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POFO - Comité permanent

Pêches et océans


Délibérations du comité sénatorial permanent des
Pêches et des océans

Fascicule 2 - Témoignages


OTTAWA, le mardi 23 mars 2004

Le Comité sénatorial permanent des pêches et des océans se réunit aujourd'hui, à 19 h 03, pour étudier les questions relatives aux stocks chevauchant et à l'habitat du poisson.

Le sénateur Gerald J. Comeau (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Honorables sénateurs, ce soir nous allons nous pencher sur une question légèrement différente de la question habituelle. Comme l'ébauche de résumé de notre rapport sur le Nord n'est pas prête, nous avons un soir de libre pour recevoir des témoins. Je me suis entretenu récemment avec M. Carlos Godoy, de Great Global Minds, qui m'a demandé s'il pouvait présenter un exposé aux membres du comité. Alors je me suis dit que c'était une bonne occasion de l'accueillir ce soir pour discuter des produits liés au poisson.

Ce soir, nous allons entendre parler de l'infrastructure nécessaire pour élever des poissons et des occasions d'affaires que pourraient représenter certaines zones piscicoles de l'Amérique du Sud et du Canada. Nous allons commencer par Mme Cheryl Taylor. Madame Taylor, veuillez nous présenter vos collègues et faire votre déclaration.

Mme Cheryl L. Taylor, présidente, Great Global Minds: Great Global Minds est une société de relations publiques et de commerce international dont les bureaux sont situés à Montréal. Nous travaillons avec des pays d'Amérique du Sud, et principalement avec le Chili, à renforcer nos relations commerciales bilatérales depuis deux ans. À ma droite, se trouve mon partenaire, M. Carlos Godoy. À sa droite, voici M. Tor-Eddie Fossbakk, ancien délégué commercial en Norvège pour l'aquaculture. Il dirige maintenant le groupe de communications sur l'aquaculture. C'est un expert du domaine de l'aquaculture. Je mentionne aussi qu'il a dirigé l'une des délégations commerciales canadiennes les plus fructueuses en Norvège. À ma gauche se trouve M. Angel Gallardo, de la délégation commerciale du Chili, que nous sommes très heureux d'accueillir.

Nous travaillons à divers projets bilatéraux. Nous tenons à vous présenter celui-ci parce qu'il s'insère dans nos efforts de collaboration bilatérale. Nous avions d'abord l'intention d'organiser une mission canadienne multisectorielle au Chili. Cependant, nous avons constaté lors d'une mission récente au Chili et dans nos conversations avec les représentants des gouvernements chilien et péruvien qu'il y avait un tel intérêt pour les enjeux politiques et économiques de l'aquaculture que nous nous sommes dit que ce serait une bonne occasion de mettre l'accent sur ce secteur en particulier.

De plus, les médias du monde projettent une image très négative de l'élevage du saumon en ce moment, ce qui causé beaucoup de tort à l'industrie. Depuis deux ans, nous tentons de convaincre les parlementaires d'Ottawa d'appuyer notre mission. Je dois dire qu'ils nous ont manifesté un très bon appui et que nous en sommes très heureux jusqu'à maintenant.

Nous proposons d'organiser une mission commerciale stratégique afin d'envoyer des sociétés canadiennes de biens et de services aquacoles au Chili et au Pérou. Nous avons choisi ces deux pays parce que le Chili est maintenant le producteur de saumon le deuxième plus important du monde, après la Norvège, qu'il pourrait très bien dépasser pour prendre le premier rang mondial. Son industrie aquacole est extrêmement bien développée dans le Sud. Pour sa part, le Pérou est l'un des plus grands exploitants de produits sauvages de la mer, et bien que son industrie aquacole soit encore bien jeune, il aimerait tirer parti du leadership et de l'aide du Canada pour élaborer un cadre général de développement de ce secteur sur son territoire.

Vous voyez ici quelques citations. Nous allons nous assurer que vous obteniez copie de la présentation de sorte que nous ne la lirons pas intégralement. Nous nous sommes dit qu'il était important que vous connaissiez ces faits sur l'industrie, et je porte particulièrement votre attention sur la dernière citation, qui date de la semaine dernière, au Boston International Seafood Show, et selon laquelle l'aquaculture est une nécessité pour répondre aux besoins de consommation de la population actuelle.

L'industrie aquacole doit continuer de croître. Prenons seulement l'exemple des États-Unis, où la population ne devrait pas augmenter beaucoup d'ici 10 ou 15 ans, mais où la consommation de poisson ne pourra pas être maintenue à ce rythme sans l'aquaculture, et cela sans compter les pays d'Asie où la consommation de poisson est gigantesque.

Les objectifs de notre mission tiennent en deux volets. Nous voulons effectuer une mission stratégique pour offrir au secteur des produits et services l'occasion de pénétrer le marché sud-américain. Nous allons définir ces objectifs plus tard. L'une des raisons pour lesquelles nous sommes venus vous rencontrer ce soir, c'est que nous espérons faciliter la tenue de réunions avec les gouvernements du Chili et du Pérou en vue de développer de nouveaux débouchés sur le marché et d'établir de nouvelles ententes de collaboration d'affaires.

Ces rencontres favoriseront l'échange de beaucoup d'expertise et de connaissances. Nous estimons que c'est nécessaire pour soutenir le secteur aquacole du Canada. Il y a beaucoup d'entreprises de diverses régions qui voient un grand intérêt dans cette mission. Tout le monde nous fait le même commentaire: «Nous ne croyons pas que notre gouvernement ait la volonté de soutenir l'aquaculture, donc pourquoi l'aurions-nous»?

M. Carlos A. Godoy L., directeur général associé, Great Global Minds: J'aimerais vous présenter un bref survol de la situation du Chili et du Pérou. Le Chili a une population d'un peu plus de 15 millions d'habitants et se trouve à l'extrême sud de l'Amérique du Sud. C'est un important partenaire commercial du Canada. Nous appliquons une entente de libre-échange avec le Chili depuis 1997. Beaucoup de biens et de services sont échangés entre le Canada et le Chili. Des entreprises canadiennes sont bien établies au Chili dans divers domaines comme ceux des services, des produits, des mines et dans une certaine mesure, de l'aquaculture.

Quant à lui, le Pérou se trouve juste au nord du Chili et sa population s'élève à un peu moins de 30 millions d'habitants. Le Pérou est le cinquième partenaire commercial le plus important des Amériques pour le Canada. Beaucoup d'entreprises canadiennes y sont établies. Par exemple, Hydro-Québec participe à des projets au Pérou dans les domaines de l'électricité et des mines. Le Canada a une présence très respectée au Pérou.

M. Tor-Eddie Fossbakk, conseiller en aquaculture, Great Global Minds: Comme Mme Taylor l'a dit, le Chili est tout près de prendre le premier rang mondial dans le domaine de l'élevage du saumon, après avoir occupé le second rang, derrière la Norvège, pendant longtemps. L'industrie salmonicole du Chili a un taux de croissance supérieur à celui de tous les autres pays producteurs de saumon dans le monde. Le Chili représente une belle occasion de marché pour les entreprises canadiennes, qui pourraient tirer parti de la croissance spectaculaire attendue. Le Canada a la capacité sur le marché de faire concurrence aux producteurs de tous les autres pays. De cette manière, on pourrait conserver les emplois et stimuler la croissance chez nous.

Même si le Canada ne fait pas partie des leaders mondiaux pour ses produits et services, il peut offrir beaucoup au moyen de la consultation et de l'investissement. Cependant, il fait piètre figure au chapitre des produits qu'il offre. Le Canada ne devrait pas avoir de misère à faire concurrence à la Norvège, à l'Australie ou à n'importe quel autre pays, parce qu'il a la technologie et l'expertise nécessaires pour ce faire. Cependant, le Canada est freiné par un manque de détermination à pénétrer le marché.

Le cas du Pérou est légèrement différent, parce que c'est un nouveau producteur aquacole. C'est un grand pays de pêche depuis longtemps. Comme la plupart des sénateurs le savent certainement, les principaux produits du Pérou sont le poisson et l'huile de poisson. Le Pérou se montre très intéressé à développer son secteur aquacole, parce que les pêches traditionnelles stagnent, comme dans la plupart des autres pays. Afin de poursuivre sa croissance et de la maintenir, il doit se doter d'un autre moteur de développement.

La demande au Pérou est légèrement différente de celle au Chili, qui est un pays plus avancé sur le plan technologique. Le Canada est déjà passé par toutes les étapes du développement de sa propre industrie aquacole, donc il possède la technologie, les produits, le savoir-faire et les compétences voulues. Il n'y a aucune raison pour que ces pays ne représentent pas un marché avantageux pour l'industrie canadienne.

Le Canada n'est pas représenté dans le secteur aquacole du Pérou. Il y a des pays comme l'Allemagne et l'Italie, qui sont beaucoup plus loin que nous du Pérou, qui ont vu l'intérêt de pénétrer ce marché. Il n'y a aucune raison pour que le Canada ne se taille pas une place dans ces trois secteurs. Le Canada doit se montrer déterminé et faire des efforts.

Mme Taylor: Certains des objectifs décrits sur cette diapositive s'inspirent d'une organisation chilienne appelée Fundación Chile. Nous allons vous faire parvenir les objectifs mis à jour pour 2004. Vous voyez ici les domaines dans lesquels le Canada est actuellement un leader mondial et dans lesquels il devrait faire sa marque au Chili. Il y a notamment la diversification, la productivité, l'assainissement et l'environnement. Nous maîtrisons différentes technologies améliorées. L'apprentissage en ligne est également un grand enjeu géographique pour ces deux pays. L'amélioration générale du transport et des systèmes de recirculation en sont deux autres.

Il est primordial que ces deux pays développent leur infrastructure, étoffent leurs programmes de formation, améliorent leurs technologies et favorisent la diversification pour que leurs industries ne dépendent pas d'une ou deux espèces seulement. Il est important aussi qu'ils attirent des investisseurs étrangers et des partenaires, et le Canada a déjà été un leader dans ce domaine. Il y a beaucoup de programmes offerts actuellement, que le Canada ne connaît peut-être pas. Il y a des plans de développement nationaux visant notamment le développement des institutions. Nous venons tout juste d'apprendre qu'il y en a un au Pérou. Le pays aimerait mettre sur pied un institut national d'aquaculture. Il aimerait prendre le Canada en exemple. Ce serait une excellente occasion pour nous.

