Aller au contenu
AGEI - Comité spécial

Vieillissement (Spécial)

 

Délibérations du Comité sénatorial spécial sur le
Vieillissement

Fascicule 7 - Témoignages du 9 mai 2008 - séance de l'après-midi


WELLAND, Ontario, le vendredi 9 mai 2008

Le Comité sénatorial spécial sur le vieillissement se réunit aujourd'hui, à 13 h 1, pour examiner les incidences du vieillissement de la société canadienne.

Le sénateur Sharon Carstairs (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Honorables sénateurs et membres du grand public, je vous souhaite la bienvenue à cette séance du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement. Le comité examine les incidences du vieillissement de la société canadienne. Nous sommes aujourd'hui à Welland et nous entendrons des parties qui s'intéressent aux incidences du vieillissement de la société afin, plus particulièrement, de connaître leur point de vue sur notre deuxième rapport provisoire présenté au Sénat le 11 mars. Nous avons hâte d'entendre les témoignages de cet après-midi puisqu'ils nous aideront certainement dans nos discussions en vue de la rédaction de notre rapport final.

Je souligne que certaines personnes, dans l'assistance, sont avec nous depuis ce matin, J'aimerais vous rappeler que, à 16 heures, nous entendrons quelques témoins de dernière minute, et que si vous souhaitez vous présenter au micro pour raconter votre histoire, nous serons très heureux de vous entendre.

Pour le premier tour de table, nous entendrons Mme Thelma McGillivray, du Older Women's Network, de même que Mmes Christine Mounsteven et Sylvia Hall, de la Corporation canadienne des retraités intéressés. Je vous souhaite la bienvenue à toutes, en mon nom et au nom de mes collègues.

Thelma McGillivray, ancienne présidente, Older Women's Network : Bonjour, et merci de nous avoir invitées à venir vous parler aujourd'hui des préoccupations des femmes âgées. Nous avons rencontré le sénateur Mercer hier, et c'est un plaisir de le revoir aujourd'hui.

Je me présente devant vous à trois titres : celui d'ancienne présidente du Older Women's Network of Ontario et membre du Secrétariat du Comité de liaison avec les personnes âgées de l'Ontario; celui de présidente du Conseil provincial des femmes de l'Ontario et celui de responsable des enjeux des personnes âgées pour le Conseil national des femmes du Canada.

Voici quelques renseignements généraux. Le Conseil national des femmes du Canada a été formé en 1893 sous l'égide de Lady Ishbel Aberdeen, l'épouse du premier gouverneur général du Canada. Notre patronne d'honneur aujourd'hui est la Gouverneure générale actuelle, l'honorable Michaëlle Jean. Le Conseil provincial des femmes de l'Ontario a été formé en 1923 et notre patron honoraire est le lieutenant-gouverneur, l'honorable David Onley.

Lady Aberdeen, qui était membre du Conseil international des femmes, souhaitait que le Conseil national des femmes du Canada s'occupe des nombreuses préoccupations sociales pressantes du temps : la pauvreté, l'insalubrité de l'eau, le travail des enfants, et la situation lamentable des femmes incarcérées et de leurs enfants, pour n'en nommer que quelques-unes. Les Conseils des femmes ont été fondés d'un bout à l'autre du Canada, dans les provinces et dans les villes, pour poursuivre cette réforme sociale jusqu'à nos jours.

Le Conseil provincial des femmes de l'Ontario, le CPFO, a été fondé il y a 85 ans. Les membres du CNFC et du CPFO établissent les enjeux de leurs collectivités dans les conseils locaux et, après les avoir étudiés soigneusement, rédigent des résolutions qui deviennent des politiques après avoir été ratifiées à nos assemblées générales. Nous présentons un mémoire annuel contenant nos résolutions aux deux paliers de gouvernement. Nous nous sentons privilégiées de rencontrer les députés pour dialoguer avec eux de ces enjeux. Un grand nombre de nos résolutions ont été appuyées et intégrées à la loi. Nous en sommes très fières.

Le Older Women's Network a été fondé en 1988 et célébrera son 20e anniversaire cette année. Par l'entremise du financement du Programme de promotion de la femme du Secrétariat d'État à Ottawa, OWN avait présenté une série de forums publics. Nous avions été renversées par la participation de presque 500 femmes, attirées à la séance que nous avions appelée « Femmes dans les limbes » [traduction], pour les femmes de 55 à 65 ans.

D'autres forums ont été organisés et, en 1997, nous avons élaboré « l'évaluation des besoins des femmes âgées ». Sur la base des réponses à 800 questionnaires, les quatre grandes catégories de besoins qui ont émergé étaient : la sécurité économique; la santé et les soins à dispenser; le logement et la communauté; et le transport et la mobilité.

En même temps, OWN travaillait à une « étude sur les besoins de refuge pour les femmes âgées victimes de violence » financée par la Direction générale de la condition féminine de l'Ontario. L'étude examinait les besoins prioritaires et les lacunes des services offerts aux femmes âgées victimes de violence, examinant aussi les services de refuge existants. Il en est ressorti que les besoins des femmes âgées victimes de violence sont particuliers, spécialement en matière de sécurité, d'accessibilité et de santé. Ces constatations ont changé radicalement la façon dont les services étaient offerts aux femmes âgées.

Un comité spécial sur le logement s'est également réuni pendant dix ans, et le rêve s'est réalisé en 1997 : la Older Womens' Housing Co-operative a ouvert officiellement sur The Esplanade, à Toronto. Il s'agit du dernier immeuble coopératif à avoir été construit en Ontario. Évidemment, c'était le temps où les gouvernements supérieurs offraient encore du logement social et OWN travaillait en collaboration étroite avec le ministère du Logement.

OWN a dû affronter beaucoup de tentatives d'annuler le projet. La plus grande menace est venue du gouvernement Harris, qui a stoppé tous les projets de logements sociaux dans sa réforme des programmes sociaux. Le projet de OWN étant déjà entrepris, et la ville de Toronto payait l'enlèvement de tous les sols contaminés sur le site, une autre victoire, et les femmes ont été traumatisées par la menace de perdre leur espoir de logement abordable. Une manifestation de protestation a été organisée sur le site. Les femmes sont venues avec leurs marchettes, elles ont poussé leurs fauteuils roulants et marché avec des bannières, des slogans et des discours et elles ont reçu beaucoup d'attention des médias.

Ne sous-estimez jamais le pouvoir des femmes âgées! On a laissé le projet se poursuivre, le dernier logement social construit à Toronto. L'immeuble de OWN est maintenant un modèle de communauté multi-ethnique, multi-raciale, multi-âge, non sexiste avec une toiture-jardin primée, des services de soutien du logement par l'entremise de Dixon Hall et une vie communautaire et sociale dynamique où on trouve de l'appui. Un rêve élargi qui a pris vie.

À l'automne 1999, OWN a entrepris le projet Housing Factor financé par Condition féminine Canada, qui a examiné la disponibilité courante du logement abordable et accessible, et le besoin d'un tel logement, pour les femmes d'âge moyen et les femmes âgées. Les secteurs couverts étaient Hamilton-Wentworth, Toronto, Ottawa-Carleton, le district de West Parry Sound et la municipalité de Tweed. Plus de 1 200 femmes ont répondu au questionnaire. La majorité écrasante de ces femmes désiraient avoir l'option de vieillir chez elles et dans leur collectivité. Les préoccupations financières liées à la disponibilité du logement l'emportaient sur tous les autres facteurs. Les autres grandes préoccupations étaient le transport et la mobilité. Les répondantes ont indiqué que les trois paliers de gouvernement étaient les obstacles les plus sérieux à la prestation de logement aux femmes d'âge moyen et aux femmes âgées. Le rapport diffusé en 2000 a été distribué à grande échelle aux ministères, aux groupes communautaires et aux défenseurs des droits au logement.

L'étude sur la sécurité (l'insécurité) économique des femmes d'âge moyen a examiné les besoins des femmes à Toronto, Kitchener-Waterloo, Hamilton, Peterborough et Sudbury. La phase I a conclu que la qualité de vie des femmes âgées était liée directement à la sécurité économique des femmes d'âge moyen (45 à 64 ans). L'âge moyen est la dernière chance de se préparer pour les exigences économiques du vieillissement. La capacité des femmes d'âge moyen de se relever des chocs et des traumatismes (maladie, perte d'emploi, perte du conjoint, violence, et cetera.) est aussi importante que la planification financière pour un avenir sûr.

La phase II, « développement des capacités communautaires », était concentrée sur la création de plans d'action destinés à accroître la stabilité de la vie des femmes. Elle examinait les recommandations et démystifiait les stratégies requises pour changer les choses par l'entremise du développement communautaire dans les quatre villes visées. Le groupe de femmes de Kitchener-Waterloo a fait participer les femmes aux élections. Celui de Peterborough s'est élargi en organisant des ateliers. À Sudbury, les priorités sont les soins de santé, la sécurité du revenu, le logement, le transport et la violence envers les personnes âgées. Ce sont aussi les enjeux centraux de la mission de OWN. Santé Canada a financé ce projet, qui a donné lieu à la création d'un DVD qui a été présenté à l'honorable Jean Augustine, secrétaire d'État (Situation de la femme).

OWN a complété son dernier projet en 2003, une étude sur les incidences du processus de vieillissement des femmes d'âge moyen pour déterminer les problèmes de santé nouveaux des femmes d'âge moyen vulnérables à Toronto, Peterborough et Sudbury.

Tout en fournissant de l'information précieuse, tous ces projets et ces études ont donné une bonne image à OWN dans tout le Canada. Les rapports de OWN ont été demandés par des intéressés du monde entier. Ces projets réalisent un certain nombre des mandats de OWN. Ils assurent le maillage de OWN avec les grandes communautés de femmes d'âge moyen et de femmes âgées qui ont renforcé notre profil, accru le nombre de nos membres et aidé à établir et à solidifier les sections de OWN à Hamilton, Toronto, Peterborough et un contact à Ottawa.

OWN ne reçoit pas de financement autre que les cotisations de ses membres et des dons. OWN a lancé une bibliothèque de référence féminine ouverte aux membres et financée par un legs personnel généreux d'une membre fondatrice de OWN. La grande inquiétude est toutefois qu'après 20 ans, les femmes vieillissent et deviennent moins capables de poursuivre le travail de OWN sans l'énergie et la vigueur d'autres femmes âgées, mais plus jeunes. Voilà le défi de l'avenir.

Ces études et ces points de vue sont guidés par les principes de l'analyse axée sur la sexospécificité et la diversité. L'analyse sexospécifique reconnaît l'inégalité systémique entre les femmes et les hommes dans la société; l'analyse axée sur la diversité reconnaît que des populations différentes — y compris les immigrantes et les réfugiées — ont des expériences sociales, culturelles et économiques particulières qui peuvent exiger des politiques particulières de nos gouvernements pour elles.

L'analyse sexospécifique et l'analyse axée sur la diversité supposent la collecte de données qualitatives et quantitatives, la remise en question des hypothèses de base et la compréhension de la façon dont les facteurs socioéconomiques affectent les femmes et les hommes différemment. Dans le processus d'établissement de politiques, l'analyse sexospécifique et l'analyse axée sur la diversité commencent par la reconnaissance de ces réalités sociales et économiques différentes et intègrent cette reconnaissance dans l'évaluation des politiques, des lois et des programmes qui existent et qui sont proposés.

On tient compte aussi du fait que la santé est déterminée par l'interaction d'une gamme de facteurs, y compris les caractéristiques individuelles, les milieux physiques et les facteurs sociaux, économiques et culturels.

Voici maintenant nos enjeux et nos préoccupations. Le Conseil provincial des femmes de l'Ontario possède une politique sur les besoins des personnes âgées depuis 1977, en commençant par les « besoins de logement des personnes âgées » jusqu'aux « personnes âgées de 60 à 65 ans qui vivent de l'aide sociale ». La phase I et la phase II des études de OWN sur la sécurité économique indiquent clairement que les femmes en tant que groupe sont particulièrement exposées à la pauvreté. Cette injustice est vraie pour tous les indicateurs d'âge, de revenu, de situation de famille ou d'origine ethnique. Statistiquement, les femmes sont plus pauvres que les hommes (on ne saurait nier qu'il y a des hommes pauvres), et cela augure mal pour les générations futures qui vieillissent elles aussi.

Cela découle d'un certain nombre de facteurs souvent mentionnés : les revenus moins élevés des femmes au cours de leur vie, les responsabilités de l'éducation des enfants et l'absence de programme national de garderies, qui s'ajoutent aux modèles traditionnels de travail rémunéré et non rémunéré qui expliquent les revenus moins élevés à la retraite. Les dernières statistiques indiquent que les prestations mensuelles de retraite des personnes nouvellement retraitées étaient en moyenne de 335 $ pour les femmes par rapport à 527 $ pour les hommes. Les statistiques sont encore plus sombres pour les populations autochtones, parce que seulement 4 p. 100 des Autochtones vivent jusqu'à l'âge de 65 ans ou plus (Statistique Canada), malgré le fait que les Autochtones présentent les taux de fécondité les plus élevés au Canada.

Nous demandons instamment que les personnes de 60 à 65 ans qui ont besoin d'aide financière soient admissibles automatiquement à un soutien financier adéquat jusqu'à ce qu'elles aient un emploi rémunéré ou qu'elles atteignent l'âge de 65 ans. Nous voulons qu'on adopte une loi pour assurer que ces personnes seront soutenues. Le seul travail disponible pour un grand nombre de personnes de 60 à 65 ans est du travail au salaire minimum dans les services ou les installations de fabrication, lequel suppose qu'elles doivent demeurer debout pendant de longues heures ou soulever des charges. Ce sont des exigences de travail que les personnes de ce groupe d'âge sont souvent incapables de respecter en raison des déficiences physiques qui font partie du processus de vieillissement.

Il a été prouvé qu'un grand nombre d'aînés ne reçoivent pas le Supplément de revenu garanti, le SRG, même s'ils y ont droit, et ce, pour de nombreuses raisons, dont des problèmes de langue et d'analphabétisme, la complexité du processus de demande, et un manque général de connaissance et de renseignements sur ces prestations. Les aînés qui reçoivent des prestations de la Sécurité de la vieillesse peuvent généralement doubler leur revenu s'ils sont admissibles au SRG. Comment pourrait-on éliminer cette injustice?

En 1935, le sénateur David Croll a laissé entendre que tous les Canadiens adultes avaient droit à un revenu annuel garanti. Au cours de mes études de premier cycle en travail social à l'Université McMaster de 1975 à 1979, on en parlait pour régler le problème croissant de la pauvreté. La même idée a été proposée à nouveau en 1985 par la Commission royale d'enquête dirigée par Donald Macdonald, un libéral, et elle a été appuyée par le Parti vert.

En février 2008, le sénateur Hugh Segal, du Parti conservateur, l'a proposée à nouveau en tant que programme pour remplacer les programmes sociaux comme l'assurance-emploi et l'aide sociale. À l'heure actuelle, les systèmes d'aide sociale retirent les avantages médicaux et dentaires quand la personne a trouvé du travail rémunéré, travail qui, de nos jours, n'offre pas toujours d'avantages.

Les critiques disent que le revenu annuel garanti incite certaines personnes à ne pas trouver du travail rémunéré et qualifient ces personnes de paresseuses. C'est de la discrimination. Nous devons reconnaître que prendre soin des autres est du travail et un tel régime ne l'admet toujours pas. Prendre soin des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées est un vrai travail qui ajoute de la valeur à l'économie. C'est du travail dans les intérêts du pays dont on devrait tenir compte dans le produit national brut au lieu de le déprécier.

Les femmes âgées qui ont divorcé avant la Loi sur le droit de la famille adoptée en Ontario en 1986 ne pouvaient pas demander légalement la division de leurs biens matrimoniaux à la dissolution de leur mariage. En fait, si leur nom ne figurait pas sur l'acte de propriété à titre de propriétaire conjointe, elles n'avaient pas droit au partage du produit financier de la vente du foyer matrimonial. Il était fréquent à l'époque que le tribunal ordonne à la fois le versement d'une pension alimentaire pour enfants et d'une pension alimentaire à l'épouse. Mais ces paiements de soutien étaient ajoutés à son revenu, et elle devait payer de l'impôt sur le montant.

Dans les années 1990, il n'était plus obligatoire que les versements de pensions alimentaires pour enfants fassent partie du revenu imposable d'une femme, mais les versements de pension alimentaire à l'épouse devaient encore en faire partie. Un grand nombre de femmes ont signalé que cela constitue un fardeau énorme lorsqu'elles vieillissent. Elles considèrent que, avec l'augmentation du coût de la vie, la perte de ce revenu, qui était une indemnisation pour leur contribution à un mariage terminé depuis longtemps, est une difficulté terrible. Le gouvernement fédéral a le pouvoir d'offrir du soutien et de la sécurité à ces femmes au revenu peu élevé à la fin de leur vie.

En ce qui concerne la prévention et la santé des femmes, les organismes de femmes sont extrêmement préoccupés par le manque de programmes de dépistage pour les femmes âgées. Dans son mémoire de 2006, le CPFO a demandé au gouvernement de mettre en place une politique de gynécologie incluant des programmes de dépistage et d'examen des seins, du col de l'utérus et des ovaires. Le mémoire alléguait que les programmes existants de mammographie de dépistage cessent d'aviser les femmes de se présenter à un rendez-vous quand elles dépassent l'âge de 74 ans, à moins que les femmes ne demandent ce test de dépistage conformément à une recommandation de leur médecin. On semble supposer que les femmes âgées ne sont pas à risque de contracter le cancer du sein. Les statistiques démontrent autre chose.

Un grand nombre de femmes âgées croient également à tort qu'elles n'ont pas besoin d'examens pelviens ou de tests de Papanicolaou quand elles ont passé l'âge de procréer. Ainsi le cancer du col de l'utérus et le cancer de l'ovaire sont souvent diagnostiqués quand ils sont trop avancés pour être traités. Les femmes qui ont un cancer de l'ovaire ont en moyenne 58 ans. Fait plus important encore, le taux de survie des femmes atteintes du cancer de l'ovaire n'a pas changé en 30 ans.

On pourrait prévenir ces maladies dévastatrices et terminales au moyen d'une détection hâtive et d'un dépistage annuel. Un grand nombre de femmes âgées n'ont pas de médecin de famille et elles sont nombreuses à avoir besoin de rappels pour s'occuper de leur santé en subissant des examens annuels.

Je vais conclure par une remarque concernant le Programme de promotion de la femme de Condition féminine Canada. Nous demandons que le Comité sénatorial spécial sur le vieillissement soutienne le rétablissement du Programme de promotion de la femme selon les mêmes modalités que celles qui ont aidé les femmes du Canada en réglant la situation économique, sociale, politique et légale des femmes. Nous demandons en outre que le programme soit financé convenablement pour promouvoir des politiques et des programmes qui tiennent compte de toutes les incidences liées à la sexospécificité et à la diversité pour offrir une meilleure qualité de vie aux femmes.

Il est essentiel que les femmes du Canada, en particulier les femmes âgées, ne se retrouvent plus en situation d'inégalité aujourd'hui et dans l'avenir. Cela exige le rétablissement d'un conseil consultatif sur la condition de la femme indépendant et dirigé par une championne qui relève directement du Parlement, une championne aussi autonome que la vérificatrice générale pouvant faire rapport au public. De plus, le conseil doit demeurer en place et travailler avec les provinces et les territoires pour faire progresser l'égalité des femmes même quand le gouvernement change.

En conclusion, le vieillissement de la population du Canada est accompagné de possibilités et de défis. Il sera de plus en plus important de comprendre clairement les besoins, la situation et les expériences des personnes âgées et d'avoir des cadres stratégiques convenables et efficaces en place.

Christine Mounsteven, présidente, section de l'Ontario, Corporation canadienne des retraités intéressés : Merci de nous donner l'occasion de faire un exposé, aujourd'hui. Je ferai l'exposé en collaboration avec Sylvia Hall.

