RAPPORT FINAL SUR LE BUDGET PRINCIPAL DES DÉPENSES 2003-2004
COMITÉ
SÉNATORIAL PERMANENT DES
SIXIÈME RAPPORT
Président
Vice-président
mars 2004
LE
BUDGET PRINCIPAL DES DÉPENSES
CHANGEMENTS
DANS LA STRUCTURE DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
DEUX
VERSIONS DU BUDGET PRINCIPAL DES DÉPENSES DE 2004-2005
EXAMEN DU BUDGET PRINCIPAL DES DÉPENSES
A. Ministère de la
Justice
B.
Commission canadienne du
tourisme
C. Industrie
Canada
D.
Agence de
promotion économique du Canada atlantique
E. Ministère du solliciteur général (Sécurité
publique et Protection civile)
ENTRETIEN AVEC
L’HONORABLE REG ALCOCK,
RAPPORT
INTÉRIMAIRE SUR LE BUDGET
Le Budget des dépenses
de 2004-2005 a été déposé au Parlement le 24 février 2004
et a été renvoyé pour examen au Comité sénatorial permanent des finances
nationales. Plusieurs dates ont été
prévues pour les séances consacrées à l’étude de ce Budget, la première
étant une étude préliminaire, le mardi 9 mars 2004.
Lors de cette première rencontre, des représentants du Conseil du Trésor
ont présenté le plan de dépenses du gouvernement et expliqué les principales
caractéristiques du nouveau Budget. Ont
comparu au nom du Conseil du Trésor M. Mike Joyce, secrétaire
adjoint au Secteur des stratégies de gestion et de dépenses, accompagné de Mme Susan Cartwright,
secrétaire adjointe au Secteur des opérations gouvernementales, Mme Daphne
Meredith, secrétaire adjointe au Secteur des programmes économiques, M. Bill Austin,
secrétaire adjoint au Secteur des programmes sociaux et culturels, et Mme Laura Danagher,
directrice exécutive de la Division des opérations et prévisions de dépenses.
En plus de faire une présentation sur les principales caractéristiques
du nouveau Budget, les représentants ont répondu aux premières questions du
Comité concernant le plan de dépenses du gouvernement pour le nouvel exercice.
Une deuxième séance a
eu lieu le 10 mars 2004, à laquelle l’honorable Reg Alcock, président
du Conseil du Trésor, a répondu à d’autres questions soulevées par les sénateurs.
Il s’agit du premier
rapport intérimaire du Comité sur le Budget principal des dépenses de
2004-2005. Le Comité a
l’intention par la suite d’approfondir son examen de certains aspects du
Budget et de déposer d’autres rapports intérimaires.
Il présentera un rapport final de ses travaux avant la fin de
l’exercice 2004-2005.
LE BUDGET
PRINCIPAL DES DÉPENSES
Le Budget de
cette année se compose de quatre éléments : la PARTIE I – Plan des dépenses
du gouvernement, qui donne un aperçu des dépenses fédérales en résumant
les éléments clés du Budget principal des dépenses et en mettant en évidence
les principaux changements. La PARTIE
II – Budget principal des dépenses,
qui est couramment appelé le livre bleu, appuie directement la Loi
de crédits et énumère les ressources dont les divers ministères et
organismes fédéraux ont besoin pour l’exercice à venir.
Il donne aussi les autorisations de dépenser et les montants qui doivent
figurer dans les crédits à venir. Depuis
1997, la PARTIE III est divisée en deux parties.
Le Rapport sur les plans et les priorités (PPR) fournit de plus amples détails
sur une planification plus stratégique et les résultats de chacun des ministères
et organismes. Il met l’accent
sur les résultats attendus des dépenses du gouvernement. Les PPR de 2004-2005 doivent être déposés au Parlement le
27 mai 2004. Le Rapport ministériel
sur le rendement (RMR), quant à lui, rend compte des résultats en faisant
rapport des réalisations en fonction du rendement attendu et des engagements en
matière de résultats énoncés dans le Rapport sur les plans et les priorités.
Les RMR sont normalement déposés à l’automne.
Le Budget principal des
dépenses présente de l’information sur les autorisations de dépenser
budgétaires et non budgétaires. Les
dépenses budgétaires comprennent les frais de la dette publique, les dépenses
de fonctionnement et les dépenses en capital; les paiements de transfert à
d’autres ordres de gouvernement, à des organisations ou à des particuliers,
et les paiements aux sociétés d’État.
