La santé des Canadiens Le rôle du gouvernement fédéral
Rapport final
Volume six : Recommandations en vue d'une réforme
PARTIE II : MESURES VISANT L'EFFICIENCE
CHAPITRE DEUX
Restructuration et financement des hôpitaux au Canada
À quelques
exceptions près, les hôpitaux canadiens existent à titre d’entités sans
but lucratif[1].
Ils appartiennent le plus souvent à des sociétés sans but lucratif ou à
des organisations religieuses, mais parfois à des administrations municipales
ou à des universités. Abstraction faite des hôpitaux psychiatriques, les
administrations provinciales et territoriales sont rarement propriétaires
d’hôpitaux. Dans tous les cas toutefois, la vaste majorité des revenus des
hôpitaux proviennent d’une source unique : le ministère de la Santé
provincial ou territorial.
TABLEAU
2.1
DÉPENSES
HOSPITALIÈRES AU CANADA, DE 1986 À 2001
(en
pourcentage du total des dépenses en soins de santé)
|
|
1986 |
1991 |
1996 |
1998 |
2001 |
|
Colombie-Britannique
Alberta Saskatchewan Manitoba Ontario Québec Nouveau-Brunswick Nouvelle-Écosse
Île-du-Prince-Édouard
Terre-Neuve
|
37,0 39,8 34,3 39,3 37,9 46,9 42,6 47,0 38,6 46,2 |
34,1 39,1 34,0 37,8 36,0 44,4 40,9 46,1 38,9 47,8 |
30,4 30,1 26,7 33,2 33,2 38,0 39,1 38,7 36,1 43,4 |
29,6 29,8 26,3 32,1 30,6 38,4 36,8 40,5 35,6 41,4 |
28,1 29,9 28,2 30,0 29,6 36,4 38,1 37,8 34,7 39,3 |
|
Moyenne
au Canada |
41,0 |
39,9 |
34,9 |
34,1 |
33,2 |
Source
:
Calculs effectués par la Division de l’économie de la Direction de
la recherche parlementaire de la Bibliothèque du Parlement sur la base de
données de l’Institut canadien d’information sur la santé, « Dépenses
de santé des gouvernements provinciaux et territoriaux par affectation des
fonds et par source de financement, 1975-2001», Base de données sur les dépenses
nationales de santé (BDDNS).
Nota : Les hôpitaux
comprennent tous les hôpitaux approuvés par les administrations provinciales
qui offrent des soins de courte durée, des soins prolongés et des soins de
longue durée, des services de réadaptation et de convalescence, des soins
psychiatriques, ainsi que les postes de soins infirmiers et les hôpitaux isolés.
La « moyenne au Canada » représente la moyenne provinciale non
pondérée.
Les
administrations provinciales ont versé quelque 32,1 milliards de dollars aux
hôpitaux en 2001[2]. Cela représentait
presque le tiers des dépenses des administrations provinciales et
territoriales en soins de santé. Les hôpitaux constituent la plus grande catégorie
de dépenses en soins de santé au Canada. Toutefois, leur part diminue de façon
significative. Par exemple, en 1986, les hôpitaux étaient à l’origine
d’environ 41 % en moyenne du total des dépenses provinciales en soins
de santé. En 2001, la moyenne est tombée à environ 33 % (voir le
tableau 2.1). Cette baisse marquée est imputable principalement aux
changements survenus dans les connaissances et les technologies qui permettent
de plus en plus d’établir le diagnostic et de dispenser des thérapies en
toute sécurité à l’extérieur des hôpitaux et, par conséquent, à la
diminution des effectifs et à la restructuration des hôpitaux à l’échelle
du pays. Parallèlement à la baisse de la proportion des dépenses de santé
consacrées aux soins hospitaliers, on observe une progression du pourcentage
qui est affecté aux soins à domicile et à d’autres formes de soins
communautaires.
Dans le
volume cinq, le Comité a énoncé plusieurs principes relativement au
financement des hôpitaux. D’après le principe un, le Canada doit conserver
le modèle de la source unique de financement et d’assurance, à savoir le
gouvernement[3].
Ensuite, au principe huit, il est proposé que les méthodes actuelles de rémunération
des hôpitaux soient remplacées par un financement fondé sur les services
dispensés[4].
Le Comité croit que le financement fondé sur les services dispensés
permettra d’atteindre plusieurs objectifs importants, notamment : établir
correctement le coût individuel des services hospitaliers; améliorer
l’efficience globale des hôpitaux; permettre au public de comparer le
rendement des hôpitaux; améliorer la reddition de comptes des hôpitaux;
favoriser la concurrence entre les hôpitaux; réduire les listes d’attente
et encourager la mise en place d’autres centres de spécialisation. Le Comité a également reconnu dans le volume cinq que des modifications au
modèle de financement fondé seulement sur les services dispensés pourraient
être nécessaires pour les hôpitaux d’enseignement, et peut-être pour les
très petits hôpitaux communautaires. Nous croyons également que
l’administration fédérale devrait envisager de participer aux dépenses
d’équipement des hôpitaux, particulièrement dans les centres
universitaires des sciences de la santé (ou les hôpitaux d’enseignement)
et les hôpitaux situés dans les régions du pays qui connaissent une
croissance démographique exceptionnellement élevée. Ce chapitre
présente de l’information sur le financement des hôpitaux au Canada, résume
les témoignages reçus sur cette question et réitère le point de vue du
Comité sur la valeur du financement fondé sur les services dispensés. Il
compte sept sections. À la section 2.1, les méthodes actuelles de
financement des hôpitaux au Canada sont présentées et comparées. À la
section 2.2, le fonctionnement du financement fondé sur les services dispensés
est décrit et l’expérience internationale pertinente est passée en revue.
La section 2.3 précise les raisons pour lesquelles le Comité recommande le
financement fondé sur les services dispensés et met en relief les diverses
difficultés que présente ce mode de rémunération des hôpitaux. Les
sections 2.4 et 2.5 traitent des particularités des centres universitaires
des sciences de la santé et des hôpitaux communautaires en milieu rural. La
section 2.6 porte sur la question des besoins en dépenses d’immobilisations
des hôpitaux canadiens. Enfin, la section 2.7 présente le point de vue du
Comité sur les avantages comparés des hôpitaux publics et des hôpitaux
privés (à but lucratif et sans but lucratif). Les
administrations provinciales et territoriales utilisent diverses méthodes
pour financer les hôpitaux. Il n’existe pas un modèle unique qui puisse décrire
de façon exacte le financement des hôpitaux au Canada. En outre, les
provinces et territoires n’utilisent pas une méthode unique de distribution
de fonds aux hôpitaux qui sont situés sur leur territoire. La plupart des
provinces comptent sur une méthode de financement principale pour affecter la
plupart des fonds et sur des méthodes secondaires pour répartir des sommes
moins importantes. Les méthodes
de financement des hôpitaux utilisées au Canada, autant les méthodes
principales que secondaires, comprennent le financement élément par élément,
la discrétion ministérielle, le financement fondé sur la population, le
budget global, le financement fondé sur les politiques, le financement fondé
sur les établissements, le financement par projet et le financement fondé
sur les services. Comme l’indique le tableau 2.2, les administrations
provinciales utilisent sept de ces méthodes pour financer les coûts de
fonctionnement des hôpitaux. Les fonds destinés au financement des dépenses
d’immobilisations (construction d’hôpitaux, rénovations majeures et
achat d’équipement coûteux) sont fournis dans toutes les provinces en
suivant une méthode fondée sur les projets. TABLEAU
2.2 Province Nombre
d’hôpitaux Nombre
de lits pour 1 000 habitants Principale
méthode de financement Méthode
de financement secondaire C.-B. AlB. Sask. Man. Ont. Qc N.-B. N.-É. Î.-P.-é. T.-N. 80 115 71 79 163 95 30 35 7 33 3,7 3,5 3,7 4,1 2,3 3,0 5,3 3,3 3,4 4,6 Élément
par élément et pop. Population Population Discrétion
ministérielle Budget
global Budget
global Élément
par élément et pop. Discrétion
ministérielle Discrétion
ministérielle Discrétion
ministérielle Politique Politique Aucun Aucun Multiple1 Multiple2 Aucun Aucun Aucun Aucun Source
: McKillop et coll. (2001), tableau 1.1
(p. 9), tableau 3.2 (p. 46) et tableau 3.5 (p. 53).
Données démographiques de Statistique Canada, CANSIM II, tableau
051-0001. Deux
provinces en particulier (Colombie-Britannique et Nouveau-Brunswick) utilisent
une méthode élément par élément. Quatre provinces (Manitoba, Île-du-Prince-Édouard,
Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve) recourent à la méthode de la discrétion
ministérielle. Deux provinces (Alberta et Saskatchewan) suivent une méthode
fondée sur la population pour le financement des dépenses de fonctionnement,
tandis que deux autres (Ontario et Québec) se servent de budgets globaux. La
méthode fondée sur la politique est la plus utilisée comme méthode de
financement secondaire dans quatre provinces (Colombie-Britannique, Alberta,
Ontario et Québec). Deux provinces (Ontario et Québec) utilisent également
une méthode fondée sur la population conjointement avec la méthode
principale[6].
Actuellement seule l’Ontario se sert d’une méthode fondée sur les
services pour financer certains services hospitaliers. La budgétisation
élément par élément était auparavant la méthode de prédilection pour
financer les hôpitaux au Canada. Selon cette méthode des montants précis
sont négociés pour des éléments particuliers (ou des intrants), comme les
services infirmiers dispensés aux hospitalisés ou les fournitures médicales/chirurgicales.
L’affectation budgétaire totale d’un hôpital est simplement la somme des
éléments. La Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick utilisent toujours
une budgétisation élément par élément (conjointement avec une méthode
fondée sur la population) comme principale méthode de budgétisation. Dans la
budgétisation élément par élément, les ministères provinciaux de la Santé
peuvent lier des activités particulières à des objectifs stratégiques au
moyen de dépenses directes. Par exemple, une province qui désire promouvoir
la chirurgie d’un jour peut augmenter le financement par ligne affecté à
cette activité par un facteur plus grand que celui qui est affecté aux soins
infirmiers dispensés aux hospitalisés. Plus que certaines autres méthodes,
le financement élément par élément permet aux hôpitaux de fonctionner
avec une plus haute constance financière. Toutefois,
cette méthode de financement présente plusieurs inconvénients qui ont incité
plusieurs ministères provinciaux à y renoncer. D’une part, la méthode élément
par élément empêche la réaffectation entre les secteurs, ce qui réduit la
souplesse dans la gestion des fonds. D’autre part, elle n’est pas liée au
rendement et, par conséquent, n’encourage pas l’efficience. De plus, la
budgétisation élément par élément ne renseigne que sur le coût des
intrants et non sur le coût ou la qualité des produits. En outre, l’examen
attentif d’un budget élément par élément nécessite un effort notable.
Toutefois, l’inconvénient le plus important, c’est que cette méthode a
tendance à réduire la capacité des conseils d’administration et des
gestionnaires des hôpitaux de lier les activités des hôpitaux aux besoins
de la collectivité qu’ils servent. Le
financement selon cette méthode est fondé sur les décisions prises par le
ministère provincial de la Santé en réponse à des demandes particulières
faites par l’hôpital concerné. Elle est la principale méthode de
financement au Manitoba, en Nouvelle-Écosse, à l’Île-du-Prince-Édouard
et à Terre-Neuve. La méthode
de la discrétion ministérielle est hautement subjective, mais elle présente
plusieurs avantages. Du point de vue du gouvernement, elle laisse une très
grande latitude; les décisions ministérielles ne sont pas limitées par des
formules ou d’autres méthodes de financement prédéterminées. Le
principal inconvénient de cette méthode de financement, c’est qu’elle
risque d’être à courte vue, incohérente et ouvertement « politique ».
Des changements importants peuvent être et sont apportés au financement à
la suite de l’élection d’un nouveau gouvernement ou d’un changement de
politique. En outre – et c’est un point essentiel pour le Comité –
cette méthode manque certainement de transparence. Les témoins ont répété
au Comité qu’il importe de dépolitiser le financement des hôpitaux. Par
exemple, Mark Rochon, de l’Association des hôpitaux de l’Ontario, a déclaré
: Nous
devons étudier et promouvoir les mécanismes qui, […] autant que possible,
mettent à l'abri du jeu politique les décisions relatives à la prestation
des services de santé[7]. Pour prévoir
la demande de services hospitaliers, le financement fondé sur la population
se base sur les renseignements démographiques comme l’âge, le sexe, la
situation socioéconomique et les taux de mortalité. Les prévisions de dépenses
des hôpitaux (ou des régies régionales de la santé) sont calculées à
partir de la demande prévue de certains services de santé et des coûts
estimatifs de la prestation de ces services. Actuellement, l’Alberta et la
Saskatchewan utilisent principalement cette méthode, tandis que la
Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick se servent de cette méthode
conjointement avec la budgétisation élément par élément. Terre-Neuve, la
Nouvelle-Écosse, l’Ontario et le Québec envisagent d’adopter une démarche
fondée sur la population comme méthode de financement principale. Le Comité
a appris que la méthode fondée sur la population, étant donné qu’elle
fait appel à des formules strictement pour répartir les fonds, peut être
objective et équitable et répondre aux besoins particuliers des régions et
des hôpitaux. En outre, le PDG de la régie régionale de la santé de
Calgary, Jack Davis, a indiqué au Comité qu’en Alberta le système de
financement fondé sur la population avait aidé à dépolitiser
l’allocation des ressources[8]. Cependant,
il est complexe et difficile d’appliquer une formule fondée sur la
population qui tienne compte de tous les facteurs ayant une incidence sur les
soins de santé que reçoit une population. Une telle méthode nécessite de
bons systèmes d’information qui sont exigeants en termes de ressources (matériel,
bases de données, personnel). Cette méthode
de budgétisation peut devenir trop complexe et créer un manque de
transparence lorsque les utilisateurs ne sont pas en mesure de comprendre ou
de prédire comment le montant des fonds a été déterminé. D’après Les
Vertesi, chef du département de médecine d’urgence du Royal Columbian
Hospital (Vancouver), un modèle de financement fondé sur la population ne
permet que d’estimer où les ressources en matière de soins de santé
seront nécessaires; il n’encourage pas la prestation d’un meilleur
service[9]. La méthode
du budget global consiste à ajuster les dépenses antérieures (comme
l’allocation de base de l’année précédente) pour établir le niveau de
financement proposé pour l’année qui vient. Cette méthode met l’accent
sur le budget total de l’hôpital plutôt que sur des activités de service
individuelles ou des centres de coûts au sein de l’hôpital. Des
ajustements peuvent être apportés au montant de base à l’aide d’un
multiplicateur (comme le taux d’inflation) ou d’un montant forfaitaire
pour établir le niveau de financement pour les périodes futures. Le Québec
a mis en place des budgets globaux comme méthode de financement principale en
1994, tandis que l’Ontario utilise cette méthode depuis 1969[10]. Le Comité
a appris que, comme les activités hospitalières changent peu d’année en
année, il est plus facile pour les administrations provinciales de simplement
répéter l’allocation de l’année précédente en apportant un
rajustement pour tenir compte de l’inflation ou de la croissance démographique.
Par conséquent, les budgets globaux sont faciles à calculer pour les
administrations provinciales et prévisibles pour l’hôpital. Le Dr
Vertesi a expliqué que les budgets globaux sont de plus en plus utilisés,
surtout parce qu’ils permettent aux gouvernements de limiter les coûts tout
en accordant à la gestion hospitalière une grande discrétion quant à la répartition
des fonds entre les diverses activités[11]. De plus,
l’Association canadienne des soins de santé a fait valoir dans son mémoire
que les budgets globaux favorisent l’efficacité en permettant aux hôpitaux
de distribuer leurs économies d’un secteur d’activité à un autre
secteur où un besoin se fait sentir. L’Association est également d’avis
que le financement global permet la prestation de soins de santé complets et
intégrés qui, à longue échéance, peuvent réduire les coûts d’ensemble
des soins de santé[12]. Malgré ces
avantages, de nombreux témoins ont fait valoir que le budget global présente
de nombreux inconvénients et, d’après le Dr Vertesi, ce mode de
rémunération des hôpitaux est archaïque[13].
Premièrement, un budget global n’est pas lié aux services qui sont
réellement dispensés dans un hôpital. Deuxièmement, toute iniquité qui
existe entre les hôpitaux est perpétuée par les budgets globaux. Troisièmement,
les budgets globaux n’encouragent pas les hôpitaux à améliorer leur
rendement; en effet, ils peuvent perpétuer et récompenser les hôpitaux
inefficaces et pénaliser ceux qui sont plus efficaces. Quatrièmement, le
financement par budget global ne peut pas s’adapter aux changements de la
population et des structures de gestion. Cinquièmement, point peut-être le
plus important, les budgets globaux entraînent une perte d’information
progressive et permanente quant à ce que coûtent des services hospitaliers
donnés. Les hôpitaux ne sont pas encouragés à mesurer de tels coûts
unitaires. Dans l’ensemble, la majorité des témoins ont convenu que, après des
années de budgets globaux dans plusieurs provinces, personne ne sait plus le
coût de quoi que ce soit et que, par conséquent, il est difficile de savoir,
même approximativement, ce que le public reçoit pour son argent dans les hôpitaux.
Le Comité est d’avis que la pénurie de données sur les coûts des
services hospitaliers va à l’encontre de notre vision de ce que devrait être
un secteur de services du XXIe siècle, c’est-à-dire un secteur
capable de dispenser en temps opportun des soins de haute qualité en se
fondant sur une prise de décision bien éclairée et un secteur dont on peut
exiger des comptes, les gouvernements (et la population) sachant exactement
quels services dans quels hôpitaux sont dispensés de façon efficiente et
lesquels ne le sont pas. Selon la méthode
fondée sur les politiques, le financement est distribué en fonction
d’objectifs stratégiques particuliers. Contrairement à la méthode de la
discrétion ministérielle, où le ministère (ou le ministre) de la Santé répond
à des demandes de financement individuelles, une décision relative au
financement prise au moyen de la méthode fondée sur les politiques a le même
effet sur tous les établissements qui dispensent les services encouragés par
une politique en particulier (comme un séjour post-partum de 48 heures
dans les maisons des naissances). Du point de
vue du gouvernement, cette méthode permet au ministère de s’assurer que
les hôpitaux adoptent ses politiques. Néanmoins, de nombreux responsables
d’hôpitaux considèrent que ce mode de financement porte atteinte à leurs
activités et aux services qu’ils dispensent. En outre, ce n’est pas une
source très prévisible de financement puisque la distribution des fonds
varie au gré des changements de gouvernement ou de politique. Le
financement fondé sur les établissements permet d’estimer les coûts de
fonctionnement d’après les caractéristiques de l’hôpital, comme la
taille, l’importance de l’activité d’enseignement, le taux
d'occupation, la distance par rapport à l’établissement tertiaire le plus
près (centres de soins spécialisés, etc.). Cette méthode reconnaît que la
structure des différents hôpitaux peut influencer le coût de la prestation
de services identiques. Le
financement fondé sur les établissements tient compte de la structure
organisationnelle (les hôpitaux en milieu rural et les hôpitaux en milieu
urbain, les hôpitaux d’enseignement et les hôpitaux communautaires, etc.).
Toutefois, cette méthode ne tient pas suffisamment compte des changements démographiques
ni de la distribution des maladies. Elle a en outre le défaut de ne pas récompenser
l’efficience. Le
financement par projet permet de distribuer les fonds selon des besoins
ponctuels. Cette méthode est souvent utilisée par les administrations
provinciales et territoriales pour financer des dépenses d’immobilisations
(par exemple la construction d’une aile d’hôpital). Le financement par
projet est différent du financement fondé sur les politiques : la première
méthode dirige des fonds vers un hôpital en particulier pour un besoin déterminé,
tandis que la deuxième répartit une réserve de fonds entre divers hôpitaux
pour appliquer une politique gouvernementale. Le
financement fondé sur les services dispensés est souvent appelé financement
fondé sur la clientèle dans les ouvrages canadiens et étrangers; les deux
expressions sont interchangeables dans le présent chapitre. Le
financement fondé sur la clientèle ou sur les services dispensés dépend du
nombre et du type de cas traités (par exemple, le nombre de dialyses, de
pontages, de remplacements de genoux ou de hanches) par un hôpital. Il
comporte deux éléments essentiels : 1) le classement des malades dans
des groupes cliniques qui utilisent des niveaux semblables de ressources
hospitalières et 2) l’utilisation d’un facteur de pondération pour
chaque groupe pour estimer l’utilisation relative des ressources. Ces
facteurs de pondération témoignent habituellement du coût moyen de
traitement des patients de chaque groupe; ils sont utilisés pour établir,
par établissement, des indices pour chaque groupe-client qui donnent une idée
de la consommation moyenne de ressources, habituellement par rapport à une
norme nationale. Plus l’indice est élevé, plus la consommation est grande.
Les hôpitaux touchent un paiement pour chaque cas, en fonction du type de
service ou d’intervention. La
documentation actuelle sur les méthodes de financement fondées sur la clientèle
porte à croire que ces méthodes sont plus équitables que d’autres méthodes.
Une caractéristique particulièrement attrayante des méthodes fondées sur
la clientèle, c’est qu’elles encouragent l’efficience et le rendement.
Les données internationales indiquent une nette tendance dans le sens de
telles méthodes. Au Canada,
l’Ontario a utilisé une méthode de financement fondée sur les services
dispensés au cours de l’été 2001 pour distribuer un financement
forfaitaire de 95 millions de dollars aux hôpitaux. Le nouveau mode de
financement a été mis au point par le Joint Policy and Planning Committee
(JPPC). Le JPPC a recommandé que cette méthodologie soit mise en oeuvre
graduellement au cours des trois prochaines années et que ses répercussions
soient surveillées[14]. Comme au
Canada, les hôpitaux constituent le principal poste de dépenses du secteur
des soins de santé aux États-Unis. Toutefois, l’organisation du secteur
hospitalier américain est l’une des plus complexe au monde, avec un
ensemble hétérogène d’hôpitaux, de payeurs et de méthodes de
financement[15].
En 1998, 28 % des hôpitaux étaient classés publics (État ou
administration locale), 58 % étaient des hôpitaux privés sans but
lucratif et 14 % étaient des hôpitaux privés à but lucratif[16].
Les services hospitaliers sont payés par des assureurs privés, par les
patients eux-mêmes et par les programmes Medicaid et Medicare[17]. En 1983, la
Health Care Financing Administration (maintenant appelée Centers for Medicare
and Medicaid Services) a mis en place un système de paiements préétablis
(Prospective Payment System) dans le cadre duquel les hôpitaux sont payés
selon une approche fondée sur la clientèle, à savoir sur des groupes homogènes
de patients (Diagnostic Related Groups classification, ou DRG).
Quatre-vingt-un pour cent des hôpitaux sont maintenant rémunérés selon ce
système[18].
Les taux versés aux hôpitaux sont fondés sur le coût moyen d’un
traitement donné et sont indépendants de la durée réelle du séjour à
l’hôpital[19].
Les taux peuvent être rajustés à la hausse si un hôpital sert une
population comptant un nombre disproportionné de personnes à faible revenu.
La plupart des hôpitaux utilisent une méthode commune d’établissement des
taux, mais les taux réels sont déterminés par chacun des États. Tous les
taux sont revus annuellement par le Congrès des États-Unis. Les compagnies
d’assurance privées et les régimes de soins gérés sont libres d’établir
leurs propres taux hospitaliers selon les lignes directrices de l’État, le
cas échéant. La vaste
gamme de payeurs et de taux de paiement selon la classification DRG a incité
les hôpitaux à établir des systèmes d’information détaillés comportant
des coûts administratifs élevés. Néanmoins, les DRG permettent de comparer
l’utilisation des ressources entre les divers hôpitaux américains et, par
conséquent, encouragent la concurrence entre les établissements. Dans son témoignage
au Comité, le Dr Duncan Sinclair, ancien président de la
Commission de restructuration des services de santé de l’Ontario, a déclaré
ce qui suit : […]
ce n'est pas une mauvaise idée de payer les hôpitaux sur la base de
diagnostics repères et des volumes y afférents, comme cela se fait dans
certaines provinces et aussi aux États-Unis. C'est une très bonne idée[20].
D’après
la documentation, le surclassement des DRG est devenu un problème
courant parmi les hôpitaux américains. Ce problème survient lorsque les hôpitaux
tentent de maximiser leurs remboursements en choisissant les codes de
diagnostic qui entraînent des paiements plus élevés, qui ne sont pas nécessairement
justifiés sur le plan médical[21].
Toutefois, le Comité a également reçu des témoignages selon lesquels des vérifications
rigoureuses de la catégorie DRG dans laquelle un patient est placé ont
permis de réduire le problème de façon substantielle, particulièrement
depuis que des firmes de soins de santé et leurs cadres supérieurs ont été
reconnus coupables de fraude relativement à cette pratique, affaires qui ont
fait couler beaucoup d’encre. La
Grande-Bretagne a remanié de fond en comble son National Health Service (NHS)
en 1991. On a alors mis en place un système de concurrence interne en séparant
« l’acheteur » du « fournisseur » de services de
santé. Les hôpitaux ont été établis comme des « fiducies » et
devaient négocier des contrats avec les acheteurs – les médecins et
les régies régionales de la santé détenteurs d’une enveloppe budgétaire.
Pour faciliter l’utilisation de ce modèle, des systèmes fondés sur des
DRG ont été mis en place comme méthode de paiement. Toutefois, les réformes
du NHS ont été vivement critiquées parce qu’elles ont entraîné des
hausses importantes des coûts administratifs. D’autres
réformes ont eu lieu en 1997 remplaçant par la coopération l’accent qui
était mis auparavant sur la concurrence, mais le financement des hôpitaux
est resté inchangé. Actuellement, les régies régionales de la santé de
district sont financées en fonction de leur population. Les hôpitaux sont
ensuite financés par les régies selon les méthodes fondées sur les groupes
qui composent la clientèle. Le secteur
hospitalier en France se divise en deux. Il y a, d’une part, les hôpitaux
publics, responsables d’environ 75 % de l’activité hospitalière et,
d’autre part, les hôpitaux privés qui justifient les 25 % restants.
