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SECD - Comité permanent

Sécurité nationale, défense et anciens combattants

 

Les côtes du Canada :

Les plus longues frontières mal défendues au monde

Comité sénatorial permanent de la Sécurité nationale et de la défense

VOLUME 1

Octobre 2003


MEMBRES DU COMITÉ

37e législature – 2e session  

COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE LA SÉCURITÉ NATIONALE ET DE LA DÉFENSE  

L’honorable Colin Kenny, président  
L’honorable J. Michael Forrestall, vice-président

Et  

Les honorables sénateurs  

L’honorable Norman K. Atkins  
L’honorable Tommy Banks  
L’honorable Jane Cordy  
L’honorable Joseph A. Day  
L’honorable Michael A. Meighen  
L’honorable David P. Smith, C.P.  
L’honorable John (Jack) Wiebe  

*L’honorable Sharon Carstairs, C.P. (ou Robichaud, C.P.)  
*L’honorable John Lynch-Staunton (ou Kinsella)

*Membres d’office


TABLE DES MATIÈRES

CAUCHEMARS POUR LE NOUVEAU MILLÉNAIRE

LE TERRORISME À L'AVANT-SCÈNE

LA FIN DES CERTITUDES DE LA GUERRE FROIDE

LES CÔTES DU CANADA :
    LES PLUS LONGUES FRONTIÈRES MAL DÉFENDUES AU MONDE

COMBATTRE L'INCONNU 

ALERTER LES CANADIENS

L'IMPORTANCE DE LA SÉCURITÉ MARITIME

CE DONT TRAITE LE RAPPORT

CHAPITRE UN
        LE MANQUE DE RESSOURCES
        LE MANQUE DE FONDS : LA GARDE CÔTIÈRE CANADIENNE
        LE MANQUE DE FONDS : LA MARINE CANADIENNE
        FORTUNES ENGLOUTIES
        LA SURVEILLANCE NAVALE
        LE MANQUE DE FONDS : LA GRC

CHAPITRE DEUX :
        UNE SURVEILLANCE ACCRUE
        LA CONNAISSANCE DU TERRITOIRE
        RAPPORT D'ÉTAPE
        AMÉLIORATIONS DANS LES PORTS
        MAIS LE CANADA POURRAIT FAIRE BEAUCOUP MIEUX
        RECOMMANDATIONS

CHAPITRE TROIS
       
SERVICE DU RENSEIGNEMENT
        RECRUTER DE BONS ANALYSTES
        ENCOURAGER LES BONS ANALYSTES À TRAVAILLER À L'UNISSON
        TRAVAILLER ENSEMBLE - AU-DELÀ DE LA TECHNOLOGIE
        RECOMMANDATIONS

CHAPITRE QUATRE
        CAPACITÉ D'INTERCEPTION
        FAIRE SEMBLANT DE DÉFENDRE
        LA VÉRITÉ AU SUJET DU POTENTIEL DE LA GARDE CÔTIÈRE
        RÉINVENTER LA GARDE CÔTIÈRE
        RESSUSCITER LA DIVISION MARITIME DE LA GRC
        RECOMMANDATIONS

CHAPITRE CINQ :
        NOUVELLE STRUCTURE
        L'INDIFFÉRENCE À L'ÉGARD DE NOS CÔTES
        MESURES PRISES AU NIVEAU STRATÉGIQUE AUX FINS DE LA SÛRETÉ MARITIME
        DE LA SÉCURITÉ CÔTIÈRE À UNE VUE D'ENSEMBLE NATIONALE
        PROPOSITION D'UNE NOUVELLE STRUCTURE DE SÉCURITÉ NATIONALE
        NOUVELLE ARCHITECTURE CENTRALE PROPOSÉE POUR LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT
        RECOMMANDATIONS

CHAPITRE SIX :
        COOPÉRATION INTERNATIONALE
        RECOMMANDATIONS

CONCLUSION

RECOMMANDATIONS

(Il y a deux volumes au rapport)


Cauchemars pour le nouveau millénaire 

Imaginons que dix personnes vouées à une cause idéologique commune se dispersent dans les forêts canadiennes par une chaude journée d’été.  Même en supposant qu’elles n’aient sur elles que des allumettes de carton, combien de dégâts pourraient-elles causer? 

Combien de dégâts cinq personnes pourraient-elles faire avec des explosifs fabriqués à partir de produits chimiques en vente libre dans toutes les jardineries si elles décidaient de porter un coup dur au réseau commun de distribution d’électricité de l’Amérique du Nord en faisant sauter cinq lignes de transport d’électricité à haut voltage? 

