Délibérations du comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles
Fascicule 21, Témoignages du 21 octobre 2003
OTTAWA, le jeudi 21 octobre 2003
Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui à 18 h 05 pour étudier les questions relevant de son mandat (mise en oeuvre du Protocole de Kyoto) et en faire rapport.
[Traduction]
Mme Josée Thérien, greffière du comité: Il est proposé par l'honorable sénateur Buchanan que l'honorable sénateur Christensen soit la présidente suppléante jusqu'à la fin de la séance. Les sénateurs sont-ils d'accord?
Des voix: D'accord.
Le sénateur Ione Christensen (présidente suppléante) occupe le fauteuil.
La présidente suppléante: Honorables sénateurs, la séance est ouverte. Sont présents le sénateur Finnerty, le sénateur Merchant, le sénateur Spivak et le sénateur Buchanan.
Nous accueillons du groupe Delphi, Michael Gerbis et Mellisa Creede. Comme vous le savez, nous étudions les répercussions du Protocole de Kyoto, la meilleure façon de le mettre en oeuvre et de relever le défi d'une tonne. Nous avons entendu plusieurs témoins et nous avons voyagé à travers le pays pour entendre des témoignages. Nous avons hâte de prendre connaissance de votre exposé. Vous avez la parole.
M. Michael B. Gerbis, président et directeur du Clean Energy Business Unit, Groupe Delphi: Merci de nous avoir invités. Étant donné la vaste expérience de notre entreprise, nous croyons être en mesure de vous donner un bon aperçu du problème.
Lors de la préparation de cet exposé, le choix du titre s'est révélé être la chose la plus difficile. Généralement, mes interlocuteurs travaillent dans le secteur privé et nous nous entretenons du défi, des possibilités offertes par les technologies liées aux changements climatiques, des dangers issus des changements climatiques, comment y faire face, etc.
Je crois que lorsqu'on parle du changement climatique on doit parler des mesures à prendre. Ces mesures ne demanderont pas nécessairement de transformer l'ensemble de l'économie à une économie fondée sur l'hydrogène. Il faut agir par étapes et les petites étapes ont une grande signification.
Je pense qu'il serait à propos de parler de s'attaquer aux changements climatiques une tonne à la fois. On m'a demandé de présenter le point de vue d'ensemble de l'industrie au sujet des changements climatiques. Je veux vous donner un point de vue différent de celui des grandes entreprises — les gros émetteurs, ceux qui parlent de risque. Je vais vous donner le point de vue de ceux qui peuvent offrir les solutions: la solution aux changements climatiques, la solution à l'efficacité énergétique et la fourniture d'une énergie propre. J'adopterai une attitude plus positive que négative.
Je vous dresserai un tableau de cette industrie et ce qu'elle compte faire pour stimuler cette perspective et je décrirai les répercussions commerciales positives attachées à la résolution de ce problème. Je parlerai ensuite du défi d'une tonne, je résumerai le tout pour décrire comment ces solutions peuvent aussi aider le citoyen canadien à s'attaquer à ce problème.
Je voudrais débuter par mes messages clés. Premièrement, le changement climatique représente une importante perspective. Ce n'est pas seulement le risque dont nous entendons tous parler, mais c'est aussi une perspective — économique, sociale et environnementale. J'en reparlerai tout à l'heure.
Le deuxième point c'est que le Canada est innovateur — les connaissances, la technologie et la capacité — et peut s'attaquer à ce problème. Nous n'avons pas vraiment besoin d'aller à l'étranger bien que cela puisse s'avérer certainement utile pour nous. Il n'est pas irréalisable de remplir les engagements préconisés par le Protocole de Kyoto. Nous devons nous mobiliser, agir maintenant et adopter une approche différente.
En plus d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre, on en retirerait des avantages indirects considérables. Même si nous ne mettons pas en oeuvre le Protocole de Kyoto, nous devrions quand même continuer à réduire les gaz à effet de serre car il en résulterait de nombreux autres avantages.
L'élément le plus important de l'étude de votre comité est le fait que la mobilisation et la responsabilisation du public sont essentielles. Et là, le gouvernement fédéral peut jouer un rôle important en responsabilisant les citoyens et en leur donnant les moyens d'agir. Je reviendrai sur ces questions.
Nous voyons sur cette diapositive le plan d'action du Canada. Comme je l'ai dit, il ne s'agit pas simplement des répercussions du Protocole de Kyoto sur l'industrie malgré tout ce que nous avons entendu de négatif. Pour les fournisseurs de technologies et les personnes avec qui nous traitons, il s'agit des importants avantages connexes pour l'environnement. En éliminant une tonne de gaz d'émissions à effet de serre, on réduit le dioxyde de soufre, les particules d'oxyde d'azote, de mercure, et cetera. On assurera des bienfaits environnementaux importants.
Des avantages sur le plan social et sanitaire sont également présents. La vague de chaleur qui s'est abattue sur la France en est un bon exemple. Si cela nous était arrivé en même temps qu'une panne d'électricité, la situation aurait été grave car, comme en France, notre infrastructure sanitaire n'aurait pu y faire face. C'est un risque important.
Je laisse là les aspects négatifs pour passer aux aspects positifs, y compris les perspectives économiques. Nous avons un potentiel d'exportation considérable et le changement climatique ne fait que le renforcer avec la capacité d'accroître la productivité, la compétitivité et l'innovation au Canada.
Je vous donne quelques chiffres. Pour les fournisseurs de technologies, le changement climatique représente une perspective de 275 à 350 milliards de dollars par an au niveau du marché mondial et ces chiffres sont prudents. D'aucuns diraient qu'ils sont plus élevés. Cependant, ils augmentent et les taux de croissance annuels prévus se situent entre 5 et 10 p. 100. À titre de comparaison, le marché énergétique américain ne s'élève qu'à 350 milliards de dollars. Le secteur des énergies propres est d'environ 6,5 à 8 milliards de dollars — certains avancent le chiffre de 10 milliards de dollars pour l'année 2000. Toutefois, il augmentera jusqu'à 80 ou 90 milliards de dollars. C'est une perspective considérable.
Des possibilités existent aussi pour notre capacité d'approvisionnement. On oublie souvent que le secteur de l'environnement compte pour une très grosse partie de l'économie du Canada. C'est un secteur clé qui non seulement traite des problèmes d'élimination des déchets et coûte de l'argent aux compagnies, mais aussi leur permet d'être plus productives et concurrentielles.
Au Canada, l'industrie de l'environnement compte actuellement 6 400 entreprises qui emploient plus de 225 000 personnes. Dans le domaine des changements climatiques, il y a entre 600 et 1 000 sociétés, généralement dans la haute technologie avec une part importante de R et D, qui selon nos estimations ajoutent près de 3 milliards de dollars à l'économie et environ 23 000 emplois. Ce n'est certainement pas un petit secteur.
La diversité existe aussi entre les entreprises. Il ne s'agit pas seulement des technologies d'efficacité énergétique et d'énergie propre. Les solutions au changement climatique sont présentes dans tous les secteurs. On les trouve dans les systèmes d'immeuble intelligents et les matériaux de pointe tels que les matières et les moteurs légers utilisés dans les voitures. On les retrouve dans les entreprises de technologie de l'information qui modifient les systèmes de circulation pour réduire les temps morts, ce qui fait augmenter sensiblement l'efficacité des moteurs et diminuer les gaz à effet de serre. On les retrouve aussi dans les firmes biotechnologiques et dans d'autres entreprises.
