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SECD - Comité permanent

Sécurité nationale, défense et anciens combattants

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de la
Sécurité nationale et de la défense

Fascicule 7 - Témoignages du 27 janvier 2003 (Séance de l'après-midi)


REGINA, le lundi 27 janvier 2003

Le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit aujourd'hui à 15 heures pour examiner la nécessité d'une politique nationale sur la sécurité pour le Canada et faire rapport à ce sujet.

Le sénateur Colin Kenny (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue au Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense. Je m'appelle Colin Kenny, je suis sénateur de l'Ontario et président de ce comité.

À ma gauche immédiate se trouve le vice-président du comité, le distingué sénateur de la Nouvelle-Écosse, le sénateur Michael Forrestall. Le sénateur Forrestall a été au service des électeurs de Dartmouth à titre de député pendant 25 ans et continue de le faire à titre de sénateur depuis voilà 12 ans. Tout au cours de sa carrière parlementaire, il s'est toujours beaucoup intéressé à tout ce qui concerne la défense, ayant siégé à plusieurs comités parlementaires, y compris le comité mixte spécial de 1993 sur l'avenir des Forces canadiennes, et ayant aussi représenté le Canada à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.

À ma droite se trouve le sénateur Jack Wiebe de la Saskatchewan, qui est un personnage marquant de sa province et a joué un rôle prépondérant dans notre décision de venir vous parler aujourd'hui. Non seulement le sénateur Wiebe a connu énormément de succès en tant qu'agriculteur, mais il a été membre de l'Assemblée législative de la Saskatchewan et lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan. Au Sénat, il occupe actuellement le poste de vice-président du Comité sénatorial de l'agriculture et des forêts. En ce moment, ce comité mène une étude sur l'incidence du changement climatique sur les pratiques agricoles et forestières dans l'ensemble du pays.

À bout de la table se trouve le sénateur David Smith de l'Ontario. Avocat de formation, il exercice le droit avec distinction dans ses domaines de spécialisation, soit le droit municipal, administratif et réglementaire. Dans les années 70, il a été élu conseiller et maire adjoint de Toronto, et député de la Chambre des communes de 1980 à 1984. Le sénateur Smith siège également au Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles et au Comité du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement.

À ses côtés se trouve le sénateur Norman Atkins, dont le domaine de grande expertise est le secteur des communications. Il a agi à titre de conseiller auprès de l'ancien premier ministre Davis de l'Ontario. Depuis qu'il est sénateur, il défend avec passion la cause des anciens combattants de la marine marchande canadienne et il siège au Sous-comité des affaires des anciens combattants. À l'heure actuelle, il est président du caucus conservateur au Sénat. Il occupe également le poste de vice-président du Comité sénatorial de la régie interne, des budgets et de l'administration.

À mon extrême gauche, au bout de la table, se trouve le sénateur Joe Day du Nouveau-Brunswick. Le sénateur Day est titulaire d'un baccalauréat en génie électrique du Collège militaire royal à Kingston, d'un baccalauréat en droit de l'Université Queen's, et d'une maîtrise en droit d'Osgoode Hall. Avant d'être nommé au Sénat en 2001, il avait connu beaucoup de succès à titre d'avocat d'exercice privé. Le sénateur Day est actuellement vice-président du Comité sénatorial des finances nationales et siège au Comité sénatorial des transports et des communications. De plus, il est vice-président de notre Sous-comité des affaires des anciens combattants.

À ses côtés se trouve le sénateur Tommy Banks de l'Alberta. Le sénateur Banks est bien connu des Canadiens pour avoir été un de nos artistes les plus doués et talentueux et le porte-étendard international de la culture canadienne. Récipiendaire d'un prix Juneau, il a animé le Tommy Banks Show de 1968 à 1973. Il est actuellement président du Comité sénatorial de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. En ce moment, ce comité examine le projet de loi C-5, Loi concernant la protection des espèces sauvages en péril au Canada.

Le comité a préparé plusieurs rapports, à savoir: «La défense de l'Amérique du Nord: Une responsabilité canadienne», publié en septembre 2002; un rapport intitulé «Pour 130 dollars de plus... Mise à jour sur la crise financière des Forces canadiennes, une vue de bas en haut», publié en novembre 2002; et notre plus récent rapport intitulé «Le mythe de la sécurité dans les aéroports canadiens», publié en janvier 2003.

Aujourd'hui nous poursuivons notre étude de la sécurité nationale en nous intéressant tout particulièrement au travail du personnel de première intervention. À l'occasion de situations d'urgence ou de catastrophes d'envergure nationale, nous comptons sur vous pour intervenir rapidement et efficacement.

Nous avons d'ailleurs hâte d'entendre les propos du chef du Service de police de Regina concernant le plan d'intervention de la Ville en cas d'urgence et ses rapports avec les représentants d'autres paliers de gouvernement, notamment le Bureau de protection des infrastructures essentielles et de la protection civile à Ottawa.

Chef Johnston, si je ne m'abuse, nous vous avons rencontré la dernière fois dans le cadre des audiences du Comité spécial sur les drogues illicites qui se tenait ici à Regina. Nous avons eu la chance de recevoir vos témoignages à cette occasion, et nous sommes très heureux de vous revoir. Auriez-vous donc l'obligeance de nous présenter vos collaborateurs, et ensuite, je crois savoir que vous avez une déclaration liminaire.

Vous avez la parole.

M. Cal Johnston, chef de police, Ville de Regina: Le Service de police de Regina a demandé à certaines personnes de se joindre à nous cet après-midi pour répondre éventuellement à vos questions. Nous avons une brève déclaration liminaire, après quoi je pense que nous pourrons surtout vous être utiles en répondant à vos questions ou à toute préoccupation que pourraient susciter nos observations.

Je suis accompagné aujourd'hui du chef du Service des incendies de Regina, M. Jack Lichtenwald, du directeur des Services médicaux d'urgence de Regina, M. Ken Luciak, du chef adjoint, M. Clive Weighill, qui vous a montré le matériel d'urgence qui se trouve derrière notre poste de police et au garage lors de votre visite cet après-midi, et de M. Dave Quick, coordonnateur de la Planification d'urgence pour la ville de Regina.

En tant que groupe, nous représentons l'ensemble des personnes responsables de la première intervention en cas d'urgence. C'est à ces organismes locaux que nous faisons appel en cas d'incident chimique, biologique, radiologique ou nucléaire. Leur expertise et leurs connaissances directes des mesures d'intervention qui s'imposent dans de telles situations devraient aider votre comité à se faire une idée juste de notre état actuel de préparation et de nos besoins futurs dans ce domaine.

Nos secouristes opérationnels et agents de première intervention sont bien formés et bien équipés pour intervenir en cas de grandes catastrophes — par exemple, une grosse tempête, un déraillement, l'écrasement d'un avion, et cetera. Nous entretenons une relation de travail très étroite les uns avec les autres. Nos organismes organisent régulièrement des exercices de formation et d'entraînement conjoints pour être à même d'assurer une intervention d'urgence bien coordonnée. Bien que nous ayons une bonne capacité de réaction en cas de catastrophes naturelles ou de déversements de matières dangereuses, notre capacité d'intervenir lors d'actes terroristes impliquant l'utilisation d'agents chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires. En cas de désastres biologiques, chimiques ou radiologiques à Regina, l'ensemble des secouristes opérationnels et agents d'intervention immédiate de la Ville de Regina pourraient assurer au grand maximum une première intervention de base. Nos secouristes seraient à même de prendre des mesures de confinement, de suivre l'évolution de la menace et d'évacuer la zone jugée dangereuse autour du site. Mais nous serions obligés ensuite de nous adresser à la province pour obtenir l'aide du gouvernement fédéral afin de neutraliser la menace, d'assurer la décontamination des victimes et de dépolluer le site.

D'ailleurs, nous tenons à vous signaler le financement que nous avons reçu en vertu du Programme conjoint de protection civile (PCPC), soit la somme de 204 000 $. Ce financement — soit 18 000 $ pour la police et 186 000 $ pour le service des incendies — a permis d'acheter des ensembles de protection individuels pour les secouristes opérationnels, du matériel de surveillance et de détection radiologique et chimique, et de l'équipement de décontamination. Nous attendons de recevoir la formation parrainée par le Bureau de protection de l'infrastructure essentielle et de protection civile sur l'utilisation de ce matériel. Les services médicaux d'urgence ont également reçu 80 000 $, notamment pour les opérations de décontamination.

Avant de posséder cet équipement, notre capacité de décontaminer les secouristes et les victimes était fort limitée. Mais lorsque nous aurons bénéficié de la formation requise sur l'utilisation du nouveau matériel, nous devrions avoir la capacité de décontaminer les secouristes opérationnels ainsi qu'environ 500 victimes. Nous recommandons par conséquent le maintien du financement et de la formation qui sont assurés en vertu du PCPC.

Comme vous avez pu le constater lorsqu'on vous a montré notre matériel et nos véhicules de première intervention, notre municipalité ainsi que diverses entreprises, sous forme de dons, ont déjà investi des sommes importantes dans la protection civile. Les municipalités n'ont pas la capacité budgétaire nécessaire pour financer des opérations de détection, de première intervention ou de décontamination massive des victimes en cas d'incident chimique, biologique, radiologique ou nucléaire (CBRN). De plus, le coût de la dépollution qui s'impose à la suite d'un tel incident dépasse de loin la capacité financière d'une municipalité.

