Délibérations du Comité permanent du
Règlement, de la procédure et des droits du Parlement
Fascicule 2 - Témoignages du 22 novembre 2006
OTTAWA, le mercredi 22 novembre 2006
Le Comité permanent du Règlement, de la procédure et des droits du Parlement se réunit aujourd'hui, à 12 h 13, conformément au paragraphe 48(1) du Règlement du Sénat, pour discuter de la possibilité, lorsque le Sénat siège, que les délibérations de la Chambre haute, à l'instar de celles de la Chambre basse, soient télédiffusées ou autrement enregistrées sur bande vidéo afin d'être diffusées en direct ou rediffusées sur CPAC ou une autre chaîne de télévision à des moments opportuns pour les Canadiens.
Le sénateur Consiglio Di Nino (président) occupe le fauteuil.
[Traduction]
Le président : Premièrement, honorables sénateurs, je dois m'excuser pour le retard que nous avons pris et du fait que la durée de cette séance devra probablement être réduite, à moins que nous puissions convaincre quelques-uns de nos amis du côté libéral de ne pas participer à une réunion de leur caucus convoquée par les dirigeants du Sénat libéral à 13 h 45. J'imagine que les sénateurs devront nous quitter.
Toutes mes excuses encore une fois. J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous avons avec nous aujourd'hui — et nous les en remercions — les représentants de CPAC — Ken Stein, président; Philip Lind, vice- président; Colette Watson, présidente et directrice générale, et Robert Buchan, secrétaire corporatif.
M. Barry Kiefl, de Canadian Media Research Inc., accompagne nos invités en tant que personne-ressource.
Étant donné les contraintes de temps, je demanderais à chacun des membres d'essayer de limiter ses commentaires, afin qu'il nous reste un peu de temps pour la période des questions.
Ken Stein, président, CPAC : Honorables sénateurs, nos commentaires seront brefs, afin de vous laisser amplement de temps pour poser des questions.
Je suis président du conseil d'administration de CPAC, la Chaîne d'affaires publiques par câble.
Comme le président du comité l'a souligné, je suis accompagné de M. Lind, vice-président du conseil d'administration de CPAC et également vice-président de Rogers Communications; Colette Watson, présidente- directrice générale de CPAC; Robert Buchan, avocat général et secrétaire du conseil d'administration de CPAC. Le conseil d'administration de CPAC comprend également des représentants de Cogeco, de Vidéotron, d'Access Cable, à Regina, et de Persona Communications.
Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant ce comité du Sénat. Notre plus récente comparution remonte au 9 octobre 2003, quand nous avons témoigné devant le Comité permanent de la régie interne, des budgets et de l'administration afin d'examiner une entente officielle sur la télédiffusion des délibérations des comités du Sénat à CPAC. Cette séance est à l'origine de la signature d'une entente de trois ans entre CPAC et le Sénat.
[Français]
Nous sommes heureux d'informer le comité de la mise en œuvre des dispositions de cette entente, de discuter de la motion du sénateur Segal concernant la diffusion des débats dans la salle du Sénat et de répondre à vos questions.
[Traduction]
Permettez-moi d'abord de faire un bref survol historique. Ce serait utile. CPAC est une chaîne appartenant à un consortium de petites et grandes entreprises canadiennes de câblodistribution et exploitée par ce même consortium. Il s'agit d'une entreprise privée sans but lucratif qui, contrairement à la grande majorité des radiodiffuseurs et services de programmation canadiens, offre une programmation sans publicité.
CPAC célébrera bientôt son quinzième anniversaire. Au cours de ces 15 dernières années, les câblodistributeurs — et plus récemment d'autres distributeurs — ont investi plus de 54 millions de dollars dans l'exploitation de la chaîne.
[Français]
Conformément aux conditions de sa licence, CPAC diffuse la programmation provenant des deux Chambres parlementaires en vertu de l'ordonnance d'exemption et conformément aux dispositions des ententes spécifiques négociées avec la Chambre des communes et le Sénat.
L'entente entre CPAC et la Chambre des communes existe depuis 1992, année où les câblodistributeurs ont créé CPAC. La première entente avec le Sénat a été conclue en 1999. Elle a été renouvelée en mars 2004 et demeure en vigueur jusqu'au 31 août 2007, date à la quelle se termine l'entente de CPAC avec la Chambre des communes.
[Traduction]
Je vais maintenant demander à M. Lind de nous parler de nos téléspectateurs.
Philip B. Lind, vice-président, CPAC : Au moment du renouvellement de la licence de radiodiffusion de CPAC, en novembre 2002, le CRTC a aussi émis une ordonnance de distribution obligatoire à l'ensemble des entreprises de distribution au Canada, sauf les plus petites. Les conditions de cette ordonnance de distribution obligatoire s'appliquent aux deux types de programmation diffusée par CPAC et continueront de l'être, tant et aussi longtemps que CPAC distribuera le service de programmation de la Chambre des communes.
Comme la distribution de son service est désormais obligatoire, CPAC est maintenant disponible dans plus de 10 millions de foyers canadiens. Au cours des dernières années, CPAC est passé d'un auditoire hebdomadaire de deux à trois millions de téléspectateurs, après le 9 septembre et durant les campagnes électorales, à seulement 640 000 téléspectateurs la semaine du 18 septembre.
L'auditoire de CPAC a commencé à diminuer abruptement pendant les délibérations de la Commission Gomery, et ce, jusqu'en novembre 2005.
CPAC et le Sénat obtiennent des données de cotes d'écoute auprès de la société Nielsen Media Research Canada. Nous avons joint à notre exposé le dernier rapport sur les cotes d'écoute des délibérations de comités du Sénat.
Les propriétaires de CPAC croient fermement que les Canadiens doivent tous pouvoir accéder aux travaux du Parlement. C'est pour cela que moi-même, et d'autres câblodistributeurs à l'époque, avons travaillé si assidûment à l'obtention d'une entente avec la Chambre des communes et d'une licence du CRTC pour créer CPAC.
La recherche confirme aussi l'importance de ce service. D'après une étude effectuée plus tôt cette année pour CPAC par SES Research, 75 p. 100 des Canadiennes et Canadiens interrogés ont dit qu'ils estimaient essentiel que les Canadiens puissent accéder au service de CPAC.
Bien sûr, tout n'est pas qu'une affaire de cotes d'écoute. Nous sommes convaincus, en notre qualité de spécialistes de la programmation, qu'il est possible de présenter les émissions dans un format pouvant inciter plus de Canadiens à les regarder. Ainsi, les Canadiens s'impliqueront davantage dans les processus politique et démocratique de notre pays et seront mieux informés du travail important que font les parlementaires.