Nous assistons à une énorme convergence de ces technologies dont le but est de trouver des solutions novatrices. Une entreprise québécoise qui a mis au point un laser servant à mesurer l'humidité des grumes en est un exemple. À quoi cela sert-il? Quand on connaît le taux d'humidité des grumes, il est possible d'optimiser sensiblement la production des ruches, donc de réduire la consommation d'énergie et encore plus les gaz à effet de serre.
On a adopté des approches différentes pour s'attaquer à ce problème et certaines de ces technologies sont uniques. Elles offrent des perspectives sur lesquelles nous pouvons miser et permettent l'essor de nouveaux secteurs de l'industrie. Elles disposent aussi d'une forte assise en R et D qui comprend une convergence des technologies.
Quels sont les atouts du Canada en matière de technologie et de solutions au changement climatique? Ils correspondent à ceux du secteur fournisseurs/ressources. Nous sommes forts en TI et dans les solutions de haute technologie; dans la production de pétrole et de gaz — en amont et en aval; dans l'amélioration de l'efficacité des raffineries; dans le transport; dans les industries primaires telles que l'exploitation minière et l'exploitation forestière; dans les solutions en matière d'énergie propre telle une petite centrale électrique et même dans les solutions traditionnelles en matière d'énergie propre tels les combustibles fossiles et les chaudières améliorées.
Au plan résidentiel, nous faisons aussi de rapides progrès en ce qui concerne les solutions de substitution dans le domaine des transports. Nous entendons tous parler des piles à combustible mais nous avons aussi de grandes réserves de gaz naturel et de biodiésel. Dans les résidences, nous avons de tout, depuis la construction R2000 aux fenêtres en passant par les murs solaires uniques introduits par GM dans leur usine d'Oshawa. Cela leur a permis d'économiser d'énormes sommes d'argent. Il y a aussi les systèmes CVC — chauffage, ventilation et climatisation — autrement dit les «entrailles» des bâtiments.
Dans la diapositive qui suit, je donne quelques exemples de ces technologies innovatrices. Certaines sont émergentes car elles font avancer la technologie actuelle. ATS Automation est un fabricant de produits solaires qui a mis au point un nouveau composé pour fabriquer des panneaux solaires à partir d'un mince film de plastique. Les panneaux sont fabriqués avec des billes de silicone. Cela veut dire que vous pouvez découper, de ce matériau, une feuille d'érable qui peut vous servir de pile solaire. Vous pouvez la coller à votre sac à dos et charger votre pile pendant que vous marchez. Ce produit est unique. Zyplex, une division de Dofasco, est en train de mettre au point un nouveau matériau de pointe — en acier léger — qui révolutionnera l'industrie automobile en diminuant le poids et en augmentant l'efficacité. Ces compagnies sont en train de relever le défi et elles ne sont pas les seules.
Pouvons-nous remplir nos engagements de Kyoto? La réponse est simplement oui. En fait, nous pourrions faire plus sans pour autant détruire notre économie comme l'ont suggéré certains. Toutefois, certaines mesures doivent être prises. L'industrie a besoin que le gouvernement fédéral lui indique la voie à suivre. Les entreprises prennent leurs décisions en tenant compte des risques et si elles ne comprennent ni les règles ni le cadre dans lesquels elles doivent évoluer, le risque augmente et les empêche d'agir. Le Protocole de Kyoto définit le cadre et prévoit la réduction d'une certaine quantité de leurs émissions de gaz dans un certain délai. Les entreprises réagiront car elles ont toujours réagi à ce qui touche l'environnement. Les solutions existent.
Nous devons agir dès aujourd'hui. Cependant, il faut adopter une approche novatrice et être capable de stimuler l'investissement du secteur privé et l'innovation. Il ne faut pas qu'il soit toujours question de programmes. Sur la somme de 2 milliards de dollars, 1,3 milliard de dollars ont été affectés, la majeure partie consacrée à des programmes. Certains de ces programmes sont de qualité mais nous avons besoin de mécanismes novateurs pour acheminer l'argent à ceux qui agissent.
L'éducation, la mobilisation et la responsabilisation du public sont essentielles. L'industrie a fait beaucoup et continue. De nombreuses initiatives comme le programme Défi-Climat ont vu le jour. Nombreuses sont les compagnies qui font du bon travail. Mais le temps est venu pour le public de se mobiliser et de faire quelque chose.
En ce qui concerne le défi d'une tonne, je tiens à souligner quatre messages clés. Pour que cela donne de bons résultats auprès du public, nous devons opter pour la simplicité. Prenons le titre «Le défi d'une tonne». Le public ne comprend pas encore ce qu'est un changement climatique. Il sera donc difficile de lui expliquer ce que signifie «une tonne». Si vous lui dites que cela revient à réduire le kilométrage d'un véhicule moyen d'environ 16 000 kilomètres — soit ne pas conduire leur voiture pendant un an — ils comprendront. S'ils savent que le défi d'une tonne réduira, mensuellement en hiver, de 500 $ le montant de la facture de consommation d'énergie d'une petite entreprise, ils comprendront. Le message doit s'adresser au Canadien moyen, il doit mentionner des choses telles que la santé, l'argent, les enfants, et cetera.
Nous devons faciliter les choses. Il est facile de dire que nous passerons à une économie fondée sur l'hydrogène ou que nous mettrons sur le marché des véhicules plus efficaces, mais si ces véhicules ne s'y trouvent pas, il leur sera difficile d'agir. Donc, nous devons pouvoir leur donner les moyens et les options. Si nous offrons des services de transport en commun convenables, il est probable qu'ils les utiliseront. Si ces services ne sont pas disponibles, ils utiliseront la voiture.
Enfin, nous sommes d'avis qu'il est toujours bon de mandater et de responsabiliser, c'est-à-dire mandater ou donner des directives, leur donner les outils et ensuite des incitatifs. Les points essentiels sont la consommation de carburant des véhicules, les économies d'énergie au domicile, les incitations financières et leur dire le coût réel de l'énergie et de l'eau — qui ne relèvent pas nécessairement de la compétence du gouvernement fédéral, mais il faut que ce soit ainsi. La Californie est un excellent exemple. À l'augmentation des prix, ils ont immédiatement réduit ou augmenté leur efficacité énergétique de 7 p. 100, sans aucun mandat. Les prix déterminent le marché. Je sais que d'autres questions se relient à ce sujet et c'est là qu'interviennent les mécanismes pour tenir compte des Canadiens qui peuvent être plus touchés que d'autres.
Enfin, le rôle du gouvernement consiste toujours à indiquer la voie à suivre et à montrer l'exemple. Au niveau des communications, le gouvernement a toujours réussi à aider dans l'effort d'éducation des citoyens, en leur faisant comprendre les avantages et en leur indiquant les possibilités ou les moyens pour obtenir ces avantages. Un tel schéma signifierait un changement de facilitateur et, nous l'espérons, un stimulant à l'innovation.
