulet près de Shelburne, en Ontario, et il fait partie du Conseil depuis 1998. Il est aussi ancien président des Producteurs de poulet de l'Ontario.

Mon but est de souligner les réalisations saillantes des producteurs canadiens de volaille. Je décrirai aussi certains des travaux en cours visant à assurer que ce secteur poursuive sa contribution à la prospérité du Canada.

Il ne fait aucun doute que les industries canadiennes de la volaille et des oeufs ont connu un franc succès. Le secteur produit 7 p. 100 des recettes agricoles canadiennes, dont la valeur atteint quelque 2,5 milliards de dollars.

[Français]

En bonne part, ce succès découle de l'appréciation croissante des Canadiens à l'égard du poulet. La consommation par habitant a constamment augmentée au cours de la dernière décennie, et le poulet est maintenant sur un pied d'égalité avec le bœuf comme viande de choix. De fait, le Canadien moyen consomme près de 31 kilogrammes de viande de poulet par année, et il lui reste encore suffisamment d'appétit pour y ajouter 15 douzaines d'œufs et quatre kilogrammes de viande de dindon.

De nombreuses raisons nous laissent croire que ce succès se poursuivra.

De nombreux consommateurs choisissent les produits de volaille à cause de leur commodité et de leur valeur nutritive. Les produits et les aliments à valeur ajoutée qui sont à base de volaille continuent à bénéficier de facteurs favorables à leur croissance.

Les ventes de bouchées, de repas préparés et d'autres produits à valeur ajoutée contenant de la volaille augmentent de 30 p. 100 par année.

Souvent, nous remarquons dans les magasins les marques nationales de produits à base de volaille, mais les produits à valeur ajoutée de marque maison occupent aussi une place très importante.

[Traduction]

En outre, la diversification des aliments tend à élargir les choix qui nous sont offerts. Au fur et à mesure que l'immigration accroît la population canadienne, le marché change en conséquence. La brochette d'aliments qui nous sont offerts se diversifie. Les restaurants et les magasins d'alimentation ethniques se multiplient, et les chaînes d'alimentation offrent un beaucoup plus grand choix de produits ethniques que dans le passé. Pour leur part, les producteurs de volaille et d'oeufs ont fait beaucoup plus que de répondre à la croissance de la demande.

De plus en plus, les producteurs cernent et satisfont de nouveaux segments de leurs marchés. Cela comprend une très forte croissance dans le segment des aliments préparés et l'émergence de nouveaux segments de marché pour les produits de volaille, comme les viandes halal pour répondre aux besoins croissants du marché musulman. Tout en cernant de nouveaux segments dont ils satisfont les besoins, les producteurs d'aujourd'hui doivent répondre à d'autres besoins cruciaux, comme la salubrité alimentaire et la protection de l'environnement. Ils doivent suivre de près l'innovation et appliquer les nouvelles connaissances. Ce faisant, ils doivent néanmoins relever le défi de la rentabilité.

Comme l'indiquent les statistiques sur la production, il est manifeste que les producteurs d'aujourd'hui savent relever le défi d'incorporer une valeur ajoutée. On peut remarquer que les producteurs de toutes les régions du Canada participent à cette tendance. L'un des principaux motifs du succès remporté par nos producteurs découle de la nature du régime sous lequel ils fonctionnent. Ce régime est la «gestion de l'offre», une expression que les gens ne comprennent pas toujours convenablement.

Le rôle du Conseil national des produits agricoles en gestion de l'offre est défini dans la Loi sur les offices des produits agricoles, la LOPA. Le Conseil applique la Loi et supervise les cinq organismes canadiens qui ont été créés en vertu de la Loi et sont exploités par les producteurs. Quatre des cinq organismes sont des offices canadiens de commercialisation qui ont été créés en vue de gérer les approvisionnements de poulet, d'oeufs, de dindon et d'oeufs d'incubation de poulet à chair. Le cinquième est un office de promotion et de recherche récemment créé pour permettre à l'industrie des bovins de boucherie de prélever des redevances obligatoires sur le boeuf commercialisé au Canada, tant importé que produit au pays.

Les cinq offices canadiens sont essentiellement dirigés par les producteurs, et non pas par le gouvernement. Notre rôle est de superviser leurs activités plutôt que de les contrôler. Les offices canadiens de commercialisation, par exemple, réglementent la production et paient leurs activités au moyen de redevances obligatoires. Lorsque ces offices canadiens préparent et appliquent leurs ordonnances ou règlements, ils doivent tenir compte des intérêts à la fois des producteurs et des consommateurs, comme le prescrit la Loi. Le Conseil examine leurs ordonnances et règlements afin de s'assurer que les offices canadiens agissent conformément à la LOPA.

Malgré tout le succès que remportent les offices de commercialisation, les gens ne se rappellent guère comment le régime existant a été mis sur pied et ils n'apprécient pas à leur juste valeur les avantages qu'en retirent les producteurs. Les agriculteurs comprennent depuis longtemps que les offices de commercialisation peuvent renforcer leur pouvoir de négociation devant les transformateurs d'aliments. Au Canada, les offices de commercialisation ont pris forme entre les années 20 et le début des années 70. Mais avant l'adoption de la LOPA, en 1972, à la demande des gouvernements provinciaux et des producteurs, il n'existait aucun mécanisme pour coordonner les offices de commercialisation au niveau national. Une fois cette loi en place, les producteurs ont eu accès au marché canadien, ce qui permettait aux producteurs de toutes les régions d'approvisionner le marché canadien en produits de la volaille et des oeufs. Pour le consommateur, la LOPA a effectivement assuré un approvisionnement stable de produits de la volaille et des oeufs de bonne qualité, produits dans sa région et à prix raisonnable.

En outre, un approvisionnement stable a apporté de réels avantages à l'industrie de la transformation alimentaire et lui a permis de desservir de nouveaux marchés, sachant qu'elle pouvait compter sur les fournisseurs locaux pour lui livrer les matières premières requises.

Toutefois, la gestion de l'offre a une portée plus grande que la simple répartition de la production de façon à satisfaire aux besoins des consommateurs. La véritable valeur du régime vient de ce qu'il établit un forum où tous les membres de la chaîne de valeur travaillent ensemble pour leur avantage mutuel. Comme je l'ai mentionné, les offices de commercialisation sont dirigés par les producteurs. Toutefois, tous les offices canadiens comptent des représentants des transformateurs et des surtransformateurs dans leur conseil d'administration, et certains comprennent aussi des représentants des industries de services alimentaires et des consommateurs. Les personnes représentant ces divers intérêts collaborent à la satisfaction des besoins du marché et à l'établissement de l'orientation stratégique pour leur secteur. Cet esprit de coopération s'étend aussi au fonctionnement du Conseil national des produits agricoles. La moitié de nos membres doivent être des producteurs agricoles primaires. Les autres membres proviennent de l'industrie.

Monsieur le président, les membres du CNPA sont fiers d'avoir adopté cette approche pragmatique avec l'industrie et de ne pas s'être coupés d'elle. Selon notre expérience, cette façon de procéder donne de bons résultats. Les consommateurs bénéficient d'un approvisionnement stable de produits vendus à des prix raisonnables. Les producteurs savent d'avance quels sont leurs niveaux de production et de revenus, ce qui réduit le risque commercial.

[Français]

Monsieur le président, le comité pourrait trouver utile d'entendre un ou plusieurs des offices canadiens concernant le plan stratégique et le processus que chacun d'eux utilisent pour obtenir une plus grande valeur ajoutée.

De nos jours, il existe un excellent niveau de coopération, et d'autres travaux en collaboration, sont prévus pour le futur.

Par exemple, les Producteurs de poulets du Canada (PPC) travaillent à accroître la quantité et la valeur des produits de viande brune. Cette stratégie contribuerait à équilibrer le marché canadien, où le consommateur préfère la viande blanche, et ouvrirait éventuellement des débouchés pour l'exportation accrue de produits haut de gamme à valeur ajoutée dans les créneaux choisis.

[Traduction]

La démarche de collaboration adoptée par les Producteurs de poulet du Canada est claire. Comme l'indique succinctement le plan stratégique de cet office, pour que cette démarche soit couronnée de succès, toute la chaîne de valeur doit partager les coûts, les risques et les avantages.

Les autres offices canadiens utilisent aussi la même démarche. Ils s'appliquent tous à donner à leurs producteurs la possibilité d'accroître la valeur ajoutée en collaborant avec leurs partenaires de la chaîne.

Il faut souligner une autre caractéristique de la gestion de l'offre. Le régime est assez souple pour que les producteurs réalisent de diverses façons leurs objectifs de valeur ajoutée. Dans certains cas, les producteurs ont mis sur pied des coopératives pour leur avantage mutuel. M. Michael Presley, d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, vous a récemment décrit l'expérience de la Coopérative des producteurs d'oeufs du Manitoba. Ce groupe a permis aux producteurs d'orienter l'avenir de leur industrie, spécialement par la science et les bioproduits.

Autre exemple, la Coopérative ACA de la Nouvelle-Écosse. Elle fait la transformation de poulet et de dindon, ainsi que la surtransformation de viande de volaille par l'entremise d'une filiale. Elle produit aussi des oeufs, fait le classement des oeufs et possède la moitié d'une exploitation affiliée de transformation de volaille à Terre-Neuve. On m'a dit que la Coopérative ACA emploie quelque 700 personnes qui travaillent toutes dans l'industrie des aliments à valeur ajoutée.

Une autre démarche utilisée est celle d'Olymel, que possède une fédération de coopératives agricoles québécoises. Olymel est maintenant un intervenant de stature nationale et internationale en production agricole, en transformation alimentaire, en vente au détail et en services alimentaires, ce qui en fait un très gros employeur.

En outre, certains producteurs ont individuellement relevé le défi de la valeur ajoutée par l'intégration. Par exemple, dans l'Est ontarien, la firme Burnbrae Farms produit des oeufs depuis 1943. Elle a vite commencé à faire le classement des oeufs et à prendre de l'expansion. Maintenant, elle possède des contingents de production d'oeufs, des établissements de classement et des usines de transformation en Ontario, au Québec et au Manitoba.

Honorables sénateurs, voilà quelques exemples de la façon dont les industries de la volaille et des oeufs ajoutent de la valeur et procurent des avantages tant aux producteurs qu'aux consommateurs.

La majorité du travail du Conseil est axée sur les offices canadiens de commercialisation dans le secteur de la volaille et des oeufs, mais il existe un autre volet de notre travail que le comité pourrait trouver intéressant. La LOPA autorise les groupes responsables de produits agricoles à créer un deuxième genre d'offices, c'est-à-dire les offices de promotion et de recherche. Un groupe peut décider d'établir un tel office pour effectuer, par exemple, de la recherche en commercialisation touchant les caractéristiques de ses produits et les goûts et les préférences des consommateurs canadiens. Un tel office peut aussi entreprendre des campagnes de publicité et de promotion génériques. Ce travail peut bénéficier à tous les participants de l'industrie. La LOPA permet aussi aux groupes responsables de denrées agricoles d'établir un régime de redevances ou de prélèvements pour financer leurs activités de promotion et de recherche. Remarquons que les redevances peuvent être perçues sur les produits agricoles tant importés que produits au pays. Ce processus est utilisé depuis des années aux États-Unis, où il remporte un succès considérable.

Ici au Canada, un tel office a été créé par l'industrie des bovins de boucherie. L'Office canadien de recherche, de développement des marchés et de promotion des bovins de boucherie prépare sa première ordonnance sur les redevances à payer. Le Conseil travaille en étroite coopération avec l'industrie des bovins de boucherie à la réalisation de cette initiative. Ce faisant, nous cherchons des moyens de simplifier le processus, de sorte que les autres groupes puissent considérer l'utilisation de cet outil pour la promotion et la recherche touchant leurs propres produits agricoles.

En bref, monsieur le président, et honorables sénateurs, j'ai décrit certaines façons dont les offices canadiens que nous supervisons travaillent de nos jours pour ajouter de la valeur à la production agricole canadienne et pour en ajouter plus encore à l'avenir.

Le succès de ce travail ne devrait pas être sous-estimé. Non seulement ces industries créent-elles de la valeur, mais en outre elles assurent par leur structure que cette valeur est partagée entre toutes les régions du Canada. Cet objectif, cette réalisation sont tout aussi pertinents aujourd'hui qu'ils l'étaient lorsque le Parlement a adopté la LOPA plus de 30 ans auparavant.

Honorables sénateurs, merci d'avoir invité le Conseil à venir vous rencontrer aujourd'hui. Monsieur le président, nous répondrons avec plaisir à vos questions et à celles de vos collègues.

Le président: Merci. Avant d'aborder la gestion de l'offre, vous avez beaucoup parlé de la valeur ajoutée. Existe-t-il des obstacles empêchant les agriculteurs de progresser dans la chaîne alimentaire et d'accroître leur participation dans la production à valeur ajoutée et, le cas échéant, pouvez-vous nous en décrire quelques-uns?

Mme Currie: Je peux vous dire pour commencer que les agriculteurs ont montré qu'ils sont capables de surmonter les obstacles lorsqu'ils se présentent. Ils les voient comme un défi à relever. Comme je l'ai déjà mentionné, au Manitoba, les agriculteurs se sont associés avec l'industrie de la transformation et le gouvernement pour former l'Association des producteurs d'oeufs du Manitoba, la coopérative, qui fonctionne très bien. Les agriculteurs envisagent de faire l'exportation du lysozyme des oeufs qui ajoute de la valeur à la matière première.

Je tire beaucoup de fierté de notre approche très pragmatique et du fait que notre vice-président est lui-même un producteur, aussi je vais lui demander d'élaborer sur le sujet.

M. Ron O'Connor, vice-président, Conseil national des produits agricoles: Je suis producteur de poulet et la nature relative de nos activités dans l'industrie est telle que nous travaillons en étroite collaboration avec le secteur de la transformation. Pour ce qui est de l'ajout de valeur à nos produits, la majorité de nos activités à cet égard s'effectue normalement en collaboration avec un transformateur.