Fondée en 1969, la Corporation canadienne des retraités intéressés s'est d'abord demandé si le revenu de retraite assurerait une bonne qualité de vie aux aînés. Au fil des années, nous avons élargi nos intérêts de manière à inclure tous les groupes d'âge et ceux qui sont particulièrement vulnérables en raison de la maladie, de l'invalidité, du besoin économique ou de l'âge. Nous défendons les valeurs sociales qui déterminent l'équité et la justice sociale dans notre société multiculturelle.

Les membres de la Corporation canadienne des retraités intéressés vous remercient de leur donner la possibilité de contribuer aux délibérations du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement. Nous avons suivi l'ordre de la liste des options possibles et nous présenterons des observations sur un grand nombre d'entre elles, mais nous souhaitons d'abord faire quelques remarques générales.

L'introduction du rapport fournit un aperçu sérieux et complet des réalités pour les aînés actuels et futurs du Canada. Nous sommes d'accord avec un grand nombre des options présentées et nous recommandons leur adoption, mais nous sommes préoccupés par les implications de certaines d'entre elles. Nous préférons employer le terme « bonnes pratiques » plutôt que « pratiques exemplaires » tout au long du rapport, car on peut rarement affirmer que même ce qui est exemplaire peut s'appliquer à toutes les situations.

Nous nous opposons également à l'usage fréquent des « crédits d'impôt » comme moyen de provoquer ou d'appuyer certains comportements. Nous soutenons que les crédits d'impôt ou les déductions fiscales aident ceux qui ont un revenu élevé, mais pas les démunis.

Nous nous réjouissons que le comité insiste sur un vieillissement sain et une vie active, sur le vieillissement à l'endroit de son choix, sur le respect des préférences des aînés et sur la reconnaissance de l'existence de l'âgisme. Nous convenons que l'interaction sociale et intergénérationnelle est très importante pour le bien-être général des aînés. Le respect des jeunes envers les aînés augmente quand ces possibilités sont fournies, notamment par des programmes comme le projet des aînés dans les écoles de l'Institut du Dominion.

L'option 1 vise l'instauration de crédits d'impôt pour le bénévolat. Nous nous opposons au principe des crédits d'impôt, parce qu'ils profitent aux nantis. Cette mesure pourrait être lourde à administrer pour les bénévoles, les petites organisations et même Revenu Canada.

L'option 2 vise à assurer le financement pluriannuel des activités bénévoles. Nous appuyons cette option et nous aimerions qu'elle s'applique à tous les volets du programme Nouveaux Horizons. Nous aimerions que le programme Nouveaux Horizons reçoive un financement pour trois ans.

L'option 4 concerne la création d'un programme de jumelage des compétences. Nous convenons que les membres de la génération du baby-boom constituent un groupe de bénévoles qui pose des problèmes, mais nous plaçons de grands espoirs dans l'engagement envers la collectivité démontré par les jeunes générations.

L'option 5 concerne la promotion et la reconnaissance du bénévolat tout au long de la vie. Nous craignons que la promotion du bénévolat n'accentue la détérioration de la prestation de ces services par les pouvoirs publics. Pensons, par exemple, à l'expansion qu'ont connue les banques alimentaires depuis 26 ans et aux services d'hébergement offerts aux sans-abri durant l'hiver pendant ces années, alors que les programmes publics de lutte contre la pauvreté ont été réduits.

Nous appuyons les options 7 et 8 et suggérons que l'expression « apprentissage continu » soit interprétée de la façon la plus large possible de façon à comprendre, par exemple, l'acquisition de compétences, les arts et l'artisanat, et l'alphabétisation.

En ce qui concerne l'option 9, nous estimons que le programme Nouveaux Horizons devrait être adapté aux besoins des Autochtones et des autres communautés qui sont exclues actuellement ou dont les taux de participation sont bas.

L'option 10 vise à amoindrir l'isolement par un meilleur urbanisme. L'urbanisme favorisant le bien-être des résidants plutôt que des promoteurs est un grand enjeu, et les gouvernements provinciaux et les administrations municipales devraient lui accorder une grande priorité. Combiner les centres commerciaux intérieurs, les installations récréatives, les activités communautaires et les services supervisés n'est qu'un exemple de ce qui serait possible avec un urbanisme inventif.

Grâce à une subvention pour le programme Nouveaux Horizons, nous avons pu réaliser un projet dans le comté de Simcoe, projet que nous avons appelé Holding on to Housing. Nous avons constaté que les besoins en transport adéquat constituaient un énorme fardeau dans ces petites collectivités. C'est aussi le cas, à l'occasion, à Toronto où, d'après ce que nous avons entendu, des gens doivent attendre cinq heures avant de pouvoir retourner chez eux grâce au service Wheel-Trans.

En ce qui concerne l'option 11, nous convenons qu'il convient de sensibiliser les Canadiens aux avantages de l'activité physique, mais nous pensons que la sensibilisation doit être appuyée par des lieux accessibles et abordables pour que les gens puissent participer aux activités physiques. Je crois que bien des gens trouvent rébarbatif de devoir s'abonner à un gymnase à un coût élevé, et que c'est entre autres pour cette raison que bon nombre d'aînés ne font pas suffisamment d'activité physique.

L'option 12 vise l'élimination des obstacles à la vie active. Nous appuyons cette option, mais nous nous opposons aux incitatifs fiscaux, car ils profitent surtout aux participants nantis.

Nous appuyons l'option 13, qui vise à faciliter la mise en commun des connaissances et des pratiques exemplaires. Les moniteurs d'activité physique devraient être formés de manière à comprendre les besoins particuliers des aînés. Les frais d'inscription à des centres d'activité physique ne devraient pas être déductibles, car ces déductions privilégient les nantis.

L'option 14 vise la mise en œuvre d'une stratégie nationale de lutte contre la stigmatisation et la discrimination. L'âgisme peut se manifester dans le choix des mots et dans les liens entre les idées et les arguments. Nous craignons de le percevoir en filigrane du rapport, ce qui montre à quel point l'âgisme peut être insidieux. Ainsi, on insiste sur les capacités réduites et sur l'incapacité mentale; on emploie souvent le terme « santé mentale » qui a des connotations négatives, plutôt qu'une expression neutre comme « bien-être mental ».

L'option 15 vise à favoriser la création d'indicateurs de compétence en remplacement de l'âge chronologique. La compétence devrait être une condition pour tous les groupes d'âge aux fins de l'obtention des permis et lorsque d'autres intérêts publics l'exigent. Il ne faudrait pas négliger les définitions juridiques existantes de la compétence.

En ce qui concerne la section 3.1, les régimes à prestations définies disparaissent rapidement au Canada, et les tendances de l'emploi se modifient. La sécurité d'emploi et les prestations de retraite diminueront donc pour un nombre croissant de Canadiens. La situation est particulièrement inquiétante actuellement pour les chômeurs de 50 à 65 ans. Il ne faudrait pas pénaliser ceux qui touchent des prestations du RPC, du Régime de pensions du Canada, avant l'âge de la retraite.

Nous appuyons les options 17, 19, 20, 21 et 22.

Au sujet de l'option 23, qui consiste à examiner les autres apports de revenu possibles, nous pensons qu'il ne faudrait pas encourager les prêts hypothécaires inversés. Une meilleure approche, qui réduirait les inégalités, serait le régime de revenu annuel garanti proposé par le sénateur Hugh Segal.

Au sujet de la pauvreté, le fait que le revenu après la retraite pour le quintile le plus bas de la population est plus élevé que le revenu avant la retraite illustre la faiblesse du revenu avant la retraite. Les prestations combinées de la SV et du SRG sont inférieures au seuil de faible revenu. Cela signifie que toutes les conditions des déterminants connus de la santé réduisent la possibilité de vieillir en santé.

L'option 24 vise à rendre non imposables les prestations de la SV et du SRG s'il s'agit des seules sources de revenu. Nous appuyons cette option, mais pas la proposition de crédit d'impôt qui ne profite qu'aux aînés nantis.

Nous appuyons fortement les options 25 et 26.

En ce qui concerne un taux de remplacement du revenu provenant du RPC, l'option 27, le montant maximum devrait être porté à 60 000 $ et pleinement indexé. Le pourcentage devrait être maintenu à 25 p. 100. À notre avis, les salariés ayant un revenu élevé ont d'autres façons de s'assurer une retraite confortable.

Nous appuyons les options 29, 30, 31 et 32. Il faudrait s'assurer que les paiements rétroactifs ne limitent pas l'admissibilité aux autres services fondés sur le revenu que reçoivent les Canadiens. L'entente fédérale-provinciale- territoriale doit servir à faciliter cet objectif.

En ce qui concerne l'option 33, nous appuyons l'idée de revoir la conception du RPC à la lumière des différences croissantes dans la participation au marché du travail. L'étude du comité devrait inclure l'incidence de l'augmentation de l'emploi à court terme et du travail indépendant sur les cotisations au RPC et les prestations de ce régime.

L'option 34 vise l'établissement d'un régime national d'assurance-médicaments exhaustif financé par l'État ou par un partenariat public-privé. Nous appuyons un régime d'assurance-médicaments financé par l'État. Nous n'appuyons pas un partenariat public-privé.

En plus des préoccupations évoquées à la page 32 du rapport, nous attirons l'attention du comité sur le fait que les essais cliniques des médicaments incluent rarement des femmes, des Autochtones et des aînés, ce qui peut être très néfaste pour les patients. Cela signifie que des aînés peuvent recevoir des médicaments qui ne leur conviennent pas et qui peuvent leur causer beaucoup de préjudice.

En ce qui concerne l'option 35, sur les campagnes d'information, nous pensons qu'il faut insister davantage sur les problèmes d'accès à des aliments sains et à prix abordable dans les collectivités démunies, pas seulement dans les collectivités du Nord. Nous avons constaté, à Toronto, plus particulièrement, que le prix d'un même aliment pouvait grandement varier à l'intérieur d'une même chaîne selon le quartier où se trouve le magasin.

Nous appuyons les options 37 à 40.

Nous appuyons fermement l'option 41, qui consiste à appuyer des projets de renforcement des capacités visant la formation en gériatrie et en gérontologie. L'éducation et la formation spécialisées devraient s'appliquer à toutes les professions de la santé, selon nous.

En ce qui concerne la section 4.6, nous sommes d'accord, à titre d'organisation des aînés, avec l'affirmation selon laquelle « des problèmes comme la dépression sont trop souvent perçus comme un élément inévitable du vieillissement ». Voici un exemple concret d'âgisme en action!

Nous appuyons fortement les options 50 à 57. Le logement est un problème continu, surtout pour les aînés à faible revenu. Il est aussi un grand facteur déterminant de la santé à tout âge.

L'option 60 consiste en l'adoption d'un programme national de soins à domicile. En Ontario, nous savons que les pourcentages des fonds affectés aux soins de courte durée et aux soins à long terme se sont inversés. Par le passé, une grande partie des fonds était affectée aux soins à long terme. Actuellement, on en consacre davantage aux soins de courte durée. Cette tendance va à l'encontre du désir de la plupart des aînés de vieillir chez soi. La Loi canadienne sur la santé a assuré un accès de base à tous les Canadiens dans les domaines visés par cette loi. Un grand nombre de provinces et de territoires sont allés bien plus loin. La réduction potentielle des services dans une province ou un territoire ne peut que découler de normes fixées trop bas. Par contre, le programme de péréquation fédérale-provinciale devrait atténuer les pressions excessives sur les provinces ou les territoires moins nantis.

En ce qui concerne les compétences inégales — l'option 61 —, nous encourageons le gouvernement fédéral à collaborer avec les ministres provinciaux et territoriaux pour établir des normes de formation et d'accréditation communes pour le personnel de service à domicile. Nous appuyons également l'idée que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux collaborent afin de créer une stratégie en ressources humaines qui viserait les travailleurs offrant des services à domicile.

En ce qui concerne l'option 62, nous ne sommes pas en faveur d'un régime d'épargne pour soins à long terme qui, lui aussi, ne profiterait qu'à ceux qui sont assez riches pour y cotiser. Les soins à long terme peuvent et devraient être un service public offert à tous les Canadiens, et ces soins peuvent être très abordables si on permet aux gens de vieillir à l'endroit de leur choix. Nous vous renvoyons au Programme pour l'autonomie des anciens combattants et aux travaux du Réseau canadien de recherche pour les soins dans la communauté.

Nous appuyons les options 63 à 67, y compris la création d'un groupe spécial puisqu'une étude approfondie s'impose. Quelle que soit la méthode adoptée pour l'aide financière, celle-ci devrait être profitable pour tous les soignants, quel que soit le revenu.

Nous appuyons fortement l'option 70, qui vise la création d'un programme pour l'autonomie axé sur les besoins.

Sylvia Hall s'occupera du mot de la fin.

Sylvia Hall, secrétaire-trésorière, Section de l'Ontario, Corporation canadienne des retraités intéressés : On nous a demandé de cerner les enjeux les plus pressants pour les aînés. Pour résumer, rapidement, à notre avis, il s'agit de la pénurie de logements supervisés abordables, du fait que bon nombre des médicaments ou des services médicaux dont ont besoin les aînés d'aujourd'hui sont exclus de l'assurance-maladie ou, en Ontario, du RAMO. Les soins à domicile constituent un autre enjeu clé. La pauvreté est malheureusement encore un problème pour de trop nombreux aînés en Ontario. Nos principales préoccupations, à la suite de la lecture du rapport, sont celles que nous avons exprimées dans nos commentaires et elles concernent les aînés ayant un revenu peu élevé.

La Corporation canadienne des retraités intéressés accorde de plus en plus d'importance au bien-être des aînés de demain. Nous entendons par là non pas les membres de la génération du baby-boom, qui font déjà l'objet de beaucoup d'attention, mais plutôt ceux des générations suivantes. Beaucoup d'entre eux n'ont pas et n'auront peut-être jamais un emploi à long terme ou un emploi assurant des prestations de retraite. Ils vivront peut-être de fréquents épisodes de chômage. Par conséquent, leur capacité d'épargner en vue de la retraite sera très limitée.

Les taux alarmant de chômage et de sous-emploi chez les immigrants sont également préoccupants. Malheureusement, votre rapport ne traite pas vraiment de ce problème.

Nous estimons donc qu'il est très important que le comité ne suppose pas que les générations futures auront accès à un revenu de retraite privé élevé. Nous vous demandons de réexaminer vos fréquentes propositions de crédit d'impôt, ou les propositions qui vous ont été faites en ce sens. Nous sommes convaincus que vous n'avez pas l'intention de pénaliser les contribuables à faible revenu ou les contribuables dont les revenus sont si faibles qu'ils ne paient pas du tout d'impôt, pour qui les crédits d'impôt n'ont aucun sens.

Nous vous demandons de reconnaître qu'il y a, comme vous le dites si bien, une « occasion en or » de voir au-delà de la génération du baby-boom et d'inclure celle qui la précède, les aînés d'aujourd'hui, et celle qui la suit. Je vous remercie de votre attention.

Le sénateur Mercer : Je vous remercie tous d'être présents aujourd'hui, particulièrement mesdames Mounsteven et McGillivray, que j'ai rencontrées hier. Aujourd'hui, c'est moi qui poserai les questions, contrairement à hier.

J'aimerais revenir à la question du financement des divers groupes de femmes. J'aimerais m'assurer que je comprends bien l'ordre des choses. À l'échelle de la province, le gouvernement Harris a mis fin à une partie du financement, et à l'échelle fédérale, le financement a pris fin au moment de l'élection du gouvernement actuel. Est-ce que j'ai bien saisi l'ordre des choses, ou si je commets une erreur?

Mme McGillivray : Ce n'est pas tout à fait ça, sénateur. Le financement provincial que j'ai mentionné était destiné au logement. L'une des réformes du gouvernement Harris a fait en sorte qu'il n'y a plus de construction de logements sociaux. En fait, cette décision a été prise peu après les fusions municipales, la réduction des programmes sociaux et des programmes de logement, et ainsi de suite. Nous faisons maintenant face aux résultats.

Pour illustrer le manque de financement dont je vous ai parlé, je vous ai fourni les études réalisées par le passé par le Older Women's Network. Nous étions très reconnaissantes de ce type de financement à l'époque, mais nous n'y avons plus accès. Nous ne recevons plus aucun financement de base. Le Conseil provincial des femmes de l'Ontario, tout comme le Conseil national des femmes du Canada, ne reçoit plus de financement de base. Nous avons donc la responsabilité de réunir l'intégralité de notre financement.

Toutefois, et j'espère que je l'ai dit clairement, il y a de moins en moins de bénévoles et de travail à mesure que nous vieillissons toutes, ce qui signifie que, même quand nous obtenons du financement pour des projets, comme, par exemple, le projet dont je m'occupe dans le cadre du projet Nouveaux Horizons dans la ville de Hamilton, nous sommes très peu nombreuses pour exécuter le projet. Si nous sommes obligées de passer notre temps à remplir des demandes de subventions — je vois des gens qui approuvent —, nous n'avons plus l'énergie ni le temps de faire ce que nous avons à faire. Les bénévoles sont des gens actifs, et ils décident de consacrer leur temps à des tâches un peu plus productives.

Mme Hall : Je pense que Mme McGillivray parle du fait que le gouvernement fédéral n'offre plus de financement par l'entremise de Condition féminine Canada. C'est un aspect déterminant.

Le sénateur Mercer : Je voulais déterminer la chronologie des événements. Vous avez raison, vous avez parlé du logement, et il s'agit du changement le plus important. Le logement relève de la province, mais le gouvernement fédéral a joué un rôle clé à ce sujet pendant de nombreuses années puisqu'il fournissait une grande partie des fonds et qu'il était souvent l'initiateur des projets de logement. Maintenant, tout le monde se retire de ce secteur. Peu importe à qui nous attribuons la diminution : si personne n'agit, il n'est pas vraiment utile de désigner un responsable.

Je voulais connaître la chronologie concernant les autres formes de financement, mis à part le financement des projets de logement.

Mme McGillivray : Condition féminine Canada est un programme fédéral. Il y a deux ans, le gouvernement fédéral a réduit de cinq millions de dollars le financement des programmes de Condition féminine Canada et a fermé 12 des 16 bureaux au pays. Cela signifie que des femmes qui aidaient d'autres femmes à accéder à des ressources pour aider des femmes avec lesquelles elles travaillaient à répondre à leurs besoins se retrouvent sans emploi.

Je vous demande à vous, sénateurs, dans votre grande sagesse, d'informer les autorités dont vous relevez, et je suppose qu'il s'agit du gouvernement actuel, qu'elles devront se pencher de nouveau sur les questions que j'ai abordées au sujet des droits des femmes, que ce soit des immigrantes, des réfugiés ou des membres de diverses communautés, et les examiner avec sérieux afin d'y répondre. Il faut que l'on reconnaisse que les femmes ne peuvent réussir à se sortir de la pauvreté sans ce type de ressources, ressources qui n'existent actuellement pas.

Le sénateur Mercer : Je crois que vous constaterez que tout le monde, ici, est d'accord. Malheureusement, si nous voulons des changements, le Cabinet doit exercer son influence.

Le sénateur Cordy : Je suis étonnée, moi aussi, parce que nous avons posé cette question un certain nombre de fois au Sénat, au leader du gouvernement au Sénat. Je veux éviter de faire de la partisanerie, alors je vais me contenter de répéter ce qui a été dit. Elle est aussi la secrétaire d'État aux Aînés. On l'a interrogée à propos de la réduction du financement de Condition féminine. Je suis de la Nouvelle-Écosse, et le bureau d'Halifax a été fermé.

Quand on l'a interrogée à ce sujet, elle a continué à affirmer que le financement n'avait pas été réduit. Pour ma part, j'ai lu qu'il y avait eu une réduction du financement, et je sais que le bureau d'Halifax a été fermé. Vous nous dites que le financement a été réduit de cinq millions de dollars.

Mme McGillivray : De plus de cinq millions de dollars. Je sais que les choses peuvent porter à confusion si l'on ne tient pas compte en détail des changements apportés aux paramètres du mandat. Parlez-vous de la ministre Josée Verner?

Le sénateur Cordy : Non, je parle du sénateur LeBreton.

