Délibérations du Comité
sénatorial spécial sur le
Vieillissement
Fascicule 7 - Témoignages du 9 mai 2008 - séance du matin
WELLAND, Ontario, le vendredi 9 mai 2008
Le Comité sénatorial spécial sur le vieillissement se réunit aujourd'hui, à 9 h 5, pour examiner, en vue d'en faire rapport, les incidences du vieillissement de la société canadienne.
Le sénateur Sharon Carstairs (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Bonjour, nous sommes très heureux d'être ici, à Welland, en Ontario. Le comité se penche en ce moment sur les incidences du vieillissement, notamment du vieillissement de la société canadienne.
Il s'agit évidemment d'un vaste ensemble de questions complexes, et c'est la première étape d'un voyage que nous faisons d'un bout à l'autre du Canada. Nous avons décidé de commencer par le sud de l'Ontario, et plus précisément par la région dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, parce qu'on nous a dit qu'il y a ici beaucoup de gens qu'on considère comme étant des aînés.
Nous accueillons ce matin Mme Carol Rudel et M. Dominic Ventresca, respectivement gestionnaire des programmes communautaires aux aînés et directeur des Services aux aînés des Services communautaires de la municipalité régionale de Niagara. Nous accueillons également M. Tom Peirce, directeur principal de la planification stratégique et de l'intégration du Centre d'accès aux soins communautaires de Hamilton Niagara Haldimand Brant, ainsi que Mme Wendy Robb, directrice du système des soins médicaux, site de Port Colborne, du Système de santé de Niagara.
Nous recevons aussi Mmes Maureen Etkin et Gail MacKenzie-High, respectivement conseillère de la région du centre-ouest et coordonnatrice du Respite Companion Program du Réseau ontarien pour la prévention des mauvais traitements envers les personnes âgées.
Bienvenue à tous. Je remarque que Mme Robb n'est pas ici, mais M. Ventresca va présenter le premier exposé.
Dominic Ventresca, directeur, Services aux aînés, Services communautaires de la municipalité régionale de Niagara : Carol Rudel, gestionnaire des programmes communautaires destinés aux aînés, qui m'accompagne aujourd'hui, et moi avons lu avec grand intérêt le deuxième rapport intérimaire du comité sénatorial. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de vous présenter aujourd'hui des exemples de problèmes qu'il est urgent de régler dans notre région, afin d'appuyer certaines des options proposées par le comité et de lui suggérer respectueusement certains points supplémentaires à étudier.
Notre point de vue est fondé sur notre engagement professionnel, si je puis dire, puisque, à nous deux, nous travaillons depuis 57 ans dans la région et au sein de l'organisme Senior Services de la région de Niagara, qui est un service de la municipalité chargé de s'occuper de 420 000 citoyens de 12 municipalités de la région de Niagara. Comme la présidente l'a dit, il y a beaucoup de personnes âgées dans la région, environ 18 p. 100 de la population, ce qui est plus que la moyenne provinciale et la moyenne nationale, ce qui classe la région métropolitaine de recensement de Niagara parmi celles où l'on trouve le plus grand nombre de personnes âgées au Canada.
Je vais vous expliquer un peu ce que fait l'organisme Senior Services de la région de Niagara. La municipalité exploite huit foyers de soins de longue durée. Nous offrons des services à 957 résidants. Nous avons aussi un centre régional de soins de la démence, ce qui est en quelque sorte une chose unique en Ontario, et ce centre nous permet de répondre aux besoins de gens qui ont de graves troubles de démence et de ceux qui ont besoin de répit.
Nous offrons également des services à 400 ou 500 résidants de la collectivité dans le cadre de dix programmes de jour pour adultes. Nous offrons aussi des services à quelque 50 personnes dans les logements supervisés ainsi qu'à 2 500 autres personnes environ dans le cadre de programmes comme notre programme de relève au foyer, des services d'intervention et d'aide, ainsi que d'enseignement pour les aidants. Au total, nous avons environ 1 100 employés et plus de 900 bénévoles qui contribuent à répondre aux besoins de nos aînés dans le cadre de nos programmes.
Nous offrons un petit continuum de soins à l'échelle locale qui va des programmes communautaires aux programmes de soins de longue durée, et nous dépensons environ 54 millions de dollars par année pour ces soins.
Nous savons cependant que nous ne pouvons pas offrir tous les services nécessaires dans la région à nous seuls et nous avons formé un certain nombre de partenariats officiels et non officiels avec d'autres parties de la collectivité pour tenter d'avoir une approche intégrée des soins offerts aux personnes âgées.
Pour vous donner quelques exemples, deux de nos foyers de soins de longue durée sont rattachés à des hôpitaux de la région. Deux des foyers de soins de longue durée ont permis qu'un hospice communautaire soit construit sur leur site. Nous avons une équipe interdisciplinaire et multiorganismes d'admission, de traitement et de congé qui évalue les besoins des personnes atteintes de démence pour déterminer leur admissibilité au centre de traitement de la démence dont j'ai parlé tout à l'heure, ou encore d'autres soins, si ce centre n'est pas le bon choix pour ces personnes.
Soit dit en passant, cette équipe a été nommée ce soir candidate à un prix en gériatrie dans la région du centre-sud de l'Ontario.
La région de Niagara a de plus facilité la construction du centre de ressources familiales et communautaires de la Société Alzheimer sur l'emplacement de l'un des foyers de soins de longue durée.
Enfin, à titre d'exemple, nous siégeons au comité consultatif d'un programme unique qui a vu le jour ici, dans la région de Niagara, et qui s'intitule Home to Stay. Ce programme vise à fournir un soutien multiorganismes immédiat aux gens qui attendent au service des urgences des hôpitaux ou qui sont sur le point d'être admis dans un hôpital, ou encore peut-être pour prévenir leur admission dans un hôpital.
Je vais vous donner deux ou trois exemples du genre de collaboration auquel nous prenons part. Dans le but de promouvoir une meilleure intégration des soins de santé, nous participons tous deux à de nombreuses initiatives du Réseau local d'intégration des services de santé, par exemple, sur l'autre niveau de soins, le vieillissement à domicile et les stratégies connexes. Nous sommes également membres du réseau de gériatrie de Hamilton Niagara Haldimand Brant et d'un réseau de services de soins communautaires, et je siège au conseil d'administration de l'Ontario Association of Non-Profit Homes and Services for Seniors.
Je vous ai donné quelques éléments pour mettre notre point de vue en contexte, et j'espère aussi vous avoir donné des motifs, disons, pour accorder du crédit aux observations que nous allons formuler.
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, la région métropolitaine de recensement de Niagara se classe parmi celles où l'on trouve le plus grand nombre de personnes âgées au Canada, et nous sommes d'avis que cette région est un microcosme ou un laboratoire vivant où l'on peut prévoir la situation dans laquelle se trouvera le reste du Canada lorsque les baby-boomers atteindront l'âge de la retraite. On devrait examiner attentivement la situation dans la région de Niagara, parce que nous pouvons apprendre de ce qui se passe ici, et les solutions que nous trouverons pour la région pourront peut-être être utilisées ensuite comme pratiques exemplaires, ou, à tout le moins, comme prototype lorsqu'il s'agira de trouver des solutions pour l'ensemble du pays.
Nous allons vous parler brièvement des réactions au rapport provisoire, en commençant par vous donner un peu d'information sur la situation dans la région de Niagara en ce qui a trait au soutien à domicile, et nous allons aborder toutes les questions que vous avez soulevées par rapport à l'amélioration du logement et du transport.
Dans la région de Niagara, les listes d'attente des logements subventionnés sont longues, et les transports publics locaux sont quelque peu limités, parce qu'il y a des régions rurales entre les grandes municipalités. La région de Niagara offre également des services de transport public entre municipalités, mais ceux-ci sont limités dans leur phase initiale aux rendez-vous médicaux. En nous fondant sur le besoin urgent d'un plus grand nombre de logements abordables, nous appuyons l'option 51 proposée par le comité, soit d'accroître le parc de logements abordables d'un bout à l'autre du pays.
Comme l'indiquent les données de planification locale, la région de Niagara souffre d'un grave manque de logements supervisés abordables, en particulier dans les collectivités de la partie sud de la région. De nombreux observateurs informés considèrent ce manque comme l'une des principales raisons pour lesquelles la liste d'attente pour l'admission dans un foyer de soins de longue durée est excessivement longue dans la région. Il y a ordinairement 1 500 noms sur cette liste d'admission dans la région de Niagara, où il y a 32 foyers de soins de longue durée.
En outre, beaucoup estiment que le manque d'options de logements supervisés abordables dans la région est à l'origine du nombre excessivement élevé de malades hospitalisés qui attendent d'être placés dans des centres d'autres niveaux de soins. Ce manque est également considéré comme un des principaux facteurs qui expliquent le nombre excessivement élevé de retards que connaît le service d'ambulance de la région, et les patients ne peuvent être conduits dans les hôpitaux en raison de l'engorgement des services d'urgence.
Le manque de logements supervisés abordables contribue à un grand nombre des inefficacités du système de soins de santé et à la dépense inutile de centaines de milliers de dollars en vue de contourner les arriérés du système. Nous appuyons donc l'option 51 proposée par le comité, soit d'accroître le parc de logements supervisés abordables et les options connexes.
Deuxièmement, Carol Rudel et moi souhaitons affirmer que la disponibilité de services de transport abordables et accessibles est essentielle pour soutenir les aînés dans leur propre foyer. De nouveaux services de transport abordables et accessibles destinés à d'autres fins permettraient à beaucoup plus d'aînés de régler diverses questions liées au fait de vieillir à la maison, comme la vie active et le bien-être, la promotion de la santé et la prévention des maladies, ainsi que d'autres questions que vous avez abordées dans votre rapport.
En ce qui concerne les besoins en matière de soins de santé, nous insistons sur la nécessité de procéder à l'amélioration des voies d'accès aux services et de la convivialité du système.
Pour appuyer l'accent mis par le comité sur le besoin urgent d'intégrer les diverses options de soutien offertes aux aînés — la prestation du service nécessaire au moment opportun —, il faut insister davantage sur la question de l'autre niveau de soins, sur les longues listes d'attente des foyers de soins de longue durée et sur le soin des personnes qui ont des besoins comportementaux extraordinaires. Nous appuyons par conséquent les propositions 60, 64 et 68 du comité, qui ont trait à des programmes variés qui appuient ces initiatives.
En nous fondant sur l'expérience vécue dans la région de Niagara, où plus de 100 malades qui devraient être dans d'autres installations ou dans la collectivité occupent habituellement des lits d'hôpitaux, où, comme je l'ai mentionné, les noms de plus de 1 000 personnes figurent ordinairement sur les listes d'attente et où des centaines d'adultes âgés sont privés de services de psychiatrie gériatrique et de soutien comportemental spécialisés, nous suggérons respectueusement au comité d'examiner de plus près les options proposées en vue d'améliorer l'équilibre des choix de services dans un continuum de soins. Le mot clé, c'est « continuum » de soins optimisant la prestation rapide et opportune des soins. À cet égard, nous suggérons que l'on envisage un cadre national qui détermine les soins requis et les composantes des services en vue d'établir un continuum favorisant l'amélioration des voies d'accès aux services et de la convivialité du système.
Puisque nous reconnaissons le fait que le gouvernement fédéral joue un rôle limité dans la prestation de bon nombre de ces services, nous suggérons respectueusement que le gouvernement fédéral joue le rôle de facilitateur ou de courtier du savoir pour contribuer à l'élaboration de ces cadres de façon à permettre aux organisations qui ont la compétence nécessaire pour intervenir, comme les gouvernements provinciaux et territoriaux, d'utiliser ces cadres pour réaliser leur mandat.
Il faut des principes directeurs nationaux pour étayer un continuum de soins et de services gérés et financés par l'État afin de répondre de manière uniforme aux besoins de soins de santé des aînés de toutes les provinces et de tous les territoires, que les fournisseurs de soins aient un but lucratif ou non. L'élément clé, c'est qu'un continuum équilibré soit formé de certains éléments précis.
Ce cadre pourrait comporter les composantes requises dans un continuum, dont les facilitateurs d'autogestion optimale, le soutien personnel et les services professionnels fournis à domicile, le logement supervisé ou l'aide à la vie autonome, les services de soutien communautaire, les soins de longue durée, divers services hospitaliers et les soins en hospice. Ces exemples de composantes peuvent être mis de l'avant dans un continuum au sein duquel n'importe quelle collectivité peut fournir les services requis.
Le cadre pourrait également comporter les coûts par habitant fondés sur les courbes démographiques des différents endroits, de façon qu'il y ait des normes minimales axées sur des données et sur les pratiques exemplaires pour la détermination de ces coûts par habitant. Le cadre pourrait également comporter des pratiques suggérées pour la détermination de composantes comme les capacités fonctionnelles, l'abordabilité, l'accès, le choix des consommateurs et le soutien efficace.
Pour ce qui est du rôle de facilitateur ou de courtier du savoir du gouvernement fédéral, celui-ci peut faciliter le courtage du savoir en favorisant la recherche, en communiquant les pratiques exemplaires, en améliorant le processus d'éducation de la population, en recommandant des normes nationales de soins et de services dans le cadre d'un continuum équilibré et en recommandant l'intégration des pratiques en matière de soins assorties de mesures fondées sur des données probantes et sur des pratiques exemplaires.
Pour conclure, nous proposons qu'on étudie plus à fond les questions de l'accroissement du parc de logements supervisés abordables, de l'expansion des services de transport abordables et accessibles et du transport public entre municipalités, de l'amélioration de l'équilibre des choix de services et de leur prestation dans le cadre d'un continuum uniforme de soins et de services, y compris les soins offerts aux personnes atteintes de démence, ainsi que de la création du rôle de facilitateur national ou de courtier du savoir.
Nous remercions le comité de nous avoir offert l'occasion de lui faire part de ces réflexions, et nous serons heureux de vous fournir de plus amples renseignements pendant la période de questions.
Tom Peirce, directeur principal, Planification stratégique et intégration, Centre d'accès aux soins communautaires de Hamilton Niagara Haldimand Brant : Madame la présidente, honorables sénateurs, je remercie les membres du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement de m'avoir invité à leur faire part de mes observations sur le deuxième rapport intérimaire du comité.
Pour mettre rapidement les choses en contexte, l'organisme pour lequel je travaille, le Centre d'accès aux soins communautaires de Hamilton Niagara Haldimand Brant ou CASC HNHB, s'intéresse de près au bien-être des aînés. L'an dernier, notre organisation a offert des services à un citoyen âgé de 65 à 74 ans sur neuf, à un citoyen âgé de 75 à 84 ans sur quatre et à un citoyen de 85 ans et plus sur deux. Comme vous pouvez le constater, nous partageons votre intérêt et votre engagement en ce qui concerne les aînés.
Pour vous donner rapidement quelques renseignements généraux, les centres d'accès aux soins communautaires ont été créés en 1997, et il s'agit d'une combinaison de foyers pour personnes âgées et de programmes de placement. Nous fournissons de l'information à un vaste éventail de services sociaux et de soins de santé. Nous coordonnons la prestation de soins à domicile ou dans des établissements d'enseignement aux clients admissibles, ainsi que le placement dans tous les foyers de soins de longue durée et de soins infirmiers de la région de HNHB, qu'il s'agisse de foyers privés ou encore publics, comme ceux de la municipalité de Niagara.
Nous sommes le seul organisme de la région dont le territoire correspond exactement à celui du Réseau local d'intégration des services de santé. En 2007, on a modifié la structure des CASC de façon que les territoires correspondent.
Nos partenariats d'intégration couvrent l'ensemble du secteur de la santé, des organismes communautaires jusqu'aux 11 associations d'hôpital de la région, en passant par les médecins de famille et les organismes d'éducation et de services sociaux.
Une autre observation préliminaire que je veux faire, c'est que je vous félicite de la portée du point de vue que vous adoptez sur le bien-être en envisageant un ensemble de déterminants de la santé, notamment le revenu, l'éducation et le logement.
Je veux formuler mes observations dans le plus grand respect du travail effectué par le comité. Bon nombre de celles- ci ont trait aux questions liées à la santé. De façon générale, je donne le numéro de la recommandation en question lorsque je formule une observation. Si je dis quelque chose sur un autre élément du rapport, je donne le numéro de la section concernée.
Ma première observation a trait à la section 1.2, La définition des aînés. Selon moi, le classement des aînés en différentes catégories ne peut se limiter à un continuum à trois ou quatre étapes. Il s'agit plutôt d'une matrice complexe qui reflète les différences d'âge et les différences de bien-être.
Pour ce qui est de la section 2.1, Vieillissement actif et vie active, je veux mettre l'accent sur ce que vous avez écrit au sujet des transports. Il y a certaines parties de la région où nous nous trouvons en ce moment, c'est-à-dire la région de HNHB où des services de transport municipaux, des services de transport pour les personnes handicapées et même des services de transport de GO ou de VIA sont offerts. Dans d'autres parties de la région, il n'y a absolument aucun service de transport public, et cela pose problème.
Les recommandations 1, 2 et 4 portent sur le bénévolat, et, quoiqu'elles soient louables, ces recommandations pourraient être difficiles à appliquer ou pourraient donner lieu à l'instauration d'un processus bureaucratique si ce genre de mesures prend la forme de crédits d'impôt.
La recommandation 6 porte sur les crédits d'impôt et sur l'idée d'élargir la définition des cours admissibles. Puisque l'affirmation qui est faite au préalable dans le rapport, c'est que l'apprentissage continu favorise la participation des programmes d'apprentissage à un âge plus avancé, les crédits offerts pour un plus vaste ensemble de cours admissibles devraient l'être à tous les adultes et non seulement aux personnes âgées, pour qu'ils prennent l'habitude de suivre des cours.
Une chose que je veux dire en réaction aux recommandations qui ont trait à la santé, c'est le fait évident que la santé est d'abord et avant tout la responsabilité des provinces, mais je vous souhaite de réussir le mieux possible à trouver des programmes ou des initiatives si manifestement positifs que nous n'aurons pas besoin de convaincre les autorités des différentes administrations de les adopter.
