Délibérations du Comité
sénatorial spécial sur le
Vieillissement
Fascicule 11 - Témoignages du 2 juin 2008 - séance de l'après-midi
SAINTE-ANNE, MANITOBA, le lundi 2 juin 2008
Le Comité sénatorial spécial sur le vieillissement se réunit à 13 heures pour examiner, afin d'en faire rapport, les incidences du vieillissement sur la société canadienne.
Le sénateur Sharon Carstairs (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Honorables sénateurs, chers membres de l'auditoire, je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement. Notre comité a été chargé d'examiner les incidences du vieillissement sur la société canadienne. Nous nous trouvons à Sainte-Anne pour recueillir le point de vue de parties prenantes sur les répercussions d'une société vieillissante et plus particulièrement pour entendre ce que ces personnes ont à nous dire au sujet de notre rapport intérimaire qui a été déposé au Sénat le 11 mars. Nous avons hâte d'entendre les témoignages de cet après-midi qui nous aideront très certainement dans le courant de nos délibérations en préparation du rapport final.
Cet après-midi, nous avons le plaisir d'accueillir Jim Wolfe, directeur régional pour le Manitoba à Santé Canada, et Dennis Sinclair, gestionnaire de programme au Centre d'amitié indien et métis de Winnipeg.
Nous attendons Thelma Meade, directrice générale au Centre de services aux aînés autochtones de Winnipeg, qui n'est pas encore arrivée. Je vais donner la parole aux deux premiers témoins et je la céderai ensuite à Mme Meade si elle parvient à se joindre à nous.
Monsieur Wolfe, je vous cède le micro pour une éventuelle déclaration d'ouverture.
Jim Wolfe, directeur régional, Manitoba, Santé Canada : Bonjour. Je tiens à remercier le comité de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui afin de l'informer du travail que nous effectuons dans la région du Manitoba.
Le Programme de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada finance la prestation de services communautaires de promotion de la santé et de prévention des maladies dans les communautés de Premières nations. Au Manitoba, le personnel infirmier à l'emploi de Santé Canada fournit des services de soins primaires dans 22 postes de soins infirmiers auxquels il faut ajouter deux hôpitaux fédéraux, qui sont situés à Peguis et à Norway House. De plus, on trouve 26 bureaux de santé, dix centres de santé et quatre centres de traitement du Programme de lutte contre l'abus de l'alcool et des drogues.
Santé Canada travaille en étroite collaboration avec les organisations des Premières nations, notamment l'Assemblée des Premières Nations, la Southern Chiefs Organization, le Manitoba Keewatinook Ininew Okimowin, les conseils tribaux et les communautés des Premières nations, en vue de la réalisation de son mandat. De concert avec les organisations et les communautés de Premières nations, nous remplissons de nombreuses fonctions qui ont pour objet d'aider les gens à rester en santé et de prévenir les maladies chroniques ou contagieuses.
Au Manitoba, quelque 125 000 membres de Premières nations vivent dans les réserves et hors réserve. Environ 51 p. 100 de la population des réserves vit dans des communautés isolées et éloignées auxquelles on ne peut pas accéder par la route.
Au mois de décembre 2007, environ 10 p. 100 de la population totale des Premières nations du Manitoba, soit 12 000 personnes, était âgée de 55 ans ou plus. Environ 6 500 de ces personnes vivent dans des réserves et 5 500 hors réserve.
Le Programme de la santé des Premières nations et des Inuits de Santé Canada fournit aux membres des Premières nations vivant dans des réserves ou hors réserve des prestations de santé qui ne sont pas couvertes par les régimes provinciaux, comme les médicaments vendus sur ordonnance, les lunettes, les soins dentaires et le transport pour raisons médicales. Au Manitoba, ce programme dessert environ 125 000 membres des Premières nations et Inuits admissibles, dont 9,4 p. 100 ont 55 ans ou plus. Chaque année, nous fournissons des services d'une valeur approximative de 170 millions de dollars en prestations diverses.
Le Programme des soins à domicile et en milieu communautaire vise à faire en sorte que les communautés de Premières nations et les communautés inuites participent directement à la planification, à la mise en œuvre et à la prestation des services de soins à domicile et en milieu communautaire. Ce programme offre des services de soins infirmiers à domicile, un programme de soutien à domicile qui s'inscrit en complément du Programme d'aide à la vie autonome d'AINC, des soins de relève de courte durée à domicile et l'accès à des fournitures et à de l'équipement médicaux.
Une fois que ces éléments de services essentiels sont en place et que la communauté a suffisamment de ressources pour s'attaquer à d'autres lacunes des services de soins à domicile et en milieu communautaire, celle-ci est encouragée à le faire. Il peut s'agir notamment de programmes de repas, de programmes de jour pour adultes, de soins de podologie et de soins palliatifs à domicile.
Notre budget régional pour les soins à domicile et en milieu communautaire offerts aux Premières nations est d'environ 16 millions de dollars. En 2006-2007, quelque 67 p. 100 des clients des Premières nations qui ont fait appel à ce programme étaient âgés d'au moins 55 ans.
Le personnel régional travaille en collaboration avec les Premières nations afin d'améliorer la prestation des services. Les consultations menées avec les Premières nations du Manitoba ont fait ressortir la nécessité d'améliorer l'accès à des soins de réadaptation ainsi qu'à des programmes de jour, à des établissements de santé de longue durée, à des soins palliatifs, à des soins de santé mentale et à des consultations nutritionnelles. On a également constaté qu'il était nécessaire d'offrir des services plus souples, de favoriser l'accès des intervenants à l'éducation et à la formation, de mieux planifier les congés, d'augmenter le financement des immobilisations, d'améliorer les possibilités de transport et de résoudre les questions liées aux champs de compétence.
Comme dans d'autres régions, il est difficile d'attirer et de retenir au Manitoba des travailleurs et des professionnels qui ont les compétences requises pour fournir des soins à domicile, particulièrement en raison de la situation géographique des communautés, de l'absence de soutien professionnel et, souvent, du recours au travail à temps partiel.
Les communautés reçoivent également des fonds d'Affaires indiennes et du Nord Canada dans le cadre du Programme d'aide à la vie autonome. De nombreuses communautés ont coordonné la gestion de ces programmes fédéraux. Les communautés tireraient également profit d'une coordination accrue avec les services de santé provinciaux.
Grâce au Fonds de transition pour la santé des Autochtones, Santé Canada remédie en partie aux problèmes de coordination des services de santé financés par des sources fédérales et provinciales. L'objectif de ce fonds est double. Il vise, d'une part, à aider les communautés de Premières nations et les Inuits à améliorer l'intégration des services de santé subventionnés par le gouvernement fédéral dans les communautés de Premières nations et des Inuits aux services de santé provinciaux et territoriaux et, d'autre part, à aider les provinces et les territoires à adapter leurs services de santé pour qu'ils répondent mieux aux besoins de tous les peuples autochtones.
Santé Canada a investi plus de 19 millions de dollars au Manitoba dans des projets visant à favoriser la coordination des services de santé avec ceux qui sont financés par les provinces ainsi que leur intégration et leur adaptation.
Le Programme de la santé des Premières nations et des Inuits de la région du Manitoba examine d'autres modèles de soins. Nombre de clients de Premières nations, admis dans les hôpitaux de Winnipeg, ont reçu leur congé sans que leurs besoins en soins à domicile aient été évalués en bonne et due forme à l'hôpital. En l'absence d'une planification coordonnée des congés, le Programme de soins à domicile du Manitoba, en collaboration avec l'office régional de la santé de Winnipeg, a mis en place un processus systématique de planification des congés des clients qui retournent dans leur communauté de résidence. Ce processus a amélioré la planification entre l'hôpital et la communauté et a entraîné l'amélioration des résultats pour la clientèle.
Santé Canada collaborera avec les autres autorités sanitaires régionales en vue d'améliorer la communication et de mettre en place des procédures.
Sur le plan national, le gouvernement du Canada et les organisations des Premières nations et des Inuits ont entrepris des recherches afin de se faire une meilleure idée des services de soins continus offerts à domicile et en établissement dans les communautés des Premières nations et des Inuits.
Un Groupe de travail national mixte examine les recommandations, élabore un cadre d'action concernant les soins continus et rédige une analyse des options qui appuiera la prise des décisions.
Santé Canada poursuivra ses efforts en vue d'améliorer les soins aux aînés dans le cadre de notre mandat et en collaboration avec d'autres ministères provinciaux et fédéraux ainsi que nos partenaires des Premières nations.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole devant vous. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Dennis Sinclair, gestionnaire de programme, Centre d'amitié indien et métis de Winnipeg : Bonjour, je m'appelle Dennis Sinclair. Je suis gestionnaire de programme au Centre d'amitié indien et métis de Winnipeg. Je tiens à vous remercier de m'avoir invité à prendre la parole devant vous aujourd'hui afin de vous présenter le point de vue des tranchées.
Nous travaillons au contact direct d'un grand nombre d'aînés, notamment d'aînés autochtones à Winnipeg dont la plupart vivent au centre-ville. Nous savons tous que ces personnes sont aux prises avec de très nombreux problèmes de santé et financiers.
Pour avoir travaillé au contact des aînés par le truchement de nos différents programmes, nous avons constaté que, outre l'aspect économique, c'est l'analphabétisme qui constitue le plus gros problème. Pendant de trop nombreuses années, le système des écoles résidentielles a fait des ravages dans la communauté autochtone et leurs effets se font encore sentir aujourd'hui. Le taux de criminalité croissant au centre-ville de Winnipeg est, quant à moi, indicatif des conséquences de ce phénomène.
Permettez-moi de vous relater certains des problèmes que nous ont mentionnés les aînés. Vient d'abord celui du transport. Nous nous trouvons aux prises avec une population vieillissante de plus en plus importante qui n'a pas facilement accès aux différents programmes et services qui leur sont offert à cause de difficultés de mobilité. Les aînés se sentent très isolées. Pour beaucoup, l'événement important de la semaine consiste à se rendre au centre d'amitié le jeudi pour y prendre le repas de midi. Ils sont ainsi 15 ou 20 à se rencontrer régulièrement pour leur jour de sortie, pour leur jour de loisirs. Sinon, ces personnes demeurent enfermées chez elles la plupart du temps, surtout durant les mois d'hiver. Cette situation donne également lieu à des cas d'intimidation et de violence.
Deuxièmement, nous sommes confrontés au problème croissant de la négligence et du manque de respect des jeunes envers les aînés. Je sais, par exemple, qu'un grand nombre des membres de notre collectivité appréhendent de sortir de chez eux. Ce ne sont plus les problèmes d'accessibilité et de mobilité qui les préoccupent, mais le simple fait de quitter leur domicile et de marcher dans la rue parce qu'ils pourraient se retrouver en situation de danger, même très grave, à cause de la criminalité en ville. Un grand nombre de nos clients viennent du secteur en développement Lord Selkirk. L'intimidation et la violence peuvent venir de n'importe où, même des membres de la famille. Dans bien des cas, on se rend compte que ce sont les enfants de ces aînés qui les obligent à dépenser leur argent pour combler les besoins des enfants plutôt que les leurs, que leur revenu se présente sous la forme de prestations de l'aide sociale, d'allocations de vieillesse ou d'un chèque de pension.
Nous constatons également qu'un nombre croissant d'aînés prennent une part active à l'éducation de leurs petits- enfants. Le problème à cet égard réside dans la différence d'âge entre ces deux générations. La personne de 65 ans ou plus qui s'occupe d'un enfant âgé de dix ans ou moins, ou d'un jeune adolescent, a beaucoup de difficulté à évoluer dans l'univers moderne qui lui est imposé. Malheureusement, les personnes âgées ne sont pas en mesure d'adopter une position d'autorité à cause de tous les moyens technologiques et d'information mis à la disposition des enfants. Pour une raison ou une autre, un grand nombre d'aînés ont peur des nouvelles technologies comme l'Internet ainsi que de l'accès à l'information par ces moyens.
Le troisième problème est celui de la santé et de la nutrition. Le diabète de type II est un grave problème dans la communauté autochtone. En règle générale, le niveau d'alphabétisme des aînés est inférieur à ce qu'il est dans le reste de la population. Cela étant, dès que ces personnes doivent remplir des papiers, elles ne comprennent pas vraiment ce qu'il faut faire, ni ce qu'on attend d'elles et où elles doivent se rendre. C'est ce que nous apprenons des personnes qui viennent au centre.
Il est difficile, pour un adulte, de trouver le temps nécessaire pour accompagner une personne âgée à mobilité réduite chez le médecin : il y a bien Handi-Transit, mais la procédure à suivre est très difficile. Nous voyons bien à quel point tout cela est difficile pour les aînés qui fréquentent le centre. Il suffit de les écouter, de s'asseoir avec eux et de leur parler. S'ils ratent un rendez-vous pour une raison quelconque, il leur faut attendre un autre mois, voire deux pour en obtenir un autre. C'est très difficile et les gens ont l'impression que tout le monde s'en fiche. Ils sont décontenancés. Face à un obstacle, il leur arrive souvent de figer et d'attendre. Tout cela, parce qu'il n'existe pas beaucoup de services qui s'adressent spécifiquement aux résidants du centre-ville.
Revenons-en au problème de l'analphabétisme. Il nous a toujours fallu faire venir les aînés au centre afin de remplir pour eux toute la paperasserie nécessaire, parce qu'ils ne comprennent pas les exigences les plus simples ou ne parviennent pas à les décoder, et cela même dans le cas des formulaires de demande de dédommagement s'adressant aux anciens élèves d'écoles résidentielles. Quand ils doivent accéder à des services ou à des fonds du gouvernement et qu'on les soumet à un bombardement de termes juridiques, ils se sentent anéantis. Beaucoup d'Autochtones sont effarouchés à l'idée de remplir des papiers, à moins que quelqu'un ne soit là pour les y aider.
Heureusement que nous pouvons le faire. Nous avons un budget suffisant qui nous permet de rémunérer un personnel pour cela. Cependant, je connais beaucoup d'organisations qui ont moins d'argent que nous et dont le personnel est limité dans sa capacité d'aider les aînés de la collectivité.
Par delà leurs besoins de transport de base, leur isolement, l'intimidation ou la violence dont ils sont l'objet, leur santé et leur alimentation, de même que l'analphabétisme, on se rend compte que ces gens-là ont surtout besoin d'être écoutés. C'est précisément ce que recherchent les aînés qui fréquentent notre centre.
Merci beaucoup. Encore une fois, si vous avez des questions, je suis prêt à y répondre.
La présidente : Merci, monsieur Sinclair. Nous allons maintenant passer à Mme Meade, qui représente le Centre de services aux aînés autochtones de Winnipeg.
Thelma Meade, directrice générale, Centre de services aux aînés autochtones de Winnipeg : Je m'appelle Thelma Meade et je suis directrice du Centre de services aux aînés autochtones de Winnipeg, qui est le premier centre de ressources pour aînés autochtones au Manitoba. Nous sommes passionnés par ce projet. Le centre n'est pas très grand, mais il convient tout à fait pour nos aînés de Winnipeg.
Le Centre de services aux aînés autochtones, ou CSAA, est le seul du genre au Manitoba et à Winnipeg. Nous venons juste de terminer une étude avec des groupes de discussion dans les différents secteurs de la ville, dans le nord, dans l'ouest et à Saint-Boniface, parce que nous espérions augmenter le nombre de membres de notre organisation. Les résultats de cette étude montrent que nos membres sont très satisfaits des programmes offerts. Tout programme additionnel nécessitera l'embauche d'un personnel supplémentaire et des fonds additionnels et c'est précisément là où nous en sommes. Nous sommes emballés de savoir où se trouve la plus importante population d'Autochtones. Nous aimerions l'attirer à notre centre, mais nous redoutons les répercussions d'un éventuel afflux massif parce que nous n'avons pas les ressources nécessaires.
De plus en plus d'Autochtones déménagent à Winnipeg parce qu'il n'y a pas de services de santé ni d'hôpitaux dans les régions éloignées. Même dans le secteur sud, à Pine Falls, il est très difficile d'offrir les services nécessaires à ces gens-là. Tout comme à Winnipeg, il y a des problèmes de mobilité, parce que les Autochtones ont de la difficulté à se rendre à des rendez-vous médicaux dans les hôpitaux. Beaucoup habitent loin. Si davantage d'aînés autochtones déménagent à Winnipeg, nous devrons étendre nos services et nous aurons besoin de beaucoup plus d'argent pour les aider ou pour offrir les services nécessaires.