Par conséquent, les deux types d’hôpitaux sont rémunérés différemment.
Tous les hôpitaux publics reçoivent des budgets d’exploitation globaux qui
sont fondés sur le montant de l’année précédente augmenté annuellement
par un taux fixé par le gouvernement. Les hôpitaux privés par contre sont rémunérés
selon des taux quotidiens pour le nombre de cas traités. La France
envisage actuellement de financer les hôpitaux publics selon une méthode
fondée sur la clientèle. Depuis presque 20 ans, le secteur hospitalier
français met au point des systèmes d’information fondés sur des groupes
homogènes de patients inspirés des DRG. En 1996, le Programme
de Médicalisation du Système d’Information (PMSI) permettait de
publier pour la première fois des données fiables sur les patients conçues
particulièrement pour les conditions françaises. Lorsque les données du
PMSI ont été utilisées pour mesurer le rendement des hôpitaux français,
elles ont révélé des écarts au niveau du rendement et de la capacité des
institutions et des régions. Les analystes français croient que le système
actuel fondé sur les budgets globaux perpétue ces disparités. La majorité
des hôpitaux du Danemark sont des hôpitaux publics appartenant aux conseils
de comté et sont financés par ces derniers. Moins de 1 % du nombre
total de lits sont fournis par des hôpitaux privés à but lucratif. Dans la
région de Copenhague, les hôpitaux appartenant aux municipalités et financés
par ces dernières sont regroupés dans une compagnie publique, la société
hospitalière de Copenhague. La société est gérée par un conseil dont les
membres sont nommés par les municipalités et le gouvernement national, et
qui compte notamment des représentants du secteur privé. Jusqu’à
récemment, l’affectation des ressources aux hôpitaux se faisait
principalement au moyen de budgets globaux prospectifs établis par les
conseils de comté. Les investissements en immobilisations importants font
l’objet d’une décision conjointe des conseils et des hôpitaux de comté
et sont financés ponctuellement. La budgétisation
globale s’est avérée efficace pour gérer les dépenses des hôpitaux,
mais elle présente peu d’encouragements financiers à améliorer
l’efficacité aux points de service et à accroître l’activité en réponse
à la demande, de sorte que les listes d’attente pour certaines
interventions allongent. En réponse à ces lacunes, des fonds ont été alloués
aux comtés en 1997 pour leur permettre de mettre à l’essai un système de
financement fondé sur les services dispensés. Pour encourager davantage le
traitement de patients provenant d’autres comtés, le gouvernement national
a mis en place en 1999 un système complet de paiement en fonction de DRG à
l’égard de ces patients. Les taux ont été fixés à un niveau délibérément
élevé pour stimuler la concurrence entre les hôpitaux. En 2000, le
gouvernement national a mis en place officiellement un système qui conjugue
budgets globaux et DRG, assortis de cibles d’activité négociées pour
chaque hôpital. Selon le nouveau système, chaque hôpital reçoit un budget
initial correspondant à 90 % des taux DRG correspondant à la
distribution de la clientèle dans la cible d’activité négociée, et les
10 % restants sont affectés en fonction de l’activité réelle. Les hôpitaux
qui dispensent plus de traitements que leur cible négociée reçoivent des
fonds supplémentaires. Le gouvernement national prévoit encourager des
projets-pilotes où plus de 10 % du revenu de l’hôpital est fondé sur
l’activité. Moins de 1 %
de tous les lits d’hôpital et 5 % des services externes de la Norvège
sont privés. Les comtés de la Norvège sont responsables du financement de
tous les hôpitaux publics à l’exception d’un hôpital régional que possède
et exploite le gouvernement national. De 1980 à
1997, les hôpitaux norvégiens ont reçu des budgets globaux de leur comté.
Bien qu’il ait été convenu que ce système permettait aux gouvernements de
maîtriser les coûts et la distribution des ressources, une commission royale
nommée en 1987 a révélé que les budgets globaux encourageaient certains hôpitaux
à réduire leurs services pour éviter les dépassements de budget. À la suite
des recommandations de la commission, le gouvernement national s’est mis à
accorder directement des subventions aux comtés pour le compte des hôpitaux,
subventions dont le montant est fondé sur un système de DRG conjugué à des
budgets globaux. La réforme mise en place en 1997 devait accroître les
services aux patients hospitalisés, augmenter la productivité et réduire
les listes d’attente. La nouvelle méthode de paiement a été mise en place
graduellement : en 1997, 70 % des subventions aux comtés ont été
accordées selon une formule fondée sur les besoins, tandis que les 30 %
restants ont été versés en fonction
de l’activité hospitalière de l’année précédente, sur la base des
taux DRG nationaux normalisés. En 1998, la rémunération était fondée à
55 % sur la formule et à 45 % sur l’activité et, enfin, elle est
passée à 50-50 en 1999. Depuis 1999, les chirurgies d’un jour sont financées
en fonction du système des DRG. Les hôpitaux d’enseignement reçoivent
deux subventions supplémentaires : l’une s’applique à
l’enseignement et à la recherche et l’autre sert à financer le
traitement de patients dont le cas est complexe et cher. En juin
2000, le ministère de la Santé du Québec a établi un groupe de travail
pour examiner le financement des hôpitaux dans la province. Ce groupe de
travail, appelé Comité sur la réévaluation du mode de budgétisation
des centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés, était présidé
par Denis Bédard. Le comité Bédard a publié son rapport en décembre 2001.
Une section du rapport portait sur la budgétisation des hôpitaux aux États-Unis,
au Royaume-Uni, en France, en Belgique et en Norvège. Le comité Bédard a
fait plusieurs observations intéressantes fondées sur cet examen
international : ·
Les méthodes
de financement des hôpitaux fondées sur la population sont largement utilisées
et reconnues comme équitables. ·
On observe
une tendance allant de la budgétisation globale vers des systèmes
d’information fondés sur le modèle des DRG. ·
Les pays
cherchent des mécanismes qui permettent de faire le lien entre la production
et la consommation de services hospitaliers. ·
On observe
une tendance vers des méthodes d’évaluation plus perfectionnées de la
performance financière des hôpitaux. ·
Les pays
mettent davantage l’accent sur la qualité des soins dans la prestation des
services hospitaliers. Dans
l’ensemble, le comité Bédard a recommandé d’axer la méthode de budgétisation
des hôpitaux du Québec sur les DRG et sur le rendement. Il est reconnu que
des rajustements devront être apportés pour les hôpitaux d’enseignement.
Le comité Bédard a également recommandé que le ministère de la Santé du
Québec s’appuie sur le travail de l’Institut canadien d’information sur
la santé (ICIS) plutôt que de tenter d’élaborer sa propre base de données
sur les groupes qui composent la clientèle (le travail de l’ICIS est décrit
plus en détails ci-dessous). Comme il
est expliqué à la section 2.1, les provinces ont tenté récemment
d’améliorer leur capacité de prise de décisions en mettant en place des
modèles de financement, comme le financement fondé sur la population, qui
exigent une information meilleure et plus détaillée, mais cette méthode
d’établissement des budgets ne permet d’établir que des estimations très
approximatives des besoins des hôpitaux. De plus,
il n’est pas garanti que chaque hôpital saura exploiter efficacement
les ressources qui lui sont ainsi attribuées pour dispenser les services
voulus avec les résultats escomptés. Par
conséquent, le Comité est convaincu de la nécessité de réviser les mécanismes
actuels de financement des hôpitaux qui reposent sur les intrants financiers
et non sur les résultats finaux, afin de mettre l’accent sur le rendement
de la prestation des services hospitaliers. La majorité
des témoins que le Comité a entendus souscrivent à l’adoption d’une
formule de financement fondée sur les services dispensés. Par exemple,
Michael Decter, ancien sous-ministre de la Santé du Manitoba et de
l’Ontario et actuellement président du conseil d’administration de
l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), a déclaré : À mon
avis, la bonne façon de financer les hôpitaux, c'est de les financer pour ce
qu'ils font, pour les résultats qu'ils obtiennent[24]. Les
avantages suivants du financement fondé sur les services dispensés ont été
soulignés au Comité : ·
Une meilleure
information – Des témoins ont dit au Comité que le financement fondé sur
les services dispensés exige de meilleurs renseignements, ce que le Comité
considère comme essentiel pour mesurer le rendement du système de soins de
santé sur les plans de la qualité
et des résultats[25].
En fait, le manque de données cruciales entrave actuellement le
travail des fournisseurs de soins de santé et celui des décideurs
gouvernementaux. Dans son mémoire, l’Association canadienne des soins de
santé a indiqué que ses membres croient fermement qu’il faut mettre en
place des services d’établissement des coûts et améliorer les mécanismes
de mesure du rendement et les repères[26]. ·
Transparence
et reddition de comptes – Des témoins ont souligné qu’étant donné que
la méthode fondée sur les services lie le financement aux services
effectivement dispensés, la reddition de comptes relativement à
l’utilisation de fonds et la transparence des coûts s’en trouveraient
grandement améliorées. Par exemple, dans le mémoire qu’elle a présenté
au Comité, l’Association des hôpitaux de l’Ontario a affirmé que la
population pourrait ainsi constater le lien direct entre le niveau de
financement et le nombre et le type d’interventions pratiquées[27]. ·
Équité dans
la distribution du financement – Comme il repose sur la formule
du « prix multiplié par le volume », le financement fondé
sur les services dispensés est, pour beaucoup de témoins, un mécanisme plus
équitable que les méthodes actuelles[28].
En outre, en attachant un prix à des services hospitaliers donnés, le
financement fondé sur les services permet au bailleur de fonds de susciter
des changements en modifiant la valeur attachée à des services particuliers. ·
Investissement
en capital – Le Dr Les Vertesi a informé le Comité que le système
de soins de santé au Canada manque d’investissements dans les
immobilisations. Il a imputé cette situation à l’utilisation de budgets
globaux qui n’attirent pas de capitaux et a fait valoir que le financement
fondé sur les services dispensés, par contre, attire des capitaux extérieurs
qui servent à construire des établissements. ·
Indépendance
– De nombreux témoins croient que le passage au financement fondé sur les
services dispensés rendra les hôpitaux plus indépendants du gouvernement.
Cela contribuera à dépolitiser la prise de décisions en matière de
services hospitaliers. L’Association canadienne des soins de santé n’était
pas d’accord avec ce point et elle a fait valoir que le financement fondé
sur les services dispensés donnerait lieu très probablement à une plus
grande microgestion par les gouvernements et non le contraire[29].
Le Comité ne partage pas ce point de vue. Comme la majorité des témoins,
nous croyons que le financement fondé sur les services dispensés conférera
aux hôpitaux la latitude dont ils ont besoin pour affecter les ressources
financières et humaines en se fondant sur les pratiques exemplaires, en
respectant les considérations d’efficience et en tenant compte des besoins
observés au niveau local. ·
Réduction de
la taille des ministères provinciaux de la Santé – Le Comité estime en
effet que le financement fondé sur les services dispensés réduira énormément
la microgestion descendante par contrôle et commandement dans les hôpitaux,
qui caractérise actuellement tous les ministères provinciaux de la Santé.
L’atténuation du rôle que jouent ces ministères entraînera une
diminution correspondante du nombre d’employés. ·
Prestation
des services axée sur le patient – Le Dr Vertesi a affirmé que
lorsque les hôpitaux sont payés en fonction des services effectivement
dispensés, les patients deviennent une source de revenu plutôt qu’un
fardeau pour l’établissement. Le financement fondé sur les services
dispensés encourage les fournisseurs à accroître l’efficacité, le volume
des services et la satisfaction des patients, ce qui est nécessaire
actuellement[30].
·
Efficience et
rendement – Les mécanismes de financement des hôpitaux actuels
n’encouragent pas les bons résultats et produisent souvent des résultats
pervers sur le plan de la gestion financière. En fait, une étude de 1998 menée
par l’Ontario Joint Policy and Planning Committee a révélé que les
budgets globaux ne permettent pas d’établir de corrélation entre les déficits/surplus
des hôpitaux et le rapport coût-efficacité dans le secteur hospitalier de
l’Ontario. De façon plus précise, l’étude a conclu que plusieurs hôpitaux
ontariens inefficaces affichent des surplus budgétaires et qu’un nombre
encore plus grand d’hôpitaux qui sont considérés comme ayant un bon
rapport coût-efficacité accusent des déficits[31]. Le financement fondé
sur les services dispensés change la perspective financière puisque les hôpitaux
sont payés en fonction de ce qu’ils font réellement plutôt que de toucher
tel ou tel montant qui répond à leurs besoins prévus. Comme c’est le cas
aussi ailleurs dans le domaine économique, ceci favorise à la fois
l’efficience et le rendement. ·
Structures de
propriété multiple – Avec un bailleur de fonds/assureur unique, un
financement fondé sur les services dispensés et la séparation de la
fonction de financement de la fonction de prestation des services, on aboutit
à un système dans lequel la question de la propriété de l’hôpital et
sans importance. Le bailleur de fonds/assureur achète les services voulus à
l’établissement qui offre le meilleur prix, pourvu que celui-ci réponde
aux normes de qualité nécessaires. Il peut s’agir d’un établissement
public ou d’un hôpital privé sans but lucratif ou à but lucratif. Comme
il l’indique dans le volume cinq, le Comité croit que le patient et le
bailleur de fonds/assureur
recevront un service égal, peu importe la structure de propriété de
l’établissement de soins de santé, pourvu que les deux conditions
suivantes soient remplies : 1) tous les établissements d’une province
reçoivent le même montant pour une intervention ou un service médical donné;
2) tous les établissements, indépendamment de leur structure de propriété,
sont soumis au même système rigoureux et indépendant de contrôle de la
qualité et d’évaluation. Le Comité tient à préciser qu’il ne prône
pas la création d’établissements privés à but lucratif, mais il ne pense
pas pour autant qu’il faille les interdire. D’ailleurs, ils ne sont pas
interdits actuellement en vertu de la Loi
canadienne sur la santé[32].
En fait, nous nous attendons à ce qu’une majorité écrasante des
fournisseurs institutionnels continuent d’être des établissements privés
sans but lucratif[33]. ·
Souplesse
pour changer les priorités – Le financement fondé sur les services permet
au gouvernement de changer les priorités relativement à des interventions et
des services donnés en modifiant le montant qu’il versera pour ces
derniers. ·
Concurrence
pour dispenser les meilleurs services – Le financement fondé sur les
services dispensés fera en sorte que des services donnés seront dispensés
dans les hôpitaux les plus efficients et qui dispensent le plus grand nombre
(les volumes les plus élevés) de ces services. La concurrence dans la
prestation de ces services améliorera la qualité et forcera les hôpitaux
qui désirent continuer de fournir des services donnés de le faire de façon
encore plus efficiente. ·
Centres
d’excellence – Le Comité a entendu dire à de nombreuses reprises
qu’une méthode de financement fondée sur les services dispensés donnerait
lieu à l’établissement de centres de spécialisation – ou « centres
d’excellence », comme les ont appelés plusieurs témoins – qui
effectuent certains traitements ou chirurgies. Un tel changement devrait être
encouragé parce qu’il entraîne des économies dans la prestation des
services hospitaliers. Cette façon de faire contribuerait à améliorer la
qualité des services. En effet, des articles récents parus dans le New
England Journal of Medicine révèlent que le meilleur indicateur de la
qualité est le volume, qu’il s’agisse d’une chirurgie ou d’une procédure
de diagnostic. Les avantages de la spécialisation pour certains services
hospitaliers ont été reconnus par les premiers ministres des provinces et
des territoires, qui ont convenu à leur réunion de janvier 2002 de partager
les ressources humaines et le matériel en établissant des « sites
d’excellence » pour un certain nombre d’interventions chirurgicales
complexes[34].
Le concept des centres d’excellence comporte bien entendu des limites
souhaitables, par exemple lorsque l’accessibilité aux services est
compromise à cause de l’éloignement de l’hôpital qui offre un service
donné. Il importe donc de trouver un juste équilibre entre les principes de
qualité et d’efficience (rapport coût-efficacité) et celui
d’accessibilité[35]. La plupart
des témoins étaient en faveur de l’adoption d’une formule de financement
des hôpitaux fondée sur les services dispensés, mais ont précisé au Comité
que la mise en place d’une telle formule présentait plusieurs difficultés
de taille, que nous résumons ci-dessous. Le
financement fondé sur les services dispensés est attrayant pour les
gestionnaires d’hôpitaux parce que ce sont eux qui déterminent quels
services seront dispensés par leur établissement et à quels niveaux. Avec
cette latitude, les hôpitaux choisiront l’éventail de services qui leur
rapportera le plus tout en répondant aux besoins de la population qu’ils
servent. Les hôpitaux seront encouragés à se spécialiser dans les services
qu’ils sont le plus aptes à dispenser, ceux pour lesquels les taux de rémunération
sont les plus attrayants; ils réduiront les services de façon à ne plus
dispenser les services à faible volume qui ne sont pas bien subventionnés
pour eux. Toutefois, on a mentionné au Comité que dans les petites localités
rurales, particulièrement celles qui sont situées un peu loin des grands
centres urbains, la priorité pourrait bien être de préserver
l’accessibilité à des services donnés. Dans ce cas, les hôpitaux
pourront choisir de continuer de fournir les services nécessaires malgré des
taux de rémunération relativement faibles. Il est donc essentiel
d’examiner ces taux et de les revoir périodiquement. Il est question à la
section 2.5 des hôpitaux communautaires de petite taille et situés en
milieu rural. Le fait de
financer un hôpital en fonction du volume et de la variété des services
qu’il dispense incite à améliorer l’efficience et la productivité. On
peut cependant craindre que cette forme de rémunération à l’acte
n’entraîne un excès de services et une facturation inappropriée
(surclassement des DRG). La question de l’excès de services concerne les médecins
rémunérés à l’acte. Le Comité est d’avis que cette méthode de rémunération
a porté certains médecins à mettre l’accent sur le nombre de patients
qu’ils examinent plutôt que sur la qualité de leurs soins. On a toutefois
mentionné au Comité que, même si la possibilité d’un excès de services
existe toujours en milieu hospitalier, le problème risque moins de se
produire parce que de nombreux « joueurs », notamment les médecins
orienteurs et les médecins-conseils et, bien sûr, les patients eux-mêmes,
participent à chaque décision prise de dispenser tel service à une personne
donnée à l’hôpital. Voici
l’avis du Dr Duncan Sinclair, ancien membre de la Commission de
restructuration des services de santé de l’Ontario : Le
danger est bien moindre dans le cas des hôpitaux, car ceux-ci ne sont pas les
contrôleurs de l'accès. Cependant, il faudrait soigneusement prévenir la
collusion entre les contrôleurs d'accès à la fonction hospitalière et les
hôpitaux eux-mêmes[36]. Certains témoins
ont souligné que l’excès de services était particulièrement dangereux
dans un système comme le système canadien, où les spécialistes qui
travaillent à l’hôpital sont eux aussi rémunérés à l’acte.
Toutefois, le problème peut être grandement atténué si les spécialistes
des hôpitaux sont assujettis à un régime de rémunération différent,
comme c’est le cas en Suède et au Royaume-Uni. Dans un
système de financement fondé sur les services dispensés, les cas sont pondérés
selon leur gravité et l’utilisation correspondante des ressources :
plus le cas est lourd, plus la rémunération est élevée. Par conséquent,
les hôpitaux sont incités à surclasser les cas, c’est-à-dire attribuer
le poids le plus élevé à chaque cas, que cette surévaluation soit ou non
justifiée. Michael
Decter a soulevé la crainte suivante relativement à une facturation
incorrecte ou à une surévaluation en ce qui concerne le financement fondé
sur les services dispensés : Je
crois que le financement fondé sur les services est la bonne marche à
suivre, avec quelques réserves. Le système doit être suffisamment bien
documenté et les données doivent être suffisamment solides pour ne pas se
faire jouer. Vous vous rappellerez qu’une chaîne hospitalière
d’importance aux États-Unis – HCA Columbia – a été poursuivie par le
gouvernement des États-Unis pour l’avoir trompé de plusieurs millions,
sinon milliards de dollars en exagérant les coûts[37]. Il faudra
peut-être envisager la mise en place de vérifications, d’amendes et de pénalités
pour prévenir tout abus du système de paiement. Un tarif d’établissement
des coûts détaillé et exact permettra également de réduire la tentation
du surclassement. Avant de
pouvoir mettre en oeuvre un système de financement fondé sur les services,
il faut disposer de renseignements et de méthodologies fiables sur l’établissement
des coûts selon les cas. Sharon Scholzberg-Gray, présidente et présidente-directrice
générale de l’Association canadienne des soins de santé, a informé le
Comité que le passage à un système de financement fondé entièrement sur
les services dispensés exige que l’on dispose de données sur les coûts
qui n’existent pas encore. Dans son mémoire, l’Association a indiqué que :
Les
données sur l’établissement des coûts ont été établies en Ontario et
il a fallu 10 ans pour ce faire. Ce fut une initiative importante et nécessaire,
mais il reste toujours des questions opérationnelles importantes à régler,
notamment : le fait que ce processus ne porte que sur 50 à 60 % des
services hospitaliers (il est utile pour les services et les chirurgies en
milieu hospitalier, mais pas pour les services externes); la nécessité
d’ajouter des « facteurs de complexité » (notamment pour
reconnaître la situation unique des hôpitaux éloignés et des hôpitaux
d’enseignement); et la tendance à affecter des coûts administratifs à des
services qui ne sont pas couverts par le processus, pour donner ainsi
l’apparence d’une grande efficience. Compte tenu des défis continus que
présente l’établissement d’un système en Ontario, on peut imaginer
l’ampleur et la complexité des questions qui doivent être résolues pour
établir un système d’établissement des coûts à l’échelle
pancanadienne[38]. L’Institut
canadien d’information sur la santé (ICIS) est actuellement responsable de
la collecte, de l’établissement et de la révision des taux des services.
Le travail de collecte des données sur les coûts au Canada a commencé en
1983, année où le Hospital Medical Records Institute a commencé à établir une base de données
canadienne sur les groupes qui composent la clientèle, base de données qui
est maintenant administrée par l’ICIS. Au
moment de la mise en oeuvre, puisqu’il n’y avait pas de données
exhaustives sur les coûts associés aux groupes de pathologies, il a fallu
importer les données sur les coûts des États-Unis (États de New York
et du Maryland) qui ont été adaptées aux durées de séjour canadiennes.
Maintenant, l’ICIS utilise les données de certains hôpitaux de l’Alberta
et de l’Ontario pour estimer les coefficients de pondération des groupes
qui composent la clientèle. Kevin
Empey,
directeur financier du University
Health Network à Toronto, a souligné qu’un plus grand nombre d’hôpitaux
doivent soumettre des données sur les coûts pour que des taux de rémunération
exacts puissent être établis. Il a indiqué par exemple qu’en 2000,
seulement deux des treize hôpitaux d’enseignement de l’Ontario et trois
des soixante-neuf hôpitaux communautaires de cette province, de même
qu’une poignée seulement d’hôpitaux de l’Alberta, ont fourni des données
sur les coûts pour permettre de fixer les taux des cas canadiens[39].
Pour établir des taux suffisamment détaillés et à jour, il est
essentiel que la majorité des hôpitaux soient tenus de produire et de
soumettre des données sur les coûts. Kevin Empey a également souligné ce
qui suit : Nous
devons adopter un système qui crée un incitatif ou une sanction, de façon
à motiver les établissements à fournir des données et à participer à la
compilation d'une base de données. Cela permettra d'avoir une meilleure
structure et de meilleures données[40]. Dans son mémoire,
l’Association canadienne des soins de santé a fait valoir que le
financement fondé sur les services dispensés, qui met l’accent sur la
prestation de services au coût le plus bas, découragerait l’innovation,
autant en ce qui a trait aux nouvelles interventions qu’à la nouvelle
technologie[41].
Cela préoccupe particulièrement les centres universitaires des sciences de
la santé et les hôpitaux d’enseignement. Les établissements
d’enseignement doivent être en mesure d’essayer de nouveaux traitements
hautement spécialisés mais très chers sans avoir à subir les contrecoups
d’un système fondé sur des taux. Il est donc important que les méthodes
de financement axées sur la clientèle ne créent pas d’effets pervers en décourageant
ce type (ou tout autre type) d’innovation. Les préoccupations soulevées
relativement aux hôpitaux d’enseignement sont présentées à la section
2.4. Les membres
de l’Association canadienne des soins de santé ont fait remarquer que le
financement fondé sur les services dispensés met l’accent sur une forme de
soins axée davantage sur les interventions thérapeutiques que sur la
prestation de soins complets intégrés. Autrement dit, il ne ferait
qu’encourager les fournisseurs de soins à réagir à la maladie au lieu
d’adopter une approche plus large qui tient compte notamment de la promotion
de la santé et de la prévention de la maladie. Pour l’Association, la
formule des budgets globaux favorise la prestation d’un éventail de soins
plus vaste que le financement fondé sur les services dispensés.