Colette Watson, présidente-directrice générale, CPAC : Le comité a l'avantage de pouvoir s'appuyer sur l'expérience de la Chambre des communes pour examiner la question de la télédiffusion des travaux du Sénat. La Chambre des communes a commencé à télédiffuser ses délibérations le 17 octobre 1977. Au cours des 29 dernières années, les délibérations ont été retransmises en direct, intégralement et sans interruption. Par conséquent, la télédiffusion des travaux en comité est devenue secondaire.
Nous savons que de nombreux députés de la Chambre des communes préféreraient présenter leurs travaux en comité plutôt que les questions de procédure. En outre, plusieurs parlementaires des deux Chambres nous ont disent qu'ils font le gros de leur travail en comité. Le Sénat pourrait donc se donner plus de flexibilité à cet égard.
[Français]
Et voilà que 29 ans plus tard, le Sénat peut aussi profiter des nombreuses nouvelles technologies médiatiques désormais disponibles. L'univers télévisuel a beaucoup changé et ne cesse d'évoluer. Si l'objectif est d'offrir un accès régulier en temps opportun ou en direct, ce comité pourrait envisager le recours à la diffusion sur Internet. Nous avons fourni quelques articles récents traitant de ces changements dans l'annexe A.
Les membres de ce comité savent sans doute que l'entente actuelle entre CPAC et le Sénat prévoit 20 heures par semaine de programmation consacrée au Sénat lorsqu'il siège.
[Traduction]
L'ordonnance d'exemption du CRTC stipule que cette entente s'applique à tout contenu que le Sénat fournit à CPAC, qu'il s'agisse de questions de procédure ou de travaux en comité. Règle générale, la programmation diffusée dans ce bloc de 20 heures est consacrée aux travaux des comités, et comme la durée des audiences des comités varie, il est parfois difficile de planifier et d'organiser cette grille de 20 heures réservée au Sénat. Généralement, CPAC doit remplir le temps d'antenne non utilisé à la fin de la plupart des délibérations télédiffusées des comités. L'Ordonnance d'exemption du CRTC ne permet pas à CPAC de modifier le contenu que fournit le Sénat sans avoir obtenu sa permission au préalable. Le Sénat a réalisé quelques progrès à ce chapitre, mais des audiences chronométrées lui permettraient de moderniser la télédiffusion de ses travaux et de les présenter dans des délais plus raisonnables, améliorant ainsi l'expérience d'écoute de son auditoire.
L'affichage de textes à l'écran améliorerait l'expérience des téléspectateurs. Nous croyons que des éléments du contexte explicatifs et une identification plus fréquente des intervenants inciteraient les téléspectateurs à rester à l'écoute.
Plus de 30 ans se sont écoulés depuis que la Chambre des communes a commencé à envisager la possibilité de diffuser les délibérations de la Chambre des communes. Aujourd'hui, le Sénat a l'occasion de mettre à jour et de moderniser son approche de la question.
M. Stein : Nous tenons à remercier le comité de nous avoir invités à comparaître et nous répondrons avec plaisir à vos questions.
Le sénateur Smith : Je vous invite tous à répondre lorsque vous le jugerez opportun. Vous avez touché à la question de l'intérêt du spectateur et vous avez également parlé des comités. Je ne sais pas si l'un d'entre vous a déjà assisté à une période des questions du Sénat. Je peux vous dire qu'elles ne sont pas aussi spectaculaires et partisanes qu'à la Chambre des communes. Si nous tenons compte du temps d'antenne que CPAC pourrait réserver au Sénat, si cette option est retenue, comment mesureriez-vous l'intérêt du téléspectateur? Faites-vous des sondages ou si vous le mesurez d'après les commentaires que vous recevez? Le mesurez-vous, en fait? J'aimerais que vous élaboriez un peu plus sur ce que vous avez dit à propos du travail des comités qui semble susciter beaucoup d'intérêt, parce qu'il faudrait peut-être l'amplifier. Nous devons savoir ce qui intéresse le téléspectateur, avant de choisir parmi les diverses options possibles.
M. Stein : Les recherches que nous faisons sont solides et significatives. Elles ne se fondent pas sur des cas isolés. Nous devons tenir compte des indications anecdotiques, mais nous nous fondons essentiellement sur de véritables travaux de recherche, des travaux effectués par M. Kiefl, de la société Nielsen Media Research.
Nous savons par expérience que nos cotes d'écoute sont plus élevées lorsque les sujets débattus présentent un intérêt pour les téléspectateurs. Les délibérations des comités tendent à susciter davantage l'intérêt que les délibérations plus officielles. Il est certain que la période des questions de la Chambre des communes, les échanges qui ont alors lieu entre les intervenants, sont intéressants. Si les délibérations du Sénat étaient télédiffusées, le processus changerait probablement, mais c'est au Sénat qu'il revient de prendre la décision.
Mme Watson : Nous avons mandaté la société Nielsen Media Research Canada d'effectuer un sondage hebdomadaire sur la question. Je crois que le Sénat s'appuie sur cette recherche également. Par ailleurs, nous effectuons un sondage auprès des téléspectateurs deux fois par année, afin d'élargir un peu notre auditoire, de mieux répondre à ses intérêts, de savoir pourquoi il écoute telle ou telle émission, ce qu'il aimerait avoir à l'affiche et ce que nous pourrions lui offrir. C'est le genre de données que nous recueillons, afin d'être mieux en mesure de planifier notre programmation et de déterminer ce qui fait défaut.
Nous entendons dire que les téléspectateurs ne comprennent pas toujours ce qui se passe. La plupart passent assez souvent et rapidement d'une chaîne à une autre. Vous présentez peut-être le contexte de vos travaux en début de séance, mais les téléspectateurs n'auront peut-être pas ouvert leur téléviseur à ce moment-là. Pour susciter l'intérêt durant les trois heures de diffusion, il faudrait sous-titrer l'information à l'écran ou répéter le sujet des délibérations à l'oral. S'ils ne se sentent pas concernés ou s'ils ne comprennent pas quel est l'objet du débat, ils changeront vite de chaîne.
Ce que nous voyons à la Chambre des communes à 15 h, ce sont des questions de procédure qui ne concernent pas nécessairement les téléspectateurs et qui ne suscitent pas du tout l'intérêt si, de surcroît, aucune explication à l'oral ne leur permet de comprendre ce qui se passe.
Nous avons remarqué il y a quelques années que lorsque Newsworld de CBC et Newsnet de CTV ont commencé à diffuser la période des questions, entre 14 h et 14 h 15, leurs chefs d'antenne expliquaient le sujet du débat, qu'un projet de loi sur le mariage entre conjoints de même sexe, par exemple, ou qu'un projet de loi budgétaire, et ainsi de suite, était l'objet du débat. Bon nombre des téléspectateurs qui écoutaient la période des questions sur CPCA l'écoutent maintenant sur ces chaînes, parce qu'on leur donne des explications. C'est ce qui fait défaut à la partie non censurée que nous télédiffusons.