En ce qui concerne la formation, nous recommandons que le Bureau de protection des infrastructures essentielles et de la protection civile élargisse le programme de formation des formateurs. Si une certaine proportion de notre personnel avait la possibilité de recevoir la formation initiale sur l'intervention d'urgence en cas d'incident CBRN, nos systèmes sont tels que nous aurions la capacité d'assurer cette même formation à l'ensemble de notre effectif. Une approche axée sur la formation de formateurs permettrait d'approfondir les connaissances et l'expertise de notre personnel et d'améliorer l'efficacité globale de nos services. Comme nous avons pu le constater lors des événements du 11 septembre 2001 à New York, les services locaux sont les premiers à intervenir. Les premières minutes et heures d'intervention sont critiques, car c'est durant cette période que les chances d'atténuer les conséquences négatives d'un incident sont les plus grandes.

Pour ce qui est des services médicaux d'urgence, nous avons besoin d'accroître notre capacité de décontamination des victimes. Nos moyens d'action à cet égard, surtout quand il s'agit d'opérations à grande échelle, demeurent très limités. Un attentat terroriste, par opposition à un incident dans un site industriel, est plus susceptible de faire un grand nombre de victimes. Les opérations de décontamination massives sont parmi les opérations les plus coûteuses, puisqu'elles supposent l'acquisition ou la construction de nouvelles installations pour nos hôpitaux, sans parler de l'équipement et de la formation qui seraient également requis.

S'agissant d'une intervention coordonnée en cas d'incident CBRN, nous recommandons une approche régionalisée. À notre avis, on devrait envisager de financer deux centres dans la province, un dans le nord, et l'autre dans le sud. De plus, il convient de créer des équipes de première intervention bien équipées et bien entraînées. Une telle approche permettrait de concentrer les ressources, tout en reconnaissant que les secouristes opérationnels locaux seraient forcément les premiers à intervenir en cas d'incident majeur.

Dans nos circonstances actuelles, l'adoption d'une approche régionale aurait pour effet d'accroître notre capacité d'intervention plutôt que de la diminuer, comme ce serait le cas si des ressources rares étaient distribuées un peu partout dans un grand nombre de petites localités. Une telle approche suppose aussi la conclusion d'accords cadres définissant les mesures d'intervention, les responsabilités des intervenants et les obligations financières des uns et des autres.

Comme d'autres l'ont déjà dit, un bon équilibre et de la prévoyance sont nécessaires si nous souhaitons accroître notre capacité d'intervenir efficacement, et la situation peut varier d'une région du pays à l'autre, selon les circonstances et les caractéristiques particulières des localités.

Une question critique qui nécessite une attention particulière est le besoin de communication directe entre des organismes fédéraux tels que la Défense nationale et le Bureau de protection des infrastructures essentielles et de la protection civile, et les municipalités. À l'heure actuelle, nous trouvons contraignant d'avoir à nous adresser d'abord à la province, alors que cette dernière n'est pas responsable de l'intervention d'urgence et ne possède aucune capacité dans ce domaine. Il faudrait par conséquent envisager de créer une nouvelle structure et un nouveau processus permettant d'accélérer les communications dans les deux sens.

Bien que les municipalités soient les premières autorités gouvernementales à devoir réagir lorsqu'un incident se produit, nous sommes dans l'impossibilité d'entretenir des rapports directs avec les organismes fédéraux qui assurent le financement des activités d'intervention et communiquent de l'information à ce sujet. Or nous avons besoin d'information concernant toute menace terroriste qui peut concerner notre province et notre ville. Le Service de police de Regina et la Gendarmerie royale du Canada ont une unité intégrée de renseignement criminel et entretiennent d'excellentes relations avec le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et le Service canadien des renseignements criminels (SCRC). Ils nous communiquent régulièrement de l'information. À notre connaissance, ils n'ont pas reçu d'évaluation des menaces pour la Saskatchewan. L'un des organismes actuellement en place aurait-il fait une évaluation des menaces terroristes dans la province ou dans cette ville? Les organismes de renseignement avec lesquels nous communiquons régulièrement ne possèdent pas une telle évaluation.

La plupart des incidents critiques de grande échelle, potentiels ou réels se produisent dans les collectivités elles- mêmes — c'est-à-dire, un grand orage, un accident ferroviaire, et cetera. Au niveau de la municipalité, nous pouvons nous préparer pour de tels incidents.

Par contre, la surveillance des incidents pouvant constituer une menace à la sécurité nationale se fait à des paliers de gouvernement supérieurs. Mais rappelons-nous que s'il devait y avoir un attentat terroriste, c'est la collectivité qui serait la plus directement touchée. Par conséquent, nous avons besoin d'information, au niveau de la collectivité, sur les points les plus vulnérables et les cibles potentielles pour être en mesure de nous préparer convenablement.

Il existe beaucoup d'information concernant le terrorisme aux États-Unis. Mais jusqu'ici, notre municipalité a reçu très peu d'information de la part du Bureau de protection des infrastructures essentielles et de la protection civile. Le dernier document officiel sur le terrorisme que nous avons reçu du BPIEPC était le Plan national de lutte contre le terrorisme élaboré au début des années 90.

Nous nous rendons bien compte que dans bien des cas, il n'est peut-être pas possible de nous faire parvenir des renseignements protégés ou de longues évaluations détaillées. Une solution possible consisterait peut-être à nous communiquer régulièrement les petits bulletins préparés par la Défense nationale, le BPIEPC ou le SCRS, ou les deux, expliquant brièvement la nature de menaces précises et les tendances mondiales à cet égard. Cette information nous permettrait de mieux définir les cibles potentielles et de mieux planifier notre intervention en cas d'incidents. C'est à nous qu'incombe la responsabilité d'intervenir en cas d'incident CBRN à Regina, mais en réalité, nous sommes sans doute les autorités les moins bien préparées, du moins en ce qui concerne l'information que nous possédons.

En conclusion, notre capacité d'intervention en cas de catastrophes naturelles ou de déversements de matières dangereuses est excellente. Notre ville a reçu des crédits dans le cadre du Programme conjoint de protection civile, ce qui a permis d'assurer une meilleure protection pour nos secouristes et agents de première intervention et de renforcer notre capacité de décontamination des victimes.

Voici donc les recommandations que nous soumettons à l'examen du comité: 1) le maintien du Programme conjoint de protection civile afin de fournir aux municipalités le matériel et la formation requis; 2) l'adoption de l'approche consistant à former des formateurs afin de renforcer et de maintenir l'expertise locale; 3) la création d'installations additionnelles de décontamination des victimes d'incidents CBRN; 4) l'adoption d'une approche régionale équilibrée pour la distribution des ressources et de l'expertise appropriées par le biais des équipes de première intervention; 5) la création d'une nouvelle structure et d'un nouveau processus permettant de faciliter les communications directes entre les organismes fédéraux et municipaux; et 6) la communication de bulletins de renseignement et d'évaluation de menaces pour la province et les différentes localités — par exemple, la ville de Regina.

Au nom du Service des incendies de Regina, des Services médicaux d'urgence, du Service de planification d'urgence et du Service de police de Regina, je tiens à remercier les membres du comité d'être venus à Regina pour entendre notre point de vue et nos recommandations.

Le sénateur Wiebe: Permettez-moi tout d'abord de remercier le chef Johnston et tous ses collaborateurs pour la visite rapide mais très informative dont nous avons bénéficié aujourd'hui. Ce que moi et mes collègues ont observé était fort impressionnant, et nous vous félicitons du travail que vous avez réalisé dans ce domaine.

Lorsque le comité a lancé son étude, nous avons d'abord rencontré les représentants du Bureau de protection des infrastructures essentielles et de la protection civile nouvellement créé. Au début, nous avions le sentiment que la situation était bien normale au Canada en ce qui concerne notre capacité d'intervention en cas d'urgence ou d'attentats terroristes et le degré de préparation de nos secouristes et agents de première intervention; cependant, après avoir posé beaucoup de questions, nous n'avions plus tellement cette impression-là.

Et vos remarques n'ont fait que renforcer ce sentiment, notamment parce que vous dites ceci:

Jusqu'à présent, notre municipalité a reçu très peu de formation du Bureau de protection des infrastructures essentielles et de la protection civile. Le dernier document officiel sur le terrorisme que nous avons reçu de la part du BPIEPC était le Plan national de lutte contre le terrorisme élaboré au début des années 90.

C'est d'ailleurs en partie ce sentiment qui a donné lieu à la création de ce comité, car nous sommes convaincus qu'il faut absolument prendre des mesures pour rectifier la situation.

Vous avez dit que les communications entre les autorités fédérales et provinciales sont essentielles, de même que des crédits pour le renforcement de l'infrastructure et pour la formation, et des directives nationales. Vous nous avez énuméré les mesures qui devraient, à votre avis, faire partie des recommandations du comité.

Et quelle serait la situation idéale, à votre avis? Nous ne serons peut-être pas en mesure d'atteindre l'idéal au Canada, mais je vous pose la question quand même.

M. Johnston: Je voudrais faire quelques observations avant de demander à M. Quick de vous parler de la nature de ses rapports avec d'autres organismes. De plus, mes collègues du Service des incendies ou des Services médicaux d'urgence voudront peut-être vous parler de ce qui serait idéal en ce qui les concerne.