Les dépenses non budgétaires (prêts, placements et avances) sont des dépenses
qui représentent des changements dans la composition des actifs financiers du
gouvernement du Canada.
Sur les 186,1 milliards
de dollars prévus dans le Budget principal des dépenses, 121 milliards, soit 65 p. 100, sont des dépenses législatives.
Pour le solde, soit 65,1 milliards de dollars, l’approbation du
Parlement est nécessaire. D’après
ce budget, 25 ministères et organismes prévoient dépenser plus d’un
milliard de dollars pendant l’exercice 2004-2005.
Les trois budgets les plus importants sont ceux du ministère des
Finances (69,1 milliards de dollars), du ministère du Développement des
ressources humaines (28,6 milliards de dollars) et du ministère de la Défense
nationale (13,3 milliards de dollars).
Le tableau qui commence
à la page 1-28 de la Partie II du Budget des dépenses de 2004-2005,
intitulé « Budgétaire du Budget principal des dépenses par article
courant de dépense » constitue un excellent point de départ pour un
examen général du Budget principal des dépenses.
Il divise les plans de dépenses de tous les ministères et organismes fédéraux
et les répartit dans 12 catégories de dépense.
Le résumé que fournit le tableau permet une comparaison rapide des
intentions des divers agents du gouvernement fédéral en matière de dépenses.
Par exemple, même si le ministère des Finances est celui qui demande
les crédits les plus importants, la majeure partie de son budget (52,5 p. 100)
est absorbée par le « Service de la dette publique », poste qui ne
se retrouve dans le plan de dépenses d’aucun autre ministère.
LE
PLAN DE DÉPENSES DU GOUVERNEMENT – APERÇU
La Mise à jour économique
et financière du ministre des Finances du 3 novembre 2003 fait état du plan de
dépenses budgétaires du gouvernement, dont le montant s’élève à 183,3 milliards
de dollars. Ce plan prévoit des dépenses
de programme de 147,1 milliards de dollars, ainsi que des frais de service de la
dette s’élevant à 36,2 milliards de dollars.
·
Un certain
nombre d’éléments ne figurent pas dans le Budget fédéral des dépenses à
cause du moment où sont prises les décisions sur le Budget ou parce qu’ils dépendent
de l’adoption d’une loi distincte.
·
Le Budget des dépenses
ne comprend pas les fonds réservés dans le Plan de dépenses du gouvernement
pour différentes éventualités ou pour des dépenses qui n’ont pas encore reçu
l’approbation du Parlement ou du Conseil du Trésor.
·
Le Budget des dépenses
ne comporte pas de disposition pour la réévaluation de l’actif et du passif
du gouvernement fédéral, prévue dans la Mise à jour économique et
financier.
·
Certaines
autorisations de dépenser qui figurent dans le Budget des dépenses doivent
normalement devenir périmées.
Les dépenses budgétaires
prévues dans le Budget principal des dépenses de 2004-2005 ont augmenté, en
tout, de 10,1 milliards de dollars par rapport au Budget principal des dépenses
de 2003-2004. Les principales
causes de cette augmentation sont les suivantes :
1) Principaux transferts (augmentation de 3,3 milliards de dollars – consignée en entier au ministère des Finances) à d’autres ordres de gouvernement, par exemple :
- une augmentation de 1,5 milliard de dollars pour le nouveau
transfert législatif pluriannuel lié à la réforme des soins de santé;
- une augmentation de 1,2 milliard de dollars pour le transfert
canadien en matière de santé et de programmes sociaux;
- une augmentation de 0,5 milliard de dollars pour des paiements de péréquation
accrus aux provinces et les paiements aux gouvernements territoriaux;
- une diminution de 0,1 milliard de dollars lié à la diminution des
allocations recouvrées au moyen du Recouvrement ayant trait aux allocations
aux jeunes et des Paiements de remplacement au titre de programmes
permanents.
2) Principaux transferts aux particuliers (augmentation nette de 1 milliard de dollars) :
- une augmentation de 1,1 milliard de dollars pour les prestations aux
aînés en raison de la hausse des prestations de Sécurité de la
vieillesse et des paiements du Supplément de revenu garanti (ministère du
Développement des ressources humaines (Développement social));
- une réduction de 0,1 milliard de dollars liée à l’ajustement législatif
à la baisse des prévisions relatives aux prestations nettes de
l’assurance-emploi, annulée par le coût accru des frais
d’administration de l’assurance-emploi, comme il est précisé dans le
Compte à fins déterminées consolidé.
