Aller au contenu
SECD - Comité permanent

Sécurité nationale, défense et anciens combattants

 

Les côtes du Canada :

Les plus longues frontières mal défendues au monde


CHAPITRE CINQ : 

Nécessité d’une NOUVELLE STRUCTURE à la tête 

« Il est bien évident qu'il y a une absence de politiques dans ce domaine [de la sécurité maritime]. » Vice-amiral (retraité) Gary L. Garnett, vice-président national pour les Affaires maritimes, Ligue navale du Canada 

« Si nous avions un premier ministre ou un Bureau du Conseil privé qui priorisait l'état de préparation, la sécurité et le renseignement de sécurité en en faisant le point central de l'appareil du Conseil privé, doté d'amples ressources pour faire l'évaluation et d'une certaine capacité pour prêter main forte aux centres des opérations, nos grands dirigeants enverraient un signal clair à tout l'appareil de l'importance de la sécurité et de l'état de préparation. » M. Thomas Axworthy, président, Centre for the Study of Democracy, Université Queen's 

Plusieurs des témoins entendus par le Comité au cours des six derniers mois ont demandé que le gouvernement fédéral cesse de prendre au gré des circonstances les décisions qui s’imposent au sujet de toute la gamme des questions de sécurité auxquelles il est confronté. Nombre d’entre eux préféreraient qu’il adopte en matière de sécurité nationale une politique ayant pour fondement une structure nationale. 

Le présent rapport porte essentiellement sur la sécurité côtière, mais les lacunes politiques et structurales qui nuisent à la sûreté maritime du Canada nuisent également à la sécurité nationale du Canada sur tous les plans. 

 

L’indifférence à l’égard de nos côtes  

La responsabilité première de la Marine canadienne a toujours été la défense du Canada, mais, en vérité, nous ne prenons plus au sérieux depuis la Seconde Guerre mondiale la possibilité d’une attaque sur l’une de nos trois côtes ni d’une menace dans les Grands Lacs. La théorie « océanique » de la Marine canadienne a toujours voulu, et à juste titre, qu’il soit préférable de contenir les menaces aussi loin que possible du Canada.  

À une époque, cette approche avait du sens. À quelques exceptions près — Pearl Harbor étant la plus notable — l’Amérique du Nord a été un havre de paix pendant de nombreuses années. Cependant, la dynamique du combat a nettement évolué.  

Comme le vice-amiral Ronald Buck, chef d'état-major des Forces maritimes, ministère de la Défense nationale, l’a dit au Comité, « le terrorisme a modifié l'espace de combat . . . les terroristes ont changé la façon de penser la sécurité nationale ».  

« L’espace de combat » de l’amiral Buck englobe maintenant l’Amérique du Nord. Sauf que… la Marine canadienne ne défend toujours pas les eaux littorales du Canada de quelque manière valable que ce soit. Comme nous l’avons signalé précédemment, les prétendus navires de « défense côtière » de la Marine ne servent pas à défendre les côtes du Canada. Ils sont utilisés principalement pour la formation des réserves navales et sont dotés d’une capacité limitée de cartographie sous-marine et de dragage des mines.  

La Garde côtière canadienne n’a pas non plus pour mission de défendre les côtes du Canada. Si ce n’est qu’en de rares occasions, comme lors de la guerre du flétan noir, ses navires ne sont pas armés, ni ses équipages. Contrairement à la Garde côtière américaine, la Garde côtière canadienne n’est pas une force constabulaire. La recherche et le sauvetage, le déglaçage, le maintien d’aides à la navigation, l’application des règlements sur la pêche et la prestation de services de bateaux-taxis à d’autres ministères et organismes font partie de ses principales fonctions.  

La vaste majorité des abordages de navires suspects (il n’y en a eu que 23 au cours des cinq dernières années) ont été effectués par des agents de la Gendarmerie royale du Canada, qui se sont servis de leur propre flotte limitée de navires (voir l’annexe IX, volume 2) ou ont demandé à la Garde côtière de les transporter à bord des siens. Cette protection des vastes côtes Est et Ouest du Canada peut paraître insuffisante, mais la situation est pire encore dans la Voie maritime du Saint-Laurent et les Grands Lacs où la GRC, d’après les témoignages entendus, est virtuellement incapable de s’occuper des navires qui pourraient représenter une menace pour les Canadiens en particulier et les Nord-Américains en général.  

De toute évidence, l’Arctique est moins menacé par le terrorisme, mais il est de plus en plus vulnérable aux contestations territoriales devant les tribunaux, le passage du Nord-Ouest étant devenu une route de commerce lucrative en raison du réchauffement planétaire et l’exploration minière, chose possible. Il serait rentable de produire du pétrole dans l’Arctique à 30 ou 35 $ US le baril et la prospection gazière est déjà possible dans cette région aux taux actuels du marché.  

Les menaces à la sécurité et à la souveraineté du Canada se sont considérablement accentuées au cours des dernières années. Comment le gouvernement fédéral a-t-il réagi, à la tête, en ce qui concerne les secteurs de politique, la coordination opérationnelle et les dépenses liées à la défense maritime?  

 

Mesures prises au niveau stratégique aux fins de la sûreté maritime 

Immédiatement après le 11 septembre, comme nous l’avons déjà signalé, le gouvernement a créé le Groupe de travail interministériel sur la sûreté maritime (GTISM) « chargé de coordonner les efforts déployés dans le sens de la sûreté maritime, analyser nos systèmes maritimes pour s’assurer qu’ils ne comportent aucune lacune sur le plan de la sûreté et élaborer des mesures destinées à combler ces lacunes ». Dix-sept ministères et organismes fédéraux font partie de ce groupe de travail qui est présidé par Transports Canada.  

Le ministre des Transports David Collenette a décrit sa vision du GTISM dans une lettre adressée au sénateur Colin Kenny, président du Comité, le 17 juin 2003. « Une coordination efficace est essentielle à la réussite de toutes les activités axées sur la sûreté maritime. Une somme pouvant aller jusqu’à 16,2 millions de dollars sera répartie entre les ministères pour améliorer la coordination et la collaboration. » M. Collenette a décrit le Groupe de travail interministériel sur la sûreté maritime comme étant « le foyer central de la coordination de la sûreté maritime au Canada ».  

Si le GTISM est en réalité le « foyer central » d’une sûreté maritime améliorée pour le Canada, un certain nombre de questions se posent.  

La première a trait à la durée d’attention accordée à tout accord entre les ministères et organismes gouvernementaux pour régler de graves problèmes. Qu’advient-il de l’accord lorsque la crise semble s’être calmée? Le GTISM est un exemple typique. Le Groupe de travail est en réalité une simple réincarnation du Comité interministériel de coordination et d’examen des programmes qui a été créé en 1991 dans la foulée du rapport Osbaldeston pour améliorer l’efficacité et la prestation des programmes de la flotte maritime fédérale.  

Le capitaine Larry Hickey, chef d'état-major adjoint, Plans et opérations pour les Forces maritimes de l’Atlantique, ministère de la Défense nationale, a dit au Comité qu’il s’était agi d’une occasion ratée :  

« Nous pensions être sur le point de découvrir le secret de la collaboration interministérielle et de l'utilisation efficace de nos ressources maritimes. Ce ne fut pas le cas. Au cours des années 90, les relations interministérielles se mirent à stagner. . . le concept interministériel des opérations maritimes tombait en désuétude. Les compressions budgétaires étaient la principale cause de cette situation. . . Le Comité interministériel de coordination et d'examen des programmes fut démantelé en septembre 2001. »  

En fait, le comité — chose surprenante — a été démantelé le 17 septembre 2001, six jours après l’effondrement des tours jumelles du World Trade Centre. D’après l’information transmise au Comité par le ministère de la Défense nationale, il devait « servir de tribune fédérale pour cerner les exigences relatives aux programmes gouvernementaux pour le soutien aux navires, coordonner les activités interministérielles connexes en mer et faciliter l’utilisation des flottes de navires et des aéronefs du gouvernement ». Toutefois, comme le ministère de la Défense nationale l’a expliqué, les années ont passé et « la communication et la coopération interministérielles se sont améliorées à un point tel que la surveillance du CICEP n’était plus nécessaire ».  