Le rôle de l'agriculteur devrait être de fournir les spécifications dont le transformateur pourrait avoir besoin pour ajouter de la valeur, notamment le calibrage, l'alimentation et la race des poulets.

Le président: Que faites-vous pour que le marché consomme davantage de viande brune?

M. O'Connor: L'usine de transformation à laquelle je vends mes volailles s'appelle Sun Valley Foods, c'est une division de Cargill Limited, qui appartenait auparavant à Cuddy International Corporation, et cette entreprise a déployé beaucoup d'efforts pour faire la promotion de la viande brune. Elle est l'unique fournisseur de McDonald's du Canada, aussi elle doit répondre à une énorme demande pour la viande blanche — la chair de la poitrine — qui sert à faire des sandwiches. On mélange un peu de viande brune à la viande blanche pour faire des pépites. Ce transformateur s'intéresse aussi beaucoup à la viande tirée des hauts de cuisse de poulet désossés et sans peau ainsi qu'aux cuisses de poulet désossées. En ce qui concerne la vente au détail, le travail de promotion en vue de conditionner et de commercialiser ce produit s'est effectué en bonne partie en collaboration avec M & M Meat Shops. Nous exportons également une partie de la viande brune, plus particulièrement les quartiers arrières en tant que denrée.

Le président: Il y a probablement un vaste marché à Cuba pour la viande brune.

M. O'Connor: En effet.

Le sénateur Wiebe: Comme beaucoup s'en doutent, je suis très en faveur des offices de commercialisation. Toutefois, ma question risque peut-être de vous surprendre.

Si vous possédez un contingent et que vous appartenez à un office de commercialisation, vous n'avez pas vraiment à vous en faire pour les objectifs liés à la valeur ajoutée. Cet office de commercialisation va s'occuper de déterminer un rendement équitable pour ce que vous produisez.

Je me préoccupe davantage de la valeur ajoutée pour ceux qui ne possèdent pas de contingent et qui voudraient ajouter de la valeur à ce qu'ils produisent. Le seul moyen qui s'offre à eux pour ajouter de la valeur à leur produit consiste à participer à une étape ou à une autre à la transformation de ce produit en particulier.

La majorité des problèmes que l'on éprouve de nos jours en agriculture tiennent au fait que nous produisons de la matière première, et que nous sommes soumis aux caprices des marchés internationaux qui nous dictent les prix que nous obtiendrons. Si nous pouvions nous introduire dans la chaîne de transformation, alors nous pourrions envisager une valeur ajoutée.

Attirer un exploitant d'abattoir dans une province, par exemple, peut accroître la valeur ajoutée de ce produit, pour la province, mais l'agriculteur qui produit le boeuf n'obtient pas un cent de plus parce qu'il est régi par le prix sur le marché international.

Nous nous efforçons au sein de ce comité de trouver des moyens qui permettront à l'agriculteur qui n'est pas membre d'un office de commercialisation de faire partie du système de transformation de manière à obtenir une certaine valeur pour son produit.

Mme Currie: Étant donné que notre spécialité est la structure d'un office de commercialisation, je ne pense pas être en mesure de faire des commentaires pertinents en ce qui concerne les autres segments de la production agricole. En ce qui a trait au secteur des offices de commercialisation, la gestion de l'offre a montré qu'elle pouvait évoluer et même réussir à intéresser davantage le producteur à la valeur ajoutée.

Je pense à la politique sur le développement des marchés, à l'échelle nationale, que les Producteurs de poulet du Canada viennent tout juste de mettre en place. Cette politique vise à trouver de nouveaux moyens liés à la valeur ajoutée pour permettre à l'agriculteur de bénéficier d'un produit à valeur ajoutée mis de l'avant par le transformateur, et pour faire en sorte de rapprocher le transformateur et le producteur afin qu'ils puissent partager les bénéfices de ce scénario. Dans les offices de commercialisation, on essaie de trouver des moyens d'atteindre cet objectif, des moyens qui peut-être n'étaient pas sur la table il y a trois, quatre ou cinq ans. Donc, les offices se penchent de plus en plus sur ces moyens.

Je suis de l'industrie du poulet, c'est un secteur que je connais très bien. Producteurs et transformateurs y travaillent la main dans la main. Nous ne sommes plus à l'époque où un segment affrontait l'autre. Si les deux ne travaillent pas de concert, l'industrie en général n'en tirera aucun avantage. Il est clair que la structure de commercialisation s'est engagée dans cette direction.

La remarque que vous avez faite au sujet du boeuf est très pertinente. Malheureusement, ce n'est pas ma spécialité. Nous n'avons pas d'autre lien avec l'industrie du boeuf que ceux qui tournent autour de l'office de promotion et de recherche.

Le sénateur Gustafson: J'aimerais poursuivre sur cette lancée. Dans l'Ouest canadien, on a le sentiment profond que l'office de commercialisation pénalise l'industrie céréalière. Même si nous avons signé un accord de libre-échange, il n'y a pas de libre-échange véritable en Amérique du Nord. Si nous avions réellement un marché libre et ouvert, est-ce que l'industrie pourrait survivre?

Les Américains nous ont répété maintes et maintes fois que si nous leur ouvrions la porte dans les secteurs protégés par les offices de commercialisation, ils feraient la même chose pour l'industrie céréalière. Beaucoup d'habitants de l'Ouest canadien pensent qu'ils sont pénalisés. Et pourtant, je n'entends pas les responsables des offices de commercialisation s'exprimer en faveur des producteurs de céréales ou de bétail.

Je suis d'accord avec vous que votre industrie est très profitable, mais le secteur des céréales est en chute libre.

Je serais bien le dernier à vouloir faire disparaître quelque chose qui fonctionne bien. Je ne veux en rien minimiser le succès remporté par l'industrie du poulet ou celle du lait, mais je pense que le moment est venu pour le gouvernement de réaliser que les offices de commercialisation sont à l'origine de beaucoup d'avantages pour le Canada, mais qu'ils n'ont pas laissé d'ouverture pour la survie du secteur des céréales dans l'Ouest canadien, en particulier. J'entends les mêmes commentaires de l'Ontario. De plus en plus d'agriculteurs font faillite. La Saskatchewan a perdu 10 000 producteurs depuis 1960, et elle continue d'en perdre année après année. Il faut faire quelque chose.

Je ne veux pas vous priver de votre office de commercialisation ni dénigrer votre réussite. Toutefois, j'essai de vous faire comprendre que nous avons besoin de votre aide. Pourquoi n'apporteriez-vous pas votre soutien au ministre de l'Agriculture? Les offices de commercialisation à eux seuls sont capables de satisfaire un ministre et de le maintenir en poste, même s'il ne fait rien du tout pour l'industrie céréalière.

Mme Currie: Les agriculteurs de l'Ouest canadien qui participent à la gestion de l'offre ne voudraient pas voir le système disparaître.

Le sénateur Gustafson: Je ne veux pas le voir disparaître.

Mme Currie: Ils voient beaucoup d'avantages à adopter la structure des offices de commercialisation, peu importe si cette structure est plus présente en Ontario ou au Québec.

Il serait aussi intéressant de noter quelque chose au sujet des céréales achetées par les agriculteurs qui participent au programme de gestion de l'offre. Quelqu'un m'a confié récemment que les agriculteurs de ce programme dépensaient environ 1 milliard de dollars par année pour l'achat de céréales. C'est assez significatif dans ce contexte. On ne peut d'aucune manière considérer qu'il s'agit d'un montant négligeable.

M. O'Connor: J'ai beaucoup de réticence à accepter votre affirmation comme quoi la gestion de l'offre pourrait nuire aux intérêts des producteurs de céréales. Je suis également producteur de céréales, et je contribue au soutien de mes collègues céréaliers toutes les huit semaines en envoyant un chèque substantiel. Je pense que l'on se fait des idées fausses si on s'imagine que l'on améliorera la situation des céréaliculteurs du Canada en se débarrassant des offices de commercialisation. Je ne suis pas de cet avis.

Notre industrie n'est pas fermée. Nous importons beaucoup de poulet dans ce pays, surtout en provenance des États-Unis. Nous sommes ouverts aux échanges commerciaux, et nous en réalisons. Je ne vois pas comment on améliorerait la situation de l'industrie céréalière en se débarrassant des producteurs de poulet, de la gestion de l'offre ou des offices de commercialisation.

L'industrie des céréales éprouve bien des difficultés et connaît bien des problèmes, mais je sens un appui solide de la part des offices de commercialisation et du secteur à offre réglementée, de même que des autres offices de commercialisation à l'endroit des producteurs de céréales. Bon nombre des positions sur le commerce ayant été mises au point l'ont été en collaboration avec la Fédération canadienne de l'agriculture et avec d'autres. Elles ont été élaborées en collaboration avec les producteurs de boeuf, de porc, de poulet, de dindon, d'oeufs, de lait et avec tous les autres. Ces positions sont justes et raisonnables.

Le sénateur Tkachuk: Ces audiences portent sur les produits à valeur ajoutée. Nous devrions concentrer notre attention sur les moyens d'améliorer les matières premières que nous cultivons et essayer de voir s'il y a moyen de leur ajouter de la valeur sur le marché.

Si je projetais de commercialiser des aliments à base d'oeufs en poudre et que j'achetais une ferme en Saskatchewan et que je la remplissais de poulets, est-ce que j'aurais des problèmes à produire des oeufs en vue d'en tirer des aliments à base d'oeufs déshydratés et à vendre les poulets à Safeway? Puis-je envisager cela en tant que producteur individuel au Canada ou avec un groupe d'associés au sein d'une compagnie? Pourrions-nous fabriquer du lait au chocolat ou des oeufs en poudre?

Mme Currie: Vous reconnaissez, sénateur, que le système de la gestion de l'offre pour les oeufs, les produits laitiers, les poulets et les dindons est fondé sur un système de contingents. Vous devez d'abord acheter le contingent et adhérer à la structure de l'office de commercialisation.

Le sénateur Tkachuk: Est-ce difficile?

Mme Currie: Tout dépend de la province.

Le sénateur Tkachuk: Si j'étais en Saskatchewan ou en Alberta, pourrai-je acheter 10 000 poulets et commencer la production?

Mme Currie: Franchement, j'ignore si ce serait aussi simple que cela.

Le sénateur Tkachuk: Pourquoi pas? Pourquoi n'ai-je pas la possibilité d'élever des poulets et de les vendre sur le marché? Qu'est-ce qui m'empêche de le faire?

Mme Currie: Il s'agit d'un secteur réglementé. La Saskatchewan, à titre d'exemple, s'est dotée d'un office de commercialisation. C'est lui qui détermine combien de poulets sont requis en Saskatchewan.

Le sénateur Tkachuk: Et comment procède-t-on pour l'établir?

Mme Currie: Les membres de l'office provincial se réunissent avec le groupe de transformateurs et de détaillants et décident de la quantité nécessaire. Une fois qu'ils ont déterminé cette quantité, ils s'adressent à l'office national.

Le sénateur Tkachuk: Êtes-vous en train de me dire que mon fils ne peut pas décider de se lancer dans la production de poulets?

Mme Currie: Je n'ai pas dit cela.

Le président: S'il pouvait acheter un contingent quelque part, alors il pourrait démarrer une exploitation pour la production du poulet.

Mme Currie: Exactement.

Le sénateur Tkachuk: Combien coûte un contingent et où peut-il en acheter un?

Mme Currie: Je travaille pour le gouvernement, donc je ne connais pas le prix d'un contingent partout.

Le sénateur Tkachuk: Quelle est votre province de résidence?

Mme Currie: Je vis en Ontario.

Le sénateur Tkachuk: Combien coûte un contingent en Ontario?

M. O'Connor: Le prix varie selon la période de l'année et d'une année à l'autre. Il se situe probablement autour de 50 $ par poulet, ce qui vous donne le droit de produire 13 kilogrammes par année.

Le sénateur Tkachuk: Combien de contingents pourrai-je acheter?

M. O'Connor: Vous pouvez en acheter autant que vous voulez.

Le sénateur Tkachuk: À qui devrai-je m'adresser pour acheter un contingent? Dois-je m'adresser aux autres agriculteurs?

M. O'Connor: C'est exact.

Le sénateur Tkachuk: Disons que je veux acheter un produit en vue de la fabrication. Je veux produire du lait en poudre ou des oeufs en poudre en vue de les exporter. À qui dois-je m'adresser pour en acheter une grande quantité en vue de la revendre partout dans le monde?

Mme Currie: Sénateur, avec tout le respect que je vous dois, ce sont de très bonnes questions, mais nous sommes ici en tant que représentants du gouvernement fédéral qui appliquons la politique du gouvernement fédéral, laquelle consiste à soutenir la structure des offices de commercialisation. Je pense que les personnes qui administrent les offices de commercialisation seraient mieux placées pour vous répondre. Nous ne faisons pas ce genre de travail. Nous nous contentons de superviser les activités au niveau national.

Le sénateur Tkachuk: Je comprends, mais j'essaie d'obtenir de l'information. J'essaie de déterminer dans quelle mesure il est facile de se lancer en affaires en visant la transformation de matières premières que sont les oeufs et le poulet pour en faire quelque chose de différent qui coûte plus cher. Lorsque je me rends dans un magasin Safeway, je peux acheter du lait de type cappuccino qui est vendu au prix absolument scandaleux de 1,95 $ la bouteille de verre. À mon avis, c'est un exemple très astucieux de mise en marché.

Mme Currie: Je suis d'accord.

Le sénateur Tkachuk: Je voudrais savoir si quelqu'un peut décider de monter sa propre exploitation laitière et produire lui-même ce type de produit. Pourquoi faudrait-il que cette personne s'adresse à des offices de commercialisation?