Je veux également parler de la situation des aînés qui travaillent après 65 ans. Les aînés en général, mais surtout les aînés autochtones, doivent travailler après 65 ans à condition qu'ils aient les compétences et les qualifications nécessaires. Je suis une aînée moi-même et si je devais m'arrêter de travailler maintenant, j'aurais de la difficulté à joindre les deux bouts à cause des prix du loyer, de la nourriture, de l'essence et des transports qui sont nettement plus élevés qu'il y deux ou trois ans. Il faut permettre aux aînés autochtones de continuer de travailler après 65 ans parce que tout augmente, sauf la Sécurité de la vieillesse.
Il est là le problème. Le coût de la vie augmente et l'économie se porte bien, mais il n'existe aucun programme permettant de soutenir les personnes âgées, surtout les aînées autochtones. Beaucoup de femmes n'ont pas travaillé 25 ans. Ce faisant, elles ne peuvent compter que sur un chèque du RPC, si elles en ont un, et sur la SV. Leur revenu est tellement limité que ça fait peur.
La question des activités saines est également préoccupante. On vit plus longtemps, chez les Autochtones également. Voilà pourquoi notre centre de services a besoin de fonds.
Depuis la dernière fois où je vous ai entretenu de ce sujet, nous avons découvert en quoi les programmes peuvent venir en aide aux aînés autochtones. En effet, quand nous sommes arrivés au centre d'accueil Kekinan, je m'étais sentie un peu découragée en me demandant comment nous amènerions les aînés de Winnipeg à faire des choses et à sortir de leur emprisonnement. Il fallait les amener à ne plus se voir comme étant en très mauvaise santé ou comme n'ayant pas les compétences nécessaires pour apporter une contribution quelconque à la société. À cette époque, nos aînés autochtones n'avaient que peu d'estime de soi et d'amour-propre.
Aujourd'hui, nous avons un peu plus d'argent pour travailler, mais pas beaucoup. Nous n'avons que deux employés et demi. Nous sommes parvenus à établir des programmes comme le club de couture, le cercle d'arts et de bricolage et le club de conteurs. Nous constatons que, depuis le lancement de ces programmes, depuis que j'ai parlé de financement la dernière fois, les choses ont bien changé. Nos aînés autochtones ont l'impression de contribuer à la société, de faire quelque chose et d'être encore utiles.
Nous allons rédiger un livre de contes et nous sommes d'ailleurs à la recherche de fonds pour cette entreprise. Nous voulons consigner l'histoire des aînés autochtones, du peuple autochtone dans un livre afin de faire vivre leurs souvenirs. Là aussi, il y a lieu de se réjouir que ces personnes puissent avoir encore une contribution et faire quelque chose pour le Canada.
À propos des familles, je pense avoir déjà dit que, dans notre culture autochtone, nous avions l'habitude de garder les aînés à la maison. Nos aînés étaient effrayés à l'idée de se retrouver en foyer d'accueil pour personnes âgées. Le manque d'argent et d'appui nous a pourtant obligés à les placer, à permettre que nos aînés aillent dans de tels foyers. Le programme d'aide à domicile ne prévoit qu'une heure ou deux par semaine et les aînés ne bénéficient donc que d'un soutien médical limité à domicile, même quand celui-ci est absolument nécessaire. De plus, beaucoup d'Autochtones travaillent, tout comme dans le reste de la société. Ils travaillent et ne peuvent se permettre de faire venir quelqu'un à domicile pour s'occuper de leurs aînés.
Nous essayons donc de mettre à la disposition des aînés une trentaine d'unités de logement-services à Winnipeg. Nous avons entrepris ce projet parce que nos aînés ne peuvent obtenir du gouvernement le soutien médical, les soins à domicile et l'aide ménagère dont ils ont besoin. Le soutien médical ne vaut d'ailleurs pas grand-chose parce qu'il est très limité.
S'il est un aspect sur lequel je tiens à travailler, à condition que nous obtenions les fonds nécessaires, c'est l'histoire de nos aînés autochtones afin qu'ils puissent avoir l'impression de continuer à contribuer à notre « île à la tortue », à notre Canada, à notre histoire.
Ce que je juge également très important pour les aînés, c'est qu'ils se rassemblent et parlent leur langue. Comme vous le savez, il ne s'agit pas d'une seule langue, puisqu'il y a le cri, l'inuit et l'ojibway. J'ai remarqué que, même durant nos activités, les Ojibways se retirent dans un coin pour parler leur langue, qu'ils se regroupent. Le bien-être des aînés autochtones passe par le maintien de leur culture et de leur langue et par l'impression de contribuer à la vie du Canada.
Nous avons également commencé à travailler sur le projet Partenaires de carrière. Nous avons lancé un programme intitulé Peer Helper Training Program. Il est question de rassembler une douzaine de personnes à la fois et d'analyser la façon de dispenser cette formation au sein de la collectivité. Les formateurs ont la possibilité de parler avec la population, par exemple dans les écoles, dans un autre centre de santé et même au sein de notre propre centre.
Ce genre de partenariat avec Partenaires de carrière de Winnipeg est très prometteur en ce qui nous concerne parce que nous disposons d'une trousse d'enseignement et que les gens apprennent comment enseigner l'empathie et travailler au contact des autres. Ils ont l'impression de pouvoir apprendre davantage, plutôt que de rester assis dans leur coin et de faire en sorte que tout le monde s'occupe d'eux, puisqu'ils se prennent en main.
M. Sinclair vous a parlé des écoles résidentielles qui font la une actuellement. Nous sommes au courant parce que nous parlons plusieurs langues — moi, j'en parle deux ou trois et le travailleur des services d'approche parle cri et ojibway. Ce sont les deux langues qui se parlent principalement dans le sud de la province, où nous n'avons que quelques Inuits et Dénés.
Nous avons ouvert en 2004 et nous tenons à remercier certains de nos donateurs qui nous ont offert la possibilité de travailler auprès des aînés.
Les aînés apprécient des activités comme la descente de la rivière en bateau et même les projections IMAX. Comme je le disais, nous avons organisé des groupes de discussion afin de déterminer ce que veulent nos membres. Les programmes de type pyramidal ne fonctionnent pas. Il faut que ça vienne des gens eux-mêmes. En ma qualité de directrice, je suis convaincue qu'il faut collaborer avec les gens et pas simplement leur imposer ce qu'on pense. On obtient de bien meilleurs résultats quand les gens nous disent ce qu'ils veulent.
Nous prenons donc un temps d'arrêt à chaque fois et le travailleur des services d'approche organise en général un atelier. Nous tenons aussi des séances de guérison à l'intention d'anciens résidants des pensionnats indiens. Ce n'est pas facile de parler de ce problème. Je sais quand les gens sont prêts à le faire et quand ils ne le veulent pas.
M. Sinclair a parlé de l'analphabétisme. C'est l'un des problèmes dont nous parlons. D'ailleurs, le programme Nouveaux Horizons nous a financés pour nous permettre d'acheter quatre ordinateurs et d'offrir une formation en informatique aux aînés. Je leur ai dit qu'il n'y aurait pas de clavardage ni d'échange de messages textes. Les gens sont emballés à l'idée des classes que nous allons offrir et du travail qu'ils vont faire sur ordinateur.
Nous sommes emballés aussi à l'idée de produire notre livre parce que je pense qu'il va nous permettre de pérenniser de vieux récits. Nous invitons les aînés à parler de leur mode de vie, avant l'époque de la voiture et de tout le reste. Ils racontent comment ils fabriquaient leur propre savon, comment ils s'éclairaient, comment ils nettoyaient les planchers de bois. J'estime que, moyennant l'aide de notre gouvernement, nous allons pouvoir obtenir des résultats et je sais que nous pouvons et que nous allons le faire. Je vous remercie.
La présidente : Monsieur Wolfe, vous venez de dire que vous recevez 170 millions de dollars de prestations par an, notamment pour les médicaments vendus sur ordonnance et pour le transport à des fins médicales. La dernière fois que j'ai jeté un coup d'œil sur le budget du Nunavut, il y a quelques années de cela, j'ai vu que 70 p. 100 du budget médical du territoire était consacré au transport. Quelle portion de vos 170 millions de dollars annuels dépensez-vous dans le transport?
M. Wolfe : Je n'ai malheureusement pas cette donnée. Je pourrais vous la fournir. Nous avons cette information, mais je n'étais pas prêt à répondre à cette question.
La présidente : La seule raison pour laquelle je vous la pose, c'est qu'un certain nombre d'habitants du Sud sont très choqués de la situation parce qu'ils estiment que les coûts de transport ne sont pas un élément fondamental du budget des soins de santé. Pourtant, dans les communautés éloignées, où l'on retrouve 51 p. 100 des Autochtones vivant dans des réserves, les évacuations aéromédicales sont assez coûteuses. Je posais donc cette question pour éclairer la lanterne de tout le monde.
Monsieur Sinclair, tout comme Mme Meade, vous avez parlé de la Sécurité de la vieillesse. Toutefois, aucun de vous n'a parlé du Supplément de revenu garanti. À l'occasion de notre périple, nous avons appris qu'un grand nombre d'aînés, surtout ceux qui ont passé l'essentiel de leur vie dans les collectivités éloignées, ne savent absolument pas qu'ils sont admissibles au Supplément de revenu garanti. Avez-vous constaté la même chose, monsieur Sinclair?
M. Sinclair : Tout à fait. Pour vous dire la vérité, même si je suis en première ligne, c'est la toute première fois que j'en entends parler. Je ne pense pas que nos clients, les membres de nos collectivités, connaissent ce programme. Je ne sais pas exactement quelle organisation devrait les renseigner à ce sujet. Si cette information ne parvient pas aux travailleurs en première ligne, je ne vois pas comment elle pourrait arriver à celles des membres de la collectivité.
La présidente : Pourrais-je vous recommander de consulter la page du Supplément de revenu garanti, sur le site web du gouvernement du Canada, et de télécharger les formulaires? Je soupçonne que la plupart des 15 clients avec qui vous déjeunez régulièrement, les membres de la collectivité avec qui vous mangez tous les jeudis midi, sont sans doute admissibles à ce programme et qu'aucun d'eux n'en bénéficie. Vous pourriez peut-être les aider à remplir les formulaires en question.
M. Sinclair : Tout à fait.
La présidente : Et vous, madame Meade? Votre organisation connaît-elle le SRG?
Mme Meade : Oui. Service Canada est déjà venu nous donner trois ateliers sur des sujets comme le SRG et les prestations d'invalidité pour personnes âgées. L'autre jour, nous avons justement organisé une réunion au sein de la collectivité philippine et avons accueilli le député d'Ottawa, porte-parole des questions concernant les aînés, ainsi que Judy Wasylycia-Leis.
J'envisage aussi d'attirer l'attention des personnes âgées sur les invalidités cachées donnant droit à prestations. Nous sommes accidentellement tombés sur une femme qui était en chaise roulante depuis 17 ans environ et le travailleur des services d'approche est intervenu en son nom. Nous avons découvert qu'elle pouvait prétendre à certaines prestations pour personnes handicapées. Je crois qu'elle va toucher neuf ans de prestations à titre rétroactif. Cependant, je rappelle que la découverte de ce cas a été fortuite.
Service Canada vient donc organiser des ateliers chez nous quand nous n'invitons pas cette organisation à parler directement avec les gens. Nous sommes au courant de ce programme, mais je le dois au programme Perspectives des aînés et à ma participation active aux programmes de formation des aînés de l'office régional de la santé de Winnipeg.
La présidente : C'est très intéressant, parce que nous avons bien sûr appris un certain nombre de choses. D'abord, la loi a changé, ce qui est bien. Désormais, tout déclarant ayant indiqué que son revenu est inférieur à un certain niveau touche automatiquement le supplément de revenu garanti. Avant cela, il fallait faire une demande séparée. C'est donc un changement positif apporté dans la loi. Je sais cependant qu'un très grand nombre d'Autochtones ne font pas de déclaration de revenus, ce qui ne les aidera certainement pas.
L'autre problème, évidemment, c'est que certains de ces aînés n'ont même pas correctement fait leur demande pour bénéficier de la Sécurité de la vieillesse. Soit dit en passant, le Québec se débrouille beaucoup mieux que le reste du Canada à cet égard, puisque la quasi-totalité des Québécois sont couverts. Nous savons qu'il existe des écarts notoires dans le reste du Canada, notamment en ce qui concerne les Autochtones.
Le sénateur Mercer : Il a beaucoup été question, à notre comité, de fournisseurs de soins de santé. Monsieur Wolfe, vous avez dit que Santé Canada exploite deux hôpitaux au Manitoba, ainsi que 22 postes de soins infirmiers, 26 bureaux de santé et dix centres de santé qui administrent le programme de traitement de l'alcoolisme et des toxicomanies. Cela fait beaucoup d'endroits. Je suppose que certains de ces services sont offerts sous un même toit et pas systématiquement dabs des infrastructures distinctes. Combien d'infirmiers, d'infirmières et de médecins Santé Canada emploie-t-il au Manitoba?
M. Wolfe : Environ 132 infirmières et infirmiers. Je n'ai pas les chiffres exacts pour les médecins, mais nous bénéficions de services de médecins de trois façons. D'abord, par le truchement de contrats de services privés dans le Grand Nord, où l'on compte environ 15 praticiens. Je vous dis environ, parce que ces chiffres changent presque mensuellement. Puis, pour la partie centrale de la province, nous avons conclu un contrat avec l'UMN, l'Unité médicale du Nord de l'Université du Manitoba, qui nous offre des services de médecins dans les collectivités. Une association baptisée Amdocs, qui regroupe des médecins d'Afrique du Sud, offre des services à Cross Lake. Je crois qu'on y compte environ cinq médecins. Je ne suis pas sûr du nombre dans le cas de l'UMN, mais je pourrai vérifier si vous le désirez.
Le sénateur Mercer : M. Sinclair et Mme Meade ont parlé de problèmes liés à la langue. Ce matin, il a beaucoup été question de langue, surtout à propos des services en langue française. Désormais, on parle de services en cri et en ojibway. Est-ce que les médecins ou le personnel infirmier parlent cri ou ojibway?
M. Wolfe : Je n'en suis pas sûr dans le cas des médecins, mais je peux vous assurer qu'un grand nombre d'infirmiers et d'infirmières parlent au moins une langue autochtone. Ce pourrait être le cri ou l'ojibway ou encore le déné. Étant donné que 40 p. 100 au moins de notre personnel infirmier — encore une fois, ce sont des chiffres approximatifs, mais je pourrai vérifier — appartient aux Premières nations, ces gens-là sont en mesure d'offrir ce type de service.
Le sénateur Mercer : Il a surtout été question des régions rurales, mais que se passe-t-il dans les centres urbains comme Winnipeg? Vos services sont-ils équitablement répartis dans l'ensemble de la province ou sont-ils concentrés dans des régions isolées?
M. Wolfe : Notre mandat prévoit que nous dispensions des services dans les réserves, et c'est précisément le secteur qui m'incombe. Nous offrons la quasi-totalité de nos services dans des réserves, à l'exception, bien sûr, des prestations de santé non assurées. Bien sûr, les clients des villes peuvent aussi accéder à ces services.
Le sénateur Mercer : Monsieur Sinclair, on continue d'entendre dire que l'analphabétisme est un problème chez les aînés autochtones, mais aussi chez les autres. Il ne se limite pas aux seuls autochtones. Le gouvernement actuel a réduit le budget des programmes d'alphabétisation. Étant donné votre situation, vous pourriez avoir accès à d'autres formes de financement. Avez-vous obtenu des fonds pour administrer les programmes d'alphabétisation, au centre d'amitié ou à d'autres centres à Winnipeg?
M. Sinclair : La plupart du temps, nous devons faire la chasse au financement. Il y a bien quelques fonds ici et là, mais ils sont minimes. Si vous vous adressez à FACT, Families and Communities Together, on vous versera 5 000 $ pour administrer un programme d'alphabétisation. La moitié du temps, le plus difficile consiste à faire sortir les gens, parce qu'il faut leur fournir de la nourriture. Il y a beaucoup d'argent qui passe dans la nourriture. En fait, vous êtes obligé de gratter les fonds de tiroir pour trouver de l'argent afin d'administrer les programmes d'alphabétisation.