La recommandation 36 porte sur les soins dentaires. Je veux porter à votre attention un programme de soins dentaires offert aux personnes âgées dans la région Ce programme s'intitule Halton Oral Health Outreach, ou HOHO. Il s'agit d'un programme auquel on a décerné des prix et dont le but est de coordonner les services de soins dentaires offerts aux personnes âgées et aux adultes qui ont des besoins particuliers dans la région de Halton, c'est-à-dire celle où se trouve Burlington. La santé bucco-dentaire devrait être une priorité pour tous les aînés.
Pour ce qui est de la recommandation 41, à mon humble avis, on devrait avoir couramment recours à la télémédecine pour accroître l'offre de service dans certains domaines. M. Ventresca a parlé des problèmes qui existent dans le domaine de la psychiatrie gériatrique dans la région de Niagara. Je pense que la télémédecine est une nouvelle technologie qui pourrait être utilisée pour améliorer l'accès.
La section 4.4 porte sur les maladies chroniques, et, selon moi, il faudrait formuler des recommandations pour établir les priorités quant à la façon dont nous tentons de gérer certaines affections comme le diabète, les défaillances cardiaques et les troubles respiratoires obstructifs chroniques, entre autres. Avec la prévention, une meilleure gestion des maladies chroniques permettra d'améliorer la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes, ainsi que de réduire le recours au traitement actif.
La recommandation 54 porte sur la question du logement supervisé. Encore une fois, pour parler de l'écart entre les services offerts dans la région seulement, il n'y a pas d'unités de logement supervisés à Haldimand ni à Norfolk. Cette situation peut donner lieu à l'usage inapproprié ou prématuré des lits des foyers de soins infirmiers. Encore une fois, M. Ventresca a parlé des listes d'attente pour l'admission dans les foyers de soins de longue durée. Dans la région de HNHB, le taux d'occupation varie habituellement entre 99 et 100 p. 100, ce qui veut dire qu'il y a des lits utilisés qui, s'il y avait d'autres choix, pourraient être libérés pour raccourcir ces listes d'attente.
Je suis en faveur de toute recommandation visant à nommer et à appuyer des citoyens défenseurs de nouvelles initiatives en matière de logements supervisés.
La recommandation 60 porte sur un programme national de soins à domicile. Je suis de tout cœur en faveur de cette recommandation, dans l'idée de relever le niveau, et non de trouver le plus petit dénominateur commun.
La recommandation 64 a trait à la question du soutien offert aux aidants. En Ontario, il y a le service de relève, mais celui-ci n'est offert que si le nombre maximal d'heures prévu par le règlement pour un patient n'est pas dépassé. Une idée de grande valeur, c'est celle d'attribuer un ensemble de services distincts à l'aidant pour lui donner un répit, plutôt que de lier ces services au niveau de service maximal autorisé pour un client donné.
Les soins de compassion font l'objet de la recommandation 65. Il s'agit d'un programme extraordinaire, et la recommandation supplémentaire que je vous demande d'envisager, c'est celle de supprimer le délai de carence de deux semaines. Il y a un délai de carence de deux semaines pour les personnes qui demandent des prestations d'assurance- emploi, et ce n'est pas de la compassion si le congé engendre des difficultés financières.
La recommandation 69 porte sur la mise en commun des meilleures pratiques. L'application de cette recommandation dépend bien entendu de la bonne volonté des intervenants dont les pratiques sont les meilleures. Je suis en faveur de cette recommandation, mais je souhaite bonne chance au comité pour ce qui est de susciter l'altruisme chez la population en général.
Pour conclure, j'ai tenté, pour mes observations, de m'en tenir aux domaines dont j'ai au moins une certaine expérience directe.
Encore une fois, je félicite le comité de ses efforts. J'espère que beaucoup de ces questions ou recommandations peuvent être envisagées de façon non compartimentée et qui ne soit pas fonction de la région géographique. Beaucoup de questions devraient être réglées en dehors des limites des administrations ou des partis politiques.
Merci encore une fois de m'avoir offert l'occasion de prendre la parole et, je l'espère, de contribuer à votre travail.
Maureen Etkin, conseillère régionale, centre-ouest, Réseau ontarien pour la prévention des mauvais traitements envers les personnes âgées : Madame la présidente, honorables membres du comité, bienvenue, et merci de nous offrir l'occasion de prendre la parole.
Comme je suis conseillère régionale, mes observations vont toutes porter sur l'Ontario. Je veux mettre en lumière le fait que la violence envers les personnes âgées est un phénomène d'une importance capitale pour l'ensemble des aînés.
Entre 2 et 10 p. 100 des personnes âgées vont faire l'expérience de la violence un jour dans leur vie. Cette proportion représente jusqu'à 370 000 personnes à l'échelle du Canada et 160 000 en Ontario. Les personnes qui ont un handicap physique ou cognitif peuvent être de deux à trois fois plus à risque que les autres personnes âgées. Les blessures résultant de la violence ou de la négligence peuvent avoir des répercussions sur la santé et sur l'autonomie des personnes âgées.
La violence faite aux personnes âgées provoque des complications sanitaires, sociales et économiques en lien avec bon nombre des enjeux et des obstacles au vieillissement sain et actif dont il est question dans le rapport provisoire du Comité.
Si la violence faite aux personnes âgées était intégrée plus étroitement aux recommandations du rapport, ces dernières auraient sans doute plus d'effets et donneraient lieu à des économies de fonds publics.
La violence envers les personnes âgées est principalement attribuable à l'isolement. Bien des recommandations faites au chapitre 2, sous la rubrique Vieillissement actif, proposent des moyens de réduire l'isolement social des personnes âgées. Lorsqu'on comprend que ces solutions contribuent également à réduire les risques de mauvais traitements, la planification des programmes en est facilitée, ou même la planification d'ateliers sur la façon de prévenir la violence et de se protéger contre celle-ci.
La recherche sur la compétence est un autre élément extrêmement important et qui a des répercussions sur la violence faite aux aînés. Une personne dont la capacité est réduite est une personne à risque. À l'heure actuelle, une déclaration d'incompétence est un acte global et irréversible. Une personne âgée peut être en mesure de décider où elle veut vivre, mais peut ne plus pouvoir gérer ses finances. C'est une situation complexe pour les aînés eux-mêmes et pour les fournisseurs de services. Il faut absolument pousser la recherche plus loin et dégager des pratiques exemplaires dans ce domaine.
L'exploitation financière est la forme d'exploitation la plus fréquemment signalée. Une étude canadienne a montré que les pertes financières subies par les personnes âgées étaient de 20 000 $ par aîné en moyenne. La perte de ressources financières fait qu'un aîné est moins en mesure de choisir son mode de vie et l'endroit où il vit, et sa qualité de vie en est compromise. L'aîné peut alors devoir se résoudre à vivre dans un milieu où il subit de la violence faute d'avoir les moyens de vivre ailleurs. L'exploitation financière fait que la personne a moins d'argent à consacrer aux besoins de base que sont le logement, la nourriture et les médicaments.
Malgré son isolement, une personne âgée finit toujours par entrer en contact avec un représentant du gouvernement pour des questions de pension de vieillesse ou de prestations versées aux anciens combattants. Ce contact offre au gouvernement l'occasion d'informer la personne des moyens de prévenir l'exploitation et de se protéger contre celle-ci. Par ailleurs, les agents du gouvernement peuvent apprendre à déceler les signes et les symptômes de l'exploitation et comment intervenir.
Certaines recommandations ont été faites sur la question de la formation interdisciplinaire. Il est important de déterminer quels groupes entrent le plus souvent en rapport avec les personnes âgées, par exemple les pharmaciens, les préposés aux soins à domicile, et même les préposés aux soins dentaires. Des gens du programme de Halton sont membres de certains de nos réseaux.
Nous devrions travailler avec ces groupes à la mise au point d'un programme de formation normalisée portant sur la violence faite aux personnes âgées.
Les préposés aux soins à domicile forment l'un des groupes qui ont le plus d'interaction avec les personnes âgées chez elles, et ils sont parfois le seul contact que celles-ci ont avec le monde extérieur.
D'autres recommandations portant sur des initiatives d'éducation publique pourraient être élargies de manière à englober la question de la violence faite aux personnes âgées. Le vieillissement sain et actif consiste notamment à savoir réduire les risques de violence et à savoir à qui s'adresser pour demander de l'aide. La plupart des personnes âgées victimes de violence ne savent pas à qui s'adresser pour demander de l'aide, et il y a très peu d'uniformité dans les services offerts dans l'ensemble de l'Ontario. C'est un problème grave qu'il faut régler.
Dans certains endroits, le seul service offert est une ligne d'aide où des bénévoles répondent au téléphone entre 11 heures et 15 heures trois jours par semaine, et c'est tout ce qu'il y a.
En Ontario, aucun organisme n'a pour mandat de s'occuper des cas de mauvais traitements infligés aux personnes âgées. Bien des organismes ne posent aucune question et ne voient donc rien. Trop souvent, les aînés victimes de violence n'entrent jamais tout à fait dans le mandat des organismes. Voilà encore une fois un secteur qu'il est essentiel d'intégrer, d'uniformiser et de normaliser à l'échelle provinciale et nationale.
La plupart des situations de violence sont le plus souvent vécues dans la collectivité, où les aînés vivent. Les solutions proposées au chapitre 4 du rapport et qui ont trait à la violence et à la négligence sont toutes axées sur les fournisseurs et les soignants. Il faut une formule qui met l'accent sur l'aîné. Dans le cadre d'un modèle intégré, les aînés ont eu accès à du soutien pour les aider à gérer un problème de violence, que cela signifie partir ou rester. Les aînés doivent avoir des occasions d'apprendre comment prévenir toutes les formes de violence, et surtout l'exploitation financière, et comment s'en protéger. L'exploitation financière est la forme d'exploitation la plus fréquemment signalée, et les aînés se sentent moins vulnérables parce qu'ils apprennent des choses sur cela.
L'option 37, qui figure au chapitre 4, se lit comme suit : « Élaborer des mesures de soutien des aidants et promouvoir l'éducation afin de prévenir l'épuisement professionnel ». Cette option devrait figurer au chapitre 5, sous le titre « Options pour soutenir les aidants naturels ».
Le stress et l'épuisement professionnel ne conduisent pas nécessairement à la violence. La majorité des soignants qui vivent des situations de stress quotidiennement ne deviennent pas violents pour autant. Il faut que d'autres facteurs soient présents. Oui, nous devons soutenir ceux qui prennent en charge une personne qui a besoin de soins, mais il ne s'agit pas là d'une option à inscrire sous la rubrique de la violence.
L'option 38 porte sur l'amélioration de la formation. Encore une fois, il faut que cette option soit élargie à d'autres groupes que les fournisseurs de soins. Elle doit viser les employés du gouvernement, les propriétaires d'immeubles locatifs, les pharmaciens, les caissiers des banques et les travailleurs paramédicaux. Tout intervenant de première ligne qui entre en contact avec des personnes âgées devrait être formé à repérer les signes et les symptômes de la violence et savoir quoi faire en pareil cas.
Pour conclure, mes recommandations sont les suivantes : faire en sorte qu'il y ait une meilleure compréhension des causes de la violence faite aux aînés et de ces facteurs de risque afin que cette forme de violence puisse être intégrée au modèle de gestion du vieillissement; passer en revue la liste des options du rapport afin d'y insérer la question de la violence faite aux aînés — je cite celle-ci dans une annexe à mon mémoire; élargir le programme de formation des employés du gouvernement et d'autres intervenants afin d'y inclure la violence; ajouter une option d'information et d'intervention ciblant les personnes âgées; uniformiser les modes d'intervention car les personnes âgées se déplacent dans leur province.
Ma collègue va brièvement vous présenter un exemple de cas.
Gail MacKenzie-High, présidente, Niagara Elder Abuse Prevention Network, Réseau ontarien pour la prévention des mauvais traitements envers les personnes âgées : Je remercie la présidente et les honorables membres du comité. Merci de nous offrir l'occasion de réagir au deuxième rapport provisoire du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement.
Je suis la présidente du Niagara Elder Abuse Prevention Network. Ce qui suit est tiré de mes 22 années d'expérience de travail auprès des personnes âgées.
D'après les estimations du nombre d'adultes âgés qui vont être victimes de violence à un moment donné au cours de leur vie, compte tenu de la situation démographique actuelle, entre 1 512 et 7 560 personnes âgées vont être victimes de violence dans la région seulement.
Je veux vous présenter un portrait composite de situations s'étant produites dans la région de Niagara depuis que je travaille dans ce domaine, de façon à illustrer les observations formulées par ma collègue.
Rosa est une femme de 79 ans, devenue veuve tout à coup il y a moins d'un an, après avoir été mariée pendant 55 ans.
En raison du décès récent de son mari, son revenu, qui était en grande partie fondé sur les prestations du régime de pensions privé de celui-ci, a beaucoup diminué. La maison de Rosa doit faire l'objet d'un entretien régulier, sa voiture doit être réparée, même si Rosa ne conduit pas, les factures s'accumulent, et Rosa se sent dépassée par les événements. Elle ne participe plus aux activités sociales auxquelles elle participait auparavant en raison de ses tracas financiers et de l'épuisement émotionnel.
Elle ne veut pas quitter le domicile conjugal. Son fils s'est installé avec elle il y a six mois pour lui permettre d'économiser de l'argent et pour l'aider à faire l'entretien de la maison.
À un moment donné, les voisins téléphonent à un organisme communautaire et rapportent qu'il arrive souvent que le fils de Rosa crie et jure, et menace de placer sa mère « dans un foyer ».
Lorsqu'il rencontre Rosa, l'agent de l'organisme remarque qu'elle semble avoir des troubles de mémoire, même s'il n'arrive pas à déterminer si ces troubles sont le résultat du déclin de ses facultés cognitives ou d'une dépression réactionnelle liée à la perte récente de son conjoint et à sa situation actuelle.
Rosa révèle à l'agent que son fils travaille de façon sporadique et qu'elle le soupçonne maintenant d'avoir des problèmes de consommation de drogue et peut-être aussi de jeu. Le fils de Rosa nie avoir des problèmes et refuse donc toute aide à cet égard. Rosa donne de l'argent à son fils pour qu'il fasse l'épicerie pour elle, mais l'agent de l'organisme constate qu'il y a peu de nourriture à la maison lorsqu'il rend visite à Rosa, et celle-ci lui dit que son fils ne lui rend jamais de monnaie lorsqu'il revient de faire les courses.
Plutôt que de se retrouver dans une meilleure situation, Rosa a un fardeau financier encore plus lourd à porter.
Elle a un autre enfant d'âge adulte, une fille, mais celle-ci vit dans une autre province. Elle téléphone à sa mère une fois par semaine, et elle s'est dite inquiète de ce que les économies de ses parents diminuent rapidement.
Rosa révèle aux travailleurs de l'organisme que son fils était parfois violent dans sa façon de s'adresser à elle. Lorsqu'on lui demande si elle pense que son fils la frapperait, elle répond que non, mais dit qu'elle a peur de lui, et elle affirme que, lorsqu'il a bu, il « se met en furie et pourrait exploser ».
Rosa voudrait qu'on l'aide, mais elle dit qu'elle a peur de ne pas pouvoir continuer de vivre chez elle si elle demande à son fils de quitter la maison, et elle a peur que le seul choix qui lui reste soit de vivre dans un foyer de soins de longue durée. Le personnel de l'organisme tente de trouver des solutions avec elle, mais elle décide de ne pas prendre de mesures dans l'immédiat.
Quelques semaines plus tard, Rosa se présente à l'hôpital avec un poignet fracturé, et, lorsqu'il l'examine, le médecin remarque qu'elle a des bleus qu'elle n'est pas en mesure d'expliquer de façon cohérente. Le personnel de l'hôpital tente avec délicatesse de savoir ce qui s'est passé, et Rosa révèle que son fils l'a poussée, puis on avise les services de police.
Un examen approfondi de la situation révèle que les économies de Rosa ont bel et bien diminué de façon importante, et il se peut qu'elle ne puisse plus vivre dans sa maison pendant longtemps.
Le fils de Rosa sera poursuivi, mais celle-ci n'aura dorénavant pas la possibilité de vieillir à l'endroit de son choix. Elle ne pourra plus non plus choisir les activités auxquelles elle s'adonnera, à cause des pertes financières qu'elle a subies, et sa relation avec son fils est anéantie. Nous devons comprendre que, si cette relation semble de l'extérieur ne pas avoir de valeur, il demeure que c'est son fils. Ce lien brisé pourrait être une source de culpabilité et de remords chez Rosa, ce qui pourrait occasionner une perte de confiance en soi.
Sur le plan physique, les blessures qu'elle a subies pourraient prendre beaucoup de temps à guérir, et Rosa aura peut-être de la difficulté à s'acquitter de tâches quotidiennes qui nous semblent aller de soi.
Ainsi, une personne capable, qui, il y a un an seulement, croyait pouvoir faire ses propres choix, s'est retrouvée dans la situation où son revenu est insuffisant, un lien de confiance a été brisé et elle est confrontée à des pertes financières imminentes.
Qu'aurions-nous souhaité pour Rosa? Nous aurions voulu qu'elle puisse continuer de faire ses propres choix malgré son âge avancé, et ce but correspond aux options 24, 25 et 28, qui touchent la sécurité du revenu, ainsi qu'à l'ensemble du chapitre 5, sur le fait de vieillir à l'endroit de son choix.
Nous aurions voulu qu'elle soit capable de constater le problème, pour qu'il puisse y avoir une intervention avant le déclenchement de la crise, ce qui correspond à l'option 38 sur la formation des ressources humaines en ce qui concerne les besoins des aînés.
Nous souhaiterions avoir été en mesure de prévenir les pertes financières, les blessures physiques et les traumatismes émotionnels qu'elle a subis, qui correspondent à l'option 39 sur les pratiques exemplaires.