Dans un monde idéel, l'équipe de première intervention, qui relève des autorités municipales et dont les opérations sont généralement financées par le biais des impôts municipaux et de cette structure-là, saurait quoi faire dans la plupart des situations d'urgence. Les services d'intervention immédiate auraient aussi accès à des ressources plus importantes si le besoin s'en faisait sentir, à la fois aux niveaux provincial et fédéral, et notamment les Forces armées canadiennes. Ils sauraient que ces ressources existent et pourraient leur être fournies rapidement. Donc, dans un monde idéal, on souhaiterait renforcer cette capacité en matière de formation et de matériel, dans les limites du possible.

Ce qui me paraît plus important, toutefois, ce serait que l'on reconnaisse que même si les autorités fédérales ont la responsabilité de la collecte de renseignements, de la planification et de la protection civile, à moins qu'il ne s'agisse d'une guerre ou d'une urgence mettant en jeu la sécurité nationale, l'intervention d'urgence sera assurée par les personnes qui se trouvent en face de vous aujourd'hui, en collaboration avec les personnes que vous avez rencontrées aujourd'hui au poste de police et les secouristes du Service des incendies et des Services médicaux d'urgence. Voilà les personnes qui sont appelées à intervenir directement, et ce sont ces mêmes personnes qui ont besoin d'être bien informées.

Y a-t-il un problème à l'heure actuelle? Et quelle serait l'étendue du problème? Y a-t-il lieu de s'en inquiéter? Pour moi, le fait de se poser ces questions nous aidera à bien nous organiser dans le sens de tout prévoir et aussi de nous préparer mentalement, afin d'avoir une idée bien précise des mesures qui s'imposent. À mon avis, nous devons faire en sorte que ces barrières disparaissent.

Je vais maintenant demander à M. Dave Quick de faire quelques commentaires rapides.

M. Dave Quick, coordonnateur de la Planification d'urgence, Ville de Regina: Tout d'abord, j'aimerais préciser que nous avons une très bonne relation de travail avec le BPIEPC. Évidemment, les événements du 11 septembre ont créé une nouvelle donne et une nouvelle menace pour nous tous, y compris le BPIEPC. Depuis lors, nous espérons toujours recevoir plus d'information que celle qu'on nous a communiquée jusqu'à présent. Pour bien faire notre planification au niveau communautaire, il nous faut savoir sur quoi celle-ci doit porter pour que nous puissions procéder à une évaluation des risques.

À la Ville de Regina, notre planification tient compte d'événements tels que les grands orages d'été et d'hiver et les incidents liés aux matières dangereuses. Il y a une grande raffinerie dans le nord de la ville. De plus, les grands oléoducs qui partent de la province de l'Alberta, y compris ceux qui descendent jusqu'aux États-Unis, traversent complètement la ville. La principale ligne de chemin de fer du CPR traverse également le centre de Regina.

Nous sommes bien au courant de la nature des problèmes qui peuvent se poser dans ce contexte, et nous travaillons de près avec tous ces organismes. La difficulté que nous rencontrons en ce qui concerne les incidents CBRN ou les attentats terroristes, ce sont les renseignements.

Les renseignements à cet égard devraient être réunis au niveau fédéral, puisqu'il s'agit surtout d'une question internationale. Mais quand vient le moment de déterminer quelles mesures d'intervention seraient nécessaires pour contrer une menace chimique ou biologique, j'aimerais bien connaître la nature de la menace que je suis censé contrer. Voilà pourquoi nous demandons qu'on nous communique de tels renseignements. Existe-t-il une menace à la sécurité de la ville de Regina, et dans l'affirmative, quelle est cette menace? Et inversement, s'il n'existe aucune menace à la sécurité de la ville de Regina, j'aimerai bien le savoir.

À mon avis, on ne devrait pas s'attendre à ce que le BPIEPC assume cette responsabilité. Il ne fait aucun doute que le BPIEPC représente pour nous une voie de communication intéressante, mais il est clair que ces renseignements proviennent d'une autre source ou sont obtenus ailleurs. J'imagine qu'il trouverait bien utile de pouvoir partager cette information avec nous.

M. Jack Lichtenwald, chef du Service des incendies, Ville de Regina: Il ne fait aucun doute, en ce qui concerne le Service des incendies, que nous jugeons bien important, dans un monde idéal, que nous continuions d'élargir les programmes que nous exécutons et qui nous permettent de mieux mener nos opérations au jour le jour.

Pour nous, les mesures d'intervention en cas d'incidents CBRN sont le prolongement de nos activités quotidiennes d'intervention d'urgence. Dans cette optique, on peut dire que le monde idéal continue à bien fonctionner grâce à une bonne coordination avec le Service de police de Regina et les Services médicaux d'urgence de Regina, afin qu'ensemble, nous arrivions à améliorer nos mesures et notre capacité d'intervention par rapport à un environnement spécial pour lequel nous n'avons pas été préparés par le passé.

Je peux vous affirmer que nous, au Service des incendies, nous avons de bonnes mesures d'intervention d'urgence pour les incidents liés aux risques professionnels, et ce pour un nombre de personnes limité. Or les incidents CBRN sont tout à fait différents en raison du problème de l'exposition potentielle de centaines de personnes aux matières dangereuses. Les terroristes qui commettent de tels actes ne cherchent pas à cibler une personne, mais plutôt des groupes de personnes. Par conséquent, il convient d'élargir nos services pour être à même de répondre aux besoins qui sous-tendent de tels programmes.

Dans un monde idéal, si on décide de prendre une initiative, il convient de faire le nécessaire pour que l'activité puisse être maintenue. Du point de vue du Service des incendies, la viabilité signifie qu'on continue à avoir accès à la formation et au matériel nécessaire. Cela suppose également qu'on continuera à soutenir les personnes qui ont une capacité accrue ou des besoins spécialisés.

L'un des facteurs importants à prendre en compte dans le contexte d'une démarche bien coordonnée est notre réflexion sur la façon d'assurer cette coordination et le fait qu'il existe différents niveaux de capacité au sein de notre collectivité.

Pour ce qui est de la sensibilisation de la population, je trouve qu'il est important d'éduquer les citoyens et de les renseigner sur la façon de réagir lorsqu'un incident se produit. Là on parle de conscientisation. Il faut donc sensibiliser les membres de la collectivité et les renseigner sur ces nouveaux types de menaces terroristes.

Dans les petites localités, sur le plan opérationnel, c'est l'agent de la GRC ou le sapeur-pompier bénévole qui doit posséder au moins une capacité d'intervention immédiate, en attendant que d'autres intervenants mieux équipés, mieux entraînés et possédant plus de ressources puissent arriver sur les lieux pour atténuer les effets négatifs de l'incident en question.

Sur le plan technique, le chef Johnston vous a déjà indiqué qu'à son avis, il conviendrait de coordonner les efforts autour de deux centres situés dans le nord et le sud de la province, et en ce qui concerne l'aspect technique de la chose, nous sommes parfaitement d'accord. De plus, il faut des ressources additionnelles provenant d'autres organismes, qu'il s'agisse du ministère de la Défense nationale, du BPIEPC ou d'autres entités qui puissent nous faire bénéficier des connaissances et capacités de spécialistes en la matière pour soutenir la capacité technique déjà établie au sein de la municipalité.

Voilà donc, du point de vue du Service des incendies, ce en quoi consisterait un monde idéal.

Le sénateur Wiebe: Dans vos remarques liminaires, chef Johnston, vous avez dit que vous entretenez une bonne relation de travail avec le SCRS, la GRC et le ministère de la Défense nationale.

Si, par exemple, il existe une menace particulière à la sécurité de la ville de Regina ou de la province de la Saskatchewan, ces organismes doivent-ils obtenir l'autorisation du gouvernement fédéral pour vous transmettre l'information pertinente, afin que vous vous prépariez? Ou est-ce que votre inquiétude découle plutôt de votre désir d'obtenir de l'information sur le genre d'attentat ou situation d'urgence qui pourrait surgir à la suite d'un attentat terroriste à Regina qui serait organisé par un groupe qui, pour l'instant, ne cible pas la ville de Regina mais pourrait le faire à l'avenir?

M. Johnston: Je ne peux pas me prononcer sur les restrictions touchant ces organismes pour des raisons de législation ou de politique ni sur leur capacité de communiquer des renseignements aux autres; je peux simplement vous dire ce que j'ai reçu.

En ce qui concerne les avertissements ou les cotes d'alerte plus élevées, il y a environ un an, nous avons reçu de l'information générale indiquant qu'une menace plus grave serait désormais présente en Amérique du Nord. Nous avons donc reçu cet avertissement-là.

Nous avons également reçu un avertissement concernant les systèmes informatiques et des renseignements d'ordre général sur le genre d'incident qui pourrait se produire. Nous avons donc reçu cette information très générale.

Pour moi, ces renseignements sont d'ordre tactique. Ils concernent quelque chose qui pourrait se produire le lendemain ou la semaine d'après ou ce genre de choses. Il s'agit donc de renseignements non spécifiques pour un organisme comme le nôtre, qui pourrait avoir à prendre des mesures de première intervention. Évidemment, s'il est impossible de nous en dire plus parce que c'est tout ce que l'on sait, nous devons nécessairement nous en contenter.