Lors de nos réunions d'aujourd'hui, M. Fossbakk nous a rappelé que notre industrie n'avait que 25 ans, mais nous avons appris énormément pendant ce temps. Nous voici devant une excellente occasion de transmettre ce que nous avons appris de nos erreurs et de recommencer à neuf dans ces autres pays où l'industrie prend naissance. Nous pouvons les aider à démarrer sur une base plus solide pour l'avenir. Nous pouvons leur enseigner des méthodes de traitement et de prévention des maladies et de gestion de l'effet Le Niño.

Cette diapositive présente les principales occasions d'affaires pour le Canada afin d'aider ces deux pays. Bien entendu, les normes environnementales sont un enjeu international important. Elles ne concernent pas seulement le Chili et le Pérou, mais nous croyons qu'elles font partie de la solution au problème mondial, donc il est important qu'il y en ait dans ce secteur.

Cette diapositive montre combien il y a d'occasions au Chili et au Pérou. Vous remarquerez que bon nombre d'entre elles se ressemblent, mais la situation des deux pays n'en est évidemment pas au même point. Le Chili a besoin de technologies beaucoup plus avancées que le Pérou, qui commence à peine à se doter d'outils technologiques. De même, l'un des besoins importants pour le Pérou — et c'est là une occasion fabuleuse pour le Canada — c'est d'établir des institutions et d'offrir de la formation parce que le pays souhaite ardemment former des travailleurs, établir des élevages et mettre en place des structures de gestion, mais il n'a pas les institutions nécessaires. Il n'a pas de professionnels qualifiés. Il aimerait que des Canadiens viennent l'aider à créer un institut d'enseignement ou qu'il vienne former ses gestionnaires actuels. Il n'a pas les outils ni les ressources humaines nécessaires pour l'instant pour établir ses propres élevages.

À la diapositive suivante, vous avez un aperçu des difficultés et des enjeux communs à nos pays. Elle nous renseigne sur la situation de l'aquaculture dans son ensemble.

M. Fossbakk: Comme ces difficultés et ces enjeux sont comparables dans les deux pays, il est facile pour les entreprises canadiennes de les aborder toutes dans un voyage. La délégation canadienne pourrait se rendre au Chili, au Pérou, puis rentrer au Canada. Le Canada pourrait combiner ces deux missions, ce qui les rendrait beaucoup plus économiques. N'oubliez pas que ces pays en sont à des étapes différentes, donc les solutions seront légèrement différentes d'un pays à l'autre. Les entreprises susceptibles de fournir des solutions pourraient peut-être être les mêmes, mais peut-être pas non plus.

Chez nous, la croissance de l'aquaculture stagne. Au cours des années 90, l'industrie s'est mise à stagner, voire même à décliner légèrement, pour une multitude de raisons. Cela a eu des incidences sur l'industrie des biens et services qui subit les contrecoups de l'élevage piscicole. Si l'élevage ne prospère pas, personne ne fera de nouvelles commandes. Cela signifie que l'industrie des biens et services manque de travail.

Cette occasion pour l'industrie de cibler de nouveaux consommateurs et de nouveaux marchés — dans ce cas-ci c'est le Pérou, mais ce pourrait être beaucoup d'autres nouveaux pays — lui permettra de se maintenir et de poursuivre ses activités jusqu'à ce que l'industrie aquacole recommence à croître et que la demande de services pour l'acquisition de nouvel équipement reprenne au Canada. Si l'industrie des produits et services ne gagne pas de nouveaux marchés ni de nouveaux contrats, nous risquons qu'elle dépérisse. Des entreprises pourraient fermer. Elles pourraient trouver d'autres industries beaucoup plus viables et susceptibles de leur fournir les fonds dont elles ont besoin.

Mais l'industrie aquacole prendra son envol. Nous en sommes tous convaincus, ce n'est qu'une question de temps. Toutefois, il se pourrait que les secteurs canadiens des produits et services ne soient pas au rendez-vous. Nous savons que de nombreuses sociétés de par le monde aimeraient beaucoup pénétrer ce marché et en prendre le contrôle. Ce serait honteux de ne pas essayer de les en empêcher.

Voici une liste de quelques-unes des sociétés canadiennes. Elle est loin d'être exhaustive. Ce sont celles qui ont le plus réussi — Heritage Aquaculture, Syndel, Cards, et cetera — et qui ont trouvé le marché chilien tellement prometteur qu'elles ont choisi de s'y installer. Heritage, par exemple, peut s'approvisionner en saumon toute l'année car quand c'est la morte-saison au Canada, l'activité bat son plein au Chili et vice versa. Cela signifie que cette société n'a pas de soucis d'approvisionnement.

Ce sont des multinationales établies au Canada, au Chili et dans d'autres pays. Il n'y a aucune raison nous empêchant d'avoir de vraies sociétés multinationales canadiennes en concurrence directe avec ces compagnies.

Mme Taylor: La diapositive suivante présente une liste des occasions d'affaires que nous avons cernées en matière d'éducation, de formation et de soutien technique ainsi que de R et D. Nous avons dressé la liste de quelques-uns des programmes ayant donné de bons résultats au Canada et qui pourraient être adaptés à l'Amérique du Sud, selon nous. L'élaboration des politiques et de la réglementation se ferait à l'échelle des gouvernements. Au Pérou, c'est dans le développement des infrastructures que les besoins sont les plus criants. Quant au Chili, c'est une question de viabilité. Ce pays affiche un taux de croissance incroyable et se rend compte qu'il devra instaurer des règles car la question de la viabilité commence à se poser. Il ne pourra pas soutenir longtemps la cadence. Le Canada est un chef de file mondial en matière de transfert de sciences et de technologies.

Les diapositives suivantes portent sur l'aquaculture, Agroalimentaire Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments et Environnement Canada. Là encore, l'une des questions dont on entend le plus parler dans les médias actuellement concerne les normes environnementales pour l'industrie.

Nous aimerions rappeler que nos objectifs à ce chapitre sont doubles. Nous voulons donner au secteur canadien des produits et des services en aquaculture l'occasion d'exploiter des débouchés au Chili et au Pérou. Toutefois, nous estimons que l'industrie a besoin d'un coup de main du gouvernement, que ce soit par l'intermédiaire de comités comme le vôtre ou de la Chambre. On ne pourra y arriver que grâce à des rencontres entre les gouvernements.

Le Chili et le Pérou sont très intéressés. Nous pensons que ce sera nécessaire car si ces sociétés voient que leur gouvernement porte un intérêt sincère à leurs activités, elles croiront dans leur avenir.

Beaucoup de gens m'ont demandé pourquoi ce secteur n'avait rien fait pour rectifier sa mauvaise image. Je leur ai répondu que, selon moi, la solution est au niveau mondial et que ce n'est pas un pays ou une société qui pourra changer cette industrie. Dit en peu de mots: les actions sont plus éloquentes que les paroles. Le gouvernement doit jouer un rôle de premier plan à ce chapitre.

Nous prévoyons organiser une mission du 2 au 9 octobre 2004. Nous avons choisi ces dates en fonction des calendriers sur la tenue de foires commerciales ailleurs dans le monde et aussi des deux saisons de pêche.

Le président: Vous venez de dire que cette mission coïncidera avec plusieurs foires commerciales qui se tiendront en même temps.

Mme Taylor: Non, nous essayons justement d'éviter qu'elle n'ait lieu en même temps que les foires commerciales organisées dans le reste du monde. Il y aura des activités au Canada, mais nous avons tenté de séparer les événements pour recueillir la plus grande participation possible.

Actuellement, il y a une foire commerciale au Chili. Nous pensons qu'il existe tellement d'occasions d'affaires pour ces sociétés — compte tenu, aussi, du nombre de personnes intéressées à les rencontrer, particulièrement au Chili — que le mieux, pour elles, serait d'élaborer des programmes personnalisés et de voir véritablement comment fonctionne le secteur dans ces pays plutôt que de suivre simplement la voie tracée.

Comme certains d'entre vous le savent peut-être, le chemin est long pour se rendre jusque là-bas. Une foire commerciale est un très bon moyen de créer un réseau, mais si ces gens ont vraiment envie d'obtenir de l'aide personnalisée pour faire des affaires, nous pensons que le mieux est d'établir des programmes individuels. Par ailleurs, nous aimerions coordonner des réunions avec le gouvernement.

Le sénateur Robichaud: Le ministère des Pêches et des Océans s'est-il montré intéressé à prendre part à une mission au Chili?

Mme Taylor: Oui. Hier, nous avons rencontré le chef du personnel pour le ministre. Nous nous sommes également entretenus avec des représentants du ministère ce matin. Ceux-ci nous ont manifesté un très vif intérêt. Ils nous ont dit que la façon dont nous nous y prenions pour organiser toute cette initiative était la plus efficace qui soit.

Le plus gros problème auquel nous sommes confrontés actuellement est le manque d'argent dont souffre l'industrie. Nous essayons de recueillir des appuis politiques, d'abord pour montrer au secteur que le gouvernement s'intéresse à lui. Nous voudrions entreprendre des démarches auprès d'organismes de financement pour permettre à certaines personnes de prendre part à la mission.

Honnêtement, je dois dire qu'il n'y a pas un seul ministère au sein du gouvernement qui n'ait pas exprimé son très vif soutien à l'égard de ce projet.

Le sénateur Robichaud: Leur intérêt reste-t-il intact quand vous leur indiquez le type de contribution que vous attendez d'eux?

Mme Taylor: Nous n'avons pas demandé de contribution au ministère des Pêches et des Océans. Nous avons pris contact avec des organisations telles que l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, l'APECA, et Diversification de l'économie de l'Ouest. Nous aimerions compter sur leur participation et nous savons qu'elles seraient très heureuses d'assister aux réunions et d'aider ces pays au chapitre de la réglementation, et cetera.

Nous avons aussi rencontré hier des représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international qui se sont montrés très intéressés à parler de cette initiative directement au ministre. Ils n'étaient même pas conscients de certains des problèmes que connaît ce secteur. Lorsque nous leur avons présenté notre exposé, ils nous ont dit: «Eh bien, nous ne savions même pas que cela existait».