3) Diminution de 1,4 milliard de dollars des frais du service de la dette.
4) Augmentation de 7,4 milliards de dollars en dépenses directes au titre de programmes : 3,7 milliards de dollars pour les paiements de transfert et subventions; 0,2 milliard aux sociétés d’État; 3,5 milliards en dépenses de fonctionnement et en dépenses en capital. Voici quelques postes d’importance :
- une augmentation de 1 milliard de dollars pour atténuer les
pressions qui s’exercent sur le budget de la défense (Défense
nationale);
- une augmentation de 800 millions de dollars pour des initiatives à
l’appui du Cadre stratégique pour l’agriculture;
- une augmentation de 600 millions de dollars pour l’Agence
canadienne de développement international;
- une augmentation de 600 millions de dollars pour les contributions
aux régimes d’avantages sociaux des fonctionnaires;
- une augmentation de 500 millions de dollars à l’appui des
programmes de subventions et de bourses;
- une augmentation de 500 millions de dollars au ministère des
Affaires indiennes et du Nord canadien au titre de programmes permanents;
- une augmentation de 400 millions de dollars au Bureau de
l’infrastructure du Canada.
Le
tableau I, ci-dessous,
donne un aperçu des dépenses fédérales prévues.
L’information qui s’y trouve est structurée différemment à la page
1-2 du Budget des dépenses de 2004-2005.
Tableau I
Plan de dépenses du gouvernement et
(en millions de dollars)
|
Fonctionnement et capital |
42 700 |
|
Frais du service de la dette |
36 200 |
|
Prestations pour les aînés |
27 900 |
|
Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux |
20 500 |
|
Assurance-emploi |
15 500 |
|
Autres paiements de transfert et subventions (net) |
24 100 |
|
Péréquation |
10 900 |
|
Autres obligations |
5 400 |
|
Montant total-budgétaire du Budget principal des dépenses |
183 300 |
|
Ajustements-rapprochement avec le Plan budgétaire |
0 |
|
Montant total des dépenses budgétaires |
183 300 |
*
Les prévisions de dépenses pour 2004-2005 sont conformes aux dépenses
totales prévues dans la Mise à jour économique et financière 2003.
Source :
Budget des dépenses de 2004-2005, page 1-2.
CHANGEMENTS DANS LA STRUCTURE DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
En 2003-2004, le
gouvernement fédéral a annoncé, dans le cadre du Budget des dépenses de
2003-2004, une série de réorganisations touchant la structure de
certains ministères, qui ont des répercussions
sur le Budget principal des dépenses de 2004-2005. Ces changements sont énumérés aux pages 1-79 à 1-87.
Bien que tous les changements apportés aux plans de dépenses du
gouvernement intéressent les sénateurs, il y a deux éléments touchant le
travail du Secrétariat du Conseil du Trésor qui revêtent peut-être plus
d’importance aux yeux des membres du Comité sénatorial permanent des
finances nationales. En effet, au
fil des années, le Comité a toujours porté un intérêt particulier au
fonctionnement du Secrétariat du Conseil du Trésor et à tout ce qui concerne
la fonction publique.
À compter du 12 décembre
2003, les fonctions et le mandat du Secrétariat du Conseil du Trésor ont été
modifiés. Le SCT est maintenant
chargé de conseiller et de soutenir les membres du Conseil du Trésor dans leur
rôle qui consiste à assurer l’optimisation des ressources et à superviser
les fonctions de gestion financière dans les ministères et organismes.
Le Secrétariat joue également un rôle de soutien des activités que réalise
le Comité d’examen des dépenses, qui relève du Cabinet.
Le fonctionnement du
SCT a été modifié notamment par l’ajout du Secrétariat à la mise en
oeuvre de la modernisation de la gestion des ressources humaines (qui relève du
Bureau de la gestion des ressources humaines du SCT) à l’annexe I.1 de la Loi
sur la gestion des finances publiques, sous le nouveau nom d’Agence de
gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada.
L’Agence comprendra les éléments suivants du SCT :
·
le Bureau de la
gestion des ressources humaines (à l’exception de la Division des relations
de travail et des opérations de rémunération, de la Division de la gestion du
risque (Ressources humaines), de la Division des pensions et avantages sociaux
et de la Division de la planification de la rémunération);
·
la Direction
des langues officielles;
·
le Bureau des
valeurs et de l’éthique;
·
le Bureau de
l’intégrité de la fonction publique
Le contrôle et la
supervision de la nouvelle Agence passe du président du Conseil du Trésor au
président du Conseil privé de la Reine pour le Canada.