Ce comité — de nature tellement fragile qu’on s’en est désintéressé pendant des années pour finir par l’abandonner, est ce qu’il est convenu d’appeler « le foyer central de la coordination de la sûreté maritime au Canada ». Jusqu’à ce que tout le monde se rendorme de nouveau?  

La sécurité des eaux côtières du Canada demeurera certes problématique pour les Canadiens — et tous les Nord-Américains — pendant de nombreuses années à venir. Selon les règles de la guerre asymétrique, plus nonchalants seront les Canadiens face aux menaces venant de la mer, plus susceptibles ils seront d’être victimes de terrorisme. En période de restrictions budgétaires et en l’absence de toute urgence, les bureaucraties ministérielles qui ont apporté leur collaboration à cet égard ont eu tendance à tourner leur attention vers des priorités dans leurs propres sphères d’attribution. C’est ce qui est arrivé et c’est ce qui pourrait facilement arriver de nouveau.  

Tout en applaudissant aux efforts mis en œuvre pour améliorer la communication en matière de sécurité au sein du gouvernement canadien par l’entremise du Groupe de travail interministériel sur la sûreté maritime, un certain nombre de nos témoins ont exprimé des doutes quant à l’importance du rôle que joue même actuellement le GTISM et quant à la probabilité qu’il continue sur sa lancée.  

Comme M. Peter T. Haydon, agrégé supérieur de recherches, Centre for Foreign Policy Studies, Université Dalhousie, l’a fait observer au Comité :  

« Je crois que le groupe fait le travail, mais je ne suis pas convaincu qu'il travaille à tous les problèmes que nous devons étudier. Il n'a pas le pouvoir nécessaire pour ordonner que des mesures soient prises. C'est un comité du personnel qui a produit un mémoire à l'intention du Cabinet, je crois, en novembre ou au début décembre pour proposer des modifications. Encore une fois, aucun sentiment d'urgence ou d'importance n'est attaché au travail de ce comité. »  

M. Danford W. Middlemiss, professeur au Département des sciences politiques de l’Université Dalhousie, avait lui aussi de bonnes choses à dire à propos du GTISM, mais il a signalé qu’il ne peut ni élaborer de politiques ni diriger la réforme : « Si nous nous contentons de l'excellent travail de ces groupes interministériels pour combler les lacunes existantes, ils ne vont pas manquer de le faire, et il ne se passera rien de plus que par le passé. Nous avons besoin de politiques. »  

 

Mettre fin aux cloisonnements  

Le Comité croit qu’il est important de signaler que le recours à des comités composés de représentants de différents ministères et organismes pour l’orientation en matière de sécurité pose un problème en ce sens que chacun de ces ministères et organismes est régi par sa propre loi et possède son propre mandat et que la sécurité des Canadiens constitue rarement le mandat principal. Il est douteux non seulement que le GTISM élaborera une politique ou acquerra le pouvoir « d’ordonner que des choses se fassent », mais également qu’il devrait élaborer une politique en matière de sécurité, étant donné l’éparpillement des priorités de ses membres.  

Pour ce qui est de la question du pouvoir qui lui est conféré, examinons cet échange entre le sénateur Day et Gerry Frappier, directeur général, Sûreté et préparatifs d’urgence, Transports Canada, et président du GTISM :

 

Le sénateur Day : « Votre groupe de travail veille à l'élaboration de la réglementation, mais il n'assure pas la mise en oeuvre par la suite. »

M. Frappier : « Vous avez raison. La responsabilité revient à chaque ministre... Pour les questions qui concernent plus d'un ministre, elles seront traitées au Cabinet et aux comités du Cabinet. »

 

 

Malheureusement, au niveau du Cabinet et des comités du Cabinet dont parle M. Frappier, il existe une autre lacune. L’ex-première ministre Kim Campbell a dissous le Comité du Cabinet sur la sécurité et la défense en 1993. M. Thomas Axworthy, qui a été secrétaire principal d’un autre premier ministre — Pierre-Elliott Trudeau — a indiqué au Comité qu’on avait commis une « grosse bévue » en se débarrassant de ce comité et il a demandé qu’il soit remis sur pied et puisse compter sur un personnel de soutien musclé au Bureau du Conseil privé :  

« [...] il faut augmenter beaucoup notre capacité centrale de gérer la préparation. Nous devrions réorganiser le comité du cabinet et charger le vice-premier ministre ou le premier ministre d'accroître substantiellement les ressources du Conseil privé. Dans mon mémoire, je recommande l'établissement d'un comité des mesures d'urgence -- il y aurait le Conseil national de sécurité aux États-Unis et un conseil des mesures d'urgence au Canada. Cette structuration aurait de grandes incidences. »  

« Le personnel du Conseil national de sécurité des États-Unis compte environ 200 personnes. De 25 à 30 employés travaillent dans la salle de gestion des crises située dans le sous-sol de la West Wing, qui a été inaugurée par l'ancien président Kennedy en 1961-62. Nous avons besoin d'une institution semblable au Canada. Il nous faut un organisme de cette envergure pour recueillir quotidiennement des renseignements, préparer des séances d'information à l'intention des ministres et du premier ministre, diffuser les renseignements dans le système et participer à des exercices conjoints. »

 

Du muscle là où il en faut  

Le Comité est d’avis que M. Axworthy avait tout à fait raison lorsqu’il a dit que, même si le gouvernement doit de manière générale fonctionner verticalement — afin que les différents ministères et organismes puissent concentrer leurs efforts sur leurs propres priorités — il y a des questions qui sont d’une importance telle qu’elles doivent être traitées horizontalement. Selon M. Axworthy, ces questions ne recevront pas l’attention qu’elles méritent à moins d’être prises en charge au cœur même de la structure du pouvoir :  

« Il existe une, deux ou trois questions horizontales susceptibles d'être considérées comme une priorité par l'ensemble, mais l'influence du Cabinet du premier ministre ou du Bureau du Conseil privé doit jouer, au centre. »  

À l’heure actuelle, l’élaboration d’une politique et d’une stratégie incombe à un comité composé de bureaucrates empruntés à différents ministères et organismes, qui ne relève d’aucun ministre exerçant une influence au Cabinet. Le Groupe de travail interministériel sur la sûreté maritime fait de son mieux, mais, posons-nous la question, est-ce la façon dont les Canadiens souhaitent qu’une question aussi vitale que la sûreté maritime soit traitée?