Puis, vous vous heurtez à un autre obstacle. Nous travaillons surtout au cœur de la ville, dans la partie nord, celle qui est malfamée. Il nous est possible d'offrir ce genre de service dans d'autres secteurs de la ville parce que nous parvenons toujours à trouver quelque budget ici et là. En revanche, il nous arrive très souvent de nous faire dire non, parce que nous nous trouvons à recouper d'autres services. Nous avons le centre d'amitié, mais nous sommes tout à côté de Ma Mawi Wi, du Centre de jeunesse Ndinawe, Kekinan. Juste en face, il y a l'île à la Tortue. Nous sommes tous en concurrence pour une petite cagnotte commune qui diminue de plus en plus. On nous dit qu'il existe déjà tel genre de programme ailleurs, qu'il existe un centre d'apprentissage pour adultes dans notre secteur et que l'on ne peut avoir accès à ce budget déjà réduit.
Le problème, c'est que les Autochtones, et je suis désolé de le dire, ne vont pas se rendre dans un centre d'apprentissage qui est principalement administré par des Blancs, par des non-Autochtones. S'ils le font, ils passent à côté de leur culture, de leur langue. Vous avez dit qu'il arrive souvent qu'un infirmier ou une infirmière parle la langue des clients. Vous avez mentionné quelques-unes de ces langues, mais vous n'avez pas parlé du Machif. C'est le problème que l'on constate dans un grand nombre d'instituts d'apprentissage non autochtones. Ils embauchent quelques Autochtones, mais les clients autochtones ont besoin de sentir qu'ils sont au contact d'une culture qui leur est familière, de leur bagage culturel; vous voyez ce que je veux dire. C'est cela que les gens recherchent. Dès lors qu'il existe un centre d'apprentissage dans le coin, nous n'obtenons pas d'argent parce que le service est déjà offert. Les membres de notre communauté ont de la difficulté à admettre qu'ils sont quasiment analphabètes et il leur est donc très difficile de s'adresser à des institutions extérieures. C'est difficile.
Le sénateur Mercer : J'espère que quelqu'un coordonne tout cela. Lors de mes visites à Winnipeg, dans le passé, je me suis rendu dans une école du centre-ville en compagnie de membres du personnel de la Fondation communautaire de Winnipeg qui est une des plus importantes et des meilleures du genre au pays. Cette école était financée et elle était essentiellement tournée vers la communauté autochtone. D'ailleurs, il y avait des aînés dans les salles de classe et le programme enseigné était excellent. Je pense que tout cela tient à un problème de coordination.
Vous avez tous trois fait des exposés indépendants et vous avez pourtant employé les mêmes mots, notamment en parlant de langues. Deux d'entre vous ont parlé d'alphabétisation et vous avez tous mentionné le transport.
Vous deux avez parlé de besoins en transport. M. Wolfe a mentionné les 170 millions versés annuellement en prestations, notamment pour les médicaments vendus sur ordonnance, les lunettes, les soins dentaires et le transport à des fins médicales.
Madame Meade, vous avez aussi dit que le transport et les soins dentaires font problème.
Je prends donc acte des 170 millions de dollars dont M. Wolfe a parlé, qui sont principalement investis dans des programmes s'adressant à des collectivités éloignées. En revanche, pour ce qui est du transport, on s'adresse à des gens qu'il faut amener de leurs collectivités éloignées dans des grands centres afin d'y être traités, et ainsi de suite.
L'action de toutes les organisations que vous représentez est-elle coordonnée? Quelqu'un s'occupe-t-il de cela?
M. Wolfe : Je peux vous parler au nom de Santé Canada. Comme le sénateur l'a fort bien fait remarquer, une grande partie de nos dépenses va au transport à des fins médicales et aux médicaments. Le transport, en particulier, exige une approche coordonnée. Ce programme est fortement sollicité et il continue de prendre de l'ampleur pour les raisons qu'ont mentionnées certains de vos témoins ou qu'on peut lire dans les mémoires. Nos aînés doivent parcourir de grandes distances pour se rendre à des centres de soins de santé tertiaires importants, ce qui est forcément synonyme de coûts supplémentaires en ce qui nous concerne. Nos coûts continuent de progresser à raison de 13 ou 14 p. 100 par an environ. Nous n'obtenons pas le financement en conséquence. Cela nous oblige à coordonner et à déplacer un grand nombre de programmes.
Je vais vous donner l'exemple de Fisher River, au Manitoba. Nous avons demandé à un médecin membre de l'Unité médicale du Nord de l'Université du Manitoba de se rendre dans cette collectivité pour y offrir des services aux aînés, plutôt que de faire déplacer ces personnes afin de limiter les coûts, même si ceux-ci sont inférieurs à ce que représente une évacuation aéromédicale. Il faut tout de même parcourir de grandes distances. Pour se rendre à Winnipeg, à Dauphin, comme dans le cas que je viens de citer, ou à Gimli, il faut deux ou trois heures de voyage. Nous essayons effectivement de coordonner notre action en intégrant d'autres formes de déplacement.
Beaucoup de nos clients doivent subir des traitements de dialyse. Tous ne sont bien sûr pas des personnes âgées, mais pour les transporter, nous avons souvent recours à des minibus de 12 places capables d'accueillir des malades très différents allant des dialysés à des clients désireux de suivre des séances de counseling en santé mentale ou encore de se rendre simplement à un rendez-vous médical.
Mme Meade : Permettez-moi de dire une chose au sujet du transport. Le seul service de transport restreint que nous assurons consiste à ramasser les aînés pour leur permettre de venir à nos activités. Nous ne nous occupons pas de les transporter pour leurs rendez-vous médicaux ou autres. Tout d'abord, ceux qui vivent dans les villes n'ont pas accès à ce genre de fonds; ce sont des fonds fédéraux et on ne peut y accéder. Ainsi, le résidant du centre-ville qui ne travaille pas et qui a besoin d'un service de transport pour se rendre à l'hôpital n'est pas en mesure d'obtenir une aide sur ce plan. Même chose pour les Autochtones. Même s'ils viennent d'une réserve et vivent dans ce qu'on appelle une réserve urbaine. Dans cette situation, on ne peut se prévaloir de ces montants.
Pour ce qui est du Centre des services aux aînés autochtones, nous exploitons un minibus qui nous a été donné par la Fondation de Winnipeg. Nous ramassons les personnes qui ne sont pas en mesure de venir d'elles-mêmes à nos activités. C'est la seule chose que nous faisons.
Pour ce qui est des rendez-vous médicaux, nous avons essayé de faire transporter une de nos clientes au Centre des sciences de la santé afin qu'elle y subisse sa dialyse. On nous a dit que cela relevait du gouvernement fédéral et que nous n'aurions rien.
Ainsi, les Autochtones, les membres de Premières nations résidant à Winnipeg ont beaucoup de difficulté à accéder à ce genre de budget.
M. Sinclair : On nous a posé la question, nous avons assuré une certaine coordination et nous avons dû répondre par la négative. C'est ainsi que ça se passe, nous recevons des communiqués de presse et des annonces, par télécopie, et nous apprenons que Santé Canada vient d'annoncer 1,7 million de dollars, 170 millions de dollars, 500 $ ou peu importe, pour tel ou tel service. À partir de là, nous devons nous débrouiller. Soudain, 25 à 50 organismes se précipitent sur le site Internet pour obtenir l'information, pour savoir ce qui est disponible, ce à quoi ils pourraient avoir droit et quelles sont les exigences. C'est peut-être quelque chose que nous devrions faire, mais nous ne sommes pas coordonnés. Une fois que le communiqué de presse est sorti, il appartient aux organismes clients de se débrouiller.
Vous avez parlé de la Fondation Winnipeg. C'est vrai qu'elle est une excellente ressource et je crois savoir que toutes les organisations autochtones se sont adressées à elle à un moment donné. Vous savez, ce serait merveilleux d'avoir plus d'organismes de ce genre, mais quand on s'adresse à la Fondation Winnipeg, il n'est pas question d'être vorace, parce qu'on se fait demander si l'on a déjà fait une requête dans l'année. On obtient des fonds une seule fois par an. Vous pourrez toujours obtenir un minibus, comme vous, mais il vous manquera alors de l'argent pour administrer votre programme. C'est souvent ce que nous constatons. À la fin de l'exercice financier, on analyse la question pour savoir qui a fait une demande à la Fondation Winnipeg. Il faut alors s'entretenir avec l'un des coordonnateurs qui risque de vous dire que vous n'aurez peut-être pas les 1 000 $ demandés pour ceci ou cela, parce qu'il faut s'occuper de quelqu'un d'autre.
Donc, la Fondation Winnipeg est fantastique, mais ce n'est pas une panacée universelle. Elle n'a évidement pas suffisamment d'argent pour tout faire.
Le sénateur Mercer : Ce manque de coordination est source de frustration. Je ne sais pas à qui la faute, mais tout le monde essaie de faire du bon travail. Il n'existe qu'une ou deux sources de financement et il y a donc lieu de savoir comment coordonner leur action pour que plus de gens obtiennent de meilleurs services et que les fonds soient mis sur la table, qu'ils viennent des contribuables par le truchement de Santé Canada ou d'Affaires indiennes et du Nord Canada, des habitants de Winnipeg, de la fondation communautaire ou d'un autre organisme de bienfaisance. Il faut trouver une façon de maximiser cette action.
La présidente : Sénateur Mercer, vous constaterez, je pense, que nos trois témoins sont sans doute également frustrés par le manque de coordination, tant en ce qui concerne l'Unité médicale du Nord, le Centre de services ou le Centre d'amitié indien et métis. Tout cela est attribuable à l'absence totale ou quasi totale de coordination et au fait qu'il faut consacrer beaucoup de temps pour essayer d'abattre les barrières entre ces organisations avec un succès mitigé.
M. Sinclair : L'autre problème tient au fait que certaines organisations sont petites, puisqu'elles comptent deux employés, deux et demi ou cinq. Au Centre d'amitié indien et métis de Winnipeg nous avons sept employés, en plus de nos préposés de haltes d'accueil. Il nous sera difficile de trouver cet argent. Je ne veux pas dénigrer la Fédération des Métis du Manitoba, mais celle-ci, qui a 300 employés à plein temps, obtient une part plus importante. Le Centre d'amitié indien et métis de Winnipeg a été le premier du genre au Canada. Nous célébrons notre 50e anniversaire cette année. Au début, en 1958, il se voulait une réponse à l'afflux d'Autochtones à Winnipeg. C'est pour cela que le centre a été créé. De nos jours, même si nous n'avons pas un effectif de 200 employés, nous servons plus de 70 000 clients à Winnipeg.
Il y a plus d'Autochtones à Winnipeg seulement que dans tout le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et je crois même la Colombie-Britannique combinés. Cependant, pour trouver des fonds, cela dépend du nombre de personnes concernées. Je pense que c'est là que réside le problème. Les grandes organisations, qui ont un effectif important, ont accès à plus d'argent que nous, qu'elles offrent ou pas des services à la population. J'estime que c'est là que réside le problème.
La présidente : Je pense que vous vouliez parler du Yukon, et pas de la Colombie-Britannique.
M. Sinclair : Excusez-moi, c'est exact.
Le sénateur Cordy : C'est à croire qu'au Canada, on passe son temps à parler de compétences provinciales ou fédérales. Pourtant, en ce qui concerne les soins de santé, c'est le gouvernement fédéral qui verse les fonds aux provinces et, en fin de compte, c'est lui qui est responsable des soins de santé pour la GRC, l'armée, les Premières nations et les établissements carcéraux, et je trouve tout à fait étonnant d'entendre ces récits au sujet d'un manque de coordination. S'il y en a qui ont bien besoin d'un effort de coordination, ce sont les groupes dont je viens de parler, mais rien ne se passe.
Je dois en revenir à la question de l'analphabétisme, parce que j'ai été enseignante. Monsieur Sinclair, vous avez dit que l'analphabétisme est l'un des principaux défis auxquels vous étiez confronté. Si l'on ne parvient pas à déchiffrer un écrit à 17, 18 ou 19 ans, à moins de se faire aider, on n'y parviendra pas mieux à 65 ou 68 ans. Il est évident que c'est là une source d'énormes défis. Vous avez parlé de la paperasserie que les gens ne peuvent pas remplir. Je sais que les programmes d'alphabétisation ont fait l'objet de réductions budgétaires au cours des deux dernières années et que des programmes ont été supprimés.
Madame Meade, vous avez dit que vous obteniez des fonds du programme Nouveaux Horizons, qui n'est sans doute pas une source à laquelle on pourrait penser, bien que cela ait fonctionné. Qu'allez-vous faire pour combattre l'analphabétisme? Comme je le disais, si on ne sait pas lire quand on est jeune, on ne parviendra pas à apprendre par la suite et le problème ne fera que se compliquer, surtout si l'on a des enfants et des petits-enfants qu'on n'est pas en mesure d'aider.
M. Sinclair : En ce qui nous concerne, au centre, nous offrons des services d'alphabétisation qui ne sont pas officiels, parce que nous n'avons pas les fonds nécessaires. Cependant, nous essayons de combler le fossé qui existe entre les aînés et leurs petits-enfants ou leurs enfants. L'alphabétisation ne signifie pas simplement que l'on apprend à lire, à écrire et à compter. Elle sous-entend une compréhension générale.
Je viens de produire un rapport sur l'alphabétisation auprès des Autochtones au Manitoba, rapport qui a été remis à l'Association nationale des centres d'amitié. Il y a des choses très simples de la vie, comme le fait qu'on peut laisser s'évaporer le lait déposé sur une étagère, qu'il coûte 2,19 $, mais que le contenant porte une étiquette bleue et qu'il s'agit d'un litre de lait acheté par votre mère, ce qui revient à dire que c'est vous qui l'avez acheté. À côté de cela, il y a un contenant de lait évaporé coûtant 1,58 $. Il faut alors envisager l'alphabétisation comme portant sur les choses quotidiennes de la vie et pas uniquement la lecture, l'écriture et le calcul.
Nous essayons de jeter une passerelle en enseignant les éléments nécessaires à la dynamique de la vie. Les connaissances élémentaires, selon moi, englobent l'aptitude à lire, à écrire et à compter. Nous jetons des passerelles à partir de ce que les aînés peuvent apprendre auprès de nous. J'estime que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider la population de personnes âgées. N'oublions pas que la progression de la population autochtone au Manitoba est 20 p. 100 plus rapide que celle de la population non autochtone.
Dans 40 à 60 ans d'ici, nous serons aux prises avec un problème encore plus important si nous ne parvenons pas à instruire notre jeunesse. Je sais que votre comité s'intéresse au vieillissement, mais les jeunes d'aujourd'hui seront les vieux de demain. Nous devons agir de façon proactive pour répondre aux besoins et aux problèmes qui vont se profiler dans l'avenir tout en essayant de régler ceux auxquels nous sommes confrontés à l'heure actuelle.
Comment allons-nous y parvenir? Je ne sais pas. Tous les jours on se lève et on se met en quête d'une nouvelle solution magique. Je pense que c'est ce que font toutes les organisations. Comment parviendrons-nous à instaurer le changement de façon efficace? Le partenariat est une solution. On ne peut s'en remettre au gouvernement pour tout financer. Nous devons nous mettre en quête de fonds, essayer de trouver d'autres budgets et, pour cela, nous battre les uns contre les autres.
Vous avez ici, côte à côte, deux groupes représentant des aînés que je n'ai jamais rencontrés, et cela bien que nous nous intéressions à nombre d'initiatives semblables. Nous aussi nous sommes financés par Nouveaux Horizons pour notre programme de personnes âgées. Nous œuvrons par le truchement de partenariats, en recourant à des organisations et à des gens, de même qu'à un personnel à temps plein qui peut apporter le petit plus nécessaire, parce que nous ne pouvons pas nous fier sur les fonds qu'on nous accorde. Malheureusement, il faut composer avec les employés mécontents, c'est-à-dire avec nous qui sommes en première ligne.
Comment régler tout cela? Je ne sais pas. Il faudra nous y attaquer, faute de quoi nous perdrons toute cette culture qui ne sera pas transmise à nos enfants.
Le sénateur Cordy : Je devine une certaine frustration. Je suis certaine que vous ressentez tous la même chose, mais qu'est-ce qui est difficile dans l'information relative aux programmes gouvernementaux? Est-il difficile d'obtenir des renseignements sur les programmes et d'y accéder? Le sénateur Carstairs a parlé du Supplément de revenu garanti. Si vous n'êtes pas au courant de ce programme et si les aînés ne le sont pas non plus, comment peuvent-ils en faire la demande? On a même entendu dire qu'un certain nombre de Canadiens ne réclament pas leur chèque du RPC et qu'ils se débrouillent sans. En revanche, au Québec, le gouvernement fait un excellent travail de communication à ce sujet. Où réside donc le problème relativement à l'information sur les programmes gouvernementaux et sur l'accès au financement offert?