Le sénateur Smith : Nous aurons une décision difficile à prendre, à savoir si nous devrions opter pour une pleine couverture, et les conseils ou réflexions à cet égard sont les bienvenus. Si nous retenons cette option, il y aura un prix à payer et il nous faudra savoir quel sera ce prix. J'imagine que nous devrons apporter pas mal de modifications; si vous avez déjà assisté à ces délibérations, vous avez certainement entendu le mot « réservé, réservé, réservé »; je pense que cela pourrait être une cure contre les insomnies pour les téléspectateurs.
Le président : Certains pourraient en tirer parti.
Le sénateur Smith : Peut-être, mais si le Sénat prend deux ou trois heures de plus par semaine et qu'il a le choix entre une version modifiée des délibérations de la Chambre et une couverture des comités du Sénat, instinctivement, qu'est- ce qui serait le plus intéressant, selon vous?
M. Stein : Je suis certain que nous avons tous une opinion sur ce qui peut intéresser les téléspectateurs. Ce qui nous intéresse, nous les distributeurs, notamment, c'est ce qu'Internet apporte et la manière dont les gens l'utilisent pour accéder à l'information et aux nouvelles. Internet était au départ utilisé par des gens en quête de sites web, qui voulaient naviguer ici et là, ce genre de choses. Maintenant, on l'utilise beaucoup plus pour la recherche et, ces derniers temps pour communiquer des informations audiovisuelles.
Comme Mme Watson l'a souligné, l'avantage d'Internet est que vous pouvez faire le tour d'une question et qu'au bout d'une heure, une heure et demie de recherche, vous aurez trouvez un contexte qui vous permettra de comprendre. Quant aux délibérations — et je ne parle pas seulement du Sénat, mais également des comités d'enquête, des comités permanents de la Chambre des communes, et ainsi de suite — plus les gens connaissent ces outils ou peuvent y avoir accès, plus ils s'y intéressent. Ils peuvent écouter quelque chose sur CPAC, dans le domaine de la santé, par exemple, qui les incitera à aller sur Internet pour obtenir plus d'information et peut-être même de soulever la question de manière à accélérer les choses au Sénat.
En ce XXIe siècle, la combinaison de la télévision et d'Internet, qui évolue encore, sera probablement la voie à suivre et l'intérêt sera beaucoup plus porté vers les délibérations de comités que vers les travaux du Sénat. Toutefois, comme je l'ai dit plus tôt, c'est au Sénat qu'il revient de prendre cette décision.
Mme Watson : J'en conviens. Dans le mémoire, je suggère que vous demandiez conseil à la Chambre, parce que les membres souhaiteraient vraiment ne pas devoir composer avec les questions de procédure et avoir plus de flexibilité en ce qui a trait aux comités.
Le président : Avant que le sénateur Fox ne prenne la parole, j'aimerais poser l'une des questions qui me viennent à l'esprit. Le CPAC peut-il diffuser davantage de travaux du Sénat, particulièrement aux heures d'écoute de pointe, ou s'il n'a que certaines tranches de temps de disponible?
M. Stein : Nous avons eu de nombreuses discussions à ce sujet.
Le président : J'imagine.
Mme Watson : Sénateur, nous aimerions insister sur le fait que c'est un réseau privé, créé par un groupe de personnes qui ont accumulé une certaine expertise dans le domaine de la programmation et de la création de chaînes de programmation. Les cotes d'écoute ne font pas foi de tout, mais nous constatons que lorsque la Chambre ne siège pas et que nous diffusions des émissions sur les affaires publiques, la politique, les congrès à la direction des partis, les discours sur le podium, les discours de l'Empire Club, les commissions d'enquête, celles-ci triplent, par rapport aux cotes d'écoute pour les séances en Chambre ou en comité.
C'est une simple observation; lorsque nous avons la flexibilité de programmer ce que nous considérons comme pertinent pour une couverture complète des trois P, c'est-à-dire, les affaires parlementaires, publiques et politiques — c'est tout ce que nous diffusons sur CPAC, c'est ce que nous faisons, c'est notre travail quotidien — nous sommes mieux en mesure d'évaluer ce que les Canadiens sont intéressés à voir.
Si des restrictions additionnelles sont imposées à ce réseau privé par l'une des Chambres du Parlement sur les heures d'écoute de pointe, cela signifie que la programmation que nous créons devra être mise de côté. Nos propriétaires se demanderont alors pourquoi on nous impose ces restrictions; que peut-on faire? Nous avons l'impression que la chaîne perdra de la valeur en bout de ligne.
Le contrat vient à terme dans un an et il y a encore possibilité de discuter de la manière dont ces choses seront distribuées et où elles seront placées. Pour le moment, je crains que si nous déplaçons notre programmation aux heures d'écoute de pointe au profit des délibérations du Sénat, cela aurait des répercussions négatives sur les cotes d'écoute.
Le président : Merci. C'est une opinion très franche et je l'apprécie.
Le sénateur Fox : Premièrement, j'aimerais féliciter le CPAC de son travail. Il contribue véritablement à la démocratie canadienne. La programmation, pas nécessairement celle sur le Sénat, mais en général, s'est considérablement améliorée avec les années. Bon nombre d'entre nous avons participé à des émissions comme Revue politique, avec Pierre Donais, et cette chaîne a maintenant une programmation d'excellente qualité. Et toutes mes félicitations à l'industrie du câble qui finance en bonne partie ce service qui, j'en suis certain, n'est pas rentable.
Cela dit, nous avons cette motion du sénateur Ségal recommandant que les délibérations de la Chambre haute soient télévisées ou enregistrées sur bande vidéo, à l'instar de celles de la Chambre basse. Pour ce qui est de leur retransmission intégrale, je serai le premier à dire que ce ne serait pas approprié. Je ne vois pas pourquoi nous couvririons les délibérations du Sénat intégralement. Je ne crois pas que ce soit l'orientation que nous devons donner à la programmation. De toute façon, la motion doit être lue dans le contexte du contrat avec CPAC qui, actuellement, compte 20 heures par semaine.
À mon avis, les travaux qui intéressent le plus les Canadiens actuellement, étant donné qu'ils ont déjà accès à un grand nombre de nos audiences en comité, c'est la période des questions. Comme vous le savez, cette période des questions est d'une durée de 30 minutes. Je pense que ce qui pourrait susciter l'intérêt des Canadiens, la partie la plus intéressante des travaux du Sénat qui n'est pas diffusée en ce moment, serait la période des questions. Je me demande si CPAC pourrait — sans préjuger des recommandations que fera le comité éventuellement — diffuser la période de question au cours de la prochaine année, par exemple, sur la base d'un projet pilote, et si cette période des question pourrait être intégrée aux 20 heures de programmation qui ont été convenues avec le Sénat.