Mme McGillivray : J'ai rencontré Mme LeBreton, mais je crois qu'elle devrait discuter davantage avec la ministre du Patrimoine canadien et de la Condition féminine.

Selon le rapport, l'argent a été rétabli, mais selon de nouveaux critères qui tiennent maintenant compte du profit. On peut maintenant donner de l'argent aux banques. Je m'excuse, mais les banques n'ont pas besoin de l'argent de nos impôts. Auparavant, l'argent allait seulement à des groupes sans but lucratif qui défendaient des enjeux, qui visaient l'égalité entre les hommes et les femmes au Canada.

La présidente : N'est-ce pas là le nœud du problème? La définition de ce que devrait être Condition féminine Canada a changé. Elle incluait auparavant le mot « égalité », mais ce n'est plus le cas.

Mme McGillivray : Oui, madame. Merci.

J'ai observé la Chambre des communes, un jour, ce qui est une expérience très éprouvante, et j'ai vu le caucus des femmes demander que le mot « égalité » fasse de nouveau partie du mandat, et j'ai entendu le gouvernement de l'époque dire que cela avait déjà été fait.

Il y a beaucoup de confusion sur le terrain mais nous savons que c'est faux puisque nous collaborons étroitement avec le mouvement des femmes et que nous en connaissons bien le mandat. Vous avez tout à fait raison.

Le sénateur Mercer : Dans votre réponse au sénateur Cordy, vous avez dit que le gouvernement pouvait maintenant donner son argent aux banques.

Mme McGillivray : J'ai un peu galvaudé le terme.

Le sénateur Mercer : Si je veux faire un suivi la semaine prochaine, j'aimerais que les choses soient un peu plus claires.

Mme McGillivray : Je ne sais pas à qui Condition féminine a donné de l'argent, mais je suppose qu'il s'agit d'une information publique. Je propose que, peut-être, votre comité se penche sur cette question.

Le sénateur Mercer : Ce n'était pas une mauvaise question, sénateur Cordy.

Je trouve que vos observations sur les crédits d'impôt sont toutes intéressantes. Il faut d'abord s'occuper de notre principale préoccupation : les gens qui se trouvent au bas de l'échelle des revenus — il s'agit de notre motivation. Nous devons toutefois aussi nous occuper des gens qui ont un revenu moyen.

Tout comme vous, je ne me fais pas de souci pour les gens qui se trouvent en haut de l'échelle. Ils ont toujours été capables de s'occuper d'eux-mêmes, merci bien, et ils le seront toujours. Ce qui pose problème, c'est, peut-être, de trouver un incitatif pour les membres de la classe moyenne.

J'étais à Windsor, hier soir, et un intervenant a proposé que l'on double le niveau d'exemption fiscale afin d'aider les gens au bas de l'échelle. Cependant, comme je ne cesse de le rappeler aux gens, quand on adopte ce type de mesures, les gens doivent attendre toute une année avant de voir une différence et avant qu'il y ait de véritables résultats.

De plus, cette mesure n'offre aucune aide aux gens de la classe moyenne. La plupart des femmes qui font partie de la classe moyenne ne sont pas célibataires. Si nous n'offrons pas de mesures incitatives aux gens de cette catégorie, et étant donné que les femmes vivent plus longtemps que les hommes, comme vous le savez, les femmes se retrouveront avec les restes de tout le travail qu'elles auront fait avec leur conjoint. C'est ce qui me préoccupe.

On ne cesse de dire que les gens de la classe supérieure peuvent s'occuper d'eux-mêmes. J'aimerais exclure tout un groupe de personnes du processus afin que l'on puisse offrir une plus grande aide aux gens qui se trouvent au bas de l'échelle, et je n'arrive pas à voir comment on pourrait y arriver sans leur offrir quelque chose, comme, peut-être, un crédit d'impôt. Avec un crédit d'impôt, nous ne leur donnons pas d'argent; ce sont eux qui ne nous en donnent pas.

Mme Hall : J'ai deux commentaires à ce sujet. D'abord, nous avons malheureusement constaté, à la suite des récents budgets, que les crédits d'impôt profitent exclusivement à ceux qui paient des impôts. Il n'y a rien pour aider ceux qui ont un faible revenu. C'est très préoccupant de voir qu'on a recours à des crédits d'impôt et à des incitatifs fiscaux alors que rien n'a été fait.

La présidente : Je m'excuse de vous interrompre; il essaie de régler le problème.

Je suis d'accord avec vous. Nous savons que plus une personne a un revenu élevé, plus elle profite d'un crédit d'impôt. Cependant, si un crédit d'impôt était offert à des gens dont le revenu est assez élevé, jusqu'à un certain point, pour qu'ils paient de l'impôt, vous pourriez peut-être aider les personnes qui gagnent de 25 000 à 40 000 $ à l'aide de certains crédits d'impôt, et vous ne vous retrouveriez sûrement pas à aider les riches.

Mme Hall : C'est vrai que cela n'aiderait pas les riches, mais si le gouvernement obtient moins d'argent, il aura deux choix : augmenter les impôts en général de ceux qui en paient encore même après l'application des crédits d'impôt, ou réduire les services publics, et c'est ce que nous voyons depuis 15 ou 20 ans. Rappelez-vous, les aînés se souviennent de bien des choses.

Nous ne vous demandons pas de recréer l'âge d'or du capitalisme, mais nous vous demandons de mettre tout le monde à l'avant-plan. Je crois que ce sera votre plus grand défi : aider les personnes à revenu moyen et à faible revenu sans entraîner une réduction des services en général.

Le sénateur Mercer : Je crois qu'il existe, du moins au Sénat, une certaine sympathie pour un revenu annuel garanti. Le sénateur Segal n'est pas le seul à défendre cette idée; c'est simplement à lui qu'on a passé le flambeau. Le sénateur Segal siège à mes côtés au Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts, et nous avons discuté beaucoup de la pauvreté rurale et du revenu annuel garanti.

L'idée de garantir un revenu annuel n'est pas mauvaise, mais nous devons nous assurer que la caisse se remplit à mesure que nous la vidons, et c'est là le problème.

Comme vous le savez, j'arrive tout juste de Windsor, cœur de l'industrie automobile, qui est en piteux état actuellement. La situation de l'Ontario est calquée sur celle du secteur de l'automobile.

Je serais très heureux de redistribuer la richesse à l'aide d'un revenu annuel garanti, si on devait choisir cette option, mais je ne veux pas que la caisse se vide. Je ne veux pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Je veux m'assurer qu'il reste quelque chose. C'est pourquoi j'hésite à appuyer cette idée pour l'instant. Nous devons nous assurer que les personnes de la classe moyenne, de la classe moyenne-supérieure ou de la classe supérieure sont en mesure de payer des impôts afin que nous ayons de l'argent.

Le journal de ma localité a publié récemment un article qui citait M. Flanagan, conseiller du premier ministre actuel, qui disait qu'il fallait serrer la vis au gouvernement fédéral et l'obliger à participer financièrement aux affaires du pays. Je ne veux pas que nous nous rendions là. Je continue donc à tenter de trouver des façons de dire que c'est ce que nous voulons faire, mais aussi que nous ne souhaitons pas limiter les capacités et la responsabilité du gouvernement. La situation actuelle de l'Ontario pourrait grandement se dégrader. Elle n'est pas encore dramatique, mais si le secteur de l'automobile continue d'aller vers le Sud, elle pourrait le devenir.

Mme Mounsteven : Nous, les retraités canadiens, quand nous voyons que de plus en plus d'avantages fiscaux sont offerts, nous avons l'impression que les mots « impôt sur le revenu » sont devenus des gros mots. Depuis quelques années, l'impôt sur le revenu est perçu comme une mauvaise chose. Le gouvernement nous dit que les crédits d'impôt nous permettront d'avoir plus d'argent, nous rendront notre argent, et que cet argent aura, en quelque sorte, des retombées puisque les gens auront plus d'argent pour sortir et consommer. Cependant, rien de tout cela ne se produit.

Il y a eu une importante diminution des services. Nous aimerions que les prestations d'assurance-emploi redeviennent ce qu'elles étaient à une certaine époque. On nous a dit que le pays n'en avait pas les moyens. Eh bien, je crois que nous devrons les trouver, les moyens, parce que trop de personnes n'ont pas accès à l'assurance-emploi au moment où elles en auraient besoin. L'assurance-emploi a aussi été réduite ici en Ontario. D'après ce que je comprends, l'assurance-emploi est moins élevée en Ontario que partout ailleurs au pays, quel que soit le ratio utilisé.

Le problème, c'est la façon dont notre gouvernement présente l'impôt sur le revenu. Si on nous disait qu'il nous permet d'avoir accès à de meilleurs soins de santé et à un meilleur régime d'assurance-médicaments, et qu'il pourrait véritablement régler les problèmes de logement, nous aurions peut-être un autre point de vue sur l'impôt. C'est ce à quoi nous pensons quand nous parlons des crédits d'impôt.

Nous sommes un organisme qui n'est pas exclusivement féminin. Nous comptons des hommes parmi nos membres, et ils sont d'accord avec nous et se préoccupent tout autant que nous de la situation.

Mme McGillivray : Je suis d'accord avec ce que dit Mme Mounsteven. Je viens tout juste de terminer ma déclaration de revenus. Nous sommes nombreux, parmi les aînés, à donner à des œuvres de bienfaisance pour les aider. C'est toutefois tout un choc de voir les déductions auxquelles nous avons droit. C'est très dissuasif. Il s'agit pourtant d'une mesure incitative dont on pourrait tirer profit. Pourquoi est-ce que, si je fais un don à un parti politique, une grande partie de l'argent me revient?

Je ne suis pas une femme riche. À une certaine époque, j'ai été une mère monoparentale et je devais m'occuper seule de mes enfants. J'ai payé moi-même ma formation universitaire. Je sais de quoi il s'agit.

J'aimerais parler de l'assurance-emploi. Je crois qu'il s'agit d'une compétence fédérale.

Le sénateur Mercer : En effet.

Mme McGillivray : J'ai un fils. Je ne devrais pas parler de ma vie privée ici, mais je vais le faire. Mon fils a 38 ans. Il mesure 6 pi 2 po. Il travaille dans les mines de gypse à Hagersville, et il doit travailler à quatre pattes. Il fait ce travail depuis neuf ans. Il est marié. Il a deux jeunes enfants.

Mon fils n'est pas syndiqué. Il a eu quelques accidents qui, heureusement, n'ont pas réduit ses capacités. La réaction immédiate de l'employeur, c'est de le ramener au travail et de lui trouver un emploi qu'il peut faire assis.

J'ai demandé à mon fils s'il avait envisagé d'autres possibilités et s'il voulait faire ce travail jusqu'à ce qu'il ait 65 ans. Il m'a répondu : « Tu sais, maman, je fais un bon salaire. » Ses heures ont été réduites et il travaille maintenant trois journées de 12 heures par semaine.

Je lui ai dit qu'il devait tenir compte de différentes choses. Il n'a pas beaucoup de temps puisqu'il fait des quarts de 12 heures, qu'il coupe du bois et qu'il possède une petite ferme équestre avec sa famille. J'ai téléphoné à Main-d'œuvre et j'ai demandé si mon fils pouvait obtenir quelque chose comme de l'assurance-chômage ou du perfectionnement. Il est encore jeune, il a 38 ans. Ce n'est pas le garçon le plus intelligent du monde. Il ne pourrait pas faire des études supérieures. C'est tout simplement impossible.

Pour avoir droit à du perfectionnement professionnel, il devrait travailler moins de 20 heures par semaine. Il ne le fera pas; il a besoin de l'argent. La personne à qui j'ai parlé à Main-d'œuvre m'a dit : « Je ne devrais pas vous dire ça, mais ce qu'il pourrait lui arriver de mieux, ce serait d'être mis à pied. Il pourrait alors présenter une demande de formation. » Savez-vous de quel type de formation il s'agit? C'est une formation de 12 ou de 14 semaines. Ce n'est même pas assez long pour suivre une formation en soudage ou en réfrigération, ou pour acquérir une compétence. Ce n'est pas assez long.

Je crois que nous devons nous pencher sérieusement sur la question pour offrir des chances équitables à tous. Il s'agit d'une façon d'y parvenir.

Mes autres enfants s'en sortent très bien. Je comprends pourquoi vous dites qu'il ne faut pas oublier la classe moyenne. Évidemment. Il s'agit d'être réélu, quoi qu'il arrive. Nous connaissons tous la politique, même si nous sommes tous non partisans quand nous sommes à cette table.

Il y a peut-être d'autres façons de tirer profit de la situation. Les gens veulent conserver leur argent. Ils ont peur de le perdre. Tout le monde sait bien que nous allons vers une récession. La situation ne s'améliorera pas.

J'ai obtenu mon diplôme en 1980, et une récession a commencé en 1982. Je me souviens de 1990, quand je travaillais pour le secteur privé et que nous avons connu une récession. Je sais que c'est difficile et que les gens aiment avoir l'impression de respirer quand ils remplissent leur déclaration de revenus. Il y a de nombreuses possibilités à ce sujet qui permettraient d'être équitable envers tous.

Une nouvelle option est maintenant offerte : vous pouvez placer 5 000 $ à la banque, et ce montant ne sera pas imposé. À qui cela profite-t-il? Les gens sont incapables de mettre de l'argent de côté pour leurs vieux jours; pensez- vous qu'ils sont capables de placer 5 000 $ à la banque?

Quelle est l'autre option offerte aux aînés? Le partage du revenu. Laissez-moi vous dire que 41 p. 100 des aînés n'ont même pas accès à cette option. Bon nombre d'entre eux n'ont pas de conjoint, pour quelque raison que ce soit. Je ne vous apprends rien; bien d'autres vous l'ont déjà dit.

Le sénateur Chaput : Madame McGillivray, vous avez parlé de la Older Women's Housing Co-operative, un projet de logements abordables. Je crois que vous avez dit qu'il s'agissait ou qu'il pourrait s'agir d'un très bon modèle de logements sociaux multiethniques, mais qu'on ne construisait plus de logements de ce type. Est-ce que j'ai bien compris?

Mme McGillivray : Oui, vous avez bien compris.

Le sénateur Chaput : Pouvez-vous m'en dire plus sur ce modèle, sur cette coopérative?

Mme McGillivray : Elle existe depuis maintenant 10 ou 11 ans. L'immeuble compte 142 unités. Certaines sont louées au prix du marché, et d'autres sont subventionnées et louées à des personnes ayant un faible revenu. Il s'agit d'un certain pourcentage.

Je suis très contente que vous me posiez cette question parce que c'est une des choses que je voulais mentionner à propos du logement. Vous avez, à l'échelle fédérale, une certaine influence sur tout cela puisque c'est vous qui rendez la situation équitable pour toutes les personnes qui vivent dans l'immeuble. La liste d'attente est actuellement très longue parce que les gens ne déménagent pas. Ce n'est pas un immeuble d'aînés; c'est un immeuble pour les gens de toutes les ethnies, de tous les âges et de tous les niveaux de revenu. Il est situé au 115, The Esplanade, dans le centre-ville de Toronto. Si vous passez par là, un jour, entrez et demandez de visiter. Il s'agit d'un modèle fantastique de coopérative immobilière.

Comme vous le savez peut-être, une coopérative immobilière appartient à tous les locataires. Ils ont leur propre conseil d'administration et s'occupent des travaux à faire en collaboration. Le bureau du Older Women's Network se trouve au rez-de-chaussée de cet immeuble. Nous payons un loyer. C'est un lieu de rassemblement pour de nombreuses personnes de l'immeuble et de la collectivité. Nous sommes situés juste en face des logements de l'organisme PAL. Il y a beaucoup d'activités autour du St. Lawrence Market dans le centre-ville.

Il ne se construit plus de coopératives. Je me trompe peut-être, et Mme Mounsteven pourra me corriger, mais je crois qu'un projet de coopérative est en cours de planification.

Le grand intérêt de cette coopérative d'habitations, c'est qu'il s'agit d'un endroit où les gens peuvent vieillir. Ils ont accès à des services d'aide sur place. L'une de nos collègues vient tout juste de vendre la maison où elle habitait depuis 43 ans avec son mari, et ils ont déménagé dans la coopérative. Son mari est une jeunesse de 92 ans; elle a 89 ans, et ils sont tous deux très actifs au sein de nos comités. Le monsieur est un homme brillant. Il était professeur à l'université. Il a maintenant besoin d'un peu d'aide, mais tout va bien puisque des personnes qui offrent des services d'aide se rendent dans l'immeuble. Il a l'esprit tout à fait clair.

C'est un modèle fantastique. L'immeuble compte une toiture-jardin qui a été primée. C'est la nouvelle façon de conserver l'énergie : faire un jardin sur le toit. C'est merveilleux.

Est-ce que j'ai répondu à votre question?

Le sénateur Chaput : Oui, merci beaucoup.

Le sénateur Cordy : Je vous remercie tous de votre présence. C'est un peu comme une rencontre amicale, aujourd'hui.

Je ne sais pas qui de Mme Hall ou de Mme Mounsteven a parlé du fait que nous devrions nous préoccuper du bien- être des futurs aînés. Je ne pense pas que, en tant que société, nous voyions le vieillissement comme un processus continu. Toutefois, nous commençons à vieillir dès notre naissance. Pourtant, quand nous utilisons le mot « vieillissement », nous pensons aux personnes de 65 ans et plus.

Comment pouvons-nous faire comprendre aux gens que, s'ils sont chanceux, ils deviendront des aînés? Le contraire serait plutôt malchanceux.

Vous avez parlé des jeunes d'aujourd'hui, non pas de la génération du baby-boom, mais bien des jeunes d'aujourd'hui. Mes filles ont 30 et 28 ans. Je regarde leur situation et celle de leurs amis, et je constate qu'il y a, aujourd'hui, beaucoup de travail à contrat; bon nombre d'entre eux ne reçoivent pas d'avantages sociaux, mais se voient attribuer des contrats de six mois ou d'un an.

Vous avez aussi parlé du sous-emploi des immigrants professionnels qui ne travaillent pas dans leur domaine et qui doivent plutôt se contenter de conduire un taxi, par exemple.

Il y a certainement de plus en plus de régimes à cotisations déterminées et de moins en moins de régimes à prestations déterminées, ce qui signifie que vos économies dépendent de la façon dont vous avez choisi de les investir.

Ce sont tous des éléments pertinents si l'on pense au commentaire de Mme Hall sur le bien-être des futurs aînés. Je me demande, au sujet du vieillissement et de la démographie, de quelle façon nous devons présenter ces sujets au grand public, et plus particulièrement aux jeunes, qui ont tendance, comme nous quand nous avions 20 ans, à penser que cela ne les concerne pas. Comment pouvons-nous les sensibiliser à l'importance de bien vieillir?

Mme Hall : C'est un défi important pour chacun d'entre nous. Ça m'a fait rire, récemment, quand j'ai entendu parler, à la radio, d'un conseiller financier professionnel, qui de toute évidence réussit, qui se rendait dans les écoles pour inciter des jeunes de 11 ans à investir dans un REER et pour leur expliquer les merveilleux avantages des intérêts composés. D'accord, mais qu'en est-il du jeune de 11 ans qui prétend être plus vieux pour pouvoir travailler ou qui coupe le gazon de son voisin pour aider sa famille, et non pas pour s'acheter le dernier gadget ou pour investir dans un REER? Ce n'est plus l'époque de Dickens, mais cela arrive encore.

Bien souvent, quand je parle à des gens qui font partie de la génération de vos enfants, ils me demandent ce que je fais. Des gens qui me connaissent bien me demandent : « Pourquoi fais-tu tous ces efforts? Pourquoi devrais-tu t'en occuper? Pourquoi te fais-tu du souci? » Je leur réponds que je le fais pour leur génération, et cela les fait réfléchir parce qu'ils me connaissent, personnellement. Ils peuvent s'identifier à moi, et ils comprennent qu'ils vieilliront, eux aussi. J'ai une vieillesse assez dynamique. Ils aimeraient avoir une vieillesse comme la mienne. Devraient-ils commencer à y penser maintenant?