Pour conclure, je suis en faveur des options décrites dans le rapport, mais j'insiste sur le fait qu'il serait indiqué de donner une plus grande portée à bon nombre d'entre celles-ci, de façon à inclure la prévention de la violence envers les personnes âgées.
Je recommande humblement qu'on étende la portée des options 37 à 40 pour inclure l'éducation ciblant les victimes et les victimes potentielles, et plus particulièrement les personnes âgées vulnérables et isolées elles-mêmes.
Je remercie le comité de m'avoir invitée à lui faire part de mes observations aujourd'hui, ainsi que de prêter attention à nos réactions au deuxième rapport intérimaire.
Le sénateur Cordy : Merci beaucoup; nous sommes très heureux d'être ici. Nous avons pu admirer le paysage de votre région hier soir, lorsque nous sommes venus de l'aéroport.
Je veux revenir sur les deux dernières observations au sujet de l'éducation des personnes âgées en ce qui concerne la violence dont elles peuvent être victimes. Je veux commencer par parler de la façon dont nous informons les personnes âgées de leurs droits et de leurs responsabilités. La question de l'éducation et de l'information est importante. Il y a beaucoup de personnes âgées au Canada qui ne touchent pas les prestations du Régime de pensions du Canada parce qu'elles ne savent pas qu'elles doivent présenter une demande. La question, c'est : comment faut-il s'y prendre pour leur expliquer comment toucher les prestations auxquelles elles ont droit?
Avez-vous trouvé un programme qui fonctionne pour ce qui est d'enseigner aux personnes âgées elles-mêmes comment reconnaître — parce qu'elles n'y arrivent pas toujours — le fait qu'elles sont victimes de violence? C'est ma première question.
Mme Etkin : C'est difficile, parce que les gens ont peur du mot « violence ». Ils ne veulent pas admettre que c'est quelque chose qui peut se produire, et il y a là une peur. C'est donc difficile d'éduquer les gens.
Ce que j'ai trouvé qui fonctionnait lorsque nous sommes allés rencontrer des personnes âgées, dans des centres pour personnes âgées, là où elles vivent, c'est de changer la façon de dire les choses un peu, et de parler plutôt de façons de se protéger ou de prévenir les blessures. Encore une fois, comme l'exploitation financière est un phénomène si courant, c'est un sujet dont les personnes âgées et d'autres gens parlent beaucoup. En choisissant comme thème « la protection financière », nous sommes en mesure d'aborder les autres sujets.
Je pense par ailleurs qu'il faut éduquer non seulement les aînés, mais aussi les adultes âgés, les aidants qui s'occupent des aînés. Lorsque nous avons travaillé auprès d'aînés à l'endroit où ils vivent, dans des centres pour personnes âgées où ils prennent part à des programmes et participent à des salons organisés à leur intention, cette démarche a fonctionné. Le problème, bien entendu, consiste à joindre les aînés qui ne participent pas et qui sont isolés.
Nous avons aussi constaté que travailler avec des groupes culturels donne des résultats. Nous avons exécuté des programmes dans le cadre desquels nous avons fourni une formation à des membres d'une culture donnée, puis ces gens se sont adressés à leurs pairs dans leur langue maternelle. C'est dans les églises, dans les temples et dans les mosquées qu'on trouve les personnes âgées.
Dans certaines collectivités multiculturelles, le meilleur endroit pour joindre les personnes âgées, c'est à l'épicerie, et c'est là qu'il faut déposer des brochures.
Je pense qu'il y a plus d'une bonne démarche. À mon avis, plus nous intégrons cela aux activités auxquelles les aînés prennent part, mieux c'est. De plus en plus d'aînés savent utiliser un ordinateur. Internet est donc un autre moyen extraordinaire d'offrir des programmes, pour autant que ceux-ci soient conçus de façon conviviale pour les aînés.
Le sénateur Cordy : Vous avez parlé d'éduquer la population — vous avez donné l'exemple des caissiers de banque, des avocats, des médecins, des pharmaciens et des propriétaires d'immeubles locatifs — pour que les gens puissent détecter des situations où il peut y avoir de la violence, de façon que le médecin à l'hôpital ne soit pas le seul à le remarquer. Il y a beaucoup de gens.
Devrions-nous mettre sur pied un programme national d'éducation, sans nécessairement l'intituler « Attention à la violence », mais en l'appelant peut-être plutôt « Prenez soin de vos voisins »?
Mme Etkin : Il existe de nombreux programmes qui fonctionnent, et il y en a même un ici, dans la région de Niagara, qui s'intitule Niagara Gatekeepers. Le programme des Gatekeepers est fondé sur cette idée de former les gens de la collectivité pour qu'ils soient capables de déceler la violence. C'est quelque chose qui peut être étendu à tous les aînés vulnérables, et on peut penser par exemple aux employés des postes et aux gens qui travaillent dans un salon de beauté.
Il y a des exemples. C'est un programme qui existe aussi aux États-Unis — Mme MacKenzie-High peut sûrement vous donner un peu plus d'information là-dessus — où l'on met beaucoup l'accent sur le fait de former toutes les personnes qui entrent en contact avec des aînés. Si c'était un programme national, ça ferait avancer les choses et les gens reconnaîtraient mieux une situation de violence.
Mme MacKenzie-High : Le programme des Gatekeepers a vu le jour aux États-Unis. On l'a adopté avec succès dans la région de Niagara. Je pense que les gens qui en sont responsables envisagent d'en faire un programme provincial, mais je suis tout fait d'accord avec vous : ce qu'il faut faire, c'est d'en faire un programme national de façon à s'assurer que les gens sachent à quoi faire attention et ce qu'il faut signaler, à qui il faut le signaler et vers où aiguiller les gens qui ont besoin d'aide.
Par ailleurs, le Réseau ontarien pour la prévention des mauvais traitements envers les personnes âgées a élaboré une série de messages d'intérêt public efficaces qui ont été télévisés, et qui présentent des exemples de violence. J'aimerais qu'on fasse davantage de travail du genre à l'échelle nationale pour que les gens qui, peut-être ne peuvent pas assister aux conférences publiques, puissent quand même dire, ça m'est arrivé, et c'est peut-être de la violence. Ces gens auraient ainsi un numéro où ils pourraient téléphoner.
Nous voudrions voir ce programme devenir un programme national.
Le sénateur Cordy : Ma dernière question s'adresse à M. Ventresca.
J'aimerais avoir plus d'information sur votre centre régional de soins aux personnes atteintes de démence. Est-ce que la liste d'attente est très longue? Comment ce centre a-t-il vu le jour?
Je m'intéresse également à votre équipe multiorganismes, parce que c'est un défi, de faire en sorte que les ministères travaillent en collaboration, mais vous y êtes arrivé.
M. Ventresca : La structure du centre a été définie après qu'un certain nombre de groupes communautaires et de groupes de consommateurs se sont réunis et ont reconnu la nécessité d'offrir deux volets de soins aux personnes atteintes de démence. L'un de ces volets est celui du répit, et il concerne les aidants qui s'occupent d'un être cher à la maison, mais qui, de temps à autre, ont besoin de plus de soutien, que, disons, le répit à domicile, dont la région de Niagara s'occupe ou encore que les programmes d'une journée que la région exécute.
Nous avons constaté que, dans certains cas, les gens ont besoin d'un répit de plus d'une journée, alors nous avons créé un endroit pour huit personnes. C'est comme un gîte où huit personnes à la fois peuvent passer une nuit ou quelques jours. Il y a également un programme de jour, ce qui fait qu'un répit peut être offert aux familles le jour, le soir ou la nuit, de façon continue, afin que les familles puissent faire une pause de temps à autre, ou encore, s'il se produit quelque chose dans le processus de prestation de soins par la famille, par exemple si une personne s'occupe d'un conjoint atteint de démence à la maison et qu'elle tombe malade, nous offrons ce service dans la région de Niagara. Le service est offert à tous les habitants de la région. L'établissement se trouve à St. Catharines, et il s'agit d'une annexe à l'un de nos foyers de soins de longue durée.
La beauté de ce service, c'est qu'il y a aussi un bungalow de 17 places, encore une fois, pour les personnes atteintes de démence avancée, qui, dans certains cas, vivent déjà dans un foyer de soins de longue durée ou ont besoin d'être placées et ont de la difficulté à l'être. Cet établissement offre l'occasion aux gens de faire l'objet d'une évaluation pendant 90 jours avant d'être admis à un autre établissement. S'ils vivent déjà dans un établissement et que les responsables de celui-ci ont de la difficulté à les y garder parce qu'ils ont des problèmes de comportement que le foyer de soins de longue durée ne peut gérer, alors les responsables peuvent demander le transfert de la personne vers ce centre. Les membres du personnel du centre, qui sont mieux formés que la moyenne des employés des foyers de soins de longue durée, avec les consultants en psychogériatrie de l'hôpital psychiatrique de Hamilton, peuvent travailler avec nous afin de déterminer quelles sont les interventions qui pourraient fonctionner le mieux, avant de renvoyer les gens concernés dans leur foyer de soins de longue durée et dans leur collectivité.
La beauté de cette démarche, c'est qu'elle a vu le jour grâce au regroupement d'activistes communautaires, grâce à la municipalité et grâce à une possibilité de rénovation de certaines de nos installations vieillissantes, possibilités offertes par l'intermédiaire du ministère de la Santé de l'Ontario. Nous avons financé ces installations, récupéré des lits de gros ensembles de lits à mettre en place et créé le centre.
L'idée d'une équipe d'évaluation multiorganismes et interdisciplinaire est venue du fait qu'ils participaient déjà à la planification, alors nous avons dit : la Société Alzheimer, l'hôpital et les consultants en psychogériatrie qui travaillent dans la collectivité ont souvent des clients en commun. Pourquoi ne pas travailler en équipe pour évaluer leurs besoins puis prendre une décision ensemble?
Notre personnel préside ce comité, mais lorsque ces gens sont réunis, ils ne travaillent pas vraiment pour leur organisme respectif; ils travaillent plutôt pour la personne qui fait l'objet de l'évaluation à ce moment-là. C'est ça la beauté de l'approche, et c'est la raison pour laquelle nous sommes en nomination pour un prix, pour avoir fait des soins de santé pratiques et intégrés une réalité, cette chose dont on parle souvent.
Comme vous le savez, il y a en Ontario 14 réseaux locaux d'intégration des services de santé qui encouragent et permettent ce genre d'approche. Nous avons fait cela ici, dans la région de Niagara, en fonction des besoins des gens et du désir de la collectivité de leur offrir des services intégrés.
Je pense que l'autre question portait sur les listes d'attente.
Il y a toujours davantage de demandes de service qu'il n'y a de ressources pour offrir les services. Pour ce qui est de la démence complexe, l'unité de 17 lits est habituellement occupée à pleine capacité en tout temps, et nous devons refuser certaines personnes qui présentent une demande. C'est la raison pour laquelle j'ai dit tout à l'heure dans mes observations que nous évaluons la possibilité que ces gens puissent être placés au T. Roy Adams Regional Centre for Dementia, qui porte le nom d'un ancien maire de St. Catharines qui a longtemps fait valoir les besoins des gens dans la région de Niagara. Soit le centre admet ces gens, soit nous leur offrons d'autres types de soins si c'est impossible, mais, oui, il y a habituellement une liste d'attente.
Pour ce qui est du répit, c'est davantage une situation qui varie de semaine en semaine et de mois en mois, parce que les besoins se font sentir au fur et à mesure, mais le taux d'occupation est toujours élevé, quoi qu'il soit indiqué de garder quelques places libres pour répondre aux besoins prévus qui surviennent de temps à autre.
Carol Rudel, gestionnaire, Programmes communautaires aux aînés, Services communautaires de la municipalité régionale de Niagara : En ce qui concerne le centre de répit, j'aimerais décrire certaines des nouvelles caractéristiques qui, selon moi, sont importantes, si l'on envisage la création d'un programme national de répit. Il est important de définir le répit de la façon la plus générale possible pour que l'accès au programme ne soit pas restreint.
Le but du répit, c'est d'offrir à l'aidant le soutien dont il a besoin au moment opportun. Si le programme devient complexe du point de vue de l'accès, alors ce programme est un fardeau pour l'ensemble du système de santé.
Lorsqu'une personne doit subir un examen médical avant d'accéder au centre ou si l'on exige des ordonnances qui font qu'une personne de la collectivité doit continuer d'avoir recours à différents services de soutien médical, le processus devient lourd.
Ce que nous avons constaté, au centre de répit Adams, c'est qu'il y a une volonté, chez beaucoup de partenaires communautaires de la région de Niagara, de jeter un coup d'œil sur les protocoles d'accès à une place financée dans un centre de répit à long terme, c'est-à-dire à un lit où il est possible de passer la nuit, cette place étant offerte par le centre communautaire et financée du côté communautaire.
Nous nous sommes aperçus qu'il fallait que nous intervenions rapidement au moment où la personne en a besoin, et que si l'accès était trop compliqué, nous ne pouvions arriver à rendre optimale l'utilisation du programme.
Nous avons instauré le programme de jour pour les adultes à cet endroit, à la lumière du fait que le répit peut être nécessaire à n'importe quel moment de la journée. Une personne peut avoir besoin d'un répit pendant 24 heures, pendant 12 heures ou encore six. Pour établir un programme de répit, il faut comprendre que le besoin de répit ne se fait pas sentir pendant une période définie.
La présidente : Merci beaucoup. Avant que je puisse céder la parole au sénateur Mercer et au sénateur Chaput, il faut que vous proposiez une motion, sénateurs. Il semble que les gens d'une chaîne de télévision locale vont venir filmer la réunion. Ils ont accepté de se plier à nos règles habituelles. Puis-je obtenir votre approbation quant au fait qu'on installe des caméras de télévision ici? C'est donc adopté.
Le sénateur Mercer : Je trouve troublante la discussion que nous avons sur la violence envers les aînés, mais je trouve également intrigantes certaines des suggestions que vous avez faites. Le cas d'exploitation financière que vous avez présenté, celui de Rosa, est intéressant.
J'ai assisté hier à une réunion du comité de liaison du Secrétariat aux affaires des personnes âgées de l'Ontario, et j'y représentais le comité. Une chose dont ont parlé les représentants de l'organisation francophone, la Fédération des aînés et jeunes retraités francophones de l'Ontario, ou FAFO, c'est qu'ils ont publié un nouveau livret sur l'ABC de la fraude.
Comme nous avons de la difficulté à parler d'exploitation financière, qui est en grande partie le fait des membres de la famille, si nous pouvions trouver le moyen d'intégrer cela à l'éducation des membres de la collectivité et des aînés eux-mêmes, ce serait intéressant si nous pouvions nous appuyer sur le travail de qualité que d'autres ont déjà fait.
Je suis curieux, cependant. Vous avez parlé du besoin d'offrir des programmes d'éducation interdisciplinaires et de faire participer les gens au processus de dénonciation ou de détection de la violence envers les aînés. Nous avons parlé des pharmaciens, des médecins, des infirmières, des dentistes, du personnel d'Anciens Combattants Canada, des caissiers de banque, des avocats, des employés des postes, et nous avons probablement parlé d'autres personnes concernées, mais j'ai raté ce qui s'est dit. C'est une longue liste de gens.
Comment faire pour protéger la vie privée à la fois de l'aîné et de la personne qui dénonce ce qui pourrait être un acte de violence commis envers l'aîné? Comment faire aussi pour ne pas imposer un fardeau de preuve trop important au dénonciateur, afin d'éviter qu'il décide de ne pas dénoncer la violence parce que cela devient trop compliqué pour lui de faire état de ce qu'il a vu?
Mme Etkin : Je pense que nous ne devrions pas nécessairement instaurer un climat de dénonciation. C'est plutôt que nous voulons que les gens dont nous avons parlé s'aperçoivent qu'un aîné est peut-être dans une situation de violence et qu'ils puissent leur indiquer qu'ils peuvent obtenir de l'aide et où, ou encore, selon le rôle que jouent ces personnes, peut-être d'offrir eux-mêmes cette aide.
Pour les caissiers de banque et pour les gestionnaires financiers, par exemple, c'est généralement évident que quelque chose se passe. De grosses sommes d'argent manquent, quelqu'un accompagne toujours l'aîné, et l'aîné est forcé de signer des documents. Il y a des choses simples qu'ils peuvent faire, c'est-à-dire discuter seul à seul avec l'aîné et lui expliquer quels sont les risques liés au fait d'avoir un compte conjoint. Si, par exemple, l'aîné inscrit le nom de telle ou telle personne à son compte, sait-il que cette personne peut vider son compte dans les cinq minutes qui suivent? La plupart des gens ne sont pas conscients de ce genre de chose. L'aîné sait-il qu'il est possible de faire déposer son chèque de pensions directement dans son compte bancaire, de façon à ne pas avoir à se préoccuper de ce chèque lorsque son neveu lui rend visite le 1er mai, parce que c'est à ce moment-là que les chèques arrivent.
Les gens peuvent faire beaucoup de choses dans la pratique. Je pense qu'une partie du problème, c'est que la violence envers les personnes âgées est cachée, ce qui fait que les caissiers de banque et les autres personnes qui côtoient les aînés n'y pensent pas, parce qu'on n'en parle pas dans les médias, ou parce qu'on n'en entend pas parler, et cela ne figurerait donc pas en tête de leur liste.
Le sénateur Mercer : Je veux continuer de parler des caissiers et des directeurs de banque pendant quelques instants encore, parce que nous finissons tous par avoir affaire à eux, qui sont un dénominateur commun de notre vie, que nous soyons jeunes ou vieux.
Existe-t-il des programmes visant à former les caissiers de banque pour qu'ils décèlent l'exploitation? Quelque chose est arrivé récemment dans ma famille lorsque mon oncle a décidé d'apporter certains changements dans sa situation financière. Lorsqu'il a rencontré son avocat, son fils était avec lui. L'avocat a explicitement demandé au fils de sortir de la pièce et il a demandé à mon oncle s'il souhaitait réellement apporter les modifications dont il était question. L'avocat a donc vérifié que les modifications correspondent exactement au souhait de mon oncle, ce qui est une très bonne chose. Les caissiers et directeurs de banque ne sont cependant pas des travailleurs sociaux. Ils ne sont habituellement pas formés pour déceler l'exploitation.