Mme Currie: Je pense que ma réponse ne surprendra pas. La Commission canadienne du lait s'occupe du secteur laitier. J'ignore quel genre de système ils ont, et je ne veux pas parler au nom des producteurs laitiers. Mais si vous le voulez, je vais essayer de vous trouver de plus amples renseignements concernant les offices de commercialisation et vous les transmettre. Comme je l'ai déjà dit, vos questions méritent que l'on y réponde, mais je ne suis pas bien placée pour le faire.

Le sénateur Tkachuk: Pourriez-vous m'obtenir des chiffres concernant le pourcentage de produits qui sont destinés à l'exportation par rapport à ceux qui visent le marché intérieur au sein des offices de commercialisation?

Mme Currie: Certainement.

Le sénateur Tkachuk: Parmi ceux qui sont destinés à la consommation nationale, quelle quantité est vendue en vue d'une transformation dans d'autres produits, et quelle quantité va directement, disons, dans les magasins Safeway? Ces renseignements me seraient très utiles.

Mme Currie: Nous vous les enverrons dès demain.

J'aimerais, toutefois, faire valoir un argument en ce qui concerne le côté exportation de l'équation. Avant 1994, il n'y avait pour ainsi dire aucune exportation de produits soumis à la gestion de l'offre, c'est-à-dire la volaille et les oeufs. Depuis 1994, il y a eu une augmentation importante, principalement dans le secteur de la volaille — du poulet en particulier. Nous avons essayé d'intéresser certains marchés, comme Cuba. Et finalement, ce marché s'est révélé un bon choix pour les Canadiens.

Au Conseil, nous nous efforçons de transmettre notre connaissance du monde aux producteurs canadiens. C'est la raison pour laquelle, il y a environ trois ans, j'ai dirigé une mission de producteurs et de transformateurs vers l'Asie. Nous nous sommes rendus en Chine, à Hong Kong, au Japon et en Corée pour voir s'il n'y aurait pas de marchés là- bas pour nos produits de la volaille, et en particulier pour ceux du type à valeur ajoutée. Nous ne sommes pas très concurrentiels dans les marchés mondiaux pour des denrées comme le poulet, le dindon ou quoi que ce soit d'autre.

Le président: Quel a été le résultat de ce voyage?

Mme Currie: Les résultats ont été très encourageants. Nous avons formé un groupe de travail, et nous avons exporté des produits, des produits à valeur ajoutée, de même que des denrées vers l'Asie.

Malheureusement, nous avons été emportés dans le tourbillon créé par la polémique autour des exportations de produits laitiers. Vous êtes peut-être au courant. Cette situation a légèrement freiné les exportations de volaille, mais il est à espérer que les affaires vont reprendre et qu'il y aura davantage de produits à valeur ajoutée dans les exportations.

Le sénateur Tkachuk: Pourriez-vous nous transmettre encore une autre information? Si le gouvernement fédéral adoptait une loi en vue d'abolir les offices de commercialisation, combien en coûterait-il pour racheter tous les contingents? Pourrions-nous obtenir une estimation de ce chiffre aussi?

Mme Currie: Je peux demander à Agriculture et Agroalimentaire Canada, et ils devraient être en mesure de produire ce renseignement. Nous allons faire des recherches et vous transmettre le maximum d'information que nous pouvons recueillir.

Le sénateur Gustafson: Si on prend un contingent de 50 $ par volatile, multiplié par 350 cela équivaudrait à plus d'un quart de section dans une exploitation. Cela vous donne une idée de la situation.

Le sénateur Wiebe: Cela pourrait nous aider à répondre aux questions des sénateurs Tkachuk et Gustafson en ce qui concerne les contingents. Si, par exemple, ma fille voulait se lancer dans la production de poulets, elle aurait besoin de 1 million de dollars à raison de 50 $ la tête pour s'acheter les contingents nécessaires pour une exploitation de 20 000 volatiles, ce qui constitue une exploitation de taille raisonnable. Par-dessus le marché, elle aurait besoin d'équipement, de bâtiments, d'aliments et ainsi de suite.

Si elle voulait plutôt se lancer dans la production de céréales, pour avoir une exploitation de taille raisonnable, elle devrait acheter au moins 2 000 acres à raison de 500 $ l'acre. Elle devrait donc investir un million de dollars. Et il faudrait qu'elle achète aussi de la machinerie, de l'équipement, et ainsi de suite.

À mon avis, il n'y a aucune différence, qu'il s'agisse d'un office de commercialisation ou d'une exploitation céréalière. Ce qui diffère, c'est la manière dont on aborde la chose, et nous l'abordons sous l'angle d'une entreprise.

En investissant ce montant de 1 million de dollars, l'individu qui se joint à un office de commercialisation obtient un revenu garanti, tandis que celui qui investit 1 million de dollars dans une exploitation agricole n'a aucune garantie. Je pense que j'aurais tendance à encourager ma fille à se lancer dans la production de poulets plutôt que dans les céréales.

Mme Currie: Sénateur, vos paroles sont douces à mes oreilles. Je n'aurais pas pu m'exprimer avec plus d'éloquence que vous le faites. Merci beaucoup.

Le sénateur Fairbairn: Nous savons tous que depuis quelques années, les autres pays regardent le secteur de la production de poulet canadien avec des yeux ronds. C'est d'ailleurs une source continuelle d'anxiété pour vous et pour les agriculteurs de ce pays. À votre avis, est-ce que cela représente une préoccupation importante dans cette industrie?

Par ailleurs, quels sont les obstacles majeurs que doivent affronter les agriculteurs actuellement dans leur recherche d'une production à valeur ajoutée au Canada?

Mme Currie: Pour ce qui est de la première partie de votre question, sénateur, le fait que nous soyons constamment pointés du doigt par nos alliés de partout ailleurs dans le monde, y compris par l'OMC, est un sujet de préoccupation important pour les producteurs canadiens de volaille et d'oeufs. Cela ne fait aucun doute. Les offices nationaux et les agriculteurs de tout le Canada dépensent beaucoup d'argent afin de protéger leurs acquis. Ils ont le sentiment que la structure a donné de très bons résultats, non seulement pour eux, mais aussi pour tous les Canadiens. Mais, oui, vous avez raison, c'est un sujet d'inquiétude pour eux. Nous verrons ce qui va se produire dans les mois qui viennent en ce qui concerne l'OMC.

Pour ce qui est des obstacles empêchant de se lancer dans la production à valeur ajoutée, je me demande quelle est la meilleure manière de répondre à cette question. Il ne fait aucun doute qu'il existe des contraintes dans la gestion de l'offre. Ça fait partie du jeu, si on peut dire. Il est question de produits réglementés. Nous n'évoluons pas dans un système de marché libre où il est facile d'entrer et de sortir. Vous pouvez tout aussi bien faire faillite que réussir, si je peux me permettre d'ajouter cela.

Par conséquent, comme dans tout secteur réglementé, les obstacles sont présents. Les offices de commercialisation s'efforcent de voir ces obstacles comme des défis à relever et essaient de trouver des moyens d'adapter leurs systèmes de manière à éliminer les obstacles et à ce que les agriculteurs puissent tirer parti de la production à valeur ajoutée.

Je vous ai parlé de ce qui se passe au Manitoba. J'ai mentionné la coopérative ACA en Nouvelle-Écosse. Un autre exemple merveilleux est celui de la coopérative Lilydale, en Alberta, ainsi que celui d'Olymel, au Québec.

Les agriculteurs essaient d'imaginer de nouvelles infrastructures comme un système coopératif de troisième génération ou une nouvelle génération de coopérative afin de voir s'ils pourraient former des coentreprises avec des usines de transformation. Ces décisions viseraient à ajouter encore plus de valeur à leur production.

Mais, il y a des obstacles. La seule remarque générale qui s'applique est que nous évoluons dans un secteur réglementé. Peut-être qu'à titre d'agriculteur, M. O'Connor pourrait vous donner une meilleure réponse.

M. O'Connor: En ce qui concerne la production à valeur ajoutée, les agriculteurs eux-mêmes ont pris certaines mesures. Les offices de commercialisation se sont montrés très souples et ont permis l'adaptation des règles et des règlements relatifs aux contingents afin de permettre aux agriculteurs de se lancer dans la production à valeur ajoutée. Cela se fait surtout à l'échelon provincial, parce qu'ils traitent directement avec les offices de commercialisation de la province. Je pense à des activités comme la culture biologique, l'élevage en liberté et la production de volailles de type silkie. Il y a tout un éventail de productions pour lesquelles les offices provinciaux de commercialisation ont accordé des exceptions à la règle en termes de calibrage et ainsi de suite.

L'autre défi important que nous devons affronter maintenant est le fait que tous doivent respecter les règlements liés à la salubrité des aliments. Nous sommes tous tenus de participer à un programme de salubrité alimentaire à la ferme. Cette participation peut se révéler difficile pour un petit producteur. Toutefois, s'il est nécessaire de faire exception à une règle, pourvu que le produit respecte les normes en matière de salubrité alimentaire, les offices de commercialisation peuvent se montrer souples.

Le sénateur Fairbairn: Que se passerait-il si le Canada était forcé de réduire ses tarifs sur les volailles et les produits à base d'oeufs?

Mme Currie: Les producteurs vous diront que cela aurait un effet dévastateur sur leur industrie. Il serait juste de dire aussi qu'étant donné notre structure, non seulement les agriculteurs seraient durement frappés, mais aussi toute l'industrie de la transformation.

L'industrie du poulet et du dindon se sont associées avec le secteur de la transformation. De grands transformateurs de partout au Canada ont formé une coalition, faute d'une meilleure expression, et se sont adressés à notre ministre afin de lui démontrer, graphiques à l'appui, quel serait l'impact de la réduction des tarifs sur leur industrie, non seulement au niveau de la production, mais aussi de la transformation. Ce serait tout simplement dévastateur.

Le sénateur Fairbairn: Pouvez-vous me donner un ordre de grandeur en dollars?

Mme Currie: Je n'en ai aucune idée.

Le président: Beaucoup d'argent.

Mme Currie: Oui, en effet, beaucoup d'argent. La question qui se pose ensuite et à laquelle je ne voudrais pas avoir à répondre est la suivante: Dans quel but? Qu'aurions-nous à gagner si nous devions perdre quelque chose qui a si bien marché pour le Canada?

Le sénateur Hubley: Je crains d'avoir manqué une partie de votre exposé de ce soir, et je m'en excuse.

Ma question porte sur les missions commerciales à l'étranger. Vous avez mentionné que vous étiez allé en Chine, et que ce voyage s'était révélé très profitable. Est-ce que votre organisation faisait partie de l'Équipe Canada? Quelles autres régions du globe sont visées en ce qui concerne les marchés à créneaux? Comment vous préparez-vous avant de vous rendre dans ces régions? Quel genre de recherche devez-vous faire au sujet de leur cuisine ou de leurs habitudes alimentaires afin de vous assurer que vous aurez du succès dans vos démarches?

Mme Currie: Avant de nous rendre en Asie, nous avons fait beaucoup de recherche. La mission en Asie était une mission de sensibilisation afin de nous rendre compte par nous-mêmes du genre de produit et du genre de compétition qui existaient dans ce marché, de sorte que si nous décidions de nous y attaquer, nous saurions à quoi nous en tenir au sujet de nos concurrents.

Nous faisons beaucoup de recherche et nous utilisons les installations d'Agriculture et Agroalimentaire Canada pour recueillir des données. L'information qui nous est fournie par nos ambassades joue aussi un rôle essentiel dans notre préparation. Nous effectuons aussi beaucoup d'examens introspectifs. Nous avons un groupe d'exportation qui se penche sur les marchés afin de déterminer ceux conviennent le mieux aux transformateurs canadiens. Nous ne nous attaquons qu'à ces marchés ayant été ciblés par nos spécialistes.

En revanche, pas à des fins d'exploration commerciale, mais plutôt pour nous faire une idée de ce que fait la concurrence, nous avons récemment organisé une mission au Brésil. Nous avons emmené des producteurs de volaille et d'oeufs au Brésil afin qu'ils voient de leurs yeux ce qui s'y passe. Ce fut renversant. J'avais visité ce pays il y a seulement quatre ans, et j'ai été en mesure d'évaluer le chemin parcouru durant ces quatre années. Les Brésiliens ont fait des progrès sur toute la ligne.

Ils sont très concurrentiels. Parfois, leurs produits agricoles sont plus concurrentiels que ceux des États-Unis, particulièrement des produits comme le soya, le maïs et la volaille. Et la liste pourrait s'allonger.

Ils disposent d'installations à la fine pointe de la technologie. Ils sont à l'écoute du client. Il y a un certain esprit protectionniste qui les pousse à privilégier les produits cultivés au Brésil. Leur marché est incroyablement avancé. M. O'Connor et plusieurs autres producteurs ayant participé à cette mission sont revenus en disant: «Il est vrai que le Brésil est un pays en développement à certains égards, mais en agriculture, il devrait plutôt être qualifié de pays développé».

Le président: Monsieur O'Connor, que font-ils de si différent en ce qui concerne la production à valeur ajoutée? Et que pourrions-nous améliorer?

M. O'Connor: Pour ce qui est de la valeur ajoutée, ils ne font rien de très différent. De fait, ils font beaucoup de choses de la même manière que nous. Ils utilisent plus ou moins le même équipement. La plupart de l'équipement des établissements de transformation de la volaille est européen. Ils font sensiblement la même chose que nous.

Mais ils jouissent d'un énorme avantage sur le plan des coûts. J'utiliserai l'exemple d'un bâtiment utilisé pour loger 25 000 volatiles. Ce poulailler leur revient à 40 000 $ CAN. Il m'en coûte 400 000 $ CAN pour construire le même poulailler. Ils jouissent donc d'un énorme avantage.

Le président: Comment expliquez-vous la différence? Est-ce que les matériaux de construction sont moins chers?

M. O'Connor: Ici, nous devons construire des bâtiments qui peuvent supporter des températures qui varient entre 30 degrés sous zéro et 35 degrés au-dessus. Ils construisent leur poulailler en fonction d'un climat idéal. La structure est constituée plus ou moins d'un toit et de murs en moustiquaire.