Par contre, il me semble qu'il y a lieu de faire une analyse et de préparer une sorte de relevé des incidents qui se produisent ou de la situation qui semble exister dans les différentes régions du monde, non seulement du point de vue des mesures qui sont réellement prises sur le terrain — que font-ils? — mais d'une évaluation ou analyse de la probabilité ou la possibilité que cela se produise ici, étant donné les caractéristiques des différentes régions de notre pays. Si cela n'a pas été fait, ou si un tel travail dépasse nos capacités, et qu'il m'est donc impossible d'avoir des réponses à ces questions, eh bien, dans ce cas, nous n'aurons tout simplement pas cette information; mais à notre avis, il serait sage d'adopter une approche davantage proactive ou anticipatrice — c'est-à-dire qu'on se demande dans quelle mesure cela pourrait s'appliquer à la Saskatchewan et quels sont nos points faibles ou vulnérables. Nous ne possédons pas cette information en ce moment. Si nous l'avions, elle nous serait fort utile, car nous pourrions en tenir compte dans notre planification, de sorte que nos mesures seraient d'autant plus efficaces si quelque chose devait se produire.

Le sénateur Forrestall: Ce qu'on a vu aujourd'hui m'a vraiment ouvert les yeux. Et ce que vous nous avez dit cet après-midi, chef Johnston, m'a ouvert encore plus les yeux, étant donné nos préoccupations à l'égard des secouristes et agents d'intervention immédiate et le fait de savoir si les autorités fédérales, provinciales et autres au Canada ont fait le nécessaire pour que cette intervention puisse être efficace.

Permettez-moi de vous lire un extrait d'une lettre écrite par le chef Fantino du Service de police de Toronto. Le chef Fantino a exprimé sa déception concernant certains aspects de la réaction canadienne aux événements du 11 septembre. Il dit dans cette lettre qu'il est déçu, entre autres, pour les raisons suivantes: D'abord un manque apparent d'intégration et de coopération entre tous les paliers de gouvernement; deuxièmement, le refus des auteurs du budget fédéral de réagir aux «supplications» — c'est lui-même qui a utilisé ce terme — du Service de police de Toronto, pour qu'on aide financièrement les services de première intervention, qui en ont désespérément besoin; et troisièmement, le fait que les hautes instances fédérales ne comprennent pas que les services de secourisme et de première intervention ont besoin d'aide de la part de tous les paliers de gouvernement.

Dans ce même ordre d'idées, la Dre Sheela Basrur, médecin hygiéniste principal, dans une lettre en date du 29 janvier 2002, faisait valoir que «les services de première intervention ont tendance à être tenus à l'écart de la planification d'urgence au niveau fédéral» et que «les plans locaux d'intervention d'urgence sont élaborés et mis à l'essai sans que les responsables, les ressources ou l'expertise fédéraux soient mis à contribution».

Je partage les inquiétudes du sénateur Wiebe concernant ce genre d'information. Comme lui, je crains qu'on ne réponde pas de façon adéquate aux besoins des services de première intervention.

Est-ce que je me trompe?

M. Johnston: Non, vous ne vous trompez pas. Je ne qualifierais pas notre réaction de «supplications», mais en ce qui concerne l'intégration et la coopération locales, on peut dire qu'elles ont été une de nos grandes priorités. Voilà l'approche que nous avons adoptée en Saskatchewan, et à Regina, mais aussi dans l'ensemble de la province, y compris pour ce qui est de nos rapports avec la GRC.

Aux paliers de gouvernement supérieurs, qu'il s'agisse de relations fédérales-provinciales, interministérielles, ou fédérales-municipales, l'un des problèmes qui se posent est celui de savoir combien d'information existe en réalité. Comme nous n'en savons rien, je pourrais difficilement vous dire dans quelle mesure il y a de l'information à partager. Je peux simplement vous affirmer que nous en recevons très peu.

S'agissant des services de première intervention et leur moyen d'action, il ne fait aucun doute que ces derniers ont besoin d'aide. Il s'agit simplement de déterminer quand on sera à même de fournir cette aide et qui en a besoin en priorité.

Chacun sait ce que nous avons tous vécu durant les années 90 à cause des compressions budgétaires qui ont donné lieu à des réductions de service et l'affaiblissement des capacités. À un moment donné, ces effets se font sentir sur la première ligne. Ça va un peu mieux en ce moment. Je dirais qu'aux services d'urgence, nous sommes tous un peu plus optimistes aujourd'hui du point de vue du renforcement de nos capacités. Mais le fait est que nous sortons à peine d'une longue période de marasme.

Le sénateur Forrestall: Je ne peux pas parler pour mes collègues, mais je dois vous dire que j'étais très impressionné en constatant ce que vous avez réussi à faire avec si peu de ressources, me semble-t-il.

Je comprends donc qu'il faut voir le mot «supplications» dans le contexte approprié.

La conclusion que je tire de vos propos cet après-midi, c'est que vous étiez fier de pouvoir nous montrer les progrès que vous avez réalisés. Vous avez effectivement raison d'en être fier. Il s'agit d'un progrès très important.

J'ai aussi conclu de certaines discussions, non pas avec vous directement, mais avec d'autres qui vous accompagnent et avec qui nous avons passé une heure ou deux tout à l'heure, que vous avez des inquiétudes concernant les secouristes opérationnels et leur formation — c'est-à-dire au niveau de la collectivité, la famille et dans l'ensemble de la structure — et que vous êtes conscient du besoin de formation, si bien que vous avez fait le nécessaire pour donner de la formation et faire l'éducation des intervenants. Après tout, il faut savoir marcher avant de pouvoir courir. Par conséquent, nous vous en félicitons. Sur ce plan-là, la Ville de Regina est un exemple pour d'autres importantes municipalités au Canada.

Vous avez élaboré un plan d'intervention en cas de catastrophe. Quand l'avez-vous mis à l'essai la dernière fois? Je vais vous poser toutes mes questions, et vous aurez ensuite l'occasion de me répondre. Ce plan d'intervention d'urgence inclut-il la capacité d'obtenir de l'eau potable? Est-ce qu'on vous a renseigné sur les sources d'eau auxquelles vous pourriez avoir accès et les méthodes par lesquelles vous y accéderiez? Et enfin, avez-vous un plan détaillé d'intervention en cas de catastrophe; l'avez-vous mis à l'essai; et qui était chargé de cet essai? Peut-être que vous pourriez nous dire qui en est responsable en général et si la responsabilité dépend de la nature de l'urgence, c'est-à-dire un problème d'ordre biologique ou chimique ou à un désastre naturel. Est-ce que les responsables seraient différents selon la nature de l'urgence, ou le grand responsable de la planification d'urgence serait-il chargé de piloter l'ensemble des activités et opérations sur place?

M. Johnston: M. Quick est responsable de la planification pour la ville. Bien que nous y participions tous, il est mieux placé que nous pour répondre à vos questions sur l'actualisation du plan. Je m'en remets à lui également pour vous dire qui assume quelles responsabilités. Jusqu'à un certain point, cela dépend de la nature de l'incident.

M. Quick: Avant de répondre à vos questions, j'aimerais vous expliquer le fonctionnement de notre système ici, à Regina.

À la Ville de Regina, il existe trois niveaux d'intervention d'urgence. Le premier niveau correspond aux opérations quotidiennes des trois services et d'autres services de la Ville de Regina. Ces derniers interviennent en cas d'incendie ou lorsqu'il faut venir en aide aux victimes de crise cardiaque et d'accidents de la route. Dans ce cas, les procédures à suivre sont normalisées et sont donc appliquées par l'ensemble des services à la fois collectifs ou individuellement.

Le deuxième niveau d'intervention d'urgence est ce qu'on appelle un cas d'urgence grave. Il pourrait s'agir d'un écrasement d'avion à l'aéroport, d'un grand incendie dans un hôtel, ou d'un incident de contamination chimique où il serait nécessaire d'évacuer de 250 à 300 personnes. Les incidents de ce genre sont traités par le biais d'un système de gestion des lieux de sinistres. Une équipe est formée sur les lieux du sinistre, généralement sous le commandement d'un agent de police ou d'un sapeur-pompier. Le responsable du site cesse à ce moment-là de ne remplir que les fonctions de son service et se met à coordonner l'intervention de tous les services qui vont être sur les lieux, en fonction des besoins.

D'ailleurs, nous dispensons chaque année un cours de gestion des lieux de sinistres qui a été élaboré par la Ville de Regina, et qui repose sur les mêmes principes généraux que ceux qu'applique le BPIEPC. Mais ce cours est conçu en fonction des besoins de notre ville. La gestion des lieux de sinistres repose sur un système de communication. Les intéressés reprennent régulièrement ce cours.

Au cours de la semaine que dure le cours, nous organisons jusqu'à six exercices d'intervention d'urgence. C'est dans ce contexte que le plan est mis à l'essai, que la formation est dispensée et que notre plan d'urgence est ajusté chaque année.

De plus, nous organisons toutes sortes d'autres exercices, touchant tout particulièrement les opérations industrielles. Cette année, nous avons prévu des exercices d'intervention d'urgence impliquant un incident de pipeline, un incident à la raffinerie Co-op et un incident en ville sur la ligne du chemin de fer Canadien Pacifique. Dans chaque cas, l'exercice se fait avec simulation sur maquette, et dans certains cas, nous organisons un exercice complet prévoyant l'intervention de tous les services.

Maintenant permettez-moi de vous parler du dernier niveau d'intervention d'urgence, c'est-à-dire, une catastrophe. Là nous parlons d'une catastrophe d'une telle envergure que la Ville elle-même ne serait pas capable d'assurer l'intervention d'urgence appropriée. L'intervention que suppose une catastrophe dépasse nos capacités. À ce moment- là — et c'est de ce genre de choses qu'on entend parler — le maire ou un élu local déclare un état d'urgence local. Dans ce cas, nous activons aussitôt le centre d'opérations d'urgence à l'hôtel de ville et les services de secours au poste de police.