Mme Watson : Notre entente avec la Chambre des communes exige que nous rediffusions la période des questions à la fin de la journée parlementaire. Nous la diffusons normalement à 21 h. Comme vous le savez, celle-ci dure 45 minutes. Vu que nous travaillons dans milieu télévisuel, nous incluons des déclarations des députés durant les 15 premières minutes pour arrondir le temps d'émission à une heure. Nous pourrions offrir au Sénat de faire une émission d'une heure et quart et combiner les 30 minutes des délibérations du Sénat aux 45 minutes de délibérations de la Chambre des communes et diffuser cette émission à 21 h, trois jours par semaine. Celle-ci n'empiéterait pas sur les 20 heures consacrées aux travaux des comités. Elles s'ajouteraient à cela, d'après moi. Cela pourrait être une solution.
Ce qui ne serait toujours pas résolu, si nous options pour cette possibilité, c'est la question de la télédiffusion de la période des questions.
Le sénateur Fox : Que voulez-vous dire?
Mme Watson : Que la Chambre n'a pas l'équipement nécessaire pour télédiffuser ces délibérations en ce moment.
Le sénateur Fox : C'est en somme l'aspect de la question qui m'intéresse, à savoir comment faire pour couvrir cette période des question, et ce qu'il en coûterait au Sénat. Et je pense bien que les personnes ici présentes ne sont pas en mesure de l'attester.
Mme Watson : Je ne suis pas une spécialiste en matière de protection du patrimoine, ce qui vous coûterait le plus cher, à mon avis, c'est à dire conserver l'intégrité des travaux de la Chambre.
Le président : C'est une question que nous devrons aborder.
Le sénateur Keon : Sénateur Fox vient de m'enlever les mots de la bouche. Je m'apprêtais à vous demander s'il ne serait pas possible de coupler la période des questions du Sénat à la période des questions de la Chambre. Je vais donc passer à un autre point.
À propos des comités, je crois personnellement que les comités spéciaux sont les plus intéressants. Les comités permanents peuvent parfois être laborieux, pas très intéressants, et ainsi de suite. Certains comités spéciaux sont assurément extrêmement intéressants. Les rapports de ces comités sont parfois remarquables. Y aurait-il possibilité de travailler avec vous afin de donner plus de visibilité à ces comités et moins aux affaires courantes des comités permanents qui sont moins intéressantes?
Mme Watson : Rien ne me ferait plus plaisir que de voir le Sénat faire la programmation de ces 20 heures. Celles-ci vous appartiennent, alors si vous croyez que tel comité est préférable à un autre, nous nous conformerons avec plaisir à vos recommandations. Nous prenons ce que vous nous donnez et nous le diffusons.
M. Lind : Je suis certain que Mme Watson serait d'accord et je suis convaincu également que vous ne lui confieriez probablement pas cette responsabilité, mais si Mme Watson le faisait, vous arriveriez probablement en bout de ligne à de meilleurs résultats. Vous auriez de meilleures cotes d'écoute parce qu'elle choisirait ce que vous avez de meilleur. Je pense que tout le monde ici en viendrait aux mêmes conclusions, mais lorsqu'une formule est déjà adoptée, ce n'est pas comme porter un jugement, semaine après semaine, sur ce qui est intéressant et ce qui l'est moins.
Mme Watson : Il faudrait que les greffiers de tous les comités discutent entre eux des audiences télévisées et qu'ils choisissent celles qui nous seront envoyées.
Le président : Nous connaissons l'expérience, l'expertise et le professionnalisme de Mme Watson. Nous pourrions donc la consulter et bénéficier de l'aide qu'elle pourrait nous apporter, mais notre rôle n'a rien à voir avec les cotes d'écoute; il consiste plutôt à informer et à sensibiliser la population. Nous devons parfois renoncer aux cotes d'écoute au profit du message qui intéresse ou devrait intéresser davantage le public.
Je suggère donc que nous consultions Mme Watson et d'autres personnes pour cela.
Le sénateur Andreychuk : J'aimerais revenir aux commentaires qui ont été exprimés à propos de ce que nous avons de plus intéressant. Comment pouvons-nous en juger? Vous venez de me faire réaliser notamment un problème : nous n'avons peut-être pas la maîtrise de la programmation ou nous ne comprenons peut-être pas. Je suis présidente de différents comités et membre de six autres. Nous commençons les séances lorsqu'il y a quorum et parfois nous ne parvenons pas à en former un. Nous permettons parfois aux témoins de prendre plus de temps qu'il ne leur est alloué, et ainsi de suite. Nous essayons de gérer les questions et de respecter notre mandat du mieux que nous pouvons, plutôt que d'essayer de répondre aux attentes des téléspectateurs. Ce serait bien si, de temps en temps, les greffiers des comités, les présidents et les vice-présidents étaient informés des contraintes avec lesquelles nous devons composer pour offrir un produit intéressant au téléspectateur. Cela ne nous enlève aucunement notre pouvoir discrétionnaire sur ce que nous montrons et ce que nous faisons.
Je ne suis pas d'accord avec le sénateur Keon qui dit que les comités spéciaux sont ce qu'il y a de plus important. L'étude des projets de lois est parfois le travail le plus important d'un comité, parce qu'il peut être télévisé. Il peut y avoir controverse à propos d'un projet de loi, d'une loi que le gouvernement propose d'introduire. Cela donne de la visibilité aux parties; chacune donne son point de vue. Nous sommes fiers au Sénat de nos travaux en comité qui sont étudiés en profondeur; et nous avons une mémoire à long terme, collective, et ainsi de suite. Nous examinons les lois plus dans le détail. Nous avons souvent des groupes qui ont mal compris ou qui n'étaient pas au courant ou qui ne sont pas arrivés à temps de l'autre côté, ce qui fait que les débats sont parfois plus fructueux de notre côté.
J'ai été assez longtemps membre d'un comité où l'on invitait des témoins et certaines des audiences étaient télédiffusées sur CPAC. Les gens me posaient des questions sur le point de vue des autres parties et je leurs disais que ces questions allaient être soumises au comité la semaine suivante, mais que les délibérations ne seraient peut-être pas télévisées. Il faut essayer de trouver le juste milieu. Nous devons nous préparer et respecter davantage les convenances, lorsque nos comités sont télévisés.
J'aimerais revenir sur l'idée de coupler la période des question de la Chambre des communes à notre période de question. Nous avons été désignés et ils ont été élus. Si nous les regroupons, le public ne finirait-il pas par nous confondre et ne plus faire la différence entre les deux Chambres?