Grâce à toutes les nouvelles recrues que compte le ministère et à l'intérêt du ministre, le gouvernement pourra s'engager dans cette aventure. Toutefois, nous nous intéressons avant tout à l'industrie, qui a manifesté un grand soutien, et aux agences régionales susceptibles de nous accorder le financement qui nous permettra de rallier les sociétés intéressées.

Pas une seule ne s'est montrée indifférente. Mais beaucoup n'ont pas les moyens d'investir autant d'argent, et ce, pour deux raisons: soit parce que leur situation est précaire, soit parce qu'elles veulent voir que le gouvernement se préoccupe de soutenir ce secteur de l'économie qu'est l'aquaculture.

Le sénateur Robichaud: L'APECA organise des missions. Elle en a récemment effectué une aux États-Unis.

Vous dites que vous avez rencontré ses représentants. Se sont-ils montrés un peu intéressés? J'imagine que oui vu qu'ils représentent le Canada atlantique et que l'aquaculture et les pêches constituent évidemment des secteurs très importants de notre économie.

Mme Taylor: M. Fossbakk a travaillé directement avec l'APECA pour la Norvège l'année dernière. C'est primordial car la tenue de cette industrie a des répercussions sur les deux côtes. Il est assez difficile pour les gens de trouver du travail dans ces régions et nous pensons que l'aquaculture est un moyen de leur procurer un emploi durable qui leur assurera une plus grande indépendance financière.

Nous ne nous sommes pas encore adressés directement à l'APECA car nous voulons d'abord réunir les éléments nous permettant d'obtenir les appuis politiques et le soutien de l'industrie, mais nous y sommes presque. M. Fossbakk pourra vous parler de son expérience positive auprès de l'APECA.

M. Fossbakk: L'APECA est très ouverte aux initiatives en matière d'aquaculture. Elle a apporté son concours financier à la mission très réussie qui s'est rendue à Aquanor, en Norvège, au mois d'août dernier. Plus de 50 représentants du Canada atlantique ont participé à cette manifestation et ont pris part à des rencontres individuelles et de groupes. Nous avons vu comment fonctionnaient les fermes piscicoles, les installations de R et D ainsi que les usines de traitement. Nous avons également eu un accès plus ou moins illimité à l'expertise et aux connaissances des gens du milieu.

Nous n'avons pas pris contact directement avec l'APECA pour ce projet particulier. Cela fait partie de la prochaine étape de notre plan d'organisation de la mission. Nous ferons également appel à des agences semblables à l'APECA, comme Diversification de l'économie de l'Ouest. Si nous nous y prenons bien, nous pourrons présenter notre plan aux agences de financement ainsi qu'aux provinces et aux associations de l'industrie. Nous leur proposerons alors un dossier complet.

Mme Taylor: Nous avons fait des recherches sur les travaux que vous menez et sur le type de soutien qu'accordent les comités du Sénat et de la Chambre à cette initiative car l'industrie elle-même est très négative. Si le gouvernement n'a pas la volonté de faire quelque chose, ce sera difficile à réaliser.

Deux gouvernements se sont montrés très enthousiastes. J'ai également été contactée par deux autres pays d'Amérique du Sud qui ont entendu des rumeurs. Le Chili a déjà fait savoir qu'il souhaitait organiser une mission commerciale au Canada en 2005. Si nous entamons ces pourparlers avec les gouvernements, une seule mission commerciale ne réussira pas à établir le cadre réglementaire pour les normes environnementales. Nous avons pensé que ce serait une excellente façon de maintenir le dialogue et de continuer à stimuler les industries car il faut trouver une solution globale à ce problème.

M. Godoy: Nous voyons que la plupart d'entre vous sont des sénateurs originaires du Canada atlantique et que, par conséquent, au-delà de votre rôle au sein du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans, vous avez un intérêt personnel à l'égard de l'industrie aquacole puisque c'est le gagne-pain de beaucoup de gens dans vos régions respectives.

Nous avons également rencontré des députés du Canada atlantique et de la Colombie-Britannique. Nous nous sommes entretenus avec des représentants de Shawn Murphy, de Claudette Bradshaw et de David Anderson. Outre leur rôle de parlementaires ou de membres du Cabinet, ils se sentent très concernés par ce qui se passe dans leur région. Ici, l'aquaculture est une industrie employant surtout des gens dans les zones rurales côtières; des régions traditionnellement défavorisées sur le plan économique.

Maintenir l'emploi dans ces secteurs est une bonne chose. Nous pourrions même l'accroître en exportant nos biens et services vers des pays qui ont grandement besoin de notre expertise pour développer leurs propres industries. Ce faisant, tout le monde sortirait gagnant: le Canada, ses partenaires étrangers et l'ensemble de l'industrie, qui a subi des revers au cours des deux ou trois dernières années.

Mme Taylor: Quelques députés nous ont demandé ce que faisait l'industrie pour se sortir de cette crise et pourquoi elle ne passait pas par les médias. Cela ne résoudra rien du tout.

Je suis sûre que vous comprenez que l'initiative doit émaner de la rencontre entre les gouvernements des pays chefs de file du secteur, pour prouver que ceux-ci sont déterminés à trouver une façon cohérente d'assurer la viabilité de l'industrie. En outre, cela permettra d'empêcher bon nombre de sociétés de quitter le Canada ou même de fermer leurs portes.

Plus tôt aujourd'hui, nous étions avec Dave Rideout, de l'Alliance de l'industrie canadienne de l'aquaculture. Il dit qu'en fin de compte, il s'agit d'un groupe de personnes au sein d'un conseil qui aimeraient rester au Canada, mais qui considèrent qu'elles pourraient saisir des occasions d'affaires ailleurs. Nous estimons que si ces sociétés ont la possibilité de travailler en Amérique du Sud, elles rendront service au Canada. Quand notre pays entamera un dialogue avec des États comme le Chili, qui est appelé à croître et à devenir un chef de file mondial, nous pourrons trouver de nouvelles méthodes nous permettant de mieux développer notre industrie aquacole et, particulièrement, les exploitations piscicoles. Par ailleurs, le secteur des services continuera d'aider ces sociétés canadiennes.

Le sénateur Adams: Je viens de l'Arctique et je comprends assez mal l'élevage du saumon en Colombie-Britannique.

Y a-t-il du saumon là-bas ou en font-ils l'élevage pour l'exportation? Quels autres pays, outre le Canada et les États- Unis, ont du saumon? L'Écosse et la Norvège?

M. Fossbakk: Depuis de nombreuses années, le Chili occupe la deuxième place mondiale pour la production de saumon d'élevage. Comme nous l'avons dit précédemment, il est sur le point de dépasser la Norvège, qui a occupé cette position pendant longtemps. Chaque pays produit en gros près d'un demi-million de tonnes de saumons d'élevage par an, ce qui représente d'importantes quantités de poisson.

La Norvège ne fait que l'élevage du saumon de l'Atlantique. Le Chili se concentre sur l'élevage des saumons de l'Atlantique, coho et quinnat. Ces trois espèces de saumon, en plus de la truite — aussi connue sous le nom de truite arc-en-ciel — font l'objet d'un élevage commercial de nos jours au Chili.

Au Pérou, c'est différent. Ce pays a peu ou pas d'aquaculture océanique. Son industrie se concentre essentiellement autour des lacs ou de très petites exploitations dans les terres. Son expérience en aquaculture remonte à 1928, mais pour différentes raisons, cette activité n'est jamais devenue une industrie commerciale. Toutefois, le gouvernement a dit vouloir amener ce secteur à un niveau supérieur; il est maintenant au point où se trouvait le Canada il y a 25 ou 30 ans.

Nous disons que nous disposons de la technologie et de l'équipement, de la R et D, de la science, des institutions et de la réglementation. Ne laissez pas ce pays perdre 30 à 35 ans dans ce processus d'apprentissage. Faisons-le profiter de ce que nous avons et amenons-le aux normes actuelles sans tarder. C'est une tâche colossale qui ouvrirait la voie sur un énorme marché pour tous ceux que ça intéresse.

De nouvelles espèces font également leur apparition. Le Canada développe, entre autres, la morue, l'aiglefin et le flétan. Le Chili en fait autant. Quant au Pérou, il a ses propres espèces qui pourraient être commercialisées. La technologie est compatible, et si vous savez comment élever du saumon, en vous adaptant, vous pouvez exploiter d'autres espèces — même l'omble chevalier qui vient de votre coin de pays.

Le sénateur Adams: Quelle est la différence entre les politiques du Chili et celles du Pérou? Le Canada, à l'instar de la Norvège, de l'Allemagne et d'autres pays, jouit en quelque sorte d'un certain monopole. Si vous obteniez une aide supplémentaire du gouvernement, feriez-vous davantage d'affaires ou est-ce que les gouvernements chilien et péruvien cherchent à stimuler la concurrence dans l'élevage du saumon?

M. Fossbakk: Ce que ces gouvernements veulent est très simple: développer leur industrie. Ils sont à deux niveaux très différents. Je dirais que l'industrie chilienne est très avancée et, du point de vue technologique, qu'elle se compare à celle des autres pays faisant l'élevage du saumon. Au Pérou, ils utilisent des étangs et font pratiquement tout à la main. C'est une industrie émergente qui doit être industrialisée. Le Chili a déjà dépassé ce stade.

Je ne crois pas que les gouvernements veuillent demander la charité ou recevoir des cadeaux. Le Pérou veut vraiment amener son industrie à un niveau où elle pourra se maintenir, avec tout ce que cela implique — depuis la réglementation jusqu'aux équipements nécessaires à l'exploitation des fermes piscicoles. Le Chili a besoin de plus d'outils étant donné qu'il connaît une crise de croissance. Nous voyons que d'autres sociétés font des affaires lucratives au Chili car l'industrie y est en pleine expansion.

Le sénateur Adams: Votre projet inclut l'élevage du saumon. Vous n'exportez pas ensuite ce produit vers le Canada, les États-Unis ou l'Europe. Comment cela fonctionne-t-il?

M. Fossbakk: Le produit fini?

Le sénateur Adams: Oui.

