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SECD - Comité permanent

Sécurité nationale, défense et anciens combattants


RAPPORT DU COMITÉ

Le MARDI 12 novembre 2002

Le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense

a l’honneur de déposer son

DEUXIÈME RAPPORT

Votre Comité, qui a été autorisé par le Sénat le mercredi, 30 octobre 2002 à étudier, afin d’en faire rapport, la nécessité d’une politique nationale sur la sécurité pour le Canada, dépose maintenant son rapport intérimaire intitulé Pour 130 dollars de plus… Mise à jour sur la crise financière des Forces canadiennes, Une vue de bas en haut.

Respectueusement soumis,

Le président,
COLIN KENNY


Pour 130 dollars de plus...

Mise à jour sur la crise financière des Forces canadiennes
UNE VUE DE BAS EN HAUT

Le Comité sénatorial permanent de la défense et de la sécurité

Membres du Comité
Sén. Colin Kenny - Président
Sén. J. Michael Forrestall - Vice-Président
Sén. Norman K. Atkins
Sén. Tommy Banks
Sén. Jane Cordy
Sén. Joseph A. Day
Sén. Michael A. Meighen
Sén. David P. Smith
Sén. John (Jack) Wiebe

Deuxième Session-Trente-septième législature

Novembre 2002


MEMBRES DU COMITÉ 

37e Législature – 2e Session 

COMITÉ PERMANENT DE LA SÉCURITÉ NATIONALE ET DE LA DÉFENSE 

L’honorable Colin Kenny, président
L’honorable J. Michael Forrestall, vice-président 

et 

Les honorables sénateurs

Atkins
Banks
Cordy
Day
Meighen
Smith* (Ne faisait pas partie du Comité lorsque ces témoignages ont été recueillis)
Wiebe 

*Carstairs, C.P. (ou Robichaud, C.P.)
*Lynch-Staunton (ou Kinsella)

*Membres d’office


TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

L'ARGENT N'EST PAS TOUT, MAIS…

LA FRUGALITÉ N'EST PAS TOUJOURS DE MISE

DES DÉPENSES DIGNES D'UN PAYS RECULÉ

TOURNER LE DOS AU MONDE

POUR 130 $ DE PLUS…

LE RAISONNEMENT DU COMITÉ

RECOMMANDATIONS - PARTIE I 
        UNE INJECTION DE FONDS POUR COMMENCER

RECOMMANDATIONS - PARTIE II 
        RETRAITE STRATÉGIQUE: POUR "SOUFFLER"

UN NOUVEL ENGAGEMENT À L'ÉGARD DE NOS ALLIÉS, 
        UN NOUVEL ENGAGEMENT À L'ÉGARD DU MONDE

TEMPS ET ARGENT

NOS CHEFS MILITAIRES ONT DES RESPONSABILITÉS 
        VIS-À-VIS DU PUBLIC

LES CANADIENS DOIVENT SAVOIR CE QUE SAVENT NOS SOLDATS

QU'ON LEUR PERMETTE DE FAIRE LEUR TRAVAIL

LE RAJEUNISSEMENT DES RESSOURCES

BESOINS DES PLUS ÉLÉMENTAIRES

LA MARINE ET LA FORCE AÉRIENNE AURONT BESOIN DE PLUS DE TEMPS

L'ESSENTIEL

CE QUE LES MILITAIRES NOUS ONT DÉCLARÉ

UNE GUERRE À MENER SUR TROIS FRONTS

I. LA CRISE DU PERSONNEL:
        des militaires trop peu nombreux et trop peu formé

L'INSUFFISANCE DE LA CAPACITÉ DE FORMATION 
        PÈSE LOURD DANS LA CRISE DU PERSONNEL

CE QU'ON NOUS A DIT DANS LES BASES AU SUJET DE LA CRISE DU PERSONNEL

LA BASE DES FORCES CANADIENNES (BFC) ESQUIMALT

LA 17E ESCADRE WINNIPEG

LA BFC HALIFAX

CAPE SCOTT

LA 12E ESCADRE SHEARWATER

LA BFC GAGETOWN

LA BFC KINGSTON

LA BFC BORDEN

LA 8E ESCADRE TRENTON

CENTRE DE PARACHUTISME DU CANADA

BFC PETAWAWA

19E ESCADRE COMOX

LE BLACK WATCH

II. LA CRISE PAR RAPPORT AUX OPÉRATIONS:
        fonds insuffisants sur les plans des opérations, de la maintenance et de l'infrastructure