D’ailleurs, Mark Rochon de l’Association des hôpitaux de l’Ontario, qui
est en faveur de l’adoption du financement fondé sur les services dispensés,
a fait le commentaire suivant : Nous
devons aussi reconnaître que certains volets du système de santé devraient
être financés autrement. Je pense par exemple aux services liés à la
promotion de la santé et à la prévention. De même, les services dont on a
un besoin permanent tels que les salles d'urgence pourraient faire l'objet
d'un financement global[42]. D’après
l’Association canadienne des soins de santé, c’est exactement ce type de
médecine axée sur les interventions thérapeutiques – le type même que
favoriserait encore plus le financement fondé sur les services dispensés –
qui a fait grimper les coûts : L’escalade
des coûts qui se produit actuellement dans notre système de santé est
presque entièrement imputable aux coûts des « actes » des médecins
et aux coûts des médicaments. Le financement fondé sur les services
encouragerait la poursuite des pratiques actuelles[43]. Le Comité
n’est pas de cet avis. Comme nous l’indiquons dans le volume cinq, nous
croyons que le financement fondé sur les services dispensés change fondamentalement les incitatifs sous-jacents du système,
de sorte que l’escalade des coûts s’estompera à longue échéance[44]. De nombreux
témoins ont indiqué au Comité que si le financement fondé sur les services
dispensés était mis en oeuvre, plusieurs rajustements devraient être apportés
aux taux afin de tenir compte des établissements comme les hôpitaux
d’enseignement et les petits hôpitaux ruraux. Sharon Sholzberg-Gray, présidente-directrice
générale de l’Association canadienne des soins de santé, a fait remarquer
que même si la grande majorité des témoins appuient le financement fondé
sur les services dispensés, ils ont chacun suggéré des modifications qui,
ensemble, pourraient donner lieu à un système de financement extrêmement
complexe : À
l'examen de certains témoignages de personnes qui ont comparu devant le comité
pour parler du financement fondé sur les services dispensés, nous avons
constaté qu'elles […] souhaitent toutes des formules tenant compte de
complications particulières — une formule pour les hôpitaux
universitaires, une approche différente pour les régions éloignées et
encore une autre pour les établissements qui font ceci ou cela[45]. Le Comité
a déjà reconnu dans le volume cinq qu’il serait nécessaire d’apporter
certains rajustements au financement fondé sur les services dispensés pour
tenir compte de la diversité des hôpitaux[46].
Les rajustements à envisager pour les centres d’enseignement et les petits
hôpitaux ruraux sont décrits aux sections 2.4 et 2.5. Le Comité
reconnaît que le financement des hôpitaux est une question qui relève
principalement des provinces; néanmoins, le gouvernement fédéral pourrait
être extrêmement utile pour promouvoir le financement fondé sur les
services. Nous croyons que le gouvernement fédéral doit assurer une partie
du financement nécessaire pour permettre aux provinces de mettre en oeuvre le
financement fondé sur les services dispensés dans le cadre du rôle qu’il
doit jouer pour soutenir l’infrastructure des soins de santé et
l’infostructure de la santé (voir le volume quatre)[47].
Ce financement fédéral doit faire partie de l’investissement fédéral
dans les systèmes d’information sur la santé, que le Comité recommande au
chapitre dix. De plus, le Comité croit que l’ICIS a un rôle d’importance
à jouer dans l’estimation des groupes qui composent la clientèle et de
leur valeur pondérée, opérations nécessaires à la mise en oeuvre du
financement fondé sur les services dispensés. Si l’on
veut que les Canadiens tirent le maximum de notre système de services
hospitaliers financés ou assurés par le secteur public, il faut mettre en œuvre
le financement fondé sur les services dispensés. De plus, les hôpitaux
aussi ont beaucoup à gagner avec ce mode de financement, qui leur permettra
de repérer les pratiques inefficaces et, par conséquent, d’améliorer leur
productivité. Ils seront ainsi en mesure de se faire concurrence au niveau de
la qualité des soins. Le Comité
reconnaît que la mise en oeuvre d’un financement fondé sur les services
dispensés prendra du temps. L’expérience des pays européens témoigne
d’ailleurs de l’importance de procéder à petits pas. Aux premiers
stades, les hôpitaux seraient rémunérés suivant une méthode mixte
combinant le financement fondé sur les services et leur mode de financement
habituel. Ensuite, les parts relatives des deux méthodes évolueraient en
proportion inverse jusqu’à ce que, au terme de la période de transition,
les hôpitaux soient rémunérés intégralement sur la base des services
dispensés. On pourrait
par exemple s’inspirer du cas de la Norvège et utiliser initialement 70 %
de financement classique et 30 % de financement fondé sur les services
dispensés pour ensuite passer à 50 % partout, puis à 70 % de
financement fondé sur les services et 30 % de financement classique pour
aboutir finalement à un financement intégralement fondé sur les services
dispensés. Par conséquent,
le Comité recommande: Que
l’on adopte pour les hôpitaux un mode de financement fondé sur les
services dispensés. Ce mode de financement convient particulièrement aux hôpitaux
communautaires situés dans les grands centres urbains. Il faut pour cela :
§
qu’un
nombre suffisant d’hôpitaux soient tenus de soumettre à l’Institut
canadien d’information sur la santé des données
sur leurs tarifs par cas et leurs coûts;
§
que
l’Institut canadien d’information sur la santé établisse, en
collaboration avec les provinces et les territoires, une tarification détaillée
afin de réduire la tentation du surclassement;. §
que le
gouvernement fédéral octroie à l’Institut canadien d’information sur la
santé des crédits permanents qui seront consacrés à la collecte et à
l’estimation des données nécessaires à la mise en œuvre du financement
fondé sur les services dispensés;
§
que l’on
passe assez rapidement au financement fondé sur les services dispensés. Le
Comité estime raisonnable de prévoir une période de transition de cinq ans. Les hôpitaux
qui comptent un volet d’enseignement et de recherche ont des coûts plus élevés
par cas pondéré que les hôpitaux communautaires, parce qu’il leur faut
une infrastructure d’enseignement et des programmes spécialisés, et parce
qu’ils font une plus grande utilisation des tests diagnostiques et
consomment des ressources associées à des traitements plus novateurs et plus
audacieux : Les études
ont révélé que les coûts des interventions dans les centres universitaires
des sciences de la santé sont plus élevés que dans les hôpitaux
communautaires. Ce n’est pas seulement imputable aux coûts des soins
complexes dispensés ou de la mise en place et de l’évaluation de méthodes
ultra-modernes. Du fait de la vocation d’enseignement et de recherche de ces
établissements, certaines procédures cliniques coûtent plus cher
qu’ailleurs et entraînent des séjours plus longs que la moyenne. De plus,
un grand centre de recherche et d’enseignement doit assumer des coûts
d’installation et de fonctionnement particuliers pour fournir espace et
services de soutien au personnel médical[48]. Étant donné
les volets d’enseignement et de recherche des CUSS, le financement provient
traditionnellement d’au moins deux ministères provinciaux et, au sein de
ces ministères, d’une variété de sources. Bien qu’il soit presque
impossible d’établir avec précision la distinction entre la mission
d’enseignement et la mission de prestation de soins de santé, les fonds du
gouvernement peuvent être rangés dans trois grandes catégories[49]. Premièrement,
le ministère de l’Éducation verse des subventions d’exploitation aux
universités qui, à leur tour, accordent des budgets aux facultés des
sciences de la santé qui couvrent notamment les salaires du personnel
universitaire. Deuxièmement, le ministère de la Santé octroie aux hôpitaux
des budgets pour la formation clinique afin de payer les salaires des
stagiaires des études supérieures et une partie des salaires du personnel
d’enseignement clinique. Troisièmement, les hôpitaux reçoivent des
subventions de fonctionnement des ministères de la Santé provinciaux qui les
aident à payer les coûts additionnels des activités de recherche et de
formation. Vu cette
complexité, le financement fondé sur les services pose plusieurs problèmes
aux CUSS. Les patients des CUSS ont souvent besoin de traitements de pointe
dont le coût ne peut pas être saisi avec exactitude dans des systèmes
reposant sur des groupes de cas. Par exemple, S. Kevin Empey, vice-président
des services financiers et de gestion au University Health Network (Toronto),
a déclaré ce qui suit : […]
l’implantation d’un stimulateur cardiaque ou d’un défibrillateur relève
du même groupe de cas et appelle donc des facteurs de pondération et un
financement identiques. Or, cette méthode ne tient aucunement compte de la
différence de coût considérable entre les deux appareils. En effet,
l’implantation d’un défibrillateur coûte environ deux fois et demie plus
cher que l’implantation d’un stimulateur cardiaque[50]. Dans le même
ordre d’idées, on estime que le coût d’une greffe d’organes multiples
est de 213 000 $ par patient. Or, à cause de la complexité et de
la rareté de cette intervention, les taux n’ont pas été déterminés au
Canada pour ces greffes, si bien que les hôpitaux d’enseignement de Toronto
touchent la même chose que pour une greffe d’organe unique, soit un montant
bien inférieur au coût réel de ce type d’intervention[51].
Ainsi, le Dr Hugh Scott, du Centre de santé de l’Université
McGill, a déclaré ceci : Si vous
voulez mettre en place une formule, elle doit inclure différents facteurs. À
chaque fois que nous essayons d'appliquer une formule magique intégrant la
chirurgie cardiaque et la psychothérapie, cela pose des problèmes. Si vous
ajoutez à cela le contexte de l'enseignement, les problèmes sont encore plus
grands. Je recherche la simplicité et l'élégance. Il faut parfois tenir
compte de facteurs multiples[52]. Le Dr
Jeffrey Lozon, de l’hôpital St. Michael à Toronto, a discuté de la
complexité du financement des hôpitaux d’enseignement à cause de la
diversité de leurs activités : […]
l'outil de financement le mieux approprié est celui qui établit le lien le
plus étroit entre la responsabilité du centre de santé universitaire et ses
résultats dans le cadre d'un système de financement équitable. Nos centres
rendent compte de leurs résultats. Toutefois, il faut bien comprendre que nos
résultats vont être différents de ceux d'un hôpital communautaire ou d'un
hôpital en milieu rural. Ils seront plus complexes. Nous avons divers niveaux
de résultats : les résultats relatifs au savoir que nous créons et les
résultats relatifs au nombre d'étudiants qui reçoivent une formation. Il nous
serait sans doute difficile d'accepter une formule de financement uniformisé
qui part du principe que mon hôpital a aussi peu de frais que celui de
Yorkton, en Saskatchewan. Les hôpitaux mènent des activités diverses et
leurs frais varient donc en conséquence. Nous devons évaluer nos activités
et rendre des comptes au même titre que l'hôpital de Yorkton. Toutefois,
cela ne consiste pas simplement à compter des dollars[53]. Les spécialistes
des CUSS qui ont témoigné devant le Comité appuient la méthode de
financement fondé sur les services dispensés pourvu que les groupes de cas
et les facteurs de pondération soient établis pour les CUSS et qu’ils
soient différents de ceux qui s’appliquent aux hôpitaux communautaires.
Une telle méthode de financement pour les CUSS doit tenir compte de divers
facteurs, y compris la complexité des interventions et des traitements,
l’utilisation de nouvelles technologies et le recours à des médicaments
qui coûtent cher. Les spécialistes ont également souligné qu’il importe
d’envisager de financer les coûts des infrastructures d’enseignement et
de recherche à partir d’une enveloppe distincte assortie de ses propres
incitatifs à l’efficience. Dans un
article récent intitulé « Academic Health Sciences Centres Laid Bare »,
Jeffrey Lozon et Robert Fox ont indiqué que les CUSS devraient être considérés
comme une ressource nationale dans le système de soins de santé et que le
gouvernement fédéral devrait accroître sa part de financement des CUSS. Les
auteurs ont indiqué que les CUSS ne peuvent plus se battre pour solliciter
des fonds auprès de divers fournisseurs et se passer du soutien du
gouvernement fédéral[54]. Le Comité
est d’accord avec les témoins pour dire que les centres universitaires des
sciences de la santé sont différents des hôpitaux communautaires dans la
mesure où ils exécutent une vaste gamme d’activités complexes, y compris
la prestation de services, l’enseignement et la recherche. Par conséquent,
le Comité recommande : Que
le financement fondé sur les services dispensés soit complété par une méthode
de financement additionnelle qui tiendrait compte des services uniques
qu’offrent les centres universitaires des sciences de la santé, y compris
l’enseignement et la recherche. Puisque les
hôpitaux communautaires de grande taille ou de taille moyenne ne sont pas aux
prises avec les mêmes difficultés que les petits hôpitaux et les hôpitaux
communautaires ruraux, des problèmes peuvent se présenter si la même
formule de financement est appliquée aux deux types d’hôpitaux. Par
exemple, Raisa Deber, professeure à l’Université de Toronto, a déclaré
ce qui suit : […]
sur des problèmes liés au financement axé sur les services, notamment pour
les hôpitaux des petites provinces ou collectivités,
[…] le financement prévu ne sera pas suffisant pour supporter les dépenses
d'infrastructure et d'administration[55]. En outre,
l’Association canadienne des soins de santé a indiqué dans son mémoire : La mise
en oeuvre du financement fondé sur les services serait difficile dans les régions
rurales et éloignées, particulièrement si un seul fournisseur ou une seule
organisation est en mesure de dispenser les services[56]. À
l’examen des témoignages présentés au Comité, il semblerait que, dans la
plupart des cas, les petits hôpitaux et les hôpitaux communautaires en
milieu rural sont aux prises avec les problèmes suivants : 1.
Des économies
d’échelle limitées – Les petits hôpitaux situés en milieu rural
doivent souvent assumer des coûts fixes et des volumes de patients faibles ou
imprévisibles. Il en résulte des coûts par patient plus élevés.
2.
Isolement –
Un hôpital rural est considéré comme isolé si l’hôpital suivant le plus
proche est situé à plus de 150 km. Cet hôpital devient alors le
principal fournisseur de soins de santé pour l’ensemble de la région géographique.
Un hôpital qui est responsable d’une grande région doit être en mesure de
dispenser un plus vaste éventail de services malgré des volumes de patients
faibles et sporadiques. 3.
Éloignement
– Par éloignement on entend la distance entre un hôpital et le centre de
soins hospitaliers tertiaires le plus proche. Les hôpitaux peuvent être éloignés
mais pas isolés (plusieurs hôpitaux peuvent servir une région donnée mais
être situés à une distance considérable d’un centre de soins
tertiaires). Toutefois, comme les hôpitaux isolés, les hôpitaux éloignés
sont souvent aux prises avec des coûts fixes relativement élevés et doivent
dispenser une gamme plus vaste de soins que les hôpitaux communautaires situés
près des centres de soins tertiaires. Tous ces facteurs font en sorte que les
coûts par patient sont plus élevés. 4.
Population
ayant des besoins spéciaux – De nombreux hôpitaux éloignés doivent
s’occuper d’une population ayant des besoins spéciaux, comme les résidents
des réserves des Premières nations. L’état de santé de ces personnes est
souvent moins bon que la moyenne provinciale, ce qui donne lieu à des taux
d’admission plus élevés[57]. Par conséquent,
la formule de financement utilisée pour les grands hôpitaux communautaires
ne convient pas toujours aux petits hôpitaux et aux hôpitaux situés en
milieu rural. Il est donc important que la formule tienne compte des défis
particuliers que doivent relever les petits hôpitaux, les hôpitaux ruraux et
les hôpitaux éloignés. Un certain
nombre de témoins ont exprimé leur inquiétude relativement à l’effet
qu’aurait sur les services offerts par les petits hôpitaux ou les hôpitaux
ruraux une méthode de financement fondée sur les services dispensés. Par
exemple, Mark Rochon de l’Association des hôpitaux de l’Ontario a déclaré :
Nous
devrons aussi nous assurer que le financement axé sur les services
n'encourage pas les fournisseurs de services à cesser d'offrir les services nécessaires
aux collectivités. Il faudra établir quels sont les besoins de chaque
collectivité et déterminer si les services offerts sont suffisants[58]. Le
president-directeur général du University Health Network, Kevin Empey, a
ajouté : Si on
passe d'un financement global à un financement axé sur les services,
certains fournisseurs décideront de se spécialiser davantage ou d'abandonner
certaines choses. […] les petites localités ne peuvent se permettre de voir
leur hôpital cesser d'offrir certains services tout simplement en raison des
tarifs[59]. Le Comité
convient avec les témoins que, pour préserver l’accès aux services les
plus demandés, le financement fondé sur les services dispensés doit être
rajusté pour tenir compte de la situation particulière des petits hôpitaux
et des hôpitaux communautaires en milieu rural. Par conséquent, le Comité
recommande : Que,
dans l’élaboration d’une formule de rémunération fondée sur les
services dispensés pour le financement des hôpitaux communautaires, l’on
tienne compte des facteurs suivants : §
Isolement :
les hôpitaux ruraux ou éloignés doivent assumer des coûts plus élevés
que ceux des grands centres urbains.
§
Taille :
les petits hôpitaux assument des coûts plus élevés par cas pondéré que
les grands hôpitaux. Un rajustement devrait être apporté pour tenir compte
de ces réalités.
Comme nous
l’indiquons à la section 2.1.7, les provinces et les territoires utilisent
une méthode de financement des dépenses en immobilisations qui diffère de
la méthode de financement utilisée relativement aux coûts de fonctionnement
en ce qu’elle repose sur les projets et est, de ce fait, bien adaptée aux
projets ponctuels à grande échelle. Le Comité a entendu des témoignages selon lesquels les besoins en
immobilisations des hôpitaux canadiens étaient importants. Des témoins ont
affirmé que le niveau actuel d’investissement de capital des gouvernements
provinciaux et territoriaux et des fondations des hôpitaux n’étaient pas
suffisants pour assurer la viabilité du secteur hospitalier au Canada.
D’après l’information qui a été présentée au Comité : ·
Entre 1982 et 1998, les dépenses publiques réelles
par habitant affectées à la construction de nouveaux hôpitaux ont diminué,
passant de 50 à 2 $, soit une baisse de 5,3 % par an[60]. ·
Depuis 1998, les dépenses publiques réelles par
habitant affectées à l’équipement des hôpitaux reculent de 1,8 %
annuellement[61]. On observe
par conséquent un écart substantiel entre le besoin d’installations et de
matériel neufs et la capacité d’un hôpital de financer des
immobilisations. Ainsi, plusieurs témoins ont proposé que le gouvernement fédéral
accorde un financement. L’Association canadienne des institutions de santé
universitaires (ACISU) a indiqué au Comité qu’un précédent existe à cet
égard : Il
convient également de noter qu’il existe un précédent quant qu rôle que
le gouvernement fédéral joue à cet égard. En 1948, le gouvernement fédéral
a lancé un programme de subventions pour la construction d’hôpitaux –
qui a été financé à frais partagés avec les provinces[62].
L’Association
médicale canadienne a affirmé qu’en plus de l’investissement
gouvernemental en immobilisations hospitalières, il pourrait être nécessaire
que les hôpitaux mettent en place des approches novatrices au financement de
l’infrastructure physique. D’après l’Association, il importe
d’explorer le concept de partenariats publics-privés pour répondre aux
besoins plutôt que de ne compter que sur les subventions gouvernementales[63]. Bien que le
Comité ait soutenu la consolidation du secteur hospitalier qui a eu lieu ces
dernières années dans toutes les provinces, nous craignons que le nombre de
lits dans certains hôpitaux ne soit pas suffisant pour répondre à la forte
augmentation de la demande dans certaines régions où la population croît
rapidement. Le problème touche en particulier certaines régions métropolitaines
de l’Alberta (Calgary), de la Colombie-Britannique (Abbotsfort, Vancouver),
de la Nouvelle-Écosse (Halifax), de l’Ontario (Oshawa, Toronto), du Québec
(Montréal, Sherbrooke) et de la Saskatchewan (Saskatoon)
[64]. Par conséquent,
le Comité croit que le gouvernement fédéral doit intervenir encore une
fois, comme il l’a fait en 1948, pour soutenir financièrement les hôpitaux
dont les besoins en immobilisations sont les plus grands. Cette participation
fédérale ne toucherait pas le financement courant, mais serait plutôt
considérée comme une mesure de « rattrapage ». Il s’agirait de
mesures ponctuelles dont le financement pourrait cependant s’étendre sur
plusieurs années. Ainsi, le
gouvernement fédéral pourrait par exemple décider de participer de façon
ponctuelle au financement de l’expansion de la capacité hospitalière
lorsque la croissance démographique d’une région donnée dépasse la
moyenne provinciale de 50 %, et ce dans le contexte d’un programme
d’investissement à coûts partagés avec la province concernée. Ainsi, armé
de la promesse du gouvernement fédéral de verser une somme donnée tous les
ans pendant dix ans, l’hôpital pourrait contracter un emprunt auprès
d’une institution financière et faire démarrer les travaux. Le Comité
croit également que les gouvernements provinciaux et territoriaux devraient
envisager d’établir des partenariats entre le secteur public et
l’entreprise privée pour obtenir un investissement additionnel en
immobilisations hospitalières. Par conséquent, le Comité recommande : Que
le gouvernement fédéral participe aux dépenses en immobilisations associées
à l’expansion des hôpitaux situés dans des endroits où la croissance démographique
est exceptionnellement élevée, c’est-à-dire les régions où la
croissance démographique dépasse la moyenne provinciale de 50% ou plus. Cet
apport devrait représenter 50 % du total de l’investissement en
immobilisations nécessaire. En tout, le gouvernement fédéral devrait
consacrer 1,5 milliard de dollars à cette initiative sur une période de
dix ans ou 150 millions de dollars annuellement. Que
le gouvernement fédéral devrait encourager les provinces et les territoires
à explorer des partenariats entre le secteur public et l’entreprise privée
en vue d’obtenir un investissement supplémentaire dans la capacité
hospitalière. Les
investissements en immobilisations préoccupent aussi les CUSS.
L’Association canadienne des institutions de santé universitaires a informé
le Comité que le remplacement des immeubles est sous-financé et que la dépréciation
n’est pas pleinement reconnue par les gouvernements fédéral et provinciaux
aux fins du financement. En outre, la plupart des décisions
d’investissement de capital semblent fondées sur des réactions à court
terme plutôt que sur une perspective de planification à long terme. Dans
certains cas, des annexes ou des rénovations sont apportées à des
structures médiocres, lorsqu’une reconstruction complète aurait pu
être une meilleure décision stratégique. Bien
qu’il y ait des variations dans les exigences en capital des hôpitaux
d’enseignement, il est clair qu’un investissement important est nécessaire.
Par exemple : ·
Le Centre de
santé de l’Université de Montréal a évalué les installations existantes
(certains des immeubles ont entre 40 et 100 ans) et déterminé qu’il en coûtera
475 millions de dollars pour les rénover. ·
Le University
Health Network de Toronto estime que ses besoins en immobilisations pour les
dix prochaines années s’élèveront à plus de 500 millions de dollars
(soit plus de 50 millions de dollars par année). ·
La St.
John’s Healthcare Corporation (Terre-Neuve) a terminé récemment l’aménagement
d’un centre de pédiatrie et de réadaptation au coût de 70 millions
de dollars. D’après
les renseignements qu’on lui a fournis, le Comité a conclu que le
gouvernement fédéral doit consacrer quelque 4 milliards de dollars au
renouvellement des infrastructures aux 16 sites des CUSS. Nous estimons que
ces fonds fédéraux doivent être fournis en réponse à des demandes formulées
par les CUSS eux-mêmes, sous réserve d’un examen par un groupe d’experts
spécial indépendants, ce qui, à notre avis, serait gage de transparence.
Plus précisement,
les CUSS devront présenter avec leur demande une justification solide des
ressources additionnelles réclamées. Le bien-fondé de chaque demande sera évalué par un groupe
d’experts indépendants qui fera rapport au ministre de la Santé.
De plus, les CUSS retenus feront rapport de leur utilisation des fonds
reçus, dans un esprit de reddition de comptes. Par conséquent,
le Comité recommande : Que
le gouvernement fédéral verse 4 milliards de dollars au cours des dix
prochaines années (soit 400 millions de dollars par année) aux centres
universitaires des sciences de la santé pour leurs dépenses en
immobilisations. Que
les centres universitaires des sciences de la santé soient tenus de faire
rapport de leur utilisation de ces fonds fédéraux. Dans la
section 2.3 ci-dessus, le Comité a fait valoir les nombreux avantages
du financement fondé sur les services dispensés, dont l’un a trait à la
structure de propriété des établissements de soins de santé. Nous avons
dit que le financement fondé sur les services signifie que l’assureur (le
gouvernement) serait neutre relativement
à la structure de propriété d’un hôpital. Le bailleur de fonds/assureur
achèterait des services auprès d’un établissement à la
condition que ceux-ci respectent les normes de qualité en vigueur.
Puisque des établissements comparables recevraient le même montant pour une
intervention donnée et puisque tous les établissements seraient soumis avec
la même rigueur au contrôle de la qualité et au système d’évaluation,
la structure de propriété ne serait pas importante sur le plan de la
politique publique. Ainsi, le Comité est neutre
face à la question de la
structure de propriété. Dans le
système canadien de soins de santé à l’heure actuelle, 5 % seulement
des services hospitaliers sont dispensés par des entreprises à but lucratif.
Par exemple, l’hôpital Shouldice, en Ontario, est un établissement privé
à but lucratif qui a bénéficié d’une clause de droits acquis lorsque le
régime d’assurance-maladie est entré en vigueur dans la province. Les établissements
comme celui-ci sont réglementés selon un taux de rendement pour réduire le
risque de surfacturation aux patients. En Alberta, les établissements privés
à but lucratif sont autorisés en vertu d’une loi provinciale (loi 11) à
faire concurrence aux hôpitaux publics et privés sans but lucratif pour la
prestation d’un ensemble de services chirurgicaux assurés. Le Canada compte
également plusieurs établissements de soins de santé à but lucratif (« cliniques
privées ») qui soignent uniquement des patients qui paient à titre
privé les services qu’ils reçoivent. Malgré la
présence au Canada de ces établissements de soins de santé privés à but
lucratif, qui semblent dispenser la même qualité de soins que les établissements
sans but lucratif et les établissements publics, un grand débat se poursuit
quant au rôle potentiel et à l’incidence des hôpitaux et des cliniques à
but lucratif dans le système de soins de santé. Ce débat a culminé en mai 2002
avec la publication de l’étude de méta-analyse de P. J. Devereaux et coll.
publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne. Les
auteurs de cette étude ont remarqué, en se fondant sur l’examen de 15 études
par observation, que la propriété privée à but lucratif des hôpitaux
comparée à la propriété privée sans but lucratif aux États-Unis entraîne
un risque plus élevé de décès pour les patients[65].