À Terre-Neuve, je me souviens qu'il a été question des problèmes que pose la paperasserie. Certes, toutes les organisations doivent rendre des comptes, mais les gens peuvent être amenés à se demander s'il vaut la peine de se heurter à toutes ces tracasseries administratives pour 5 000 $? Les organismes prétendent qu'il leur faut quasiment avoir un employé à temps plein pour fouiller dans les programmes et remplir les formulaires de demande de subvention? Avez-vous constaté la même chose?
Mme Meade : J'estime que c'est là l'un de nos plus grands combats. Nous avons accès au programme Perspective des aînés de même qu'à d'autres organisations de personnes âgées. Toutefois, quand on n'a que trois employés, voire deux et demi, on n'a pas le temps d'effectuer de recherches pour trouver des organismes de financement et remplir tous ces papiers.
Nouveaux Horizons est une bonne organisation, mais la demande de fonds qu'il faut emplir est épaisse comme ça. Il y a un an, nous avons été financés pour l'achat de machines à coudre. Nous avons dû remplir des document ça d'épais pour obtenir 11 000 $. Et une fois que le petit projet est terminé, il faut remettre une masse de rapports.
Quand vous n'avez que deux employés, vous vaquez aux tâches quotidiennes, vous vous adonnez aux activités nécessaires et vous faites du militantisme, vous faites tout le travail nécessaire. C'est une chose. L'autre problème, c'est qu'il est très difficile d'obtenir des fonds pour l'administration. On peut toujours lancer une kyrielle de petits projets, mais il est très difficile de mettre sur pied un gros projet. Nous avons de la chance que l'office régional de la santé de Winnipeg finance deux postes. Il est très difficile de créer un poste, d'obtenir des fonds pour l'administration et les frais courants. Or, pour être au courant de tous les programmes qui existent, pour préparer toutes les propositions nécessaires et effectuer la recherche, il faudrait une personne à temps plein. Compte tenu du faible nombre d'employés que nous avons, c'est difficile.
Personnellement, je viens tout juste d'entendre parler de certains programmes parce que quelqu'un m'en a fait part par courriel. Quand je reçois de tels courriels et que j'ai la chance d'aller chercher des fonds, il me faut toute une journée pour préparer la demande. North End Revitalization nous verse 5 000 $ ici et là. Eh bien, même pour ces 5 000 dollars-là, il faut produire un rapport ça d'épais. C'est un des aspects qui fait problème.
Nos clients des Premières nations sont les Métis, les Inuits et les Indiens. Obtenir de l'argent auprès du gouvernement fédéral pour les Premières nations ou la Fédération des Métis du Manitoba, c'est comme construire un pont : c'est très difficile. Il nous arrive de devoir écrire à l'Assemblée des chefs du Manitoba pour dire que nous avons 21 clients appartenant à des Premières nations et qu'il faudrait que l'assemblée nous donne des fonds pour nous permettre d'entreprendre un périple sur le terrain. Ce qu'on nous donne, c'est trois fois rien, parce qu'il est très difficile d'obtenir de l'argent. Nous n'essayons même pas d'aider les gens pour obtenir des services médicaux et se déplacer. Nous les dirigeons vers les conseils tribaux, parce que nous ne parvenons jamais à contacter qui que ce soit.
Le sénateur Cordy : Vous avez justement dit que les meilleurs programmes sont ceux qui viennent des gens qui en ont besoin. Pourtant, monsieur Sinclair, vous avez dit découvrir l'existence de programmes au moment de leur annonce, que personne n'est consulté ou très peu. Jusqu'à quel point le gouvernement du Canada consulte-t-il les groupes de Premières nations avant d'annoncer les programmes?
Monsieur Wolfe, vous avez parlé du Groupe de travail national conjoint qui examine les recommandations concernant les soins de santé. Qui siège à ce groupe et la communication est-elle unilatérale ou bilatérale? Qui en fait partie?
M. Wolfe : Eh bien, pour ce qui est de ce groupe, on retrouve le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Santé Canada et différentes provinces. À l'échelon national, il y a aussi l'Assemblée des chefs de Premières nations. C'est en général ainsi qu'on recueille les avis au sujet des politiques et des études de cette nature.
Le sénateur Cordy : Madame Meade, vous avez des idées qui pourraient donner des résultats, selon vous. À qui vous pourriez-vous transmettre ces idées? Pour l'instant, vous étudiez les programmes existants et essayez de faire tout votre possible pour rentrer dans les cadres établis. Pour donner suite à une idée formulée par un des aînés dont vous vous occupez, comment vous y prenez-vous pour trouver un programme qui corresponde à ces besoins et pouvez-vous recommander de nouveaux programmes?
Mme Meade : Vous parlez de notre groupe?
Le sénateur Cordy : Oui.
Mme Meade : Comme nous sommes étiquetés en partant, puisque nous sommes le Centre de services des aînés autochtones, il nous est très difficile d'atteindre les politiciens. En revanche, AMC et MMF ont des dirigeants de poids et ont accès aux politiciens. Nous sommes donc tout en bas de la pyramide. Nous espérons toujours avoir vent d'un financement quelconque et, si celui-ci nous intéresse, nous faisons une demande. Cela ne signifie pas que nous aurons la priorité, parce que, comme vous le savez, ce sont les politiciens qui passent en premier, ceux qui se font entendre. Quand ils annoncent des fonds, nous courons à la nouvelle, mais nous sommes loin de pouvoir obtenir quoi que ce soit, parce que les politiciens sont là.
Même moi qui suis originaire d'une petite communauté de Première nation, je ne m'adresse jamais aux gens du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, parce que ça ne sert à rien. Les Affaires indiennes nous disent qu'ils s'occupent d'abord de telle ou telle réserve. Pourtant, il s'agit de ma réserve. C'est pour ça qu'un groupe de femmes s'est battu pour que les droits de traité soient transférables.
Puisque les droits de traité sont maintenant transférables, nous devrions avoir accès à ces fonds. Tout ce à quoi j'ai droit, c'est 5 $ par an. C'est la seule somme qu'une femme indienne, une résidante de communauté de Première nation, peut obtenir. Sinon, elle doit résider dans une réserve.
La présidente : Ce qui, soit dit en passant, a donné naissance à un mythe. Beaucoup de non-Autochtones pensent que les Autochtones, peu importe où ils vivent, ont accès à tous ces programmes. Or, ceux d'entre nous qui ont travaillé sur ces questions savent que ce n'est pas vrai, mais je crois que c'est ainsi que la population en général perçoit la chose, autrement dit que vous avez accès à tous ces programmes.
Le sénateur Chaput : Monsieur Wolfe, vous êtes directeur régional de la région du Manitoba à Santé Canada qui s'occupe également de la santé des Premières nations et des Inuits, mais le financement en question est réservé à des services offerts dans les réserves. Même si vous étiez animé de la meilleure intention au monde, vous ne pourriez pas aider Mme Meade et son centre, parce qu'elle a des besoins de transport qui ne correspondent pas aux programmes et politiques que vous administrez. C'est exact?
M. Wolfe : C'est ça en grande partie. Il y a une petite chose que je me permettrai de corriger, sénateur, c'est que les Autochtones vivant hors réserve ont accès aux prestations de santé pour des services non assurés, comme les médicaments. Tous les autres programmes s'adressent aux services dans les réserves. C'est notre mandat.
Le sénateur Chaput : Madame Meade, vous avez obtenu des fonds de différents programmes. Vous remplissez des demandes, obtenez de petites sommes et travaillez dans le cadre des programmes offerts, le plus souvent après avoir rempli des tonnes de papier. Je suppose que c'est la même chose pour M. Sinclair. Si j'ai bien compris, vous n'avez pas accès à des fonds qui permettraient aux centres de Winnipeg, par exemple, de se rassembler et de travailler ensemble pour savoir ce que font les uns et les autres. Ai-je bien compris? Vous n'aviez pas rencontré Mme Meade avant aujourd'hui?
Mme Meade : Non. Je connais le centre d'amitié. J'y vais et j'y ai travaillé lors d'expositions, comme à l'occasion du Folklorama où nous avons un stand. Nous allons aussi négocier des repas gratuits pour nos aînés. Ils y vont pour des réceptions. Toutefois, en ce qui me concerne et en ce qui concerne mon organisation, j'ai toujours pensé que le centre d'amitié est une halte d'accueil. En revanche, je collabore avec le Centre Mawi Wi Chi Itata. Je travaille avec ces gens- là. Par exemple, ils viennent chez nous pour offrir une formation star blanket, car nous n'avons pas d'argent pour le faire. Ils organisent ça en soirée.
Je m'associe avec ce centre autant que possible. Toutefois, je considère que le centre d'amitié est un programme social ouvert à tous. Je ne l'ai jamais considéré comme un centre s'occupant d'aînés.
Le sénateur Chaput : Je comprends.
Mme Meade : C'est pour ça que je ne connais pas M. Sinclair, outre qu'il doit être nouveau, puisque je connais tout le personnel. Nous fréquentons toutefois le centre pour participer aux activités de loisirs, pour socialiser. Cependant, nous ne sommes pas allés jusqu'à nous asseoir ensemble pour échanger à propos des fonds que nous recevons.
Le sénateur Chaput : Ma question s'adresse à n'importe lequel d'entre vous. Combien de centres à Winnipeg, si je peux les appeler ainsi, s'occupent d'Autochtones ou de membres de Premières nations, que ce soit des jeunes ou des aînés? Y en a-t-il beaucoup?
Mme Meade : Je crois qu'il y en a un dans chaque secteur. Il y a une halte d'accueil dans Kildonan Est, dans le nord et, à Saint-Boniface, il y a un petit centre. En revanche, je ne sais pas si tous s'adressent aux Autochtones. Je sais qu'il y a un petit centre de services aux Autochtones dans Kildonan Est, mais il s'adresse aux jeunes.
Le sénateur Chaput : Pouvez-vous également me répondre?
M. Sinclair : Oui. Je ne peux pas vous donner de chiffres, mais je sais qu'il y en a pas mal. Au voisinage immédiat du centre d'amitié, il y en a cinq à dix qui sont assez visibles. Comme je le disais, il y a Ma Mawa Wi, il y a Ndinawe, il y a le centre d'amitié et la maison Rossbrook. Les options ne manquent donc pas. Je ne pourrais pas vous dire ce que fait chacun d'eux, mais sachez qu'ils se trouvent dans notre secteur en général. Et puis, il y a West Broadway et, dans le secteur nord, il y a la coopérative North End qui se trouve dans le parc Gilbert, mais qui a des bureaux à Brooklyn, à Weston.
Il y a bien des choses qui se font. Si vous donnez votre nom à la North End Renewal Corporation, ou au Centre autochtone de Higgins, on vous fait parvenir un livre épais comme ça qui donne la liste de tous les services offerts.
Mme Meade : Mais il n'y en a pas pour les aînés.
M. Sinclair : Non, il n'y a pas de groupes pour les aînés.
Le sénateur Chaput : Madame Meade, un peu plus tôt vous avez parlé de groupes de discussion. Comment parvenez- vous à contacter les aînés pour qu'ils fassent partie d'un groupe de discussion quand vous voulez traiter de certaines questions?
Mme Meade : En général, quand nous organisons un groupe de discussion, nous l'annonçons dans les journaux autochtones, comme Thunderbird Voice et Grassroads, et nous faisons de la publicité dans le coin. Le plus souvent, nous réunissons 12 à 15 aînés par groupe de discussion. Nous en avons fait un sur Henderson au Good Neighbour Seniors. Nous travaillons très bien avec les centres d'aînés non autochtones, parce que Good Neighbours nous permet d'y tenir nos groupes de discussion. Nous essayons en effet de rejoindre les aînés dans différents secteurs, parce que c'est le mandat que nous a donné l'office régional de la santé de Winnipeg.
Je crois avoir dit, au début, que c'est ainsi que nous faisons la promotion de notre centre et que nous recrutons. Cependant, nous devons veiller à ne pas être débordés par l'arrivée de nouveaux membres parce que nous n'avons que de maigres ressources.
Le sénateur Chaput : Au début de votre exposé, madame Meade, je crois vous avoir entendu dire — et je suis d'accord avec vous — que les aînés autochtones de plus 65 ans devraient avoir le droit de continuer de travailler s'ils le désirent ou, dans bien des cas, s'ils n'ont pas le choix. D'après les groupes de discussion que vous avez organisés et les gens que vous accueillez à votre centre, savez-vous quel genre d'emploi les aînés de plus de 65 ans aimeraient occuper, ou quel travail ils recherchent ou encore de quel type de formation ils ont besoin pour acquérir des compétences particulières? En avez-vous une idée et avez-vous déjà couvert ce sujet?
Mme Meade : La dernière fois que nous avons tenu un groupe de discussion, nous avons parlé des domaines dans lesquels les aînés autochtones aimeraient travailler. Pour l'instant, du moins à Winnipeg, nous recevons beaucoup de demandes de personnes âgées pour occuper des emplois dans les écoles, pour aider les établissements scolaires moyennant quelques émoluments. Deux dames qui font partie de nos membres ont travaillé dans ces conditions. L'une d'elles a 81 ans et elle est conseillère au Yellow Quill College deux jours par semaine. L'autre est conseillère auprès de l'organisation étudiante du collège autochtone Red River, deux ou trois jours par semaine. Une autre, âgée de 77 ans, travaille pour New Directions en qualité de conseillère auprès des aînés.
Voilà les emplois que peuvent occuper nos aînés. Et puis, il ne faut pas oublier que les personnes appartenant à ce groupe d'âge, celui des 65 ans et plus, ont, pour la plupart, fréquenté les écoles résidentielles. Elles n'ont aucune compétence technique. Je ne voudrais plus être enseignante, mais je l'ai été. J'ai plus de 65 ans et je travaille. J'estime qu'il faudrait inciter les aînés à continuer à travailler, parce qu'ils sont une mine de compétences.
Quand je me rends aux réunions de préparation de la conférence sur la violence faite aux aînés, je rencontre beaucoup d'aînés, même s'ils ne sont pas autochtones. Je représente les Autochtones, mais je constate que ces gens-là représentent une masse de compétences. Voilà pourquoi j'affirme que nous pouvons travailler après 65 ans. Je m'avancerai jusqu'à prédire que beaucoup d'entre nous devront travailler pour des raisons économiques et ce, jusqu'à ce que ça ne soit plus possible.
La présidente : Monsieur Wolfe, j'aimerais terminer cet après-midi sur un commentaire que vous avez fait à propos du Fonds pour l'adaptation des services de santé des Autochtones. Quel succès avez-vous remporté? Vous avez évoqué une coordination nécessaire. Je crois que nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il y a des aspects sur lesquels il convient de travailler. Avez-vous obtenu des résultats au Manitoba?
M. Wolfe : Pas à ce stade. La plupart des programmes que nous administrons ont un peu plus d'une année et il est donc trop tôt pour en parler. Nous demeurons optimistes. Nous avons constaté quelques résultats au début en ce sens que, comme nous l'avons dit tout à l'heure, les différents intervenants se parlent. Les partenaires sont assis à la même table même si, comme vous le savez très bien, le gouvernement est toujours empêtré dans des problèmes de compétences exclusives. Nous sommes régulièrement aux prises avec cela. Il arrive très souvent que les Premières nations soient prises entre deux feux, sans égard aux problèmes traités, qu'il s'agisse de transport pour raisons médicales ou d'autres questions.
Quoi qu'il en soit, tous ces gens-là sont parties prenantes. Nous essayons de voir comment on pourrait améliorer la situation et faisons notre possible, dans la limite de nos mandats respectifs, pour faire avancer les choses. Il y a toujours une question de souplesse qui intervient. Il y a des choses que nous pouvons faire et j'espère que nous allons les faire. Je comprends les frustrations des uns et des autres. Les Premières nations et le gouvernement souhaiteraient que les soins soient offerts sans discontinuité des réserves aux centres urbains, mais il arrive très souvent que les politiques en place limitent la période de transition. Une fois en milieu urbain, les Autochtones doivent se tourner vers d'autres services, mais dans bien des cas, ceux-ci ne sont pas offerts assez rapidement. Il y a donc des failles entre les deux types de services.
Pour tout dire, il est beaucoup trop tôt pour se prononcer. J'espère que nous verrons bientôt de bonnes évaluations. Nous effectuons des évaluations annuelles, mais la plupart de ces projets portent sur le long terme et il faudra donc un certain temps pour qu'ils aient un effet.