Les interactions sur le plan personnel sont importantes, mais il faut aussi combattre l'âgisme. Je discutais, cette semaine, avec une aînée des premières nations qui est chef de sa réserve. Nous discutions des jeunes, je disais que bien des gens, surtout de la génération du baby-boom, mais aussi des gens plus jeunes, ne veulent pas d'un terme qui signifie qu'ils vieillissent. Ont-ils peur? Comme vous l'avez dit, sénateur, c'est peut-être l'autre possibilité qui leur fait le plus peur.

Mon amie estime que le mot « aîné » est un mot honorable, et elle n'a rien contre le terme « personne âgée » non plus. Elle pense que la façon dont ces jeunes ont été élevés présentait malheureusement des failles.

Je crois que c'est à nous d'agir, nous qui nous préoccupons des autres et pas seulement de nous-mêmes, comme c'est évidemment votre cas à tous puisque vous avez choisi de travailler auprès du grand public. Votre rapport marquera peut-être le début du processus.

Le sénateur Cordy : J'aimerais maintenant revenir à la question du revenu annuel garanti, dont nous avons parlé plus tôt aujourd'hui. Je fais aussi partie d'un comité qui étudie la pauvreté dans les villes, et qui est présidé par le sénateur Eggleton, de l'Ontario.

L'idée d'un revenu garanti a été évoquée à plusieurs reprises dans nos rencontres. Hier, nous avons reçu un certain nombre de personnes de la région de Toronto affiliées à des groupes de lutte contre la pauvreté. On a abordé, avec elles, la question du revenu garanti. Un intervenant a fait remarquer que l'idée semblait très bonne en soi, mais il craignait, comme la plupart des personnes présentes, qu'un revenu garanti ait des répercussions sur d'autres programmes sociaux. Il a mentionné, plus particulièrement, l'assurance-emploi. Je sais que l'un d'entre vous a dit que si nous avions le revenu garanti, nous n'aurions pas besoin de l'assurance-emploi. Cet intervenant était plutôt préoccupé par la situation inverse : il craignait que, si le gouvernement décidait d'adopter le revenu annuel garanti, il se débarrasserait de l'assurance-emploi.

Que ferait-on des prestations d'assurance-emploi qui ne sont pas offertes aux aînés en particulier — comme le régime de congé parental — si nous adoptions le revenu annuel garanti? Les éliminerait-on? Si la femme est en congé et que l'homme travaille, le revenu familial pourrait être assez élevé pour qu'il ne soit pas admissible à des prestations parentales, ce qui pourrait placer la famille dans une situation difficile sur le plan financier. Qu'arriverait-il aux autres types de prestations d'assurance-emploi, comme le congé pour aidant naturel qui offre des soins palliatifs?

Mme McGillivray : J'aimerais simplement apporter une précision : nous savons, parce que nous l'avons lu dans les journaux, que c'est le sénateur Segal qui a dit qu'il appuyait le revenu annuel garanti, mais qu'il éliminerait alors les prestations d'assurance-emploi et d'aide sociale. Jamais dans cent ans quelqu'un ne viendra appuyer cette idée. Nous avons besoin de tous les programmes.

Quand je m'occupais de travail social, on nous demandait constamment qui nous allions jeter à la mer. Je ne pense pas qu'il y ait pénurie de ressources dans notre pays. Je crois que le Canada est un pays très riche. Je pense que les ressources sont mal utilisées.

Ce n'est pas difficile d'offrir un revenu annuel garanti si on tient compte de l'impôt sur le revenu et de la façon dont certains revenus sont traités. Il s'agit simplement d'offrir un supplément au salaire, ce que l'on fait déjà de toute façon par d'autres moyens. Je crois toutefois qu'on ne doit pas sacrifier nos programmes sociaux en échange.

Le sénateur Cordy : Merci. C'est ce que j'espérais entendre.

Hier, l'un des intervenants a présenté son témoignage à partir de l'Inde, et c'est assez extraordinaire de voir ce que la technologie permet aujourd'hui. Il avait rédigé au Canada un rapport pour les Nations Unies sur la pauvreté au Canada et demandait, essentiellement, comment un pays aussi riche que le Canada pouvait compter autant de pauvres. Le gouvernement a répondu à ce rapport; je n'ai jamais vu cette réponse, mais notre comité tentera de la trouver et j'aimerais bien savoir ce qu'elle contient.

Ce qui m'a aussi intéressé, dans vos commentaires, madame McGillivray, c'est ce que vous avez dit à propos des refuges pour les femmes et des femmes aînées. J'ai toujours pensé que les refuges pour femmes s'adressaient davantage aux femmes plus jeunes et à leurs enfants. Mais vous avez tout à fait raison. Nous n'avons pas pensé à répondre aux besoins des femmes aînées quand nous nous sommes penchées sur le logement et les refuges. Si j'avais 65 ou 70 ans, je ne suis pas sûre que j'aimerais me retrouver dans le même refuge que plusieurs enfants de deux ou trois ans.

Y a-t-il un mouvement qui vise particulièrement les besoins des femmes aînées?

Mme McGillivray : Vous avez tout à fait raison C'est ce que notre étude a révélé.

L'étude visait d'abord à connaître les enjeux concernant les femmes âgées victimes de violence. Et il y en avait beaucoup. Nous parlons de la violence en général. Je suis plutôt d'accord avec la théorie selon laquelle la violence commence dans l'enfance, se poursuit à l'âge adulte, et est encore présente pendant la vieillesse. Il s'agit d'un continuum. Évidemment, conformément aux données démographiques, notre population est de plus en plus importante et est surtout composée de femmes, même si certains hommes entrent aussi dans cette catégorie et sont victimes de violence.

Je n'ai pas besoin de vous dire, mesdames et messieurs les membres du comité, que les aînés font en général preuve de réserve et tiennent à leur vie privée. Ils n'aiment pas raconter leurs histoires personnelles. Ils hésitent beaucoup à reconnaître devant quelqu'un qu'ils sont victimes de violence. J'ai travaillé sur le terrain et, bien souvent, les femmes me disaient : « Eh bien, c'est comme ça que nous vivons depuis déjà longtemps. Je vais m'en accommoder. Il devrait mourir bientôt. » Les résultats sont parfois plutôt tristes.

Le Older Women's Network a reçu du financement pour étudier les besoins des femmes âgées et a constaté, comme vous venez de le dire, que les refuges ne répondent pas aux besoins des aînés qui ont besoin d'un peu de paix et qui ont besoin que l'on respecte leur vie privée.

De plus, l'un des problèmes était que les refuges ne conservent pas de statistiques sur l'âge, sur le niveau d'instruction, ou sur bien d'autres éléments. Ils estiment qu'il s'agit là de renseignements confidentiels et personnels. Je suppose que, de leur point de vue, c'est le cas, mais d'un autre point de vue, si on ne dispose pas de ces renseignements, on ne peut élaborer les programmes dont les aînés ont besoin.

Grâce à l'étude sur les refuges, la façon dont les services familiaux s'occupent des aînés qui prétendent être victimes de violence a changé. J'aimerais que nous puissions refaire cette étude maintenant, 20 ans plus tard, pour savoir si les choses ont changé.

Mme Mounsteven : Quand nous avons fait notre étude sur les aînés qui réussissent à rester chez eux dans les régions rurales, nous avons constaté que les gens ne comprennent pas qu'autant de personnes sont sans abri. Nous avons constaté qu'un grand nombre de femmes âgées risquaient de perdre leur logement. Dans bien des cas, elles étaient hébergées par des membres de la famille pendant de courtes périodes. Elles y restaient quelque temps, puis elles devaient déménager. Les gens des petites régions rurales ont été très étonnés d'apprendre que c'était le cas d'un grand nombre de femmes.

Cette étude nous a aussi permis de constater que, quand on parle des aînés, on parle de personnes qui ont 65 ans et plus. Cependant, pour les personnes sans abri ou qui risquent de le devenir, le processus de vieillissement commence davantage à partir de l'âge de 45 ans. Les personnes qui vivent ce type de risque, qui vivent dans la rue ou dans des refuges se préoccupent de l'endroit où elles dormiront, de la nourriture qu'elles réussiront à trouver, et des risques pour la santé auxquels elles s'exposent.

À la fin des années 1970, j'ai fait partie d'un groupe qui a mis sur pied un programme de dépannage pour les femmes. Nous avons été étonnés de voir qui étaient les femmes qui franchissaient nos portes. C'était essentiellement des femmes de plus de 50 ans. Nous aidions aussi des jeunes femmes, mais ces dernières sont plus résistantes que les femmes âgées et que les hommes.

À Toronto, nous avons éliminé les centres de désintoxication de la ville. Nous avons découvert que ces centres, qui accueillaient essentiellement des hommes, étaient fantastiques puisqu'ils réussissaient vraiment à donner des soins, que ce soit des soins physiques — s'occuper de la santé des pieds et peut-être commencer à leur donner de la nourriture — ou d'autres types de soins — les aider à connaître les possibilités de trouver un logement. Les centres de désintoxication ont maintenant disparu. Je sais que la ville compte des centres satellites, ce qui est différent, mais il existe plusieurs façons de savoir qui possède un logement convenable et qui n'en possède pas.

J'ai habité dans une coopérative d'habitations en partie financée par le gouvernement fédéral. Il existe deux types de coopératives. Il y a les coopératives fédérales, et il y a ce que nous appelions les coopératives provinciales, qui sont maintenant la responsabilité des municipalités. Nous avons dû lutter énergiquement pour que les coopératives fédérales ne deviennent pas la responsabilité des provinces, qui en auraient fait la responsabilité des municipalités.

Le mouvement de logements coopératifs est un mouvement important à l'échelle du Canada. À Toronto, seulement dans la zone autour de The Esplanade, on compte quelque 20 coopératives d'habitations.

À l'heure actuelle, le problème, avec les coopératives, particulièrement des coopératives fédérales, c'est leur mode de financement : quand nous remboursons notre hypothèque, nous avons moins d'argent pour offrir des subventions. Cette année, nous avons perdu 1 000 $ par mois en subventions pour les personnes qui vivent dans notre coopérative. Cela signifie que, quand une personne paie son loyer au prix du marché, une partie de l'argent sert à subventionner une autre personne dans l'immeuble.

Un autre aspect, c'est que, depuis dix ans, nous n'avons pas réussi à attirer dans notre coopérative une personne ayant besoin d'une subvention. Je vais vous expliquer ce qui se passe. Nous pensions avoir une entente avec la Société canadienne d'hypothèques et de logement, mais la SCHL a décidé qu'elle ne donnait plus d'argent — même si l'on tient compte de l'entente originale et du fait que, à l'époque, bon nombre de coopératives recevaient un financement pour un taux d'intérêt de 17 p. 100 sur l'hypothèque, tandis que maintenant les taux d'intérêt sont de 4 ou 5 p. 100. Cela signifie que le montant offert est maintenant moins élevé en raison de ce taux d'intérêt. Il n'y avait aucun intérêt, pour nous, à conclure une entente pour verser une plus grande part des subventions.

La présidente : Je vais devoir mettre fin à cette ronde.

Grâce au pouvoir d'Internet et d'une personne qui s'y connaît bien, je peux dès maintenant vous dire les changements qui ont été apportés en 2006 aux lignes directrices concernant le financement de Condition féminine. Le mot « égalité » a été abandonné; le budget de fonctionnement a été réduit de cinq millions de dollars sur deux ans; et les organismes qui s'occupent de défense des intérêts ou qui font du lobbying auprès du gouvernement ne sont plus admissibles à du financement, tout comme les projets de recherche. Les objectifs précédents, soit d'aider les organismes de femmes à prendre part au processus des politiques publiques et aider le grand public à comprendre les enjeux que vivent les femmes en matière d'égalité, ont été éliminés des documents du gouvernement.

Le nouvel objectif consiste à « faciliter la participation des femmes à la société canadienne en améliorant leur situation économique, sociale et culturelle par l'intermédiaire des organismes canadiens ».

Le sénateur Mercer : Qu'est-ce que ça veut dire?

La présidente : Je ne suis pas certaine.

Le programme appuie aussi les petits projets qui offrent des services directement aux femmes. Les organismes religieux et sans but lucratif sont aussi admissibles.

Si je veux être juste, je dois toutefois souligner que le financement versé en subventions a connu une augmentation et atteint 15,3 millions de dollars. Il se divise en deux volets : le Fonds communautaire pour les femmes, qui encourage des projets à l'échelle locale, régionale et nationale, même si personne ne semble savoir quels sont ces projets; le Fonds de partenariat pour les femmes, qui fait partie intégrante des programmes gouvernementaux actuels et qui vise à mobiliser des organismes admissibles et des organismes publics dans le cadre de projets qui visent à répondre aux besoins des femmes.

L'argent a été renvoyé, et du financement a été ajouté, mais l'objectif général, la défense des intérêts, le lobbying auprès du gouvernement et les projets de recherche — tout cela a changé pour la nouvelle orientation.

Mme McGillivray : Nous sommes un groupe de défense des intérêts. Nous ne pourrions pas non plus obtenir un numéro d'organisme caritatif puisque nous sommes un groupe de défense des intérêts et que nous nous occupons seulement des femmes. C'est comme si nous n'existions pas.

La présidente : J'aimerais tous vous remercier d'être venus nous parler cet après-midi.

Mesdames et messieurs, nous entendrons maintenant, au nom du Comité consultatif sur l'accessibilité de Welland, M. Russ Findlay; au nom du Centre d'activités des aînés de Rose City, notre hôte cet après-midi, que j'aimerais remercier de grand cœur, M. John Rose; pour le Comité consultatif des aînés de la Ville de Welland, M. Doug Rapelje; pour le Centre de santé communautaire francophone Hamilton/Niagara, M. Marcel Castonguay, et au nom du Foyer Richelieu, M. André Tremblay.

Russ Findlay, Comité consultatif sur l'accessibilité de Welland : Il y a deux ans, j'ai eu le plaisir de comparaître devant le Comité permanent de la politique sociale de l'assemblée législative provinciale quand il cherchait à obtenir l'avis du public sur la Loi sur l'accessibilité pour les personnes handicapées de l'Ontario. Je suis tout aussi heureux de comparaître devant vous aujourd'hui.

Dans mes observations, j'ai tenté de seulement vous fournir de nouveaux renseignements, et ce, du point de vue d'une personne handicapée.

Depuis quelques mois, je tente d'inculquer un message à tous ceux qui veulent l'entendre. Ce message est le suivant : en tant que société, nous en sommes venus à accepter que, à mesure que les personnes âgées vieillissent, elles sont souvent atteintes d'un handicap, mais, trop souvent, nous oublions que les personnes handicapées deviennent, elles aussi, des personnes âgées. Nous omettons souvent de prévoir un soutien, des services, des programmes, des installations — comme l'endroit où nous sommes assis — pour ce segment de la société, qui, selon la plus récente Enquête sur la participation et la limitation d'activités (EPLA), compte cinq millions de personnes. L'EPLA est une enquête menée par Statistique Canada et qui définit un handicap comme quelque chose qui limite la participation d'une personne aux activités de la vie quotidienne.

Cependant, si vous lisez mes observations, vous constaterez qu'il y a un problème sous-jacent, et je suis certain que vous le verrez dans tout le Canada; il s'agit d'un problème d'égalité.

Si vous tracez une frontière en Ontario à travers la région de York, au nord de Toronto, vous verrez que les démunis se trouvent au nord de cette frontière, et les nantis, au sud. Je dis cela dans le contexte des services et du soutien pour les personnes handicapées. De nombreuses personnes s'installent au sud en raison de la disponibilité des services et du soutien, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Ceux qui choisissent d'habiter au nord de cette frontière sont forcés de vivre, à mesure qu'ils vieillissent, sans le soutien et les services que nous, au sud, tenons pour acquis, car ils sont toujours disponibles.

Je crois que Ressources humaines et Développement social Canada a un rôle à jouer dans la disparition de ces disparités d'une région à l'autre de la province. Je suis certain que vous pourrez voir ces disparités dans tout le Canada.

Il n'est pas réaliste de penser qu'on pourra fournir un soutien et des services équitables en construisant un centre comme celui-ci dans chaque municipalité. Toutefois, je pense qu'il est réaliste de demander un modèle régional pour la prestation de services et le soutien, qui pourrait prendre la forme d'un service itinérant qui s'installe dans chaque municipalité pendant un certain nombre de jours ou pendant une semaine, et qui offre aux personnes âgées handicapées dans ces municipalités les services dont ils ont tant besoin.

Voilà ce qui termine ma déclaration préliminaire de quelques minutes, mesdames et messieurs. J'espère que vous me poserez des questions sur mes observations.

John Rose, vice-président, Centre d'activités des aînés de Rose City : Je dois dire que le Centre d'activités des aînés de Rose City est définitivement un centre d'activités. Nous faisons bouger tout le monde. Il y a des gens qui sont venus ici pour louer une chambre pour la nuit, et certains ont cru qu'il s'agissait d'une chambre d'hôtes. Nous avons dû leur expliquer qu'il s'agit d'un centre d'activités pour aînés. Je dois dire que le Centre d'activités des aînés de Rose City ne prend pas son nom de moi.

Le fait que votre comité soit venu à Welland pour commencer sa campagne ici est un privilège pour nous. J'ai entendu dire que vous voyagerez partout dans le pays et irez jusqu'en Colombie-Britannique. C'est un privilège pour nous de vous accueillir ici.

J'espère que vous avez eu l'occasion de visiter notre centre. Nous en sommes très fiers. Ce centre est connu partout en Ontario. Nous sommes allés à Guelph et avons visité leur centre. Il est très beau, mais, parmi tous les centres en Ontario, nous tenons notre place.

La plupart des gens qui travaillent avec nous sont des bénévoles, même ceux qui sont dans la cuisine. Je pense que vous avez apprécié votre repas. Il a été préparé par notre personnel qui aide dans la cuisine en préparant les repas et en faisant un peu de tout. Ils préparent de bons plats maisons et font leurs propres tartes.

Nous avons tellement de membres que nous envisageons d'agrandir le centre. Nous espérons que les travaux commenceront cet automne ou au début de l'année prochaine.

Il ne coûte que 21 $ par année pour être membre ici — 21 $ par année pour tout ce qui se passe ici. Notre objectif n'est pas de faire de l'argent; notre objectif est de permettre aux gens de demeurer actifs. Vous remarquerez qu'il n'y a aucun téléviseur dans cet immeuble. Nous ne voulons pas que les gens viennent ici, s'assoient et regardent la télévision. Ils sont actifs.

J'aimerais mentionner quelques-unes des activités que nous organisons. Nous avons des jeux de cinq quilles dans une salle de quilles que nous louons, des jeux de cartes, le 500, des joutes de billard, un club de lecture, des joutes de bingo et de bridge, du sport-boules d'intérieur, des jeux d'osselets, un club d'informatique, et des groupes de musique country et western. Il y a trois groupes de musique qui font des répétitions ici régulièrement. Ce soir, il y a une danse. Nous avons également des jeux de cribbage et de dards, et des danses. Le club de théâtre des 50 ans et plus organise deux spectacles par année, qui font salle comble. Nous avons des joutes de Euchre, de Rummoli et de Scrabble, un groupe de couture, de la courtepointe, un jeu de galets, du Tai Chi, du chant et des activités de menuiserie et de sculpture sur bois.

Vous voyez donc que nous ne restons pas en place. Nous faisons des choses. Nous voulons que les personnes âgées demeurent actives, et c'est ce qu'elles font grâce au Centre.

Il m'a fallu environ trois heures pour lire le livre qu'on nous a envoyé et qu'on nous a demandé de commenter. Le conseil consultatif du Centre d'activités des aînés de Rose City a tenu une réunion à ce sujet, et nous y avons formulé les suggestions suivantes.

Nous sommes préoccupés par l'absence d'un réseau de transport interurbain adéquat. La ville de Welland ne dispose plus d'une gamme complète de spécialistes de tous les domaines de la santé. Il y a une centralisation de spécialistes à divers endroits de la région de Niagara, mais aucun réseau de transport interurbain n'est en place pour permettre aux aînés qui ne peuvent plus conduire de se rendre à des rendez-vous à l'extérieur de la ville. Bon nombre d'entre eux consultent des spécialistes à Port Colborne, à St. Catharines ou à Niagara Falls, et ils doivent se rendre à ces rendez- vous. Compte tenu de l'arrivée d'une nouvelle installation centrale de soins de santé à St. Catharines, il est encore plus important de trouver une solution au problème.