Avons-nous mis sur pied un programme d'éducation — ou peut-être devrions-nous le faire — dans les banques et dans les caisses populaires pour dire : voici les signes auxquels il faut être attentif, et voici quelque chose de simple que vous pouvez faire pour aider, en posant quelques questions aux gens.
Mme Etkin : Il y a déjà des banques qui ont adopté certains programmes; je pense qu'il s'agit de la Banque Scotia et de la Banque Royale. Le problème, c'est que le programme n'est pas uniformisé dans l'ensemble de la province et il n'est pas offert dans toutes les succursales. Nous n'essayons pas de faire des gens qui travaillent dans les banques des travailleurs sociaux, parce que nous ferions en sorte que le programme d'éducation soit axé sur leur domaine d'expertise, qui se trouve à être les finances.
La plupart du temps, lorsque nous interrogeons les caissiers de banque, ils disent qu'ils savaient qu'il se passait quelque chose, mais sans savoir quoi faire. Il n'y a pas de politique, et ils n'ont jamais entendu parler de l'exploitation. Le respect de la confidentialité les préoccupe. Ils ne savent pas quelles sont les limites. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qu'ils seraient contents de faire.
Je vais vous donner l'exemple de ma mère, qui a 87 ans et qui vit seule à Winnipeg. Je viens de Winnipeg. Mon père est décédé, et elle ne s'était jamais occupée des questions financières auparavant. Elle s'est rendue à la banque. Les gens de la banque entretenaient depuis longtemps une relation avec mon père, et ils faisaient un excellent travail. Il y avait à la banque une section réservée aux aînés. Les gens de la banque ont aidé ma mère. C'était merveilleux.
Après cinq ans, comme vous vous en doutez, les caissiers et tout le reste du personnel de la banque s'étaient renouvelés. Les gens qui étaient là auparavant étaient partis. Lorsque je suis retournée à la banque avec ma mère, il était devenu impossible de recréer le lien qu'elle avait eu avec les employés de la banque. Il n'y avait plus de coin réservé aux aînés; personne là-bas ne connaissait ma mère. Elle a dû faire la file pour aller à une caisse ordinaire et parler fort, et elle ne savait pas ce qui se passait. La personne qui se trouvait derrière elle dans la file pouvait entendre toute l'information sur la situation financière de ma mère. Pourquoi est-ce que les choses se sont passées ainsi? C'était un programme tellement extraordinaire!
Je pense que ça dépend parfois du directeur de la banque et du fait qu'il y a ou non beaucoup de clients âgés à cette banque, mais rien n'empêche d'uniformiser davantage ce genre de chose.
La présidente : Si vous me permettez d'intervenir, les choses se passent parfois aussi dans l'autre sens.
Dans le cas de mon beau-père, un caissier de banque a pris 72 000 $ dans son compte.
Mme Rudel : Ici, dans la région de Niagara, du moins — et je pense que c'est à cet égard qu'il faut transformer l'idée en un programme national —, le programme des Gatekeepers est exécuté par des bénévoles, et leur mandat consiste en partie à former et à éduquer les caissiers et les directeurs de banque. Je sais qu'il y a aussi des caissiers de banque mal intentionnés, malheureusement, mais nous devons continuer d'éduquer les caissiers honnêtes pour qu'ils puissent savoir à quoi être attentifs et pour qu'ils puissent reconnaître les signes d'exploitation.
Nous avons mis au point un système efficace dans la région de Niagara, quoique nous avons probablement besoin de plus de bénévoles pour nous donner un coup de main, avec ce programme des Gatekeepers. En fait, l'organisation des Gatekeepers s'est associée au Centre d'accès aux soins communautaires pour s'occuper de ce que nous appelons la ligne Gatekeeper, de façon que les caissiers de banque puissent utiliser la ligne Gatekeeper CASC pour communiquer les renseignements de base sur le cas d'un aîné aux bénévoles qui s'occupent de la ligne et qui transmettent ces renseignements à l'organisme le mieux placé pour s'occuper du cas.
Si, par exemple, il s'agit d'une situation où il est possible qu'un aîné soit victime d'exploitation financière, ce qui est le plus susceptible de se passer, c'est que le CASC fasse parvenir ces renseignements à l'un des travailleurs communautaires des programmes communautaires offerts aux aînés dans la région de Niagara, qui, eux, se chargeraient ensuite de communiquer avec l'aîné pour obtenir davantage de détails. Le dossier peut très bien être renvoyé à la police s'il s'agit d'un acte frauduleux ou d'un vol, mais le travailleur communautaire accompagne l'aîné dans ce processus.
Il y a un certain soutien, mais, même ici, dans la région de Niagara, nous pourrions employer plus de monde, et, en fait, transformer le programme en un programme national. Que le programme national porte le nom de programme des Gatekeepers ou un autre nom, c'est la voie qu'il faut emprunter.
Le sénateur Mercer : Vous avez répondu exactement à la question que j'allais poser. Nous devrions peut-être noter le nom du programme des Gatekeepers, parce qu'il conviendrait peut-être d'en parler dans notre rapport sous le titre Pratiques exemplaires. C'est certainement une idée que nous pourrions vouloir vous voler. C'est une bonne idée.
Mme Etkin : Notre organisation a par ailleurs déjà élaboré un programme d'éducation qui pourrait être utilisé pour ces différents groupes, ce qui fait que nous n'aurions pas à tout recommencer à zéro lorsqu'il s'agira de rédiger les documents nécessaires.
Le sénateur Mercer : Pourriez-vous fournir un exemplaire de ce programme au comité?
Mme Etkin : Je pense que nous vous en avons apporté un exemplaire, ainsi qu'un exemplaire du texte des messages d'intérêt public dont nous avons parlé tout à l'heure, et vous pourriez jeter un coup d'œil là-dessus.
Le sénateur Mercer : Je pense que ce serait peut-être une bonne idée que les membres du comité visionnent ces messages d'intérêt public à un moment donné, lorsque nous serons de retour à Ottawa.
Monsieur Peirce, lorsque vous avez passé en revue notre rapport et que vous nous avez parlé des recommandations avec lesquelles vous étiez d'accord et des recommandations que vous nous faites concernant celles-ci, vous avez parlé de télémédecine, et c'est quelque chose dont nous n'avions jamais discuté auparavant.
Pouvez-vous nous dire ce qui se passe dans ce domaine dans la région et nous expliquer comment on utilise cela et en quoi vous aimeriez voir la portée de cet outil élargi?
M. Peirce : La télémédecine est un nouveau domaine qui offre la possibilité d'accroître l'offre de services ou de faciliter la prestation des services.
Trois réseaux de télémédecine ont été fusionnés en Ontario au cours de l'année ou de l'année et demie qui vient de s'écouler, et cette fusion a donné lieu à la création du Réseau télémédecine Ontario. Les responsables de ce réseau ont trois priorités : sur le plan administratif, les économies rendues possibles par la tenue de réunions à distance; les possibilités qui s'offrent au chapitre de l'éducation; sur le plan clinique, les économies qui sont rendues possibles par le fait, par exemple, de pouvoir soigner des blessures à distance, c'est-à-dire qu'on installe une caméra là où la personne blessée se trouve et qu'un spécialiste qui travaille dans un endroit précis peut voir sur un écran les blessures de gens se trouvant un peu partout dans la province et formuler des recommandations sur les traitements, et ainsi de suite.
Ce genre de programme offre des possibilités infinies d'expansion de ressources limitées.
Un autre programme qui est actuellement mis à l'essai en Ontario fait intervenir des équipes de santé familiale qui utilisent les télésoins à domicile, plutôt que la télémédecine, pour la gestion des maladies chroniques. Dans ce cas, il n'y a pas de caméras, mais les données — les signes vitaux, et ainsi de suite — concernant des gens atteints de certaines maladies chroniques sont analysées de façon centralisée.
Si une personne a une défaillance cardiaque et que, tout à coup, son poids augmente sur une courte période, on le relève, et l'aidant demande si la personne doit prendre Lasix, si elle doit être examinée par un médecin ou si elle doit se rendre à l'urgence.
Ce genre de moyens d'intervention offre énormément de possibilités et est en expansion, surtout dans les régions rurales et éloignées.
Pour ce qui est de la télémédecine, je lève mon chapeau aux Maritimes. Au Nouveau-Brunswick, il y a un programme de suivi postcardiaque dans le cadre duquel les gens apportent une caméra et un certain équipement à la maison pour surveiller l'état de santé postcardiaque et postérieur à un séjour à l'hôpital, et ce programme a donné des résultats extraordinaires.
Il s'agit d'un nouvel outil technologique qui contribue à régler le problème de la pénurie de ressources humaines en santé.
Le sénateur Mercer : Je vais aborder les choses du point de vue de mon autre rôle. J'ai participé à une étude sur la pauvreté rurale. L'un des problèmes importants dont nous avons parlé dans le cadre de cette étude, c'est celui très réel des transports en milieu rural. Grâce à la télémédecine, les patients âgés pourront peut-être éviter les visites chez le médecin qui semblent nécessaires, mais qui posent problème pour eux parce qu'ils sont âgés et qu'ils ont besoin d'aide pour se rendre chez le médecin.
M. Peirce : Pour vous donner un autre exemple, dans notre Centre d'accès aux soins communautaires, bon nombre de nos clients qui y font de courts séjours sont suivis à la suite d'une intervention chirurgicale ou pour une autre raison liée aux soins des plaies. Il n'y a qu'un petit nombre de spécialistes de soins des plaies dans la province. Avec l'expansion de la télémédecine, si le spécialiste du soin des plaies pouvait travailler sans avoir à se déplacer et avec l'aide d'une infirmière qui s'occuperait des visites, alors il serait possible de mettre à profit son expertise beaucoup plus qu'en ce moment.
Le sénateur Mercer : Avons-nous recours à des infirmières praticiennes dans le cadre de ce programme, ainsi qu'à des médecins?
M. Peirce : Oui, assurément; je ne sais pas si, à strictement parler, les spécialistes du soin des plaies sont des infirmières praticiennes, des infirmières prodiguant des soins avancés ou des infirmières exerçant à un niveau avancé.
La présidente : Il n'y a pas si longtemps, j'ai observé le déroulement d'un projet pilote à l'Île-du-Prince-Édouard, et c'était un incroyable système de suivi des patients à domicile, dans le cadre duquel on prenait la tension artérielle, le pouls et ce genre de chose tous les jours. L'infirmière s'occupant des soins à domicile téléphonait au patient. Celui-ci se tenait devant sa petite machine, et toute cette information était transmise directement à l'infirmière.
Il me semble que nous sommes loin d'avoir réalisé les progrès que nous aurions dû réaliser dans la promotion de cette technologie, mais qu'en est-il de la promotion de l'idée d'utiliser la carte d'assurance maladie pour stocker de l'information sur la santé?
J'entends souvent des aînés se plaindre des nombreux examens qu'ils doivent constamment subir lorsqu'ils changent de médecin, alors que toute cette information pourrait être encryptée et suivre le patient.
Monsieur Peirce, monsieur Ventresca, que pensez-vous de ce genre d'idées nouvelles?
M. Peirce : Je crois que chacun des 14 réseaux locaux d'intégration des services de santé a ce qui s'appelle un plan de services de santé intégré, ou PSSI. La promotion du dossier électronique de santé fait partie des priorités de tous ces plans. Il s'agit d'un investissement important, mais c'est un effort à faire à court terme qui pourrait donner lieu à des gains importants à long terme. Un mécanisme qui permettrait d'obtenir de l'information exacte en temps opportun et qui éviterait la multiplication des examens et la transmission d'information erronée serait un mécanisme de grande valeur. Je pense qu'il faudrait déployer tous les efforts nécessaires pour faire la promotion de cet outil à l'échelle nationale.
M. Ventresca : Je trouve que M. Peirce a bien décrit la situation.
La seule chose que j'ajouterais, c'est que, du point de vue du foyer de soins de longue durée, où nous nous sommes réunis, dans la région qu'englobe le Réseau local d'intégration des services de santé, ou RLISS, les responsables d'un groupe de quelque 20 foyers se sont dits intéressés à participer à certaines des initiatives du RLISS consistant à enregistrer l'information ou à en disposer en format électronique et à l'échanger, de façon que les aînés puissent raconter leur histoire une seule fois, plutôt que d'avoir à la répéter encore et encore. Ce qui est encore plus important, ou peut-être tout aussi important, c'est que l'intervenant du système n'ait pas à refaire tous ces examens, avec toutes les dépenses que cela suppose.
Le problème auquel nous sommes confrontés est un problème de financement. Il faudrait que ce soit à un niveau plus élevé, à l'échelle provinciale, pour que l'on puisse dire que cela va être...
La présidente : Fédérale...
M. Ventresca : Je ne veux absolument pas lancer un débat sur les compétences fédérales et provinciales, mais, s'il y avait une norme ou un cadre national pour ce genre de chose, peut-être assorti de financement pour permettre aux provinces et aux territoires de lancer l'initiative, ce serait extraordinaire.
Du point de vue des établissements, c'est quelque chose que nous serions prêts à faire. Je pense que nos clients seraient intéressés. Il s'agit d'avoir une stratégie, et du financement à l'appui, pour faire de cela une réalité.
La présidente : Avant de passer la parole au sénateur Chaput, je vais vous présenter un collègue de « l'autre endroit ». Lorsque nous parlons des députés ou des sénateurs, nous ne les désignons jamais par ces termes. Nous disons : « les membres de l'autre endroit ».
Le membre de l'autre endroit qui se trouve au fond de la pièce est M. John Maloney. Contente de vous voir, John.
John Maloney, député, Welland : Bienvenue à Welland.
Le sénateur Chaput : Ma première question s'adresse à M. Ventresca.
Dans votre conclusion, vous avez parlé d'un rôle de facilitateur national et de courtier du savoir. Ce qui est assez intéressant, c'est qu'un témoin que nous avons reçu nous a dit que, selon lui, il devrait y avoir une planification beaucoup plus importante des soins de santé à l'échelle nationale. En fait, je pense qu'il nous a même dit que nous ne faisons pas de plan à l'échelle nationale; qu'il n'y a pas beaucoup de planification à ce niveau.
Est-ce qu'il y a un lien entre cette observation et l'une des conclusions que vous avez présentées ici? Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par un rôle de facilitateur national et de courtier du savoir?
M. Ventresca : Le rôle de facilitateur et de courtier du savoir consiste à regrouper l'information et à la transmettre aux intervenants qui sont chargés de prodiguer les soins aux patients.
Je suis sensible à la question des rôles fédéraux et provinciaux. Si, par exemple, les rôles provinciaux et territoriaux consistent à offrir les soins de santé, sauf à quelques groupes précis qui relèvent du gouvernement fédéral, alors comment faut-il s'y prendre pour exercer une influence sur les autres parties responsables, si on ne possède pas cette autorité directe?
L'idée, c'est de commencer par offrir les moyens de regrouper l'information, par financer les personnes qui peuvent effectuer les travaux de recherche, celles qui peuvent regrouper l'information, pour ensuite peut-être réunir ces gens dans le cadre de conférences nationales ou quelque chose comme ça, et fournir des données dans certains cadres. Ces données peuvent être transmises aux organisations qui sont chargées de la prestation des soins de la santé pour qu'elles les appliquent, avec peut-être des normes nationales ou des objectifs nationaux, si on en fait état. Des pressions subtiles seront exercées sur les organisations qui ne respectent pas ces normes ou buts, parce que, encore une fois, le problème, c'est qu'on n'a pas d'autorité sur les intervenants qui offrent les services.
Grâce à ce cadre et à certains éléments d'infrastructure appuyant ce cadre permettant de livrer le message et de transmettre l'information, on peut espérer que les intervenants qui ont la responsabilité de la prestation des services vont prendre l'information et l'appliquer.
Le sénateur Chaput : Vous envisagez cela dans le cadre d'une quelconque politique nationale, d'une politique élaborée à l'échelle nationale?
M. Ventresca : Je ne connais pas bien les mécanismes fédéraux qui permettent cette prestation, mais il s'agit de jouer le rôle nécessaire, et ça pourrait être une politique assortie de financement pour permettre ce processus. Une initiative du gouvernement fédéral visant à faire en sorte que ce processus devienne réalité serait un pas dans la bonne direction.
Ainsi, lorsque nous jetons un coup d'œil sur ce qui se fait dans le cadre du programme des Gatekeepers, lorsque nous examinons ce qui se fait au centre Adams, nous constatons que l'information est transmise non seulement aux gens qui l'utilisent à un moment donné, mais aussi à d'autres intervenants. On donne à d'autres gens des conseils, et on leur fait part des secrets de la réussite, on leur explique les choses qui ont fonctionné, et on peut espérer que ces gens vont se servir de cette information pour faire la même chose dans leur région.
Le sénateur Chaput : M. Peirce, vous avez parlé de la télémédecine. C'était en réponse à une question de mon collègue.
Pour ce qui est des programmes de soins dentaires pour les aînés, vous avez dit qu'il y en a un dans la région, n'est-ce pas? Pouvez-vous nous dire ce qu'on a fait dans le cadre de ce programme?
M. Peirce : Il y a un programme dans le comté de Halton, autour de Burlington, qui se trouve à l'extrémité nord- ouest de notre région. Il s'agit du programme intitulé Halton Oral Health Outreach. Le programme vise à offrir des soins dentaires aux aînés ou aux adultes qui ont certains handicaps et qui n'arriveraient pas, sans programme, à accéder à des soins dentaires.
Il y a tellement d'aspects de la santé qui font que, si vous avez mal aux pieds, votre mobilité s'en trouve réduite, et si vous avez mal aux dents, peut-être cela vous empêche-t-il de bien vous nourrir. Le programme a pour but d'offrir des soins dentaires adéquats à des populations vulnérables ou à risque.