M. Fossbakk: C'est un marché unique. Le monde est un marché unique, particulièrement lorsqu'on parle du saumon d'élevage. Bien sûr, les Chiliens continueront de vendre leur saumon d'élevage là où ils pourront en obtenir le meilleur prix, tout comme le feront les Canadiens, les Norvégiens, les Écossais, et cetera. Le fait est que le secteur canadien des produits et des équipements ne peut maintenir son niveau d'activité en se limitant au marché intérieur tel qu'il est actuellement; par conséquent, si vous voulez que cette industrie soit viable et performante — que ce soit l'année prochaine, dans cinq ou dix ans —, il lui faut trouver des débouchés maintenant et dans les années à venir.

Le sénateur Adams: Vous avez parlé du ministère des Pêches et des Océans et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Vous vivez dans un pays qui a peut-être sa propre agence d'inspection et un environnement différent du nôtre.

Ces saumons sont-ils propres à la consommation? Le Chili et le Pérou inspectent-ils les saumons avant de les envoyer à l'étranger?

Mme Taylor: Cela fait partie des initiatives gouvernementales en vertu desquelles nous essayons d'établir une norme mondiale pour l'industrie. Le suivi des données constitue actuellement un gros problème. C'est très difficile d'arriver avec des données standards seulement pour les chiffres dans cette industrie.

Vous avez demandé à M. Fossbakk ce que cherche le gouvernement. Le gouvernement veut une orientation et du leadership de la part du Canada. Les normes environnementales constituent, s'est-on rendu compte, l'une des meilleures solutions. Le Canada est un chef de file en matière de réglementation. On sait que la croissance ne peut pas se poursuivre actuellement.

Il s'agit d'établir une norme internationale, et non de simplement viser le Chili ou le Pérou. La norme établie doit appuyer l'industrie dans l'ensemble des pays. Je pense que c'est réellement ce que tous souhaitent, et c'est pourquoi le gouvernement a réagi avec autant d'enthousiasme.

M. Godoy: Pour donner suite à votre question précise, le Chili et le Pérou se sont tous les deux dotés d'un organisme semblable à l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Les Canadiens excellent notamment à exporter ses compétences spécialisées dans les domaines où ils brillent. S'il s'agit d'une fonction précise de l'Agence canadienne d'inspection des aliments ou d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, notre pays a ainsi une belle occasion de dire que nous aidons le gouvernement péruvien à moderniser sa réglementation dans ce domaine en fonction de notre modèle.

C'est l'une des réalisations les plus importantes que notre gouvernement doit mener à bien aujourd'hui, tout comme les mesures que nous avons prises antérieurement avec le Chili pour harmoniser nos codes de la construction. Il est essentiel que le gouvernement canadien joue son rôle de chef de file mondial dans le transfert du savoir technologique et de notre modèle de fonctionnement pour lequel nous sommes réputés.

Le sénateur Cook: J'essaie de comprendre les motifs de ces échanges. Je considère que les entrepreneurs canadiens ont ainsi l'occasion de devenir des partenaires au Chili et au Pérou, ce qui favorisera la croissance de l'économie canadienne ainsi que l'amélioration de celles du Chili et du Pérou.

Quels objectifs poursuivons-nous? Les objectifs sont un peu flous. Vous avez écrit que le Chili est le deuxième producteur agricole dans le monde après la Norvège, ce qui m'indique qu'il se tire bien d'affaires.

Il doit posséder une infrastructure appropriée et un régime de réglementation. Comment le Canada s'intégrerait-il à un secteur d'activités d'un pays qui se tirerait très bien d'affaires, ou dépassez-vous le seuil de votre viabilité? Quels sont nos objectifs?

Mme Taylor: Comme nous l'avons expliqué au début, nous voulons que les entreprises d'aquaculture canadiennes fournissent des services afin de profiter de la forte croissance de l'industrie chilienne. Le Chili veut savoir comment il pourra garder le rythme qu'il a atteint. C'est un objectif presque impossible à réaliser, et il l'a reconnu. Dans l'un des derniers documents que j'ai examinés, ce pays a prédit que la croissance commencera à ralentir d'ici 2008. Il y a une limite à l'expansion en cours. Le Chili est aux prises avec un énorme problème en ce qui concerne la réglementation environnementale que le gouvernement préconise. C'est là où la technologie et les compétences canadiennes peuvent être utiles.

La situation au Pérou est tout à fait différente; le Pérou offre même de meilleures perspectives à un grand nombre de ces mêmes entreprises de produits et services. Cependant, nous croyons également que la technologie — qu'il s'agisse de biotechnologie ou du cyberapprentissage — et les systèmes de formation doivent être mis en place au Pérou, tout étant à faire dans ce domaine.

De plus, la distance et le cyberapprentissage favorisent l'abondance de logiciels technologiques. Plus votre secteur d'activités est important, plus vous avez besoin de services. C'est le thème de cette mission. Nous insistons également sur le rôle du gouvernement, que nous expliquons. En raison du problème qui sévit dans l'industrie actuellement, nous sommes d'avis qu'il faut des négociations bilatérales entre ces pays pour établir un cadre réglementaire international et uniforme. Tous les gouvernements sont de cet avis.

Le sénateur Cook: Vous devrez être patiente avec moi et m'aider à comprendre, parce que je manque d'information. À un moment donné, je croyais que nous étions des libres-échangistes et que les secteurs de l'aquaculture des deux pays s'intégraient et en tiraient profit. Vous me parlez maintenant du secteur de la technologie de l'information, ce qui est une tout autre histoire. Disons-nous que le secteur canadien de la technologie de l'information tirerait profit d'une telle situation? À cause de vous, je me suis éloignée de l'aquaculture.

Mme Taylor: Je fais allusion à la biotechnologie et à la technologie de l'information dans l'industrie de l'aquaculture. Nous montrerons la diapositive qui précise les occasions s'offrant au Canada dans les deux cas. Je pense que nous pourrons ainsi mieux circonscrire la question.

Je comprends ce que vous voulez dire par technologie de l'information. M. Fossbakk peut nous donner plus de renseignements sur les technologies propres à l'industrie de l'aquaculture, pour lesquelles le Canada est un chef de file tant sur le plan des produits et services que sur le plan institutionnel.

Le sénateur Cook: Vous me permettrez d'aller plus loin. Nous possédons déjà ces renseignements. Dans quelle mesure les industries et les gouvernements de ces deux pays accueilleraient-ils bien ce genre de dialogue. Savent-ils qu'ils en ont besoin?

Mme Taylor: En fait, voici d'où a émané l'idée. Notre mission visait plusieurs secteurs d'activités, et c'est notre dialogue avec les gouvernements qui est à l'origine de tout cela.

C'est la volonté de ces deux gouvernements. Ils se sont dotés de deux entités qui disposent de programmes d'investissement permettant d'affecter des millions de dollars à la mise en valeur de ces secteurs. Ce sont ces programmes qui offrent ces perspectives aux entreprises canadiennes. Nos négociations avec ces gouvernements portent actuellement sur ces questions.

L'aquaculture s'est beaucoup complexifiée, et l'avenir appartient réellement à la technologie de l'information. Plus votre industrie est importante, plus vous avez besoin de services pointus: technologie, localisation, traçabilité et logiciels. Le Canada est un chef de file à ce chapitre, mais nous avons ménagé nos efforts en vue de promouvoir le tout au Chili.

Nous avons également d'autres diapositives, et nous vous avons donné certains renseignements. D'autres pays ont tiré profit de cette initiative, même si nous sommes des libre-échangistes importants et n'avons imposé aucun tarif douanier sur ces produits et services.

Le sénateur Cook: C'est donc en quelque sorte deux solitudes, n'est-ce pas? Nous disposons de ce qu'ils ont peut-être besoin ou de ce qu'ils ignorent peut-être avoir besoin. Cependant, s'ils savaient que le tout était disponible, ils pourraient en profiter. Comment pouvons-nous réussir à ce que tous soient sur la même longueur d'ondes?

Mme Taylor: Lorsque nous étions au Chili en janvier, nous avons collaboré avec une entreprise privée québécoise. C'est à ce moment-là que nous avons commencé à travailler considérablement avec des entreprises dans la dixième région. On connaît le niveau d'excellence atteint par le Canada dans ces domaines, et on nous a demandé souvent de trouver des oxydateurs. Les entreprises chiliennes préféreraient transiger avec le Canada.

Le Canada n'a pas vraiment déployé beaucoup d'efforts dans le secteur des produits et services. Pourquoi? Comme pays, il y a des limites aux efforts que nous pouvons fournir. L'aquaculture est dans une mauvaise passe actuellement. M. Fossbakk a déjà signalé au cours de quelques réunions que ce n'est pas l'industrie la plus en vogue au monde. Il y a un autre problème: le Chili et le Pérou sont très loin du Canada, et il y a la barrière linguistique. Je n'essaie pas de trouver des excuses, mais ce sont les conclusions auxquelles nous sommes parvenus.

Vous pourriez demander pourquoi les Américains y sont-ils présents? Je vous répondrais que leur marketing est plus entreprenant que le nôtre.

Je sais que le gros de la population dans la dixième région, d'où est originaire M. Gallardo, est unilingue, ce qui pose un problème. Ces gens ont accès à Internet, mais ne peuvent pas utiliser le téléphone pour en faciliter l'usage. C'est pourquoi nous sommes d'avis que nos perspectives se multiplieraient si la mission s'attaquait uniquement à ces objectifs.

Bon nombre de ces gens se rencontrent lors des différentes foires commerciales dans le monde, mais ce n'est pas le seul objectif essentiel pour favoriser l'essor. Lorsque M. Fossbakk a dirigé sa mission en Norvège, le commissaire au développement de l'aquaculture a pu facilement négocier avec son homologue chilien. Malheureusement, son mandat se termine, et le dialogue s'est interrompu.

Lorsque nous étions au Chili, on nous l'a rappelé. Dans le cadre de notre mission, nous avons décidé de reprendre le dialogue parce que ces pays le souhaitaient. Nous recevons tous les jours des appels au sujet de nos produits et services dans cette industrie. Cependant, la collaboration entre les deux pays passe par des réunions individuelles entre homologues.

Le sénateur Cook: Des entreprises canadiennes d'aquaculture sont-elles implantées dans l'un de ces pays? Dans l'affirmative, quelles sont ces entreprises?

Mme Taylor: Oui, certaines entreprises y sont très florissantes. Heritage Salmon compte parmi celles qui ont le plus réussi. Je dirais qu'il y a peut-être dix entreprises qui se tirent bien d'affaires.

Le sénateur Cook: Je pense que je m'en suis rendue compte à mon supermarché la semaine dernière.