Mme Currie: S'il est une chose que les Brésiliens peuvent nous enseigner, c'est de faire la promotion des produits canadiens. Nous avons constaté au Brésil un désir de faire la promotion des produits brésiliens qui est absent dans la plupart des autres pays en développement. Ils font leur propre publicité; ils vantent les producteurs de leurs propres produits; et ils font la promotion du Brésil en général. Si seulement nous adoptions la même attitude au Canada, nous pourrions faire de grands progrès. Nous travaillons à la rédaction d'un rapport que nous vous transmettrons. Nous pensons qu'il pourrait vous intéresser, parce qu'il se passe beaucoup de choses dans ce pays. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire pour tirer des leçons de ce qu'ils font.

Le sénateur Gustafson: Lorsque vous parlez de vendre sur les marchés internationaux, n'y a-t-il pas un risque d'encourir la désapprobation de l'OMC? Les échanges commerciaux internationaux ont été rompus à Mexico à cause de cette question. Nous ne pourrons pas avoir le beurre et l'argent du beurre. L'Organisation mondiale du commerce ne nous laissera pas faire. Je pense qu'on s'engage sur un terrain glissant si on commence à exporter sur les marchés internationaux, sans ouvrir nos propres marchés.

Mme Currie: Comme l'a mentionné M. O'Connor tout à l'heure, les gens pensent que nos marchés sont fermés à cause de la gestion de l'offre. Mais c'est une erreur. Le Canada est le marché le plus intéressant des États-Unis lorsqu'il s'agit du poulet.

Le sénateur Gustafson: Est-ce parce qu'il s'agit d'un poulet est de qualité supérieure?

Mme Currie: Ils exportent au Canada leur produit haut de gamme, et nous avons les moyens de l'acheter. Les parties de moindre valeur sont exportées dans d'autres régions du globe, et c'est la raison pour laquelle nous sommes leur plus important client.

Il existe des possibilités pour le produit à valeur ajoutée, mais il s'agit d'un marketing de créneaux. Nous devrons nous engager dans cette voie un jour ou l'autre. Notre population ne progresse pas à pas de géants comme dans les autres régions du monde. Si cette tendance ne s'inverse pas, nous devrons envisager d'autres moyens d'expansion, à la fois sur le marché intérieur et sur le marché des exportations. Cependant, nous devons choisir très soigneusement ces marchés.

Le sénateur Tkachuk: Si nous voulons examiner les produits à valeur ajoutée et l'agriculture à valeur ajoutée, de toute évidence, les produits qui sont régis par des offices de commercialisation sont très importants. Lorsque je vous ai demandé comment percer dans le domaine de la production des poulets ou des oeufs en Saskatchewan, par exemple, vous m'avez répondu: «Vous devriez poser la question à votre office de commercialisation, en Saskatchewan.» Est-ce que les producteurs de poulets et d'oeufs de la Saskatchewan ne produisent que pour cette province?

Mme Currie: Ils produisent principalement pour la Saskatchewan, mais ils exportent aussi une partie de leur production parce que leur population n'est pas aussi importante que dans le centre du Canada.

Le sénateur Tkachuk: Est-ce que le Québec et l'Ontario possèdent la plupart des contingents de produits laitiers accordés par les offices de commercialisation? Est-ce que la plupart des contingents appartiennent à des producteurs de la province de Québec?

Mme Currie: Je n'en suis pas sûr, mais je crois que le Québec est la province qui est la plus grosse productrice laitière.

Le sénateur Tkachuk: Elle exporte dans les autres régions en grande quantité.

Mme Currie: Tout à fait.

Le sénateur Tkachuk: Si des agriculteurs de l'Ouest canadien voulaient approvisionner leur propre marché et faire de l'exportation, ils devraient racheter des contingents du Québec?

Mme Currie: Non, ils achèteraient leurs contingents dans leur province.

Le sénateur Tkachuk: Comment l'office de commercialisation de la Colombie-Britannique sait-il si quelqu'un vend un produit au Québec, disons?

Mme Currie: Un dialogue s'établit entre la personne qui désire démarrer cette opération et l'office de commercialisation.

Le sénateur Tkachuk: C'est très étrange. Je lis beaucoup au sujet des offices de commercialisation, mais j'ai beaucoup de difficulté à comprendre leur mode de fonctionnement. Ça me rappelle un peu Al Capone, qui avait trouvé que si on pouvait contrôler la distribution, on pouvait contrôler tout. Il suffit de créer un monopole.

Pourquoi les agriculteurs de l'Ouest canadien qui vivent en Saskatchewan, par exemple, et désireux de se lancer dans le marché de la volaille ou des oeufs pour se diversifier, ne peuvent-ils pas tout simplement aller de l'avant et le faire?

Mme Currie: Rien ne les empêche.

Le sénateur Tkachuk: Ils doivent acheter des contingents.

Mme Currie: La croissance de la production en Saskatchewan pour le poulet, au cours des cinq à 10 dernières années pourrait vous surprendre. Elle a été phénoménale. La production a au moins doublé.

M. O'Connor: La croissance a été plus forte que pour le boeuf, le porc ou toute autre denrée non réglementée.

Le sénateur Tkachuk: Si vous voulez faire pousser du blé dans votre ferme, tout le monde s'en fiche. Il n'est pas nécessaire d'acheter un contingent de qui que ce soit.

Mme Currie: Il s'agit de deux systèmes complètement différents. L'un est réglementé, et l'autre est un marché libre. Comme l'a dit clairement le sénateur Wiebe, nous savons vers lequel vont ses préférences.

Le sénateur Wiebe: J'aurais deux questions. Êtes-vous allés à Cancun?

Mme Currie: Non, nous étions au Brésil.

Le sénateur Wiebe: Cancun n'a pas été une bonne expérience pour les offices de commercialisation canadiens. Si cette tendance se maintient, avez-vous un plan d'urgence pour aider les producteurs du Canada à surmonter leurs difficultés?

Mme Currie: La réponse est non. Nous sommes ici en tant qu'organisme du gouvernement fédéral chargé de la mise en oeuvre de la politique du gouvernement fédéral jusqu'à ce que cette politique change.

Le sénateur Wiebe: Je suppose que cette question pourrait avoir un rapport avec la politique. Avez-vous eu l'occasion d'étudier l'expérience de la Nouvelle-Zélande?

Mme Currie: Non. J'en ai beaucoup entendu parler, mais je ne l'ai pas étudiée personnellement.

Le sénateur Wiebe: Je pourrais peut-être fournir quelques explications pour nos amis d'en face. Il y a quelques années, la Nouvelle-Zélande a décidé qu'elle n'accorderait plus de subventions à l'agriculture. Aussi, elle a déclaré à tous ceux qui participaient à l'agriculture qu'elle leur accorderait un montant forfaitaire. Ce montant forfaitaire devait leur servir soit à poursuivre leurs activités en agriculture ou alors à tirer gracieusement leur révérence. Maintenant, l'agriculture en Nouvelle-Zélande est en plein essor. Elle est très vigoureuse.

Je m'y trouvais ce printemps en visite privée et je me suis renseigné sur les succès de la Nouvelle-Zélande. Il est vrai qu'elle réussit très bien et celas'explique par le fait que les agriculteurs qui ont décidé de rester sont ceux qui faisaient partie des offices de commercialisation.

Le président: J'aurais une dernière question. Je suis fasciné par ce que vous avez dit au sujet du Brésil et de l'attitude du gouvernement à l'endroit des agriculteurs brésiliens. Pourriez-vous nous dire, en raison du succès qu'ils obtiennent, si leurs exportations de produits agricoles sont florissantes? Et dans l'affirmative, à destination de quels pays exportent-ils?

Mme Currie: En ce qui concerne la production de poulets, la réponse est oui, absolument. Ils exportent à destination de l'Europe, de la Russie, de l'ancienne Union soviétique et aussi en Arabie saoudite et dans les pays du Moyen-Orient. Ils ont commencé récemment à exporter de la volaille au Canada. Nous avons conclu un protocole vétérinaire avec le Brésil, et le pays a commencé récemment à exporter à destination du Canada.

Le président: Exportent-ils toutes les formes de produits?

Mme Currie: Il s'agit principalement de volaille congelée.

Le président: Je tiens à vous remercier pour votre superbe exposé. Les questions étaient difficiles. Nos membres posent des questions très pertinentes, et c'est ce qui nous permet de rédiger de bons rapports.

J'invite maintenant les représentants de la Commission canadienne du blé, M. Ritter, M. Thompson et M. Nicholson.

M. Ken Ritter, président, Commission canadienne du blé: Monsieur le président, nous avons apporté avec nous quelques accessoires. Comme nous sommes des célibataires, nous avons pris des macaronis et une baguette, une miche de pain et quelques nouilles chinoises.

Le président: Fabriquées au Canada?

M. Ritter: Je ne peux pas l'affirmer, mais on s'est probablement servi de céréales canadiennes, — du moins, je le pense. Nous avons également une brioche et, pour les plus fortunés, un croissant. Voici donc quelques exemples de produits fabriqués à partir de céréales, monsieur le président.

Je vais commencer mon exposé avec ces objets. L'un des thèmes que nous allons aborder est que la demande stimule la transformation à valeur ajoutée. Je suis sûr que vous avez tous en mémoire une époque à laquelle les aliments à base de céréales constituaient la base d'une alimentation saine et équilibrée en Amérique du Nord. Un régime à forte teneur en hydrates de carbone et à faible teneur en matières grasses. Un régime autrement dit qui nous permettait de nous acquitter de nos activités journalières avec vigueur et énergie. Ce sont ces mêmes produits qui sont aujourd'hui montrés du doigt et rendus responsables de l'obésité d'une bonne partie de la population canadienne par des diététiciens qui voudraient nous voir consommer des aliments ayant plus de protéines, plus de calories et moins d'hydrates de carbone. Cette tendance est alarmante — elle compromet non seulement à terme la santé de nos concitoyens; mais elle risque également d'avoir des résultats malheureux pour le secteur de la transformation du grain dans notre pays — transformation qui représente une valeur ajoutée et que menace la baisse de la demande en pain et en pâtes de la part du consommateur.

Je suis le président en exercice du conseil d'administration de la Commission canadienne du blé lequel est constitué de 15 membres, dont 10 directeurs élus parmi les agriculteurs. Je suis aussi exploitant d'une ferme près de Kindersley, en Saskatchewan. À mes côtés, j'ai le plaisir de vous présenter Bill Nicholson, lui aussi un directeur élu parmi les producteurs de la région de Shoal Lake, au Manitoba et le président de notre comité aux questions de stratégie. Nous avons également Jim Thompson avec nous, Jim est directeur commercial pour le Canada et les États-Unis. Il travaille en étroite collaboration avec l'industrie meunière canadienne et américaine.

Avant de me pencher plus en détail sur la question de la valeur ajoutée, je crois qu'il n'est pas inutile de revenir quelques instants sur la CCB. Il s'agit de l'agence de commercialisation des producteurs de grain des Prairies qui assure la vente de 18 à 22 millions de tonnes métriques de blé et d'orge à plus de 200 clients dans le monde entier. Chaque année, nous réalisons entre 4 et 6 milliards de dollars canadiens de chiffre d'affaires.

La CCB ne fonctionne pas de la même façon que les agences de commercialisation du lait, des oeufs et du poulet. Les producteurs de blé et d'orge de l'Ouest du Canada ne sont pas astreints à des quotas de production: ils sont libres de produire autant de blé et d'orge qu'ils l'entendent, selon que tel ou tel grain leur assurera les meilleurs revenus.

Maintenant que je vous ai donné un aperçu de la commercialisation du blé et de l'orge, je peux vous indiquer que le secteur de la transformation — de la valeur ajoutée du blé et de l'orge canadiens — est un secteur qui se porte bien et qui en dix ans a fait la preuve de remarquables développements malgré les efforts de certains diététiciens qui voudraient que nous consommions moins de produits à base de céréales.

Le mandat de la CCB, c'est ni plus ni moins de réaliser un maximum de profits au compte du producteur de grain des Prairies à la vente sur le marché domestique et international. Nous nous occupons aussi de faciliter et d'encourager le progrès de toutes les activités économiquement viables qui consisteraient à apporter une valeur ajoutée au grain produit dans les Prairies. Non seulement parce que les investissements dans le secteur de la valeur ajoutée se traduisent par la création d'emplois au Canada, mais aussi parce que ces investissements signifient une augmentation de l'assiette fiscale, le renforcement de notre situation économique et parce qu'ils favorisent la demande sur ce marché à prime qu'est le marché domestique du blé et de l'orge. Cet éventail de motivations nous aide à nous acquitter de notre mission qui est de générer les meilleurs résultats pour le compte des céréaliculteurs au service desquels nous sommes.

Nous nous acquittons de notre mandat auprès des producteurs tout en répondant aux besoins de nos clients en pratiquant une tarification qui encourage la transformation (la valeur ajoutée), tout en assurant les meilleurs revenus au compte des producteurs. L'aboutissement réussi de nos efforts au chapitre de la valeur ajoutée dans le secteur du blé et de l'orge n'est un secret pour personne, comme en témoignent la croissance et la vitalité respectivement de chacun de ces secteurs d'activités.

Depuis la signature en 1989 de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, la valeur ajoutée associée à la transformation du blé et de l'orge a considérablement augmenté au Canada. De fait, notre principal client est bien le secteur canadien de la transformation du blé et de l'orge produits dans l'Ouest canadien. Nos ventes au Canada atteignent 2,7 millions de tonnes métriques en blé et en blé dur et 1,2 million de tonnes métriques en orge. Si vous deviez remplir des wagons avec tout le blé vendu chaque année au Canada, il vous faudrait 30 000 wagons, soit un convoi long de long de 300 milles ou la distance entre Toronto et Montréal. Ces dernières années, le marché domestique est devenu notre principal client. Sur notre campagne 2001-2002, environ deux boisseaux sur 10 de céréales — y compris le blé, le blé dur et l'orge — étaient transformés au pays, contre seulement un sur 10 il y a dix ans.