C'est un programme qu'ont récompensé l'Association dentaire canadienne et l'Association des centres d'accès aux soins communautaires de l'Ontario. Le programme est lié au Centre d'accès aux soins communautaire, qui se charge de choisir les aînés qui sont admissibles au programme et qui en ont besoin, et c'est aussi le centre qui fait l'aiguillage.
Le sénateur Chaput : S'agit-il d'un programme à frais partagés? Qui paie ce service, au départ?
M. Peirce : C'est un service assuré. On obtient du financement pour les clients à risque. Une des raisons pour lesquelles ils présentent un risque, c'est parce qu'ils n'ont peut-être pas les moyens de s'offrir de tels services. Si leur prothèse s'adapte mal au fil du temps, ils ne peuvent pas se payer un nouvel appareil. On a réservé des fonds pour offrir ces services.
Le sénateur Chaput : Qui est ce « on » qui a réservé des fonds : la région, la province ou l'association?
M. Peirce : C'est une entité distincte dirigée par des bénévoles, et elle sollicite les différentes sources de financement.
Le sénateur Chaput : Comment joint-on les personnes qui ont besoin du service?
M. Peirce : On en fait la promotion. Comme je l'ai dit, dans notre région, nous fournissons des services à une personne sur deux âgées de plus de 85 ans et à une personne sur quatre âgées de plus de 75 ans. L'une des tâches des gestionnaires de cas touche l'aiguillage. Lorsque nous servons quelqu'un, nous tentons de définir, en fonction de ses besoins, le plus grand nombre de services possible parmi ceux dont nous avons la responsabilité directe, comme les soins à domicile ou les services de soutien personnels. Nous connaissons aussi des programmes de nutrition, des programmes qui touchent les repas et d'autres services sociaux ou sanitaires. Nous aiguillons les personnes vers les bons endroits ou nous les aidons à prendre contact avec les responsables de ces services afin qu'elles profitent du plus large panier de services possible en fonction de leurs besoins particuliers.
Si l'on diagnostique chez quelqu'un la maladie d'Alzheimer, nous aiguillerons la personne vers la Société Alzheimer afin qu'elle prenne connaissance des programmes de soutien et du programme d'appui pour le conjoint, toujours dans le but de faire connaître et de promouvoir tous les services disponibles pour qu'on les utilise correctement.
Le sénateur Chaput : J'avais des questions concernant le mauvais traitement des aînés, mais on y a répondu. Je tiens à vous encourager, mesdames, à continuer votre bon travail, parce que le problème est grave.
La présidente : Ce commentaire tiendra lieu de conclusion pour cette table ronde. Je vous remercie tous du fond du cœur. Vous avez enrichi notre base d'information et, à mesure que nous avancerons, je suis certaine que vous verrez certaines des idées que vous avez exposées, sinon toutes, reflétées dans notre rapport final que, soit dit en passant, nous espérons déposer le 30 septembre.
Chers sénateurs, nous accueillons maintenant, de la Société Alzheimer de la région du Niagara, Marge Dempsey, chef de la direction par intérim; de l'Ontario Home Care Association, nous accueillons Susan D. VanderBent, directrice générale; du Conseil sur le vieillissement de Hamilton, nous recevons Denise O'Connor, directrice générale, et Carolyn Rosenthal, présidente du conseil d'administration; enfin, des Services de soutien communautaires de Niagara, nous accueillons Wendy Walker, directrice générale, Patricia Tooley, gestionnaire de programme et Pat Frank, président du conseil d'administration.
Bienvenue à tous. Commençons par le premier groupe, qui représente la Société Alzheimer de la région du Niagara.
Marge Dempsey, chef de la direction par intérim, Société Alzheimer de la région de Niagara : Je suis ravie d'être ici. Merci beaucoup de nous avoir offert cette occasion.
Je vais surtout parler de la démence, car notre organisation sert toutes les personnes dans la région de Niagara qui sont aux prises avec une forme ou une autre forme de démence, et je crois que, à l'échelle du pays, il faut reconnaître que la maladie d'Alzheimer n'est pas le seul problème qui accable la population.
Les gens atteints de ces troubles, comme vous le savez très bien, sont de plus en plus nombreux, et ce chiffre continuera de croître tant que nous n'aurons pas trouvé de remède.
Mon exposé s'articule autour de la solution des personnes atteintes de démence — car nous estimons que cette question est très grave — plus particulièrement les gens atteints de démence vivant seuls dans la collectivité.
Comme vous l'avez probablement remarqué à l'heure qu'il est, je n'ai pas pu assister aux témoignages ce matin. La proportion d'aînés est élevée à Niagara : elle arrive au premier rang au Canada à l'heure actuelle; 17,4 p. 100 de notre population est âgée de plus de 65 ans, donc nous sommes les premiers au Canada. Nous étions à égalité avec Victoria, mais maintenant, nous l'avons dépassée.
Cependant, nous savons que 8 p. 100 des personnes âgées de plus de 65 ans souffrent d'une forme ou une autre de démence. Dans la région du Niagara, ce pourcentage équivaut actuellement à environ 7 300 personnes.
Ce que nous savons aussi, c'est que, dans notre collectivité, environ 29 p.100 des aînés vivent seuls. Je parle de tous les aînés. Au Niagara, nous avons une population d'environ 14 500 personnes qui vivent seules dans la collectivité et sont âgées de plus de 65 ans. Ce pourcentage d'aînés vivant seuls a également une incidence sur notre population. Parlons des personnes atteintes de démence dans notre collectivité : si nous abordons la question d'une perspective statistique, environ 1 100 aînés atteints de démence vivent seuls chez eux, à tout moment. Cette situation n'est pas propre à notre collectivité. C'est un problème auquel nous faisons face partout dans le pays, où des gens dans la collectivité vivent seuls et vivent des changements importants à l'égard de leurs habiletés cognitives et de leur autonomie. À cause de cette situation, le problème prend de l'ampleur pour l'ensemble de la collectivité.
Actuellement, dans notre population, environ 28 p. 100 de nos bénéficiaires vivent seuls et n'ont pas de famille à proximité, et environ 18 p. 100 n'ont pas de famille du tout. Ces personnes ne disposent pas d'aidants naturels. C'est aussi un problème de taille : qui sera là pour les aider à satisfaire leurs besoins si elles ne sont plus en mesure de le faire seules?
Le cercle vicieux, chez ces personnes-là, c'est que, à mesure qu'apparaissent les changements d'ordre cognitif, elles cessent de reconnaître l'existence des problèmes. C'est là que réside la grande difficulté, car ce qui arrive à ce moment- là, c'est que la personne refuse les services parce qu'elle ne croit pas avoir besoin de quoi que ce soit, et ce refus ne fait qu'aggraver sa situation. Les personnes atteintes de démence vivant seules, faute d'avoir quelqu'un pour les orienter ou les conseiller, atteignent un degré supérieur d'incapacité. Leur état est plus grave qu'il ne le serait s'il tenait uniquement à la maladie et à ses ravages. Leur invalidité est accrue, car personne n'est là pour offrir de l'aide, une orientation ou des conseils.
Cette situation fait en sorte que les gens ne sont plus capables de combler leurs propres besoins — comme se souvenir de prendre un médicament ou de préparer les repas, ou même savoir comment — lorsqu'ils sont dans une situation à risque, entre autres. Ce manque de soutien mène à l'admission précoce de ces gens dans les établissements de soins de longue durée.
Ces gens nécessitent ainsi beaucoup plus de soins que s'ils jouissaient d'un soutien dans la collectivité et si des membres de leur famille vivaient avec eux et pouvaient les aider de façon efficace.
Notre organisme a pour but de sensibiliser la population à cette question. Je ne crois pas que les troubles cognitifs soient l'apanage des gens que nous servons. La démence est certainement un problème, mais les gens âgés de plus de 65 ans qui vivent seuls dans la collectivité sont aux prises avec toutes sortes de difficultés. Nous devons aborder cette question en tant que collectivité, en tant que nation, pour nous assurer que ces gens auront accès à des ressources et à des services adéquats.
Pour les personnes qui souffrent d'un trouble cognitif et ne comprennent pas leurs risques ni leurs besoins, il faut trouver des mesures de soutien novatrices. La difficulté tient au fait que notre système fonctionne selon certains mandats. Si une personne refuse un service, on n'insiste pas, même si elle en a besoin, parce que tout le monde a droit au risque.
Il faut trouver des façons d'échapper au cercle vicieux qui s'installe chez la personne qui ne comprend pas sa propre situation. Nous devons mettre au point des façons novatrices d'offrir des services appropriés qui permettront à la personne de demeurer à domicile, et c'est ça qu'elle veut de toute façon, car le prochain problème survient lorsque l'on tente de la placer, parce qu'elle est à risque, et que la personne refuse de partir. C'est le pire des cas.
Vous avez entendu parler du programme des Gatekeepers plus tôt. Dans le cadre de ce programme, les personnes en question sont reconnues par des membres de la collectivité — bien souvent le caissier de la banque, l'employé de la société gazière ou n'importe qui — comme des personnes à risque, et ceux qui les repèrent veulent qu'on les aide. Mais ensuite, nous avons les mains liées lorsque la personne refuse d'obtenir l'aide dont elle a besoin. Sa situation reste la même, et les gens disent : « Pourquoi ne faites-vous pas quelque chose? Vous devez faire quelque chose. » Nous reconnaissons cela, mais le processus est difficile.
Enfin, comme j'attire votre attention sur ce problème, j'espère que nous pouvons commencer à nous y attaquer, non seulement à l'échelon communautaire, mais à l'échelon fédéral et à l'échelon provincial partout au pays; reconnaissons qu'il importe de trouver des moyens appropriées d'offrir des services à ces personnes. Il faut veiller à ce que les personnes qui veulent conserver leur indépendance, c'est-à-dire tout le monde, se voient offrir les meilleurs outils pour le faire, de façon à s'assurer un soutien optimal. Pour atteindre un tel résultat avec ces personnes, il faut innover.
La présidente : Avant que nous passions au prochain exposé, je veux revenir sur certaines des statistiques que vous nous avez fournies. Lorsque vous avez déclaré que 29 p. 100 des aînés vivent seuls, parliez-vous de tous les aînés?
Mme Dempsey : Tous les aînés au Niagara. Nos statistiques actuelles révèlent que 29 p. 100 des aînés du Niagara vivent seuls.
La présidente : Vingt-huit pour cent de tous les aînés du Niagara n'ont pas de famille à proximité?
Mme Dempsey : C'est notre clientèle.
La présidente : Je voulais en avoir le cœur net. Merci beaucoup.
Susan VanderBent, directrice générale, Ontario Home Care Association : Bonjour. Merci beaucoup de nous avoir invités à venir témoigner devant vous.
L'Ontario Home Care Association, l'OHCA, est un organisme de soins à domicile et de fournisseurs de services sociaux. Les membres de l'association offrent des soins infirmiers, des services de soutien à domicile, des soins personnels, des traitements de physiothérapie et d'ergothérapie, des services de travail social, de diététique et d'orthophonie, en plus de veiller à ce que de l'équipement et des fournitures médicales soient en place à la maison.
Les services des membres de l'Ontario Home Care Association sont retenus, en vertu d'un contrat, par les trois ordres de gouvernement, les centres d'accès aux soins communautaires en Ontario, les compagnies d'assurance, les établissements, les sociétés et les particuliers. Les membres de l'OHCA sont accrédités par le Conseil canadien d'agrément des services de santé ou par l'Organisation internationale de normalisation, ISO.
L'OHCA adhère aux principes de la Loi canadienne sur la santé et du système de soins de santé canadien, qui offre un éventail de services de soins essentiels à tous les citoyens du Canada en fonction de leurs besoins, et non de leur capacité à payer.
Les soins à domicile ne sont pas prévus dans la Loi canadienne sur la santé, comme vous le savez tous, j'en suis sûre. Par conséquent, les politiques, les services et les définitions varient selon la provinces ou le territoire.
En Ontario, notre système de soins à domicile financé par les deniers publics relève du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l'Ontario, qui administre le système de soins de santé ontarien. Les services de santé locaux sont planifiés et financés par les réseaux locaux d'intégration des services de santé, ou RLISS.
Les CASC, qui relèvent des RLISS, offrent l'accès aux services de soins à domicile et aux foyers de soins de longue durée financés par les deniers publics. Voilà notre système en Ontario, je suis sûre que vous le connaissez.
L'admissibilité aux soins à domicile financés par l'État est déterminée par les responsables des CASC, et les soins sont dispensés par des organismes fournisseurs de services qui ont été sélectionnés dans le cadre d'un concours. Les fournisseurs de services ontariens peuvent être des entreprises privées ou des organismes sans but lucratif.
Comme c'est le cas ailleurs au Canada, l'OHCA estime que la majeure partie des soins à domicile est toujours offerte à des êtres chers par des membres de la famille et d'autres aidants pleins de sollicitude qui ne sont pas rémunérés.
Je vais vous transmettre quelques chiffres au sujet du système ontarien qui pourraient vous intéresser. En 2005-2006, 649 244 clients ont profité des services de soins à domicile financés par les CASC. C'est beaucoup de monde. Chaque jour, environ 185 000 Ontariens reçoivent des services par l'entremise des CASC. En 2005-2006, 25 766 724 visites — des heures de soins — ont été effectuées en Ontario; 67 p. 100 de ces soins touchaient le soutien personnel et l'entretien ménager, alors la majeure partie des soins est liée au soutien personnel et à l'entretien ménager. Les soins infirmiers, comme la gestion des doses ou le traitement par perfusion, représentent environ 27 p. 100 des soins. Les traitements comme l'ergothérapie, la physiothérapie et la diététique équivalent à environ 6 p. 100 des soins prodigués. Les personnes aînées, qui sont âgées de plus de 65 ans, représentent 58,5 p. 100 des admissions en 2005-2006. Enfin, 88 p. 100 des Ontariens interrogés dans le cadre d'un sondage Polara effectué en 2006 signalent qu'ils préfèreraient des soins à domicile et qu'ils souhaitent mener une vie autonome, chez eux.
J'ai quelques commentaires à formuler au sujet de notre société vieillissante, puis je passerai directement aux options sur lesquelles nous nous sentions en mesure de nous prononcer.
Le nombre croissant d'aînés actifs en Ontario, selon nous, témoigne du succès de notre système de soins de santé progressiste et de notre réussite en tant que société. Nous percevons cette croissance comme un élément positif.
Les aînés jouent un rôle précieux dans notre société, et ils contribuent à la solidité du tissu social des collectivités.
L'une des grandes priorités en matière de soins de santé auxquelles nous faisons face actuellement est le besoin de réagir à l'évolution des normes sociales : en effet, les aînés s'attendent désormais à pouvoir vivre et vieillir de façon autonome, à domicile. Comment peut-on combler cette attente?
On prévoit que les aînés de l'avenir seront en meilleure santé que quiconque auparavant, mais on sait aussi que la probabilité de contracter une maladie chronique augmente avec l'âge, et que cela risque de mettre en péril l'autonomie. Ainsi, nous croyons à la nécessité d'un système de soins à domicile robuste pour soutenir les aînés.
La plupart des gens, voire tous, souhaitent conserver leur autonomie pendant leurs vieux jours. Toutefois, un nombre croissant de personnes âgées vivant dans la collectivité risque de perdre leur autonomie, comme nous l'a révélé Mme Dempsey, car l'aide dont elles ont besoin pour vieillir chez elles dépasse la capacité actuelle du système de soins de santé. Voici un indice clair de la perte imminente de l'autonomie d'une personne : lorsqu'une famille décide, souvent pour des raisons de sécurité, que cette personne doit songer à faire une demande d'admission dans un établissement de soins à long terme.
Cette démarche est souvent amorcée par des personnes dont la situation est très précaire. Je crois que Mme Dempsey a bien décrit cette situation. Ces personnes sont à la limite. Elles ont besoin d'un peu plus d'aide que ce qui est actuellement offert ou prévu par le système communautaire. Elles n'ont pas besoin de l'ensemble des services d'un établissement, mais elles ont atteint le seuil critique. Dans des cas pareils, nous croyons que des services à domicile améliorés et axés sur les besoins contribueraient considérablement à la qualité de vie des personnes âgées et des êtres qui leur sont chers.
Je vais maintenant aborder nos recommandations, puis je conclurai. Nous avions quelques commentaires à faire au sujet des options 60 à 69.
Somme toute, nous sommes chanceux de vivre dans un pays prospère où les citoyens du troisième âge peuvent profiter d'un niveau de vie élevé. Nous savons qu'il existe un certain nombre de possibilités de créer un environnement où les aînés peuvent vivre chez eux aussi longtemps que possible. Pour créer cet environnement, il faut être prêt à changer les pratiques en place, et il faut entreprendre une évaluation rigoureuse des nouveaux programmes conçus pour que les gens puissent rester chez eux.
En réponse au deuxième rapport intérimaire du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement, l'OHCA fournit des recommandations sur la section qui traite des soins à domicile. Voici le sommaire de nos recommandations.
Nous croyons qu'un programme national de soins à domicile est une mesure qui pourrait réduire ou limiter la gamme de services qu'offrent actuellement les programmes provinciaux de soins à domicile. Par conséquent, à l'instar de l'Association canadienne de soins et services à domicile, nous ne sommes pas en faveur d'un programme national de soins à domicile.
Nous avions entamé des discussions au sujet d'un programme national après le rapport Romanow, et nous avions examiné le Fonds pour l'adaptation des services de santé. Nous avions observé un tel écart entre les provinces au chapitre des programmes de soins à domicile, que le programme ontarien notamment, qui fait bonne figure comparativement aux autres, aurait dû être réduit si on avait créé un programme national. Cette régression serait difficile pour l'Ontario, et c'est pourquoi on a coupé court à certaines discussions.
En songeant à un pareil projet, nous devons tenir compte des services et des programmes déjà en place, et ceux-ci devraient peut-être constituer notre point de départ.
Je vous transmets cette recommandation et sa justification.
Nous recommandons d'élargir les services de soins à domicile et de les intégrer davantage aux activités liées à la prévention et à la prise en charge proactive des gens chez qui l'on a diagnostiqué des maladies chroniques. Il faut intervenir en amont. Nous devons commencer à aborder certains des problèmes dès le moment où la maladie chronique est diagnostiquée.