« Pour ce qui est d'utiliser ce dont on dispose afin de coordonner ces éléments de façon plus formelle, le groupe de travail interministériel de la sécurité maritime a préparé un mémoire destiné au cabinet sur la façon de réduire la vulnérabilité de la sécurité maritime du Canada. Ce rapport comportait un plan interministériel fondé sur une stratégie de gestion des risques et est une excellente base sur laquelle fonder une stratégie. Le seul petit problème à l'heure actuelle, c'est que ce plan figure dans un mémoire au cabinet et est par conséquent confidentiel. Nous sommes en train d'y travailler. Nous avons l'intention de rendre ce texte public. Cependant, une fois qu'il sera public, il est très important qu'il soit présenté comme un plan national de sécurité maritime et que nous travaillions d'arrache-pied pour réunir des spécialistes qui présenteront une stratégie maritime. » Capitaine Peter Avis, directeur, Politique, opérations et état de préparation maritimes, ministère de la Défense nationale

Gerry Frappier, président du GTISM, a dit ne pas savoir si le mémoire allait un jour être approuvé en tant que politique gouvernementale : « Quant à savoir si le résultat sera la rédaction d'un document qui énoncera la politique, nous n'avons pas encore pris de décision là-dessus. »

 

Une main ferme à la barre du gouvernail

Les membres du Comité croient que si l’on s’acharne à vouloir gouverner à la périphérie plutôt qu’à partir du centre, pour ce qui est d’une question aussi vitale que la sûreté maritime, les deux problèmes les plus lancinants continueront à se poser au niveau opérationnel : le sous-financement et le manque de coordination.  

Sans une politique nationale de sûreté maritime, le problème du financement inadéquat persistera. Une partie précédente du présent rapport portait précisément sur le manque actuel de ressources de la Marine, de la Garde côtière canadienne, de la GRC et d’autres éléments essentiels des Forces de défense maritime du Canada. Ils sont sous-financés, ce ne sont pas les preuves qui manquent, et le demeureront tant qu’il n’existera pas une politique nationale de sûreté maritime.  

Le capitaine Larry Hickey, chef d'état-major adjoint, Plans et opérations pour les Forces maritimes de l’Atlantique, a décrit le problème qui se pose lorsque divers ministères et organismes doivent décider, en fonction des circonstances, qui prendra la direction des opérations :  

« Une des choses que nous avons apprises dans le cadre de ces exercices que nous avons effectués, c'est que l'établissement de l'organisme responsable pour tout événement semble poser des problèmes. Les gens baissent les yeux lorsqu'on leur parle de cela, car généralement, c'est l'organisme responsable qui paie la note. »  

Non seulement cela mène à un manque général de ressources, mais le capitaine Hickey a signalé que les décisions à prendre peuvent tarder en cas de crise :  

« Il peut y avoir beaucoup de temps gaspillé au début d'un incident, car les ministères interviennent avec un point de vue très étroit, de façon générale. Je parle d'une situation où il faut réagir rapidement et non d'une situation où nous avons eu quelques jours pour réfléchir à la question. Cela se produit maintenant et il faut réagir. »  

Le capitaine Hickey a fait état d’un problème en particulier : « Il y a environ un an, on se rappellera qu'il y a eu un incident à l'occasion duquel un navire porte-conteneurs est arrivé à Halifax avec à son bord un conteneur suspect. Trois ou quatre organismes différents étaient au courant de la présence de ce conteneur, mais chacun d'entre eux a réagi différemment. Nous avons donc constaté qu'il y avait lieu d'établir un processus en bonne et due forme de réaction au renseignement. La GRC a pris la direction des opérations. »  

Le Comité est conscient des efforts mis en œuvre par le Groupe de travail interministériel sur la sûreté maritime pour réunir différents acteurs afin de pouvoir mieux intervenir en cas de crise et de tirer des leçons de chaque erreur. Cependant, sans une orientation centralisée, la courbe d’apprentissage sera vraisemblablement longue, ce qui pourrait être mortel.  

Si le GTISM demeure « le foyer central de la coordination de la sécurité maritime au Canada », il y a de fortes chances que nous ne disposions jamais ni des ressources ni des systèmes nécessaires à une intervention cohésive en cas de menace à la sûreté maritime.  

Les analystes de la sécurité qui ont comparu devant le Comité lui ont fait plusieurs suggestions quant aux meilleurs moyens à prendre pour élaborer et gérer la politique nationale de sûreté maritime. Il a été proposé qu’un ministère distinct responsable de la sécurité soit créé, qu’un comité parlementaire se charge de la question ou qu’un comité du Cabinet composé de ministres responsables de la défense de nos frontières (comme le ministre de la Défense, le Solliciteur général et le ministre du Revenu national) prenne la barre.  

Quelques représentants seulement du gouvernement ont soutenu que Transports Canada devrait continuer à mener la barque et aucun témoin de l’extérieur ne s’est dit de cet avis. Transports Canada est devenu essentiellement un ministère à vocation d’organisme de réglementation au cours des dernières années et est loin de posséder les ressources et l’influence de jadis. La seule raison pour laquelle il préside un comité responsable de la coordination de la sûreté maritime semble être de nature bureaucratique : la Loi sur la sûreté du transport maritime est une loi administrée par Transports Canada qui lui confère le pouvoir d’assumer la charge de la sécurité maritime.  

Malheureusement, le ministère ne dispose plus des ressources voulues pour s’acquitter de ce rôle. Transports Canada devrait être un ministère réglementaire comme le ministère des Finances et s’abstenir d’essayer de gérer des organismes comme le GTISM et l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA). Le fait que Transports Canada n’ait ni les ressources ni la capacité de coordination qu’il faut pour défendre les côtes du Canada semble avoir peu d’importance pour les décisionnaires.  

Le Comité ne croit pas que Transports Canada devrait diriger les efforts déployés pour combler les graves lacunes au chapitre de la sûreté maritime du Canada, ni que le GTISM a le pouvoir ou la structure qu’il faut pour qu’un véritable changement s’opère.  

Le Comité ne croit pas non plus qu’un comité parlementaire ou un comité de ministres responsables de la sécurité jouirait d’une influence suffisante pour donner un élan adéquat au règlement des problèmes que pose pour nous la sûreté maritime.  

Les propos de M. Haydon méritent d’être répétés ici :  

« [...] d'une façon ou d'une autre, il faut transformer ce comité interministériel, qui n'évolue pas à une altitude très élevée dans la sphère bureaucratique, en une bête qui a du mordant, pour que quelqu'un puisse dire: «Voilà qui est mauvais.» Il faut qu'il y ait une voie qui permet de prendre des questions urgentes comme celles-là et d'en saisir le Cabinet, que des décisions se prennent et que des directives soient données. »  

 

De la sécurité côtière à une vue d’ensemble nationale  

Le Comité n’avait pas l’intention à cette étape-ci de ses travaux d’aborder la question de l’architecture nationale de la sécurité. Le présent rapport sur la sécurité côtière fait partie d’une série de rapports devant servir à l’édification d’une meilleure structure de sécurité pour tous les Canadiens.  

·        L’état de préparation du Canada sur les plans de la sécurité et de la défense (février 2002) consistait en un aperçu des questions liées à la défense et à la sécurité nationale.  

·        La défense de l’Amérique du Nord : une responsabilité canadienne (septembre 2002) portait sur la défense aérienne et maritime du continent.  

·        Pour 130 dollars de plus… Mise à jour sur la crise financière des Forces canadiennes, Une vue de bas en haut (novembre 2002) décrivait le manque de volonté politique pour financer la sécurité et la défense du Canada et la nécessité pour les dirigeants militaires de pouvoir s’affirmer davantage dans le dialogue avec les parlementaires.  

·        Le mythe de la sécurité dans les aéroports canadiens (janvier 2003) faisait état du problème posé par la sécurité inadéquate dans les aéroports canadiens, surpassé uniquement par celui de la sécurité dans les ports canadiens.  

