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Délibérations du Comité sénatorial permanent de la
Sécurité nationale et de la défense

Fascicule 21 - Témoignages du 5 mai 2005 - séance de l'avant-midi


HALIFAX, le jeudi 5 mai 2005

Le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense se réunit ce jour à 10 h 50 pour examiner, pour ensuite en faire rapport, la politique nationale sur la sécurité pour le Canada.

Le sénateur Colin Kenny (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président: Nous sommes ravis d'être ici à Halifax aujourd'hui. En fait, deux membres du comité sont chez eux. Le vice-président, le sénateur Forrestall, vient de Dartmouth, comme c'est le cas du sénateur Cordy. Le sénateur Pierre Claude Nolin se sent lui aussi chez lui ici. Nous comptons apprendre quantité de choses en vue de la rédaction de notre rapport sur l'examen de la défense.

Nous accueillons parmi nous ce matin le colonel Alan Blair, commandant de la 12e Escadre, Shearwater. Le colonel Blair s'engage en 1978 dans les Forces canadiennes à titre de pilote. Il termine son instruction en vol sur hélicoptère à Portage La Prairie, au Manitoba, et commence ensuite sa carrière militaire à Shearwater, où il pilote des Sea King CH- 124 embarqués sur plusieurs Navires canadiens de Sa Majesté. Le colonel Blair a servi dans plusieurs commandements différents, notamment commandant de l'escadrille d'instruction avancée à Shearwater et commandant du 423e Escadron d'hélicoptères maritimes. Il a servi dans le cadre d'un programme d'échange avec le United States Navy's Helicopter Anti-Submarine Squadron (Light) 41, à San Diego, de 1988 à 1990, et a également été membre del'état- major de direction au British Armed Forces' Joint Services Command and Staff College, à Shrivenham, en Oxfordshire, au Royaume-Uni, en 2001. Il a pris le commandement de la 12e Escadre en juillet 2004.

Nous accueillons également parmi nous le colonel Perry Matte, commandant de la 14e Escadre, Greenwood. Le colonel Matte a terminé son cours de navigateur de base en 1981 et a commencé sa carrière militaire à la BFC Greenwood avec le 405e Escadron. Il a servi pendant trois ans en tant qu'ingénieur supérieur en avionique à la Wright- Patterson Air Force Base à Dayton, dans l'État de l'Ohio, de 1990 à 1993. Il a été promu lieutenant-colonel en juillet 1995 et a été affecté au quartier général du Groupe aéronaval à Halifax en tant que directeur des Opérations aériennes (Atlantic), puis en tant que chef d'état-major et directeur des opérations pour la Composante aérienne maritime (Atlantic). Il a été promu colonel en juillet 2002 et a été affecté à Winnipeg à l'A3 Emploi de la Force, puis à l'A3 Constitution de la Force. Il a pris le commandement de la 14e Escadre Greenwood en juillet 2004. Il est diplômé du Collège d'état-major et de commandement des Forces canadiennes, à Toronto.

Messieurs, bienvenue au comité.

Le colonel Alan Blair, commandant de la 12e Escadre, Défense nationale: Monsieur le président, éminents sénateurs, je suis honoré d'être ici devant vous ce matin pour faire le point sur la 12e Escadre et l'hélicoptère maritime du Canada, le CH-124 Sea King. Je pense qu'il est important de situer un peu le contexte, et c'est pourquoi je me propose de commencer par un bref historique de Shearwater, jusqu'à aujourd'hui. Je poursuivrai avec unaperçu de mon organisation et de ses ressources, y compris mon Escadrille de la Réserve aérienne, et je terminerai en parlantdu CH- 124 Sea King et de l'appareil appelé à le remplacer,le CH-148 Cyclone.

Shearwater est la plus ancienne base d'opérations de la Force aérienne qui soit continuellement demeurée en activité. Créée, à l'origine, à l'invitation du gouvernement canadien, en tant que base navale des États-Unis en août 1918, Shearwater fut d'abord une hydrobase, sous le commandement de l'un des plus grands explorateurs et aviateurs, le Lieutenant (USN) (par la suite contre-amiral) Richard E. Byrd. Le lieutenant Byrd et ses hommes ont mené des patrouilles d'escorte de sous-marins et de convois au-dessus de l'Atlantique pendant les derniers mois de la Première Guerre mondiale. Après la guerre, le Canada a pris le contrôle de la base qui est devenue le cœur et le berceau de l'aéronavale au Canada.

Pendant les 30 années qui suivirent, la Base de l'ARC Dartmouth, comme on l'a appelée, est demeurée une hydrobase. On a entrepris la construction du terrain d'aviation en 1939, aux premières heures de la Seconde Guerre mondiale, et Dartmouth a bourdonné d'activité tout au long de la guerre, étant unebase du Commandement aérien de l'Est d'où des aéronefs décollaient pour patrouiller au-dessus des escortes de sous-marins et de convois dans l'ouest de l'Atlantique. Depuis sa création en 1946, la toute nouvelle aéronavale de la Flotte canadienne a été basée à Dartmouth. En 1948, l'ARC Dartmouth est devenue la Station aéronavale royale canadienne Shearwater, nom qu'elle a conservé tout au long de l'époque glorieuse de l'aviation de la MRC jusqu'à ce qu'elle soit rebaptisée BFC Shearwater au moment de l'unification en 1968. Au cours des années 1970 et 1980 et jusque dans les années 1990, les Trackers, T-Bird, Twin Huey et, bien sûr, Sea King, étaient basés à Shearwater, et quand j'y suis arrivé en 1980, la base comptait encore environ 2 400 militaires.

Avec le budget fédéral de 1994, Shearwater a perdu son statut de « base » et, en 1995, son dernier aéronef à voilure fixe déménageait à la BFC Greenwood. Shearwater devenait un héliport militaire et la 12e Escadre devenait une unité hébergée de la BFC Halifax. Cette organisation existe toujours, tout le soutien administratif, incluant approvisionnement, services d'alimentation, transport et génie construction, étant fournis par la Formation Halifax. Le commandement est toujours exercé par l'entremise de la Force aérienne et mon commandement opérationnel est le commandant de la 1re Division aérienne du Canada, à Winnipeg. Aujourd'hui, Shearwater et la 12e Escadre poursuivent la tradition aéronavale, et leurs pilotes décollent des navires de la Marine canadienne aux commandes du vénérable hélicoptère Sea King pour appuyer des opérations nationales et internationales.

Les unités de la 12e Escadre sont au nombre de cinq. Le 423e Escadron d'hélicoptères maritimes est l'escadron de Sea King opérationnel de la côte Est. Les équipages, les spécialistes de la maintenance et les hélicoptères forment à l'heure actuelle quatre détachements prêts au déploiement en mer pour appuyer la Marine canadienne. Le 443e Escadron d'hélicoptères maritimes est l'escadron de Sea King opérationnel de la côte Ouest. Basé à Victoria, en Colombie-Britannique, il fournit actuellement trois détachements qui appuient la flotte de la côte Ouest. Le 406e Escadron maritime d'entraînement opérationnel dispense l'instruction pour que l'équipage et les techniciens soient en mesure de s'acquitter de leur délicate tâche qui consiste à piloter et à maintenir des hélicoptères Sea King. L'Ele EEOH (Escadrille d'évaluation et d'essais opérationnels) est responsable de la recherche et de la vérification du matériel de pointe des Sea King. Le 12e Escadron de maintenance (Air) est responsable de la maintenance des Sea King, y compris la maintenance périodique complète où l'hélicoptère est presque entièrement démonté.

À Shearwater, je peux compter au total sur 900 militaires de la Force régulière et de la Force de réserve et sur 36 employés civils. De plus, la Formation Halifax compte environ 200 militaires et employés civils à Shearwater, lesquels jouent un rôle de soutien direct. À Victoria, le 443e Escadron comprend 250 membres de la Force régulière et de la Force de réserve.

Les membres de la Réserve de la 12e Escadre font partie intégrante de la capacité opérationnelle de la flotte de Sea King. Avec une escadrille de la Réserve aérienne sur chaque côte, ils renforcent mes effectifs et améliorent la capacité opérationnelle, technique et administrative de toutes mes unités. Tous les réservistes de la Force canadienne sont instruits selon les normes de la Force régulière et la moitié d'entre eux environ ont déjà servi au sein de la Force régulière.

Le taux d'attrition des deux escadrilles est faible, ce qui procure à l'Escadre une source non négligeable de savoir collectif, en raison de la nature relativement stable des escadrilles comparativement à leurs homologues de la Force régulière. Le financement de la Réserve permet aux membres de servir en moyenne 12 jours par mois, 12 mois par année. Cettemain-d'œuvre à temps partiel est essentielle à la 12e Escadre; toutefois, il arrive qu'on ait un soudain besoin d'employés à temps plein pour répondre aux demandes d'un rythme opérationnel soutenu. Lorsque la main- d'œuvre de la Force régulière n'est pas disponible on peut embaucher quelques réservistes à temps plein en utilisant le budget d'exploitation et de maintenance pour couvrir la différence. Nous avons recours à ce moyen uniquement pour répondre à des besoins critiques et, à l'heure actuelle, cinq réservistes seulement sont employés à temps plein à l'Escadre. Un besoin particulier, qu'on ne peut combler avec la Force régulière, concerne les plongeurs de sécurité qui appuient l'instruction pour l'amerrissage des Sea King. Le budget d'exploitation et de maintenance est utilisé à l'heure actuelle pour embaucher des plongeurs de la Réserve navale pour l'été pour répondre à ce besoin essentiel.