La présidente : Ce sera effectivement merveilleux le jour où le gros éléphant qui pose des questions du genre « Est-ce de ressort provincial, fédéral ou municipal » quittera la pièce et où nous pourrons décider que tous les Canadiens sont bel et bien des Canadiens.
Sénateurs, nous allons accueillir le groupe de témoins suivant. Il s'agit de Maria Krentz, administratrice intérimaire à Menno Home for the Aged et de Pat Porter, présidente, ainsi que de Dianna White, directrice générale, de Steinbach 55 Plus. Du Club de l'Amitié, nous accueillerons Paulette Sabot, trésorière. Le Rest Haven Nursing Home est représenté par Tannis Nickel, directrice des services infirmiers, et Santé Sud-Est Inc. est représenté par Sylvia Nilsson- Barkman, spécialiste du programme de services aux aînés.
Merci. Je pense que nous allons débuter par Mme Krentz.
Maria Krentz, administratrice intérimaire, Menno Home for the Aged : Bonjour. Je ne savais pas exactement comment me préparer, mais après avoir lu le deuxième rapport intérimaire du comité sénatorial, je me propose plutôt de vous faire part de mes commentaires au sujet du vieillissement.
Comme l'indique le deuxième rapport intérimaire du Comité sénatorial spécial sur le vieillissement, afin de permettre aux aînés de vieillir là où ils le veulent, il faut leur offrir une myriade de services, y compris un logement adéquat et abordable, des soins de longue durée, des services de soutien communautaire et des services à domicile. Dans notre région, la mise en œuvre de la politique relative au vieillissement à l'endroit de son choix motive la construction d'unités de logement-services ou de logement avec services de soutien ainsi que davantage de lits ou d'installations de soins de longue durée. En général, les aînés passent de leur domicile à des unités d'appartement pour personnes indépendantes, puis à un logement-services, avant de passer dans un centre avec services de soutien et d'aboutir finalement dans un foyer de soins personnalisés ou de soins de longue durée. Ce modèle impose quatre à cinq déménagements au moins pour tout aîné ou toute personne handicapée, ce qui modifie son réseau de soutien social et physique, met à rude épreuve ses capacités d'adaptation et aggrave souvent son isolement social et sa solitude. Nous imposons même la séparation des couples. Comme l'a déclaré une centenaire qui avait toute sa tête à la faveur d'un nouveau déménagement qu'on lui imposait, ce n'était pas tant l'endroit où elle allait se retrouver qui lui causait problème, mais bien le nombre de déménagements. On ne maintient pas les personnes là où elles veulent.
Dans le système de soins de longue durée, des rapports isolés font état du fait qu'à chaque déménagement, l'aîné perd un peu plus de ses capacités cognitives et physiques. J'estime que nous appliquons des solutions du XXe siècle à des besoins du XXIe siècle et j'ai l'impression que nous devons faire mieux.
J'estime que le placement en établissement va à l'encontre du principe de l'encouragement du vieillissement à l'endroit de son choix, même si les aînés demeurent dans la même collectivité. Les différents paliers que j'ai énoncés sont des formes d'institutionnalisation, mais ce n'est que dans les foyers de soins personnalisés ou dans les centres de soins de longue durée que sont offerts des programmes holistiques favorables au bien-être à toutes les étapes, parce que les interventions sont personnalisées et contrôlées. Dans les logements-services et les logements avec services de soutien, de même que dans les centres de soins de longue durée, un grand nombre d'activités de la vie courante sont organisées par du personnel rémunéré qui se concentre le plus souvent sur les besoins physiques des aînés et sur leur sécurité. Cette situation réduit, chez eux, la possibilité d'avoir des activités physiques et sociales, conduit à leur dépendance et à une absence d'activités vitales véritables, autrement dit à une disparition de la raison de vivre. Les données montrent que les aînés placés en établissement ou en situation d'isolement sont moins actifs.
Comme l'indique le rapport intérimaire, on vit plus longtemps et en meilleure santé. Celui-ci nous prévient par ailleurs de ne pas tomber dans un excès qui consisterait à bâtir trop de structures physiques, du genre prolifération d'hôpitaux. Dans notre région, on constate déjà une diminution du nombre de personnes en attente de placement et de la durée d'attente pour l'obtention d'un lit en foyer de soins personnels.
Le défi de l'heure n'est pas de changer nos aînés de lieu de résidence, à moins qu'ils ne le décident eux-mêmes, mais plutôt de mobiliser nos ressources en fonction de leurs besoins. Il faut chercher à modifier la prestation des services et pas uniquement les structures d'accueil, comme les logements avec services de soutien et les logements-services. Ces derniers assurent le soutien nécessaire pour répondre à des besoins physiologiques, par la nutrition et les repas, l'entretien ménager, le lavage du linge et ainsi de suite. D'après ce que j'ai constaté personnellement, on s'attend à ce que les aînés soient suffisamment motivés pour participer aux activités sociales ou récréatives, mais bien souvent, ils restent confinés dans leur petit appartement.
Comme le précise le rapport intérimaire, les études ont démontré l'existence d'un lien étroit entre les relations sociales positives et la santé mentale et physique, et elles ont aussi fait ressortir que l'absence de relations sociales constitue un facteur de risque relativement à l'apparition de problèmes de santé. Les données confirment que les résidants des régions urbaines souffrent davantage d'exclusion que ceux qui vivent dans les régions rurales. Or, ces types de logements de substitution ressemblent beaucoup à des minivilles, où qu'ils se trouvent.
Les personnes qu'on prend par la main se sentent désirées et elles ont tendance à participer davantage. L'approche peut être personnelle ou collective et elle doit viser à combattre les obstacles constatés, l'instrument utilisé étant alors l'invitation personnelle à participer à une activité. C'est ce qui fonctionne très bien dans les foyers de soins personnalisés où les préposés aux services récréatifs invitent les résidants à participer à des activités programmées. Si les aînés oublient, on leur adresse un rappel. En revanche, ils ont toujours le choix de participer ou pas.
Il faudrait consacrer les ressources financières et humaines à la restructuration de ce qui existe déjà, plutôt qu'à la construction d'unités. Les aînés et les personnes handicapées ont besoin d'évoluer dans des milieux sûrs, favorables à la socialisation, à l'instauration de relations, à l'apprentissage et au respect de tous les autres déterminants de la santé. Grâce aux moyens technologiques actuels, il nous est possible de promouvoir la sécurité par le biais d'une vigilance accrue et d'un meilleur temps de réaction. La restructuration doit porter sur les services de soutien professionnels et non professionnels destinés à favoriser une qualité de vie et des habitudes de vie saines, à réduire les déplacements d'un logement de substitution à un autre, le but ultime étant de mobiliser les ressources sur les lieux de vie des personnes plutôt que de regrouper les aînés autour de services centralisés. Il ne faudrait jamais imposer plus d'un déménagement à qui que ce soit.
À la page 49 de votre rapport intérimaire, vous parlez de « guichet unique ». On pourrait pousser l'analogie en parlant plutôt de guichet à services groupés, un peu comme dans les lieux de villégiature tout inclus. Dans ce dernier modèle, on pourrait idéalement intégrer des services de logement, de santé et de loisirs, des services sociaux et des services de nature spirituelle. Par exemple, plus je vieillis et moins je suis en mesure de répondre à mes besoins personnels globaux, de façon autonome, dans mon propre logement. Cependant, mon conjoint, lui, est resté en santé et a conservé une relative autonomie. Nous ne devrions avoir à déménager qu'une seule fois, tous les deux. Le modèle intégré assurerait un logement au couple et leur donnerait accès à des services communs, comme les repas et le lavage du linge, tandis que le niveau de soutien serait souple, car fonction des besoins, ce qui donnerait lieu à une communauté au sein de la communauté. Ce serait un peu comme une commune, évidemment très attrayante pour les hippies de ma génération. Ainsi, mon conjoint aurait la possibilité de rester à mes côtés, de préparer ses propres repas et ainsi de suite, et de m'aider dans la prestation de soins adaptés à mes besoins et aux besoins des autres. Il aime se rendre utile.
Grâce à des services souples et continus, même les personnes handicapées peuvent continuer à contribuer activement à leur santé et à celle des autres. Dans ce contexte, on stimulerait le sentiment d'utilité et d'échange avec les autres. Chacun serait soutenu pour contribuer et participer en toute sécurité à des activités de vie dignes de sens. Tous les appartements auraient un dispositifs de sécurité, mais ce n'est qu'en cas d'absolue nécessité, pour la sécurité de certaines personnes, qu'ils seraient activés, afin d'éviter toute violation de la vie privée. Du côté des loisirs, on pourrait trouver une piscine, un théâtre, une piste de bowling, un parc et ainsi de suite. En cas de décès d'un des deux conjoints, l'autre demeurerait sur place et l'on continuerait de s'en occuper en fonction de ses besoins. Il resterait parmi ceux et celles avec qui il aurait établi des relations. Cette même communauté fonctionnerait suivant les principes de la démocratie où des représentants pourraient être élus afin de diriger l'ensemble.
Je vais également vous parler d'un exemple vécu d'engagement et de besoins entre conjoints. Nous avons une résidante qui a dû être admise en établissement de soins personnalisés à cause d'un déclin grave de ses habilités cognitives. Son époux n'était plus en mesure de lui offrir un milieu sûr et il s'était épuisé à la tâche. La dame a donc été admise en établissement et son conjoint la visite tous les jours, l'aide dans toute la mesure du possible parce que, comme il le dit, elle est son épouse et qu'il le lui avait promis. Ses enfants craignent qu'il ne se coupe du monde extérieur. Il a intégré notre chorale maison, il participe aux offices religieux, à des activités récréatives comme certains jeux et il apprécie beaucoup les programmes spéciaux animés par des bénévoles. Comme il a possédé une serre, il supervise le travail à l'extérieur et fait profiter les autres de ses connaissances. Tous les jours, il doit se rendre au foyer de soins personnels et réintégrer ensuite un logement avec services de soutien où lui-même et son épouse avaient déménagé quand il ne leur avait plus été possible d'obtenir les services nécessaires à domicile.
Pour résumer, je dirais que le fait de construire davantage de logements indépendants, de logements-services, de logements avec services de soutien et d'unités de soins de longue durée d'après les actuels modèles va à l'encontre du principe consistant à permettre aux aînés de vieillir à l'endroit de leur choix. À cause de cela, les aînés ne cessent de déménager d'un endroit à l'autre. Une approche intégrée inédite, visant à réduire au minimum les déménagements des aînés tout en disposant de ressources humaines et physiques souples permettrait d'optimiser la santé de notre population vieillissante sans pour autant créer des infrastructures appelées à être obsolètes un jour.
La présidente : Merci. J'aime bien votre idée de mobiliser les besoins plutôt que les aînés. C'est bien trouvé.
Tannis Nickel, directrice, Services infirmiers, Rest Haven Nursing Home : Bonjour. Je représente Rest Haven Nursing Home, qui fait partie du groupe Haven, lequel compte d'autres installations dont Cedarwood Supportive Housing et le manoir WoodHaven.
Notre organisation appartient à sept églises mennonites évangéliques de la région de Steinbach. Nous offrons des services à contrat aux foyers de soins personnels de la région de South Eastman. Après avoir constaté les besoins de leurs aînés, les églises ont décidé d'ouvrir un foyer de soins personnels afin qu'il soit possible de s'occuper d'eux de la manière dont le souhaitaient les églises. Cela a commencé par un foyer de soins de longue durée, s'est poursuivi par la construction d'un foyer avec services de soutien de 30 unités, puis a abouti au manoir Woodhaven, qui compte 86 appartements, dont 20 sont destinés à être loués en tant que logements normaux et 66 en tant qu'unités louées à vie.
Le complexe à appartements se trouve à proximité de Rest Haven, ce qui en fait un lieu qui va un peu dans le sens de la philosophie de Maria, soit de permettre aux personnes âgées de vieillir là où elles le désirent, dans toute la mesure du possible. Ce genre de juxtaposition a très certainement amélioré la vie de nos résidants et de leurs familles qui essaient de tirer le meilleur de la situation. Le conjoint a la possibilité de résider dans l'établissement de soins de longue durée tandis que son épouse vivra en toute autonomie au manoir. Il s'agit effectivement d'un déménagement, mais la transition est plus simple. Cela a permis de résoudre le problème du transport. Quoi qu'il en soit, quand les aînés en sont au point où ils ont perdu la plus grande partie de leurs moyens physiques, ils doivent déménager de Woodhaven dans un foyer de soins personnels, ce qui n'est pas la meilleure solution.
Il arrive souvent que les résidants de Woodhaven se portent volontaires à Rest Haven, le foyer de soins personnels, et qu'ils y trouvent beaucoup d'appui. Nous avons donc un programme de bénévoles très solide que nous permet de juxtaposer les deux installations. Nous comptons quelque 266 bénévoles au foyer de soins personnels Rest Haven.
Les autres problèmes que je constate au contact des familles avec qui je travaille concernent les options de logement au sein de la collectivité. On voit des aînés qui déménagent d'une résidence avec jardin — grâce auquel ils pouvaient travailler un peu à l'extérieur — dans un petit appartement à cause de leurs problèmes de santé ou de la nécessité d'obtenir davantage de services. Je viens de la région du sud-est, de Stuartburn, où nous comptons de nombreux aînés qui vivent dans les maisons où il n'y a même pas d'eau courante. Ma propre grand-mère a dû déménager dans un foyer, parce qu'à cause de l'absence d'eau courante, elle n'était pas admissible aux services de soins à domicile. L'eau courante, c'était moi qui la lui procurais sous la forme de seaux de 5 gallons.
Quand de nouveaux résidants emménagent, j'entends souvent parler de problèmes liés à la structure de la maison. Sur place, nous avons un entrepreneur qui fait de menus travaux, comme élargir les entrées et bâtir des rampes d'accès. Il demeure que, dans certaines zones où l'accès n'est pas facile, ce genre d'aide est appréciable. Ce faisant, le résidant âgé peut rester plus longtemps chez lui.
À la lecture de votre rapport, j'ai retrouvé plusieurs problèmes qui préoccupent nos résidants de South Eastman ainsi que les familles et les bénévoles qui travaillent à Rest Haven.
Merci de m'avoir donné l'occasion de vous parler.
La présidente : Merci.
Nous allons maintenant entendre Paulette Sabot.
[Français]
Paulette Sabot, trésorière, Club de l'Amitié : Madame la présidente, on m'a demandé de parler de notre club de La Broquerie, qui s'appelle le Club de l'Amitié. Voici un aperçu des principales activités qui ont lieu au cours d'une année dans notre petit village. Nous avons un programme d'activités physiques animé par une très bonne coordonnatrice, tous les mardis matins. Tous les troisièmes jeudis, excepté les mois d'été, nous offrons un dîner que nous cuisinons nous-mêmes. Deux fois par année, nous sortons en groupe et visitons un endroit, et ensuite nous sortons pour dîner ou pour souper. L'an dernier, nous avons visité une usine de recyclage, Prairie Bio Energy, ici à La Broquerie, et le plan de Premier Peat Moss à Richer.
Au mois d'octobre, nous nous rendons à Saint-Boniface pour voir la pièce des aînés; encore là, on en profite pour dîner ou souper au restaurant. Nous nous organisons pour remplir sept ou huit automobiles. De cette manière-là, les personnes qui ne conduisent plus ou n'aiment pas conduire à Saint-Boniface peuvent quand même en profiter. Cette année, il y a même un groupe de notre club de La Broquerie qui doit participer à la pièce.
À notre dîner de mars, nous avons eu une douzaine d'étudiants qui se sont joints à nous; c'était un dîner de partage, portant sur la comparaison de la vie d'aujourd'hui avec celle d'il y a 50 ans comme les activités, le coût de la vie, les moyens de transport et la religion; les églises étaient trop petites dans le temps et maintenant, elles sont trop grandes.
À Noël, nous avons le repas le plus spécial, c'est le souper où nous accueillons à peu près 100 personnes. C'est un régal où l'on sert la dinde, les tourtières, et cetera. Après le souper, quelques membres de la chorale entament des chants de Noël.
Au mois de février, il y a les activités du Festival du voyageur à l'hôtel de La Broquerie. Alors, la plupart des membres du club de l'amitié s'y rendent pour souper et, après le souper, il y a une soirée de musique, de chants traditionnels et de danse.
À la fin d'avril, nous nous rendons à Sainte-Agathe pour les Jeux du printemps organisés par la FAFM. Il y a des tournois de cribbage, de 500, de whist et de shuffle board. Très intéressant.