Alors, si le Comité concentre son attention dans le présent rapport sur la sécurité côtière, pourquoi soulever la question de la nécessité d’une infrastructure nationale de sécurité? Parce que la superstructure qui pourrait contribuer à l’amélioration de la sécurité côtière sera également utile à la gestion des crises au palier fédéral de manière générale. Les attentats terroristes, le dossier américain, la coordination du renseignement, les tempêtes de verglas, les pannes d’électricité, la défense côtière — et tous les autres événements importants de ce genre — méritent leur propre structure de gestion des crises. Cette question sera de nouveau examinée dans un rapport ultérieur, mais le Comité la soulève, parce que la défense côtière est suffisamment importante pour faire partie de l’ensemble des responsabilités du portefeuille.  

Le moment semble également être parfaitement bien choisi pour l’introduction de ce concept. Des changements importants au centre ne sont pas apportés à la fin d’un mandat. Il faut la perspective d’une nouvelle administration pour faire entrer ces questions en jeu, et c’est pourquoi le moment est bien choisi.

Proposition d’une nouvelle structure de sécurité nationale

Contexte  

Il semble acquis qu’il faille d’abord avoir une politique de sécurité nationale claire avant d’établir une structure nationale. La structure est toujours censée suivre la politique, mais cela ne vaut pas nécessairement dans le cas de la sécurité nationale.  

La sécurité nationale est une question fondamentale pour les Canadiens actuellement, tout comme l’unité nationale l’a été pendant près de deux décennies. La nature de la principale menace à la sécurité du Canada et à la sécurité de notre continent a clairement changé, et le Canada doit agir rapidement.  

Le Comité croit que le gouvernement du Canada devrait accorder la priorité à la sécurité nationale tout comme le premier ministre Trudeau a donné la priorité aux relations fédérales-provinciales dans les années 1970, lorsqu’il en a fait un dossier distinct au sein du Bureau du Conseil privé (BCP).

Notre approche actuelle est caractéristique de notre mode d’intervention au cas par cas dont les Canadiens semblent presque tirer un orgueil démesuré.  

Les ministères actuellement responsables du cadre national de la sécurité du Canada sont régis par des mandats définis par des lois qui ont été rédigées ou adoptées à des époques différentes et comportent des objectifs différents. Les efforts déployés présentement pour améliorer un aspect de la sécurité nationale — par l’entremise du Comité appelé le GTISM — sont révélateurs de l’approche générale adoptée par le gouvernement à l’égard de la sécurité nationale : convoquer les intéressés de temps à autre pour discuter de la question.

Cela pourrait convenir si la sécurité nationale était une question de second plan, mais ce n’est pas le cas. Nous ne pouvons pas faire du Canada un refuge. Nous devons cependant optimiser l’utilisation de nos maigres ressources de puissance moyenne de manière à ce que les Canadiens soient en sécurité aujourd’hui et que leurs enfants et petits-enfants le soient à l’avenir.  

Il est impossible d’atteindre cet objectif au moyen de comités spéciaux et sous la direction de ministres de second rang.  

Nous avons besoin d’un centre de gestion de crise, pour les catastrophes causées par l’homme et naturelles, et il faut que ce centre soit près du pouvoir. Nous ne voulons pas que la responsabilité en soit confiée au premier ministre, parce qu’il a trop de chats à fouetter. Nous voulons cependant qu’il soit suffisamment proche du premier ministre pour que celui-ci soit tenu régulièrement au courant et puisse intervenir au besoin.  

Quelles sont les crises qui nécessitent une main ferme au centre? L’attentat à la bombe contre Air India, la tempête de verglas, les inondations au Manitoba et au Québec, le SRAS, le virus du Nil occidental, la panne de courant en Ontario, les attentats du 11 septembre et les feux de forêt en Colombie-Britannique viennent immédiatement à l’esprit. Sans oublier la crise du FLQ, la crise d’Oka, l’attaque contre l’ambassade de Turquie, la maladie de la vache folle et la menace du terrorisme, tout autant de situations de crise qui pourraient, si on y fait mal face, entraîner la mort d’un grand nombre de Canadiens, miner notre économie et éroder nos rapports avec notre plus proche allié politique et économique.  

En règle générale, les catastrophes naturelles relèvent de la responsabilité de la Défense nationale et de Santé Canada alors que les catastrophes causées par l’homme ont tendance à relever de la responsabilité du Solliciteur général. Dans les deux cas, un éventail d’autres ministères et organismes sont appelés à intervenir, selon la nature de l’incident.  

La plupart des plans d’intervention indiquent que le ministre de la Défense nationale ou le Solliciteur général sont les ministres responsables, mais l’expérience a montré que lorsqu’un incident atteint certaines proportions, le Bureau du Conseil privé et le premier ministre sont appelés, par nécessité, à prendre la direction des opérations pour les raisons suivantes :  

o       Le problème a pris trop d’ampleur et touche de trop nombreux ministères.  

o       Les ministres responsables ne sont pas assez importants.  

o       Le ministère directeur compétent hésite à prendre la direction des opérations, parce qu’il lui faudrait assumer une grande partie des coûts.  

o       Le ministère directeur ne jouit pas d’une influence suffisante pour obtenir la coopération d’autres ministères.  

o       Le caractère politique de la situation veut que le premier ministre soit perçu comme étant responsable.  

Le problème est en fait beaucoup plus complexe, mais qu’il suffise de dire que le BCP/BPM est le seul organisme qui ait une perspective, une compréhension et une influence pangouvernementales.  

Cela dit, il n’y a que dix analystes au Secrétariat de la sécurité et du renseignement du BCP, le ministère du Premier ministre. Il n’existe pas de centre national des opérations muni des installations de soutien nécessaires, quoique plusieurs ministères aient des centres des opérations d’un genre ou l’autre. Les moyens de communication au BCP/BPM n’ont pas une redondance suffisante et il manque au centre même de notre gouvernement des choses rudimentaires comme une génératrice autonome.  

Des installations bien équipées sont difficiles à construire, coûtent cher et nécessitent un personnel compétent, et les différents gouvernements qui ont examiné la question en sont venus à la conclusion que le moment n’était pas tout à fait propice.  

Le moment présent est propice. Nous avons déjà dû faire face à plusieurs incidents et nous savons que le monde est aujourd’hui plus petit, plus complexe et plus dangereux. Le cas par cas est considéré comme une mauvaise gestion et un manque de sensibilité. S’ils veulent conserver le pouvoir, les gouvernements devraient comprendre que les Canadiens veulent que leurs impôts, leurs biens et leurs ressources soient utilisés de manière efficace et efficiente en période de crise. L’histoire récompense les premiers ministres et les présidents préparés à faire face aux éventualités.  

 

Nouvelle architecture centrale proposée pour les priorités du gouvernement

Au début des années 1970, lorsque le dossier québécois était au cœur des préoccupations du gouvernement fédéral, le premier ministre Trudeau a nommé Gordon Robertson, secrétaire du Cabinet et greffier du Conseil privé, au poste de secrétaire du Cabinet pour les Affaires fédérales-provinciales et Michael Pitfield, greffier et secrétaire au Cabinet. Cela a permis à un bureaucrate possédant une vaste expérience et une bonne compréhension des besoins du gouvernement de consacrer son énergie à l’unité nationale, et libéré le nouveau greffier pour lui permettre de s’acquitter de la difficile tâche consistant à agir en qualité de vice-premier ministre et d’administrer la fonction publique.  

La sécurité nationale a désormais acquis une importance semblable à celle du dossier québécois dans les années 1970 et une solution analogue vaut la peine d’être examinée. Nous avons besoin de quelqu’un de très haut placé, avec une bureaucratie d’expérience, pour s’occuper de questions comme la sécurité nationale.  