Le SCT a aussi subi un
autre changement, soit le transfert de la Direction du dirigeant principal de
l’information au ministère des Travaux publics et des Services
gouvernementaux.
Le gouvernement a aussi
fait du Bureau du contrôleur général un bureau distinct à l’intérieur du
Secrétariat du Conseil du Trésor, afin qu’il veille à la saine
planification des dépenses. Le
gouvernement a aussi décidé que le contrôleur général détiendra
l’autorité fonctionnelle sur la dotation des postes de contrôleurs dans les
ministères et organismes fédéraux, et qu’il participera à cette dotation.
Les contrôleurs ministériels doivent approuver toutes les propositions
de dépenses de leur ministère ou organisme avant qu’elles soient soumises à
l’approbation du Cabinet
Un autre changement
apporté en décembre 2003, qui aura une incidence sur le fonctionnement du Secrétariat
du Conseil du Trésor, est la création du Comité d’examen des dépenses.
Ce comité du Cabinet entreprendra une révision exhaustive de
l’ensemble des dépenses et des programmes afin de veiller à ce que les dépenses
restent contenues et qu’elles suivent de près l’évolution des priorités
du gouvernement. Le président du
Conseil du Trésor, l’honorable Reg Alcock, préside ce comité qui doit présenter
d’ici l’automne 2004 son rapport sur l’examen de toutes les dépenses
du gouvernement. Même si le
Conseil du Trésor continuera de s’occuper de façon courante des propositions
de dépenses du gouvernement et des questions de gestion, le Comité d’examen
des dépenses se livrera à un examen approfondi de toutes les dépenses.
Ce comité pourra aussi compter sur l’appui d’un secrétariat, établi
au sein du Secrétariat du Conseil du Trésor.
DEUX VERSIONS DU BUDGET PRINCIPAL DES DÉPENSES DE 2004-2005
À la réunion du 9 mars 2004,
M. Joyce a informé le Comité que le Secrétariat du Conseil du Trésor a
l’intention de présenter, d’ici la fin juin 2004, une version révisée du
Budget principal des dépenses de 2004-2005.
Deux raisons expliquent cet événement inhabituel : en premier
lieu, la révision permettra au Secrétariat d’intégrer les montants finaux
en vue des discussions sur les ressources qui sont en cours à la suite de la
restructuration des ministères et organismes du gouvernement fédéral réalisée
le 12 décembre 2003. En
deuxième lieu, la révision permettra de profiter de l’occasion pour
incorporer les autorisations de dépenser supplémentaires qui pourraient découler
du budget du ministre des Finances, budget qui, cette année, est déposé après
la version actuelle du Budget principal des dépenses.
Par conséquent, le Budget révisé donnera une image plus complète des
plans de dépenses du gouvernement, ce qui réduira la nécessité de présenter
par la suite des Budgets supplémentaires des dépenses.
Certains sénateurs se sont demandés si le nouveau
calendrier du Secrétariat du Conseil du Trésor pour la présentation du Budget
coïncidera avec le calendrier habituel des deux chambres du Parlement.
En effet, abstraction faite de la possibilité d’élections fédérales
au printemps, d’ici à ce que les Rapports sur les plans et les priorités et
la deuxième version du Budget soient disponibles, les comités parlementaires
compétents auront examiné la première version du Budget principal des dépenses
de 2004-2005, lequel, selon les règles de la Chambre des communes, sera réputé
avoir fait l’objet d’un rapport. M. Joyce
est bien conscient de cette préoccupation mais affirme que le Secrétariat du
Conseil du Trésor cherche à atteindre l’équilibre entre la présentation
d’information au Parlement le plus tôt possible et le dépôt d’un Budget
exact.
EXAMEN DU BUDGET PRINCIPAL DES DÉPENSES
A. Ministère
de la Justice
La
demande
du ministère de la Justice d’obtenir 493,8 millions de dollars en vertu
du crédit 1 « Services aux clients gouvernementaux » a retenu l’attention de certains sénateurs.
En effet, la demande représente une augmentation de 92,7 p. 100
par rapport au Budget principal de dépenses de 2003-2004.