M. Stein : C'est difficile à juger maintenant, parce que les délibérations ne sont pas télévisées. Ce que nous savons, c'est que lorsqu'elles sont télévisées, des changements se produisent d'eux-mêmes. Les délibérations ne seront plus les mêmes, simplement du fait qu'elles seront télévisées. Mais ces changements sont généralement avantageux, parce que vous ne parlez plus seulement aux autres sénateurs, mais à la population. C'est quelque chose qui évolue aussi. C'est certainement la partie la plus intéressante des débats en Chambre pour les Canadiens et je suis convaincu qu'elle le sera également du point de vue du Sénat.
Le sénateur Andreychuk : L'un des points que font valoir les membres de la Chambre est qu'ils ont beaucoup de restrictions au niveau du temps alloué, des séquences de 15 secondes, alors que nous avons la chance de pouvoir aborder les questions plus en profondeur. Je pense qu'il nous faudrait composer avec la caméra pour faire passer notre message. Il y aurait plus de compétition pour obtenir du temps de parole sur cette demi-heure, alors inévitablement, il nous faudrait le réduire, afin que chacun puisse parler à son tour. Ce serait un problème de gestion et d'image.
M. Stein : Je peux faire un commentaire en tant que « junkie » de la politique et en tant que téléspectateur. Les choses évolueraient, mais les sénateurs voudraient se distinguer de la Chambre basse, alors vous finiriez par adapter votre période de question. Il vous faudrait évoluer avec cela, comme la Chambre a dû le faire. Vous en arriveriez peut- être à des résultats différents. Vous voudriez peut-être allouer plus de temps aux réponses et éviter les échanges entre les membres, ainsi que cela se fait en Chambre. Les choses pourraient évoluer différemment.
Le président : Il serait peut-être utile que les parties puissent exercer un contrôle sur le temps alloué et, bien sûr, il y a des moyens de contrôle sur lesquels la Chambre elle-même insiste beaucoup. Le Sénat fonctionne un peu différemment, mais c'est une formule que nous pourrions envisager.
Le sénateur Cordy : J'aimerais dire un mot au sujet de la flexibilité. Le sénateur Fox a dit que la couverture intégrale peut ne pas susciter beaucoup d'intérêt chez les téléspectateurs qui, télécommande en main, peuvent changer rapidement de chaîne. Vous avez des contrats maintenant avec la Chambre et je me demande s'il serait possible de conclure un contrat qui permettrait une certaine flexibilité, comme par exemple, des périodes des questions adaptées à nos besoins et des comités particuliers qui répondraient à nos attentes. Toutefois, il y a parfois des débats extrêmement intéressants au Sénat sur des questions qui captent l'intérêt du public, mais ces débats n'obtiennent pas nécessairement la publicité qu'ils devraient avoir. La télédiffusion des débats pourrait combler cette lacune. Une fois le contrat signé, serait-il difficile d'intégrer des mécanismes d'assouplissement et de demander à CPAC de couvrir les débats qui traitent de questions bien précises?
Mme Watson : Il en est ainsi maintenant. Notre contrat avec le Sénat est tout à fait flexible; il vient du Sénat. Nous télédiffusons ce que vous nous envoyez. Si vous nous envoyez des débats, nous les télédiffuserons. Si vous nous envoyez les périodes des questions, nous les télédiffuserons aussi. C'est comme cela. Nous vous recommandons de ne pas vous contraindre à une télédiffusion intégrale qui vous limiterait, comme une camisole de force, à ce que la Chambre présente, alors que vous avez beaucoup de flexibilité en ce moment.
Le sénateur Cordy : Nous n'avons pas de caméras en Chambre actuellement.
Mme Watson : C'est une contrainte technique, mais elle ne figure pas dans le contrat.
Le président : Je pense que l'auditoire, dans une large mesure, recherche le divertissement. Je ne suis pas certain de cela, mais c'est mon impression. Notre mandat n'est évidemment pas de divertir les Canadiens, mais bien de les informer, de les sensibiliser, et ainsi de suite. N'avez-vous pas remarqué que vous obtenez un plus vaste auditoire, lorsque les délibérations de la Chambre ont un caractère plus divertissant qu'éducatif?
Mme Watson : Il y a deux façons de voir les choses. Les téléspectateurs écoutent la télévision pour se divertir et s'informer. Les chaînes de nouvelles obtiennent un vaste auditoire à la recherche d'information et non de divertissement, et il y a les chaînes de divertissement. Les téléspectateurs choisissent telle ou telle chaîne en fonction de ces critères. Nous appartenons à la catégorie des chaînes d'information.
Lorsque nous télédiffusons des documentaires — pas souvent parce qu'ils sont coûteux à produire — les téléspectateurs l'apprécient énormément. Nous recevons des commentaires par courrier, par courriel, par téléphone. Notre série Les premiers ministres, par exemple, obtient un très vaste auditoire. Les téléspectateurs considèrent cette émission à la fois instructive et divertissante.
S'il y a un vote, les gens suivent cela. S'il y a une campagne électorale, notre auditoire triple, parce que les téléspectateurs veulent de l'information. Si une guerre éclate, le téléspectateur recherche les nouvelles et laisse les films de côté pendant un certain temps. Cela dépend. Les téléspectateurs recherchent deux types de produits et le produit que nous offrons, c'est de l'information. Certaines informations ont plus d'attrait que d'autres, mais nous répondons à un besoin.
[Français]
Le sénateur Robichaud : Vous dites que vous télédiffusez seulement ce que le Sénat vous fait parvenir et actuellement, il s'agit principalement de séances de comité. Vous dites également qu'il manque d'information parce que quand les gens voguent sur les ondes avec leur télécommande, lorsqu'ils tombent sur une séance de comité, ils ne savent pas de quoi on parle. Si on incluait plus d'information, cela pourrait retenir ceux qui passent continuellement d'un canal à l'autre. N'est-ce pas?
Mme Watson : Oui, exactement.
Le sénateur Robichaud : Mais est-ce que ce serait la responsabilité du Sénat?
Mme Watson : Oui. Nous avons suggéré la même chose à la Chambre des communes parce qu'il fallait ajouter de l'information à l'écran pour retenir et informer les téléspectateurs. Il y a toutefois une réticence à offrir des commentaires textuels à l'écran, faute d'équipement de pointe.
On pourrait peut-être travailler ensemble parce que de notre côté, nous faisons l'ajout d'information textuelle à l'occasion de colloques ou de commissions d'enquête. Puisque c'est un bouleau supplémentaire pour nous, il faudrait peut-être en discuter au préalable.
Le sénateur Robichaud : Il reste encore un an à l'entente?
Mme Watson : Moins d'un an.