Parmi les dossiers à régler figure celui des États-Unis avec tout ce qu’il comporte comme interrelations complexes, dont le partage du renseignement de sécurité à la frontière, la coopération militaire, la défense du territoire et toute une gamme de questions commerciales.  

La gestion des catastrophes nationales, des attentats terroristes, du SRAS, des pannes d’électricité, etc., doit retenir l’attention d’une structure habituée à intervenir en cas d’urgence et capable d’analyser, de coordonner, de commander et de communiquer.  

Actuellement, c’est le vice-premier ministre qui, avec l’appui d’une petite poignée d’employés au BCP, environ 55 personnes, et d’un comité spécial du Cabinet, s’occupe du dossier américain et des questions frontalières. Ce serait là un fondement sur lequel asseoir une structure qui permettrait au Canada de délaisser la gestion au cas par cas pour adopter une approche qui lui permette de mieux faire face aux menaces asymétriques du XXIe siècle.  

Le Comité croit que les Canadiens auraient tout intérêt à ce qu’un vice-premier ministre fort (comme Don Mazankowski au sein du gouvernement de Brian Mulroney ou Allan MacEachen au sein du gouvernment Pierre Trudeau) soit nommé pour s’occuper de questions clés au quotidien, informer régulièrement le premier ministre et lui demander d’intervenir au moment crucial.  

Nous recommandons que la structure de sécurité nationale comporte les éléments suivants :

  ·          Un comité permanent du Cabinet présidé par le vice-premier ministre

·          Un secrétaire supplémentaire au Cabinet qui serait son haut représentant

·          Un secrétariat permanent au sein du BCP qui se consacrerait aux questions liées à la sécurité nationale

·          Une restructuration des procédures actuelles  

Le comité du Cabinet inclurait les ministres suivants :

·          Affaires étrangères

·          Défense

·          Solliciteur général

·          Santé

·          Finances

·          Justice

·          Immigration

·          D’autres au besoin

 

Le Secrétariat du BCP serait composé d’un nombre suffisant de hauts fonctionnaires bien au fait des capacités du gouvernement et des questions présentant un intérêt et comportant de l’importance pour le Canada.

Plus particulièrement, le Canada doit centraliser sa capacité de coordonner la collecte de renseignements de divers organismes canadiens du renseignement et d’alliés; d’analyser et de fusionner les renseignements recueillis afin qu’ils puissent être diffusés convenablement aux organismes clients; et d’organiser des séances d’information quotidiennes ou plus fréquentes à l’intention du premier ministre, du vice-premier ministre et d’autres intéressés, le cas échéant.

Le Canada doit pouvoir s’assurer que tous les ministères gouvernementaux travaillent de concert aux questions de sécurité nationale.

Le Canada doit pouvoir formuler clairement les souhaits du premier ministre, du vice-premier ministre et du comité du Cabinet de manière à préciser les résultats attendus et les règles d’engagement à l’égard de la sécurité nationale.

Le Canada doit pouvoir communiquer rapidement et efficacement en exerçant un droit de priorité sur les ondes si c’est nécessaire de même qu’oralement ou par écrit. Il doit s’assurer que le gouvernement se fait bien comprendre en période d’urgence et que ce dernier comprend bien, en revanche, les préoccupations et les besoins de la population.

Il y aurait lieu de créer un Centre national des opérations (CNO).

La principale caractéristique du CNO consisterait en des locaux où le comité du Cabinet pourrait se réunir en lieu sûr à proximité de la Colline du Parlement. Des locaux y seraient également aménagés pour que des représentants d’une cinquantaine d’organismes gouvernementaux puissent se rencontrer face à face et recevoir la même information sous différentes formes. Les installations comporteraient suffisamment de locaux pour les réunions de sous-groupes, des bureaux, la préparation d’aliments à petite échelle et des lits.

Toutes les installations offriraient une redondance suffisante des moyens de transmettre et de recevoir l’information et des services d’approvisionnement en électricité et en eau.  

Ce centre est l’endroit où la planification, une analyse constante et des exercices réguliers auraient lieu et où le gouvernement exercerait son leadership en cas d’urgence.  

Les installations incluraient des locaux où les médias participeraient à des séances d’information et auraient à leur disposition des services de communication au cas où les leurs deviendraient inopérants.  

1.     Une attention spéciale serait accordée à la communication avec les parlementaires et d’autres paliers de gouvernement.  

2.     Le haut personnel du centre inclurait un responsable occupant le rang de sous-ministre et une trentaine de hauts fonctionnaires ayant récemment pris leur retraite.  

Il s’agit dans ce dernier cas d’un nouveau concept qui a vu le jour en raison de la difficulté d’attirer des gens ayant les qualifications voulues pour travailler dans le domaine de la planification d’urgence. Les centres des opérations ne sont habituellement pas considérés comme attrayants dans les bureaucraties, parce qu’on s’y attache à faire un travail plutôt qu’à bâtir une carrière. Les gestionnaires y délèguent souvent des employés subalternes ou moins prometteurs. Dans ce cas-ci, c’est insuffisant.  

Ce qu’il faut, c’est un groupe de personnes ayant une vaste expérience, acquise notamment lors de crises antérieures, qui ont une bonne connaissance aux niveaux les plus élevés des capacités des divers ministères gouvernementaux et de leur personnel. Ces personnes seraient responsables de l’élaboration de plans de la coordination des exercices et de la supervision du Centre national des opérations et de son personnel de soutien.  

Les cadres supérieurs seraient recrutés parmi les employés de la fonction publique (ou d’ailleurs) prenant leur retraite et seraient nommés pour une période de deux à quatre ans.  

3.      Le dirigeant politique des opérations serait le vice-premier ministre. Cette personne serait responsable de la sécurité nationale et se verrait confier d’autres responsabilités pour ce qui est du dossier américain. Une structure de cette nature serait particulièrement avantageuse pour le premier ministre.  

Il arrive souvent qu’un premier ministre veuille prendre du recul par rapport à une question, mais il serait assuré, parce que le personnel ferait partie du BCP, que compte serait tenu de ses intérêts et qu’il pourrait plus facilement intervenir en cas de nécessité.  

4.      Les préposés à la sécurité nationale et le Centre national des opérations faciliteraient l’intervention de hauts responsables comme le Chef d’état-major de la Défense, le commissaire de la GRC et le directeur du SCRS, qui se réunissent rarement ou ont rarement l’occasion individuellement de rencontrer le premier ministre ou le vice-premier ministre. Nous aurions ainsi une gestion plus efficace des crises. Et le leadership en situation d’urgence s’exercerait sans heurts.

 


Recommandations

Le Comité recommande :

 

5.1.         Que le poste de vice-premier ministre devienne une composante permanente de la structure politique fédérale.

 

5.2.         Que le vice-premier ministre se voit confier en permanence la responsabilité du dossier Canada-États-Unis, des frontières, de la sécurité nationale, des catastrophes naturelles et causées par l’homme et des côtes[1].

 

5.3.         Que le vice-premier ministre soit assuré d’un soutien bureaucratique adéquat au sein d’une direction du Bureau du Conseil privé qui lui permette de financer et de diriger une structure pour la sûreté maritime en plus de s’acquitter des responsabilités énumérées au point 5.2.