BFC ESQUIMALT

17E ESCADRE WINNIPEG

BFC HALIFAX

BFC GAGETOWN

BFC KINGSTON

2E ESCADRON DE GUERRE ÉLECTRONIQUE (KINGSTON)

BFC BORDEN

8E ESCADRE TRENTON

BFC PETAWAWA

LE BLACK WATCH

III. LA CRISE DES BIENS D'ÉQUIPEMENT: 
        vétusté du matériel militaire canadien

BFC ESQUIMALT ET BFC HALIFAX

REMPLACEMENT DU SEA KING

TRANSPORT STRATÉGIQUE

1RE DIVISION AÉRIENNE DU CANADA - WINNIPEG

AMÉLIORATIONS DES CF18

AMÉLIORATIONS DES AURORA

8E ESCADRE TRENTON

BFC GAGETOWN ET BFC PETAWAWA

2E ESCADRON DE GUERRE ÉLECTRONIQUE - BFC KINGSTON

LE LIVRE BLANC SUR LA DÉFENSE DE 1994 : PROMESSES ROMPUES

CONSÉQUENCES : UN PAYS AFFAIBLI

ANNEXES

I.

ORDRE DE RENVOI

II.

RECOMMENDATIONS DU RAPPORT DE FÉVRIER 2002

III.

ONT DISCUTÉ AVEC LE COMITÉ

IV.

BASES VISITÉES

V.

MISSIONS DES FC À L’ÉTRANGER

VI.

STATISTIQUES DU MAINTIEN DE LA PAIX

VII.

PÉNURIES CRITIQUES

VIII.

LISTE DES PIÈCES

IX.

STATISTIQUES

X.

ACTIVITÉS DES MÉDIAS

XI.

BIOGRAPHIES DES MEMBRES DU COMITÉ

XII.

BIOGRAPHIES DES MEMBRES DU SECRÉTARIAT

XIII.

INDEX DU RAPPORT


Introduction

En février 2002,nous, membres du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense, avons publié un rapport mettant en lumière de graves lacunes dans l’état de préparation du Canada en matière de sécurité et de défense, à la suite du 11 septembre 2001. Nous réitérons les recommandations de ce rapport, y compris celle concernant la nécessité de hausser les effectifs entraînés des Forces armées à 75 000. La présente Mise à jour maintient que  le point où les Forces armées du Canada pourraient encore être rétablies de manière à assurer un niveau raisonnable de défense, tout en continuant à remplir les nombreuses missions qui leur sont confiées par ailleurs, a été dépassé. D’où les recommandations qui suivent, dont au moins une aurait semblé impensable à une époque plus normale, mais que nous considérons comme indispensable dans le contexte mondial troublé d’aujourd’hui, et compte tenu de la vulnérabilité du Canada.


NOUS AVONS PROCÉDÉ DE BAS EN HAUT

 

Pour la présente Mise à jour, nous avons procédé à une analyse des événements survenus depuis notre premier rapport et nous avons effectué de nombreuses entrevues dans quinze bases et installations militaires, un peu partout au Canada.

 

Au cours de nos déplacements, nous avons touché du doigt la souffrance des militaires convaincus qui souhaitent protéger leur pays et remplir leurs engagements, alors que le personnel, la formation et les ressources à leur disposition sont d’un niveau trop faible pour leur permettre de réaliser cette mission.


L’argent n’est pas tout, mais…

Les Forces armées canadiennes constituent le premier moyen de défense de notre pays contre l’instabilité, le terrorisme, la domination étrangère et beaucoup des autres fléaux qui rendent la vie impossible dans tant de pays. Du plus loin qu’on s’en souvienne, les immigrants ont été attirés au Canada parce que celui-ci leur offrait un abri sûr contre les turbulences et la pauvreté.

Les Forces armées canadiennes ne sont certes pas notre seul moyen de nous protéger contre le désordre et la pauvreté. Toutefois, lorsque les choses se gâtent – dans un monde de plus en plus instable et incertain –, une armée solide est loin de constituer un luxe, comme semblent le croire les gouvernements du Canada depuis quelque temps. Si la paix et la prospérité comptent parmi les plus grands trésors des citoyens canadiens, c’est de la folie de ne pas les garder et les protéger.

Notre gouvernement ne doit pas oublier que ces trésors ont été menacés au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide, mais ils le sont encore plus depuis quelques années, avec les menaces mondiales asymétriques qui sont apparues. Les moyens militaires d’un pays sont une sorte de police d’assurance contre la perte de sa souveraineté nationale et de ses trésors nationaux, lesquels sont trop précieux pour qu’on les tienne pour acquis.