Nous croyons que les personnes qui sont prêtes à devenir des aidants naturels à la maison, pour des êtres chers, devraient être dédommagées. Les personnes qui acceptent de faire de genre de sacrifice et obtiennent l'autorisation de leur médecin à cet égard allègent le fardeau du système de santé en libérant des lits et du personnel. Il devrait y avoir une forme de dédommagement pour les personnes qui prennent un tel engagement.

Nous croyons qu'il faudrait étudier de façon plus approfondie des façons d'aider les aînés à rester à leur domicile. La hausse du coût de la vie et le revenu fixe des retraités représentent un problème croissant. Le gouvernement devrait offrir d'autres encouragements fiscaux à ces aînés ou fournir davantage de logements subventionnés aux personnes âgées.

J'ai vécu l'expérience des soins à domicile. Ma belle-mère était à l'hôpital, et ma femme allait la visiter trois fois par jour, le matin, l'après-midi et le soir. Elle a fait cela pendant environ cinq semaines. Au bout du compte, elle a demandé au médecin si elle pouvait prendre soin de sa mère à la maison. Il a répondu : « Pourquoi pas? », et a signé les documents. Nous avons ramené ma belle-mère à la maison. Elle s'est sentie soulagée de se retrouver à la maison avec sa fille. Nous l'avons eue avec nous pendant un an et demi avant qu'elle ne décède.

Je ne vois pas pourquoi cela ne pourrait pas se faire plus souvent pour libérer un plus grand nombre de lits dans les hôpitaux. De plus, les membres de la famille n'ont pas besoin de faire et de refaire le trajet entre l'hôpital et la maison. Cela n'est que mon expérience. C'est tout ce que j'ai à dire. Merci de m'avoir écouté.

Doug Rapelje, représentant, Comité consultatif des aînés de la Ville de Welland : Mesdames et messieurs, j'aimerais vous remercier de me permettre de faire cet exposé.

J'aimerais vous renseigner un peu sur mon parcours professionnel, car un grand nombre des commentaires que je veux faire sont liés à des expériences que j'ai eues.

J'ai travaillé avec les personnes âgées et pour elles pendant 40 ans à Niagara. J'ai été le directeur du ministère des Services sociaux et des Aînés pour la région de Niagara. J'ai eu le privilège de présider le Conseil consultatif de l'Ontario sur l'âge d'or. J'ai également siégé pendant six ans au Conseil consultatif national sur le troisième âge.

Je suis actuellement membre du Conseil consultatif de gérontologie du ministère des Anciens Combattants, ce qui, pour moi, a été une expérience des plus enrichissantes. Je siège au conseil d'administration de l'Institut du vieillissement, l'un des 13 instituts faisant partie des Instituts de recherche en santé du Canada. Je suis membre du nouveau Conseil consultatif du maire pour les aînés. Depuis 12 ans, je travaille avec la Société Alzheimer de la région de Niagara, et je suis actuellement le président de la Fondation Alzheimer du Niagara. À part cela, je suis à la retraite.

Mon exposé sera en quelque sorte un pot-pourri. Pendant le temps alloué, j'aimerais mettre en évidence certaines manières d'améliorer la qualité de vie des personnes âgées canadiennes.

La première fois que j'ai eu l'occasion de m'adresser à un comité sénatorial, c'était devant le sénateur Croll. Ce dernier a été un merveilleux porte-parole pour les personnes âgées. Je félicite le gouvernement fédéral d'avoir mis sur pied le Comité sénatorial sur le vieillissement. Dans votre rapport, vous mentionnez de nombreux problèmes, et, comme je suis vieux, je sais que certains de ces problèmes existent depuis très longtemps.

Quand je considère les données démographiques et l'arrivée des baby-boomers, je me demande si nos services sociaux, de santé et de logement pourront répondre à leurs besoins. Je dis cela parce que nous semblons avoir de la difficulté à fournir les services adéquats qui sont nécessaires aujourd'hui.

Il s'agira d'un problème encore plus important à Niagara, car avec Victoria, elle compte le plus haut taux de personnes âgées au pays. Le problème s'en va donc en s'aggravant à Niagara.

Je suis d'accord avec vous quand vous dites, dans votre rapport, que vieillir en santé, ça ne commence pas à 65 ans. Nous devons promouvoir la santé des personnes âgées et les centres de soutien, comme celui-ci, qui encourageront les personnes âgées à demeurer actives et qui préviendront ou retarderont le recours à des soins coûteux, en permettant aux aînés d'avoir une meilleure qualité de vie.

Ce centre est un modèle à suivre. J'ai visité des centres pour personnes âgées dans diverses régions du pays, y compris le centre Kerby, à Calgary, et je voudrais dire que les habitants de cette ville sont très fiers de M. Rose et de toutes les personnes ici qui font un très bon travail et qui encouragent les personnes âgées à demeurer en santé.

Le gouvernement fédéral doit accorder une grande priorité à la promotion de la santé et à la prévention, surtout lorsqu'on tient compte de notre situation démographique.

L'Institut du vieillissement a fait de la recherche dans le domaine de la mobilité une de ses grandes priorités. C'est un sujet qui intéresse également M. Findlay. Il est important de mieux comprendre comment demeurer autonome plus longtemps. Je crois qu'il s'agit de recherches passionnantes.

En tant que membres du conseil d'administration de l'Institut du vieillissement, nous réalisons d'importantes recherches qui sont financées par le gouvernement fédéral, mais nous devons en faire un meilleur usage afin de mieux servir nos aînés. Le gouvernement fédéral pourrait aider à promouvoir l'application des connaissances acquises par la recherche. C'est une des priorités du conseil. J'ai hésité avant de me joindre à ce conseil d'administration parce que je ne suis pas un chercheur; j'ai travaillé au front toute ma vie, mais je suppose qu'ils m'ont invité parce qu'ils voulaient quelques personnes qui avaient travaillé sur le terrain.

Je vois qu'il y a un chercheur ici aujourd'hui. Je suis très impressionné par la recherche qui est faite, mais, en tant que profane, je suis très préoccupé par notre incapacité de communiquer cette information importante aux personnes appropriées pour provoquer des changements.

Je suggère au comité d'explorer les manières d'insister pour que les chercheurs rédigent des sommaires que les profanes peuvent comprendre. La recherche est associée à une langue particulière. Ce n'est pas une langue canadienne. Je pense qu'il s'agit d'une question importante parce qu'il y a de l'information très pertinente qui n'est jamais utilisée, car elle ne se rend jamais aux personnes appropriées.

L'Institut du vieillissement a tenu des ateliers régionaux sur de la recherche qui a soulevé de nombreux problèmes. Ces ateliers ont été présentés par des personnes âgées et des professionnels. Il se peut que vous ayez déjà cette information, mais je vous en laisse une copie au cas où vous ne l'auriez pas vue.

J'ai été impressionné de voir à quel point le Programme pour l'autonomie des anciens combattants a permis de maintenir à domicile les anciens combattants et leurs conjoints grâce aux services d'entretien ménager, de transport, de soins à domicile, et cetera. Parmi tous les programmes pour personnes âgées que j'ai vu apparaître au cours des années, il s'agit de l'un des plus impressionnants, et je félicite le ministère des Anciens Combattants et le gouvernement fédéral, qui a appuyé ce programme.

Selon une étude réalisée dans trois collectivités, la liste d'attente pour des soins de longue durée a diminué de 90 p. 100 grâce au PAAC. Comme vient de le dire M. Rose, je ne crois pas que l'on puisse douter de l'efficacité de ces programmes quand ils sont disponibles, car ils permettent aux gens de demeurer chez eux et au sein de leur collectivité pendant plus longtemps. Voilà un programme qui aiderait énormément l'ensemble des aînés au Canada et que le gouvernement fédéral devrait mettre en œuvre. Son efficacité est prouvée.

J'ai été impressionné par le Guide mondial des villes-amies des aînés de l'Organisation mondiale de la santé. Je sais que vous en avez entendu parler ce matin. Ce projet a été lancé dans quatre villes canadiennes, dont Welland est la plus grande, et, comme vous le savez, dans quelque 30 pays. J'espère que le Canada fera valoir ce projet. Je suggère que le gouvernement fédéral en fasse la promotion dans toutes les collectivités du pays parce que le concept améliorerait nos collectivités pour les personnes âgées. Comme l'indique le guide du programme : « Une ville-amie des aînés encourage le vieillissement actif en optimisant la santé, la participation et la sécurité des citoyens âgés, pour améliorer leur qualité de vie. »

Je pense qu'il faut favoriser le vieillissement positif. Il est si facile de voir les côtés négatifs de vieillissement. Nous devons commencer à discuter de ses côtés positifs.

Comme je l'ai dit, j'ai travaillé plus de 40 ans dans le domaine des soins de longue durée et des soins de santé communautaire. Je loue les efforts que nous déployons pour transférer davantage de nos ressources vers les soins de santé communautaire, mais en même temps, plus de gens auront besoin de soins de longue durée. Pour vous donner un exemple, j'ai commencé à travailler dans cette ville en tant qu'administrateur dans un foyer pour personnes âgées à l'âge de 22 ou de 23 ans. Quand j'ai commencé ce travail, en 1954, l'âge moyen des résidants était de 72 ans, et, quand j'ai pris ma retraite, il était de 86 ans. Il s'agit d'un changement positif parce que, au fil du temps, on a créé des logements avec services de soutien, des programmes communautaires et des soins préventifs. De plus, les soins de santé que nous offrons se sont améliorés. Je pense que nous avons la preuve que ça fonctionne bien.

En Ontario, on vient à peine de créer 20 000 nouveaux lits de soins de longue durée, et je crois comprendre qu'un nombre presque équivalent de personnes sont déjà inscrites sur des listes d'attente.

Les normes et la qualité des soins demeurent un problème. Des études montrent que les normes et le financement varient énormément d'une province à l'autre. Je suis certain que vous avez vu l'étude qui a été menée il y a trois ou quatre ans et qui comparait les provinces non seulement entre elles, mais également avec certains États américains. Malheureusement, parmi les dix régions à l'étude, l'Ontario était au dernier rang.

Pour répondre à votre question : oui, il faut établir des normes nationales en matière de soins à domicile et de longue durée. Un citoyen canadien est le même partout; les citoyens âgés de toutes les provinces devraient bénéficier de la même qualité de soins d'un bout à l'autre du pays. Le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle de premier plan dans l'établissement de normes uniformes et d'un cadre de financement pour créer un système qui assurera aux aînés des soins normalisés de qualité partout au pays.

En ce qui concerne la tâche importante qui consiste à régler de manière efficace le problème des mauvais traitements infligés aux aînés, nous devons tout d'abord clarifier ce qu'on entend par « mauvais traitements » et reconnaître qu'ils existent, dans la collectivité et dans les établissements de soins de santé. Dans votre rapport, vous affirmez que les établissements de soins de longue durée ont de nouveaux défis à relever et que les soins à dispenser sont plus complexes. Je suis d'accord avec vous, et je crois que les mauvais traitements sont souvent dus à la frustration des soignants.

Il faut améliorer les soins de fin de vie. À Niagara, les programmes de soins palliatifs sont à l'ordre du jour, et deux centres de soins palliatifs ont ouvert leurs portes récemment. Il y a quelques mois, j'ai prononcé un discours dans le cadre d'une rencontre où nous discutions de ce sujet. Une personne qui était présente m'a demandé si j'avais peur de mourir. J'ai répondu que je n'avais pas peur de la mort, mais que j'avais peur de la manière dont j'allais mourir. Les soins palliatifs peuvent nous aider à traverser cette étape.

Nous devons trouver des moyens pour aider les aînés qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté. Ceux qui ont un revenu fixe et qui peinent à joindre les deux bouts sont aux abois lorsque les prix augmentent. L'essence, la nourriture, les taxes — les augmentations des deux derniers mois seulement sont difficiles à supporter. Nous devons nous demander si un plus grand nombre de personnes tombent en dessous du seuil de la pauvreté. Quand j'étais membre de la Division du vieillissement des aînés, la pauvreté parmi les personnes âgées était l'une de nos préoccupations majeures.

Nous devons protéger les caisses de retraite pour nous assurer que les régimes de retraite auxquels les aînés ont contribué existent toujours et qu'ils puissent en profiter à la fin de leur vie active. Nous avons connu des situations pénibles dans notre région, où des personnes qui ont pris leur retraite pensaient qu'ils toucheraient une pension et ont soudainement appris que cette dernière serait réduite de 30 p. 100. Certains ont même appris qu'ils ne toucheraient aucune pension.

Je suis heureux que votre rapport aborde le problème des congés pour les soignants. Je suis certain que Marge Dempsey en a parlé ce matin. De nombreuses personnes jouent, malgré elles, le rôle de soignants. Elles ne sont pas rémunérées et perdent souvent leur emploi parce qu'elles doivent s'occuper d'un malade. Il s'agit d'un problème important sur lequel la Société Alzheimer s'est penchée, et je crois que cet enjeu touche des personnes d'un bout à l'autre du pays.

La prévention des blessures est également une question importante. Le ministère des Anciens Combattants a créé un Programme pour la prévention des chutes, qui fonctionne bien. Grâce à des établissements mieux conçus, à une meilleure accessibilité et à des programmes de prévention des accidents, il est possible de réduire le nombre de blessures.

Nous devons améliorer la formation des gens qui travaillent avec les personnes âgées et qui ont besoin de soins spécialisés, comme les victimes de la maladie d'Alzheimer ou les aînés en perte d'autonomie. D'aucuns croient que nous sommes en situation de crise en Ontario. Comme vous le savez probablement déjà, il manque environ 70 médecins dans notre collectivité. Il y a également une pénurie d'infirmières et d'autres travailleurs dans le domaine de la santé. Je pense que tous les échelons du gouvernement doivent porter une attention particulière à ce problème.

Avec les données démographiques qui montrent une population de plus en plus vieillissante et les défis que cela représente, nous devrions nous doter d'un ministère fédéral des Aînés. Je sais qu'il s'agit d'une question que vous avez posée dans votre mémoire.

J'aimerais dire un mot sur les bénévoles. Nous avons 6,5 millions de bénévoles, ce qui représente 1,1 milliard d'heures et environ 578 000 emplois. Les organisations sans but lucratif ne pourraient pas survivre sans les bénévoles. Le gouvernement ne pourrait pas rémunérer le travail accompli par ces bénévoles. Par conséquent, j'espère que nous pouvons réfléchir aux manières de reconnaître les bénévoles et que cela fera l'objet de discussions.

J'ai peut-être mal compris quelque chose qui a été dit ce matin, mais je suis véritablement préoccupé par la question de payer les bénévoles en dollars. Je pense que si nous pouvons les aider en assumant en partie les coûts de l'essence et leurs dépenses, cela serait bien.

Nous faisons du bénévolat. Mon épouse vient de recevoir une épinglette pour ses 50 ans de bénévolat. Elle n'a jamais touché un cent et n'a jamais rien demandé. Je pense que de nombreux bénévoles seraient offusqués si nous croyions qu'ils le font pour se faire payer. Ils le font parce qu'ils sont de bonnes personnes qui veulent venir en aide à nos collectivités.

Enfin, je tiens à féliciter le maire de Welland d'avoir mis en place le Comité consultatif des aînés, qui agit à titre de conseiller auprès du conseil municipal et de ses employés. Il s'agit d'un modèle qui devrait être adopté dans tout le pays. Nous avons également entendu parler d'un conseil régional ce matin.

La région de Niagara a lancé de nombreux programmes novateurs pour les personnes âgées, dont vous avez sûrement entendu parler aujourd'hui. C'est une collectivité qui prend soin des siens. Je vous remercie de votre temps.

La présidente : Merci, monsieur Rapelje. Avant de passer à nos deux prochains intervenants, je dois dire que vous m'avez rappelé de nombreux souvenirs.

Mon père, qui était également un sénateur et qui venait de la Nouvelle-Écosse, a siégé au comité sur la pauvreté du sénateur David Croll. C'est pendant l'une des rencontres du comité, qui parcourait le pays, que mon père a eu son premier ACV, qui l'a paralysé complètement du côté gauche. Le fait de voir mon père dans cet état m'a permis de comprendre ce que c'est que de vivre avec un handicap. Mon intérêt pour les soins palliatifs découle également de cet incident, et c'est pourquoi j'ai demandé au Sénat de nous saisir de cette question. C'est donc non pas le gouvernement fédéral qui a commandé cette étude, mais le Sénat du Canada.

Le sénateur Cordy : Avec le sénateur Carstairs.

[Français]

Marcel Castonguay, Directeur général, Centre de santé communautaire Hamilton-Niagara : Madame la présidente, je vous remercie. Je m'appelle Marcel Castonguay, directeur général du Centre de santé communautaire Hamilton- Niagara. Je suis accompagné de mon collègue, André Tremblay, qui est directeur général du Foyer Richelieu, situé à Welland.

J'aimerais commencer par vous donner une brève explication de ce que sont le Centre de santé et le Foyer Richelieu.

Le Centre de santé est un organisme qui offre des soins primaires, une clinique médicale, des services périnataux, des programmes en gestion et prévention de maladies chroniques et en nutrition, des services de santé mentale pour adultes et les jeunes, des services d'établissement et d'intégration pour les nouveaux arrivants et, plus récemment, les services d'appui à domicile pour les aînés.

Avec nos 60 intervenants et professionnels de la santé, nous desservons les communautés francophones de la région de Hamilton et du Niagara. Notre clientèle se chiffre à environ 3 000 patients pour nos services médicaux, et l'an dernier notre centre offrait au-delà de 20 000 services directs à notre clientèle en plus d'un taux de participation d'environ 21 000 à nos ateliers communautaires, sur des sujets comme la gestion de maladies chroniques ou la nutrition, et autres encore.

Notre centre fait partie d'un réseau provincial d'environ 55 centres de santé, dont seulement sept en province sont à caractère francophone : Hamilton-Niagara, dont je suis le directeur général, Sudbury, Sudbury-Est, Témiscamingue, Kapuskasing, Toronto et Cornwall. Chacun de ces centres couvre un territoire beaucoup plus large que la ville dans laquelle il est situé cependant. À titre d'exemple, je vous donnerais Cornwall, qui a quand même cinq satellites à l'extérieur de Cornwall.

Soixante-quinze pour cent de la clientèle médicale du Centre de santé à Welland reflète une population vieillissante. Ce chiffre est beaucoup plus bas pour le point de service de Hamilton et en mai, notre Centre ouvrira un point d'accès à St. Catharines et un autre à Fort Erie.

Depuis 1993, suite à la réforme du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l'Ontario, la mission du Foyer Richelieu est celle d'un établissement d'hébergement et de soins de longue durée d'une capacité de 60 lits de soins de longue durée et deux lits de répit. De plus, le foyer offre le service d'une chambre spécialement aménagée pour les soins palliatifs pour répondre aux besoins des résidants déjà en hébergement et en fin de vie, ainsi qu'un salon familial pour les proches.

En juin 1996, le Foyer Richelieu Welland a reçu sa désignation officielle de la province de l'Ontario en tant qu'organisme prestataire officiel de services en français.

Le Foyer Richelieu assure la continuité des soins 24 heures par jour, 7 jours semaine, par le biais de professionnels de la santé. Le personnel du Foyer Richelieu est composé de plus de 75 employés et professionnels de la santé qui assurent la prestation des soins aux résidants. Les professionnels de la santé forment une équipe multidisciplinaire qui travaille de concert avec le directeur médical et la pharmacienne pour assurer des plans de soins adaptés à chacun des résidants.

En 2001, les francophones âgés de 65 ans et plus représentaient 5,3 p. 100 de l'ensemble de la population ontarienne âgée de 65 ans et plus ainsi que 13,8 p. 100 de la population francophone totale de la province. Et je dis bien en 2001. Les chiffres sont à peu près encore les mêmes. On n'a pas eu la chance de sortir toutes les données de Statistique Canada.