Le sénateur Spivak: Pouvez-vous nous donner un peu plus de détails sur les entreprises? L'une des façons de susciter l'intérêt du gouvernement et des chefs d'entreprise est d'utiliser un langage qu'ils comprennent. Il y a 6 400 sociétés. Quel pourcentage de l'économie canadienne représentent-elles? Par rapport au changement climatique et à l'énergie propre, qu'est-ce que cela représente?
M. Gerbis: Ces données relatives au secteur de l'environnement varient. On dit habituellement que d'environ 2,1 à 2,4 p. 100 du PIB proviennent du secteur de l'environnement. Le problème est tout simplement de les établir précisément. Par exemple, est-ce que Bombardier présente des solutions au changement climatique? Sa liaison ferroviaire à grande vitesse l'est, mais probablement pas ses motoneiges.
Le sénateur Spivak: Comparativement au secteur forestier — qui n'est pas un secteur important de l'économie — c'est un secteur important de l'exportation, n'est-ce pas?
M. Gerbis: C'est exact. Cela vaut également pour le secteur de l'environnement qui exporte près de 85 p. 100 de ses produits et services.
Le sénateur Spivak: Quel pourcentage représente l'industrie forestière? Le savez-vous?
Mme Melissa L. Creede, vice-présidente et directrice des Changements climatiques, Groupe Delphi: Je n'ai pas le chiffre exact en mémoire, mais je sais que le secteur de l'environnement est comparable au secteur forestier et à certains secteurs, à notre avis, très importants au Canada.
Le sénateur Spivak: C'est vrai. Je le sais parce que lorsque vous en parlez, les gens ne font jamais cette comparaison, c'est donc un bon argument.
Pouvez-vous nous parler plus en détail de ces compagnies? Vous en avez parlé brièvement. L'une de vos diapositives énumérait quelques compagnies. Pouvez-vous nous dire ce qu'elles font? Pouvez-vous nous donner un peu plus de détails?
M. Gerbis: Certaines sont mixtes. Stantec Global Technologies est l'une des plus grandes sociétés d'experts-conseils du Canada. Ils ont repris une technologie appelée EPSOP de Goodfellow Consulting, une petite entreprise. Cette technologie optimise l'efficacité à l'intérieur des fours électriques à arc pour l'industrie sidérurgique. Elle a permis de réduire de façon importante — je crois entre 10 et 15 p. 100 — le dioxyde de soufre, l'oxyde de diazote, les gaz à effet de serre, la consommation d'énergie, etc.
Lightyear Technologies est une compagnie de nanotechnologie qui met au point un large éventail d'applications. La nanotechnologie comprend des très petits — au niveau moléculaire — matériaux qui peuvent augmenter le stockage de l'hydrogène et améliorer l'efficacité des réactions chimiques. Je crois que Dupont ou Dow ont un microréacteur aux États-Unis dans lequel des atomes individuels se rejoignent pour réagir et créer un produit chimique pur. La majorité des usines chimiques traitent les déchets, elles ne traitent pas le produit que vous essayez de fabriquer.
Powerbase est une entreprise locale d'Arnprior, qui a mis au point un contrôleur de technologie de l'information qui optimise à distance les petites centrales électriques. La compagnie a actuellement un grand projet en Chine où elle relie à distance 150 petites centrales électriques, les optimise et augmente leur efficacité de 20 p. 100. Ils peuvent faire ça automatiquement à partir d'une station distante. Ils essaient d'utiliser la même méthode pour d'autres énergies propres.
L'entreprise IOGEN est située ici à Ottawa. Cette entreprise transforme la cellulose à partir du maïs, des déchets de bois, etc. en éthanol — qui est un gaz à effet de serre neutre — qui peut ensuite servir de carburant aux véhicules de transport, et cetera.
Mme Creede: Beaucoup de gens savent que de l'éthanol est produit à partir du maïs aux États-Unis. Par exemple, IOGEN utilise les déchets agricoles comme les enveloppes de maïs, et cetera. La culture du maïs pour produire du carburant a été très controversée. Le cas dont je parle est différent car on utilise des déchets.
Le sénateur Spivak: Nous en avons entendu parler à Washington. Cela signifie que durant le cycle de vie, vous réduisez la consommation d'énergie, ce qui n'est peut-être pas le cas quand vous cultivez du maïs.
Mme Creede: C'est exact. On utilise également des terres arables pour produire du combustible, ce qui suscite beaucoup de controverse car ce n'est pas le meilleur usage qu'on peut faire des terres agricoles.
Le sénateur Spivak: Effectivement.
M. Gerbis: DELCAN est une grande société de transport et de traitement des eaux usées. C'est une entreprise multidisciplinaire. L'une des seules choses qu'elle ait réussi à proposer, c'est un système de gestion du trafic — lui aussi intégré. Celui-ci repose sur la technologie des créneaux temporels qui permet de gérer les feux de circulation, entre autres, de toute une communauté ou d'une ville entière, pour fluidifier le trafic et limiter les temps morts.
Le sénateur Spivak: Comment des sociétés comme ZENON et Stuart Energy sont-elles financées? Le gouvernement consent d'énormes prêts à Bombardier et il subventionne fortement l'industrie du gaz et du pétrole. Que fait-il pour les autres?
M. Gerbis: Il prend certaines mesures. Plusieurs bons programmes, comme Mesures d'action précoce en matière de technologie, ou TEAM, ont été refinancés grâce à des fonds destinés à la lutte contre le changement climatique. Celui- ci contribue à promouvoir les innovations technologiques en la matière, tant au pays qu'à l'étranger. Il existe également un programme appelé Encouragement à la production d'énergie éolienne, ou EPÉÉ, qui favorise le déploiement des technologies éoliennes, lesquelles coûtent environ 1,7 c. le kilowattheure.
Nous avons aussi l'initiative fédérale «Prêcher par l'exemple», en vertu de laquelle le Canada envisage de tirer 20 p. 100 de sa consommation énergétique de sources d'énergie vertes ou écologiques. Il existe donc un certain nombre de programmes et d'initiatives destinés à appuyer l'industrie.
Je ne suis pas un évaluateur du programme, je ne peux donc pas vous en parler en détails, mais l'industrie continue de dire qu'elle a besoin de quelque chose de plus qu'un simple programme. Elle voudrait que nous fournissions les mécanismes lui permettant de développer des projets, au lieu de nous contenter de lui donner de l'argent pour s'occuper d'un site et voilà tout. L'industrie ne veut pas devenir une assistée sociale.
M. Gerbis: Oui. Les sociétés oeuvrant dans le domaine des technologies liées au changement climatique veulent que les règles du jeu soient les mêmes pour tous et, dans certains cas, pour être franc, elles souhaiteraient obtenir des avantages. C'est la raison pour laquelle nous avons favorisé ces autres secteurs par le passé.
Le sénateur Spivak: Avez-vous des documents établissant une comparaison entre ce que fait le gouvernement pour ces vieilles industries et ce qu'il accomplit pour ces sociétés? Ce serait très utile pour nous. Je sais que cela n'a pas seulement à voir avec le défi d'une tonne. Toutefois, cela nous donnerait une idée du caractère équitable ou inéquitable des règles du jeu. Ce serait aussi un bon sujet de conversation. C'est mieux que de dire qu'il faut faire quelque chose parce que la morale le dicte.