Les auteurs en concluent que la recherche de profit inhérente aux hôpitaux
privés à but lucratif pouvait entraîner un plafonnement des soins éventuellement
fâcheux pour les patients. Pourquoi
observe-t-on une plus grande mortalité dans les établissements à but
lucratif? En général, les
investisseurs attendent un rendement de 10 à 15 % sur leur
investissement. Les administrateurs des hôpitaux privés à but lucratif sont
récompensés quand ils atteignent ou dépassent la marge bénéficiaire
anticipée. Les établissements privés à but lucratif doivent générer des
bénéfices, mais aussi payer des impôts et assumer parfois des coûts élevés
associés aux remboursements dont bénéficient les cadres supérieurs, dépenses
que n’ont pas les établissements privés sans but lucratif. En conséquence,
quand ils servent des groupes de patients pour lesquels les remboursements
sont similaires (comme ceux du programme Medicare), les hôpitaux privés à
but lucratif doivent relever un défi de taille dans la mesure où ils doivent
obtenir les mêmes résultats que les établissements privés sans but
lucratif en consacrant cependant moins de ressources au soin des patients[66]. Lorsqu’il
a témoigné devant le Comité, le Dr Arnold Relman, ancien rédacteur
en chef du New England Journal
of Medicine, a exprimé des vues analogues : J'en
suis arrivé à la conclusion que la plupart, sinon la totalité, des problèmes
que connaît actuellement le système de soins de santé des États-Unis, et
ils sont nombreux, résultent de l'empiètement croissant des entreprises privées
à but lucratif et des marchés concurrentiels sur un secteur de notre vie
nationale qui est à juste titre du domaine public. Ce n'est pas une coïncidence
si aucun autre système de soins de santé dans le monde industrialisé n'est
autant commercialisé que le nôtre, et si aucun n'est aussi onéreux,
inefficace, inéquitable ou impopulaire. À dire vrai, les seules personnes
qui sont satisfaites aux États-Unis de notre système actuel de soins de santé
soumis aux lois du marché sont les propriétaires et les investisseurs des
industries à but lucratif qui vivent des produits du système[67]. Ces résultats
font dire à de nombreux observateurs qu’il n’est pas exclu que la même
chose se produise au Canada si l’on décide « d’ouvrir la porte »
aux hôpitaux privés à but lucratif. Toutefois,
le Comité a appris que l’étude Devereaux et coll. appelait plusieurs réserves.
Premièrement, Brian S. Ferguson, professeur au département d’économie
de l’Université de Guelph (Ontario), a informé le Comité dans un document
récent que les auteurs de la méta-analyse avait exclu de façon systématique
les hôpitaux publics de leur étude sous prétexte que les hôpitaux
canadiens sont techniquement des établissements privés sans but lucratif se
comportant plus ou moins comme les hôpitaux américains privés sans but
lucratif[68].
Le professeur Ferguson fait valoir toutefois que les hôpitaux privés sans
but lucratif américains ne fonctionnent pas du tout dans le même contexte
que les hôpitaux privés sans but lucratif canadiens : ils fonctionnent
dans un contexte très concurrentiel et jouissent de beaucoup plus de liberté
en ce qui concerne la prise de décisions que leurs homologues canadiens. À cet égard,
le professeur Ferguson a soutenu que les hôpitaux canadiens privés sans but
lucratif ressemblent davantage aux hôpitaux publics américains qu’aux hôpitaux
privés sans but lucratif américains. Dans cette optique, l’inclusion des hôpitaux
publics dans la méta-analyse de Devereaux et coll. pourrait avoir donné des
résultats bien différents[69].
En effet, plusieurs études ont révélé que les hôpitaux publics américains
ont une mortalité (de 30 jours rajustée en fonction des risques) plus élevée
que les hôpitaux à but lucratif, qui à leur tour affichent une mortalité
supérieure à celle des hôpitaux sans but lucratif[70]. Deuxièmement,
le professeur Ferguson a également critiqué la méthodologie utilisée par
Devereaux et coll. sur plusieurs points : les paramètres d’inclusion
de la documentation pertinente; la sélection des résultats à inclure dans
l’analyse; le choix de la variable dépendante; l’omission de certaines
variables, etc.[71].
Enfin, dans un autre document, le professeur Ferguson a indiqué qu’il est
presque impossible de tirer des conclusions valables sur le rôle potentiel
des hôpitaux privés à but lucratif au Canada en se fondant sur des
documents américains[72]. Le système de soins de
santé aux États-Unis est composé de plusieurs assureurs publics et privés,
comprend une multiplicité de fournisseurs publics et privés (sans but
lucratif et à but lucratif) et fonctionne dans un contexte hautement
concurrentiel, situation qui n’est pas susceptible de se présenter au
Canada où prévaut un système d’assureur unique. De plus, le
cadre réglementaire qui régit la prestation des soins hospitaliers aux États-Unis
est différent de celui du Canada. C’est pourquoi nous ne pouvons pas
transposer simplement au Canada ce qui se passe aux États-Unis. Par exemple,
le Dr Arnold Relman a déclaré au Comité : À l'échelle
du système américain de soins de santé, on trouve une réglementation
insuffisante dans les établissements privés à but lucratif, tout autant que
dans les établissements privés sans but lucratif. En ce qui concerne le système
à but lucratif, il y a tellement d'argent en jeu dans les services de soins
infirmiers, hospitaliers, ambulatoires et pharmaceutiques que les organismes réglementaires
ont été persuadés, et j'irais jusqu'à dire intimidés, par l'influence
politique et financière des propriétaires. […]
Aux États-Unis, la prestation des soins de santé dans les établissements à
but lucratif représente beaucoup d'argent. Cet argent est utilisé en partie
pour faire en sorte que la réglementation demeure déficiente. Cela
s'applique à la Food and Drug Administration ainsi qu'à toutes sortes
d'organismes réglementaires. J'ai travaillé durant six ans pour un organisme
public qui étudiait la qualité des soins dans les hôpitaux du
Massachusetts. Il est clair pour moi que les considérations financières
jouent un rôle important. […]
Si nous avions une réglementation solide, énergique et non discriminatoire,
bon nombre des problèmes que j'ai mentionnés en rapport avec la qualité
seraient résolus. Malheureusement, il n'en est rien[73]. Dans
l’ensemble, le Comité reconnaît que les textes sur les coûts comparatifs,
la qualité, l’efficacité et le comportement général des établissements
privés à but lucratif et privés sans but lucratif ne manquent pas. Nous
reconnaissons également que ces études ont abouti à des conclusions mixtes.
D’après certaines conclusions, les établissements à but lucratif ont un
meilleur rendement, tandis que d’après d’autres ce sont les établissements
sans but lucratif ou les hôpitaux privés qui ont un meilleur rendement.
D’après d’autres études encore, il n’y a pas de différence entre le
rendement des deux types d’établissements.
Compte tenu
de l’information disponible, le Comité croit qu’en laissant la Loi
canadienne sur la santé en l’état – c’est-à-dire en continuant
d’autoriser le fonctionnement des hôpitaux et des cliniques privés à but
lucratif dans le cadre du régime d’assurance-santé (puisque la loi
n’interdit pas actuellement de tels établissements) – on ne détruira pas,
comme certains critiques le soutiennent, le système de soins de santé tel
que nous le connaissons maintenant. D’autres pays avancés, où prévaut un
système de soins de santé organisé public, universel et qui fonctionne
parfaitement bien (comme l’Australie, le Danemark, l’Allemagne, les
Pays-Bas, la Suède et le Royaume-Uni), permettent déjà l’existence d’hôpitaux
à but lucratif; leur présence n’a pas causé de problèmes ou de difficultés
insurmontables. Le débat
sur les avantages comparatifs des établissements publics, des établissements
privés sans but lucratif et des établissements privés à but lucratif ne
semble pas soulever le même type de passion partout. En fait, le Comité a
passé en revue les activités du système de soins de santé de sept pays
(voir le volume trois) et a visité trois pays (Danemark, Suède,
Royaume-Uni). Il a constaté qu’il n’existe pas d’articles ou d’études
dans les pays européens et en Australie qui comparent la qualité ou les résultats
des hôpitaux à but lucratif, des hôpitaux sans but lucratif et des hôpitaux
publics. Dans ce sens, ce débat est uniquement nord-american. Le Comité
pense qu’il est peu probable que la mise en oeuvre du financement fondé sur
les services dispensés fasse apparaître au Canada des hôpitaux généraux
privés à but lucratif comme ceux qui sont exploités en Australie et au
Royaume-Uni : dans ces deux pays, l’assurance privée des soins de santé
fonctionne en parallèle avec le système public, et les médecins sont
autorisés à exercer en pratique privée à grande échelle, un système qui
a peu de chance d’être mis en place au Canada. Il est plus probable que les
cliniques privées resteront petites et spécialisées. De telles cliniques
apparaîtraient dans les créneaux où les bailleurs de fonds croient pouvoir
faire un profit en fonctionnant à un coût inférieur à celui du système
public, en réalisant des économies d’échelle ou, plus probablement, en
profitant de l’économie de la spécialisation. Ces cliniques apporteraient
un capital supplémentaire dans le système de soins de santé, puisqu’elles
seraient financées par le secteur privé. C’est une autre raison pour
laquelle il est peu probable qu’elles deviennent des hôpitaux généraux
complètement équipés : le financement privé d’une entreprise si
ambitieuse et risquée serait plus difficile à obtenir que le financement de
cliniques spécialisées. Enfin, le
Comité est convaincu de la nécessité d’améliorer le rendement des hôpitaux
et d’établir des rapports sur les hôpitaux du Canada, peu importe qui en
est propriétaire, ce qui pourra se faire grâce au processus d’évaluation
indépendant recommandé aux chapitres un et dix du présent volume.
L’application d’un processus réglementaire unique à tous les établissements
de soins de santé contribuerait grandement à assurer la prestation de soins
de qualité, où que ce soit.
1.
Memorial University of Newfoundland and Labrador 2.
Dalhousie University 3.
Université Laval 4.
Université de Sherbrooke 5.
Université de Montréal 6.
McGill University 7.
Université d’Ottawa 8.
Queen’s University 9.
University of Toronto 10.
McMaster University 11.
University of Western Ontario 12.
Université du Manitoba 13.
University of Saskatchewan 14.
University of Calgary 15.
University of Alberta 16.
University of British Columbia *Le
CUSS fait office de principal campus au Nouveau-Brunswick de l’Université
Dalhousie et de l’Université Memorial de Terre-Neuve et Labrador. Dans le
volume cinq de son étude sur les soins de santé, le Comité soutient que la
restructuration majeure du système médical et hospitalier entraînerait un
transfert de la responsabilité opérationnelle à l’égard des dépenses en
soins de santé des gouvernements provinciaux (ministères de la Santé) aux régies
régionales de la santé (RRS). En vertu de cette réforme, les RRS seraient
responsables de l’achat des services de santé auprès des hôpitaux et des
autres établissements de santé au nom de la population qu’elles
desservent. Si une province le souhaite, les régies régionales de la santé
pourraient également être chargées de l’achat des soins de santé
primaires et des médicaments de prescription[76].
Le transfert de la responsabilité de l’ensemble des services de santé
des ministères provinciaux de la santé aux RRS faciliterait l’intégration
et la coordination du système de prestation des soins de santé et
permettrait de vraiment l’orienter vers les besoins des patients.
Ce type de réforme, déjà implantée à différents degrés dans
plusieurs pays, notamment en Suède et au Royaume-Uni, est également proposé
dans le rapport du Conseil consultatif sur la santé du premier ministre de
l’Alberta, le rapport Mazankowski[77].
Le Comité croit que les RRS ont accompli un travail digne de mention en intégrant
et en organisant les services de santé pour la population de leur région au
cours des dix dernières années et qu’il faudrait leur confier davantage de
responsabilités et de pouvoirs en ce qui a trait à la prestation de
l’ensemble des services de santé publics ou à la passation de contrats à
cette fins, ou les deux. Le Comité
croit de plus que cette réforme favorisera la concurrence entre les
fournisseurs de soins de santé (tant les particuliers que les établissements)
et contribuera à la rentabilité et à l’efficience des services offerts.
Comme il le mentionne dans le volume cinq, le Comité sait qu’une réforme
de ce genre doit être adaptée à la situation particulière des différentes
régions du pays, afin de tenir compte autant du nombre et du type de
fournisseurs de soins de santé desservant chaque région que des facteurs
comme le mélange urbain/rural. Nous sommes aussi conscients qu’en Ontario,
au Yukon et au Nunavut, il faudra recourir à d’autres moyens pour atteindre
les objectifs visés par cette réforme puisqu’il n’y a pas de RRS dans
ces provinces et territoires[78]. Ce chapitre
est divisé en cinq sections. La section 3.1 brosse un tableau général des régies
régionales de la santé au Canada, à savoir leur structure actuelle, leur
taille ainsi que l’ampleur de leurs responsabilités et de leur financement.
La section 3.2 passe en revue les objectifs ayant mené à leur création et résume
les répercussions qu’elles ont eues à la lumière de ces objectifs. La
section 3.3 traite des obstacles qui empêchent actuellement les RRS de
s’acquitter pleinement de leurs responsabilités. La section 3.4 explique en
quoi les réformes axées sur certaines approches de « marché interne »
pourraient permettre de remédier à ces préoccupations grâce à la délégation
d’un plus grand nombre de responsabilités aux RRS. Enfin, dans la section
3.5, le Comité énonce sa position au sujet du rôle des RRS au Canada. Au Canada,
les régies régionales de la santé jouent un rôle de plus en plus grand
dans les soins de santé. Au cours des quatorze dernières années, toutes les
provinces, à l’exception de l’Ontario et des Territoires du Nord-Ouest,
ont transféré en grande partie la responsabilité de la gestion du réseau
de soins de santé des gouvernements provinciaux et territoriaux aux RRS. Au
Canada, la définition courante de RRS est la suivante : Les régies
régionales de la santé sont des organismes de soins de santé autonomes qui
sont chargés de l’administration de la santé dans une région géographique
clairement définie au sein d’une province ou d’un territoire. Elles sont
dotées de conseils de gouvernance nommés ou élus et sont responsables du
financement et de la prestation des services de santé communautaires et en établissement
de leurs régions[80]. Malgré
cette définition commune, il existe des différences considérables entre les
régies régionales de la santé au Canada quant à l’ampleur, à la
structure, à l’étendue des responsabilités et au nombre par province ou
territoire. Le tableau 3.1 contient des renseignements sur le nombre actuel et
la date approximative de constitution des RRS dans chaque province ou
territoire ainsi que des données sur la population desservie. La régionalisation
des soins de santé est un phénomène récent dans beaucoup de provinces.
Alors que certaines provinces ont réduit dernièrement leur nombre de RRS
(par exemple, leur nombre est passé de 52 à 6 en Colombie-Britannique),
d’autres l’ont augmenté (une de plus au Nouveau-Brunswick et 5 de plus en
Nouvelle-Écosse). De plus, la taille de la population desservie par une RRS
varie d’une province à l’autre et à l’intérieur de chaque province. TABLEAU
3.1 DATE
DE CONSTITUTION NOMBRE
DE RRS POPULATION
DESSERVIE (plage
ou moyenne) Colombie-Britannique Alberta Saskatchewan Manitoba Ontario Québec Nouvelle-Écosse Nouveau-Brunswick Île-du-Prince-Édouard Terre-Neuve Yukon Territoires du Nord-Ouest Nunavut 1997 1994 1992 1997-1998 - 1989-1992 1996 1992 1993-1994 1994 - 1988-1997 - 6 17 12 12 - 18 9 8 5 6 - 9 - 320 000
à 1,3 million 20 000
à 900 000 30 000
à 50 000 7 000
à 650 000 - 411 000 34 000
à 384 000 95 000 143 000 143 000 - 386
à 17 897 - Source:
Association des hôpitaux de l’Ontario, Regional Health
Authorities in Canada – Lessons for Ontario, document de travail,
janvier 2002 (www.oha.com). Le tableau
3.2 contient l’information sur l’étendue des services dont les RRS sont
responsables dans chaque province et territoire. Il existe de grandes
variations à ce chapitre. Les services hospitaliers sont communs aux RRS de
toutes les provinces. De plus, dans certaines provinces, les services de
laboratoire, les soins de longue durée et les soins à domicile sont souvent
dispensés par les régies régionales au moyen de contrats avec des
organismes du secteur privé sans but lucratif ou à but lucratif. Au Québec,
l’intégration d’une vaste gamme de services de santé, de services
sociaux et de services de santé mentale par les RRS a été particulièrement
réussie. Toutefois, les services médicaux, les médicaments de prescription
et les soins aux personnes atteintes de cancer n’ont pas été délégués
aux régions et sont toujours administrés et financés principalement par les
gouvernements provinciaux et territoriaux. TABLEAU
3.2 Hôpitaux Soins de longue durée Soins à domicile Santé publique Santé mentale Réhab Services sociaux Ambulance locale Labos C.-B. Alb. Sask. Man. Qc N.-B. N.É. Î.-P.É. T.-N. T.N.-O. X X X X X X X X X x X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X Source :
Association des hôpitaux de l’Ontario, Régional Health
Authorities in Canada – Lessons for Ontario, document de travail,
janvier 2002 (www.oha.com). L’étendue
du pouvoir décisionnel des régies régionales de la santé varie de l’une
à l’autre. Dans certaines provinces, les RRS sont soumises à des
restrictions budgétaires et administratives particulières déterminées à
l’échelle provinciale (Nouvelle-Écosse, Manitoba, Colombie-Britannique),
tandis qu’elles ont plus d’autonomie dans d’autres (Alberta,
Saskatchewan, Île-du-Prince-Édouard). Les RRS sont dotées d’un conseil
d’administration élu seulement dans quelques provinces (en Alberta, par
exemple, les RRS ont des conseils dont les membres sont en partie élus). Et
seulement quelques conseils comptent dans leurs rangs des représentants des
fournisseurs de soins de santé (comme en Colombie-Britannique). Aucun des
conseils n’intervient dans la génération de recettes, mais tous sont chargés
de la planification, de l’établissement des priorités, de l’attribution
des fonds et de la gestion des services au niveau local en vue d’assurer une
meilleure intégration et d’améliorer l’efficacité et l’efficience,
dans le respect des lignes directrices de la politique établie par la
province. Bon nombre jouent également un rôle direct dans la prestation de
services, ou du moins emploient des fournisseurs de soins autres que les médecins. Les RRS reçoivent
des fonds du gouvernement provincial/territorial habituellement au moyen de
budgets globaux fondés sur les niveaux de dépenses antérieurs pour la
population desservie. Certaines provinces (comme l’Alberta, la
Colombie-Britannique et la Saskatchewan) ont opté pour un financement par tête
basé sur les besoins de la population (ajusté en fonction des indicateurs de
population, d’âge, de sexe et de besoin). À
l’origine, la délégation aux régions des décisions relatives aux soins
de santé comportait de nombreux objectifs. Selon la documentation canadienne,
elle visait notamment : 1) la compression des coûts; 2) la satisfaction
des besoins locaux; 3) le contrôle local du processus décisionnel; 4) la
coordination et l’intégration des services; 5) l’utilisation efficiente
des ressources en santé; 6) l’amélioration de l’accès; 7) la gestion
efficace; 8) la responsabilisation accrue; 9) l’accent sur la santé et le
bien-être de la population et 10) de meilleurs résultats cliniques. Il y a eu
peu d’évaluations de la régionalisation pour vérifier dans quelle mesure
ces objectifs ont été atteints ou sont maintenant en voie de l’être. Les
témoignages recueillis par le Comité et les renseignements fournis dans différents
ouvrages donnent toutefois à penser que les RRS ont très bien tiré leur épingle
du jeu à de nombreux égards : ·
Les RRS
fournissent des services moyennant des frais administratifs réduits. Par
exemple, l’organisme Capital Health Region situé à Edmonton consacre moins
de 3 % de son budget total aux frais administratifs. ·
Les RRS axent
principalement leur intervention sur la prévention de la maladie et la santé
publique et veillent à maintenir des liens interactifs avec leur collectivité. ·
Les RRS sont
bien placées pour assurer l’intégration et la coordination des établissements
offrant des services de santé. Ce faisant, elles arrivent à accroître
l’efficacité et la qualité du service de façon durable. ·
Une meilleure
intégration et coordination au niveau régional permet de recourir aux
fournisseurs de soins les moins coûteux, compte tenu des objectifs de chaque
consommateur en matière d’accessibilité et de qualité des soins. ·
La prestation
intégrée des services de santé au niveau des RRS permet de mieux répondre
aux demandes de services, par exemple, lorsque les services d’urgence sont débordés,
grâce aux réponses intégrées faisant appel à des ressources spécialisées
en soins à domicile, soins prolongées et soins actifs. ·
Les RRS ont
une plus grande marge de manœuvre pour réaffecter et regrouper les services
cliniques entre les fournisseurs de soins de santé et les établissements. Au cours de
son étude, le Comité a appris qu’un certain nombre d’obstacles empêchaient
actuellement les RRS de mettre pleinement à profit leur potentiel. Ils sont résumés
ci-dessous : ·
Même s’il
incombe aux RRS d’offrir des services de santé en fonction des besoins de
leur population, leurs budgets sont, dans certaines provinces, presque entièrement
déterminés par le gouvernement, tout comme leurs objectifs de rendement.
Dans ces provinces, les RRS disposent de peu d’options si elles ne peuvent répondre
aux besoins de leurs citoyens en matière de santé avec les ressources
financières à leur disposition. Des observateurs ont fait remarquer que les
conseils des RRS doivent consacrer une grande partie de leur énergie à
exercer des pressions sur la province pour obtenir plus de financement. Ils
croient qu’il serait préférable d’investir ces efforts dans l’établissement
de leurs propres priorités et dans la réalisation de leurs propres objectifs
plutôt que dans l’adoption de mesures visant à satisfaire aux priorités
et aux objectifs qui leur sont imposés par le gouvernement. ·
Il existe des
faiblesses dans la planification des ressources et l’établissement des
budgets par les RRS, ainsi que des écarts dans les rapports de rendement.
Actuellement, les RRS sont tenues de présenter des plans d’activités et
des budgets à la province. Dans certains cas, cependant, il s’agit de plans
très généraux. Il n’y a pas d’objectifs précis établis et acceptés
par les deux parties, et les budgets s’apparentent plus à des lignes
directrices et ne fixent aucune limite officielle quant aux montants qui
peuvent être dépensés et à quelles fins. Certains analystes ont proposé
de préciser dans les accords avec le gouvernement provincial ce qui arrive
quand les RRS ne parviennent pas à respecter leur budget ou n’atteignent
pas leurs objectifs de rendement. Cette obligation contribuerait grandement à
accroître la transparence et la responsabilisation. ·
Un exemple
utile de la façon dont l’établissement d’objectifs peut être mis en
pratique a été porté à l’attention du Comité. Le ministère de la Santé
et du Mieux-être de l’Alberta, de concert avec les organisme Capital Health
des régions d’Edmonton et de Calgary, fixe annuellement des objectifs de
volume pour ce qui est des services dispensés dans l’ensemble de la
province (comme les transplantations d’organes, les chirurgies à cœur
ouvert, les soins aux accidentés graves et aux grands brûlés et les
neurochirurgies complexes). Ces objectifs sont établis en fonction de l’état
de santé, de l’incidence des conditions sanitaires et des données
conjoncturelles. La capacité de ces deux RRS albertaines d’atteindre les
objectifs fixés et le degré d’efficacité des soins qui en découle font
l’objet d’un suivi annuel. ·
Même si la
majorité des décisions en matière de soins de santé relèvent des médecins,
la rémunération de ces derniers est indépendante des RRS. À titre
d’exemple, lorsqu’un médecin demande un test de laboratoire ou un
rayon-X, c’est la RRS qui assume le fardeau financier, non le médecin.
Voici ce que David Kelly, ancien sous-ministre adjoint de la Santé en Alberta
et en Colombie-Britannique, avait à dire au Comité à ce sujet : En
place depuis près de dix ans dans l’ouest du Canada, les régions
sanitaires ont un mandat et des ressources pour fournir les services de santé
payés par les fonds publics. Cependant, jusqu’ici on ne leur a pratiquement
pas délégué de responsabilités relatives à la prestation de services médicaux.
La rémunération des médecins demeure une responsabilité des ministères de
la Santé, qui négocient des contrats provinciaux avec les associations de médecins.
À ce jour, ces contrats, à mon avis, ont bien peu contribué à l’intégration
des services médicaux aux services de santé régionaux ou à la promotion de
la réforme des soins primaires. La décision prise par l’Alberta en 1994
constitue une exception remarquable. Cette province a transféré aux régions
sanitaires la responsabilité et les ressources pour la prestation de tous les
services de laboratoire, tant ceux des hôpitaux que des laboratoires privés.