Mme Susan Cartwright, secrétaire adjointe au
Secteur des opérations gouvernementales, a expliqué au Comité que
l’augmentation est attribuable au fait que le ministère de la Justice a reçu
l’autorisation parlementaire de dépenser les revenus provenant d’autres
ministères et organismes fédéraux services juridiques fournis.
Selon Mme Cartwright, un examen des dépenses et de la
gestion réalisé par le Secrétariat du Conseil du Trésor en 2003 a révélé
que la pratique du ministère de la Justice de dépenser les revenus perçus
auprès des clients fédéraux avait pour effet que le ministère dépensait
plus que son crédit annuel. Pour répondre à ce besoin d’une autorisation de dépenser
de nouveau ces revenus, sans arrêter de fournir des services juridiques à
d’autres ministères fédéraux, le Secrétariat du Conseil du Trésor a
proposé une solution provisoire : le ministère de la Justice déposera
tous les revenus recouvrés dans le Trésor et pourra retirer des fonds sur ce
crédit accru, sur preuve de dépôt. Mme Cartwright
insiste sur le fait que même si cette mesure a l’apparence d’une
augmentation du crédit du ministère de la Justice dans le Budget principal des
dépenses de 2004-2005, la mesure est en fait sans répercussion sur les
revenus. Il convient de souligner
que les sénateurs ont remarqué cette mesure pour la première fois dans le
Budget supplémentaire des dépenses (B) 2003-2004.
Aux
questions
sur le processus par lequel les ministères et organismes fédéraux recouvrent
les coûts à l’interne, les représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor
ont souligné au Comité que le principe du recouvrement interne des coûts
suppose que les ministères fédéraux déterminent s’il convient de facturer
les services rendus. Il existe
d’ailleurs actuellement un barème des taux pour guider les ministères fédéraux
à ce chapitre.
Sous
la rubrique Droit et orientation, on constate que les contributions que verse le
ministère de la Justice aux provinces pour aider au fonctionnement des systèmes
d’aide juridique ont augmenté de 51,6 p. 100 par rapport au Budget
principal des dépenses de 2003-2004.
Celui-ci comprenait 2,5 millions de dollars pour l’aide juridique
en Sécurité publique et lutte contre le terrorisme. Certains sénateurs ont demandé plus de renseignements à ce
sujet et voulaient savoir si cette mesure était la cause de l’augmentation
des contributions aux provinces. Mme Cartwright
a répondu qu’en décembre 2001, un fonds annuel d’aide juridique de
2,5 millions de dollars a été créé pour aider les administrations à
financer les causes juridiques découlant de la mise en œuvre de la Loi
antiterroriste (l’ancien projet de loi C-36).
Les représentants ont confirmé que la majeure partie de
l’augmentation des contributions aux provinces est attribuable au projet
d’aide juridique en Sécurité publique et lutte contre le terrorisme.
B. Commission canadienne du
tourisme
Quelques
sénateurs ont fait remarquer que les crédits affectés à la Commission
canadienne du tourisme en 2004-2005 sont en baisse de près de 5 millions
de dollars comparativement au Budget de 2003-2004. Ils ont demandé si cette réduction traduisait la confiance
du gouvernement fédéral dans la reprise du tourisme au Canada et dans le
maintien de cette tendance. Mme Daphné Meredith,
secrétaire adjointe du Secteur des programmes économiques au Secrétariat du
Conseil du Trésor, a dit au Comité que les crédits versés en 2004-2005
à la Commission canadienne du tourisme étaient inférieurs aux chiffres de
l’année précédente parce que la Commission avait reçu des injections
ponctuelles totalisant près de 16,5 millions de dollars en 2003-2004
pour faire face aux difficultés qu’a connues le secteur du tourisme à cause
du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).
Mme Meredith a signalé que selon les prévisions de la
Commission canadienne du tourisme, la plupart des grands marchés canadiens du
voyage devraient connaître une certaine croissance en 2004 même s’il faudra
attendre 2006 pour une pleine relance dans ce secteur.
Une mise en garde s’impose selon certaines sources à savoir que les
craintes persistantes au sujet du SRAS et le raffermissement du dollar canadien
continueront de nuire au marché canadien du voyage.