 

5.4.         Que la structure de sécurité nationale englobant les éléments qui suivent soit mise en place dans un délai de 60 jours :  

  • Un comité permanent du Cabinet présidé par le vice-premier ministre

  • Le comité du Cabinet serait composé des ministres suivants :

­         Affaires étrangères

­         Défense

­         Solliciteur général

­         Santé

­         Finances

­         Justice

­         Immigration

­         D’autres au besoin

  • Un secrétaire au Cabinet supplémentaire à titre de haut représentant  

  • Un secrétariat permanent au sein du BPC se consacrant aux questions de sécurité nationale  

  • Un nombre suffisant au secrétariat du BPC de hauts fonctionnaires bien au fait des capacités du gouvernement et des questions présentant un intérêt et revêtant de l’importance pour le Canada  

  • Une restructuration des procédures actuelles pour que ce secrétariat puisse se pencher sur des questions de sécurité nationale et des questions de sécurité communes aux États-Unis et au Canada.

5.5.         Que le secrétariat permanent devant appuyer le vice-premier ministre soit créé dans un délai de deux mois et qu’il s’installe dans des locaux temporaires du gouvernement en attendant la construction du Centre national des opérations permanent.

 

5.6.         Que soit construit un Centre national des opérations équipé d’une « salle de gestion de crise », qui permettrait à un secrétariat permanent de surveiller constamment les événements internationaux et nationaux qui pourraient influer sur la sécurité nationale du Canada. Ce centre serait situé assez près du Bureau du Conseil privé pour qu’on puisse s’y rendre rapidement et serait assuré d’une redondance de moyens d’approvisionnement énergétique et de communication à l’échelle nationale.

 

5.7.         Qu’un centre des opérations en tous points semblables soit construit et utilise des sources d’énergie et des moyens de communication différents de ceux du centre principal.

 

5.8.         Que le calendrier de conception et de construction soit tel que ces centres seront pleinement opérationnels le 1er février 2005.



CHAPITRE SIX :  

Nécessité d’une meilleure COOPÉRATION INTERNATIONALE  

Le Comité a principalement mis l’accent dans ses rapports antérieurs, pour ce qui est de l’amélioration de la coopération internationale, sur la coordination Canada-États-Unis. Dans La defense de l’Amérique du Nord : une responsabilité canadienne, il a fait plusieurs recommendations à ce sujet, dont celles-ci :  

1.     Une collaboration et une coordination plus larges avec nos homologues américains.  

2.     La création d’un groupe de planification opérationnelle canado-américain qui serait composé de représentants de la marine canadienne, de la Garde côtière canadienne, de la marine américaine et de la Garde côtière américaine. Cette unité d’environ 50 personnes devrait être stationnée à Colorado Springs, à proximité des agents de planification du NORAD.

3.     La création de centres d’opérations multiministérielles à Halifax sur la côte est et à Esquimalt sur la côte pour recueillir et analyser du renseignement sur les expéditions et dresser un portrait opérationnel conjugué de tous les organismes gouvernementaux ayant affaire aux navires qui entrent au Canada, pour réagir aux menaces dirigées contre les côtes d’Amérique du Nord et pour concevoir des procédures destinées à répondre à tous les scénarios prévus, lesquels seraient composés de représentants de la Garde côtière américaine, de la marine américaine et de la marine canadienne.  

 

Dans le présent rapport, le Comité examinera la réponse du gouvernement à ses recommandations. Il se penchera aussi sur d’autres aspects de la nécessité pour le Canada et les États-Unis de coopérer à la défense de l’Amérique du Nord.  

Enfin, le Comité examinera la nécessité de mieux coordonner la surveillance et le renseignement avec des pays autres les États-Unis — surtout ceux ayant d’importants ports d’où partent une majorité de navires à destination du Canada.

 

Coopération Canada-États-Unis  

« Le dialogue et la compréhension existent [avec les États-Unis], mais il faudrait les renforcer. Les échanges sont toujours indispensables. Bien sûr, les Américains ont des méthodes différentes des nôtres. » Gerry Frappier, président du Groupe de travail interministériel sur la sécurité maritime (GTISM)  

Pour ce qui est des trois recommandations du Comité énumérées ci-dessus, il serait juste de dire qu’il y a eu au moins des progrès marginaux à l’égard de la première — une collaboration plus large avec nos homologues américains — bien que rien n’indique qu’un pays ou l’autre soit conscient de l’importance qu’il faut accorder à l’établissement et à la mise en œuvre d’un plan conjoint pour la défense du continent.  

La création du groupe de planification canado-américain est un exemple d’une amélioration marginale en ce sens, lequel s’est vu confier un mandat de deux ans en vue de l’amélioration de la coopération militaire à la protection de l’Amérique du Nord — une réponse louable à notre deuxième recommandation reproduite ci-dessus (qu’il y ait création d’un tel groupe de planification opérationnelle à proximité du quartier général du NORAD à Colorado Springs).  

L’enthousiasme ressenti au départ par les membres du Comité lorsque ce groupe de planification a été créé s’est atténué sous l’effet des lents progrès réalisés jusqu'à maintenant. Le Comité se trompe peut-être, mais bien que ce groupe soit appelé à jouer un rôle important dans l’harmonisation de la capacité de défense des deux pays, le rythme auquel il évolue ne dénote aucune espèce d’urgence.  

Tout d’abord, les bonnes nouvelles : le vice-amiral Ron Buck a dit au Comité que non seulement le groupe de planification avait été créé et s’était mis en marche, mais aussi que :

« En janvier, ce groupe binational de planification a terminé sa séance d'analyse de mission au Colorado. Il se lancera bientôt dans la rédaction de plans canado-américains pour améliorer la capacité des deux pays à travailler de concert. »  

L’amiral Buck a ajouté qu’un groupe de planification auxiliaire axé sur la défense côtière avait aussi été créé — le Groupe de travail sur les plans et la surveillance maritimes. Il a indiqué que ce groupe axera ses travaux sur la sécurité et la surveillance maritimes binationales et travaillera en collaboration avec le Groupe de travail interministériel sur la sûreté maritime et le Groupe de travail sur la surveillance maritime du NORAD, notamment. Il existe, a-t-il dit, une « coordination » entre ce groupe et les centres d’opérations de la Marine canadienne à Halifax et Esquimalt :  

«  Le groupe de planification est structuré de façon à rapporter tous plans conjointement par l'intermédiaire du vice-chef d'état major et par mon entremise et enfin aux deux formations côtières. Il s'agit donc d'une démarche uniforme et homogène. »  

Bien sûr, la troisième recommandation du Comité, reproduite ci-dessus, consistait en la création d’un centre d’opérations multiministérielles à Halifax sur la côte Est et à Esquimalt sur la côte Ouest, composé de représentants de la Garde côtière américaine et de la marine américaine. Comme nous l’avons indiqué précédemment dans le présent rapport, cette recommandation a été ignorée. La Marine canadienne, la GRC, la Garde côtière canadienne et d’autres organismes s’occupant de la sécurité côtière continuent à maintenir des quartiers généraux opérationnels distincts, sans personnel de liaison américain et sans centre de fusion.  

 

Les mauvaises nouvelles  

Créer un groupe de planification Canada-États-Unis est une chose. Convaincre tout le monde qu’il y a urgence et qu’il pourrait jouer un rôle très utile dans la défense de l’Amérique du Nord en est une autre.  

Par exemple, le Comité a recommandé qu’une cinquantaine de Canadiens soient affectés au groupe de planification à Colorado Springs. L’amiral Buck nous a dit que le Canada se proposait plutôt d’en envoyer 30. Ce chiffre se rapproche au moins de ce que le Comité avait en tête. Lorsqu’il a témoigné en avril, l’amiral Buck a reconnu que sept représentants canadiens seulement étaient en place à ce moment-là, mais il a ajouté qu’il s’attendait à ce que tous aient gagné leur poste d’ici l’été, moment où le groupe se mettrait « sérieusement » au travail.  