Les francophones âgés de 65 ans et plus qui habitent surtout dans les régions de l'est, 38,5 p. 100; le nord-est, 27,5 p. 100, et le centre de l'Ontario, 23,9 p. 100.

Les femmes constituent 57,4 p. 100 de la population âgée de 65 ans et plus. Presque le tiers, 30,5 p. 100, des francophones de 65 ans et plus sont veufs, donc, vivent seuls, et 82,8 p. 100 sont des femmes.

La majorité des francophones âgés de 65 ans et plus ont un revenu total d'environ 12 000 $ à 24 999 $ par année. Les femmes de 65 ans et plus dans cette catégorie se chiffrent à 55,1 p. 100.

Ces chiffres reflètent la discussion qui a eu lieu avec les témoins qui nous ont précédés.

Autres statistiques, 42,4 p. 100 des francophones âgés de 65 ans et plus ont un niveau de scolarité inférieur à la neuvième année. Pour l'ensemble de l'Ontario, 33 p. 100 des francophones âgés de 65 ans et plus ont entre 65 et 69 ans; 28,2 p. 100 ont entre 70 et 74 ans; 21,3 p. 100 entre 75 et 79 ans; 11,2 entre 80 et 84 ans et 5,9 p. 100 de 85 et plus.

Les femmes francophones constituent 62,5 p. 100 des 75 ans et plus; 67,3 p. 100 des 80 ans et plus; et 70 p. 100 des 85 et plus. Donc, c'est une population âgée.

À Welland, la population francophone de 65 ans et plus se chiffre à environ 20,2 p. 100 de la population totale francophone comparativement à 13 p. 100 pour l'ensemble de la population francophone de la province.

Ces données statistiques prennent une importance capitale lorsque nous parlons du vieillissement et les soins de santé.

Certaines recherches sur la question de la santé et du vieillissement des francophones en milieu minoritaire identifient trois obstacles majeurs à l'accessibilité des services : les barrières culturelles, les barrières linguistiques, et les barrières sociodémographiques. Cependant, je pense qu'il faut en ajouter une quatrième soit les barrières géographiques.

Puisque 66 p. 100 de la population francophone âgée de 65 ans et plus se trouve dans le nord-est et l'est de l'Ontario, où il y a une pénurie de services de santé dans plusieurs communautés et que 23,9 p. 100 vivent dans le centre de l'Ontario où il existe une pénurie de services de santé en français, il est facile de conclure que la population francophone vieillissante ne jouit pas d'un très grand accès aux services de santé en français.

Afin d'accroître l'accès à ces services pour la population francophone, il devient nécessaire de connaître davantage les barrières auxquelles font face les francophones dans la planification des services. Il devient aussi nécessaire d'avoir un plus grand accès à l'information sur la question de la santé des francophones afin de pouvoir effectuer une meilleure planification de ces services.

Selon nous, ces deux éléments ou composantes sont présentement absents du système de santé actuel. C'est peut-être un message pour le recherchiste qui accompagne le comité sénatorial. Il y a beaucoup de recherches qui ont été faites sur le vieillissement et la santé, mais il y en a très peu qui existent sur la question de l'état de santé des francophones en province ou au Canada.

C'est un manque flagrant. Lorsque des initiatives gouvernementales du fédéral et de la province sont présentées, on demande une certaine base de recherche pour justifier les dépenses des argents ou des problématiques auxquelles les initiatives essaient de s'adresser, la recherche est vraiment absente. Donc, les initiatives sont souvent très difficiles à justifier.

Sachant que la majorité de la population de 65 ans et plus vit en milieu rural et que la majorité de la population de moins de 65 ans vit en milieu urbain, ceci nous amène à conclure que les aidants naturels, qui sont nécessaires pour permettre aux gens de vieillir dans le milieu de leur choix, ne sont pas disponibles. Donc, il faut se poser la question : est-ce que la personne âgée francophone profite du même libre choix de vieillir dans un milieu qui lui est familier?

Ces aidants naturels ainsi qu'un système réceptif, capable de répondre à leurs besoins, sont d'autant plus importants lorsque nous considérons que dans plusieurs cas, c'est la présence de maladie chronique qui fait que les gens perdent la capacité de vieillir dans un lieu de leur choix.

Il importe d'examiner de plus près la culture traditionnelle du système de soins si nous voulons permettre cette option aux gens. Nous devons cesser de voir les institutions traditionnelles comme les seules alternatives capables de permettre le processus de vieillissement dans un milieu sécuritaire.

La politique publique doit commencer à examiner de plus près les alternatives communautaires afin de déterminer comment les communautés peuvent transformer le système de soins disponibles à une population vieillissante.

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent jouer un rôle de leadership et devront faciliter conjointement le développement de programmes communautaires permettant de transformer le mandat des institutions professionnelles que les institutions traditionnelles jouaient auparavant. Par exemple, les communautés pourraient mettre sur pied un plus grand nombre de programmes de logements avec services de soutien ou encore des programmes de soutien à domicile et trouver des solutions novatrices pour répondre aux besoins chroniques de transport et de récréation pour nos populations vieillissantes. Pour ce faire, les gouvernements devront non seulement encourager, mais aussi récompenser l'innovation dans ce domaine. Les organismes communautaires qui désirent développer des solutions novatrices font face à un manque chronique de financement. Il serait bon de voir des programmes fédéraux comme Nouveaux Horizons générer des sources de financement permettant de mettre sur pied de nouvelles initiatives.

Le système actuel est encore trop axé sur les problémes chroniques et traite en grande partie seulement ceux qui réussissent à accéder au système. Présentement, très peu est fait au niveau de la prévention et de l'éducation. Si c'est la réalité actuelle pour l'ensemble de la population, le problème est encore plus aigu pour les francophones. On retrouve très peu de bons programmes en français de prévention ou de gestion des maladies chroniques et très peu de bon matériel didactique en français. Il existe aussi très peu de données sur l'état de la santé des francophones, mais les décisions sont souvent fondées sur des projections. Les institutions comme les hôpitaux ont un rôle à jouer dans les communautés, mais elles ne sont pas les seules solutions à tous les défis.

Le paradigme doit changer pour arriver à mettre sur pied un système axé sur des populations ciblées, un système qui coordonne le travail de plusieurs partenaires bien agencés qui acceptent d'assumer la responsabilité pour la totalité des soins et dans lequel le patient est vu comme un partenaire au lieu de simplement un utilisateur. Bref, il faut vraiment changer le paradigme.

Nous savons que 66 p. 100 de la population en général est atteinte d'une maladie chronique, que 55 p. 100 possède plus de deux différentes conditions chroniques, que 80 p. 100 des visites pour soins primaires sont reliées à une condition chronique, et finalement que 67 p. 100 des admissions aux hôpitaux en Ontario sont reliées à des conditions chroniques. Nous sommes d'avis qu'il est possible de réduire ces chiffres.

Cependant, ces services doivent être disponibles en français pour répondre aux besoins des communautés francophones.

Nous avons quelques recommandations et vœux pieux à faire. Je commencerai en disant que les instances décisionnelles doivent commencer à prendre une plus grande connaissance des barrières et des défis auxquels font face les francophones et incorporer ces réalités dans la planification des services.

Il doit y avoir un plus grand accès à l'information sur la question de la santé des francophones afin de pouvoir assurer une meilleure planification de ces services.

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent travailler en collaboration afin d'aider à changer le paradigme des soins.

Ces mêmes gouvernements doivent encourager l'innovation et verser des argents pour permettre l'innovation dans la prestation des services par des organismes de santé communautaires.

Finalement, le gouvernement fédéral doit absolument tenir compte du fait que les communautés francophones en milieu minoritaire ont des besoins urgents et qu'elles ont du rattrapage à faire dans le domaine des services de prévention, de soutien aux aînés et des soins de fin de vie. Le gouvernement fédéral doit créer un fonds national pour aider à combler ces besoins.

[Traduction]

La présidente : J'aimerais commencer par poser quelques questions à M. Findlay.

Monsieur Findlay, vous avez déclaré que nous devrions toujours utiliser le mot « inclusion » plutôt que le terme « participation ». Pourriez-vous donner plus de détails à ce sujet pour tout le comité.

M. Findlay : Comme je l'ai mentionné dans mes observations, je suis libre de participer à un grand nombre d'événements dans la société, mais s'il n'y a pas de politiques et de procédures pour éliminer les barrières à ma participation, le mot « participer » n'est qu'un mot. L'« inclusion » dénote une norme d'obligation plus élevée de la part de ceux qui élaborent les politiques et les procédures. De ce point de vue, le mot « inclusion » est beaucoup plus lourd de sens.

La présidente : Pouvez-vous fournir au comité des exemples particuliers de barrières à votre inclusion?

M. Findlay : Vous en avez une devant les yeux. Trop souvent, les gens arrivent dans des lieux où il n'y a pas de barrières et n'y pensent pas parce qu'ils ne font pas partie d'un segment de la société qui doit tous les jours franchir des barrières. Par exemple, cet arrangement où l'on ne peut même pas s'approcher suffisamment d'une table pour être à l'aise au moment de la présentation d'un exposé est une barrière. Ce n'est pas une barrière importante, mais c'en est une.

Les personnes handicapées font face à des barrières importantes tous les jours, et je ne parle pas seulement des personnes en fauteuil roulant. Nous sommes en quelque sorte les têtes d'affiche des personnes handicapées. Nous oublions trop souvent les gens qui ont des handicaps subtils, comme les personnes qui souffrent de troubles d'apprentissage ou les malentendants.

Si je voulais me rendre au Civic Centre de Welland et faire des affaires là-bas, mais que j'étais malentendant, quels mécanismes seraient en place pour m'aider? À Welland, nous venons d'adopter un système d'émetteurs FM pour aider les personnes qui ont une déficience auditive. Il s'agit d'un signal de radiodiffusion FM qui pourrait détecter un signal d'un microphone comme celui-ci, l'émettre par l'entremise d'un récepteur de radiodiffusion FM et qu'une personne ayant une déficience auditive pourrait capter grâce à une prothèse auditive ou à un récepteur qui ressemblerait à un walkman en le réglant à la fréquence de ce transmetteur pour recevoir un signal amplifié.

Nous parlons également des personnes qui ont une déficience visuelle et des barrières qu'elles doivent affronter. Par exemple, dans cette ville et dans toute la région, nous avons commencé à installer des signaux pour piétons accessibles. Je suis certain que la plupart d'entre vous les avez vus. Ce sont des signaux qui font le bruit d'un oiseau quand il est sécuritaire de traverser et qui permettent également aux personnes qui utilisent une canne de se diriger dans la bonne direction.

Certains obstacles doivent être surmontés non seulement par les personnes en fauteuil roulant, mais également par celles qui ont d'autres handicaps. Quel que soit notre handicap, nous devons tous de temps à autre faire face au problème de l'accessibilité du transport. Il va sans dire que si vous ne pouvez pas sortir de chez vous, vous n'irez nulle part et vous ne serez utile à personne. Vos talents seront sous-utilisés, vous serez sous-employé et négligé par la société; en fait, vous ferez partie d'un segment de la société qui est loin des yeux et loin du cœur.

Les choses changent lentement, mais au cours des dernières années, j'ai reçu des commentaires quand j'entrais dans des commerces, par exemple, dans lesquels il était particulièrement difficile d'entrer en raison d'une barrière physique. Je disais au vendeur : « C'est drôle. Je ne vois pas beaucoup de personnes handicapées dans votre établissement. Peut- être devriez-vous essayer d'éliminer cette barrière. » Il me répondait : « Eh bien, vous savez, il n'y a jamais de personnes handicapées qui viennent ici. » Ce n'est pas étonnant.

Si vous aviez à nommer la barrière suprême, il s'agirait du problème de l'accessibilité du transport, lequel, s'il était réglé, permettrait aux personnes handicapées d'intégrer la société.

La présidente : Je suis de plus en plus préoccupée par les changements démographiques qui ont lieu et qui font en sorte que certaines personnes souffrent de plus d'un handicap. Je me rappelle que mon père a été hospitalisé à Calgary. On parle d'un homme qui était paralysé d'un côté. Il avait été premier ministre, sénateur, membre du Cabinet, bref, un être humain très vif. L'infirmière a décidé que son ACV avait causé une grave incapacité mentale. Quand je lui ai demandé pourquoi elle pensait cela, elle a répondu : « Il ne répond pas quand je lui parle. » Je lui ai donc dit : « Peut- être que vous devriez lui donner ses prothèses auditives. »

Il y aura de plus en plus de cas semblables. Il y a les handicaps évidents, mais comme vous l'avez dit, il y a également des handicaps moins évidents. Ces derniers constituent également une barrière, peut-être même une barrière plus difficile à surmonter, à l'inclusion.

M. Findlay : Un handicap aggrave effectivement l'autre, et il y a un effet cumulatif qui fait en sorte que les obstacles sont deux fois, voire trois fois, plus difficiles à surmonter.

Vous devez savoir que, même si une personne souffre d'un handicap, cela ne veut pas dire que d'autres handicaps viendront s'y ajouter. Je pense aux gens qui souffrent du diabète, qui est une maladie progressive qui, souvent, au fil du temps, donne lieu à une neuropathie qui peut aboutir à une amputation. Les personnes qui souffrent du diabète sont plus susceptibles d'être atteintes d'une maladie du cœur et de cécité.

Bien sûr, sénateur, vous visez juste quand vous dites qu'on doit faire attention et fournir de l'information sur les modes de vie sains, ce qui préviendra certains des handicaps dont nous pouvons être atteints à mesure que nous vieillissons.

Le sénateur Cordy : J'ai quelques questions. La première concerne le transport. Monsieur Rose, vous en avez parlé, et M. Findlay en a également fait mention. Il s'agit d'un problème dont nous avons entendu parler à maintes reprises.

Nous avons des systèmes de transport dans les régions urbaines, et nous avons parlé des laissez-passer d'autobus. Il y a actuellement un crédit d'impôt pour les gens qui achètent un laissez-passer, ce qui est bien si on habite dans une région qui a un réseau d'autobus.

Monsieur Rose, vous avez mentionné que, même s'il y a un réseau d'autobus et que vous pouvez prendre un autobus pour vous rendre à la ville ou à l'hôpital le plus rapproché pour un rendez-vous, vous pourriez être obligé d'attendre huit heures ou même jusqu'au jour suivant avant de pouvoir rentrer à la maison par autobus. Cela doit être extrêmement difficile — j'allais dire deux fois plus difficile, mais ça doit l'être davantage — pour les personnes handicapées. Comment se rendre du point A au point B pour un rendez-vous ou pour n'importe quoi? Ce n'est pas obligé d'être pour une raison médicale. Vous pourriez simplement vouloir aller faire des achats ou sortir.

Que devrions-nous recommander sur le plan du transport? Dans les régions rurales de ma province, un autobus ne passera pas toutes les 20 minutes. Ce n'est tout simplement pas réaliste. En fait, un autobus n'est peut-être pas nécessaire; une fourgonnette ou une voiture peut suffire.

De plus, dans les petites villes de ma province, au lieu d'améliorer le système de transport, on le réduit. Avec le coût de l'essence, je pense que le transport constituera un défi encore plus difficile à relever pour ces petites villes.

Avez-vous des solutions à suggérer? Le comité devrait-il faire des recommandations relatives au transport?

M. Rose : Niagara Falls a un réseau d'autobus. Welland a un réseau d'autobus. St. Catharines a un réseau d'autobus. Le problème est de tenter d'harmoniser ces trois réseaux parce que l'on doit également desservir Fonthill, Fort Erie et Port Colborne. Nous faisons tous partie du district de Niagara. Douze municipalités font partie de la région. Nous tentons de travailler de concert.

Imaginons que vous avez un rendez-vous avec un spécialiste à Port Colborne. Comment allez-vous vous y rendre? Je pense qu'on a prévu certains petits autobus pour venir en aide à la population, mais il ne s'agit pas d'un réseau bien organisé. Cependant, parfois, on a besoin d'un réseau bien organisé; on a besoin que l'autobus soit là quand on a un rendez-vous avec un ophtalmologue à St. Catharines, où mon épouse se rend, à Fort Erie ou à Port Colborne.

Peut-être que je ne devrais pas le dire, mais je me souviens du réseau de trains qu'on avait ici — je l'appelais le Toonerville Trolley. Il allait un peu partout : Port Dalhousie, Thorold, Niagara Falls. C'était magnifique. Il fonctionnait à l'électricité. Pour une raison quelconque, on l'a éliminé. On a même détruit le pont qui traversait la rivière. Certains des ponts sont toutefois encore là, et la base y est toujours, mais j'imagine que ce serait fou de tenter de réinstaurer ce système.

C'était un système parfait pour le Golden Horseshoe, c'est-à-dire la péninsule du Niagara. On pouvait se rendre n'importe où. On pouvait aller jusqu'à Port Dalhousie. Autrefois, on y organisait des pique-niques et j'y travaillais. Puis, ils ont transféré leurs pique-niques à Crystal Beach. Ce serait le réseau idéal et le moins onéreux, si on pouvait le réinstaurer. On a fait cette suggestion à quelques reprises, mais le projet n'est pas allé de l'avant. Un tel réseau permettrait de relier toutes les régions de la péninsule du Niagara et du Golden Horseshoe.

M. Findlay : Le transport est un problème. Nous devrions réduire nos attentes un peu en ce qui concerne le transport en commun. Je suppose que la plupart des municipalités au Canada ne pourraient pas se permettre un réseau d'autobus, mais je soupçonne que toutes les municipalités, sauf peut-être les plus petites, pourraient avoir un réseau de taxis. Nous devrions encourager les compagnies de taxis à investir dans des véhicules accessibles.

Le coût de ces véhicules a diminué de manière considérable au cours des dernières années. Le premier véhicule que j'ai acheté il y a dix ans coûtait 62 000 $; maintenant, ils coûtent environ 40 000 $. Cela s'explique par les économies d'échelle. À mesure que la situation des personnes handicapées s'améliore, elles font de tels achats, ce qui fait baisser les prix.

On pourrait subventionner les compagnies de taxis dans les municipalités afin qu'elles achètent une fourgonnette munie d'une rampe, plutôt qu'une berline.

Le sénateur Cordy : À Halifax, nous avons Access-A-Bus, qui est un service qui vous permet de téléphoner et de faire un rendez-vous pour qu'un autobus passe vous prendre. Je dis un autobus, mais il s'agit en réalité d'un plus petit véhicule.

M. Rapelje : Nous parlons du transport en commun. Je pense que vous devez savoir qu'un grand nombre d'agences ont des autobus, qui sont très onéreux. L'agence que je dirigeais avait, à un moment donné, 14 autobus, dont quelques- uns pouvaient contenir 11 ou 12 fauteuils roulants en même temps. Cela nous permettait de faire sortir les bénéficiaires de soins de longue durée dans la collectivité.

Quatorze de ces autobus sont demeurés garés pendant de longues périodes en raison de complications liées à l'assurance. À Port Colborne, nous étions à côté d'une garderie. Le personnel nous a demandé s'il pouvait utiliser notre autobus pour amener les enfants à un pique-nique. Je pense que nous devrions envisager les manières de partager l'équipement que les agences peuvent se permettre d'acheter, mais dont elles n'ont besoin que pour des périodes limitées. Autrement, l'équipement demeure inutilisé pendant de longues périodes.

[Français]

M. Castonguay : J'aimerais aussi faire un commentaire. Quand on reprend ce débat, on a tendance à penser que cela doit être un réseau de transport urbain ou organisé par les municipalités ou les gouvernements, mais comme disait mon collègue, il y a quand même plusieurs agences.

Je vous donne le cas de mon épouse, qui vient de passer une année de chimiothérapie pour un cancer et elle devait se promener de St. Catharines à Hamilton, avec l'aide de l'Association canadienne du cancer. Ils transportaient régulièrement quatre patients pour aller subir des thérapies quelconques.