Depuis 1991, la capacité de transformation au Canada du blé et du blé dur a augmenté de 31 p. 100, alors que cette croissance n'a été que de 14 p. 100 aux États-Unis. En un peu plus de dix ans, le Canada est passé d'une capacité de production de 7 700 tonnes métriques de farine par jour à près de 10 300 tonnes. Les preuves de la vigueur du secteur de la meunerie au Canada ne sont pas passées inaperçues. La publication Milling and Baking News, journal respecté dans le monde entier, signalait en août 2002 que le Canada depuis 1990 est en tête des pays industrialisés en termes de croissance du secteur de la production de farine devant les pays de l'Union européenne, devant les États-Unis, l'Argentine et l'Australie.

L'emplacement de cette croissance montre bien aussi quelle part la CCB joue dans le développement de la valeur ajoutée à l'ouest du pays. Au Canada, environ 32 p. 100 des moulins se trouvent dans les provinces de l'Ouest, alors que la proportion n'est que de 15 p. 100 dans les États américains où se concentre la production de céréales: le Dakota du Nord et du Sud, le Montana et le Minnesota. Ces cinq dernières années, ce sont trois nouveaux moulins qui ont été construits dans l'Ouest canadien. Deux moulins avaient déjà élargi leur capacité en début d'année, et trois autres moulins canadiens envisagent des agrandissements à leurs installations. Un moulin est en voie d'achèvement à Chilliwack, en Colombie-Britannique, coût de l'opération: 25 millions de dollars. Ces chiffres sont à comparer à la piètre situation des moulins aux États-Unis: 15 ont dû fermer ces deux dernières années, soit l'équivalent de la fermeture d'environ 50 p. 100 de l'industrie meunière canadienne.

En dix ans, les exportations de farine canadienne vers les États-Unis ont été multipliées par dix — passant de 15 000 tonnes métriques en 1991 à 220 000 tonnes métriques en 2002. Par tête d'habitant, le taux de transformation du blé au Canada est supérieur à celui des États-Unis, l'augmentation du taux de transformation étant elle-même supérieure à la croissance de notre population.

La capacité de la CCB à approvisionner des clients étrangers avec du blé de qualité uniformément supérieure ne manque pas de se répercuter au niveau de la valeur ajoutée. Si vous allez au Japon par exemple et que vous voulez satisfaire votre envie d'un beignet avec votre café, il y a fort à parier que vous aboutirez dans l'un des 1 300 établissements Mister Donut. Cette société se montrait tellement satisfaite de la qualité du blé que nous lui livrons — le blé roux de printemps de l'Ouest canadien — qu'une publicité sur ce thème s'est retrouvée pendant trois mois sur le plateau de chacun des clients servis par cette chaîne.

La capacité du Canada à transformer en malt l'orge de brasserie a également fortement augmenté dans les provinces de l'Ouest. L'un des principaux exportateurs d'orge de brasserie, le Canada, a vu la plus forte croissance de production de malt au monde depuis 1992 en ajoutant en 15 ans plus de 350 000 tonnes métriques de capacité pour atteindre un total annuel de 1,2 million de tonnes métriques. Dans le même temps, la capacité américaine à produire du malt déclinait.

Par tête d'habitant, la production de malt au Canada est quatre fois supérieure à celle des États-Unis. Avec le libre- échange, la production de malt dans l'Ouest canadien a pris un essor considérable. En 1980, l'Ouest ne représentait que 55 p. 100 de la capacité du Canada; en 2003, les Prairies représentent 75 p. 100 de la production de malt au Canada en raison principalement d'un accroissement de la demande de clients étrangers qui a pratiquement doublé pour atteindre l'équivalent de 700 000 tonnes métriques d'orge par an — demande à laquelle les malteurs canadiens ont su répondre en augmentant le volume de leurs exportations.

Comme je viens de vous le rappeler, l'industrie de la transformation de matières premières comme l'orge et le blé est un secteur qui se porte bien au Canada. La CCB a joué dans cette évolution un rôle capital qu'elle entend bien conserver au cours des années à venir. Nous sommes les vendeurs de ce qui à mon sens constitue la meilleure ressource du Canada — du blé, du blé dur et de l'orge de qualité supérieure — notre rôle consiste à livrer ces produits, tout en remplissant notre mission qui consiste à augmenter au maximum le revenu des producteurs des Prairies. Les producteurs nous ont communiqué leur soutien à l'initiative de la CCB qui consiste à encourager la valeur ajoutée sans que ce processus entame leurs revenus. Lors d'un récent sondage Earnscliffe, plus de la moitié des producteurs de l'Ouest interrogés ont déclaré ne pas souhaiter davantage d'investissement dans ce secteur de la valeur ajoutée si cela devait signifier de moindres revenus à la vente de leur grain.

Notre réussite tient non seulement à la qualité de ce nous vendons mais aussi à la structure de notre système de commercialisation. Cette structure vise à encourager la valeur ajoutée en assurant une tarification concurrentielle à l'échelle du continent nord-américain. Cette tarification est transparente et légitime; elle assure la dynamique d'un approvisionnement stable tout en permettant de traiter équitablement chacun des transformateurs de ce grain, en les mettant sur un pied d'égalité concurrentielle avec les moulins américains.

L'Association nationale des meuniers canadiens s'est déclarée satisfaite de notre méthode de tarification concurrentielle et a affirmé sa volonté de continuer à travailler avec nous. C'est même la Commission américaine au commerce international qui, en 2001, dans le cadre d'une enquête sur les procédés de tarification de la CCB faisait état de la réussite de la CCB en matière de valeur ajoutée. On peut lire dans le rapport d'enquête que la CCB s'est révélée extrêmement efficace à promouvoir les investissements dans le secteur de la meunerie au Canada. Et qu'il est clair que la CCB voit dans l'essor de la transformation du grain une preuve de son triomphe.

Mais il ne suffit pas de créer les conditions propices au Canada à des investissements dans ce secteur de la valeur ajoutée. En réalité, c'est le consommateur d'abord et avant tout qui fait progresser ce secteur. L'Association nationale des meuniers du Canada le sait bien, qui déclarait publiquement que ce n'est pas forcément en accroissant la capacité industrielle que l'on suscite la demande. Sans un accroissement de la demande des consommateurs en produits transformés, sans une augmentation du taux de consommation, même les initiatives à valeur ajoutée les mieux financées n'auront jamais qu'une part réduite du marché à se partager, alors que le marché lui-même n'augmente pas.

S'il faut par conséquent susciter la demande pour voir un relèvement du seuil d'investissements dans ce secteur de la valeur ajoutée, je considère dans les circonstances que la solution est du ressort du gouvernement fédéral. Au cours des dernières années, le consommateur nord-américain s'est vu proposer une variété de régimes alimentaires à base d'aliments à forte teneur en matières grasses et protéines plutôt que des aliments riches en hydrates de carbone. Même si Statistique Canada a récemment déclaré que les Canadiens consomment davantage d'hydrates de carbone qu'il y a dix ans, il reste que les aliments à base de céréales sont en passe de devenir les boucs émissaires du problème d'obésité en Amérique du Nord.

Judi Adams, diététicienne distinguée et présidente du groupe Wheat Foods Council, reconnaît que les céréales ont mauvaise presse. Dans un entretien accordé récemment au journal World Grain, elle a fait remarquer que les céréales ne sont pas les coupables. Au contraire, elle affirme que c'est un excès de calories et un manque d'exercice physique qui explique l'épidémie d'obésité en Amérique du Nord.

Santé Canada sait que les produits à base de céréales — notamment le pain, les pâtes et les nouilles — devraient constituer la majeure partie d'un régime équilibré. De fait, le Guide alimentaire canadien nous recommande de consommer chaque jour entre cinq et 12 portions d'aliments à base de céréales. Une population en bonne santé profite à tout le monde, littéralement, non seulement en termes de qualité de vie mais aussi en termes d'économies en soins de santé et en termes de contributions individuelles au progrès de notre économie.

Le secteur de la transformation du grain au Canada — sa valeur ajoutée — et la population canadienne se porteraient mieux si le gouvernement fédéral envisageait un rôle plus actif dans la promotion d'un régime sain — régime qui contiendrait effectivement jusqu'à 12 portions d'aliments à base de céréales chaque jour. En augmentant la demande, le gouvernement assisterait naturellement à terme à la croissance de ce secteur à forte valeur ajoutée — croissance qui profiterait à l'économie tout entière, au bien-être de la population du Canada et aux producteurs de blé et d'orge de l'Ouest canadien.

La Commission canadienne du blé entend bien faire sa part pour que le consommateur s'intéresse à nouveau à un régime qui ne néglige pas l'apport des céréales. Nous nous sommes récemment associés avec l'Association canadienne de la boulangerie pour mettre en relief dans une campagne publicitaire les avantages d'une alimentation saine à partir de céréales. Je souhaiterais que le comité auquel j'ai l'honneur de m'adresser aujourd'hui fasse aussi sa part et contribue à la santé des Canadiens et des Canadiennes ainsi qu'à celle du secteur de la transformation du grain en soulignant les avantages nutritionnels d'un régime à base de céréales. Merci.

Le président: Merci pour cet excellent rapport. Ayant moi-même essayé le régime Atkins, je comprends ce que vous voulez dire lorsque vous parlez des hydrates de carbone. Peut-être que ce n'est qu'une mode passagère.

Vous avez mentionné l'étude Earnscliffe. Qui est cet Earnscliffe? Je ne comprends pas les résultats de cette étude. Dans le haut de la page 7, vous dites que plus de la moitié des producteurs interrogés ont déclaré ne pas souhaiter davantage d'investissement dans ce secteur de la valeur ajoutée si cela devait signifier de moindres revenus à la vente de leur grain. Je ne comprends pas ce que cela veut dire.

M. Ritter: Earnscliffe est une maison de sondage et il nous arrive de retenir ses services pour connaître les attitudes des producteurs. À la question simple et directe: «Seriez-vous prêt à obtenir moins pour vos céréales si cela signifiait un accroissement de la valeur ajoutée?» la majorité des producteurs ont répondu non. Ils ne sont pas prêts.

Le sénateur Wiebe: Les gouvernements, tant des provinces que du fédéral, ont beaucoup parlé ces dernières années de l'importance de la valeur ajoutée pour le producteur. La valeur ajoutée devait être la solution ultime à tous les problèmes des producteurs. Comme le producteur ne recevait pas un prix suffisant pour son grain, nous l'avons encouragé à se lancer dans la production à valeur ajoutée afin qu'il puisse lui aussi bénéficier de cette chaîne. Il semble que les efforts conjugués des provinces et du gouvernement fédéral aient débouché sur une production à valeur ajoutée pour la province et pour le pays, mais pas pour l'agriculteur. En effet, le producteur vend toujours la matière première. Peu importe que nous construisions une nouvelle minoterie en Colombie-Britannique ou une usine d'éthanol dans la région de Regina, cela ne fera pas de grande différence pour l'agriculteur qui produit le grain parce qu'il obtiendra exactement le même prix s'il le vend à cette minoterie, à cette usine ou encore s'il l'exporte dans un autre pays. Comment définir le terme «à valeur ajoutée» afin que le producteur individuel puisse obtenir une augmentation résultant de la transformation de ce produit au Canada par rapport à la situation actuelle?

Ce qui m'amène à ma question. Des agriculteurs de la Saskatchewan se sont démenés en vue de construire des usines pour la fabrication des pâtes alimentaires. Ils ont réussi à réunir suffisamment d'argent pour commencer le processus. Mais le problème est que chacune de ces tentatives tombe à l'eau, et qu'ensuite les organisateurs s'en prennent à la Commission du blé. Ils font valoir que ce sont les lignes directrices restrictives de la Commission du blé relativement à l'achat de leurs propres céréales qui ont fait échouer le projet de construction d'une usine pour la fabrication de pâtes alimentaires. Pourtant, ils oublient qu'ils ont échoué parce que la société qui devait les aider avec la transformation et avec le marketing s'est retirée du projet.

Pourriez-vous me donner l'explication qu'a fournie la Commission canadienne du blé et comment elle a réagi à cette affirmation comme quoi la construction de l'usine de fabrication de pâtes alimentaires a échoué en raison de ses lignes directrices?

M. Bill Nicholson, directeur, Commission canadienne du blé: Il est clair que la question qui consiste à déterminer comment les agriculteurs pourraient bénéficier de la valeur ajoutée est importante. Nous sommes persuadés que, grâce à la politique de tarification de la Commission canadienne du blé, la CCB, que M. Ritter vient de décrire brièvement, toute augmentation des ventes qui est enregistrée sur le marché intérieur contribue à augmenter les revenus du producteur. La Commission est en mesure de maximiser le prix que nous exigeons des transformateurs, tout en s'assurant qu'ils demeurent concurrentiels dans le marché nord-américain. Donc, par l'entremise de la CCB, les agriculteurs sont assurés de recevoir le meilleur prix possible pour les céréales qui sont vendues à des entreprises de transformation des quatre coins du pays.

Le sénateur Wiebe: Pardonnez-moi de vous interrompre, mais obtiennent-ils le meilleur prix sur le marché mondial pour ce produit?

M. Nicholson: Dans l'ensemble, oui, mais les efforts de la CCB visent en partie à obtenir le prix maximum sur tous les marchés. Les marchés japonais et européens donnent un rendement de beaucoup supérieur à celui des autres marchés qui s'offrent à nous.

Notre marché intérieur est relativement bon par comparaison avec certains autres. Notre formule de tarification pour les produits destinés à l'alimentation humaine est fondée sur les prix concurrentiels nord-américains, de sorte que les agriculteurs obtiennent le maximum de ce qu'ils peuvent tirer de ce marché. Les usines de transformation obtiennent tout de même un prix qui leur permet de rester concurrentielles par rapport aux autres transformateurs de ce marché. Cela explique en partie pourquoi les agriculteurs obtiennent le meilleur prix possible.