Parlons maintenant des hélicoptères Sea King: la 12e Escadre compte 28 Sea King, dont six sont basés sur la côte Ouest avec le 443e Escadron; six sont en maintenance périodique et 16 sont partagées par les unités de vol de Shearwater. C'est un secret de Polichinelle que les Sea King sont de vieux aéronefs; toutefois, ils demeurent des appareils fiables et viables et constituenttoujours un élément important des ressources antisurface et anti-sous-marines des navires. Au cours des 15 dernières années, les Sea King ont participé à des missions dans des théâtres comme le golfe Persique, la Somalie, Haïti, la mer Adriatique et la mer d'Oman, en plus d'appuyer les opérations d'urgence au pays comme lors des inondations provoquées par le débordement de la rivière Rouge au Manitoba au printemps 1997 et lors de l'écrasement du vol 111 de la Swissair en 1998. Les Sea King fournissent également une contribution permanente à la Force navale permanente de l'OTAN (Atlantique) et continuent à participer activement aux exercices multinationaux. À l'heure actuelle, deux détachements sont déployés, un à bord du NCSM Winnipeg, en route pour le golfe Persique, et l'autre à bord du NCSM Montréal, pour collaborer avec les alliés de l'OTAN dans les eaux européennes. De plus, les Sea King exécutent des patrouilles côtières et des opérations de surveillance des pêches, participent à des opérations d'aide humanitaire, de surveillance environnementale, de lutte contre le trafic des stupéfiants et de recherche et sauvetage, soit dans le cadre d'opérations embarquées ou à partir d'une base terrestre.

Le Sea King a toujours présenté tout un défi en matière de maintenance. Il s'agit d'un aéronef extrêmement complexe, conçu dans les années 1950, à une époque où l'on se souciait peu de faciliter la maintenance. Au cours des ans, nous avons dû consacrer en moyenne de 25 à 30 heures de maintenance pour chaque heure de vol, et c'est toujours le cas aujourd'hui. La disponibilité des appareils s'est située en moyenne au cours des ans à environ 40 p. 100, mais la tendance semble être à la baisse depuis les dernières années, probablement en raison d'une pénurie de techniciens qualifiés. Certaines pièces commencent à être difficiles à trouver et il n'est pas rare qu'on doive attendre plusieurs mois pour recevoir une pièce. Le manque de financement a certainement joué un rôle aussi, puisque de nombreuses pièces que nous avions l'habitude de conserver en stock doivent maintenant être commandées au besoin. Une chose que je tiens à mettre au clair avec vous, sénateurs, c'est que chaque Sea King que nous faisons voler est sûr et en état de service. Cela a toujours été le cas et n'a pas changé d'un iota au cours des ans, malgré ce que prétendent certains médias, et nos équipes de maintenance travaillent de longues heures pour que nos Sea King demeurent sûrs et en état de service jusqu'à ce que la toute dernière escadrille de Sea King soit retirée.

Sur le front de la main-d'œuvre, la 12e Escadre connaît une pénurie de pilotes. Toutefois, c'est une situation que connaissent bien d'autres unités de la Force aérienne et nous arrivons à la gérer. Le problème le plus important concernant le personnel, ce sont les techniciens et, plus précisément, le manque général d'expérience dans ce groupe de prime importance. Lorsque nous avons comprimé les effectifs dans les années 1990, de nombreux spécialistes de la maintenance ont quitté la force aérienne et peu, voire aucun, recrutement n'a été fait par la suite pendant une dizaine d'années. Bien qu'on fasse plus de recrutement aujourd'hui, bon nombre de mes techniciens chevronnés arrivent maintenant en fin de carrière et se préparent à la retraite. Par conséquent, bien que le nombre de personnes employées à la maintenance soit suffisant, le personnel compte beaucoup trop d'apprentis et de moins en moins de techniciens chevronnés. Nous avons pris certaines mesures pour remédierà la situation, mais en bout de ligne, rien ne saurait remplacer l'expérience, particulièrement dans le cas des Sea King, queseul le temps permet d'acquérir. Nous nous efforçons deréduire l'ampleur de ce problème d'ici l'arrivée du premier CH-148 Cyclone en 2008.

Voilà qui m'amène au dernier point dont je voulais vous parler, soit le projet des hélicoptères maritimes et le CH-148 Cyclone. Ayant été directement actif dans la communauté depuis 25 ans maintenant, je peux attester du fait que nous sommes tous impatients de voir arriver le CH-148 à Shearwater. Il y a deux semaines à peine a eu lieu la cérémonie de la première pelletée de terre qui marquait le début de la construction du centre d'instruction pour les hélicoptères maritimes, et les travaux de construction préliminaires ont commencé. Nous avons maintenant la première preuve tangible de changement après des années d'expectative et même les plus cyniques sont enthousiastes. Je crois, tout comme mon état-major, que leCH-148 sera un bel appareil et un digne successeur duCH-124 Sea King, et nous sommes impatients de l'accueillir à la 12e Escadre pour marquer le début d'une ère nouvelle de l'aéronavale canadienne. Ce sera une amélioration prodigieuse de la capacité pour l'équipe que forment les navires et les hélicoptères du Canada.

Le président: Merci, colonel Blair.

Colonel Matte, vous avez la parole.

Le colonel Perry Matte, commandant de la 14e Escadre, Défense nationale: Monsieur le président, honorables sénateurs, c'est un privilège pour moi d'être ici aujourd'hui en tant que commandant de la 14e Escadre Greenwood et de vous faire un survol de la 14e Escadre, de ses opérations et de certains de nos défis.

La 14e Escadre Greenwood est une escadrille mixte installée à la base des Forces canadiennes Greenwood, dans la vallée de l'Annapolis. Il s'agit de la plus grosse base aéronavale au Canada et du plus grand aérodrome militaire à l'est de Trenton, pour ce qui est du personnel. La devise de la 14e Escadre est « Unis dans l'action », et j'ai le grand bonheur d'avoir une équipe de personnel militaire et civil dévouée et hautement motivée.

La 14e Escadre est le plus important employeur en station simple de la vallée. Elle emploie environ 1 791 membres de la force régulière, près de 460 employés civils, à temps partiel et temporaires, et 187 réservistes. Étant donné son budget d'exploitation annuel d'environ 46 millions de dollars et le revenu disponible des personnes employées à l'escadre, celle- ci a une forte incidence financière sur nombre des collectivités voisines dans la vallée.

Le service de logistique de la 14e Escadre réunit environ 600 employés militaires et civils et est responsable d'une vaste gamme de services dont le génie construction, le génie électrique et mécanique, l'approvisionnement, le transport et les télécommunications. En plus d'offrir un soutien interne ainsi qu'un soutien à la communauté locale, le service de logistique de l'escadre mène chaque année diverses opérations de déploiement, allant de soutien à la Station des Forces canadiennes Alert, à des initiatives de maintien de la paix en Bosnie, sur le plateau du Golan, à Sinaï et en Asie du Sud- Ouest.

L'administration de la 14e Escadre est responsable de tous les besoins en matière de personnel, d'administration et de services allant du logement aux services sociaux et de santé, aux fonctions comptables en passant par l'administration de quelque 28 clubs et installations de loisirs à la disposition de l'escadre. Étant donné son site rural et ses superbes installations de loisirs, nous offrons diverses possibilités aux habitants des collectivités environnantes, qui peuvent ainsi acheter des cartes de membres et utiliser nos différents clubs et installations.

La 14e Escadre est d'autre part chargée d'appuyer un certain nombre d'organisations externes, par exemple le Secteur de l'Atlantique de la Force terrestre — détachement du Centre de formation à Aldershot, le Centre de formation de Granville Ferry, deux manèges militaires, 16 unités de cadets et trois camps de cadets, ainsi que la sécurité et l'entretien des sites radar de Barrington et Sydney.

La 14e Escadre est la base d'opérations principale pour les aéronefs de patrouille à long rayon d'action (APLRA), appuyant les services de renseignements aériens nationaux et internationaux, ainsi que des missions de surveillance, de reconnaissance et de contrôle. Ces patrouilles se font principalement au-dessus du sol, leur objet étant de rechercher des contacts en surface et sous-marins, tout en menant des patrouilles périodiques au-dessus du sol dans la région Arctique du Canada. Quant aux missions internationales, celles-ci visent principalement à appuyer des opérations canado-américaines, de l'OTAN ou des Nations Unies. La 14e Escadre mène des opérations de recherche et de sauvetage à l'intérieur de son aire d'opérations ainsi que dans la région de Halifax. La 14e Escadre sert également de principale base de déploiement pour les chasseurs de NORAD et les forces de soutien, comme cela a été constaté lors des événements du 11 septembre. L'emplacement stratégique de la 14e Escadre lui permet d'intervenir rapidement en cas d'incident survenant dans les principaux couloirs de navigation maritimes et aériens à destination et en partance de l'Amérique du Nord via l'Atlantique et l'Arctique.