Cependant, j'oserais dire que le problème qui existe pour pouvoir soutenir ces programmes, c'est que les organismes qui essaient d'organiser les programmes ne reçoivent aucun appui et sont obligés de faire toutes sortes d'activités de levées de fonds. Donc, ils sont en train de se brûler à faire des collectes de fonds sans même avoir eu la chance d'avoir organisé les services qui manquent pour aider la population.

Le coût d'un autobus est de 100 000 $ à 150 000 $. J'oserais dire aucun montant n'est donné en octroi à des organismes charitables dans la région pour organiser des systèmes de transport.

Il faut retourner voir ce qui se passe dans les communautés et voir comment on peut aider les communautés à bâtir des capacités, au lieu d'arriver avec des modèles parachutés.

[Traduction]

Le sénateur Cordy : Ma dernière question s'adresse à M. Rapelje. Comme vous siégez au conseil du ministère des Anciens Combattants, je saisirai cette occasion de parler du Programme pour l'autonomie des anciens combattants, qui est un programme magnifique. Je pense souvent à ses débuts. Les hôpitaux étaient pleins et il n'y avait plus de place. Ils ont donc décidé de permettre aux gens de rester chez eux, de façon provisoire. Puis, quand il y a eu de la place, les anciens combattants ont dit : « Non merci. Nous préférons rester chez nous. »

Plusieurs personnes nous ont dit qu'il s'agit d'un modèle qui devrait être adopté non seulement pour les anciens combattants, mais également pour tous les aînés au Canada. Êtes-vous d'accord?

M. Rapelje : Oui. C'est exactement ce que je voulais dire.

Je siège à ce conseil depuis sa création, et rien ne m'a impressionné autant que ce programme. Je félicite le gouvernement d'avoir élargi le programme pour permettre aux conjointes des anciens combattants d'en profiter pour le reste de leur vie. C'est une chose qui nous tenait à cœur. Je pense que cela fera une grosse différence parce que les conjoints agissaient souvent à titre de soignants pendant de longues années, puis, ils perdaient le service à une période de leur vie où ils en avaient probablement le plus besoin. Selon moi, il s'agit d'une mesure très importante.

Je ne peux penser en ce moment à aucun autre programme qui serait plus bénéfique et qui viendrait compléter notre approche globale face aux soins de santé communautaire que celui-là, qui permet aux gens de rester chez eux.

Le ministère des Anciens Combattants a mené une étude à Ottawa, à Halifax et à Vancouver. Quand les responsables de cette étude ont parlé aux gens qui pensaient avoir besoin de soins de longue durée, mais qui avaient bénéficié du PAAC, ils ont été étonnés de découvrir que la liste d'attente pour les soins de longue durée avait été réduite de 90 p. 100. Vous pouvez obtenir cette étude auprès de John Walker, du ministère des Anciens Combattants.

Il est clair que ce programme a été extrêmement efficace. Nous ne pouvons jamais en faire assez pour nos anciens combattants, et je pense que ce programme a permis à un grand nombre d'entre eux de jouir d'une bonne qualité de vie et d'une autonomie pendant une période beaucoup plus longue.

Le sénateur Cordy : Je me souviens de l'époque à laquelle le programme a été élargi pour être offert aux conjoints. Le sénateur Carstairs était alors leader du gouvernement au Sénat et elle m'a demandé de parrainer le projet de loi. J'ai été heureux de le faire, car tout le monde, dans tous les partis politiques, allait voter en faveur de l'adoption de ce projet de loi.

J'apprécie vos commentaires sur la nécessité de rédiger des sommaires que les profanes peuvent comprendre. Peut- être suivrons-nous vos conseils quand nous communiquerons notre rapport final parce qu'ils sont bénéfiques pour le citoyen moyen, mais également pour des médias, qui pourront tirer profit d'une version abrégée. La question pourra ainsi attirer davantage l'attention des médias.

M. Rapelje : Vous parlez de la recherche?

Le sénateur Cordy : Oui.

M. Rapelje : Je ne suis pas un chercheur, mais je suis émerveillé. Je ne voudrais pas avoir à deviner le nombre de recherches qui demeurent sur une tablette ou dont personne ne tire profit. Je pense qu'il faut changer cela. Il est inutile de consacrer des millions de dollars à la recherche si elle ne permet pas d'apporter des changements, si elle ne permet pas d'améliorer la qualité de vie des personnes âgées ou des personnes qui sont aux prises avec des difficultés physiques ou mentales, quelle que soit la recherche. J'espère que votre comité trouvera une manière de changer cette situation.

L'Institut du vieillissement sait qu'il s'agit maintenant de l'un de ses principaux objectifs. Tout ce que j'ai pu dire à ce conseil d'administration est que, au cours de toute ma carrière, je ne me souviens pas d'avoir fait une seule fois référence à une recherche parce que je ne saurais pas comment trouver l'information dont j'ai besoin. Je ne saurais pas où aller. Cependant, je pense que l'on peut changer cela si on en a l'initiative.

[Français]

Le sénateur Chaput : Mes questions s'adressent à M. Castonguay et à M. Tremblay.

Dans un premier temps, j'aimerais dire que nous sommes tous conscients que la personne âgée a beaucoup de défis, mais que ces défis sont amplifiés lorsqu'il y a une barrière linguistique. Je pense que tout le monde est d'accord avec cela.

Monsieur Castonguay, vous avez parlé d'un revenu annuel de 12 000 $, si j'ai bien compris. Est-ce un revenu seulement pour les femmes aînées?

M. Castonguay : Ce sont les aînés en général.

Le sénateur Chaput : En Ontario?

M. Castonguay : Oui.

Le sénateur Chaput : Les aînés francophones en général?

M. Castonguay : Exact, entre 12 000 $ et 24 999 $.

Le sénateur Chaput : De ces aînés, quel est le pourcentage des femmes?

M. Castonguay : Le pourcentage des femmes est de 55,1 p.100.

Le sénateur Chaput : Comment font-elles pour arriver?

M. Castonguay : Justement, elles n'arrivent pas. Elles vivent sous le seuil de la pauvreté. Ce qui fait encore plus peur quand on regarde ces chiffres et les barrières géographiques, et qu'on sait que ces personnes vivent souvent dans le nord et dans l'est, dans des petits coins ruraux où l'on a de vrais problèmes de transport. Par exemple, une femme qui habite à Hearst et qui doit se rendre à Sudbury pour recevoir des soins de santé, ce n'est pas évident qu'elle va s'y rendre si elle est seule et a un revenu entre 12 000 $ à 24 999 $.

Un autre exemple de cette situation : le francophone qui habite dans le nord et qui doit aller vers le sud pour des soins de santé, les coûts de soins du patient sont payés pour la visite, mais ne sont pas remboursés pour l'aidant naturel qui l'accompagne. Alors que c'est l'inverse pour le sud de l'Ontario : une personne qui habite le sud de l'Ontario qui va dans le nord, disons vers Sudbury pour recevoir des services de santé, le coût du patient et le coût de l'aidant naturel qui l'accompagne sont payés.

Le sénateur Chaput : Pourquoi?

M. Castonguay : C'est une anomalie dans le système de santé de l'Ontario qui fait que des gens qui habitent dans le sud doivent être plus dépourvus que ceux du nord. C'est une anomalie qui n'a jamais été corrigée.

Le sénateur Chaput : Vous avez parlé du programme Nouveaux Horizons qui, d'après vous, est un programme valable et qu'il devrait permettre des nouvelles initiatives. Auriez-vous des exemples de ce que vous voulez dire par « de nouvelles initiatives »?

M. Castonguay : Justement, quand on parle d'un réseau de transport, c'est un exemple. Je regarde présentement des initiatives comme Nouveaux Horizons et le total des subventions est d'environ 25 000 $.

Dans des communautés, comme la région de Niagara, où les francophones sont éparpillés de Hamilton à Fort Erie et un peu partout, organiser des activités comme des centres de jour pour les aînés ne se fait pas à coups de 25 000 $. Il y a toutes sortes de possibilités et d'exemples d'activités qu'on est capable de faire, mais cela ne se fait pas avec 25 000 $, et c'est cela le problème.

Monsieur Tremblay et moi parlons régulièrement, et on commence à parler de foyers de longue durée de type virtuel où l'on est capable de brancher les résidants qui demeurent encore à leur domicile avec les services médicaux d'un centre de santé, mais qui sont greffés à un centre de longue durée.

Il faut essayer de trouver des modèles novateurs et des programmes fédéraux qui sont capables de nous aider à les développer.

Le sénateur Chaput : Et présentement, il n'y a pas de programmes fédéraux qui s'intéresseraient à ce genre d'initiative.

M. Castonguay : Exact, c'est non existant.

André Tremblay, directeur général, Foyer Richelieu : Je peux ajouter qu'à notre établissement, nous avons une résidence pour personnes âgées francophones qui est à proximité. On a fait une demande pour leur offrir des programmes et du soutien, et notre demande n'a pas été retenue. Ce sont des personnes qui sont en perte d'autonomie. Ces personnes sont comme tout le monde, elles vieillissent et elles sont souvent obligées d'avoir recours à des ressources de la communauté parce qu'à l'interne on ne peut pas leur donner ce service quand il y a un passage qui relie les deux établissements.

Je trouve qu'il y aurait peut-être lieu de trouver des solutions. Ces personnes pourraient demeurer beaucoup plus longtemps, parce qu'elles sont déjà dans un milieu protégé, si on veut. Elles sont déjà dans une résidence pour personnes âgées.

Le sénateur Chaput : Avez-vous accès à des soins de santé à domicile en français pour vos aînés?

M. Castonguay : En fait, le Centre de santé est en train d'examiner la possibilité de mettre en place ce genre de soins. On vient tout juste d'embaucher trois infirmières au centre pour dépister les populations les plus vulnérables dans la communauté, afin de permettre des suivis entre les visites aux médecins qu'ils font chez nous.

M. Tremblay : Je voudrais ajouter quelque chose concernant le problème de la langue. Quand nous transférons des résidants à l'hôpital, les familles nous demandent quand leur mère ou leur père sera capable de revenir à l'établissement. Il faut comprendre que ce sont souvent des personnes qui vivent une détérioration de leur santé et qui souvent doivent être envoyées aux soins palliatifs.

La meilleure chose qu'on peut leur offrir est de, s'ils le veulent, revenir mourir chez nous ou retourner chez eux pour mourir dans leur maison et dans leur langue. Je pense que c'est devenu un problème majeur dans notre région, particulièrement pour notre clientèle. De ces personnes, soit 95 p. 100 de nos clients, plusieurs ont le français comme première langue. Au fil des années, ils ont appris l'anglais, et maintenant, avec une perte de mémoire, ils reviennent à leur langue natale. Quand ils arrivent à l'hôpital et qu'ils ont besoin de soins, il faut quand même réaliser que souvent le personnel est moins nombreux et plus occupé, alors on ne prend pas le temps de s'attarder pour vraiment comprendre ce que la personne veut. Les soins et les services sont alors limités.

On voit de plus en plus de familles dont les proches ou les aidants sont moins disponibles. À ce moment-là, quand ces personnes doivent aller à l'hôpital, ils sont dépourvus parce qu'il n'y a personne autour qui puisse les aider. On doit vivre plusieurs de ces situations. L'établissement doit essayer de trouver des solutions pour les personnes qui doivent recevoir des soins à l'hôpital.

Le sénateur Chaput : Je suppose que le bassin de bénévoles qui peut s'exprimer en français et qui a le temps de faire du bénévolat devient de plus en plus réduit. Est-ce que c'est la même chose chez vous?

M. Castonguay : Il devient de plus en plus réduit, à cause de l'épuisement. Étant donné qu'il n'y a pas d'institutions qui sont capables d'offrir les services en français, on doit dépendre beaucoup du bénévolat. On doit alors se tourner vers un bénévole spécialisé. Quand on commence à offrir des soins à domicile, on ne peut pas prendre n'importe qui.

Les institutions traditionnelles ne peuvent pas en ce moment, avec leurs ressources, répondre aux besoins des communautés minoritaires. C'est pour cela que l'aspect communautaire devient tellement important. On a besoin de soutien pour être capable de former nos bénévoles, les recruter et les garder.

M. Tremblay : Une chose que je pourrais rajouter en ce qui concerne le bénévolat, c'est qu'il faut réaliser que nos bénévoles sont vieillissants et maintenant, on les admet en hébergement!

Le sénateur Chaput : Ce que je comprends c'est que vous êtes prêts à essayer toute sorte de choses innovatrices, virtuelles, pour répondre aux besoins de votre clientèle francophone.

Vous avez mentionné qu'il y a de bons programmes de prévention. Il y en a évidemment beaucoup qui existent dans la langue anglaise, pas nécessairement en français.

Pourriez-vous nous donner des exemples de ce qui existe en anglais, qui est très bien et auquel vous n'avez pas accès dans la langue française?

M. Castonguay : En fait, ce qui arrive est qu'il y a beaucoup de recherche sur la gestion de la maladie chronique. Elle existe en anglais. Par exemple, la façon de soigner le diabète n'est pas différente en français qu'en anglais. Cependant, quand on regarde l'explosion de diabète type II chez les aînés, il faut quand même savoir éduquer et sensibiliser les gens en français, surtout quand on commence à regarder les études sociodémographiques qui démontrent que les aînés ont un niveau d'éducation inférieur à 9 p. 100. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'on informe les gens avec du matériel qui est écrit pour des universitaires.

Le Centre de santé chez nous s'est lancé dans la gestion des maladies chroniques. Je pense qu'on est en train de créer des outils incroyables. On a commencé à se servir de la vidéoconférence, où on est capable de donner un atelier à Welland avec un auditoire à Hamilton et d'avoir une discussion interactive. On essaie de voir comment on pourrait se brancher avec d'autres communautés où on pourrait avoir des entretiens à travers la province avec une infirmière. Encore là, les professionnels de la santé sont quand même très rares et difficiles à recruter, et ne sont pas nécessairement là où sont les patients. On est donc en train de développer des modèles et du matériel didactique. Nos ateliers sont de plus en plus populaires.

[Traduction]

Le sénateur Chaput : J'aimerais remercier les autres témoins. Je pensais qu'il serait bien que je parle français.

Le sénateur Mercer : Je remercie tous les intervenants.

Je veux parler un peu plus du PAAC. Mon père était un ancien combattant et il a participé au Programme pour l'autonomie des anciens combattants. Aujourd'hui, mon père est décédé, mais ma mère continue de bénéficier du programme.

J'aime l'idée de rendre le programme accessible à toute la population parce qu'il s'agit vraiment d'un très bon programme. Toutefois, chaque fois que nous parlons de la possibilité de créer quelque chose de nouveau ou d'élargir un programme déjà existant, je vois la construction d'un immeuble à Ottawa, qui se remplit rapidement de bureaucrates, chargés de l'administration du programme. Nous investirons 20 ou 50 millions de dollars dans le programme, et 18 millions de dollars serviront à payer les gens qui travaillent dans cet immeuble, plutôt qu'à aider les gens.

Pouvez-vous nous aider à déterminer comment nous pourrions rendre ce programme accessible à tout le monde? Il s'agit d'un excellent programme, qui est très simple pour les utilisateurs. Vous n'avez qu'à remplir un formulaire et à l'envoyer, et on vous envoie un chèque pour vous défrayer de vos dépenses, qu'il s'agisse de soins à domicile, de l'entretien de votre pelouse ou de quoi que ce soit.

Y a-t-il une manière de simplifier l'élargissement de ce programme? Comme je l'ai mentionné, chaque fois que le gouvernement se met de la partie, ça devient si compliqué que le programme perd tous ses avantages.

M. Rapelje : Il y a probablement quelques immeubles vacants à Welland que nous pourrions fournir pour le programme. J'apprécie vraiment votre préoccupation. Il me semble que, dans le contexte gouvernemental d'aujourd'hui, quand nous parlons des gens qui se situent au-dessous du seuil de la pauvreté, nous devons nous demander combien nous pouvons demander aux gens de payer.

J'espère que la mise en œuvre d'un programme élargi serait efficace et efficiente, et cela suffirait pour me convaincre. Il y avait des anciens combattants qui pensaient devoir être dans un établissement de soins de longue durée, à environ 140 $ par jour, et ils ont constaté que le PAAC répondait à leurs besoins et leur permettait de demeurer autonomes. Je pense que cela en fait beaucoup pour justifier les coûts. Selon mon expérience au ministère des Anciens Combattants, il me semble que le processus, les normes et les procédures sont en place. Le travail, sur ce plan, a déjà été fait.

J'apprécie votre préoccupation parce qu'il n'y a pas de doute que l'élargissement du programme serait coûteux. Il faudrait toutefois l'analyser de manière à déterminer si les avantages d'un programme semblable au PAAC pour tous les Canadiens compenseraient les coûts.

Le sénateur Mercer : C'est une remarque très pertinente.

Monsieur Castonguay, vous êtes plusieurs à avoir parlé du transport en commun. Nous avons entendu dire que des organismes sociaux, des organismes caritatifs et la Société canadienne du cancer offrent des services de transport. Évidemment, il y a également le transport en commun.

Je vois donc apparaître un concept qui intègre tous ces services. M. Rapelje nous a dit que l'organisme où il travaillait avait un certain nombre d'autobus, et qu'il se situait à côté d'une école. Il ne pouvait pas prêter ses autobus aux responsables de l'école en raison de problèmes liés à l'assurance. Nous devrions nous pencher non seulement sur le transport en commun, mais également sur le transport social. Nous pourrions ainsi intégrer les services de transport, et les autobus qui demeurent inutilisés par un organisme particulier pourraient être utilisés par un autre organisme à des fins positives pour la collectivité? Cela aiderait tout le monde.

[Français]

M. Castonguay : Un des problèmes, lorsqu'on commence à regarder une telle solution et qu'on parle de transport en commun ou de transport urbain, ce n'est pas nécessairement les ressources qui représentent des embûches ou des empêchements, ce sont les règles qui sont en place qui rendent difficile la coordination des systèmes. Je suis d'avis que quand les règles cassent les gens, il est temps qu'on commence à casser les règles. À un moment donné, il faut les adapter, ces règles. Il y a des règles qui sont vraiment ridicules et qui nous empêchent de partager. Je pense qu'on est tous d'accord pour dire une chose : il y a seulement un payeur de taxe.

Ce qui arrive, c'est qu'on paie toutes ces institutions. Cependant, à différents niveaux on crée des règles ou des systèmes qui font qu'on n'est plus capable de les coordonner et de les adapter pour mieux répondre aux besoins de nos populations.

Dans le fond, ce n'est pas toujours de nouvelles ressources dont on a besoin, c'est d'un changement des règles. C'est ce que j'appelle le changement du paradigme; au lieu de travailler en silo, on doit travailler de façon horizontale et on doit agencer les pièces ensemble.

[Traduction]

Le sénateur Mercer : Monsieur Castonguay, vous avez également parlé du problème de la sensibilisation au diabète. C'est un problème en Ontario. J'ai été bénévole pour l'Association canadienne du diabète, alors je comprends.

Ce matin, nous avons entendu une idée intéressante de M. Peirce, qui a comparu en tant que représentant du Centre d'accès aux soins communautaires de Hamilton Niagara Haldimand Brant. Il a parlé de la télémédecine. Je pense qu'il s'agit d'un service utile parce que s'il n'y a pas de francophones dans la collectivité qui ont la formation nécessaire ou s'il n'y a pas suffisamment d'infirmières ou d'éducateurs spécialisés en diabète francophones, on peut leur parler par téléphone.

[Français]

M. Castonguay : C'est ce que je disais tantôt au sénateur Chaput. Notre Centre de santé communautaire a été le premier en Ontario à mettre en place un système de vidéoconférence pour rejoindre deux points de service. Les programmes de gestion de maladies chroniques, comme le diabète, l'hypertension, la nutrition se font par vidéoconférence avec une infirmière, une nutritionniste en studio et un auditoire à Welland.

Je communique présentement avec mes collègues à travers la province pour voir comment on peut regrouper Cornwall, Sudbury, Kapuskasing. Comme je l'ai mentionné, il y a une pénurie d'infirmières praticiennes. Les médecins francophones ne sont pas en ligne pour venir pratiquer en Ontario. On espère que l'école de médecine de Sudbury nous aidera, mais les premiers diplômés ne sont pas sortis. Il faut donc trouver des moyens novateurs.