Nous offrons aussi un goûter après les funérailles à un prix très modique; on prend le prix qui couvre à peu près la nourriture et tout est préparé par les membres de notre club.
Il y a un autre service de bénévoles. Si quelqu'un a besoin d'aller voir le médecin ou de faire d'autres courses, il y a toujours des chauffeurs disponibles pour eux. Le club est aussi ouvert tous les après-midi, il y a quelques hommes qui se rencontrent et jouent au billard. Comme diraient certaines personnes, on ne veut pas rouiller à La Broquerie, alors on grouille.
[Traduction]
La présidente : Merci. Passons maintenant à Sylvia Nilsson-Barkman, si vous voulez bien.
Sylvia Nilsson-Barkman, spécialiste de programme en services aux aînés, Santé Sud-Est Inc. : Je me suis préparée de façon un peu différente. Je me propose d'aborder quatre grandes questions et d'apporter un point de vue plus régional à ce débat, puisque je travaille dans une région.
Le mot « rural » illustre chez moi quelque chose de différent que chez les autres. Il y a le rural-urbain, comme à Steinbach, le rural-rural, comme Sainte-Anne et le rural-éloigné. Je me propose de vous parler du rural-éloigné en vous présentant deux situations. Comme on dirait que plus on est petit, plus le défi est important, sachez que nous ne manquons pas de défis.
Je travaille pour une organisation qui est le Eastman Senior Citizens Council, composée de représentants de 21 clubs d'aînés et du centre polyvalent pour aînés. Le besoin le plus important qui a été constaté concerne le transport. Les aînés ont fait part de leurs préoccupations à cet égard à nombre de personnes. Encore une fois, j'estime que plus on est en région rurale et plus les problèmes à surmonter sur le plan du transport sont importants.
Dans notre région, nous comptons trois collectivités qui offrent des services de minibus pour handicapés ou « handi- van ». Ce n'est pas beaucoup. La région est immense et trois collectivités seulement exploitent ce genre de véhicule. Les autres services de transport sont assurés par des chauffeurs bénévoles que l'on recrute au sein de la collectivité et par le biais de programmes de services aux locataires dans la région. La difficulté réside dans le fait de trouver des bénévoles susceptibles de conduire les personnes handicapées. Dès que quelqu'un est en chaise roulante ou que son transport est délicat, il faut recourir à un « handi-van ». Dans ce cas, le programme de chauffeurs bénévoles n'est pas ce qui convient le mieux.
En dehors des régions urbaines, les minibus pour handicapés ne sont pas la formule la plus économique parce qu'ils sont très dispendieux. Dianna White et Pat Porter pourront vous dire que ces véhicules sont très coûteux à exploiter à Steinbach que je considère comme une région urbaine-rurale.
Je crois qu'une partie du problème tient au fait que, pour qu'une collectivité achète un « handi-van », il faut recueillir énormément d'argent étant donné que le programme administré par les services intergouvernementaux ne couvre qu'une partie des coûts d'immobilisation de ce véhicule et des frais d'exploitation. Ce sont en fait ceux qui utilisent les services qui doivent assumer une grande partie des coûts, et pour certains, ils sont tout simplement prohibitifs.
Je vais vous donner quelques chiffres réels. Si l'on veut appeler un « handi-van » pour se rendre, par exemple, à un rendez-vous de spécialiste — parce qu'en général les spécialistes se trouvent à Winnipeg — il peut en coûter 94 $. Il faut ajouter à cela 26 $ pour une attente d'une heure et 26 $ de plus si l'attente est supérieure. En fin de compte, pour aller voir un médecin à Winnipeg, il en coûte 120 $.
Dans la région la plus reculée, c'est-à-dire dans la municipalité rurale de Piney, il peut en coûter plus de 200 $ pour emprunter un minibus pour handicapés. Toutefois, comme il n'y a pas de véhicules de ce genre dans le coin, il faut recourir à des chauffeurs bénévoles et les sommes à débourser sont légèrement moindres. Évidemment, cela ne convient pas à tout le monde, surtout si les besoins physiques sont supérieurs à ceux auxquels un chauffeur bénévole peut répondre. Il est donc extrêmement dispendieux pour des résidants d'une région rurale de recourir à certains de ces services.
On constate également un déclin du nombre de chauffeurs bénévoles prêts à accompagner des gens à Winnipeg pour y consulter un spécialiste. Nous constatons que la plupart de nos bénévoles sont des personnes âgées et que certains sont même des personnes du quatrième âge. Ceux du troisième âge se paient du bon temps. Ils ne sont pas toujours bénévoles et ne vont pas toujours au Club de l'Amitié, n'est-ce pas? Je ne dis cependant pas qu'ils ne font rien, parce qu'il leur arrive de se porter volontaires. Cependant, nombre de nos bénévoles sont des personnes du quatrième âge. Elles ne sont pas à l'aise pour conduire en ville et elles ont peur d'aller là-bas. Il se peut aussi qu'elles soient atteintes d'un handicap les empêchant de se fondre et de naviguer dans le trafic. Le besoin est donc énorme.
En outre, le prix de l'essence qui ne cesse d'augmenter nous cause un problème. Il est maintenant prévu, dans tous ces programmes, d'augmenter les frais exigés. Ainsi, il faut s'attendre à ce que le montant réclamé par un chauffeur bénévole augmente sous peu — s'il ne conduit pas un « handi-van » — tandis qu'il était de 45 $ plus le stationnement et quelques autres menues dépenses pour aller de Steinbach à Winnipeg. En effet, il faut que quelqu'un, à un moment donné, acquitte ce genre de coûts additionnels.
Tout cela est extrêmement préoccupant. Je sais que les aînés peuvent recourir au transport à des fins médicales et bénéficier d'une déduction fiscale, mais si vous considérez ceux qui ont vraiment des difficultés financières, ceux qui doivent vivre sur la pension de base, ce genre de déduction fiscale n'apporte rien. Ce serait vraiment bien s'il existait une subvention susceptible d'aider les aînés qui ont vraiment besoin d'un tel service.
Dans les régions plus éloignées, ce serait également très bien de pouvoir compter sur des minibus plus petits et donc moins coûteux à exploiter. La réponse consisterait peut-être à monter un programme de subventions gouvernementales. Nous y gagnerions peut-être aussi si, grâce à une meilleure coordination, les collectivités pouvaient mettre leurs ressources en commun.
Sainte-Anne-La Broquerie est en train d'effectuer un sondage sur l'utilisation d'un « handi-van », parce qu'il est établi que beaucoup ont besoin de ce service, mais aussi que le coût d'utilisation d'un tel véhicule sera prohibitif. C'est l'un des problèmes.
Le logement en est un autre. Je me répète, il est très difficile de faire quoi que ce soit du côté du logement quand on se trouve dans une région rurale éloignée. On dirait que ces régions sortent de tous les cadres établis. Il faut correspondre à des petites cases et répondre à tous les critères. L'un de ces critères consiste à déposer soi-même une importante partie de la somme exigée pour pouvoir prétendre à une subvention pour acheter un logement abordable.
Dans le cas d'une collectivité comme la municipalité rurale de Piney qui a effectivement besoin de logements, le revenu moyen tourne autour de 26 000 $. La valeur moyenne des maisons est de quelque 53 000 $ et il n'y a tout simplement pas suffisamment d'argent dans le coin pour trouver 2 millions de dollars afin de bâtir 15 unités de logement. C'est un combat insurmontable.
Lors d'échanges avec Logement Manitoba, nous avons constaté que les régions éloignées ne sont pas considérées de la même façon que les collectivités du nord, qu'on ne peut leur accorder un traitement préférentiel et qu'on n'admet pas qu'il est plus difficile de trouver des fonds dans ces régions.
Il existe un nouveau programme intitulé Logement abordable qui nous vaut exactement le même discours : vous n'êtes pas dans le nord ou vous n'êtes pas ceci ou cela. Peu importe, nous continuerons d'explorer cette voie.
L'état de santé de la population de la municipalité rurale de Piney, par exemple, dépend véritablement du manque de ressources. Dans mon mémoire, j'en parle un peu. Nous avons notamment constaté qu'il fait effectivement bon vivre dans les petites collectivités éloignées. Les gens s'y sentent à l'aise, leurs voisins les aident et ce sont des lieux merveilleux où résider. Ils préfèrent courir un risque sur le plan de la santé plutôt que de déménager. Faute d'investir davantage de ressources sur place, il sera très difficile pour le système de soins de santé de répondre aux besoins de la population. C'est ce qu'on constate quand on finit par admettre certains patients de ces régions dans les hôpitaux parce que leur séjour est alors beaucoup plus long que pour le reste de la population. J'ai quelques statistiques avec moi, mais je ne vais pas vous les lire, puisque vous recevez ce rapport. Le taux brut de mortalité est également beaucoup plus élevé. Pour tout dire, il s'agit de la région la plus pauvre et la moins en santé où il est difficile de répondre aux besoins de la population.
Nous avons imaginé un super modèle s'articulant autour d'un centre de santé primaire qui existe déjà à Sprague. Nous voulons ajouter un foyer de soins personnels de 12 lits et une unité de logement avec services de soutien de huit lits. Il s'agirait d'une unité spéciale susceptible d'être transformée en foyer de soins personnels ou en logements avec services de soutien, selon les besoins, ce à quoi la collectivité ajouterait 15 unités de logement pour personnes âgées. Le soutien médical serait assuré par le médecin du centre de soins de santé primaires qui donnerait des conseils en matière de vie saine. Nous croyons que c'est un modèle fantastique et nous continuons de nous battre pour le mettre en place, mais il faut effectivement parler de combat parce que nous manquons d'argent dans cette région éloignée.
S'agissant de la prévention des maladies, j'ai adoré votre document et la façon dont vous en parlez, parce que c'est tout simplement emballant. J'estime que c'est ce qu'il faut faire pour que les gens vivent en santé plus longtemps. Je suis ravie de voir Dianna White ici, parce que son organisation a fait de grandes choses dans notre région, tout comme certains conseillers en services communautaires. En revanche, nous constatons que nous n'avons pas suffisamment de moyens, notamment financiers, pour débloquer le personnel nécessaire à la prestation de ce genre de services. Vous en avez sans doute déjà entendu parler avant, mais c'est une réalité.
Nous avons trouvé fantastique le programme Living It Up. Je ne sais si vous le connaissez, mais il s'agit d'un programme de nutrition et d'exercice à l'intention des aînés. Il comporte six modules ayant été élaborés par un étudiant en nutrition de Winnipeg. Moyennant un minimum de formation, nous avons pu entraîner des néophytes pour qu'ils puissent travailler avec les conseillers de service à la prestation de ces modules. Les aînés se présentent en foule, parce qu'ils apprennent beaucoup, mais qu'ils s'amusent également beaucoup. Nous avons également mis la main sur une nouvelle trousse concernant la toxicomanie et l'alcoolisme préparée par Partners Seeking Solutions. Au Collège de police, la GRC offre des cours sur la sécurité personnelle.
Nous commençons à mettre la main sur tous ces produits. Nous pouvons utiliser des gens qui ne sont pas de véritables professionnels de la question mais qui, moyennant une formation et un soutien suffisants parviennent à mobiliser les aînés qui désirent alors participer. Cette information est très en demande et nous aimerions pouvoir appuyer les groupes communautaires qui offrent de tels services.
Pour l'instant, l'office régional de la santé ne verse plus rien pour ce genre d'activité, parce qu'il n'y a plus de fonds à cette fin, mais ce serait fantastique de pouvoir en trouver.
Le district central de notre région éprouve d'énormes besoins. L'office régional de la santé a élaboré une stratégie de soins de longue durée. Dans ce district, essentiellement composé de Steinbach et de la municipalité régionale de Hanover, on trouve un grand nombre de personnes âgées et la liste d'attente pour accéder à des foyers de soins personnels est très longue. Nous avons déjà eu 130 noms sur cette liste dans notre région, pas uniquement pour le district central, mais en grande partie tout de même. Or, nous n'avons que 160 lits en foyer de soins. Au cours des 30 dernières années, le nombre de lits en foyer de soins personnels dans la région de South Eastman n'a pas changé, mais notre population, elle, a beaucoup changé. Il y a sept foyers de soins personnels pour un total de 334 lits et les besoins sont énormes, surtout dans le district central. Je tenais simplement à vous le signaler.
Dianna White, directrice générale, Steinbach 55 Plus : Je m'appelle Dianna White et je suis directrice générale de Steinbach 55 Plus. Nous nous trouvons dans la ville de Steinbach, et il y a tout juste quatre ans, nous avons acheté un grand centre d'un peu plus de 15 000 pieds carrés. Notre mission consiste à promouvoir un mode de vie sain et actif auprès des aînés, mode de vie axé sur les éléments qui constituent le bien-être, soit les dimensions sociale, émotionnelle, mentale et physique. Pour cela, nous conduisons des activités et assurons des services programmés et nous administrons un groupe de bénévoles afin d'aider les aînés à demeurer autonomes au sein de leurs collectivités et de continuer à contribuer à la société dans laquelle ils vivent.
Pour ce qui est des services de soutien dans le domaine de la gestion des services aux aînés, nous suivons les orientations de Mme Nilsson-Barkman et nous sommes financés par l'office régional de la santé. Toutefois, le centre des aînés, qui fait la promotion d'une vie saine et active, doit trouver 70 p. 100 de son budget, en plus de ce qu'il reçoit de l'office régional de la santé. Nous consacrons énormément de temps et d'efforts pour trouver des fonds afin de maintenir les programmes en vie.
Une coordonnatrice des services communautaires travaille à partir du centre et nous administrons deux programmes de repas, l'un à Steinbach et l'autre à Grunthal. Nous offrons aussi un programme de jour, à raison de deux jours par semaine, en partenariat avec le service de soins de santé à domicile. Vous savez, nous sommes très occupés à Steinbach 55 Plus.
Je confirme les besoins exprimés par Mme Nilsson-Barkman parce que nous en sommes très conscients, mais nous sommes le seul centre pour aînés dans la région de South Eastman. Si nous ouvrons nos portes à tous les aînés du coin, notre principal secteur de services est Steinbach et peut-être aussi la municipalité régionale de Hanover, jusqu'à Sainte- Anne et La Broquerie, mais dans une moindre mesure. Quoi qu'il en soit, le secteur est très restreint et, encore une fois, tout se ramène à un problème de transport et de distance. Nous encourageons tous les aînés de la région à venir nous voir et à participer à nos activités.
Au début du mois d'avril, j'ai été invitée à participer à un groupe de travail rural portant sur la question des aînés, à Winnipeg, et, lors de cette séance d'un jour, nous avons abordé exactement les mêmes sujets que ceux mentionnés dans votre rapport. Il a donc été question de transport, de soins de longue durée, de nutrition et de santé ainsi que de mode de vie sain. Il est certain que le logement abordable est une grosse question.
Notre centre a constaté un autre grand problème qui préoccupe beaucoup les aînés : je veux parler du faible nombre de médecins dans la collectivité. D'après les statistiques accessibles sur le site Internet, nous aurions actuellement 20 médecins qui pratiquent dans deux cliniques en plus de trois ou quatre autres qui travaillent à l'Hôpital Bethesda.
Nous avons récemment appris que quatre de ces médecins vont quitter la région. Ceux qui sont actuellement en place, les 20 que j'ai mentionnés, ne peuvent plus accepter de nouveaux patients. Il est préoccupant de constater que nous sommes en présence d'une population vieillissante qui a adhéré au plan de mode de vie saine et active, mais qui a encore besoin des services d'un médecin et qui en aura de plus en plus besoin dans l'avenir. Or, le nombre de médecins ne cesse de diminuer.
Selon une estimation effectuée la semaine dernière, 5 000 résidants de Steinbach et de la région immédiate pourraient ne pas avoir de médecin de famille. Imaginez donc ce que sera la situation après le départ de ces médecins, même au service d'urgence de l'Hôpital Bethesda. De plus, il leur en coûte cher de venir ici.
Voilà un problème que nous avons constaté à Steinbach 55 Plus. Imaginez que vous ayez 75 ans, que vous soyez diabétique ou que vous fassiez de l'hypertension, que vous deviez voir votre médecin tous les trois mois pour être contrôlé et obtenir une nouvelle ordonnance, et que vous appreniez soudainement que votre médecin s'en va et que les autres ne prennent pas de nouveaux patients. Voilà un problème que nous avons constaté à 55 Plus.