Nous convoquons alors au centre des opérations d'urgence l'ensemble des représentants des services de la Ville de Regina, de l'office de la santé de la région de Qu'Appelle, du gouvernement provincial, du gouvernement fédéral, des industries concernées et des groupes de bénévoles, puisque tous participent à la planification d'urgence à Regina.

La dernière fois que nous avons organisé un exercice de cette envergure, c'était en mars 2001. L'exercice portait sur l'évacuation d'une zone entourant le site du déraillement d'un train transportant de l'ammoniac anhydre, ce qui supposait en l'occurrence l'évacuation de plus de 10 000 personnes. Nous les avons fait travailler très dur ce jour-là. C'était donc ça notre dernier exercice de planification d'urgence à ce niveau-là.

De plus, nous assurons des cours de formation toute l'année. En mars, par exemple, le cours de formation à l'intention des agents d'information publique d'urgence. Dans le cadre de cette formation, bien des représentants du service de police, du service des incendies, du bureau régional de la santé et des travaux publics organiseront des exercices ou y participeront.

De plus, cette année encore, à l'automne, nous dispenserons de nouveau le cours de gestion des lieux de sinistres.

Nous n'avons pas encore prévu de cours au centre des opérations d'urgence, surtout parce qu'il y a eu des changements de personnel, si bien qu'un certain apprentissage doit se faire d'abord. Je quitte mon poste cette année et mon remplaçant sera chargé d'administre le nouveau centre des opérations d'urgence et l'ensemble de ses activités. Mais il faut d'abord doter ce poste, ce qui explique ce retard d'un peu plus d'un an. Normalement, nous organisons ces exercices chaque année.

Le sénateur Forrestall: Pourriez-vous me parler aussi des possibilités d'accès à de l'eau propre ou à des aliments non contaminés?

M. Quick: En collaboration avec la Ville de Moose Jaw et de nombreuses autres petites localités et exploitations agricoles individuelles, la Ville de Regina exploite la station de traitement des eaux usés de Buffalo Pound, située au lac Buffalo Pound un peu au nord de Moose Jaw.

Il existe un pipeline de 78 kilomètres qui achemine l'eau vers la ville de Regina. L'eau est traitée jusqu'à un certain point à la station de traitement des eaux usées et acheminée à la ville de Regina où nous avons cinq installations de stockage des eaux. L'eau est donc stockée dans ces installations, et subit d'autres formes de traitement, telle que la chloration, avant d'être distribuée par le réseau de distribution d'eau. De plus, nous avons 14 — et le nombre peut monter jusqu'à 21 — puits souterrains dans la zone des nappes aquifères de Regina qui alimentent également le système d'eau.

Dans l'éventualité d'une urgence se produisant dans une zone située entre nos installations d'emmagasinage et la station de traitement des eaux usées au nord de Moose Jaw, nous pourrions, moyennant des mesures de rationnement, continuer d'assurer l'approvisionnement en eau propre pour les besoins de lutte contre les incendies, de consommation et du nettoyage normal dans la ville de Regina.

Il est probable — et là je vais vous lancer un chiffre au hasard — que nous pourrions continuer d'assurer l'approvisionnement en eau pendant au moins une semaine. J'espère que ça nous donnerait suffisamment de temps pour remettre l'autre en service.

Le sénateur Day: Mes questions concernant la coordination, car c'est justement à cela que je pensais pendant la démonstration des véhicules mobiles d'intervention d'urgence de cet après-midi et de notre discussion ici.

Monsieur Lichtenwald, vous avez dit qu'il est important de communiquer de l'information au public en général, et de bien renseigner les citoyens pour qu'ils aient confiance en vous, qu'ils sachent qu'ils sont entre de bonnes mains et qu'ils n'aient pas tendance à paniquer. Je suis donc heureux de savoir que vous faites le nécessaire, du moins au niveau municipal.

Je tiens aussi à vous remercier, chef Johnston, de nous avoir fait vos cinq recommandations. J'ai essayé de prendre des notes, mais je sais que vous allez de toute façon nous les communiquer en temps et lieu. Nous n'avons pas besoin de les avoir immédiatement, mais à mon avis, il est important que nous ayons vos recommandations.

En ce qui concerne donc la coordination, vous disiez tout à l'heure, si je ne m'abuse, qu'une bonne partie de votre planification concernait le passage à l'an 2000. Il me semble bien avoir entendu quelqu'un nous dire cela. Je me demande par conséquent si on pourrait dire que le changement d'attitude qui a suivi les événements du 11 septembre a eu pour effet d'accélérer un travail qui était déjà en cours. Est-ce bien ça?

M. Lichtenwald: Oui, absolument. Voilà longtemps que nous faisons de la planification d'urgence et que nous essayons de nous concerter pour ce qui est des opérations d'intervention immédiate.

Il est certain, cependant, que les événements du 11 septembre nous ont forcés à améliorer notre état de préparation. Avant cela, l'Amérique du Nord ne faisait guère d'objet d'attentats terroristes. À présent, ce phénomène touche directement nos collectivités et nous sommes donc en train de faire passer notre état de préparation aux niveaux suivants.

En ce qui concerne le service des incendies, un meilleur état de préparation suppose une meilleure détection. Il faut aussi être sensible au fait qu'un plus grand nombre de personnes peut à présent être touché par un incident. Tout cela suppose des moyens d'action plus importants afin d'opérer les changements qui s'imposent, et donc, nécessairement un besoin de formation plus poussée, des ressources, du matériel et une capacité interne plus importants.

Le sénateur Day: Jusqu'à un certain point, je suppose qu'on pourrait dire qu'il y a une plus forte probabilité maintenant qu'un incident se produise. Autrefois, nous nous intéressions surtout aux catastrophes naturelles; mais maintenant nous devons aussi être prêts à intervenir en cas d'urgence provoquée par un attentat terroriste.

S'agissant d'assurance et d'accréditation d'hôpitaux et de maisons de repos, je sais qu'il existe des exigences en matière de planification d'urgence pour les établissements commerciaux. Les services de sapeurs-pompiers bénévoles font ce travail jusqu'à un certain point.

Qui se charge de la coordination, et sait-on si le matériel que vous achetez ici n'est pas déjà disponible dans une localité voisine? Qui assure la coordination générale, et quel serait le rôle du gouvernement fédéral sur le plan de la coordination? Ou, à votre avis, les autorités provinciales doivent-elles plutôt assurer la coordination?

M. Lichtenwald: C'est une excellente question. M. Quick assure la coordination pour notre municipalité et pour toute la région de Regina. Il a fait un excellent travail pour ce qui est d'éviter tout double emploi. Étant donné que des crédits importants doivent être transférés du gouvernement fédéral à la province et ensuite aux autorités municipales, M. Quick joue un rôle bien utile en agissant comme contrôleur pour s'assurer que l'utilisation de ces crédits est vraiment optimale.

Je voudrais répondre à la question que vous avez posée au sujet du passage à l'an 2000, qui m'a paru bien intéressante. Si j'ai trouvé ça intéressant, c'est parce que nous commençons à faire une planification d'urgence en cas de pandémie, car il s'agit d'un problème de santé très préoccupant en ce moment. Là je reviens sur la question des plans d'urgence mis en place pour le passage à l'an 2000, plans qui étaient très complets et détaillés. Une bonne partie des éléments de planification pour le passage à l'an 2000 s'applique aussi à la planification d'urgence non seulement en cas de pandémie mais d'incidents CBRN.

Cette planification englobe tout, que ce soit l'approvisionnement en eau ou en carburants, ou de toutes ces autres choses qu'on tient pour acquis tous les jours, mais qui ne seraient pas disponibles si une bonne partie de la population n'était pas en mesure d'assurer tous ces services.

Voilà essentiellement ce dont il était question pour le passage à l'an 2000. Même si le passage à l'an 2000 nous semble maintenant avoir suscité énormément de préoccupations pour rien, cela nous a permis de bien progresser en ce qui concerne notre planification d'urgence en cas de pandémie ou d'incidents CBRN.

Le sénateur Day: Merci pour cette réponse. J'aimerais bien qu'on parle des ressources et de la disponibilité des ressources.

Dans votre planification, si l'eau potable est contaminée à Regina, avez-vous un plan d'intervention d'urgence coordonné en place qui vous permet de savoir d'où proviendra l'eau potable pour la population environnante en cas de catastrophe? Est-ce qu'un tel plan est déjà en place et qui s'en charge?

M. Quick: Non, nous n'avons pas de tel plan. Nous serions tout à fait à la remorque des autorités provinciales et fédérales qui devraient prendre l'initiative de toute intervention d'urgence dans un tel cas.

Le sénateur Day: Donc, vous vous contenteriez de dire: «Notre eau n'est plus bonne; venez donc à notre secours»?

M. Quick: J'ai posé cette même question aux autorités provinciales, mais je n'ai toujours pas reçu de réponse.

Le sénateur Day: En ce qui concerne la planification nécessaire pour protéger l'infrastructure essentielle, afin de savoir quelle infrastructure dans votre région est effectivement essentielle et pourrait donc être vulnérable, je suppose que vous vous fonderiez sur les directives d'un programme national...

M. Quick: Vous avez bien fait de parler de supposition. Le fait est que nous préparons nos propres évaluations de risque pour notre collectivité et la zone aux alentours.

Je n'ai reçu aucune information à ce sujet depuis le milieu des années 80, si je ne me trompe pas, soit depuis le programme des points névralgiques mis en place par la GRC. Nous n'avons reçu aucune information additionnelle sur l'infrastructure depuis lors.