[Traduction]

M. Rapelje : J'aimerais faire un commentaire sur le transport. Au début de mon exposé, j'ai dit que l'un des problèmes que j'ai abordés quand je siégeais au comité sénatorial du sénateur Croll était le transport, et c'est un problème qui me touche encore aujourd'hui. Nous parlons de ce problème depuis toujours, mais il semble que nous ne trouvions jamais de solution.

Quand je vois les autobus qui passent dans cette ville avec une, deux ou trois personnes à bord, je me demande s'il y en a des centaines d'autres, des personnes âgées ou autres, qui prendraient l'autobus si elles pouvaient se le permettre? Je ne sais pas si nous pouvons répondre à cette question ou si nous devrions au moins tenter de déterminer s'il y a un lien entre le coût et le nombre d'utilisateurs. Il faut qu'il y ait plus de gens qui puissent bénéficier du réseau d'autobus. Nous répétons toujours que nous n'avons pas de réseau de transport en commun. Nous en avons un, mais il ne répond pas à tous les besoins.

Y a-t-il une raison pour laquelle nous n'avons pas encore compris pourquoi il n'y a pas davantage de gens qui utilisent le transport en commun?

La présidente : Je pense que nous sommes en train de résoudre le problème avec les coûts élevés liés à la conduite d'automobiles.

Je voudrais tous vous remercier de vos exposés cet après-midi.

Je terminerai avec le commentaire suivant. Nous avons parlé des Instituts de recherche en santé du Canada et du problème de l'accessibilité de la recherche pour les Canadiens, qui est lié à l'usage d'une langue technique.

Je devrais vous parler de ma rencontre avec tous les directeurs scientifiques des Instituts de recherche en santé du Canada pour tenter d'obtenir leur engagement face aux soins palliatifs. Le directeur scientifique responsable de la cardiologie a affirmé : « Je suis très heureux de vous voir, sénateur, mais je ne sais pas pourquoi je suis ici. Vous parlez des soins pour les personnes mourantes. Nous avons l'Institut du vieillissement, qui devrait se préoccuper de cette question. » Je me suis tournée vers lui et j'ai répondu : « Docteur, personne ne meurt dans votre domaine? » Il a dit : « Bien sûr que oui », et moi de lui répondre : « C'est pour cette raison que vous êtes ici. »

C'est pourquoi vous êtes tous ici aujourd'hui, parce que vous avez une expertise et des connaissances considérables, dont nous voulons bénéficier pour produire un rapport. J'espère que vous trouverez que vos idées sont reflétées dans notre rapport final, qui sera déposé le 30 septembre.

M. Rose : Je suis heureux que vous m'ayez demandé de parler avant Doug Rapelje. Je n'aurais pas voulu passer après un gars comme lui.

La présidente : Je vous comprends. Il a une expertise impressionnante. Merci.

M. Rapelje : Puis-je dire un dernier mot? J'ai été témoin des efforts que vous déployez pour les personnes âgées depuis longtemps et je pense que le Canada a de la chance d'avoir quelqu'un comme vous qui défend les intérêts des aînés. Je voudrais remercier tout le comité, mais votre voix, en particulier, se fait bien entendre à cet égard.

La présidente : Merci beaucoup.

Nous passerons maintenant aux derniers exposés de l'après-midi. Nous aimerions entendre les membres de l'assistance, dont certains attendent depuis longtemps. Nous leur demanderions de s'approcher de la table. Vous n'aurez que cinq minutes. Je serai très sévère là-dessus. Je vous couperai après cinq minutes. Il n'y aura pas de questions ni de réponses des sénateurs au cours de cette session particulière. Les intervenants auront l'occasion de nous faire des suggestions pour notre rapport.

Je commencerai avec M. Gary Atamanyk, qui affirme avoir une entreprise privée en Ontario, être un ancien enseignant et faire maintenant partie d'un conseil d'administration. Nous demanderions à M. Roland Méthot du Centre polyvalent des aînés francophones de Port Colborne et à Marlene Slepkov, des Infirmières de l'Ordre de Victoria du Canada, de se joindre à nous. Je dois dire qu'il se peut que je fasse preuve d'une certaine partialité puisque je siège au conseil d'administration du VON. Je serai donc évidemment impressionnée par ce qu'elle a à dire.

Gary Atamanyk, à titre personnel : Mesdames et messieurs, je vous remercie de me permettre de m'adresser à vous aujourd'hui. J'en suis honoré.

Il y a environ dix ans, les Nations Unies ont déclaré que 1999 serait l'Année internationale des personnes âgées. Cette année a été célébrée partout dans le monde. L'ONU a affirmé un certain nombre de principes concernant les personnes âgées qu'elle voulait voir appliqués partout.

L'un de ces principes était de permettre aux personnes âgées d'être autonomes en leur fournissant le soutien nécessaire pour qu'elles puissent vivre leur vie de façon satisfaisante en demeurant chez elles, par exemple. Un autre des principes énoncés était la participation, qui prévoyait des occasions de faire participer les aînés à la prise de décisions et à la communication au sein de leur famille, de la communauté et de la société dans son ensemble. Selon le prochain principe, qui concerne les soins, on devrait s'assurer que les personnes âgées ont accès à des soins de santé, à des services sociaux et juridiques, et à d'autres services qui assurent leur protection et leur fournissent un milieu sûr et humain. Le principe suivant est l'épanouissement personnel qui nous appelle à leur garantir un accès à des ressources sur les plans éducatif, culturel, spirituel et récréatif. Pour respecter le dernier principe, celui de la dignité, on doit respecter la dignité, les croyances, la vie privée et la sécurité des personnes âgées.

Ces principes me tenaient à cœur, et, quand j'ai pris ma retraite de l'enseignement en 1998, j'ai fait d'eux l'énoncé de mission d'une entreprise privée que j'ai lancée.

Depuis huit ans, depuis que j'ai essayé de lancer cette entreprise, je ne peux pas l'exploiter. Nous avons rencontré des obstacles qui sont le lot des entreprises privées. En bref, il s'agit d'un service qui comprend un réseau d'entrepreneuriat indépendant et qui est offert dans les 12 municipalités de la région du Niagara, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, 365 jours par année. Le service est très abordable. Le transport est fourni sans frais, sans égard au temps et à la distance. Il est accessible sur rendez-vous, et on passera vous prendre chez vous. Les clients sont amenés là où ils ont besoin du service d'accompagnement. Ils paient pour la durée du service d'accompagnement, puis, on les ramène chez eux absolument gratuitement.

Cette entreprise règle, en partie, tous les problèmes culturels, de transport et d'accessibilité qui ont été abordés aujourd'hui, et de nombreux autres. En fait, une personne qui bénéficierait de ce service ne se sentirait plus isolée si on nous permettait de l'offrir.

J'ai fourni une trousse avec certains des détails et des renseignements qui expliquent le service. Les entreprises privées n'exigent pas de dons ni d'argent de la part des contribuables. Dans les faits, les entreprises privées paient des taxes et impôts.

Malheureusement, en Ontario, l'entreprise ne peut pas fournir les services dont les personnes âgées, les personnes partiellement handicapées, les salariés à faible revenu et d'autres groupes vulnérables ont besoin. Par conséquent, je fais les recommandations suivantes, qui, selon moi, permettraient de régler le problème.

Premièrement, on devrait réinstaurer le programme fédéral de soutien financier pour les petites entreprises qui veulent recourir à la justice pour défendre les intérêts des personnes âgées. Les petites entreprises privées ne peuvent pas engager les coûts de telles procédures, qui leur permettraient de défendre les droits des aînés. Ce programme fédéral de soutien financier pour les procédures judiciaires a été annulé, mais il a déjà existé.

Deuxièmement, on devrait permettre à la GRC en Ontario d'enquêter sur les cas possibles d'irrégularités dans les municipalités qui peuvent avoir des répercussions négatives sur les personnes âgées. Des représentants officiels de la GRC en Ontario m'ont dit que cela est possible dans d'autres provinces. Toutefois, en Ontario, ces mesures ne font pas partie de son mandat; pour une raison quelconque, son pouvoir est limité à cet égard.

Je vous remercie de votre temps. Je suis toujours disponible. Vous recevrez mes documents, et j'ai hâte d'avoir de vos nouvelles.

[Français]

Roland Méthot, Président, Centre polyvalent des aînés francophones de Port Colborne : Madame la présidente, je m'appelle Roland Méthot, et je suis le président du conseil d'administration du Centre polyvalent des aînés francophones de Port Colborne.

J'ose dire à ce point que le Centre polyvalent des aînés francophones est géré et opéré par des bénévoles, et ce, depuis son inscription en 1990. À ce titre, je souhaite vous présenter très brièvement le Centre des aînés de Port Colborne.

Le centre est né en 1975 pour répondre à un besoin devenu très pressant pour les aînés francophones de Port Colborne et environs, qui désiraient se doter d'un centre d'activités récréatif, éducatif et social. En 1988, les membres se réunissaient jusque-là dans une classe à l'école St-Joseph, et ont fait l'acquisition d'un immeuble situé au 184, rue Mitchell à Port Colborne. En 1990, le centre a été incorporé comme organisme à but non lucratif et en 2004, il a obtenu son statut d'organisme de bienfaisance.

La mission du centre est d'assurer une meilleure qualité de vie aux personnes âgées francophones sur les plans physiques, psychologiques, santé sociale, éducatif. Au début, le centre comptait une dizaine de personnes. Aujourd'hui, le centre regroupe plus de 200 membres, dont une trentaine sont âgés de 80 ans et plus.

Le centre fonctionne cinq jours et quatre soirs par semaine, et offre des programmes qui visent le bien-être physique, psychologique, social et éducatif pour le vieillissement en santé des aînés francophones, dont notamment des exercices de santé, le bridge, l'artisanat, la danse en ligne, deux programmes intergénérationnels, un qui enseigne la cuisson, la cuisine aux élèves de l'école St-Joseph, et l'autre qui enseigne l'artisanat au même groupe d'élèves de l'école St-Joseph, des jeux de balai, le billard, deux soupers mensuels, des ateliers sur la santé, un bulletin mensuel, pour ne citer que quelques exemples.

Notre centre ne ménage aucun effort pour apporter à ses membres toute information et tout élément nouveau pouvant contribuer à leur bien-être et à leur épanouissement.

Nos défis restent très importants. En effet, bien qu'unique dans la région, le Centre des aînés francophones de Port Colborne, contrairement aux autres centres, ne jouit malheureusement pas de l'appui financier de la municipalité ni des ministères qui pourraient lui assurer la couverture de ses frais opérationnels de base.

J'ose, madame la présidente, ardemment espérer que la rencontre d'aujourd'hui sera suivie d'actions concrètes qui donneront lieu à des résultats positifs du point de vue du financement pour des centres comme le nôtre.

Pour conclure, le centre polyvalent de jour est, je le répète, géré et administré par des bénévoles, et les programmes sont ouverts à toute la communauté, pas seulement aux membres.

Cela dit, madame la présidente, je vous remercie de m'avoir permis de prendre la parole. S'il y a des questions, je suis prêt à y répondre.

[Traduction]

Marlene Slepkov, directrice de succursale par intérim, VON Canada : Bon après-midi. Je vous remercie de cette occasion de comparaître devant le Comité sénatorial spécial sur le vieillissement. Aujourd'hui, je représente le VON, c'est-à-dire les Infirmières de l'Ordre de Victoria du Canada. Pendant toute ma vie d'infirmière, c'est-à-dire 34 ans, j'ai travaillé.

Nous sommes un organisme de bienfaisance national sans but lucratif qui offre un large éventail de solutions en matière de soins de santé communautaires qui répondent aux besoins des Canadiens d'un océan à l'autre. Même si nous sommes une organisation nationale, la grande force du VON est que l'organisme répond également aux besoins locaux uniques dans toutes les provinces du Canada. Le VON est en mesure de fournir divers programmes, qu'il s'agisse de programmes payants ou de bienfaisance, dont des repas livrés à domicile — la popote roulante — et des programmes d'activités pour adultes. Ces programmes communautaires et bien d'autres sont d'une grande valeur pour les membres les plus vulnérables de la société et leur permettent d'avoir accès au soutien dont ils ont besoin pour demeurer autonomes dans leurs collectivités.

En décembre de l'année dernière, VON Canada a envoyé des observations officielles au comité, qui fournissaient une perspective globale sur un certain nombre d'enjeux qui touchent les personnes âgées, comme les soins à domicile et les soins communautaires, la prévention et la gestion des maladies chroniques et les soignants qui sont des membres de la famille ou des amis. Ces enjeux comprenaient également la technologie dans le domicile.

Cependant, aujourd'hui, j'aimerais fournir la perspective locale et souligner quelques programmes que nous avons à Niagara et qui contribuent à la santé et au bien-être des personnes âgées. À Niagara, nous avons l'une des populations de personnes âgées les plus importantes au pays, et VON Niagara offre un certain nombre de programmes pour répondre à leurs besoins, y compris des services à domicile, un répit pour les soignants et un soutien personnel aux clients, ce qui comprend une aide ménagère. Nous offrons des services de soins des pieds, nous tenons plus de 30 cliniques par mois à Niagara, et nous faisons également des consultations à domicile pour les soins des pieds. Le programme Living with Parkinson's de VON offre des séances d'information, un soutien aux soignants et des programmes d'exercices pour les personnes qui souffrent de la maladie de Parkinson de façon à les aider à conserver leur mobilité. La clinique d'infirmières praticiennes à Ridgway fournit les soins de santé primaire dont ont si grandement besoin les patients qui ne reçoivent pas suffisamment de services ou qui n'ont pas de médecins, et qui sont, en grande partie, des personnes âgées. Enfin, le plan d'action et de sensibilisation à la santé cardiovasculaire à Thorold vise à aider les personnes âgées qui ont des facteurs de risque modifiés de maladies cardiaques et d'AVC à prendre des mesures pour améliorer leur santé.

Ces programmes sont appuyés par plusieurs associations communautaires provinciales, et nous apprécions grandement leur soutien. Toutefois, la réalité est que les besoins dépassent de beaucoup l'offre. Nous avons toujours de la difficulté à garantir que les personnes âgées peuvent accéder à des services en temps opportun en raison du manque de ressources financières et humaines dans le domaine de la santé. Cette situation doit changer.

Les aînés doivent avoir facilement accès aux programmes et aux services qui les appuient à domicile et qui mettent l'accent sur le bien-être, plutôt que sur la maladie. Or, notre approche actuelle à la santé est réactive, plutôt que proactive. Comme la majorité des ressources sont affectées aux établissements, comme les hôpitaux, cette approche qui met l'accent sur les soins actifs n'aide pas les personnes âgées à rester en santé et à être bien dans leur domicile. Des ressources doivent être réaffectées pour régler ce déséquilibre.

Le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership dans ce dossier et travailler en collaboration avec les provinces et les territoires pour offrir un plein soutien aux personnes âgées de toutes les régions du Canada. Nous savons que c'est possible. Par exemple, le Programme pour l'autonomie des anciens combattants fourni par le gouvernement fédéral est un exemple concret d'une approche globale à un mode de vie sain. Toutes les personnes âgées méritent un traitement semblable et bénéficieraient d'une telle approche. J'ai été heureuse d'entendre un des intervenants le dire.

Les services comme ceux que j'ai mentionnés constituent un soutien important pour les personnes âgées et leur famille. Avec des ressources adéquates, nous pourrions aider tous les Canadiens à bien vieillir dans leur domicile et dans leur collectivité. C'est un besoin dont témoignent quotidiennement notre personnel et nos bénévoles. Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de parler au nom de VON Niagara.

La présidente : Il y a une autre personne qui s'est jointe à nous, M. Ron Walker, qui est un métallurgiste à la retraite.

Ron Walker, à titre personnel : Je suis un métallurgiste à la retraite, mais, dans les faits, j'ai travaillé dans l'industrie des pièces d'automobile. À une certaine époque, on ne faisait plus la différence entre les gens qui travaillaient le fer et ceux qui travaillaient le métal.

Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser au comité sénatorial aujourd'hui. Je viens d'apprendre par les médias que vous seriez ici.

J'aurais aimé qu'un plus grand nombre de nos politiciens municipaux soient ici aujourd'hui, mais il y a une activité de Smart Niagara qui se passe aujourd'hui et à laquelle je n'ai pas pu participer parce qu'elle coûtait 100 $ par jour. J'ai pris le chemin le plus facile et le plus direct.

Plus tôt, l'un des intervenants a fait allusion aux représentants élus. Selon ce que j'ai compris, vous n'êtes pas des représentants élus. Malheureusement, le pouvoir appartient à ces représentants élus, qui décideront s'ils donneront suite à vos recommandations. Cependant, je sais que vous faites du très bon travail à cet égard.

Je ne crois pas que le premier ministre était sérieux quand il a menacé d'abolir le Sénat. Je pense qu'il a proféré une telle menace parce que les choses n'allaient pas comme il le voulait.

Certaines des questions qui ont été soulevées pendant les exposés m'ont montré qu'on se préoccupe toujours de ce qu'est la richesse, de la distribution de cette richesse, des coûts, et enfin, des ressources adéquates. Moi non plus je ne crois pas qu'il y ait un manque de ressources au Canada, mais il y a beaucoup de confusion relative à ce qu'est la richesse et à la manière dont elle devrait être distribuée.

Les syndicats en Ontario parlent depuis longtemps de la crise manufacturière parce que nous croyons qu'on ne peut pas distribuer ce qu'on n'a pas créé. En conséquence, quelles que soient les politiques que nous élaborons pour régler le problème du vieillissement de la population au Canada, elles ne peuvent pas être élaborées sans égard à la croissance économique et à l'économie sociale globale du Canada.

C'est là la seule chose que je voulais dire au comité. Il y a plusieurs problèmes qui doivent être réglés au Canada, et l'un d'eux est de garantir la création continue de la richesse dans ce pays et de ne pas laisser les ressources financières, qui déterminent beaucoup de choses et qui sont très souples dans l'ensemble, décider de tout. Ces ressources ne créent pas la richesse; elles ne concernent que la répartition de cette dernière. La répartition n'est pas nécessairement favorable aux vrais citoyens et à la population du Canada.

À l'événement de Smart Growth, ils discutent de questions comme la crise énergétique, le réchauffement de la planète et les coûts nécessaires pour le transport de la nourriture. Pourtant, ils permettent la fermeture d'une conserverie. Il se peut qu'il n'y ait pas de répercussions négatives à court terme — vous pourrez peut-être acheter votre boîte de pêches pour moins cher — mais, dans dix ou 15 ans, quand on ne pourra plus importer des poires et des pêches de la Chine, nous regretterons notre manque de clairvoyance et le fait que nous ayons laissé ce genre de choses arriver.

J'ai beaucoup apprécié les exposés qui ont été présentés aujourd'hui. De nombreuses personnes avaient de bonnes idées. J'ai lu rapidement les options au verso et j'apprécie les suggestions pour l'amélioration de ces options, mais je suis certain que vous travaillez toujours au rapport final. Merci de m'avoir laissé parler.

La présidente : Merci, monsieur Walker. Votre contribution et celle de toutes les personnes qui se sont adressées à nous cet après-midi ont été très importantes.

Avant de lever la séance, j'aimerais remercier le Centre d'activités pour les aînés de Rose City, et particulièrement John Rose, qui a rendu tout cela possible. Nous avons passé une magnifique journée. Le repas était magnifique. Je veux la recette de la soupe.

M. Walker : Je suis désolé. J'ai oublié quelque chose.

Nous sommes en train de perdre nos régimes à prestations déterminées, et cela aura des répercussions très négatives sur les femmes. En vertu des contrats qui sont négociés, il y a des garanties légales pour les veuves et pour les conjoints en cas de divorce, mais dans le cadre des régimes de pensions à prestations non déterminées, il n'y a aucune garantie que les femmes seront en mesure d'accéder à ces régimes de pensions.

La présidente : Vous avez tout à fait raison, et c'est une préoccupation dont on nous a déjà fait part. Merci.

La séance est levée.


Haut de page