Mme Taylor: Une entreprise très importante collabore avec Loblaws. Sur le plan agricole, on tire profit des saisons qui sont différentes dans les deux hémisphères, ce qui permet un approvisionnement douze mois par année. En Colombie-Britannique, on a réussi à assurer la viabilité et à conserver tous les emplois. On a recours à quelques-uns des plus grands cerveaux — je collabore avec l'un de leurs meilleurs vétérinaires à un projet sur le pou du poisson.

Voilà pour le volet agricole. Cependant, comme nous l'avons signalé auparavant, le Canada n'est pas un chef de file dans la fourniture de produits et services. C'est le secteur, qui, selon nous, a vraiment le plus besoin d'aide pour assurer sa viabilité au Canada.

Le sénateur Cook: Il s'agit de la lutte contre les maladies des poissons d'aquaculture. Comment nous tirons-nous d'affaire dans ces pays à ce chapitre?

Mme Taylor: Nous ne participons pas à beaucoup de projets dans ces pays à l'heure actuelle. Le gouvernement doit entamer le dialogue à cet égard. C'est une question très délicate dans tous les pays.

Nous travaillons avec une entreprise qui a peut-être mis au point un produit naturel pour aider à lutter contre le pou du poisson. Nous voulons que ce produit soit testé au Canada. Les tests font l'objet de lignes de conduite différentes. Voilà donc un autre domaine dans lequel les pays devraient collaborer. Cependant, tous ne sont pas d'accord pour échanger ce genre de renseignements. Je pense qu'il faut établir un dialogue entre les gouvernements et les entreprises individuelles.

Je sais que des entreprises pharmaceutiques canadiennes collaborent à des projets dans ces pays, mais je me demande encore une fois si c'est suffisant. Non, parce qu'il s'agit d'une initiative internationale. Il faudra non seulement que les entreprises se rendent dans ces pays, mais également que les gouvernements uniformisent leurs normes.

Le sénateur Cook: Existe-t-il une telle volonté?

Mme Taylor: Oui.

Le sénateur Cochrane: Au Canada, nous avons été aux prises avec passablement de problèmes au sein de l'industrie de l'aquaculture, dans les pêcheries de saumon de la Colombie-Britannique. Vous avez parlé du pou du saumon d'aquaculture. Quels sont les problèmes qui découlent de l'essor qu'a connu l'aquaculture au Chili?

Mme Taylor: De nombreux problèmes se posent dans ce pays. Il est très difficile d'obtenir des données. Les gouvernements se sont montrés très intéressés à se rencontrer. Cependant, ce n'est pas une question dont on traite avec les entreprises. Le pays est aux prises avec des problèmes. Il croit, comme nous, que le tout est imputable aux normes environnementales. Il veut aborder davantage le dossier du point de vue réglementaire plutôt que de s'attaquer aux questions séparément.

Selon de nombreux rapports, certains problèmes sont imputables à l'utilisation du vert malachite, qui est interdit. Si vous parlez à un producteur chilien, il vous dira qu'on ne l'utilise plus. C'est un problème. Si les gouvernements établissent une norme régissant les produits, les problèmes sont plus susceptibles de se manifester. Le gouvernement doit assumer un rôle de chef de file sur le plan de la réglementation.

Des producteurs agricoles nous ont dit que la norme HASEP est celle qu'on souhaite mettre en oeuvre dans les deux pays. La formation spécialisée est insuffisante dans ces pays. Le Canada excelle dans ce domaine. Grâce à la réglementation et aux normes environnementales, vous vous attaquerez à bon nombre des questions environnementales. À ce que je sache, le pou du poisson n'est pas un problème là-bas. On veut savoir quels produits nous avons utilisés au Canada. Encore une fois, c'est une question à laquelle les producteurs individuels ne s'attaqueront pas. Les gouvernements se pencheront sur ce dossier.

En aquaculture, l'expression à la mode est «technologie écologique». C'est une tendance mondiale. Si le Canada, qui est un chef de file en R et D, en biotechnologie et en réglementation, collabore avec ceux qui seront sous peu les premiers producteurs de saumon, l'établissement d'une norme internationale aidera beaucoup l'industrie.

Le sénateur Cochrane: Avez-vous dit que l'aquaculture est en recul au Chili?

Mme Taylor: Non, elle sera en recul. On prédit que ce recul se produira entre 2008 et 2010. Le pays a connu une croissance incroyable, qui s'est établie à 10 p. 100 en moyenne, par année. Il y a une limite à la croissance.

On travaille à des projets dans la onzième région. Il y a une limite à la mise en valeur de la terre et de l'eau. Il faut observer de nouvelles normes environnementales. On cherche la viabilité, qui passe par toutes les autres questions que nous avons abordées avec vous.

Le sénateur Cochrane: Vous me dites que le pays a utilisé toutes les terres et tous les plans d'eau à des fins d'expansion. Pourquoi quelqu'un voudrait-il démarrer une entreprise d'aquaculture?

Mme Taylor: Je ne comprends pas votre question. En ce qui concerne les produits et services, on aidera les entreprises déjà en place en améliorant les technologies, les normes environnementales, le matériel, l'alimentation animale et les normes de santé ainsi qu'en adoptant la norme HASEP et d'autres mesures.

Le problème du Canada est le contraire. Nous disposons d'un cadre réglementaire rigoureux, mais le secteur est restreint. En fait, le Canada a plus de possibilités d'expansion. Cependant, nos normes sont différentes. On s'en remet à nous. Nous jouerons probablement un plus grand rôle de chef de file à l'avenir, parce que nous possédons davantage de ressources hydriques. Cependant, le Chili a pu favoriser l'expansion, mais n'a pas mis en place toute la technologie et les autres moyens que nous avons obtenus en restreignant l'expansion de notre industrie.

Le sénateur Cochrane: Quelles mesures les gouvernements chilien et péruvien ont-ils prises? Avez-vous mis à contribution vos compétences spécialisées au Pérou? Les gouvernements collaborent-ils pour aider le peuple chilien?

Mme Taylor: Des entreprises privées travaillent dans le domaine de l'aquaculture au Pérou. Les Allemands et les Italiens sont également présents. Ils ont leurs propres plans d'action. Le Canada peut contribuer en aidant à élaborer un cadre réglementaire.

Le sénateur Cochrane: Le gouvernement péruvien est ouvert à cette possibilité, n'est-ce pas?

Mme Taylor: Le Pérou nécessite davantage d'aide que le Chili parce qu'il se trouve à un stade plus précoce de son développement. Le Pérou et le Canada ont en commun des ententes de collaboration conclues avec leurs peuples autochtones. Bon nombre de représentants gouvernementaux nous ont dit: «Vous implanté l'aquaculture pour aider les Autochtones. Pourquoi ne pouvons-nous pas améliorer ce mode de collaboration»? La majorité des Péruviens, y compris leur président, sont des Autochtones. Ce sont eux qui occupent actuellement les 45 000 emplois en aquaculture. Ils se rendent compte que nous essayons d'aider nos Autochtones à trouver des emplois durables, ce qui leur permettra d'être moins tributaires de l'aide gouvernementale à l'avenir. Ils considèrent que nous avons un rôle à jouer dans leur pays.

La situation est très différente au Chili. Cent mille personnes travaillent dans le secteur. Il leur faudrait davantage de formation technique.

Les deux pays sont à des niveaux très différents. Nous disposons du degré de perfectionnement qui leur serait utile.

Le sénateur Watt: Comme le sénateur Adams, je viens de l'Arctique.

Je sais de quoi vous parlez. Vous parlez des produits et des services qui sont fournis par le Canada à ces deux pays.

Parallèlement, nous sommes également l'un des représentants du système. Nous devons protéger les intérêts au Canada, c'est-à-dire qu'il y a des entreprises qui essaient de survivre dans ce domaine particulier. Actuellement, la production n'est peut-être pas très forte pour plusieurs compagnies actuelles au Canada. Cependant, les choses sont en branle. C'est assez nouveau au Canada.

Si nous devons fournir des produits et des services à d'autres pays tout en cherchant à stabiliser les secteurs au Chili et au Pérou, il y a une question qui me vient à l'esprit: comment composerions-nous avec la concurrence?

Le gouvernement canadien fournit des produits et des services à d'autres pays. Ce faisant, nous pourrions peut-être donner un élan à d'autres entreprises et leur permettre d'assurer la viabilité de leurs projets. En contrepartie, ces mesures pourraient exercer une influence sur notre marché au Canada. Comment réagissez-vous à cela?

Mme Taylor: Nous avons déjà rencontré les représentants de l'industrie. La situation est déplorable. S'ils ne trouvent pas d'autres débouchés, ils ne seront plus là pour desservir le marché canadien.

M. Fossbakk: C'est une question fort complexe. Toutes les industries présentent sur le marché mondial se livrent concurrence. L'aquaculture et la salmoniculture font partie de ce groupe.

On a vu, sur une des diapositives, que la demande de poissons et de fruits de mer aux États-Unis va augmenter de 1,1 milliard de livres au cours des prochaines années. La demande va être supérieure à l'offre, et ce, pendant de très nombreuses années. Il existe donc un potentiel de croissance au Canada, tout comme il en existe un au Chili et ailleurs.

Nous devrons augmenter la production aquacole si nous voulons être en mesure de satisfaire la demande accrue de poissons et de fruits de mer. Les océans ne peuvent fournir qu'environ 90 millions de tonnes métriques de poissons chaque année. Nous devons éviter d'en capturer plus, que ce soit aujourd'hui, demain ou après-demain, si nous voulons assurer la pérennité de nos océans. Nous devons, pour répondre à la demande accrue, assurer le développement et la gestion des océans, des lacs, des bassins sur terre, et cetera.

Je ne crois pas que le fait de fournir de la technologie au Chili, au Pérou, à l'Uruguay, à l'Argentine ou au Brésil entraîne la disparition de l'industrie canadienne. Il y a des problèmes plus graves qui pourraient entraîner sa disparition. Mais c'est une tout autre question.

Il n'y aura plus de secteur des produits si rien n'est fait pour assurer sa viabilité. Nous devons aider le secteur à surmonter cet obstacle. L'industrie aquacole affiche une croissance limitée et tourne, pour l'instant, au ralenti. La plupart d'entre nous sommes convaincus que la situation va changer. C'est une question de temps. Or, ce qui nous préoccupe, c'est que lorsque ce changement va se produire, le secteur des produits et services au Canada ne sera plus en mesure de survivre s'il ne dessert que le marché canadien.