Mme
Meredith a également dit au Comité que certaines initiatives visant à
stimuler le secteur canadien du tourisme et de l’accueil se poursuivront en
2004-2005, notamment les fonds de commercialisation de 1,5 million de
dollars consacrés à la campagne nationale Ici au Canada ainsi que les
fonds de commercialisation de 1,6 million de dollars pour le programme de
commercialisation des loisirs de la Commission canadienne du tourisme qui vise
à stimuler la reprise du marché dans le secteur du transport de courte
distance entre le Canada et les États frontaliers américains.
C.
Industrie Canada
Certains
sénateurs ont posé des questions au sujet des contributions relatives à
l’industrie du bois d’œuvre et à l’Initiative
d’adaptation économique des collectivités, qui recevra plus de 72,3 millions
de dollars en 2004-2005 par l’entreprise du ministère de l’Industrie.
Les représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor ont expliqué
que la somme figurant dans le Budget de 2004-2005 est le solde non dépensé
d’un programme de 110 millions de dollars qui a été financé à même
le Budget supplémentaire des dépenses (A) de 2003-2004. L’affectation de crédits, qui a déjà été approuvée
par le Parlement, n’a pas été dépensée dans la période prévue et a été
reportée à l’année financière suivante.
Les représentants du secrétariat du Conseil du Trésor ont reconnu que
l’information contenue dans le Budget ne suffisait pas à convaincre les sénateurs
que les 72,3 millions de dollars avaient déjà été approuvés par le
Parlement. Les représentants ont
offert de réexaminer comment le Secrétariat du Conseil du Trésor pourrait
mieux améliorer la présentation de ce type d’information.
Les représentants ont par ailleurs été incapables de donner des détails
aux sénateurs quant à la ventilation de cette somme entre les diverses régions
en 2003-2004 et la somme que l’on s’attend à distribuer en
2004-2005. Mme Meredith
a promis d’envoyer cette information au Comité plus tard.
D. Agence de promotion économique
du Canada atlantique
En réponse
aux questions posées sur la demande présentée par l’Agence de promotion économique
du Canada atlantique (APECA) pour solliciter de nouveaux crédits de 30 millions
de dollars afin de verser une contribution à la Mesure d’adaptation du
chantier naval de Saint John, Mme Meredith a répondu que le
programme a été créé en 2003 pour fermer le chantier naval de Saint John et
redéfinir sa vocation économique à long terme.
Selon Mme Meredith, le projet contient deux programmes
distincts. Le premier consiste en
un programme de conversion de 8 millions de dollars pour donner au chantier
une autre vocation industrielle. Le
second est un programme de diversification industrielle de 22 millions de
dollars qui vise à faciliter la transition à cette nouvelle activité. Mme Meredith n’était pas certaine si le
gouvernement fédéral était le seul bailleur de fonds du projet mais a précisé
que la province du Nouveau-Brunswick n’y contribuait pas.
Une autre
question concernait l’APECA et l’Entreprise Cap-Breton.
Certains sénateurs ont demandé pourquoi la somme de 520 000 $
en remboursement de prêts, en intérêts et autres revenus était débitée des
besoins budgétaires de l’Entreprise Cap-Breton sans qu’un crédit
compensatoire figure ailleurs sous l’APECA.
Les représentants du Secrétariat du Conseil du Trésor ne savaient pas
avec certitude où ces arrangements figuraient dans le Budget mais a
convenu de répondre au comité plus tard.
E. Ministère du solliciteur
général (Sécurité publique et Protection civile)
Quelques
sénateurs ont posé des questions au sujet de la somme que le Centre canadien
des armes à feu consacrerait
aux services professionnels et spéciaux et aux récipiendaires de ces contrats.
Les sénateurs voulaient également savoir quelles recettes le Centre
canadien des armes à feu générerait pour éponger certains coûts.
Mme Cartwright a signalé que le budget des services
professionnels se situerait autour de 54 millions de dollars dans le Budget
de 2004-2005 et serait principalement consacré à deux contrats
concernant des systèmes de pointe pour l’immatriculation et la délivrance
des permis. Des portions moins
importantes du budget des services professionnels serviront à financer une
foule d’autres services, au même titre que les autres ministères et
organismes fédéraux, comme la traduction.
En raison des limites de temps, les représentants du Secrétariat du
Conseil du Trésor ont promis de faire parvenir plus de détails sur les
fournisseurs de ces services professionnels et sur les recettes que le Centre
canadien des armes à feu est censé générer.