À la 14e Escadre, j'ai le 413e Escadron de recherche et sauvetage transport qui utilise et le CH-130 Hercules et leCH- 149 Cormorant. Le 413e Escadron maintient une posture d'attente de trois minutes pendant les heures de travail normales et une posture de réponse de deux heures pendant les plages plus calmes. De concert avec le 103e Escadron, la 19e Escadre Gander, la 413e Escadre est principalement active dans la région de l'Atlantique, soit une zone recouvrant plus de 1,8 million de milles carrés.

La 14e Escadre est établie avec deux escadrons de patrouille à long rayon d'action opérationnels ou LRA — le 405e Escadron et le 415e Escadron. Ces deux escadrons, chacun comportant cinq équipes de piste et 1,5 équipe exécutive, seront consolidés cet été pour n'en former qu'un seul plus gros escadron opérationnel plus robuste, ce dans le cadre des initiatives de transformation de notre armée de l'air. Ces escadrons opérationnels sont principalement responsables de la formation d'équipages opérationnellement prêts, capables de mener n'importe laquelle des missions relevant de notre mandat.

Les missions de souveraineté menées par les équipages deCP-140 comprennent la surveillance côtière en surface, comme par exemple les patrouilles nordiques et les patrouilles de surveillance des pêches, la surveillance sous-marine et des missions environnementales allant de la détection d'icebergs à la surveillance anti-pollution. Les équipages de CP- 140 assurent également du soutien de surveillance directe à d'autres ministères gouvernementaux en vue de la conduite d'opérations telles la lutte contre le trafic des stupéfiants ou contre l'immigration illégale. Au fur et à mesure de la formation des équipages et de leur acquisition de compétences pour le combat et de l'atteinte de différents niveaux d'état de préparation, ils sont aptes à mener ces missions de souveraineté et à être déployés en vue d'opérations dans le monde réel. Cela témoigne de la capacité de la 14e Escadre d'intervenir d'un bout à l'autre du spectre des conflits, allant de situations de paix à des périodes de fortes tensions.

Le 404e Escadron est responsable d'assurer la formation aux stagiaires débutants et la formation continue pour tous les équipages LRA ainsi que la formation technique pour tous les spécialistes de la maintenance LRA. L'escadron se prépare activement à la formation d'étudiants dans le contexte de nouvelles capacités de système avec l'introduction échelonnée du Programme de modernisation progressive de l'Aurora (PMPA) ainsi qu'avec le nouveau simulateur de vol et d'autres dispositifs et simulateurs d'entraînement au vol.

Le 14e Escadron de maintenance (Air) compte un personnel de plus de 560 et assure le soutien centralisé à la maintenance de première et de deuxième lignes pour tout le matériel LRA dont est dotée la 14e Escadre. Cet escadron est par ailleurs responsable des services d'armement, d'avionique, et photographiques ainsi que du soutien laboratoires et ateliers.

Le 14e Escadron de génie logiciel est l'unité d'élaboration des logiciels du système d'arme du CP-140 et est responsable de l'assistance logicielle, de la maintenance et de la conception des logiciels pour les programmes informatiques à bord des appareils ainsi que des nombreux dispositifs et simulateurs d'entraînement au vol.

L'Unité maritime d'essais et d'évaluation effectue les essais critiques et l'évaluation et le développement tactique pour la flotte de CP-140, à l'appui du PMPA. Depuis quelques années, l'Unité maritime d'essais et d'évaluation est, de par sa participation pratique, reconnue comme étant un centre d'expertise opérationnelle et d'expertise EOE des FC pour les véhicules aériens sans pilote.

La 14e Escadre Opérations est principalement responsable d'assurer le commandement et le contrôle en vue de la coordination et de la conduite des opérations de vol. Elle assure par ailleurs les services de terrain d'aviation et de police, exploite l'Escadrille d'instruction en disponibilité opérationnelle de l'escadre et assure les services de contrôle du trafic aérien. La 14e Escadre maintient un CP-140 Aurora ainsi que son équipage en disponibilité aux huit heures et assure parfois une disponibilité aérienne pour la recherche et le sauvetage ainsi que pour des missions réactives.

Nombre des défis auxquels je suis confronté sont très semblables à ceux d'autres escadres et unités de l'armée de l'air. Le premier et le plus grave est la pénurie d'effectifs et d'expérience que l'on ressent encore aujourd'hui par suite des compressions d'effectifs mises en œuvre dans les années 1990. Malheureusement, alors que nous avons vécu une diminution du personnel de l'armée de l'air, nous avons également vécu un net fléchissement de notre rythme opérationnel et de déploiement, le plus évident constaté depuis les événements du 11 septembre. Tandis que l'on déploie équipages et personnels, il y a un besoin inhérent de former et de préparer en continu du personnel en vue de leur remplacement, ce afin de soutenir l'engagement opérationnel tout en continuant d'assurer un appui aux opérations nationales et autres activités.

Un autre défi de taille est l'infrastructure. La 14e Escadre compte 166 bâtiments d'une valeur immobilière de remplacement de 540 millions de dollars. Cependant, nombre de ces bâtiments et hangars sont vieux de 40 ans mais nous n'avons les moyens financiers que d'en assurer l'entretien-bris. La 14e Escadre aura au cours des cinq prochaines années une demande en besoins d'immobilisations de plus de 50 millions de dollars.

Notre plus gros défi est l'appui aux opérations de vol. LeCP-140 vit présentement un programme de modernisation appelé Programme de modernisation progressive de l'Aurora (PMPA). L'objet du projet est de rétablir les capacités opérationnelles du CP-140 Aurora grâce au remplacement progressif de tous les systèmes d'avionique par des systèmes d'avionique modernes. Le projet a été découpé en 23 projets individuels organisés à l'intérieur de quatre groupes de capacité. Le PMPA devrait être terminé en 2011. Pendant la durée du programme, il y aura régulièrement quatre ou cinq CP-140 qui y entreront à la fois.

Il y a par ailleurs en règle générale deux CP-140 à l'IMP de Halifax pour leur inspection et réparation de troisième ligne, et, comme l'on peut s'y attendre dans le cas de tout aéronef affichant plus de 24 années de service, il y a davantage de problèmes à régler et le travail de maintenance prévu demande plus longtemps. Il y a également un autre aéronef en maintenance de deuxième ligne au 14e Escadron de maintenance (Air). En conséquence, le nombre d'appareils LRA disponibles pour appuyer les opérations a été réduit, ce qui limite le nombre d'heures de vol qui peuvent être effectuées.

La situation en ce qui concerne la disponibilité d'aéronefs est davantage aggravée par deux autres facteurs. Premièrement, il y a une pénurie de financement de l'approvisionnementnational devant servir à l'achat des pièces et fournitures nécessaires pour appuyer l'activité aérienne de la flotte. Cette insuffisance de financement a résulté en une pénurie de pièces et de matériel disponibles pour les besoins en maintenance.Cela, ajouté à un effectif de maintenance qui tourne avec seulement 40 à 60 p. 100 de son effectif normal en activité formé, a amené un déclin de la capacité de maintenance des aéronefs, celle-ci se situant aujourd'hui à environ 45 p. 100 de ce qu'elle était. D'autre part, la très grande majorité des membres de l'effectif formé en activité ont 15 années de service ou plus et vont bientôt prendre leur retraite.

Par suite des taux de disponibilité d'aéronefs et de capacité de maintenance, l'activité aérienne d'aujourd'hui est inférieure à la moitié de ce qu'elle était au début des années 90. Bien que nos équipages continuent d'être en mesure de mener de façon efficace et sûre leurs missions de vol, il y a eu une réduction marquée du nombre d'heures de vol et, en conséquence, de l'exposition et de l'expérience pouvait être accumulées par nos équipages. C'est ainsi qu'il faut compter plus de temps pour que nos équipages acquièrent les aptitudes au combat et les qualités requises pour qu'on puisse les déployer à l'appui d'opérations internationales. Heureusement, en dépit de tous ces défis relatifs aux opérations de vol, nous avons dans la plupart des cas été proactifs s'agissant de surmonter les contraintes et de continuer d'exécuter les exigences et les engagements dont nous avons la charge.

En conclusion, j'aimerais dire que nous sommes bien placés et enthousiastes quant à l'avenir alors que nous poursuivons le PMPA et continuons de développer nos capacités d'identification, de surveillance et de reconnaissance. Le succès que nous connaissons aujourd'hui et que nous connaîtrons dans un avenir prévisible témoigne du dévouement, du professionnalisme et de l'attitude gagnante de chacun des membres de l'équipe de la 14e Escadre.

Le sénateur Forrestall: Merci et bienvenue, messieurs.