Le sénateur Mercer : Madame Krentz, vous venez de nous interpeller en nous lançant deux choses importantes. Vous avez parlé de permettre un seul déménagement des aînés plutôt que quatre ou cinq au minimum, comme c'est actuellement le cas. Votre prescription, comme vous pouvez vous en doutez, est difficile à suivre. Jusqu'ici, nous avons constaté que cela n'a été réalisé que dans quelques centres. Il y en a un, dans ma ville natale, qui offre tous les niveaux de soins, jusqu'aux soins palliatifs. Cela veut dire qu'une personne doit d'abord emménager dans un logement avec services de soutien en compagnie de sa conjointe ou de son conjoint. Au fil du temps, le couple déménage à l'intérieur du complexe, dans l'un des quatre bâtiments disposés autour des services communs. Cela fonctionne-t-il ou pensez- vous qu'il faille davantage?
Mme Krentz : Comme je le disais, il faudrait idéalement se limiter à un seul déménagement, mais je ne suis pas certaine de la façon dont tout cela pourrait se produire. Ça fait très longtemps que j'en rêve. Il existe de nombreux modèles. Il est un aspect auquel je réfléchissais tout à l'heure, au volant, en venant ici — un aspect dont personne n'a vraiment parlé — c'est la sexualité des aînés. Les gens gardent des besoins sur ce plan, pas forcément sexuels, mais d'ordre affectif, parce qu'ils veulent que leur conjoint ou leur conjointe continue de s'occuper d'eux dans le cadre d'une relation étroite. Or, on sépare les couples, même dans ce genre de complexe.
Je n'ai pas de solution à proposer, je n'ai qu'un rêve à énoncer. C'est pour cela que je vous en ai fait part, parce que je pensais ainsi interpeller tout le monde. C'est un rêve qui nécessite la mobilisation de certaines ressources. À partir de ce modèle, à propos duquel je n'ai rien de concret à proposer, il sera possible de faire appel aux résidants afin qu'ils aident les autres résidants. Je sais qu'il existe de nombreux modèles, comme celui que vous avez décrit, sénateur Mercer, mais personnellement, j'irais au-delà. Je ne sais pas exactement comment. C'est un rêve, mais si l'on ne cherche pas à réaliser ses rêves, on finit par refaire la même chose encore et encore. Même pour les couples que l'on déménage d'un endroit à l'autre au sein d'un même complexe, le changement est important, surtout dans le cas des personnes atteintes de démence. Avec l'âge, les capacités cognitives diminuent énormément.
Le sénateur Mercer : C'est certes un rêve que vous entretenez, mais vous n'êtes sans doute pas la seule. Beaucoup partagent ce rêve avec vous.
Madame Nilsson-Barkman, vous avez parlé d'aînés qui sont prêts à prendre des risques au sein de leur collectivité plutôt que de déménager. Pourriez-vous nous expliquer davantage ce que vous entendez par là?
Mme Nilsson-Barkman : Il y a quelques années, nous nous sommes livrés à un examen dans le cadre de notre programme de soins à domicile parce que nous voulions appliquer ce modèle à la municipalité rurale de Piney. Cette étude a permis de constater que certaines personnes à qui il était difficile de dispenser des soins, qui demeuraient chez elles, auraient dû être placées en foyer de soins. Elles avaient besoin de services beaucoup plus complets que ceux normalement offerts dans le cadre de soins à domicile, mais elles ne voulaient pas partir de chez elles. Elles préféraient rester dans leur collectivité, même en sachant qu'elles couraient un risque. Ce genre de situation est également très difficile pour les fournisseurs de soins qui sont appelés à offrir une prestation qui sort de leur zone de confort de professionnels.
Le sénateur Mercer : C'est également un problème dans les petites collectivités des régions rurales éloignées.
Mme Nilsson-Barkman : Ces personnes ont passé toute leur vie sur place et c'est le mode de vie qu'elles ont choisi. Pour elles, c'est un lieu très spécial. En parlant avec ces gens-là, je me rends bien compte de ce qu'elles ressentent. Personnellement, ce n'est pas ce que je choisirais, mais si on les déménage dans un grand centre, elles ont l'impression d'être déplacées. La seule autre solution serait Steinbach qui demeure une grosse agglomération pour ces gens-là. Pour vous et pour moi, ce serait différent.
Le sénateur Mercer : Vous avez toutes trois traité également de la question du logement. Je pense vous avoir entendu dire que le nombre d'unités de logement était demeuré inchangé.
Mme Nilsson-Barkman : Le nombre de lits en foyer de soins personnels dans la région n'a pas changé en 30 ans. Nous avions quelques foyers de soins qui ont été remplacés par des nouveaux, tout beaux, mais sans augmentation du nombre de lits.
Le sénateur Mercer : Et en même temps, la population vieillit.
Mme Nilsson-Barkman : Effectivement. L'autre difficulté à laquelle Mme Krentz a fait allusion, c'est que les aînés moyens que l'on place ne veulent pas se retrouver au milieu de gens qui ne sont pas normaux. C'est un peu la difficulté que présente le fait de vouloir vieillir en un lieu donné. Supposons que quelqu'un aille dans un foyer pour aînés, dans un logement-service avec repas et autres services de soutien, et qu'on ajoute éventuellement même un élément de soins à domicile. En revanche, dès l'instant où vous n'avez que des malades, vous n'êtes plus dans un milieu sain pour certains et cette idée de déménagement unique ne tient plus. C'est une idée merveilleuse, mais je ne vois pas comment la réaliser. On n'y parviendra que jusqu'à un certain point. Seriez-vous d'accord avec l'idée de deux déménagements?
Mme Krentz : Un seul.
Le sénateur Mercer : Ce serait merveilleux de pouvoir négocier cela, mais nous n'avons même pas les installations nécessaires pour nous limiter à deux déménagements.
Par rapport aux témoins qui vous ont précédées, il a beaucoup moins été question avec vous de transport. Certaines d'entre vous ont parlé du transport en vue d'aller à un rendez-vous médical. Avec le groupe de témoins précédent, il a surtout été question des Autochtones vivant dans les régions rurales éloignées et dans les régions urbaines. Le nombre de bénévoles offrant des services de transport est-il suffisant? Cela répond-il à vos besoins ou vous retrouvez-vous avec des patients qui n'obtiennent pas les services médicaux nécessaires par manque de bénévoles?
Mme Nilsson-Barkman : Il est difficile de faire transporter certaines personnes à bord de véhicules de bénévoles. Ce sont généralement des membres de la famille qui doivent alors s'en occuper et ce sont les soins à domicile qui s'en chargent. Dans le travail que j'effectue, je me trouve au palier qui précède celui des soins à domicile. Ce serait donc une excellente question à poser aux gens des soins à domicile, parce que les personnes ayant besoin de transport doivent effectivement consulter un spécialiste ou un généraliste. Je ne sais pas exactement qui s'en occupe, mais les patients ayant des besoins spéciaux ne sont certainement pas pris en compte par les Services aux aînés. Dès qu'on juge que leur transport n'est pas sûr, les Services aux aînés courraient beaucoup trop de risques en confiant ces personnes à des chauffeurs bénévoles.
Le sénateur Mercer : Il y a aussi la question des assurances pour les bénévoles. Ces gens-là sont-ils correctement assurés pour offrir ce genre de service?
Mme Nilsson-Barkman : Par le truchement de l'office régional de la santé, nous avons étendu notre assurance High Rock aux programmes communautaires et de services aux résidants dans la région. Nous avons inscrit tous ces services, offerts par Services aux aînés, dans notre police d'assurance. Jusqu'ici, nous n'avons pas eu à faire de déclaration de sinistre.
Le sénateur Mercer : Touchez du bois.
Mme Nilsson-Barkman : Je vais prendre ma retraite dans quelques mois et j'espère y parvenir, parce que n'importe quoi pourrait se produire d'ici là.
Le sénateur Mercer : Nous vivons au Canada où les hivers sont rudes et où les conditions météorologiques sont plutôt bizarres.
Mme Nickel : J'ai quelque chose à dire au sujet du transport. Je vis à Stuartburn qui est une municipalité rurale éloignée. Pour vous donner un exemple, mon époux ne va pas à Winnipeg en voiture, parce qu'il réside à Stuartburn et qu'il n'est pas nécessaire d'aller en ville très souvent. Il fréquente plutôt le centre commercial voisin. Un jour, cependant, quand notre enfant s'est cassé la jambe, je me suis retrouvée derrière le volant, plutôt que de jouer mon rôle de mère qui se tient auprès de son enfant, parce que mon époux ne conduit pas jusqu'à Winnipeg.
C'est ainsi que nous en sommes venus, au sein de la collectivité, à offrir un système de soutien aux personnes qui ne conduisaient pas très loin. Je prends des jours de congé pour accompagner des voisins à Winnipeg. Les gens coordonnent leurs rendez-vous et essaient de profiter du même véhicule.
Pour ce qui est des soins à domicile, il arrive souvent que les gens font appel au « handi-van ». En revanche, il m'est souvent arrivé de constater, quand je travaillais à l'Hôpital Vita, que des gens se font transporter en ambulance jusqu'à l'hôpital, ce qui n'est probablement pas la meilleure solution.
Mme Nilsson-Barkman : Je suis au courant.
Mme Nickel : C'est l'autre mode de transport possible.
Le sénateur Mercer : Ce n'est cependant pas une façon efficace d'utiliser le système de soins de santé, n'est-ce pas?
Mme Krentz : Je travaille à Grunthal qui fait partie de la municipalité rurale de Hanover, dans la région de Steinbach. À part le foyer de soins personnels, aucun service de soins de santé n'est assuré dans la région de Grunthal où vivent un millier de personnes. Comme nous essayons de servir les patients ayant besoin de subir des analyses sanguines, nous faisons venir les laborantins sur place, au foyer de soins personnels. Nous essayons d'étendre ce service à la collectivité, mais nous n'avons pas vraiment d'infrastructures de soutien. Le besoin de transport est donc réel, même à Grunthal, qui n'est pas très loin de Steinbach, et cela c'est sans parler des régions éloignées. C'est un énorme problème.
Le sénateur Mercer : A-t-il été question de deux autres types de prestation de services de soins de santé, c'est-à-dire la télésanté et les infirmières praticiennes? Ces formules pourraient-elles être une solution?
Mme Krentz : Je me propose de parler des infirmières praticiennes. Je pense que le recours à cette catégorie de personnel nous aiderait beaucoup à régler les problèmes constatés dans les soins de santé primaires, du moins en ce qui concerne la gestion des maladies chroniques et autres dans les régions éloignées. Je pense effectivement que cette formule serait utile.
Toutefois, il n'y a pas que les infirmiers et infirmières qui pourraient aider sur ce plan. Comme l'a dit Mme White, nous sommes en pénurie de médecins. Au foyer de soins personnels, cela fait huit mois que nous essayons de nous débrouiller avec un seul médecin qui doit répondre à tous les besoins de nos résidants. C'est un énorme combat, et nous n'avons pas suffisamment de ressources. Il y a actuellement une infirmière praticienne à l'Hôpital Bethesda, au service des urgences. Je sais que l'office régional de la santé envisage d'en engager davantage, mais tout cela est tellement nouveau. En revanche, ce pourrait être une solution viable. Malheureusement, je suis moi-même infirmière et je ne pense pas que le personnel infirmier devrait se substituer aux médecins, même si je suis tout à fait favorable au programme d'infirmières et infirmiers praticiens, car j'estime que les infirmières ne doivent pas remplir ce rôle sous prétexte qu'il y a une pénurie de médecins. Je crois dans la promotion des soins infirmiers en tant qu'exercice d'une profession, d'une discipline. La question qu'il faut se poser est celle du rôle que l'on doit remplir dans l'avenir. Ce n'est pas uniquement parce qu'il manque de médecins à l'heure actuelle que nous devons promouvoir la relève par des infirmiers et des infirmières.
La présidente : Je vais revenir sur la question du sénateur Mercer au sujet du risque et sur les réponses que vous avez données. Nous nous sommes entretenus avec beaucoup de spécialistes du droit des aînés Ces gens-là vous diront que si je veux courir un risque, c'est mon choix et que personne ne peut me priver de mon droit de citoyenne en me disant que je ne peux pas prendre tel ou tel risque. Qu'en pensez-vous, madame Nilsson-Barkman?
Mme Nilsson-Barkman : Quand nous avons examiné la question des lits en foyer de soins personnels dans cette région éloignée, je ne me suis pas entretenue avec les aînés eux-mêmes, mais avec les travailleurs de soins à domicile. Ces gens m'ont dit estimer que les aînés auraient accepté de déménager s'il y avait eu un établissement dans la collectivité où ils auraient pu retrouver des voisins. Plutôt que de déménager hors de la collectivité, ils préfèrent courir un risque et mourir sur place. Ils y sont chez eux.
La présidente : Malheureusement, quand vous vivez dans des régions rurales et encore plus dans des régions rurales éloignées, vous ne pouvez pas construire une unité de soins personnels de huit ou de 15 lits. Vous risquez alors de vous retrouver dans une situation où un grand nombre de clients occupant les lits de soins personnels sont atteints de démence grave. Les autres ne voudront pas se retrouver dans cet environnement, parce qu'ils ne voudront pas être en présence de ces gens qui — et je pense que c'est l'une d'entre vous qui en a parlé — sont anormaux. Les autres patients, eux, sont encore normaux et ne veulent pas se retrouver aux côtés de personnes qu'ils jugent anormales.
Le manoir Northwood, qui est le centre dont le sénateur Mercer a parlé, a sept ou huit étage. Certains de ces étages sont réservés à des patients atteints d'Alzheimer ou de démence, et il y a d'autres étages pour patients que nous appellerons normaux. Dès lors, si vous n'avez que quelques lits et que, le temps aidant, la démence et l'Alzheimer deviendront éventuellement de véritables problèmes, vous risquez de vous retrouver dans une situation très difficile. C'est particulièrement le cas en présence d'une population qui, plutôt que d'être âgée en moyenne de 82 ou 83 ans, aura 85 ou 86 ans. Nous savons que l'incidence de la démence augmente très rapidement à partir d'un certain moment. Qu'en pensez-vous?
Mme Nilsson-Barkman : Quand nous avons examiné ce modèle pour la municipalité rurale de Piney, nous savions qu'il fallait parvenir à une masse critique. Il nous fallait procéder par étapes parce qu'en soi, un foyer de soins personnels de 12 lits n'est pas viable. Il faut parvenir à une unité de 20 lits, pour avoir un personnel suffisant et une situation financière saine. Nous nous étions dit que nous pourrions réserver huit de ces lits à une unité spéciale de type polyvalent afin d'accueillir, plutôt que des patients du foyer de soins personnels, des personnes souffrant de démence à des degrés divers. Ces personnes pourraient participer à des activités communes avec les patients dits normaux et faire l'objet de services normalement offerts par le centre des soins de santé primaires. Ce n'est pas une situation idéale, mais au moins on assure une certaine normalité. Nous nous étions dit que pour parvenir à un centre économiquement viable, il nous fallait miser sur tous ces éléments et essayer d'en répartir correctement l'utilisation.
Mme Nickel : Je pense que tout cela dépend en partie du sens d'appartenance à la communauté. Les gens dont nous parlons viennent d'une région. Nous acceptons des résidants qui viennent de tous les coins de South Eastman. Certains veulent venir à Steinbach parce que leurs enfants y vivent. Et puis, il y a ceux qui préfèrent rester à Piney ou à Vita également parce que leurs enfants sont là-bas.
D'un autre côté, les aînés qui ne sont pas gravement malades et qui sont admis dans ce genre d'établissement se retrouvent aux côtés de leurs voisins de 20 ans, qu'ils ont probablement aidés il y a dix ans de cela, tandis qu'eux- mêmes ont maintenant besoin de services. Il y en a qui ne veulent pas être logés à la même enseigne que des personnes qu'ils ne jugent pas en aussi bonne santé qu'eux. Il demeure que, quant à moi, ils chercheront alors à être utiles dans ce genre de situation ou à voir comment ils pourront donner un coup de main à ceux qui en ont besoin. C'est ce sens de la communauté qui fait que les gens sont très indulgents.
Les deux cas de figure sont donc possibles. En un sens, je vois une gêne dans tout cela. Rest Haven compte deux étages mais qui ne sont pas séparés entre personnes démentes et personnes non démentes. Très souvent, les deux groupes de patients créent des liens étroits entre eux, parce qu'ils vivent les uns sur les autres et qu'ils agissent en conséquence. Au besoin, on en voit certains qui dirigent le patient dément vers la porte. Ils peuvent aider la personne à se nourrir si nécessaire. On aboutit à une minisociété tricotée serrée.