Le système de soins de santé du XXIe siècle consistera à soigner des gens qui ont une maladie chronique pendant l'évolution de cette maladie. Nous avons maintenant dépassé le cadre du traitement ponctuel.
Nous croyons qu'il faut créer un régime d'épargne exonéré d'impôt ou un régime enregistré d'épargne pour les soins de longue durée, afin que les familles puissent se procurer les services essentiels visant à soutenir les activités de la vie quotidienne. Nous devons commencer à aider les gens à planifier leurs vieux jours de façon à les aider à rester plus longtemps en meilleure santé chez eux, et nous nous réjouissons de cette situation. Par conséquent, les aînés vivent plus longtemps et relèvent plus de défis.
Nous croyons qu'il faut établir un cadre national pour les programmes de soins de relève afin d'uniformiser l'approche d'un océan à l'autre tout en offrant une souplesse aux localités, en fonction du contexte provincial ou territorial.
Nous recommandons au gouvernement fédéral de mettre sur pied des incitatifs pour que les employeurs adoptent des pratiques liées à l'emploi qui appuient les aidants naturels. Le programme officiel de soins à domicile n'est pas le principal pourvoyeur des soins. Les êtres chers jouent ce rôle, et nous croyons qu'il en sera toujours ainsi.
Selon nous, il faudrait créer une tribune pour permettant un meilleur échange des pratiques d'intégration partout dans le pays. J'ai apporté, à l'intention du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement, des documents qui portent sur les pratiques d'intégration et sur certains processus essentiels visant la qualité que chaque organisme et chaque système de soins de santé devraient envisager, à mesure que les gens cheminent dans le continuum des soins de santé et qu'ils passent des soins actifs aux soins à domicile, passent au système de soins à domicile et peut-être même aux soins de longue durée.
Ces processus essentiels visant la qualité peuvent nous aider à établir des repères.
Nous croyons qu'il faut donner plus d'ampleur au mandat et au financement relatifs aux soins à domicile en Ontario afin d'assurer une meilleure intégration des partenaires du système.
Nous croyons que le soutien financier, y compris les dispositions d'exclusion pour les aidants naturels du Régime de pensions du Canada, doit être examiné en profondeur dans le but d'assurer une aide financière appropriée et significative aux aidants naturels.
Carolyn Rosenthal, présidente, conseil d'administration, Hamilton Council on Aging : Le Hamilton Council on Aging est un nouvel organisme qui a pour objectif de faire de l'éducation et de promouvoir de meilleures conditions de vieillissement pour les aînés grâce à un réseau de personnes et d'organisations.
Nous partageons votre vision d'un Canada inclusif où les aînés sont présents, actifs et en santé et où les valeurs que vous avez identifiées comme étant essentielles sont présentes. C'est dans cet esprit que nous vous présentons, en trois parties, notre réponse au rapport. Je vais commencer par en faire un sommaire, puis j'approfondirai.
Premièrement, nous apprécions l'exhaustivité de votre rapport et les excellentes options proposées par le comité. Nous vous encourageons vivement à adopter un cadre stratégique qui s'inspire du modèle des villes-amies des aînés de l'Organisation mondiale de la santé afin d'encourager et de permettre le vieillissement actif et en santé des aînés.
Deuxièmement, nous vous recommandons d'accorder plus d'importance aux transports dans votre rapport.
Troisièmement, nous aimerions partager avec vous certaines de nos expériences concernant deux questions clés pour les aînés de Hamilton : la réduction de la pauvreté et l'inclusion sociale au sein des nouvelles communautés d'immigrants. Nous recommandons de traiter davantage des immigrants aînés et de la diversité ethnoculturelle.
Je parlerai tout d'abord des villes-amies des aînés.
Nous partageons pleinement votre enthousiasme au sujet du modèle des villes-amies des aînés de l'OMS. Nous aimerions que le Sénat du Canada devienne un champion en la matière. À notre avis, il s'agit d'un excellent modèle qui permet de maximiser la possibilité de vieillir en santé et de demeurer actif dans un environnement positif et de préparer nos collectivités à aider les aînés, segment de la population qui prend de l'importance au cours des prochaines années.
Cependant, il faudra beaucoup d'appui pour y arriver. Si le Sénat devient le champion national de cette initiative, il pourra faire avancer la cause des centres urbains adaptés aux aînés.
Le Hamilton Council on Aging s'intéresse aux villes-amies des aînés depuis un certain temps. Nous attendons la réponse à une demande de subvention que nous avons présenté à la Fondation Trillium pour obtenir le financement nécessaire pour faire avancer ce projet dans notre ville.
Le financement nous permettrait d'appliquer le modèle à la ville de Hamilton, ce qui ferait de nous la première grande ville du Canada à le faire.
Le Hamilton Council on Aging se perçoit comme un catalyseur, car il collabore avec toute une gamme de partenaires dans le cadre de cette initiative, et c'est ainsi que nous avons travaillé jusqu'à maintenant.
Quand nous avons mis au point cette proposition, nous étions très encouragés par l'appui et l'enthousiasme des différents groupes et organismes dans notre collectivité. Parmi les différents groupes et organismes que nous avons rencontrés, tous sont d'avis que notre collectivité est prête pour mettre en œuvre cette initiative.
Nous savons que les gens sont enthousiasmés par le modèle des villes-amies des aînés et la perspective de l'appliquer à Hamilton. De plus, les provinces nous ont fait part de leur appui lors d'une rencontre que nous avons eue il y a une ou deux semaines à Toronto. Il nous reste à obtenir de l'aide pour mettre en branle l'initiative.
Cependant, nous n'avons non pas seulement besoin de financement, même si c'est nécessaire au départ, bien sûr, mais nous devons aussi mobiliser notre population afin qu'elle change sa façon de faire et crée un environnement propice pour bien vieillir et rester en santé. Il faut faire les choses différemment.
En ce qui concerne le transport, il s'agit, à notre avis, de l'un des aspects des villes-amies des aînés qui devrait être abordé plus en profondeur dans le rapport. Il s'agit d'une question importante pour les aînés vivant à Hamilton et ailleurs, surtout ceux qui ont un faible revenu. L'accès aux services de santé, l'inclusion sociale et le vieillissement actif dépendent largement de la disponibilité des transports. La nature des problèmes de transport varie selon la collectivité et la région — urbaine, de banlieue ou rurale.
Il nous faut un cadre stratégique et des fonds pour mettre en œuvre des solutions créatives à l'échelle locale. Nous prévoyons que l'accès aux transports deviendra une question de plus en plus importante en raison de la flambée du prix de l'essence et du nombre de personnes âgées qui devront se départir de leur voiture — sans compter le vieillissement de la population de la banlieue.
Nous vous présentons deux recommandations à ce sujet.
Premièrement, nous pressons le gouvernement fédéral d'aider les municipalités à améliorer leurs services de transport en commun et l'accessibilité pour les personnes en fauteuil roulant.
Deuxièmement, nous aimerions que le gouvernement fédéral offre aux aînés de 75 ans et plus et aux personnes ayant un handicap attesté par un médecin un crédit d'impôt de base pour le transport qui pourrait atteindre 2 000 $ et qui pourrait rembourser 75 p. 100 des coûts liés au transport, sur présentation de reçus. Ce crédit d'impôt permettrait aux personnes admissibles de prendre part à la société et de rester indépendantes, grâce à un meilleur accès aux transports. Elles pourraient ainsi se rendre facilement à des activités ou chez le médecin.
Troisièmement, je parlerai de deux initiatives auxquelles travaille actuellement notre conseil qui nous aiderons à nous rapprocher du modèle des villes-amies des aînés et qui sont axées sur deux problèmes propres aux personnes âgées de notre population.
La première initiative vise à réduire la pauvreté chez les aînés et consiste à trouver ceux qui sont admissibles à des prestations comme le Supplément de revenu garanti, mais qui n'en reçoivent pas. À Hamilton, la proportion d'aînés vivant dans la pauvreté est plus élevée que la moyenne nationale. Notre approche est axée sur les quartiers. Nous travaillons avec des organismes communautaires pour retrouver ces personnes, et des bénévoles formés peuvent les aider à remplir les formulaires nécessaires. Il y aurait à Hamilton environ 4 000 personnes âgées qui ne reçoivent pas les prestations auxquelles elles ont droit, comme le SRG.
Nous sommes heureux de constater que vous préconisez des changements dans les politiques relatives aux avantages financiers et dans le cadre budgétaire fédéral-provincial. Ces changements permettent de faire reconnaître les coûts supplémentaires que les provinces devront absorber pour répondre aux besoins d'une population vieillissante.
Dans le cadre de la deuxième initiative, nous aidons les aînés de différentes origines ethnoculturelles à accéder aux services communautaires. Nous avons déjà frappé à la porte des communautés somalienne, chinoise, punjabie et soudanaise, et nous comptons en approcher d'autres. Nous arrivons à la fin de la première année, et nous avons obtenu du financement pour une autre année.
Nous avons recruté des organismes communautaires partenaires afin de nouer des liens avec ces communautés et de les mettre en contact avec ces organisations de prestation de services. L'objectif général de ce programme est de diminuer l'isolement social et de promouvoir l'inclusion sociale des différentes cultures.
La diversité ethnoculturelle, surtout en ce qui concerne les immigrants âgés, est caractéristique des grands centres urbains du Canada, dont Hamilton. En appliquant le modèle des villes-amies des aînés, il faut tenir compte de cette diversité et prévoir des stratégies pour que les gens de toutes les origines puissent bénéficier d'une bonne qualité de vie en vieillissant. Ainsi, nous souhaitons ardemment que le rapport accorde plus d'importance aux immigrants aînés et à la diversité ethnoculturelle.
En conclusion, nous vous félicitons pour votre rapport et vous encourageons à jouer un rôle de chef de file national dans l'initiative des villes-amies des aînés. Ce modèle permettra aux Canadiens de bien vieillir.
Wendy Walker, directrice générale, Services de soutien communautaire de Niagara : Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de me prononcer sur certains des enjeux que vous avez soulevés dans votre rapport.
Les Services de soutien communautaires de Niagara, organisme sans but lucratif enregistré, offrent des services bénévoles aux aînés et aux adultes handicapés. Notre organisme a pour mission d'offrir un soutien à ses clients afin qu'ils puissent mener une vie autonome chez eux dans leur collectivité.
Nos services bénévoles comprennent la livraison de repas, soit la popote roulante, des repas-rencontres et le transport — nous offrons un service de transport bénévole. J'appuie le commentaire de Mme Rosenthal : il faut accroître l'ampleur des services de transport, notamment dans notre région. Nous offrons des programmes de visite à domicile ainsi que des programmes sociaux et de sécurité. Nous offrons aussi la gestion des services et la coordination de services d'entretien et de réparation assez abordables, et nous lançons un nouveau service d'entretien ménager cette année.
De concert avec les centres d'accès aux soins communautaires, nous mettons en œuvre une initiative visant à permettre aux personnes de demeurer à leur domicile; dans le cadre de cette initiative, les personnes peuvent profiter d'un transport pour se rendre chez elles de l'hôpital, lorsque les amis et la famille ne sont pas disponibles, et obtenir de l'aide pour s'établir dans leur domicile. Nous faisons le marché des personnes qui ont été hospitalisées pendant un bon moment, et nous allons chercher des médicaments à la pharmacie, si la personne en a besoin. Le CASC, bien sûr, prend les arrangements nécessaires pour que la personne reçoive les soins personnels ou infirmiers qui lui sont nécessaires pour demeurer chez elle.
Le bénévolat est essentiel à nos services. Notre banque de bénévoles rétrécit progressivement à mesure que ceux-ci vieillissent — certains deviennent même nos clients —, et peu de membres de la collectivité retroussent leurs manches pour prendre leur place.
Les organismes tributaires des bénévoles doivent offrir à ceux-ci une expérience significative et enrichissante s'ils souhaitent conserver leur banque de bénévoles.
Dans le secteur bénévole, on fait des pressions depuis un certain moment pour que le bénévolat soit compensé par des crédits d'impôt. Nous sommes heureux de constater que c'est l'option 1 de votre rapport. Un crédit d'impôt témoignerait de la reconnaissance du don précieux que font les bénévoles de leur temps.
Un bénévole offre en moyenne de 50 à 100 heures chaque année. Les bénévoles offrent des services. Ils siègent également à nos conseils d'administration, nos conseils consultatifs et nos différents comités, et ils transmettent la rétroaction de la collectivité sur les types de services offerts et les lacunes à l'égard des services.
L'année dernière, les Services de soutien communautaires de Niagara ont accumulé 40 084 heures de bénévolat. Ce chiffre révèle une augmentation de 10 p. 100 par rapport à l'année précédente. Même si l'ensemble de la région du Niagara compte un peu moins de 500 bénévoles, et que ce chiffre diminue légèrement, nos bénévoles donnent plus d'heures. Ils accomplissent davantage d'activités bénévoles.
Nous disposons d'une base de données qui enregistre de façon précise tout don de bienfaisance, puis nous transmettons l'information chaque année à l'Agence du revenu du Canada. La base de données enregistre également les heures données par chaque bénévole. Le total des heures de bénévolat est communiqué au ministère de la Santé et des Soins de longue durée en Ontario. Nous enregistrons également les heures de bénévolat des étudiants, qui sont transmises à l'école pour que la contribution bénévole de l'étudiant soit reconnue.
Une reconnaissance qui prendrait la forme d'un crédit d'impôt serait bien accueillie par les bénévoles. Ce serait une reconnaissance tangible du temps qu'ils contribuent, et une telle mesure pourrait aider à attirer de nouveaux bénévoles.
Je songe souvent au fait qu'il est facile de donner un chèque de 100 $ à l'organisme de son choix, mais qu'aucune mesure de reconnaissance n'est en place pour ceux qui se présentent chaque semaine ou toutes les deux semaines et consacrent deux heures de leur temps à distribuer des repas, à l'exception de la reconnaissance interne que nous manifestons à nos bénévoles.
Dans la région de Niagara, nous mettons sur pied un comité, avec le soutien du RLISS et de Marge Dempsey, visant à renforcer les liens avec les écoles, les collèges et les universités du coin afin de promouvoir le bénévolat. Nous savons que les gens qui commencent à faire du bénévolat tôt continuent habituellement à le faire à l'âge adulte si leur expérience est positive.
À cet égard, nous appuyons vivement les options 1 à 5 de votre rapport, qui traitent des bénévoles.
Comme on l'a mentionné précédemment, les aidants naturels sont un autre groupe dont il faut parler. J'ai souligné l'option 37 et les options 63 à 67.
Les aidants naturels, comme on l'a déjà mentionné, fournissent la majorité des soins aux aînés qui vivent à domicile. On doit les appuyer au moyen de services de relève, d'information et de soutien immédiatement disponibles pour les aider à comprendre les besoins des aînés et à y réagir. Les aidants naturels ont besoin de soutien pour combler leurs propres besoins personnels.
Nous estimons que, avec des mesures de soutien appropriées, il est possible d'aider les aidants naturels et de maintenir leur bien-être; ainsi, les aînés peuvent continuer à profiter de leurs soins à domicile.
Je veux parler brièvement d'une autre option directement liée à notre organisme et aux aînés qui bénéficient de nos services, soit l'option 24 : rendre non imposables les prestations de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti.
Les aînés qui possèdent des ressources limitées ont besoin d'aide financière pour maintenir leur autonomie à domicile. Bon nombre de services communautaires moyennent des frais d'utilisation; par exemple, le coût d'un repas du service Meals on Wheels. Les Services de soutien communautaires de Niagara, notre organisme, offrent des subventions à même les dons reçus. Toutefois, les aînés à faible revenu vivent toujours des difficultés financières et, bien souvent, ne peuvent pas accéder aux services nécessaires. Nous constatons que les aînés optent pour le service de livraison de repas parce qu'ils ils ne sont pas capables de cuisiner eux-mêmes et qu'ils n'ont pas les moyens de recourir à des services d'entretien ménager.
L'option 38 consiste à améliorer la formation des travailleurs de la santé qui offrent les services aux aînés.
L'option 39 consiste à mettre en commun les pratiques exemplaires relatives à la prévention des mauvais traitements à l'égard des personnes âgées.
L'option 41 est formulée comme suit : « Appuyer des projets de renforcement des capacités visant la formation en gériatrie et en gérontologie. » Dans la région du Niagara, les mesures de soutien, y compris le diagnostic et le traitement rapides de la démence, sont limitées. Je crois que Mme Dempsey a aussi fait allusion à cette question.
L'option 51 consiste à accroître le parc de logements abordables. Encore une fois, les options de logement avec services de soutien sont limitées dans la région. Ce type de logement profite vraiment aux aînés qui ne sont pas capables d'accomplir toutes les tâches de la vie quotidienne. Ils sont assistés par le personnel, qui leur offre un certain degré d'aide pour qu'ils puissent conserver leur autonomie.
Les options 60 et 61 concernent la création d'un programme national de soins à domicile. Je crois qu'il faut assurer une certaines normalisation à l'échelle du pays, mais surtout pas au détriment des programmes qui sont déjà en place. Nous constatons parfois, lorsque des gens viennent d'autres collectivités et d'autres provinces, que les services ontariens ne sont pas les mêmes que ceux des autres provinces. Les gens cherchent à obtenir des services de base.
L'option 68 vise à mieux intégrer les soins de courte durée, les soins de longue durée et les soins communautaires. Il faut s'assurer que les aînés peuvent mener une vie aussi autonome que possible.
Je crois que nous avons commenté les enjeux et les options qui influent directement sur les clients que nous servons, sur les bénévoles qui dispensent nos services et sur les services de soutien communautaires que nous offrons.
Nous estimons que l'information contenue dans votre rapport est à jour et témoigne d'une bonne réflexion, et nous l'appuyons.
Encore une fois je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de participer.
La présidente : Madame VanderBent, j'aimerais parler de votre position à l'égard du programme national de soins à domicile. Nous n'avons jamais eu l'intention de faire du nivellement par le bas. Nous étions d'avis qu'il fallait tendre vers le plus grand panier de services possible.