Cette décision, qui a suscité le transfert d’environ 10 % du budget
des médecins aux régions, a produit des économies substantielles et un
service de laboratoire intégré à l’échelle régionale. Les rapports Fyke
et Mazankowski recommandent qu’au moins une partie de la responsabilité
pour le paiement des services médicaux soit transférée aux régions (…)[83]. La
situation pourrait être considérablement améliorée si le coût des
services médicaux était inclus dans le budget des RRS plutôt que ce soit
les gouvernements provinciaux et territoriaux qui assument séparément la rémunération
des médecins. Plus important encore peut-être, le transfert de la pharmacothérapie
et des soins de santé primaires au budget des RRS permettrait, du point de
vue des patients, la pleine intégration du système (c’est-à-dire la mise
en place d’un « système homogène »). (…)
le transfert aux régies régionales a probablement réduit certains problèmes
de manque de coordination des soins entre les organismes mais il n’est pas
certain qu’il a amélioré l’intégration des nombreux processus de soins
aux patients. Les composantes essentielles des soins intégrés ont été
exclues du mandat des régies régionales – les médicaments et les soins médicaux
étant les plus importantes. Sans responsabilité à l’égard des médecins
et des produits pharmaceutiques, une régie régionale de la santé ne peut
pas fournir des soins de santé intégrés[84]. À la lumière
de ce fait, le Comité croit que l’attribution de responsabilités accrues
en matière de prise de décisions concernant l’ensemble des services de
santé et en matière de planification ainsi que l’exercice d’un plus
grand contrôle sur l’attribution des ressources faciliteraient l’intégration
des services de santé. Or, ce sont toutes là des responsabilités que les
RRS sont en mesure d’assumer dans le système de soins de santé financé
par l’État, maintenant et dans l’avenir. Cela exige que les gouvernements renoncent aux approches « descendantes »
et privilégient plutôt le transfert à l’échelon régional de la
responsabilité de la gestion et de la régie des soins de santé. Le rôle du
gouvernement devrait se limiter à assurer la régie globale du système, à
établir les politiques en matière de santé de la population, à négocier
des plans stratégiques et des budgets et à financer les RRS pour atteindre
ces objectifs. L’adoption
d’une politique fondée sur certains principes d’une approche de « marché
interne » est une forme possible de réforme qui faciliterait la délégation
d’un plus grand nombre de responsabilités aux RRS, dépolitiserait les décisions
relatives aux soins de santé, accroîtrait la concurrence et l’éventail de
choix offerts dans le secteur des soins de santé et ferait en sorte que les
Canadiens aient accès à un système de soins de santé véritablement homogène. Le concept
de « marchés internes » peut paraître complexe, mais il réfère
simplement à l’introduction des mécanismes de marché dans le système
public de soins de santé. Des stimulants de ce type auraient une incidence
sur les aspects prestation et attribution des systèmes de soins
de santé, mais non sur l’aspect financement. Les réformes de type
« marché interne » visent à accroître l’efficacité de la
prestation des soins et des mécanismes d’attribution servant à répartir
les recettes entre les fournisseurs de soins et les établissements. Les marchés
sont « internes » parce qu’ils supposent l’intervention, tant
du côté de la demande que de l’offre, d’entités faisant partie du système
public de soins de santé lui-même. Du côté de la demande, il y a un
acheteur public qui agit à titre d’agent représentant la population de
patients desservis. Du côté de l’offre, se trouve une autre entité qui
offre le service. Dans ce contexte, l’acheteur serait la RRS, tandis que le
fournisseur pourrait être un hôpital, un spécialiste, un laboratoire, un médecin
de soins primaires, etc. Des
observateurs ont fait remarquer que le système canadien de soins de santé
comporte déjà un certain nombre de caractéristiques propres aux marchés
internes. Par exemple, dans la plupart des provinces, les RRS achètent les
services hospitaliers au nom de leurs citoyens ou allouent des contrats à cet
égard. Au préalable, un budget global ou un financement basé sur la
population est négocié séparément entre le gouvernement et chaque RRS. Au Canada,
les gouvernements n’ont pas encore 1) délégué aux RRS, de façon claire
et explicite, la responsabilité de l’achat de l’ensemble des
services de santé, et n’ont pas non plus 2) établi de cadre de résultats
cohérent qui permettrait l’établissement d’une concurrence équitable
entre différents fournisseurs pour l’obtention de financement, et serait
assorti de responsabilités claires énoncées dans un modèle-type de contrat
d’affaires ou de rendement. Dans certains cas, les
RRS se contentent actuellement de transmettre aux hôpitaux le budget
reçu de leur gouvernement provincial ou territorial et fondé sur les niveaux
de dépenses antérieurs. En outre, aucune RRS au Canada n’est
responsable du budget des médecins (spécialistes rattachés à un hôpital
et ou médecins de soins primaires) ni des dépenses en médicaments de
prescription. En conséquence, il ne peut y avoir de concurrence (ni
d’orientation de marché) entre les fournisseurs et les établissements de
soins de santé, ni de réelle intégration des différents services de santé
financés par l’État. Certains spécialistes
canadiens prétendent qu’une approche de marché interne où les RRS
joueraient le rôle d’acheteurs favoriserait la gestion efficace des
services de santé et améliorerait la qualité des soins dans leur région : Dans un
marché interne, les régies régionales de la santé tiennent les cordons de
la bourse et choisissent les fournisseurs en fonction de la qualité et des
prix, au lieu de financer simplement les décisions de ceux qui utilisent les
ressources[86]. L’application
au niveau régional de principes de réforme axée sur les marchés internes
ne signifie pas que les hôpitaux relevant actuellement des RRS doivent se
tourner vers le secteur privé. Il est possible d’appliquer la logique des réformes
de marché interne au Canada grâce à la passation de contrats à caractère
concurrentiel entre les RRS et les différents hôpitaux publics (relevant des
RRS). La concurrence peut être plus vive encore si les fournisseurs du
secteur privé sont autorisés à faire concurrence aux fournisseurs de l’État
pour offrir certains services de santé assurés par l’État (comme les
chirurgies d’un jour et les soins de longue durée). En plus de favoriser
une concurrence accrue, ces contrats entre les RRS et leurs hôpitaux
permettraient de fixer des objectifs de rendement précis, de sorte que la
responsabilisation des hôpitaux et des autres fournisseurs de soins s’en
trouverait grandement améliorée. Le Comité est d’avis que les réformes axées sur des approches de
marché interne peuvent éventuellement favoriser la concurrence entre les hôpitaux,
les autres établissements et les différents fournisseurs de soins. Elles
peuvent aussi inciter les fournisseurs à être plus efficaces et plus
conscients des coûts et à prendre des décisions quant aux services à
offrir, à leurs destinataires et aux normes de service à respecter. Le Comité
croit de plus que de telles réformes conféreraient aux RRS la marge de manœuvre
nécessaire pour réorganiser les services afin de mieux les adapter aux
besoins de la population. Plus important encore peut-être, l’adoption de réformes
fondées sur des principes de marché interne permet de remédier au problème
actuel de certaines provinces dont les ministères de la Santé appliquent un
mode de gestion descendante. De plus, une approche de marché interne
contribuerait à accroître considérablement la transparence et la
responsabilisation dans toutes les parties du système. Des réformes
de marché interne impliquant la délégation claire de responsabilités aux
organismes régionaux de santé ont été implantées en Suède et au
Royaume-Uni. En Suède, avant l’adoption des réformes, les hôpitaux
appartenaient aux conseils de comté qui étaient chargés de
l’administration ainsi que du financement et de la prestation des services
de santé et qui employaient la plupart des médecins, ceux qui étaient
rattachés à un hôpital et les médecins de soins primaires. Les réformes
ont donné lieu à de nouveaux accords contractuels et à de nouveaux modes de
rémunération. Ainsi, la
gestion des hôpitaux publics a été transférée des conseils de comté à
des conseils d’administration indépendants. La rémunération hospitalière
a été remplacée par les diagnostics regroupés pour la gestion (DRG), une
forme de financement en fonction du service (comme celle recommandée au
chapitre deux du présent rapport). Des réformes du secteur des soins
primaires ont aussi été instaurées pour permettre aux conseils de comté
d’acheter les services des médecins. Un grand nombre de médecins de soins
primaires se trouvent maintenant en pratique privée sous contrat avec les
conseils de comté; ils sont remboursés par les conseils de comté selon la
formule de rémunération à l’acte. D’autres conseils de comté ont
instauré la rémunération par capitation pour les médecins de soins
primaires. Dans l’ensemble, les estimations montrent que les conseils de
comté ayant instauré des réformes de marché interne ont pu réduire les coûts
de 13 % de plus que ceux qui avaient maintenu le statu quo. Dans le
système en vigueur avant la réforme, les hôpitaux du Royaume-Uni
appartenaient à l’État et étaient administrés par le National Health
Service (NHS), soit le service de santé national par l’entremise de ses
RRS. Le budget de chaque RRS était établi par le gouvernement central selon
une formule de capitation pondérée. Le budget de chaque hôpital était
ensuite préparé selon un processus administratif comprenant des négociations
entre la direction de l’hôpital et la RRS concernée. Les spécialistes des
hôpitaux étaient des employés salariés du NHS. Ce système faisait
l’objet de critiques, principalement parce que les RRS achetaient les
services au nom de leur population locale et, qu’en même temps, elles
dirigeaient les hôpitaux locaux. Elles se trouvaient donc en conflit d’intérêt
puisqu’elles cherchaient à protéger ces hôpitaux. Lorsque les
réformes de marché interne ont été implantées, les RRS ont cessé de gérer
directement leurs propres hôpitaux et sont devenues responsables, à titre
d’acheteurs, de la passation de contrats avec les hôpitaux du NHS et les
fournisseurs privés en vue de fournir les services requis par leurs
populations résidentes. Les hôpitaux, de leur côté, ont été transformés
en fiducies du NHS (NHS Trusts), c’est-à-dire, des organismes sans but
lucratif à l’intérieur du NHS mais ne relevant pas directement des RRS. Un
système de DRG a été mis en place pour payer les hôpitaux. Un examen
de la documentation laisse supposer qu’au Royaume-Uni, il n’y a guère eu
d’évaluation rigoureuse du rôle d’acheteur de soins assumé par les RRS.
Le fait que toutes les RRS sont devenues des acheteurs au début de la réforme
a réduit les possibilités d’analyse comparative. Selon certains spécialistes,
les marchés internes n’ont pas fonctionné comme prévu car les deux
parties en cause n’ont pas pris de mesures incitatives pour favoriser la
restructuration. Plus
important encore peut-être, la responsabilité des soins de santé primaires
n’a jamais été déléguée aux RRS. Les médecins de soins primaires ont
été encouragés à adhérer au système des enveloppes budgétaires pour les
omnipraticiens (« GP Fundholdings »). Ceux participant à ce régime
recevaient un fonds pour l’achat, au nom de leurs patients, de médicaments
de prescription, de services de spécialistes rattachés à un hôpital et de
certains soins hospitaliers. Ainsi, la plupart des médecins de soins
primaires qui ont adhéré au régime sont devenus des acheteurs rivaux pour
les RRS. En fait, le régime est devenu si populaire que le gouvernement
central a décidé de transférer les responsabilités d’achat jusque-là dévolues
aux RRS aux médecins fonctionnant selon le régime des enveloppes budgétaires
(qui ont par la suite formé les groupes de soins primaires (Primary
Care Trusts)). D’après
Donaldson, Currie et Mitton (2001), la transformation des RRS en acheteurs est
possible au Canada. Il y a maintenant des RRS dans la plupart des provinces et
territoires et le fait que la plupart des soins de santé au Canada sont
dispensés dans les grandes villes et à proximité de celles-ci ouvre, selon
eux, toute grande la voie à une possible concurrence entre les fournisseurs. Ils insistent cependant sur les défis
à relever. ·
Premièrement,
il faudrait modifier le mode de rémunération des hôpitaux pour que les
stimulants de marché fonctionnent. Ainsi, les hôpitaux seraient rémunérés
selon une formule de financement fondée sur les services dispensés. C’est
l’une des raisons pour lesquelles le Comité en a recommandé l’adoption
dans le chapitre deux. ·
Deuxièmement,
si les hôpitaux devaient s’engager dans des contrats avec les RRS, il leur
faudrait exercer un contrôle plus rigoureux sur le personnel à leur emploi.
En bout de ligne, il faudrait que la responsabilité du budget pour les spécialistes
rattachés à un hôpital soit déléguée aux RRS. ·
Troisièmement,
pour réaliser l’intégration complète du système de soins de santé, le
budget pour les médecins de soins primaires devrait être attribué aux RRS,
qui seraient chargées de négocier des contrats avec les médecins de leur région.
Les médecins ou les groupes de médecins devraient avoir le choix de
s’engager par contrat avec une RRS ou de travailler à l’extérieur du
système. Cela exigerait une révision du mode actuel de rémunération des médecins. ·
Quatrièmement,
il faudrait songer sérieusement à confier aux RRS le pouvoir de dépenser
pour l’achat de médicaments de prescription. D’après
le rapport Mazankowski, les RRS sont prêtes à relever ces défis. De façon
précise, voici ce que dit le rapport : ·
Les RRS
devraient envisager autant la passation de contrats avec les hôpitaux de leur
région que d’autres ententes de prise en charge et mécanismes de paiement. ·
Il faudrait
inciter les RRS à signer des contrats avec différents fournisseurs y compris
les cliniques, les fournisseurs privés et sans but lucratif, les groupes de
fournisseurs de soins de santé (notamment les médecins de soins primaires)
et les autres régions. ·
Il faudrait
encourager les RRS à faciliter la création de centres de spécialisation.
Les RRS dotées d’une expertise spécialisée devraient être en mesure de
vendre ces services à d’autres régions et de négocier des contrats avec
elles pour en assurer la prestation. De cette manière, les régions généreraient
un volume de services suffisant pour leur permettre d’atteindre de meilleurs
résultats. Le Comité
reconnaît le fait que les marchés internes peuvent améliorer l’efficience
dans les grands centres urbains et les zones où la population est dense, mais
il n’en va pas de même dans les régions à faible densité de population.
Ce point a également été soulevé par Michael Decter, actuel président du
conseil d’administration de l’ICIS et ancien sous-ministre de la Santé en
Ontario, lorsqu’il a affirmé : (…)
la densité de la population est sous-estimée en tant que facteur de la
capacité d’implanter un marché interne. C’est un des dangers de l’expérience
européenne appliquée au Canada. Les scissions acheteur/fournisseur
fonctionnent bien lorsque la densité de la population et celle des
fournisseurs sont suffisantes pour susciter la compétition. (…)
Nous avons deux réalités au Canada. Une grande partie de la population,
peut-être 70 %, vte dans une poignée de grandes villes où je crois que
ce modèle devrait fonctionner. La compétition serait une bonne chose en
fonction de l’obtention de meilleurs prix et de meilleure qualité au fil du
temps. Pour le reste, vous avez besoin de stratégies afin d’avoir
suffisamment de services pour répondre aux besoins. Il ne s’agit pas de
compétition. C’est plus une question de stabilité du financement et de
stratégies pour permettre aux fournisseurs de s’installer réellement[87]. Le Comité
est également conscient du fait qu’il n’y a pas de RRS en Ontario, au
Yukon et au Nunavut à l’heure actuelle. En conséquence, la mise en œuvre
de réformes fondées sur des principes de marché interne en vertu desquelles
les RRS seraient responsables de l’ensemble des services de santé n’est
pas possible dans ces provinces et territoires. Il faudrait donc songer à
d’autres moyens pour intégrer la prestation des services de santé et en améliorer
l’efficacité. Le Comité
reconnaît que l’établissement de mécanismes de marché pour stimuler la
concurrence entre les établissements de soins de santé exige un nombre
suffisant de fournisseurs et une population importante. Bien que bon nombre de
régions du Canada sont en mesure d’entreprendre une réforme de marché
interne, certaines petites provinces et certaines régions à l’intérieur
de grandes provinces en sont incapables. À notre avis, les réformes de marché
interne devraient être mises en œuvre dans les secteurs géographiques où
elles seraient avantageuses sur le plan de l’efficacité et de
l’efficience. Le Comité
croit aussi qu’une réforme axée sur les principes de marché interne est
la solution pour surmonter les différents obstacles qui empêchent les RRS de
mettre pleinement à profit leur potentiel. Par ailleurs, il y aura moins
d’interférence politique lorsque les RRS auront la liberté et la
responsabilité pour atteindre les objectifs et se conformer aux normes de
rendement. Les RRS auront la marge de manœuvre nécessaire pour attribuer
leurs ressources financières de manière plus rentable et mieux adaptée aux
besoins de la population qu’elles desservent. De plus, en confiant
l’enveloppe budgétaire des soins primaires aux RRS, on s’assure
qu’elles auront les moyens d’en contrôler les coûts. En outre, la délégation
de la responsabilité financière à l’égard des services hospitaliers, des
médecins rattachés à un hôpital et des soins de santé primaires
favorisera la concurrence et permettra aux RRS d’offrir les services les
plus efficaces et les plus rapides qui soient ou d’allouer des contrats à
cette fin. Enfin, la prise en charge par une seule entité de l’ensemble des
services de santé fera en sorte que le système de soins de santé sera mieux
intégré et davantage orienté vers les besoins des patients. Le Comité
est conscient que l’application des principes de marché interne dans un
système public de soins de santé oblige à modifier la méthode de rémunération
des hôpitaux. Nous croyons que le financement en fonction des services est la
méthode la plus pertinente et notre recommandation à cet effet est énoncée
en détail au chapitre deux. Il semble
qu’il n’y a eu que très peu d’évaluations rigoureuses des réformes de
marché interne entreprises dans d’autres pays. Nous croyons que
l’intervention de nombreux facteurs, tels que la mise en œuvre simultanée
de différentes réformes, a rendu difficile l’établissement de leur réelle
portée. Pour cette raison, le Comité pense qu’il est important de
surveiller et d’évaluer l’incidence que les réformes fondées sur des
principes de marché interne peuvent avoir au Canada sur la productivité,
l’efficacité du système de soins de santé, l’accès aux services
couverts par le régime d’assurance public, les délais d’attente, etc.,
et de communiquer ces renseignements à la population canadienne. Malgré le
fait que la gestion et la prestation des services de santé soit d’abord une
question de compétence provinciale, le Comité croit que le gouvernement fédéral
peut jouer un rôle important pour améliorer la prestation des soins de santé
à l’échelle régionale en investissant de façon durable dans
l’infostructure des soins de santé (notamment dans la création de systèmes
d’information pour permettre le passage à une formule de financement fondée
sur les services dans le cas des hôpitaux), dans l’évaluation des résultats
du système de soins de santé et dans le bassin de ressources humaines affectées
au secteur de la santé. En conséquence,
le Comité recommande : Que
les régies régionales de la santé des grands centres urbains puissent
exercer un contrôle sur le coût des services médicaux en plus d’assumer
leur responsabilité à l’égard des services hospitaliers dans leur région.
Le pouvoir de dépenser pour l’achat de médicaments de prescription devrait
également leur être délégué. Que
les régies régionales de la santé puissent choisir entre différents
fournisseurs (particulier ou établissement) en fonction de la qualité et des
coûts et récompenser les meilleurs fournisseurs par un volume accru. Ainsi,
les RRS seraient dans l’obligation d’établir des contrats clairs où le
volume des services et les objectifs de rendement seraient précisés. Que
le gouvernement fédéral encourage le transfert des responsabilités des
gouvernements provinciaux et territoriaux aux régies régionales de la santé
et participe à l’évaluation de la portée des réformes de marché interne
menées à l’échelle régionale. Les
services de soins de santé primaires constituent le premier point de contact
avec le système de soins de santé. D’après l’Association médicale
canadienne, les soins de santé primaires comprennent « le diagnostic, le
traitement et la gestion des problèmes de santé, la prévention et la
promotion de la santé, de même qu’un soutien constant combiné à des
interventions familiales ou communautaires, s’il y a lieu »[88]. À
l’heure actuelle, la prestation des soins primaires au Canada s’articule
principalement autour de médecins de famille et d’omnipraticiens exerçant
seuls ou en petits groupes. Environ 33% des médecins de soins primaires
travaillent seuls et moins de 10% d’entre eux exercent dans des cliniques
pluridisciplinaires. La grande majorité des cabinets de soins primaires
appartiennent à des médecins qui les gèrent. Les honoraires à l’acte
constituent la forme de rémunération des médecins la plus courante. On a noté
diverses lacunes et divers problèmes dans la façon dont les soins primaires
sont généralement dispensés au Canada, à savoir : ·
la
fragmentation des soins et des services; ·
l’utilisation
inefficace des fournisseurs de soins de santé; ·
le manque
d’importance accordée à la promotion de la santé; ·
les obstacles
à l’accès (les soins ne sont pas offerts après les heures ouvrables et
les fins de semaine); ·
la piètre
qualité du partage, de la collecte et de la gestion de l’information; ·
le décalage
des mesures d’incitation, en particulier de la rémunération à l’acte,
qui récompense les soins ponctuels davantage que les soins prolongés et la
promotion de la santé/prévention de la maladie[89]. La création
de groupes de soins primaires (GSP) comme étape essentielle de la réforme
des soins primaires fait l’objet d’un assez vaste consensus, et presque
tous les rapports provinciaux importants publiés ces dernières années
renferment une recommandation en faveur d’une forme quelconque de réforme
des soins primaires (voir la section 4.2.1). Comme Michael Decter,
ex-sous-ministre de la Santé de l’Ontario, l’a indiqué au Comité : Le plus
difficile, c’est de passer d’un modèle qui ne peut plus véritablement
fonctionner – c’est-à-dire la pratique isolée – à
un modèle collectif. Les groupes pourraient avoir de nombreuses
configurations[90]. Les groupes
de soins primaires sont des cabinets de groupe composés de médecins auxquels
peuvent se joindre également d’autres fournisseurs de soins de santé (éventuellement
des infirmières, des infirmières praticiennes, des physiothérapeutes, des
diététistes, des sages-femmes, des psychologues, etc.).
Dans presque tous les types actuels de groupes de soins primaires, les
patients doivent s’inscrire auprès d’un groupe ou d’un médecin précis
pour une période de temps bien définie. Le GSP doit ensuite assurer
l’accès aux soins primaires aux patients inscrits, et ce, 24 heures
sur 24 et sept jours sur sept. Une fois inscrits, les patients doivent
habituellement demeurer avec leur groupe de soins primaires désigné pendant
une période de temps bien précise, généralement de six mois à un an,
à moins qu’ils ne changent de lieu de résidence. Le médecin ou l’équipe
de soins primaires joue le rôle de portier pour le reste du système,
aiguillant les patients inscrits vers des spécialistes. Comme maintenant, le
choix du spécialiste ferait l’objet d’une négociation entre le patient
et le médecin de soins primaires concerné. Toutefois, le patient inscrit
n’aurait pas directement accès à un spécialiste (comme c’est théoriquement
le cas à l’heure actuelle), ni à un autre médecin de famille à l’extérieur
du groupe, sauf bien sûr, dans des situations urgentes. Un système
fondé sur des GSP présente plusieurs avantages, notamment : ·
une garantie
d’accès pour le patient à sa propre équipe de médecins et
d’autres fournisseurs de services, 24 heures sur 24, sept jours sur sept; ·
une meilleure
utilisation de la gamme de fournisseurs de soins de santé et une meilleure
coordination des services aux patients, grâce au travail d’une équipe
interdisciplinaire; ·
des
possibilités d’économies à plus long terme grâce à une réduction de la
demande à l’égard de services coûteux comme les salles d’urgence
et les spécialistes, etgrâce à l’adoption de mesures pour faire en
sorte que chaque tâche soit confiée au professionnel le plus qualifié pour
s’en occuper; ·
des mesures
de promotion de la santé et de prévention de la maladie à l’intention des
patients. Dans le
volume cinq, le Comité a reconnu qu’il n’existera jamais de modèle
unique de prestation des soins de santé primaires pouvant s’appliquer
exactement de la même façon dans chaque région et dans chaque province du
pays, mais il s’est inspiré de divers rapports (voir la section 4.2.1)
pour dresser une liste d’attributs souhaitables pour tous les modèles d’équipes
pluridisciplinaires de soins de santé primaires, à savoir : ·
la prestation
d’une vaste gamme de services 24 heures sur 24, sept jours sur
sept; ·
la prestation des
services par le professionnel de la santé le plus compétent pour s’en
charger; ·
l’adoption
d’autres modes de rémunération que les honoraires à l’acte, par exemple
la capitation, soit exclusivement, soit dans le cadre d’une formule de
financement mixte; ·
l’intégration de
stratégies de promotion de la santé et de prévention de la maladie dans
leur travail quotidien; ·
la pleine intégration
des dossiers de santé électroniques (DES) des patients à la prestation des
soins. L’une des
questions soulevée lors des plus récentes audiences du Comité visait à
savoir si la réforme des soins primaires allait entraîner des réductions de
coûts perceptibles. Certains témoins sont d’avis qu’il devrait être
possible de réaliser des économies si chaque service est dispensé par le
fournisseur le plus compétent pour s’en charger, puisque les GSP
offrent à tous les fournisseurs de soins la possibilité de mettre pleinement
en valeur les compétences liées à leur champ de pratique. Ces témoins
voient une source possible d’économies dans le fait que jusqu’à 60 à 70 %
des interventions faites par des médecins pourraient être confiées à des
infirmières ou à des infirmières praticiennes (des infirmières possédant
des titres professionnels de niveau supérieur). Ils estiment que le transfert
de ces tâches à d’autres membres qualifiés du personnel qui ne sont pas
payés autant que les médecins, peut être avantageux à deux égards :
il permet de réaliser des économies à court terme et de faire en sorte que
les médecins consacrent une plus grande part de leur temps aux tâches pour
lesquelles ils sont les seuls qualifiés et dont bon nombre sont actuellement
assumées par des spécialistes parce que les médecins de soins primaires ne
peuvent s’en occuper eux-mêmes faute de temps[91]. Tous les témoins
conviennent qu’on réaliserait des gains d’efficacité en permettant aux médecins
de se concentrer sur les interventions qui requièrent leurs compétences
uniques, mais plusieurs doutent en fait qu’on réaliserait les économies prévues.
À titre d’exemple, voici ce qu’a noté à ce sujet le Dr Peter
Barrett, ancien président de l’AMC : […]
quoique souhaitable, l’élargissement de l’équipe de prestation de soins
pour y inclure les infirmières, les pharmaciens, les diététistes et
d’autres intervenants occasionnera une augmentation, et non pas une réduction,
des coûts; il faut donc envisager autrement la réforme des soins primaires.