M. Gerbis: Bien sûr.
Le sénateur Spivak: Pourriez-vous nous fournir cela par écrit? Merci.
Mme Creede: J'aimerais ajouter qu'il y a également une différence entre les nouvelles technologies qui sont en phase de développement et qui ont besoin d'un coup de pouce pour percer et la plupart des solutions que nous proposons: apporter des changements progressifs aux produits existants pour les rendre meilleurs. Nous devenons des chefs de file dans ces domaines parce que nos secteurs sont déjà à la fine pointe.
Par exemple, dans le secteur forestier, nos usines de pâtes et papiers enregistrent d'excellents gains d'efficience, et ce, parce qu'elles y travaillent depuis des années. Elles exportent leur savoir-faire, pas parce qu'elles ont découvert une technologie nouvelle, mais parce qu'elles ont réussi à améliorer les techniques utilisées au fil des ans. C'est ce qui se passe dans tous nos secteurs traditionnels comme celui de l'automobile ou de la foresterie notamment.
Les secteurs du pétrole et du gaz sont aussi un très bon exemple. Ils ont mis au point de nombreuses technologies pour accroître leur efficacité, réduire les pertes de méthane et récupérer les gaz à effet de serre, entre autres. C'est tout simplement le résultat d'une évolution dont ils ont su profiter.
Il existe de nombreuses solutions. Elles ne se démarquent peut-être pas autant que celles proposées par les Ballard de ce monde, qui ont pris d'assaut la planète avec l'hydrogène, mais elles ont évolué avec le temps.
Le sénateur Merchant: J'aimerais en savoir un peu plus sur l'initiative visant à réduire nos émissions de gaz à effet de serre d'une tonne car c'est cela qui nous intéresse. C'est le défi qu'a lancé le gouvernement aux Canadiens et auquel il consacre pas mal d'argent.
Je crois que les contribuables voudront qu'on leur présente des moyens permettant de mesurer, éventuellement, l'efficacité d'un tel programme. Savez-vous jusqu'à quel point les Canadiens se sont engagés dans ce processus? Trouvez-vous que la population soit véritablement sensibilisée à ce défi? Quel est votre sentiment jusqu'à présent?
M. Gerbis: J'estime que le niveau de connaissances au sujet du défi d'une tonne est probablement assez minime. Pour parler franchement, les ministères commencent à peine à mettre en oeuvre leurs programmes de communication. Pour ce qui est des changements climatiques, je dirais qu'il y a eu un formidable élan de compréhension — ou tout au moins une prise de conscience. La ratification du Protocole de Kyoto y a fortement contribué. En réalité, le débat entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre a été fantastique pour le public. Il y a eu probablement trois ou quatre fois plus d'articles à ce sujet dans nos journaux, ce qui est une bonne chose.
Pour ce qui est de l'avenir, s'assurer de la participation du public sera tout un défi. Les citoyens ont déjà beaucoup de pain sur la planche; nous devons donc éviter de compliquer les choses. Cependant, il nous faudra éveiller leur intérêt pour cette question et leur donner les moyens d'agir. Beaucoup d'idées font leur chemin dans d'autres pays ou régions et elles donnent de bons résultats.
Mme Creede: Il convient aussi de noter que les citoyens croient, à tort, que c'est un problème de l'industrie, alors que celle-ci n'est pas le seul pollueur. En effet, elle n'est responsable que d'environ un tiers des émissions. La plupart des Canadiens — en partie parce qu'ils ne comprennent pas bien la situation et un peu parce qu'ils ne sont pas prêts à prendre le blâme — ne considèrent pas que leur propre comportement contribuera à changer les choses. Nous devons travailler là-dessus. Comme l'a fait remarquer M. Gerbis, il y a d'autres problèmes plus pressants, et c'est quelque chose de très abstrait et de très intangible. Nous devons nous efforcer de leur faire comprendre la pertinence de leur participation, par exemple, en établissant un lien avec la santé des enfants.
M. Gerbis: Nous avons lancé des initiatives avec Scouts Canada. Nous avons mis au point un concept parrainé à la fois par le gouvernement fédéral et un certain nombre d'organismes membres. Nous abordons les changements climatiques au travers de jeux, d'activités, d'événements, etc. Prenons l'exemple des bacs de recyclage: c'est un concept qui existe depuis des années, mais cela a pris un certain temps avant que le public ne s'investisse. Ce genre d'idée simple, qui sensibilise les jeunes ou la population en général, semble porter fruit.
Le sénateur Merchant: Lorsque nous étions à Washington, j'ai entendu dire que les bacs de recyclage remportaient beaucoup de succès, ce qui n'est pas du tout le cas dans mon quartier. Il y a très peu de bacs bleus. Toutefois, là où je vis, nous payons aussi une petite contribution pour la collecte des journaux. J'ai découvert que dans certaines villes, ce montant était pris en compte dans les taxes municipales et considéré comme une déduction automatique.
C'est peut-être une façon de mettre en oeuvre quelques-uns de ces programmes. Je reconnais que les gens ont beaucoup d'autres préoccupations plus importantes. Bien souvent, ils cessent de se soucier des questions de changement climatique dès que d'autres problèmes surgissent. Ce sera difficile d'obtenir la participation continue du public.
Le sénateur Finnerty: Pour compléter ce que vous venez de dire, j'ajouterai qu'il faut se concentrer davantage sur l'éducation dans les écoles pour que nos enfants s'intéressent à la question et qu'ils en parlent autour d'eux. Je sais que nous recevons, avec nos factures de gaz et d'électricité, des prospectus sur les économies d'énergie. C'est la première initiative du genre que j'ai vue ces derniers mois et je la trouve formidable. Mon fils s'est soudainement intéressé à l'éclairage dans notre salon et notre cuisine et a déclaré: «Pourquoi n'achetons-nous pas des ampoules ordinaires plutôt que des ampoules fluorescentes?». Je n'y avais jamais pensé. Je crois que cela nous permettra d'économiser beaucoup d'argent.
Existe-t-il des politiques ou des dispositions réglementaires gouvernementales particulières qui empêchent les sociétés de réaliser pleinement leur potentiel?
M. Gerbis: Je crois qu'il y en a quelques-unes. Tout dépend à qui vous posez la question. Par exemple, certains secteurs parleront du manque de financement de plusieurs initiatives ou du rôle que le gouvernement joue en tant qu'utilisateur premier et de l'importance que cela revêt dans les industries de la défense, de l'espace ou de l'aéronautique. Toutefois, nous ne voyons pas de mécanisme de facilitation semblable dans d'autres secteurs, comme ceux liés aux énergies propres ou aux changements climatiques. Certains programmes semblent s'orienter légèrement dans cette direction.
Il y a des gens qui parleront toujours de l'inégalité des conditions dans le secteur des énergies traditionnelles. Quand l'industrie nucléaire reçoit des subventions de l'ordre de 175 à 183 millions de dollars par année, alors que l'industrie de l'environnement n'obtient aucune aide, au point que l'association est tout simplement en train de s'effondrer, le message est négatif. L'autre exemple concerne les crédits alloués pour la R et D dans ces technologies, qui n'obtiennent pas les mêmes déductions fiscales que d'autres. Là encore, la situation change lentement.