Vous savez sûrement très bien que, à certains endroits au pays — et je pense par exemple à ma province d'origine, la Nouvelle-Écosse —, les services de soins à domicile sont limités, et que cette lacune est surtout imputable à l'enveloppe budgétaire provinciale, qui ne permet pas de mettre sur pied de nouveaux services de soins à domicile.
Si nous jetons un coup d'œil aux arrangements qui ont été rédigés par le gouvernement précédent concernant les services de garde d'enfants, je crois qu'on a tenu compte de cette réalité, parce qu'on a accordé aux provinces toute la souplesse voulue pour faire fond sur le programme déjà en place. En d'autres mots, tout argent provenant du gouvernement fédéral était destiné non pas à remplacer les services déjà en place, mais à améliorer ceux qui existaient déjà.
Si nous concevions un tel arrangement, seriez-vous davantage satisfaite?
Mme VanderBent : Certainement; j'ai assisté à beaucoup de réunions qui ont suivi le dépôt du rapport Romanow, en ce qui concerne les soins palliatifs, par exemple, et les normes nationales s'appliquant à ces soins. Nous aboutissions toujours à cette impasse, c'est-à-dire que nous ne pouvions pas définir le panier de services de base. Les programmes que nous jugions essentiel étaient qualifiés de « Cadillac » hors de prix par d'autres.
Je sais que, depuis le rapport Romanow, le gouvernement fédéral a réservé de l'argent aux provinces pour qu'elles puissent élargir leur système de soins à domicile et communautaires, ce qui sous-tend les changements que nous voyons en Ontario. Je ne saurais trop insister sur le fait que c'est le gouvernement fédéral qui a favorisé ces changements et nous a aidés à élargir tous nos services dans le cadre du système de soins à domicile et communautaires, et je l'en félicite.
J'appuierais certainement la mesure que vous avez proposée, et notre association l'appuierait également, mais il sera difficile de décider de la nature du panier de services dont les gens ont besoin, puis d'intégrer ces services à tous les différents modèles et à toutes les différentes méthodes de prestation de services qui existent d'un océan à l'autre.
La présidente : Ce qui me plaisait le plus des arrangements relatifs aux services de garde, c'était le fait qu'ils étaient souples. C'était un programme national, mais on ne tentait même pas de comparer la situation du Manitoba à celle du Nouveau-Brunswick. On disait au Manitoba : « Voici le système que vous avez en place; nous allons signer une entente avec vous pour injecter des fonds supplémentaires afin que vous puissiez faire fond sur ce système. »
Cette démarche, à mon avis, offrait la souplesse nécessaire. Nous parlons de l'importance de la souplesse du gouvernement fédéral, et il me semble que cette démarche serait idéale. Je crois que c'est pour cette raison que le Québec s'est joint au programme, car, comme vous le savez, cette province tient toujours à demeurer indépendante et à s'assurer du caractère sacro-saint de ses services pour qu'on ne puisse pas les comparer aux services d'une autre province. Si nous ne l'avons pas expliqué dans notre modèle, le manque de précision est notre erreur.
Je suis maintenant convaincue que vous ne vous opposez pas au caractère national de l'arrangement : vous voulez seulement vous assurer que personne ne voie ses services diminuer.
Mme VanderBent : Exactement.
Le sénateur Cordy : Madame Rosenthal, je suis intéressée par votre approche axée sur les quartiers, qui consiste à informer les aînés de leur admissibilité aux prestations. Je travaille actuellement sur un discours à l'intention du Sénat qui traite du nombre d'aînés au Canada qui ne touchent pas de prestations du Régime de pensions du Canada ni de Supplément de revenu garanti. S'ils ne touchent pas de prestations du RPC, ils ne touchent pas de SRG. Le problème, c'est que les aînés ne connaissent pas leurs droits.
Vous avez communiqué avec des aînés dans une petite collectivité, et cela fonctionne. Comment peut-on communiquer avec eux sur à l'échelle nationale pour voir à ce que les Canadiens touchent les prestations auxquelles ils ont droit?
Le SRG a contribué à réduire la pauvreté chez les aînés, mais le niveau de pauvreté, particulièrement chez les femmes seules, demeure élevé.
Pouvez-vous donner de plus amples détails sur ce que vous faites et nous dire si cette approche pourrait être adaptée à l'échelle nationale.
Mme Rosenthal : Nous avons commencé ce projet il y a environ six ou sept mois.
Notre conseil de planification sociale et de recherche nous a aidés sur le plan de la recherche pour repérer ou définir les collectivités et les quartiers de Hamilton où le pourcentage d'aînés à faible revenu est le plus élevé. Nous avons alors ciblé des quartiers précis. C'est une approche axée sur les quartiers.
L'amélioration des services à la collectivité est pour moi un domaine nouveau. Je viens du milieu universitaire.
J'ai entendu quelqu'un dire que le modèle des villes-amies des aînés s'applique essentiellement à un quartier à la fois. Ce modèle va dans le sens opposé de ce dont vous parlez lorsque vous abordez la question du point de vue fédéral.
Notre stratégie initiale consistait à travailler avec l'Agence du revenu du Canada et à participer à des séances d'information fiscale. Bien sûr, le problème, c'est que la plupart des aînés qui se présentent à ces séances sont quelque peu sensibilisés à ces questions. Dans le cadre de la deuxième étape, nous utiliserons ces séances d'information pour aider les aînés qui touchent des prestations à accéder à d'autres types de subventions auxquelles ils ont droit et dont ils ne connaissent pas l'existence. Quant à ces prestations fédérales, les plus importantes, nous tentons, par l'entremise d'organismes communautaires et d'associations de quartier, de repérer les aînés que nous disons « difficiles à rejoindre ». Ces personnes sont celles qui vivent isolées.
Il arrive souvent que les deux projets, celui de l'admissibilité aux prestations et celui de la diversité ethnoculturelle, se chevauchent, car certains de ces aînés isolés sont aux prises avec des barrières linguistiques, entre autres.
Le mieux que je puisse vous dire en ce moment, c'est que la collaboration avec les associations locales et les groupes de quartier, y compris les organismes confessionnels établis dans certaines collectivités, s'est révélée utile pour joindre les personnes. Toutefois, le processus consiste vraiment à surmonter un défi à la fois. C'est un travail pénible.
Nous avons formé un groupe de bénévoles. Je crois que c'est essentiel. J'ai été intéressé par le commentaire de Mme Walker au sujet des bénévoles. Nous nous creusons la tête pour trouver le moyen de maintenir en place ces bénévoles au fil du temps, car ce sont des ressources extrêmement précieuses, et nous tentons d'obtenir du financement pour retenir les services d'un coordinateur des bénévoles, qui sera un poste permanent.
Je ne sais pas si cela peut vous aider.
Le sénateur Cordy : Oui.
Denise O'Connor, directrice générale, Hamilton Council on Aging : Nous avons un responsable de l'amélioration des services à la collectivité qui est formé dans le domaine et qui a établi des relations avec un certain nombre des communautés ethnoculturelles. Ses relations nous ont aidés à nous frayer un chemin dans ces communautés et à créer ces relations.
Bien souvent, les personnes de certaines communautés craignent l'autorité. Elles n'ont pas vécu d'expériences positives avec le gouvernement; les représentants des gouvernements sont des gens effrayants. Stimuler la confiance des communautés contribuera à renforcer les liens de confiance qui existent déjà, mais la démarche doit se faire auprès des communautés individuelles, elle doit être locale. C'est non pas une question de relations publiques, mais bien d'établissement de la communication avec chacun. Les gouvernements peuvent publier des brochures, mais si personne ne les lit et que personne ne leur prête foi, on n'y fera pas attention.
L'important, c'est chaque relation individuelle.
Mme Dempsey : J'aimerais aussi en parler, parce que nous faisons souvent face à ce problème dans une population de personnes vivant seules.
Encore une fois, ce problème afflige non seulement notre population atteinte de troubles cognitifs, mais aussi les aînés qui vivent seuls en général. Parfois, ce sont des immigrants qui ne parlent pas bien anglais et, comme vous l'avez dit, ils sont effarouchés par le concept de participation gouvernementale.
L'une des choses que nous avons faites, et je crois que cette stratégie serait utile partout, c'est de demander aux organismes qui sont actifs d'une façon ou d'une autre dans l'environnement des aînés d'ajouter, à leur liste de questions visant à recueillir de l'information, la suivante : « Connaissez-vous toutes les ressources qui s'offrent à vous sur le plan financier? »
En posant cette question, on ne demande pas aux aînés quel est leur revenu, on ne leur demande pas quelle somme ils touchent; on leur offre quelque chose, de l'information. Cette démarche semble mieux accueillie.
Cela devrait être un critère, car beaucoup de personnes, en plus de ne pas toucher le montant d'argent auquel elles ont droit, ne font même pas leur déclaration d'impôt sur le revenu. Ce sont de vrais problèmes.
Le sénateur Cordy : On a raconté des histoires abominables au comité.
Mme Dempsey : Oui, c'est vrai. Pendant des années, des personnes ne touchent même pas l'argent dont elles ont besoin pour survivre.
Le sénateur Cordy : L'une des choses que j'ai apprises d'un témoin qui s'est présenté devant le comité c'est que, au Canada, si l'aîné n'a pas touché de prestations du RPC ou du SRG, le gouvernement fédéral lui accorde rétroactivement des prestations pour une période de 11 mois. Au Québec, cette période est de cinq ans. Le défaut d'inscription au Québec est presque inexistant, tandis qu'au Canada dans l'ensemble, j'ai oublié le chiffre, mais il est important.
On pourrait aussi se pencher sur cette question. Quelqu'un a remarqué que l'on a beau s'obstiner à faire imprimer des brochures, on ne rejoint pas tous les aînés. Arriver à réduire la pauvreté chez les aînés serait un pas de géant.
Madame Walker, nous croyons qu'un incitatif fiscal pour les bénévoles est une idée géniale, et vous aussi. Votre déclaration sur cette question était judicieuse.
Votre organisme tient un bon registre des heures de bénévolat fournies par chacun. Ce ne sont pas tous les organismes qui sont en mesure de le faire, car ils n'ont pas les bénévoles nécessaires.
Comment peut-on éviter de compliquer inutilement la situation si nous offrons des incitatifs fiscaux aux bénévoles? Le gouvernement a intérêt à compliquer les choses pour rien, afin que les gens baissent les bras et concluent que ça ne vaut pas la peine de passer dix heures à remplir des formulaires pour recevoir 150 $.
Avez-vous une recommandation à ce sujet? Nous comprenons que le gouvernement doit être responsable, mais, en revanche, comment peut-on maintenir la simplicité?
Mme Walker : C'est une excellente question. Je pensais aussi à ce problème. Nous donnons des reçus aux donateurs qui offrent des contributions monétaires. Peut-on faire la même chose avec les bénévoles? Si nous donnons un reçu de donateur au bénévole, et qu'il œuvre pour plusieurs différents organismes, il recevrait un reçu de donateur de chaque organisme.
J'aimerais dire qu'un dollar l'heure serait bien, mais cela ne fonctionnera probablement pas ainsi. Il faudrait déterminer ce que vaut une heure de travail bénévole en crédit d'impôt.
Le sénateur Cordy : Même à la fin de l'année, le bénévole pourrait recevoir un reçu de donateur indiquant le nombre d'heures qu'il a consacrées à l'organisme, puis on pourrait déterminer le montant plus tard.
Mme Walker : Oui, c'est la suggestion. Je ne sais pas.
Le sénateur Cordy : Je trouve que votre commentaire selon lequel c'est plus facile de faire un chèque que de faire du bénévolat chaque semaine est particulièrement judicieux.
Mme Walker : C'est beaucoup plus facile.
Le sénateur Cordy : Ma prochaine question s'adresse à Mme Dempsey.
Dans la famille de mon père, trois personnes sont décédées au début de la soixantaine. Ceux qui ont vécu jusqu'à l'âge de 75 ans et plus ont tous manifesté des signes de démence, alors j'aimerais m'assurer que des bonnes mesures sont en place si je vis jusqu'à cet âge.
Je siégeais à un comité qui examinait la santé mentale et la maladie mentale, et l'un des sujets que nous avons abordés était la démence.
L'une des choses dont vous avez parlé était le droit au risque. Nous avons regardé toutes les facettes de ce droit dans le cadre du comité; c'est-à-dire lorsque quelqu'un refuse de prendre ses médicaments ou, comme vous l'avez dit, refuse de quitter son domicile pour des raisons de sécurité.
Avez-vous trouvé une façon de faire qui permettrait bien de respecter droit? Dans les autres comités auxquels j'ai participé, nous avons tourné la question dans tous les sens et nous avons entendu des témoignages inconciliables des deux côtés, de personnes qui affirmaient qu'on ne peut jamais forcer quelqu'un à prendre un médicament contre son gré, et d'autres qui ont déclaré que nous le devons, pour la sécurité de la personne.
Mme Dempsey : C'est là que réside le formidable dilemme éthique.
Je suis une ancienne infirmière, alors je me souviens du temps où le système était paternaliste et on ne disait rien aux gens; on faisait juste passer à l'action. Je travaillais dans le temps où l'on administrait des placebos sans consentement. On n'a plus le droit de faire ce genre de choses maintenant, et c'est très bien ainsi. Je n'ai jamais été en faveur de ce genre de choses.
Persuader quelqu'un de prendre quelque chose sous de faux prétextes n'est plus considéré comme une pratique appropriée.
Toutefois, je crois que l'élément critique est la capacité. Je n'ai aucune objection à ce qu'une personne soit à risque si elle a la capacité de comprendre en quoi consiste le risque. Si la personne sait que ses actes constituent un comportement à risque élevé ou qu'elle se met en péril pour le faire, mais qu'elle comprend parfaitement les conséquences de ce comportement et peut les mesurer, alors certainement, elle a le droit de prendre ce risque.
Si la personne ne comprend plus le risque auquel elle s'expose ou ne sait plus en mesurer l'ampleur et que la personne, ce qu'elle était avant, par le passé, n'aurait jamais consenti à prendre ce risque, ou qu'elle n'aurait jamais adopté un certain type de comportement ou exercé un certain type d'activité si elle avait été forte de toutes ses facultés cognitives, et que maintenant, à cause de l'altération de ses facultés cognitives, elle fait ces choses, alors ce n'est plus la même situation.
Je crois que, lorsqu'une personne n'est plus en mesure de comprendre le risque et d'en mesurer l'ampleur et ne se serait jamais mise elle-même dans cette situation auparavant, il devient légitime d'intervenir et de tenter de protéger la personne comme elle l'aurait fait. Nous pouvons alors tenter de l'aider à demeurer la personne d'antan, même si elle n'est plus en mesure de le faire par elle-même.
Si une personne, avant de tomber malade, aurait volontairement pris des médicaments pour maintenir le niveau de sa tension artérielle, pour s'assurer de son bon fonctionnement cardiaque ou même pour même pour contribuer à son bien-être mental, alors il faudrait s'assurer qu'elle peut toujours le faire, même si elle ne comprend plus qu'elle en a besoin. À mon avis, il faut trouver des moyens pour réaliser cela, peut-être en procédant de façon différente.
Si une personne prend des médicaments, nous pouvons trouver une façon de l'aider à les prendre. Si les médicaments servent à atténuer, peut-être, la démence, nous pouvons dire à la personne qu'il s'agit d'une pilule pour la tension artérielle, chose qu'elle serait davantage disposée à prendre, même s'il s'agit d'un mensonge, parce qu'elle n'est plus en possession de ses moyens. Je ne proposerais jamais une telle mesure à l'endroit d'une personne en possession de toutes ses facultés cognitives.
Il en va de même pour les services qu'on offre à domicile, et c'est ce que je disais plus tôt, il faut trouver des moyens originaux de venir en aide. La personne ne croit pas avoir besoin d'aide? Alors l'aide n'est pas pour elle. Elle fait quelque chose pour quelqu'un d'autre; par exemple, elle assure la relève dans le foyer de quelqu'un qui n'a pas de soutien. Ce n'est pas parce qu'elle a besoin d'aide, l'approche est la suivante : « J'ai un ami qui se sent seul et serait ravi de pouvoir rendre visite à quelqu'un. » C'est pour l'autre qu'elle le fait, pas pour elle-même.
On ne recourrait jamais à ces mesures dans le cas d'une personne ayant toutes ses facultés cognitives, une personne en possession de ses moyens, mais pour une personne qui ne l'est pas, je crois qu'il le faut. Là réside le dilemme de notre nouveau système d'autonomie. Nous sommes passés du paternalisme à l'autonomie, ce qui est bien, mais cela peut nuire à ceux qui ne sont plus en mesure d'assumer leur autonomie. C'est un dilemme.
Je ne sais pas si c'est la réponse que vous cherchiez.
La présidente : Je crois que nous nous efforçons tous de trouver une solution à ce problème : à quel moment ai-je le droit de refuser des services?
Nous savons très bien qu'il existe des aînés qui ne souffrent d'aucun trouble cognitif. Ils peuvent souffrir de troubles physiques graves, donc ils sont placés dans un foyer de soins de longue durée. Ils ne veulent pas être là, et, sur le plan cognitif, ils n'ont aucune raison de l'être. Pouvons-nous dire : « D'accord, ils peuvent retourner dans la collectivité, même si nous savons que leur sécurité physique sera en péril »?
C'est une question difficile, qui afflige les familles qui, souvent, veulent qu'un membre de la famille profite de soins personnels de longue durée, car ils s'inquiètent de sa sécurité mentale ou physique. C'est ici, selon moi, que nous sommes confrontés au dilemme.
Le sénateur Mercer : Vous avez soulevé quelques points intéressants aujourd'hui au sujet de la discussion en cours relative au transport. Cette question refait toujours surface. Je siège aussi à un comité qui a dernièrement effectué une étude sur la pauvreté en milieu rural, où le transport est un grand problème.