Il faut y voir un investissement et non une façon de faire des économies,
une façon rentable de répondre aux nouveaux besoins des Canadiens[92]. Néanmoins,
le Comité estime que certains facteurs contribueraient effectivement à réduire
les coûts. Les remarques du Dr Barrett se fondent sur l’hypothèse
voulant qu’il y ait beaucoup de besoins auxquels le système ne répond pas
et que la réforme des soins de santé primaires permettrait de combler,
puisqu’un plus grand nombre de professionnels de la santé offriraient
davantage de services. Avec une formule de rémunération à l’acte, il en
coûterait évidemment plus cher. Par contre, si les médecins de soins
primaires offraient des services selon la pleine mesure de leurs compétences,
il y aurait également moins de patients dirigés vers des spécialistes[93]. Tous les témoins
soutiennent cependant que même s’il n’y a pas d’économies à réaliser
à court terme, cela ne réduit en rien l’importance d’une réforme des
soins primaires, mais fait au contraire ressortir d’autres raisons de la
faire progresser. D’après le professeur Brian Hutchison, de
l’Université McMaster : L’obsession
de la réduction des coûts nous a amenés à envisager de recourir aux
infirmières praticiennes comme remplaçantes des médecins. L’autre
dimension qu’il faut explorer, c’est leur potentiel pour ce qui est d’étendre
la palette des soins primaires et d’insister davantage sur la promotion de
la santé, la prévention et le counselling, domaines dans lesquels elles ont
beaucoup à offrir, probablement plus que les médecins. Nous devrions
envisager pour les infirmières praticiennes un rôle complémentaire, au lieu
de les voir principalement comme un moyen d’économiser de l’argent. Nous
devrions voir dans cette profession un outil d’amélioration de la santé[94]. Le Comité
est tout à fait d’accord avec ce point de vue. De fait, le rapport de synthèse
sur divers projets de soins de santé primaires entrepris sous les auspices du
Fonds pour l’adaptation des services de santé de Santé Canada fournit
d’autres preuves en ce sens. Voici ce que dit ce rapport au sujet d’un
projet d’évaluation du rôle d’un(e) infirmière praticienne dans le
contexte d’une équipe pluridisciplinaire travaillant à partir d’une
clinique de Calgary : Au départ,
les médecins ne savaient pas très bien quel serait le rôle des infirmières
praticiennes, mais ils ont vite constaté qu’elles facilitaient la
communication entre différents fournisseurs de soins, qu’elles amélioraient
sensiblement l’accès aux soins et leur qualité, et qu’elles prenaient en
main des cas, permettant ainsi aux médecins de passer plus de temps avec des
patients qui avaient besoin de leurs services. Quelque 95 p. 100 des
patients ont été satisfaits de cette initiative[95]. Dans la présente
section, nous examinons brièvement les points saillants de six rapports
provinciaux qui renferment des recommandations de réforme des soins
primaires. Nous passons ensuite en revue différentes initiatives récentes de
mise en œuvre dans trois provinces, soit l’Ontario, le Québec et le
Nouveau-Brunswick, qui ont dépassé le stade de la rédaction de
rapports et de la création de projets pilotes. Le tableau 4.1(fin de chapitre) présente un aperçu des différentes
propositions énoncées dans les six rapports, le plus ancien datant de décembre 1999[96],
et les regroupe en fonction d’un certain nombre d’éléments clés d’une
éventuelle réforme des soins primaires. Il y a beaucoup de similitudes
importantes et un certain nombre de différences notables de l’un à
l’autre. Tous les
rapports préconisent de recourir à une forme quelconque d’équipe
pluridisciplinaire fonctionnant habituellement 24 heures sur 24 et sept jours
sur sept, pour assurer la prestation de soins primaires complets. Les modalités
de réalisation de cet objectif varient cependant considérablement, tout
comme les détails fournis dans les divers rapports. Il importe de noter que
tous insistent sur la nécessité de créer une forme quelconque de dossier de
santé électronique (DSE – voir le chapitre dix), même s’ils n’en font
pas tous une condition inhérente à la mise en œuvre de leurs propositions
de réforme des soins primaires. Les
descriptions des équipes pluridisciplinaires proposées dans les rapports
diffèrent, tout comme la façon dont les liens entre les groupes de soins
primaires et les autres fournisseurs de soins de santé, comme les hôpitaux,
y sont envisagés. Seule une minorité des rapports préconisent l’adoption
de mécanismes de financement de rechange bien précis, et deux seulement
comportent des propositions explicites concernant l’inscription de patients. Même
s’il est trop tôt pour dire si les recommandations formulées dans ces différents
rapports seront mises en œuvre, l’exemple de l’Ontario est peut-être
instructif à cet égard. Premier à être publié, le rapport de la
Commission de restructuration des services de santé (rapport Sinclair) est
celui qui donne la description la plus détaillée de la façon dont la réforme
des soins primaires devrait être mise en oeuvre. Comme l’Ontario a été la
première province à entreprendre une réforme des soins primaires sur
l’ensemble de son territoire, il est intéressant de noter que le modèle
effectivement adopté à cette fin semble moins uniforme et d’application
plus souple et facultative que celui proposé dans le rapport. Le Réseau
santé-famille de l’Ontario (RSFO) a été créé en mars 2001. Il
s’agit d’un organisme semi-autonome qui relève du ministère de la Santé
et des Soins de longue durée (MSSLD) de l’Ontario. Le RSFO fournit aux médecins
de famille de l’information, un soutien administratif et des fonds pour les
technologies afin d’appuyer la création volontaire dans leurs communautés
de réseaux santé-famille (RSF). Le modèle
des RSF incite les groupes de médecins de famille et les membres des
professions paramédicales comme les infirmières praticiennes à collaborer
pour fournir des soins accessibles et coordonnés aux patients qui sont
inscrits auprès de leurs services. Le RSFO fournit des fonds, des lignes
directrices et des services de soutien, mais ce sont les médecins qui décident
de leur propre gré de former un RSF local et qui planifient de quelle façon
ils collaboreront pour offrir à leurs patients les meilleurs services
possibles. Il faut au
moins cinq médecins (dont un doit jouer le rôle de chef de groupe) et 4 000 patients
inscrits pour former un RSF, qui peut s’étendre à plus d’un endroit. En
plus d’offrir des services pendant les heures ouvrables, l’un des bureaux
d’un RSF doit être ouvert de 17 h à 20 h, du lundi au
jeudi, et trois heures par jour la fin de semaine. En dehors des heures
ouvrables, les patients inscrits sur la liste du RSF ont accès à une ligne téléphonique
où des infirmières répondent aux appels, avec l’aide d’un médecin de
garde du réseau santé-famille. On a créé
en 1998 des réseaux pilotes, appelés réseaux de soins primaires. Entre 1998
et 2000, on en a mis sur pied 14 dans sept communautés, si bien
qu’aujourd’hui, ils regroupent plus de 178 médecins et environ 270 000 patients
inscrits. En novembre 2001, l’Ontario Medical Association (OMA) s’est
prononcée par vote en faveur de l’idée de permettre au RSFO d’offrir aux
médecins du nord et des régions rurales de la province de conclure des
ententes avec les réseaux santé-famille. En janvier 2002, les membres de
l’OMA ont également donné leur accord à la signature d’un accord
contractuel de portée générale avec les médecins de famille de toute la
province. Un groupe de six médecins des Dorval Medical Associates à Oakville
a formé en 2002 le premier réseau santé-famille de l’Ontario. Les
patients qui adhèrent à un RSF acceptent de contacter d’abord le médecin
de leur réseau santé-famille lorsqu’ils ont besoin d’un service de santé,
à moins d’être en voyage ou de se trouver dans une situation d’urgence.
Ils acceptent également de permettre au MSSLD de fournir au médecin du RSF
certains renseignements au sujet des services de santé qui leur ont été
dispensés par des médecins de famille n’appartenant pas leur réseau. Le
MSSLD peut, en outre, communiquer au réseau santé-famille les dates
d’immunisations et les résultats de tests de dépistage du cancer du col utérin
et de mammographies. C’est le
médecin du réseau santé-famille qui, en consultation avec chaque patient,
effectue les renvois vers des spécialistes ou d’autres médecins de famille
pour obtenir une contre-expertise. Les patients peuvent continuer à
utiliser les services de leur médecin sans joindre les rangs du RSF dont
celui-ci fait partie. De même, s’ils décident d’annuler leur inscription
auprès du RSF de leur médecin, ils n’ont pas à changer de médecin de
famille. Celui-ci peut continuer à les recevoir selon les mêmes
conditions qu’avant leur adhésion au réseau. Les patients peuvent changer
de médecin attitré jusqu’à deux fois par an. Cependant, s’ils
consultent régulièrement un autre omnipraticien, leur médecin attitré peut
supprimer leur nom de la liste des patients inscrits auprès de son réseau
santé-famille. Le degré
de satisfaction des médecins à l’égard des réseaux pilotes est élevé
et aucun ne s’est encore retiré. Les ententes que signent les médecins
afin de créer un RSF portent sur les droits et les responsabilités des
patients et des médecins eux-mêmes, leur rémunération et le soutien
administratif. Les
montants versés pour les patients inscrits, montants qui sont pondérés
suivant l’âge et le sexe (voir le tableau 4.2) et qui englobent un éventail
de 57 services de soins primaires courants, sont censés correspondre à
environ 60 % des revenus d’un RSF. Le reste est constitué d’autres
montants pour la prestation de services préventifs comme les vaccinations,
les tests de Papanicolaou et les mammographies; de bonis pour le rapatriement
de patients ayant déjà consulté d’autres médecins pour recevoir des
soins primaires essentiels; d’honoraires de visite et de primes pour des
services non essentiels, comme les accouchements et les soins aux patients
hospitalisés. Tableau
4.2 Âge Homme Femme Moyenne 00-04 1,05 1,00 1,03 05-09 0,55 0,54 0,55 10-14 0,44 0,46 0,45 15-19 0,46 0,82 0,64 20-24 0,46 1,03 0,74 25-29 0,50 1,07 0,79 30-34 0,58 1,08 0,83 35-39 0,72 1,17 0,95 40-44 0,80 1,20 1,01 45-49 0,88 1,30 1,11 50-54 1,02 1,46 1,25 55-59 1,16 1,47 1,33 60-64 1,27 1,50 1,40 65-69 1,43 1,58 1,52 70-74 1,66 1,69 1,69 75-79 1,99 2,01 2,00 80-84 2,08 2,08 2,08 85-89 2,34 2,37 2,36 90+ 2,64 2,68 2,67 Nota :
Le multiplicateur pour le paiement au taux de base est 96,85 $. Les médecins
peuvent aussi facturer leur formation médicale continue et chaque réseau a
droit annuellement à une somme pouvant aller jusqu’à 25 000 $
pour acquitter ses frais d’administration supplémentaires. Les RSF ont également
droit à des fonds pour se doter d’un système de technologies de
l’information, notamment pour les dossiers électroniques de leurs patients,
les avertissements concernant les interactions médicamenteuses, le suivi des
mesures liées aux soins préventifs et la facturation électronique. Avec une
charge « moyenne » de travail de bureau et de garde à l’hôpital, en
obstétrique et en salle d’urgence, et une liste de 1 480 patients,
un médecin peut recevoir 254 846 $ en vertu du modèle de rémunération
mixte. La rémunération annuelle d’un médecin qui ne fait que du travail
de bureau et qui a une liste de 1 423 patients peut atteindre 204 256 $.
Sa rémunération brute s’élève à 105 455 $ s’il a une liste
de 598 patients seulement. Selon le Dr Elliot
Halparin, médecin de famille de Georgetown (Ontario) et président de
l’OMA, la rémunération moyenne d’un médecin rattaché à un RSF en
milieu urbain, en vertu du modèle mixte, est évaluée à 244 500 $,
pour une liste de 1 600 patients, contre 210 700 $ en
vertu de la formule traditionnelle de rémunération à l’acte. Ces chiffres
reposent sur la facturation moyenne des 6 500 à 7 000 médecins de
famille ontariens qui assurent des soins complets. Même
s’il est trop tôt pour tenter d’évaluer le projet de RSFO lui-même,
Price Waterhouse Coopers a effectué en octobre 2001 pour le compte du MSSLD
une évaluation des projets pilotes (des réseaux de soins primaires ou RSP)
avant leur pleine mise en œuvre. Certaines de ses conclusions sont dignes de
mention : ·
Les cinq
principaux avantages dont bénéficient les médecins adhérant à un RSP sont
les suivants : effets positifs de la rémunération par capitation sur le
mode de vie et le style de pratique; amélioration des soins aux patients;
technologies de l’information (TI); accroissement du revenu; partage des
appels et remplacement en cas d’absence. ·
Les
principaux défis auxquels les médecins sont confrontés lorsqu’ils adhèrent
à un RSP concernent les exigences administratives, les TI, la liste de
patients et les relations avec le ministère. ·
La
participation d’infirmières praticiennes et d’autres fournisseurs de
soins de santé aux réseaux a jusqu’ici été limitée, même si les
patients déclarent être très satisfaits des infirmières praticiennes. ·
La définition
des rôles et l’intégration aux équipes posent des défis lorsque vient le
temps d’inclure des infirmières praticiennes dans les RSP; le nombre
d’infirmières praticiennes par rapport au nombre de médecin est extrêmement
faible dans beaucoup de ces réseaux. ·
Le
recrutement d’infirmières praticiennes pourrait avoir une incidence sur la
rentabilité des RSP, mais il n’existe aucune preuve définitive à cet
effet. ·
Les médecins
sont très satisfaits de la capitation et certaines données préliminaires
montrent que ce mode rémunération a pour effet d’encourager des
changements de comportements. ·
Le service de
télétriage semble avoir eu des répercussions positives sur l’utilisation
des salles d’urgence. Selon les données émanant du fournisseur de ce
service, s’il n’y avait pas eu de télétriage, les demandeurs auraient
effectué 1 874 consultations auprès des salles d’urgence d’hôpitaux.
Or, seuls 871 demandeurs se sont fait conseiller de se rendre à
l’urgence, ce qui représente 1 003 consultations de moins. On a aussi
noté dans le rapport trois catégories d’obstacles qui entravent les progrès
des réseaux : ·
Les
obstacles à la mise en œuvre.
Exemples : les retards pour diverses composantes des TI, l’insuffisance
des ressources pluridisciplinaires, l’incapacité d’absorber le volume
plus élevé que prévu d’appels adressés au service de télétriage, le
manque de sensibilisation des patients et du public au sujet de la réforme. ·
Les
obstacles liés au modèle. Exemples :
une approche centrée sur les médecins à l’égard de la réforme, les
problèmes posés par les codes de bonis et les taux de capitation, le peu de
rétroaction donnée aux médecins au sujet de l’utilisation des services
externes, la nécessité de recourir à des mesures de rendement précises
pour évaluer les RSP. ·
Les
obstacles systémiques.
Exemples : les pénuries de médecins, la structure de financement des
soins de santé, le degré insuffisant d’intégration aux réformes adoptées
dans d’autres secteurs de la santé et les lacunes sur le plan du service. Le Comité
trouve important de souligner que le modèle adopté en Ontario diffère énormément
de celui préconisé par la Commission de restructuration des services
hospitaliers. La Commission aurait voulu que les gouvernements cessent de
payer les services offerts individuellement par les médecins et adoptent plutôt
un modèle en vertu duquel ils financeraient le GSP dans son ensemble
principalement au moyen d’une formule de capitation. De l’avis du Comité,
cette proposition aurait entraîné la création de véritables pratiques de
groupe au lieu du genre de pratique qui semble vouloir voir le jour en Ontario
et en vertu duquel des médecins praticiens travaillent sous un même toit
tout en conservant l’essentiel de leur autonomie. Le Comité souscrit à
l’approche recommandée par la Commission de restructuration des services
hospitaliers. Deux autres
provinces ont toutefois annoncé récemment des initiatives de réforme des
soins primaires qui s’apparentent plus étroitement aux recommandations
contenues dans les rapports commandés par leurs instances gouvernementales
respectives. Le 4 juin 2002,
le ministre québécois de la Santé et le président de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec ont annoncé qu’ils en étaient arrivés à une
entente sur des modalités d’établissement des 20 premiers groupes de
médecine de famille (GMF). Cette initiative fait partie d’un plan visant à
créer plus de 300 de ces groupes au cours des quatre prochaines années, au
terme desquelles ceux-ci devraient fournir des services de soins primaires à
75 % de la population de la province, comme l’a recommandé la
Commission Clair[97]. La création
de GMF ne sera pas obligatoire, pas plus que l’inscription des patients.
Chaque GMF englobera 6 à 10 médecins et infirmières et fournira une gamme
complète de services de soins primaires à une population de 10 000 à
20 000 patients[98].
Durant la phase de transition initiale, les médecins continueront d’être rémunérés
pour leur activité clinique de la même façon qu’ils le sont actuellement
(à l’acte, au moyen d’un salaire, etc.), mais recevront aussi une rémunération
horaire pour leurs activités associées au fonctionnement du GMF, comme la
coordination des services destinés aux patients inscrits ou leur
collaboration interdisciplinaire avec d’autres fournisseurs, de même
qu’une prime annuelle pour chaque patient inscrit sur leur liste[99]. Les
patients s’inscriront auprès du médecin de leur choix à l’intérieur
d’un GMF. Une inscription sera valide pendant une année et automatiquement
renouvelée à moins que le patient ne l’annule par écrit. Les patients
inscrits auront accepté de consulter d’abord leur médecin (ou quelqu’un
d’autre au sein du même GMF), à moins qu’ils ne se trouvent dans une
situation d’urgence ou qu’ils ne soient en voyage. Les GMF auront des
heures d’ouverture prolongées et garantiront la prestation de soins 24 heures
sur 24, sept jours sur sept, grâce à un service d’urgence téléphonique[100]. Pour
financer la création des 20 premiers GMF, le gouvernement québécois a
engagé 15 millions de dollars, répartis en trois enveloppes : 5 millions
de dollars pour verser une rémunération additionnelle aux médecins, 5 millions
de dollars également pour la bureautique et le matériel de bureau et enfin 5 millions
de dollars pour recruter des infirmières[101].
La création de chaque GMF devra être approuvée par le ministre; chaque
groupe de médecine de famille devra également avoir conclu un contrat avec
un CLSC (un centre de santé communautaire), ainsi qu’une entente avec le
conseil régional de la santé. Le
gouvernement du Québec a aussi récemment présenté un projet de loi,
parrainé conjointement par les ministères de la Santé et de la Justice, qui
redéfinit les rôles des médecins pour leur permettre de déléguer plus de
responsabilités aux infirmières. Ce groupe se spécialisera dans des
domaines comme la chirurgie, la cardiologie et les soins intensifs néonataux,
de même que dans l’exécution de tâches additionnelles dans divers
contextes, notamment les salles d’urgence[102].
Le
gouvernement du Nouveau-Brunswick a récemment annoncé deux mesures
connexes qui font suite aux recommandations relatives à une réforme des
soins primaires contenues dans le rapport du Conseil du premier ministre sur
la qualité des soins. Le 8 mai, il a déposé un projet de loi visant à
intégrer des infirmières praticiennes au système de santé de la province
et à permettre aux infirmières agréées de faire davantage usage de leurs
compétences et de leur formation. Ce projet de loi prévoit la création et
l’agrément d’infirmières praticiennes et habilite les infirmières de
première ligne oeuvrant dans les soins de santé primaires à traiter elles-mêmes
certains patients n’exigeant pas des soins urgents, sans l’intervention
directe d’un médecin[103].
Elles pourront commander des tests en laboratoire et diverses procédures de
diagnostic et délivrer des ordonnances pour certains médicaments. Le ministre
de la Santé a annoncé plus tôt que le gouvernement consacrera 2,1 millions
de dollars à la création dans la province d’au moins deux centres de santé
communautaire durant l’exercice en cours[104].
Ces centres feront appel à des équipes pluridisciplinaires de professionnels
de la santé, notamment à des infirmières praticiennes. Ce projet
de loi a reçu l’appui tant des organisations représentant les médecins
que de celles représentant les infirmières. En avril 2002, la Société
médicale du Nouveau-Brunswick a de fait proposé la facturation directe
de certains services de soins infirmiers au régime
d’assurance-maladie de façon à permettre aussi bien aux médecins
qu’aux infirmières de voir des patients. Elle a alors fait valoir que cette
mesure allait permettre aux cabinets de médecins de famille d’accepter plus
de patients, réduire les listes d’attente pour la consultation de spécialistes
et même inciter certaines infirmières à retourner à l’exercice de leur
profession. Le Comité
accueille favorablement ces initiatives provinciales. Nous notons que, pour la
première fois, la réforme des soins de santé primaires est passé du stade
des études préliminaires à celui de la mise en application concrète. Ces
progrès nous autorisent à entretenir un optimisme prudent quant à l’éventualité
d’une vaste réforme des soins primaires au Canada. Il faudra cependant
surmonter un certain nombre d’obstacles au changement. En ce qui
concerne l’Ontario par exemple, un certain nombre de témoins ont exprimé
des doutes au sujet du caractère « centré sur les médecins » du
RSFO. L’un d’eux, le professeur Hutchison, a déclaré au Comité que le
modèle ontarien était : … un
modèle très limité qui reflète le processus par lequel il a été négocié :
des négociations bilatérales entre le gouvernement et l’Ontario Medical
Association. Aucun intervenant non médecin n’a participé à la discussion.
C’était des négociations privées, derrière des portes closes. Bien
qu’il comporte certains éléments intéressants, c’est un modèle plutôt
traditionnel. On a changé le mode de financement (de rémunération des médecins),
mais pas grand-chose d’autre. Chose certaine, ce modèle ne donne pas
beaucoup de possibilités aux fournisseurs de soins pour ce qui est de mettre
au point et d’évaluer divers arrangements faisant appel à des fournisseurs
non médecins comme des infirmières praticiennes, travailleurs sociaux,
sages-femmes, etc. C’est un modèle axé sur le médecin[105]. Abondant
dans le même sens, le Dr Peter Barrett a insisté sur le fait
qu’ « afin de garantir des soins complets et intégrés, le médecin
de famille doit demeurer le prestataire et le coordonnateur central de l’accès
opportun aux services médicaux financés par l’État »[106].
La Dre Ruth Wilson, présidente du RSFO, a reconnu dans son témoignage
que le modèle ontarien actuel constituait un point de départ. Elle espère
« que les relations avec les autres professionnels se resserreront quand nous
aurons mis en place des réseaux de santé familiale »[107],
et ajoute que « nous avons beaucoup de choses à changer si nous voulons
convaincre les milliers de médecins de famille de l’Ontario d’accepter ce
modèle »[108]. À cet égard,
le président de l’OMA, le Dr Elliott Halparin, a souligné
qu’il faudrait du temps avant que les médecins n’y adhèrent en grand
nombre : On peut
comparer l’intérêt qu’il suscite à du maïs à éclater : au début,
quelques grains éclatent seulement et ensuite il y en a de plus en plus.
L’intérêt pour le système augmentera de la même façon à mesure que des
gens se rendront compte que c’est la meilleure façon d’offrir un ensemble
complet de services et que le système profite tant aux patients qu’aux médecins[109]. De façon
plus générale, des témoins ont fait état de divers obstacles qui entravent
encore la mise en œuvre d’une réforme des soins primaires, en
l’occurrence : ·
les droits
acquis de divers groupes professionnels; ·
les pénuries
de personnel qualifié; ·
le fait que
les honoraires à l’acte soient la méthode de rémunération des médecins
la plus courante; ·
les coûts élevés
de démarrage; ·
l’absence
d’une infrastructure d’information électronique. Le premier
de ces points est celui qui a semblé susciter le plus de controverse chez les
témoins entendus par le Comité. Certains estiment qu’il faut une
intervention ferme, de la part du gouvernement si nécessaire, pour sortir de
l’impasse créée par des groupes professionnels qui défendent leur chasse
gardée. Claude Forget, ancien ministre de la Santé du Québec, a affirmé
que « le fonctionnement du secteur n’est pas très différent de celui
d’une guilde médiévale au sens où il est rigide et ne permet pas
d’aller chercher quelqu’un qui évolue dans une profession connexe, en cas
de pénurie »[110]. Graham
Scott, ancien sous-ministre de la Santé de l’Ontario, a exprimé une
opinion similaire, faisant remarquer que « nous sommes confrontés à un
monstre très bien financé, bien organisé et puissant caché sous les traits
des organisations qui représentent les professionnels de la santé »[111].
Toujours selon ses dire, il faut « la menace de dispositions législatives
forcées » [112] pour amener les parties à la table des négociations
afin de réviser la réglementation qui régit actuellement les champs de
pratique. D’autres
témoins ont cependant fait valoir que la réforme des soins primaires ne
pourra être imposée aux fournisseurs de soins de santé et qu’elle ne
portera fruit que si elle est adoptée volontairement. Le Dr Les Vertesi,
directeur médical au Royal Columbian Hospital de Vancouver, a ainsi affirmé
« [qu’]il y a des choses, comme la réforme des soins de santé
primaires, qui doivent être effectuées par les fournisseurs, car le souci du
détail est incroyablement important »[113].
Le professeur Hutchison a également souligné que « les chances
sont très minces d’imposer des réformes à des fournisseurs récalcitrants,
en partie parce que je ne crois pas qu’aux yeux du public, une réforme des
soins primaires apporterait des avantages énormes »[114]. Au sujet
des champs de pratique, Mme Kelly Kay de l’Association
canadienne des infirmières auxiliaires, a souligné ce qui suit : […] le fait
que les infirmières auxiliaires autorisées rencontrent toujours des
obstacles artificiels à l'exercice de leur profession, que les infirmières
praticiennes doivent lutter pour être reconnues et rémunérées et que
d'autres professionnels, comme les physiothérapeutes, ne bénéficient
toujours pas d'un accès direct illustre bien les obstacles que rencontrent
encore certains groupes professionnels[115]. L’Association
médicale canadienne a adopté une politique sur les « champs de
pratique » qui appuie clairement la collaboration et la coopération.