Je ne peux pas m'empêcher de me rappeler d'avoir été assis sur la rive nord de la rivière Annapolis en train de me demander ce que faisaient ces grosses machines qui retournaient la terre de l'autre côté de la rivière. Nous le savons maintenant, n'est-ce pas?

Le comité est intéressé par votre programme opérationnel quotidien, vos patrouilles, et la façon dont vous répartissez le travail devant être fait dans la journée. Vous pourriez peut-être parcourir rapidement avec nous le programme d'une journée.

Le col Matte: Je devine que vous voulez parler de mes journées?

Le sénateur Forrestall: Non, non, de celles de vos subalternes.

Le col Matte: À la 14e Escadre Greenwood, la journée tourne autour de l'appui à donner aux opérations de vol. La 14e Escadre Greenwood est en réalité presque deux sections en une. Il y a sur la base le volet administration et le volet appui.

Le sénateur Forrestall: Je voulais parler de votre volet opérationnel, de nos relations avec nos alliés, de ce que nous faisons aujourd'hui avec les États-Unis mais que nous ne faisions pas avant le 11 septembre.

Le col Matte: Il n'y a pas eu grand changement en ce qui concerne nos opérations quotidiennes. J'ai des équipages qui continuent routinièrement d'être déployés. Ils sont principalement déployés pour garantir le maintien de notre interopérabilité avec nos alliés. Ils sont également déployés pour appuyer des exercices et des opérations et pour y participer, principalement en vue de la constitution d'une force possédant les compétences de combat requises. Nous travaillons quotidiennement avec notre propre marine et travaillons également périodiquement avec la United States Navy, ce encore afin de veiller à ce que nous ayons cette interopérabilité et la capacité de travailler avec tous nos alliés.

Le sénateur Forrestall: Avons-nous toujours une pleine capacité de commandement et de contrôle?

Le col Matte: Oui, sénateur, nous avons une capacité très bien établie de commandement et de contrôle avec nos alliés et avec le PMPA. Nous œuvrons présentement à l'amélioration des capacités que nous contribuons à la plate- forme d'appui aux opérations alliées.

Le sénateur Forrestall: Pourrions-nous discuter du programme de prolongement de durée de vie? J'ai déjà signifié mon inquiétude en voyant les programmes démarrer, ralentir, arrêter puis,semble-t-il se relancer. Pourquoi ce délai? Pourquoi un si long délai entre le lancement et la reprise des programmes? Vous avez souligné à quel point ces appareils sont vieux. Je devine que l'âge que vous nous avez donné est l'âge du premier avion livré ici.

Le col Matte: Le premier aéronef a été livré en 1980. Je m'en souviens très bien car je venais tout juste de terminer mes études à l'Université Acadia et je me lançais dans ma carrière militaire. En ce qui concerne le projet lui-même, sénateur, le gros du financement est venu de l'intérieur. Nous classions les fonds et comme dépenses d'immobilisations et comme financement de l'approvisionnement national. En vue de financer le programme de 1,4 milliard de dollars, il avait été décidé il y a très longtemps d'utiliser une approche échelonnée, de façon à assurer une incidence minime quant à la mise au rancart d'appareils pendant des périodes prolongées. Il avait toujours été reconnu que l'on finirait par devoir mettre à jour les systèmes, non seulement pour suivre l'évolution technologique et l'évolution de la menace, mais également compte tenu du fait que le gros du matériel utilisait des technologies des années 1970, ce qui veut dire, comme c'est le cas du Sea King, que les pièces de remplacement ne sont plus fabriquées de nos jours. Dans certains cas, les pièces sont uniques à cette plate-forme, et il n'est donc pas très rentable pour quelqu'un de continuer de maintenir ou de fabriquer des pièces pour un marché relativement petit.

Le sénateur Forrestall: Avez-vous identifié un remplacement?

Le col Matte: Pour cet aéronef? Non, sénateur. Le projet pour l'avionique et les censeurs aboutira en l'an 2011. Nous sommes en train d'étudier un programme de prolongement de la durée de vie de l'appareil qui nous mène jusqu'en 2025. Il n'y a rien dans les livres pour l'instant quant à son remplacement.

Le sénateur Forrestall: Ces avions auront 40 à 50 ans.

Le col Matte: Oui, à ce stade-là, c'est cela l'âge qu'ils auront.

Le sénateur Forrestall: Et lorsqu'ils seront remplacés, ils auront la cinquantaine bien tassée. Cela est-il acceptable?

Le col Matte: Cela sonne à peu près bien, mais en tant que commandant de l'Escadre je ne m'occupe pas de la planification du remplacement de l'appareil, mais simplement de la gestion des opérations et de son exploitation.

Le sénateur Forrestall: Non, mais vous exploitez également des avions.

J'aimerais parler un petit peut maintenant de Shearwater. Nous avons tous été très heureux de l'annonce d'un certain financement pour lancer cela. Cependant, êtes-vous absolument convaincus que vous allez assurer la formation pour le Cyclone à Shearwater?

Le col Blair: Oui, sénateur, nous en sommes à ce stade-ci entièrement convaincus. Il y a un engagement ferme à l'égard du centre d'instruction pour les hélicoptères maritimes de 45 millions de dollars, un centre de formation à immeuble unique couvrant toutes les facettes du Cyclone CH-148. Je suis confiant à 100 p. 100.

Le sénateur Forrestall: Avez-vous en tête une date à partir de laquelle vous pourrez commencer à former des pilotes en vue de l'utilisation du nouveau matériel?

Le col Blair: Nous travaillons sur les dates contractuelles et élaborons nos plans sur cette base. Le contrat ayant été signé en novembre dernier, le premier aéronef devrait être livré en novembre 2008 et le centre d'instruction pour les hélicoptères maritimes devrait être prêt et fonctionnel six mois auparavant. Il faudra qu'au préalable l'entrepreneur assure une formation d'équipage initiale. Je n'ai pas encore de dates exactes, mais nous y travaillons.

Le sénateur Forrestall: Vous pensez donc qu'à partir de lami-novembre des pilotes canadiens auront commencé à piloter cet appareil?

Le col Blair: Oui, sénateur, il me faut m'appuyer sur ce que dit le contrat et élaborer des plans en fonction de cela.

Le sénateur Forrestall: Qu'en est-il du sol sous la route, le port et le quai?

Le col Blair: Comme vous l'avez entendu dire, je suis en vérité locataire à Halifax.

Le sénateur Forrestall: Oui, je sais. Je suis certain que vous avez beaucoup d'affection pour cette partie du monde.

Le col Blair: Lorsque vous parlez du sol sous la route, je devine que vous parlez de la jetée et de l'unité de plongée de la flotte.

Le sénateur Forrestall: Oui.

Le col Blair: Que je sache, il n'existe pas de plans pour cette zone-là.

Le sénateur Forrestall: Qu'est-il advenu de la proposition visant à transformer la piste principale en une route à quatre voies?

Le col Blair: Il y a eu plusieurs propositions, dont je ne suis pas au courant. Lorsque Shearwater a été transformé en un héliport au milieu des années 1990, on nous avait demandé quels étaient nos besoins et les terres excédentaires ont été aliénées. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui se passe sur ce plan-là.

Le sénateur Forrestall: Il faudra attendre six ans avant que vous ne soyez opérationnels avec les nouveaux hélicoptères, n'est-ce pas?

Le col Blair: Nous prenons livraison du premier en 2008. Il y aura une assez longue période de tests opérationnels et d'évaluation. La dernière étape de l'élimination progressive du Sea King viendra probablement en 2012. Ce sera là la phase de transition. Pendant cette période de quatre ans, l'on éliminera progressivement le Sea King pour le remplacer progressivement par le Cyclone.

Le sénateur Forrestall: Y a-t-il une raison pour laquelle vous n'interdiriez pas immédiatement de vol la flotte de Sea King tout entière?

Le col Blair: Nous ne pourrions pas faire cela, sénateur, car nous n'aurions alors aucune capacité opérationnelle. Le Sea King va demeurer notre capacité opérationnelle pendant quelque temps encore d'ici l'intégration totale du Cyclone.

Le sénateur Forrestall: Cela est difficile à croire. La formation aura lieu. Où le Cyclone va-t-il être construit? Où seront basés les appareils en vue de leur déploiement à des navires et ailleurs? Cela se fera-t-il ici ou à Greenwood?

Le col Blair: Les appareils seront ici. Leur base sera la côte Est. Le principal centre de gravité de la flotte demeurera Shearwater, et nous aurons plusieurs appareils à Victoria, comme c'est le cas à l'heure actuelle avec le Sea King.

Le sénateur Cordy: Halifax a tellement d'histoire militaire. J'aimerais me faire l'écho des commentaires que vous avez tous deux faits au sujet des hommes et des femmes militaires partout au Canada: ce sont des gens incroyables qui font un travail formidable. Vous avez tous deux souligné des défis auxquels se trouvent confrontés les militaires, et à mon avis et de l'avis du comité, ces hommes et ces femmes ont fait plus que leur devoir.

Je suis très intéressée par le centre d'instruction pour les hélicoptères maritimes. Y a-t-il d'autres préparatifs qui devront être faits à Shearwater avant 2008?