ENTRETIEN AVEC
L’HONORABLE REG ALCOCK,
Dans ses
propos préliminaires adressés au Comité, le ministre Alcock a parlé de la
structure du Secrétariat du Conseil du Trésor qui a été remaniée par suite
du transfert au Bureau du Conseil privé de certains programmes comme la
Direction des langues officielles, le Bureau des valeurs
et de l’éthique, le Bureau de l’intégrité de la fonction publique et le
Bureau de gestion des ressources humaines.
Le ministre Alcock a exposé le mandat du Conseil du Trésor, qui
consiste maintenant à rétablir la fonction de contrôleur général et un système
de contrôle au Canada, à présider le Comité d’examen des dépenses et à
poursuivre la fonction patronale-syndicale.
Outre ces responsabilités, le Conseil du Trésor entreprendra trois études
concernant : (1) la gouvernance des sociétés d’État, (2) les
dispositions de la Loi sur la gestion des finances publiques et (3) les
responsabilités et obligations de rendre des comptes des ministres fédéraux
et des hauts fonctionnaires. Le
ministre a révélé que le professeur Donald Savoie serait invité au Secrétariat
du Conseil du Trésor à titre de boursier Simon Reisman de cette année et
qu’il aiderait et conseillerait les hauts fonctionnaires sur ces questions.
Quant
à l’examen des dépenses, le ministre a exposé les éléments du processus
aux sénateurs. Premièrement, à
l’instar de l’examen des programmes, les ministères fédéraux doivent être
évalués au regard d’une série de critères.
Une autre série de critères portera sur la viabilité de certains
changements. Enfin, les activités
des ministères seront examinées à l’horizontale, c’est-à-dire
que les services qui sont offerts par un certain nombre de ministères fédéraux
à certains groupes clients seront évalués du point de vue de la reddition de
comptes et de la valeur qu’ils apportent.
Ce troisième regard porte sur les activités opérationnelles (par
exemple les achats, la gestion des biens, les services de sous-traitance, etc.)
ainsi que sur les programmes du gouvernement fédéral.
Le ministre a informé le Comité qu’un rapport sur ces examens sera
rendu public en novembre ou décembre 2004.
Les sénateurs
ont fait part de leur intérêt pour un certain nombre de points concernant le
Budget ainsi que pour les modifications apportées à la structure du Conseil du
Trésor. Par exemple, on a demandé
au ministre Alcock des explications sur le moment de parution du Budget, plus
particulièrement le Budget supplémentaire (A) de 2003-2004 et le Budget
de 2004-2005, qui doivent être révisés plus tard dans l’année.
Certains sénateurs ont déploré que le moment de parution de ces
documents tenait davantage à des considérations politiques qu’à la nécessité
d’informer les parlementaires. Le
ministre a répondu que la date inhabituelle de parution des récents documents
du Budget et la parution prochaine du Budget révisé de 2004-2005 étaient
simplement le reflet des changements importants que vient de subir le
gouvernement fédéral. Le ministre
a assuré le Comité que le Budget révisé de 2004-2005 découle
simplement d’un plus grand souci d’exactitude à la suite du réaménagement
des ressources attribuées aux ministères fédéraux.
Certains
sénateurs ont soulevé la question du rôle du Secrétariat du Conseil du Trésor
dans la modernisation de la fonction publique.
On a notamment demandé au ministre Alcock jusqu’à quel point le
Secrétariat soutiendrait l’initiative visant à éliminer les frontières géographiques
du recrutement et de l’embauche dans la fonction publique.
Le ministre a rappelé au Comité que même s’il avait pris part au
dossier, les questions relatives au projet de loi C-25 (Loi sur la
modernisation de la fonction publique) étaient maintenant la responsabilité
du président du Conseil privé et de la Commission de la fonction publique.
Le ministre a précisé que même si le recrutement électronique
permettait dorénavant d’élargir la zone de sélection, il existait des
limites concrètes au maintien d’une zone nationale de sélection.
En l’absence de limites géographiques, le nombre élevé de
candidatures à un poste coûterait extrêmement cher, ce qui aurait pour effet
de diminuer les ressources disponibles pour d’autres programmes.
Certains
sénateurs ont remis en question l’ampleur des changements structuraux
entrepris par le gouvernement fédéral et l’empressement mis à les concrétiser.
D’autres ont déploré que le Parlement n’a pas été pris en considération
avant une réorganisation aussi importante.
Le ministre a répondu que l’on ne cessait de solliciter le
gouvernement pour qu’il soit plus à l’écoute et plus efficace. C’est pourquoi il a fallu réévaluer le mode et les moyens
de prestation des services gouvernementaux en fonction de ce qu’on demandait.