Des agriculteurs ont fait des tentatives en vue de participer eux-mêmes à la transformation, et il est certain que nous les encourageons et les soutenons dans de telles entreprises. Il est important de garder à l'esprit, cependant, que le concassage et le maltage du blé et de l'orge sont des industries passablement matures. Seulement quelques grandes sociétés les dominent. En ce qui concerne le concassage du blé, ADM contrôle près de 46 p. 100 de la capacité de concassage au Canada. Que des agriculteurs ambitionnent de se mesurer avec ces importants participants de l'industrie présente des difficultés, parce que ces mêmes agriculteurs sont déjà engagés dans des entreprises agricoles comportant des risques élevés et un faible rendement, et qu'ils doivent réunir des capitaux énormes pour pouvoir faire leur entrée dans un domaine à forte valeur ajoutée. Donc, cela présente un obstacle. Je le répète, la méthode de tarification de la CCB fonctionne de telle manière qu'une entreprise appartenant à un agriculteur pourrait obtenir le blé ou l'orge dont elle a besoin au même prix que ADM ou quelque autre géant de l'industrie. Au moins, cette façon de procéder a le mérite de placer les entreprises appartenant à des agriculteurs sur un pied d'égalité avec le reste de l'industrie.

Il faut considérer également l'aspect politique. Certains groupes de producteurs se sont servis de cette question pour alimenter le débat sur le comptoir unique et pour décrire la CCB elle-même comme un obstacle — nous affirmons que c'est faux — et en même temps comme un moyen d'attirer des investissements s'ils parvenaient à obtenir d'être exemptés de quelque manière des politiques de la CCB, ce qui conférerait à leur entreprise un avantage particulier. Nous avons conclu qu'il ne serait pas approprié pour nous, à titre d'organe de commercialisation à comptoir unique, d'accorder à un concurrent commercial un avantage particulier concernant le prix. C'est la raison pour laquelle ils devront s'adresser à la Commission canadienne du blé pour fixer le prix de leurs céréales.

Les règles du jeu sont les mêmes pour eux que pour le reste de l'industrie, mais la Commission canadienne du blé ne leur accorde pas d'avantage qui ne serait pas renouvelable s'ils réussissaient à atteindre leur objectif qui consiste à éliminer la Commission. Dans ce cas, ils se retrouveraient dans la situation d'avoir à concurrencer le reste de l'industrie sans disposer d'aucun avantage. Nous sommes convaincus que l'imposition des mêmes règles du jeu pour tout le monde constitue la meilleure base que nous puissions offrir aux éventuelles entreprises à valeur ajoutée appartenant à des agriculteurs.

Il y a d'autres avantages découlant de la participation de la Commission du blé, notamment la sécurité des approvisionnements ainsi que le soutien technique et l'assistance, un avantage que les petites entreprises apprécient davantage que les grandes. Nous offrons également la politique d'échange fictif de stocks aux entreprises de transformation appartenant à des agriculteurs, ce qui élargit le bassin des investisseurs éventuels et contribue à l'assurance liée à l'approvisionnement.

M. Ritter: J'aimerais vous donner une idée de la quantité de céréales que l'on produit dans l'Ouest du Canada. Réalisez-vous que nous cultivons suffisamment de céréales destinées à la fabrication des pâtes alimentaires pour nourrir 15 fois la population du Canada? Nous consommons ici même 300 000 tonnes métriques. Et nous produisons environ 4,5 millions de tonnes métriques de blé dur par année. Je suis toujours émerveillé de notre capacité de produire autant.

Le président: Avez-vous d'importantes réserves de blé dur actuellement?

M. Ritter: Oui, nous avons des réserves qui restent sur les exploitations agricoles.

Le sénateur Wiebe: Est-ce que nous ne serions pas plus avisés, en tant que pays et en tant que producteurs, de commercialiser les pâtes alimentaires prêtes à consommer plutôt que de vendre la matière première? Cela permettrait de créer des emplois pour les Canadiens, et représenterait une valeur ajoutée pour le producteur de blé dur. Nous faisons déjà beaucoup d'efforts pour commercialiser la matière première. Est-ce que nos efforts ne devraient pas porter sur de nouveaux moyens pour nous garantir des marchés et exporter les pâtes alimentaires plutôt que le blé dur?

Le président: C'est là toute la question.

M. Ritter: Nous sommes membres de l'ALENA, et les bons et les mauvais côtés de cet accord sont que si vous étiez une usine de transformation, vous ne pourriez pas verser à votre fournisseur de céréales un prix inférieur au prix standard nord-américain, comme l'a mentionné M. Nicholson. Le prix standard nord-américain est un panier qui fait référence à divers échanges réalisés autour de Minneapolis. Si vous décidez de passer outre, alors vous créez un différend commercial. Si vous payez plus cher que ce prix, vous allez vous ruiner. C'est là tout le dilemme du transformateur. Nous avons vu beaucoup d'usines de transformation dans cette situation.

Le prix stable nord-américain est ce que nous avons mis au point, la base sur laquelle nous nous appuyons et c'est ce qui donne de la stabilité à l'industrie. La question est la suivante: Est-il raisonnable de penser que nous pouvons exporter des spaghettis en Italie, par exemple? Vous pourriez en exporter une certaine quantité, mais l'Italie possède de nombreuses usines de fabrication de spaghettis. On pourrait réaliser certains gains. L'Afrique du Nord est un autre gros acheteur de blé dur. On s'en sert pour faire du couscous, un mets arabe. Nous avons fait des percées, et nous continuons d'en faire, principalement en Amérique du Nord, mais il y a une limite à ce que nous pouvons faire.

Le sénateur Wiebe: Vous avez tout à fait raison. Nous ne pouvons pas vendre notre blé dur plus cher au Canada que nous le vendons ailleurs dans le monde. L'argument que je voulais faire valoir et que nous sommes en train d'examiner est le suivant: si le producteur est propriétaire de l'usine de transformation, il ne tire pas son profit de la vente du blé dur, parce qu'il obtiendra le prix mondial pour son blé dur peu importe les conditions climatiques, mais plutôt du fait qu'il aura transformé son blé dur au Canada et parce qu'il possède une participation dans l'industrie de la transformation canadienne.

M. Ritter: Monsieur, nos politiques sont favorables à cette vision. Si un producteur souhaite acquérir une participation dans une usine de fabrication de pâtes, rien ne l'en empêche, ni de tirer un profit de cette participation.

Le sénateur Wiebe: Si je décidais de construire une usine de transformation du blé dur à Vancouver, à Regina, à Winnipeg et à Toronto, pourriez-vous me donner une idée du prix que je devrais payer pour mon blé dur?

M. Ritter: M. Thompson s'occupe de ces questions tous les jours.

M. Jim Thompson, agent de commercialisation principal, Commission canadienne du blé: À l'heure actuelle, le blé dur se vend 300 $ la tonne métrique dans une ville-porte comme Vancouver ou Thunder Bay. L'endroit où il en coûte le moins cher pour transformer du blé dur est Regina, qui se trouve à un point de transport plus bas que Vancouver ou Thunder Bay. Cette économie se chiffre à environ 40 dollars. Plus vous vous rapprochez des villes-portes, plus les chiffres varient. À Thunder Bay par exemple, le blé dur se vend aux environs de 300 $ la tonne métrique, à Toronto, il se vend près de 330 $ la tonne, à Winnipeg, il coûterait entre 250 $ et 300 $ parce que l'on se trouve pratiquement à mi- chemin entre Regina et Thunder Bay. Le lieu de transformation le meilleur marché pour la matière première est Regina — il s'agit du point le plus central des Prairies.

Le sénateur Wiebe: Vous avez parlé d'une nouvelle meunerie, peut-être pour la production de farine, qui serait construite en Colombie-Britannique. Finalement, cette meunerie se trouverait à payer pratiquement le prix le plus élevé possible pour sa matière première. Est-ce que le moulin est construit dans cette province plutôt qu'en Saskatchewan parce que c'est situé plus près d'un plus gros marché? Est-ce que les frais de transport pour le produit fini ont été un facteur négatif dans la décision de ne pas choisir Regina?

M. Thompson: En ce qui concerne les usines de transformation, les paramètres économiques actuels — qu'il s'agisse de produire de la farine, de la semoule ou autre chose — nous indiquent qu'il est préférable de construire à proximité du marché où le produit est consommé plutôt que du centre de production.

Le sénateur Gustafson: Il ne fait aucun doute que nous serions tous en faveur de la valeur ajoutée. Je cultive moi- même 6 000 acres de blé dur et nous n'en avons pas vendu un seul boisseau. Lorsqu'enfin nous parvenons à en vendre un boisseau, cela nous rapporte la somme de 2,68 $. Ce montant ne couvre pas le prix des facteurs de production. C'est la situation que nous devons affronter. Ce n'est pas le problème de la CCB, mais c'est bien le nôtre. Nous ne voulons pas laisser le gouvernement fédéral sur une impression fausse, mais nous devons affronter un problème extrêmement sérieux, dans le secteur de l'agriculture et des céréales en particulier. Cela ne fait aucun doute.

Nous sommes en train de discuter de la valeur ajoutée. Regardez un peu les nouvelles usines ayant été construites dans les Prairies, comme celle de Con Agra et d'ADM. Cargill a pris de l'expansion. Examinez aussi tous les programmes américains. Lorsque je décide de vendre mon grain dans cette direction, je perds déjà un tiers du prix en partant. Depuis le retrait du tarif du nid-de-corbeau, nous fonctionnons à perte. Charlie Mayer avait déclaré à l'époque qu'il faudrait injecter une somme d'au moins 7 milliards de dollars par année durant sept ans afin d'liminer graduellement le tarif du nid-de-corbeau. Nous avons reçu 1,4 milliard. Le montant de 1 $ par boisseau est le véritable problème auquel les producteurs doivent faire face. Le gouvernement n'a pas véritablement attaqué ce problème et ne l'a pas résolu. La situation est sérieuse. Les agriculteurs vont droit à la faillite et ils vont continuer de le faire à moins que le gouvernement fédéral ne décide de faire quelque chose.

Le gouvernement de l'Alberta et le secteur des bovins peuvent injecter des capitaux, ce qu'ils ont fait d'ailleurs, dans l'industrie des bovins. Mais, on a été incapable de le faire en Saskatchewan. Je n'accuse pas le gouvernement du NPD de la Saskatchewan parce que je sais qu'il ne dispose pas des revenus nécessaires.

Cependant, il ne fait aucun doute que toute cette situation aura une incidence majeure sur les questions nationales au Canada, si on ne fait pas quelque chose.

Je souhaiterais que vous nous indiquiez des secteurs où nous pourrions intervenir, mais la situation est difficile. Je ne pense pas que nous voulions induire le gouvernement fédéral en erreur en lui laissant croire qu'il n'y a pas de graves problèmes.

M. Nicholson: En tant que producteur, je comprends très bien la situation que vous décrivez puisque je la vis chaque jour. Les seuls fonds dont dispose la CCB sont ceux qui proviennent des agriculteurs eux-mêmes.

Le sénateur Gustafson: Comprenez-moi bien. Je ne fais aucun reproche à la CCB pour cette situation, parce que je sais que nous affrontons un problème planétaire, comme nous pouvons le constater d'après nos exportations sur le marché mondial. Nous ne réussirons pas à éliminer les subventions accordées par le gouvernement américain, parce que leurs producteurs feraient faillite si cela se produisait. Les Américains ne laisseront jamais tomber le coeur des États-Unis, et les Européens ne laisseront pas eux non plus tomber leur agriculture. Mais il faut faire quelque chose au Canada pour venir à bout de ce problème. Notre seul recours est le gouvernement fédéral.

M. Nicholson: En ce qui nous concerne dans le domaine de la valeur ajoutée, je réitère que notre politique concurrentielle en Amérique du Nord fait en sorte que les producteurs obtiennent le meilleur prix du marché, tout en garantissant que les transformateurs demeurent compétitifs sur les marchés mondiaux.

Le sénateur Gustafson: Vous faites du bon travail dans les circonstances, mais il reste que c'est un sérieux problème.

Le président: On retrouve en filigrane des questions que le sénateur Gustafson adresse à nos trois témoins le fait que vous nous avez brossé un portrait assez idyllique des activités de la CCB. Toutefois, lorsque l'on tient compte des facteurs de production pour faire pousser un acre de blé dur dans le prix que vous obtenez de la vente d'un boisseau, en fin de compte, on réalise qu'il y a un écart énorme à combler. La question est la suivante: que suggéreriez-vous à notre comité chargé de faire des recommandations concernant la politique publique au sujet de cet écart désastreux?

M. Ritter: Monsieur le président, nous n'essayons pas de dorer la pilule en ce qui concerne les répercussions sur les producteurs de céréales. Nous devons affronter des temps extrêmement difficiles. Nous connaissons actuellement un énorme resserrement monétaire, auquel le sénateur Gustafson a fait allusion, et par ailleurs les prix des céréales sont très bas. La viabilité de nombreux agriculteurs est remise en question, et de lourds dommages sont à craindre.

À la fin de l'époque du tarif du nid-de-corbeau, nous avons examiné la situation dans le monde entier et nous avons découvert que certains de nos concurrents, comme les États-Unis et l'Europe continueront de subventionner l'agriculture. Par ailleurs, d'autres pays, comme l'Australie et l'Argentine ont leurs centres de production tellement proches des côtes que leurs coûts de production sont naturellement de beaucoup inférieurs aux nôtres.

Nous avons travaillé très fort et nous avons fini par démontrer que nous sommes concurrentiels et productifs. Bon nombre de producteurs qui sont toujours dans les affaires font des prouesses parce qu'ils réussissent à tirer leur épingle du jeu malgré les prix obtenus et les coûts des facteurs de production. Pour ce qui est de suggérer une solution précise, et à titre de déclaration générale, le gouvernement du Canada doit faire en sorte que les règles du jeu soient les mêmes pour nous et pour nos compétiteurs ou alors il doit trouver une autre solution. Je ne veux pas m'étendre sur le sujet, mais il est certain que nous ne pouvons pas continuer à vivre dans la même situation que celle qui prévaut depuis les cinq dernières années.