Le sénateur Robichaud : D'ici la fin de l'entente, vous serait-il possible de fournir cette information visuelle? On pourrait déterminer de quelle façon cela pourrait améliorer la présentation du message à diffuser sur les ondes.
Mme Watson : Oui, certainement, mais nous avons besoin de la coopération des greffiers de chaque comité.
Le sénateur Robichaud : Seriez-vous prêts à en discuter?
Mme Watson : Oui, certainement.
[Traduction]
Le président : Nous avons Barry Kiefl, un expert qui nous apporte de l'aide au Sénat et à qui pourrait nous pourrions demander conseil également. Je pense que cela pourrait être utile. Mais j'aimerais d'abord vous demander si le public vous fait des commentaires sur les débats des comités sénatoriaux que vous télédiffusez pour nous?
Mme Watson : Non, nous ne recevons pas de commentaires.
Le président : Il n'y a pas de téléspectateurs?
Mme Watson : Non, il y en a, mais ils n'appellent pas pour nous en parler.
M. Lind : Un point important, un excellent point a été soulevé. Lorsque les gens vont sur CPAC et que des délibérations du Sénat sont télédiffusées, ils ne savent pas que ce sont des délibérations du Sénat. Il faudrait indiquer dans un texte en retrait qu'il s'agit d'une séance du Sénat, préciser le comité et le sujet de la séance. Il faut donner ces indications, sinon, ils passeront à une autre chaîne. C'est essentiel, si nous voulons que les gens comprennent ce que nous faisons. Ce sont des téléspectateurs qui m'ont dit cela. Ils disent qu'il faut de 10 à 15 minutes pour entrer dans le sujet, parce qu'ils ne savent pas ce qui se passe. C'est frustrant pour nous, en tant que distributeurs, parce qu'ils pensent que nous sommes responsables de la programmation et ils nous demandent pourquoi nous agissons si stupidement.
Le sénateur Robichaud : Vous dites que ce sont les gens de l'autre Chambre qui sont stupides.
Le président : Nous en partageons tous le blâme, comme d'habitude.
M. Stein : J'ajouterai quelque chose à cela. Nous avons acquis de l'expérience avec nos services, comme Shaw Television, dans l'Ouest. Nous essayons depuis de nombreuses années de faire en sorte que les chaînes communautaires répondent aux besoins des collectivités que nous desservons; nous tâchons qu'elles soient plus pertinentes, plus intéressantes et plus instructives. Nous offrons maintenant un nouveau format technique. Vous avez probablement vu que Pulse 24 diffuse de l'information au bas de l'écran. Les chaînes spécialisées dans les sports font la même chose pour situer les gens dans le contexte.
Ce qui importe le plus, c'est que la soif d'information des gens pour les affaires publiques est très élevée. Il y a une forte demande pour des informations sur les enjeux publics qui ne soient pas ennuyeuses, qui soient non seulement divertissantes, mais également instructives. Shaw Television nous a fait réaliser cela. Si nous mettons davantage l'accent sur des événements locaux, les gens trouvent cela fantastique, parce qu'ils comprennent ce qui se passe. Ils obtiennent des informations objectives. Ce ne sont pas des nouvelles censurées. Elles leurs sont présentées telles qu'elles. C'est intéressant.
L'un des présidents d'un comité permanent de la Chambre a dit que CPAC fait un travail fantastique, non seulement parce qu'il offre une tribune pour et dans la Chambre, mais également parce qu'il permet aux parlementaires d'avoir des discussions plus objectives avec les membres de tous les partis et d'apparaître sur CPAC aux heures d'écoute de pointe. C'est la combinaison de ces éléments qui est importante.
Nous venons tout juste de commencer avec les comités du Sénat et il serait important que vous observiez les suggestions visant l'examen des diverses technologies, des outils de formatage, des moyens de contrôle des comités, des possibilités qu'offre Internet pour obtenir des informations qui aident à mieux comprendre ce qui se passe. Ce serait plus intéressant pour les téléspectateurs, sans compter que nous en bénéficierions et que nos cotes d'écoute grimperaient. Vous en tireriez profit parce que les gens sauraient exactement ce que vous faites.
Le président : Avant de passer à M. Barry Kiefl, nous entendrons quelques commentaires additionnels de M. Blair Armitage.
Blair Armitage, greffier du comité : L'une de mes fonctions consiste à diriger la télédiffusion des délibérations des comités du Sénat et j'ai eu la chance de discuter avec Mme Watson au cours des dernières années. Nous avons échangé sur quelques-unes de ces questions déjà. Nous avons mis en place un processus avec les greffiers des comités et notre bureau, afin qu'ils puissent commencer à nous donner un peu d'information. Nous avons mis en place les outils nécessaires à cette fin l'été dernier seulement.
Comme vous pouvez le constater, en tant que service non partisan, nous devons veiller à ce que l'information portée à l'écran ne penche ni d'un côté ni de l'autre. Nous avons travaillé avec les greffiers des comités et la Direction des communications afin de situer le téléspectateur en contexte, sans favoriser une partie plutôt qu'une autre par inadvertance. Le processus est un peu lent, mais les greffiers s'efforcent d'établir un juste équilibre à cet égard, avec leurs comités respectifs.
Pendant les audiences sur le projet de loi C-2, les membres du comité qui travaillaient sur cette question en étaient très conscients. Ils se sont efforcés de fournir un contexte avec le témoin et la partie du projet de loi qui était à l'étude. Cela demande beaucoup de travail. Comme vous le savez, les séances des comités ont parfois lieu à la dernière minute et c'est souvent difficile d'obtenir toute l'information nécessaire sur un témoin ou une organisation, sans compter que ce n'est peut-être pas la seule chose qui nous préoccupe.
Nous sommes certainement conscients de cela et nous fournissons les outils nécessaires aux comités. Ils sont en trait de créer un climat de confiance avec les comités qui sera bénéfique pour toutes les parties concernées.
Le sénateur Andreychuk : Les présidents et les vice-présidents doivent se réunir afin qu'ils sachent comment réagir face à la télédiffusion des travaux. En ce qui me concerne, je ne fais plus de commentaires sur les motifs justifiant la présence des témoins, afin de consacrer plus de temps aux témoignages. Je sais que certains comités donnent trop d'information sur les témoins — sur leur lieu de naissance, où ils ont grandi, et ainsi de suite. Personnellement, je m'en tiens à « Monsieur untel, vous avez la parole ». Je peux comprendre qu'on veuille en dire plus, mais il ne faut pas donner tout le CV des témoins. Nous devons obtenir un peu de formation à cet égard et en discuter.
M. Armitage : Nous travaillons justement sur cette question avec le Comité de la régie interne. Lorsque nous aurons obtenu leur approbation, nous en ferons part aux présidents, aux sénateurs, et cetera.