Le sénateur Watt: Êtes-vous certain que tous les intervenants vont en profiter?

M. Fossbakk: Oui.

Mme Taylor: Il faut que ce soit profitable, parce que le secteur a besoin d'initiatives bilatérales.

Par ailleurs, le Canada aurait beaucoup à apprendre du Chili. Ils sont en train de faire des choses intéressantes. Les gouvernements et les entreprises pourraient apprendre les uns des autres s'ils collaboraient ensemble. Cela nous donnerait un avantage concurrentiel.

L'industrie aquacole, par exemple, est trop concurrentielle, et cela nuit à son développement planétaire. Certaines entreprises refusent de transmettre leurs données. M. Fossbakk peut vous le confirmer, parce qu'il est un des responsables chargés de recueillir des données sur l'industrie. C'est très important pour l'avenir. Or, tout le monde cherche à se protéger. Si nous arrivons à éliminer cet obstacle, l'industrie ne pourra qu'en retirer des avantages. Pourquoi le Chili a-t-il connu une telle croissance, mais pas le Canada? Nous devons être en mesure de nous entendre sur des objectifs communs. Le Canada doit donner le ton et entreprendre de les définir. Il va, ce faisant, démontrer qu'il est un leader mondial et qu'il attache beaucoup d'importance à ce secteur, que ce soit du point de vue des aquaculteurs ou des produits et services.

Le sénateur Watt: Est-ce que votre plan de développement indique clairement les avantages que tirera le Canada à court et à long termes? Avez-vous bien soupesé les deux facteurs? Que devons-nous faire au juste? Vous nous demandez d'envisager la possibilité de fournir des produits et des services à des pays qui sont situés très loin du Canada. Or, nous devons également, en même temps, fournir des biens et des services à notre propre population. Qu'en est-il?

J'aimerais également qu'on revienne à la Norvège. Ce pays occupe le premier rang au chapitre de la production, et le Chili, le deuxième. Je connais bien la Norvège. J'ai visité des fermes aquacoles et je sais comment elles fonctionnent. J'aimerais qu'on y revienne un peu plus tard.

Mme Taylor: Notre objectif à court terme est de protéger l'industrie des produits et services aquacoles au Canada.

Le sénateur Watt: Qu'est-ce que cela va nous apporter à court et à long termes, sur le plan économique?

Mme Taylor: Nous aurons des emplois et un secteur des produits et services qui sera en mesure de continuer de desservir les entreprises aquacoles canadiennes. Voilà pour le premier objectif.

Deuxièmement, cela va nous permettre de favoriser le dialogue entre ces dirigeants mondiaux, de les amener à faire preuve d'initiative à l'échelle internationale, de présenter l'aquaculture sous un jour favorable. C'est très important. On a dit, aujourd'hui, que les ventes de saumon allaient chuter de façon radicale au cours des six prochains mois en raison de la publicité négative. Voilà pourquoi le gouvernement doit intervenir de toute urgence.

Nous pouvons retenir les services d'experts-conseils en relations publiques et émettre des communiqués, mais c'est en unissant concrètement leurs efforts que les gouvernements montreront le sérieux qu'ils attachent à cette question. Nous verrons alors que le secteur tient vraiment à avoir des normes et que le produit peut être consommé en toute sécurité. Ce sont là les deux objectifs à court terme.

Troisièmement, il faut ouvrir le dialogue, inviter le Chili et le Pérou à venir se familiariser avec le modèle canadien, favoriser l'élaboration d'un cadre de réglementation qui servira de base à l'adoption de règles internationales et de normes environnementales pour l'aquaculture.

Le sénateur Watt: Quels avantages économiques réels en tirera-t-on dans dix ans? Le savez-vous?

Mme Taylor: Non. C'est difficile à dire.

M. Fossbakk: Il y a d'autres facteurs, en plus des ressources, qui entrent en ligne de compte. Nous essayons de défendre les intérêts d'une industrie qui lutte pour survivre. Nous sommes convaincus que l'industrie aquacole est là pour rester. Nous essayons de l'aider à devenir viable, non seulement à court terme, mais également à long terme. Qu'elle représente 100 ou 5 000 emplois, l'industrie aquacole canadienne doit pouvoir compter sur un secteur des produits et services qui sera en mesure de desservir les aquaculteurs et les fermes aquacoles. Sinon, de deux choses l'une: ou les aquaculteurs vont cesser leurs activités, ce qui est peu probable, car ils sont déterminés et les derniers à quitter le navire, ou des étrangers vont se charger de fournir ces produits et services. Il y a beaucoup de pays, y compris la Norvège, le Royaume-Uni et les États-Unis, qui aimeraient mettre la main sur ce marché et tirer parti des possibilités de croissance qui seront offertes aux aquaculteurs.

Ce qui nous intéresse, c'est le court terme, car l'industrie va connaître un essor à long terme. Elle a toutefois besoin d'aide à court terme.

Je suis convaincu que l'industrie aquacole canadienne, une fois qu'elle aura accès à cette aide et qu'elle sera devenue viable, pourra se débrouiller seule. C'est l'objectif à long terme que nous visons. Elle n'aura pas besoin, à long terme, de notre aide ou de celle des autres. Elle a cependant besoin d'aide, à court terme, pour traverser cette période difficile.

Le sénateur Watt: Avez-vous discuté de la situation avec la Norvège, qui est le plus gros producteur de saumon? Vous avez dit, si je ne m'abuse, que vous êtes originaire de la Norvège.

M. Fossbakk: C'est vrai.

Le sénateur Watt: Comment la Norvège réagirait-elle? Si vous présentiez un exposé similaire au gouvernement norvégien, comment réagirait-il? Que ferait-il si vous lui demandiez de fournir des produits et des services à un autre pays?

M. Fossbakk: Si l'on demandait aux entreprises norvégiennes de s'implanter au Chili et au Pérou?

Le sénateur Watt: Pour fournir des produits et des services.

M. Fossbakk: Elles sont déjà massivement implantées dans ces pays. Comme on peut le voir d'après ces diapositives, la Norvège est présente dans deux, si ce n'est pas trois, des catégories indiquées. J'ai travaillé pendant huit ans pour l'ambassade du Canada, à Oslo. J'étais responsable du portefeuille de l'aquaculture et des pêches. Je ne sais pas combien de centaines de Canadiens — des représentants de l'industrie aquacole — sont venus en Norvège, mais les autorités se sont toujours montrées prêtes à les écouter quand il était question de technologie, d'équipement, ainsi de suite.

Nous avons participé à une mission l'an dernier, au mois d'août. Nous avons eu l'occasion d'examiner l'équipement, de visiter des fermes aquacoles, de prendre des photos sans restriction aucune. Ils sont plus entreprenants, mais pas autant que les Américains. Les participants ont à tout le moins constaté que le marché norvégien, même si l'industrie aquacole affiche un haut niveau d'activité, ne peut, vu sa petite taille, assurer à lui seul la viabilité du secteur des produits et services. Ils doivent continuer de talonner de près le premier producteur mondial, ou le supplanter. Il faudra voir ce qu'indiquent les données pour les années à venir.

L'industrie de la salmoniculture, en Norvège, a atteint un plateau. Le pays se concentre sur d'autres espèces et cherche à développer des technologies nouvelles. Ils sont en avance sur les autres. Ils sont en mesure de fournir des technologies nouvelles, mais aussi, d'en développer d'autres.

La Norvège n'hésiterait pas à tirer parti des possibilités qui existent dans un autre pays.

Le sénateur Watt: Autrement dit, nous avons non seulement la possibilité de fournir des produits et des services, mais également d'effectuer des investissements?

Mme Taylor: Il serait possible de créer des coentreprises.

Le sénateur Watt: Vraiment?

Mme Taylor: Oui.

Le sénateur Watt: Vous avez dit que les Autochtones représentent un segment important de la population.

Mme Taylor: Surtout au Pérou.

Le sénateur Watt: Est-ce que les Autochtones de l'Arctique pourraient collaborer avec les Autochtones du Chili et du Pérou, par l'entremise de l'ACDI?

Mme Taylor: Absolument. Encore une fois, le président du Pérou est un Autochtone. Je suis certaine qu'il accepterait volontiers de participer à de telles initiatives.

Le sénateur Watt: Comme vous le savez, la saison estivale dans l'Arctique est très courte. Le sénateur Adams et moi participons parfois à des missions en vue de déterminer s'il existe des possibilités d'investissement dans cette région. Nous sommes conscients du fait qu'il y a de nombreuses personnes qui disposent de gros moyens. C'est un sujet qui nous intéresse beaucoup.

Mme Taylor: Le Pérou serait très intéressé.

Le sénateur Hubley: Je viens du l'Île-du-Prince-Édouard, de la côte Est.

Est-ce que, de manière générale, l'aquaculture occupe une place importante dans l'industrie de la pêche?

Mme Taylor: À quel pays faites-vous allusion?

Le sénateur Hubley: Disons le Chili. Est-ce que l'industrie aquacole de ce pays est très importante? Pourriez-vous me donner une idée de l'importance économique que revêt l'industrie aquacole?

Mme Taylor: Dans le cas du Chili, l'industrie aquacole occupe le deuxième rang pour ce qui est des exportations.

Le sénateur Hubley: Quelle industrie occupe le premier rang?

Mme Taylor: Celle du vin. Le secteur minier est également important.

Le sénateur Hubley: Vous avez mentionné trois espèces de saumon, et une espèce de truite. Est-ce qu'elles servent de base à l'industrie aquacole? Est-ce qu'on utilise d'autres espèces?

M. Fossbakk: Ce sont les seules espèces qu'utilise l'industrie commerciale. Toutefois, il y a également les crustacés.

Le sénateur Hubley: Quels types de crustacés?

M. Godoy: Le homard, les crevettes, les mollusques et les palourdes, des produits qui sont surtout destinés au marché intérieur.

Le sénateur Hubley: L'industrie de la salmoniculture fonctionne très bien. Vous cherchez manifestement de nouveaux débouchés. Qu'en est-il des produits à valeur ajoutée? Est-ce un secteur qui vous intéresse?