Il n'y a rien de mal à jouer un rôle de premier plan et à affirmer: «Vous savez, il n'est pas mauvais d'accorder à ces sociétés, à ce groupe d'entreprises ou à ce secteur un avantage quelconque, plutôt que d'appliquer des règles du jeu uniformes». Nous l'avons déjà fait pour le pétrole, le gaz naturel et l'énergie nucléaire. Nous parlons d'une nouvelle économie à intensité carbonique moindre qui provoque une pollution atmosphérique réduite. Si c'est la voie que nous voulons qu'emprunte notre industrie, je ne vois aucun inconvénient à ce que nos dirigeants tentent de nous orienter dans cette direction. C'est simplement une question de transfert de dollars.
Je me souviens encore de l'époque où sont sortis les premiers ordinateurs personnels. Tout le monde parlait de la façon dont cette industrie allait supprimer des emplois, etc. Nous avons changé les choses en faisant simplement un transfert d'économie. L'argent est allé ailleurs, et nous avons bâti une industrie qui est extrêmement forte aujourd'hui.
Nous devons cesser de nous attarder sur les éléments négatifs et commencer à nous concentrer sur les points positifs. Il ne s'agit pas de nous placer dans une situation concurrentielle désavantageuse. En fait, si nous nous y prenons bien, le respect du protocole de Kyoto rendra nos industries plus compétitives sur la scène internationale et nous ouvrira de nouveaux débouchés pour l'exportation.
Mme Creede: On parle toujours du coût de l'environnement, mais ce coût profite bien à quelqu'un. Les sociétés dont nous avons parlé obtiendront des fonds. Les unes devront payer, mais d'autres recevront du financement. Comme l'a fait remarquer M. Gerbis, ce transfert permet de brasser de l'argent. Il ne s'agit pas d'argent neuf, mais simplement de transfert d'achat de technologie.
M. Gerbis: Je ne dis pas que ce soit la solution; ce ne sont que quelques-uns des exemples que l'on m'a cités. On pourrait aller jusqu'à affirmer que tout l'argent que le fédéral consacrerait aux infrastructures provinciales et municipales serait assujetti à des conditions en matière de transport en commun et d'efficacité énergétique. Peut-être que la taxe sur le carburant que vous payez sur votre VLT devrait être transférée à la personne qui investit dans un véhicule électrique. Ce sont quelques-uns des instruments qui permettent aux gens d'agir.
Mme Creede: Comme l'a fait remarquer M. Gerbis un peu plus tôt, le simple fait de faire payer aux gens le coût réel de l'énergie ou de l'eau change les comportements. C'est la raison pour laquelle on trouve en Europe des laveuses et des sécheuses économiques qui consomment peu d'eau. C'est même devenu la norme en raison des coûts élevés de l'énergie et de l'eau. Vous ne pouvez plus acheter de machines à laver énergivores ou qui ne limitent pas la consommation d'eau. Nous avons toujours donné une fausse idée de ce que coûte l'énergie; c'est pourquoi nos habitudes d'achat de technologies et nos comportements n'ont pas changé. Il n'est pas nécessaire d'y accorder une grande importance; il s'agit simplement d'appliquer le coût réel.
Le sénateur Finnerty: Qu'est-ce qu'un mur accumulateur de chaleur?
M. Gerbis: Il s'agit d'une technologie très simple. Je suis étonné qu'elle ne se soit pas développée. Je ne suis pas sûr que ce soit un revêtement d'aluminium, mais cela lui ressemble. Les installations de CANMET, qui dépendent de Ressources naturelles Canada et sont établies à Kanata, en sont équipées, tout comme General Motors, je crois, à Oshawa. Il s'agit d'un bardage plat brun ou noir dans lequel ont été percés des trous. Ce dispositif permet simplement de réchauffer l'air qui se trouve entre le mur et le revêtement. Lorsque la température augmente, l'air chaud monte, passe par une bouche située dans la partie supérieure et se répand dans l'édifice. C'est phénoménal. Nous exportons cette technologie dans beaucoup de pays en voie de développement pour le séchage des fruits et des légumes.
Le sénateur Finnerty: Est-ce qu'on l'utilise ici?
M. Gerbis: Certaines compagnies le font, mais ce n'est pas répandu. Le coût n'est pas vraiment prohibitif. Il s'agit simplement d'adopter un nouveau mode de pensée. C'est comme la biotechnologie — beaucoup de gens se demandent à quoi cela va servir. Ils n'en voient pas l'utilité, mais il suffit d'un élément déclencheur pour que les figures de proue se ruent dessus.
Le sénateur Finnerty: Est-ce qu'on peut l'utiliser dans une maison normale?
M. Gerbis: Je ne suis pas sûr qu'on puisse, mais je ne vois vraiment pourquoi il en serait autrement.
Mme Creede: Je pense que cela fonctionne mieux aux endroits où l'entrée et la circulation de l'air sont importantes, ce qui n'est pas le cas dans une maison normale. Mais dans une usine, la plupart des dépenses concernent le chauffage et le refroidissement de l'air provenant de l'extérieur — en hiver comme en été. Toutefois, la circulation de l'air dans une maison n'est pas importante au point de rendre ce dispositif rentable.
Le sénateur Kenny: J'aimerais poser une question à propos d'un commentaire émis par le sénateur Finnerty. Je ne suis pas sûr d'avoir bien entendu votre intervention au sujet de votre fils qui aurait dit que les ampoules ordinaires sont plus efficaces que les ampoules fluorescentes. Est-ce vrai?
M. Gerbis: Non, habituellement les ampoules fluorescentes sont plus efficaces que les autres.
Le sénateur Finnerty: Qu'en est-il des luminaires cylindriques à encastrer? Je suppose qu'ils ne sont pas fluorescents.
Le sénateur Kenny: Il est possible d'utiliser les ampoules fluorescentes dans des douilles de lampes anciennes. Il me semble qu'elles sont très chères, mais au bout du compte, elles sont probablement plus rentables.
Le sénateur Finnerty: Il a lu un article selon lequel nous devrions changer toutes nos ampoules, et nous en avons environ 40 dans notre résidence.
Le sénateur Kenny: Je n'étais pas très sûr de ce que vous entendiez par ampoule ordinaire.
Le sénateur Finnerty: Une ampoule ordinaire de 60 watts ferait tout aussi bien l'affaire, mais ce n'est pas très esthétique.
Le sénateur Kenny: Cela coûterait donc plus cher qu'une ampoule fluorescente, n'est-ce pas?
Le sénateur Buchanan: Certaines petites ampoules fluorescentes durent jusqu'à 50 p. 100 plus longtemps que les autres, paraît-il.
M. Gerbis: Normalement, les ampoules fluorescentes sont plus chères, mais elles ont une durée de vie extrêmement plus longue et consomment beaucoup moins d'énergie.