L’Association des infirmières et infirmiers du Canada et l’Association
des pharmaciens du Canada ont donné leur accord de principe à cette
politique. Nous
avons d’ailleurs signé un document à cet effet[116]. Dans le
volume cinq, le Comité s’est dit favorable à la révision des règles qui
régissent les champs de pratique afin de permettre à tous les fournisseurs
de soins de santé de fournir la gamme complète des services pour lesquels
ils ont été formés[117].
Le Comité est d’avis qu’il faudrait uniformiser autant que possible ces règles
dans tout le pays. Le rapport de synthèse des projets touchant les soins
primaires du Fonds pour l’adaptation des services de santé en arrive à une
conclusion semblable, notamment pour ce qui est des soins infirmiers : Il
faudrait une initiative fédérale, provinciale et territoriale pour définir
des normes nationales en ce qui concerne la terminologie et la portée de la
pratique. Cette initiative devrait comprendre des prescriptions légales
favorables à l’élargissement du rôle des infirmières et des infirmières
praticiennes[118]. Le Comité
souscrit à cette conclusion et croit que le gouvernement fédéral devrait
prendre l’initiative à cet égard. Certains témoins
ont laissé entendre que ce qui manque surtout pour faire progresser la réforme
des soins primaire plus rapidement, c’est la volonté politique. Dans cet
esprit, Michael Decter a déclaré au Comité : La
question n’est pas de trouver le bon modèle, mais plutôt de déplacer des
balises. Nous avons passé beaucoup de temps à chercher le modèle parfait de
réforme des soins primaires. À certains endroits, cela a fonctionné en
grande partie parce que quelqu’un a tout simplement eu la volonté de
changer les choses[119]. Des témoins
ont réitéré l’argument formulé par le Comité dans le volume cinq à
l’effet qu’il ne peut y avoir de modèle unique applicable de la même façon
dans toutes les régions du pays. Mme Kelly Kay a affirmé que « celle-ci
[la prestation des soins de santé primaires] variera d'un endroit à l'autre »,
puisque « chaque ville doit adapter ses services à ses besoins »[120].
Pour sa part, la Dre Susan Hutchison, présidente du Forum des
médecins omnipraticiens de l’Association médicale canadienne, a déclaré
au Comité : La
composition des équipes de soins de santé varie selon les besoins de la
population. Il n’existe pas de composition idéale. Ce qui fonctionne le
mieux, ce sont des ressources humaines adéquates pour répondre aux besoins
de la population. La composition du personnel soignant s’établit en
fonction des services nécessaires pour répondre aux besoins des malades. La
gamme idéale des services offerts par une équipe dépend des besoins de la
population et du bassin de professionnels de la santé disponibles. Il peut y
avoir une variation considérable entre les besoins de diverses populations,
comme c’est le cas pour les populations autochtones, par exemple[121]. Les auteurs
du rapport de synthèse sur les projets du Fonds pour l’adaptation des
services de santé (FASS) dans le domaine des soins primaires (juin 2002)
en arrivent à une conclusion semblable lorsqu’ils soulignent que « le
système de santé s’est déjà montré capable de soutenir des variations
organisationnelles et il pourrait encore le faire dans le cadre déterminant
de l’intégration des soins de santé primaires »[122].
Ils tirent aussi un certain nombre de leçons qui corroborent les
recommandations formulées par le Comité dans le volume cinq en ce qui
concerne les caractéristiques fondamentales d’un système de soins
primaires réformé, l’élaboration d’une stratégie nationale en matière
de ressources humaines en santé et la mise en oeuvre d’un système national
de dossiers de santé électroniques. Ainsi, ils concluent que : L’expérience
directe acquise par le biais des projets du FASS apporte un nouvel éclairage
et renforce les connaissances de longue date sur certains aspects des soins de
santé primaires, comme les avantages de la médecine de groupe et des équipes
pluridisciplinaires, le potentiel inexploité des infirmières, et les liens
entre les déterminants, la promotion de la santé et la maladie, et la prévention
des blessures[123]. Ils
affirment également que certaines conditions sont nécessaires au succès de
la réforme des soins primaires et soutiennent
à cet égard qu’« il est essentiel, si l’on veut de bons
soins de santé primaires, de prêter attention à des éléments
sous-jacents tels que la création d’un dossier médical électronique
commun et l’accès à des ordinateurs et à d’autres technologies pour les
services, l’information et la recherche »[124]. Dans le
volume cinq, le Comité recommande : Que
le gouvernement fédéral continue de travailler avec les provinces et les
territoires à la réforme de la prestation des soins primaires et qu’il
assure un soutien financier permanent aux projets de réforme entraînant la
création d’équipes de soins de santé primaires pluridisciplinaires qui : §
visent à
offrir une large gamme de services 24 heures sur 24, sept jours sur sept; §
veillent à
faire en sorte que les services soient dispensés par les professionnels de la
santé compétents qui conviennent le mieux; §
utilisent à
leur pleine mesure les capacités et les compétences d’un éventail de
professionnels de la santé; §
adoptent
d’autres modes de rémunération que les honoraires à l’acte, par exemple
la capitation, soit exclusivement, soit dans le cadre d’une formule de
financement mixte; §
cherchent à
intégrer des stratégies de promotion de la santé et de prévention de la
maladie dans leur travail quotidien;
§
assument
progressivement une plus grande part de responsabilité à l’égard des
besoins en santé et en bien-être de la population desservie. Un appui
financier permanent à l’égard des initiatives de réforme qui entraînent
la création d’équipes de soins de santé primaires pluridisciplinaires
constituerait un prolongement de l’engagement dont le gouvernement fédéral
a fait preuve à l’égard de la réforme des soins primaires en allouant 150 millions
de dollars au Fonds pour l’adaptation des services de santé, dont 60 millions
de dollars ont servi à financer des projets reliés à la réforme des soins
primaires. Le gouvernement fédéral a également affecté 560 des 800
millions de dollars consentis au titre du Fonds pour l’adaptation des soins
de santé primaires (FASSP), créé en 2002 à l’issue de la Conférence des
premiers ministres, pour aider les provinces et les territoires à élargir la
portée des mesures envisagées dans le secteur des soins primaires et en accélérer
la mise en oeuvre. Cette somme est allouée au prorata de la population. Pour
y avoir accès, chaque gouvernement provincial et territorial doit élaborer
une proposition sur la façon dont leur part du FASSP servira à absorber les
frais de transition occasionnés par la réforme des soins de santé
primaires. Le FASSP
n’est toutefois pas un programme permanent. Le Comité reconnaît que les coûts
de démarrage pour les groupes de soins primaires peuvent être considérables.
Si l’on se fie aux coûts réels de mise en œuvre de la réforme des soins
primaires au Québec, ceux-ci pourraient atteindre jusqu’à 750 000 $
par groupe, mais on avait évalué au départ qu’ils pourraient aussi
atteindre un million de dollars par groupe. Le Comité
recommande donc : Que
le gouvernement fédéral puise 50 millions de dollars par année dans les
nouvelles recettes que le Comité lui a recommandé de générer, pour aider
les provinces à mettre sur pied des groupes de soins primaires. Cet argent, qui
s’ajoutera aux sommes provenant du FASSP, devrait permettre la création de
50 à 65 groupes de soins primaires par année. Le
Comité est persuadé que, pour pouvoir fonctionner efficacement, les groupes
de soins primaires doivent jouer le rôle de portiers pour le reste du système
de soins de santé. Il faut, par exemple, trouver des moyens pour inciter les
patients inscrits auprès d’un GSP à consulter le médecin de leur groupe
plutôt que de faire eux-mêmes des démarches pour obtenir les soins de spécialistes.
Ce devrait donc être au fournisseur de soins primaires de faire les renvois
à des spécialistes, en consultation avec le patient. Néanmoins, le
Comité ne croit pas qu’il y a lieu d’interdire aux patients de consulter
d’autres médecins, particulièrement des spécialistes, s’ils le désirent.
Il croit par contre que les patients qui choisissent de solliciter ailleurs
des soins qui pourraient être fournis adéquatement par le GSP auprès duquel
ils sont inscrits devraient assumer les conséquences financières de leur décision.
En d’autres termes, les patients devraient être assujettis à des frais,
lorsqu’ils consultent d’autres médecins, notamment des spécialistes, de
leur propre initiative. Dans le volume
cinq, le Comité recommande aussi l’établissement d’un cadre permanent
pour l’étude des questions touchant les ressources humaines, en particulier
grâce à la création d’un organisme national permanent de coordination des
ressources humaines en santé composé de représentants des principaux
intervenants et des différents ordres de gouvernement. Le mandat de cet
organisme consisterait à coordonner des projets visant à assurer un nombre
suffisant de diplômés pour réaliser l’objectif d’autonomie du Canada en
matière de ressources humaines en santé[125]. Au sujet de la création
de dossiers de santé électroniques, le Comité recommande dans le volume
cinq de prolonger le mandat actuel d’Inforoute Santé du Canada, au-delà
des 3 à 5 ans initialement prévus, pour qu’elle mette au point, de concert
avec les provinces et territoires, un système national de DSE. Plusieurs témoins
ont fait valoir que la création de dossiers de santé électroniques est non
seulement essentielle à la réforme des soins de santé primaires, mais que
c’est un domaine dans lequel le gouvernement fédéral peut exercer un
leadership. D’après
Jack Davis, président-directeur général de la Calgary Health Region,
« le seul domaine où je vois un réel potentiel d’investissement fédéral
est la création du dossier médical électronique »[126].
Le Dr Kenneth Sky, ex-président de l’Ontario Medical
Association, a mentionné que « pour les médecins, l’élément de la
réforme des soins primaires qui est lié à l’utilisation de la technologie
de l’information constitue un gros incitatif »[127].
Michael Decter estime pour sa part que les dossiers de santé électroniques
sont si importants qu’« on devrait soudoyer les médecins. Je leur
offrirais de l’argent pour qu’ils informatisent leur système »[128]. Le Comité
admet que le gouvernement fédéral devrait assumer un rôle de premier plan
pour accélérer d’un système national de dossiers de santé électroniques
et présente des recommandations précises en ce sens au chapitre dix. Lors des
discussions sur la réforme des soins primaires, il est souvent question de
l’expérience britannique avec la création de marchés internes durant les
années 90. Avant 1990, il était exact de décrire le service national
de santé britannique (le British National Health Service, habituellement
appelé le NHS) comme une entité dirigée par une bureaucratie monolithique
qui contrôlait tous les aspects du système. À l’époque, les services de
soins de santé communautaires et les hôpitaux du NHS appartenaient à l’État
et étaient exploités par les régies régionales de la santé du NHE. On déterminait
le budget de chaque hôpital suivant un processus administratif qui supposait
des négociations entre la direction hospitalière et celle du NHS. La
prestation des soins par les omnipraticiens était assujettie à un système
d’établissement de listes (« rostering ») qui obligeait les
patients à s’inscrire auprès d’un omnipraticien en particulier, qui
tenait lieu par la suite de portier (« gatekeeper ») pour le reste
du système. Les omnipraticiens travaillaient à contrat pour le NHS et étaient
rémunérés selon un système mixte de salaire et de capitation établie
selon le nombre de patients inscrits sur leur liste. Avec la réforme
des soins primaires et la création de marchés internes, certains cabinets de
médecine générale ont pu choisir volontairement d’adhérer au régime des
enveloppes budgétaires (autrement dit, de devenir des « fundholders »).
Les cabinets de médecine familiale qui desservaient un nombre suffisant de
patients sont devenus des acheteurs et ont alors été autorisés à passer
des contrats avec des hôpitaux et avec d’autres fournisseurs communautaires
(des infirmières de district, par exemple) pour obtenir certains services.
Les enveloppes budgétaires ne devaient servir qu’à l’achat de services
hospitaliers et communautaires; elles ne pouvaient être utilisées pour
arrondir les revenus des omnipraticiens concernés. Le NHS a toujours rémunéré
les omnipraticiens participant au régime comme des professionnels indépendants
travaillant à leur compte. Les diverses réformes adoptées durant les années 90,
comme la mise en place du régime d’enveloppes budgétaires (« fundholding »)
et, plus récemment, la création de groupes de soins primaires, n’ont pas
fondamentalement modifié la façon dont les omnipraticiens britanniques
gagnent leur argent. Au début
des années 90, on s’attendait à ce que le régime d’enveloppes budgétaires
ne représente qu’une infime partie du processus général de réforme mais
contre toute attente, il a rapidement gagné en popularité pour diverses
raisons. Il est vite devenu évident que les participants au régime pouvaient
offrir de meilleurs services à leurs patients. Ceci a créé un effet
d’entraînement, peu de médecins voulant être laissés pour compte. Le
gouvernement conservateur a renforcé cette tendance en offrant d’autres
avantages (comme des ordinateurs) uniquement aux cabinets participant au régime.
En plus, le fait de fonctionner selon le régime des enveloppes budgétaires
conférait aux omnipraticiens concernés un rôle central et une plus grande
autorité dans l’ensemble du système. Les consultants (des spécialistes)
ont été obligés de faire preuve d’une plus grande souplesse et de rendre
davantage de comptes aux omnipraticiens, puisque ceux-ci pouvaient décider de
renvoyer leurs patients à d’autres professionnels dans le cadre de leur
pratique. Élu pour
la première fois en 1997, le gouvernement travailliste dirigé par Tony
Blair était critique à l’égard d’un certain nombre d’aspects de la réforme
axée sur les marchés internes. Il estimait, en particulier, que le régime
d’enveloppes budgétaires avait favorisé l’apparition en Grande-Bretagne
d’une forme de système à deux vitesses (« two-tierism »),
parce que les patients des omnipraticiens participant au régime pouvaient
souvent se faire soigner plus rapidement que ceux des autres omnipraticiens.
Comme ils estimaient que cela allait à l’encontre des principes
fondamentaux du NHS, les travaillistes ont cherché à restreindre les formes
de concurrence qui, selon eux, étaient la cause des inégalités en train de
se créer. En avril 1999,
le gouvernement a obligé tous les omnipraticiens à joindre les rangs d’un
groupe de soins primaires (GSP), c’est-à-dire un regroupement de cabinets
de médecine générale à l’intérieur de régions géographiques bien plus
grandes que celles délimitées en vertu du régime des enveloppes budgétaires,
pouvant englober de 50 000 à 250 000 personnes. Les GSP ont réuni
des fournisseurs de soins primaires locaux sous l’autorité d’un conseil
principalement dirigé par des omnipraticiens, mais comptant également des
infirmières et d’autres fournisseurs de soins communautaires locaux. On
s’attendait à ce que les GSP évoluent petit à petit et deviennent des
« fiducies » (« trusts ») de soins primaires capables
d’assumer l’entière responsabilité de la mise en service (par l’octroi
de contrats) et de la prestation de services de santé communautaires à leur
population . Dès avril 2002, presque tous les GSP étaient devenus des
fiducies. En
principe, cette évolution conférait dorénavant à tous les omnipraticiens
les avantages offerts par le régime des enveloppes budgétaires, c’est-à-dire
un seul budget régional englobant tous les services de médecine générale,
les médicaments de prescription et les soins hospitaliers et spécialisés.
Une évaluation récemment effectuée par le King’s Fund donne toutefois à
penser qu’il y aura encore certaines étapes à franchir avant que les
fiducies de soins primaires puissent réaliser leur indéniable potentiel. Les
auteurs de cette étude ont conclu que les fiducies de soins primaires se développent
actuellement à des rythmes différents et que même si elles ont fait des
progrès au chapitre de l’établissement et de l’intégration des soins
primaires et communautaires, leur portée demeure jusqu’ici limitée pour ce
qui est de la mise en service et de l’amélioration de la santé[129]. Il y a lieu
de souligner que les omnipraticiens ont conservé le monopole de la prestation
des soins primaires jusqu’à la mise en œuvre des réformes du marché dans
les années 90 grâce à leur rôle de portiers pour tous les autres
volets du système. Un certain nombre de réformes apportées par le
gouvernement travailliste a permis aux cabinets dirigés par des infirmières
d’assumer un rôle croissant à cet égard. On a notamment créé une ligne
téléphonique de consultation dont des infirmières assurent la surveillance
24 heures sur 24 (NHS Direct) et ouvert un certain nombre de cliniques
sans rendez-vous où des infirmières font une première évaluation et
peuvent ensuite diriger les patients au besoin vers des omnipraticiens locaux. Il est très
difficile, en raison d’un certain nombre de facteurs, de tirer des
conclusions définitives de l’expérience britannique, qui puissent
facilement s’appliquer au contexte canadien. On n’a pas toujours disposé
de données suffisantes et la rapidité des changements n’a pas facilité la
réalisation d’une étude approfondie. En plus, compte tenu de la structure
très différente des deux systèmes, il est difficile d’appliquer les leçons
tirées du système britannique au système canadien de soins de santé. Un
certain nombre de points sont toutefois dignes de mention : ·
Premièrement,
malgré son opposition à la forme prise par les marchés internes sous le
gouvernement conservateur sortant, le gouvernement travailliste a néanmoins
conservé des éléments clés du principe de la séparation « payeur-fournisseur »
adopté par les conservateurs. ·
Deuxièmement,
la transition opérée par le gouvernement Blair pour passer du régime des
enveloppes budgétaires aux GSP et aux FSP semble mettre davantage en évidence
les succès du régime plutôt que ses lacunes. On s’est mis à craindre
l’instauration d’un système à deux vitesses parce que les omnipraticiens
participant au régime ont réussi à négocier avec les fiducies hospitalières
au nom de leurs patients. ·
Troisièmement,
le fait d’octroyer un plus grand rôle aux infirmières et à d’autres
fournisseurs de soins dans la prestation des soins primaires n’est pas sans
rappeler les recommandations en ce sens qui reviennent constamment sur le
tapis dans le débat en cours au Canada à propos de la réforme des soins
primaires. Tableau
4.1 Rapport Étendue des services Composition des équipes Rémunération Taille d’un cabinet DSE* Inscription Relations externes Sinclair (Ont.) Déc. 1999 Des soins
primaires complets seraient fournis 24 heures sur 24, sept jours
sur sept grâce à l’ouverture des cabinets après les heures ouvrables
(ou à la prolongation de leurs heures d’ouverture) et à un triage
téléphonique qui serait aussi effectué 24 heures sur 24 jour. Des médecins et
des infirmières praticiennes jouant le rôle de « fournisseurs
principaux », à l’intérieur d’une équipe interdisciplinaire
qui inclurait des infirmières agréées, des sages-femmes, des
psychologues et des travailleurs sociaux, des pharmaciens, des
physiothérapeutes et des diététistes. Chacun des fournisseurs de soins
de santé exercerait la gamme complète des compétences liées à son
champ de pratique. Il s’agirait
d’un financement de groupe plutôt que d’un financement individuel,
principalement au moyen d’une formule de capitation à laquelle
s’ajouteraient d’autres méthodes; le groupe déterminerait les
montants qui seraient remboursés
aux fournisseurs de services qui en seraient membres. Il ne s’agirait
pas simplement d’un partage des bureaux. Trois modèles
distincts : régions urbaines - 6 médecins et 2 infirmières
praticiennes pour environ 1 680 patients; Régions rurales – 2 médecins et 2 infirmières
praticiennes pour 1 293 patients; Régions
éloignées – 1 médecin et 3
infirmières praticiennes/infirmiers praticiens pour 1 142 patients. Oui Oui Chaque cabinet
serait chargé d’élaborer des ententes avec d’autres organismes et
fournisseurs de soins de santé (des hôpitaux, des spécialistes, des
services de santé publics, des centres de réadaptation, des
établissements de soins de longue durée, des services de soins à
domicile et des services de soins communautaires). Clair (Qué.) Janv. 2001 Des cabinets de
groupe assureraient les services 24 heures
sur 24, sept jours sur sept. Les services incluraient la promotion de
la santé et la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies,
les renvois vers des hôpitaux et des spécialistes, la coordination du
continuum des soins et les renvois vers des organismes de services
sociaux. Les cabinets ne
comprendraient que des médecins et des infirmières praticiennes, mais
ceux-ci travailleraient en collaboration avec le réseau actuel
de CLSC (des travailleurs sociaux, des diététistes, des
psychologues, des physiothérapeutes, etc.). Un système mixte
de rémunération incluant des éléments de capitation, une somme
forfaitaire pour la participation à certains programmes et des honoraires
à l’acte à des fins de prévention ou pour stimuler la productivité. 6 à
10 médecins travaillant à l’intérieur d’une polyclinique ou
d’un CLSC, bénéficiant de la collaboration de deux à trois
infirmières praticiennes et responsables de 1 000 à 1 800
personnes. Oui Oui Contrat avec la
régie régionale de la santé et entre le cabinet de soins primaires de
groupe et le CLSC. Les régies régionales de la santé seraient chargées
de coordonner le réseau de cabinets de soins primaires de groupe avec
d’autres fournisseurs de services. Fyke (Sask.) Avril 2001 Des cabinets de
groupe offriraient les services 24 heures sur 24. En dehors des
heures ouvrables, les appels téléphoniques seraient transmis à un
membre du groupe qui se trouverait à proximité; un service d’appoint
serait assuré en permanence grâce à un centre d’appel provincial. Il
n’y aurait pas de liste explicite des services. Les cabinets de
soins primaires de groupe comprendraient divers fournisseurs, notamment
des médecins, des infirmières praticiennes, des sages-femmes, des
physiothérapeutes, des diététistes, des préposés aux soins à
domicile et des professionnels dans les domaines de la santé mentale, de
la réadaptation, de la lutte contre la toxicomanie et de la santé
publique. Oui Les régies
régionales de la santé organiseraient et géreraient les cabinets de
soins primaires de groupe, en recrutant tous les fournisseurs de services,
notamment les médecins, par contrat ou autrement. Mazan-kowski (Alb.) Déc. 2001 L’auteur de ce
rapport approuve de façon très générale l’idée d’une réforme des
soins de santé primaires. Des équipes pluridisciplinaires assureraient
la prestation de soins complets. Les équipes
pourraient comprendre un médecin de famille, une infirmière ou une
infirmière praticienne, des travailleurs en santé mentale, des
travailleurs sociaux et d’autres intervenants. L’auteur estime
que les honoraires à l’acte font obstacle au changement. Il est
d’avis qu’un modèle mixte de financement serait la meilleure solution
et trouve que le Réseau santé-famille de l’Ontario constitue un
excellent exemple à cet égard. Oui Les médecins
devraient avoir la possibilité de conclure des contrats avec les régies
régionales de la santé pour une partie de leurs revenus. T.-N. Déc. 2001 Un réseau
d’équipes de soins primaires assurant un « continuum de
soins » (incluant des soins préventifs, des soins axés sur la
promotion de la santé, des soins curatifs, des soins de soutien et de
réadaptation). Les médecins de
soins primaires collaboreraient avec d’autres fournisseurs de soins de
santé et d’autres médecins. À l’intérieur de chacune des équipes, chaque fournisseur de soins de santé exercerait
ses compétences à leur plus haut niveau. L’auteur ne
recommande pas de méthode précise de financement (un modèle universel),
mais semble être favorable à une forme quelconque de financement souple
et mixte. Il ne fait pas mention de la capitation. Oui Les conseils
régionaux dresseraient à l’intention des médecins un aperçu des
services médicaux nécessaires pour leur région. Des groupes de
médecins concluraient des ententes officielles avec les conseils pour
assurer la prestation de l’ensemble des services énumérés dans
lesdites ententes. N.-B. Janv. 2002 Accès à une
gamme complète de services ambulatoires 24 heures sur 24,
sept jours sur sept, qui seraient coordonnés à partir d’un seul
endroit, de préférence, un centre de santé communautaire. Là où les
centres ne sont pas ouverts 24 heures sur 24, les appels
téléphoniques seraient redirigés vers un centre de service fonctionnant
en permanence. Un modèle axé
sur la collaboration et une approche d’équipe vis-à-vis de
la prestation des soins primaires. Les médecins de famille ne verraient
pas chaque patient et d’autres membres de l’équipe pourraient fournir
des services de consultation et/ou se charger du traitement. L’objectif
consisterait à faire pleinement appel à tous les fournisseurs de soins
en fonction de leurs connaissances, compétences et aptitudes respectives. Dans la mesure du
possible, tous les services de soins primaires seraient assurés ou
coordonnés par un réseau de centres de santé communautaires. Ces
centres seraient considérés comme le « noyau » physique des
soins primaires offerts dans la communauté. Oui D’autres
fournisseurs de soins pourraient être consultés par l’intermédiaire
de télésanté et/ou, sur place, au centre de santé communautaire
lui-même. *Dossier
de santé électronique [1]
Seulement 5 % des hôpitaux du Canada sont des établissements privés à
but lucratif. [2]
Institut canadien d’information sur la santé, « Dépenses de santé
des gouvernements provinciaux et territoriaux par affectation des fonds et
par source de financement, 1975-2001 », Base de données sur les dépenses
nationales en santé (BDDNS) (http://www.cihi.ca/dispPage.jsp?cw_page=statistics_results_source_nhex_e) [3]
Volume cinq, p. 25-27. [4]
Volume cinq, p. 38-41. [5]
À moins d’indication contraire, les renseignements qui ont servi à la rédaction
de cette section sont fondés sur les documents suivants : Sheila Block, The Ontario Alternative Budget 2002
– Health Spending in Ontario: Bleeding our Hospitals, Canadian Centre
for Policy Alternatives (Ontario), mai 2002. (www.policyalternatives.ca) Comité
sur la réévaluation du mode de budgétisation des centres hospitaliers de
soins généraux et spécialisés (Comité Bédard), La
budgétisation et la performance financière des centres hospitaliers,
Santé et Services sociaux, gouvernement du Québec, 2002. (www.msss.gouv.qc.ca) Jeffrey C. Lozon et Robert M. Fox, « Academic
Health Sciences Centres Laid Bare », Healthcare
Papers, vol. 2, no 3, 2002, p. 10-36. (http://www.longwoods.com/hp/2-3academic/index.html) Les
Vertesi, Broken Promises: Why Canadian
Medicare is in Trouble and What Can be Done to Save It, document déposé au Comité sénatorial permanent des affaires
sociales, des sciences et de la technologie, 2001. Ian McKillop, George H. Pink et Lina M. Johnson, The
Financial Management of Acute Care in Canada, - A Review of Funding,
Performance Monitoring and Reporting Practices, Institut canadien
d’information sur la santé, mars 2001. (http://www.cihi.ca/dispPage.jsp?cw_page=GR_32_E) Ministère
de la Santé du Danemark, Hospital
Funding and Casemix, septembre 1999. (http://www.sum.dk/publika/eng/hosp_casemix/) Nizar Ladak, Understanding
How Ontario Hospitals are Funded: An Introduction, Joint Policy and
Planning Committee, Ontario, mars 1998. (www.jppc.org) [6]
Bien que la méthode de classification du financement peut être la même
pour plusieurs administrations, la façon dont la méthode est mise en
oeuvre peut varier. [7]
Mark Rochon, Association des hôpitaux
de l’Ontario (56:42). [8]
Jack Davis, régie régionale de la santé de Calgary (53:40). [9]
Les Vertesi (2001), op. cit., p. 117. [10]
Barer, M.L. (1995), « Hospital Financing in Canada », chapitre
deux de Hospital Funding in Seven Countries, Office of Technology
Assessment: U.S. Congress, p. 23. (http://www.wws.princeton.edu/cgi-bin/byteserv.prl/~ota/disk1/1995/9525/952504.PDF) [11]
Les Vertesi (2001), op. cit., p. 31. [12]
Association canadienne des soins de santé, mémoire présenté au Comité
en juin 2002, p. 6. [13]
Les Vertesi (53:44). [14]
Ontario Joint Policy and Planning Committee, Hospital Funding Report
Using 2000/01 Data, document de référence no RD 9-12,
octobre 2001 (www.jppc.org). [15]
Mary Laschober et James Vertrees (1995), « Hospital Financing in the
United States », chapitre huit de Hospital Funding in Seven
Countries, Office of Technology Assessment: U.S. Congress, p. 136. (http://www.wws.princeton.edu/cgi-bin/byteserv.prl/~ota/disk1/1995/9525/952510.PDF) [16]
Comité Bédard (2001), p. 38. [17]
Medicaid est un programme conjoint fédéral-État qui assure les soins de
santé aux Américains à faible revenu. Medicare est un programme fédéral
d’assurance-santé chargé d’assurer les personnes de 65 ans et plus.