La présidente : Quand j'ai parlé de courir des risques, je vous ai vu faire un signe de la tête, madame Porter, vouliez- vous intervenir?
Pat Porter, présidente, Steinbach 55 Plus : Je pense qu'en vieillissant on accepte sans doute de prendre des risques. Personnellement, cela fait 32 ans que j'habite ma maison. Je ne pense pas encore courir de risques, mais qui sait quand le temps viendra. Reste à savoir si je déciderai à un moment donné de continuer à vivre seule. Évidemment, je pourrais toujours faire appel aux services de soins à domicile qui sont offerts à Steinbach.
Le sénateur Chaput : Madame la présidente, je n'ai pas de questions à poser, parce que le sénateur Mercer me les a toutes volées. Pendant qu'il posait ses questions, j'ai eu l'occasion de jeter un coup d'œil sur mes notes. J'ai beaucoup apprécié vos exposés et ce que vous nous avez dit. Il y a bien des choses dont on nous a parlé auparavant, de façons différentes, mais je vois un lien dans tout cela et les défis auxquels vous êtes confrontés sont précisément ceux auxquels nous nous heurtons partout au Canada.
Le sénateur Cordy : Nous devons encore nous rendre à Vancouver et à Victoria, mais nous avons sillonné la côte Est, le centre du pays et nous sommes maintenant dans le véritable Canada central, qui n'est pas l'Ontario. À la faveur de nos déplacements un peu partout, nous avons entendu exactement les mêmes choses qu'à Ottawa.
Permettez-moi de revenir sur la question des transports parce que nous avons, et je devrais plutôt dire j'ai, un véritable problème sur ce plan. Quelle est la solution? Nous avons envisagé de faire remettre des laissez-passer d'autobus aux aînés qui travaillent dans les régions urbaines, mais cela fonctionne pour ceux qui ne sont pas handicapés. Tout à l'heure, quelqu'un a émis l'idée d'un avantage fiscal pour l'achat de laissez-passer d'autobus, solution qui fonctionne si l'on fait suffisamment pour payer des impôts, si l'on vit dans une région urbaine, si l'on n'a pas de handicaps et si l'on peut emprunter les transports en commun. Autrement dit, cela ne concerne qu'un nombre limité d'aînés. Les véritables problèmes se posent dans les régions rurales.
Je viens de Nouvelle-Écosse, qui est une province essentiellement rurale si l'on excepte Halifax, Sydney et Cap- Breton, dans la région industrielle. Il suffit de lire les journaux de temps en temps pour se rendre compte de l'ampleur des problèmes : tel autocar de Halifax à Yarmouth ou Annapolis Valley a été annulé. Le problème peut également tenir au fait que l'autocar part à 8 heures du matin de Windsor pour aller à Halifax mais que le retour n'est assuré que le lendemain. Vous n'avez alors d'autre choix que de prendre un hôtel. Je sais que nous en avons un peu parlé, même cet après-midi.
Quelles solutions pourriez-vous nous recommander? Nous souhaiterions en effet faire des recommandations dans notre document et dans notre rapport. Il est très difficile de trouver une solution qui convienne à la majorité. Je ne sais pas si vous parviendrez à en trouver une qui soit universelle, étant donné qu'il a été question de la différence entre régions rurales et régions urbaines. Nous savons également que, comme ce sont des aînés qui en aident d'autres, le nombre de bénévoles diminue à cause des prix du carburant. Voilà tous les défis auxquels nous songeons. Avez-vous la solution?
Mme Krentz : Je n'ai pas de solution à proposer, mais énormément de rêves.
Il a été question de bien des choses dans l'évaluation de la santé à South Eastman, notamment du transport. Le fait que le enfants transportent leurs parents âgés, comme Mme Nickel le disait, parce qu'il n'y a pas d'autres services, a une répercussion sur l'économie de la région.
Le revenu de la population de la municipalité régionale de Hanover est inférieur à la moyenne provinciale. Beaucoup de ceux qui doivent prendre des jours de congé au travail, par exemple à Loewen Windows, que ce soit pour se soigner eux-mêmes ou pour transporter un malade à l'hôpital, ne sont pas rémunérés. Les coûts du transport sont énormes et c'est la personne qui doit s'absenter du travail qui en subit les conséquences.
Je réside entre Steinbach et Grunthal. Comme je le disais tout à l'heure, Grunthal est une petite agglomération où règne un merveilleux sens de la communauté. On y constate une véritable cohésion due aux relations entre les gens, au sens d'appartenance qui repose sur la croyance religieuse, puisque l'église joue un rôle très important au sein de la collectivité. Il existe donc, à Grunthal, un grand sens de la communauté et la notion de services aux autres. Nous avons un « handi-van » et rien de plus. Ainsi, à moins d'appeler le handi-van ou l'ambulance, il n'y a pas d'autre solution si ce n'est les amis, les membres de la famille et les bénévoles. Il n'y a pas d'autre solution, si ce n'est le fait qu'on peut compter sur le soutien des autres grâce à cet esprit communautaire. Si vous voulez un taxi, vous devez le faire venir de Steinbach, à 27 kilomètres de là.
Mme Nickel : Nous n'avons rien, si ce n'est un cheval.
Mme Krentz : Eh bien moi, je rêve beaucoup, mais je n'ai pas de solutions.
Mme Nilsson-Barkman : Les autocars Grey Goose.
Mme Nickel : Non, il n'y a pas d'autocars qui desservent Vita. Avant, c'est ainsi que l'hôpital faisait transporter les analyses de laboratoire, mais de nos jours, il faut recourir à des bénévoles pour toute analyse dans la région.
J'aime beaucoup l'idée du minibus de Mme Nilsson-Barkman. Il pourrait s'agir d'un véhicule modifié pour embarquer des chaises roulantes. Mon mari vient tout juste de refuser à notre voisin de le transporter à l'hôpital, parce que celui-ci pèse 300 livres et que mon époux n'est plus capable de l'aider à monter et à descendre. Il n'y a donc plus d'autre solution que le « handi-van ». Toutefois, pour que le « handi-van » vienne le prendre pour aller à l'Hôpital Vita, il lui faut verser 80 $, ce qui devient inabordable dans notre région.
Il est certain qu'un minibus serait beaucoup plus économique, parce que le volume n'est pas là. Nous avons bien notre handi-van à Rest Haven, mais la solution n'est pas viable. Nous recourons plutôt au « handi-van » de Steinbach dans toute la mesure du possible, parce qu'il nous en coûte moins cher de transporter nos résidants à bord du « handi- van » de Steinbach que d'utiliser le nôtre.
En ville, il y a les handi-vans, mais dans les régions rurales, il faut en grande partie faire appel à des bénévoles. Il va falloir trouver d'autres solutions parce que de plus en plus de gens de ma génération travaillent loin de chez eux. On ne peut pas aller travailler, puis décider de rentrer à la maison pour prendre quelqu'un en charge. Personnellement, je transporte beaucoup de mes voisins en différents endroits, mais je ne peux pas faire tout cela toute seule, pas plus que tous les bénévoles d'ailleurs.
Le sénateur Cordy : Et puis, il y a les problèmes associés aux enfants. En Nouvelle-Écosse, beaucoup de jeunes résidant dans les régions rurales vont à Halifax ou en Alberta. Il y a bien des années, ce sont des membres de la famille qui se seraient principalement occupés de leurs aînés, mais ce n'est plus forcément le cas.
Moi aussi, je suis intéressée à Steinbach 55 et au Club de l'Amitié. Il y a de fortes chances que ceux et celles qui font du bénévolat dans leur jeunesse continuent de faire la même chose au troisième âge. C'est la même chose pour les jeunes qui fréquentent les centres d'amitié ou, à Halifax, le Club 55, un peu comme Steinbach 55 Plus.
Administrez-vous un programme d'extension des services? Il a été question d'isolement des aînés. Pour certaines raisons que j'ai mentionnées plus tôt, les familles ne se trouvent plus dans leur région d'origine et même dans les villes les aînés peuvent être isolés. Dans les régions rurales, quand la famille n'est plus présente, comment faites-vous pour atteindre les aînés afin qu'ils deviennent actifs au sein de la collectivité?
Mme Nickel : Dans le sud-est, il existe différents petits centres pour aînés; ils ne sont pas officiels, mais sont autant de groupements qui organisent des activités semblables à celles de salles communautaires qui tiennent des bingos certains soirs. Ils offrent un service de soutien à leur mesure. C'est le cas de Tolstoy, de Roseau River et d'autres petites agglomérations semblables. Je ne sais pas s'il y a d'autres coins comme cela. Je sais que Piney organise des ateliers de fabrication de mocassins l'hiver et qu'il y a des classes d'artisanat dans la région de Sprague.
Mme White : La plupart des clubs d'aînés de la région de South Eastman appartiennent au Conseil des aînés d'Eastman et il faut verser un droit d'adhésion de 20 $ par an pour y participer. Ces clubs organisent des événements sociaux qui permettent aux gens de se regrouper, mais aussi d'être informés et de nouer des liens avec les autres clubs.
Les clubs sont un peu différents parce qu'ils sont chapeautés par un conseil ou par un comité, tandis que le centre d'aînés peut compter sur un personnel et qu'il est régi par un conseil d'administration. Le nôtre, qui compte 12 membres, est responsable envers les membres et envers l'office régional de la santé relativement à la bonne utilisation des fonds en fonction des services achetés.
Nous faisons notre publicité dans le quotidien local afin que tout le monde soit toujours au courant des programmes et des activités et que notre centre soit un lieu d'accueil. Beaucoup de gens décident de participer en faisant du bénévolat, même au centre des aînés. Les nouveaux arrivants dans la collectivité savent qu'ils sont les bienvenus et qu'ils peuvent apporter une contribution. Puis, au fur et à mesure qu'ils ont besoin de services, ils découvrent les différentes étapes à franchir. Nous nous considérons comme un guichet unique pour les aînés résidant dans notre collectivité. Ceux qui sont en bonne santé peuvent décider de faire du bénévolat, de mener une vie saine et active. Nous avons un laboratoire informatique où les bénévoles peuvent venir aider les autres à découvrir les secrets de l'ordinateur. Nous donnons également des classes de conditionnement physique, de tai chi et de marche en centre commercial abri. La semaine dernière, nous avons tenu un atelier sur les soins de longue durée, atelier qui s'adressait à tout le monde et auquel bien des gens ont participé.
Nous essayons d'offrir tous ces services en espérant que les gens participeront et s'informeront. Nous pouvons publier gratuitement dans le journal local et nous y avons une rubrique dans laquelle nous pouvons annoncer tout ce que nous faisons. Même la station radio locale fait sa part en nous donnant du temps d'antenne pour nos promotions, très souvent moyennant un coût minime ou nul. C'est ainsi que nous espérons parvenir à sensibiliser la population.
Notre coordonnatrice des services communautaires fait des visites amicales et les enfants d'aînés peuvent nous appeler pour nous dire que leur mère ou leur père vit seul et qu'il serait bien que quelqu'un lui rende visite. Notre coordonnateur des recherches les met alors en correspondance avec un bénévole qui effectue ce genre de visite amicale. Dans le cas de ces bénévoles, nous effectuons une vérification de confidentialité et la police fait également un contrôle pour s'assurer qu'il n'y aura pas de problèmes à permettre à ces visiteurs de pénétrer dans les foyers de personnes âgées. Ce genre de programme est également très couru.
Notre coordonnatrice s'occupe aussi du programme de transport qui est beaucoup sollicité mais qui, comme les autres programmes d'ailleurs, n'est pas toujours adéquat. Le problème se pose tout particulièrement dans le cas des personnes à mobilité réduite. Le « handi-van » est utilisé prioritairement pour des demandes de transport associé à des soins médicaux. La personne en chaise roulante qui veut aller faire ses achats n'est donc pas prioritaire. Tout ce qui n'est pas services médicaux et de santé passe en deuxième place. Le transport pose aussi un problème à cause de cela. Je n'ai pas de réponses à vos questions.
Le sénateur Cordy : Bien.
La présidente : C'est un véritable problème depuis bien des années, surtout au Manitoba. Ce que je veux dire, c'est que 65 p. 100 de la population de la province se trouve à Winnipeg qui a toujours absorbé la plus grande part des services, ce qui est normal en un sens étant donné qu'une majorité de Manitobains vivent dans ce centre urbain. A-t-il déjà été question, dans les régions de la santé, d'offrir un service de transport gratuit des collectivités environnantes à Winnipeg?
Mme Nickel : Pas à ce que je sache.
Mme Krentz : En fait, nous venons tout juste d'apporter un changement au service d'ambulance. Si je ne m'abuse, c'était il y a un peu plus d'un an, à l'automne. À ce moment-là, je travaillais à la salle d'urgence de l'Hôpital Bethesda. Avant, un accidenté de la route à Steinbach était transporté par ambulance jusqu'à l'Hôpital de Winnipeg, parce qu'il n'y a pas de services en région. Le patient était alors facturé pour ce transport au Centre des sciences de la santé ou à l'Hôpital Saint-Boniface de Winnipeg.
Les frais de transport d'un résidant de Bethesda qui devait aller passer un tomodensitogramme à Winnipeg étaient absorbés par l'hôpital. Santé Manitoba a récemment changé tout cela dans le cas du transport par ambulance. Désormais, en cas de nécessité médicale, peu importe qu'il y ait voyage retour ou pas, si le transport est autorisé par un médecin, il n'en coûte rien au patient. L'économie est considérable. Avant, les gens devaient payer toutes sortes de frais supplémentaires. Le blessé de la route était traumatisé à cause de son accident et, en plus, on ne pouvait pas lui offrir les services nécessaires sans qu'il soit tenu de payer, étant donné qu'aucun service du genre n'était offert sur place. C'était catastrophique en ce qui me concerne et Santé Manitoba a réagi comme il se devait.
En ce qui concerne les foyers de soins personnels, Santé Manitoba cherche à attirer des professionnels dans les foyers de soins personnels, surtout dans le domaine des soins infirmiers. Le ministère a débloqué des budgets supplémentaires pour cela. Dans la région, nous venons d'établir le nombre d'heures de soins infirmiers dont nous aurions besoin. Nous visons à offrir 3,6 heures de soins directs à chaque résidant de foyer de soins personnels, ce qui rend ce genre de poste plus attrayant. En effet, jusqu'à présent, un stigmate était attaché au travail en foyer de soins personnels, soit qu'on n'était plus un infirmier ou une infirmière véritable et que ce type de poste n'était pas particulièrement prestigieux. Avant, c'est uniquement en fin de carrière qu'on se retrouvait dans un foyer de soins personnels. Désormais, le stigmate est moindre. Dès lors, la situation a un peu évolué sur ce plan, mais pour ce qui est des résidants de la collectivité, le défi demeure.
La présidente : Le problème est clair. Ce que je veux dire par là, c'est que nous sommes bien conscients que la plus grande partie des médecins spécialistes se trouvent à Winnipeg. Même si je respecte Steinbach, force est de constater que très peu de spécialistes exercent là-bas, pas plus qu'à Sainte-Anne ou à La Broquerie. Les Winnipegois, eux, n'y pensent jamais. Il leur suffit de prendre un autobus, éventuellement un taxi ou peu importe, et ils aboutissent chez le spécialiste. Ils en sortent, reprennent un taxi, l'autobus ou leur véhicule personnel et rentrent chez eux. Ça n'a jamais été le cas de ceux et de celles qui résidant en régions éloignées.
Mme Nilsson-Barkman : Je ne pense pas que les gens soient dérangés par l'idée d'avoir à payer quelque chose, parce qu'ils ont décidé de vivre ici et qu'ils connaissent les règles du jeu. C'est plutôt la somme qu'ils ont à débourser qui les dérange. Il est absolument incroyable de penser qu'il faut verser 120 $ pour emprunter un « handi-van » qui va vous conduire de Steinbach à Winnipeg.
Mme Krentz : Que suggérez-vous donc? Comment s'y prendre pour faire pression sur le gouvernement?
La présidente : Je tiens à vous remercier beaucoup pour vos exposés. Vous nous avez beaucoup aidés parce que vous avez toutes une grande expérience du domaine. C'est d'ailleurs pour cela que notre comité se déplace. Nous avons recueilli beaucoup de témoignages à Ottawa, mais il s'agissait de témoins ayant une connaissance livresque et non pratique de ce dossier. Cet après-midi, vous nous avez dit que vous vivez tout cela au quotidien, ce qui rend vos témoignages d'autant plus utiles. Nous vous en remercions beaucoup.
La séance est levée.