Je vais me contredire un peu en ce qui concerne l'étude sur la pauvreté en milieu rural. Il me semble que l'une des questions en jeu dans les centres urbains, où le transport en commun est accessible, la solution à plusieurs problèmes — un problème environnemental, un problème de transport pour les aînés et un problème d'usager pour le transport en commun — consiste à envisager de rattacher une certaine portion des prestations du SRG à un laissez-passer de transport en commun.
La raison pour laquelle je dis ça, c'est que mon fils est retourné à l'école, et une partie des droits de scolarité de l'université est affectée à un laissez-passer de transport en commun. Il ne s'en sert pas beaucoup, mais il peut monter dans un autobus n'importe quand. Il me semble que ce laissez-passer serait une idée pleine de bon sens. Nous dépensons des millions de dollars à aider les villes et les municipalités à bâtir de bonnes infrastructures pour le transport en commun.
Si nous fournissions un laissez-passer, croyez-vous que les aînés, les bénéficiaires du SRG, l'utiliseraient? Il n'y a aucune raison d'aménager l'infrastructure s'ils ne s'en serviront pas.
Mme O'Connor : Oui, on a tenu des groupes de discussion à Hamilton sur le transport et notre programme d'accès, le programme qui établit des liens entre les services communautaires et les communautés ethnoculturelles.
On nous a dit que, si les gens avaient un billet d'autobus, ils se rendraient au YMCA : l'organisme fournit donc des billets d'autobus. Logiquement, cela élimine l'obstacle consistant à dépenser deux ou trois dollars pour aller quelque part en autobus. Au fur et à mesure que les villes concevront de nouveaux transports en commun, bien sûr, la situation s'améliorera.
La solution est parfaite pour les gens qui peuvent encore se déplacer. Une partie de la recommandation que nous avons formulée au sujet du crédit d'impôt est d'examiner la situation des gens qui ne peuvent plus prendre le transport en commun.
Le sénateur Mercer : C'est exactement là où je voulais en venir. Vous avez résolu le problème lié à mon autre rapport, selon lequel on pourrait fournir un crédit d'impôt généreux aux personnes qui touchent le SRG et n'ont pas accès au transport en commun.
Mme O'Connor : Je crois que 75 ans est un âge arbitraire pour les personnes qui ne sont pas officiellement atteintes d'une invalidité. Je ne suis pas certaine qu'il soit souhaitable de tester les gens pour savoir s'ils peuvent se déplacer. Je croyais qu'il était plus probable qu'un crédit d'impôt soit précieux pour les gens âgés de 75 ans et plus, parce qu'ils peuvent facilement prendre l'autobus à cet âge.
Le sénateur Mercer : Madame VanderBent, vous craignez que les services offerts aux Ontariens soient nivelés par le bas en fonction des services offert par les autres provinces. Le sénateur Carstairs a absolument raison : les services en Ontario sont les plus luxueux du pays.
J'ai vécu un exemple de ce niveau de service. J'ai eu un problème de santé l'année dernière. C'est arrivé en Ontario, donc il fallait que j'accède au système de santé ontarien, et j'ai reçu un service merveilleux en ce qui concerne les soins médicaux, en présentant ma carte d'assurance-maladie de la Nouvelle-Écosse. En vertu de l'entente de réciprocité entre les provinces, j'avais accès aux mêmes soins de santé que n'importe quel Ontarien, et c'était fantastique. Toutefois, j'ai eu besoin de soins à domicile pendant environ un mois et demi après. Puisqu'il n'y a aucune entente de réciprocité entre la Nouvelle-Écosse et l'Ontario, devinez qui a déboursé les frais? J'ai dû payer. J'étais inscrit à un programme d'assurances, vu mon emploi, qui couvrait une grande partie des coûts, mais c'était un obstacle.
Je n'arrêtais pas de me dire, pendant que je vivais cette expérience — et je pouvais en faire beaucoup moi-même et je profitais de l'appui de ma conjointe —, qu'advient-il d'une personne qui ne dispose pas de ces moyens? Une personne plus vieille que moi qui se trouve dans une situation où elle n'a pas accès à ce niveau de service?
Comment empêchons-nous ces personnes de passer entre les mailles du filet lorsqu'elles sont seules à la maison et ont besoin de traitement par perfusion chaque jour? Elles peuvent avoir besoin des services d'une infirmière à un certain moment pour panser des blessures. Peut-être qu'elles ont besoin qu'un physiothérapeute leur rende visite pour les aider à améliorer leur capacité à se déplacer.
Une des plus grandes aberrations sur le plan des soins de santé nationaux est survenue lorsque les provinces ont retiré la physiothérapie de la liste des soins assurés. On traite le patient jusqu'à ce qu'il ait franchi le seuil de l'hôpital, et c'est fini, parce que le patient n'est pas guéri s'il n'a pas suivi de physiothérapie; du moins c'est ce que je pense.
Comment résoudre ce problème?
Mme VanderBent : Comme je l'ai dit dans mon exposé, de toute évidence, on passe d'un système de soins ponctuels à un système qui prend les personnes à sa charge pendant de plus longues périodes, et traite davantage de maladies chroniques. On effectue plus d'interventions chirurgicales qui, selon moi, améliorent la qualité de vie, comme des opérations de la hanche et du genou, beaucoup d'interventions orthopédiques et ce genre de choses, qui entraînent la nécessité de soins sur tous les plans et créent le besoin d'un degré supérieur de soins à domicile.
Il y a des années, j'étais directrice du travail social à l'hôpital St. Joseph's à Hamilton. Après une grosse opération à la hanche, une personne restait à l'hôpital pendant peut-être 10, 12 ou 15 jours parfois, selon son âge et son état. Maintenant, la personne sort rapidement, peut-être en deux, trois ou quatre jours. Si elle est vraiment âgée, peut-être qu'on la garde cinq jours.
La situation a énormément changé, et les attentes qui pèsent sur la collectivité pour assurer ce genre de soins sont énormes. Nous avons besoin de soins infirmiers, de physiothérapie, du soutien assuré par la collectivité et d'aide personnelle.
Une personne qui a besoin de ce genre de soins, si elle n'obtient pas l'aide d'un membre de la famille, peut voir son état se détériorer rapidement.
Nous devons absolument nous assurer de ne pas voir la détérioration d'une norme de base relative aux soins, parce que le système de soins de santé fonce vers les nouvelles technologies qui permettront de faire des choses incroyables dans un hôpital, mais il ne faut pas oublier que le patient passe la majeure partie de sa convalescence chez lui et dans la collectivité. Il faut que toutes les mesures pour soutenir une personne soient en place, surtout lorsque la personne est malade et risque de devoir composer avec de multiples problèmes de santé.
Donc, je suis d'accord. Vous avez été chanceux que votre assurance couvre en partie les coûts de votre programme de soins à domicile ici en Ontario. Beaucoup de personnes n'ont pas cette chance. S'ils n'ont plus accès aux soins à domicile, alors c'est fini. C'est à ce moment-là qu'on voit la personne atteindre sa limite, et la famille dit : « Maman ne peut plus se débrouiller, nous nous inquiétons pour elle, j'ai peur qu'elle tombe. »
Je reçois au travail des appels téléphoniques semblables chaque jour de la part de personnes qui me demandent ce qu'elles peuvent faire. Notre système financé par les deniers publics est le principal fondement des soins de santé.
Le sénateur Mercer : Je suis dernièrement devenu un expert concernant les interventions chirurgicales au genou. Une intervention importante du genou prend environ cinq jours, à partir de l'intervention jusqu'au moment où le patient sort de l'hôpital; à moins, bien sûr, qu'il gâche tout comme je l'ai fait.
Il me semble qu'on met trop l'accent sur la guérison, au détriment des soins.
J'aimerais aborder la question de la diversité qui a été mentionnée.
J'étais intéressé par ce que vous avez dit au sujet du Conseil sur le vieillissement de Hamilton. Je voulais vous en faire part. Je crois qu'il est particulièrement pertinent pour une ville métropolitaine comme Hamilton.
Le pourcentage des immigrants du troisième âge qui ne parlent ni l'une ni l'autre des langues officielles est passé, au fil des années, de 4 p. 100, chez ceux qui sont arrivés avant 1961, à 50 p. 100, chez ceux qui sont arrivés entre 1991 et 2001.
Pour ceux qui ne comprennent pas le problème, 50 p. 100 de nos aînés parlent des langues autres que l'anglais ou le français, et nous continuons à rédiger notre matériel en anglais et en français. Nous devons le faire, mais nous, au gouvernement, devons trouver une façon d'aider les organismes à traduire le matériel en panjabi, en mandarin, en italien, en hongrois ou je ne sais en quelle langue qui pourrait être en demande dans la collectivité.
Avez-vous eu de l'aide, madame Rosenthal, pour traduire le matériel?
Mme Rosenthal : En un mot : non.
Le sénateur Mercer : Je connaissais déjà la réponse.
Mme Rosenthal : Pour les nouveaux groupes d'immigrants auxquels vous faites allusion, la difficulté tient en partie au fait que ces groupes ne sont pas originaires de l'Europe de l'Ouest, ni même de l'Europe de l'Est. Ils sont originaires d'endroits du monde assez méconnus par beaucoup d'entre nous, par beaucoup des gens qui exercent des professions du domaine de la prestation de services. Les différences ne se limitent pas à la langue; elles sont aussi d'ordre culturel.
La sensibilisation de tous, surtout des gens qui travaillent dans la collectivité auprès de ces groupes — la sensibilité culturelle — est une question importante. Nous déployons des efforts pour transmettre nos connaissances par le truchement d'ateliers, entre autres. Nous prévoyons faire cela à mesure que nous avançons.
Toutefois, ce n'est pas seulement une question de traduction. Nous avons besoin de conseils pour nous indiquer si nous franchissons une limite qui risque de rebuter les gens. Ces questions que nous devons aborder sont difficiles.
Le sénateur Mercer : Vous avez absolument raison : il existe des limites culturelles et religieuses que nous risquons de franchir par inadvertance lorsque nous tentons de servir les gens. Toutefois, n'êtes-vous pas d'accord pour dire qu'il serait plus facile pour les gens de ces communautés de répondre si notre matériel était dans la langue de leur choix ou dans une langue qu'ils comprennent, pour que nous puissions nous attaquer au problème des frontières culturelles?
Le pays continue à changer, parce qu'on insiste pour venir ici afin d'en profiter, et c'est pourquoi cet endroit est si merveilleux.
Mme Rosenthal : Il faut traduire. Je crois que, pour la traduction, nous devons faire appel à quelqu'un qui comprend la langue, et idéalement, nous pourrions entreprendre un processus de consultation pour déterminer si quelque chose doit être légèrement modifié pour être adapté à un cas particulier.
Oui, l'accès au financement pour la traduction est important.
Le sénateur Mercer : Peut-être qu'un organisme central pourrait assurer la traduction pour chaque région ou chaque province afin que, si vous voulez faire traduire quelque chose en panjabi, disons, quelqu'un puisse le faire, mais en même temps, peut-être l'examiner pour y déceler des nuances culturelles que nous pouvons ignorer.
Mme Rosenthal : L'un des défis à relever à l'égard de ces communautés, c'est que, puisqu'elles sont nouvelles, elles sont rarement aussi bien organisées que celles qui sont mieux établies, comme la communauté ukrainienne ou italienne en Ontario.
Je pense qu'il s'agit d'une idée merveilleuse que de pouvoir s'adresser à quelqu'un pour obtenir de l'aide avec ces questions.
Le sénateur Mercer : Nous avons souvent entendu parler, dans le cadre du comité, du nombre de nouveaux Canadiens qui arrivent et ne comprennent pas notre régime de pension gouvernementale et, pendant toutes leurs années de travail, ne s'occupent pas de leurs finances, à l'instar de beaucoup d'autres Canadiens, en cotisant à un régime d'épargne-retraite entre autres, et à un régime de retraite privé. Nous sommes passés de la question de la santé à la question des finances, qui mène aux problèmes de santé.
Madame Walker, vous avez parlé du bénévolat. Vous avez parlé de la diminution du nombre de bénévoles. J'ai œuvré dans le secteur bénévole toute ma vie.
Nous avons parlé des crédits d'impôt pour les bénévoles. Tout d'abord, je crois qu'une heure de bénévolat vaut pas mal plus qu'un dollar l'heure.
J'ai dirigé quelques organismes de charité dans mon temps, et j'ai tenté de mesurer la contribution des bénévoles, et celle-ci était absolument grandiose; j'ignore comment, à titre de gestionnaire de l'organisme, je pourrais mettre un chiffre sur la contribution, puis mesurer le nombre d'heures que chacun a données, que Mme Tooley aurait pu donner, ou que M. Frank a données.
Comment qualifier et quantifier cela? Mon vrai problème est le suivant : dès que le gouvernement commence à participer, tout est gâché. Il ne faut donc pas compliquer les choses. Comment y arriver? Comment faire en sorte que le processus soit assez simple pour permettre à l'organisme de charité d'encourager de nouveaux bénévoles et permettre aux bénévoles de recevoir la reconnaissance qui leur revient?
Mme Walker : C'est une bonne question. Dans le secteur bénévole, on songe à établir le taux d'une heure de service bénévole à environ 16 $. Cela peut avoir augmenté, car ce chiffre date de quelques années.
J'ignore comment on peut l'adapter à un crédit d'impôt, mais je suis certaine que beaucoup de gens du secteur bénévole seraient en mesure de formuler des recommandations. Je me ferais un plaisir de parler à certains de mes collègues et de vous transmettre un commentaire sur cette question.
Le sénateur Mercer : Merci. Vous pouvez nous transmettre cette information par l'entremise du greffier. J'ai hâte d'obtenir ce genre de rétroaction, parce que j'ai l'impression que le problème est de taille.
Le sénateur Chaput : Ma question sera brève.
Ma première question se rattache au sujet dont vous avez discuté avec le sénateur Mercer. C'est au sujet des bénévoles et de la manière dont nous pouvons leur manifester notre appréciation et les encourager à faire encore plus de bénévolat ou recruter de nouveaux bénévoles.
Une solution serait la remise d'un reçu pour fins d'impôt indiquant le nombre d'heures de bénévolat. Cette démarche est compliquée; elle ne sera pas facile ni à mesurer ni à gérer. Une autre possibilité, et j'aimerais avoir votre idée sur cette proposition, consiste à rembourser les dépenses : les bénévoles recevraient de l'argent pour payer leur transport et leurs repas, ou une indemnité journalière pour leur bénévolat, un montant d'argent par jour qui n'est pas imposable. Cette démarche est le contraire d'un reçu aux fins de l'impôt.
Qu'en pensez-vous, madame Walker?
Mme Walker : C'est une idée intéressante. Nous offrons déjà un remboursement dans une certaine mesure. À nos conducteurs de la popote roulante qui livrent des repas dans la ville de Welland, nous offrons 6,50 $ pour la livraison de dix repas client. Nous remboursons les déplacements des bénévoles qui offrent un transport aux gens qui se rendent chez le médecin ou à des activités sociales réservées aux aînés.
Chaque année, nous tenons un dîner d'appréciation des bénévoles, mais une indemnité journalière imposable pourrait être un concept intéressant.
Le sénateur Chaput : Les autres témoins auraient-ils des commentaires sur cette idée?
Patricia Tooley, gestionnaire de programme, Services de soutien communautaire de Niagara : Je crois aussi que c'est une bonne idée. L'un des soucis liés au transport, par exemple, c'est que le remboursement que nous offrons à nos conducteurs bénévoles correspond au montant que doit débourser le client pour profiter du service. Nous nous penchons sérieusement sur la question, et nous tentons d'atteindre un équilibre entre un remboursement équitable selon le kilométrage et le coût qui incombe au client, ainsi que sa capacité de payer. Il faut surveiller toute augmentation.
Sénateur Mercer, vous avez fait un commentaire concernant un laissez-passer d'autobus, et je crois que le laissez- passer est une excellente idée. Une des choses que nous constatons dans le bureau de Welland, qui dispose d'un service d'autobus — ce qui n'est pas le cas de toutes les régions — c'est que beaucoup de nos clients recourent à notre service en hiver, car ils ont de la difficulté à se rendre à un arrêt d'autobus lorsqu'il y a de la glace ou de la neige, mais dès le retour du beau temps, ils cessent d'utiliser notre service. Notre organisme permet aux gens d'aller et de venir de cette façon. Cette souplesse permet au client d'épargner de l'argent, en plus de libérer un conducteur bénévole qui offre un transport aux personnes qui ne peuvent pas utiliser l'autobus. Ce serait une excellente combinaison.
Le sénateur Chaput : J'ai une dernière question au sujet des bénévoles. Je crois que l'un de nos témoins a dit, dans le cadre de l'une de nos réunions — mais nous avons eu tellement de commentaires au sujet des bénévoles — que les personnes à faible revenu avaient moins tendance à faire du bénévolat, parce qu'elles n'ont pas les moyens de se rendre à l'endroit. Elles n'ont pas les moyens de faire ce qu'elles aimeraient, car elles n'ont pas d'argent pour acheter des vêtements et ce genre de choses.
Avez-vous déjà observé une telle situation? Je ne sais pas si c'est vrai.
Mme Walker : J'approuve ce commentaire, car les bénévoles doivent dépenser de l'argent pour faire du bénévolat. Ils se rendent au domicile des clients, offrent un transport au client, puis reviennent chez eux. Ils se rendent au bureau pour distribuer des repas. Ils reçoivent une petite allocation pour le déplacement, mais le travail en suppose beaucoup. Notre conseil d'administration vient sur place, et ne déclare jamais ses déplacements.
Le sénateur Chaput : Ils finissent par débourser des frais, dans le cadre de leur bénévolat, en plus du temps qu'ils consacrent.
Mme Walker : C'est vrai. Les organismes bénévoles n'ont pas d'argent pour rembourser toutes les dépenses des bénévoles.
La présidente : Merci à tous de vous être joints à nous aujourd'hui. C'était très éclairant. Comme j'ai dit aux témoins précédents, j'espère que vous verrez certaines de vos idées, voire toutes, reflétées dans notre rapport final de septembre.
La séance est levée.