Ce n’est un secret pour personne qu’à l’heure actuelle, un faible pourcentage seulement des conteneurs débarqués dans les ports nord-américains sont fouillés ou inspectés.  Songeons un peu à l’immensité de la catastrophe qui pourrait se produire si un seul des conteneurs non inspectés renfermait une bombe sale. 

De nos jours, beaucoup de terroristes n’hésitent pas à se tuer si cela peut leur permettre de causer assez de dégâts.  Supposons que dans un pays lointain, un terroriste inocule la variole aux membres d’un petit groupe de volontaires juste avant qu’ils ne prennent l’avion pour l’Amérique du Nord.  Leurs premiers symptômes ne commenceraient probablement à apparaître que des heures après qu’ils seraient descendus d’avion avec les autres passagers, ces derniers ayant été exposés à la maladie à leur insu.  Se pourrait-il qu’au cours du présent siècle, on fasse surtout la guerre à coup d’épidémies? 

Ces scénarios sont tous bizarres.  Certains les qualifieraient même d’alarmistes.  Mais qui aurait pu prédire les vagues d’attentats-suicides qui secouent le monde depuis quelques années?  Combien de Canadiens ont déjà pensé qu’un jour, ils verraient des avions de passagers gros porteurs s’encastrer dans des gratte-ciel en sol nord-américain? 

L’histoire ne se souviendra pas du 11 septembre 2001, mais pas  parce que 3 000 personnes innocentes et sans défense ont été tuées dans cette attaque non provoquée.  L’histoire regorge littéralement de massacres.  Non, elle fera de ce jour celui où la nation la plus puissante de l’histoire du monde a reçu une leçon qui lui a fait l’effet d’un coup d’assommoir : des extrémistes pouvaient venir la frapper dans ses murs, même s’ils étaient imprenables.  La ruse a réussi avec une facilité déconcertante à déjouer le plus fort sur son propre territoire! 

La plupart des Nord-américains se sont remis de l’horreur de ce jour-là au cours des deux années qui se sont écoulées depuis.  La vie a continué.  Mais seuls les plus naïfs d’entre nous croient qu’il s’agissait d’un événement isolé qui n’aura pas de réplique et que d’autres attentats ne sont pas en préparation.  Voilà qui donne matière à réflexion aux décideurs des nations les plus riches et les plus puissantes du monde : comment se défendre contre l’inconnu et l’imprévisible? 

La réponse est qu’on ne peut pas se défendre contre ce qu’on ne peut pas prévoir.  La seule chose à faire est donc de prévoir.  Et de se défendre.  L’autre possibilité est impensable; la société qui s’y résignerait ne mériterait pas de subsister.


Le terrorisme à l’avant-scène

Les quinze dernières années ont été témoin de l’une des évolutions les plus renversantes de la longue histoire des conflits entre humains.  La symétrie et la prévisibilité de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique, qui a pris fin en 1989 avec la chute du Mur de Berlin, ont cédé la place à l’asymétrie et à l’imprévisibilité des terroristes internationaux actifs sur tous les continents. 

En soi, le terrorisme n’a rien d’un phénomène nouveau. Au fil de l’histoire, les codes d’honneur régissant la conduite de la guerre ont été plus l’exception que la règle.  Le chevaleresque mythique du Moyen Âge et les conventions internationales relatives à la guerre qui sont apparues au vingtième siècle n’ont jamais paru particulièrement nobles aux défavorisés luttant passionnément pour une cause.  Le camp qui dispose du moins de ressources en vient souvent à la conclusion qu’il y a des moyens plus productifs de se battre à mort que de se lancer tête baissée contre des forces supérieures. 

Le succès de la Révolution américaine est en partie dû au fait que les révolutionnaires ont compris que lorsque des troupes font face à une puissance de feu supérieure, elles sont plus efficaces si elles se battent depuis des positions aléatoires, comme derrière des arbres, qu’en rangs bien droits au beau milieu d’un champ.  La même tactique — se cacher et surprendre — allait plus tard permettre aux Viêt-Cong d’avoir raison des Américains. Trois décennies après, les bombes humaines ont poussé l’élément de la surprise plus loin que jamais en prenant des civils pour cibles. 

De toute évidence, un combattant a plus de mal à se défendre contre un agresseur qui emploie des tactiques inconnues que contre ce qu’il a été entraîné à combattre. 