Mais nous parlons avec les représentants des différentes industries de la région. J'entretiens des rapports suivis avec les responsables des compagnies de pipeline et des chemins de fer et nous essayons de leur extraire autant d'information que possible. Mais pour ce qui est d'évaluation de risque touchant ces installations-là, que je sache, nous n'avons reçu aucun renseignement à cet égard.

Peut-être pourrais-je revenir sur la question posée par le sénateur Forrestall. Quand vous avez parlé de l'accès à l'eau potable, j'ai oublié de mentionner que nous avons un premier jet d'un plan d'intervention d'urgence. Nous préparons d'ailleurs un exercice afin de mettre à l'essai ce plan dès cette année.

Le sénateur Day: Et ce plan d'intervention d'urgence porte-t-il uniquement sur les besoins de la municipalité, ou comprend-il l'ensemble de la région?

M. Quick: Non, uniquement la Ville de Regina. La Ville de Moose Jaw pourra profiter de notre plan puisqu'elle fait partie du même réseau. Mais en dehors de la participation des représentants du ministère de l'Environnement et du ministère de la Santé provincial, c'est surtout la Ville de Regina qui réalise ce travail.

Le sénateur Day: Mais si vous faites partie du même bassin hydrographique, on peut supposer que si l'eau de la ville de Regina est contaminée, de façon naturelle ou non, celle de la ville de Moose Jaw sera également contaminée, n'est- ce-pas?

M. Quick: Si l'eau du lac est contaminée, oui. À ce moment-là, l'intervention relève de la responsabilité de SaskWater, qui est partie prenante de notre processus de planification des eaux.

Le sénateur Day: Donc, vous n'avez pas eu de discussions avec les autorités ni fédérales ou provinciales concernant l'ensemble de la région, en vue d'assurer le partage des ressources dans un tel cas?

M. Quick: Pour ce qui est de l'évaluation des risques?

Le sénateur Day: Oui.

M. Quick: Je suis convaincu que SaskWater a dû faire une évaluation des risques. Ce n'est pas quelque chose qui relève directement de ma compétence; c'est davantage du ressort des ingénieurs hydrauliciens.

Le sénateur Day: Mais si quelqu'un détermine que votre réseau de distribution d'eau est contaminé — rappelez-vous que cette région compte beaucoup d'habitants et que toute votre infrastructure agricole en dépend — en quoi consisterait votre intervention?

M. Quick: Notre intervention consisterait à assurer l'approvisionnement d'eau à nos citoyens; le reste relève de la responsabilité de la province.

Le sénateur Day: Mais vous n'entretenez pas de rapports suivis avec la province en vue de préparer un plan d'intervention régional?

M. Quick: Certains services chargés d'assurer la qualité de l'eau pour la ville de Regina participent à l'élaboration de notre plan. Pour ce qui est des eaux souterraines, à ma connaissance, non.

Le sénateur Forrestall: Grâce à d'autres témoignages que nous avons reçus, nous constatons que des difficultés surgissent parfois parce que les policiers ne sont pas en mesure de communiquer directement avec la GRC au moyen de leur radio de voiture, la GRC ne peut pas communiquer avec l'Enfer et que seuls les habitants de Boston sont à même de communiquer avec Dieu. Quels progrès avez-vous réalisé pour ce qui est d'éliminer cet obstacle qui doit d'ailleurs susciter énormément de frustration chez les gens qui essaient de communiquer les uns avec les autres?

M. Clive Weighill, chef adjoint de police, Ville de Regina: Nous avons probablement encore de trois à quatre ans à attendre avant que notre réseau de communications et ceux de la GRC et d'autres services municipaux soient complètement intégrés.

Les Villes de Saskatoon, Moose Jaw et Regina ont toutes adopté le même système de communications numérique, si bien que quelques modifications mineures et un peu d'aide suffiront à mon avis pour réaliser l'intégration de nos réseaux d'ici quelques années.

Je crois que la GRC fait encore des recherches sur le système qui conviendrait le mieux, mais nous sommes convaincus que son système et le nôtre seront intégrés.

À mon avis, il existera un système de communications intégré pour l'ensemble de la province d'ici trois à quatre ans.

Le sénateur Forrestall: Est-ce que cela comprend les communications sol-air? Serez-vous en mesure de communiquer avec un avion ou un hélicoptère?

M. Weighill: Oui, ce serait possible dans un rayon limité. Nos communications sont surtout numériques et passent par un système d'amplification, et par conséquent, il faudrait avoir accès à une station-relais pour renforcer le signal.

Le sénateur Banks: Existe-t-il en Saskatchewan un système permettant de communiquer avec toutes les stations de radio de la province, simplement en appuyant sur un bouton? Si je vous pose la question, c'est parce que je sais qu'un tel système existe en Alberta.

M. Quick: Parlez-vous du système de diffusion d'urgence qui existe dans la province de l'Alberta?

Le sénateur Banks: Oui.

M. Quick: Non, nous n'avons pas de tel système.

Le sénateur Banks: Je suis sûr que vous aimeriez en avoir.

Chef Johnston, c'est à vous que je vais adresser ma question et vous pourrez ensuite décider qui devrait y répondre.

Je vais vous demander de réfléchir un peu et ce, dans le contexte non pas de ce que nous savons déjà, mais de ce que nous ne savons pas. Si je vous demande de faire ça, c'est parce que face à l'innovation, mal intentionnée ou non, le comportement classique donne toujours de mauvais résultats.

Si vous aviez fait un sondage à New York le 10 septembre concernant la probabilité que des terroristes écrasent leurs avions contre deux immenses tours, 99 p. 100 des gens vous auraient dit qu'une telle chose ne pourrait jamais se produire. Mais si vous meniez le même sondage aujourd'hui à New York concernant la probabilité qu'un incident identique ou semblable se produise à Philadelphie, les habitants de New York vous diraient: «Mais non. Pourquoi à Philadelphie?»

À mon avis, il n'est pas moins probable que ce genre de choses se produisent à Swift Current plutôt qu'ici.

Je voudrais cependant revenir sur une de vos recommandations, à savoir la création de deux centres, un dans le nord et l'autre dans le sud de la province. Le premier volet de ma question est celui-ci: Quand vous avez besoin d'aide, comme vous le dites, pour intervenir dans une situation d'urgence qui suppose des opérations à une plus grande échelle, avez quelle rapidité pourriez-vous obtenir cette aide, à votre avis? La situation s'est-elle améliorée, et selon vous, est-il possible qu'elle s'améliore dans un très proche avenir? Là je vous demande de faire bien des suppositions, mais disons que dans ce contexte, l'argent serait un facteur.

M. Johnston: Cela n'a jamais été le cas jusqu'à présent, sénateur.

Le sénateur Day: Voici ma deuxième question: étant donné la rapidité avec laquelle on peut, d'après ce qu'on nous dit et selon les circonstances, réaliser un projet de ce genre, quelle serait votre réaction si quelqu'un décidait que la solution la plus logique dans les circonstances consisterait à installer ces centres ainsi que les responsables de ces centres à Kelowna, Swift Current et Brandon, de façon à pouvoir les rendre opérationnels rapidement et efficacement — parce que si on en établit un à Regina et l'autre à Saskatoon, les habitants de Prince Albert seront mécontents, et cetera, et cetera.?

Alors je vous demande de nous livrer vos réflexions sur ces quelques points.

M. Johnston: Ce qu'il faudrait surtout savoir, c'est dans quelle mesure nous avons les capacités requises et ce qu'il faut faire dans des situations d'urgence, où nos besoins sont très importants et même de plus en plus importants, pour mobiliser ces capacités et avoir la certitude que l'aide requise nous serait fournie promptement et efficacement, et que nous pourrions y intégrer notre expertise et compléter le travail des autres.

Dans ce contexte, le fait de savoir dans quelle localité serait situé l'organisme chargé de fournir cette aide me paraît moins important.

Lorsque nous avons parlé de ressources régionalisées, c'était par rapport aux services de première intervention, c'est- à-dire la mobilisation de nos ressources locales lors d'une crise ou d'une situation d'urgence. Cela suppose un certain niveau de formation, un certain type d'équipement et une expertise locale.

En ce qui nous concerne, il paraît logique d'étager notre intervention; ainsi un plus petit service ne sera peut-être pas en mesure de secourir les blessés après l'effondrement d'un bâtiment à cause du matériel et de la formation que cela suppose; par contre, il serait peut-être possible de créer cette capacité à un niveau régional. Ce n'est peut-être pas de notre ressort de déterminer l'organisation régionale de tels services. Mais j'aime beaucoup votre approche.

Par rapport à la planification conventionnelle et ce qui est arrivé à New York, je ne crois pas qu'il convienne d'ouvrir une discussion ou débat sur ces événements.

Pour moi, un des éléments qui vous permet de mesurer ou de définir votre capacité est le niveau de perfectionnement atteint par votre personnel, de même que la fréquence des cours de formation et exercices de simulation, comme il en a été question tout à l'heure. Il ne faut pas se leurrer en pensant qu'il est possible d'éteindre un incendie de forêt avec au seau d'eau.

Par contre, si un groupe de personnes est prêt à partager le travail et à vraiment collaborer, les résultats peuvent être intéressants. Il s'agit alors de faire les sacrifices que suppose ce genre de comportement et d'intégrer les personnes qui accomplissent chacune leur travail dans leur domaine d'expertise respectif pour être bien préparé.