Je vous invite à vous intéresser à une nouvelle technologie appelée diodes électroluminescentes ou DEL. B.C. Hydro vient de l'installer dans ses édifices. Ce sont de petits dispositifs fantastiques que l'on peut utiliser pour les réverbères et autres systèmes d'éclairage et qui permettent d'économiser jusqu'à 90 p. 100 d'énergie. Je ne sais pas si on peut les comparer aux éclairages fluorescents ou incandescents, mais ils offrent une très grande clarté. En fait, les gens disent que c'est même mieux que la lumière fluorescente. Dans un bureau, l'éclairage fluorescent fatigue. Ce système d'éclairage offre une grande luminosité et repose sur un dispositif d'avant-garde selon lequel les électrons émettent de la lumière lorsqu'ils se déplacent en orbite ou quelque chose du genre. C'est un système à la fine pointe de la technologie.
Actuellement, son coût est élevé; il faut attendre de sept à huit ans environ pour qu'il soit rentable. Toutefois, je crois que nous devons aussi changer ce paradigme. Il est tout à fait raisonnable d'espérer accroître l'efficacité énergétique d'un édifice de l'ordre de 30 p. 100 au bout de 10 ans étant donné que la durée de vie d'un immeuble est normalement de 40 à 60 ans. C'est un autre obstacle que l'industrie doit surmonter.
Le président suppléant: Vous avez dit que les gens ont du mal à visualiser et à s'imaginer ce que représente le défi consistant à réduire d'une tonne les émissions de gaz à effet de serre. Je trouve que c'est un beau slogan accrocheur — une tonne, ça a l'air de quelque chose de très gros. Je pense qu'il serait très opportun d'insister là-dessus lorsque vous ferez la promotion de cette initiative, en dressant la liste de tout ce qu'on peut faire pour relever ce défi. Soudainement les gens réaliseront: «Mon Dieu, je peux réduire les émissions de gaz à effet de serre d'une tonne simplement en prenant quelques habitudes». Reconnaissez-vous que c'est un bon slogan, mais qu'il faut le mettre à profit?
M. Gerbis: Je ne suis pas un vendeur d'annonces publicitaires, mais je crois que la clé du succès consiste à rattacher le message à quelque chose que le public comprendra.
Le président suppléant: Il me semble que vous pouvez vous servir des enfants, dans les écoles, pour faire passer votre message. Lorsque les enfants rentreront à la maison, ils diront: «Maman, voilà ce que nous pouvons faire». Par exemple, sensibiliser les enfants dans les écoles aux produits dangereux et autres substances qu'ils retrouvent sous l'évier de la cuisine ou dans la salle de bains a été l'une des meilleures façons d'intéresser les gens à ces questions.
M. Gerbis: J'ai enseigné à l'université et dans des collèges pendant plusieurs années, et nous avons beaucoup parlé, à l'époque, de la réduction des déchets. Les gens n'ont jamais réussi à faire de liens. Ils ont toujours pensé que ce qu'ils feraient ne changerait rien au problème. Ce n'est vraiment que lorsque j'ai fait un lien avec ce que représentait une cannette par jour toute l'année, qu'ils ont compris. J'ai apporté ma collecte d'un mois et je la leur ai montré. C'est ainsi qu'ils ont réalisé. Je leur ai alors expliqué que sur toute une année, le nombre de cannettes accumulées permettrait de remplir une pièce au complet. Les enfants n'ont pas idée de ce que représente une tonne, mais si vous leur dites que cela équivaut au poids de 100 de leurs camarades réunis ou quelque chose du genre, ils comprennent.
Le président suppléant: Comment envisagez-vous de mesurer les résultats de cette initiative sur une base individuelle?
Mme Creede: C'est en effet un grand défi. Pour que le gouvernement du Canada puisse s'en prévaloir pour justifier son respect des engagements en vertu du Protocole de Kyoto, il lui faut utiliser des méthodes quantifiables et vérifiables. Pour ce faire, il évaluera les progrès accomplis au chapitre des transports publics, de la réduction des décharges ou des déchets organiques déversés dans les lieux d'enfouissement, entre autres. Toutefois, ce sera un défi. Au bout du compte, si tout le monde participe, mais que nous n'arrivons pas à évaluer les effets, ce ne sera pas bon pour nos engagements dans le cadre du Protocole de Kyoto, mais ce sera bon pour tout le reste. Si les gens font des choses qu'on ne peut pas véritablement évaluer, cela va un peu à l'encontre des principes de Kyoto, mais l'objectif reste quand même atteint. Il y aura certaines mesures liées au transport, à la production de déchets et à la consommation d'énergie. C'est ce qu'il y a de plus facile à mesurer et à quantifier.
M. Gerbis: L'une des façons de procéder consiste à remonter à la source. Consumers Gas sait ce que consomme la population qu'il dessert. Vous ne verrez pas nécessairement une réduction, mais vous pouvez voir une différence par ménage ou par individu. Il faut prendre en compte le nombre de degrés-jours. Si l'hiver est froid une année et qu'il est plus clément l'année suivante, vous verrez une diminution, mais cela ne veut pas nécessairement dire qu'il y a un accroissement de l'efficacité.
Le président suppléant: Vous pouvez mesurer l'efficacité des nouvelles voitures ou des équipements électroménagers vendus sur le marché, entre autres.
Certaines sociétés ont évidemment déjà entrepris des réductions et trouvent cela avantageux. Ce qui n'est pas le cas partout. Pouvez-vous expliquer pourquoi? Est-ce simplement une question de mauvaise gestion ou y a-t-il d'autres raisons pour lesquelles certaines sociétés acceptent volontiers de relever le défi pendant que d'autres sont réticentes à le faire?
M. Gerbis: La réduction des déchets est une question de culture. Lorsqu'on apporte un changement, qu'il s'agisse de mettre en oeuvre un nouveau système informatique ou de vouloir modifier la façon dont on gère l'énergie ou les déchets, il faut laisser à tous le temps de s'adapter.
Depuis un certain temps, je constate que les entreprises qui ont, par exemple, un bon programme de réduction des déchets offrent aussi un régime avantageux de prestations de maladie, en plus d'entretenir de bonnes relations patronales-syndicales et de bien s'acquitter de leurs responsabilités sociales. Ces chefs de file sont généralement ceux qui introduisent les innovations et réussissent à en tirer parti, alors que les retardataires cherchent toujours des excuses.
Le président suppléant: Comment pourrions-nous puiser chez ces dirigeants le dynamisme qui manque à ceux qui n'arrivent pas à suivre le rythme?
M. Gerbis: La promotion du programme Défi-Climat et la mise en valeur de l'industrie dans son ensemble sont déjà deux mesures très profitables. Il faut se réjouir du fait que Dofasco et les autres sociétés métallurgiques aient réduit leur consommation énergétique de 1 p. 100 par an au cours des dix dernières années et se soient engagées à poursuivre leurs efforts pendant la prochaine décennie. La consommation énergétique de Dofasco est énorme comparativement à la consommation résidentielle.
Mme Creede: Il y a un autre élément à prendre en compte. Certains secteurs ont déjà eu à composer avec de nombreux règlements différents au cours des cinq à dix dernières années. Par exemple, le secteur forestier, qui utilisait beaucoup d'énergie à une certaine époque, a dû réduire sa consommation. S'il devait la diminuer encore davantage, sa tâche serait compliquée par d'autres règlements non reliés au Protocole de Kyoto.