La grande question est essentiellement de savoir si le gouvernement du Canada investit suffisamment dans cette police d’assurance : les Canadiens jouissent-ils de ce que les spécialistes du risque raisonnable appelleraient une sécurité collective suffisante en ce qui concerne leurs vies, leurs biens et leur mode de vie. Selon nous, la réponse est non. Le Comité pense également que les Canadiens pourraient passer, en matière de sécurité,  d’un niveau inacceptable à un niveau correct, pour un coût relativement faible.

 

La frugalité n’est pas toujours de mise

S’agissant de matériel et de personnel militaire, comme dans bien des domaines, il y a de bonnes affaires à saisir. Toutefois, en règle générale, l’acheteur obtient ce pour quoi il paye. Certes, le Canada est loin d’être un pays pauvre, mais à l’étranger il a la réputation de vouloir se défendre – et défendre ce à quoi il croit – sans trop dépenser. Voici quelques faits avérés :

·       Le Canada consacre environ 395 $ par habitant à la défense.[1]

·       Le Royaume-Uni consacre environ 1 425 $ par habitant à la défense.[2]

·       Les États-Unis consacrent environ 2 000 $ par habitant à la défense.[3]

·       Même si le Canada, dans l’actuel contexte du terrorisme international, représente une cible militaire manifeste, bien davantage que la plupart des autres petits pays du monde, il se classe au 153e rang sur 192 pour les dépenses de défense en pourcentage du PIB.[4]

·       Le Canada se classe au 13e rang sur les 18 pays de l’OTAN pour les dépenses de défense par habitant – devant la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Turquie et l’Espagne.[5]

·       Avec ses quelque 31 millions d’habitants, le Canada est le 34e pays du monde pour la population. Ses forces armées régulières se situent au 56e rang par leur taille, et ses réserves au 77e rang.[6]

·       Le 31 août 2002, le Canada se classait 34e dans le monde pour sa contribution aux missions de maintien de la paix, puisqu’il fournit moins de 1 % des gardiens de la paix internationaux en action.[7]

 

Des dépenses dignes d’un pays reculé

Quel que soit l’angle adopté, le niveau des dépenses militaires du Canada conviendrait mieux à un pays perdu, situé loin des querelles politiques et financières du monde et sans influence. Mais notre pays est trop grand et trop important pour pouvoir se cacher.  

 

Tourner le dos au monde

Au-delà de son engagement ferme à défendre son propre territoire, le Canada se doit de participer à la défense de son continent et à celle de ses alliés – les pays de même mentalité, eux aussi ciblés par le mouvement terroriste, qui cherchera ailleurs les vulnérabilités, s’il n’en trouve pas assez sur le sol américain. Le Canada se doit également d’aider à la création d’un monde moins troublé, où la violence aura moins de chances d’éclater.

Comme l’a déclaré le 4 octobre 2001 John Manley, actuellement ministre des Finances, et jusqu’à récemment ministre des Affaires étrangères, le Canada affiche une « insuffisance flagrante » de ses moyens de défense, de collecte de renseignements et d’aide étrangère, une insuffisance qui compromet sa capacité de respecter ses engagements et sa réputation internationale : « On ne peut pas simplement s’asseoir à la table du G8 puis, lorsque vient le moment de payer l’addition, s’en aller aux toilettes », a déclaré M. Manley, dans une allusion à l’appartenance du Canada au club des sept pays les plus riches du monde, plus la Russie. « Si vous voulez jouer un rôle dans le monde, même en tant que membre de petite taille du G8, il y a un prix à payer. »

À l’heure actuelle, le gouvernement du Canada ne semble pas disposé à payer ce prix. Lorsque le Canada a été prié de déployer un bataillon en Afghanistan, il n’a pas pu offrir plus de 800 soldats. Il ne pouvait pas les y transporter ni à l’aller ni au retour, et il n’a pas pu accepter de les remplacer au terme de cette période d’affectation. Cet incident est non seulement gênant pour notre pays, il indique son incapacité à jouer un rôle raisonnable dans sa propre défense.  

Sommes-NOUS les isolationnistes?

Partout dans le monde, les observateurs avertis estiment que les pays responsables doivent travailler en harmonie pour améliorer la stabilité et le bien-être international. Beaucoup de citoyens, y compris des Canadiens, craignent que les dirigeants américains ne reculent devant cette responsabilité collective, et ne cèdent à la tentation de l’isolationnisme, une tendance qui a toujours fortement prévalu dans la pensée politique américaine.

Il serait plus utile que les observateurs canadiens s’inquiètent de la forte tendance à l’isolationnisme qui entache la pratique politique canadienne depuis quelques années.