La guerre asymétrique n’est que la guerre dépourvue de la « prévisibilité » de la pensée militaire traditionnelle.  C’est la pire menace physique que l’homme ait jamais conçue contre les sociétés industrialisées.  Quel sérieux les décideurs américains accordent-ils à cette menace depuis le 11 septembre 2001?  Dans The Right Man: The Surprise Presidency of George W. Bush, David Frum (qui a fait brièvement partie de l’équipe de rédaction des discours du Président Bush) décrit l’atmosphère qui régnait au bureau de Tom Ridge, adjoint du Président et conseiller en matière de sécurité intérieure, de la façon suivante :

 

« Parfois, j’écrivais des papiers pour Ridge et son équipe. J’arrivais avec un bloc-notes, et ils déclinaient en détails la liste aberrante des façons dont l’Amérique était exposée à la terreur et aux tueries . . . [traduction libre] »

 

« Je ne comprends pas pourquoi ils ont expédié l’anthrax par la poste », m’a dit l’un d’eux. « Il aurait été beaucoup plus efficace que l’un d’eux se baigne dans la pénicilline, mette les spores dans une salière et la vide derrière le wagon de queue dans le métro de New York …»

 

Il suffit de détourner une douzaine de camions et de les bourrer d’explosifs. »

 

« Ou de détourner un navire et de l’amener ensuite au cœur de Seattle. »

 

« Je persiste à croire que la bombe humaine qui explose dans un centre commercial demeure le moyen le plus efficace. »

 


 La fin des certitudes de la guerre froide 

Si les tactiques de guerre asymétrique sont connues depuis longtemps et ont été employées avec une cruelle régularité au cours du vingtième siècle, notamment à Cuba, en Irlande, au Sri Lanka et au Pérou, en quoi les quinze dernières années se démarquent-elles si nettement? 

C’est que le terrorisme international est maintenant devenu la principale menace à la stabilité mondiale, supplantant même le risque que quelqu’un finisse pas appuyer sur le bouton, dans l’interminable impasse nucléaire dont les États-Unis et l’Union soviétique n’arrivaient pas à sortir.  

Si des terroristes font mourir des gens qui mènent une vie confortable dans des sociétés prospères, c’est notamment par xénophobie ou fanatisme religieux, à cause de l’amertume qu’inspire la pauvreté et pour venger d’anciennes humiliations, tous phénomènes de plus en plus fréquents. 

Aux motivations destructrices du terroriste s’ajoute un état d’esprit qui présente pour lui un net avantage, à savoir le fait qu’il ne craint pas la mort, alors que dans les sociétés nanties, la mort est au contraire devenue une perspective de plus en plus terrifiante.  La chirurgie plastique, les crèmes rajeunissantes et les entraîneurs personnels sont des denrées d’usage courant dans le monde occidental.  Les familles des militaires redoutent maintenant les engagements qui pourraient mettre en danger la vie de leurs fils et de leurs filles et vont jusqu’à s’y opposer. 

Les États-Unis possèdent maintenant des armes inimaginables il y a à peine quelques décennies.  L’arsenal de leurs alliés traditionnels les mieux armés semble vétuste en comparaison.  Mais les moyens militaires les plus formidables ne peuvent rien contre une vérité d’évidence toute simple, à savoir que dans tout affrontement opposant des combattants battus d’avance, mais dont les motifs irrationnels ont fait disparaître la peur à des soldats bien armés et entraînés, mais assez lucides pour avoir peur – les premiers profitant de l’Internet et d’autres technologies de communication modernes peu coûteuses –, le plus fort ne sera pas toujours vainqueur.  Il gagnerait peut-être à chaque fois sur un champ de bataille, mais les formes d’attaque non conventionnelle ont changé la nature de la guerre.  L’Amérique du Nord doit maintenant rajuster son tir et se défendre contre une chose qui n’est plus impensable. 

Que peuvent faire les pays qui figurent sur la liste de cibles des terroristes — notamment le Canada — pour réduire le risque que des catastrophes se produisent sur leur territoire?  Nous pourrions, par la diplomatie et l’aide étrangère, atténuer davantage certaines des causes du terrorisme, mais personne ne doit croire que la générosité et la compréhension triompheront à elles seules du terrorisme.  Les Canadiens doivent donc se défendre.  Dans l’examen, assez limité, qu’il fait ici de l’une de nos plus grandes faiblesses — nos côtes longues et accidentées —, le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense soutient que, pour maximiser nos chances de survie, le gouvernement du Canada doit répondre à trois impératifs : 

1.     privilégier le renseignement de sécurité, la clé de la sécurité du pays; 

2.     rationaliser les ressources du Canada en matière de sécurité nationale et améliorer ses structures de contrôle et de commandement, la coordination et les mandats du personnel afin d’en faire le meilleur usage possible, et  

3.     porter les ressources militaires à un niveau qui soit en rapport avec le produit national brut du Canada et ses responsabilités internationales (tout en rendant son programme d’aide étrangère plus crédible et en augmentant sa représentation diplomatique à l’étranger). 