M. Fossbakk: Pour ce qui est du saumon, le Chili se spécialise dans les filets de poisson. Le marché américain, qui prise le saumon de l'Atlantique, demeure son plus gros client. Le coho et la truite sont destinés au marché japonais.

Le Canada et le Chili se partagent environ 92 p. 100 du marché américain de saumon d'élevage frais et congelé. Le Chili fournit la majorité des filets, et le Canada, la majorité des poissons entiers. Cette situation s'explique par la proximité au marché, et aussi par les créneaux qu'ont développés les deux pays aux États-Unis.

On a commencé à voir récemment, aux États-Unis, du saumon en conserve qui provient du Chili. On en trouve chez Costco, par exemple. Or, Costco est le plus important distributeur de saumon en conserve du Chili.

La concurrence à ce niveau-là est difficile. On peut acheter, aux États-Unis, du saumon en provenance du Chili à 1,99 $ la livre. C'est très bon marché. Ce qui les intéressent, c'est la valorisation des produits. C'est un domaine d'activité que le Canada examine de plus près, tout comme l'industrie d'ailleurs. Nous devons délaisser les méthodes traditionnelles qui consistent à accroître la valeur ajoutée du poisson en préparant des filets ou des darnes, et nous concentrer davantage sur les parties que nous avons l'habitude de jeter dans les décharges ou dans l'océan. Il y a des parties qui ne sont pas utilisées, comme la tête, la queue, les filets abdominaux. Or, une nouvelle industrie est en train de voir le jour pour ces produits. Nous devons essayer d'utiliser toutes les parties du poisson.

Nous n'y arriverons peut-être pas, mais nous pouvons améliorer la norme dans l'industrie, norme qui consiste à utiliser entre 60 et 75 p. 100 des parties du poisson.

Le Canada y travaille. Il a mis au point des technologies qui peuvent être utilisées par d'autres pays, comme le Chili.

Le sénateur Hubley: Je trouve cette initiative fort intéressante. Est-ce que l'industrie finance une part importante des travaux de R et D?

M. Fossbakk: Au Chili?

Le sénateur Hubley: Oui.

M. Fossbakk: Oui.

Le sénateur Hubley: L'industrie accorde une aide financière aux missions commerciales, qui se chargent du volet financement. En général, c'est l'industrie qui finance les projets spéciaux.

Mme Taylor: Pour ce qui est des projets spéciaux, je suis d'accord. Toutefois, ce financement n'a pas pour objet d'entraîner la fermeture d'entreprises canadiennes. Les missions servent à faciliter la mise sur pied de sociétés nouvelles. Le secteur dont fait partie M. Gallardo dirige des missions dans toutes les régions du monde. La Fundacion Chile, avec laquelle nous collaborons, fixe les objectifs que doit atteindre l'industrie, et c'est de cette façon que nous arrivons à obtenir des fonds pour les activités de R et D. Il y a de nombreuses possibilités qui s'offrent aux partenaires étrangers.

Le Pérou y travaille aussi. L'an dernier, il a investi 80 millions de dollars américains. Il cherche à attirer plus de partenaires étrangers en investissant dans l'industrie elle-même — il investit encore plus que ne le fait le Canada.

M. Godoy: L'industrie au Chili, surtout dans les régions dix, onze et douze, offre également aux entreprises étrangères, de concert avec les banques, des possibilités de financement, comme des garanties de prêt. Elle veut encourager les sociétés canadiennes à s'installer au Chili, à participer à des coentreprises, des partenariats, à exploiter les marchés d'exportation qu'elles desservent à partir du Canada. Ces fonds sont fournis par le gouvernement du Chili.

Le président: Si j'ai bien compris, les aquaculteurs au Chili — je ne sais pas qu'elle est la situation au Pérou — sont probablement les mêmes que ceux que l'on trouve au Canada. Je songe à Stolt and Heritage, ainsi de suite. Je ne pense pas me tromper sur ce point.

Est-ce que ces grands producteurs ne sont pas conscients des produits et services qui existent au Canada, des percées qu'effectue le Canada dans le domaine de la médecine et de l'environnement? N'accepteraient-ils pas d'utiliser les produits actuellement offerts au Canada?

M. Fossbakk: Ils en sont peut-être conscients, mais s'ils ne sont pas présents sur le marché local...

Le président: Ils auraient tendance à utiliser les produits canadiens, puisqu'ils les utilisent déjà au Canada — du moins, c'est ce que je pense. Nos produits sont nettement supérieurs à ceux qu'offrent les entreprises que vous avez mentionnées, y compris celles qui se trouvent en Allemagne, en Italie et dans les pays qui ne pratiquent pas l'aquaculture ou encore l'aquiculture des poissons. Je pense qu'il serait tout à fait naturel pour eux d'utiliser les produits qu'ils connaissent bien — les produits qu'ils utilisent au Canada.

M. Fossbakk: Il est peut-être vrai qu'ils connaissent nos produits. Toutefois, la plupart de ces multinationales ne sont pas canadiennes.

Le président: C'est vrai.

M. Fossbakk: Elles sont implantées en Écosse, en Norvège, au Chili et au Canada. Elles cherchent à utiliser les meilleurs produits qui existent, en se fondant sur leur expérience. Toutefois, pour ce qui est de l'équipement, elles vont chercher à obtenir ce qu'il y a de mieux, au meilleur prix, sur le marché local.

Le président: Le terme «marché local» est très important.

M. Fossbakk: Si vous avez un représentant local qui offre le meilleur produit canadien...

Le président: Cela répond à ma question. Nous ne sommes même pas représentés là-bas. Il faut y colporter nos produits.

M. Fossbakk: Exactement. Nous avons trop peu de produits là-bas comparativement à ce que nous pourrions avoir.

Le président: Je ne suis pas biologiste, mais je pense, monsieur Fossbakk, que vous en savez un peu plus que ce que vous laissez voir. C'est peut-être une question que je devrais poser à un biologiste. La morue, l'aiglefin ou un autre produit de ce genre n'auraient-ils pas une croissance plus rapide dans les eaux du sud que dans les eaux nordiques? Est- ce comme cela que ça fonctionne en biologie?

M. Fossbakk: Il est facile de penser cela, mais certains poissons ne tolèrent pas les eaux chaudes. Ils sont acclimatés à certaines températures.

Le président: Je pense qu'on élève du saumon de l'Atlantique au Chili?

M. Fossbakk: Oui.

Le président: Je suppose que sa croissance est plus rapide là-bas, un peu comme le pin ou l'épinette.

M. Fossbakk: Sa croissance y est plus rapide qu'à Terre-Neuve ou en Norvège, oui.

Le président: Cela change-t-il la texture de la chair au point où un connaisseur pourrait déceler la différence entre un saumon de l'Atlantique chilien ou entre des saumons de l'Atlantique et de la Colombie-Britannique?

M. Fossbakk: Non.

Le président: Ah bon. Il faudrait être fin palais.

M. Godoy: Il faudrait être expert en saumon.

Le président: Avec les années — et j'en ai vu passer beaucoup — j'ai constaté que, quand je vais à l'étranger, j'ai l'impression que les représentants commerciaux — je ne vise aucunement M. Gallardo — sont disposés à parler de Bombardier ou de Nortel, mais quand il est question de pommes de terre, d'arbres, de bois d'œuvre et de poisson, leur regard se trouble. Leur attitude change et ils disent: «Nous sommes des généralistes. Nous ne savons pas grand-chose à ce sujet». C'est le sentiment que j'ai quand je parle à des représentants commerciaux canadiens dans ces pays.

Ai-je tort? Avez-vous déjà eu une expérience semblable?

Mme Taylor: Nous en avons discuté avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international parce qu'il y a un représentant du Bureau du commissaire du commerce extérieur là-bas. Nous travaillons avec l'ambassade du Chili depuis deux ans. Nous venons tout juste d'établir des liens avec le Pérou. Ce n'est pas l'intérêt qui manque, c'est plutôt un problème de ressources.

Nous essayons de susciter de l'intérêt pour des activités de ce genre, et de donner de l'information qui n'est pas facilement accessible, parce qu'on ne réunit pas ce type d'information en quelques heures. Nous essayons de rendre ce secteur plus attrayant pour les bureaux commerciaux.

Lors de nos dernières rencontres avec le Chili, nous avons parlé de beaucoup de secteurs auxquels ils étaient très intéressés. Ils n'ont peut-être pas les ressources ou la main-d'œuvre nécessaires.

Le président: D'après mon expérience, ils parlent toujours des mêmes entreprises. Ils savent peut-être tout de Bombardier ou de Nortel, mais leurs connaissances s'arrêtent là.

J'ai toujours eu l'impression que nos représentants commerciaux ne savaient pas grand-chose à propos des produits à base de ressources naturelles et des services connexes. C'est l'expérience que j'en ai. J'ai peut-être complètement tort; j'ai peut-être un préjugé.

M. Fossbakk: C'est un problème. J'en ai été témoin.

Le président: Alors, je n'ai pas complètement tort?

M. Fossbakk: Non, vous n'avez pas tort. Toutefois, cela ne met pas en cause la qualité du service qu'ils offrent. C'est une question de choix de carrière. Voulez-vous devenir pêcheur ou astronaute? Qu'allez-vous choisir? Certaines personnes n'ont jamais été en contact avec la pêche ou l'aquaculture. Les gens qui travaillent dans nos missions à l'étranger ont fait des choix en fonction de leur propre expérience et de leurs connaissances.

Nos délégués commerciaux disent qu'ils n'ont jamais assez de personnel. Pourquoi manquent-ils de personnel? Ils doivent servir 75 industries différentes, et chacune d'elles veux être la plus importante. Nos représentants doivent faire des choix, et parfois, ces choix sont très personnels. Quand j'ai été embauché pour travailler à l'ambassade d'Oslo, je n'ai pas eu le choix. On m'a confié ce dont les autres ne voulaient pas parce que j'étais le dernier arrivé. J'ai donc dû m'occuper de toutes les industries des ressources, en plus de quelques autres dossiers modestes.

J'ai abordé la tâche de manière positive. Je ne connaissais absolument rien de l'aquaculture quand j'ai commencé, en 1990. Toutefois, j'ai trouvé cela intéressant. C'était un défi intellectuel. Votre remarque est entièrement vraie.