Pour ce qui est d'exercices de simulation, si vous en organisez et que vous constatez que les gens font preuve de prévoyance et de discipline, à mon avis, vous pouvez en conclure que votre équipe sera à la hauteur et saura répondre aux exigences de la situation, quelle qu'elle soit.

De plus, il faut tenir compte de ce que vous-même avez mentionné, c'est-à-dire les ressources.

Nous savons que nous devrons décontaminer des sites à un moment donné; aurons-nous la capacité de le faire? Nous savons que nous aurons besoin d'eau; aurons-nous accès à l'eau qu'il nous faut et où se trouve-t-elle? J'avoue que je n'ai pas vraiment d'opinion bien tranchée sur la question.

Je pense qu'au fond, nous préconisons tout simplement une approche étape par étape, de la prévoyance et des consultations efficaces sur la façon d'atteindre notre objectif.

Le sénateur Day: Ce n'est pas une critique, mais il faut absolument que vous répondiez honnêtement à ces questions, car nous avons besoin de cette information.

Certains secouristes opérationnels ont exprimé des préoccupations concernant le degré d'intégration et d'interopérabilité ainsi que sur les possibilités de communication et d'accès dans un court laps de temps. J'aimerais donc que vous nous parliez un peu de la dernière fois que vous avez organisé un exercice à grande échelle, ce qui s'est produit en mars 2001, d'après ce que vous nous disiez tout à l'heure. Est-ce que cela suffit? Estimez-vous que cet exercice a été mené suffisamment récemment et à une échelle suffisante?

À votre avis, les lacunes en matière de communications notamment dans le contexte d'un incident majeur, comme vous et vos collègues nous l'expliquaient tout à l'heure, sont-elles en voie d'être comblées grâce à un effort de coordination englobant l'ensemble des paliers de gouvernement?

M. Quick: Au cours des 10 dernières années, s'il y a une chose que nous avons apprise chaque fois que nous avons fait notre planification d'urgence, organisé une séance de formation ou coordonné des opérations de première intervention dans le cadre d'une véritable situation d'urgence, c'est qu'il faut absolument de bonnes communications bien claires. C'est important non seulement entre nous-mêmes, mais avec l'ensemble des autres organismes, tous les paliers de gouvernement, et surtout, avec nos citoyens, afin qu'ils comprennent ce qui se passe. Dans le cadre de notre planification d'urgence, la priorité des priorités est d'assurer des communications efficaces en cas d'incident majeur.

Il ne fait aucun doute que le personnel de nos services d'intervention d'urgence a reçu une formation de haut niveau. Nos secouristes opérationnels ont le sens de l'initiative, une aptitude au commandement, de grandes compétences et la volonté de toujours faire de leur mieux. Il faut donc leur donner les outils qui leur permettront de bien s'acquitter de leur tâche.

La protection civile repose sur les communications; par contre, l'intervention d'urgence suppose de la formation, beaucoup d'équipement et toutes sortes de choses. Il nous faut donc les systèmes requis pour savoir communiquer efficacement à tous les niveaux. Je trouve merveilleux que nous puissions communiquer entre nous au sein de notre collectivité. Mais il a fallu sept ou huit ans de développement et d'apprentissage pour en arriver là. D'après nous, c'est ce qu'il faut à tous les niveaux.

Le sénateur Day: Si je me fonde sur ce que vous nous avez montré aujourd'hui — et là, j'exprime une opinion personnelle — j'ai l'impression que Regina est bien plus avancée que les autres à cet égard, et je tiens donc à vous en féliciter et à vous remercier de nous avons consacré votre temps aujourd'hui.

Le président: J'ai une question complémentaire à poser concernant les communications radio et le réseau de radiocommunication qui semble exister dans toute la province de l'Alberta.

Comment se fait-il qu'un tel système n'existe pas en Saskatchewan? Vous ne pensez pas que ce serait une bonne idée?

M. Johnston: À mon avis, l'Alberta a beaucoup de chance en ce sens qu'elle possède le système public de radiocommunication le plus ancien du Canada — même plus ancien que le réseau de CBC/Radio-Canada. D'ailleurs, le sénateur Banks doit le savoir. Elle possède la zone de rayonnement requise, et puisqu'il s'agit d'une entité unique, en ce qui concerne la capacité et la possibilité d'appuyer sur un seul bouton, on peut dire que l'infrastructure est déjà en place. Mais il a fallu longtemps pour la constituer progressivement.

Pour ceux d'entre nous qui vivons dans d'autres régions du pays, il y a le réseau de CBC/Radio-Canada. Il va sans dire que sa zone de rayonnement est nationale, mais je ne sais pas s'il serait possible de simplement appuyer sur un bouton pour accéder au réseau de CBC. Par contre, je sais que ce genre de chose est possible.

En Saskatchewan, nous avons pour la radio des entités disparates ou distinctes. Notre plan comporte cependant une composante communication qui prévoit qu'on passe par les médias pour les communications en cas d'urgence; ainsi nous pouvons avoir recours aux médias locaux pour rejoindre les citoyens et communiquer avec eux. Mais notre approche n'est pas aussi directe que celle de l'Alberta.

Le sénateur Banks: Permettez-moi de vous corriger sur un point, pour que chacun sache de quoi nous parlons. Le chef Johnston a raison: la province de l'Alberta possède une chaîne de radiodiffusion publique comportant 17 stations, la chaîne la plus ancienne du Canada. Cependant, lorsque cette chaîne active le système de communications d'urgence — c'est-à-dire lorsqu'ils appuient sur un bouton pour envoyer un message d'urgence, ce message est diffusé par chaque station de radio en Alberta, y compris les stations commerciales, les gros exploitants et les petits exploitants dans toutes les petites localités.

Le président: À votre avis, monsieur Johnston, serait-ce une bonne idée de posséder un réseau de ce genre? Deuxièmement, si c'est une bonne idée, seriez-vous prêt à préconiser la mise en place d'un tel réseau dans cette province?

M. Johnston: La réponse à vos deux questions est oui. Mais M. Quick voudrait apporter certaines précisions concernant nos capacités actuelles.

M. Quick: Pour ce qui est du système en Alberta, c'est la tornade de 1987 qui a frappé Edmonton qui a permis de mettre en évidence le besoin d'un système de ce genre. Et les crédits fédéraux et provinciaux ont été d'une importance capitale dans la mise au point de ce système.

Le groupe Pelmorex, qui est propriétaire du Weather Network, s'intéresse depuis au moins trois ans à la possibilité de fournir des systèmes d'avertissement d'urgence dans l'ensemble du Canada, à l'aide du Weather Network et en recourant aux systèmes de câblodistribution. Cependant, le CRTC a fait obstacle à cette initiative à plusieurs reprises. J'ai assisté à plusieurs de ses audiences et je lui ai même présenté des rapports. À mon avis, ce que Pelmorex propose, c'est la création d'un réseau national, et à mon avis, ce serait préférable à un système local qui ne desservirait que les habitants locaux.

Pelmorex proposait de fournir un réseau d'intervention d'urgence dans l'ensemble du Canada — ou éventuellement dans une région particulière, s'il le fallait. J'aimais beaucoup cette proposition, mais rien n'a encore été décidé.

Le sénateur Forrestall: Pensez-vous que de façon générale, ce serait un outil intéressant à avoir?

M. Johnston: Oui, absolument.

Le sénateur Atkins: Bien qu'aucun d'entre nous ne souhaite entamer une discussion sur les événements du 11 septembre, j'aimerais tout de même savoir quels changements vous auriez pu apporter aux procédures de votre service à cause de ce qui s'est produit ce jour-là. Pourriez-vous nous expliquer cela brièvement?

M. Johnston: Je dirais que les principaux changements qui se sont opérés dans notre service consistaient à établir des communications efficaces pour que nous puissions nous renseigner sur ce qui était fait par le SCRS et la GRC — c'est- à-dire de faire du travail de terrain en fournissant de l'information sur les enquêtes menées par d'autres organismes au sujet de menaces potentielles. De plus, il y a le cours de formation avancée dispensé par le Collège canadien de police sur les incidents nucléaires, biologiques et radiologiques et la probabilité que de tels incidents se produisent. De plus, nous avons dû à plusieurs reprises réagir à des demandes d'intervention pour identifier une poudre blanche inconnue, et ce genre de choses. Dans ces cas, nous avons travaillé en étroite collaboration avec le laboratoire, le service de santé du district de Regina et les autres intervenants.

En ce qui concerne nos opérations et des changements qui auraient pu être apportés à nos procédures policières, je vous dirais qu'il n'y a pas eu de grandes transformations. Encore une fois, pour ce faire, il faut des connaissances, des crédits pour payer les ressources qui vous permettront de comprendre bien des choses, et le temps de faire de la formation.

Les séances de formation qui ont été organisées portaient sur des prises d'otages et ce qu'il faudrait faire dans de telles situations. Mais je peux vous affirmer que vous n'auriez pas constaté de grands changements en ce qui concerne notre façon de mener nos opérations.

S'agissant des événements du 11 septembre, s'il y a une chose que nous avons comprise grâce à cette crise, c'est bien la nécessité d'avoir de bonnes procédures et une bonne discipline au niveau de l'intervention d'urgence. Mais c'est quelque chose qui est déjà pour nous une source de fierté. Nous nous évaluons en permanence de par la formation que nous recevons et notre travail quotidien.