Dans le présent rapport, le Comité s’attardera surtout à l’expansion et à la rationalisation des ressources militaires et d’autres ordres que le Canada consacre à sa sécurité maritime.


Les côtes du Canada : 

Les plus longues frontières mal défendues au monde 

On dit affectueusement de la frontière qui sépare le Canada et les États-Unis qu’elle est « la frontière non défendue la plus longue du monde ».  Mais les Canadiens ont des frontières encore plus longues : leurs côtes pacifique, arctique et atlantique, qui courent sur près d’un quart de million de kilomètres et ouvrent sur un territoire océanique de plus de dix millions de kilomètres carrés. Aucun autre pays n’a un littoral plus long que le nôtre.  

Après l’étude poussée qu’il a faite au cours de la dernière année, le Comité ne croit pas se tromper en disant de nos littoraux atlantique, pacifique et arctique qu’ils sont les frontières mal défendues les plus longues du monde. Vastes et vulnérables, elles sont malheureusement laissées presque sans surveillance. 

Les membres du Comité comprennent qu’une évaluation du risque s’impose, immensité du territoire oblige. Le Canada doit faire un tri, car il est incapable de défendre chaque bout de chaque littoral à chaque instant.  Mais s’il faisait un usage plus judicieux de ses ressources, elles constitueraient une défense moins perméable. 

L’absence de mesures de sécurité et de défense côtières adéquates est un problème pour les Canadiens et pour leurs alliés américains. Les États-Unis sont sans conteste une cible de choix pour les terroristes internationaux, pour ne pas dire qu’ils sont le cercle noir au centre de la cible, et il n’est pas exagéré de dire que le Canada est le cercle voisin.  C’est ainsi parce que nous avons des liens militaires avec les États-Unis, que nos modes de vie sont similaires et que nos marchés sont intégrés.  

De plus, le Canada peut servir de vecteur à quiconque voudrait frapper l’Amérique au cœur, et le gouvernement américain en est on ne peut plus conscient.  Comme le Canada et les États-Unis ont les échanges commerciaux les plus volumineux du monde — et que plus de 85 pourcent de nos exportations sont destinées aux États-Unis —, il s’agit de savoir « quand » plus que « si » des terroristes tenteront un jour de faire passer du personnel et des armes aux États-Unis via le Canada.  Et une attaque directe contre le Canada même est tout aussi probable. 

Par définition, l’élément de surprise est essentiel au type de guerre asymétrique que pratiquent les terroristes.  L’utilisation d’avions commerciaux comme armes dans les attentats du 11 septembre 2001 a sidéré tout le monde.  Après ce choc, la sécurité a été resserrée dans les aéroports internationaux du monde entier (encore qu’au Canada, elle ne l’ait pas été autant que le Comité l’avait recommandé).


Combattre l’inconnu

D’où le prochain coup viendra-t-il?  Il pourrait de nouveau tomber des airs, mais il pourrait tout aussi bien venir de la mer. Peut-être d’un conteneur, puisque seul un faible pourcentage des conteneurs en provenance de l’étranger sont inspectés dans les ports américains ou canadiens. Les terroristes pourraient aussi détourner un navire commercial, ou charger des armes sur de petits bateaux du genre de ceux que les contrebandiers utilisent avec succès depuis des siècles et venir les décharger dans des anses éloignées et isolées et les petits ports négligés qui constellent les côtes du Canada. 

Nous l’avons déjà dit, le Comité n’est pas naïf au point de croire que le Canada peut dresser le long de ses côtes une « Ligne Maginot » à l’épreuve de tous les indésirables. Le coût d’une telle défense serait incalculable.  Le Comité croit toutefois que le gouvernement du Canada pourrait fournir à ses citoyens et à ses voisins américains un système de sécurité et de défense côtières moins ambitieux, peut-être, mais plus efficace en faisant un meilleur usage de ses ressources. 


Alerter les Canadiens 

Le présent rapport se veut un volet de l’évaluation à long terme que le Comité fait de l’aptitude du Canada à contribuer à la sécurité et à la défense de l’Amérique du Nord.  Il fait suite aux quatre autres que le Comité a publiés ces deux dernières années sur la mesure dans laquelle le Canada peut se défendre et contribuer à la sécurité du continent.  