C'est la survie de toute une industrie qui est en jeu. Nous devons trouver des solutions qui permettront aux producteurs de céréales d'obtenir davantage de revenus.

M. Nicholson: Je voudrais seulement insister sur le fait que tous les ingrédients nécessaires sont réunis pour que les agriculteurs canadiens continuent d'avoir du succès. Nos produits sont reconnus dans le monde entier pour leur uniformité et leur qualité. Même si nous vivons à l'intérieur d'un système relativement coûteux, en raison des distances énormes à parcourir pour atteindre les destinations d'exportation, il reste que nous avons l'avantage de disposer d'un système solide, efficace et capable de préserver, dans une large mesure, cette qualité.

Les solutions potentielles qu'a mentionnées M. Ritter sont les étapes suivantes, je suppose, à atteindre à partir de la base qui existe.

Le sénateur Gustafson: Heureusement que nous possédons probablement le meilleur blé dur que j'ai jamais cultivé dans toute mon existence. Il est absolument magnifique. Il pèse 64 livres par boisseau, ce qui représente un facteur positif pour l'industrie. Espérons que nous allons pouvoir le vendre sur le marché américain ou ailleurs. L'année dernière, nous avons eu un problème de germination, et notre blé s'est classé dans la catégorie no 3. Cette année, la récolte est dans la catégorie de blé dur no 1, et c'est le meilleur au monde — il n'y a pas d'erreur. La CCB a fait de l'excellent travail en vendant notre blé dur dans le monde entier, mais nous avons toujours à affronter un problème à l'échelle de la planète.

M. Ritter: Oui.

Le sénateur Gustafson: À moins que le gouvernement ne reconnaisse ce fait, nous allons nous retrouver avec un problème national sur les bras. Je suis désolé d'avoir adopté cet angle négatif, mais nous devons absolument faire comprendre ce qui se passe au gouvernement.

M. Ritter: Le secteur des céréales de l'Ouest canadien travaille de concert avec le secteur du bétail, aussi nous avons dû essuyer un double coup avec la question de l'EBS. La consommation de grain est actuellement à la baisseCce qui fait qu'il y a un surplus sur le marché. Nous nous retrouvons dans un cercle vicieux, et malheureusement, un cercle qui nous entraîne vers le bas.

Le sénateur Fairbairn: Comme je suis originaire d'une région d'éleveurs de bétail, en Alberta, je trouve votre exposé somme toute assez réjouissant parce que l'été n'a pas été de tout repos dans l'Ouest.

Monsieur Ritter, vous avez mentionné l'addition de nouvelles meuneries dans l'Ouest et aussi qu'il y avait une certaine expansion par comparaison avec la piètre situation que vivent nos voisins du sud où l'on a assisté à la fermeture de 15 minoteries en 15 ans. Vous avez aussi mentionné que nous avions enregistré la plus forte augmentation de la capacité de production du malt depuis 15 ans, et cela pendant que la capacité à cet égard a reculé aux États-Unis. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi? Pourquoi connaissons-nous une telle poussée à la hausse dans ces secteurs, alors qu'il y a un recul aux États-Unis?

M. Thompson: Du côté de l'industrie meunière, la bonne nouvelle c'est qu'au Canada la consommation par habitant n'a pas diminué. Elle est constante depuis quelques années. Elle a affiché une croissance importante dans la première partie des années 90, et suit une constante depuis. Aux États-Unis en revanche, nous avons constaté une tendance vers les régimes à forte teneur en protéines qui a eu pour conséquence de faire plafonner la consommation en 1996 pour ensuite ne faire que reculer année après année. L'autre bonne nouvelle, pour les meuniers canadiens, c'est l'accord de libre-échange avec les États-Unis.

Si vous regardez les statistiques, nos exportations de produits à base de blé, y compris la farine crue et ses produits de transformation — mélanges, pâtes à tarte, brioches, pâtes alimentaires, et ainsi de suite — ont augmenté pour atteindre plus de 900 000 tonnes au cours des dernières sept ou huit années. Actuellement, nous exportons près du tiers de tout ce que nous transformons au Canada à destination des États-Unis. C'est la deuxième grande différence qui existe entre le Canada et les États-Unis. Leur consommation par habitant a diminué et leurs exportations ont chuté elles aussi.

M. Ritter: Récemment, une association de meuniers américains a fait une déclaration relative au différend commercial et au fait qu'ils apprécient le blé canadien en raison de son uniformité et aussi parce qu'il n'est pas mélangé comme des centaines de variétés qui sont disponibles aux États-Unis. Ce sont les raisons qu'ils ont invoquées pour expliquer pourquoi ils sont désireux d'acheter notre grain. La farine que nous fabriquons dans certaines meuneries jouit d'une réputation enviable dans toute l'Amérique du Nord.

À mon avis, la construction d'une malterie à proximité de la source d'orge de brasserie pourrait représenter un avantage concurrentiel. La CCB a fait de l'excellent travail en entretenant des relations avec certains clients très intéressants comme les brasseries japonaises et les Chinois en ce qui concerne la production du malt. Ce fut une entreprise de coopération entre quelques grandes maisons dans l'ouest — une entreprise ayant consisté à exporter du malt plutôt que simplement de l'orge. Voilà encore une expérience positive.

Le sénateur Fairbairn: J'aimerais poser une dernière question à ce sujet. Diriez-vous aussi qu'une des raisons expliquant ce succès est l'importance des efforts que nous accordons à la commercialisation de notre produit par comparaison avec ce qui se fait aux États-Unis à cet égard?

M. Thompson: Oui, en effet. Je pense que cela explique en partie la situation. Nos efforts de marketing ont été plus concentrés. Comme vous l'a mentionné M. Ritter, nous nous sommes joints à l'Association canadienne de boulangerie et aux meuneries pour travailler à l'élaboration d'une campagne de publicité générique sur les produits canadiens. Aujourd'hui, nous récoltons le fruit de ces efforts.

M. Ritter:, Nous avons examiné la direction qu'emprunte l'industrie céréalière, et les possibilités de croissance dans le domaine de l'orge de brasserie et du malt. Il est clair qu'il s'agit d'un secteur où nous pensons disposer d'un avantage concurrentiel nous permettant d'envisager une expansion.

Le sénateur Fairbairn: Je suis aussi membre du Comité des affaires sociales qui a produit un rapport sur les soins de santé au Canada. Ce comité poursuit ses travaux dans certains secteurs qui, à notre avis, méritaient la publication d'un rapport distinct parce qu'ils étaient trop vastes pour être couverts convenablement dans le rapport principal. Il s'agit notamment de la santé publique.

Vous venez de dire que les aliments à base de céréales sont en train de devenir le bouc émissaire pour le problème d'obésité en Amérique du Nord. Si quelque chose a pu frapper les sénateurs membres du Comité des affaires sociales ces deux dernières années, c'est bien la mesure dans laquelle les médecins et autres membres de la profession médicale étaient catégoriques dans leur affirmation comme quoi l'une des principales difficultés que doivent affronter les Canadiens sur le plan de la santé, et particulièrement les jeunes, est le problème de l'obésité. L'ampleur de ce problème a stupéfait les membres du comité. Vous avez dit que cela représente un problème parce que les gens ont tendance à penser que les aliments à base de céréales sont responsables de l'obésité, alors qu'en réalité, ils ne sont pas à blâmer.

Je suis d'accord avec vous que le gouvernement fédéral n'a pas seulement l'obligation mais qu'il a aussi l'opportunité, à bien des égards, de repenser et de revaloriser les moyens qu'il utilise pour faire savoir aux Canadiens ce qu'ils doivent manger pour être en bonne santé. Vous avez dit qu'en consommant chaque jour 12 portions d'aliments à base de céréales les citoyens canadiens adopteraient un régime très bon pour la santé.

Pourriez-vous me donner un exemple de ce que pourraient être ces 12 portions?

M. Ritter: J'avais posé la question juste avant de venir, aussi je suis prêt à vous répondre.

Le sénateur Fairbairn: Le chiffre 12 me semble assez déconcertant.

M. Ritter: Il s'agit tout simplement d'une demi-tasse de pâtes alimentaires. Un repas complet à base de pâtes alimentaires comprendrait l'équivalent de huit portions dans le même repas.

Le sénateur Fairbairn: Voulez-vous parler de pâtes cuites ou non cuites?

M. Ritter: Une tranche de pain, un demi bagel et trois quarts de tasse de céréales représentent chacun une portion. Nous disons qu'il faudrait consommer entre cinq et 12 portions chaque jour.

Le sénateur Fairbairn: À mon avis, il serait difficile de consommer 12 portions.

M. Ritter: Vous avez peut-être raison, et il serait peut-être exagéré pour une seule personne de consommer les 12 portions.

Le sénateur Fairbairn: C'est très intéressant. Tout ce que vous dites a un lien avec les questions entourant la santé.

M. Thompson: J'ai rencontré Judy Adams du groupe Wheat Foods Council des États-Unis, au mois de juin. Ce groupe a réalisé un sondage Gallup à l'échelle des États-Unis. J'incline à penser que les attitudes dans ce pays sont assez semblables à celles que l'on retrouve ici. Les résultats de leur étude ont indiqué que 56 p. 100 des Américains pensent que le pain et les pâtes font engraisser. C'est très troublant pour l'industrie céréalière.

Aux États-Unis, on a approuvé quatre déclarations génériques qui sont destinées à apparaître sur les emballages d'aliments à base de céréales. Au Canada, ce n'est pas encore légal pour le moment. Je pense que des discussions sont en cours avec Santé Canada en vue de surmonter certains obstacles.

Voilà le genre d'information qui doit être mis à la disposition des Canadiens afin qu'ils réalisent que les aliments à base de céréales ont leur place dans un régime équilibré. Il s'agit de l'élément numéro un sur l'arc-en-ciel des céréales et dans la pyramide des aliments. Il faudrait en faire une publicité plus vigoureuse.

Le sénateur Fairbairn: Si vous envisagez de parler de la santé des Canadiens et du rapport avec les aliments à base de céréales, vous pourriez commencer par favoriser la production d'aliments sans sel ajouté. Cette simple décision pourrait vous faire progresser énormément sur la voie de l'alimentation saine.

Le sénateur Hubley: J'essaie de penser à des suggestions vous permettant d'ajouter de la valeur à vos produits. Nous cultivons le meilleur blé au monde et nous produisons la meilleure des farines.

J'aimerais que vous me parliez un peu du processus de concassage. Est-ce que chaque moulin produit une certaine variété de grains et de céréales, ou est-ce que le moulin doit produire une qualité particulière de grains ou de céréales pour satisfaire des clients particuliers?

M. Thompson: Tout dépend du moulin. Les moulins se répartissent en trois catégories. Il y a ceux qui transforment le blé de force roux de printemps en farine pour la fabrication du pain. Il y a aussi ceux qui se spécialisent dans la production de semoule, un grain utilisé dans la fabrication des pâtes alimentaires. Et finalement, il y a les moulins qui transforment le blé tendre en farine utilisée pour faire les gâteaux, les pâtisseries, les biscuits, les craquelins et autres produits semblables.

Le sénateur Hubley: Qui produit les farines utilisées pour fabriquer les pains à hamburger destinés à la restauration minute?

M. Thompson: Une meunerie spécialisée dans le blé de printemps pourrait produire la farine utilisée pour fabriquer ces petits pains; il s'agit du même type de farine que celle qui est utilisée dans le pain que vous achetez à l'épicerie.

Le sénateur Hubley: Pratiquement tous les repas servis dans la restauration minute sont recouverts d'une chapelure ou d'une pâte. Le poulet est pané. Cela doit avoir des répercussions importantes sur l'industrie.

M. Thompson: Les aliments à base de céréales sont rarement un repas complet en soi. Ils sont le support de quelque chose d'autre, qu'il s'agisse d'une boulette de viande, d'une saucisse ou de beurre d'arachides.

Très souvent, le coupable, c'est-à-dire la matière grasse, est dans ce produit, et non dans le pain, autrement dit le problème vient de ce qu'il y a sur le pain.

Par exemple, depuis quelques années, on assiste à une explosion de popularité de la pizza. Dans ce cas particulier, le produit à base de farine sert de support à de la saucisse, au pepperoni, au fromage, à des produits qui ne devraient pas être consommés en grande quantité dans un régime alimentaire.

Le sénateur Hubley: Cela fait partie de notre style de vie. Il suffit de regarder la quantité d'aliments congelés présentés avec un enrobage.

Je ne suis pas une spécialiste de l'industrie du blé, mais je suis inquiète. Qui est notre plus gros compétiteur? Quels sont les pays avec lesquels nous sommes en concurrence?

M. Thompson: En ce qui concerne le blé, la situation évolue, mais essentiellement, ce sont les États-Unis qui offrent la concurrence la plus forte, avec leur blé de force de printemps et d'hiver. Par ailleurs, l'Argentine, l'Australie et les pays de l'Union européenne exportent une quantité importante de blé.

L'année dernière, nous avons assisté à l'émergence de quelques exportateurs de faible importance. L'Ukraine et les pays de l'ancienne Union soviétique sont devenus d'importants exportateurs de blé. La situation risque de changer cette année, parce qu'ils ont éprouvé des problèmes avec leur récolte, ce qui a donné un rendement inférieur. Il y a cinq grand exportateurs, et quelques exportateurs de moindre importance.

Le sénateur Hubley: Y a-t-il des secteurs de la meunerie où les usines canadiennes ne sont pas en mesure de produire? Existe-t-il des marchés à créneaux auxquels vous n'avez pas accès?

M. Thompson: Pour le moment, la production de couscous est assez limitée au Canada. Le couscous n'est pas un produit de grande consommation ici. En fin de compte, le marché va se développer et les producteurs finiront par répondre à la demande. Nous ne faisons pas beaucoup d'exportation de ce produit en particulier.