Le col Blair: Oui, quantité de préparatifs seront nécessaires. Sous les auspices du programme d'hélicoptères militaires, nous n'allons obtenir que l'infrastructure absolument essentielle pour appuyer le Cyclone. Il importera cependant de traiter d'autres questions d'infrastructure. Pour le moment, l'on s'y penche dans le cadre d'un plan maître de développement des biens immobiliers auquel œuvre la Formation Halifax, sous la direction du chef d'état-major de la Force maritime. Qu'il suffise de dire qu'il faudra qu'il y ait un nombre important de projets. Les années à venir seront très occupées au fur et à mesure que nous remplacerons certains de nos éléments d'infrastructure en voie de dégradation et que nous lancerons d'autres projets nécessaires.

Le président: Le colonel Matte nous a donné un chiffre: 50 millions de dollars au cours des cinq prochaines années. Pourrions-nous avoir le chiffre pour Shearwater?

Le col Blair: Je ne connais pas le chiffre, sénateur. Je ne suis au courant que des 45 millions de dollars pour le centre d'instruction pour les hélicoptères maritimes. Rien d'autre n'a à ce jour été promis. J'ignore quel sera le chiffre final.

Le président: Vous avez donné au comité une liste des autres améliorations d'infrastructure qui seront nécessaires. À qui devrions-nous nous adresser pour obtenir le chiffre y correspondant?

Le col Blair: Le Chef d'état-major de la Force maritime en est le responsable, bien qu'interviennent également le sous-ministre adjoint (Infrastructure et environnement) et le Chef d'état-major de la Force aérienne.

Le sénateur Cordy: Les plans sont-ils en place? Ont-ils été approuvés?

Le col Blair: Non, ils n'ont à ce jour pas encore été approuvés. Nous y œuvrons toujours, et c'est pourquoi je n'ai pas le chiffre que souhaitait avoir le sénateur.

Le sénateur Cordy: Colonel Blair, vous avez parlé de 900 militaires et de 36 civils. Les réservistes font-ils partie de ces 900 militaires?

Le col Blair: Oui. Nous avons 155 réservistes dans la 12e Escadre et ils sont intégrés sans distinction à chaque unité de l'Escadre.

Le sénateur Cordy: J'allais vous interroger tous les deux au sujet du nombre de réservistes que vous avez et du rôle qu'ils jouent. Vous dites qu'à Shearwater les réservistes sont intégrés sans distinction?

Le col Blair: C'est exact. Ils font partie de chaque organisation. Lorsque je fais ma ronde d'inspection régulière parmi les unités, je n'ai aucun moyen de savoir qui est réserviste et qui est membre de la Force régulière. Ils travaillent côte à côte.

Le sénateur Cordy: Et qu'en est-il pour vous, colonel Matte?

Le col Matte: Il en est de même à Greenwood. Au fil des ans, nous avons intégré les réservistes dans les unités. Ils travaillent côte à côte avec les membres de la Force régulière et, tout comme vient de le dire le colonel Blair, il vous est impossible de savoir qui est réserviste et qui est membre de la Force régulière à moins de connaître l'individu. Comme je l'ai dit, j'ai entre 180 et 200 réservistes. Ils travaillent dans presque tous les métiers au sein de l'Escadre, de membre d'équipage jusqu'à commis.

Le sénateur Cordy: D'où viennent les réservistes à Greenwood? Viennent-ils d'un peu partout dans la vallée ou bien également de la rive sud?

Le col Matte: Nous avons des réservistes sur la rive sud avec l'Escadrille du génie de l'air. Il y a, je pense, 162 réservistes en tout établis dans trois escadrilles différentes le long de la rive sud. Ceux qui sont employés à Greenwood viennent des environs immédiats. La grande majorité d'entre eux sont des réservistes de classe A, ce qui veut dire qu'ils travaillent 12 jours par mois.

Le sénateur Cordy: J'aimerais parler du logement et de la qualité de vie. Les logements à Shearwater et à Greenwood sont assez vieux. Quel est l'état des logements sur la base? La plupart des gens choisissent-ils de vivre sur la base ou bien à l'extérieur?

Le col Matte: À Greenwood, nous travaillons en vue d'avoir d'ici un an environ 568 logements familiaux sous l'Agence de logement des Forces canadiennes. Cela s'appuie sur le calcul des besoins dans le temps. Au fil des ans, la plupart des logements permanents de militaires mariés ont subi d'importantes améliorations. Le loyer pose problème pour certains, mais le loyer est établi en fonction des loyers du marché dans les localités environnantes et nous nous efforçons de veiller à ce que les loyers imposés pour les logements familiaux soient comparables à ceux de logements semblables dans les environs. Malheureusement, ces dernières années un certain nombre de militaires ont choisi de ne pas louer. Les taux hypothécaires étant faibles, les gens envisagent le logement en tant qu'investissement à long terme. Un grand nombre des militaires qui travaillent avec moi sont propriétaires de leur maison, et ils sont éparpillés autour de la région de Windsor jusqu'à celle de Cornwallis.

Le col Blair: À Shearwater, bien que j'aie le privilège d'avoir les logements familiaux dans ma cour, ils appartiennent en vérité à Halifax ou sont administrés par Halifax par le biais de l'Agence de logement des Forces canadiennes. Nous avons environ 300 logements familiaux. On y a beaucoup travaillé au cours des dernières années et je dirais que ces logements sont aujourd'hui en meilleur état qu'autrefois. En fait, ils sont en assez bon état, même s'il faudrait qu'on y travaille encore un peu, et le commandant de la base y œuvre conjointement avec l'Agence de logement des Forces canadiennes. Notre taux de vacance est très faible.

Le sénateur Cordy: Les loyers sont-ils comparables à ceux qui sont demandés dans d'autres quartiers de Dartmouth, ou bien les loyers sont-ils fixés en fonction de votre salaire?

Le col Blair: Il y a un facteur salarial pour les membres de rang très inférieur, en ce sens que ce qu'ils payent ne doit pas dépasser un certain pourcentage de leur salaire. Pour ce qui est des autres, comme l'a dit le colonel Matte, les loyers sont établis en fonction des loyers du marché pour des unités similaires dans les environs.

Le sénateur Cordy: Travaillez-vous avec le NORAD? Je sais que vous avez tous deux mentionné le fait que de vos membres participent à des missions de l'OTAN. Avez-vous un lien avec le NORAD, ou bien celui-ci se fait-il directement par le biais d'Ottawa?

Le col Matte: Le seul lien que j'ai avec le NORAD est ma capacité d'appuyer des chasseurs déployés à l'avant — surtout des CF-18. J'ai cette capacité de recevoir et d'appuyer les opérations de CF-18, mais à la 14e Escadre Greenwood, je n'ai pas de rôle NORAD à proprement parler. Je m'occupe de l'OTAN, principalement pour bâtir nos compétences et nos capacités ainsi que notre interopérabilité avec nos alliés. Cela est peut-être évident, mais j'ai très peu à voir avec le NORAD côté hélicoptères...

Le sénateur Cordy: Si vous receviez un appel, vous seriez disponible.

Le col Matte: La seule interaction que nous ayons est de veiller à ce que nous les conseillions et communiquions avec eux relativement à nos décollages et atterrissages en mer dans la zone d'identification aérienne.

Le sénateur Cordy: Vous avez tous les deux parlé de la pénurie de pilotes. Par suite de l'insuffisance du recrutement dans les années 1990, vous avez des gens qui ont 15 années ou plus d'expérience et vous accueillez de nouvelles recrues, mais vous n'avez pas de cadres moyens, pour reprendre un terme du monde des affaires. Quelle incidence cela va-t-il avoir sur nous d'ici cinq ans lorsque ces personnes qui auront alors 20 années d'expérience ou plus décideront qu'elles en ont assez? Y a-t-il des plans pour encourager les gens à rester? Je ne parle pas seulement ici des pilotes, mais également des techniciens. Les techniciens ont certainement été très occupés, tout particulièrement à Shearwater, et ils ont fait un travail formidable pour maintenir en service les Sea King. Ils travaillent très fort.

Le col Blair: Comme je l'ai dit dans mes remarques liminaires, ce sont vraiment les techniciens qui nous inquiètent le plus en ce moment. Heureusement qu'ils n'arrivent pas à l'âge de la retraite tous en même temps, et il y aura donc une approche étalée. J'ai sans doute à l'heure actuelle à l'Escadre plus d'apprentis que je n'en ai jamais eu. Le défi, c'est la rétention, puis la formation des nouvelles recrues pour assurer la relève après le départ à la retraite des techniciens chevronnés. Au sein de l'Escadre, nous travaillons du côté formation. Je sais que la force aérienne s'occupe d'approfondir la formation que nous offrons aux gens qui arrivent afin qu'ils puissent assumer plus vite ces responsabilités que ce n'a peut-être été le cas par le passé. Côté rétention, je sais qu'il y a des discussions en cours, mais je n'en connais pas le détail. Tout ce que je peux faire, de mon point de vue, c'est m'efforcer d'améliorer la qualité de vie de chaque technicien de l'Escadre, et nous faisons notre maximum en ce sens.