Il pourrait sembler étrange à certains qu’un comité sénatorial persiste à consacrer autant de temps et d’énergie à la question, mais nous le faisons pour deux excellentes raisons : 

·        nous estimons que la plus grande priorité de tout gouvernement national doit être d’assurer la sécurité de la nation et la protection physique de ses citoyens – c’est la raison d’être des nations —, et 

·        nous sommes convaincus que le naturel pacifique des Canadiens est une épée à deux tranchants, dans la mesure où le dégoût que la violence leur inspire les amène trop souvent à en ignorer le risque au lieu de chercher les moyens de le réduire. 

Comme l’a dit M. Danford W. Middlemiss, professeur de Sciences politiques à l’Université Dalhousie, lors d’une comparution récente devant le Comité, 

« […] les Canadiens et leurs gouvernements ne prennent pas les questions de défense et de sécurité nationale au sérieux, en partie parce qu'ils ont eu beaucoup de chance au cours de leur histoire, et ensuite en raison de leur situation géostratégique particulière qui les place tout à côté de la superpuissance amie du sud. » 

On ne peut toutefois pas dire que la situation géostratégique du Canada ne présente aucun risque (surtout quand on songe que le premier objectif du terroriste est de semer la destruction chez notre voisin immédiat).  Qui plus est, vivre à côté de la seule superpuissance du monde crée des responsabilités.  Défendre tous les Nord-Américains, où qu’ils vivent, implique de défendre l’ensemble de l’Amérique du Nord, ce qui signifie que le Canada a un rôle sérieux à jouer.  Nous, Canadiens, ne sommes peut-être pas obligés de participer à chaque initiative que les États-Unis décident de prendre en matière de sécurité, mais il serait quand même extrêmement judicieux, pour assurer notre propre avenir, de contribuer à défendre le périmètre nord-américain.  Il n’y a pas que le mode de vie américain qui soit en jeu, le mode de vie canadien l’est tout autant. 

Pour des raisons d’ordre moral autant que pratique, le Canada ne peut pas se permettre d’être la maillon faible de la sécurité de l’Amérique du Nord.


L’importance de la sécurité maritime 

Le présent rapport porte sur la mesure dans laquelle le Canada peut défendre ses eaux territoriales et aider à surveiller les côtes du continent.  À certains égards, il reprend l’étude du sujet là où le Comité l’avait suspendue dans La défense de l’Amérique du Nord : une responsabilité canadienne (septembre 2002).  Il sera suivi d’autres rapports sur la protection civile, le renseignement de sécurité et d’autres moyens dont dispose le Canada pour assurer sa sécurité. Ces rapports se veulent les éléments d’une politique en matière de sécurité nationale qui permette de faire un usage optimal des ressources du Canada. 

Nous faisons parfois état, dans celui-ci, des suites que le gouvernement fédéral a données aux recommandations faites dans nos rapports précédents.  Mais le présent rapport a avant tout pour objet d’exposer des lacunes de la sécurité maritime que nous n’avons pas encore spécifiquement étudiées.  Nous parlerons surtout de la situation sur le littoral du Canada, c’est-à-dire dans nos eaux côtières.  Il faut déterminer comment le Canada peut le mieux colmater les brèches béantes de la surveillance, du maintien de l’ordre et de la défense de ces eaux.


Ce dont traite le rapport

Dans le présent rapport, le Comité traite surtout des problèmes suivants :  

1.     LE MANQUE DE RESSOURCES POUR ASSURER LA SÉCURITÉ SUR LES CÔTES DU CANADA  

2.     LA NÉCESSITÉ D’UNE MEILLEURE SURVEILLANCE  

3.     LA NÉCESSITÉ DE RENDRE LES SERVICES DU RENSEIGNEMENT DE SÉCURITÉ PLUS EFFICACES  

4.     LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LA CAPACITÉ D’INTERCEPTION  

5.     LA NÉCESSITÉ D’ÉTABLIR UNE NOUVELLE STRUCTURE DE COMMANDEMENT  

6.     LA NÉCESSITÉ D’UNE COOPÉRATION INTERNATIONALE ACCRUE  

L’un des nombreux témoins éminents que nous avons entendus a bien formulé le propos général du présent rapport :  

« Je suis soulagé de ne pas avoir à m'asseoir avec mes anciens collègues des forces navales des États-Unis, et qu'on me dise: «Notre Garde côtière surveille les 200 premiers milles, et les forces navales s'occupent du reste. Comment fonctionnez-vous au Canada?» Je répondrais: «Je peux vous dire ce qui se produit après 200 milles, mais vous ne voulez pas savoir ce qui se passe dans les 200 premiers milles». Contre-amiral (à la retraite) Bruce Johnston, ancien commandant, Forces maritimes du Pacifique  


FORMAT PDF

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