Mme Watson : Cette information n'est pas nécessaire, dans la mesure où elle est écrite. Par exemple, pour identifier M. Jones, nous pouvons dire qu'il a écrit un livre, qu'il a étudié à tel ou tel endroit et qu'il est professeur titulaire. Cette information peut tenir en trois lignes et il en va de même pour tous les témoins. Pour ce qui est du Sénat, vous pouvez identifier l'intervenant, indiquer son titre et le comité, mais il n'est pas nécessaire d'indiquer pourquoi il se réunit et le sujet à l'étude.
Le président : Merci de ces commentaires additionnels. Comme M. Kiefl est ici, je pense que nous pourrions tirer profit de ses connaissances et de sa sagesse.
Barry Kiefl, président, Canadian Media Research Inc. : Le travail que je fais pour CPAC et pour le Sénat consiste à analyser les données qui proviennent de Nielsen Media Research, une société de sondage très connue. Elle a ses bureaux au Canada et elle est associée à une autre organisation dont certains parmi vous ont peut-être entendu parler, le Broadcast Bureau Measurement, BBM. Les deux sociétés ont fusionné récemment pour offrir des services de sondage à tous les diffuseurs canadiens, anglais et français, les télédiffuseurs en direct, les chaînes et les services spécialisés, comme CPAC. Le service auquel CPAC est abonné est le même service auquel sont abonnés la SRC, CBC ou CTV et le processus est le même et l'auditoire ciblé est identique. Il s'agit d'un auditoire d'environ 3 500 foyers au Canada ou de 6 000 personnes. Au Canada, l'auditoire ciblé est composé d'un nombre de personnes comparable à celui que cible la maison de sondage Gallup, par exemple. Ainsi, la taille de l'échantillonnage permet de sonder de petits groupes intéressés par des chaînes comme CPAC.
L'auditoire ciblé ou l'échantillonnage est celui qu'utilisent la plupart des diffuseurs pour évaluer le nombre de personnes qui écoutent leurs émissions. Si la SRC veut savoir combien de téléspectateurs écoutent les nouvelles nationales ou si CTV veut savoir quelle est la cote d'écoute de ses nouvelles en soirée, BBM générera l'information sur ces émissions à partir du titre de l'émission.
CPAC offre une programmation très variée, et ses contraintes se situent au niveau de la durée de chaque émission plutôt qu'au niveau de la programmation. Cela revient au même, si ce n'est que les émissions n'ont pas de titre. La chaîne fait état de la durée des émissions, par exemple, le samedi soir, de 7 h à 11 h, heures de télédiffusion des audiences des comités sénatoriaux, plutôt que de présenter les titres des émissions. L'échantillonnage de l'auditoire — 3 500 foyers ou 6 000 personnes — est effectué dans tout le pays, proportionnellement de la population. C'est vraiment un échantillonnage aléatoire des ménages canadiens. La société Nielsen essaie d'évaluer rigoureusement l'auditoire. Elle envoie un technicien dans les 3 500 foyers et connecte tous les téléviseurs, lecteurs DVD ou VCR, bref, tous les appareils pouvant éventuellement capter un programme de télévision. Lorsque je parle de « connexion », cela inclut tous les programmes de télévision pouvant être écoutés à partir d'un ordinateur personnel. Il peut s'agir d'un ordinateur personnel se trouvant dans le placard d'un appartement ou d'un ordinateur dans le sous-sol d'une résidence unifamiliale. Tous les jours, entre 3 h et 4 h du matin, l'ordinateur personnel de l'un des domiciles ciblés est connecté à un ordinateur de la société Nielsen, à l'extérieur de Toronto, et les données sont téléchargées à la seconde près. Peu importe les chaînes de télévision écoutées dans les dernières 24 heures, l'information est téléchargée dans l'ordinateur de la société. Le lendemain matin, les grands diffuseurs comme la SRC ou TVA sauront dès le lendemain le nombre de personnes à l'écoute de leurs émissions la veille. Les plus petits diffuseurs comme CPAC doivent attendre de sept à dix jours avant d'obtenir l'information sur ces 3 500 foyers, mais c'est un système d'évaluation électronique à la fine pointe de la technologie. C'est comparable à ce qui se fait aux États-Unis ou dans tous les grands pays du monde.
Le président : Qu'en est-il de la télédiffusion des débats de la Chambre des communes et du Sénat? Avez-vous des statistiques à ce sujet?
M. Kiefl : Je produis des rapports à M. Armitage à ce sujet depuis trois ans. Je pense avoir exprimé en maintes occasions ma surprise devant l'auditoire relativement nombreux pour les débats des comités du Sénat.
Le président : C'est grâce à la beauté des sénateurs, comme le sénateur Andreychuk et le sénateur Cordy. Quelle est votre définition d'un « assez vaste auditoire »? Avez-vous des chiffres?
M. Kiefl : La meilleure façon de déterminer ce nombre est d'évaluer le nombre de personnes qui assistent à une séance du Sénat en tant que spectateur et en tant que téléspectateur au cours d'une année. Vous avez probablement des chiffres là-dessus. D'après le système d'évaluation de la société Nielsen, l'auditoire a atteint près d'un million de Canadiens l'année dernière, alors que certaines audiences des comités sénatoriaux n'ont pas été télédiffusées, mais je peux vous donner le détail des données, si vous le voulez. J'imagine que les chiffres que vous avez à l'interne ne sont pas les mêmes, que le nombre de citoyens qui sont venus entendre les audiences du Sénat n'atteint pas le demi-million. L'auditoire télévisuel est beaucoup plus élevé comparativement à l'auditoire que vous avez en personne.
Le président : Je vous remercie.
Le sénateur Andreychuk : L'arrivée des technologies de la nouvelle vague fait en sorte que je reçois des commentaires presque instantanément, y compris de gens qui lisent le hansard, alors qu'il y a cinq ans, il leur aurait fallu attendre la version imprimée et ils ne s'en seraient sans doute pas donné la peine. Ils font des choses intéressantes. Lorsque vous avez organisé la réunion annuelle de l'Association des parlementaires de l'OTAN à la ville de Québec, le sénateur et moi-même avons participé à l'événement et j'ai reçu des courriels de gens qui nous faisaient des commentaires dans l'instant même sur ce que je disais. Cette nouvelle technologie n'a pas encore été complètement adaptée à cette Chambre.
Le président : Avez-vous d'autres questions à poser à M. Kiefl?
Le sénateur Robichaud : J'ai bien peur que je détraquerais l'ordinateur de la société Nielsen, parce que je navigue beaucoup et je ferais sauter ses connexions. Vous dites que c'est le meilleur système au monde.