Le Canada a acquis une place importante sur la scène mondiale au début de la guerre 1939-1945. Aujourd’hui, il est sur le point de quitter son rang parmi les acteurs principaux pour rejoindre les figurants. Avec des niveaux de dépenses en matière d’aide étrangère et de préparation militaire qui n’atteignent pas les cibles passées ni les engagements actuels, le Canada est maintenant est en train de sombrer dans la non-pertinence pour ce qui concerne la résolution des grands problèmes internationaux.

 

Pour 130 $ de plus…

Dans son rapport de février 2002, le Comité recommandait une augmentation annuelle immédiate de 4 milliards de dollars, de manière à porter de 11,8 milliards de dollars à 15,8 milliards de dollars le budget de référence du ministère de la Défense nationale, avec des augmentations futures qui soient réalistes, justifiées et ajustées en fonction de l’inflation.

La recommandation du Comité représente 130 $ par Canadien[8].

Ce chiffre de 4 millions correspond aux recommandations de plusieurs autres organismes et comités qui ont étudié cette question, notamment :

Une nation vulnérable, Conférence des associations de la défense (octobre 2002)

Pour assurer la défense d’une nation, Conseil pour la sécurité canadienne au XXIe siècle (septembre 2002)

Faire face à nos responsabilités : L’état de préparation des forces canadiennes, Rapport du comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants (mai 2002)

Coincé entre les deux : Une évaluation de la capacité opérationnelle des Forces canadiennes, Conférence des associations de la défense, (octobre 2001)

Rapport du vérificateur général 2001, Chapitre 10, “Défense nationale – L’équipement en service.”

 

Le raisonnement du Comité

Certains de ces rapports, peut-être pour que les propositions semblent plus acceptables aux yeux de ceux qui tiennent les cordons de la bourse, suggèrent que l’augmentation soit échelonnée sur plusieurs années. À l’époque, le Comité a expliqué que, d’après son expérience, des besoins nouveaux pouvaient survenir et restreindre voire annuler les engagements pluriannuels. D’où notre recommandation de porter immédiatement à 4 milliards de dollars le budget de référence du MDN, et d’apporter des augmentations futures qui soient réalistes, justifiées et ajustées en fonction de l’inflation.

Étant donné le régime fiscal progressif du Canada, les pauvres paieraient bien entendu beaucoup moins que 130 $ par personne, et les riches paieraient plus. Les avantages, pour les riches, les pauvres et tous les autres, seraient de beaucoup supérieurs à ce que cette dépense représente.

Leur contribution assurerait un pays plus stable et moins menacé, dans un monde plus stable et moins menacé. Selon le Comité, la plupart des citoyens canadiens qui réfléchissent devraient y voir une bonne affaire, encore plus intéressante que l’achat d’une nouvelle robe, qu’une place à un match de la Ligue nationale, ou que n’importe quelle autre de ces gâteries pour lesquelles tant de gens réussissent à trouver les fonds, dans une société libre et prospère.

Ce raisonnement sous-tend les deux recommandations que nous formulons dans la présente Mise à jour. La première est une reprise de nos conclusions antérieures. Quant à la seconde, elle constitue une réaction à la détérioration de la capacité des Forces armées du Canada, dont l’ampleur justifie une attention entière et immédiate du gouvernement pour que l’on puisse réparer les dégâts.  


[1]  Le site Internet du MDN nous apprend que le budget du MDN pour 2001-2002 avec les derniers budgets supplémentaires comme étant de 12, 313 milliards de dollars. Le budget principal des dépenses du MDN pour 2002-2003 ramène le budget du ministère à 11,834 milliards de dollars.

[2]  Haut-commissariat du Royaume-Uni, Ottawa; en se fondant sur  une population de 60 millions, et sur le taux du change du 23 sept. 2002.

[3]  Ambassade des États-Unis, Ottawa; crédit budgétaire de la Défense pour 2003 : 378,6 milliards de dollars américains; calcul fondé sur une population de  288 123 000 habitants et sur le taux de change du 23 septembre 2002.

[4] Institut canadien d’études stratégiques, Strategic Profile: Canada 2001.

[5] Revue de l’OTAN, Printemps 2001, Tableau : « Dépenses de défense par habitant ».

[6] Institut canadien d’études stratégiques, Strategic Profile: Canada 2001.

[7] Maintien de la paix de l’ONU : opérations “August 2002, Summary of Countries-http://www.un.org/Depts/dpko/Contributors/Aug2002Countrysummary.pfd

[8] Basé sur une augmentation de $4 milliards et une popularité de 31 millions.


FORMAT PDF

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