De plus, des représentants américains au groupe de planification « cumuleraient plusieurs fonctions » — c’est-à-dire qu’ils occupent d’autres postes dans l’Armée américaine ou au gouvernement américain. Selon l’amiral Buck, c’est une bonne chose —

« Nous devons nous assurer que le personnel américain qui fait partie du groupe de planification aura des liens opérationnels appropriés au sein des ministères et organismes américains. Il ne s'agit pas uniquement du département de la sécurité du territoire. »  

Il semble que le Département de la sécurité intérieure a tellement de conflits d’attributions avec le gouvernement américain qu’il faut à bord des représentants d’autant de groupes pour que des plans valables puissent être établis. Cela fait penser au raisonnement qui a débouché sur la création du Groupe de travail interministériel sur la sûreté maritime du Canada — réunir des gens qui ont d’autres priorités et les intéresser à une cause commune en espérant que tout ira pour le mieux.  

Jusqu’à quel point la mission du groupe de planification est-elle vraiment prise au sérieux.  

Il ne faut pas oublier que ni le Canada ni les États-Unis n’ont immédiatement consacré des ressources permanentes au groupe de planification. Ils se sont contentés en grande partie de réaménager les responsabilités du personnel existant du NORAD et du Northern Command à Colorado Springs.  

En fait, seuls quelques employés canadiens de plus ont été affectés à Colorado Springs jusqu’à cet été et les États-Unis n’ont pas encore consacré de ressources à plein temps à cette entreprise. Se pourrait-il que le Northern Command soit tellement occupé à essayer de se tailler une place au sein de la structure militaire américaine qu’il n’a pas beaucoup de temps à consacrer au Groupe de planification canado-américain?  

En août 2003, on pouvait lire ceci sur un site Web du ministère de la Défense nationale : « A ce jour, le Groupe compte 22 membres, dont 18 Canadiens[2]. » Le Canada avait en place 18 personnes seulement alors qu’il en avait annoncé 30, au tiers du mandat du Groupe. Quant à lui, le gouvernement américain n’avait affecté que quatre personnes à temps plein à la mission.  

Le colonel David Fraser des Forces canadiennes, codirecteur du Groupe de planification binational, a présenté au Comité canado-américain de coopération militaire un rapport dans lequel il disait, vu que 18 Canadiens et quatre Américains étaient en poste, que le Groupe était « doté de presque tout son personnel maintenant et je crois qu’il serait juste d’admettre qu’il ne fait que commencer son travail ».  

Il serait probablement également juste de dire que c’est peut-être une autre bonne idée qui ne mènera à rien.  

 

La coordination du renseignement Canada-États-Unis  

M. Ward Elcock, du Service canadien du renseignement de sécurité, a dit au Comité qu’il existait une coopération étroite sur le plan du renseignement entre le Canada et les États-Unis. M. Elcock a fait observer que Louis Freeh, ancien directeur du Federal Bureau of Investigation, avait dit lors d’une conférence à Whistler en mars 2002 que « À ma connaissance, et je tiens cette information de source sûre, il n'existe rien de comparable ailleurs dans le monde aux relations étroites qu'entretiennent les services de renseignement et d'application de la loi de nos pays respectifs dans le cadre du partenariat canado-américain [...] dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et l'espionnage. »

 

Coordination Canada-États-Unis en matière de douanes et d’immigration  

Plusieurs exemples des efforts mis en œuvre pour améliorer la coordination entre les responsables des douanes et de l’immigration au Canada et aux États-Unis ont été signalés dans le Chapitre trois — Nécessité d’une meilleure surveillance.  

Nous avons déjà dit que l’une de ces initiatives — le Ciblage des conteneurs en transit dans les ports maritimes — n’a aucun sens pour le Comité, puisque des inspecteurs des douanes américains sont affectés à Halifax, Montréal et Vancouver afin de cibler les marchandises dangereuses à destination des États-Unis, alors que des agents canadiens sont affectés à Newark et Seattle. Ces préposés au ciblage canadiens sont apparemment à la recherche de conteneurs qui pourraient faire des ravages au Canada, mais qui passent par les États-Unis pour atteindre leur objectif. Cela paraît improbable : des terroristes ont déjà été accusés d’être vénaux, mais aucun n’a jamais été accusé d’être aussi stupide. De l’avis du Comité, ces agents canadiens devraient être affectés à des points d’embarquement plus susceptibles d’attirer les terroristes.  

D’autres initiatives de l’Agence des douanes et du revenu du Canada (ADRC) — comme celle que le Canada et les États-Unis ont mise en œuvre pour accroître la sécurité aux frontières canadiennes et américaines dans les gares maritimes en adoptant une série de mesures repères — ont beaucoup plus de sens. La vérité, c’est qu’en dépit des allégations dans certains milieux américains que la sécurité aux frontières canadiennes laisse à désirer, jusqu’à tout récemment, les postes de douane et d’immigration canadiens aux points frontaliers étaient mieux dotés en personnel que les postes américains. Qui plus est, la formation semble supérieure au Canada.  

Comme M. Denis Lefebvre, sous-commissaire, Direction générale des douanes, Agence des douanes et du revenu du Canada, l’a dit au Comité :  

« L'Agence des douanes et du revenu du Canada a une école à Halifax où l'on apprend aux agents des douanes comment fouiller un navire. Il n'y a qu'une ou deux administrations douanières dans le monde qui ont de telles écoles. Notre centre a une excellente réputation. Nous accueillons des élèves d'autres administrations douanières. Nous serions ravis que des agents des douanes américains viennent y suivre notre cours. Les États-Unis n'ont rien de pareil. À cet égard, je suis convaincu que nous avons une longueur d'avance ». 

Le Comité croit que les deux principaux problèmes auxquels sont confrontés les agents des douanes et de l’immigration du Canada — non seulement aux points frontaliers américains, mais à d’autres endroits aussi — sont le manque de personnel formé pour utiliser le nouvel équipement de détection, qui souvent ne sert à rien, et le manque d’information préalable sur les passagers des navires, semblable à celle qui est fournie sur les passagers aériens en vertu de l’entente sur l’information préalable sur les voyageurs (IPV).  

Cependant, il faut faire remarquer au crédit de l’Agence des douanes et du revenu du Canada et de ses homologues américains qu’ils ont entrepris des initiatives qui servent de modèle aux accords de transport maritime du Canada avec d’autres pays. Par exemple, l’ADRC et le Service des douanes américain ont récemment mis en œuvre un programme dans le cadre duquel des données sur la cargaison en transit sont envoyées électroniquement dans le système de ciblage automatisé des États-Unis. Cela permet aux agents de procéder à un premier tri automatisé de l’information relative aux manifestes. Ce tri électronique économise un temps précieux aux préposés au ciblage et leur permet de concentrer leur attention sur les cargaisons à risque élevé.  

 

Le Canada et le monde  

Lorsque Mme Maureen Tracy de l’Agence des douanes et du revenu du Canada a comparu devant le Comité, elle a reconnu qu’il n’était pas toujours facile de cibler les chargements en provenance d’autres ports, parce que les agents ne sont pas toujours certains de l’origine exacte des différentes composantes d’un chargement. Pour reprendre ses propos : « Certains conteneurs ont toutefois une histoire un peu limitée. »

 

Un navire est chargé dans un port… arrive dans un autre port… décharge une partie de sa cargaison… prend à bord de nouvelles marchandises… poursuit sa route vers le port suivant… refait la même chose… et le cycle se poursuit.