Ensemble, ces deux programmes assurent environ 30 % de la population américaine. [18]
Comité Bédard (2001), p. 38. [19]
Deux listes de taux sont utilisés selon qu’un hôpital est situé dans un
secteur urbain (comptant plus d’un millions d’habitants) ou dans secteur
non urbain. [20]
Dr Duncan Sinclair (50:12). [21]
PricewaterhouseCoopers Healthcare (2000) « Health Care Fraud and
Abuse: DRG Creep », Issues. (http://www.pwcglobal.com/extweb/manissue.nsf/DocID/80FFF2EE2B921FC9852566D7004D5BC) [22]
Les renseignements contenus dans cette section sont fondés sur un document
du European Observatory on Health Care Systems : Health Care Systems in
Transition – Denmark, 2001. (http://www.euro.who.int/observatory/TopPage) [23]
Les renseignements contenus dans cette section sont fondés sur un document
du European Observatory on Health Care Systems:
Health Care Systems in Transition – Norway, 2000. (http://www.euro.who.int/document/e68950.pdf) [24]
Michael Decter (52:12). [25]
Mark Rochon, Association des hôpitaux de l’Ontario (56:43). [26]
Association canadienne des soins de santé, mémoire présenté au Comité
en juin 2002, p. 6. [27]
Association des hôpitaux de l’Ontario, mémoire présenté au Comité le
22 mai 2002, p. 36. [28]
Cette opinion a également été exprimée par Ladak (1998), op. cit.,
p. 3. [29]
Association canadienne des soins de santé, mémoire présenté au Comité,
p. 7. [30]
Les Vertesi (2001), op. cit., p. 118. [31]
Ontario Joint Policy and Planning Committee Financial Issues Advisory Group
(1998), Understanding the Financial Pressures of Ontario Hospitals: Short
and Long Term Solutions, document no RD 7-10. ( www.jppc.org) [32]
Ce point a été énoncé clairement dans une étude effectuée pour la
Commission sur l’avenir des soins de santé au Canada par Colleen Flood et
Sujit Choudhry, Consolider les fondements : la modernisation de la
Loi canadienne sur la santé, étude no 13, août 2002. [33]
Volume cinq, p. 41-42. [34]
Les services hospitaliers spécialisés comprennent, entre autres, la
chirurgie cardiaque pédiatrique et la neurochirurgie par scalpel gamma. [35]
Par exemple, dans le cas de la chirurgie coronarienne pédiatrique, compte
tenu du petit nombre d’enfants atteints et du fait qu’il s’agit généralement
d’opérations réparatrices (par opposition à celles où l’enfant est
en danger de mort), il serait avisé de concentrer les interventions dans
quelques centres (comme c’est le cas actuellement en Ontario). Par contre,
dans le cas des pontages coronariens chez l’adulte par exemple, il ne
serait pas logique qu’un seul centre les pratique en Ontario. [36]
Duncan Sinclair (50:12). [37]
Michael Decter (52:13). [38]
Association canadienne des soins de santé, mémoire présenté au Comité,
p. 7. [39]
Kevin Empey (56:45). [40]
Ibid. [41]Association
canadienne des soins de santé, mémoire présenté au Comité, p. 6. [42]
Mark Rochon, Association des hôpitaux de l’Ontario (56:43). [43]
Association canadienne des soins de santé, mémoire présenté au Comité,
p. 6. [44]
Volume cinq, p. 36-39. [45]
Sharon Sholzberg-Gray (60:27). [46]
Volume cinq, p. 38-42. [47]
Volume quatre, p. 103-114. [48]
S. Kevin Empey, mémoire présenté au Comité le 22 mai 2002, p. 12. [49]
Lozon et Fox (2002), op. cit., p. 16. [50]
S. Kevin Empey, mémoire présenté au Comité le 22 mai 2002, p. 6. [51]
S. Kevin Empey, op. cit., p. 10. [52]
Dr Hugh Scott (63:17). [53]
Dr Jeffrey Lozon (63:16-17). [54]
Jeffrey Lozon et Robert Fox (2002), « Academic Health Sciences Centres
Laid Bare », article vedette dans Healthcare Papers, vol. 2, no
3, p. 30. [55]
Raisa Deber (59:12). [56]
Association canadienne des soins de santé, mémoire présenté au Comité,
p. 7. [57]
Ladak (1998), op. cit., p. 31. [58]
Mark Rochon (56:43). [59]
S. Kevin Empey (56:45). [60]
Association canadienne des institutions de santé universitaires, mémoire
présenté au Comité le 13 juin 2002, p. 17. [61]
Ibid. [62]
Ibid. [63]
Association médicale canadienne, For Commissioner Romanow: A
Prescription for Sustainability, 6 juin
2002, p. 26. [64]
Selon les données du recensement de 2001 de Statistique Canada. (http://geodepot2.statcan.ca/Diss/Highlights/) [65]
P.J. Devereaux et coll., « A Systematic Review and Meta-Analysis of
Studies Comparing Mortality Rates of Private For-Profit and Private
Not-for-Profit Hospitals », dans le Journal de l’Association médicale
canadienne, vol. 166, no 11, 28 mai 2002, p. 1399-1406. [66]
Ibid., p. 1404-1405. [67]
Dr Arnold Relman (48:8-9). [68]
Pour plus de renseignements, prière de consulter le document récent de
Brian S. Ferguson, A Comment on the Deveraux et al. Meta-Analysis of
Mortality in Private American Hospitals, ébauche, département d’économie,
Université de Guelph (Ontario), juin 2002. [69]
Ibid. [70]
Ces études sont résumées dans un article de Stephen Duckett, « Does
it Matter Who Own Health Facilities », paru dans Journal
of Health Services Research Policy, vol. 6, no 1, janvier
2001, p. 59-62. [71]
Brian S. Ferguson, op. cit., juin 2002. [72]
Brian S. Ferguson, « Profits and
the Hospital Sector: What Does the Literature Really Say? »,
document de travail sur la santé rédigé pour l’Atlantic Institute for
Market Studies, février 2002. [73]
Dr Arnold Relman (48:23). [74]
Gina Bravo et coll., « Quality of Care in Unlicensed Homes for the
Aged in the Eastern Townships of Quebec », Journal de
l’Association médicale canadienne, vol. 160, no 10,
18 mai 1999, p. 1441-1445. [75]
L’interprétation des résultats en fonction du type d’établissement (
à but lucratif ou sans but lucratif) a été facilitée par l’information
fournie par la statisticienne qui a participé à la réalisation de cette
étude, Marie-France Dubois. [76]
Volume cinq, pp. 39-40. [77]
Premier’s Advisory Council on Health, (le très honorable Don Mazankowski,
président), A Framework for Reform, décembre 2001 (http://www.premiersadvisory.com/). [78]
Le Comité a appris que l’absence de RRS en Ontario s’explique par le
fait que la Région du Grand Toronto est trop vaste pour une seule RRS. La
solution consisterait peut-être à adopter le modèle de la RRS ailleurs
dans la province et à recourir à un autre modèle d’intégration des
soins dans la RGT. [79]
À moins d’indication contraire, l’information contenue dans cette
section est fondée sur les documents suivants : Ontario
Hospital Association, Regional Health
Authorities in Canada – Lessons for Ontario, document de travail,
janvier 2002. (www.oha.com) Centre
de recherche sur la régionalisation. La régionalisation. (http://www.regionalization.org/) Ian
McKillop, George H. Pink et Lina M. Johnson. La gestion financière des soins de courte durée au Canada – Revue du
financement, du suivi du rendement et des pratiques d’établissement des
rapports financiers, Institut Canadien d’information sur la santé,
mars 2001 (http://www.cihi.ca/dispPage.jsp?cw_page=GR_32_E). Peggy
Leatt, George H. Pink et Michael Guerriere, « Towards a Canadian Model
of Integrated Health Care », HealthCare
Papers, vol. 1, no. 2, printemps 2000, pp. 13-35. (http://www.longwoods.com/hp/spring00/Papers2.pdf) British
Columbia Medical Association, Regionalization
of Health Care, BCMA Policy and Reports, 1997 (http://www.bcma.org/IssuesPolicy/PolicyPapersReports/regionalization/default.asp). Jonathan
Lomas, Regionalization and Devolution:
Transforming Health, Reshaping Politics? Occasional Paper No. 2, octobre 1997. (http://www.régionalization.org/OP2.pdf) Jonathan
Lomas, « Devolving Authority for Health Care in Canada’s Provinces:
1. An Introduction to the issues », Journal de l’Association médicale canadienne, vol. 156, no 3, février
1997, pp. 371-377. (http://www.cmaj.ca/) [80]
Définition fournie par le Centre de recherche sur la régionalisation. [81]
Pour de plus amples renseignements, voir par exemple les documents suivants :
1) Robert Bear, « Can Medicare Be Saved? Reflections from Alberta »,
dans Healthcare Papers, été 2000, p. 60-67; 2) le rapport
Mazankowski (décembre 2001). [82]
À moins d’indication contraire, l’information présentée dans cette
section est fondée sur les documents suivants : Le
rapport Mazankowski (décembre 2001). Glenn
G. Brimacombe et Lorraine Pigeon, A
Review of the Funding Flows of Régional Health Authorities in British
Columbia, The Conference Board of Canada, 2001. Cam
Donaldson, Gillian Currie et Craig Mitton, “Integrating Canada’s
Disintegrated Health Care System – Lessons from Abroad”, C.D. Howe
Institute Commentary, avril 2001. (www.cdhowe.org) [83]
David Kelly, mémoire au Comité, pp. 7-8. [84]
Peggy Leatt et coll. (printemps 2000), p. 18. [85]
L’information fournie dans cette section est fondée sur les documents
suivants : European
Observatory on Health Care Systems, Health Care Systems in Eight
Countries: Trends and
Challenges, avril 2002. (http://www.euro.who.int/observatory/TopPage) Volume
trois, chapitre quatre et cinq, janvier 2002. Volume
cinq, avril 2002. [86]
Cam Donaldson et coll. (avril 2001), p. 8. [87]
Michael Decter (52:12). [88]
Citée dans Ann L. Mable et John Marriott, Le Fonds pour l’adaptation
des services de santé – Série de rapports de synthèse – Les soins
primaires, juin 2002, p. 15. [89]Ibid.,
p. 16. [90]
52:9. [91]
Ce phénomène est bien illustré par les faits suivants tirés d’un
rapport de 1999 de la Commission de restructuration des services de santé
de l’Ontario et cités dans le volume quatre de l’étude du Comité (p. 118).
Le tiers des services médicaux facturés par des spécialistes ontariens en
1997 (ayant coûté 1,4 milliard de dollars en tout) auraient pu être
rendus par des omnipraticiens. En 1997, les cinq codes de facturation les
plus fréquents chez les omnipraticiens ontariens représentaient environ 69 %
du montant total facturé par ceux-ci (1,2 milliard de dollars). Les voici :
évaluations intermédiaires (pédiatrie), évaluations générales, évaluations
mineures, psychothérapie individuelle et counselling. D’après les
cliniciens conseillant la Commission de restructuration, la plupart de ces
services, voire tous, auraient pu être rendus par des infirmières
praticiennes, des infirmières et de nombreux professionnels de la santé
bien formés. [92]
56:12. [93]
La recherche effectuée par la Commission de restructuration des services de
santé de l’Ontario montre que la baisse la plus spectaculaire à ce
chapitre concerne les renvois à des dermatologues et à des
oto-rhino-laryngologistes. [94]
58:13. [95]
Marriott Mable, op. cit., p. 20 [96]
Ces rapports sont les suivants : 1.
Commission de restructuration des services de santé (Duncan Sinclair, président),
Primary Health Care Strategy –
Advice and Recommendations to the Honourable Elizabeth Witmer, Minister of
Health, gouvernement de l’Ontario, décembre 1999. 2.
Commission d’étude sur les services de santé et les services sociaux
(Michel Clair, commissaire), Les
solutions émergentes – Rapport et recommandations, janvier 2001. 3. Saskatchewan Commission on Medicare (Kenneth Fyke,
commissaire), Caring for Medicare –
Sustaining a Quality System, avril 2001. 4. Premier’s Advisory Council on Health (le très
honorable Don Mazankowski, président), A
Framework for Reform, rapport au premier ministre de l’Alberta, décembre 2001,
p. 52 et 53. 5.
Primary Care Advisory Committee (Kathy LeGrow, présidente), The Family Physician’s Role in a Continuum of Care Framework for
Newfoundland and Labrador, un cadre pour le renouvellement des soins
primaires, ministère de la Santé et des Services communautaires,
Terre-Neuve et Labrador, décembre 2001. 6.
Rapport du Conseil du premier ministre sur la qualité des soins de santé, Renouvellement
du système de santé, gouvernement du Nouveau-Brunswick, janvier 2002. [97]
Communiqué de presse du ministère de la Santé et des Services sociaux
(MSSS), 4 juin 2002. [98]
Health Edition, vol. 6
no 23, 7 juin 2002, p. 4. [99]
Fiche technique du MSSS, « Résumé de l’entente particulière entre
la FMOQ et le MSSS relative aux groupes de médecine de famille. » [100]
Fiche technique du MSSS, « Le groupe de médecine de famille ». [101]
Health Edition, op.
cit. [102]
Medical Post, 14 mai 2002. [103]
Communiqué de presse 453, 8 mai 2002. [104]
Medical Post, vol. 38,
no 21, 21 mai 2002. [105]
58:23. [106]
56:10. [107]
57:7. [108]
57:17. [109]
56:22.
2.1
Méthodes de financement des hôpitaux au Canada : Avantages et
inconvénients[5]
HÔPITAUX
AU CANADA PAR PROVINCE, 2000
(1) Fondé sur la politique, fondé
sur l’établissement, fondé sur la population et fondé sur les services.
(2) Fondé sur la population et
fondé sur la politique.
Nota : Le nombre de lits pour la
Nouvelle-Écosse ne concerne que les soins de courte durée.
2.1.1
Financement élément par élément
2.1.2
Discrétion ministérielle
2.1.3
Financement fondé sur la population
2.1.4
Financement par budget global
2.1.5
Financement fondé sur les politiques
2.1.6
Financement fondé sur les établissements
2.1.7
Financement par projet
2.1.8
Financement fondé sur les services dispensés
2.2
Financement fondé sur les services dispensés : Examen de l’expérience
internationale
2.2.1
États-Unis
2.2.2
Royaume-Uni
2.2.3
France
2.2.4
Danemark[22]
2.2.5
Norvège[23]
2.2.6
Examen de l’expérience internationale par le comité Bédard
2.3
Justification du financement fondé sur les services dispensés au
Canada
Il est reconnu, autant au Canada qu’à l’étranger, que
l’information sur l’utilisation des ressources hospitalières (et autres)
est essentielle pour obtenir les résultats escomptés en matière de soins de
santé, et ce, de façon efficiente. Dans les méthodes actuelles de
financement des hôpitaux au Canada, les décisions ne sont généralement pas
fondées sur des données détaillées sur les coûts puisque le financement
est dicté par des considérations politiques ou fondé sur les tendances
historiques et que, de toute façon, l’information nécessaire n’existe
tout simplement pas.
2.3.1
Pertinence du choix de services
2.3.2
Services excessifs et surévaluation
2.3.3
Taux, information et données
2.3.4
Innovation
2.3.5
Soins de santé complets
2.3.6
Escalade des coûts
2.3.7
Manque de simplicité
2.3.8
Commentaires du Comité
Le Comité est d’accord avec les témoins pour dire que, dans la mesure
du possible, les hôpitaux doivent être financés en fonction des services
particuliers qu’ils offrent. Le financement fondé sur les services dispensés
est la meilleure méthode de financement des dépenses de fonctionnement des hôpitaux,
même s’il faut éventuellement prévoir par ailleurs un financement
additionnel distinct pour les dépenses en immobilisations (voir la section 2.6
ci-dessous). Le Comité croit que le financement fondé sur les services
dispensés présente de nombreux avantages par rapport aux méthodes actuelles
de financement des hôpitaux du Canada. Nous croyons que cette formule sera
extrêmement avantageuse pour les Canadiens du point de vue de la qualité et
de la promptitude des soins hospitaliers, et en ce qui concerne la
transparence, la reddition de comptes et les rapports sur le rendement.
2.4
Les centres universitaires des sciences de la santé et la complexité
des hôpitaux d’enseignement
Les hôpitaux d’enseignement du Canada font partie des centres
universitaires des sciences de la santé (CUSS). Ces derniers sont composés
d’un hôpital d’enseignement, d’une faculté de médecine, d’instituts
de recherche et d’autres établissements hospitaliers (on trouvera à
l’annexe 2.1 la liste des CUSS et de leurs hôpitaux affiliés). Puisque ces
centres sont responsables de l’enseignement et de la recherche en plus de
dispenser des soins aux patients, ils sont beaucoup plus complexes que les hôpitaux
communautaires. Ils offrent également les services les plus modernes et les
plus élaborés et traitent les cas complexes les plus difficiles.
De plus, le Comité croit fermement que, puisqu’ils jouent un rôle
essentiel au chapitre de l’enseignement, de la recherche et de la prestation
de soins perfectionnés, les CUSS constituent une ressource nationale dans le
système de soins de santé canadien; ils font par ailleurs partie intégrante
de l’infrastructure de soins de santé du Canada. Par conséquent, le
gouvernement fédéral est particulièrement bien placé pour soutenir les
CUSS à l’échelle du pays, en assumant le rôle bien reconnu qu’il joue
pour financer l’enseignement postsecondaire, la recherche en santé, la
prestation des soins de santé, la technologie relative aux soins de santé et
pour planifier les ressources humaines en soins de santé. Ces questions sont
traitées dans les chapitres suivants du présent rapport.
2.5
Petits hôpitaux et hôpitaux communautaires ruraux
2.6
Financement des besoins en immobilisations des hôpitaux canadiens
2.7
Établissements de soins de santé publics ou privés?
Les observations de Devereaux et coll. sont aussi en contradiction avec
celles d’une étude canadienne publiée en 1999 dans le Journal de
l’Association médicale canadienne sur la qualité des soins dispensés
dans des foyers pour personnes âgées autorisés et non autorisés de la région
des Cantons de l’Est du Québec[74].
Les auteurs ont par exemple constaté
que la qualité des soins dispensés aux résidents âgés dans les
grands centres non autorisés de soins de longue durée (privés à but
lucratif) étaient analogues à ceux que l’on retrouvait dans
les grands centres autorisés de soins de longue durée (privés sans
but lucratif)[75]. Ils ont observé en
outre que la majorité des établissements étudiés (indépendamment de la
taille et du type) fournissaient des soins d’une qualité relativement
bonne.
Annexe
2.1 :
Centres universitaires des sciences de la santé et hôpitaux et régies régionales
de la santé affiliés
The General Hospital
St. Clare’s Mercy Hospital
Janeway Children’s Health and
Rehabilitation Centre
Waterford Hospital
Dr. L.A. Miller Centre
Dr. Walter Templeman Health Centre
IWK Health Centre
Queen Elizabeth Health Sciences Centre
II
Dartmouth General Hospital
East Coast Forensic Hospital
Eastern Shore Memorial Hospital
Hants Community Hospital
The Nova Scotia Hospital
Twin Oaks Memorial Hospital
Musquodoboit Valley Memorial Hospital
Atlantic Health Sciences Corporation*
Saint John Regional Hospital
St. Joseph’s Hospital
Sussex Health Centre
Charlotte County Hospital
Grand Manan Facility
Hôpital
Laval, Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie
Institut
universitaire de gériatrie de Sherbrooke
Hôpital
Sainte-Justine
Institut
de cardiologie de Montréal
Hôpital
Maisonneuve-Rosemont
Hôpital
du Sacré-Coeur de Montréal
Institut
universitaire de gériatrie de Montréal
Hôpital
général juif
Hôpital
St. Mary’s
Hôpital
Douglas
Hôpital
d’Ottawa
Centre
hospitalier pour enfants de l’Est de l’Ontario
Hotel Dieu Hospital
Providence Continuing Care Centre
St. Michael’s Hospital
The Hospital for Sick Children
Sunnybrook Health Sciences Corporation
Mount Sinai Hospital
Toronto Rehabilitation Institute
Baycrest Centre for Geriatric Care
Centre for Addiction and Mental Health
St. Joseph’s Hospital
St. Joseph’s Health Centre
Hôpital
général de St-Boniface
Centre
des sciences de la santé
Royal University Hospital
Saskatoon City Hospital
St. Paul’s Hospital
Regina Health District
Regina General Hospital
Pasqua Hospital
Rockyview Hospital
Foothills Hospital
Alberta Children’s Hospital
Peter Lougheed Hospital
Royal Alexandra Hospital
University of Alberta Hospital
Grey Nuns and Misercordia Hospital
Children’s and Women’s Health
Centre
BC Cancer Agency
Vancouver Coastal Health Authority
Vancouver Hospital and Health Science
Centre
Providence Health Care/St. Paul’s
Hospital
CHAPITRE
TROIS
Déléguer plus de responsabilités aux régies régionales de la santé
3.1
Un tableau des RRS au Canada[79]
RÉGIES
RÉGIONALES DE LA SANTÉ (RRS)
SERVICES
ADMINISTRÉS PAR LES RÉGIES RÉGIONALES DE LA SANTÉ
3.2
RRS : Objectifs et réalisations[81]
3.3
Obstacles qui empêchent les RRS de mettre pleinement à profit leur
potentiel[82]
3.4
Les RRS et le potentiel des marchés internes[85]
3.5
Commentaires du Comité
Le Comité croit que la délégation d’un plus grand nombre de
responsabilités aux régies régionales de la santé constitue une étape
importante de la réforme des soins de santé au Canada. En réalité, les RRS
sont présentes dans la plupart des provinces et un fort pourcentage des dépenses
en soins de santé se concentre dans les grandes villes et à proximité de
celles-ci, d’où l’instauration possible d’une concurrence entre les
différents fournisseurs et établissements. Nous sommes persuadés qu’il
est maintenant temps que les RRS puissent exercer un plus grand contrôle sur
l’ensemble des dépenses de soins de santé de leur région.
CHAPITRE QUATRE
Réforme des soins de santé primaires
4.1 Pourquoi une réforme des soins de santé primaires est-elle nécessaire?
4.2
Les provinces et la réforme des soins primaires
4.2.1
Rapports récents
4.2.2
Le Réseau santé-famille de l’Ontario
Coefficient
applicable au versement du paiement au taux de base et du paiement spécial
suivant l’âge et le sexe
Source :
Matt Borsellino, “Primary Care Payment Options Become Available,” The
Medical Post, 4 décembre 2001, p. 8.
4.2.3
Québec
4.2.4
Nouveau-Brunswick
4.3
Surmonter les obstacles au changement
4.4
Le rôle du gouvernement fédéral
Annexe
4.1 :
Régime d’envellopes budgétaires pour les omnipraticiens
en Grande-Bretagne
Examen de rapports provinciaux récents comportant des recommandations de
réforme des soins de santé primaires
Source : Bibliothèque du Parlement