M. Kiefl : C'est le système idéal pour évaluer un auditoire. J'ai été dans un certain nombre de pays et j'ai participé à de nombreux comités internationaux qui étudiaient des moyens d'évaluer le nombre de téléspectateurs. Celui-ci est considéré comme le meilleur au monde. Il répond à bien des besoins. Cela signifie par exemple qu'un publicitaire peut, dans le monde de la télévision commerciale, déterminer l'auditoire d'une publicité. Cela fait partie des possibilités de ce système.
M. Lind : J'aurais une question à poser à propos du nombre d'auditeurs. Lorsque vous naviguez, si vous cliquez sur une chaîne et que vous passez à une autre au bout d'une seconde, cette chaîne est enregistrée et le téléspectateur fait partie des 225 000 recensés. Vous ne pouvez vous considérer comme un téléspectateur une personne qui ne fait que passer.
Le président : Vous êtes recensé de toute façon, n'est-ce pas? J'ai une question que j'ai déjà eu l'occasion d'aborder avec Mme Watson. Avez-vous remarqué des changements importants dans le comportement des députés de la Chambre des communes, depuis que les délibérations sont télévisées? Pourriez-vous nous faire part de votre opinion à ce sujet?
Mme Watson : Je ne peux pas faire de commentaires sur la période antérieure à 1977.
Le président : Vous êtes trop jeune pour cela, je comprends.
Mme Watson : J'étais née, mais j'étais à l'école secondaire. Je suis désolée.
Le président : Ne le soyez pas, je vous en prie.
Mme Watson : Au cours des dernières années, nous avons remarqué une importante baisse de l'auditoire, plus particulièrement pour la période des questions, et nous nous sommes demandé pourquoi. Règle générale, notre auditoire est élevé, alors nous nous sommes demandé pourquoi l'auditoire baissait.
C'est peut-être lié au fait que les émissions Newsworld de CBC et Newsnet de CTV ont également transmis les périodes de question. Ces chaînes ont peut-être réussi à aller chercher une partie de notre auditoire parce qu'elles ont un peu mieux expliqué le contenu des émissions. Puis, les gens ont commencé à nous appeler et à nous envoyer des courriels.
J'aurais dû commencer par dire que 50 p. 100 des Canadiens pensent que CPAC est une chaîne financée par l'État et qui appartient à l'État. Nous avons fait des efforts concertés pour informer les Canadiens à ce sujet, et nous faisons des progrès en ce sens, mais bien des gens pensent encore que c'est une chaîne gouvernementale. Nous l'avons plus particulièrement remarqué durant la diffusion de la Commission Gomery.
Puis, en 2004, lorsque le gouvernement minoritaire était au bord du gouffre et que l'atmosphère à la Chambre des communes était très tendue, nous avons reçu des courriels, des messages par boîtes vocales et par la poste nous demandant de dire à ces gens d'arrêter de se disputer. Les téléspectateurs nous ont dit que s'ils voulaient voir des enfants se disputer, ils n'avaient qu'à rester à la maison. Lorsque les enfants se disputent, ils « déconnectent »... alors pourquoi se connecteraient-ils à cela? Quand finira-t-on par s'occuper de la gestion des affaires du pays, nous ont-ils demandé.
Les gens quittent lorsque les discussions deviennent trop acrimonieuses. Ils ne sont pas intéressés à regarder des « gens d'âge mûr » — ce sont leurs propres termes — se disputer. Ils veulent que les problèmes soient pris en main. Nous avons fait part de ces témoignages à la Chambre, au greffier de la Chambre des communes, au Cabinet du premier ministre, afin qu'ils sachent que les stratégies et les tactiques mises de l'avant durant la période des questions ont des répercussions négatives et ne permettent pas d'atteindre les objectifs escomptés.
Je crois que nous n'avons pas encore récupéré tout notre auditoire et que vous auriez avantage à ne pas vous lancer dans des diatribes partisanes. Je ne sais trop. Je peux vous dire, généralement parlant, que les Canadiens ne sont pas intéressés à regarder les parlementaires se disputer. Ils préfèrent les débats fructueux plutôt que des débats qui peuvent parfois être considérés comme des attaques personnelles.
Le président : C'est une remarque très encourageante, même si, à mon avis, c'est souvent lorsque nous nous disputons et que nous chahutons et non lorsque nous exposons des arguments raisonnés que les médias parlent de nous. Je vais m'en tenir à cela.
Quelqu'un aimerait-il faire d'autres commentaires? Il nous reste encore quelques minutes.
M. Stein : À ce propos, lorsque les gens apprennent que je suis président de CPAC, ils me demandent souvent pourquoi je ne prie pas aux parlementaires de mieux se comporter?
Si je leur demande ce qu'ils aimeraient voir sur CPAC, ils me rappellent telle commission d'enquête ou telle audience sur la santé ou sur les services du renseignement de sécurité; voilà ce que les gens veulent.
Nous réagissons à ce que nous voyons aux nouvelles sur les batailles et sur l'acrimonie, parce que c`est ce sur quoi portent les nouvelles, mais les gens ont vraiment soif d'information. Ils la trouvent sur Internet. C'est là qu'ils obtiennent l'information; les efforts fournis en ce sens par Wikipedia, notamment, sont très éloquents.
Si nous retouchions les travaux des comités et si nous profitions de la technologie pour informer les gens de manière réfléchie, nous aurions de bien meilleurs cotes d'écoute et de bien meilleures réactions du public.
Le président : Je vais donner la parole au sénateur Robichaud pour la dernière question.
Le sénateur Robichaud : M. Stein a souligné que, lorsqu'une personne s'engage dans une dispute à la Chambre des communes, c'est qu'elle veut passer aux nouvelles nationales de la SRC ou de CTV. Je me souviens des séquences de 20 secondes pour avoir été à la Chambre des communes; il nous fallait cette séquence et nous regardions si nous avions réussi. Le lendemain, nous misions là-dessus.
Je reconnais que l'auditoire de CPAC est probablement différent de celui de Newsworld ou d'autres chaînes qui diffusent les nouvelles.
M. Kiefl : J'aimerais revenir sur ce qu'a dit M. Lind à propos du nombre d'auditeurs à CPAC. Le nombre total d'auditeurs pour les travaux du Sénat l'an dernier était d'un peu moins d'un demi-million de personnes, alors qu'il atteignait les 750 000 personnes il y a trois ans. En d'autres mots, le nombre a chuté au cours des trois dernières années; or, il y naturellement de la place pour l'amélioration afin que nous récupérions ces auditeurs que nous avons perdus.
Le président : Si nos invités n'ont pas d'autres commentaires, nous ajournerons la séance jusqu'à nouvelle convocation de la présidence. J'aimerais remercier nos invités d'avoir pris de temps de se joindre à nous. Nous vous reverrons sans doute, du moins je l'espère, avant la fin de ce débat.
La séance est levée.