 

Les conteneurs qui semblent provenir, dit-on, de Rotterdam, peuvent en fait provenir, disons, d’Algeciras. Certaines sociétés de transport maritime suivent plus scrupuleusement que d’autres le cheminement d’une cargaison.

 

Le Canada essaie actuellement de porter de 3 à 6 % le pourcentage national des cargaisons entrantes faisant l’objet d’une inspection ou d’une fouille à l’aide d’un moyen ou d’un autre. [Selon les témoignages entendus par le Comité, le taux serait de 8 % à Halifax.] Ces faibles pourcentages n’ont rien d’inhabituel — aucun pays ne peut se permettre d’inspecter toutes les cargaisons, voire la plus grande partie de celles-ci, à l’arrivée ou au départ.

 

Cependant, le Comité croit que les pays de bonne volonté peuvent nouer des rapports symbiotiques pour réduire la probabilité d’omission d’inspection des cargaisons dangereuses. Nous croyons que ces pays peuvent, au moyen d’accords bilatéraux, atteindre l’objectif visé par l’utilisation du système de ciblage automatisé des États-Unis (voir ci-dessus) : économiser un temps précieux aux responsables du ciblage et leur permettre ainsi de concentrer leur attention sur les cargaisons à risque élevé.

 

À cette fin, les agents des douanes doivent avoir une meilleure idée des cargaisons à faible risque.

 

Un réseau de collègues maritimes internationaux  

Certaines méthodes de fouille des navires et des conteneurs sont plus précises que d’autres. Différentes méthodes de fouille et d’inspection sont utilisées dans les ports modernes du monde. La plus précise consiste bien sûr à acheminer un conteneur vers un entrepôt et à le dépoter manuellement. De telles fouilles sont voraces en temps, coûtent cher et sont rares, pour des raisons évidentes.  

Figurent au nombre des autres technologies utilisées, dont l’efficacité varie en fonction des situations, le système d’inspection des véhicules et du fret (le SIVF, qui consiste en un appareil stationnaire à rayons gamma capable d’inspecter un conteneur en cinq secondes), le système de balayage à rayons gamma mobile, les détecteurs de rayonnement, les spectromètres Ionscan, les véhicules téléguidés, les camions outils et les détecteurs d’armes biologiques et chimiques.  

Le Canada doit conclure des accords bilatéraux en vertu desquels les autorités portuaires d’autres pays signataires donneront à nos agents des douanes avant qu’un navire ne parte pour le Canada :

 

o       Des détails au sujet du navire, de l’équipage et du fret

 

o       De l’information quant à la mesure dans laquelle il y a eu inspection du fret.

 

Des détails au sujet du navire, de l’équipage et du fret sont censés être envoyés par voie électronique aux agents des douanes des pays qui font partie de l’Organisation maritime internationale à compter de 2004. C’est aux transporteurs maritimes et aux groupeurs qu’il revient d’envoyer cette information. Dans quelle mesure peut-on se fier aux expéditeurs et aux groupeurs? Très peu de conteneurs sont chargés directement dans les ports, et la vérification par la police et les douanes des sociétés responsables des expéditions est négligeable. Le Comité croit qu’un système plus fiable pourrait être établi dans le cadre des accords de réciprocité en vertu desquels les autorités portuaires envoient des détails sur les équipages et les cargaisons.

 

Par ailleurs, les autorités portuaires pourraient — à l’aide d’un système de cotation numérique ou alphabétique — indiquer quelles marchandises ont été inspectées et dans quelle mesure. Par exemple, une note de 10 pourrait être attribuée à un dépotage manuel, une note de 7 à une inspection à l’aide d’une unité VACIS et ainsi de suite. Bien sûr, différentes combinaisons et permutations sont possibles. Des numéros plus élevés pourraient être attribués à des conteneurs fouillés dans deux ou trois ports signataires avant leur arrivée au Canada. Si le Canada signait des accords avec un certain nombre de pays, le ciblage serait peut-être beaucoup plus efficace lorsque les navires de charge arrivent dans nos ports.

 

Nous avons beaucoup à apprendre  

Les responsables de la sécurité au Canada devraient eux-mêmes procéder à certaines fouilles — outre-mer. Nous avons énormément à apprendre d’autres pays. Les États-Unis, par exemple, ont des responsables de la sécurité et du renseignement dans de nombreux ports à l’étranger. Pourquoi les agents du SCRS à l’étranger ne recueillent-ils pas des renseignements dans les ports d’où partent régulièrement des navires pour le Canada. Le Comité s’est laissé dire que la représentante du SCRS à l’ambassade du Canada à La Haye n’est jamais allée dans le port de Rotterdam par affaires, concentrant plutôt son attention sur la Cour internationale de La Haye. C’est une initiative louable, mais l’évaluation des navires suspects quittant les Pays-Bas pour le Canada l’est aussi.

 

Il y a beaucoup à apprendre à Rotterdam. Le port néerlandais fait l’objet d’une bien meilleure surveillance policière que les ports canadiens et il a adopté un système selon lequel sa police ne se limite plus aux incidents. Le système est plutôt axé sur les problèmes et comporte une approche utilitaire du règlement de ces problèmes. Les responsables ne se fient plus aux sociétés pour leur signaler les crimes commis — ils déterminent quels sont les genres de crimes commis et envoient des équipes qui procèdent à des enquêtes minutieuses.

 

Ce ne sont là que quelques exemples des leçons que le Canada pourrait tirer d’une étude approfondie sur la façon dont d’autres pays se servent de leur garde côtière, sur leurs techniques d’inspection portuaire et sur les méthodes qui fonctionnent le mieux pour eux dans les régions éloignées.


Recommandations 

Le Comité recommande :  

6.1.    Que les gouvernements des États-Unis et du Canada prennent au sérieux le travail du Groupe de travail et lui fournissent le personnel dont il a besoin.

 

6.2.    Que le gouvernement des États-Unis soit invité à affecter des agents de liaison aux centres d’opérations pluriministériels chargés de la fusionner et d’analyser le renseignement de sécurité sur la côte Est, sur la côte Ouest et sur les Grands Lacs si le gouvernement du Canada juge bon de créer de tels centres.

 

6.3.    Que le gouvernement du Canada conclue avec les principaux pays expéditeurs des accords bilatéraux de réciprocité définissant les moyens à prendre pour se fournir mutuellement à l’avance des renseignements sur les navires, les équipages, le fret et les marchandises ayant déjà fait l’objet d’une inspection.

 

6.4.    Que le gouvernement du Canada demande que lui soit présenté un rapport sur la façon dont les pays améliorent leur sûreté maritime, lequel traiterait plus particulièrement de l’utilisation des gardes côtières et des méthodes de lutte contre le crime et le terrorisme dans les ports et les aéroports.


[1] Le Comité se propose de rédiger des rapports sur les premiers intervenants, la communauté du renseignement et d’autres questions de sécurité. Le Comité a expliqué dans ce rapport-ci les raisons pour lesquelles la défense côtière devrait relever du vice-premier ministre et il présentera dans des rapports ultérieurs les raisons pour lesquelles il faudrait inclure la fusion des renseignements recueillis et le Bureau de la protection des infrastructures essentielles et de la protection civile (BPIEPC).

[2] Inside Washington Publishers, “Inside the Pentagon:  Examen des accords militaires conclus au cours des 50 dernières années… Le Groupe de planification canado-américain compte renforcer la collaboration en matière de défense », (14 août 2003). Disponible à l’adresse :  www.forces.gc.ca/site/focus/canada-us/pentagon2_f.asp. Site visité le 7 octobre 2003.


Haut de page