Deux facteurs entrent en jeu. À quels autres règlements ces secteurs ont-ils dû se conformer au cours des années précédentes, alors qu'ils avaient déjà peut-être récolté ce que certains appellent les fruits les plus accessibles? Ils ont pris les mesures les moins pénibles; il leur est très difficile d'en faire davantage. L'autre facteur est lié au cycle de vie des immobilisations. Par exemple, si une chaudière dont la durée de vie est de vingt ans a dû être installée il y a quatre ans pour respecter un autre règlement, l'entreprise ne pourra pas profiter des seize années de vie utile qui restent à la chaudière si on doit la remplacer maintenant. Par contre, une autre société dont la chaudière arriverait à la fin de sa vie utile aurait plutôt avantage à la remplacer, car elle profiterait d'une technologie plus efficiente et en tirerait des avantages financiers supérieurs à tous les problèmes encourus.
La situation peut varier considérablement d'un secteur ou même d'une entreprise à l'autre. Cela explique partiellement les réticences de certains. Une société peut déjà avoir été frappée de nombreuses exigences et devoir appliquer de nouvelles mesures sans que ses investissements initiaux aient encore porté fruit.
Le président suppléant: Un programme gouvernemental pourrait servir à dédommager les entreprises qui, comme dans votre exemple, perdraient seize années de vie utile d'une chaudière parce qu'elles devraient la remplacer plus tôt que prévu.
M. Gerbis: Voilà un très bon exemple de mécanisme financier qui pourrait faire le bonheur de l'industrie. Vous pourriez changer la déduction pour amortissement. Supposons qu'une chaudière a une durée d'amortissement de 35 ans; si on réduisait tout à coup cette durée à 20 ou 15 ans, les réinvestissements se feraient plus rapidement, ce qui favoriserait l'innovation et l'introduction de nouvelles technologies. Les sociétés se rendraient compte qu'elles peuvent profiter de la déduction sans user leur équipement jusqu'à l'extrême limite et qu'elles peuvent investir dans une nouvelle technologie plus efficiente qui leur assurera des économies annuelles et un rendement plus rapide sur le capital investi.
Le président suppléant: Et le gouvernement ne perdrait rien au change. Tout le monde en sortirait gagnant.
Le sénateur Buchanan: Vous avez parlé des fours électriques à arc, une technologie qui m'a toujours intéressé.
Dans ce cas particulier, est-il question de réduction ou d'économie d'énergie? De quelle façon cela est-il possible?
M. Gerbis: Je ne suis pas au courant des détails techniques, mais je crois comprendre que le mécanisme de contrôle règle l'influx de matières premières et ajuste les autres éléments de manière à optimiser la quantité d'électricité utilisée.
Le sénateur Buchanan: J'ai lu quelque chose à ce sujet. Comme vous le savez, les fours électriques à arc sont alimentés avec des matériaux de récupération. J'ai lu que l'on pouvait réduire la consommation d'énergie électrique dans ces fours. Il faut, pour ce faire, doser différemment les types et les quantités de matériaux de récupération utilisés. Est-ce de cela dont vous parlez?
M. Gerbis: Je ne suis pas certain, mais je peux vous fournir davantage d'information. J'ai de la documentation que je peux vous montrer, si cela vous intéresse.
Le sénateur Buchanan: Vous parliez de Dofasco. Est-ce que l'entreprise utilise cette technologie?
M. Gerbis: Je crois qu'elle l'a installée, mais je n'en suis pas sûr. Dofasco est le chef de file.
Le sénateur Buchanan: Si Sydney Steel était toujours en activité, elle donnerait le ton en matière d'économie d'énergie au moyen des fours électriques à arc.
Le président suppléant: Beaucoup de témoins — surtout à Washington — nous ont parlé de la pile à hydrogène. Quelles possibilités à court, moyen et long terme offre, selon vous, l'hydrogène pour la réduction des gaz à effet de serre?
M. Gerbis: À quel aspect faites-vous référence à court, moyen et long terme? À la technologie?
Le président suppléant: La technologie nécessaire pour faire de cette innovation un dispositif d'utilisation courante.
M. Gerbis: Contrairement à bien des gens, je ne crois pas que l'hydrogène doive être considéré comme la solution à tous les problèmes. Il semble que certains y aient vu la panacée tant recherchée et aient décidé d'investir des sommes considérables, ce qui lui procure un avantage par rapport aux autres technologies. Peut-être que tout fonctionnera bien un jour, mais il y a encore beaucoup de questions à régler relativement à l'hydrogène. Nous le fabriquons toujours à partir de combustibles fossiles. Lorsqu'on tient compte de la reformulation, de l'entreposage et de la consommation comme telle, les économies ne sont pas aussi considérables que celles annoncées. La pile à combustible peut atteindre un taux d'efficience de 50 à 60 p. 100, mais c'est sans compter les étapes de compression et de stockage. Il a fallu notamment reformuler le gaz naturel. Encore là, il faut faire attention aux statistiques et à la façon dont elles sont présentées. Par exemple, de nombreuses études ont indiqué que la combustion du gaz naturel par un moteur idoine permettait un taux d'efficience pouvant avoisiner — et parfois même dépasser — celui obtenu au moyen d'une pile à combustible. La situation va-t-elle s'améliorer? Certainement, avec tout l'argent qu'on y consacre.
En outre, il faudra investir considérablement dans les infrastructures. On pourra toutefois tirer parti de nombreux éléments déjà en place, comme les voies de transport et les installations de gaz naturel — bien que l'offre et la demande de gaz naturel représentent une autre source de préoccupation.
La production d'hydrogène à partir d'éléments renouvelables est une avenue qui apparaît intéressante. Pour l'instant, cette solution est onéreuse, il faut bien l'avouer. On doit tenir compte de facteurs comme la biomasse et les coûts élevés de l'énergie solaire. Une approche intéressante consisterait à profiter des périodes de faible demande en hydroélectricité pour produire de l'hydrogène qu'on emmagasinerait pour plus tard. Il ne faut cependant pas y voir une solution à tous les maux. Nous ne devons pas mettre tous nos oeufs dans le même panier.
Il faut aussi considérer les questions relatives à l'environnement. Si deux millions de véhicules circulent dans les rues de Toronto par temps très froid en produisant de la vapeur d'eau — ce qui est déjà le cas, mais la situation va se détériorer —, vous pourriez avoir un problème. La vapeur d'eau est un gaz à effet de serre. Cette solution est pourtant envisagée dans une optique de recyclage.
Mme Creede: Si un jour l'hydrogène est produit à partir de l'eau — et nous allons en arriver là — et si la planète est aux prises avec des pénuries, est-ce que ce sera une bonne idée d'utiliser l'eau pour produire du combustible? Ce n'est pas tellement un problème avec une pile à combustible stationnaire, parce qu'elle peut capter l'eau, la réutiliser ou en faire tout autre usage. Dans un système mobile, comme une auto, il serait difficile de trouver un mécanisme de dimension raisonnable permettant toutes ces utilisations. Il faudrait donc faire le plein avec de l'hydrogène qui a été créé autrement.