Le président: Vous avez dit que le Canada avait maintenant un problème d'image dans le domaine de l'élevage du poisson. Les producteurs canadiens ont dû s'adapter et devenir extrêmement vigilants au chapitre des normes environnementales, probablement beaucoup plus qu'ailleurs.

L'une des étapes où il me semble que le Canada peut aider d'autres pays est celle du développement, qui englobe toute la question des règlements, des médicaments, des vaccins et de l'environnement, dont nous nous soucions beaucoup au Canada. Même maintenant, une bonne partie des critiques — qui ne sont peut-être pas toutes fondées — rendent nos producteurs très prudents à l'égard de leurs méthodes d'élevage.

C'est l'un des domaines où le gouvernement du Canada devrait vouloir intervenir, compte tenu particulièrement de ce que vous proposez: décrire pour le Chili et le Pérou ce que nous avons à offrir. Si la production à partir du Chili et du Pérou est considérée comme avantageuse, alors nous en bénéficierons. Bien sûr, si la production à partir de ces deux pays n'est pas jugée avantageuse et que nous n'y sommes pas, nous perdrons. Est-ce ce qu'on vous a dit au MPO?

Mme Taylor: Nous avons eu cette réponse non seulement du MPO, mais aussi de beaucoup de ministres au retour de leur circonscription. Même Environnement Canada était très intéressé. C'est aussi la réaction du Chili et du Pérou. Les actes sont plus éloquents que les paroles. En général, les Canadiens ne se vantent pas de leurs réalisations qui témoignent de leur leadership. L'application de nouvelles normes à l'échelon mondial serait avantageuse pour beaucoup d'éleveurs d'ici.

Le président: Avez-vous parlé aux universités? L'île-du-Prince-Édouard est en train de mettre sur pied un programme de médecine piscicole. Je présume que d'autres universités de la côte Ouest font la même chose.

Mme Taylor: Maintenant, nous collaborons intensément avec des associations, car un grand nombre d'activités de biotechnologie des deux pays feront participer des établissements d'enseignement et comporteront des activités d'apprentissage en ligne. C'est un composant qui sera très vaste.

Le président: J'ai une dernière question. Vous avez dit que nous ne nous vantions pas assez souvent. Très peu de gens savent que c'est le Canada qui a développé l'aquaculture et qui a fait la recherche dans ce domaine; nous avons été les premiers à faire de l'aquaculture. Bien sûr, nous étions si fiers que nous avons publié toutes nos données. La Norvège a pris ces données; elle a appliqué les résultats de la recherche. Elle est venue et a acheté la plupart de nos petits éleveurs, parce que nous n'avions pas fait les investissements nécessaires dans la production. La Norvège l'a donc fait et a connu une croissance beaucoup plus rapide que la nôtre, parce que nous nous sommes reposés sur nos lauriers et que nous avons négligé de mettre notre recherche en pratique. Nous devrions probablement nous vanter un peu moins et nous servir de ce que nous savons. Nous sommes des experts du domaine.

Le sénateur Cook: Il serait utile que vous montriez votre carte du Chili. J'essaie de comprendre. Oui, le pays va jusqu'en bas. Connaissez-vous la température de la partie qui se trouve à l'extrême sud comparativement à celle des Grands Bancs de l'Atlantique Nord? Il me semble que l'une des régions est située aussi loin au sud que l'autre au nord. Cette région se prêterait-elle à l'élevage de la morue?

Où sont concentrées vos activités actuelles d'aquaculture au Chili? Se trouvent-elles partout le long de la côte ou sont-elles concentrées dans la région de Santiago? Où sont-elles?

M. Fossbakk: Pour répondre à votre première question au sujet de l'élevage de la morue, à ma connaissance, ça n'a pas été essayé, mais je ne vois pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas là-bas.

Le sénateur Cook: Je pense que ce doit être assez froid à la pointe.

M. Fossbakk: C'est également assez froid près de Terre-Neuve et du Labrador. Si vous parlez d'élevage de la morue, les problèmes seraient plus nombreux ou plus complexes à Terre-Neuve qu'ils ne le seraient le long de la côte chilienne, à cause de la présence de la glace et des températures froides.

Le sénateur Cook: Mais une grande partie de cette côte est inhabitée. J'essaie de déterminer où sont concentrés vos élevages au Chili.

M. Fossbakk: À l'heure actuelle, le Chili est divisé en 12 régions. Nos activités sont concentrées dans la région 10, qui se trouve à environ une heure et demie de vol au sud de Santiago. C'est probablement là que se trouve entre 80 et 85 p. 100 de la production actuelle. Les Chiliens regardent du côté de la région 11, et même de la région 12, mais c'est tout. Je pense qu'ils sont un peu téméraires. Toutefois, on ne sait jamais ce que la nouvelle technologie permettra d'accomplir. Quand ils seront prêts à se lancer, la technologie le leur permettra peut-être.

Le sénateur Cook: Vos activités sont concentrées dans le sud du Chili et pourtant, une industrie de l'aquaculture est en train de s'organiser au Pérou, qui est assez loin au nord du Chili.

M. Fossbakk: Oui.

Le sénateur Cook: Y a-t-il une raison à cela?

M. Fossbakk: Ces deux pays n'ont pas nécessairement besoin d'élever les mêmes espèces, et elles ne le font pas à l'heure actuelle. Comme je l'ai dit plus tôt, au Pérou, l'aquaculture actuelle ne se fait pas dans l'océan, mais bien dans des lacs et des étangs. Toutefois, le pays dispose de cette longue côte qui n'est pas employée pour l'aquaculture, et c'est là que les Chiliens voient la possibilité de bénéficier de la technologie d'aquaculture marine qui a été élaborée au Canada.

M. Godoy: Cette diapositive montre que le Pérou élève surtout des pétoncles, de la truite, du tilapia, du homard, du pacu géant — qui est un membre végétarien de la famille des piranhas — et d'autres espèces surtout tropicales, dans les bassins d'aquaculture continentale. Cette activité a principalement lieu dans la région intérieure de l'Amazone et elle produit surtout des poissons ornementaux — ceux qui sont destinés aux aquariums. Toutefois, la plupart de l'élevage a lieu sur le continent. Il y a très peu d'aquaculture marine au Pérou, et c'est surtout le tilapia qui en est l'objet, une espèce qui ne survivrait probablement pas dans les eaux froides du sud du Chili ou du nord du Canada. C'est pourquoi il n'y a pas d'élevage de saumon et c'est très probablement pourquoi on ne trouve pas de saumon sauvage au Pérou. Il y fait trop chaud.

Le sénateur Watt: Seulement au Pérou... il n'y a pas de saumon sauvage.

M. Godoy: Non, il n'y a pas de saumon. Il fait trop chaud. Le Pérou est beaucoup plus chaud que le Chili.

M. Fossbakk: Il n'y a pas de saumon sauvage dans le Sud?

M. Godoy: Ce sont des espèces non indigènes.

Le sénateur Adams: Madame Taylor, vous avez parlé des Autochtones. Je ne sais pas si vous êtes au courant de ce qui se passe au Canada du côté des revendications territoriales des Autochtones. Le Chili et le Pérou reconnaissent-ils les droits de chasse et de pêche des Autochtones?

Actuellement, je vis au Nunavut. Nous avons conclu une entente il y a dix ans et nous ne vivons pas dans des réserves comme d'autres Indiens du Canada. Vous avez parlé de certaines possibilités en aquaculture. Nous ne faisons aucun genre d'agriculture là où nous vivons, sauf dans le cas des animaux. Les Autochtones détiennent-ils des droits dans les régions où ils vivent?

Mme Taylor: M. Godoy expliquera la situation au Chili. Elle est très différente au Pérou, parce que la plupart des gens sont Autochtones. Ils ne sont pas minoritaires. Le président est un Autochtone; les enjeux sont donc différents.

Toutefois, il y a des problèmes au chapitre de l'éducation, des normes et des emplois. Beaucoup de ces gens sont pêcheurs par tradition, et ils pourraient bénéficier de la création d'emplois. Je pense que c'est ce qui intéresse le président actuel. La situation du Chili est très différente.

M. Godoy: Pour revenir au Pérou, ce que Mme Taylor n'a pas dit, c'est que le quechua, que parlent les Autochtones qui vivent dans les Andes, est une langue officielle au Pérou, au même titre que l'espagnol. C'est comme si le cri était une langue officielle, comme le français et l'anglais, ou l'inuktitut ou le mohawk. Cela illustre très bien comment les Autochtones sont intégrés dans la société péruvienne et le rôle qu'ils y jouent.

Au Chili, la situation est un peu différente. Il y a beaucoup moins d'individus de descendance mapuche. Ces Autochtones sont installés surtout au Sud, et ils sont nombreux à travailler en l'aquaculture. Ils sont aussi très présents dans d'autres industries, notamment la foresterie et les mines.

Toutefois, les questions dont Mme Taylor a parlé à propos du développement économique des peuples autochtones sont les mêmes. Il s'agit de l'éducation, de la formation, du maintien des emplois bien rémunérés — ces enjeux sont les mêmes pour tous les peuples autochtones de la planète, que ce soit en Australie, au Canada, aux États-Unis et en Amérique du Sud.

Le sénateur Hubley: Les travailleurs de l'aquaculture sont-ils péruviens ou chiliens, ou viennent-ils d'un autre endroit?

M. Godoy: Ce sont des gens du pays — au Chili ce sont les Mapuche; au Pérou, ils appartiennent à divers peuples autochtones.

Le président: Merci beaucoup. La soirée a été captivante. Nous avons pu couvrir des domaines auxquels nous n'avions pas touché quand nous avons mené notre étude sur l'aquaculture.

À en juger par l'intérêt des membres et par les questions qu'ils ont posées, je crois que la plupart d'entre eux partent avec une bien meilleure compréhension de ce que vous proposez. J'imagine que nous en parlerons aux décideurs à Ottawa — les ministres et les hauts fonctionnaires — pour essayer d'appuyer vos efforts visant à aider nos industries des services et des produits à obtenir l'accès à un plus grand nombre de marchés qu'à l'heure actuelle.

Vous avez entièrement raison, il faut accéder à plus de marchés. S'ils existent, surtout sur le continent américain, je ne vois pas pourquoi nous n'en bénéficierions pas. Merci beaucoup pour votre exposé de ce soir. J'espère que nous pourrons vous être utiles.

La séance est levée.


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