Le col Matte: La situation à la 14e Escadre est assez semblable. J'ai des problèmes d'expérience et d'effectif qualifié en activité, mais le problème est sans doute le plus grave du côté de mes techniciens d'entretien. Au cours de l'année écoulée, avec l'appui de la Force aérienne et du Chef d'état-major de la Force aérienne, la 14e Escadre a été très proactive. J'ai 14 Aurora et trois Arcturus à Greenwood. Nous avons reçu l'approbation, en janvier de cette année, de retirer plus tôt que prévu l'un des Arcturus qui figuraient déjà sur la liste de mise au rancart. Nous avons constitué une escadrille de formation tactique qui nous permet d'offrir une formation et des normes pratiques, spécialisées et supervisées à nos techniciens de cellules d'aéronef, l'objet étant de réduire le temps qu'il faut pour passer d'apprenti à compagnon. L'on appelle cela la performance d'entretien à 60 p. 100. Nous espérons réduire de 22 mois cette période de formation, qui est présentement de 48 mois. Avec cette formation ciblée, nous savons que les techniciens reçoivent une instruction de qualité. Nous savons qu'ils comprennent les procédures à suivre et les normes que l'on attend d'eux, et entre leurs deux cours, ils bénéficient d'une exposition sur le terrain et pas simplement dans l'appareil. Nous sommes très optimistes et comptons pouvoir régler certains de nos problèmes, pas seulement la pénurie de techniciens formés mais également le temps qu'il faut pour former de nouvelles recrues.

Le sénateur Cordy: Il semble que ce soit presque un cercle vicieux: si vous manquez de personnel, alors cela vous pose également problème de puiser dans ce personnel pour offrir la formation aux apprentis.

Le col Matte: Vous avez tout à fait raison, sénateur, mais si nous ne prenons pas des mesures tout de suite, nous n'allons jamais pouvoir combler cet écart. Grâce à l'appui de l'état-major supérieur, nous avons pu recruter quelques nouveaux réservistes. Nous avons affecté quelques-uns de nos techniciens d'entretien à l'enseignement. Si je parviens en l'espace d'une année à former encore 20 ou 30 techniciens qualifiés, alors je pourrai en prendre quelques-uns pour appuyer la formation dans les années à venir. Il est plus intéressant pour moi d'absorber ce besoin maintenant au lieu d'attendre quelques années, car je n'aurai alors pas les moyens de faire le nécessaire.

Le sénateur Cordy: Cela paraît logique. Merci beaucoup à tous les deux.

Le président: Avant de donner la parole au sénateur Nolin, j'aimerais souligner que le sénateur Munson est arrivé. Il ne s'est pas senti bien plus tôt bien dans la journée et nous sommes heureux qu'il ait pu nous retrouver.

Le sénateur Munson: Je suis arrivé en aéronef à voilure fixe.

Le président: Qu'il figure au procès-verbal que le sénateur Munson est arrivé en aéronef à voilure fixe.

Le sénateur Nolin: J'aimerais parler tout d'abord des défis de l'entretien et de la formation. J'aimerais comprendre les délais, car le temps est un facteur important dans le contexte de votre problème. Le premier nouveau Cyclone doit être livré en 2008. Il vous faudra maintenir en place deux équipes de techniciens. Comment allez-vous faire au fur et à mesure de l'intégration des nouveaux aéronefs?

Le col Blair: Vous avez raison, sénateur, c'est un jeu d'équilibre.

Le sénateur Nolin: Quel sera l'incitatif pour que quelqu'un soit poussé à apprendre quelque chose qui ne sera nécessaire que pendant 12 ou 13 mois?

Le col Blair: À un moment donné, nous interromprons la formation pour les différents systèmes du CH-124. Nous ramènerons à un tout petit nombre l'équipe de personnes dotées de ces compétences et celles-ci s'occuperont de ces appareils jusqu'à la fin.

Le sénateur Nolin: Et cela durera combien de temps? Quatre ans?

Le col Blair: En gros, il s'agira d'un processus de quatre ans, échelonné de 2008 à 2012.

Le sénateur Nolin: Vous espérez être en mesure d'offrir le service comme il se doit?

Le col Blair: Oui, sénateur. Comme c'est le cas de tout ce que le colonel Matte et moi-même faisons, c'est un jeu d'équilibre. Il nous faudra jongler pour maintenir la capacité pour le Sea King tout en intégrant le CH-148 Cyclone, et à un moment donné le CH-148 accaparera le gros de la capacité opérationnelle. Il n'y aura pas une cessation brutale des opérations.

Le sénateur Nolin: Je comprends. Il y aura un chevauchement.

Le col Blair: Je ne voudrais pas minimiser la complexité de la chose. C'est très complexe.

Le sénateur Nolin: C'est pourquoi je vous pose la question. Je pense que cela va être très complexe. C'est pourquoi je veux comprendre comment vous allez vous y prendre pour faire face au problème.

Le col Blair: C'est complexe. Fort heureusement, j'ai un certain nombre de personnes très douées qui vont travailler là-dessus.

Le sénateur Nolin: C'est en règle générale ainsi que répondent les ministres. J'aimerais simplement comprendre de quelle façon l'on va s'attaquer au problème: au moyen d'incitatifs? d'argent? de rétention? Bien sûr, la rétention est un joli mot pour dire meilleure offre pour un travail semblable.

Le col Blair: Je ne suis pas certain de comprendre l'aspect incitatif de votre question, sénateur.

Le sénateur Nolin: Eh bien, si vous voulez garder quelqu'un, il vous faut lui offrir un incitatif pour qu'il reste chez vous.

Le col Blair: C'est exact.

Le sénateur Nolin: En réponse à une question antérieure, vous avez dit ne pas être courant du détail des discussions.

Le col Blair: Oui, mais cela déborde de ma responsabilité...

Le sénateur Nolin: Mais vous devez être intéressé par la réponse.

Le col Blair: Bien sûr, d'un point de vue stratégique, d'un point de vue personnel. J'espère que l'on mettra en place des programmes pour veiller à ce que nous ne perdions pas nos techniciens chevronnés. Comme je l'ai dit au sénateur Cordy, je m'occupe des individus, mais ce n'est pas à moi qu'il revient d'établir le programme d'ensemble pour les techniciens de toute l'armée de l'air. Cela vous étonnera peut-être, mais la plupart de nos techniciens adorent le Sea King. Le problème est peut-être davantage de savoir comment obtenir que nos techniciens abandonnent le Sea King plutôt que de savoir comment les motiver pour qu'ils continuent de s'en occuper.

Le sénateur Nolin: Je n'avais jamais songé à ce problème.

Le col Blair: Ils sont nombreux à être amoureux de cet appareil.

Le sénateur Nolin: Pour le défi?

Le col Blair: Oui, pour le défi.

Le sénateur Nolin: Et, s'agissant de défis, je sais que vous avez tous les deux lu le document d'examen de la défense que nous attendions depuis longtemps et que nous avons reçu il y a environ une semaine. A-t-il une incidence sur vos escadres?

Le col Matte: Parlez-vous de l'énoncé de la politique de défense?

Le sénateur Nolin: Oui.

Le col Blair: Nous avons lu ce qui a été publié. C'est un document à un niveau très stratégique. Il nous pointe dans la direction dans laquelle nous, la force aérienne, allions pour ce qui est du chef d'état-major de la force aérienne et des vecteurs stratégiques. Il n'y a pas d'impact réel pour moi à ce stade, sénateur — pas tant que la force aérienne et nos supérieurs pourront traduire les éléments stratégiques en éléments plus opérationnels et tactiques. C'est à ce stade que je comprendrai exactement ce que cela signifie pour la 14e Escadre, pour mes gens, pour mes capacités et notre avenir. Mais à ce stade, c'est très stratégique et ne fait que nous indiquer vers quoi se dirigent les forces armées canadiennes dans leur ensemble.

Le sénateur Nolin: Donnez-vous la même réponse, colonel Blair?

Le col Blair: Oui, sénateur.

Le sénateur Nolin: Pour votre escadre, avec vos nouveaux équipements, que pensez-vous?

Le col Blair: Il est intéressant de considérer le document en combinaison avec le nouveau matériel que nous recevons. Nous sommes à l'aube d'une époque intéressante et le personnel de l'escadre est tout émoustillé. Cependant, je conviens avec le colonel Matte qu'il est difficile de saisir ce que cela signifie tant que le niveau stratégique n'est pas traduit en plans concrets.

Le sénateur Nolin: Qu'est-ce qui vous intéresse, plus particulièrement?

Le col Blair: Cela faisait pas mal de temps que nous n'avions pas eu de vrais changements de la politique ou de la direction au sein des forces canadiennes et il est agréable de voir un document qui nous entraîne sur un chemin nouveau.

Le sénateur Nolin: Avez-vous des perspectives émoustillantes vis-à-vis de votre travail quotidien ou vos rôles futurs?Envisagez-vous davantage de rôles ou des approches différentes?