Comme M. Gerbis vous l'a dit, la vapeur d'eau constitue un problème. C'est un gaz à effet de serre qui fait monter les taux d'humidité. Il y a tellement d'éléments à prendre en compte. Si tous les véhicules de la planète fonctionnaient à l'hydrogène, nous aurions un problème. Pour ce qui est des postes d'alimentation fixe, tout dépendrait de leur emplacement.
L'utilisation de l'eau m'inquiète tout particulièrement car on en manque déjà dans la plupart des pays du monde. Bientôt, les pays développés seront aussi touchés par ces pénuries.
Le président suppléant: Dans ma ville, le brouillard de glace créé par les appareils de chauffage en hiver est un problème majeur. Si les véhicules à pile à combustion entrent en scène, nous n'y verrons tout simplement plus rien dans nos rues.
Mme Creede: Il n'existe pas de remède miracle. Nous allons devoir puiser de l'énergie à toutes les sources, en procédant de façon logique et exhaustive. Ainsi, il est insensé de transporter du gaz naturel d'un pays à l'autre. Il est normal d'utiliser le gaz naturel dans les régions où il y en a. Il est aussi logique d'utiliser l'hydrogène dans les régions où il est possible d'en produire facilement. C'est toutefois difficile au sein d'une économie mondialisée, car les voitures sont fabriquées de la même façon partout. Tous les manufacturiers utilisent le même type de réservoirs à carburant notamment. Il faut donc agir de façon conséquente. Si on veut réellement régler les problèmes environnementaux et optimiser l'utilisation de l'énergie, il faut utiliser les ressources en place dans la région où on en a besoin, plutôt que de les déplacer d'un secteur à un autre.
Je crains également que l'hydrogène soit considéré comme la solution à tous les problèmes. Ce n'est pas le cas pour bien des raisons, sans parler des difficultés supplémentaires liées au transport dans des régions incapables de le produire ou de l'emmagasiner.
Le sénateur Kenny: Je ne comprends pas votre argumentation. Qu'est-ce que le transport vient faire là-dedans? Pourquoi ne pas laisser le prix décider de tout? Si vous expédiez du gaz naturel dans un marché où il devient le combustible le moins cher, quel est le problème?
Mme Creede: Je ne dis pas que c'est une mauvaise chose en soi. Mais cela engendre d'autres complications. Cela crée des systèmes pouvant rendre un pays dépendant d'un autre, alors même que ce pays dispose peut-être d'un autre type de ressources. Ainsi, un pays peut être balayé par de forts vents et ne pas tirer parti pleinement de cette ressource, se contentant d'acheter du gaz naturel à l'étranger.
Le sénateur Kenny: Pourquoi le ferait-il si cela n'est pas rentable?
Mme Creede: Pour toutes les raisons dont nous avons déjà parlé. Les règles du jeu ne sont pas toujours les mêmes pour les nouvelles technologies qui émergent.
Le sénateur Kenny: Je comprends. Le consommateur ne peut à lui seul uniformiser les règles du jeu. Ne devrait-il pas alors choisir l'option énergétique la moins coûteuse?
Mme Creede: Je suis d'accord avec vous. À long terme, si nous voulons établir une stratégie énergétique viable — pour les cinquante ou quatre-vingts prochaines années —, nous devons examiner toutes les options, pas seulement une.
M. Gerbis: Selon notre système économique et la façon dont nous mesurons les coûts actuellement, l'énergie nucléaire peut sembler la solution la moins onéreuse, si l'on ne tient pas compte des coûts d'immobilisation des centrales dans la projection.
Le sénateur Kenny: Je crois qu'il faut inclure ces coûts dans la projection.
M. Gerbis: D'après moi, les centrales nucléaires n'ont aucune obligation à remplir au Canada.
Le sénateur Kenny: Ce n'est pas vrai non plus. Elles ont des obligations, mais pas suffisamment, du point de vue de notre comité.
M. Gerbis: Je ne fais que donner des exemples de solutions à moindre coût, selon le mode de calcul utilisé. Il faut aussi tenir compte des questions liées à la qualité de l'air et des répercussions sur l'environnement. Il faut se demander, par exemple, combien d'asthmatiques doivent être traités aux urgences.
Le sénateur Kenny: Je crois que nous sommes tous d'accord quant au principe de l'établissement du coût en fonction d'un cycle complet. Mais nous savons tous aussi que cette option n'est pas envisageable à court terme.
Mme Creede: Je pensais à la situation dans 50 ou 80 ans d'ici. Je voulais surtout faire valoir que, pour planifier un modèle énergétique fondé sur l'optimisation de l'efficience, de la viabilité et de la protection de l'environnement, il ne faut pas se limiter à une seule solution. Les options sont aussi nombreuses que les sources dans lesquelles on peut puiser.
M. Gerbis: La sécurité est maintenant une question primordiale. Il faut y penser toutes les fois qu'on importe un combustible quelconque. Notre approvisionnement dépend alors d'une source dont le contrôle nous échappe. C'est dans ce contexte que la production d'énergie à partir de différentes sources — y compris le charbon, le nucléaire, le soleil et le vent — est un gage de sécurité accrue. On limite ainsi les répercussions d'une augmentation soudaine du prix d'un combustible ou de tout autre problème associé à une autre source d'énergie.
Le président suppléant: Si je comprends bien ce que vous nous dites depuis tout à l'heure, une kyrielle de possibilités s'offrent à nous. Plutôt que d'investir des sommes considérables dans une solution unique, nous devrions envisager l'ensemble des options, considérer ce qui est disponible et voir ce que nous pourrions développer comme solutions de rechange pour l'avenir.
Selon votre expérience, qu'est-ce qui motive le plus les entreprises à prendre des mesures pour réduire les gaz à effet de serre?
M. Gerbis: Dans le cas des gros pollueurs, c'est le risque d'être pénalisés pour leur inaction. Les économies, bien évidemment, sont aussi un incitatif puissant.
Le président suppléant: Diriez-vous que le risque est le principal facteur de motivation?
M. Gerbis: Oui.
Le président suppléant: Des mesures coercitives efficaces constitueraient-elles un pas dans la bonne direction?
M. Gerbis: C'est l'une des solutions envisageables.
Un système d'échange national de droits d'émission peut contribuer grandement à réduire le risque, pour autant que son cadre soit bien étayé et clairement présenté à l'industrie. C'est comparable à ce qui se passe à la bourse de Toronto. Le cadre est en place, et les intervenants peuvent s'arranger entre eux en fonction de règles établies. Les entreprises doivent connaître l'orientation choisie, les règles à suivre et le cadre de fonctionnement. Dans un contexte où les risques sont ainsi limités, les entreprises peuvent intégrer leurs pratiques novatrices pour satisfaire aux normes établies et en faire même davantage.
Mme Creede: La réglementation n'est qu'un des éléments susceptibles de limiter les risques. Ceux-ci peuvent diminuer également lorsqu'on connaît bien les rôles des gouvernements ou les grandes tendances à l'échelle planétaire.
Le président suppléant: Nous vous remercions beaucoup pour vos témoignages qui ont été pour nous d'un grand intérêt.
La séance est levée.