Mis à part les États-Unis, bon nombre de pays en développement commencent à s'intéresser à la première transformation. Mme Currie a mentionné le cas du Brésil. Ces pays aiment bien avoir des moulins à farine. Les exportations de ce produit sont souvent difficiles parce que ce secteur est subventionné dans tous ces pays. L'exportation de ce produit de première transformation est un peu plus difficile, parce que les pays en développement aiment commencer par développer ce secteur en premier. Cuba est un autre exemple d'un pays ayant développé une industrie de première transformation autour de la farine.

M. Ritter: Un autre bon exemple est celui du moulin à farine Bogasari, en Indonésie. Il possède une plus grande capacité de concassage que toute celle du Canada réunie.

La matière première lui est fournie par l'Australie. Nous en fournissons aussi une partie. Mon collègue Larry Hill et moi-même avons visité Perth et Geraldton, une localité située au nord de Perth, l'année dernière. Ils se sont dotés d'un énorme élévateur à grains en vue de l'exportation, et un navire fait la navette entre l'élévateur et le moulin. Il faut compter sept jours pour faire le trajet aller-retour complet. Il nous est difficile d'alimenter cette meunerie. C'est le plus gros moulin à farine au monde.

Le sénateur Hubley: Est-ce que le Canada a déjà construit un moulin à farine dans un autre pays à seule fin de répondre aux besoins de ce pays en matière de concassage?

M. Ritter: Pas encore, non. L'Australie a fait des tentatives en ce sens. AWB Limited possède des investissements en Égypte et au Vietnam. Nous n'avons pas accès aux données concernant le rendement de ces investissements, mais il s'agit d'investissements stratégiques dans deux ou trois pays.

Le président: Vous avez commencé votre exposé aujourd'hui en nous montrant vos «accessoires» — c'est-à-dire des produits fabriqués à partir de blé dur.

Pourriez-vous y revenir? J'aimerais savoir si tout ce qu'ils contiennent est produit et fabriqué ici même au Canada.

Dites-nous ce qu'il y a dans l'emballage de pâtes alimentaires que vous avez brandi plusieurs fois. Dites-nous ce qu'il contient et où il a été fabriqué.

M. Thompson: Il s'agit d'un produit Catelli. La société Catelli appartient au groupe New World Pasta des États- Unis. Cette société produit ce type de pâte alimentaire précis à Montréal. La semoule qui est utilisée dans la fabrication devrait provenir soit de la meunerie ADM, située à Montréal ou encore de Howson & Howson, qui se trouve à Blyth, en Ontario. Au Canada, on se sert du nom de marque Ronzoni et le produit est commercialisé sous le nom de Catelli. Le groupe Ronzoni vend aussi plusieurs produits sous diverses appellations, dont celui de Lancia.

Le président: Est-ce que ces pâtes alimentaires ont été emballées et conditionnées au Canada?

M. Thompson: Oui, à Montréal, c'est exact.

Le président: Savez-vous où la boîte a été fabriquée?

M. Thompson: Je l'ignore.

M. Ritter: La miche de pain et les autres produits proviennent d'une boulangerie d'ici même, à Ottawa.

M. Thompson: Ces produits doivent avoir été fabriqués à partir d'une farine fine fleur qui provient d'un blé roux de printemps de l'Ouest. Il y a probablement un contenu de 13,5 p. 100 de protéines dans le blé, et de près de 12,8 p. 100 de protéines dans la farine.

Il n'y a pas de moulin à farine dans la région d'Ottawa. Cette miche de pain a sans doute été fabriquée à partir d'une farine produite à Montréal ou Toronto.

Le président: Et les croissants?

M. Thompson: Les croissants n'ont pas besoin du volume qui est nécessaire dans la fabrication du pain. Ils doivent avoir été fabriqués à partir d'une farine de blé tendre. Il se pourrait que cette farine contienne une certaine quantité de blé dur afin de lui donner de la légèreté. Cette farine pourrait provenir d'un blé roux tendre ou d'un blé blanc tendre, tout dépendant des caractéristiques du moulin à farine.

La meunerie Nabisco utilise du blé tendre. Elle choisit du blé blanc parce qu'elle se sert du son de ce blé pour fabriquer ses céréales de blé entier en filaments. Elle a trouvé une utilisation pour le sous-produit. Une autre meunerie qui utilise du blé tendre choisit de préférence le blé roux parce qu'elle n'a pas accès à la franchise de Nabisco qui lui permettrait de fabriquer des biscuits de blé entier en filaments, aussi elle n'a pas à utiliser le son pour fabriquer ce produit.

Le sénateur Fairbairn: Que savez-vous du blé biologique?

M. Thompson: Le blé biologique est exactement pareil au blé ordinaire, sauf en ce qui concerne les méthodes de culture.

Le président: Existe-t-il des sous-produits du processus de transformation de ce blé susceptibles de lui ajouter de la valeur et d'en faire un nouveau produit?

M. Thompson: Certainement. Avec un sac de 100 livres de blé, vous allez produire 75 livres de farine. Il y aura environ 25 livres de sous-produit pouvant être transformé en aliments pour les animaux. Ces farines peuvent être utilisées telles quelles dans l'alimentation des animaux, ou après avoir été transformées en aggloméré ou ajoutées à d'autres produits.

Le président: Est-il exact de conclure que l'on peut utiliser 100 p. 100 du grain de blé et que c'est ce que l'on fait?

M. Thompson: Oui.

Le président: Il n'y a aucun résidu?

M. Thompson: Il n'y a pas d'autre résidu que ce qui est répandu et perdu dans le moulin à farine.

Le président: Dans le monde, les deux pays ayant les plus fortes populations sont l'Inde et la Chine. J'aimerais savoir, à tout hasard, si la Commission canadienne du blé envisage de vendre les produits canadiens à ces pays?

M. Ritter: La Chine représente un marché d'une importance considérable pour nous. Vous vous rappellerez peut- être que dans les années 70 et 80, la Chine et la Russie prenaient chacune un tiers de la récolte canadienne. Ces deux marchés ont fait des efforts en vue d'atteindre autant que possible l'autosuffisance.

Comme vous l'avez mentionné auparavant, les pays de l'ancienne Union soviétique sont désormais d'importants exportateurs occasionnels. En outre, la demande en Chine est inférieure à ce qu'elle a déjà été, mais ce pays demeure un de nos bons clients. Il est certain que nous faisons tout en notre possible pour percer ce marché.

Dans le domaine du malt et de l'orge, le marché chinois est l'un de ceux où nous envisageons une importante croissance au fur et à mesure que le revenu disponible y augmentera. Si la consommation par habitant de bière augmentait de seulement une bouteille par année, cela se traduirait par une quantité importante de bière qui correspondrait à des tonnes de malt et d'orge de brasserie. C'est un marché qui comporte d'énormes possibilités.

M. Ritter: Je vais essayer de vous situer en contexte et de vous dire ce que je sais au sujet de la Chine. J'ai lu ces données statistiques par intérêt personnel. La Chine produit 275 millions de tonnes métriques de légumes, ce qui est incroyable. Cela signifie que chaque personne consomme ou utilise 400 livres de légumes par année.

Dans la même veine, le pays produit 100 millions de tonnes métriques de blé. Ce chiffre est en baisse. À notre avis, cela signifie qu'ils sont en train de passer à des produits à plus forte valeur ajoutée dans leur propre pays et qu'ils importeront une quantité importante de céréales à l'avenir. Nous prévoyons que la Chine deviendra un important importateur d'ici les cinq prochaines années.

Nous avons un bureau à Beijing. Nous sommes en communication constante avec leurs acheteurs.

Le président: Il y a beaucoup plus qu'un milliard d'habitants en Inde. Existe-t-il des possibilités dans ce pays?

M. Ritter: La situation est complètement différente en Inde. Le revenu par habitant est seulement de la moitié de celui des Chinois. Par ailleurs, l'Inde représente un territoire incroyablement intéressant. Ce pays est capable de produire une quantité énorme de nourriture à partir de diverses récoltes.

Depuis quelques années, l'Inde est un pays exportateur de blé dont les livraisons peuvent atteindre jusqu'à 5 millions de tonnes métriques. Par conséquent, nous n'entrevoyons pas d'avenir très florissant en ce qui concerne les produits à base de céréales là-bas.

Le sénateur Wiebe: Cette question s'adresse à M. Thompson. Peut-être éprouverez-vous des difficultés à me fournir les chiffres exacts, parce que la Commission canadienne du blé est responsable des producteurs de l'ouest, et non de ceux de l'Ontario et du Québec. Néanmoins, avez-vous une idée du pourcentage de grain transformé en pâtes alimentaires au Canada par des sociétés appartenant à des intérêts canadiens?

M. Thompson: Je pense que c'est très minime. Je me risquerais à avancer que ça doit tourner autour de moins de 5 p. 100.

Le sénateur Wiebe: Même pour le blé de printemps transformé?

M. Thompson: Dans ce cas, le pourcentage devrait être beaucoup plus élevé. Il doit se situer autour de 25 p. 100 ou même frôler les 30 p. 100. Je ne pense pas être très loin de la réalité.

Le sénateur Wiebe: Si je vous pose la question, c'est pour l'édification des membres du comité, parce que j'ai lu un livre dans lequel on affirmait que le Canada court le risque de ne pas transformer suffisamment d'aliments que l'on consomme au pays. Nous ne sommes pas loin d'une situation où la majorité de la transformation est effectuée par des entreprises situées à l'extérieur du Canada.

Cinq p. 100 du blé dur produit dans ce pays est transformé par des entreprises canadiennes, et seulement 25 p. 100 du blé. Je sais que cela n'a rien à voir avec ce qui nous occupe en ce moment, mais c'est un aspect qui me préoccupe.

Le président: On nous a affirmé tout à l'heure qu'il se faisait davantage de concassage au Canada. Il y a une augmentation à ce chapitre.

Le sénateur Wiebe: Oui, mais ce n'est pas fait par des entreprises canadiennes. La transformation est effectuée par des usines appartenant à des intérêts étrangers et qui sont contrôlées par des étrangers. C'est ce qui rend les choses inquiétantes.

Le sénateur Fairbairn: Toutefois, il y a une société canadienne. Dans mon patelin, on a décidé de produire des pâtes alimentaires sur place et de les exporter aux États-Unis. Et cette entreprise a trouvé tout un marché dans le sud de l'Alberta et dans d'autres régions de l'Ouest canadien.

Le sénateur Wiebe: Il est plus difficile pour les sociétés appartenant à des intérêts canadiens ou pour les particuliers du Canada de former des coopératives. Même si on arrive à réunir les fonds nécessaires pour construire une structure matérielle, il reste qu'à moins de s'allier à une société internationale appartenant à des capitaux étrangers, on n'arrive pas à obtenir une place sur les linéaires pour le produit.

De plus en plus d'entreprises de transformation cessent d'appartenir à des intérêts canadiens. C'est déjà difficile de transiger avec une entreprise canadienne. Qu'est-ce que ce sera lorsqu'il faudra le faire avec une entreprise étrangère?

Le hic avec le projet de construction d'une usine de fabrication de pâtes alimentaires en Saskatchewan c'est que nous n'avons pas réussi à trouver un marché. Mais c'est la Commission canadienne du blé qui est montrée du doigt pour cet échec.

Voilà où je voulais en venir avec ma première question. Vous m'avez très bien expliqué qu'il était plus facile de construire une usine à proximité du marché que d'absorber les frais de transport pour amener le produit de l'exploitation agricole jusqu'aux marchés.

Je voulais me servir de cela comme exemple pour expliquer que la Commission canadienne du blé n'y est pour rien dans le problème avec les usines de fabrication de pâtes alimentaires. Non, le problème vient du fait que nous dépendons d'une société internationale pour commercialiser notre produit.

M. Thompson: J'aimerais ajouter quelque chose. Au début des années 90, je travaillais pour une entreprise appelée Ogilvy Flour Mills Limited, qui était le plus important moulin à farine du pays. L'entreprise appartenait à John Labatt, une société canadienne. John Labatt a travaillé avec Maple Leaf Mills, qui était la deuxième plus grosse minoterie au Canada, en vue de fusionner Ogilvy et Maple Leaf pour en faire une seule société.

En fin de compte, cette fusion ne fut pas autorisée par le bureau de la concurrence. Avec le temps, et avec le recul maintenant, on constate que ADM a fini par devenir propriétaire des deux entreprises. Elle possède désormais 45 p. 100 de la capacité de transformation en farine au Canada. Nous avons eu une opportunité que cette société appartienne à des Canadiens. Mais elle s'est évanouie au début des années 90.

Le sénateur Fairbairn: J'aimerais revenir à la question de ce que nous mangeons et des méthodes de commercialisation utilisées. J'ai mentionné tout à l'heure le blé biologique. Étant donné l'intérêt croissant que l'on accorde aux produits biologiques, quelle serait la croissance potentielle liée à la consommation de blé biologique par ceux qui sont intéressés à en faire l'essai?

M. Nicholson: Nous ne participons pas directement à la commercialisation du blé biologique, mais certaines occasions favorables sont portées à l'attention de la Commission du blé dans le cadre de ses activités de commercialisation du blé ou de l'orge. Nous communiquons cette information aux producteurs biologiques et à ceux qui s'occupent de la commercialisation de ces produits biologiques.

Naturellement, la qualité intrinsèque du blé de l'Ouest canadien représente un atout pour les producteurs biologiques, de même que pour la commercialisation de ce produit. Leur avantage sur le marché tient aux méthodes qu'ils utilisent pour la production et à la valeur que les consommateurs accordent à ce principe. Il semble que l'on soit en présence d'un marché en progression constante, et qui jouit parfois de primes importantes par rapport aux prix ordinaires.

Le président: Au nom du comité, je remercie nos témoins de nous avoir présenté un exposé très instructif. Nous avons beaucoup appris, et cela nous aidera à formuler nos propositions initiales concernant cette étude de la production à valeur ajoutée.

La séance est levée.


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