Personne ne peut vraiment savoir ce qui pourrait arriver en cas de véritable catastrophe, mais en tant que responsables des services de première intervention, notre objectif serait toujours d'assurer une intervention mesurée, contrôlée et disciplinée. Si nous rencontrons des difficultés, ce sera parce que nous n'avons pas adopté la bonne approche. Or notre expérience nous apprend que notre intervention doit être ainsi conçue.

Le sénateur Atkins: Est-ce que vous vous seriez attendu à ce que les différents paliers de gouvernement vous donne un peu plus d'orientation dans la foulée des événements du 11 septembre?

M. Johnston: Non, pas vraiment. Aurais-je aimé en avoir plus? Oui, absolument. C'est ce que j'aurais aimé, mais je ne m'y attendais pas.

À mon avis, tout le monde a travaillé fort au Canada et chacun a fait son possible. Nous n'avons ni l'infrastructure aussi développée ni des ressources financières et autres aussi importantes que les États-Unis ou d'autres pays. Étant donné les outils dont nous disposions et la collaboration qui s'est établie entre les différents services, même en l'absence d'une participation gouvernementale, j'estime que la réponse canadienne était appropriée et bien organisée.

Le sénateur Atkins: Monsieur Quick, vous avez parlé de trois niveaux. Je comprends votre explication au sujet du premier, mais j'étais un peu surpris par ce que vous avez dit au sujet des deuxième et troisième niveaux, et surtout par le fait qu'il n'y ait pas plus de participation aux autres paliers de gouvernement.

M. Quick: Il y a la planification, mais c'est surtout au sein de notre service que s'effectue la planification. Nous avons un service de l'environnement et les responsables de ce service sont nos collaborateurs; cependant, ils traitent avec le ministère provincial de l'Environnement.

J'aimerais vous faire part d'une opinion personnelle, que ce soit approprié ou non.

Dans la province de la Saskatchewan, on ne traite pas suffisamment la planification d'urgence comme une priorité, d'où les problèmes de communications que nous connaissons.

Le sénateur Atkins: Est-ce que c'est vous qui assumez les fonctions de contrôle et de maintien de l'ordre à l'aéroport?

M. Johnston: Oui. Bien que nous n'ayons pas de détachement à l'aéroport, il ne fait aucun doute que cela relève de notre responsabilité.

Le sénateur Atkins: J'imagine que vous n'avez pas vu notre plus récent rapport, mais j'aimerais que vous nous disiez si vous estimez que la sécurité est suffisante à l'aéroport?

M. Johnston: C'est une question très générale que vous me posez là. Permettez-moi de vous demander des précisions; par exemple la sécurité est-elle suffisante pour nous protéger contre quel genre de menace?

Le sénateur Atkins: Je parlais surtout de la sécurité du périmètre — c'est-à-dire, la question d'accès.

M. Johnston: Si vous parlez du périmètre de l'aéroport, la réponse serait non.

Le sénateur Atkins: Dans ce cas, j'ai quelque chose à vous présenter qui va certainement vous intéresser. Vous allez voir que le comité a clairement indiqué son insatisfaction en ce qui concerne la sécurité dans nos aéroports canadiens.

Je comprends que l'aéroport de Regina n'est pas très grand, mais il connaît sans doute les mêmes difficultés que nous avons rencontrées dans certains grands aéroports du Canada.

M. Johnston: Que l'aéroport de Regina soit grand ou petit avec ou non, des vols internationaux, la question primordiale dans ce contexte est celle de savoir à quelles ressources nous avons accès et quelles sont nos capacités.

Au Canada, qu'une personne prenne l'avion à Regina, à Saskatoon ou à Toronto, une fois qu'elle a passé les contrôles et qu'elle se trouve de l'autre côté, elle a accès au côté piste. C'est ainsi que le système est actuellement structuré.

Si vous voulez assurer un niveau de sécurité équivalent de l'autre côté de ce mur, tous les ports d'entrée, où qu'ils soient — qu'il s'agisse de Medicine Hat en Alberta ou de n'importe quelle autre localité — doivent prévoir les mêmes contrôles et garantir le même degré de sécurité. Sinon, nous nous leurrons en pensant qu'une personne vraiment motivée ne serait pas en mesure de passer de l'autre côté de ce mur.

Le président: Je crois qu'il a lu le rapport, sénateur Atkins.

Le sénateur Atkins: Et à votre avis, la démarche de contrôle et d'enregistrement des armes à feu s'est-elle bien déroulée dans votre service?

M. Johnston: Je ne m'attendais pas à ce qu'on discute de cela aujourd'hui.

Le président: Nous non plus.

M. Johnston: C'est dans la province de la Saskatchewan que le soutien de la population pour l'enregistrement et le contrôle des armes à feu est le plus faible. Il se situe toujours autour de 50 p. 100.

Quant à savoir s'il est vrai, d'après l'annonce, que cela nous aura coûté 1 milliard de dollars pour en arriver là, je dirais que ce n'est sans doute pas vrai. Mais auparavant, plus de la majorité des habitants de la Saskatchewan étaient en faveur de cette démarche.

Est-ce que je crois à l'efficacité du contrôle des armes à feu? Oui, absolument. Est-ce que je suis d'accord pour que cela nous coûte 1 milliard de dollars? Non.

Je ne suis pas responsable pour ce résultat-là, mais convient-il d'abandonner maintenant un programme stratégique qui va permettre, d'ici 10, 20 ou 30 ans, d'améliorer la sécurité de la population canadienne? À mon avis, non.

L'enregistrement des armes à feu et la délivrance de permis aux propriétaires d'armes à feu est une excellente chose. Le seul problème, c'est que nous n'avons pas très bien organisé le processus.

Le sénateur Wiebe: J'aimerais faire une brève remarque avant de vous poser une question. Monsieur Quick, par rapport à vos préoccupations concernant la nécessité d'avoir accès à de l'eau potable pure et propre au Canada, je vous dirais que ce qu'il faut faire, aux paliers provincial, fédéral et municipal, c'est commencer à désigner l'eau comme un aliment plutôt qu'une ressource naturelle. Une fois que nous aurons fait cela, nous pourrons progresser assez rapidement et garantir à l'ensemble de la population canadienne l'accès à de l'eau potable pure et sécuritaire.

M. Quick: Je suis entièrement d'accord avec vous. Je devrais peut-être mentionner, d'ailleurs, que je suis au courant de travaux préliminaires qui auraient été effectués dans le cadre du programme de protection de l'infrastructure essentielle et d'amélioration des systèmes municipaux de distribution d'eau qui ne sont même pas mentionnés.

Le sénateur Wiebe: J'aimerais poser à tous nos témoins une question hypothétique. Pour bien évaluer les problèmes et savoir comment les régler, j'estime, personnellement, qu'il faut se poser des questions hypothétiques.

Prenons l'exemple de ma province. Supposons qu'une tornade frappe Rosetown, Davidson ou Swift Current, et que les dommages soient considérables. Nous avons une bonne équipe de première intervention ici à Regina. Si j'ai bien compris les propos du chef du Service des incendies, il y a aussi une assez bonne équipe à Saskatoon, et dans certaines autres localités. Nous possédons donc les ressources nécessaires dans cette province pour faire face à ce genre de situation. Mais à quelles ressources pourrions-nous faire appel si cette tornade détruisait un tiers de la ville de Regina ou de la ville de Saskatoon?

On peut toujours conclure des accords de réciprocité avec les autres localités, mais elles sont plutôt petites. La Saskatchewan est l'une des deux seules provinces au Canada à ne pas bénéficier de la présence régulière de membres des Forces armées. Nous n'avons pas d'armée permanente dans la province.

Dans l'éventualité d'une grande catastrophe de ce genre, à qui vous adresseriez-vous pour obtenir l'aide plus importante dont vous auriez besoin et combien de temps faudrait-il pour mobiliser ces ressources?

M. Lichtenwald: Nous serions vite dépassés dans la ville et dans la collectivité en général. Nous travaillons actuellement à la conclusion d'accords de réciprocité avec sept autres villes dans la province. Dans un premier temps, nous demanderions donc l'aide des villes de Saskatoon, Moose Jaw, North Battleford et Swift Current. Nous aurions également la possibilité de demander l'aide de la province et du ministère de la Défense nationale. Mais leurs délais d'exécution sont plus longs, et il leur faudrait du temps pour réagir.

Donc, on peut dire que nous serions dépassés en attendant de mobiliser les ressources d'infrastructures plus importantes. Nous sommes donc vulnérables.

Le sénateur Wiebe: Vous dites donc que nous sommes très vulnérables à cet égard? C'est justement l'impression que j'avais.

M. Ken Luciak, directeur, Services médiaux d'urgence: Aux Services médicaux d'urgence, nous avons conclu des accords d'aide mutuelle avec 19 autres services, et nous avons de plus accès à plus de 200 secouristes opérationnels qui sont formés et pourraient être mobilisés immédiatement grâce à notre centre de communications qui utilise un système d'appels informatisé. Par conséquent, nous avons la possibilité de mobiliser bien plus de 200 secouristes immédiatement.

Le président: Voilà qui termine notre liste d'intervenants.

Je tiens à remercier M. Quick, le chef Lichtenwald, M. le directeur Luciak, le chef adjoint Weighill et le chef Johnston, pour l'information qu'ils nous ont fournie aujourd'hui. Nous vous sommes très reconnaissants d'avoir pris le temps de nous parler. En l'absence du genre de démonstration, de séance d'information et de discussion dont nous avons bénéficié aujourd'hui, il nous serait très difficile de nous faire une idée de la situation au Canada.

La séance est levée.


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