Le col Blair: Potentiellement. Le document est de portée très large, mais encore une fois, tant que ce n'est pas transposé à mon niveau, c'est difficile à dire. Toutefois, le potentiel existe.

Le sénateur Nolin: Sur un sujet totalement différent, colonel Matte, vous avez mentionné que la valeur de remplacement de tous vos biens immobiliers est d'environ 500 millions de dollars. Est-ce que vous payez des taxes annuelles à quelqu'un, à une municipalité?

Le col Matte: Oui.

Le sénateur Nolin: Cela doit être une taxe énorme.

Le col Matte: Si je me souviens bien, c'est environ 1,9 million de dollars par an. Mais il faut voir que ce n'est pas seulement pour les locaux de mon escadre, c'est aussi pour tous les autres éléments et unités - les manèges et les camps — qui relèvent de moi.

Le sénateur Nolin: Le maire doit se frotter les mains?

Le président: Cela est-il tiré sur votre budget?

Le col Matte: Pardonnez-moi?

Le président: Cela est-il tiré de votre budget?

Le col Matte: Le financement fait partie de mon budget, oui.

Le sénateur Nolin: Quel est l'âge moyen des pilotes travaillant dans chacune de vos escadres?

Le col Matte: À la 14e Escadre, je sais que l'âge moyen est moindre que le mien, mais il est difficile de répondre à la question.

Le sénateur Nolin: La ventilation par sexe est une autre question.

Le col Matte: Nous avons toujours de nouveaux pilotes qui nous arrivent tout droit de l'université et donc, aux grades inférieurs, les équipages aériens sont dans la vingtaine et aux grades supérieurs dans le milieu de la quarantaine. L'âge moyen est probablement autour de la trentaine.

Le sénateur Nolin: Trente ans.

Le col Matte: Pour ce qui est de la ventilation par sexe dans la 14e Escadre, je crois que nous avons environ 225 femmes dans la force régulière, dont 11 p. 100 sont du personnel naviguant.

Le sénateur Nolin: Chez vous, colonel Blair?

Le col Blair: Je ne connais pas l'âge moyen. Ce n'est pas une statistique que je suis, mais je crois pouvoir dire...

Le sénateur Forrestall: Vous n'y êtes pas autorisé.

Le col Blair: Ce n'est pas quelque chose que nous faisons. Je pense pouvoir dire que les équipages aériens nous arrivent à un âge plus avancé que lorsque je me suis enrôlé, par exemple.À 21 ans, j'étais l'un des plus vieux en formation aérienne il ya 25 ou 26 ans. Il n'est pas rare aujourd'hui de voir des recrues fraîchement émoulues à la fin de la vingtaine ou au début de la trentaine, avec femme et un ou deux enfants. Pour ce qui est de l'âge moyen, ce serait une devinette au hasard. Nous avons 126 femmes dans l'escadre, dans tous les corps de métier. Environ 10 p. 100 ou moins de mon personnel naviguant est composé de femmes.

Le président: Pour ce qui est de l'âge, serait-il difficile pour vous de fournir au comité les chiffres par métiers sur vos bases?

Le col Matte: Il pourrait prendre du temps de recueillir les données, mais si vous souhaitez ces renseignements, nous pourrons vous les fournir.

Le président: Plus précisément, nous aimerions avoir une meilleure idée des départs à la retraite et des métiers qui seront les plus touchés.

Le col Blair: Je ne sais pas si ces renseignements sont disponibles par escadre, mais nous avons par métier pour l'ensemble de la force aérienne.

Le président: Vaudrait-il mieux s'adresser à l'amiral Jarvis, dans ce cas?

Le col Matte: Oui. Il connaît certainement les chiffres agrégés. Je ne sais pas s'il ventile au niveau de l'escadre, très franchement.

Le président: Vous avez tous les deux parlé du défi que représentent les départs à la retraite.

Le col Matte: Oui, parce que...

Le président: Parce que c'est votre travail.

Le col Matte: Oui.

Le président: Ce que nous cherchons à cerner ici, c'est l'absence de programme qui vous aiderait à conserver ces gens. Le sénateur Nolin a parlé de primes. Les programmes pour fixer les gens ne peuvent être inventés du jour au lendemain, ils exigent du temps. Si vous n'en avez pas encore vu trace et que vous êtes confrontés à un problème quotidien, je me demande si nous n'aurons pas ce programme seulement une fois que vous n'aurez plus que des apprentis pour faire voler vos appareils.

Le col Blair: Je ne suis pas en mesure de le dire. Le sous-ministre adjoint (Ressources humaines — militaires) pourra le faire.

Le président: Je comprends. Nous lui poserons la question. Si vous n'avez pas les chiffres sous la main, ce n'est pas la peine d'envoyer un commis courir les chercher pour nous. Nous nous les procurerons là-bas. Toutefois, il semble surprenant que l'on ne parle pas de quelque chose de tangible pour garder les gens si on risque de les perdre. Vous nous avez donné l'impression que vous passez beaucoup de temps à gérer ce problème chaque semaine. Est-ce exact?

Le col Blair: Oui.

Le président: Combien de temps faut-il pour qu'un hélicoptère fasse le trajet de Shearwater à Greenwood?

Le col Blair: De Shearwater à Greenwood? C'est 63 milles nautiques en ligne droite, donc de 30 à 35 minutes.

Le président: Mon impression, d'après vos témoignages jusqu'à présent, est que le logement est plutôt bon là-bas. Nous allons déjeuner avec les autres grades. Vont-ils nous dire cela?

Le col Matte: Je ne puis vous le dire, sénateur, car moi je suis dans la vallée et je ne pense pas que vous alliez déjeuner avec mes gens là en bas.

Le président: Oh, la moitié du comité va s'y rendre à pied. Ils ont entendu dire que la nourriture était meilleure.

Le col Blair: Je n'ai pas idée. Vous entendrez des opinions très diverses, sénateur.

Le président: Vous devez avoir un système de rétroaction; vous devez avoir idée de ce que pense le personnel de la base du logement.

Le col Blair: Comme je l'ai dit, les logements appartiennent à Halifax et vous devriez peut-être poser la question demain au capitaine MacIsaac.

Le président: Mais ces gens-là travaillent avec vous.

Le col Blair: Les logements familiaux de Shearwater ne sont pas strictement réservés au personnel de la force aérienne. Moins de 50 p. 100 sont utilisés par la force aérienne. Nous avons aussi des membres de la Marine et de l'Armée de terre.

Le président: Je veux dire par là que vous devez bien avoir idée de ce que pense vos hommes du logement.

Le col Blair: Je n'ai pas de système de rétroaction directe pour le savoir.

Le président: La dernière fois que nous étions là, nous avons beaucoup entendu l'expression « jetty hopping », sauter d'un quai à l'autre. Est-ce que cela arrive toujours?

Le col Blair: Non, sénateur. Nous faisons tout pour l'éviter. Pour expliquer, le « jetty hopping » c'est lorsqu'un détachement retourne d'un déploiement sur un navire et repart immédiatement sur un autre navire. Ce n'est pas quelque chose que nous faisons.

Le président: J'ai pris quelques notes en vous écoutant. Il est déplorable d'entendre la même histoire d'un bout à l'autre du pays: pénurie de pièces de rechange, démographie du personnel qui fait que vous aurez un problème d'effectifs pendant presque une décennie. Arrêtez-moi si vous n'êtes pas d'accord.

Le col Matte: Pour ce qui est de la démographie, sénateur, la plupart du temps nous parlons plus spécifiquement des techniciens d'entretien. Ce sont eux qui posent problème en ce moment. Je n'ai pas sur le bout des doigts les données démographiques des autres classifications professionnelles militaires. Le problème démographique tel que je le connais est le suivant: il y a un creux dans la courbe du niveau d'expérience depuis l'apprenti jusqu'à 15 années de service. Nous avons des effectifs très solides au-dessus de 15 années de service. Le problème pour ce qui est de la planification du remplacement des partants à la retraite c'est l'impossibilité de déterminer si le membre va choisir de prendre une retraite anticipée, ou de prendre sa retraite après 20 années de service ou choisir de rester jusqu'à la fin des 35 années. Si nous pouvons proactivement recruter des techniciens d'entretien à un rythme supérieur et former ceux que nous avons déjà en un temps plus court, nous pourrons gérer correctement le creux. La situation n'est pas idéale, mais elle est gérable. Voilà le problème démographique spécifique dont nous avons parlé, car notre attention se concentre là où nous avons les problèmes les plus graves. Ce problème est très évident dans toute la force aérienne.

Le président: Nous comprenons l'approche créative que vous avez de l'entraînement avec les aéronefs supplémentaires dont vous disposez, mais le message que nous retenons, et rectifiez si je me trompe, c'est qu'il y a là un écart et que les deux bases ont un problème. Nous avons entendu la même chose, à savoir qu'il existe une pénurie, dans littéralement toutes les autres bases des forces aériennes du pays. Sans techniciens adéquatement formés, vous n'avez pas d'avion en état de voler.