Selon le ministre, l’examen des dépenses facilitera cette réévaluation.
Le sujet
de l’examen des dépenses a suscité beaucoup d’intérêt chez certains sénateurs.
Par exemple, on a demandé au ministre combien coûterait l’examen et les résultats auxquels la
population canadienne pouvait s’attendre.
Quelques sénateurs ont voulu savoir aussi si l’examen des dépenses
empêcherait des escalades de coûts imprévisibles, comme dans le cas du
programme canadien des armes à feu, ou des méfaits, comme dans le cas du
scandale des commandites. Le
ministre Alcock a répondu au Comité qu’il était incapable de donner
aux sénateurs un coût global mais que celui-ci serait révélé dans le budget
fédéral. La discussion qui a porté
sur les résultats de l’examen et sur la manière d’éviter de répéter
l’expérience du programme des armes à feu a mené à la question de la
fonction de contrôleur. Le
ministre a reconnu la difficulté d’imposer une forme de contrôle qui
permette d’identifier et de corriger les problèmes rapidement mais en même
temps qui permette aux sous-ministres de diriger leur ministère et d’en être
tenus responsables. Le ministre a
également fait une mise en garde à savoir qu’un degré plus élevé de contrôle
ne doit pas nuire à la souplesse des ministères ni à leur capacité
d’assurer les services.
En réponse
aux préoccupations de certains sénateurs concernant la possibilité d’une
trop grande surveillance des activités des gestionnaires, le ministre Alcock
a précisé au Comité que les ministères fédéraux ne disposaient pas d’un
système de détection des problèmes. Le
ministre a toutefois admis que concevoir le système approprié constituerait un
défi de taille. Certains sénateurs
ont cherché à savoir comment le Secrétariat du Conseil du Trésor évaluerait
la gouvernance des sociétés d’État. Le
ministre a expliqué que le SCT n’avait pas encore tout à fait déterminé
comment l’étude de la gouvernance des sociétés d’État se déroulerait et
n’a donc pas pu donner de réponse précise pour l’instant.
Quelques
sénateurs ont fait observer que le Bureau du Conseil privé semblait
s’occuper directement d’initiatives relevant d’autres ministères fédéraux
comme les programmes autochtones. Ils
ont voulu savoir si on pouvait voir là une tendance à concentrer le pouvoir du
premier ministre dans certains dossiers. Le
ministre Alcock a reconnu qu’il semblait effectivement y avoir
concentration du pouvoir de décision dans quelques dossiers très précis.
Le ministre a fait valoir que la situation se produisait parce que le
premier ministre voulait voir des progrès rapides dans ces dossiers et que le
Bureau du Conseil privé était le mieux placé pour servir de point de décision.
Néanmoins, le ministre Alcock a dit au Comité que ce n’était pas le
signe que le premier ministre jouerait un rôle de plus en plus grand dans la
gestion des ministères fédéraux aux dépens des ministres.
Le ministre n’avait pas l’impression que la récente restructuration
du gouvernement fédéral déboucherait sur une plus grande concentration du
pouvoir au Bureau du Conseil privé.
Certains
sénateurs ont voulu connaître les intentions du gouvernement fédéral
concernant le projet de loi sur la dénonciation.
Le ministre a dit aux sénateurs que le gouvernement fédéral
n’entendait pas rédiger un projet de loi pour protéger les dénonciateurs et
que cette responsabilité incombait au Bureau du Conseil privé.
Certains sénateurs
sont revenus sur la question des fondations indépendantes fédérales et ont
demandé au ministre de parler de leur gouvernance et de leur vérification.
Le ministre a dit au Comité qu’il trouvait utile de recourir à des
fondations indépendantes lorsque le gouvernement fédéral désirait examiner
et traiter des problèmes qui requièrent un certain degré d’expertise.
Il a poursuivi en disant que le recours fréquent à des fondations indépendantes
tenait peut-être à la méfiance croissante observée à l’égard du secteur
public pour la prestation des services publics.
Le ministre
a clos la discussion sur le sujet de l’optimisation des ressources et la
difficulté de déterminer ce que cela signifie dans chaque cas.
Certains sénateurs ont convenu que la valeur de certains biens et
services gouvernementaux était difficile à quantifier et que le vérificateur
général n’est peut-être pas toujours le meilleur évaluateur de ces biens
et services.