Le col Matte: C'est un peu plus compliqué que cela. Si j'avais les techniciens qualifiés mais qu'ils n'avaient pas de pièces, cela clouerait au sol...

Le président: J'allais justement en venir aux pièces. C'est sur la liste.

Le sénateur Nolin: C'est une évidence.

Le président: Parlant des effectifs, est-il exact que vous deux êtes confrontés à un écart qui va durer pendant une décennie, où vous aurez des problèmes de personnel technique?

Le col Blair: Sénateur, nous ne pouvons rien changer à ce creux. Ce creux est une réalité. Il va persister et se propager sur la courbe pendant les 10 ou 15 prochaines années et il n'y a rien que quiconque ici puisse y faire. La seule option que nous avons, c'est de gérer de notre mieux. C'est de cela que nous parlons. Nous faisons tout pour former ces nouveaux techniciens le plus rapidement possible et les porter à un niveau de qualification supérieur afin que nous puissions les utiliser pour boucher les trous au fur et à mesure que ce creux démographique se déplace.

Le président: Je comprends cela, colonel. J'ai suivi attentivement ce que vous disiez et ce que j'ai retenu c'est que vous avez quelques façons créatives de former les gens plus vite, ce qui est une façon de remédier au problème. L'autre façon, dont on n'a pas parlé, c'est de retenir les gens plus longtemps. L'autre message que nous recevons, et rectifiez encore une fois si je me trompe, c'est que vous n'avez pas de programme pour assurer que les gens restent en service plus longtemps et que ce pourrait être utile.

Le col Matte: Je n'ai connaissance d'aucun encouragement de maintien en service pour cette classification militaire en particulier, mais je sais que l'on en discute comme d'une possibilité parmi d'autres pour rectifier la pénurie. Je ne connais simplement pas les détails.

Le président: Pour ce qui est des pièces, est-ce qu'on en manque parce qu'il n'est pas économique de les fabriquer ou est-ce un défaut du système? Avez-vous un système de livraisonjuste-à-temps mais sans que les pièces arrivent juste à temps? Chaque fois que nous parlons, lors de déjeuners, avec des techniciens de la force aérienne, ils nous disent que l'une des plus grandes sources de frustration dans leur travail quotidien tient au fait que la pièce dont ils ont besoin pour achever un travail n'arrive pas. Pourquoi la pièce n'arrive-t-elle pas? Est-ce parce que le fabricant ne la produit pas, ou est-ce parce qu'elle est bloquée quelque part dans la chaîne d'approvisionnement et n'arrive pas à temps?

Le col Blair: Je crois que c'est une combinaison de toutes ces choses, selon la pièce. Le budget de l'approvisionnement national a été rogné au fil des ans au point que des pièces que nous avions en stock il y a 10 ou 20 ans n'y sont plus. Aujourd'hui, nous devons aller les acheter au fur et à mesure des besoins, et cela peut prendre du temps, et d'autant plus de temps que l'aéronef est âgé.

Le président: Ce que j'entends, c'est que toutes vosplates-formes fonctionnent à environ 40 p. 100 de ce que devrait être la capacité.

Le col Blair: Dans le cas du parc de Sea King, 40 p. 100 n'est pas réellement un changement depuis les 25 années que je suis là. Nous pouvons tomber à 35 p. 100 ou monter à 45 p. 100, mais historiquement, 40 p. 100 représente notre disponibilité depuis pas mal de temps.

Le col Matte: Du côté des Aurora, le taux de navigabilité de 40 p. 100 englobe les avions immobilisés par d'autres programmes d'entretien. Comme l'a expliqué le colonel Blair, l'Approvisionnement national conclut des contrats pour répondre à la demande en fonction d'un taux de navigabilité spécifique pour un parc donné. S'il n'y a pas de fonds d'approvisionnement national suffisants au départ, alors on n'achète pas par avance suffisamment de fournitures et de pièces. Nous ne stockons plus réellement des pièces et fournitures, nous avons plutôt recours à la livraison juste-à- temps. Nous avons eu des problèmes avec le système d'approvisionnement. Pour être proactif, la 14e Escadre a trouvé d'autres façons d'identifier et souligner les besoins en pièces vitaux, ce que l'on appelle la liste des pièces critiques. Nous pouvons maintenant mieux prévoir les manques et faire livrer ces pièces plus rapidement à l'Escadre. Mais vous avez raison de dire qu'en dépit de tout cela, il y aura des cas de travaux d'entretien qui ne peuvent avancer parce qu'une pièce manque.

Le sénateur Nolin: Si nous parlions d'une voiture ordinaire et de pièces que l'on peut acheter au Canadian Tire du coin, je serais d'accord avec vous. La trésorerie est un problème. Cependant, vous avez des appareils d'un type particulier qui exigent des pièces bien précises, à moins que l'on décide de ne plus faire voler les Sea King. Vous savez déjà de quelle pièce vous aurez besoin le mois prochain, dans 12 mois, dans 24 mois. Je suis sûr que vous pouvez planifier cela. Est-ce que vous demandez à la hiérarchie d'Ottawa de changer la façon de faire les choses pour assurer que vous ayez ces pièces à votre disposition et que l'on n'entende plus les techniciens se lamenter: « Nous ne pouvons faire le travail parce que les pièces manquent? » J'espère que la réponse est oui.

Le président: Ne mettez pas les mots dans la bouche des témoins.

Le col Matte: C'est une question assez difficile et je n'ai pas de réponse toute prête à vous donner. Nous avons une idée pour ce qui est des pièces que l'on peut qualifier d'articles de consommation. Un peu comme pour une voiture, je peux prévoir qu'après 5 000 kilomètres ou 5 000 milles, je vais mettre la voiture au garage et je vais changer l'huile et remplacer le filtre. Il y a un certain nombre de pièces courantes que nous prévoyons et avons normalement à disposition. La difficulté, c'est lorsque une pièce ou un élément inattendu casse. Parfois il arrive aussi que lorsqu'une pièce donnée lâche, il se produise toute une série de pannes similaires, ce qui crée un goulot d'étranglement dans le système, car tout d'un coup nous avons besoin immédiatement de six pièces identiques. Même si nous avions pu le prévoir, il se peut qu'il n'y en ait qu'une ou deux dans le système à chaque instant. Je n'ai pas réellement de problèmes avec les pièces courantes. La difficulté, c'est l'inconnu. Il y a une myriade de pièces de moteur et d'avion qui peuvent casser et chacune peut suffire à immobiliser l'aéronef jusqu'à l'arrivée de la pièce de rechange.

Le président: Colonels, vous êtes tous deux des officiers très impressionnants. Le comité est terriblement fier lorsqu'il peut recevoir des gens comme vous. Nous apprenons à interpréter certaines des choses que les officiers comme vous nous disent et je pense que nous commençons à comprendre certaines des difficultés que vous rencontrez. Elles sont énormes. Le comité est très impressionné par la façon dont vous relevez les défis et par la compétence dont vous faites preuve. Nous aimerions que vous fassiez part à ceux qui travaillent pour vous et avec vous combien nous sommes fiers du travail qu'ils accomplissent. Nous savons combien les circonstances sont difficiles. Nous ressentons l'obligation de nous concentrer sur ces problèmes afin d'y remédier et nous nous efforcerons de le faire dans notre rapport. Au nom du comité, nous vous remercions infiniment.

Le sénateur Munson: Juste une courte question.

Le président: D'accord, mais nous faisons attendre les gens du rang qui nous attendent dehors. Sénateur Munson?

Le sénateur Munson: C'est une question très égoïste, mais je dois la poser. Il s'agit des techniciens en recherche et sauvetage, les Tech SAR.

Lorsque j'étais journaliste de CTV, basé ici à Halifax, j'ai fait plusieurs sorties en mission avec les gens de Greenwood. Je ne pouvais croire à l'époque que ces gens, qui sont de véritables héros, soient si peu payés. Je trouvais cela injuste.

Le col Matte: Sénateur, je ne puis vous dire s'ils sont payés plus ou non et s'ils méritent plus. Je tends à convenir avec vous que nombre de nos militaires méritent plus. Nous venons d'avoir une augmentation de solde tant pour les militaires du rang que les officiers. Jointe à cela était une augmentation de la solde de spécialiste et de la prime de risque pour la classification professionnelle militaire qui englobe les Tech SAR. Je ne puis quantifier exactement cette augmentation de solde, mais je sais que beaucoup d'entre eux sont tout simplement amoureux de leur métier et l'argent n'est pas la considération première. Ils adorent risquer leur vie pour sauver d'autres, sauter d'un avion en parachute. Ils sont extrêmement dévoués et l'argent n'est pas nécessairement un problème pour eux.

Le président: Nous savons que les officiers des forces aériennes ne comprennent pas ceux qui aiment sauter d'un avion en état de voler. Nous avons ici un général qui n'arrête pas de nous le dire.

Encore une fois, veuillez transmettre nos remerciements et notre fierté à ceux qui travaillent avec vous. Ils font un travail important et nous leur en sommes très reconnaissants.

Le col Matte: Merci, sénateur.

La séance est levée.


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